Humbley_anglicismes_2010

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    Peut-on encore parler danglicisme ?

    John Humbley

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    John Humbley. Peut-on encore parler danglicisme ?. LDI (Arnaud Leturgie). Lexique, nor-malisation, transgression, 2010, Cergy-Pontoise, France. Mes Mots Edition. Limay, pp.21-45.

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    Peut-on encore parler danglicisme ?

    John Humbley, Universit Paris-Diderot

    Introduction : ltude des anglicismes relve-t-elle dune transgression ?

    Peu de langues ont connu une politique linguistique aussi dtermine lencontre desanglicismes que le franais. Dans ce contexte on peut stonner de la faiblesse relativedtudes linguistiques ralises en France depuis une quinzaine dannes sur les emprunts engnral, et sur les anglicismes en particulier. Une consultation rcente du fichier central desthse de Nanterre rvle labsence quasi-totale de propositions de recherche doctorale sur lesemprunts et les rares titres correspondant ce critre concernent surtout dautres langues quelanglais et le franais. De mme, le nombre darticles ou de livres portant sur les anglicismesen franais est relativement restreint1 : la dernire monographie majeure sur le sujet est sansdoute celle de Picone (1996). Le peu dtudes ralises en France sur les anglicismes est

    comparer avec celles, bien plus nombreuses, publies dans dautres pays europens. En plus,on constate, sur le plan international, un nombre trs important dtudes sur diffrents aspects,surtout thoriques qui rendent compte des phnomnes du contact linguistique. En ce quiconcerne les tudes les plus marquantes sur les anglicismes en franais, elles sont le fruit dutravail de germanophones (Beinke 1990, Jaboski 1991, Plmer 2000, Jansen 2005, Winter2009et dautres2). Au dbut des annes 2000, langliciste allemand Manfred Grlach (2001,2002, 2003) a publi une srie dtudes comparatives sur les anglicismes dans seize langueseuropennes (dictionnaire, bibliographie commente, historique de linfluence de langlais),impulsant par la suite la constitution dun consortium officieux de chercheurs europensdsireux de poursuivre ses recherches (Fischer & Pulaczewska 2008). Il est remarquable quele dictionnaire de Grlach, prim dans le cadre du BAAL book prize 20023, na pas connu deretentissement en France on ne connat aucun compte rendu dans une revue de linguistiquefranaise. De mme, aucun franais ne participe au consortium constitu autour dudictionnaire de Grlach (2001).

    On peut sinterroger sur cette apparente lacune. Agns Steuckardt4 signale la fois linquitude des linguistes lgard des anglicismes, ainsi que le rejet du phnomne danslopinion publique en gnrale. Labsence dtudes rcentes sur les anglicismes en Francepeut sexpliquer galement par un dcoupage disciplinaire peu favorable : non seulement untravail sur les anglicismes en franais ne relve pas de langlistique, puisque la langue derfrence est le franais, mais il a aussi du mal trouver sa place en linguistique franaise, o

    les tudes sur les nologismes ne sont gure prises (Sablayrolles 2000). Les tudes ralisesces dernires annes sur les anglicismes en franais (Jansen 2005, ainsi que les tudes plusanciennes de Schmitt 1989, 1991) cherchent en particulier valuer limpact de la politique

    1Il ne faudrait pas oublier, toutefois, les tudes menes par Agns Steuckardt (2006, 2008).

    2Pour un aperu de la problmatique de lemprunt, voirNeologica2 (2008), consacr cette question.

    3www.baal.org.uk/bkprize_2002.doc

    4 Lemprunt langlais apparat comme une vritable menace pour la langue nationale (Josette Rey-Debove,

    1998, p. 151). Cette inquitude nest pas, au dbut du 21e

    sicle, lapanage de quelques puristes atrabilaires, donttiemble, avec son Parlez-vous franglais ?(1964), a pu reprsenter une image prototypique. Steuckardt 2006 :10.

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    linguistique visant sinon les liminer du moins les contenir. Au dbut des annes 1990, laDlgation gnrale la langue franaise avait diligent une srie denqutes surlimplantation terminologique, dont cinq paraissent dans Depecker et Mamavi (1997). Maisces enqutes, malgr les pistes de recherche quelles ont identifies, nont pas eu de suite, dumoins en France. La posture des linguistes par rapport lautorit de ltat semble tre celle

    du retrait. On ne prend pas position, et pour en tre sr, on vite daborder les sujets quifchent. Depuis, les tudes sur linfluence de langlais changent dorientation. On sintressedsormais moins la prsence de langlais dans le lexique et davantage son usage : qui parlequelle langue qui et dans quelles circonstances, surtout professionnelles ? On assiste ainsi une rorientation des travaux sur linfluence de langlais en France, qui passe du niveaulinguistique celui de la sociolinguistique (Truchot 2008). Il reste savoir sil est possible deramener le centre dintrt la langue elle-mme.

    On pourrait prtendre que les questions de langue ont t largement dbattues et quil ne resteplus grand-chose rechercher ce niveau, mais les rsultats des recherches sociolinguistiquespermettent de penser que les changements intervenus au niveau de lusage de langlais dans

    diffrents secteurs de la socit franaise en particulier de ceux de la recherche scientifiqueet des entreprises sont de nature davoir des rpercussions directes sur la langue elle-mme.En effet, il est permis de penser que langlais en France passe du statut dune langue trangre celui dune langue seconde : sur le plan sociolinguistique, ce changement inaugure dessituations de diglossie fonctionnelle, ce qui ne manquera pas dinfluencer le franais parl etcrit. Quelles sont prcisment ces modifications ? En dautres termes, il est temps dedpasser les interdits, car les problmatiques intressantes restent explorer.

    Quelles sont donc les manifestations linguistiques qui dcoulent de situations de diglossie ?On peut en identifier quatre ou cinq types courants.

    La premire manifestation et sans doute la plus marquante est connue sous le nomdalternance codique ou alternance de code (code switching) ; ses mcanismes dans lessituations de bilinguismes sont dcrits depuis longtemps dans les manuels desociolinguistique et dans les monographies sur le bilinguisme, par exemple dans Le Page,Tabouret-Keller (1985). Lalternance codique avec langlais devient-elle courante en franaiscrit ou oral ?

    Pour le deuxime type de manifestation on peut sinspirer des travaux raliss sur le franaisdu Canada (y compris voire surtout en dehors du Qubec), o les situations de diglossiesont plus habituelles. Dans ces contextes, les emprunts smantiques sont particulirement

    frquents. On connat les expressions canadiennes telles que frais encourus pour fraisengags, o le verbe prend le sens dun faux-ami anglais (expenses incurrred). Ce genredinterfrence a dj fait lobjet de plusieurs tudes (cf. de Villershttp://www2.hec.ca/qualitecomm/chroniques/franqueb/bruissement.html) On aimerait savoirsi elle devient plus courante en franais de France.

    Un troisime exemple de manifestation typique des langues qui subissent des contactsextrieurs intenses est la modification des classes de mots emprunts. En labsence debilinguisme et de diglossie, la grande majorit des mots emprunts est compose desubstantifs. Lorsque le contact sintensifie, dautres classes de mots sont galementempruntes en grand nombre. Constate-t-on en franais contemporain un taux plus important

    demprunts dadjectifs, de verbes et dautres catgories mineures que dans le pass ?

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    Plus gnralement, est-il possible de savoir si les anglicismes contemporains sont enaugmentation en franais mtropolitain et si les lments emprunts participent de maniresignificative la productivit lexicale du franais ?

    Voil des questions quil faudra problmatiser de manire plus prcises, donnes plus titre

    dexemple que comme programme de recherche. Dautres paramtres entrent en ligne decompte, comme par exemple les domaines o les anglicismes sont particulirementnombreux : on pourrait prtendre que la pntration danglicismes dans les domaines peuspcialiss tmoignent dune influence plus profonde que lorsquils se limitent des secteursde pointe. Nanmoins, ces quatre ou cinq questions pourraient suffire pour constituerlamorce dun nouveau chantier, dont le primtre serait dfinir, mais qui revivifieraitltude des emprunts et des anglicismes en particulier.

    Quelles sont alors les mthodes quil convient dadopter afin dtudier les anglicismes telsquils se manifestent en franais contemporain ? Puisque lintrt pour ce genre dtude na

    jamais flchi dans les pays voisins, on pourra sinspirer des travaux rcents raliss sur les

    anglicismes dans dautres langues europennes. Nous nous proposons de prendre commepoint de dpart ltude dAlexander Onysko (2007) sur les anglicismes en allemandcontemporain. En effet, cette tude comporte plusieurs innovations mthodologiques dont onpourrait sinspirer. Dabord il sagit dune tude qui se donne pour objectif global dvaluerlimpact de langlais sur lallemand contemporain. Ensuite, les mthodes quil emploie sontvaries mais explicites : lauteur connat trs bien les tudes sur le contact linguistique engnral et sait les appliquer la problmatique des anglicismes en allemand ; en plus, ilprconise une approche inspire directement de la linguistique de corpus, qui part dunensemble numriquement important (plus de cinq millions de mots en loccurrence),reprsentatif et balis, qui permet des analyses approfondies. Contrairement la plupart destudes allemandes sur les anglicismes enfin, celle-ci est rdige en anglais, permettant uneplus grande diffusion de ses mthodes.

    Certains points de la mthodologie dOnsyko mritent un approfondissement : dune part lesaspects susceptibles dtre adapts une analyse des anglicismes en franais, et dautre partceux qui sont a priori spcifiques lallemand, qui seront voqus plus brivement. Puisque lamthodologie de base est fonde sur la linguistique de corpus, il est intressant de savoircomment Onsyko a constitu le sien et comment il lexploite. Le choix de sa source nest pasune surprise pour tous ceux qui connaissent ltude des anglicismes en allemand : il sagitdune anne du magazineDer Spiegel, lhebdomadaire le plus lu doutre-Rhin, surtout parllite de la nation. Ce choix nest pas sans biaiser les rsultats, car non seulement la revue a

    t fonde par des amricains et conue sur le modle de Time Magazine et quelle afficheune attitude pro-amricaine (et ironique par rapport la France), mais elle est aussi connuecomme particulirement ouverte aux influences amricaines, y compris linguistiques. Cechoix comporte un avantage considrable, mais spcifique la situation allemande : DerSpiegel a fait lobjet de nombreuses tudes linguistiques, portant en particulier sur lesanglicismes quelle contient, permettant ainsi une bonne apprciation de lvolution de cetteinfluence au fil des annes. Le choix du chercheur allemand sest donc arrt sur une anne dela revue : 2000.

    La question du choix des critres dinclusion et dexclusion sest alors pose : que constitueun anglicisme ? Si de nombreux cas ne posent aucun problme didentification, dautres

    catgories se rvlent particulirement problmatiques, et ncessitent une rvision de ladfinition de ce qui constitue un emprunt en gnral et un anglicisme en particulier. Pour ce

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    faire, Onysko se rapporte aux travaux rcents sur la thorie du contact linguistique, enparticulier ceux de Coetsem (2000) sous le nom de General and Unified Theory of theTransmission Process in Language Contact. Selon cette analyse, les emprunts qui sintgrentdans la matrice dune langue dominante (comme cest le cas pour lallemand et le franais,mais non pour les langues des immigrs dans les pays europens par exemple) enrichissent

    celle-ci, car ils permettent ses locuteurs dlargir leur champ dexpression. On comprendque ce point de vue est tout autre que puriste, et tranche sur lattitude plus rserve deslinguistes franais, signale par Steuckardt5.

    Deux sondages pour le franais

    Nous proposons ici, dans un but purement mthodologique deux sondages, sur le franais. Ilnest pas question de refaire ici pour le franais ce quOnysko a ralis pour lallemand, maisplutt de sen inspirer pour savoir comment on pourrait procder pour obtenir un rsultatsemblable. Dans le cadre de cette recherche prliminaire, deux types denqute ont t

    effectus. Lun dans les archives du quotidienLibration, qui propose gratuitement le contenudes articles des trois annes coules. Lautre sondage puise dans les entres de la base denologie du laboratoire Lexiques, Dictionnaires, Informatique6, Neologia7, susceptible defournir des lments qualitatifs en rponse au moins certaines des interrogations que nousavons formules. Les questions qui prsupposent une dimension quantitative (concernantnotamment les volutions globales : savoir si les anglicismes sont en augmentation) sont donctraites de manire purement indicative, car aucune statistique ne pourra tre fournie enlabsence dun corpus constitu.

    Rappelons, en les simplifiant, les questions qui nous intressent :- comment caractriser lalternance codique dans des corpus de langue franaise ?-

    comment identifier les cas demprunt smantique ?- comment dtecter lemprunt dadjectifs, de verbes, ventuellement dautres classes

    de mots ?- comment valuer la productivit lexicale des anglicismes ?- comment valuer lvolution de ladoption danglicismes en franais ?

    Nous envisagerons des rponses ces questions partir des informations obtenues dans lesdeux sources.

    Alternance codique

    Lalternance codique est dfinie comme Le mode de communication utilise par deslocuteurs bilingues qui consiste faire alterner, dans deux langues, des units lexicales delongueur variable lintrieur dune mme interaction verbale 8. Lemploi dalternerdans ladfinition nest peut-tre pas trs clair : il sagit pour un bilingue demployer des lments

    5Pour une application de la thorie de Coetsem aux anglicismes en franais, voir Storz (2010).6Universits Paris 13 et Cergy-Pontoise7Neologia est une base de donnes de nologismes rsultant en grande partie dun dpouillement alatoire de lapresse franaise, mais aussi de sources orales, galement alatoires. Elle comporte en juillet 2010 1400 entres,dont 446 sont marques comme influences par langlais, mais diffrents titres. Pour une description plus

    complte, voir Cartier & Sablayrolles (2010).8CLIL-LOTE-GO http://clil-lote-go.ecml.at/Glossary/tabid/776/language/fr-FR/Default.aspx

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    dune langue A dans un discours ou un change en langue B. Clyne (2003 : 71) pour sa partinsiste sur la nature de la diffrence entre alternance codique et emprunt, qui serait pour luiune question de degr plutt que de nature : il ny aurait donc pas de distinction nette entre lesdeux phnomnes. La recherche dexemples dans nos deux sources va confirmer cette troiteparent.

    Onysko (2007 : 274) commence son analyse de lalternance codique par des lments qui serapprochent le plus de lemprunt, savoir les exemples de citations de langlais necomportant quun seul mot, et par des anglicismes polylexicaux . Il inclut parmi lespremiers les interjections releves dans les textes comme lments de discours danglophones

    farewell, hello, hi, now, please, welcome. Il considre que deux autres interjections sont djempruntes en allemand : wow, hey. Pour les besoins de la dmonstration, nous nous servonsici des archives du quotidien Libration comme corpus, et nous y recherchons toutsimplement la prsence des mots anglais voqus par Onysko pour lallemand. On peut eneffet hsiter sur le statut de certains dentre eux. Sil est vrai que lon lit dans les archives de

    Libration wow !comme citation de propos danglophones on le relve galement dans la

    bouche de francophones, montrant le premier pas vers un changement de statut ; hey figuremoins souvent, et semble se cantonner dans le rle dexemple dalternance codique9. Lesinterjections ou assimiles (farewell, hello, hi) sont toutes attestes dans les archives de

    Libration dans des contextes o elles reprsentent clairement des exemples dalternancecodique, cest--dire des citations de propos tenus par des non francophones.Les autres sontmoins courants dans ce corpus : nowne figure gure que dans des titres,pleasefigure parfoisseul mais surtout dans des exemples dalternance codique plus longs, tout comme welcome10.Dans un second temps, il faudra constituer un corpus stable pour mener une tudesystmatique, pour laquelle nous faisons quelques propositions dans la conclusion. Pour lesbesoins de la dmonstration, toutefois, il semble clair que ce corpus franais tmoigne delexistence dexemples dalternance codique en nombre significatif. Il reste encore valueret caractriser ce phnomne dinterfrence.

    Il nest pas trs tonnant que lon relve des exemples dalternance codique dans un corpusjournalistique, mais cest un phnomne qui nest pas cens figurer dans une base de nologielexicale. En effet, Neologia privilgie tout ce qui nest pas lalternance codique : le niveaulexical, dune part, et un dbut dintgration de lautre. Bref, lalternance codique est presqueexclue par dfinition. Mais en ralit on relve un nombre limit de cas qui pourraient treclasss la frontire entre emprunt et occurrence dalternance codique :

    gender generation gap

    naming and shaminginternational backpacker

    all made in Japan

    business as usual

    Aucun par dfinition ne figure dans le Petit Robert2009, mais il est vident que certainsexemples sont en voie de lexicalisation : Business as usual peut tre considr comme

    9Julia vit aux Etats-Unis depuis quatre ans, mais se sent canadienne : tre canadienne, a veut dire que quandvous dites une phrase comme : "Le match de basket tait beau, hey ?", aucun amricain ne vous laisse oublierque ce "hey" est canadien. Libration22/05/2010.10

    Mon plan en cinq axes : Dj, on vire le Madame de avant Lafayette. On est en littrature, bordel, on nestpas au comit de Miss France. Faut trouver autre chose mettre avant, moi je propose Galeries , pour rester

    frenchy. Mais si quelquun trouve meilleur, welcome. Libration, 16/07/2009.

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    emprunt phrasologique (digne de figurer dans pages roses du Petit Larousse Illustr), maisles autres sont moins intgrs, et all made in Japana tout dune citation. Pour Onysko (2007 :277) ce type dexemple, quil appelle anglicisme polylexical, relve dun cas limite, situentre alternance codique et emprunt proprement dit. Il en donne comme exemples copy and

    paste, drinks and drugsainsi que certains qui figurent dj dans des dictionnaires franais

    (rhythm n blues), et dautres dans Neologia : name and shame, business as usual, cits ci-dessus.

    La deuxime partie de lanalyse dOnysko concerne les cas plus typiques dalternancescodiques, dfinis comme des units syntaxiques qui suivent les conventions grammaticalesde langlais mais qui sont insres dans la matrice dune proposition (allemande) (Onysko2007 : 286). Il en distingue deux cas :

    - alternance codique lintrieur dune phrase ;-

    alternance codique entre deux phrases (et donc en principe compose dune phrasecomplte, voire davantage).

    Il se trouve que Neologia comporte un cas dalternance codique entre deux phrases ( A staris born , mais qui se trouve tre en plus dune phrase un titre de film classique). Enrecherchant dans les archives de Libration laide de mots grammaticaux anglais, nousrelevons des exemples des deux types, comme nous lavons vu pour welcome11ouplease12.

    Un type dalternance codique particulier qui retient lattention dOnysko (2007 : 309-311), savoir les Filsertexte ne semblent pas avoir de correspondance dans la presse franaise. Ilsagit de pseudo-citations dhommes politiques ou de sportifs allemands qui emploient unanglais truff de germanismes, mais en fait rdiges par les journalistes qui se moquent despersonnalits vises. Faut-il comprendre quun manque daisance en anglais nest pasconsidr comme dshonorant en France ?

    Clyne (2003 : 166-167) a consacr une tude sur lalternance codique aux mots ou auxsituations susceptibles de dclencher le basculement ; il sagit essentiellement ditemslexicaux, souvent des noms propres, qui font basculer le locuteur dans lautre langue. Dans lecas de textes crits, il est possible que les dclencheurs soient diffrents. Onysko (2007 : 291)met laccent sur limportance dun contexte anglo-amricain et de certains domaines (modede vie, informatique, politique trangres) pour dclencher un exemple de code-switching.Une tude plus globale de la place de lalternance codique dans un corpus homogne devrarendre compte des dclencheurs.

    Emprunts smantiques

    La question des emprunts smantiques est sans doute plus difficile traiter. Onysko en parlepeu pour lallemand, et on sait que ce genre de phnomne est difficile dtecter lorsquonanalyse automatiquement un corpus. Nous ne tentons pas, dans un premier temps, den relever

    11Documentaires animaliers.Sur les crans du stade, le compte rebours est lanc : Welcome home world,

    its time. Tout commence avec des hommes dguiss en zbres, srement des ZoulousLibration 12/06/2010.12

    Enfin, il trouve mon numro de chambre. Il me tend la carte magntique qui sert de clef, et un papier, au nom

    de lhtel, sur lequel est crit la main, au stylo : Your mother called. Please call her back. Je reste fige,silencieuse, Libration 12/06/2010.

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    de manire systmatique dans les archives de Libration. Aprs tout, la base de donnes denologismes, alimente la main par des linguistes a priori expriments devrait, du moins enprincipe, en comporter un nombre apprciable. Cest donc avec tonnement que lon constateque Neologia ne comporte quun nombre trs limit demprunts smantiques : triangulation,ainsi que les verbes associs trianguler et dtrianguler, ainsi quecapturer, flasher, signer.

    Dans les contextes que comporte triangulation, on dfinit comme une stratgie politique miseau point au Royaume-Uni par Tony Blair, qui aurait contribu la dfinition de la troisimevoie du New Labour. Il sagit dune mtaphore, puise dans le domaine de la godsie, etparfaitement transposable au franais. Ce cas semble bien diffrent de ceux des faux-amis ,dnoncs en particulier par les canadiens, dus une interfrence motive par la ressemblanceformelle. Caputer et signer sont probablement des exemples dinterfrence, comme lescontextes le laisse entendre clairement. Les modifications smantiques saccompagnent dechangements syntaxiques, comme le signale par ailleurs Sablayrolles (2009).

    Et il y a la pluie de sollicitations, gres par le tandem (attach de presse et agent) dubasketteur Tony Parker, qui ont eu le flair de "signer" Tsonga avant Melbourne.

    Jackpot assur. Car Tsonga plat. Libration, 2008.

    Linterfrence de sign up est probable, compte tenu de la situation dcrite dans larticle.Parfois le journaliste se montre conscient de linterfrence :

    un excellent album live parat aujourdhui,Hope at the Hideouta t enregistr ouplutt "captur" pour employer une mauvaise traduction de langlais, Chicago. 20 Minutes2008.

    Le cas deflasherest moins clair. Sagit-il dun nouvel emprunt ?

    colliers, sautoirs, plumes et strass, la vitrine de cette mini-boutique flashe demble ANP2007.

    On a beau montrer la ressemblance lemploi intransitif de to flash en anglais, mais riennindique quil sagit dune quelconque influence, plutt quun emploi figure de flasher,employ en franais dans diffrents contextes depuis 1980 (PR). Il sagit peut-tre pluttdexemples de productivit smantique dun emprunt assimil. La distinction entre les deuxcas reste un des points lucider dans une tude ultrieure plus consquente.

    Nous navons pas de mthode pour rechercher des emprunts smantiques de manire

    automatique. Nous nous sommes content de quelques sondages, par exemple de acadmiqueemploy dans le sens de langlais academic (par exemple academic year). On en relveeffectivement trois exemples tous dans des contextes italiens ! Les critres de dtectionne sont pas faciles dfinir. Il est permis de penser que le dpouillement manuel nest pasencore trs fiable pour les emprunts smantiques, ce qui a pouss certains chercheurs lesexclure de leur champ dintrt. Il est tout fait possible que les modifications de sens, souslinfluence de langlais, passent souvent inaperues mme aux yeux de linguistes aguerris.

    Emprunt dadjectifs

    47 adjectifs emprunts langlais figurent dans Neologia parmi les 447 entres tudies, soit11%. Une analyse succincte de ces entres fait ressortir des catgories trs diffrentes. La

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    rpartition en sous-catgorie est toutefois problmatique. Il serait souhaitable, dans le cadredune tude sur ces emprunts, daborder un point absent dOnysko, savoir lesquels ont pourmodle un adjectif anglais, et quelles sont des drivations ralises en franais partir dunnom emprunt mais dj assimil. Il semblerait que les adjectifs emprunts directement etsans modification ne soient pas nombreux. : slimest le seul adjectif anglais emprunt qui ne

    comporte pas un morphme drivationnel ; quatre comportent le morphme adjectival y:punchy, druggy, bitchy, glossy ; un seul able: bankable, modifi sous la forme debanquable

    13(catgorie ambigu, carableest galement un suffixe franais).

    La majorit des cas constituant la deuxime catgorie que nous identifions est composede noms qui figurent comme pithtes, gnralement des mots composs : toxico-trash, old-school, street-cred, border-line Ce sont essentiellement des lments dterminants denoms composs anglais. Ils sassimilent la classe dsormais bien reconnue en franais desnoms pithtes (cf Nouailly 1990, Arnaud 2003) et correspondent prcisment aux nombreuxhybrides signals pour lallemand par Onysko (2007). Ce point mrite rflexion. Fischer(2005) exclut la plupart des hybrides de son tude, puisque ceux-ci sont rarement des

    emprunts : il sagit, selon elle, surtout de constructions ralises en franais partirdlments dj emprunts. Nayant pas de modle de langue trangre, ils sont de ce faitcarts de son champ de recherche. Plus rcemment Kortas (2005) plaide pour la prise encompte des hybrides comme catgorie spcifique du lexique. On pourrait, suivant lexempledOnysko (2007), les inclure dans une tude sur les anglicismes comme lments tmoins deltape de la post-intgration.

    La troisime grande catgorie des adjectifs est caractrise par lajout dun suffixe franais.webien (ainsi que de farrelyen, driv du nom propre Farrel), lollesque, kitschouille ; sixexemples de formes assimilables aux participes passs fonctionnent comme adjectifs : cap,comarqu, disneylandis, jet-lagu, surbook, photoshop. Il sagit dans tous ces cas dedegrs dassimilation suprieurs, mais qui peuvent tre assez diffrents dans le dtail.

    Disneylandis nest probablement pas un emprunt, car il sagit de toute vraisemblance deconstruction ralise en franais partir dlments emprunts (Disneyland), tandis que capa pour modle le participe pass anglais capped.

    Une quatrime catgorie est assimilable aux constructions franaises influences dediffrentes manires par langlais : religieusement correct, violonistiquement correct,(constructions ludiques sur le modle emprunt politiquement correct),

    peopolitique/pipolitique( partir de lempruntpeople), bobosant, boboste(de bobo).

    Un seul adverbe emprunt : basiquement : sagit-il dune adaptation de basically, ou unedrivation ralise en franais partir de basique, connu en franais (depuis 1949 selon lePetit Robert2009).

    Le bilan provisoire de cette brve analyse montre quelques pistes de recherche. Les adjectifsclassiques sont toujours peu emprunts. En plus, ces adjectifs emprunts ne se conforment pas la morphologie franaise, notamment par ajout des morphmes du fminin et du pluriel,contrairement ce quOnysko signale pour lallemand : (coole.. Onysko 2007 : 119). Enrevanche, les noms pithtes sont couramment employs pour rendre des constructionsanglaises de compositions, voire de surcompositions nominales, ce qui correspond auxhybrides en allemand. Onysko (2007 : 196) prtend quun nombre trs restreint danglicismes

    13Les deux formes sont attestes dans Neologia.

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    fonctionnent comme dterminants dans de trs nombreux hybrides. Il serait intressant desavoir sil en est de mme pour le franais. Les adjectifs forms laide dun morphmefranais sont relativement nombreux, ce qui peut tre interprt comme une stratgiedincorporation syntaxique. Une dernire piste : la plupart des exemples de ces adjectifs sonttirs de trs peu de domaines : la culture pop (musique, jeux vido), soit des secteurs o la

    diglossie est avance, et o langlais reprsente la langue vhiculaire effective.

    Emprunts de verbes

    31 verbes figurent au titre danglicismes dans la base Neologia. Le mme problme derpartition entre emprunts directs et drivations demprunts dj tablis que nous avonsidentifi pour les adjectifs se pose galement ici. Ainsi, on pourrait dire que dognapper,winner, moover, gatecrasherreprsentent des emprunts de verbes anglais, puisquaucun nomcorrespondant nest attest dans des contextes franais. A linverse, taser, facebooker(commedailleurs le nomfacebookeur), twitter, buzzeront chacun un nom correspondant qui est dj

    relativement assimil en franais. Parfois le nom et le verbe semblent tre emprunts en mmetemps : redlistet redlister. Pour certaines constructions il ny a gure de doute dune originefranaise, car on ne trouve pas de modle anglais : hightecher, par exemple, ne semble pasavoir comme modle verbal to hightech.

    Ltude de la distribution de co-occurrents est susceptible de rvler des interfrences, commenous lavons vu pour les emprunts smantiques (capturer,flasher, signer en particulier), maisun emploi divergent par rapport la distribution franaise ne suffit pas pour indiquer uneinfluence de langue anglaise.

    Quoi quil en soit, il semble que les verbes emprunts directement langlais soient plusnombreux que les adjectifs emprunts directs. De mme, on relve des exemples de verbes detype anglo-saxons emprunts et conjugus, contrairement aux adjectifs anglo-saxons, jamaisaccords au pluriel ni au fminin. Cette prsence de verbes emprunts semble tre encontradiction avec le constat des annes 50 et 60, lorsque les verbes anglais taient surtoutemprunts sous la forme dune nominalisation (soit rerecording pour le verbe to rerecord),conjugue au moyen dun verbe support (faire un rerecording) (Humbley 1974).

    Productivit lexicale des anglicismes

    Oynsko prtend que la productivit des anglicismes en allemand est une mesure de leurimportance. Nous avons vu, pour les adjectifs et les verbes, que de nombreux emprunts directsdeviennent productifs en particulier laide de suffixes drivationnels, et lassimilation denoms, y compris composs, la catgorie des noms pithtes.

    Neologia permet de relativiser limpact des anglicismes. On relve en mme temps que lesemprunts directs les quivalents franais, gnralement employs par les journalistes, parfoissous forme de glose, pour expliquer lemprunt direct. Dans de nombreux cas, cestlanglicisme qui simpose, mais dans dautres, le substitut franais, souvent cr sans rapportdirect avec la forme du modle anglais, finit par tre lexicalis. Le concept de binge drinking,par exemple, est aussi reprsent par biture express, biture TGV.

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    On peut signaler galement des cas dinfluence indirecte, par exemple un anglicisme quiatteint une certaine notorit et qui se trouve dtourn. Cest le cas de positive attitude, lachanson de Lorie, repris en 2005 par Jean-Pierre Raffarin14..On relve dans Neologia pasmoins de 18 exemples de dtournements, gnralement ludiques et peu lexicaliss fofolleattitude, frache attitude, French attitude, gayattitude, girly attitude, Google attitude, green

    attitude, hard attitude, louze attitude, Poppy attitude, prsidentielle attitude, Royale attitude,samoura attitude, Sarkozy attitude, street attitude, trash-attitude, tsiganie attitude, yellow

    attitude. La plupart peut-tre la totalit ne sera jamais lexicalise, mais les nombreusesattestations montrent bien sa productivit lexicale.

    Plus gnralement, il est difficile de mesurer la productivit lexicale des anglicismes sansdisposer dun corpus constitu.

    Les anglicismes en augmentation ? Comment le dterminer ?

    Il nest pas possible, en labsence de corpus diachronique du franais contemporain, dedterminer lvolution quantitative des anglicismes. La base Neologia ne comporte que deuxou trois annes de relevs, mais de toute faon la mthodologie de dpouillement alatoire nepermet pas une exploitation quantitative. De mme, le corpus des archives deLibration, bienutile pour fournir des pistes de recherche, ne permet pas un travail quantitatif fin : dune part,le contenu est la fois mouvant, puisquil semble que les articles plus anciens sont remplacspar de plus rcents, et incertain, puisque les critres dinclusion ne figurent pas sur le site duquotidien, et lexprience prouve que des modifications importantes interviennentfrquemment ; dautre part, ltendue chronologique trois annes actuellement est trsinsuffisante. Les chercheurs allemands ont lavantage dune publication trs connue, DerSpiegel, qui fait lobjet dtudes sur les anglicismes depuis plus de trente ans, permettant descomparaisons intressantes. Toutes vont dans le mme sens : quel que soit le critre retenu,les anglicismes qui figurent dans ses pages sont en augmentation. Le franais possde-t-il unepublication emblmatique comparable Der Spiegel, susceptible de fournir un corpus tmoin,surtout en labsence de corpus national15. Bien que le nombre dtudes sur les anglicismesen franais soit plus modeste, rien nempche le linguiste daujourdhui de prendre commecorpusLe Monde, quotidien de rfrence pour la France, et disponible depuis longtemps sousforme de CD-ROM annuel. Une tude du Monde prsente plusieurs avantages, pratiques etthoriques. Il est en effet pratique de disposer dun corpus dj fait, et pour plusieurs annesdj balis. En plus une mthodologie de dpouillement existe, par exemple celle exploitepar Marie-Eva de Villers (2005) pour dterminer limpact de la politique linguistique au

    Qubec, qui pourrait tre adapte ltude des anglicismes. Du point de vue thorique, onpeut se fliciter queLe Mondene soit pas connu comme porte dentre des anglicismes enfranais (comme on le dit pour Der Spiegel), ce qui ne manque de biaiser les rsultats enfaveur dune forte influence de langlais.

    La mthodologie employer mrite discussion. Nous nous limitons ici quelques rflexionsdordre gnral. La premire, la plus vidente mais non le plus facile obtenir, est une

    14http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20050120.OBS6748/quand-raffarins-inspire-de-lorie.html15On pense au British National Corpus, mais aussi au corpus de lInstitut fr die deutsche Sprache Mannheim.Si lon voulait comparer la pntration de langlais dans les diffrentes langues europennes, on aurait besoin de

    vastes corpus nationaux construits sur des bases semblables. Une tude pilote pourrait se faire, par exemple, surles anglicismes du corpus allemand et espagnol.

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    dfinition opratoire de ce que constitue un anglicisme. Nous employons exprs ici le termeanglicisme plutt quemprunt, car, selon la vise de ltude, il peut tre utile dlargir lescritres, afin de pouvoir mesurer, par exemple, lvolution de la productivit lexicale desanglicismes, ce qui inclut non seulement les pseudo-anglicismes, mais aussi les hybrides ,forms en franais partir danglicismes dj tablis.

    Les catgories exclure reprsentent un dfi considrable. Grlach (2001), dans sondictionnaire comparatif danglicismes, exclut les internationalismes , cest--dire lesconstructions savantes ralises partir de racines latines et grecques. Cette restriction seraitsans doute plus difficile raliser en franais, puisque lvolution des vocabulaires savants enanglais et en franais est troitement lie, tout en manifestant des divergences, sourcesventuelles dinterfrences, comme dans le cas de chlorofluorocarboneschlorofluorocarbures. En plus, cest prcisment le vocabulaire dorigine latine qui se prte lemieux aux multiples interfrences entre le franais et langlais, comme nous lavons djsignal pour les emprunts smantiques. Onysko (2007 :108), pour sa part, dcide dexclure uncertain nombre de cas douteux trs courants (analyst, bluff, budget, campus, discotheque,

    export, fax, import. 33 cas en tout), mais en inclut dautres (boykott, film, glamour, golf, hit,reporter, service, start, tennis, test). La liste des emprunts langlais exclure sera difficile tablir pour le franais, puisque linfluence rciproque entre les deux langues est plusancienne que pour lallemand, et remonterait nord, sud,est, ouest(dbut XIIesicle, selonle Petit Robert 2009). Autre catgorie exclure : les noms propres, y compris ceux desinstitutions. Les critres de cette exclusion sont moins difficiles tablir que ceux desanglicismes marginaux mais frquents. Cependant, ils ne vont pas de soi. Il est dommage dene pas inclure, par exemple, un nom anglais dinstitution franaise en tant que tmoignagedinfluence de langlais. Du point de vue de la mthodologie gnrale, on constate despratiques diffrentes en matire dinclusion de la publicit : Onysko (2007) lexclut,contrairement Yang (1990). On peut objecter que Le Mondeen comporte trs peu, surtoutpar rapport Der Spiegel, mais le rle de la publicit dans la diffusion des anglicismes estsouvent invoqu, et il serait dommage de ne pas en tenir compte, par exemple, en paramtrantla base pour pouvoir comparer les taux danglicismes avec et sans publicit.

    Conclusion

    Les deux sondages que nous avons esquisss ici ne confirment que partiellement leshypothses concernant le changement de nature des anglicismes relevs dans la pressefranaise la suite de celui de statut de langlais en France. Il manque surtout un corpus

    diachronique, bien calibr par catgories, pour pouvoir proposer des rponses fiables. Il estnanmoins tabli que lalternance codique est bien atteste dans les sources consultes, mais ilfaudra une description extensive du phnomne pour pouvoir le caractriser avec certitude.Lemprunt dautres catgories que le nom est galement bien reprsent, bien que dans desproportions encore relativement modestes. Les nombreux exemples de noms pithtes,emprunts ou rutiliss dans des composs ou des surcomposs nominaux soulignentlimportance des hybrides, symptomatiques de la question de la productivit des anglicismesune fois emprunts en franais. Cette dernire question, peu aborde jusquici, mrite unerecherche spcifique. Quant la question trs gnrale, de savoir si les anglicismes sont enaugmentation, un corpus paramtrable est incontournable, car les rponses sont plus utileslorsquon dcompose la question (par secteur, par type etc.). Dautres questions, qui nont pas

    t abordes ici, comme la proportion danglicisme par domaine, par type de discours, etc.font galement partie de cette recherche gnrale.

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    Comment alors mener bien une recherche articule dans un domaine, qui visiblement estdlaisse par les linguistes franais ? Plutt que de prendre lestablishment linguistiquefranaise de front, il serait peut-tre plus astucieux, du moins dans un premier temps, depoursuivre la stratgie tacite qui a valu jusquici : de confier ce type de recherche aux non

    francophones. , cest--dire des francisants trangers qui travaillent sur lvolution dufranais contemporain. Les exemples relevs au cours de ce sondage donnent penser quilest prfrable dtudier les manifestation de linterfrence dans un cadre relativement vaste, etde ne pas se cantonner une valuation de lefficacit de la politique linguistique officielle.

    Quant la question de savoir sil faut encore parler danglicismes, on peut dire quil semblebien tabli quune approche purement lexicale, focalise sur les substantifs emprunts, estbien dpasse, compte tenu des volutions que lon constate facilement, mais quon a du mal dcrire de manire objective et cohrente. Le phnomne actuel prend des formes plusglobales et plus diffuses par la mme occasion, et relve de ce fait de la linguistique decontact, se manifestant tous les niveaux danalyse, surtout discursif, ce qui plaide pour une

    recherche pluridisciplinaire.

    Bibliographie

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