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« ALLO MAMAN BOBO… » PRÉVENIR ET TRAITER LA DOULEUR DU NOUVEAU-NÉ EN NÉONATOLOGIE Valérie Biran , Geneviève Binel Érès | « Spirale » 2007/2 n° 42 | pages 94 à 108 ISSN 1278-4699 ISBN 9782749207391 DOI 10.3917/spi.042.0094 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-spirale-2007-2-page-94.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Érès. © Érès. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © Érès | Téléchargé le 18/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167) © Érès | Téléchargé le 18/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

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« ALLO MAMAN BOBO… » PRÉVENIR ET TRAITER LA DOULEUR DUNOUVEAU-NÉ EN NÉONATOLOGIE

Valérie Biran, Geneviève Binel

Érès | « Spirale »

2007/2 n° 42 | pages 94 à 108 ISSN 1278-4699ISBN 9782749207391DOI 10.3917/spi.042.0094

Article disponible en ligne à l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------https://www.cairn.info/revue-spirale-2007-2-page-94.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Érès.© Érès. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans leslimites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de lalicence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit del'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockagedans une base de données est également interdit.

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1975… Appelons-là Marie. Elle est jeune puéricultrice dans un servicede néonatologie. C’est son premier poste. Douze bébés dans l’unité desoins intensifs. Un niveau sonore insupportable. Les alarmes sonnent, letéléphone s’impatiente, ça pleure dans tous les coins. Elle est désemparée.Le pédiatre lui a dit que c’était normal. Elle pense à partir, laisser tomber :elle ne supportera jamais de voir souffrir les bébés.

2005… Marie est cadre de santé dans un autre hôpital, un autre servicede soins intensifs de néonatologie. Trente ans : elle n’a jamais quitté lesprématurés.

Appelons-la Stéphanie. Elle est pédiatre dans le même service, et, avecMarie, elle va d’un bébé à l’autre, petite tournée du soir avant de partir.Dans la pénombre, certains bébés dorment dans leur incubateur, d’autressont dans les bras de leurs parents, en peau à peau. Pas un bruit. Marie aoublié comment c’était « avant ». Elle trouve cela normal à présent, cecalme.

En trente ans, tout a changé, pas en un jour, pas simplement, pas sansobstacles, et rien n’est jamais définitivement gagné, elles le savent.

« Allo maman bobo… » Prévenir et traiter

la douleur du nouveau-né en néonatologie

Valérie Biran, Geneviève Binel

Geneviève Binel est puéricultrice de formation, elle a exercé dans plusieurs services de néonatologiependant trente ans. [email protected]érie Biran est pédiatre dans le service de néonatologie du professeur F. Gold de l’hôpital d’enfantsArmand-Trousseau à Paris depuis [email protected]

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Chaque jour qui passe voit surgir une idée nou-velle, une découverte, une publication, qui per-mettront d’avancer encore. Mais chaque jouraussi, surviennent des difficultés qu’on n’avaitpas envisagées, des remises en question alorsque l’on croyait les choses acquises.

Elles se disent : comment en sommes-nous arrivées là ?

Tout d’abord, la recherche a permis de comprendre la réalité de la dou-leur et de l’inconfort du bébé prématuré. Ensuite, des médecins et des soi-gnants ont eu le courage de dire que ces situations étaient inacceptablessur le plan humain, et délétères pour l’enfant, non seulement au momentoù ils les vivaient mais dans leurs conséquences à long terme. Enfin, pro-gressivement, les équipes soignantes ont fait de la prévention et de la luttecontre la douleur une priorité, au même titre que le traitement des patho-logies. La présence des parents dans les unités de soins a sans doute étéun facteur déterminant dans ce qu’il faut bien appeler le bouleversementdes mentalités et des organisations de soins.

Le bébé prématuré est plus réceptif à la douleur que le bébé à terme

La capacité du nouveau-né – qu’il soit à terme ou prématuré – à res-sentir la douleur n’est plus actuellement remise en question ; le Dr Anand,néonatologiste d’origine indienne, a été le premier, en 1987, à montrer la« réalité » de la douleur chez le nouveau-né (Anand, 1987). En effet, l’en-semble des structures neuroanatomiques nécessaires à la détection et à latransmission de l’influx nociceptif de la périphérie jusqu’au cortex sontfonctionnelles chez le fœtus à partir de 26 semaines d’aménorrhée. Enrevanche, les mécanismes inhibiteurs de la transmission des stimulationsnociceptives sont immatures à la naissance : ceci suggère que la douleurest probablement perçue d’une façon plus intense chez le nouveau-néprématuré que chez le nouveau-né à terme. On sait aujourd’hui que lesmultiples événements douloureux et stressants subis par les nouveau-nésprématurés provoquent des changements aigus – ponctuels – et des modi-fications structurelles et fonctionnelles – permanentes – (Anand, 1987).

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Un seul enfant peut avoir à subir plusieurs centaines d’actes douloureuxpendant son séjour en néonatologie (Barker, 1995). S’ajoutent à cela lesactes qui, par nature, ne sont pas douloureux, mais deviennent, par leurrépétition, source de stress et d’inconfort (Armand, 1998). Par conséquent,le traitement analgésique des nouveau-nés qui subissent des gestes dou-loureux est devenu une obligation pour les soignants. Il a pour premierobjectif de minimiser l’expérience douloureuse et ses conséquences phy-siologiques, mais il sert aussi à potentialiser les capacités du nouveau-néà affronter et à récupérer de l’expérience douloureuse tout en conservantle meilleur rapport bénéfice/risque du traitement.

La première étape de la mise en place du projet de prise en charge dela douleur dans le service de néonatologie a été d’amener l’ensemble dessoignants à admettre que les nouveau-nés qui subissent des gestes agres-sifs à répétition doivent bénéficier de traitements – médicamenteux et/ounon médicamenteux – lors des soins. Cela n’est pas si simple qu’il yparaît. De nombreux soignants étaient – et pour certains sont encore –dans un déni total de la douleur du nouveau-né prématuré. Combien defois a-t-on entendu cette phrase assassine : « Il ne sent rien, ses terminai-sons nerveuses ne sont pas mâtures » ? Et combien de fois : « Il faut bienqu’il s’habitue. Il aura mal d’autres fois dans la vie ! » Sans parler de notrebonne vieille morale judéo-chrétienne selon laquelle la douleur rachèteles fautes et ouvre les portes du paradis ! Malgré ces réticences, la priseen charge de la douleur fait désormais partie de la philosophie globale duservice. Elle est intégrée au projet de soins et s’inscrit dans l’exigence durespect de la personne humaine. Le chef de service en est l’instigateur, lescadres de santé et l’équipe médicale ont la responsabilité de l’élaborationde la démarche, de son suivi, de son évaluation et de ses réajustements.

« Regardez-moi : j’ai mal ! »

Les premiers traitements analgésiques ont souvent été administrés defaçon un peu empirique, et motivés essentiellement par l’observation dessoignants qui pressentaient plus qu’ils n’objectivaient la douleur du bébé.Mais le besoin s’est rapidement fait sentir de disposer d’outils permettantde mettre en évidence et d’apprécier le niveau de douleur. Il existe aujour-d’hui des échelles d’hétéro-évaluation fiables, reproductives pour la dou-

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leur prolongée (Échelle de douleur et d’inconfortdu nouveau-né, EDIN) et la douleur aiguë(Douleur aiguë du nouveau-né, DAN ; PIPP ;Neonatal Facial Coding System, NFCS ; Scored’Amiel Tison).

La plupart des échelles d’hétéro-évaluation sont basées sur l’observa-tion du comportement de l’enfant : pleurs, cris, plaintes, signes corporels,raideurs, attitudes antalgiques, comportement, consolabilité, et sont d’uneutilisation simple.

Ces outils ont d’abord été utilisés par les soignants pour motiver leurdemande de prescription d’antalgique au pédiatre. Ils ont également per-mis de convaincre les soignants réticents de la réalité de la douleur del’enfant et de la nécessité de la prévenir et de la traiter.

Aujourd’hui, l’évaluation systématique de la douleur à l’arrivée de l’en-fant et régulièrement pendant son séjour est devenue une obligation légale.

Premières armes : les antalgiques médicamenteux par voie générale

Certains antalgiques utilisables chez le nouveau-né existaient bienavant le début de la réflexion actuelle sur la prise en charge de la douleurdu prématuré. Ils étaient utilisés entre autres pour les interventions chirur-gicales, bien que certains chirurgiens aient pu affirmer il n’y a pas si long-temps qu’il n’était pas utile de faire une anesthésie générale pour une curede hernie inguinale chez le prématuré, la durée de l’intervention étant sicourte et l’effraction si minime qu’ils n’avaient pas le temps de la sentir etque cela leur faisait courir un risque inutile. Bref, à défaut d’être utilisés,ils étaient disponibles. D’autres produits ont également fait leur apparitionces vingt dernières années et sont maintenant couramment utilisés sansréticence par la plupart des équipes.

Le problème de l’analgésie se pose différemment selon que l’enfant esten réanimation ou non. En réanimation, en effet, des analgésiques cen-traux sont fréquemment prescrits. Cependant, pour les enfants qui subis-sent des gestes douloureux mineurs mais répétitifs, ou pour ceux qui ne

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« Allo maman bobo… »Aujourd’hui, l’évaluationsystématique de ladouleur à l’arrivée del’enfant et régulièrementpendant son séjour est devenue uneobligation légale.

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sont pas en réanimation, le problème est plus complexe. Le choix de lamolécule et sa voie d’administration sont dictés par le premier objectif dutraitement qui est d’obtenir une analgésie rapide. Une réévaluation doitêtre effectuée une à deux heures après la prise d’antalgique afin d’at-teindre le deuxième objectif : adapter rapidement le traitement en fonc-tion du niveau de douleur résiduelle.

Un peu de technique

Le paracétamol est le traitement médicamenteux le plus utilisé en néo-natologie, par voie orale ou injectable. Il est peu efficace par voie rectale.

La Nalbuphine (Nubain®), morphinique de puissance intermédiaire, estutilisée par voie veineuse ou rectale avec un délai d’action compris entredix et quinze minutes. L’association avec le paracétamol peut renforcerson efficacité. Le niveau de sédation étant profond, il est nécessaire devérifier que l’enfant ne présente pas de risque d’obstruction des voiesaériennes (macroglossie par exemple), ni d’insuffisance respiratoire.

Quand la douleur est insuffisamment calmée par la Nalbuphine(Nubain®), le passage à la morphine s’impose, sans délai d’attente.

La morphine est le plus utilisé des antalgiques puissants. Deux voiesd’administration sont recommandées : intraveineuse ou orale. Les voiessous-cutanées et intramusculaires ne sont pas utilisées chez l’enfant enraison de la douleur due à l’effraction cutanée.

En renfort : les anesthésiques locaux

La crème Emla®

Introduire l’utilisation de la crème Emla® a sans doute été la « bataille »la plus difficile. Cela peut pourtant paraître bien simple et bien anodin :enduire le site de prélèvement de crème, le protéger et attendre soixanteminutes, puis prélever sans douleur ! En réalité, cela a demandé degrandes modifications dans l’organisation des soins. Programmer les pré-

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lèvements, attendre une heure…, alors qu’onavait plutôt l’habitude de faire tous les prélève-ments « à la chaîne », le matin en arrivant pouravoir terminé avant l’heure des toilettes et aussipour que les médecins puissent disposer desrésultats avant de faire la visite et d’ajuster les prescriptions. La crèmeEmla® a cristallisé toutes les réticences. Le fait qu’elle n’ait pas obtenud’autorisation de mise sur le marché pour le bébé né avant 37 semaines(malgré une innocuité prouvée) a permis à tous les « résistants » de s’en-gouffrer dans le refus, par prudence si confortable quand le changementest si déstabilisant. Un autre argument a fait long feu : après utilisation del’Emla®, les veines ne sont plus visibles. Il faut donc piquer l’enfant plu-sieurs fois, mais comme on ne peut faire l’analgésie que sur un site trèslimité, l’enfant souffre davantage. Imparable ! Enfin presque. Car il suffiten réalité d’attendre dix à quinze minutes pour permettre à la peau dereprendre sa coloration initiale et à la veine d’être visible. Restait alors ledernier argument : « Oui, mais c’est urgent, on ne peut pas attendre uneheure ! » Quand on sait que 80 % des prélèvements étiquetés « Urgent »dorment dans les laboratoires en attendant qu’on aille chercher les résul-tats, on voit que celui-ci ne tient guère plus que les autres. Alors, tout lemonde a fini par faire contre mauvaise fortune bon cœur et par s’aperce-voir que prélever un bébé qui ne souffre pas devant des parents détendusétait aussi un soulagement et un gain de temps pour celui qui prélève.Désormais, toute effraction cutanée bénéficie d’une analgésie par lacrème Emla®.

Un peu de technique

La crème Emla® (Eutectic Mixture of Local Anesthetics) contient en pro-portions égales (2,5 %) deux anesthésiques locaux : la lidocaïne et la pri-locaïne. Différentes présentations sont disponibles : tubes de 5 et 30 g etpatch prêt à l’emploi contenant 1g (réservé aux nourrissons, en usageambulatoire).

La profondeur de l’anesthésie cutanée varie avec le temps d’applica-tion : une application de soixante minutes procure une anesthésie d’une

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profondeur de 3 mm ; la profondeur maximum (5 mm) est obtenue aprèsune application de quatre-vingt-dix minutes et dure trente minutes.

La crème Emla® doit être appliquée sur peau saine, à l’intérieur d’unanneau de caoutchouc, obtenu en découpant une tétine, l’ensemble étantentouré d’un film alimentaire (Carbajal, 1997). D’autres moyens antal-giques non médicamenteux (solutions sucrées concentrées, succion d’unetétine) sont associés à la crème Emla®.

La « nouveauté » : les moyens non médicamenteux

Les moyens non médicamenteux ont pris une place importante dans laprévention et le traitement de la douleur du nouveau-né. On les utiliseseuls ou associés à des moyens médicamenteux. Ces moyens ne sont pasforcément des substituts ou des alternatives aux traitements pharmacolo-giques mais plutôt des solutions complémentaires (Stevens, 2000).

La prévention

Un des moyens les plus efficaces pour réduire la douleur chez les nou-veau-nés est la prévention. Et la première forme de prévention est toujoursde se demander si le geste que l’on s’apprête à accomplir est indispen-sable : Primum non nocere (d’abord ne pas nuire, c’est-à-dire appliquer leprincipe de non-malfaisance imposé par le serment d’Hippocrate). Quandle geste est indispensable, il faut retenir la technique la moins doulou-reuse. Par exemple, utiliser pour les prélèvements sanguins les voiesd’abord déjà posées, en planifiant les gestes de sorte qu’une prise encharge analgésique puisse être considérée (Menon, 1998) et en utilisantdes systèmes mécaniques automatiques pour les ponctions au talon(Harpin, McIntosh, Barker). Comparée aux lancettes manuelles, l’utilisa-tion des lancettes mécaniques a permis une diminution des signes phy-siologiques et comportementaux de douleur, une réduction du nombre deponctions, une augmentation des quantités de sang recueilli, des tempsplus courts pour la réalisation des prélèvements et une diminution de l’hé-

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molyse. Le réchauffement du talon n’a pas d’ef-fet sur l’expression douloureuse (Barker, 1996). Ila été montré par ailleurs que la ponction vei-neuse est moins douloureuse que la ponction autalon (Larsson, 1998 ; Shah, 1997).

Les stratégies environnementales

Elles sont presque toujours réalisables, quel que soit l’environnement,même si cela, aussi, demande aux soignants de s’adapter à de nouveauxmodes d’organisation. Elles sont destinées à diminuer le stress environne-mental qui existe dans les unités de réanimation néonatale où les nou-veau-nés sont exposés à de multiples stimuli nociceptifs tels qu’unelumière intense, un environnement bruyant et des manipulations fré-quentes (Stevens, 2000). Diminuer les nuisances sonores ne demandequ’un peu de réflexion et un minimum d’organisation. On peut sans diffi-culté baisser le niveau des alarmes sonores des appareils de surveillance,les sonneries de téléphone et se doter de téléphones sans fil pour pouvoiry répondre rapidement. Ne rien poser sur les incubateurs, ne pas s’inter-peller d’une pièce à l’autre, ne pas claquer les portes, ne pas porter desabots, diffuser une musique douce et non continue, sont aussi des pré-cautions simples et de bon sens qui améliorent beaucoup le confortsonore de tous. La réduction de l’intensité lumineuse (veilleuses et pro-tection en tissu sur le dessus des incubateurs), et une alternance desconditions de jour et de nuit peuvent réduire le stress (Blackburn, 1991 ;Mann, 1986). Ces constatations suggèrent que l’environnement physiquea un effet direct ou indirect sur le comportement ultérieur des nouveau-nés prématurés, et que l’exposition au rythme jour-nuit est bénéfique.

Les stratégies comportementales

Elles englobent toutes les techniques analgésiques que les puéricultricespeuvent mettre en œuvre de leur propre initiative sans prescription médi-cale, ou en conformité avec un protocole préétabli, comme pour la solu-tion sucrée par exemple. Beaucoup découlent de l’observation des

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soignants qui ont constaté que le fait d’être dans les bras de leur mère oude téter pendant un soin calmait le bébé prématuré. Ces techniques,d’abord utilisées de façon empirique, ont fait l’objet d’études et derecherches et ont pu se généraliser. Bien acceptées par les soignants quine les considéraient pas comme des traitements antalgiques mais commedes moyens d’assurer le confort de l’enfant, elles se sont rapidementimposées, d’autant que les parents, ayant constaté l’effet calmant sur leurbébé, les réclamaient. Autre raison de leur succès, le bébé étant très calmependant le soin, celui-ci se déroulait plus rapidement, plus sereinement,et avec de meilleurs résultats (diminution du temps de pose des voies vei-neuses périphériques et des ponctions veineuses, par exemple). De nom-breuses études ont montré que le petit prématuré régulait mieux sesfonctions vitales (rythme cardiaque, respiratoire et concentration en O2)lorsqu’il était en « peau à peau ». Ce bénéfice s’observe aussi pendant lessoins qui génèrent traditionnellement douleur ou inconfort de l’enfant.

La succion d’une tétine a été le premier moyen antalgique utilisé, pourune raison bien simple : le bébé qui suce pleure moins. À défaut de dimi-nuer la douleur, cela permet d’éviter ou de diminuer les pleurs qui sontune source d’inconfort, au moins pour celui qui réalise le soin. Les puéri-cultrices ont donc de tout temps utilisé la tétine comme calmant, avantmême de savoir qu’elle avait, en plus, un effet analgésique et réconfortant.Son efficacité a été montrée lors des ponctions veineuses et au talon(Cabajal, 2002 ; Campos, 1994 ; Grenberg, 2003). Il existe un effet syner-gique analgésique des tétines avec l’administration de saccharose par voieorale (Blass, 1999 ; Blass, 1992 ; Charya, 2003).

Les solutions sucrées sont apparues longtemps après. Là encore, des soi-gnants avaient observé que si la tétine était trempée dans le sucre, l’enfantétait encore plus calme, et en avaient conclu que le goût sucré plaisait tel-lement au bébé qu’il en oubliait presque de pleurer et de s’agiter. En fait,l’effet antalgique du sucre est très probablement lié à la libération de mor-phiniques endogènes (Blass, 1999). Après quelques années d’expérienceencore une fois plus empiriques que scientifiques, des études sont venuesmontrer que l’effet analgésique du saccharose par voie orale chez le nou-veau-né à terme ou prématuré était significatif à partir d’une concentra-tion de 25 % (Ramenghi, 1996), deux minutes après son administration.La durée d’efficacité est de cinq à dix minutes. L’effet analgésique du sac-charose n’est pas modifié par la gravité de la pathologie de l’enfant, son

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âge postnatal ou le nombre de gestes doulou-reux réalisés (Blass, 1992). Son utilisation estrecommandée avant tout geste douloureux(injections intraveineuse, intramusculaire, sous-cutanée, perfusion, pose de sonde gastrique…)associée à la succion non nutritive d’une tétine et à d’autres moyens anal-gésiques (Harrison, 2003). Il n’y a pas d’effets secondaires (en particulierpas de modification de la glycémie), ni de contre-indication, en dehors del’entérocolite ulcéro-nécrosante à sa phase initiale.

En ce qui concerne le contact peau à peau avec la mère, il agit commeanalgésique s’il est pratiqué durant dix à quinze minutes avant le soin. Parexemple, pour un prélèvement au talon, il diminue les scores de douleurchez des nouveau-nés à terme (Gray, 2000) ou prématurés (Johnson,2003).

De plus, deux études ont montré l’effet analgésique de l’allaitementmaternel concomitant à une ponction au talon (Carbajal, 2003), et uneponction veineuse (Campos, 1989).

Enfin, la stimulation multisensorielle (massage, voix, contact visuel,senteur d’un parfum) est une technique analgésique qui potentialise l’ef-fet du glucose oral lors de gestes douloureux mineurs (Houari, 1995). Cesstratégies comportementales ont, en outre, l’avantage de favoriser l’éta-blissement d’une bonne relation parents-enfant. Elles favorisent la partici-pation des parents aux soins qui sont donnés à leur bébé, leur restituantainsi une part de responsabilité dont ils se sentent souvent dépossédés.Elles multiplient les occasions de contacts physiques entre eux et le bébé,et les gratifient en leur donnant le sentiment d’être de « bons » parents,capables de calmer et d’apaiser leur bébé, de lui épargner la souffrance.

Pour toutes ces raisons, elles ont été adoptées sans réticences par la plu-part des soignants, et rares sont ceux qui ont continué à « camper sur leurspositions » affirmant que la présence des parents les gênait dans la réali-sation des soins.

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Quel soin, quelle analgésie ?

Voici quelques propositions pratiques d’analgésies utilisables pour lenouveau-né prématuré en unité de soins intensifs et de réanimation.

Le « peau à peau » préalable, l’allaitement maternel et la stimulationmultisensorielle sont à associer dans tous les cas où le contexte le permet.

Tableau n° 1 : Les soins

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Type de soin

Toute effraction cutanée :ponction veineuse, au talon,artérielle, injections intraveineuse,intramusculaire, sous-cutanée,pose de voie veineuse,vaccination, intradermoréaction

Pose de sonde gastrique

Pose de cathéter épicutanéo-cave chez l’enfant non sédaté

Soins de stomie

Ponction vésicale sub pubienne

Ponction lombaire

Ponction pleurale et mise enplace de drain thoraciquePonction ou drainagepéritonéal

Pression positive continueprolongée

Intubation en dehors ducontexte d’urgence

Moyens antalgiques

Emla® au point de ponction +solution sucrée + tétine

Solution sucrée + tétine

Nalbuphine (Nubain®), +/-Paracétamol + Emla® au pointde ponction + solution sucrée +tétine.

Nalbuphine (Nubain®) +solution sucrée + tétine.

Emla® + solution sucrée +tétine.

Emla® + solution sucrée +tétine.

Nalbuphine (Nubain®) +Emla® + solution sucrée +tétine.

En cas d’intolérance (agitation,pleurs, diminution du temps desommeil) : faibles doses demorphine orale ou deNalbuphine (Nubain®)

Morphine chez le prématuré,Fentanyl® chez l’enfant à terme

Commentaires

Chez l’enfant sédaté : Emla® +une dose de morphiniquescomplémentaire

Chez l’enfant sédaté : une dosede morphiniquescomplémentaire

Au retrait du drain (trèsdouloureux) : une dose demorphiniques complémentaire

Sondes de calibre adapté,correctement posées et fixées,réglage correct de l’ensemblebonnet-cordons-pièce binasale,soins locaux répétés

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« Allo maman bobo… »

Aspiration trachéale

Ventilation assistée

Prémédication chez lesnouveau-nés à terme,prématurés ventilés ou non Brûlure

Ablation de points de suture

Pathologies

Crises vaso-occlusives dedrépanocytose

Syndrome de sevrage(médicamenteux, toxicomanie)

Méningite, ventriculite

Ostéo arthrite

Hémorragie intra oupéricérébrale

Traumatismes obstétricaux(bosse séro-sanguine,céphalémathome, forceps,fracture de la clavicule…)

Hydrocéphalie + HTA intracrânienne

Fin de vie

Morphine, ou Atropine +solution sucrée + tétine sipossible :

Chez le prématuré : Morphine+/- bolus horaires +/-Hypnovel®)

Chez l’enfant à terme :Fentanyl®) + Hypnovel®)

Morphiniques

Emla® au point de ponction +solution sucrée + tétine

Moyens antalgiques

Morphiniques

Morphiniques

Nalbuphine (Nubain®), +/-Paracétamol

Morphiniques

Morphiniques si besoin

Paracétamol + solution sucrée+ tétine

Morphine base qui n’augmentepas la pression intracrânienne

Morphiniques

Commentaires

Sédation consciente nécessaireà la surveillance

Réduire les manipulations

Dérivation dès que possible

La morphine demeureincontournable pour maintenirle confort du patient en fin devie, en particulier lors de ladyspnée fréquente en phaseterminale.

Tableau n° 2 : Les pathologies douloureuses

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Spirale n° 42

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Résumé

Dans le domaine de la douleur du bébé prématuré, on est passé en une trentaine d’annéesde l’ignorance, voire du déni complet, à une connaissance scientifique étayée par de nom-breuses recherches. On sait aujourd’hui que le bébé prématuré perçoit la douleur à partirde 26 semaines d’aménorrhée et ce, probablement de façon plus intense que le nouveau-né à terme. Des échelles d’évaluation permettent de l’objectiver et de coter son intensité.Les stratégies de prise en charge s’appuient sur les antalgiques médicamenteux par voiegénérale, les anesthésiques locaux de type crème Emla®, les stratégies environnemen-tales destinées à diminuer le stress lié à l’environnement, et les stratégies comportemen-tales : tétine, solutions sucrées, peau à peau avec la mère, allaitement maternel, et lastimulation multisensorielle. Chaque équipe peut et doit mettre en place une politique delutte contre la douleur incluant la participation active de tous les professionnels et desparents. Chaque bébé peut et doit bénéficier d’une prise en charge préventive et curativede la douleur.

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Spirale n° 42

Mots-clés

Douleur, prématuré, évaluation, antalgiques, stratégies comportementales et environne-mentales.

Summary

It has taken a staggering amount of time for the medical community to realize that new-borns are able to feel pain from 26 weeks of gestational age. Premature infants feel painmore intensively than newborns at term. Non pharmacological interventions which com-prise environmental and behavioural interventions have a wide applicability for neonatalpain management alone or in combination with pharmacological treatments or localanaesthesia like Emla cream. Every unit should implement an effective pain control pro-gram with an active participation of all medical professionals, nurses and parents. Allbabies should have a preventive and curative pain management.

Keywords

Pain, premature infant, evaluation, environmental and behavioural interventions.

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