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IMAGERIE DES ADÉNOPATHIES CERVICALES CHRONIQUES S. Jerbi Omezzine, M. Barhoumi, I. Mezhoud, N. Ben Hmida 1 , N. Driss 1 , H. Hamza. Services d’imagerie médicale et 1 d’ORL CHU Tahar Sfar Mahdia- Tunisie

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IMAGERIE DES ADÉNOPATHIES

CERVICALES CHRONIQUES

S. Jerbi Omezzine, M. Barhoumi, I. Mezhoud, N. Ben Hmida1,

N. Driss1, H. Hamza.

Services d’imagerie médicale et 1d’ORL CHU Tahar Sfar Mahdia- Tunisie

Les adénopathies cervicales représentent un motif fréquent

de consultation en ORL.

Elles imposent une prise en charge diagnostique et théra-

peutique bien codifiée.

INTRODUCTION

Les étiologies sont multiples et sont dominées par les origines

tuberculeuse et métastatique.

L’imagerie tient une place centrale dans la prise en charge et

le suivi des patients en cancérologie ORL.

Le radiologue doit connaître l’anatomie des différentes

chaînes ganglionnaires ainsi que les signes de malignité.

- Connaître le rôle de l'imagerie dans la caractérisation

sémiologique des adénopathies cervicales et la

sectorisation des adénopathies selon la classification

ganglionnaire internationale.

- Connaître les aspects morphologiques suggérant la

présence d'un envahissement ganglionnaire tumoral

en imagerie.

- Connaître les limites de l'imagerie morphologique

dans l'exploration des adénopathies cervicales.

Objectifs

Etude rétrospective colligée aux services d’imagerie

médicale et d’ORL de l’hôpital Tahar Sfar de Mahdia durant

une période de dix ans allant de 1999 à 2008.

Durant cette période d’étude, 114 patients présentant des

adénopathies cervicales chroniques diagnostiquées dés le

premier examen à l’admission ont été inclus.

Ont été exclus de l’étude les cas d’adénopathies qui

avaient été diagnostiquées et suivies à la consultation

externe, ne nécessitant pas d’hospitalisation et les

adénopathies d’origine inflammatoire sans cause

spécifique.

PATIENTS ET METHODES

L’échographie cervicale a été pratiquée chez 97 malades,

soit 85% des cas.

Scanner cervical a été pratiqué chez 25 patients.

L’examen cytologique était pratiqué dans 21 cas. Les

résultats étaient non significatifs dans 6 cas. Pour les

autres cas, la cytoponction avait conclu dans plus que la

moitié des cas à un aspect en faveur d’une tuberculose

ganglionnaire.

Biopsie ganglionnaire et examen anatomopathologique

91 patients ont eu une biopsie ganglionnaire.

RESULTATS

Répartition selon l’âge

L’âge moyen de nos patients était de 39,5 ans avec des

extrêmes allant de 3 à 87 ans. La tranche d’âge la plus touchée

était située entre 10 et 40 ans (45,6%)

Répartition selon le sexe

Il s’agissait de 60 hommes et 54 femmes, soit un sex-ratio

de 1,1.

Taille

Dans la majorité des cas (48,2% des cas), la taille de ces

adénopathies était inférieure ou égale à 3 cm. Les

adénopathies étaient de taille supérieure à 6 cm chez 14

malades, soit 12,3% des cas.

Mobilité

Le caractère mobile des adénopathies a été trouvé dans 86 cas

(75,4%).

Consistance

Les adénopathies cervicales étaient de consistance ferme dans

80 cas (70,2%).

Signes inflammatoires

Les adénopathies étaient associées à des signes inflammatoires

dans 16 cas (14%).

Nombre et latéralité

Le nombre des adénopathies était variable.

Nous avons constaté une multiplicité des sièges des adénopathies

cervicales dans 61 cas. Dans 31 cas, ces adénopathies étaient

unilatérales et dans 30 cas, elles étaient de localisation bilatérale.

Dans 53 cas (46,5%), il s’agissait d’une adénopathie unique.

Siège

La localisation au secteur IIA (localisation sous digastrique)

représentait 27,2% des localisations (31 cas). Ces adénopathies

étaient trouvées d’une façon isolée au niveau de ce secteur dans

14 cas.

La localisation aux secteurs III et IV était notée dans 46 cas en

général, soit un pourcentage de 40,35% des localisations.

La localisation au secteur III (localisation sus omo-hyoïdienne ou

jugulo carotidienne moyenne) était dans 9 cas et au secteur IV

dans 14 cas et ceci d’une façon isolée.

Le territoire spinal, représenté par le secteur IIB (retro-spinale) et le secteur

V (triangle postérieur), avait été envahis dans 33 cas (29% de toute les

localisations) dont 11 étaient isolées. Dans 22 cas (19,3% des cas) il y avait

une atteinte du territoire sus claviculaire ; ceci était de manière isolée dans

16 cas. La localisation au secteurI (sous mento-mandibulaire) était présente

dans 29 cas (25,4%).

Différentes localisations des ADP cervicales. Le caractère

unique figure entre parenthèse

L’échographie cervicale a été pratiquée chez 97 malades, soit 85%

des cas. Elle a confirmé la présence des adénopathies cervicales

qui se présentaient sous forme de :

- Formation hypoéchogène à contour net et régulier bien limité dans

70 cas, soit 72% des cas.

- Une formation hypoéchogène contenant une zone liquidienne

dans 22 cas, soit 22,7% des cas.

- Une formation hétérogène dans 59 cas, soit 61% des cas.

- Un magma ganglionnaire dans 9 cas, soit 9,3% des cas.

- Des adénopathies contenant des calcifications fines et multiples,

dans 6 cas.

- Des formations vascularisées dans 6 cas. Cette vascularisation

était périphérique dans la moitié des cas et pédiculé dans les 3 cas

restants.

- La taille moyenne de toutes les adénopathies était de 3.4 cm.

Examen radiologique

Echographie cervicale

Echographie cervicale: ADP kystique latéro cervicale

droite. Tuberculose ganglionnaire

Echographie cervicale: ADP du secteur III droit; ovalaire

hypoéchgène homogène mesurant 2 cm de grand axe.

Maladie de Hodgkin

Echographie cervicale: ADP du secteur IB,

hypoéchgène à contours nets mesurant 2 cm de grand

axe. Lymphome non Hodgkinien.

Scanner cervical

Il a été pratiqué chez 25 patients. Il a mis en évidence une

ADP kystique dans 15 cas, soit 60% des cas.

La localisation la plus fréquente était au niveau du secteur

III (jugulocarotidienne moyenne) (68% des cas).

Les adénopathies décelées par le scanner étaient multiples

dans 72% des cas, avec un caractère bilatéral dans la

moitié de ces cas.

La taille moyenne de ces adénopathies était de 3,5 cm.

TDM cervicale dans le plan axial sans (a) et avec injection de produit de contraste (b). ADP latéro cervicale droite avec une large composante kystique et contient des calcifications (flèche). Tuberculose

ganglionnaire

TDM cervicale dans le plan axial. Agglomérat d’ADP des secteurs III et V gauche, de 4 cm de grand axe, hypodense contenant une plage de nécrose (flèche). ADP métastatiques d’un cancer du cavum.

Pièce opératoire

Vue per opératoire: volumineuse ADP

du secteur III d’origine métastatique.

Cytologie

L’examen cytologique était pratiqué dans 21 cas.

Les résultats étaient non significatifs dans 6 cas.

Pour les autres cas, la cytoponction avait conclu dans plus

que la moitié des cas à un aspect en faveur d’une

tuberculose ganglionnaire.

91 patients ont eu une biopsie ganglionnaire. Il s’agissait

d’une adénectomie sous anesthésie locale dans 26% des

cas et d’une cervicotomie exploratrice sous anesthésie

générale dans 74% des cas.

Biopsie ganglionnaire et examen anatomopathologique

L’examen anatomopathologique des adénopathies a

confirmé la nature tuberculeuse dans 42 cas.

Une hémopathie, a été mise en évidence par l’examen

anatomopathologique dans 26 cas ; il s’agissait de maladie

de hodgkin dans 15 de ces cas et d’un lymphome non

hodgkinien (LNH) dans 11 cas.

Histopathologie

Résultat de l’examen anatomopathologique des adénopathies

Les différentes étiologies des adénopathies

Les étiologies retrouvées chez nos malades étaient dans la

majorité des cas:

- une tuberculose ganglionnaire

- une origine métastatique.

Diagnostic final

En ce qui concerne les métastases ganglionnaires d’un

cancer profond, il s’agissait :

- d’une métastase d’un adénocarcinome mammaire

dans un cas,

- d’une métastase d’un adénocarcinome pulmonaire

dans deux cas,

- d’une métastase d’un carcinome à petite cellule

pulmonaire dans trois cas.

DISCUSSION

Une adénopathie est l'augmentation de volume d’un

ganglion. On considère classiquement qu’un ganglion est

pathologique si sa taille est supérieure à 1 cm.

La chronicité est définie par une évolution depuis plus de 3

semaines.

Toute adénopathie cervicale évoluant depuis plus d’un mois

nécessite une prise en charge diagnostique et thérapeutique.

La démarche diagnostique est différente selon qu'il s'agit

d'une adénopathie isolée (ou de plusieurs adénopathies mais

dans une seule aire ganglionnaire) ou d'adénopathies

présentes dans plusieurs aires ganglionnaires

(polyadénopathie).

I- Définition

Il peut s'agir d'une ou plusieurs adénopathies superficielles

ou plus rarement d'adénopathies profondes, médiastinales

ou intra-abdominales.

Une adénopathie peut résulter d’une infection

locorégionale, d’une infection générale, d’une stimulation

immunologique anormale (maladies auto-immunes), d’un

envahissement métastatique ou d’une hémopathie

lymphoïde maligne .

II- Rappel et classification

1. Rappel anatomique

Les chaînes ganglionnaires cervicales peuvent être schématisées

en plusieurs groupes: Il existe des groupes situés au voisinage de

la mandibule et des groupes latéraux.

Les groupes situés au voisinage de la mandibule comprennent :

– Les ganglions sous-mentaux qui sont situés entre les ventres

antérieurs des deux muscles digastriques, un peu en arrière du

menton.

– Les ganglions sous-mandibulaires sont situés dans la loge de la

glande sousmandibulaire.

– Les ganglions mastoïdiens sont situés en regard de l’apophyse

mastoïde.

– Les ganglions parotidiens sont situés dans la loge parotidienne.

Ils peuvent soulever le lobule de l’oreille.

Les groupes latéraux constituent le triangle décrit par

Rouvière qui comprend :

– Un côté antérieur formé par la veine jugulaire interne et ses

ganglions lymphatiques satellites.

– Un côté postérieur constitué par la chaîne spinale.

– Une base correspondant à la chaîne cervicale transverse.

– Les ganglions sous-digastriques sont situés en dessous du

ventre postérieur du muscle digastrique, juste sous l’angle de

la mandibule. Le plus volumineux est appelé ganglion de

Kuttner.

– Les ganglions sus-omohyoïdiens sont situés au-dessus du

ventre antérieur du muscle omohyoïdien, le long de la veine

jugulaire interne.

– La chaîne ganglionnaire spinale est satellite de la branche

externe du nerf spinal. On décrit des ganglions spinaux hauts,

moyens et bas. Les ganglions rétro spinaux sont situés au-

dessus de la branche externe du nerf spinal.

– La chaîne ganglionnaire cervicale transverse s’étend le long

de l’artère cervicale transverse et correspond à la région sus-

claviculaire. Le ganglion susclaviculaire gauche s’appelle le

ganglion de Troisier.

Deux autres chaînes ganglionnaires sont à décrire :

– La chaîne cervicale antérieure qui réunit la région sous-

mentale au creux sus sternal.

– La chaîne cervicale postérieure qui descend de l’occiput, le

long du plan musculaire postérieur, au niveau de la nuque et

se draine dans la chaîne cervicale transverse.

1. Ganglions occipitaux ; 2. Chaîne du nerf spinal ; 3. Chaîne cervicale transverse ; 4. Chaîne jugulaire antérieure ; 5. Chaîne jugulaire interne (ganglionssus omohyoïdiens) ; 6. Ganglions sous digastriques ; 7. Ganglions sous-maxillaires ; 8. Ganglions sous-mentaux ; 9. Ganglions parotidiens ; 10. Ganglions faciaux.

Les principales aires

ganglionnaires cervicales

Une classification radio-chirurgicale a été progressivement

élaborée à partir de repères anatomiques fixes et des limites

chirurgicales de l’évidement cervical radical.

Cette classification engendre un double impact: scientifique

d’une part, car la standardisation est nécessaire à la

comparaison des résultats entre différentes équipes, dans le

cadre d’études multicentriques et de méta-analyses et,

clinique d’autre part, avec une approche plus ciblée, plus

précise de l’envahissement ganglionnaire. Elle permet

d’uniformiser la communication entre différents spécialistes.

2. Classification

A. Anatomie 1. Muscle digastrique ; 2. muscle mylo-hyoïdien ; 3. os hyoïde ; 4. muscle omo-hyoïdien ; 5. cartilage cricoïde ; 6. artère carotide primitive droite ; 7. manubrium ; 8. glande sub mandibulaire ; 9. veine jugulaire interne ; 10. artère carotide interne ; 11. muscle sterno-cléido-

mastoïdien ; 12. Muscle trapèze ; 13. scalène antérieur ; 14. artère carotide primitive

gauche.

B. Niveaux ganglionnaires

et leurs limites anatomiques 1. Bord inférieur de l’os hyoïde 2. bord inférieur du cartilage

cricoïde ; 3. bord supérieur du manubrium; 4. foramen jugulaire ; 5. bord postérieur de la glande

submandibulaire ; nerf accessoire ;

6. artère carotide primitive gauche

On reconnaît dans le cou plusieurs groupes ganglionnaires.

La nomenclature internationale proposée par une

conférence de l’American Academy of Otolaryngology Head

and Neck Surgery, en 1991, précise ces groupes qui

correspondent à des territoires de drainage précis.

Groupe sous-mento-mandibulaire

Il correspond à la terminologie du groupe I de la nomenclature

internationale. Il draine les régions des lèvres, de la pyramide

nasale, du plancher buccal et de la langue mobile. La région sous-

mandibulaire contient la loge sous- mandibulaire dans laquelle se

situe principalement la glande sous-mandibulaire. Les ganglions

sous-mandibulaires sont toujours situés sous le bord inférieur de la

mandibule ou légèrement en dehors de ce bord inférieur et toujours

à la face externe de la glande sous-mandibulaire.

D’avant en arrière, on décrit les groupes préglandulaires,

prévasculaires, rétrovasculaires (par rapport aux vaisseaux faciaux)

et rétroglandulaires.

Territoire sous-digastrique ou jugulocarotidien supérieur

Le territoire sous-digastrique et le groupe rétrospinal sont réunis

dans le groupe II de la nomenclature. La région sous-digastrique est

limitée en avant et en haut par le bord inférieur du ventre postérieur

du muscle digastrique .

Groupe sus-omohyoïdien ou jugulocarotidien moyen

Il correspond au territoire III.

La région sus-omohyoïdienne se situe audessus et à cheval du

tendon intermédiaire du muscle omohyoïdien au moment où celui-

ci croise en avant et en dehors la veine jugulaire interne. Les

tuméfactions de cette région sont dues le plus souvent à des

adénopathies, qu’elles soient situées en avant de la veine jugulaire

interne ou en arrière de celle-ci. Il draine l’oro- et l’hypopharynx, le

larynx, la cavité buccale et la glande thyroïde.

Groupe jugulocarotidien inférieur ou territoire IV

Il contient essentiellement des ganglions pré- et rétrovasculaires.

Ses rapports sont très étroits avec le lobe latéral du corps thyroïde.

Il draine le larynx, l’hypopharynx, la glande thyroïde et les

territoires thoraciques et abdominogénitaux par l’intermédiaire du

canal thoracique.

Groupe cervical transverse et spinal

Il correspond au triangle postérieur du cou (V). Il est limité en

arrière par le bord antérieur du muscle trapèze et en avant par la

ligne sterno-cléidomastoïdienne. Il est parcouru essentiellement

par la branche externe du nerf spinal, après son émergence du

muscle sterno-cléido-mastoïdien. Le long du nerf court la chaîne

ganglionnaire spinale. Le bord inférieur de ce triangle est formé

par la clavicule au-dessus de laquelle cheminent les vaisseaux

cervicaux transverses, accompagnés de la chaîne cervicale

transverse ou susclaviculaire.

Les ganglions drainent la région parotidienne, le rhino et

l’oropharynx pour la chaîne spinale et les organes thoraciques et

abdominogénitaux pour la chaîne cervicale transverse.

Territoire VI

Il correspond aux ganglions préviscéraux étendus de la région

sous-mentale aux groupes prétrachéaux en passant par le

ganglion prélaryngé.

Les ganglions prélaryngés drainent le larynx.

J Radiol 2008;89:1020-36.

Niveau I et II. Description chirurgicale

Niveau I et II.

Description

radiologique

Niveau III et IV. Description chirurgicale

Niveau III, IV, V et VI.

Description radiologique

Niveau III et IV.

Description

chirurgicale

Niveau V , VI.

Description

radiologique

3.1- Echographie cervicale

3. Imagerie

L'échographie représente l'examen morphologique le plus simple et

le moins coûteux. La sensibilité de cet examen s’est bien améliorée

depuis l'avènement des sondes à haute fréquence (7,5 MHz), voire

à très haute fréquence (13 MHz) permettant d'obtenir une définition

remarquable. L’échographie cervicale a donc pour intérêt de

confirmer le diagnostic d’adénopathie cervicale, de préciser sa

forme et son siège ainsi que ses rapports avec les gros vaisseaux,

de chercher certains signes de suspicion de malignité et de dépister

d'autres adénopathies infra cliniques. L’examen au Doppler permet

d’étudier la vascularisation de l’adénopathie.

L’échographie explore en même temps les loges thyroïdiennes,

sub mandibulaires et parotidiennes.

Les adénopathies peuvent avoir différents aspects

échographiques en fonction de l’échogénicité, de l’homogénéité,

de la forme et de la vascularisation centrale et périphérique:

- des formations hypoéchogènes par rapport au muscle adjacent

avec un hile hyperéchogène et de forme ovalaire dans la forme

typique.

- des formations liquidiennes anéchogènes à paroi fine, sans

composante échogène.

- des formations solides, le plus souvent hypoéchogène.

- des formations mixtes à la fois solides et liquidiennes.

On peut noter des macrocalcifications avec ombre acoustique

postérieure et des microcalcifications détectables seulement en

très haute fréquence.

L’échographie permet de différencier les ganglions réactionnels

des ganglions métastatiques avec une excellente sensibilité

(95%).

Les principales caractéristiques des adénopathies, que

l’examen échographique peut fournir sont :

C’est le principal critère utilisé. En matière d’échographie, la

définition d’un seuil de taille suggérant la malignité est difficile.

Certains auteurs préfèrent fixer ce seuil à 1 cm afin de lui

conserver une bonne spécificité.

La taille moyenne des adénopathies cervicales malignes dans

notre série était de 3.4 cm.

La forme et le rapport S/L (short axis/Long axis):

La forme ovale évoque généralement une pathologie bénigne

telle que la tuberculose et la forme ronde est plutôt en faveur

d’une affection maligne.

La taille des adénopathies

L’analyse des dimensions ganglionnaires est donc très

importante : d’une façon générale, un diamètre axial

minimum de plus de 8 mm et un rapport de Solbiati (L/S)

ayant une valeur inférieure à 1,5 signent presque toujours

une étiologie maligne.

L’échogénicité centrale

Les adénopathies réactionnelles bénignes ont fréquemment

un hile hyperéchogène. En effet, le caractère homogène avec

un centre anéchogène en rapport avec la présence de

nécrose sont généralement en faveur d’une tuberculose.

Par contre, les adénopathies d’origine métastatique peuvent

avoir un centre anéchogène en rapport avec une nécrose de

coagulation. Certaines adénopathies présentent un contenu

anéchogène kystique devantfaire rechercher un carcinome

papillaire thyroïdien associé.

Dans notre série, 59% des adénopathies qui avaient un

caractère anéchogène central à l’échographie étaient

d’origine tuberculeuse.

Les lymphomes sont composés de structures cellulaires

homogènes faisant que les ondes ultrasonores rencontrent

peu d’interface. Les adénopathies sont, dans ce cas, souvent

hypoéchogènes et présentent parfois un renforcement

postérieur.

Dans notre série, nous avons trouvé des formations

hypoéchogènes, bien limitées, à contour net et régulier, dans

90% des cas d’adénopathies cervicales d’origine

lymphomateuse.

En revanche, les ganglions métastatiques ou ceux observés

dans la maladie de Hodgkin peuvent être composés de zone

tumorale adjacente à des zones normales.

L’hyper-vascularisation d’une adénopathie, visualisée au

Doppler couleur, oriente vers la malignité, en particulier

lorsque cette hyper-vascularisation est périphérique, par

opposition à l’hyper-vascularisation centrale des

adénopathies réactionnelles et d’étiologies bénignes. Mais il

existe des faux négatifs et des faux positifs nécessitant la

prudence dans l’interprétation.

La vascularisation

La rupture capsulaire

En Doppler, du fait de l’infiltration tumorale, les vaisseaux

apparaissent classiquement refoulés vers la périphérie et les

index de résistance sont élevés.

En cas d’infiltration maligne, les ganglions ont tendance à

s’hypertrophier et s’arrondir. Leurs contours peuvent devenir

flous et irréguliers en cas de rupture capsulaire.

A part tous ces paramètres que l’échographie peut fournir,

elle permet en outre :

- L’étude cytologique des adénopathies, en permettant de

réaliser une ponction échoguidée. Ceci permet

d’augmenter le rendement de la technique de cytoponction.

- La recherche d’une atteinte de la veine jugulaire. Une

thrombose de la veine jugulaire évoque le diagnostic de

métastases. En revanche, la compression de cette veine

sans thrombose peut être observée à la fois au cours des

métastases et des lymphomes.

La principale limite de l'échographie est l’inaccessibilité des

chaines ganglionnaires profondes.

De nombreuses études ont montré l’intérêt de la

tomodensitométrie en cancérologie cervico-faciale, tant pour

l’étude de l’extension de la tumeur primitive, que pour la

caractérisation du stade ganglionnaire, aboutissant à la

proposition d’une classification du stade N par le seul examen

tomodensitométrique.

Selon plusieurs études, la sensibilité de la tomodensitométrie

est de 84% dans le diagnostic positif des adénopathies

cervicales et sa spécificité est entre 82 et 86%.

La TDM reste tout de même un examen plus couteux que

l’échographie, nécessitant une injection de produit de

contraste.

Son intérêt par rapport à l’échographie est l’exploration de

certaines régions profondes peu accessibles.

3.2- Scanner cervical

Un ganglion normal se présente classiquement comme une

structure oblongue à contours réguliers, isodense au muscle

environnant. L’injection de produit de contraste n’entraine pas

de rehaussement significatif.

Il existe des critères morphologiques, tomodensitométriques

qui peuvent être en faveur d’une adénopathie tumorale:

Le caractère hétérogène du ganglion avec présence

d’une zone peu rehaussée par l’injection de produit de

contraste au sein du parenchyme ganglionnaire normal. Ces

zones hypodenses peuvent traduire soit une nécrose centro

ganglionnaire, soit plus fréquemment une colonisation du

parenchyme ganglionnaire par du tissu métastatique qui est

moins rehaussé par le produit de contraste que le

parenchyme ganglionnaire normal.

Des signes de rupture capsulaire avec une infiltration péri-

ganglionnaire de la graisse périphérique et parfois l’infiltration

des muscles adjacents.

L’infiltration peut aussi concerner l’axe jugulo-carotidien avec

envahissement périvasculaire et parfois thrombose jugulaire.

La forme : le ganglion perd son caractère ovale et

s’arrondit ; ceci avec un rapport L/S inférieur à 1,5.

La structure : on note une disparition de la graisse

hilaire associée à une nécrose centrale hypodense et non

rehaussées qui sont des signes très spécifiques.

Le rehaussement : lorsque l’ADP est nécrosé, la prise

de contraste est périphérique. Parfois, elle est centrale,

notamment en cas de lymphome.

En cas de lymphome, les ADP apparaissent souvent

volumineuses, nombreuses, confluentes, homogènes,

compressives, atteignant plusieurs secteurs, fréquemment

bilatérale et parfois nécrotiques. Une dissémination

ganglionnaire thoracique et abdominale doit être recherchée.

J Radiol 2008;89:1020-36.

Le scanner permet également une classification radio-chirurgicale

des niveaux ganglionnaires du cou.

J Radiol 2008;89:1020-36.

L’IRM permet également une exploration complète des

chaines ganglionnaires cervicales.

Elle ne parait pas indiquée en première intention, mais les

nouvelles séquences rapides semblent intéressantes.

L’utilisation de séquences conventionnelles en spin-écho

nécessite des délais d’acquisitions rallongés si on veut couvrir

toute la région cervicale sans diminuer de façon significative la

résolution spatiale (épaisseur de coupe de 4 à 5mm).

Deux plans d’étude sont conseillés, orthogonaux (axial et

coronal) pour une localisation anatomique précise des

adénopathies. L’utilisation de séquences pondérées en T1 et

en T2 ainsi que l’injection de chélates de gadolinium sont

indispensables. Les séquences avec saturation de graisse

permettent une augmentation de la résolution en contraste et

facilitent la détection des adénopathies).

3.3- Imagerie par résonnance magnétique

Depuis plusieurs années, l’utilisation de séquences dites

rapides en écho de gradient, a permis de réduire

considérablement la durée de l’examen.

Les critères de malignité du scanner peuvent être extrapolés

à l’IRM. Le rehaussement intense après injection de

chélates de Gadolinium et la nécrose centrale, apparaissent

en hyposignal T1 non rehaussée et en hypersignal T2

spontané.

L’utilisation récente des séquences de diffusion semble

apporter des résultats intéressants pour la caractérisation

des adénopathies. En effet, le calcul du coefficient de

diffusion permet de renseigner sur la cellularité des

ganglions et d’orienter vers un type histologique (lymphome,

carcinome.

Technique d’imagerie métabolique récente, la tomographie par

émission de positrons (TEP) est une imagerie par caméra à

scintillation dont la particularité est de détecter et de localiser

deux photons gamma générés par l’annihilation d’un électron

et d’un positron émis par des radioéléments artificiels

émetteurs de positrons.

Le 18-Fluoro-Desoxy-Glucose (18-FDG) est un marqueur du

métabolisme glucidique. Ce métabolisme est augmenté dans

les tissus néoplasiques.

Il constitue le traceur utilisé en cancérologie, assimilable à un

indicateur de malignité d’une tumeur. Toutefois, d’autres

phénomènes tels que l’inflammation tissulaire, le foyer

infectieux et le processus de cicatrisation entraînent également

une augmentation de fixation du FDG, expliquant la présence

de faux positifs).

3.4- tomographie par émission de positrons

Cet examen permet de réaliser une cartographie du corps entier,

précisant la localisation de l’adénopathie métastatique,

La TEP-FDG ne donne pas d’image anatomique précise,

empêchant la stadification TNM.

Le couplage à la TDM (TEP scan) permet d’améliorer cet écueil.

Le FDG est fixé par les petites lésions (inférieures à 6 mm) où les

micrométastases ne sont pas différentiables de celles des tissus

sains environnants.

Le problème des faux positifs et des faux négatifs pour les

ganglions de petite taille (N1) est souligné. Le taux de faux

négatifs restant trop important, le TEPscan ne permet pas

d’exclure les micrométastases (adénopathies inférieures à 6 mm),

et donc ne peut pas permettre d’éviter la réalisation d’un

traitement systématique des aires ganglionnaires. La sensibilité

de cet examen varie de 70% à 90 % selon les études.

3.5-Technique du ganglion sentinelle, lymphoscintigraphie

C’est une technique récente, en cours de validation. Cette

technique fonctionnelle et non morphologique permet de

détecter des micrométastases ganglionnaires (de 100 μm de

diamètre) grâce à l’injection à la périphérie de la tumeur

initiale d’albumine marquée. Le chirurgien détecte la

radioactivité du premier relai ganglionnaire grâce à une

sonde spécifique et, en cas de confirmation extemporanée

de la positivité du ganglion prélevé, un curage ganglionnaire

est alors réalisé. Dans le cas inverse, une surveillance suffit,

évitant la réalisation d’un évidement ganglionnaire et du

risque que peut engendrer celui-ci. En chirurgie cervico-

faciale, les principales indications sont les carcinomes de la

cavité buccale et de l’oropharynx (TXN0), les mélanomes

de la tête et du cou et certains cancers de la thyroïde.

Les chiffres élevés : sensibilité supérieure à 90 %,

spécificité proche de 100 % en font une technique

reproductible, innovante et prometteuse.

Toutefois, on peut lui reprocher son manque d’accessibilité

en raison de la lourdeur de l’équipement et du manque de

la disponibilité des différentes équipes, le problème des

faux négatifs lié aux sauts des relais ganglionnaires (skip

metastasis).

4. Cytologie

L’importance de la cytoponction comme examen simple et

fiable a été notée dans la plupart des séries internationales

soit en donnant un aspect cytologique évocateur de

tuberculose ganglionnaire, d’un lymphome ou en faveur de

métastases ganglionnaire. Cet examen peut permettre en

plus un examen bactériologique direct et une culture du

liquide de ponction.

Le principe de cette cytoponction ganglionnaire, ou

adénogramme, est d'obtenir du suc ganglionnaire par

ponction de l'adénopathie à l’aiguille fine en exerçant un

mouvement de va-et-vient sans aspiration. Le contenu de

l'aiguille est étalé sur une lame, coloré et analysé. Il s’agit

d’un examen simple à réaliser, peu douloureux et donnant

une réponse rapide, en quelques heures.

5. Histopathologie

La biopsie ganglionnaire consiste à prélever chirurgicalement

un ou plusieurs ganglions. Cette adénectomie peut se faire

sous anesthésie locale ou par cervicotomie exploratrice sous

anesthésie générale avec examen extemporané.

Elle est indiquée d’une façon systématique devant toute

adénopathie persistante inexpliquée et elle est indispensable

si l'adénogramme oriente vers le diagnostic de lymphome.

Pour la tuberculose ganglionnaire, les avis sont partagés :

Pour certains auteurs, cet examen s’impose avant toute prise

en charge thérapeutique de la tuberculose du fait que c’est

l’examen le plus rentable qui confirme l’origine exacte de ces

adénopathies et que le traitement par les antituberculeux est

lourd et doit être justifié. Pour d’autres cet examen est invasif

et il devrait être réservé aux cas où le diagnostic est difficile à

établir par les autres moyens moins invasifs.

Points à retenir

J Radiol 2008;89:1020-36.

CONCLUSION L’imagerie occupe une place importante dans la prise en

charge et le suivi des patients en cancérologie ORL. Le

radiologue doit connaître l’anatomie des différentes chaînes

ganglionnaires ainsi que les signes de malignité

(hypertrophie, rehaussement, nécrose, rupture capsulaire et

infiltration périphérique…).

L’échographie est très performante, et permet la

réalisation de cytoponction, mais n’offre pas une exploration

complète du cou.

Le scanner est aujourd’hui l’examen de première intention

en raison des sa grande fiabilité, de son accessibilité et de sa

capacité à réaliser une évaluation de la filière oro-pharyngo-

laryngée dans le même temps.

L’IRM ne paraît pas indiquée en première intention, mais

les nouvelles séquences semblent intéressantes.