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Conseil de Paris des 11 et 12 février 2013 Projet de délibération DEVE 16 : reconquête paysagère sur le plateau de Gravelle et la plaine sud de Longchamp qui intègre notamment deux aires d’accueil des gens du voyage Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers, Pendant de nombreuses décennies, les gens du voyage ont subi des politiques discriminantes et sécuritaires à leur égard : on peut citer différents textes relatifs aux « vagabonds » et aux « errants » du 19 ème siècle, la loi de 1912 instituant le carnet anthropométrique pour les « nomades » ou l’internement des Roms sous le sinistre régime de Vichy. Les lois portées par Louis Besson en 1990 et 2000 sont venues apporter un certain nombre de solutions aux questions de l’accueil des gens du voyage, néanmoins, beaucoup reste encore à faire pour résorber le très grand déficit en places d’accueil en France. Il est de notre devoir de démontrer, de façon concrète, aux gens du voyage, qu’ils soient de nationalité française ou autres citoyens du monde que nous ne voulons ni les stigmatiser, ni les discriminer, mais au contraire les reconnaître de plein droit dans leurs différences et principalement le droit de ne pas se sédentariser. C’est à dire le droit à vivre en habitat mobile sans pour cela être vagabond, et donc le droit de stationner temporairement et de vivre dans des conditions respectables. C’est avec cette volonté que la collectivité parisienne a adopté son schéma départemental d’accueil des gens du voyage en 2004, incluant la création de deux aires d’accueil, l’une dans le bois de Boulogne, l’autre dans le bois de Vincennes. Deux réserves ont été inscrites au Plan Local d’Urbanisme de Paris en juin 2006. La commission départementale de la nature, des sites et des paysages a émis en avril 2011 un avis favorable au projet de Vincennes, assorti d’une recommandation concernant l’intégration paysagère du projet, et un avis défavorable a été émis concernant l’aire du bois de Boulogne. La commission supérieure des sites a émis en novembre 2011 un avis défavorable aux deux projets. La Ville de Paris a donc tenu compte de ces avis et fait évoluer les projets, dans le sens d’une meilleure intégration paysagère. Ainsi, dans le bois de Vincennes, le projet a été remanié et un projet de requalification paysagère accompagne la création de l’aire d’accueil des gens du voyage. Ce sont ainsi 2,1 hectares qui seront réaménagés, en permettant de mettre en valeur le plateau de Gravelle, et les cheminements piétons. La

Intervention deve 16

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Page 1: Intervention deve 16

Conseil de Paris des 11 et 12 février 2013

Projet de délibération DEVE 16 : reconquête paysagère sur le plateau de Gravelle et la plaine sud de

Longchamp qui intègre notamment deux aires d’accueil des gens du voyage

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers,

Pendant de nombreuses décennies, les gens du voyage ont subi des politiques discriminantes et

sécuritaires à leur égard : on peut citer différents textes relatifs aux « vagabonds » et aux « errants » du

19ème

siècle, la loi de 1912 instituant le carnet anthropométrique pour les « nomades » ou l’internement

des Roms sous le sinistre régime de Vichy.

Les lois portées par Louis Besson en 1990 et 2000 sont venues apporter un certain nombre de solutions

aux questions de l’accueil des gens du voyage, néanmoins, beaucoup reste encore à faire pour résorber

le très grand déficit en places d’accueil en France.

Il est de notre devoir de démontrer, de façon concrète, aux gens du voyage, qu’ils soient de nationalité

française ou autres citoyens du monde que nous ne voulons ni les stigmatiser, ni les discriminer, mais au

contraire les reconnaître de plein droit dans leurs différences et principalement le droit de ne pas se

sédentariser. C’est à dire le droit à vivre en habitat mobile sans pour cela être vagabond, et donc le droit

de stationner temporairement et de vivre dans des conditions respectables.

C’est avec cette volonté que la collectivité parisienne a adopté son schéma départemental d’accueil des

gens du voyage en 2004, incluant la création de deux aires d’accueil, l’une dans le bois de Boulogne,

l’autre dans le bois de Vincennes.

Deux réserves ont été inscrites au Plan Local d’Urbanisme de Paris en juin 2006.

La commission départementale de la nature, des sites et des paysages a émis en avril 2011 un avis

favorable au projet de Vincennes, assorti d’une recommandation concernant l’intégration paysagère du

projet, et un avis défavorable a été émis concernant l’aire du bois de Boulogne.

La commission supérieure des sites a émis en novembre 2011 un avis défavorable aux deux projets.

La Ville de Paris a donc tenu compte de ces avis et fait évoluer les projets, dans le sens d’une meilleure

intégration paysagère.

Ainsi, dans le bois de Vincennes, le projet a été remanié et un projet de requalification paysagère

accompagne la création de l’aire d’accueil des gens du voyage. Ce sont ainsi 2,1 hectares qui seront

réaménagés, en permettant de mettre en valeur le plateau de Gravelle, et les cheminements piétons. La

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trame d’eau sera étendue, avec la création d’une rivière entre le lac de Gravelle et l’arboretum de l’école

du Breuil.

Dans le bois de Boulogne, ce sont 3,5 hectares qui seront réaménagés, avec la transformation d’un

parking en espace arboré de type prairie, et la promenade historique dénommée « promenade des

étangs » sera rétablie.

Nous souhaitons profiter de la présentation de ce projet pour proposer une amélioration de celui-ci sur

le bois de Vincennes.

Pour cela, nous proposons que les abords du lac de Gravelle soient dégagés de la circulation automobile,

de manière à améliorer la qualité des cheminements piétons.

Par ailleurs, nous souhaitons qu’une étude soit lancée pour améliorer la liaison piétonne et cyclable

entre d’une part l’arboretum et la future entrée de l’école du Breuil sur la route de la Pyramide et

d’autre part la gare RER de Joinville le Pont, qui constitue le point d’accès majeur en transports en

commun de la partie sud-est du bois de Vincennes.

C’est ainsi toute la promenade sud est du bois qui serait ainsi réhabilitée.

En conclusion de mon intervention, je voudrais revenir sur les questions d’information et de

communication relatives à la création de ces deux aires d’accueil des gens du voyage, notamment à

l’égard des riverains, lorsqu’il y en a.

Nous le savons, la peur vient souvent de l’ignorance, et si les populations riveraines peuvent être a priori

méfiantes, voire hostiles, à l’accueil des gens du voyage, c’est en raison d’une méconnaissance profonde

du mode de vie et de la culture de ceux-ci.

Aussi, il est primordial que la collectivité parisienne réfléchisse au lancement d’une campagne

d’information et de communication dans le but de faire connaître le mode de vie et la culture – je dirai

même l’apport culturel- des gens du voyage.

Un exemple : la municipalité de Taverny, dans le Val d’Oise, a édité une plaquette intitulée « les gens du

voyage sans détour », apportant des réponses aux questions que se posent les habitants au sujet des

gens du voyage, de manière à lever un certain nombre de tabous et d’idées reçues.

Elle a également organisé une exposition sur la culture tsigane et organise des spectacles et des concerts

de musique tsigane.

L’exemple de la mairie de Taverny mérite d’être suivi.

Le groupe des élus Europe Ecologie Les Verts reste persuadé que si nous en avons la volonté, Paris peut

mettre en œuvre les moyens nécessaires pour réaliser ce que d’autres villes ont déjà fait pour accueillir

les gens du voyage, nos concitoyens, et leur permettre de vivre décemment sur le territoire parisien, et

cela tout en respectant les exigences en termes de respect de l’environnement des bois.

Je vous remercie.