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Hezbollah le libanais face aux dues ajournées l’unité de l'analyse des politiques 21 Juin 2016 Centre Harmoon D'etudes Contemporaines

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Hezbollah le libanais face aux dues ajournées

l’unité de l'analyse des politiques

21 Juin 2016

Centre Harmoon D'etudes Contemporaines

Centre Harmoon D'etudes Contemporaines

Le Centre Harmoon d'études contemporaines est une institution, culturelle, médiatique et de recherche, indépendante, à but non-lucratif. Sa vocation principale est la production d'études et de recherches sur le monde arabe, et en particulier l’actualité syrienne. Il a pour ambition le développement culturel et médiatique, le renforcement du rôle de la société civile, la favorisation et la diffusion des valeurs de la démocratie, soutenir le dialogue et le respect droits de l'Homme, ainsi que la fourniture de conseil et de la formation dans les domaines politiques et médiatiques à ceux qui en ont besoin dans la société syrienne dans le respect de l'identité nationale syrienne.

Pour atteindre ses objectifs, le Centre Harmoon d'études contemporaines fonctionne à travers un ensemble d'unités spécialisées (l'unité d’étude des politiques, l'unité de recherche sociale, l'unité de revue de livres, l'unité et de la traduction, l'unité de recherches et d’approches juridiques), ainsi qu’à travers un certain nombre de programmes de travail (le programme des conseils et d’initiatives politique, le programme de soutenance du dialogue et de développement culturel et civique, le programme de l’avenir de la Syrie). Le centre peut ajouter de nouveaux programmes en fonction des besoins de la région et de la société syrienne. Le centre fonctionne selon divers modes pour la réalisation de ses programmes, notamment l’organisation des conférences, des ateliers, des séminaires, des cours de formation et la publication des travaux sous formes numérique ou en papier.

Site Internet: www.harmoon.orgEmail: [email protected]

Téléphone: +974 44885996Doha, Qatar

Centre Harmoon d’Etudes Contemporaines

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Contents Hezbollah : la problématique de la fondation et les transformations du rôle .............................. 2

Etapes cruciales dans le parcours du Hezbollah ................................................................................. 4

1. Le retrait israélien du Sud Liban................................................................................................. 4

2. L’assassinat de Hariri et le soulèvement de Cèdres ............................................................... 6

3. La guerre de Juillet 2006 .............................................................................................................. 8

4. Le 7 mai 2008 ................................................................................................................................ 9

5. Le Hezbollah et la révolution syrienne ..................................................................................... 9

6. La mort de Mustafa Badr al-Din et ses significations .......................................................... 12

7. Le stigmate du terrorisme et les sanctions économiques ................................................... 14

A propos de l’avenir du Hezbollah ....................................................................................................... 16

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La mort de Mustafa Bad al-Din, commandant militaire, chef de la sécurité et

coordinateur des opérations de Hezbollah en Syrie le 3 mai dernier, et l’ambiguïté qui a

enveloppé l’annonce de la manière dont il a été tué, furent un indice tangible de l’impasse

auquel le Hezbollah est arrivé. Ce fut aussi un indice de l’embarras dans lequel le Hezbollah

s’est trouvé à cause de son intervention agressive en Syrie. Il est à noter que ses pertes subies,

à cause de cette intervention, ont affecté ses relations avec la communauté cheïte qui le

soutient. Or, des questions, de plus en plus sont posées, quant à l’avenir du Hezbollah, ou

l’avenir du rôle pour lequel il a été créé.

Hezbollah : la problématique de la fondation et les

transformations du rôle Le Hezbollah a émergé au début des années quatre-vingts du siècle dernier, juste après

l’invasion israélienne du Liban, la liquidation de la présence palestinienne au sud Liban, et la

dispersion des forces de l'OLP en dehors du Liban. Sa naissance était à la suite de la fusion de

plusieurs petites organisations chiites, qui se battaient aux côtés des organisations

palestiniennes, puis il se développait au détriment du mouvement chiite Amal, qui était le bras

armé du mouvement chiite al-Mahroumin (les déshérité) fondé par Musa al-Sadr.

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Tout observateur du conflit Arabo-Israélien sait que la volonté iranienne et syrienne

commune était derrière l’émergence et l’expansion du Hezbollah, et la mise à la retraite de

lutte de tous les résistants libanais et arabes au Liban, et s’embarrer de l’idée de la résistance,

et par conséquence, prendre en charge, à l’aide des cheïtes seulement, la mission de résister à

Israël, tout en conservant le mouvement Amal mais dans des limites très restreintes.

L’Iran s’est chargé de soutenir ce parti par toutes les sortes de soutien matériel et

militaire et tout ce qui s’en suit, alors que la présence syrienne, que l’on nommait le régime du

tutelle, s’est chargé de brider tous les partis libanais et palestiniens, qui étaient les premiers à

adopter la méthode de résistance contre Israël, et d’en faire une réalité sur le terrain pour

s’assurer d’être le seul maitre du Liban, et rester l’artère vital de fourniture d’arme au parti en

provenance d’Iran. Le plus important soutien que le régime syrien, l’un des deux patrons de

l’accord du Taïf qui a mis fin à la guerre civile libanaise, a offert à Hezbollah est de l’excepter

de l’opération du désarmement des factions et des milices belligérants. C’est ainsi que les

armes du Hezbollah ont été légitimées sous prétexte de résister à Israël qui occupe le sud

Liban, et c’est la première fois qu’un état cesse, en tant qu’état, d’exercer son monopole sur

l’outil de force, pour qu’une milice, supposée soumise à son autorité juridique, partage avec

lui ce monopole.

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Dès le départ, Hezbollah a programmé et planifié ses activités, de sorte qu’elles ne se

limitent aux dimensions politique et militaire seulement. Il a tenu à étendre ses activités sur

les secteurs des services sociaux (santé, enseignement …), mais aussi les affaires commerciales

et bancaires. Il a, en particulier, servi son environnement cheïte pour s’assurer de sa loyauté,

et pour le mieux contrôler. Il a ensuite étendu ses activités économiques, légales et illégales,

aux cinq continents, pour garantir des sources financières croissantes comme ses missions,

dans et en dehors du Liban.

Etapes cruciales dans le parcours du Hezbollah

1. Le retrait israélien du Sud Liban En juin 2000, Israël s’est retiré du Sud Liban unilatéralement suite à la décision 425 de

l’ONU, et sous la pression de la société civile israélienne (comme le mouvement des mères

des soldats israéliens au Sud Liban), allant dans le sens du sentiment israélien de l'inutilité de

poursuivre l'occupation de cet endroit aussi longtemps que coûteux. Ce retrait, un tournant

majeur dans le rôle et la stratégie du Hezbollah.

Dès lors, le Hezbollah s’est tourné vers l’intérieur libanais, dans le but profiter de son

‘‘exploit de libération’’, en élargissant son rôle politique dans l’état et dans la société. Beaucoup

de gens ont été déçus, car ils espéraient que ce parti se transforme en parti politique, et qu’il

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participe à la vie politique du Liban comme les autres partis libanais, estimant que le retrait

israélien annule la justification de la résistance. Mais le Hezbollah et ses supporteurs ont lié

l’acte de résister aux fermes de Chibaa, non incluses dans la ligne bleu tracée par l’ONU. Or,

le régime syrien a refusé de reconnaître que les fermes de Chabaa et de Ghajar sont libanaises

pour que la ligne bleu les incluse, il aussi refusé la démarcation de frontières syro-libanaises.

C’est ainsi que le sort de Chebaa est resté suspendu. Le Hezbollah invoquait aussi les sept

villages libanais annexés par Israël en 1948, et la protection des droits libanais dans le pétrole

et le gaz de la Méditerranée.

Le Hezbollah commençait à montrer un autre visage que celui qu’il montrait

d’habitude. Il a imposé à l’état et à la société libanais l’équation ‘‘Armé, Résistance, Peuple’’,

qui signifiait objectivement que l’état libanais n’est plus souverain sur ses territoires, et qu’il

n’a plus la décision de la guerre ou de la paix. Ce fut un début d’une étape longue et difficile

dans laquelle la souveraineté de l’état libanais s’est volatilisée, et il est devenu, avec le temps,

un pseudo état, en raison de la rétrogradation du rôle de l’état dans le domaine de la force que

le Hezbollah a mis sur la table du dialogue national, en proposant le document de la stratégie

de défense en 250 pages. Ce changement a mobilisé les autres partis libanais, qui

commençaient à s’inquiéter des tendances du Hezbollah. De plus, les principaux partis

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chrétiens au Liban étaient mis à l’écart dans le processus politique, parce qu’ils n’étaient pas

d’accord sur l’accord du Taïf, ce qui a conduit à des polarités profondes, qui se sont

manifestées de plusieurs manières et formes, malgré tous les efforts déployés par les Haririens

d’absorber ces polarités et les geler, et prenant en charge de réparer les conséquences des

guerres éclaires qu’Israël a menées en 1996, 1998, 2006, et dont Hezbollah a pris la décision.

2. L’assassinat de Hariri et le soulèvement de Cèdres Le 14 février 2005, l’une des plus grandes opérations d’assassinat politique du temps

moderne est survenue. Le premier ministre libanais Rafiq al-Hariri et 18 membres de sa garde

ont été tués dans une explosion gigantesque et compliquée, seul les états sont capable de la

produire. Cet assassinant a ébranlé le Liban et la région toute entière.

Les libanais ont surpris la région stagnante, à cause de la tyrannie et de l’atmosphère

de la défaite qui régnait, par un soulèvement qui a abouti au retrait de l’armée syrienne du

Liban, après 30 ans, suite à la résolution 1559 de l’ONU, ainsi que les dispositions de l'Accord

de Taïf, qui furent longtemps ignorées par le régime de tutelle au Liban. Mais la raison la plus

importante pour accélérer le retrait était la demande impérative des États-Unis.

Les événements ultérieurs ont montré que la présence militaire syrienne au Liban,

n’était que la pointe de l'iceberg, qui cachait le profond contrôle des articulations de la vie

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libanaise par les services secrets syriens. Ce contrôle, avec lequel le terme du ‘‘système de

tutelle syrienne’’ que les libanais répètent avec toute l’amertume qui l’accompagne, devient

plus clair et plus éloquent. Le Hezbollah a joué ce rôle par procuration après le retrait de

l'original.

Le régime syrien s’est tout de suite vu pointé de doigts, mais personne ne croyait, au

départ, que le Hezbollah puisse être mêlé à une telle opération au Liban.

Un tribunal international spécial fut créé par une décision internationale pour mener

l’enquête sur l’assassinat de Hariri et les autres assassinats qui ont suivi, dont les victimes

étaient des personnalités politiques et médiatiques libanaises très connues. Ces assassinats

visaient à avorter le mouvement d’indépendance lancé par le soulèvement de Cèdres, faire

oublier le crime principal, et disperser les enquêtes. Ce tribunal n’a toujours pas fini ses

investigations. Mais il est évident qu’il y a quelqu’un qui a donné l’ordre, alors que Hezbollah

s’est chargé de planifier et d’exécuter toute l’opération. Le premier acte d'accusation a été émis

contre quatre de ses membres, qui sont jugé par contumace, après avoir refusé de les remettre

à la justice.

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3. La guerre de Juillet 2006 Le Hezbollah a capturé un officier israélien dans les fermes de Chibaa, ce qui a été

considéré par Israël une raison suffisante pour lancer une guerre contre le Liban, dont la

destruction massive a atteint les habitats et les infrastructures de la banlieue sud de Bierut et

l’ensemble du sud Liban. Des milliers de libanais ont été forcés à immigrer provisoirement

vers la Syrie ou vers le nord du Liban, ce qui a obligé Hezbollah à accepter la résolution 1701

de l’ONU, le privant de la présence militaire au-delà du Litani, et élargissant la mission et le

nombre de FINUL pour assurer son exécution.

Le Hezbollah et sa machine médiatique n’ont cessé de prétendre qu'il avait remporté

une «victoire divine». Mais, loin des allégations, la guerre de Juillet, la présence de troupes de

la FINUL dans le sud, et d'autres sites au Liban, ont été une étape cruciale dans le parcours du

Hezbollah, et un tournant objectif dans sa stratégie. Il a mis l'accent sur les affaires intérieures,

profitant de l’équilibre des forces issu de son rôle du "protecteur du Liban" et de la "victoire

divine" réalisée dans la guerre, pour imposer son hégémonie sur l'état et la société libanaise,

et peut-être avec l'émergence de son rôle extérieur.

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4. Le 7 mai 2008 L’évènement le plus marquant dans la confiscation de l’état libanais et sa décision par

le Hezbollah était le 7 mai 2008. Quand le Hezbollah a envahi Beyrouth-Ouest et d’autres

quartiers, en dressant ses armes, pour la première fois, contre les libanais, et demandant aux

forces libanaises antagonistes (14 mars) de reconnaitre le nouvel équilibre des forces, et de

revoir l’accord de Taïf et la structure du régime politique libanais, et demandant une division

tripartite (chrétienne, sunnite, cheïte) dans les postes de l’état et ses institutions.

Tous les pays qui se préoccupent du Liban, arabes et non-arabes, se sont dépêché de

désamorcer une nouvelle guerre civile immanente, et ils ont abouti à l’accord de Doha,

parrainé par Qatar, qui a donné à Hezbollah ‘‘le tiers bloquant’’ dans le gouvernement

libanais, ce qu’il a fait plus tard, en l’empêchant d’assumer ses responsabilités envers ses

citoyens. Ce blocage a atteint ses limites quand le président libanais Michel Suliman a terminé

son mandat, et le Liban est devenu sans président, car le Hezbollah, avec l’Iran derrière, attend

l’éclaircissement de la situation syrienne, pour régler la situation libanaise selon ses issues.

5. Le Hezbollah et la révolution syrienne Dès le début, Le Hezbollah s’est engagé dans la guerre du régime syrien contre son

peuple, sans le déclarer, jusqu'à ce qu’il a envahi la ville d’al-Qoseïr en 2013, où il a justifié son

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intervention, en prétendant protéger des villages cheïtes dans cette région. Ensuite, il a

participé, avec des milices chiites irakiennes, afghanes, pakistanais et Houthis du Yémen, dans

les batailles de la campagne de Damas, en justifiant sa participation là aussi par la protection

des sanctuaires cheïtes. Cette protection s’est étendue, ultérieurement, pour atteindre Homs,

Alep, Hasaka, la campagne de Lattaquié et Idlib, où son déploiement couvre tout le territoire

syrien, et l'histoire des sanctuaires et leur protection se volatile, pour laisser la place à la

protection du régime syrien, qui fait, selon ses prétentions, l’objet d’un complot israélo-

américain, en raison de son soutien et son adoption de la résistance. Mais, le plus important à

remarquer dans ce déploiement, c’est le fait que Hezbollah tient à sa présence intensive tout

au long de la frontière syro-libanaises, pour protéger les lignes de ses provisions militaires, et

assurer la poursuite de la contrebande et le processus du changement démographique en

cours est en dans cette région. Il se peut que tout cela soit pour y mettre la main à l'avenir, ou

ouvrir la voie à l'émergence de «l'état utile "fixé par le régime syrien et l'Iran, avec la Russie, en

tant que l'une des options de conflit. Quant à ses essaies d’avoir une présence dans le Golan,

ils ont pour but de maintenir un contact avec Israël, et pour donner l’impression que la

résistance continue.

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Plus de trois ans sont passés depuis que le Hezbollah a déclaré la guerre au peuple

syrien. Une guerre dans laquelle il a tué des milliers de syriens, et il a commis des

monstruosités, mais en même temps, il a subi des lourdes pertes, devenues difficiles à

supportées, notamment quand elles ont dépassé, selon les estimations déclarées, 1200

combattants, et un très grand nombre de ses chefs militaires et de sécurité, dont le dernier est

Mustafa Badr al-Din.

Le Hezbollah a fait écoulé le sang des syriens, et il a impliqué la communauté cheïte

libanaise dans ce sang, il est, par conséquence, dénudé devant tout le monde de toutes ses

prétentions au sujet de la résistance, la Palestine et la libération, etc. de son disque rayé. Tous

les Libanais et les Arabes sont maintenant surs qu’il est juste un outil et le bras exécutif d'un

projet d’hégémonie iranienne dans la région arabe de l’est de la Méditerranée.

L'intervention du Hezbollah et d’autres milices chiites poussées par l'Iran dans l'arène

syrienne flamboyant, a joué un grand rôle dans l'arrêt de l'effondrement du régime, qui,

depuis le printemps 2013, a failli s’effondrer. Jusqu’à nos jours, ce parti continue d'être un fer

de lance de toutes les batailles du régime, qui souffre du manque manifeste de ressources

humaines, et de l’agonie de son armée. Mais, cet effondrement a aussi touché les forces qui le

soutiennent, qui étaient incapables d'arrêter la menace de l'effondrement, ce qui a contraint

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le régime et ses alliés à appeler au secours l’arsenal militaire russe, notamment l’aérien, lequel

va distribuer sa destruction sur les Syriens depuis le 30 Septembre 2015, pour atteindre cet

objectif. Il a en grande partie réussi à arrêter le cycle de l'effondrement.

6. La mort de Mustafa Badr al-Din et ses

significations Le chef militaire et de sécurité le plus éminent du Hezbollah Mustafa Badr al-Din a été

tué, comme il été annoncé, dans l’un des sièges du Hezbollah près de l’aéroport de Damas,

dans des circonstances obscures. La position ambiguë du Hezbollah et la déclaration qu’il a

faite, dans laquelle il a accusé les soit disant Takfiris de l’assassiner par un obus de mortier,

reflètent la confusion qui règne dans le parti et ses leaders. Or, c’est la première fois dans son

histoire qu’il n’accuse Israël de l’assassinat de l’un de ses chefs.

Le plus important dans l’assassinat d’un chef de la taille de Badr al-Din réside dans les

significations et les messages que cet événement portait. Badr al-Din n’était pas qu’un chef

militaire chevronné, mais aussi la boite à secrets du Hezbollah, et le gardien des secrets de

toutes ses opérations sécuritaires, et de tous les assassinats qu’il a commis, ou participé à sa

réalisation, au Liban comme en d’hors du Liban. Il a été recherché par plusieurs états. Il a

même été condamné à la mort au Koweït, mais il s’est évadé de sa prison lors de l’invasion

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irakienne du Kowët en 2 aout 1990. Il a été recherché par le tribunal international pour le

Liban, suite à des accusations d'avoir orchestré et mettre en œuvre l'assassinat de Rafic Hariri,

il est jugé par contumace, ainsi que trois membres du parti.

La façon dont sa mort a été annoncée, et le lieu où il a été tué, soulève beaucoup de

questions et de spéculations au sujet de l'événement et son timing, d'autant plus qu'il est le

deuxième chef de ce niveau tué à Damas, où avant lui, Imad Mughniyeh est assassiné. Ces

questions resteront sans réponse claire à ce stade. Est-ce qu’il a été tué aux fronts de combat

à Khan Tuman selon certaines versions ? Ou bien sa mort était une sorte de liquidation

interne, dont le but est de couper tous les files et fermer tous les dossiers qui impliquent le

Hezbollah dans l’assassinat de Hariri ? Ou bien est-il lié à des rôles régionaux de certains pays

en particulier ? L'homme a été étroitement associé aux agents de renseignement de la Garde

révolutionnaire iranienne, et sa baguette de sécurité à l'intérieur du Hezbollah depuis les

années quatre-vingt du siècle dernier, comme il coordonnait étroitement avec les services de

sécurité syriens au plus haut niveau.

Une autre possibilité est que cette liquidation a été l’œuvre des services secrets

internationaux, individuellement ou collectivement, soutenu par les Etats Unis ou Israël ou la

Russie, après avoir découvert ses rôles, et les services auxquels il était attaché. Tout cela rentre

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dans les arrangements qu’exigent les compromis nécessaires dans la région, que ce soit ceux

qui ont été réalisés, comme le dossier du nucléaire iranien, ou ceux qui sont en cours

d'élaboration, comme le dossier syrien, et la nécessité d’y organiser les rôles et les acteurs tels

que l'Iran, le Hezbollah, le régime et la Russie.

Quelle que soit la méthode dont Badr al-Din a été tué, et sans regarder les buts de sa

mort, elle constitue un indice important de l'impasse, auquel le Hezbollah est arrivé, et de l'état

des choses dans le conflit syrien, tant au niveau politique que sur le terrain, et les

positionnements des parties engagées, et tous les arrangements que les nouveaux

positionnements exigent. Lorsqu'on on dit que la Syrie est devenue le cimetière pour les

dirigeants Iraniens ou ceux du Hezbollah, il ne faut pas en prendre la dimension militaire

seulement, bien qu’importante, mais les significations politiques, et particulièrement la lutte

de pouvoir à l'intérieur de l'Iran, ou son rôle dans la région.

7. Le stigmate du terrorisme et les sanctions

économiques Peut-être les coups les plus durs que le Hezbollah a reçu à ce jour, en plus des pertes

humaines subies en Syrie, c’est la décision de l'Arabie saoudite de le classer comme un parti

terroriste, puis l'adoption de cette résolution par le Conseil de coopération du Golfe et, la Ligue

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arabe et l'Organisation de la Conférence islamique. C’est aussi la décision du Département du

Trésor des États-Unis de poursuivre ses actifs et ses transactions au Liban et dans le monde, à

cause de ses rôles dans le trafic de drogue et le blanchiment d'argent dans les Amériques.

Les États-Unis ont déjà mis le parti sur sa liste des organisations terroristes, et l'UE a

considéré l'aile militaire du parti comme terroriste il y a une décennie. De plus, ses médias

d'information ont également été interdits de diffuser sur le satellite européen. Cependant, ces

décisions n’ont pas d’effets sur le parti, autant que les récentes décisions, notamment la

décision américaine, sur la possibilité de poursuivre son élan, ou en termes de l'impact de ces

décisions sur sa base sociale. L’expulsion attend des milliers de familles libanaises, qui gèrent

les activités du Hezbollah dans les pays du Golfe. D’autant plus, ses menaces au

gouvernement libanais et au gouverneur de la Banque centrale du Liban, sous prétexte de la

souveraineté nationale, ne lui apporteront rien. Ainsi que passer ses nouvelles transitions via

les banques syriennes ne lui seront utile non plus, parce que celles-ci sont tombé aussi sous

les sanctions, et sont affaiblies par les effets de la guerre. Deux coups fatals auront un grand

impact sur l'avenir du Hezbollah, en particulier parce que l'Iran ne pourra plus compenser la

diminution des ressources pendant une longue période.

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A propos de l’avenir du Hezbollah Le Hezbollah a été fondé pour assurer une fonction militaire et politique dans le cadre

d’un projet iranien visant à dominer la région, et à jouer le rôle majeur dans ses tendances et

ses décisions. L’entrée de ce projet dans l'espace libanais, puis arabe, était le slogan : libérer le

sud du Liban de l'occupation israélienne est le chemin qui mène à la libération de la Palestine.

Or, les changements politiques et stratégiques, dont le monde et la région ont été témoins, ont

imposé des changements, quant au rôle du parti ou sa stratégie politique et militaire. Son

effort principal, comme n’importe quelle entité subordonnée, est de se lancer dans des

batailles politiques et militaires requises par les nouvelles tendances iraniennes, et de œuvrer

à atteindre les objectifs de ces tendances, pour lesquels il a été créé, et c’est exactement ce que

son chef Hassan Nasrallah a fait savoir dans tous ses discours en répétant que "lui et son parti

sont une arme dans les mains d’al-Wali (chef suprême)."

Le Hezbollah n’a été libanais, dans ses actions ou ses objectifs, que pour avoir la main

mise sur ce pays, et pour imposer sa vision à la société libanaise sans y prêter attention aux

équilibres instables. Il n’a pas hésité à menacer de casser cet équilibre à plusieurs reprises. La

dernière décennie, son expérience a bien montré qu’il est une milice transfrontalière, tout

comme les autres organisations extrémistes. Il a participé en Iraq à l’organisation et à

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l’entrainement des milices cheïtes, qui ont proliféré pendant l’occupation américaine de ce

pays. Il aussi reconnu sa présence au Bahreïn, et sa participation à la formation des Houthis et

à leur entrainement au Yémen. Enfin, son intervention et ses crimes en Syrie. Pour toute ces

raisons, quand il s'immiscer dans les affaires internes de plusieurs pays dans la région, sa

prétention d’être nationaliste devient une parole insensé.

Depuis l'implication large et violente du Hezbollah dans le conflit syrien aux côtés du

régime en place dans ce pays, il a lié son sort à celui du régime. Les indices politiques et du

terrain indiquent que cette alliance ne pourrait pas en sortir victorieuse. Or, c’est ce qui va

déterminer son destin politique au Liban et dans la région.

L'Iran, depuis deux décennies, a essayé de déstabiliser la région, pour réaliser son

projet national de dominer et de s'imposer comme une puissance régionale reconnue

internationalement. C’est pourquoi, il a créé des milices armées, comme des bras dans tous

les pays où des cheïtes résident, et en fonction des circonstances de chaque pays.

Avec les révolutions du printemps arabe, et l’intervention notoire de l’Iran de les

contrer et les empêcher d’atteindre leurs objectifs escomptés, un sentiment arabe, tant au

niveau populaire qu’officiel s’est développé, reflétant une peur de l’ingérence iranienne, et

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invitant à se rassembler pour l’affronter. C’est ce qui s’est produit directement au Yémen, et

indirectement en Iraq et en Syrie. Peut-être tout le monde maintenant est convaincu que le

projet iranien se casserait en Syrie, c’est pourquoi l’Iran se montre plus déterminé à accroitre

son ingérence, malgré ses grosses pertes matérielles et humaines, la même description

s’applique à son subordonné le Hezbollah.

Le dilemme de l'Iran et du Hezbollah est leur tentative faire l’adéquation

l'impossible entre sauver le projet iranien de la défaite, et toutes les conséquences et les

répercussions que cela entrainerait, ce qui conduiraient à l'explosion des conflits au sein de la

communauté cheïte, et à l’intérieur de l'Iran, en particulier après les orientations récentes,

lancées par la signature de l'accord nucléaire, pour inaugurer une nouvelle phase caractérisée

par l'ouverture au monde, et tourner la page des sanctions qui l’ont affaibli. Un dilemme dont

la fin n’est, peut-être, pas proche, mais il est fort probable qu'elle ne soit pas heureuse.

De là, il est devenu urgent que l'opposition syrienne augmente son affrontement du

Hezbollah, et qu’elle met à nu son sectarisme et son terrorisme, et qu’elle prête plus

d’attention aux cheïtes arabes où ils se trouvent, pour gagner leur sympathie, couper l’herbe

sous les pieds du Hezbollah, ébranler sa base sociale et travailler avec eux pour approfondir

son dilemme et contrer le projet iranien, car ils sont les plus aptes dans ce sens. Peut-être le

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soulèvement des Irakiens, qui se déroulent actuellement à Bagdad, où le poids des cheïtes est

pesant, et le ressentiment qu’ils expriment à l’encontre de l'ingérence iranienne, avec tous les

problèmes économiques, politiques et sociaux qu’elle a amené à l'Irak, donne un sens à une

telle orientation, et lui donne aussi une possibilité réaliste.

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