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Le Drugtest 5000 montre en quelques minutes qui est sous l’influence de drogues. Sa précision repose sur des ANTICORPS SPÉCIFIQUES qui s’adaptent aux drogues comme une clé dans une serrure. Texte : Dr Hildegard Kaulen Héros 34 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015

Héros - Draeger...Les anticorps monoclonaux sont formés d’un seul clone de cellule B. Ils reconnaissent un seul épitope de l’antigène. Les anticorps mono-clonaux sont tous

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Page 1: Héros - Draeger...Les anticorps monoclonaux sont formés d’un seul clone de cellule B. Ils reconnaissent un seul épitope de l’antigène. Les anticorps mono-clonaux sont tous

Le Drugtest 5000 montre en quelques minutes qui est sous l’influence de drogues. Sa précision repose sur des ANTICORPS SPÉCIFIQUES qui s’adaptent aux drogues comme une clé dans une serrure.

Texte : Dr Hildegard Kaulen

Héros

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La consommation de drogues est une réalité sociale. Nombreux sont ceux qui ne veulent et ne peuvent pas renoncer à l’élargisse-ment du champ de conscience, même si la prise de drogues nuit à la longue à la santé. Selon un rapport récent du gouvernement alle-mand, un Allemand sur quatre, âgé entre 18 et 64 ans, a déjà consom-mé du cannabis et 319 000 Allemands sont dépendants aux drogues illégales. Les statistiques des accidents de l’Office fédéral des sta-tistiques sont également claires : en 2013, on a enregistré 3 896 ac-cidents de la route sous l’influence de drogues avec 1 913 blessés, dont 457 blessés graves. Plusieurs dizaines de personnes sont dé-cédées parce qu’elles-mêmes ou les conducteurs avaient consommé des drogues avant de prendre le volant.

Lorsque les gendarmes veulent contrôler l’aptitude à la conduite, tout doit aller vite et le test doit fournir des informations sur la situation

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Cannabis sativa est le nom latin du chanvre.

On voit ici le cliché d’un examen microscopique de la

tige sous éclairage rasant

actuelle. « La police doit donc mesurer la consommation de drogue du moment, pas celle du passé », explique Rainer Polzius, responsable du développement du DrugTest 5000 chez Dräger. « Il ne s’agit pas de montrer si un conducteur était apte à conduire hier ou la semaine der-nière mais s’il l’est maintenant ! » L’appareil teste la salive et non le sang ou l’urine. Les drogues, détectables uniquement à court terme dans la salive, sont présentes bien plus longtemps dans l’urine. Le tétrahydro-cannabiol (THC), principal composant du cannabis, est même détec-table encore des semaines plus tard. En revanche, la salive est facile à analyser lors d’un contrôle routier. L’échantillon ne peut pas être ma-nipulé et toute tentative de fraude serait démasquée immédiatement.

DÉTECTION DE DROGUES IMMUNODIAGNOSTIC

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Le test de salive repose sur une réaction des antigènes d’anticorps, comme pour un test de grossesse. Les anticorps font partie inté-grante de l’immunodiagnostic en raison leur spécificité élevée. Ce sont des héros moléculaires car ils permettent à l’organisme de se défendre contre les agressions extérieures. Ils procèdent de façon très précise et s’adaptent parfaitement aux agresseurs. Si les anti-corps détectent un antigène spécifique, ils forment un complexe im-mun. Cette reconnaissance spécifique est la raison pour laquelle on qualifie les anticorps de héros, base de l’utilité de cette classe de molécules. Dans les diagnostics, les anticorps sont utilisés pour dé-tecter des protéines, hormones, poisons ou agents infectieux. Dans la médecine, on traite des maladies chroniques inflammatoires et le cancer au moyen d’anticorps parce qu’ils détectent de manière infaillible les cellules à traiter. Les vaccins reposent également sur les principes actifs des anticorps. Dans l’immunisation active, les anticorps constituent une mémoire immunologique et dans l’immu-nisation passive, les médecins interviennent en cas d’urgence avec des anticorps spécialement adaptés. Le tour de force est la recon-naissance à coup sûr de l’antigène.

Le DrugTest 5000 fonctionne avec les anticorps spécifiques aux drogues pour détecter plus d’une demi-douzaine de substances :

Les anti-corps sont les héros moléculaires de la détection de drogues

amphétamines, opiacés, cocaïne, benzodiazépine, cannabis, métha-done, produit de substitution de l’héroïne et kétamine, un narcotique synthétique. Le seul problème qui se pose est de différencier dans la salive les restes d’un petit pain du pavot de l’héroïne, ce qui est également très difficile au niveau chimique. Les anticorps spéci-fiques aux drogues réagissent à un certain groupe de substances, permettant de reconnaître plusieurs agents d’une catégorie de dro-gues. Le test de salive se compose d’un réservoir (la cassette de test avec les bandelettes réactives), une cartouche de solvant et un appareil d’analyse. La cassette de test contient cinq bandelettes à deux positions pour la détection de drogues. « On pourrait aus-si détecter dix stupéfiants », ajoute Rainer Polzius. « Actuellement, huit positions sont affectées mais nous recherchons en perma-nence s’il est opportun et techniquement possible de détecter de nouvelles drogues. »

Le principe de la concurrenceLes bandelettes de test se composent d’une membrane poreuse et le test fonctionne automatiquement. Une fois la salive, la cassette de test et les cartouches de solvants insérés dans l’appareil d’ana-lyse, la température est portée à une valeur optimale. La salive est mélangée à des solvants. Ensuite, les bandelettes de test sont plon-gées dans un mélange. Le liquide imprègne la bandelette par effet capillaire. Commence alors ce qu’on appelle « Lateral Flow Test » dans le jargon professionnel. Peu après le début du test, l’anticorps spécifique aux drogues arrive sur la membrane et une petite quanti-té de drogue à détecter se dépose au centre de chaque bandelette. Lorsque le mélange, composé de la salive et des solvants, imprègne

DrugTest 5000 de Dräger – des anticorps spéciaux permettent actuellement

de détecter huit stupéfiants illégaux, dont le cannabis et les amphétamines, les types

de stupéfiants les plus consommés selon le rapport mondial sur les drogues en 2014

IMMUNODIAGNOSTIC DÉTECTION DE DROGUES

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Petit dictionnaire des moléculesLe système immunitaire protège les êtres vivants des substances étrangères ou des virus. Ses principaux protagonistes contribuent aussi à l’immunodiagnostic.

Antigène = substance reconnue comme étrangère au système immunitaire et contribuant à la formation d’anticorps.

Anticorps = protéines, formées par les cellules B du système immunitaire. Ils reconnaissent les antigènes et aident à les combattre dans le cadre de la réponse immunitaire.

Cellule B = cellules immunitaires appartenant aux globules blancs et formant des anticorps.

Clones de cellules B = un clone de cellule B est un groupe de cellules B identiques, issu de la division d’une cellule B.

Épitope = partie de l’antigène, reconnue par l’anticorps et liée spécifiquement.

Immunodiagnostic = domaine des diagnostics reconnaissant des substances ou molécules via la spécificité élevée d’une réaction antigène d’anticorps. La détection s’effectue au moyen de marquages sur les anticorps. On utilise en général des anticorps monoclonaux.

Les anticorps monoclonaux sont formés d’un seul clone de cellule B. Ils reconnaissent un seul épitope de l’antigène. Les anticorps mono-clonaux sont tous identiques.

Les anticorps polyclonaux sont formés de différents clones de cellules B et reconnaissent différents épitopes de l’antigène. Les anticorps polyclonaux sont un mélange de différents anticorps.

Principe clé-serrure = principe selon lequel deux ou plusieurs structures complémentaires ne remplissent leur fonction biologique que lorsqu’elles vont parfaitement ensemble. La reconnaissance d’un antigène par un anticorps suit ce principe.

La méthylamphé-tamine forme

des cristaux rap-pelant la glace,

présentés ici sous un microscope à

lumière polarisée

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Risques des nouvelles droguesLe marché des drogues est submergé de nouvelles substances psychoactives. Les « New Psychoactive Sub-stances » (NPS) sont des dérivés de médicaments autorisés, de substances naturelles ou de combinaisons synthétisées par l’industrie pharmaceutique avant d’être abandonnées. Aucun de ces produits n’a été testé en détail. Les effets secondaires, la toxicité et la diffu sion dans l’organisme se retrouvent peu à peu dans les dossiers des services d’urgence ou les rapports d’autopsie. Vendre et posséder de nouvelles drogues, mentionnées dans la loi sur les stupéfiants, est passible de peines. C’est le cas pour quelques rares substances, soit parce qu’on ne connaît pas encore les autres ou que le pro -cessus prend du temps. Dès que les substances sont

listées dans la loi sur les stupéfiants, les dealers modifient la composition chimique pour contourner la loi. C’est toujours une course contre la montre où les dealers ont (souvent) une longueur d’avance. Une ou deux nouvelles drogues synthétiques arrivent sur le marché chaque semaine.

la bandelette, les anticorps des drogues sont séparés de la mem-brane. Si la salive contient de la drogue, les molécules s’agglomèrent à l’anticorps respectif. Ce dernier ne peut plus s’allier à la substance de comparaison au centre, qui est déjà imprégnée des molécules de drogue de l’échantillon de salive. S’il n’y a pas de drogues, l’an-ticorps adhère aux substances de comparaison au centre, qui n’ont pas réagi avec les molécules de drogues de la salive. Le principe du test repose donc sur une réaction de concurrence. Le justifica-tif visible s’effectue via un marquage sur les anticorps spécifiques des drogues. Il s’agit de particules d’or qui reflètent la lumière d’une certaine longueur d’ondes dès qu’elles sont éclairées. Si l’appareil d’analyse enregistre un signal lumineux, l’anticorps s’est agglomé-ré à la drogue au centre de la bandelette de test. Cela signifie qu’il n’y a aucune molécule de drogues dans la salive. S’il n’y a pas de si-gnal lumineux, on peut partir de la présence de drogues. Il y a donc une relation inverse entre la concentration de drogues dans la salive et la puissance du signal de l’anticorps aggloméré au centre de la bandelette de test. Le résultat pour sept drogues est disponible au bout de cinq minutes, sauf pour le cannabis dont la détection dure environ trois minutes plus longtemps. Le DrugTest 5000 est un ap-pareil de test préliminaire permettant de prédire la consommation en temps réel de drogues avec une probabilité élevée. Les tests sui-vants doivent être effectués en laboratoire pour confirmer les résul-tats obtenus. Les analyses en laboratoire sont nécessaires en rai-son des risques de réactivité croisée ou de contaminations externes.

Tests de drogue sur le lieu de travailAvec le test de salive, il est possible de contrôler l’aptitude à conduire et la consommation de drogues sur le lieu de travail ou en prison. En Allemagne, les tests de drogues sur le lieu de travail sont rares car ils violent les droits de la personne des salariés. Il existe pour-tant de nombreuses professions à risques, où la consommation de drogues peut être fatale, par exemple pour les conducteurs de bus, pilotes, caristes et grutiers ou encore dans des branches comme

Test rapide en moins de dix minutes

l’énergie nucléaire et la (pétro)-chimie. « En Allemagne, les tests de drogues se font sur la base du volontariat et sont régis par les conventions collectives », explique Rainer Polzius. « Selon un juge-ment des prud’hommes de Hambourg, il est possible d’effectuer des contrôles en cas de doute si l’activité professionnelle est liée à un risque élevée et que l’aptitude au travail ne peut pas être constatée par un autre moyen. » Aux États-Unis, en Australie et dans d’autres pays européens, la situation est différente. La sécurité prime sur le droit de la personne. On ne peut effectivement pas voir si quelqu’un consomme de la drogue car les drogués modernes ne répondent plus aux clichés classiques.

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VUE DE LA CASSETTE DE TEST

Elle contient cinq

bandelettes de test côte

à côte. Les extrémités

libres aspirent le mélange

de salive et de solvants.

Cette image se lit de haut

en bas. Les champs

marron foncé représentent

des anticorps spécifi ques

aux drogues. Les lignes bleu

clair symbolisent les

substances de référence

en concurrence avec

les drogues dans la salive et

les anticorps marqués.

Durée de détectabilité de droguesLes stupéfiants ont des durées de détectabilité différentes dans le sang, la salive et l’urine. Les diagrammes indiquent la durée en heures. Le THC-COOH peut encore être détecté des semaines après dans l’urine.

Test négatifSans drogues dans la salive, l’anticorps marqué s’agglomère sur la substance de référence au centre. Le signal symbolise un test de drogues négatif.

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sTest positifDes drogues dans la salive s’agglomèrent sur l’anticorps marqué au centre. Le signal manquant symbolise un test de drogues positif.

1

2 « Négatif »

« Positif »

Flux d’échantillon

LED Détecteur Signal

1

2

Flux d’échantillon

LED Détecteur Signal

Sang

Salive

Urine

Amphétamines

24 heures 48 heures 72 heures 96 heures

4620–50

24–72

4824

87 (+/-51)

54–16

10

36

34–87

4812–24

48–72

2012–24

11–54

Méthylamphétamines

Tétrahydrocannabinol

Tétrahydrocannabinol-COOH (acide organique)

Cocaïne

Benzodiazépine

Morphine

125–12

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