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1 Mémoire Pour le DES d’anesthésie réanimation par Mehdi LAOUISSET Né le 04/08/77 à Levallois-Perret Présentée et soutenue le 19/10/2010 Ischémie intestinale en post opératoire de chirurgie cardiaque Membre du jury: Professeur Marc Samama Professeur Didier Journois Docteur Bernard Cholley Docteur Hawa Keita Rapporteur de mémoire : Professeur Didier Journois

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Mémoire

Pour le

DES d’anesthésie réanimation

par

Mehdi LAOUISSET

Né le 04/08/77 à Levallois-Perret

Présentée et soutenue le 19/10/2010

Ischémie intestinale en post opératoire de

chirurgie cardiaque

Membre du jury:

Professeur Marc Samama

Professeur Didier Journois

Docteur Bernard Cholley

Docteur Hawa Keita

Rapporteur de mémoire :

Professeur Didier Journois

2

Sommaire page

Introduction 5

Première partie : généralités 7

1.1. Rappels anatomo-physiologiques 8

1.1.1. Particularités du réseau anatomique intestinal 8

1.1.2. Particularités physiologiques de la vascularisation intestinale 9

1.1.2.1. Flux splanchnique 10

1.1.2.2. Régulation du flux splanchnique 10

1.1.2.3. Système intestinal d’échangeur à contre-courant et « effet écrémage » 10

1.1.2.4. Adaptation de la circulation splanchnique à une défaillance hémodynamique 11

1.2. Etiologies des ischémies intestinales 12

1.2.1. L’embolie artérielle 12

1.2.2. La thrombose artérielle 13

1.2.3. Les thromboses veineuses 13

1.2.4. Les ischémies mésentériques non occlusives (IMNO) 13

1.3. Diagnostic 14

1.3.1. Examen clinique et biologique 14

1.3.2. Examen clef pour le diagnostic 15

1.3.3. Les autres outils diagnostiques 16

1.4. Traitement 16

Deuxième partie : épidémiologie des complications intestinales 18

2.1. Epidémiologie des complications digestives post opératoire 19

de chirurgie cardiaque

2.2. Ischémies intestinales en post opératoire de chirurgie cardiaque 21

2.3. Objectif de l’étude 21

Troisième partie : étude 23

3.1. Site de l’étude 24

3.1.1. Indication chirurgicale et évaluation préopératoire 24

3.1.2. Prise en charge anesthésique 24

3.1.3. Procédures chirurgicales 26

3.1.4. Procédure de CEC 26

3.1.5. Monitorage hémodynamique 26

3.1.6. Transfert en USC 27

3.1.7. Prise en charge des complications 27

3.2. Schéma de l’étude 28

3.3. Définition et sélection des individus 28

3.3.1. Critères d’inclusions 28

3.3.2. Appariement de la cohorte témoin 29

3.4. Choix et définition des variables recueillies 30

3.4.1. Variables prés opératoires 30

3.4.2. Variables per opératoires 30

3.4.3. Variables post opératoires 30

3

3.5. Analyse statistique 31

Quatrième partie Résultats 34

4.1. Analyse uni variée 35

4.1.1. Caractéristiques générales des patients 35

4.1.2. Résultats de l’analyse statistique univariée 35

4.2. Résultats de l’analyse multivariée 40

Sixième partie Discussion 42

6.1. Rappel des résultats et comparaison avec la littérature 43

6.2. Les limites de l’étude 46

Conclusion 47

Bibliographie 48

4

Introduction

5

La place de la chirurgie cardiaque dans la pathologie coronarienne a diminué grâce aux

résultats des techniques de revascularisations non invasives ainsi qu’à l’élargissement de leurs

indications.

Cependant, la chirurgie cardiaque garde à l’heure actuelle une place prépondérante dans les

remplacements valvulaires, la chirurgie combinée et les patients exclus de l’angioplastie dont

le traitement invasif reste supérieur au traitement médical [1].

Ainsi, les patients opérés qui présentent de plus en plus de comorbiditées sont plus âgés et ont

une évolution avancée de la maladie coronarienne ou de la pathologie valvulaire, aboutissant

à une défaillance cardiaque pré opératoire, voire à une atteinte d’autres organes de plus en

plus fréquente.

Même si les complications de la chirurgie cardiaque ont diminué depuis une trentaine

d’années, avec notamment 1% de mortalité dans la chirurgie coronaire dans les années 1990,

elles ont de nouveau tendance à croître avec une mortalité de 3 à 4% en raison de la gravité

plus importante des cas proposés à la chirurgie [2].

En chirurgie cardiaque, les complications post opératoires sont liées d’une part à la procédure

de CEC avec le risque de développer une dysfonction myocardique, une hypovolémie, une

arythmie et une ischémie myocardique, d’autre part à la sternotomie avec des complications

respiratoires et hémorragiques, et enfin au risque important de développer une insuffisance

rénale.

Les complications intestinales sont, quant à elles, peu fréquentes avec une incidence de 1,27%

et sont de mauvais pronostiques avec une mortalité de 34% [3]. L’ischémie intestinale

apparaît comme la complication digestive la plus fréquente [4]. Cette dernière se définit par

l’inadéquation entre les besoins et les apports en oxygène des organes vascularisés par la

circulation mésentérique. Ce syndrome rassemble un large spectre de tableaux variés de

6

souffrance intestinale allant d’une simple altération réversible de la fonction intestinale à

l’infarctus mésentérique différent.

L’ischémie intestinale reste un problème clinique majeur, dont la physiopathologie n’est pas

bien établie. A l’origine d’une lourde mortalité variant de 70 à 100% [5-9, 37], elle pose un

véritable problème de diagnostic et son traitement n’est toujours pas codifié.

Devant ces nombreuses problématiques, des études ont tenté d’identifier des facteurs de

risque afin de permettre une meilleure reconnaissance des populations à risque pour une

meilleure prise en charge. Elles sont cependant peu nombreuses et présentent des résultats

discordants.

L’objectif de l’étude servant de support à ce mémoire est donc de mieux comprendre

l’histoire naturelle de cette maladie et de rechercher les différents mécanismes qui pourraient

être impliqués dans sa genèse.

La présentation de l’étude sera précédée d’un rappel des principaux mécanismes

physiopathologiques et des étiologies de l’ischémie mésentérique en général, ainsi que d’un

état des lieux épidémiologique des complications intestinales ischémiques en post opératoire

de chirurgie cardiaque. Elle sera suivie d’une discussion.

7

Première partie

Généralités

8

1.1. Rappels anatomo-physiologiques

1.1.1. Particularités du réseau anatomique intestinal

Le tractus digestif est perfusé par trois branches artérielles d’origine aortique : le tronc

cœliaque, l’artère mésentérique supérieure et l’artère mésentérique inférieure. À ceux-ci

s’ajoutent les branches viscérales intrapelviennes de l’artère iliaque interne qui assurent

l’irrigation des organes pelviens et notamment du rectum. Cette vascularisation est

caractérisée par la fréquence des variations anatomiques et la richesse des anastomoses

unissant chacun des troncs artériels.

Le tronc cœliaque naît de la face antérieure de l’aorte, en regard des vertèbres T12-L1 et se

divise en trois branches : l’artère hépatique, l’artère splénique et l’artère coronaire

stomachique. Il assure la vascularisation des viscères sus-mésocoliques de l’abdomen :

l’estomac, une partie du duodénum, le foie, la vésicule biliaire et enfin la rate.

L’artère mésentérique supérieure (AMS) naît de la face antérieure de l’aorte, 1 à 2 cm au-

dessous du tronc coeliaque, en regard de la vertèbre L1. Ses branches collatérales sont

variables en nombre, en calibre et en ordre d’émergence :

- des branches pancréatiques et duodénales naissant dans son segment

rétropancréatique ;

- des branches jéjunales et iléales (neuf à treize) naissant dans son segment

intramésentérique ;

- des branches coliques destinées au côlon droit.

9

Elle se termine au voisinage du bord mésentérique de l’iléon et ses branches terminales

s’anastomosent à plein canal avec les collatérales voisines. L’artère mésentérique supérieure

assure ainsi la vascularisation de la totalité de l’intestin grêle et de la moitié droite du côlon.

L’artère mésentérique inférieure (AMI) naît de la face antérogauche de l’aorte abdominale en

regard de la vertèbre L3. Elle fournit des artères coliques destinées au côlon gauche. Elle se

poursuit par l’artère rectale supérieure dont les branches terminales assurent la vascularisation

du rectum.

Les branches terminales de ces artères atteignent la sous muqueuse intestinale après avoir

pénétrées la paroi intestinale par la séreuse. Elles constituent un plexus dense à l’origine des

artérioles et donnant naissance au très riche réseau capillaire que l’on retrouve au sommet des

villosités intestinales.

L’anatomie du système vasculaire intestinal présente des spécificités qui méritent d’être

soulignées. Ces trois systèmes ne sont pas indépendants, ils sont reliés par un système

d’anastomose qui peut acquérir un développement considérable lorsqu’une lésion sténosante

provoque un défaut de perfusion au niveau d’un territoire. Entre le tronc coelique et l’AMS,

on peut citer les arcades pancréaticoduodénales de Rio Branco, les anastomoses

intrapancréatiques, les anastomoses entre l’artère hépatique droite née de la mésentérique

supérieure et l’artère hépatique du tronc coeliaque. Entre l’AMS et l’AMI, on peut également

citer l’Arcade de Riolan (entre l’artère colique supérieure gauche et droite) et l’arcade de

Drummond.

Soulignons que ce système d’anastomose n’est pas constant et il existe une variabilité inter

individuel. Par exemple, l’artère gastroduodénale (issue du tronc cœliaque) qui assure une

10

collatéralité avec l’AMS via l’artère pancreatico-duodénale, peut provenir de l’AMS via

l’artère hépatique commune [10].

1.1.2. Particularités physiologiques de la vascularisation intestinale

1.1.2.1. Flux splanchnique

Le volume sanguin splanchnique représente 30 % du volume sanguin total. En moyenne, le

débit splanchnique représente 25 % du débit cardiaque, et peut atteindre 35 % du débit

cardiaque en période postprandiale et descendre jusqu’à 10 % lors d’un effort prolongé. Les

trois quarts du débit splanchnique sont attribués à l’intestin grêle et un quart au côlon. Au

niveau tissulaire, 60 à 80 % du flux vascularise la muqueuse intestinale, le reste étant destiné

à la sous-muqueuse et à la musculeuse.

1.1.2.2. Régulation du flux splanchnique

On distingue la régulation intrinsèque mettant en jeu des mécanismes métabolique et

myogénique, à l’origine d’un équilibre finement régulé entre vasoconstriction et

vasodilatation, et la régulation extrinsèque mettant en jeu le système nerveux autonome. Ces

deux systèmes permettent ainsi de maintenir constante une pression de perfusion

splanchnique.

1.1.2.3. Système intestinal d’échangeur à contre-courant et « effet écrémage »

Ce système est nécessaire à la réalisation d’un gradient de concentration hydroélectrique le

long de la villosité pour faciliter l’absorption des nutriments. Pour chaque villosité, le système

comprend une artériole centrale, une arborisation capillaire au sommet de la villosité qui

redescend le long de l’artériole pour confluer dans les veinules. Cette proximité entre

11

l’artériole et le lit capillaire favorise la diffusion de l’oxygène. Il en résulte une diminution de

la PaO2 au sommet de la villosité. L’ « effet écrémage » (plasma skimming) est dû à la

configuration anatomique du réseau capillaire dans les villosités intestinales, les branches

capillaires quittant l’artériole à angle droit. Cette disposition favorise la stagnation des

érythrocytes qui auront tendance à rester dans l’artériole. Cela aboutit à une diminution de

l’hématocrite dans le lit capillaire et donc une réduction de l’apport en oxygène.

Ces deux particularités anatomiques des villosités intestinales concourent à leur plus grande

sensibilité à l’ischémie lors de la survenue d’une hypoperfusion splanchnique ou d’un bas

débit cardiaque.

Au total, les caractéristiques anatomiques et physiologiques de la circulation mésentérique en

font un système à part qui a la capacité théorique de préserver une consommation en oxygène

constante face à une diminution importante de l’apport en oxygène. Cependant, un réseau de

collatéralité inconstant et un lit capillaire marqué par une stagnation des globules rouges en

font un système pas parfait imparfait et à risque d’ischémie devant toutes situations de

privation en oxygène.

1.1.2.4. Adaptation de la circulation splanchnique à une défaillance hémodynamique

Le premier mécanisme consiste en une vasoconstriction artérielle splanchnique qui induit une

diminution du débit sanguin splanchnique au profit des territoires « nobles » comprenant

principalement le cœur et le cerveau. Cette réduction des apports en oxygène est compensée

au niveau digestif par une augmentation de l’extraction tissulaire en oxygène et par une

redistribution préférentielle du flux splanchnique vers la muqueuse au détriment de la sous-

muqueuse et de la musculeuse. Le deuxième mécanisme résulte d’une vasoconstriction

12

veineuse qui réduit la séquestration sanguine contenue dans le lit splanchnique, provoquant

une « autotransfusion » vers le secteur systémique [11].

Correspondant à des phénomènes d’adaptation vitaux, ces deux mécanismes ont pour but de

maintenir une volémie et une pression de perfusion adéquate dans le secteur systémique.

1.2. Etiologies des ischémies intestinales

Le terme ischémie mésentérique rassemble un large spectre de tableaux variés de souffrance

intestinale allant d’une simple altération réversible de la fonction intestinale à l’infarctus

mésentérique au pronostic très grave.

Les étiologies qui entraînent une ischémie mésentérique sont d’origine multiple et de

mécanismes physiopathologiques très différents, caractérisant cette maladie comme un

syndrome.

Schématiquement, les ischémies mésentériques aigues peuvent être séparées en deux

catégories selon le mécanisme lésionnel : les ischémies mésentériques occlusives (IMO)

survenant lors d’une interruption du flux sanguin et les ischémies mésentériques non

occlusives (IMNO) survenant lors de diminution du flux sanguin.

1.2.1. L’embolie artérielle

L’embolie artérielle constitue la principale cause des ischémies mésentérique, et peut être

impliquée dans 29 % à 50% des cas [12-14].

Elle peut provenir du cœur gauche (par atteintes valvulaires, par passage ou par réduction

d’arythmies rapides ou secondaire à un infarctus transmural associé à un thrombus

intracavitaire), de l’aorte (caillot d’un anévrisme, migration d’une plaque d’athérome ulcérée,

13

lésion intimale traumatique), être d’origine iatrogène (dans les suites de la chirurgie aortique,

du cathétérisme artériel pour angiographie ou pour angioplastie transluminale) ou provenir du

cœur droit par embolie paradoxale (communication inter auriculaire).

Les principaux facteurs emboliques prédisposant à l’ischémie mésentérique sont [10]:

- La fibrillation auriculaire

- La cardiopathie valvulaire

- La prothèse valvulaire

- L’infarctus du myocarde récent

- Le cathétérisme cardiaque et vasculaire récent

L’artère mésentérique supérieure est la plus fréquemment touchée, probablement du fait de

son implantation oblique et descendante sur l’aorte. Le thrombus se loge principalement en

distalité de l’AMS, après l’origine de l’artère colique moyenne [10].

Dans 20% des cas, il existe un embole dans un autre site vasculaire [10].

1.2.2. La thrombose artérielle

30 % des IMA sont attribués à la thrombose artérielle [12-14]. L’athérome est de loin

l’étiologie la plus fréquente des thromboses aiguës.

L’athérome vasculaire digestif est constamment associé aux autres localisations de la maladie

athéromateuse. Globalement deux tiers des patients ont un ATCD d’ischémie mésentérique

chronique et ont eu le temps de développer leurs réseaux de collatéralités. Mais, à l’inverse de

l’embolie artérielle, la thrombose se situe principalement en proximal, à l’origine d’une

nécrose plus étendue [10].

1.2.3. Les thromboses veineuses

14

Les thromboses veineuses représentent 5 à 15% des IMA [12-14] avec une mortalité moins

importante (environ 20 %) que pour les autres formes d’ischémie digestive.

Elles sont dues principalement à un état d’hypercoagulabilité.

1.2.4. Les ischémies mésentériques non occlusives (IMNO)

Cette forme correspond à une ischémie digestive survenant en l’absence de lésion vasculaire

anatomique retrouvée et accompagnée d’une insuffisance circulatoire aigue, quelque soit son

origine.

On ne dispose malheureusement que de peu de données dans la littérature, elles se limitent à

des cases report et à de petites cohortes. Des cas ont ainsi été rapportés après une séance de

dialyse dialyse [15-21], après administration de digitaliques [22-23], au décours de syndromes

coronarien aigus [24-26], après intoxication médicamenteuses [27-28], et enfin en post

opératoire de chirurgie cardiaque [3-9].

1.3. Diagnostic

1.3.1. Examen clinique et biologique

L’ischémie mésentérique a la particularité de donner un syndrome clinique d’une sensibilité et

d’une spécificité médiocre. En effet, la symptomatologie et les signes cliniques ne sont pas

très spécifiques car ils peuvent être présents dans d’autres pathologies intra abdominales. De

plus, le fait que l’ischémie mésentérique touche préférentiellement les sujets âgés et donne

des formes asthéniques, l’examen clinique peut ne pas être contributif. La présentation

clinique dépend de l’étiologie et de la localisation de la nécrose.

Lors d’une ischémie mésentérique secondaire à une embolie dans l’AMS [4]. Le

retentissement sur l’état général est intense avec très rapidement une insuffisance circulatoire

15

associée classiquement à une acidose métabolique hyper lactatémique et une hyper

leucocytose. L’examen physique est par contre souvent pauvre [30].

Lors d’une ischémie mésentérique secondaire à une thrombose de l’AMS, la thrombose aigue

est très fréquemment précédée de prodromes associant insuffisance mésentérique chronique

ou angor intestinale [13].

Lors d’une ischémie mésentérique par thrombose veineuse, de la même manière que la

thrombose artérielle, la douleur abdominale est précédée de prodromes associant diarrhées,

anorexie et de vagues douleurs abdominales qui ne sont pas rythmées par les repas [30].

Le point commun est la nécrose du tube digestif qui aboutit à un tableau de péritonite aigue

associé à une insuffisance circulatoire aigue, un sepsis et une défaillance multi viscérale.

Dans le cadre de l’IMNO, la symptomatologie est très souvent absente chez des patients sous

ventilation mécanique et sous sédation. Les signes cliniques précoces sont aspécifiques alors

que les signes cliniques tardifs sont relativement sensibles mais difficiles à retrouver chez des

patients ventilés et sédatés. [4].

1.3.2. Examen clef pour le diagnostic

Le scanner abdominal est devenu l’examen d’imagerie de référence et a supplanté

l’artériographie diagnostique.

L’analyse de la vascularisation mésentérique peut être faite en angioscanner grâce à la

réalisation d’un protocole d’exploration qui comprendra une acquisition sans injection d’iode

puis une acquisition à un temps artériel précoce, grâce à l’injection d’iode à haut débit,

couvrant la totalité de l’abdomen et du pelvis puis une acquisition à un temps portal.

16

Le bilan lésionnel recherchera au temps artériel la présence de calcifications artérielles

témoignant du terrain athéromateux, la présence d’une hyperdensité spontanée de l’artère ou

de la veine mésentérique qui est un signe direct témoignant d’un thrombus intraluminal récent

avec une spécificité et une sensibilité de 90%. Par ailleurs, le temps portal est utile pour

analyser l’aspect des anses digestives et vérifier la perméabilité du réseau veineux. A la phase

précoce, les vaisseaux de l’intestin grêle sont vasodilatés ce qui se traduit par un rehaussement

intense des anses digestives [31]. Une phase de vasoconstriction artérielle intestinale

intervient ensuite ce qui provoque un défaut de rehaussement des parois digestives, un œdème

muqueux et enfin une perte du péristaltisme aboutissant à une dilatation des anses digestives

[31].

L’angiographie permet ainsi un diagnostic présentant une très bonne sensibilité et spécificité

d’une ischémie mésentérique secondaire à une embolie, une thrombose artérielle ou une

thrombose veineuse. Cependant, certaines problématiques méritent d’être soulignées. D’une

part, en ce qui concerne les IMNO, les études retrouvent une sensibilité beaucoup moins

bonne [32], et d’autre part, l’injection de produits de contraste est la plupart du temps contre-

indiquée du fait de la présence habituelle d’une insuffisance rénale aigue.

1.3.3. Les autres outils diagnostiques

L’endoscopie digestive est l’examen de choix pour le diagnostic de la colite ischémique, elle a

l’avantage de pouvoir être réalisée au lit du patient, mais quelques limitations méritent d’être

soulignées. D’une part, il existe un risque théorique de perforation, et d’autre part, elle ne

permet pas de visualiser l’intestin grêle, qui est très majoritairement touché.

1.4. Traitement

17

La prise en charge de l’ischémie mésentérique constitue une urgence médico-chirurgicale,

seule la précocité de la prise en charge peut permettre d’améliorer le pronostic. Le traitement

comporte des mesures spécifiques qui dépendent de l’importance de la nécrose intestinale, de

l’étiologie, du terrain et du retentissement général, ainsi que des mesures symptomatiques

communes à toutes les causes d’ischémie mésentériques.

L’indication de revascularisation en urgence que ce soit par radiologie interventionnelle (geste

d’angioplastie au ballonnet ou thrombolyse in situ) ou par chirurgie (thrombectomie ou

pontage) s’adresse à des patients sans défaillances d’organes. Ces techniques obtiennent de

bons résultats sur des petites séries de patients, mais leurs indications se limitent à des

ischémies prise en charge très précocement sans défaillances d’organes et pas encore au stade

nécrose digestive.

La prise en charge chirurgicale reste l’outil diagnostique et thérapeutique qui permet de faire

d’une part le bilan étiologique, d’autre part le bilan de viabilité et enfin de réaliser un geste de

résection intestinale. En effet, le chirurgien doit dans un premier temps rechercher l’étiologie

de l’ischémie, puis effectuer un bilan de viabilité selon l’aspect macroscopique des anses, ce

qui va directement guider le geste opératoire. Cependant, ces critères sont opérateurs

dépendants et manquent de spécificité [30].

Certains auteurs suggèrent un deuxième look. L’évaluation initiale n’étant pas très précise,

une résection dans un premier temps des tissus nécrosé puis une réévaluation dans un

deuxième temps à 24/48 heures permettrait une évaluation plus fine [43].

Concernant l’IMNO, il n’existe aucunes données dans la littérature, la prise en charge de ses

spécificités n’est pas codifiée.

18

Deuxième partie

19

L’ischémie intestinale en post opératoire de

chirurgie cardiaque sous circulation extra

corporelle (CEC)

20

2.1. Epidémiologie des complications digestives en post opératoire de

chirurgie cardiaque

Dans une revue de la littérature de 2010 [3], Rodriguez a recensé 30 études épidémiologiques

rétrospectives dont l’incidence globale des complications intestinales en post opératoires de

chirurgie cardiaque était de 1,27%, associé à une mortalité globale 34%. Les facteurs de

risque de développer une complication intestinale les plus fréquemment retrouvés

comportaient d’une part certaines comorbidités, l’âge avancé, l’artériopathie des membres

inférieurs et l’insuffisance rénale chronique, et d’autre part, les complications post opératoires

pouvant entraîner une insuffisance circulatoire aigue : saignement et reprise précoce post

opératoire immédiat, le choc cardiogénique post opératoire, la durée de la CEC et la nécessité

d’une assistance cardiaque par ballon de pulsion intra aortique, et enfin les troubles du

rythme. Le tableau ci-dessous résume les différentes étiologies retrouvées par les auteurs [3].

Etiologies Proportion

l’hémorragie digestive 33%

l’ischémie mésentérique 13%

une pancréatite aigue 13%

La cholécystite aigue 9%

L’ulcère gastroduodénal 6%

La diverticulose 3%

L’hyperbilirubinémie 2%

21

Ainsi, ce syndrome est plutôt rare et comporte un certain nombre d’étiologies très différentes

sur le plan physiopathologie et dont le point commun semble être l’insuffisance circulatoire

aigue [3].

Yilmaz retrouve en 1996 une incidence de 1.14% avec une mortalité de 14% [33]. Les

facteurs de risques de survenue d’une complication gastro-intestinale comportaient l’âge, la

chirurgie combinée, le choc cardiogénique, la reprise chirurgicale précoce, la CEC prolongé,

l’infection du site opératoire et les antécédents d’ulcère gastroduodénale [33].

En 2005, Bolcal a, quant à lui, une incidence de 0.94% et une mortalité de 14% [34]. Les

facteurs de risques retrouvés étaient l’assistance hémodynamique par ballon de contre pulsion

aortique, un choc cardiogénique, l’infection du site opératoire et l’insuffisance rénale aigue

[34].

Plus récemment, Filsoufi a analysé 51 cas, soit une incidence de 1.1% associée à une

mortalité de 37% [35]. Composée exclusivement de complications ischémiques, cette série

retrouve en analyse multivariée un odd ratio de 3 pour les patients âgés, l’IDM post

opératoire, l’instabilité HD, une CEC longue, une ICG, et un odd ratio de 10,8 pour

l’hyperbilirubinémie [35].

Mangi et al ont réalisé une analyse multivariée sur une série de 46 cas en distinguant le pré, le

per et le post opératoire [36]. En pré opératoire, l’artériopathie des membres inférieurs

(AOMI), le tabagisme, le stade 3 et 4 de la classification NYHA et le ballon de contre pulsion

intra aortique (BCPI) sont significativement associés à la survenue d’une ischémie

mésentérique. En per opératoire, la durée de CEC, du clampage aortique, le type de chirurgie

ainsi que la protection myocardique ne sont pas significatifs laissant entendre le rôle de la

CEC dans l’avènement des complications digestives. Ainsi, les patients ayant une dysfonction

ventriculaire gauche pré opératoire associée à un tabagisme important et développant une

22

hypoperfusion en post opératoire avaient de grands risques de développer une complication

gastro-intestinale de type hémorragie digestive ou une ischémie mésentérique [36].

L’incidence exacte des ischémies mésentérique en post opératoire de chirurgie cardiaque n’est

pas connue, elle représenterait 10 à 67% des complications digestives et est marqué d’une

mortalité allant de 70 à 100% [4, 33-36]. Notons l’instabilité hémodynamique est le facteur de

risque qui est constamment présent [4, 33-36].

2.2. Ischémie intestinale en post opératoire de chirurgie cardiaque

De nombreuses études traitant des complications digestives ont été publiées, les résultats sont

cependant difficile d’interprétation car elles regroupent des mécanismes physiopathologies

totalement différents. Concernant les complications ischémiques intestinales, nous ne

disposons que de très peu de données sur l’ischémie intestinale en post opératoire de chirurgie

cardiaque, car très peu d’études épidémiologiques ont été réalisées. Elles reportent une

incidence très faible, inférieur à 1%, et une mortalité variable de 70 à 100% [4-7, 9, 37].

Concernant les caractéristiques épidémiologiques des patients, on trouve des résultats plutôt

homogènes : une moyenne d’âge de 70 ans, les hommes et les femmes sont aussi bien

concernés, les patients sont fréquemment opérés en urgence et enfin le décès est la plus part

du temps secondaire à une défaillance multiviscérale [4-9, 37].

2.3. Objectif de l’étude

L’épidémiologie des complications ischémiques intestinales en post opératoire de chirurgie

cardiaque n’est dons pas très bien connue, des études ont tenté d’identifier des facteurs de

23

risques afin de permettre une meilleure reconnaissance des populations à risques, pour une

meilleure prise en charge. Cependant, elles sont peu nombreuses et ont des résultats

discordants [4-9, 37]. D’autres études semblent donc nécessaires.

L’objectif de ce travail va donc être d’identifier des facteurs de risques de survenue d’une

IMNO pour mieux comprendre l’histoire naturelle cette pathologie.

24

Troisième partie

Etude

25

3.1. Site de l’étude

L’unité de réanimation de chirurgie cardiaque et thoracique de l’Institut Mutualiste

Montsourie (IMM) comprend 12 lits de réanimation médico-chirurgicale et 12 lits d’unité de

soins continus, spécialement réservés aux patients opérés d’une chirurgie lourde dont les

patients de chirurgie cardiaque.

Bien codifiée, la prise en charge péri-opératoire des patients de chirurgie cardiaque à l’IMM

consiste à une évaluation cardio-vasculaire pré-anesthésique et à un geste chirurgical

accompagné d’une procédure de CEC, suivis d’une prise en charge systématique en unité de

soins continus. Les patients développant des complications sont transférés en réanimation.

3.1.1. Indication chirurgicale et évaluation préopératoire

Tous les patients chez lesquels une indication de chirurgie cardiaque a été posée, ont été

évalués par un bilan préopératoire comprenant :

- Une échographie cardiaque par voie trans thoracique

- Une coronarographie

- Un écho-doppler des troncs supra aortiques

- Un bilan des facteurs de risques cardiovasculaires

- un bilan biologique préopératoire

3.1.2. Prise en charge anesthésique

Tous les patients ont été prémédiqués avec de l’hydroxyzine : 1,5 mg/kg 2 heures avant

l’intervention. Le traitement cardiologique habituel a été conservé hormis l’isoptine et les IEC

dans leur indication d’antihypertenseur. Un cathéter artériel radial et un cathéter central ont

été mis en place avant l’induction.

26

L’induction a été pratiquée avec un hypnotique laissé au choix de l’anesthésiste, la

myorelaxation a été obtenue avec un curare pour faciliter l’intubation et l’analgésie par du

sufentanil. L’entretien de l’anesthésie a été réalisé au moyen d’halogénés inhalés, et du

sufentanil ou du rémifentanil..

L’instabilité per-opératoire a été traitée par remplissage vasculaire ou par bolus d’ephédrine

ou de néosynephrine selon l’appréciation de l’anesthésiste en charge du patient.

L’utilisation d’une ETO pour une évaluation hémodynamique précise a été laissée à

l’appréciation de l’anesthésiste en charge du patient.

27

3.1.3. Procédures chirurgicales

Les pontages aorto-coronaires ont été réalisés de manières classiques : sternotomie médiane,

pontage à l’aide de l’artère mammaire interne et/ou d’une ou plusieurs veines saphènes

internes. La protection myocardique a été obtenue par injections répétées antérogrades ou

rétrogrades d’un soluté de cardioplégie sanguine froide hyper potassique. La reprise d’une

activité myocardique a été facilitée par l’administration antérograde d’un soluté sanguin à

température corporelle.

La CEC a été conduite en hypothermie ou en normothermie modérée (le circuit a été

réchauffé de façon à ce que la température sanguine ne soit pas inférieure à 35°C).

La pression systémique a été maintenue pendant la CEC entre 50 et 65 mmHg à l’aide de

noradrénaline si besoin.

3.1.4. Procédure de CEC

Après réalisation d’une sternotomie médiane verticale et ouverture du péricarde, la

cannulation de l’aorte ascendante et de l’oreillette droite permet de mettre en route la CEC.

La chirurgie se faisait sur un cœur immobile et exsangue après avoir interrompu la circulation

coronaire et clamper l’aorte. La protection myocardique était assurée par l’injection d’un

liquide cardioplégique dans le réseau coronaire.

L’administration d’héparine dans le circuit de CEC permet de prévenir la thrombose du

circuit, et en fin d’intervention l’héparine était antagonisée par de l’aprotinine.

Une fois le geste chirurgical terminé et après avoir mis en place les redons ainsi que les

électrodes de stimulation, la CEC est interrompu, des manœuvres de débullage associé à une

défibrillation du cœur permettent de récupérer une activité cardiaque efficace.

3.1.5. Monitorage hémodynamique

28

La pression artérielle invasive permet de monitorer la pression artérielle moyenne.

Une échographie transoesophagienne a été réalisée en cas de difficultés de sevrage de la CEC

ou lorsque la fonction VG préopératoire était perturbée (FEVG abaissée, anomalies de la

fonction diastolique).

3.1.6. Transfert en USC

A la fin de l’intervention, le patient est transféré en USI. Il a été maintenu sédaté par des

doses minimales de propofol (100 à 150 mg/h).

Lorsque tous les critères de réveil ont été réunis, la sédation par propofol a été arrêtée et les

patients ont été extubés.

Un bilan systématique de retour de bloc est réalisé à l’admission en réanimation et à six

heures, il comprend un ionogramme sanguin, une troponine, une numération formule

sanguine, un bilan de coagulation (TP, TCK), un gaz du sang artériel, une radiographie

pulmonaire, et un électrocardiogramme.

Ce bilan a été répété de manière systématique chaque matin pendant le séjour en réanimation.

3.1.7. Prise en charge des complications

Les patients subissent tout d’abord un réchauffement externe et sont maintenus sous sédation.

Les complications post opératoires précoces sont dépistées à l’aide d’un monitorage du

saignement par la quantification des redons et d’un bilan d’hémostase, et d’un monitorage de

l’hémodynamique par la pression artérielle invasive plus ou moins associé à l’échographie

cardiaque.

Les complications digestives ne pouvant pas être dépistées précocement sont la plupart du

temps diagnostiquées à un stade tardif. Cependant, le transit est évalué systématiquement par

la recherche de bruits hydroaériques et d’un météorisme abdominale anormal. La présence de

29

douleurs ou d’une défense est systématiquement recherchée, mais la sédation limite

l’utilisation de ce signe clinique.

L’angioscanner et l’endoscopie digestive sont les deux outils diagnostiques utilisés par le

réanimateur et sont laissés au libre appréciation du réanimateur.

3.2. Schéma de l’étude

L’objectif étant de mieux comprendre ce syndrome et son histoire naturelle, nous avons

réalisé une étude rétrospective cas-témoin.

Afin de déterminer les facteurs étiologiques de l’ischémie digestive, on a comparé une

cohorte constituée de patients ayant développé une ischémie intestinale dans le territoire

vascularisé par l’AMS, l’AMI ou le tronc cœliaque, à une cohorte de patient dite témoin, qui

n’a pas fait cette complication.

Les données périopératoires de chaque patient hospitalisé à l’IMM sont stockées dans une

base de données informatisées qui comprend les comptes rendus opératoires, les comptes

rendus d’imagerie, les comptes rendus d’hospitalisation et la biologie.

Pour chaque patient les données démographiques, les facteurs de risques cardio-vasculaires, la

procédure chirurgicale et anesthésique ainsi que les complications post opératoires ont ainsi

été recueillis.

3.3. Définition et sélection des individus

3.3.1. Critères d’inclusions

30

Pour tous ces patients pris en charge à l’IMM, les différents codes des actes diagnostiques et

des actes thérapeutiques de la CCAN selon la dixième classification internationale des

maladies (CIM10) ont été recueillis de façon prospective dans une base de données, par les

chirurgiens après le geste chirurgical et au cours de l’hospitalisation des patients pour les

réanimateurs.

Cette base de données est gérée par le département d’information médicale de l’IMM (DIM).

A partir de cette base de données, nous avons pu lister tous les patients ayant eu une

complication digestive à type d’ischémie dans le territoire digestif après une chirurgie

cardiaque sous CEC sur une période de 10 ans, de janvier 2000 au 31 juillet 2010.

Les complications digestives à type d’ischémie ont été définies par une nécrose d’origine

ischémique d’un des organes vascularisés par le tronc cœliaque, l’artère mésentérique

supérieure ou l’artère mésentérique inférieure.

La procédure de chirurgie cardiaque pouvait consister en un ou plusieurs remplacements

valvulaires associé ou non à une procédure de revascularisation, un geste de revascularisation

par pontage aorto-coronaire, une plastie valvulaire ou enfin la pose d’un tube aortique.

3.3.2. Appariement de la cohorte témoin

Pour chaque patient inclus dans l’étude, nous les avons appariés à quatre patients témoins

selon quatre critères :

- L’âge (+/- 10 ans)

- Le sexe

- Le geste chirurgical

- La date opératoire (+/- 10 ans)

31

L’appariement avait comme objectif de comparer notre population cas à une population

témoin ayant des caractéristiques intrinsèques proches, permettant ainsi de mieux étudier le

phénomène.

3.4. Choix et définition des variables recueillies

Des informations complémentaires concernant les antécédents, le bilan pré opératoire, le

comte rendu opératoire, le compte rendu de réanimation et les résultats des analyses

biologiques ont été recherchées par une étude détaillée des dossiers médicaux et ont permis de

recueillir différentes variables.

3.4.1. Variables prés opératoires

Le tableau ci-dessous résume les différentes variables pré opératoires recueillies. Nous avons

collecté des variables correspondant aux facteurs de risques cardiovasculaires, à la maladie

athéromateuses, aux caractéristiques de la fonction cardiaque pré opératoire et à différentes

comorbidités. (Tableau 1)

3.4.2. Variables per opératoires

La durée de CEC et du clampage aortique a été recueillie, en même temps que les

complications suivantes : une instabilité hémodynamique prolongée définie par une PAM

inférieur à 60 mm Hg, une nécessité d’administrer de la noradrénaline à petite dose (<0.5

mg/h) ou à dose significative (>0.5 mg/h), une défaillance ventriculaire gauche ou droite

sévère appréciée sur l’administration de dobutamine ou d’adrénaline, une nécessité d’un

remplissage vasculaire, une transfusion de produits dérivés du sang, un saignement, un trouble

du rythme.

32

3.4.3. Variables post opératoires

Les complications suivantes ont été recueillies : infarctus postopératoire, toutes situations de

pouvant entraîné un bas débit splanchnique (une dysfonction ventriculaire gauche ou droite

sévère, l’administration de dobutamine à posologie supérieure à 5 γ/kg/min et/ou la présence

d’un ballonnet de contre pulsion intra aortique, l’utilisation de catécholamine), d’un

remplissage vasculaire en cas d’hypovolémie, d’un troubles du rythme supra ventriculaire,

d’une défaillance rénale avec la nécessité d’une épuration extra rénale, d’une défaillance

multiviscérale (MOF) et enfin la mortalité.

Ces critères ont été définis de la façon suivante :

- Mortalité : tout décès survenant pendant le séjour en USI.

- Infarctus du myocarde post opératoire défini comme l’association d’au moins deux

critères suivants:

Apparition d’une onde Q.

Sus-décalage horizontal permanent du segment ST d’au moins 1 mm sur deux

dérivations successives.

augmentation de la troponine I au delà de 15UI/l.

modification de la cinétique segmentaire permanente concernant au moins deux

territoires adjacents à l’échocardiographie.

- L’administration de noradrénaline à petite dose, inférieur à 0.5 mg/h.

- Troubles du rythme supra ventriculaire : trouble du rythme ventriculaire ou supra

ventriculaire sans retentissement hémodynamique.

- Insuffisance rénale aigue post opératoire définie selon la classification RIFLE.

- Le saignement évalué par la quantité de liquide recueilli par les drains ou par le dosage

de l’hémoglobine dans les 24 premières heures.

- La nécessité d’une reprise chirurgicale dans les 48 premières heures post opératoire.

33

- La défaillance multi viscérale définie par plus deux défaillances d’organes.

3.5. Analyse statistique

Les résultats sont exprimés en moyenne +/- déviation standard (DS) pour les variables

quantitatives et en nombre (pourcentage) pour les variables qualitatives.

Les comparaisons ont été faites par le test t de Student ou le test de Wilcoxon pour les

variables quantitatives et par le chi 2 ou le test exact de Fischer pour les variables qualitatives.

Le modèle multivariée est une analyse statistique de type régression logistique. Les résultats

sont exprimés en odds ration (OR).

34

Tableau 1 : variables pré opératoires

facteurs de risques cardio-

vasculaires

Antécédent d’intoxication tabagique

Dyslipidémie

Hypertension artérielle (HTA)

surcharge pondérale

diabète non insulino dépendant (DNID)

diabète insulino-requérant ou insulino dépendant (DIR, DID)

facteurs de risques cardio-

vasculaires dits « sévères »

tabagisme non sevré

HTA non contrôlée par plus de deux traitements anti hypertenseurs

diabète multi compliqué

Fonction rénale Créatinémie

insuffisance rénale chronique dialysé

Athérome carotidien Infiltration des troncs supra aortique (TSA)

Plaques d’athérome des TSA

Athérome des artères des

membres inférieur Artériopathie oblitérante des membres inférieurs opérées et non opérées

Athérome des artères

coronaires

Plus de deux troncs coronaires atteints à la coronarographie

Fonction cardiaque gauche

Fraction d’éjection du ventricule gauche (FeVG)

ATCD d’insuffisance cardiaque gauche

cardiopathie hypertrophique, rythmique, ischémique, dilaté, un cœur pulmonaire

chronique, une oreillette gauche dilatée. dysfonction systolique du ventricule

gauche dite sévère (FeVG ≤45%)

dysfonction systolique du ventricule gauche dite modéré (FeVG>45%)

Fonction cardiaque droite Dilatation du ventricule doit (VD) ou hypokinésie du VD

Présence d’une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP)

Morbidité neurologique ATCD d’Accident vasculaire cérébrale (AVC)

morbidité respiratoire ATCD de broncho pneumopathie obstructive post tabagique

35

Quatrième partie

Résultats

36

4.3. Analyse uni variée

4.3.1. Caractéristiques générales des patients

Les caractéristiques démographiques sont résumées sur le tableau 1.

Nous avons inclus 27 cas et 117 témoins.

Il n’y a pas de différences significatives sur l’âge, le sexe et sur l’indication opératoire.

Une confusion, un épisode fébrile, une septicémie à germes d’origines digestives, une

défaillance rénale et enfin une défaillance multiviscérale sont largement associés à l’ischémie

intestinale.

Les taux de mortalités sont de 66,6% et 6,5% pour la cohorte cas et témoin.

4.3.2. Résultats de l’analyse statistique univariée

Les tableaux 2, 3 et 4 regroupent les résultats de l’analyse statistique univariée des variables

peri opératoires.

Globalement en pré opératoire, la maladie athéromateuse, les facteurs de risques

cardiovasculaires dits « sévères », une cardiopathie pré opératoire, la créatinémie et la

chirurgie urgente sont plus fréquemment associés à l’ischémie intestinale. Les facteurs de

risques cardiovasculaires dits « simples ».

La moyenne de la FeVG pré opératoire est de respectivement 55% (+/- 15%) et de 62% (+/-

11%) pour le groupe cas et le groupe témoin.

37

Tableau 1 : caractéristiques démographiques des patients

Variables 27 Cas (%) 117 Témoins (%) P

Sexe féminin (9) 33 42 (39) 0.5 NS

Plastie mitrale 1 (3) 5 (4.6) 1 NS

RVA 8 (30) 35 (32) 0.7 NS

RVM 5 (18) 18 (17) 0.8 NS

PAC 8 (30) 40 (37) 0.4 NS

Chirurgie

combiné

5 (18) 14 (13) 0.5 NS

Prothèse aortique 3 (11) 9 (8) 0.7 NS

MOF

Age

FeVG

38

Tableau 2 : résultats de l’analyse univariée pour les variables pré opératoires

Variables

27 cas

nombre (%)

117 témoins

nombre (%) P

Facteurs de risques HTA 23 (85) 68 (63) 0.03 S

cardiovasculaires Dyslipidémie 16 (59) 40 (37) 0.03 S

dits « simples » Surcharge pondérale 8 (30) 13 (12) 0.37 NS

DID et DIR 2 (7,4) 14 (13) 0.52 NS

DNID 7 (26) 11 (10) 0,005 S

Tabac 10 (37) 30 (28) 0.36 NS

Athérosclérose HTA sévère 10 (37) 2 (1,8) < 0.001 S

Tabagisme sévère 5 (18,5) 5 (4,6) 0.028 S

Diabète sévère 2 (7,4) 4 (3,7) 0.6 NS

IRC dialysé 3 (11,1) 0 0.007 S

Infiltration des TSA 2 (7,4) 29 (27,1) 0.03 S

Athérome des TSA 16 (59,2) 30 (28) 0.002 S

Athéromes coronaire 21 (77,7) 70 (65,4) 0.21 S

Athérome Aorte 9 (33,3) 10 (9,3) 0.004 S

Tri tronculaire 14 (51,8) 37 (34,5) 0.099 S

AOMI opéré 3 (11) 3 (2,8) 0.09 S

AOMI 5 (18,5) 11 (10,2) 0.31 NS

Fonction cardiaque Cardiopathie

hypertrophique 19 (70) 45 (42) 0.008 S

Cardiopathie ischémique 16 (59) 31 (30) 0.003 S

Cardiopathie dilaté 8 (30) 20 (15,7) 0.21 S

OG dilatée 16 (59) 50 (47) 0.24 S

ATCD OAP 10 (37) 16 (15) 0.01 S

FeVG ≤45% 7 (26) 16 (15) 0.25 S

FeVG >45% 8 (30) 23 (21,5) 0.37 NS

Dysfonction VD 3 (11) 11 (10) 1 NS

HTAP 6 (22) 16 (15) 0.38 NS

Arythmies Cardiopathie rythmique 8 (30) 23 (21,5) 0.37 NS

ATCD embolique 1 (3,7) 2 (2) 0.49 NS

Morbidités respiratoires ATCD BPCO 3 (11) 8 (7,5) 0.69 NS

Morbidités neurologiques ATCD AVC 2 (7) 4 (4) 0.6 NS

Chirurgie urgente 9 (33) 17 (16) 0.04 S

39

Tableau 3 : résultats de l’analyse univariée pour les variables per opératoires

Variables Cas (%) Témoins (%) P

Instabilité HD 20 (74) 24 (22) <0.001 S

Noradrénaline ≤0.5 mg/h 4 (15) 13 (12) 0.74 NS

Noradrénaline >0.5 mg/h 3 (11) 8 (7,5) 0.69 NS

Dobutamine 11 (41) 21 (20) 0.02 S

Adrénaline 3 (11) 3 (3) 0.09 S

Saignement 4 (15) 16 (15) 1 NS

Transfusion 12 (44) 21 (80) 0.007 S

Remplissage 12 (44) 36 (34) 0.31 NS

Troubles du rythme 0 6 (5,6) 0.36 NS

40

Tableau 4 : résultats de l’analyse univarié des variables post opératoire

Variables Cas (%) Témoin (%) P

Instabilité HD 23 (85) 32 (30) <0.0001 S

NA ≤ 0.5 mg/h 1 (3) 16 (15) 0.19 NS

NA > 0.5 mg/h 14 (52) 12 (11) <0.0001 S

Dobutamine 15 (55) 24 (22) 0.001 S

Adrénaline 6 (22) 6 (6 0.01 S

saignement<500cc 2 (7) 8 (7) 1 NS

saignement>500cc 8 (30) 14 (13) 0.07 NS

Remplissage

vasculaire

18 (67) 35 (33) 0.001 S

Transfusion 15 (55) 31 (29) 0.009 S

Trouble du rythme 9 (33) 26 (24) 0.34 NS

Reprise chirurgicale 4 (15) 10 (9) 0.48 NS

IDM 3 (11) 4 (4) 0.1 NS

Tamponnade 2 (7) 3 (3) 0.26 NS

Défaillance VG 11 (41) 14 (13) 0.001 S

Défaillance VD 10 (37) 7 (7) <0.0001 S

Vasoplégie 12 (44) 9 (9) <0.0001 S

ACR 1 (4) 5 (5) 1 NS

IRA 23 (85) 18 (17) <0.0001 S

Fièvre 19 (70) 6 (6) <0.0001 S

Confusion 13 (48) 17 (16) <0.0001 S

41

4.4. Résultats de l’analyse multivariée

Nous avons inclus les variables significatives de l’analyse uni variée (p<0.25), ainsi que les

variables suivantes qui nous paraissaient importantes à inclure dans le modèle statistique :

antécédent de cardiopathie rythmique, antécédent embolique, troubles du rythme per

opératoire et post opératoire.

L’analyse multivariée par une méthode de régression logistique a trouvé huit variables

significativement associées à une ischémie intestinale.

Le tableau 5 regroupe les résultats exprimés en odd ration.

42

Tableau 5 : résultats de l’analyse multivariée

Variables OR Intervalle de confiance 95%

HTA sévère 18,829 1,03-343,323

0,804-122,491

2,627-558,171

0,878-45,230

0922-48,413

1,329-197,938

4,479-1419,15

5,659-1379,820

Calcifications aortiques 9,924

Cardiopathie hypertrophique 38,296

Chirurgie urgente 6,302

Dobutamine per opératoire 6,682

Instabilité hémodynamique post opératoire 16,221

Dysfonction ventriculaire gauche post opératoire 79,727

Hypotension artérielle post opératoire 88,365

43

Sixième partie

Discussion

44

6.1. Rappel des résultats et comparaison avec la littérature

Notre analyse multivariée selon un modèle de régression logistique a trouvé huit facteurs de

risque de développer une ischémie intestinale en post opératoire de chirurgie cardiaque.

Notre étude donne des résultats globalement concordants avec ceux des trois études de design

similaire [8-9, 37], comme le montre le tableau ci-dessous :

Facteurs de risques en analyse multivariée Design et Modèle statistique

Allen [40] Ballon de contre pulsion intra aortique

Chirurgie urgente

Durée de CEC et de clampage aortique

Analyse uni variée

Huwer [41] Ballon de contre pulsion intra aortique

Catécholamines post opératoire à haute dose

Troubles du rythme post opératoire

Ana lyse multivariée

régression logistique

Ghosh [42] Ballon de contre pulsion intra aortique

Catécholamines post opératoire à haute dose

Durée de CEC et de clampage aortique

Transfusion

Artériopathie des membres inférieurs

Atteinte tri tronculaire

Ana lyse multivariée

régression logistique

Nous HTA sévère

Calcification aortique

Cardiopathie hypertrophique

Chirurgie urgente

Dobutamine per opératoire

Instabilité hémodynamique post opératoire

Dysfonction cardiaque gauche post opératoire

Hypotension artérielle post opératoire

Analyse multivariée

régression logistique

45

L’instabilité hémodynamique est le facteur de risque constamment retrouvé [8-9, 37]. Elle

semble être liée à une insuffisance circulatoire aigue secondaire à une dysfonction cardiaque

gauche très sévère puisqu’elle nécessite une assistance circulatoire par un support

vasopresseur ou par un support mécanique (BCIA) [9, 37].

Notre étude a l’avantage d’avoir mieux caractérisé cette défaillance d’organe.

Premièrement, il semblerait que la dysfonction cardiaque droite et le saignement post

opératoire source d’hypotension artérielle ne soient pas impliqués ; la défaillance cardiaque

gauche débuterait en per opératoire puisque celle-ci entraînait l’administration de dobutamine

(OR=6,8), puis il semblerait que la défaillance cardiaque gauche s’aggrave rapidement. Avec

un odd ration à 79,7, la dysfonction cardiaque gauche post opératoire est le facteur de risque

le plus significatif de développer une ischémie intestinale.

Par ailleurs, une baisse prolongée de la pression artérielle moyenne, déterminant de la

pression de perfusion tissulaire, participerait grandement à l’ischémie intestinale (OR=88). En

effet, un certain nombre de patients ont souffert d’une hypotension artérielle prolongée sans

dysfonction cardiaque gauche associé. Différents facteurs étaient impliqués dans la genèse de

celle-ci, on peut citer comme exemple l’administration prolongée et injustifiée d’un traitement

anti hypertenseur chez des patients hypertendue sévère.

Dans notre étude, la cardiopathie rythmique pré opératoire et les troubles du rythme per et

post opératoires ne semblent pas être impliqués. Seule l’étude de Huwer a analysé ce facteur

[8], il a constaté que le trouble du rythme était cinq fois plus lié à la survenue d’une ischémie

mésentérique. Dans la moitié des cas, ce trouble du rythme était associé à une instabilité

hémodynamique à l’origine d’un biais.

Dans notre étude, l’hypertension artérielle sévère ainsi que les cardiopathies hypertrophique

sont liées significativement à l’apparition d’une ischémie mésentérique, alors que dans l’étude

46

de Ghosh [37], ce sont surtout les atteintes coronariennes et périphériques sévères (tri

tronculaires et artériopathie des membres inférieurs). Au premier abord, les facteurs de risque

cardiovasculaire ne semblent jouer aucun rôle, mais le manque de puissance pourrait

expliquer ces résultats. La maladie athéromateuse sévère pourrait, par contre, occuper une

place importante dans la survenue de l’ischémie. Cela signifierait que l’insuffisance

circulatoire à elle seule ne suffirait peut-être pas pour générer une ischémie intestinale et qu’il

faudrait l’associer à un athérome très sévère.

Notre étude est la seule à ne pas avoir mis en évidence d’association significative avec la

durée de la CEC et du clampage aortique. Nos résultats sont discordants avec la littérature [8-

9, 37]. Cependant l’impact de la CEC sur la circulation mésentérique reste à définir, même si

les études expérimentales montrent clairement une diminution de la perfusion mésentérique

pendant la procédure de CEC. L’association CEC et ischémie mésentérique est loin d’être

établie et aucune étude n’a clairement démontré cette relation. Dans une petite étude parue

récemment, 44 procédures chirurgicales à cœur battant ont été comparées rétrospectivement

contre 2000 CEC. Il n’y avait pas de différence significative sur la présence de complications

gastro-intestinales [4,38].

Notre étude semble donc apporter de nouvelles données dans la compréhension de l’IMNO.

Premièrement, En accord avec les études d’Allen et Huwer [8-9], elle semble être la

principale étiologie des ischémies mésentériques observées après une chirurgie cardiaque sous

CEC, et serait due à une défaillance très sévère du ventricule gauche. La maladie

athéromateuse sévère pourrait être impliqué et la place de la CEC reste à définir, d’autres

études sont nécessaire pour confirmer ces résultats.

La plupart des auteurs évoquent, comme cause, un phénomène de vasoconstriction

splanchnique diffuse et prolongée générée par une insuffisance circulatoire aigue. Décrite par

47

Siegelman en 1974 [10], cette vasoconstriction serait possiblement liée aux différents

mécanismes adaptatifs de la circulation mésentérique à l’insuffisance circulatoire aigue, ils

dépasseraient ainsi les limites de tolérance à l’ischémie du tube digestif [4].

6.2. Les limites de l’étude

Notre étude comporte certaines limites :

- C’est une étude rétrospective avec les limites que cela implique.

- C’est une étude qui possède un effectif de petite taille, et qui manque probablement de

puissance. Pour certaines variables tels que les facteurs de risque cardiovasculaire, la

taille de l’effet à mettre en évidence était probablement petite et il aurait fallu inclure

plus de sujets.

- C’est une étude cas témoin soumise aux biais liés aux choix des témoins. Pour ce type

d’étude, d’après la « national health and medical research council » [], le niveau de

preuve est classé III-2. Les conclusions de cette étude sont soumise à de nombreux

biais, mais elle sert de pont à la réalisation d’essaie contrôlé randomisé.

- Enfin, l’objectif de notre étude était d’identifier les facteurs de risques de survenu

d’une ischémie intestinale afin de mieux comprendre son histoire naturelle. Nos

résultats sont globalement comparables avec la littérature mais il est important de

souligner que nous ne disposons que de seulement trois études pour comparer nos

résultats. De plus, même si les méthodes statistiques étaient comparables, le design ne

l’était pas forcement. Ainsi, il est difficile de tirer des conclusions fiables.

48

Conclusion

L’IMNO, dans sa forme la plus grave, est un phénomène rarement observé, mais détient une

mortalité proche de 100%.

Sa physiopathologie n’est pas bien connue mais on sait qu’elle survient dans un conteste

d’une grave insuffisance circulatoire aigue, que ce soit dans le cadre du choc cardiogénique

ou du choc hémorragique, le dénominateur commun étant l’effondrement de la pression de

perfusion tissulaire.

D’autres facteurs pourraient participer à sa genèse, leurs reconnaissances permettraient une

meilleure identification des populations à risque et éventuellement une meilleure prise en

charge thérapeutique. Notre étude a mis en évidence huit facteurs de risques de développer

une ischémie intestinale. Il semblerait que la maladie athéromateuse, dans sa forme la plus

évolutive, soit liée à l’apparition de l’IMNO. La place de la CEC est par contre imprécise,

aucune études humaines n’a clairement démontré sa responsabilité, nos résultats ne sont peut

être pas en accord avec la littérature mais en accord avec la physiopathologie. Elle implique

un mécanisme de vasoconstriction splanchnique généralisé, qui est probablement le reflet de

l’altération vertigineuse de la pression de perfusion systémique.

Cependant ces résultats sont le fruit d’un travail rétrospectif, avec les biais que cela implique,

et des études prospectives restent nécessaires pour les valider.

49

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