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Un Produit de connaissance IDEV Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats Juin 2015

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en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques

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en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques

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© 2015 Groupe de la Banque africaine de développement Tous droits réservés – Publié Juin 2015

Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

Juin 2015

Exclusion de responsabilitéSauf indication contraire expresse, les constatations, interprétations et conclusions exprimées dans cette publication sont celles de ses divers auteurs et ne correspondent pas nécessairement aux vues de la direction de la Banque africaine de développement (la « Banque ») et du Fonds africain de développement (le « Fonds »), de leurs Conseils d’administration, Conseils des gouverneurs ou des pays qu’ils représentent.

Le lecteur consulte cette publication à ses seuls risques. Le contenu de cette publication est présenté sans aucune sorte de garantie, ni expresse ni implicite, notamment en ce qui concerne la qualité marchande de l’information, son utilité à telle ou telle fin et la non-violation de droits de tierce-parties. En particulier, la Banque n’offre aucune garantie et ne fait aucune déclaration quant à l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou le caractère « actualisé » des éléments du contenu. La Banque ne peut, en aucun cas, notamment en cas de négligence, être tenue pour responsable d’un préjudice ou dommage, d’une obligation ou d’une dépense dont on ferait valoir qu’ils sont consécutifs à l’utilisation de cette publication ou au recours à son contenu.

Cette publication peut contenir des avis, opinions et déclarations provenant de diverses sources d’information et fournisseurs de contenu. La Banque n’affirme ni ne se porte garante de l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou le caractère « à jour » d’aucun d’entre eux ni d’aucun autre élément d’information provenant d’une source d’information quelconque ou d’un fournisseur de contenu, ni d’une autre personne ou entité quelle qu’elle soit. Le lecteur s’en sert à ses propres risques.

À propos de la BADLe Groupe de la Banque africaine de développement a pour objectif premier de faire reculer la pauvreté dans ses pays membres régionaux en contribuant à leur développement économique durable et à leur progrès social. À cet effet, il mobilise des ressources pour promouvoir l’investissement dans ces pays et leur fournit une assistance technique ainsi que des conseils sur les politiques à mettre en œuvre.

À propos de l'Évaluation Indépendante du Développement (IDEV)L’évaluation indépendante du développement a pour mission de renforcer l’efficacité des initiatives de développement de la Banque dans ses pays membres régionaux par l’exécution d’évaluations indépendantes et influentes et par des partenariats pour l’échange de connaissances.

Évaluation indépendante du développement (IDEV)Groupe de la Banque africaine de développementAvenue Joseph Anoma 01 BP 1387, Abidjan 01 Côte d’IvoireTél : +225 20 26 20 41Fax: +225 20 21 31 00Courriel : [email protected]

Conception graphique : CRÉON – www.creondesign.netSupervision de l’édition et de la conception graphique : Felicia Avwontom (BAD)Langue originale : anglais – Traduction : Département des Services Linguistiques de la BAD

REMERCIEMENTS

Cette publication est le fruit des efforts collectifs d’une équipe constituée de membres du personnel et de consultants du Département de l’évaluation indépendante (IDEV) du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et du Département de l’évaluation des opérations (GOE) du Groupe de la Banque islamique de développement (BID) qui travaillent sur les questions d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement. La publication a été conduite par Joseph Mouanda (chargé principal d’évaluation, BAD/IDEV), avec le concours notamment de William Tsimwa Muhairwe (consultant principal, 2ML Consulting Ltd), Mahmood Lutaaya (consultant et lead editor) et Deborah Glassman, qui s’est chargée des dernières corrections.

L’équipe exprime sa profonde gratitude pour les orientations et l’appui apportés par cinq collègues de la BAD, à savoir Jochen Rudolph qui a coordonné les contributions du Département de l’eau et de l’assainissement ; Detlev Puetz et Maria Anna Tessellar pour leurs précieux conseils, et Clément Tossour Bansé et Felicia Avwontom, dont la contribution a permis la production de cet ouvrage. Par ailleurs, l’équipe remercie Ahmed Ag Aboubacrine (Chef de Division, BID/GOE) pour ses orientations et commentaires avisés. L’équipe tient également à exprimer sa profonde gratitude à l’endroit de plusieurs collègues d’IDEV pour leurs précieuses contributions, à savoir Ruby Adzobu-Ayare, Myrtha Diop, Mireille P. Cobinah-Ebrottie, Imen Trabelsi, et Henda Ayari.

Elle adresse aussi ses sincères remerciements à tous les participants à l’atelier régional sur l’approvisionnement en eau et l’assainissement (AEPA) organisé au Maroc et dont cette publication s’est largement inspirée.

Enfin, l’équipe remercie les responsables d’IDEV/BAD et de la GOE/BID, à savoir Rakesh Nangia (Évaluateur général, IDEV/BAD, Mohameden Sidya (Directeur, GOE/BID), Mohamed El Azizi (Directeur, OWAS/BAD), Mohamed Hedi Manaï (Ancien Chef de division, IDEV/BAD), Rafika Amira (Chef de division, IDEV/BAD), Samer Hachem (Chef de division, IDEV/BAD), Anasse Aissami (Chef de division, GOE/BID) et Karen Rot-Munstermann (Chef de division, IDEV/BAD) pour leur soutien constant et leur confiance. Sans leur appui, cette initiative n’aurait jamais pu être menée à bien.

La publication de ce document a été coordonnée par David Akana et Mireille Cobinah-Ebrottie, IDEV.

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Table des matières

Remerciements iiSigles et Abréviations vPréface 1

Introduction 3

Approvisionnement en eau potable en milieu urbain et périurbain 7

Défis liés à l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain 7Transformer les défis de l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain en opportunités 8Contribution de la BAD aux projets d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement : le volet AEP en milieu urbain 10Bonnes pratiques et solutions pragmatiques pour les zones urbaines 13Régulation du secteur de l’eau et de l’assainissement 15

Traiter autrement les déchets urbains 23Interventions de la BAD pour transformer l’assainissement urbain 24Solutions novatrices et leçons pour l’assainissement urbain 25

Eau potable et assainissement pour tous en milieu rural 35Alimentation en eau en milieu rural 35Défis et contraintes en matière d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement en milieu rural 35Interventions de la Banque dans l’approvisionnement en eau potable en milieu rural 36Innovations et leçons de l’AEPAR 37

Facteurs de réussite de la réalisation de l’accès pour tous à l’AEPA 47

Facteurs communs aux projets réussis 47Facteurs communs aux projets jugés insatisfaisants 49

Conclusions et leçons apprises 53Annexes 57

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Table des matières

Liste des TableauxTableau 1 Résultats mitigés de quelques projets d’alimentation en eau

en milieux urbain et périurbain 12Tableau 2 Bilan de la remise sur pied de la Uganda National Water

and Sewerage Corporation 16Tableau 3 Performances du secteur de l’eau en milieu urbain 18Tableau 4 Objectifs de performance et résultats exigés pour bénéficier

d’une subvention ONEP-OBA 41

Liste des encadrésEncadré 1 Contributions de la BAD et de la BID aux services d’alimentation

en eau et d’assainissement en Afrique 3Encadré 2 Évaluation de l’aide au développement 4Encadré 3 Sujets et enjeux cruciaux de l’évènement régional d’apprentissage 5Encadré 4 Principes de planification des ressources en eau en milieu urbain 9Encadré 5 Réussite de l’ONEA au Burkina Faso 17Encadré 6 Principales leçons tirées des évaluations de l’assistance de la BAD

au renforcement des capacités des entités d’AEPA dans les PMR 19Encadré 7 Quels sont les défis pour la gestion de l’assainissement urbain en Afrique ? 24Encadré 8 Projet d’assainissement de la ville de Dakar : une tâche inachevée 25Encadré 9 Les piliers stratégiques de la FAE pour la promotion de la durabilité

en assainissement urbain 26Encadré 10 Solutions innovantes de la BID pour la transformation structurelle

de l’assainissement urbain 27Encadré 11 Amélioration de la gestion des BV grâce à un PPP

et à la réutilisation Grand-Nokoué, Bénin 29Encadré 12 Utilisation de TSE pour des espaces verts à Bareïn 30Encadré 13 Un cadre commun pour la mobilisation des ressources et l’investissement 37Encadré 14 Le PPP dans le projet d’approvisionnement en eau potable

en milieu rural du Rwanda 40Encadré 15 Amélioration de l’accès à l’eau potable en zones rurales au Maroc 44

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Sigles et Abréviations

AEP Approvisionnement en eau potable

AEPA Approvisionnement en eau potable et assainissement

AEPAR Approvisionnement en eau potable et assainissement en milieu rural

AFD Agence Française de développement

AICID Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique

AIWCL Akwa Ibom Water Company Limited

AMCOW Conseil des ministres africains chargés de l’eau

AWF Facilité africaine de l’eau

BAD Groupe de la Banque africaine de développement

BID Banque islamique de développement

CRSWBL Cross River State Water Board Limited

DG Directeurs généraux

DH Dirham marocain

EPIC Établissement public à caractère industriel et commercial

EU Etats Unis

EWSA Office rwandais pour le développement de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement

GIRE Gestion intégrée des ressources en eau

GOE Département de l’évaluation des opérations du Groupe de la BID

GPOBA Partenariat mondial pour l’aide basée sur les résultats

ha Hectare

IDEV Évaluation indépendante du développement

INF Département des infrastructures

JICA Agence japonaise de coopération internationale

JMP Programme conjoint de suivi

KFW/GIZ Agence allemande de coopération internationale

MDWPP Programme multidonateurs du Partenariat pour l’eau

MIS Management Information System

MoU Protocole d’accord

MTS Stratégie à moyen terme

NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique

NGO Organisation non-gouvernementale

O&M Exploitation et entretien

OBA Aide basée sur les résultats

OC Organisations communautaires

ODA Aide publique au développement

OMD Objectifs du Millénaire pour le développement

ONAS L’Office national de l’assainissement du Sénégal

ONEA Office national de l’eau et de l’assainissement

ONEE Office National de l’électricité et de l’eau potable

ONEP Office national de l’eau potable

OPEV Département de l’évaluation des opérations

OWAS Département de l’eau et de l’assainissement de la Banque africaine de développement

PCR Rapport d’achèvement de projet

PCR-ENs Notes d’évaluation du rapport d’achèvement de projet

PIC Programmes indicatifs de coopération

PIE Producteur indépendant d’eau

S&E Suivi-évaluation

UC Unité de compte

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Les ressources en eau de l’Afrique sont inégalement réparties - 5 % seulement des ressources en eau disponibles du continent sont exploitées. Des investissements considérables dans le développement et la gestion intégrés des ressources en eau sont indispensables à la sécurité hydrique, alimentaire et énergétique durable en vue d’une croissance verte et inclusive.

Photo ©: Unicef

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Lancée à l’occasion du deuxième Forum mondial de l’eau tenu à La Haye en 2000, la Vision africaine de l’eau à l’horizon 2025 prévoit une Afrique où les ressources en eau sont utilisées et gérées de manière équitable et durable pour la réduction de la pauvreté, le développement socio-économique, la coopération régionale et la protection de l’environnement. Depuis 2000, l’accès à l’eau et aux services d’assainissement de base a cependant stagné, voire reculé à certains endroits.

De plus en plus de personnes migrent vers les villes africaines et exigent des services de meilleure qualité, notamment l’eau potable et les services d’assainissement de base. Ces exigences exercent une pression sur les réserves d’eau locales et régionales. Par ailleurs, l’offre insuffisante d’eau potable et de services d’assainissement expose les communautés à toutes sortes de risques et freine considérablement les progrès économiques dans la plupart des pays africains.

Selon la stratégie à long terme du Groupe de la Banque africaine de développement intitulée « Au centre de la transformation de l’Afrique », la sécurité hydrique est l’un des puissants moteurs de la transformation de l’Afrique et elle voit en l’Afrique le prochain marché émergent mondial. Les ressources en eau de l’Afrique sont inégalement réparties - 5 % seulement des ressources en eau disponibles du continent sont exploitées. Des investissements considérables dans le développement et la gestion intégrés des ressources en eau sont indispensables à la sécurité hydrique, alimentaire et énergétique durable en vue d’une croissance verte et inclusive.

La présente publication est une contribution au vaste agenda pour la croissance inclusive et la transition vers une croissance verte de la BAD grâce au partage des succès et des échecs avec les partenaires au

développement afin d’améliorer de manière durable l’accès à l’eau potable et aux services sanitaires de base. En s’intéressant à la qualité de la conception et de la mise en œuvre de projets d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement (AEPA), elle vise à encourager les pouvoirs publics, les ministres du secteur, les hauts responsables des services publics, ainsi que les autorités en charge du secteur de l’eau, les consultants et les partenaires au développement à réfléchir ensemble à des solutions novatrices aux défis en matière d’alimentation en eau et d’assainissement en zones rurales et urbaines. S’inspirant des évaluations des interventions de la Banque, des gouvernements et d’autres partenaires au développement, cette publication met l’accent sur les bonnes pratiques émergentes et les innovations, et revient sur les enseignements tirés des succès et des échecs.

Cette revue documentaire des rapports d’évaluation de dix-huit projets d’AEPA financés par la BAD et réalisés entre 2010 et 2012, ainsi que des résultats des évaluations menées par d’autres partenaires au développement impliqués dans le secteur de l’AEPA en Afrique est enrichie des échanges qui ont eu lieu à l’occasion d’un atelier régional organisé par la BAD au Maroc en novembre 2013 pour un échange d’expériences de l’évaluation des projets et programmes d’AEPA.

Il est probable que ces enseignements ne soient pas totalement nouveaux pour la communauté du développement. Cependant, les présenter dans le contexte et le lieu du projet est néanmoins utile pour les futurs projets d’AEPA. Certaines conclusions et déclarations n’ont aucun lien avec des produits d’évaluation spécifiques, et n’ont aucune validité externe garantie, mais leurs bonnes pratiques et leçons clés sont, toutefois, utiles pour l’élaboration de futurs projets.

Préface

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La première opération de financement de la BAD dans le secteur de l’AEPA remonte à 1968. Depuis lors, elle a approuvé 360 prêts et dons dans ce secteur représentant environ 5 milliards d’UC (7 milliards de dollars EU), soit 7 % de l’ensemble des prêts et dons approuvés. Depuis 2003, le financement de la Banque dans le domaine de l’AEPA en Afrique est passé d’une moyenne annuelle de 70 millions de dollars EU à 700 millions de dollars EU en 2011.

Photo ©: AfDB

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Introduction

À la fin de 2011, 89 % de la population mondiale avait accès à des sources d’eau améliorées. Un peu plus de la moitié de la population (55 %) bénéficiait de la commodité d’un approvisionnement par canalisation à domicile et des bénéficies sanitaires associés. Sur environ 768 millions de personnes n’utilisant pas des points d’eau améliorés, 344 millions vivent en Afrique. La situation des infrastructures d’assainissement est similaire: près d’un quart, soit 612 millions de personnes sur environ 2,5 milliards de personnes dans le monde, vivant sans infrastructures d’assainissement améliorées, sont en Afrique (OMS et UNICEF, 2013).

La fourniture d’eau potable et de services d’assainissement améliorés est l’un des principaux défis auxquels les pays africains font face. Les documents de politique nationaux, régionaux, continentaux, et

internationaux, ainsi que les conventions font ressortir clairement les questions érigées en priorités. Pour de nombreux partenaires au développement, l’eau potable et l’assainissement sont une priorité (encadré 1).

En novembre 2013, dans le cadre de sa série d’apprentissage en évaluation, l’Évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque africaine de développement a organisé un atelier régional à Rabat au Maroc en collaboration avec le Département de l’évaluation des opérations (GOE) du Groupe de la Banque islamique de développement (BID) en vue de partager ses expériences acquises lors des évaluations de ses projets et programmes d’eau et d’assainissement. Le Département de l’eau et de l’assainissement (OWAS) de la BAD, le Département des infrastructures (INF) de la BID,

La première opération de la BAD dans le secteur de l’alimentation en eau potable et d’assainissement (AEPA) remonte à 1968. Depuis lors, la BAD a approuvé 360 prêts et dons dans ce secteur représentant environ 5 milliards d’UC (7 milliards de dollars EU), soit 7 % de l’ensemble des prêts et dons approuvés. Depuis 2003, le financement de la Banque dans l’AEPA en Afrique est passé d’une moyenne annuelle de 70 millions de dollars EU à 700 millions de dollars EU en 2011. Entre 2011 et 2013, les investissements ont atteint 1,2 milliard par an.

La Banque est par ailleurs engagée avec d’autres partenaires dans d’autres initiatives et collaborations au développement conçues pour assurer la sécurité hydrique et l’accès aux installations sanitaires améliorées: l’Initiative pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural finance les projets et les études dans le secteur de l’eau ; le Fonds spécial de la Facilité africaine de l’eau dont la Banque est membre du Conseil d’administration, soutient le Programme eau et assainissement du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ; le Programme multi-donateurs du partenariat pour l’eau promeut des politiques et pratiques régionales et nationales efficaces de gestion de l’eau, et met en œuvre les politiques de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) dans les pays membres régionaux (PMR). En 2006, la Banque a créé un Département de l’eau et de l’assainissement (OWAS) pour conduire et coordonner les activités dans ce secteur et promouvoir la GIRE dans toutes les interventions de la Banque dans le domaine de l’AEPA.

L’urbanisation rapide et la forte pression démographique posent d’énormes défis dans les 56 pays membres de la Banque islamique de développement. Dans ces pays, environ 750 millions de personnes vivent en zones urbaines et périurbaines où le taux de croissance démographique entre 2010 et 2020 est estimé à 2,9 %. Ce qui représente 216 millions de personnes ou en moyenne 60 000 personnes en plus chaque jour. L’eau potable et l’assainissement sont des priorités alignées sur la vision stratégique 2020 de la BID. En 2013, le volume total de financement des projets d’AEPA à la BID (y compris dans la Région africaine) était estimé à 5 milliards de dollars EU, soit 14 % de son portefeuille.

Encadré 1 : Contributions de la BAD et de la BID aux services d’alimentation en eau et d’assainissement en Afrique

3Introduction

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ainsi que les bureaux extérieurs de la BAD et de la BID au Maroc ont réuni des participants venant de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable du Maroc, des organisations non gouvernementales (ONG) et les membres du Groupe thématique eau et assainissement du Maroc, notamment l’Agence française de développement, l’Agence de coopération allemande, l’Agence japonaise, la coopération suédoise et la coopération italienne, avec des experts venus du Cameroun, du Burkina Faso, du Nigéria, du Mozambique, de la Zambie et du Rwanda.

Les expériences mises en valeur lors de cet atelier provenaient de pays et contextes variés et avaient pour objectif de donner un aperçu général des résultats des auto-évaluations et des évaluations indépendantes de projets d’eau et d’assainissement dans les zones urbaines et rurales d’Afrique (Encadré 2).

Les objectifs visés étaient de dégager les facteurs clés de la réussite ou de l’échec des projets élaborés pour fournir un accès durable à l’eau potable et aux services d’assainissement en zones urbaines et périurbaines, et trouver des solutions innovantes en vue d’une transformation structurelle de l’approvisionnement en eau et des services d’assainissement, et garantir l’assainissement pour tous.

Le présent rapport est un résumé des enseignements et des échanges fructueux de cet atelier (encadré 3). Il met en lumière les innovations et bonnes pratiques, les leçons apprises et les recommandations issues de récentes évaluations des interventions dans le domaine de l’eau et de l’assainissement financées par les partenaires au développement, les gouvernements et les ONG.

Les Départements opérationnels de la Banque africaine de développement évaluent ses activités et initiatives qui sont par ailleurs évaluées indépendamment par IDEV. Le système d’évaluation de la Banque comprend l’auto-évaluation et l’évaluation indépendante dont l’objectif est de fournir des évaluations fondées sur des données factuelles et tirer des leçons sur les facteurs de réussite et d’échec. Par conséquent, l’appropriation et l’utilisation des résultats d’évaluation constituent des étapes initiales essentielles permettant à tous les partenaires au développement de mieux comprendre et améliorer l’accès à l’eau et aux services d’assainissement de base et d’éviter de répéter les erreurs du passé.

Vu l’évolution, au fil du temps, des approches de l’accès durable à l’eau potable et aux services d’assainissement de base, le nouvel éclairage apporté par les évaluations des projets d’AEPA sur les meilleures performances possibles et la fourniture des services d’AEPA sert à améliorer les services proposées aux populations bénéficiaires et garantir la durabilité des résultats.

Encadré 2 : Évaluation de l’aide au développement

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Encadré 3 : Sujets et enjeux cruciaux de l’évènement régional d’apprentissage

Sujets Questions clésFacteurs de réussite pour l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement

❙ Quels sont les facteurs de réussite et les bonnes pratiques en matière d’AEPA ?

❙ Quelles sont les contraintes d’ordre réglementaire, institutionnel, technique, financier ou autres en matière d’AEPA ? Comment les surmonter?

❙ Quelles sont les perspectives et les innovations attendues en matière d’AEPA ?

Opportunités et défis en matière d’eau potable en milieu urbain et périurbain

❙ Quels sont les problèmes liés à la tarification des services d’eau potable ?

❙ Quels sont les opportunités et défis de l’alimentation des zones périurbaines en eau potable ?

❙ Quelles pratiques innovantes d’approvisionnement en eau existent pour les zones urbaines et périurbaines?

Solutions novatrices ❙ Quelle est l’efficacité des stations d’épuration des eaux usées ?

❙ Quelle est l’efficacité des systèmes de gestion des déchets solides ?

❙ Quelles sont les pratiques novatrices en matière d’assainissement urbain?

Généralisation de l’eau potable et de l’assainissement en milieu rural : Leçons apprises

❙ Quels sont les contraintes et défis des projets d’AEPA en milieu rural?

❙ Les pratiques novatrices sont-elles illusoires ?

❙ Quels sont les rôles, l’efficacité, et les leçons apprises des partenariats public-privé ?

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Entre 2000 et 2010, 84 millions de citadins africains ont eu accès à l’eau potable et 42 millions aux installations d’assainissement améliorées, soit une augmentation moyenne remarquable du taux d’accès de l’ordre de 3,9 % durant la décennie, mais dans le même temps, la population urbaine a augmenté de 3,9 % en moyenne.

Photo ©: AfDB

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Approvisionnement en eau potable en milieu urbain et périurbain

Défis liés à l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain

Les ressources en eau disponibles pour la fourniture d’eau potable à la population africaine sont limitées. À mesure que la demande en eau augmente, l’impact sur la gestion de l’eau et la capacité des centres urbains, où l’accès est beaucoup plus élevé qu’en zones rurales, à fournir suffisamment d’eau et des services d’assainissement est considérable.

Bien que l’accès aux sources d’eau potable se soit amélioré dans les zones urbaines, le taux d’accès a stagné à 85 % (AMCOW 2012) à mesure que croît la population urbaine. Entre 2000 et 2010, 84 millions d’Africains vivant dans les villes ont eu accès à l’eau potable et 42 millions, aux services d’assainissement améliorés, soit une hausse moyenne impressionnante de l’accès de l’ordre de 3,9 % durant la décennie, même si dans le même temps, le taux de croissance démographique moyen s’est établi à 3,9 %. Les  infrastructures d’approvisionnement en eau potable en milieu urbain accusent un retard sur la croissance démographique pour plusieurs raisons : urbanisation rapide et croissance démographique, augmentation des implantations sauvages, infrastructures inadéquates, faiblesses institutionnelles, notamment le faible recouvrement des coûts, la mauvaise gouvernance, et la détérioration des ressources en eau.

Urbanisation rapide et planification urbaine déficiente

L’Afrique s’urbanise plus rapidement par rapport aux autres régions du monde. Elle connaît aussi une croissance plus rapide du nombre de bidonvilles. Au cours des 20 prochaines années, la population urbaine devrait doubler ; les taux de croissance démographique y resteront les plus élevés au monde. Actuellement, environ 409 millions d’africains ou 40 % de la population africaine vit en zones urbaines, soit plus du double des chiffres des années 1990. D’ici 2030, cette proportion atteindra la moitié de la population africaine, soit quelque 654 millions de personnes (Jacobsen et al., 2013).

Environ deux tiers de la population urbaine d’Afrique est actuellement desservie par les services publics de l’eau (AICD, 2011). Au cours des 25 prochaines années, la demande d’eau en Afrique devrait presque quadrupler, soit le rythme de croissance le plus rapide au monde (Jacobsen et al., 2013). La hausse de la demande industrielle et commerciale liée à l’industrialisation ainsi que l’accroissement des revenus de certaines couches de la population ont nourri les attentes pour de l’eau de meilleure qualité et en plus grande quantité. Cette situation accentue la pression pour des politiques de gestion de l’eau mieux élaborées et bien mise en œuvre.

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L’urbanisation rapide s’accompagne d’une mauvaise planification urbaine. La part de l’Afrique dans la population mondiale vivant dans les bidonvilles est passée de 14 % en 1990 à 20 % en 2005. Les bidonvilles surpeuplés posent non seulement des défis institutionnels et financiers, mais aussi techniques dans l’adaptation des machines pour la construction des réseaux classiques d’égouts et d’approvisionnement en eau.

Insuffisance des investissements et mauvaise gouvernance

Avec leurs infrastructures délabrées et vieillissantes, la plupart des services publics de distribution d’eau en Afrique ne peuvent pas répondre à une demande d’eau de plus en plus croissante. En plus d’une gestion inefficace, les services publics africains de distribution d’eau ne sont pas en mesure d’assurer la continuité du service ou fournir une eau de qualité satisfaisante. Les villes africaines doivent investir pour fournir de l’eau et des services d’assainissement et répondre à la demande sociale et économique. Cependant, la plupart des pays africains ne disposent pas de financements adéquats pour étendre ou renouveler leurs services de distribution et les investissements actuels dans les services urbains sont insuffisants, vu le rythme d’urbanisation.

La faiblesse du recouvrement des coûts et la mauvaise gouvernance freinent également l’augmentation de la couverture des services d’eau. Pour la plupart des sociétés de distribution, le recouvrement de l’intégralité des dépenses d’investissement exigerait d’importantes hausses tarifaires qui ne mettraient l’eau qu’à la portée d’une moitié de la population (Morella, 2011). Le recouvrement de l’intégralité des coûts auprès de la clientèle actuelle et l’utilisation du flux de trésorerie qui en résulterait pour accroître l’accès des pauvres aux services seraient beaucoup plus équitable, même si les questions politiques

connexes seraient difficiles à surmonter (van Ginneken, et al., 2012).

La situation est d’autant plus compliquée par le fait que les ressources en eau des zones urbaines sont polluées par l’inadéquation des systèmes d’assainissement, une mauvaise gestion des eaux usées et les activités humaines. Dans la plupart des villes africaines (par ex., Dakar, Abidjan, Lomé, Lagos et Dar es Salaam), la nappe phréatique est contaminée et polluée par le déversement des eaux usées non traitées et la pollution industrielle. Les services de distribution d’eau doivent consacrer d’importantes sommes au traitement de l’eau, des ressources qui auraient pu être utilisées pour la fourniture de services essentiels aux citadins.

Transformer les défis de l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain en opportunités

La Stratégie de la Banque mondiale pour l’Afrique (Banque mondiale, 2011) voit une opportunité sans précédent de transformation et de croissance soutenue en Afrique, principalement dans les villes, moteurs traditionnels de la croissance. Cette croissance est susceptible de mettre l’Afrique sur le seuil d’un décollage économique semblable à celui que la Chine a connu il y a trente ans, ou celui de l’Inde, il y a vingt ans. Les défis actuels en matière d’approvisionnement en eau en milieu urbain nécessitent une amélioration de la gestion, des politiques et de l’offre des services de l’eau afin qu’elle devienne une opportunité pour la transformation économique de l’Afrique.

Planification urbaine dans le contexte d’une urbanisation africaine en pleine expansion

D’après les prévisions, la population urbaine de l’Afrique devrait passer de 320 millions de personnes

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en 2010 à 654 millions à l’horizon 2030. La plupart des personnes qui seront installées dans les villes africaines en 2030, ne s’y trouvent pas encore, d’où la nécessité pour les planificateurs urbains de s’y préparer dès maintenant (Jacobsen et al., 2013) afin de tirer le meilleur parti des principes de la planification des ressources en eau en milieu urbain (Encadré 4).

Vers une vision globale des composantes du cycle de l’eau en milieu urbain

Les évaluations insistent constamment sur la nécessité d’adopter une approche globale (gestion intégrée de l’eau) de l’aménagement urbain, y compris les bidonvilles, qui sont considérés comme partie intégrante de la ville. En d’autres termes, il faut trouver le juste équilibre entre l’investissement dans l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement et l’éducation sanitaire pour une atteinte optimale des résultats dans le domaine d’AEP en milieu urbain. Par exemple, en Mauritanie, environ les trois quarts de l’eau potable consommée sont transformés en eaux usées, ce qui nécessite la mise en place d’un système adéquat d’assainissement (BAD/BID, 2013).

Les investissements doivent être répartis de manière équilibrée entre la production, la distribution, les raccordements aux systèmes d’approvisionnement et les mesures d’appui institutionnel. L’appui institutionnel est essentiel d’autant plus que les services de distribution d’eau subissent constamment la pression des intervenants, notamment les partenaires, les gouvernements et les clients, pour améliorer l’efficacité des services, surtout ceux relevant du secteur public. Cependant, l’investissement dans l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain n’a reçu ni l’appui institutionnel nécessaire ni bénéficié des capacités suffisantes de gestion commerciale et financière pour assurer une fourniture durable de services à moyen et long termes.

Certains exemples de réussite tirés de projets financés par la BAD et la BID et comprenant un volet appui à la restructuration des services publics de l’eau au Cameroun (CAMWATER) et au Burkina Faso (ONEA) illustrent parfaitement la nécessité d’ajouter le volet appui institutionnel aux projets d’approvisionnement en eau. Les approches holistiques permettent d’éviter des doubles ou multiples investissements ainsi qu’un développement du secteur à double ou multiple vitesses comme le prouve le projet d’alimentation en eau potable de la ville de Nouakchott (BAD/

❙ Fournir l’eau en milieu urbain conformément à des niveaux de service convenus.

❙ Fonder la planification de ressources en eau en milieu urbain sur les meilleures informations disponibles du moment et investir dans l’acquisition des informations pour sans cesse améliorer la base de connaissances.

❙ Adopter une approche de partenariat afin de permettre aux parties prenantes d’apporter une contribution éclairée à la planification des ressources en eau en milieu urbain, notamment la prise en compte de l’offre/demande appropriée.

❙ Gérer les ressources en eau en milieu urbain selon les principes de la gestion intégrée.

❙ Tenir compte de l’ensemble du portefeuille d’approvisionnement en eau et des options de la demande.

❙ Développer et gérer les ressources en eau en milieu urbain dans des proportions durables.

❙ Lorsque cela parait efficace et efficient, utiliser la tarification et le marché afin de trouver l’équilibre recherché entre l’offre et la demande.

❙ Réviser périodiquement les plans.

Source : :http://www.environment.gov.au/topics/water/water-cities-and-towns/policy-and-reform-area-urban-water/national-urban-water-planning

Encadré 4 : Principes de planification des ressources en eau en milieu urbain

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BID, 2013), un exemple concret où l’appui institutionnel a été insuffisamment pris en compte. Une évaluation du financement de projets d’eau et d’assainissement hors Union Européenne par la Banque européenne d’investissement (BEI) est parvenue à un constat similaire. Elle a conclu que « La Banque ne doit pas uniquement mettre l’accent sur les actifs corporels, mais autant que possible, elle doit aussi élaborer les projets de façon holistique et ne ménager aucun effort pour intégrer le renforcement des capacités et les aspects alimentation en eau et fourniture des services d’assainissement ». (BEI, 2009).

Le rapport de la Banque mondiale intitulé « L’avenir de l’eau dans les villes africaines : Pourquoi les eaux usées ? » (2012) vise à changer les mentalités des décideurs sur la gestion, la planification, et l’élaboration des projets dans le domaine de l’eau en milieu urbain en  Afrique. Selon ce rapport, en adoptant les approches de gestion intégrée des ressources en eau en milieu urbain (GIEU), les dirigeants des villes africaines auront une véritable occasion de résoudre les problèmes comme la concurrence accrue avec les utilisateurs d’eau en amont, améliorer la planification urbaine en maîtrisant les interactions entre l’eau et d’autres secteurs dans le contexte du changement climatique, et assurer la résilience face à un avenir incertain en s’appuyant sur des ressources en eau variées.

L’engagement des partenaires au développement dans l’approvisionnement en eau en milieux rural et périurbain

Même s’il a été demandé aux pays africains de mobiliser les ressources locales et gérer comme il se doit les investissements pour soutenir le secteur de l’eau et de l’assainissement en milieu urbain (ONU-HABITAT, 2011), les partenaires au développement continuent d’appuyer les gouvernements africains dans la mise en œuvre des projets d’eau et

d’assainissement afin d’améliorer l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement de base.

L’aide publique au développement, source majeure de financement des infrastructures d’eau et d’assainissement, représente entre 60 % et 83 % du total des dépenses d’équipement (EUWI 2012). En 2013, la BAD a approuvé des opérations d’un montant de 356,8 millions d’UC dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, y compris des financements externes (BAD, 2014b). Toutefois, la dépendance de l’Afrique à l’égard de capitaux extérieurs ne permet pas de disposer d’une base durable pour une stratégie cohérente de financement des projets d’alimentation en eau potable et d’assainissement.

Contribution de la BAD aux projets d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement : le volet AEP en milieu urbain

La Banque a apporté son concours dans la mise en œuvre de nombreux projets en Afrique en vue d’améliorer l’accès à l’eau potable dans les zones urbaines et périurbaines. Il ressort du rapport de synthèse de 18 projets financés par la BAD évalués récemment (annexe 1) (BAD, 2014a) que la plupart des projets d’adduction d’eau en milieu urbain traitent des problèmes similaires en raison de la croissance de la population urbaine qui génère une hausse de la demande en eau et services d’assainissement : i) faibles capacités de production d’eau ; ii) offre insuffisante et peu fiable (sécurité hydrique), distribution et raccordement des usagers ; iii) mauvaise qualité de l’eau (insalubre et non traitée) ; iv) faible niveau de consommation d’eau potable, et v) accès inégal des couches socioéconomiques à des services d’eau potable de qualité dans les zones urbaines et périurbaines.

La majorité des objectifs de projet sont axés sur les problèmes de l’offre et visent à « réhabiliter

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les infrastructures d’eau et d’assainissement », « améliorer l’offre de services d’eau et d’assainissement », et « fournir une eau potable et fiable ». La portée de ces objectifs allait d’une approche limitée sur la réhabilitation des infrastructures hydrauliques et d’assainissement vers un accent visant à : i) fournir un approvisionnement en eau potable sûr et fiable et des services améliorés d’assainissement (l’offre des services d’eau et d’assainissement explicitement ajoutée) ; ii) améliorer l’accès à un approvisionnement sûr en eau potable (accès explicitement ajoutée et des questions de tarification et d’accessibilité introduites dans l’énoncé des objectifs), et iii) fournir l’eau et des services d’assainissement de manière fiable, accessible et durable (durabilité explicitement ajoutée dans l’énoncé des objectifs). Ces éléments supplémentaires ont un impact non négligeable sur la taille et la complexité des projets. Les principaux bénéficiaires des projets étaient en majorité des personnes installées dans les zones des projets.

Des résultats contrastés dans l’amélioration de l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement en milieu urbain

Les produits attendus des projets comprenaient, notamment i) des infrastructures d’eau et d’assainissement réhabilitées et agrandies ; ii)  la capacité des institutions renforcées et des formations assurées; iii) des infrastructures d’eau et d’assainissement communautaires construites dans les zones périurbaines pauvres, et iv) des ressources humaines développées, y compris à travers une assistance technique au personnel des projets et aux entrepreneurs privés. Toutefois, l’atteinte des effets des projets d’alimentation en eau a été contrastée. Les résultats ont été meilleurs en ce qui concerne la hausse des capacités de production d’eau (du fait de la construction de

points d’eau), suivie de l’extension des réseaux de distribution. Les plus mauvais résultats ont été enregistrés dans la mise à disposition de l’eau potable aux usagers à travers les installations. Le tableau 1 illustre ces résultats contrastés.

Des risques importants sur le maintien des avantages des projets

La durabilité est compromise par des risques techniques, environnementaux, financiers, économiques et institutionnels. La durabilité des réalisations des projets a été jugée faible. Par exemple, l’évaluation indépendante du projet d’approvisionnement en eau potable de la ville de Nouakchott (projet Aftout) révèle que la durabilité du projet a été compromise. L’évaluation a mis en exergue la nécessité de : i) renforcer davantage l’engagement et l’appui socio-politique du gouvernement mauritanien, ii) relever les énormes défis auxquels la SNDE fait face pour assurer de façon indépendante l’entretien et le fonctionnement optimal des structures héritées du projet Aftout, et iii) trouver de toute urgence des solutions adéquates aux problèmes d’assainissement de la ville de Nouakchott (BAD/BID, 2013).

Les questions de viabilité technique, notamment l’absence d’une stratégie d’entretien des équipements ou les problèmes liés à l’inadéquation des intrants complémentaires comme l’énergie électrique ou la connectivité routière ont eu des effets néfastes sur les résultats des projets d’alimentation en eau et d’assainissement. Selon la note d’évaluation du rapport d’achèvement du projet de la Zambie, l’eau issue d’environ 46 % des forages avait une forte teneur en fer et bon nombre des forages sont à l’abandon ou rarement utilisés. Inversement, en Mauritanie, la viabilité technique du projet a été améliorée par une bonne conservation de la source de production, le faible risque de conflit lié à l’utilisation du fleuve Sénégal, et la qualité de

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Tableau 1 : Résultats mitigés de quelques projets d’alimentation en eau en milieux urbain et périurbain

Projet Changements attendus RéalisationsTanzanie - Dar es Salaam

70% des clients reçoivent un service d’eau 24 heures sur 24 avec une pression suffisante. Collecte et traitement de 80 % des eaux usées en effluent de qualité.

Production et distribution considérablement améliorées, mais seulement 25 % de la ville est alimentée en eau avec une bonne pression.

La majorité des échantillons d’effluent ne passent pas le test de BOD 5 et de DCO.

Nigeria-Projet multi-États

Augmentation de la production d’eau dans 12 villes des deux États pour atteindre environ 438 0000 m3/jour en 2015.

En 2008, la quantité d’eau potable disponible quotidiennement à travers le réseau de canalisations et les points de vente d’eau dans les deux États ne représentait que 12 % du volume ciblé malgré la production par le projet des quatre cinquièmes de la capacité de production d’eau escomptée par le projet.

Projet urbain du Mozambique

Construction de latrines dans 80 écoles et établissements de santé. Sensibilisation accrue de 246 550 personnes supplémentaires dans quatre villes sur les liens entre l’eau, l’assainissement et les déchets solides, et les questions du VIH/sida et du paludisme.

Réalisation légèrement bonne des changements attendus du projet. Meilleurs résultats du système d’approvisionnement en eau comparativement aux mauvais résultats du volet assainissement (16 latrines construites dans 8 écoles) et appui institutionnel peu clair.

Projet urbain de Mauritanie (Aftout)

Amélioration de l’accès à l’eau potable pour 70 % de la population de Nouakchott en 2010 (moins de 50 % avant le projet), et 100 % d’ici 2030. Augmentation de la consommation d’eau par habitant à 85 litres par jour en 2010. 10 000 autres habitants des zones rurales vivant le long des canalisations en profitent aussi. L’eau potable disponible et abordable contribue aussi à réduire la pauvreté rurale et la prévalence des maladies hydriques et développe les activités économiques.

Tous les résultats concrets attendus de la phase de production (ouvrage de prise d’eau, réservoirs, canalisations, système de gestion à distance, alimentation en énergie, etc.) ont été achevés. La phase de distribution était en cours au moment de l’évaluation. Le projet a eu des effets limités en termes d’amélioration de l’accès de la population bénéficiaire à l’eau potable particulièrement à cause : i) du déphasage entre la production et la distribution ; ii) l’existence d’un réseau de distribution fonctionnel mais obsolète, et iii) la mauvaise gestion de l’alimentation en eau potable. La consommation moyenne dans la ville de Nouakchott reste inférieure à la norme des 50 litres par jour et par personne recommandée par certains experts. Certains ménages à Nouakchott sont toujours confrontés aux problèmes d’accès à l’eau potable, notamment dans les zones qui ne sont pas raccordées au réseau et où les acteurs privés continuent de spéculer. En 2012, la moyenne de consommation par habitant était estimée à 45 litres par jour.

Projet d’AEPA de Monrovia au Libéria

❙ Augmentation de la production de 7 500 m3/jour à 34 068 m3/jour en 2009 et à 68 137 m3/jour en 2010.

❙ 350 000 personnes ont accès à l’eau potable en 2009 et 700 000 en 2010

❙ Augmentation du nombre de ménages branchés au réseau de 17 900 en 2007 à 50 000 en 2010

❙ Le volume d’eau produit est passé à 13 400 m3/jour. Construction de la station de traitement et de l’usine de pompage sous l’égide de la Banque mondiale/UE pour porter la capacité de production à 31 000 m3/jour en mars 2012).

❙ 34 200 personnes ont accès à l’eau potable.

❙ 3 920 ménages raccordés au réseau de distribution

Source : AfDB Tanzania (PCR), Nigeria (PPER), Mozambique (PCR), Mauritania (PCR and PPER), Liberia(PCR)

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la technologie utilisée pour les structures et les équipements, et pour le système de gestion. La SNDE fait, cependant, face à d’énormes défis dans l’exploitation et l’entretien des installations.

Il se pose aussi des risques environnementaux découlant de la dégradation naturelle des ressources en eau (à savoir l’assèchement des lacs, sources et forages) et/ou des contraintes sur l’environnement comme la variation du débit des eaux qui ont un impact sur l’offre. En conséquence, il ne suffit plus de construire de nouvelles installations de stockage d’eau ou d’exploiter les eaux de surface sans prendre en compte la viabilité à long terme, l’ensemble du bassin versant, ou les meilleures stratégies pour réinjecter les eaux usées traitées dans le système hydrologique (Jacobsen et al., 2013).

En fonction du niveau d’utilisation externe de l’eau dans chaque ville, jusqu’à 75 % de l’eau fournie devient des effluents des eaux usées que l’on peut épurer pour compenser l’utilisation d’eau supplémentaire (Alan et al. 2011). Ce qui pose la question de la réduction de l’impact des eaux usées et des eaux de pluie par l’élaboration d’une stratégie de réutilisation des eaux usées recyclées.

Le risque financier va généralement de pair avec la capacité des services publics à optimiser leurs coûts de fonctionnement, accroître les recettes de la commercialisation de l’eau, et fonctionner avec une marge bénéficiaire suffisante pour financer les opérations actuelles et futures, les activités d’entretien et, dans une certaine mesure, les petits investissements. C’est sur la solidité financière des services publics de l’eau que repose la durabilité des services à l’avenir, grâce à des investissements dans le renouvellement des infrastructures, des innovations techniques et des mesures d’ordre écologique (Andreas et al. 2014).

Les risques économiques découlant, par exemple, de l’inflation (hausse des coûts des intrants) ou de

la dépréciation de la monnaie entraînent une hausse des coûts des intrants de projet en monnaie locale et du service de la dette, ou le retrait du concours financier de l’État.

Les risques institutionnels ou règlementaires découlent, par exemple, de la recherche de partenariats public-privé viables ou de l’incertitude quant à la continuité de l’exploitation et de l’entretien des programmes d’alimentation en eau et d’assainissement, ou encore du caractère incertain des mesures communautaires d’entretien ou de la libéralisation des tarifs de l’eau.

Des mesures d’atténuation ont été prévues dans l’élaboration des projets: gestion des risques environnementaux à travers la gestion du bassin versant, amélioration de la rentabilité financière, réglementation des tarifs sans fausser la concurrence, et garantie de la durabilité des associations communautaires par l’amélioration des mesures d’incitation. On ignore, cependant, si ces mesures ont été efficaces.

Bonnes pratiques et solutions pragmatiques pour les zones urbaines

Il se dégage des projets quelques bonnes leçons sur les réformes réglementaires et institutionnelles, les partenariats public-privé (PPP), le recouvrement des coûts et la viabilité financière, la fourniture des services aux bidonvilles, et l’engagement des parties prenantes.

Réformes juridiques et institutionnelles

Des réformes du secteur de l’eau en milieu urbain ont été mises en œuvre dans le cadre de projets financés par la Banque afin de créer un environnement propice, promouvoir la bonne gouvernance, créer des services publics à vocation commerciale et réglementer formellement ce secteur. La bonne gouvernance est essentielle dans tout programme de

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réforme et les institutions doivent être transparentes et clarifier leurs rôles. L’autre objectif de la réforme était d’encourager les PPP (investissement et gestion) dans ce secteur. La plupart des pays ont lancé de grandes réformes sectorielles sous-tendues par une nouvelle réglementation.

La réforme du secteur de l’alimentation en eau en milieu urbain au Burkina Faso est un cas de réussite. L’Office national de l’eau potable et de l’assainissement (ONEA) a été créé en 1985 en tant qu’établissement public industriel et commercial (EPIC)1 avant de devenir une entreprise publique en 1994. Elle gère l’hydraulique urbaine au Burkina Faso à travers 49 centres. En 1990, le secteur national de l’alimentation en eau en milieu urbain faisait face à de nombreux défis :

❙ Au niveau institutionnel : gestion fortement centralisée et interférence de l’État dans la gestion quotidienne, forte mobilité des Directeurs généraux, création effrénée de centres sans se soucier de l’équilibre financier, et passation des marchés par le ministère de tutelle.

❙ Performances opérationnelles : faible taux de desserte en eau potable (55 % à Ouagadougou, 50 % à Bobo-Dioulasso), pénuries d’eau, mauvaise qualité de l’eau, et faible taux de desserte (5 %) en assainissement à Ouagadougou.

❙ Performances financières : tarifs très bas (147 F CFA le m3 en 1990) qui ne couvraient pas les coûts d’exploitation, établissement tardif des rapports financiers annuels, et problèmes de solvabilité (51 millions F CFA de disponibilités en caisse en 1990).

❙ Gestion des ressources humaines : effectifs pléthoriques (21 employés pour 1000 branchements en 1990), manque de personnel qualifié et gestion inefficace des ressources humaines.

❙ Gestion de la clientèle : Absence totale d’une culture de service à la clientèle, mauvaise gestion de la clientèle et faibles taux de recouvrement des factures.

Dans le cadre d’un ajustement structurel, la nécessité d’assurer la survie de l’entreprise, d’accroitre la couverture du service et d’améliorer sa fiabilité, à Ouagadougou notamment, a imposé des réformes visant principalement à assurer la viabilité financière de ce secteur. Cette réforme a touché tous les domaines de gestion et permis d’améliorer les performances de l’ONEA. Les mesures ci-après ont été prises : i) redéfinition du cadre institutionnel avec les rôles des acteurs et les relations contractuelles clairement définies, permettant ainsi une plus grande autonomie de l’ONEA ; ii) meilleure organisation de l’entreprise, avec notamment l’élaboration d’un organigramme et l’informatisation ; iii) adoption d’une politique tarifaire axée sur le recouvrement des coûts; iv) restauration de l’équilibre financier du secteur ; v) renforcement des fonctions finance et clientèle, notamment grâce au recrutement d’un consultant (contrat de service) ; (vi) audit interne des performances techniques de l’ONEA à travers des contrats plan et des contrats de service ; vii) audit des ressources humaines ; viii) lancement d’un programme d’optimisation des coûts; ix) innovations technologiques, y compris un système d’information géographique, le comptage magnétique, et la gestion à distance, et x) élaboration des plans stratégiques pour l’assainissement avec l’introduction d’une taxe d’assainissement ( encadré 5).

L’exemple de la Uganda National Water and Sewerage Corporation (NWSC) montre comment la mise en œuvre de programmes de gestion du changement a réussi à transformer une entreprise déficitaire en une entreprise parapublique excédentaire devenue un modèle de meilleures pratiques parmi les services publics de l’eau aux plans national et international2. Le tableau 2

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présente les principaux résultats de la NWSC avant et après les réformes.

Transformation en entreprise et participation du secteur privé

La corporisation est de loin le type de réforme le plus adopté avec un certain niveau de participation du secteur privé. Les entreprises créées suivant les principes de participation du secteur privé, de commercialisation de l’eau, et de la viabilité financière se sont montrées relativement prêtes pour ce type de réforme. Comme l’attestent les cas de Dar es Salaam (Tanzanie) et Maputo (Mozambique), certains projets d’alimentation en eau en milieu urbain choisissent optent pour un statut d’entreprises publiques (à la fois comme propriétaires des actifs et opérateurs), tandis que d’autres, comme le projet mis en œuvre au Nigéria, évoluent vers un PPP. Cette différence dans les dispositifs institutionnels constitue la preuve que la mise en place du cadre institutionnel est souvent un processus spécifique à chaque projet/pays.

Les projets d’alimentation en eau et d’assainissement de Dar es Salaam (Tanzanie) et de Maputo (Mozambique) ont choisi d’autres dispositifs de PPP. Ils ont tous les deux conclu des contrats d’affermage (risque moyen où l’entrepreneur privé est responsable de l’exploitation et de l’entretien) avec des entreprises privées.

Le projet d’adduction d’eau multi-États du Nigéria a apporté un appui à la transformation de l’Office de l’eau de l’État du Cross River et de la Société des eaux de l’État d’Akwa Ibom en sociétés anonymes à responsabilité limitée, à savoir la Cross River Limited (CRSWBL) et l’Akwa Ibom Water Company (AIWCL). Par la suite, la CRSWBL a été transformée en un PPP. Le gouvernement de l’État du Cross River (CRSG) a signé un contrat de PPP tripartite de gestion avec ORTECH et la CRSWBL, dont gouvernement de cet État s’est

porté garant. Le principal objectif était d’améliorer considérablement l’efficacité opérationnelle et la collecte des recettes et de fournir un service fiable et économique aux consommateurs. Les normes de service aux consommateurs et la réactivité à leurs besoins ont été considérablement améliorées.

Dans l’ensemble, la participation du secteur privé aux projets examinés a eu peu de succès et a conduit, dans certains cas, à un recentrage sur le renforcement de la gouvernance des services publics comme pour Dar es Salaam et Maputo. Toutefois, il convient aussi de relever l’importance de la bonne gouvernance.

Régulation du secteur de l’eau et de l’assainissement

Un système de réglementation fonctionnant correctement constitue l’un des aspects essentiels d’une bonne gouvernance du secteur. Il définit les règles, processus et mécanismes de suivi et de mise en œuvre afin de s’assurer que les fournisseurs de services respectent les normes de service et de qualité établies. Il sert par ailleurs à mettre les consommateurs et les fournisseurs sur le même pied d’égalité, dans un environnement qui autrement serait monopolistique.

Dans le cadre des réformes, certains pays, à savoir la Zambie, le Ghana, et la Tanzanie, ont créé des organes de régulation pour le secteur. D’autres pays, surtout les pays francophones comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, et le Burkina Faso, ont aussi mis en place des cadres réglementaires sans faire recours à une agence. Les cadres réglementaires de tous ces pays excepté le Ghana, ont été des réussites, donnant ainsi la preuve qu’il « n’existe pas de solution unique » et que l’essentiel n’est pas de créer une agence, mais plutôt de mettre en place un cadre réglementaire efficace. Avec l’appui de l’USAID et le GIZ, le gouvernement ougandais a proposé

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la création d’un office autonome de régulation du service de l’eau et de l’assainissement.

Réformes et performances des services publics de l’eau en milieu urbain

Les services publics de l’eau en milieu urbain peuvent emprunter différentes voies de réforme. Les partenaires au développement comme la Banque mondiale ont longuement battu campagne pour la privatisation des services publics nationaux de l’eau en milieu urbain dans le cadre de la réforme du secteur en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Niger, au Gabon, en Gambie, au Ghana, en Guinée, au Kenya, au Mozambique, etc., mais cette privatisation reste critiquée pour ce qui est de l’accès, de la qualité du service, de l’efficacité opérationnelle, et des niveaux des tarifs. En effet, dans les années 90, plusieurs gouvernements du monde en développement ont initié d’ambitieuses réformes de leurs services de l’eau et d’assainissement qui très souvent comprenaient l’affermage de la gestion à des opérateurs privés (Banque mondiale, 2009a).

En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, les PPP ont eu des résultats contrastés. Les pays comme la

Côte d’Ivoire et le Sénégal ont enregistré de bons résultats, alors qu’en Guinée et au Cap-Vert, ils ont été mitigés. Les PPP d’autres pays, notamment la Gambie, la République centrafricaine, le Tchad, la Guinée Bissau et Sao Tomé ont échoué (Banque mondiale, 2009b). D’autres encore, à savoir l’Ouganda et le Burkina Faso, ont préféré des « solutions locales » aux « solutions toutes faites et susceptibles d’induire en erreur » de la Banque mondiale (Muhairwe, 2009), et ont enregistré un franc succès.

La plupart des réformes des services publics avaient pour objectif d’améliorer la gouvernance, ainsi que les performances techniques, commerciales et financières. Les pays ayant mis en œuvre des programmes de réforme bien conçus des services publics ont pu considérablement améliorer l’accès aux services, la stabilité financière, et la qualité des services fournis. Les mesures de réforme qui ont eu le plus de succès dans le redressement de services publics de l’eau en difficultés sont notamment :

❙ L’introduction de mesures d’incitation au profit des employés liant directement les primes au rendement.

Tableau 2 : Bilan de la remise sur pied de la Uganda National Water and Sewerage Corporation

Indicateur de performance Principales réalisations de la NWSC

1998 2011Couverture de service 48 % 75 %

Nombre total de branchements 50 826 272 406

Nouveaux branchements par année 3 317 25 626

Branchements avec compteurs 37 217 271 734

Nombre d’employés pour 1000 branchements 36 6

Efficacité du recouvrement 60 % 96%

NRW 60 % 32,8 %

Proportion de branchements avec compteurs 65 % 99,8 %

Chiffre d’affaires annuel (en millions de dollars EU) 11 50

Bénéfice (avant amortissement) (en millions de dollars EU) 4,0 ( pertes) 11,0 (Surplus)

Source : Prof Dr. William T. Muhairwe, the NWSC Power Point Presentation during the OECD Global Forum on the Environment, Paris (France), 26th October2011.

16 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

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❙ L’introduction de systèmes améliorés de commercialisation, notamment le compteur et la facturation fondée sur la consommation.

❙ L’introduction de systèmes de connaissance et d’information pour le suivi et l’évaluation.

❙ Des services financièrement viables et adaptés aux besoins locaux pour les consommateurs pauvres.

Les exemples de réformes réussies comme le cas de l’ONEA au Burkina Faso (encadré 5), nécessitent une réelle volonté politique, l’impulsion des équipes de haute direction (Conseil d’administration, Direction, etc.), convention collective, et l’accompagnement par les partenaires au développement, etc.

L’impact des réformes peut être mesuré par les performances d’un service public. Les performances peuvent être appréciées de manière indirecte à travers l’évaluation de la capacité d’un service public à :

i) accroître la clientèle et assurer la facturation (ou réduire le nombre d’usagers d’eau qui ne sont pas facturés) ; ii) réduire les pertes d’eau par fuite, et iii) recouvrer effectivement les factures en cours et impayées. En outre, le taux de rentabilité financière de l’entreprise donne une mesure globale de ses performances en mettant en évidence la consommation d’eau et les tarifs, ainsi que les coûts d’exploitation. Les services publics de l’eau devaient réduire leurs coûts d’exploitation, améliorer leurs recettes de vente d’eau et rentabiliser leurs opérations en dégageant une marge confortable pour le financement des opérations actuelles et futures, ainsi que l’entretien. S’agissant des trois premiers objectifs, les performances des entreprises ont été bonnes, malgré le déficit important enregistré dans la collecte des recettes et la réduction des coûts d’exploitation pour parvenir à la viabilité financière. Des risques techniques comme l’absence de stratégie d’entretien des équipements et la connectivité routière ont également été enregistrés (tableau 3).

Grâce aux réformes, l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) du Burkina Faso est devenue une entreprise publique qui fait de bons résultats. Son taux de recouvrement privé est passé à 97 %, son équilibre financier assure une performance de 82 % au secteur, avec une politique de maîtrise des charges et un taux de couverture en constante amélioration. Les difficultés résident principalement dans le changement de l’état d’esprit du personnel , une œuvre de longue haleine qui se poursuit avec l’approche qualité, le feu vert des autorités à la nouvelle politique tarifaire, le choix du style managérial en accord avec les partenaires techniques et financiers. Les facteurs de réussite sont entre autres : i) le fort engagement des autorités politiques et le choix du Conseil d’Administration ; ii) le recrutement d’un nouveau personnel ; iii) la stabilité et le leadership des dirigeants de l’entreprise, et iv) l’appui des partenaires techniques et financiers.

L’ONEA s’appuie sur trois leviers pour stabiliser ses résultats : i) la consolidation de la gestion par la formalisation du plan stratégique (mis à jour pour la période 2011–2015), la certification ISO 9001 et la mise en œuvre du système informatique intégrant un logiciel de gestion clientèle de nouvelle génération, ii) les audits de la situation du contrat Etat/ONEA et du modèle financier, et iii) le renforcement de la contractualisation dans le cadre de la décentralisation et transformation du centre des métiers de l’ONEA en un véritable centre de compétence pour les opérateurs privés.

La réforme du secteur de l’eau en milieu urbain au Burkina Faso a permis à l’ONEA d’améliorer considérablement l’accès à l’eau potable et l’assainissement dans les zones urbaines et d’atteindre l’équilibre financier dans ce secteur. La réforme est restée dans la sphère publique et a tiré profit d’un contrat de services passé avec un consultant pour les fonctions professionnelles et de gestion financière des clients. Les résultats montrent qu’une entreprise publique peut être efficace si elle est accompagnée par la volonté politique et le leadership nécessaires.Source : Ousmane Yida Yaya Bocoum(2013), “Expérience de la restructuration de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) du Burkina»,” Atelier régional de partage des résultats du secteur eau et assainissement.

Encadré 5 : Réussite de l’ONEA au Burkina Faso

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Renforcement des capacités

La bonne gouvernance et de bonnes politiques de gestion financière doivent être accompagnées par les outils et les compétences nécessaires à leur mise en œuvre (Butterworth et al., 2011).

La plupart des zones urbaines doivent développer leurs infrastructures pour atteindre les objectifs et opérer des changements durables à long terme. Le développement des infrastructures doit être accompagné d’actions de renforcement des capacités. Les institutions et les performances des services publics de l’eau ont été renforcées par l’intégration du volet dédié à l’amélioration des infrastructures, aux aspects de formation et de renforcement des capacités, ainsi que l’élaboration d’une approche de planification stratégique à long terme fondée sur un plan d’amélioration des performances.

D’importants programmes de renforcement des capacités ciblant les principales parties prenantes ont aussi été intégrés dans les programmes de développement des infrastructures d’eau et d’assainissement (Burkina Faso, Tanzanie et Kenya). Dans certains cas, les interventions de renforcement des compétences ont servi de plateformes pour faire participer les principaux intervenants à l’élaboration et la mise en œuvre des projets, favorisant ainsi

leur appropriation. Cependant, le renforcement des compétences s’est parfois avéré inadapté. C’est ainsi que dans le cadre du projet d’approvisionnement en eau potable mis en œuvre en Mauritanie, le projet a permis de renforcer le secteur privé en contribuant à la création d’un environnement propice au développement de petites entreprises dans le secteur de l’eau et de l’assainissement (travaux d’installation des réseaux, plomberie et services divers) mais sans suffisamment renforcer les capacités de la SNDE, un acteur clé du cadre institutionnel du secteur de l’eau. De ce fait, les mesures d’appui institutionnel ont eu un impact très limité. Même si l’impact physique du projet est de plus en plus visible, la situation institutionnelle et organisationnelle à la SNDE est différente.

Dans les précédentes interventions, l’assistance de la BAD en matière de renforcement des capacités a pris diverses formes, notamment l’application des conditions assorties aux prêts afin d’obtenir de meilleurs résultats institutionnels, opérationnels et financiers, ainsi que des études (études du schéma directeur, études de préfaisabilité, études de faisabilité et/ou études de conception technique). Les résultats sur le terrain ont été mitigés. Les initiatives comme le NEPAD dont la Banque est l’un des précurseurs, les objectifs du Millénaire pour le développement, la Politique de gestion intégrée des ressources en eau de la Banque, et la Vision africaine

Tableau 3 : Performances du secteur de l’eau en milieu urbain

NWSC Ouganda1998-2010

Secteur urbain de l’eau Zambie 2002-2010

Indicateur de peformance 1998 2004 2010 2002 2006 2010Couverture du service .. .. .. 60 % 73 % 75 %

Total branchements 34 272 100,475 246,459 182,600 213 053 293 796

Ratio compteurs (avec compteur/total branchement 3 317 .. .. 21 % 39 % 55 %

Pertes d’eau (eau non facturée) 49 % 37,6 % 33,3 % 51 % 48 % 45 %

Efficacité du recouvrement 71 % 98 % 100 % 60 % 77 % 86 %

Productivité du personnel (Nbre d’employés pour 1000 branchements)

36 10 6 12 11 11

Source : Dorcas Mbuvi &Klaas Schwartz(2013).

18 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

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de l’eau à l’horizon 2025 visent toutes à combler les lacunes institutionnelles du secteur de l’eau et de l’assainissement (BAD/OPEV, 2004). L’impact de ces initiatives sur le développement des compétences du secteur de l’AEPA n’a pas encore été évalué. Par conséquent, certains enseignements majeurs tirés de l’expérience de la Banque3 pourraient garder toute leur pertinence et devraient être mises en évidence (Encadré 6).

Viabilité financière et recouvrement des coûts

L’efficacité opérationnelle et la rentabilité financière ont un impact sur la réalisation et la durabilité des objectifs d’un projet. Elles sont, en ce qui concerne les projets d’approvisionnement en eau potable, amoindries par plusieurs facteurs : i) faibles recettes de vente dues au faible taux de branchement, d’abonnement, d’installation des compteurs d’eau et de facturation ; ii) marge de manœuvre réduite pour la modification des tarifs et grilles tarifaires, et iii) faible capacité opérationnelle. Les services publics de l’eau doivent relever le défi consistant à

améliorer suffisamment leur marge opérationnelle afin de financer leurs coûts d’exploitation et d’entretien, couvrir l’amortissement des nouveaux investissements, et rembourser les dettes à échéance pour réduire les arriérés au minimum.

En raison de l’absence d’incitations à proposer des services répondant aux besoins, dans la plupart des services publics de l’eau, la gestion des recettes est mauvaise. En effet, la plupart des offices ou entreprises d’alimentation en eau en milieu urbain d’Afrique ne sont financièrement ni viables ni autosuffisants. Pour la plupart, ils dépendent de transferts budgétaires insuffisants ou peu prévisibles effectués par les échelons supérieurs de gouvernement pour compenser la faiblesse des recettes de vente d’eau (Jacobsen and al., 2013). Avec comme conséquences, le sous-investissement, le mauvais entretien, et la détérioration des installations.

Une évaluation financière des services publics a mis en évidence de graves insuffisances dans la collecte des recettes (et la réduction des coûts d’exploitation)

Le renforcement/développement des capacités est considéré comme un concept intégrateur associant ressources politiques, juridiques, réglementaires, institutionnelles et humaines et d’autres questions transversales dans une approche holistique du développement durable des ressources en eau. En mettant l’accent exclusivement sur les investissements matériels, l’approche conventionnelle du développement du secteur de l’eau peut ne pas toujours produire les résultats attendus.

❙ La fourniture non coordonnée de l’aide et de l’assistance techniques ne peuvent pas permettre un développement global des institutionnels.

❙ L’amélioration des performances du secteur dépend de plus en plus du renforcement des institutions et d’une meilleure implication des intervenants.

❙ L’un des aspects essentiels de l’environnement institutionnel qui permet aux services publics d’être efficaces c’est leur niveau d’autonomie opérationnelle et financière.

❙ La sensibilisation du public sur les activités telles que l’éducation à l’hygiène et à la santé et à la responsabilité civique est essentielle pour la sensibilisation au paiement des services et à la protection des biens publics.

❙ L’application des incitations au personnel et de systèmes de gratification adaptés à l’objectif de renforcement des capacités peut améliorer la performance des institutions.

❙ La réussite des entreprises de service public ou privé dans la gestion des services avec une nouvelle culture d’entreprise associant les préoccupations classiques, les préoccupations techniques et les priorités d’ingénierie et le tissu socio-culturel des employés, clients et communautés.

Source : BAD/OPEV,2004

Encadré 6 : Principales leçons tirées des évaluations de l’assistance de la BAD au renforcement des capacités des entités d’AEPA dans les PMR

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pour permettre leur viabilité financière. Les tarifs demeurent un défi pour la plupart des services publics en raison de leur sensibilité politique, mais comme le montre le cas de l’ONEA au Burkina, avec des réformes efficaces et la volonté politique, il est possible de réviser les tarifs afin de recouvrer, dans une certaine mesure les coûts.

Compte tenu de la mauvaise réglementation de la tarification de l’eau et de la marge de manœuvre réduite, la rentabilité financière ne peut être améliorée qu’à travers la réduction des sources d’inefficacité et la hausse de recettes de vente. L’amélioration des infrastructures d’eau (hausse de la capacité de production et de distribution) est tenue de réduire les pertes d’eau. Avec des institutions renforcées et de meilleures incitations, la consommation d’eau non génératrice de revenus ne peut qu’être réduite suite à l’élargissement de la clientèle, l’amélioration de la facturation et du recouvrement des factures. Toutefois, il subsiste de grosses lacunes à combler, à savoir : i) absence de réseaux de canalisations reliant les points de production aux points de consommation (par ex., projet multi-États du Nigéria) ; ii) succès limité de certains projets à fournir de l’eau aux consommateurs (le Nigéria et le projet d’approvisionnement potable de Dar es Salaam en Tanzanie n’ont pu fournir l’eau qu’à environ 25 % de la population cible, malgré les bons résultats obtenus dans la hausse de la capacité de production), et iii) gros volume d’eau consommée et non facturée, et/ou faible niveau de recouvrement des factures.

Certes, les tarifs de l’eau sont régulés pour assurer un certain équilibre entre la maximisation des bénéfices (et l’efficacité implicite des ressources) et l’accès aux services de base à des coûts abordables, mais la tarification en vigueur sur les marchés informels non régulés de l’eau est une indication de la marge de manœuvre pour augmenter les tarifs sans causer une chute drastique de la consommation d’eau (normalement, l’eau est un bien inélastique par rapport au prix). Par exemple, comme le souligne la

note d’évaluation du RAP du projet d’alimentation en milieu urbain au Mozambique, la grille tarifaire en vigueur comporte quelques éléments de subventions croisées qui font que les tarifs sont progressivement liés aux niveaux de consommation afin de privilégier les couches défavorisées de la population. Par ailleurs, le programme eau et assainissement durables en Afrique (SUWASA) de l’USAID, a collaboré avec les sociétés de fourniture d’eau des villes d’Hawassa en Éthiopie et de Bauchi au Nigéria où de nouvelles grilles tarifaires ont été adoptées et le recouvrement des coûts amélioré. Par conséquent, les services d’eau de la ville d’Hawassa est désormais capable de couvrir tous ses coûts d’exploitation et d’entretien, et a réalisé des bénéfices lui permettant de rembourser ses dettes ; les recettes d’exploitation ont augmenté de plus de 80 %4. La révision des tarifs a été réalisée conformément à la Politique éthiopienne de l’eau qui consiste à rendre les fournisseurs du service de l’eau autonomes et notamment capables de pratiquer des tarifs permettant de recouvrer intégralement les coûts.

Fourniture d’eau aux quartiers non structurés (bidonvilles)

Dans la plupart des centres urbains, les bidonvilles ont connu une croissance rapide, laissant une forte proportion de la population hors du système planifié. Selon les estimations, 40 % de la population urbaine en Afrique vit dans des bidonvilles (quartiers périurbains et quartiers non structurés). Les offices et les services publics de l’eau ont la responsabilité d’alimenter ces quartiers non structurés, mais l’absence de toute planification et la congestion posent d’énormes obstacles lorsqu’il faut atteindre ces populations en passant par des systèmes centralisés.

En général, les projets d’approvisionnement en eau en milieu urbain comportent des services ciblant les ménages à faible revenu dans les zones périurbaines

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(quartiers non structurés) comme les services d’eau et d’assainissement gérés par la communauté à Dar es Salaam, Maputo, Kigali et certaines villes de la vallée du Rift au Kenya. La conception et la mise en œuvre de certains projets montrent que la faiblesse de l’accès à l’eau et aux services d’assainissement a un lien avec la solvabilité des bénéficiaires qui, à son tour, est liée à la pauvreté monétaire.

Les dispositifs institutionnels dans les zones périurbaines sont un mélange des caractéristiques des institutions urbaines et des institutions rurales. Les installations d’alimentation en eau fonctionnent selon les conditions du marché avec l’abonnement des clients, le comptage du volume d’eau consommé, et les factures établies et recouvrées. Mais, comme pour les projets en milieu rural, la communauté gère les installations. Dans les zones périurbaines, des vendeurs informels jouent un rôle important en assurant l’accès et l’équité, mais leur activité n’est pas réglementée et ne contribue pas aux recettes de l’État. Dans la plupart des cas, l’arrivée des services publics de l’eau dans les zones périurbaines dans le but d’élargir leur clientèle, va forcément évincer les vendeurs informels du marché.

Certaines interventions d’amélioration de la fourniture d’eau potable en zones périurbaines en Afrique incluent la sous-traitance avec de petits opérateurs privés accompagnée d’un mécanisme de recouvrement des coûts adapté à leurs capacités financières ; l’amélioration de l’accès des pauvres à

l’eau grâce à des options technologiques appropriées (bornes fontaines, robinet commun dans la cour et compteurs prépayés) et subventionnées avec des modalités de paiement flexibles et adaptées aux niveaux de revenu des ménages pauvres ; création d’unités spécifiques de gestion pour répondre aux besoins particuliers des groupes vulnérables (pauvreté urbaine).

Égalité hommes-femmes et réduction de la pauvreté

En plus des objectifs fondamentaux, les projets ont d’autres buts comme l’égalité hommes-femmes, la réduction de la pauvreté, et une moindre vulnérabilité aux risques tels que la sécheresse. Certains projets ont explicitement identifié l’égalité hommes-femme comme un but. Par exemple, le gouvernement tanzanien prescrit que les femmes doivent représenter au moins 25 % des membres des organes de gestion des points d’eau. Le projet du Malawi exigeait qu’au moins 50 % des membres du comité de l’eau soient des femmes impliquées dans toutes les étapes du cycle de projet. Les femmes représentaient 60 % des membres des 2000 comités de points d’eau. Au Rwanda, l’installation des bacs à lessive dans les points d’eau améliorés a permis aux femmes de fournir moins d’efforts physiques pour aller chercher l’eau pour la lessive. Par ailleurs, l’approche communautaire (Ubudehe) adoptée dans la mise en œuvre de ce projet a permis aux femmes de contribuer activement à la prise de décisions.

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Quels sont les facteurs de réussite des interventions d’AEPA ? Ce rapport conclut que la réalisation des changements attendus des projets est fortement liée à la qualité de leur conception. Bien faire les choses dès le début renforce la mise en œuvre, tandis qu’une conception et une qualité à l’entrée (QAE) insuffisantes donnent lieu à d’autres complications et à l’inefficacité des projets.

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Traiter autrement les déchets urbains

Selon les Nations Unies, environ 2,6 milliards de personnes, y compris environ un milliard d’enfants, n’ont pas accès à un assainissement de base. La diarrhée, principale cause de maladie et de décès dans le monde, est due au manque d’accès à des installations sanitaires améliorées, à une eau non potable et à la disponibilité insuffisante de l’eau pour l’hygiène.

Il ressort du rapport 2010 du Programme conjoint de suivi (JMP) que 546 millions de personnes en Afrique subsaharienne n’ont aucun accès aux services d’assainissement de base. D’après les prévisions du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE, 2010), seulement neuf pays africains devraient atteindre leurs cibles en matière d’assainissement dans le cadre des OMD. Selon les estimations, le nombre de personnes qui pratiquent la défécation en plein air en Afrique a augmenté de 33 millions. Le rapport 2013 du JMP montre aussi qu’en 2011, environ 42 % des citadins d’Afrique subsaharienne dépendent de technologies d’assainissement non collectif consistant surtout en des latrines, toilettes à chasse non performantes et fosses septiques, et en nombre sans cesse croissant. Par conséquent, de grandes quantités de boue de vidange sont produites en milieu urbain et ne sont pas correctement traitées. Ces boues de vidange non traitées sont un danger pour le bien-être de la population (surtout les enfants et les pauvres des villes) et l’environnement (AWF, 2014).

S’agissant de l’assainissement en milieu urbain, quelques villes africaines disposent de stations d’épuration des eaux usées qui fonctionnent,

mais elles sont pour la plupart inefficaces. Par conséquent, une partie seulement des eaux usées est collectée, et une proportion encore plus faible traitée. La plupart des grandes villes africaines comme Lagos, Abidjan, Accra, Lomé et Dakar ont des systèmes d’égouts inadaptés et déversent des eaux usées non traitées et parfois, des polluants industriels non réglementés directement dans les cours d’eau. Ce qui a eu un impact non négligeable sur la contamination des ressources en eau et les entreprises distributrices d’eau dépensent beaucoup pour le traitement de cette charge polluante.

Les services d’assainissement sont aussi fonction du revenu. Les groupes de personnes à revenus élevés disposent de systèmes tout-à-l’égout et  les pauvres recourent à la défécation en plein air ou aux latrines traditionnelles. Les services d’assainissement urbain desservent moins de personnes que le système d’adduction d’eau. En effet, un peu plus de la moitié des ménages qui ont accès à l’eau potable disposent aussi de toilettes avec chasse souvent connectées à des fosses septiques et non à un système d’égouts. Autrement dit, les couches les plus riches de la population utilisent des latrines améliorées et des fosses septiques, alors que la plupart des citadins utilisent des latrines traditionnelles. Il est vrai que moins de 10 % de la population urbaine recourt à la défécation à l’air libre (Dominguez-Torres, 2011), mais ce chiffre est probablement plus élevé en zones périurbaines.

Le suivi de l’assainissement est un sujet très préoccupant. La conception de systèmes de

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suivi solides doit être soutenue. Les autres défis auxquels la gestion de l’assainissement urbain en Afrique fait face sont présentés dans l’encadré 7.

La croissance démographique et l’urbanisation ont pris de vitesse le développement des infrastructures d’assainissement dans la plupart des villes africaines, rendant la gestion des déchets et eaux usées urbains inefficace, et entraînant une pollution généralisée. Le défi que pose l’assainissement offre aussi des possibilités, et la chose la plus importante à faire est d’élaborer une approche de l’assainissement en termes de chaîne de valeurs.

Interventions de la BAD pour transformer l’assainissement urbain

Comme les autres partenaires au développement, la BAD a soutenu les PMR dans la mise en œuvre d’un certain nombre de projets en Afrique afin d’améliorer l’accès aux services de base en matière d’assainissement à la fois en milieu urbain et en milieu rural. Jusqu’en mars 2014, la facilité africaine de l’eau (FAE) a consacré 11,87  millions d’euros à des projets

d’assainissement non connectés aux réseaux d’égouts au profit de 2,9  millions de personnes en Afrique subsaharienne (FAE, 2014). Toutefois, les actions menées dans le sous-secteur de l’assainissement pendant plus de 20 ans n’ont pas eu un impact significatif sur l’accès et l’environnement/la santé. Les systèmes d’assainissement en place sont inefficaces, et le financement de ce sous-secteur reste compliqué. Les innovations en matière institutionnelle, financière, technique et comportementale sont d’une grande importance si l’on veut améliorer les performances du secteur urbain

Le rapport de synthèse des dix-huit projets financés par la BAD récemment évalués (BAD, 2014a) a révélé que les projets ont fait face à des problèmes communs, notamment : i) la mauvaise gestion des déchets solides et la pollution environnementale ; ii) l’insuffisance des infrastructures d’assainissement ; iii) la faible disponibilité d’installations sanitaires dans les institutions, les communautés et les ménages ; et iv) l’exposition à des maladies dues à des pratiques non hygiéniques. Tout cela dans un contexte marqué par une hausse croissante de la demande de services d’eau et d’assainissement émanant d’une population qui, elle-même, ne cesse de croître.

❙ En Afrique subsaharienne, 65 à 100 % de l’accès aux services d’assainissement est assuré grâce aux technologies d’assainissement non collectif.

❙ En Afrique, plus de 40 % des ménages partagent leurs toilettes avec d’autres ménages.

❙ 50 % des personnes qui ont besoin de la gestion des boues de vidange (GBV) sont des citadins vivant surtout dans des bidonvilles

❙ La GBV fonctionnelle (stockage, collecte, transport et traitement, système sûr de réutilisation) est rare.

❙ Les ménages ne peuvent pas payer les services de vidange par camion-citerne.

❙ Les camions de collecte et de transport ne peuvent pas accéder à des rues étroites.

❙ Les opérateurs ne sont pas en mesure de payer le transport des boues de vidange sur de longues distances jusqu’aux stations de traitement.

❙ Manque de site de décharge ou de traitement des boues de vidanges (BV).

❙ Forte prévalence des maladies hydriques.Source : African Water Facility Presentation, 2014 World WaterWeek

Encadré 7 : Quels sont les défis pour la gestion de l’assainissement urbain en Afrique ?

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Les projets avaient comme objectifs : i) la réhabilitation et l’extension des infrastructures sanitaires; ii)  l’amélioration de l’accès aux services d’assainissement, et iii) la fourniture de services d’assainissement fiables, abordables et durables. Les effets attendus des projets incluent : i) la réhabilitation et l’extension des infrastructures et installations sanitaires ; ii) le renforcement des capacités institutionnelles ; iii) la construction des infrastructures communautaires d’eau et d’assainissement en zones périurbaines et rurales, et iv) l’hygiène et l’éducation à la santé.

Des leçons et bonnes pratiques tirées de ces projets, de l’expérience de la FAE et d’autres cas peuvent être partagées. Ces cas mis en évidence dans la prochaine section se situent dans plusieurs localités et régions dont chacune a ses conditions socioéconomiques propres, son propre niveau de capacités institutionnelles, et un contexte environnemental particulier. Malgré ces différences, plusieurs leçons peuvent être tirées et des innovations transversales observées.

Solutions novatrices et leçons pour l’assainissement urbain

Adoption d’une approche chaîne de valeurs

La solution aux problèmes d’assainissement urbain nécessite des approches en termes de

chaîne de valeurs intégrant production, captage et collecte, transport, traitement, transformation, et réutilisation.

Une approche multi-acteurs est essentielle pour assurer la durabilité des services d’assainissement. L’évaluation du projet d’assainissement de la ville de Dakar (BAD/OPEV, 2012i) montre que ce projet n’a pas pu construire une station d’épuration efficace à Cambérène à cause de l’absence d’une stratégie de production et de réutilisation des sous-produits de l’assainissement (eaux usées traitées, boue, réutilisation et biogaz). Par ailleurs, l’on a relevé que l’adoption d’une approche holistique intégrant eaux de pluie et déchets solides dans la gestion d’un projet de traitement des eaux usées aurait apporté des solutions plus globales aux problèmes d’assainissement liquide et d’insalubrité de la ville.

La FAE souscrit à l’approche en termes de chaîne de valeurs en vue de promouvoir les innovations le long de la chaîne des valeurs assainissement à l’intention des pauvres des villes avec la réutilisation, les PPP, le financement et les modèles de gestion. « Le portefeuille assainissement urbain financé par la FAE comprend un éventail de projets intervenant à diverses étapes de la chaîne des valeurs assainissement, tant du côté de l’offre que de la demande, dans le but de promouvoir une approche intégrée de la

En raison de l’insuffisance des capacités de traitement du volume des eaux usées produites, une partie des effluents non traités (bypass) est rejetée avec l’effluent traité, ainsi qu’  une  bonne partie de l’excédent de boue qui n’a pas pu être traité parce que les équipements sont incomplets. Ce qui nuit gravement à l’efficacité. Compte tenu du mélange des eaux épurées avec les effluents non traités, le niveau de boues brutes déversé directement dans la mer et le peu de valeur accordée aux sous-produits des boues, le projet fait partie d’un système qui ne respecte pas les normes environnementales en termes de qualité des rejets. La situation est davantage compliquée par la non résolution du problème de l’exutoire en mer : la décharge actuelle est trop proche du rivage pour protéger la côte contre la pollution. Cette contre-performance était plus ou moins prévisible, compte tenu des exigences techniques et énergétiques des procédés par boues activées et leur sensibilité

extrême aux variations de débit et de charge ainsi qu’au faible niveau d’investissement par rapport à l’ampleur des besoins.

Encadré 8 : Projet d’assainissement de la ville de Dakar : une tâche inachevée

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26 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

fourniture des services d’assainissement urbain. Certes, tous les projets ont reconnu à juste titre la nécessité de renforcer les capacités des municipalités, mais les projets sont mis en œuvre à travers un mélange de modèles institutionnels (conduits par les entreprises, les ONG ou les municipalités). Les projets testent et mettent en œuvre plusieurs approches d’amélioration de la durabilité des services d’assainissement le long de toute la chaîne des valeurs, y compris l’essai d’autres modèles de gestion et des approches de réutilisation saine, ainsi que des innovations sociales, financières, institutionnelles et techniques » (FAE, 2014).

Les leçons tirées de l’expérience de la BID dans le domaine de la transformation structurelle de l’assainissement urbain offrent aussi des solutions novatrices pour le traitement et le recyclage des eaux usées en tant que réponse à la demande d’eau pour l’irrigation. Certaines initiatives ont connu plus de succès que d’autres. Au Bahreïn, chaque jour, 400 agriculteurs recyclent 100 000 m3 pour irriguer 2 940 hectares de terres. Au Liban, la construction de la station d’épuration des eaux usées est achevée mais les manifolds ne sont pas entièrement installés parce que la station ne dispose pas suffisamment d’espace. À   Chotrana et Sud Meliane en Tunisie, l’eau purifiée partiellement recyclée pour l’irrigation

est sous-utilisée à cause des coûts élevés de pompage vers les périmètres irrigués.

Cartographie institutionnelle et implications des parties prenantes

Pour mettre en œuvre de vastes programmes d’assainissement, créer la demande locale pour les services d’assainissement, et produire des bienfaits palpables pour la santé, il importe que : 1) toutes les parties prenantes soient impliquées, 2) tous les canaux soient exploités, et 3) tous les secteurs pertinents soient engagés dans l’amélioration de l’hygiène. Les interventions physiques doivent être conceptualisées, élaborées et mises en œuvre en étroite collaboration avec les principales parties prenantes afin d’obtenir leur assentiment, de promouvoir la durabilité, et de contribuer au renforcement des compétences locales.

La cartographie institutionnelle et l’identification des intervenants sont des étapes capitales à l’entame du projet et doivent être éclairées par une stratégie cohérente afin d’identifier les parties prenantes et obtenir leur pleine implication. En plus de la cartographie, des principales parties prenantes, il faut absolument connaître les autres intervenants, notamment les ONG, les organisations communautaires et les associations de

❙ Le premier pilier de la fourniture de services d’assainissement durables consiste à stimuler la demande de produits et services d’assainissement, notamment la réutilisation des produits du traitement des boues de vidange

❙ Le deuxième pilier dans la construction de la durabilité des projets d’assainissement urbain consiste à développer les capacités des fournisseurs de services.

❙ Le troisième pilier à faciliter l’accès au financement permettant aux utilisateurs de construire leurs latrines et aux fournisseurs de services de développer leurs entreprises.

❙ Le quatrième consiste à développer une approche d’entreprise intégrée de la fourniture des services d’assainissement

❙ Enfin, le dernier consiste à renforcer les capacités des institutions municipalesSource : African Water Facility Portfolio Report,2014

Encadré 9 : Les piliers stratégiques de la FAE pour la promotion de la durabilité en assainissement urbain

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consommateurs d’eau. Ces organes ont souvent des relations bien établies avec la municipalité ou avec la communauté et peuvent contribuer à une meilleure adhésion et à la participation des utilisateurs finaux et de la communauté.

À mesure qu’un projet avance, de nouveaux intervenants peuvent être identifiés et impliqués, s’il le faut, afin d’assurer la collaboration avec tous les principaux acteurs locaux. Il est important d’améliorer l’intégration des principaux acteurs/intervenants pour une meilleure gouvernance du secteur et des résultats durables.

Pour certains projets, des critères détaillés d’identification des intervenants ont été établis, à travers la compilation de toutes les informations pertinentes sur les acteurs sectoriels identifiés, et la création de bases de données pour recueillir les informations pertinentes. Cela a joué un rôle important dans le développement de la mémoire institutionnelle du secteur. Des efforts ont été déployés pour s’assurer que l’identification des intervenants et les relations tissées dans le cadre du projet sont préservées. Certains intervenants continuent à jouer leurs rôles même après la fin du projet.

L’expérience de la BID en matière d’assainissement urbain montre la nécessité d’intégrer autant que possible les solutions innovantes dans la conception, la mise en œuvre et l’exploitation de systèmes d’assainissement urbain.

❙ Techniques de recherche appliquée, recyclage des eaux traitées pour l’agriculture, et drainage amélioré des boues de vidange pour la production du biogaz, de l’électricité et des engrais organiques.

❙ Mesures institutionnelles consistant à impliquer des opérateurs privés dans le mécanisme de financement et de gestion des infrastructures d’assainissement.

Ces solutions contribuent à améliorer la rentabilité économique et financière des projets. À l’étape de la préparation du projet, le bailleur de fonds doit garantir la disponibilité des ressources financières et techniques pour l’entretien des infrastructures sanitaires afin d’en assurer la durabilité. Il est recommandé que tous les intervenants s’accordent sur la nécessité de stimuler le développement des infrastructures d’assainissement afin de réduire les énormes retards enregistrés dans la construction des infrastructures d’eau potable.

Avantages de chaque composant des déchets

Encadré 10 : Solutions innovantes de la BID pour la transformation structurelle de l’assainissement urbain

Eau jaune

Puissant engrais agricole

Eau noire

Biogaz et consolidation des

sols

Eau grise

Irrigation, recharge des

nappes phréa-tiques ou réutilisa-

tion directe

Déchets solides organiques

Amélioration de sols, biogaz

Eau pluviale

Alimentation en eau potable, recharges

des nappes phréatiques

SUBSTANCES

Stockage pour hygiénisation

Digestion anaérobie, séchage,

compostage

Zones humides artificielles,

jardinage, mares de stabilisation,

traitement biologique,

technologie des membranes

Compostage, digestion anaérobie

Filtration, traitement biologique

TRAITEMENT

RÉUTILISATION

Source: Ecosan GTZ

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28 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

Soutien politique et coordination interministérielle

La réussite des programmes d’assainissement nécessite le soutien politique et l’engagement des plus hauts responsables du gouvernement local et des services publics, surtout lorsque les programmes sont politiquement ou socialement sensibles. L’absence de volonté politique est le principal obstacle à la mise en œuvre des programmes d’assainissement. Par ailleurs, la réussite des programmes d’assainissement conduits au niveau national dépend étroitement de l’engagement, de la coordination et de la collaboration du gouvernement, des autorités locales et des fournisseurs de services, sans oublier d’autres acteurs clés. Dans le cadre de certains projets, le soutien politique des municipalités participantes a été obtenu à travers la signature d’un protocole d’accord formel garantissant leur implication dans le projet. Par ailleurs, il faut dès le début choisir un seul ministère pour diriger le projet et assurer une coopération efficace entre tous les départements ministériels.

Des programmes systématiques de renforcement des capacités

Le renforcement des capacités des principaux intervenants (gouvernement, fournisseurs de services, collectivités territoriales décentralisées, etc.) a pris la forme notamment d’ateliers de formation ponctuels, de mentorat ciblé qui, avec le temps, se transforme en mentorat interne et en assistance technique, d’un rattachement du personnel à des institutions performantes ; et l’utilisation fréquente d’indicateurs de performance et d’autres éléments permettant de construire et maintenir la performance avec le temps.

Ces programmes ont été guidés par une évaluation compressive des besoins de capacités menée avant le lancement du projet.

Un plan stratégique d’assainissement fait partie intégrante du renforcement des capacités dans les programmes d’assainissement. La plupart des projets ont souligné la nécessité d’élaborer des plans stratégiques d’assainissement et des déchets à réexaminer régulièrement pendant l‘exécution du projet et après. Ces plans ont été généralement élaborés grâce à un processus de recherche du consensus avec les intervenants clés et accompagnés par des actions prioritaires et des plans d’investissement liés aux activités du projet. Les plans stratégiques ont tenu compte des infrastructures existantes (en tant qu’évaluation de base) et envisageaient la construction de nouvelles infrastructures ainsi que l’entretien et l’exploitation à long terme des infrastructures.

Des obstacles au renforcement des capacités ont été relevés. Par exemple, le projet d’alimentation en eau de la ville de Dakar a permis d’entamer le renforcement de capacités organisationnelles, techniques et financières de l’ONAS, mais il a eu un impact institutionnel limité, surtout du fait que : 1)  l’ONAS ne disposait pas d’un véritable plan d’entretien et de développement des infrastructures, 2) la taxe d’assainissement n’a pas été réévaluée et 3) le projet n’a pas eu d’impact majeur sur les capacités de planification, de mise en œuvre et de surveillance.

Partenariat et collaboration avec le secteur privé

Les partenariats et la collaboration avec le secteur privé sur les programmes d’assainissement peuvent contribuer au renforcement des capacités financières et techniques. Les PPP sont également utiles au développement/à la création d’un marché des produits et services d’assainissement et peuvent avoir de substantiels avantages, comme la génération de revenus, une offre accrue de services, et le développement de produits de traitement des boues comme dans le projet du Bénin (encadré 11).

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Le niveau de participation du secteur privé sera fonction du contexte local et doit être analysé de manière détaillée dès l’entame du projet. Parmi les exemples, on peut citer les aspects liés à la sous-traitance de la chaîne de l’assainissement pour lesquels la municipalité ne dispose pas de capacités de mise en œuvre. Dans l’exemple du projet mis en œuvre au Bénin, une municipalité a essayé d’élaborer un plan local d’assainissement et, au cours des études de base, elle a identifié plusieurs organisations du secteur privé et des PME susceptibles d’assurer une solide gestion des déchets.

Au cas où il existe des opérateurs du secteur privé, ils doivent être impliqués dans l’élaboration des plans stratégiques d’assainissement comportant un volet managérial afin d’assurer un suivi et une évaluation régulières, ainsi que la normalisation et l’atteinte des résultats visés dans le secteur de l’assainissement. La  promotion d’un marché concurrentiel permet aussi d’améliorer la fourniture des services. Les possibilités de développement de ces marchés doivent être examinées lors de l’élaboration de plans d’assainissement.

Valorisation des sous-produits et production de ressources additionnelles

Dans le but de minimiser les risques pour la santé et l’environnement créés par le déversement des eaux usées non traitées et créer de la valeur ajoutée à partir du traitement, la technologie la

plus adaptée pour les stations d’épuration des eaux usées doit être identifiée, en tenant compte de la vulnérabilité de l’environnement et du contexte socioéconomique.

La construction des infrastructures d’assainissement permet de valoriser les sous-produits et de générer des ressources et revenus additionnels pour aider les fournisseurs de services à optimiser leurs coûts d’exploitation : recyclage des eaux usées pour l’irrigation agricole, l’arrosage des espaces et jardins publics, des pépinières, des investissements grâce à l’utilisation de boues de vidange comme l’engrais agricole, et la production de la bioénergie.

Services d’assainissement dans les quartiers non structurés

La croissance de la population urbaine non planifiée pose d’énormes défis d’assainissement, surtout en ce qui concerne l’évacuation des déchets solides et liquides.

L’amélioration des services d’assainissement de base est l’un des domaines d’intervention des programmes d’assainissement dans les quartiers non structurés, généralement en faisant recours à des options technologiques novatrices dans le cadre de vastes programmes d’assainissement. Toutefois, les options technologiques à elles seules ne garantissent pas un meilleur accès ou la durabilité

La municipalité de Sèmè-Podji au Bénin a reçu au total 5,3 millions de dollars EU, dont un don de 1,1 million de dollars EU de la FAE pour financer la réhabilitation et l’amélioration de la gestion des déchets à Grand-Nokoué à travers la mise sur pied d’un PPP. Ce projet devrait améliorer le sort et les conditions de vie de la population de Grand-Nokoué en freinant la propagation des maladies hydriques et en traitant les déchets en vue de leur réutilisation comme engrais vendus aux agriculteurs à des prix compétitifs. Le projet va améliorer la collecte et le transport des boues de vidange dans la ville de Sèmè-Podji et les villages environnants à travers la réutilisation, et entend aussi améliorer les services de recyclage en élaborant des stratégies pour la commercialisation des sous-produits.

Les aspects novateurs de ce projet sont notamment l’implication d’un partenaire privé dans la réhabilitation et l’extension de l’unique station d’épuration des boues de vidange de Grand-Nokuoé et des dispositifs institutionnels et de financement (financement assuré à 21 % par Sèmè-Podji et à 79 % par AGETUR-SA & SIBEAU), la réutilisation des engrais, de l’énergie et de l’eau issus du recyclage.

Encadré 11 : Amélioration de la gestion des BV grâce à un PPP et à la réutilisation Grand-Nokoué, Bénin

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30 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

des services d’assainissement: elles font partie de la solution et doivent bien fonctionner dans le contexte physique, social et économique plus large.

Pour garantir un impact réel et durable de l’amélioration de l’accès aux services sanitaires, les programmes d’assainissement doivent être élaborés de manière à refléter un certain équilibre et une affectation raisonnables des ressources aux différentes composantes du projet : infrastructures physiques/options technologiques, services d’assainissement de base et promotion de l’hygiène, fourniture des services d’assainissement aux groupes vulnérables, formation et renforcement des capacités des fournisseurs de services et des institutions et organisations communautaires, et formation des femmes et des jeunes.

Il est aussi nécessaire de comprendre les défis et avantages que présente chaque option technologique dans le système d’assainissement au sens large. Certains projets ont élaboré des critères afin de fournir aux décideurs une évaluation globale des options technologiques d’assainissement pour les aider dans le processus de planification et s’assurer que les intervenants sont en mesure de choisir une option adaptée au contexte local compte tenu des coûts et de la capacité des utilisateurs à comprendre, s‘approprier et assurer l’entretien de cette technologie.

La durabilité opérationnelle est fonction de la capacité de la communauté ou de la collectivité territoriale décentralisée à mobiliser les ressources au cas où il faut de gros travaux d’entretien. « La gestion communautaire est un système de gestion très

répandu, mais avec des technologies plus complexes, les communautés ont beaucoup plus de difficultés à assurer l’entretien et gérer les pannes » (RiPPLE, 2008).

En cas de remplacement ou d’amélioration des systèmes d’assainissement en place, il est tout aussi important que les coûts d’entretien ou d’exploitation soient intégralement pris en compte pour assurer leur viabilité économique à plus long terme ou alors changer de technologie. Dans les zones rurales et périurbaines, le choix de la technologie/ des équipements doit tenir compte des contextes socio-économiques, de leur viabilité à long terme et de leur durabilité. Ce qui nécessite la prise en compte non seulement des dépenses d’équipement mais aussi de l’entretien et de l’exploitation à long terme. Les droits fonciers constituent un autre défi que pose la fourniture de services d’assainissement dans les quartiers non structurés. Si la communauté bénéficiaire n’est pas propriétaire des terres qu’elle habite, il peut ne pas être possible de construire des installations d’assainissement.

Programmes de communication et de sensibilisation

Les grands programmes d’assainissement doivent être soutenus et mis en valeur par des campagnes de communication et de sensibilisation dans le but de clarifier leurs objectifs et les bénéficiaires ciblés. Il s’agit d’un aspect capital des projets d’assainissement entrepris pour réduire le risque de mettre l’accent uniquement sur les programmes d’infrastructures.

Le Bahreïn reçoit seulement 72 mm de précipitations par an. Toutefois, grâce à la production de 100 000 m3 d’eau purifiée par jour par sa station d’épuration et de recyclage, 400 agriculteurs irriguent 2940 hectares et les paysages urbains sont embellis.

La production de cultures horticoles est en hausse, ainsi que le nombre d’espaces verts. Certes, dans un premier temps, la réutilisation de l’eau a été stigmatisée par la société, mais grâce à la sensibilisation et au renforcement des capacités, ces inquiétudes ont été dissipées. Pour que les technologies de réutilisation soient efficaces et durables, elles doivent être acceptées et adoptées par les communautés locales, ce qui passe par la sensibilisation et l’éducation.Source : BID

Encadré 12 : Utilisation de TSE pour des espaces verts à Bareïn

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La construction de toilettes est nécessaire mais pas suffisante pour assurer un assainissement durable et une amélioration de la santé publique sans une sensibilisation accrue et l’adoption des comportements hygiéniques adaptés. Changer les habitudes et pratiques d’hygiène nécessite aussi une activité intense au niveau des ménages et de la communauté. Une plus grande attention a été accordée à la sensibilisation et à l’information de la communauté, y compris en ce qui concerne l’éducation à l’hygiène pour une utilisation adéquate des latrines et le lavage des mains après défécation.

L’information et la communication jouent un rôle important lorsque l’on veut s’assurer que l’ensemble des intervenants comprend bien les objectifs d’un programme. L’accent a été mis sur le retour régulier d’information aux intervenants dans le but de les édifier sur l’état d’avancement, les défis et les interventions du projet.

Susciter la demande de services d’assainissement, organiser des campagnes d’information et la sensibilisation ont souvent fait partie intégrante des projet d’assainissement, reflétant ainsi la prise de conscience que l’ensemble de la communauté peut ne pas accepter les services sanitaires améliorés proposés par l’administration municipale.

Implication de la communauté et initiatives communautaires

L’engagement de la communauté dans les projets est essentiel pour leur réussite et leur durabilité.

Les communautés doivent être impliquées dans la planification et avoir les capacités pour comprendre les nouvelles technologies qui sont introduites afin d’améliorer leur acceptabilité et adopter les nouveaux comportements connexes. Par ailleurs, le renforcement des capacités des communautés locales à assurer les dépannages et l’entretien des infrastructures est aussi

important pour la réduction du délai et des coûts des réparations.

L’identification des défenseurs locaux d’une cause est importante pour la promotion de l’adoption d’un projet par la communauté locale et sa durabilité. La promotion de la participation de tous aux projets d’assainissement est essentielle pour leur réussite. Les projets ont souligné que la participation d’une large équipe de partenaires locaux a permis d’atteindre les objectifs. Leur maîtrise des procédures et processus locaux leur a permis d’optimiser le contexte local et les principaux défis, de garantir que les actions sont bien ciblées, et faciliter l’exécution sur le terrain.

Les initiatives communautaires visant un changement de comportement sont complétées et renforcées par la création d’un marché de produits et de services d’assainissement, le renforcement des capacités et l’offre de diverses options de financement afin que ces marchés puissent se développer et prospérer. Quand la gestion des services d’assainissement est déléguée aux communautés locales, il faut tenir compte de la capacité des structures locales à assumer leurs responsabilités (collectivités décentralisées, sous-traitance, etc.).

Certaines activités des projets perdurent parce qu’elles ont été adoptées localement. Au Kenya par exemple, les latrines scolaires ont continué à fonctionner au-delà de la durée du projet parce que la formation en maintenance, aux bonnes pratiques et à l’hygiène a été intégrée dans les programmes scolaires. À Arusha en Tanzanie, plusieurs personnes ayant travaillé sur le projet émargent désormais au budget de la municipalité et ont réussi à s’assurer que les systèmes locaux fonctionnent et sont entretenus, bâtir une mémoire institutionnelle, et promouvoir l’assainissement axée sur les ressources dans la région à l’occasion de foires commerciales annuelles.

Par contre, il y a lieu de douter de la durabilité des investissements dans le volet assainissement du

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32 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

projet urbain au Mozambique. Dans certaines écoles pilotes (Chókwè, Xai-Xai et Maxixe), il a été observé que les installations sont inachevées (inutilisées) ou très dégradées avec un accès limité. De mauvaises pratiques d’hygiène ont également été recensées. Toutefois, même si les élèves veulent adopter de meilleures pratiques d’hygiène, lorsque l’eau, le savon, et le papier-toilette ne sont pas disponibles ou disponibles en quantités limitées, ils ne vont pas changer de comportement. Certains obstacles ne font pas partie du champ du projet, notamment les aspects structurels et organisationnels du secteur de l’éducation, à savoir les difficultés financières et les compétences de gestion et d’entretien des infrastructures.

Systèmes de subventions ciblées pour l’assainissement

Dans la majorité des cas, les projets d’assainissement ne sont pas intrinsèquement rentables d’un point de vue financier. Pour promouvoir l’équilibre financier, il faut trouver le cadre institutionnel idéal et mobiliser le financement (communautés locales, dons de l’État, dons du secteur privé) tout en élaborant un modèle économique qui rende possible l’amélioration des avantages directs et indirects à court, moyen et long termes.

Les politiques nationales de subvention de l’assainissement varient considérablement et ne sont pas nécessairement alignées sur les effets attendus des projets d’assainissement. L’élaboration d’une politique tarifaire et de mécanismes de péréquation et de subventions publiques rendraient les tarifs accessibles aux ménages pauvres quelle que soit la technologie choisie.

Certains projets ont choisi de créer un fonds auto renouvelable comme approche d’amélioration de

l’accès des pauvres aux services sanitaires de base, avec de gros avantages pour la mobilisation de l’épargne communautaire pour l’investissement dans l’assainissement. Toutefois, le dispositif de gestion et de suivi doit être conçu avec précaution et les programmes doivent comporter de solides volets assainissement et marketing social.

Évaluation de base et cadre de suivi de la couverture en services d’assainissement

De solides arguments plaident pour la réalisation des évaluations de base rigoureuses comme première étape de chaque projet. Les évaluations de base permettent un financement ciblé à long terme, et une allocation stratégique des ressources financières pour surmonter les principaux obstacles. Elles ont été une étape capitale dans la plupart des projets où elles ont servi à guider l’élaboration du plan stratégique d’assainissement, les stratégies de financement, la conception des infrastructures, et les calendriers d’exploitation et d’entretien.

Il faut un cadre global de suivi de la couverture en services d’assainissement pour suivre les progrès dans l’atteinte des objectifs définis dans le plan stratégique d’assainissement et assurer que les investissements sont ciblés de manière à atteindre leurs objectifs. Certains projets ont élaboré des outils spécialisés de suivi et des modèles de projection ayant contribué largement au processus de planification stratégique et de mise en œuvre des projets. Le cadre de suivi-évaluation (S&E) comprenait une enquête de base auprès des ménages, des outils de gestion de l’information, et le renforcement des compétences du personnel nécessaire à la conservation et la mise à jour de l’information. Le cadre et les stratégies de S&E comprenaient à la fois les stratégies du projet et les stratégies post-projet afin de s’assurer que le cadre est maintenu après la fin du projet.

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La réussite et la durabilité nécessitent une approche holistique fondée sur le développement des compétences et des modèles durables de développement intégré.

Photo ©: UNICEF Ethiopia

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Certains projets examinés dans le cadre de cette publication ont clairement identifié l’égalité hommes-femmes comme l’un de leurs objectifs. C’est ainsi que le gouvernement tanzanien a prescrit qu’au moins 25 % des membres des organes de gestion de l’eau dans les villages doivent être des femmes.

Photo ©: Tales of W

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Eau potable et assainissement pour tous en milieu rural

Alimentation en eau en milieu rural

La majorité des Africains (62 %) vivent en zones rurales où l’accès à l’eau potable et aux services sanitaires est faible (47 % pour l’eau et 44% pour l’assainissement). Ces populations souffrent de maladies évitables liées à l’eau et à l’assainissement. De plus, les femmes et les enfants consacrent beaucoup de temps et d’efforts à la collecte de l’eau, ce qui les empêche de vaquer à des activités économiques. Ces problèmes accentuent la pauvreté en zones rurales (BAD/OWAS, 2003).

Les études d’impact montrent que l’impact de l’eau potable et de l’assainissement en milieu rural sur la santé est surprenant dans plusieurs cas pour des raisons à la fois politiques, économiques, institutionnelles et comportementales : les ressources en eau potable ne sont utilisées que partiellement ; il se pose un problème de contamination des eaux domestiques ; l’eau potable et celle utilisée pour l’hygiène ne sont pas consommées en grande quantité ; les infrastructures sanitaires améliorées ne sont pas suffisamment adoptées et utilisées parce qu’elles sont jugées trop coûteuses, et comporteraient des défauts techniques et sanitaires, etc.

Plusieurs conditions doivent être remplies simultanément pour que les populations rurales puissent tirer profit de tout le potentiel des impacts de l’AEPAR sur la santé : i) l’eau à boire doit être potable (non contaminée) et disponible près des

foyers sur toute l’année ; ii) l’accès aux toilettes et leur utilisation hygiénique doivent être répandus, et iii) les mains doivent être lavées au savon ou avec de la cendre après utilisation des toilettes et avant de manger, etc. Toutefois, toutes ces conditions interdépendantes sont rarement réunies, d’où leurs impacts limités sur la santé (OCDE/DAC, 2012).

Défis et contraintes en matière d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement en milieu rural

Les principaux défis et contraintes auxquels les  services d’AEPAR font face sont, notamment des  politiques et des cadres institutionnels inadaptés, des investissements inadéquats, une gestion inefficace, des compétences inadaptées, une faiblesse du recouvrement des coûts et une absence de viabilité financière.

❙ Politique et cadre institutionnel inadaptés pour la promotion d’une mise en œuvre et d’une gestion efficientes des services d’AEPAR : La plupart des pays africains ne disposent pas des politiques et cadres institutionnels adéquats pour créer un environnement propice à une mise en œuvre et une gestion efficientes des services d’AEPAR. La mauvaise définition des responsabilités institutionnelles est un problème assez répandu. Pour y remédier, plusieurs pays ont introduit ou sont à pied-d ‘œuvre pour approfondir leurs réformes sectorielles.

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36 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

❙ Investissements inadéquats pour une offre de services et un accès durables : l’insuffisance des investissements pour améliorer l’accès durable est l’un des principaux obstacles aux services d’AEPAR en Afrique. Au fil des ans, la baisse des financements extérieurs et la réduction des enveloppes budgétaires nationales ont conduit à un financement insuffisant de l’AEPAR. L’alimentation en eau et l’assainissement en milieu urbain sont prioritaires, alors que la majorité de la population vit en zones rurales sans accès à l’eau et l’assainissement.

❙ Mauvaises exploitation et gestion des services d’AEPA :

❙ Plusieurs installations sont tombées en décrépitude à cause du manque de pièces de rechange et du déficit d’entretien. La plupart des installations d’AEPA ne fonctionnent pas à cause de la mauvaise gestion exacerbée par la faiblesse des capacités d’entretien préventif, des chaines de valeurs inefficaces pour les pièces détachées à cause de l’inadéquation des technologies choisies, l’absence de normalisation et une mauvaise planification. Certains pays déploient des efforts pour renforcer les capacités humaines afin d’offrir des services d’AEPAR gérés par la communauté et des capacités d’ingénierie et de forage/construction pour proposer des services d’AEPA.

❙ Manque de capacités humaines pour la mise en place de services d’AEPAR gérées par la communauté et absence de capacités de forage/construction pour la mise en place d’infrastructures d’AEPA : L’eau et l’assainissement en milieu rural sont affectés par une connectivité routière insuffisante avec de petites communautés éparpillées. Les capacités administratives sont limitées et les entrepreneurs privés dotés des capacités financières et techniques adéquates sont rares. L’organisation des communautés en groupes comme les

V-WASHEs et les faire participer volontairement à un processus ascendant mu par la demande est nécessaire mais prend du temps. Mettre en place ces institutions tout en construisant les infrastructures et installations d’AEPA fait peser un lourd fardeau sur des capacités limitées.

❙ Insuffisance du recouvrement des coûts et de la viabilité financière : Les tarifs appliqués en zones rurales en Afrique ne couvrent pas les coûts d’exploitation et d’entretien ou ne génèrent pas assez de recettes pour la réhabilitation du système et son extension. Ce qui conduit à un mauvais entretien et à des pannes fréquentes, ainsi que des systèmes d’approvisionnement en eau dysfonctionnels en tout temps.

Interventions de la Banque dans l’approvisionnement en eau potable en milieu rural

Pour répondre aux crises d’eau potable et d’assainissement en Afrique, la Banque assiste les PMR dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs programmes d’AEPAR principalement dans le cadre de l’Initiative pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement en milieu rural (IAEPAR), un cadre commun de mobilisation des ressources et d’investissement dans l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement en milieu rural en Afrique (encadré 13).

L’intervention de la Banque dépend de l’évaluation du pays et de la demande exprimée par le pays bénéficiaire. Une intervention vise l’un ou une combinaison des objectifs ci-après: i) réforme des politiques et renforcement institutionnel (appui sectoriel) ; ii) élaboration du programme pays (appui sectoriel) ; iii) investissement en capital (équipements), et iv) renforcement des compétences et formation.

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37Eau potable et assainissement pour tous en milieu rural

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Pour doper la croissance, la Banque a soutenu une série de programmes d’alimentation en eau en milieu rural, notamment à travers l’IAEPAR qui investit dans les actifs productifs, les services sociaux, les infrastructures et les technologies du savoir et dans l’information. C’est ainsi que grâce à l’appui de la Banque et à celui des autres partenaires au développement et aux PMR, plusieurs pays ont amélioré l’accès à l’eau potable en zones rurales.

Innovations et leçons de l’AEPAR

Les défis auxquels les services d’AEPAR font face en Afrique nécessitent des approches novatrices différentes pour offrir des services durables. Les programmes et projets d’investissement doivent être accompagnés par un renforcement intensif des compétences à la base en faisant recours à des approches participatives afin d’améliorer l’efficacité et la durabilité des services d’AEPA. Plusieurs bonnes pratiques/innovations et leçons ont été relevées concernant l’approche-programme, les réformes politiques et institutionnelles, les interventions de

renforcement des compétences, le recouvrement des coûts, la participation du secteur privé, les options technologiques, les pratiques d’exploitation et d’entretien, la participation des communautés et les considérations environnementales.

Approche-programme

L’adoption d’une approche-programme permet d’assurer l’élaboration d’un seul programme pays à long terme avec des cycles de traitement plus faciles pour les sous-programmes ultérieurs. Comme l’exemple du programme national de développement de l’approvisionnement en milieu rural du Maroc (PAGER5) l’atteste, une approche-programme permet d’éviter l’élaboration non coordonnée de multiples projets redondants dans le même secteur et le même pays, et soutient l’atteinte des objectifs nationaux. Il assure en outre la cohérence, l’appropriation par le pays et le renforcement des compétences locales6. En 1995, le gouvernement marocain a lancé le PAGER en ciblant un taux d’accès de 80 % à l’horizon 2010. La Direction générale de l’hydraulique était

C’est en 2002 et dans le cadre de son plan stratégique (2003 – 2007) et en réponse à la Vision africaine de l’eau et aux objectifs du Millénaire pour le développement que la Banque a conçu l’IAEPAR. Ce programme des bailleurs de fonds est coordonné par la Banque et financé par les donateurs, les partenaires au développement et les PMR pour accélérer l’accès à l’eau et à l’assainissement en milieu rural, pour permettre l’accès de 66 % de la population en 2010, 80 % en 2015 et l’accès de tous en 2025.

Lancée en 2003, l’IAEPAR a été adoptée par les gouvernements africains et les partenaires internationaux au développement comme cadre commun de mobilisation des ressources et d’investissement à l’occasion de la Première conférence internationale sur l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural en Afrique tenue à Paris en avril 2005. Un Fonds fiduciaire de l’IAEPAR géré par la Banque a par ailleurs été créé afin de collecter des ressources supplémentaires pour le financement des activités de l’IAEPAR. L’Initiative a reçu l’appui de la communauté internationale, notamment lors du Sommet du G8 tenu à Evian, du Panel mondial sur le financement des infrastructures de l’eau et du Conseil des ministres africains de l’eau et de plusieurs autres bailleurs de fonds bilatéraux.

Entre 2003 et 2014, 49 projets mis en œuvre dans 33 pays ont été approuvés dans le cadre cette initiative. En fin 2014, l’IAEPAR avait permis à plus de 107 millions de personnes d’accéder à l’eau et à plus de 72 millions d’autres d’accéder à des services d’assainissement améliorés. Quinze opérations ont été achevées et les 34 restantes ont été reportées à 2015.

Encadré 13 : Un cadre commun pour la mobilisation des ressources et l’investissement

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38 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

chargée de l’exécution, tandis que l’Office national de l’eau potable (ONEP) mettait l’accent sur les centres ruraux et les villages plus vastes (douars) situés le long des canalisations régionales. Même si le taux d’approvisionnement en eau en milieu rural est passé à 50 %, de nombreux défis subsistent. En 2001, à l’occasion de la neuvième session du Conseil supérieur de l’eau et du climat présidée par le Roi du Maroc, une série de réformes du secteur de l’eau ont été lancées afin d’alimenter les zones rurales en eau à l’horizon 2004. Par ailleurs, le gouvernement a transféré la responsabilité de la mise en œuvre du PAGER à l’ONEP et fixé un ambitieux objectif d’accès de 90 % de la population à l’horizon 2007 (contre 80 % en 2010 fixé le PAGER) malgré le manque de capacités effectives d’absorption et du financement nécessaire. En 2011, l’Office national de l’électricité et de l’eau (ONEE) est né de la fusion de l’Office national de l’électricité (ONE) et de l’Office national de l’eau potable (ONEP).

La branche eau de l’ONEE du Maroc est désormais le principal interlocuteur en ce qui concerne la coordination et la supervision de toutes les initiatives de développement du secteur de l’AEPA. En réponse à ses nouvelles missions, la branche eau de l’ONEE a restructuré et décentralisé ses services en adoptant une approche consistant à fournir aux consommateurs les produits qu’ils veulent et sont prêts à en payer le prix.

Le Maroc a adopté un nouveau processus de planification et de programmation incluant :

❙ L’évaluation de la demande sur la base de l’évaluation du secteur, des demandes des autorités locales, des représentants élus et des études des populations bénéficiaires, et des enquêtes de terrain.

❙ La définition des priorités, l’élaboration et la mise en œuvre d‘un programme d’études, de plans directeurs provinciaux : les critères de

planification incluent la faiblesse du taux d’accès et les difficultés d’alimentation en eau.

❙ Création d’une banque de projets et élaboration d’un programme prioritaire : la priorité est accordée aux zones ayant les plus faibles taux d’accès et aux projets dont le coût par habitant est faible, ce qui peut permettre d’avoir un impact considérable sur les taux d’accès.

❙ Définition d’un programme pluriannuel (contrat programme) et recherche du financement pour les projets avec au moins une étude de faisabilité réalisée dans les zones disposant de ressources en eaux identifiées et confirmées.

❙ Élaboration d’un programme annuel (loi de finances) pour les projets dont les études sont suffisamment bien avancées, le financement mobilisé, avec des ressources en eau dont le volume et la qualité sont confirmés.

Réformes règlementaires et institutionnelles

Les réformes réglementaires dans le cadre de l’AEPAR concernent le fondement juridique des droits des utilisateurs d’eau, les normes de qualité pour la fourniture des services d’AEPA, et un cadre juridique solide pour la fourniture des services d’AEPAR. Les réformes institutionnelles opérées dans le cadre des projets définissaient clairement les rôles des principaux intervenants et offrent une base juridique aux organes pour la fourniture du service, la fixation des tarifs, la gestion des fonds et les activités nécessaires pour garantir la continuité de l’AEPAR. Les principaux intervenants sont notamment :

❙ Les Communautés : en tant que propriétaires des actifs d’AEPA chargées de l’exploitation et de l’entretien qui pouvaient être confiés à un opérateur privé.

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❙ Les collectivités décentralisées : chargées d’aider les communautés à accéder aux financements pour les sous-projets d’AEPA et contribuer à la planification et à l’acquisition de biens et services.

❙ Le gouvernement central : normalement représenté par un organisme parapublic chargé de faciliter l’accès aux services d’AEPA en élaborant des politiques et stratégies nationales claires, en renforçant les capacités et en mobilisant les fonds pour l’investissement.

❙ Le secteur privé : un rôle accru dans la fourniture de biens et services et de l’assistance technique aux communautés dans la mise en œuvre de sous-projets, l’exploitation et l’entretien.

❙ Les ONG : appuyer et compléter les efforts du gouvernement en investissant dans les projets d’AEPAR avec le concours des ONG internationales et d’autres sources de financement. Les ONG apportent aussi une assistance technique aux communautés dans l’élaboration et la mise en œuvre de sous-projets, une contribution très importante vu leur caractère décentralisé et le travail effectué à la base.

Interventions de renforcement des capacités

La leçon tirée des projets à succès est que le renforcement efficace des capacités est essentiel pour les interventions dans le domaine de l’AEPAR. Plusieurs pays disposent souvent des capacités insuffisantes pour mobiliser, organiser, et mettre en œuvre des projets d’AEPAR communautaires. Les projets réussis dans le domaine de l’AEPAR comprenaient un volet renforcement des capacités communautaires et locales à planifier, concevoir et construire/installer des systèmes d’AEPAR.

Viabilité financière et recouvrement des coûts

Le seul moyen d’assurer la continuité des services d’AEPA est de les faire payer par les utilisateurs et les communautés. Les tarifs doivent être élaborés de manière à assurer la viabilité financière des projets. Certaines communautés assurent le recouvrement au minimum des coûts d’exploitation et d’entretien en instaurant le paiement au niveau de la borne-fontaine/ du puits auprès des revendeurs agréés.

L’AEPA amélioré comporte un risque de réduction de la consommation parce que les services qui coûtent plus chers sont difficiles à payer, surtout par les pauvres qui parfois font recours à des sources d’eau non potables pour éviter de payer. Lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des programmes, des efforts ont été déployés pour rendre flexible la réglementation des projets et fournir un éventail de services plus large et accessible aux pauvres afin d’éviter de leur exclusion.

Le projet d’AEPA du Malawi a utilisé le ciblage/la cartographie de la pauvreté pour identifier les districts prioritaires. Le taux de pauvreté élevé chez les femmes, notamment les femmes impliquées dans les projets, a permis de mettre plus d’accent sur la pauvreté. Le projet urbain du Mozambique s’est surtout attelé à approvisionner les pauvres en eau et a été pionnière dans l’instauration d’une grille tarifaire progressive pour l‘eau incluant des subventions.

Participation du secteur privé

Il n’existe pas de solution unique à la gestion des équipements hydrauliques, mais les PPP ont un solide potentiel pour fournir et accroître la quantité d’eau potable. La gestion communautaire semble être plus adaptée aux points d’eau (pompes manuelles ou sources) qu’aux systèmes de canalisations.

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40 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

L’expérience rwandaise, par exemple, a montré que les associations d’utilisateurs d’eau diluent la responsabilité, et que l’entretien et le recouvrement des coûts sont assez difficiles, et que les opérateurs privés locaux peuvent être trouvés n’importe où (encadré 14). Toutefois, en zones rurales, les PPP nécessitent un environnement propice.

❙ Un cadre législatif permettant de surveiller efficacement les opérateurs privés.

❙ Le renforcement de capacités des opérateurs privés et la promotion de la concurrence.

❙ L’instauration d‘un système de subventions permettant aux opérateurs privés de proposer un tarif abordable.

❙ L’existence d’un mécanisme de réglementation.

Dans le cadre des projets du Rwanda (BAD/OPEV, 2012 ; Banque mondiale, 2008), la détérioration de la gestion communautaire des systèmes de canalisations a poussé les autorités de district à rechercher des opérateurs privés. La mise en place de l’Office de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement (EWSA) a également créé de nouvelles conditions de concurrence entre les opérateurs « privés » chargés de la gestion des services d’AEPA dans les districts ruraux.

La création et l’appui aux PME renforcent aussi l’esprit d’entreprenariat local pour la construction de puits et latrines, la fourniture de services de dépannage et de pièces détachées. La disponibilité de services d’appui à l’AEPA bien gérées garantirait la durabilité et augmenterait les revenus réels.

L’introduction de PPP pour améliorer l’exploitation des systèmes d’approvisionnement en eau par

La gestion communautaire a été mise en œuvre au Rwanda entre 1987 et 1994, et des conseils de gestion communautaire de l’eau ont été mis sur pied dans tous les districts. Les utilisateurs de bornes fontaines ont été regroupés en comités dont les membres sont élus par leurs pairs. Ce modèle a très vite étalé ses limites : i) bénévolat entre les membres des comités de point d’eau ; ii) manque de compétences techniques (manque de professionnalisme) ; ii) responsabilité diluée des utilisateurs traduisant la non-appropriation des installations ; iv) non-paiement des redevances de manière régulière par les membres, et v) mauvaise gestion financière (y compris le détournement de fonds). Cette situation ajoutée au manque de compétences, de transparence et de fonds a donné lieu à des systèmes d’adduction d’eau mal entretenus.

Une évaluation de l’alimentation en eau et de l’assainissement dans les districts (DWSS) réalisée en 2004 avait conclu à l’échec du modèle de gestion communautaire. Le Rwanda a, pour l’essentiel, abandonné ce modèle et adopté un modèle de gestion par un opérateur privé dans le cadre d’un PPP dont le gouvernement a fait la promotion. Dans ce système, les autorités locales (districts) sont propriétaires du système en vertu des pouvoirs qui leur sont conférés par le processus de décentralisation. En 2010, l’appui du gouvernement au Programme d’approvisionnement en eau lancé par la Banque mondiale a permis de mettre à jour la politique en matière d’AEPA avec un accent sur la durabilité, un accès amélioré à l’eau et aux services d’assainissement et la mise en place de l’Office rwandais pour le développement de l‘énergie, de l’eau et de l’assainissement (EWSA) pour la desserte des zones urbaines et la supervision de l’alimentation en eau et l’assainissement en zones rurales. L’EWSA promeut la transparence dans les contrats passés avec des opérateurs privés pour la gestion et l’entretien des infrastructures de l’eau. Le gouvernement réfléchit actuellement à la restructuration du secteur de l’eau, et mise sur l’expérience de l’EWSA dans la gestion de services publics pour élargir ses missions et faire participer directement le secteur privé à la gestion des infrastructures de l’eau en milieu rural et, si possible, aux grands projets de PPP. Le rôle du secteur privé dans l’AEPA continuera d’inclure la gestion déléguée et sera étendu à des modèles comme le Producteur d’eau indépendant pour ainsi attirer les grands investisseurs dans ce secteur.

Encadré 14 : Le PPP dans le projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural du Rwanda

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canalisations en milieu rural a connu un succès sans précédent au Rwanda. En 2011, les opérateurs privés géraient 356 points d’AEPA en milieu rural sur 847 (soit 42 %) et ce nombre augmente chaque année. L’évaluation réalisée en 2008 montrait que les systèmes sont mieux gérés aujourd’hui. Il y a des incitations à entreprendre dans le secteur de l’eau parce qu’avec les opérateurs privés, les factures sont payées et les districts perçoivent les droits d’affermage sans devoir investir dans l’exploitation et l’entretien quotidiens. Les banques commencent à considérer les activités dans le secteur de l’eau comme viables. Ce modèle de PPP crée également des emplois au sein des communautés.

Toutefois, avant de déléguer l’AEPA à un opérateur privé, les installations doivent être entièrement fonctionnelles et en bon état. La passation des marchés doit être transparente et l’offre retenue doit présenter un bon plan d’exploitation. Par ailleurs, le contrat de services passé entre le district et les opérateurs privés doit couvrir une période d’au moins 10 ans. Il faut également un cadre réglementaire efficace pour guider la fixation et l’application d’un tarif national. Le renforcement des compétences techniques, managériales et financières est essentiel pour la durabilité et des services d’AEPA d’un bon niveau.

Étant donné que les plans de réinstallation entrainent le déplacement des populations de leurs lieux de vie traditionnels pour un habitat groupé, la capacité des

opérateurs locaux est poussée à ses limites, étant donné qu’ils continuent à fournir de bons services.

Utilisation de l’aide basée sur les résultats pour subventionner les branchements particuliers des ménages

Créé en 2003, le Partenariat mondial pour l’aide basé sur les résultats administré par la Banque mondiale est un fonds fiduciaire multi-donateurs dont la mission est d’élaborer des approches d’aide basées sur les résultats (ABR) dans les secteurs des infrastructures, de la santé et de l’éducation. Les subventions d’ABR sont conçues pour créer des incitations à l’efficacité et la réussite à long terme des projets de développement.

C’est ainsi qu’au Maroc, par exemple, la demande de branchements de ménages en milieu rural est élevée et il existe une forte corrélation entre cette demande et le coût du branchement, ce qui menace la viabilité financière de l’alimentation en eau en milieu rural et, par conséquent, les intérêts du secteur privé. Dans le but d’améliorer le taux de branchement des ménages, le Maroc a ajouté un volet ABR au PPP proposé, ce qui a réduit le coût du branchement, et subventionné les branchements de ménages proposés par l’opérateur privé. Comme innovation, l’opérateur privé doit préfinancer le branchement au réseau de canalisations d’eau. Il reçoit ensuite une subvention après avoir effectué le branchement qui doit faire l’objet d’une vérification indépendante (tableau 4).

Tableau 4 : Objectifs de performance et résultats exigés pour bénéficier d’une subvention ONEP-OBA

Objectif du contrat Contrat Unité de mesure Objectifs de performance

Subventions disponibles pour les

Minimiser le déficit opérationnel initial Vente d’eau dans la zone pilote

Mètres cube (m3) vendus

3 millions de m3 3 premières années d’exploitation

Étendre le service à 14 nouveaux douars Nouveaux douars desservis

Mètre linéaire (ml) d’extension du réseau

Estimations initiales : 40 000 ml

4 premières années d’exploitation

Accroître la clientèle par de nouveaux raccordements

Raccordement fonctionnel des ménages au réseau d’eau potable

Raccordements individuels des ménages

8 500 nouveaux raccordements individuels

5 premières années d’exploitation

Source : Banque mondiale2009c.

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42 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

Technologies adaptées et standardisées pour l’approvisionnement en eau potable en milieu rural

Une vaste gamme d’options technologiques est disponible pour l’amélioration des solutions d’AEPAR. Les options sont adaptées à des lieux géographiques précis et dépendent de la demande, du pouvoir d’achat et de la volonté de la communauté à payer, de la taille de la communauté et de la densité des ménages, ainsi que la disponibilité des ressources et de l’électricité.

Les projets ont choisi des technologies variées pour l’AEPAR communautaire: i) puits peu profonds améliorés (avec ou sans pompes manuelles) ; ii) puits équipés de pompes manuelles) ; iii) aménagement des sources ; iv) puits équipés de pompes motorisées connectées aux bornes fontaines ou à des ménages ; v) bassins versants d’eau de surface (avec installations d’épuration) connectés au système de canalisations ; vi ) système de canalisations gravitationnelles, et vii) récupération des eaux de pluie. Pour l’assainissement, la gamme d’options technologiques comprenait les latrines améliorées ventilées pour les ménages, les latrines à blanc de sable, les petits forages d’évacuation des vidanges, et les égouts simplifiés

Les exemples de bonnes pratiques montrent que certaines approches en matière d’assainissement, comme l’approche d’assainissement total piloté par la communauté préconisée par l’UNICEF (avec approbation des infrastructures communautaires par la population) en zones rurales au Mozambique, sont plus prometteuses que d’autres approches (par ex., les équipements d’assainissement construits et financés par les donateurs sont souvent trop coûteux pour servir d’exemple). Au Rwanda, les latrines individuelles promues par le projet sont des latrines ventilées améliorées qui coûtent chacune en moyenne 135  000 francs

rwandais, soit environ 240 dollars EU, ce qui n’est pas à la portée des ménages ruraux (BAD/OPEV, 2012h).

Pratiques efficaces et efficientes d’exploitation et d’entretien

L’exploitation et l’entretien sont essentiels pour la maintenance des infrastructures physiques. L’AEPAR consiste à fournir de l’eau potable aux communautés rurales pour un usage domestique et nécessite une eau de qualité et disponible durant toute l’année. Le problème le plus répandu dans l’AEPAR consiste à assurer la continuité de l’approvisionnement pendant toute la durée de vie du système grâce à des systèmes d’exploitation et d’entretien efficaces et efficients.

Quand on fait recours à des opérateurs privés locaux, ils sont contractuellement responsables de l’exploitation et de l’entretien. Par ailleurs, en plus de technologies d’AEPAR appropriées, les pratiques d’exploitation et d’entretien sur lesquelles l’accent est mis lors des programmes de renforcement des capacités, doivent aussi comprendre : i) la planification du système d’exploitation et d’entretien ; ii) le recouvrement des coûts et la grille tarifaire ; iii) la formation en exploitation et entretien ; iv) des contrats de service basés sur la performance ; v) l’appropriation et la participation communautaires, et vi) des chaînes de valeurs efficaces pour les pièces de rechange et les services de dépannage.

Appropriation et participation communautaires

Parmi les exemples de bonnes pratiques, on peut citer le processus de facilitation de la réalisation des travaux de construction par l’une des parties, une collaboration respectueuse entre les parties (donateurs, gouvernement, ONG et communautés) qui contribue à la solution recherchée est

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essentielle, surtout dans les zones rurales pauvres. Par ailleurs, une approche clairement définie, une réglementation favorable, une planification détaillée des activités, et la gestion des risques sont tout aussi importantes. Les projets évalués ont adopté une approche axée sur la demande qui mettait l’accent sur la participation communautaire à la planification, la conception, et la mise en œuvre, permettant une appropriation par la communauté et, dans certains cas, la gestion des services pour améliorer l’exploitation et l’entretien des services d’AEPAR.

Des associations de consommateurs d’eau ou des comités de gestion des points d’eau et de l’alimentation en eau, et des groupes d’éducation à l’hygiène et à l’assainissement ont été créés et leurs membres formés à l’exploitation et l’entretien pour les projets d’AEPAR. Cependant, quelques difficultés ont été rencontrées dans la création, la gestion et la garantie de la durabilité de ces institutions communautaires. Elles ont été lentes à mettre en place, étant donné que l’adhésion dépend de la bonne volonté de chacun à participer et contribuer aux ressources. Par ailleurs, il y a eu cette incertitude quant à la continuité de certains groupes, par exemple, dans le cas de la Zambie où la majorité des groupes d’éducation sont devenus inopérants. Dans le cas de Madagascar, il y avait cette crainte que la motivation des comités de points d’eau et des Unités d’organisation villageoise (VOU) à s’organiser ne s’estompe au fil du temps, réduisant la volonté de contribuer à l’entretien des installations. Au Rwanda, le modèle de gestion communautaire a très vite montré ses limites et donné lieu à des systèmes d’approvisionnement en eau mal entretenus. Ce système de gestion a été abandonné et une méthode de gestion par un opérateur privé a été adoptée.

Dans le cas du projet rural mis en œuvre en Zambie, les communautés rurales ont été regroupées

en comités d’éducation de district et de village. Les bénéficiaires ont été formés à la conception, l’élaboration des projets, à l’exploitation et l’entretien, et à la maintenance. Le projet rural de Madagascar a apporté son appui à la création et la formation des comités de point d’eau dans les districts et les villages pour gérer, exploiter, et entretenir les infrastructures de l’eau. Par ailleurs, des VOU ont été créées pour assurer l’éducation de la communauté à la santé et à l’hygiène.

Dans certains projets, il a été demandé aux communautés de contribuer en espèces et en nature aux investissements en capital de leurs projets d’AEPA comme preuve de leur engagement envers l’exploitation et l’entretien, ce qui a réduit le niveau de financement externe nécessaire. Le niveau et la nature de leurs contributions ont été modulés selon la situation sur le terrain. Dans le cadre de cet accord, les communautés prennent l’entière responsabilité de l’exploitation et de l’entretien. Les programmes d’infrastructures de base du Maroc pour les zones rurales sont un parfait exemple de la manière dont il faut créer un partenariat entre l’État, les collectivités décentralisées et la société civile (encadré 15).

Les fonds d’investissement social et des projets autonomes impulsés par la communauté ont aussi été promus, avec un approvisionnement flexible en biens et services. Les procédures de décaissement restent simples et faciles à utiliser, ce qui en fait des véhicules durables de mise en œuvre de projets d’AEPAR, surtout dans les zones reculées dans lesquels ces projets sont réalisés.

Considérations environnementales

Les programmes d’AEPAR peuvent avoir des répercussions sur l’environnement. Ils doivent tenir compte des éléments ci-après : i) risques pour l’environnement lorsque les eaux usées ne sont

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pas correctement déversées ; ii) drainage des eaux stagnantes là où les moustiques se reproduisent ; iii) les latrines peuvent contaminer les nappes phréatiques si les installations qui remontent celles-ci ne sont pas bien situées ou construites, et iv)  surexploitation des nappes aquifères par excès de pompage.

Les programmes d’ AEPAR ont été conçus de manière à améliorer les conditions d’assainissement du milieu dans toutes les communautés par l’amélioration de l’alimentation en eau, le drainage des eaux de pluie et la réalisation d’installations sanitaires publiques et privées. Les pratiques communautaires de gestion de l’environnement ont été activement soutenues pour améliorer les conditions de vie et protéger les ressources en eau.

Dans le projet d’AEPAR du Rwanda (BAD/OPEV, 2012h), par exemple, l’Évaluation d’impact environnemental et social indique que pour le volet alimentation en eau potable qui a reçu une note globale de 67 %, le programme semble satisfaisant s’agissant d’un impact environnemental favorable (pas d’impacts, impacts positifs et impacts négatifs

négligeables et de faibles durées limitées strictement à la phase de construction). Le volet assainissement a reçu une note de 54 %. Les dossiers d’appel d’offres pour la construction de tous les systèmes de DWSS comportaient des dispositions sur la protection de l’environnement. Toutefois, l’évaluation indépendante a relevé que la démarcation des périmètres de protection des sources d’eau naturelles et des bornes fontaines contre la pollution humaine et agricole doit être généralisée. En outre, la présence des habitations, des cultures avec engrais et pesticides, et plus important encore, l’utilisation de latrines non hygiéniques en amont des zones de collecte peut affecter la qualité de l’eau.

Généralement, les constatations de l’évaluation montrent que la durabilité environnementale des programmes d’approvisionnement en eau en milieu rural n’a pas encore bénéficié d’une attention suffisante, surtout dans le contexte du changement climatique. Cela s’explique probablement par le manque de clarté en ce qui concerne son importance financière à court et à long termes. Par conséquent, il faut des approches de l’AEPAR plus intégrées d’un point de vue environnemental, par

Au lancement du PAGER en 1994, seulement 14 % de la population rurale avait accès à l’eau potable. Depuis lors, le PAGER a permis à plus de 87 % de la population rurale d’accéder à l’eau potable, généralement à travers des bornes fontaines publiques.

Le programme a adopté une approche de gestion très innovante. L’État fournit les équipements, paie les coûts d’investissement, et confie la gestion et l’entretien aux bénéficiaires qui s’acquittent de redevances. Dans une approche participative, une équipe consultative vient discuter avec les bénéficiaires potentiels du projet afin de les informer et les sensibiliser. Avant l’exécution du projet, des équipes de diagnostic rencontrent la population bénéficiaire pour présenter les résultats des études techniques et les conditions d’accès au projet, y compris les coûts, le choix du mode de service, la gestion, etc., i) identification et mise en œuvre des unités de gestion de place et formation avant la fin du projet ; ii) signature de l’accord de gestion et formation des gestionnaires ou associations.

Depuis 2010, le dispositif financier de l’AEPAR inclut une contribution des collectivités décentralisées et des bénéficiaires (15% pour les projets d’AEPAR utilisant des bornes fontaines; 50 % des coûts des travaux de réseau et de branchement internes, pour l’eau potable en milieu rural et par branchement) ; des redevances d’utilisation qui tiennent compte des ressources limitées des ménages en zones rurales (500 dirhams par ménage pour les fontaines communautaires et 3500 dinars par ménage pour les branchements individuels).

Encadré 15 : Amélioration de l’accès à l’eau potable en zones rurales au Maroc

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exemple, dans le cadre de l’IWRM. (OECD/DAC, 2012; IEG, 2010).

Considérations relatives à l’égalité des sexes et autonomisation des femmes

Les projets d’AEPAR initiés par la Banque mettent un accent positif sur la parité des sexes et la participation des femmes. L’accent mis sur la parité des sexes crée des avantages susceptibles d’aller au-delà des seules bonnes performances du projet comme le prouvent l’amélioration de la passation des marchés, l’exploitation et l’entretien, le recouvrement des coûts, et l’éducation à l’hygiène. Les femmes et les enfants en tirent des avantages particuliers, notamment le fait de disposer de plus de temps pour les activités génératrices de revenus, les besoins de leurs familles, ou pour elles-mêmes et leurs propres loisirs. L’économie dans l’ensemble en bénéficie également : les enfants sont en meilleur état de santé et les filles peuvent être libérées de la corvée de la collecte et du portage de l’eau, et aller à l’école.

L’implication des femmes dans les projets d’AEPA renforce leur autonomie surtout lorsque les activités du projet ont un lien avec des activités génératrices de revenus et des ressources productives comme le crédit. La participation des femmes a été prise en compte dans l’élaboration, la construction, l’exploitation et l’entretien du projet : i) la représentation des femmes dans les sessions de formation et de renforcement des capacités ; ii) les règles du projet qui imposent la représentation des femmes dans les associations d’utilisateurs d’eau

et les femmes sont fortement exhortées à jouer des rôles de premier plan à des postes de responsabilité et le recouvrement des coûts, et iii) l’accent sur les liens entre genre et pauvreté, en identifiant, par exemple, les ménages dont les chefs de famille sont des femmes, ainsi que les ménages ayant des besoins particuliers.

Par exemple, le gouvernement tanzanien prescrit que les femmes doivent représenter au moins 25 % des entités de gestion de l’eau dans les villages. Le projet du Malawi exige que les femmes doivent constituer au moins 50 % des comités de l’eau à toutes les phases du cycle de projet. Les femmes représentaient 60 % des membres des 2000 comités de point d’eau.

Certes, le principal impact dans plusieurs cas pour les projets en milieu rural est la réduction du temps consacré à la collecte de l’eau par les femmes et les jeunes filles, les quelques études disponibles montrent que les économies de temps ne contribuent pas de manière significative à la démarginalisation et au développement économiques, sauf si d’autres efforts sont déployés à cette fin. Au contraire, les femmes s’engagent dans d’autres travaux non rémunérés comme la collecte du bois de chauffage ou les travaux champêtres.

Le projet PAGER du Maroc a quelque peu amélioré les conditions sanitaires et l’accès à l’éducation, surtout des jeunes filles, en réduisant le temps consacré à la collecte de l’eau de l’ordre de 50 % à 90 %, permettant aux filles de dégager du temps pour les études, et aux femmes de s’engager dans des activités génératrices de revenus.

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« La stabilité politique a eu une forte influence sur les progrès dans l’amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement en Afrique », conclut le rapport.

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Facteurs de réussite de la réalisation de l’accès pour tous à l’AEPA

Les interventions initiées par les PMR avec l’appui de la Banque et d’autres partenaires au développement ont permis d’améliorer l’accès à l’AEPA en Afrique en général, même si les disparités entre les pays et les projets, sont considérables, dans certains cas. Quels sont les facteurs de succès ou d’échec des projets d’AEPA ?

Facteurs communs aux projets réussis

QAE et conception adéquates du projet

La réalisation des résultats attendus des projets est fortement influencée par la qualité de la conception. Même si cela n’est pas toujours clairement dit, il existe des ensembles de principes qui ont vraisemblablement influencé les projets : i) le gouvernement joue un rôle secondaire dans la facilitation, la coordination et la régulation des services sociaux de base et dans la protection de l’environnement ; ii) le secteur privé contribue au moins à la construction des infrastructures d’AEPA et à la fourniture des services ; iii) la commercialisation de l’eau où il existe un marché ; iv) la participation de la communauté à l’appropriation, la gestion et aux des activités du projet ; v) l’intégration des services sociaux complémentaires comme l’approvisionnement en

eau potable, l’assainissement et la santé, et vi) la prise en compte des questions de justice sociale comme l’égalité des sexes, le ciblage des zones ou populations défavorisées et la protection de l’environnement.

La Banque a contribué à la réalisation des résultats attendus des projets en améliorant la QAE de plusieurs projets ayant eu des résultats satisfaisants. Faire des bons choix dès le début a renforcé la mise en œuvre, tandis qu’une conception et une qualité à l’entrée sous-optimale ont souvent occasionné des complications supplémentaires et conduit à l’inefficacité du projet. Les bonnes relations et la coopération avec les organismes gouvernementaux et d’autres parties prenantes ont joué un rôle capital pour aboutir à une conception de projet qui pourrait être mise en œuvre efficacement. Les résultats de l’évaluation ont montré que pour les projets ayant des résultats satisfaisants, la Banque a réussi à renforcer ses relations avec les intervenants clés et a partiellement pu intégrer efficacement les contributions des intervenants. Toutefois, les performances auraient pu être meilleures si on avait directement impliqué les intervenants clés dans la phase d’élaboration du projet afin de faciliter une bonne évaluation des besoins et choisir les technologies appropriées, abordables et adaptées aux conditions locales.

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Coopération et coordination efficaces avec les principaux intervenants

En principe, les services d’AEPA sont des services sociaux. Par conséquent, la Banque a de nombreux intérêts communs avec les gouvernements qui fournissent ces services. Améliorer l’impact des projets de la Banque et servir les priorités des gouvernements nécessite souvent que l’on surmonte une coopération et une coordination interministérielles inefficaces, ainsi que l’insuffisance de la coopération entre gouvernements et donateurs, ainsi qu’entre donateurs dans la planification et la mise en œuvre des programmes. Des cadres d’aide de plus en plus complexes et exigeants augmentent la difficulté posée par ces obstacles.

Dans certains projets dont les résultats sont satisfaisants, la Banque a favorisé une approche intégrée en établissant un ordre de priorités entre les différents ministères et secteurs afin de surmonter les insuffisances de la coordination institutionnelle et pousser les gouvernements à adopter une approche multi-programmes coordonnée. Toutefois, l’évaluation a montré que ces initiatives dépendent d’une volonté politique à toute épreuve et de l’utilisation des documents de planification, comme les plans directeurs d’urbanisme, sans lesquels, les efforts de la Banque n’ont été que rarement efficaces surtout en milieu urbain.

L’évaluation a aussi relevé les cas où la Banque s’est systématiquement assurée que ses propres actions faisaient partie d’un programme global en coordination avec d’autres partenaires financiers. À Madagascar, la Banque a organisé des consultations avec le gouvernement, les autorités locales, d’autres donateurs, les ONG et les bénéficiaires ciblés afin d’établir les besoins et les conditions de réussite du projet.

Cadres et réformes institutionnels adaptés

Les cadres et réformes institutionnels jouent un rôle fondamental quand il faut renforcer les institutions et assurer l’atteinte des objectifs du projet et leur durabilité. Les institutions créées suivant les principes de participation du secteur privé, de commercialisation de l’eau et de viabilité financière se sont montrées relativement prêtes. Comme le laissent penser les exemples de Dar es Salaam (Tanzanie) et Maputo (Mozambique), certains projets d’alimentation en eau en milieu urbain choisissent le statut d’entreprises de service public (mais à la fois comme propriétaires des actifs et opérateurs). D’autres, comme le projet du Nigéria évoluent vers un PPP. Au Rwanda, le recours aux PPP, comme alternative à la gestion communautaire, a contribué à l’entretien et à la maintenance efficaces des équipements, a, en général, amélioré la gestion administrative, technique et financière des systèmes d’approvisionnement en eau dans les districts. La non-convergence de ces dispositifs institutionnels est la preuve que la mise en place des institutions est un processus spécifique à chaque pays/projet.

Dans les projets dont les résultats ont été jugés satisfaisants, la réforme institutionnelle a été associée à la décentralisation et la création d’organes dotés de missions et responsabilités claires. La plupart des sociétés nationales de l’eau avaient tendance à être soutenues par des entreprises locales (semi-privées) entièrement responsables des opérations (services techniques et commerciaux) et de la gestion financière (collecte de fonds, contrats, investissements). L’évaluation a établi que la réussite de la décentralisation semble dépendre des efforts de renforcement des capacités institutionnelles à tous les niveaux de gouvernement et de l’existence de contrats de performance sans

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équivoque entre les services publics locaux et les échelons supérieurs.

Informations, connaissances et compétences de qualité et adéquates

Les projets jugés satisfaisants se sont montrés cohérents en ce qui concerne « l’information, les connaissances et les compétences techniques » et par conséquent, pour ce qui est de la qualité des caractéristiques techniques. L’influence de « l’information, des connaissances et des compétences techniques » est évidente à diverses étapes d’élaboration d’un projet : i) démontrer le bien-fondé du projet sur la base de l’analyse du problème et des leçons tirées ; ii) conceptualiser la logique interne du projet et l’exprimer dans une chaîne causale des résultats ; iii) études techniques détaillées ; iv) alignement de la taille et de la complexité du projet sur la capacité de mise en œuvre ; v) analyse adéquate des risques et des mesures d’atténuation ; vi) compétence et efficacité administratives, et vii) élaboration d’un système complet de suivi-évaluation qui produise des données en temps réel pour l’action.

Certains projets qui ont été jugés insatisfaisants ne présentaient pas de lacunes en ce qui concerne : i) les études techniques ; ii) l’adéquation entre la taille et la complexité du projet et les capacités de mise en œuvre, et iii) la conception du suivi afin de fournir des informations en temps réel pour l’action.

Facteurs environnementaux

Les facteurs environnementaux comme le climat, la topographie, le sol et l’eau ont une influence sur la conception, le financement et les performances des projets d’AEPA. Globalement, les projets d’AEPA ayant de meilleurs résultats

ont atténué leurs effets sur l’environnement et ont été conçus spécifiquement pour répondre à des préoccupations environnementales comme la dégradation des ressources en eau (par ex. l’envasement des lacs et rivières) et un approvisionnement en eau peu fiable à cause de la pluviométrie saisonnière (ou le débit des cours d’eau). Le terrain physique, le type de sol et l’hydrologie ont aussi une influence sur la portée et le financement des projets d’AEPA.

Par exemple, la dégradation d’un lac voisin, principale source d’eau pour Harar en Éthiopie, a nécessité le forage d’un puits dans une zone de faible altitude située à 75 Kms et la construction de lignes de transmission.

Facteurs communs aux projets jugés insatisfaisants

Certains facteurs transversaux communs aux projets évalués et dont les résultats sont jugés insatisfaisants ont été identifiés mais leur influence sur les résultats dépend du contexte du pays et des caractéristiques du projet (ex., âge, taille et complexité).

Guerre, jeu politique et politiques publiques

La stabilité politique a eu une énorme influence sur les progrès dans l’amélioration de l’accès aux services d’AEPA. Les pays stables à faible revenu réussissent mieux que les pays fragiles et riches en ressources naturelles. Pour certains projets aux résultats insatisfaisants, l’effet de la guerre sur les capacités institutionnelles et humaines a nui à la conception et la mise en œuvre du projet et, par conséquent, contribué aux mauvaises performances en matière d’AEPA. Lorsque le Libéria est sorti d’une guerre civile de dix ans, ses infrastructures d’AEPA étaient considérablement

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délabrées et ses capacités institutionnelles et humaines affaiblies.

Mis à part le Libéria, tous les gouvernements représentés dans la présente évaluation étaient dotés de politiques et réglementations sectorielles d’AEPA pour réformer le secteur avant l’élaboration des projets ; elles ont été conçues conformément aux politiques sectorielles. Les gouvernements étaient par ailleurs attachés aux objectifs du projet et se sont portés garants des emprunts extérieurs ; ils ont respecté les conditions des prêts et décaissements, se sont engagés à contribuer au financement des projets et appuyé les réformes institutionnelles. Toutefois, ces engagements se sont traduits en actions de manière inégale comme en témoignent les problèmes dans l’efficacité des prêts et/ou le déblocage des fonds de contrepartie dans les délais convenus.

Lenteur des réformes institutionnelles

Divers dispositifs institutionnels influencent directement ou indirectement les performances des projets : notamment la structure de gestion (par ex., un service public semi-autonome ou une entreprise privée réglementée), les associations communautaires, et les institutions du secteur privé comme les fournisseurs d’intrants, les consultants, les entrepreneurs, et les revendeurs informels d’eau. La lenteur des réformes institutionnelles, par exemple, pour la conclusion de PPP fonctionnels a été un facteur majeur dans les projets jugés insatisfaisants.

Inefficacité opérationnelle et non-rentabilité financière des projets d’AEPA

L’efficacité opérationnelle et la rentabilité financière ont une influence sur la réalisation

et la durabilité des objectifs du projet. Plusieurs facteurs limitent l’efficacité opérationnelle et la rentabilité financière des projets d’alimentation en eau : i) faibles recettes de vente du fait des insuffisances en termes de volume de branchement des consommateurs, d’enregistrement, d’installation de compteurs et de facturation ; ii) flexibilité insuffisante dans la grille tarifaire ; et iii) faibles capacités opérationnelles. Les entreprises de service doivent améliorer leur marge opérationnelle afin de financer les coûts d’exploitation et d’entretien, couvrir l’amortissement des nouveaux investissements et le service de la dette à échéance pour minimiser les arriérés.

Vu la régulation et la tarification de l’eau et la flexibilité limitée du secteur, la rentabilité financière passe par la réduction des inefficacités et l’augmentation des recettes. Avec des infrastructures d’eau améliorées (renforcement de la capacité de production et de distribution), les fuites d’eau vont à coup sûr se réduire. Le renforcement des institutions et des incitations devraient réduire la consommation d’eau impayée grâce à une hausse de la clientèle, l’amélioration de la facturation et du recouvrement des factures. Mais, de graves lacunes subsistent : i) absence de réseaux de distribution d’eau reliant les points de production et de consommation (par ex., le projet multi-États du Nigéria) ; ii) succès limité de certains projets dans l’approvisionnement des consommateurs en eau (les projets du Nigéria et de Dar es Salaam en Tanzanie ont pu approvisionner 25 % de la population cible malgré leurs réalisations importantes en matière de renforcement des capacités de production), et iii) importante quantité d’eau consommée non facturée et/ou factures non recouvrées.

Même si les tarifs de l’eau sont régulés en vue d’assurer un certain équilibre entre la maximisation des marges bénéficiaires

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d’exploitation (et  l’efficacité implicite des ressources) et accès aux services essentiels à un prix abordable, la tarification en vigueur sur les marchés informels de l’eau montre qu’il existe une marge de manœuvre pour l’augmentation des tarifs sans réduire significativement la consommation d’eau (généralement, l’eau est un produit inélastique par rapport au prix). Par exemple, comme le relève la note d’évaluation du RAP du projet urbain du Mozambique, la grille tarifaire en vigueur comporte des aspects du système de subventions croisées dans lequel les prix sont progressivement liés aux niveaux de consommation afin de protéger les plus défavorisés.

Une politique tarifaire permettant aux ménages les plus vulnérables de payer des factures abordables peut être adoptée en utilisant les mécanismes de subventions ciblées, un mécanisme de tarification fondé sur les dépenses récurrentes et adossé sur des conditions de paiement appropriées.

Les infrastructures physiques comme les routes doivent être améliorées pour surmonter ou au moins réduire les problèmes de livraison des services d’AEPA, la rareté des entrepreneurs, ou l’attraction d’une main-d’œuvre qualifiée comme les ingénieurs, la fournitures des intrants (par ex., pièces détachées pour l’entretien des installations communautaires d’AEPA) et l’absence des intermédiaires financiers. Comme l’attestent les expériences des projets d’approvisionnement en eau en milieu rural au Kenya, au Malawi, et au Mozambique, les défis posés par la fourniture des services sociaux de base sont, entre autres : i) la dispersion géographique de petites communautés ; ii) l’éloignement et l’accessibilité physique ; et iii) un secteur privé sous-développé avec des entrepreneurs privés, et une chaîne de valeurs des intrants.

Par ailleurs, la fourniture peu fiable d’énergie électrique affecte les performances des projets d’AEPA. Par exemple, l’utilisation de l’eau produite par le projet multi-États du Nigéria a été limitée par la fourniture très peu fiable d’électricité dans ce pays. Les performances relativement mauvaises de ce projet en ce qui concerne la fourniture d’eau aux infrastructures d’eau a été principalement le résultat des effets combinés des investissements insuffisants dans l’extension et l’entretien des canalisations et du réseau de distribution, la fourniture peu fiable d’électricité, et les prix élevés du carburant pour le fonctionnement des groupes électrogènes. De même, les surtensions électriques ont endommagé les pompes et les équipements dans les villes de district au Mozambique (projet urbain), ce qui a entraîné une rupture de l’approvisionnement en eau. Ces mêmes problèmes ont nécessité l’intégration de la fourniture d’électricité au projet de Kigali au Rwanda.

Faibles compétences techniques des partenaires de projet

Certains projets ayant enregistré des résultats insatisfaisants manquaient de capacités de mise en œuvre adaptées à la taille et à la complexité des projets. Dans la plupart des cas, la Banque s’est trouvée aux prises avec les capacités limitées des ONG, gouvernements, et institutions privées. Dans ces cas, il n’y a pas eu une bonne estimation des capacités à la phase de préparation, étant donné, par exemple, que les hypothèses émises sur les capacités disponibles qui se sont révélées inexactes par la suite (par exemple, la durée de la mise en œuvre du projet ou le rythme des réformes institutionnelles, ou la sous-estimation du temps nécessaire pour la passation des marchés de travaux et de services). Certains projets ont remis l’évaluation des capacités

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à la phase d’exécution et ont dû être restructurés et recalibrés, ce qui a souvent retardé la mise en œuvre. En bref, ces projets ont été mal préparés.

Non-respect des délais

Les activités de démarrage sont particulièrement importantes si l’on veut assurer la conformité de la mise en œuvre aux conditions et exigences des prêts et aux spécifications techniques et financières arrêtées à la phase de préparation.

Disposer de données financières et techniques exactes dès l’entame du projet a un impact considérable sur le respect du calendrier. En général, les calendriers des projets ont été trop optimistes, surtout en ce qui concerne la passation des marchés, la soumission des offres, et les études techniques. Plusieurs calendriers ont montré l’importance de l’amélioration des détails et de la qualité des estimations de coûts pendant la phase de conception, compte tenu de l’instabilité des prix des intrants et des services, ainsi que du taux de change.

Plusieurs projets ont démontré que le respect du calendrier d’exécution du portefeuille de projets de la Banque a été négativement affecté à l’étape du lancement. En général, les retards naissent immédiatement si la Banque ne lance pas promptement les projets en organisant des missions de lancement juste après l’approbation du prêt.

Suivi-évaluation insuffisant

La conception du suivi-évaluation doit refléter le cadre logique, et surtout la chaîne des résultats. Une

chaîne des résultats bien définie permet d’identifier les activités, les résultats et effets principaux, de préciser les indicateurs et leurs niveaux cibles, et de produire les données de référence pour évaluer les indicateurs à l’entrée, afin d’évaluer les performances et influencer les décisions touchant à la mise en œuvre.

Les plans de S&E des projets sont jugés de 1) mauvais à 2) moyens parce que pour la plupart, ils manquent un cadre logique précis et les restreignent à quelques indicateurs. Par exemple, la note d’évaluation du RAP du projet urbain du Mozambique a utilisé des indicateurs du plan de suivi-évaluation qui ne couvraient que partiellement les indicateurs de résultats pour le volet eau et aucun indicateur pour les volets assainissement et réformes institutionnelles. Dans certains projets, même des indicateurs incomplets manquaient de données de référence et la fiabilité des données était douteuse.

La mise en œuvre du système de suivi-évaluation nécessite la mise en place de certains dispositifs institutionnels, du personnel et de systèmes d’incitations adéquats, ainsi que la collecte et la conversion de données en un système d’information utile. Aucun des projets n’a eu une dotation en personnel ou de système d’incitations adéquat. La collecte de données n’a pas été effectuée en temps utile et la majorité des projets n’ont pas été évalués à mi-parcours. Les données collectées ont été utilisées principalement pour l’élaboration des rapports sur les performances et la passation des marchés, ainsi que les intrants et les extrants des projets. Par ailleurs, on ignore quel a été l’impact des données de ces rapports sur la prise de décisions touchant à la mise en œuvre et aux résultats des projets.

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53Conclusions et leçons apprises

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Conclusions et leçons apprises

La transformation structurelle nécessite une nouvelle approche passant par des changements profonds de comportement des divers acteurs du secteur. La présente publication a résumé les principaux défis, les pratiques et solutions novatrices, ainsi que les facteurs de réussite de l’AEPA en zones urbaines, périurbaines, et rurales en s’appuyant sur l’expérience des projets mis en œuvre dans plusieurs pays.

Pour reproduire l’une des solutions ou relever l’un des défis décrits dans ce rapport, chaque projet doit refléter son contexte et les principaux intervenants doivent se l’approprier. La réussite et la durabilité nécessitent une approche holistique fondée sur le renforcement des compétences et des modèles durables de développement intégré. Pour trouver des solutions aux défis posés par les projets d’AEPA, nous devons les comprendre de manière holistique.

Leçons apprises

Les leçons et pratiques ci-après sont tirées des projets innovants ayant donné la preuve de leur succès et produit des effets, et susceptibles d’être reproduits.

Facteurs déterminants des théories du changement des interventions d’AEPA

❙ L’intégration de l’approvionnement en eau potable, de l’assainissement et de l’éducation sanitaire, un aspect essentiel de la conception de la majorité des projets, promet de générer des avantages dont l’ensemble dépasse la somme des avantages des différents volets en raison de leur complémentarité. La durabilité des projets peut être améliorée en envisageant de grands projets

intégrés et à objectifs multiples d’alimentation en eau potable contribuant au développement régional des ressources hydriques au lieu de projets individuels de petite taille.

❙ Il faut trouver le juste équilibre entre l’investissement dans les volets alimentation en eau potable, assainissement et éducation sanitaire afin de maximiser les résultats et effets. De même, les investissements dans chacun des volets doivent être aussi parfaitement équilibrés, c’est-à-dire entre la production, la distribution et les branchements au réseau d’approvisionnement en eau, ainsi que des mesures d’appui institutionnel. Une approche holistique permet d’éviter des doubles ou multiples investissements ainsi qu’un développement du secteur à double ou multiple vitesses.

❙ Les institutions conçues suivant les principes de participation du secteur privé, de commercialisation de l’eau, et de viabilité financière démontrent un certain degré de préparation.

❙ Les composantes des projets doivent être séquencées de manière appropriée lorsque la capacité de mise en œuvre est limitée. Par exemple, construire des institutions tout en investissant dans les infrastructures d’AEPA et la fourniture des services met sous pression des capacités insuffisantes de mise en œuvre et diminue ainsi l’efficacité des performances.

❙ Pour l’efficacité des projets d’assainissement en milieu urbain, une approche chaîne de valeurs et la réutilisation peuvent générer des ressources supplémentaires pour couvrir les grosses charges récurrentes.

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54 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

❙ L’efficacité du renforcement des capacités constitue l’un des facteurs clés de réussite des interventions d’AEPAR. De même, les efforts de renforcement des capacités institutionnelles à tous les niveaux de gouvernement ainsi que l’élaboration de contrats de performance clairs entre les collectivités décentralisées et les ministères sont un facteur de réussite.

Le renforcement des capacités sectorielles est un effort de long terme et dans la majorité des cas, il va au-delà de la durée du projet d’AEPA et nécessite par conséquent l’élaboration de politiques à long terme.

❙ L’innovation n’est pas seulement technologique, elle peut être aussi comportementale ou communautaire. Par exemple, au Rwanda, l’interdiction de l’usage de sacs plastiques a permis de faire de Kigali l’une des villes les plus propres au monde. D’autres pays (Côte d’Ivoire, Congo, et Mali) ont suivi cet exemple avec plus ou moins de succès.

Qualité à l’entrée (QaE)

❙ La conception des projets, notamment les détails techniques doivent être minutieusement précisés afin de minimiser le redimensionnement à cause des défauts de conception constatés à la phase d’évaluation ou de produire des résultats sous-optimaux (par ex., un pourcentage élevé de puits ont été pollués par la forte teneur de l’eau en fer en zones rurales en Zambie).

❙ Une bonne évaluation des capacités de mise en œuvre et le redimensionnement de la taille des projets et leur complexité au niveau de l’évaluation ex-ante, ou l’élaboration d’une stratégie d’atténuation pouvant être mise en œuvre améliorent considérablement la qualité à l’entrée des projets (institue le réalisme dans la mise en œuvre des projets).

❙ La conception du système de suivi-évaluation reflète les détails de la logique interne d’un projet comme le précisent l’énoncé des objectifs, la chaîne des résultats, les hypothèses, et les risques. Lorsque ces éléments sont incomplets, la conception du système de suivi-évaluation est incomplète et la valeur de sa mise en œuvre et des informations générées sont partielles.

Partenariat public-privé

❙ Les conditions de participation du secteur privé ne sont généralement pas réunies en milieu rural. Les institutions communautaires pourraient être propriétaires des actifs, gérer et financer les projets dans ces cas, mais le processus de mise en place de ces institutions est lent et passe par la sensibilisation, la mobilisation, et le fait de s’assurer de la volonté de participer, y compris au financement de l’exploitation et de l’entretien.

❙ La délégation de la gestion des réseaux d’approvisionnement en eau potable en milieu rural à des opérateurs privés, en tant qu’alternative à la gestion communautaire n’est avantageuse que s’il existe une concurrence saine et un système efficace de suivi de la qualité des services et des tarifs appliqués.

❙ La participation du secteur privé dépend de ses capacités techniques et financières, de sa tolérance du risque (mesure dans laquelle il est prêt à prendre le risque lié à la détention des actifs et au financement de l’exploitation et de l’entretien) et le système d’incitation (avantages attendus du partenariat). Au cas où les capacités et la tolérance au risque sont faibles, le secteur privé peut toujours participer à la fourniture de services d’AEPA.

❙ Les revendeurs d’eau jouent un rôle important aux yeux du consommateur : multiplication des

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canaux d’accès à l’eau, accessibilité, et dispositif de paiement convenables. Les réformes institutionnelles ont le défaut de ne pas intégrer les revendeurs d’eau dans les systèmes d’approvisionnement en milieu urbain (ou, au moins leurs caractéristiques).

❙ Pour fournir des services d’AEPA de manière durable, le recouvrement des coûts doit être examiné de manière systématique et stratégique. La fixation d’un tarif régulé dépend de l’objectif visé, à savoir couvrir les coûts d’exploitation et d’entretien, les charges d’amortissement en plus du service de la dette (si le financement du projet passe par un endettement). La prime augmente progressivement à chaque niveau.

Durabilité

❙ La participation efficace de la communauté à l’AEPA en zones urbaines et périurbaines est essentielle pour une meilleure appropriation, le succès de la mise en œuvre et la durabilité des infrastructures et des résultats de l’AEPA.

La non-appropriation des projets par les intervenants est le reflet des insuffisances de la conception des projets d’AEPA.

❙ Un processus participatif efficace lors de la phase de conception d’un projet est important

pour une meilleure identification des besoins et la sélection des technologies les mieux adaptées aux conditions locales afin de garantir la durabilité des résultats. Le choix des technologies adaptées d’AEPA facilite la faisabilité, l’exploitation et l’entretien, qui ont un rôle capital à jouer dans la durabilité

❙ Des tarifs élevés garantissent la rentabilité et la durabilité du projet, mais réduit la demande d’eau des ménages à faible revenu. L’une des stratégies pour gérer les arbitrages entre efficacité et accessibilité, comme on l’a fait dans l’un des projets évalués, consiste à combiner les tarifs progressifs liés aux niveaux de consommation d’eau avec des subventions ciblant la tranche inférieure de consommation.

❙ La prise en compte de la durabilité environnementale dans la conception des projets est susceptible d’avoir de plus en plus d’influence sur la réussite au fil du temps.

❙ En plus de la disponibilité du personnel, des ressources managériales et financières, les mesures d’incitation améliorées jouent un rôle fondamental dans la motivation du personnel du projet et le renforcement de l’efficacité managériale, c’est-à-dire en réduisant le roulement du personnel et en produisant des résultats de qualité.

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S’agissant de la durabilité, cette publication soutient qu’une participation effective de la communauté à l’AEPA en zones rurales et périurbaines, en particulier, est essentielle pour une meilleure appropriation, la mise en œuvre réussie et la durabilité des équipements et des résultats de projets. La non-appropriation par les intervenants est le reflet d’une mauvaise conception des projets.

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Annexes

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58 Approvisionnement en eau potable et assainissement en Afrique : conclusions, leçons et bonnes pratiques pour de meilleurs résultats

Annexe 1 — Projets évalués

Pays Intitulé du projet Zone

Éthiopie Etude du système de drainage et de l’irrigation du Nil oriental Rurale

Kenya Projet d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement de la vallée du Rift Urbaine

Libéria Projet de réhabilitation des réseaux d’eau potable et d’assainissement de Monrovia Urbaine

Madagascar Projet d’approvisionnement en eau potable et assainissement en milieu rural dans le Grand Sud Rurale

Malawi Projet intégré d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement en milieu rural pour Ntchisi et Mzimba

Rurale

Mauritanie Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Nouakchott Aftout Essahli » Urbaine

Maroc Huitième projet d’alimentation en eau et d’assainissement Urbaine

Septième projet d’alimentation en eau et d’assainissement Urbaine

Mozambique Projet d’alimentation en eau et d’assainissement en milieu urbain et d’appui institutionnel Urbaine

Projet intégré d’alimentation en eau et d’assainissement pour les provinces de Niampula et Niassa (ASNANI)

Rurale

Réhabilitation de l’alimentation en eau à Maputo Urbaine

Nigéria Premiers projets multi-États d’alimentation en eau Urbaine

Rwanda Programme national d’eau et d’assainissement en milieu rural - PNEAR (Phase de lancement) Rural

Sénégal Initiative de la BAD pour l‘alimentation en eau et l’assainissement en milieu rural - Sous-programme de lancement

Rurale

Projet d’assainissement de la ville de Dakar (PAVD) UrbaineZambie Projet d’alimentation en eau et d’assainissement de la province centrale Urbaine

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1. Entité contrôlée par l’État mais de type industriel ou commercial.

2. L’organisation a été sacrée « Employeur de l’année 2003 pour l’éthique et la responsabilité sociale » et elle a reçu une fois de plus la médaille d’or pour l’excellence dans la gestion en juin 2004 et le prix de l’employeur de l’année 2004 pour ce qui est de la « gestion de la productivité et de la performance ». En 2005, l’organisation reçu le prix « URAVantage Award » décerné par la Uganda Revenue Authority (URA) pour le respect de ses obligations fiscales à l’occasion de la Journée de remerciement des contribuables. En 2007, la NWSC a été désignée comme l’entreprise la plus respectée dans le secteur des services en Afrique de l’Est. En 2014, elle a remporté la médaille d’or européenne pour la qualité et le prestige commercial, le prix Global Water Leaders Award, et le prix du meilleur service public africain de l’eau. En 2015, elle a été encore désignée meilleur service public africain de l’eau.

3. Basé sur un échantillon de 104 projets et études sélectionnés parmi 244 projets et études d’alimentation en eau et d’assainissement finances par la Banque jusqu’en 2002.

4. http://www.tetratechintdev.com/index.php?option=com k2&view=item&id=444:suwasa&Itemid=55&lang=us

5. Programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales

6. Le Maroc est un pays où l’eau est rare et il fait face à la diminution des ressources en eaux souterraines, avec une forte dépendance à l’égard de l’agriculture pluviale. En 1994, le taux d’accès à l’eau potable en zones rurales était seulement de 14 %. Les principaux défis et difficultés sont notamment : i) l’analphabétisme qui complique la transmission des messages sur l’adhésion aux installations et leur gestion ; ii) la pauvreté, étant donné que dans le cadre de l’exploitation des installations, la fourniture d’eau potable est généralement perçue comme une nouvelle charge plutôt qu’une solution ; iii) l’absence de documents de planification urbaine et spatiale ; iv) le faible retour sur investissement comparativement aux zones urbaines (investissements élevés comparativement aux faibles volumes d’eau vendue) et ; v) les difficultés croissantes dans la gestion d’installations de plus en plus dispersées et d’accès difficile, entraînant ainsi une hausse du déficit d’exploitation.

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À propos de cette publication

Cette publication présente le résumé des innovations, bonnes pratiques, et leçons tirées de récentes évaluations entreprises par la Banque africaine de développement, les gouvernements et d’autres partenaires au développement, met en lumière les bonnes pratiques et les innovations émergentes et réfléchit aux leçons clés des exemples de réussite et d’échec.

Elle s’inspire i) d’une étude documentaire des rapports d’évaluation de 18 projets d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement financés par la Banque africaine de développement entre 2010 et 2012, ainsi que des résultats des évaluations réalisées par d’autres partenaires au développement engagés dans des projets d’approvisionnement en eau et d’assainissement en Afrique, et ii) des échanges effectués durant l’atelier régional organisé par la BAD au Maroc en novembre 2013 pour le partage des expériences en matière d’évaluation des projets et programmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

En échangeant avec les acteurs du développement sur les réussites et les échecs afin d’accroître durablement l’accès à l’eau potable et à l’assainissement de base, la publication entend contribuer à l’ensemble des connaissances dans ce domaine, ainsi qu’au programme de croissance inclusive et verte de la BAD. Enfin, elle vise à encourager les ministres en charge de ce secteur, les responsables des services publics de l’eau et des offices de l’eau, les consultants et les partenaires au développement à réfléchir à des solutions novatrices aux défis de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement en milieux urbain et rural.