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John Stuart Mill: L’utilitarisme
Chapitre 5, 2e partie: 2e méthode
d’investigation §§ 12 - 25
Introduction
! Question de la 1e méthode d’investigation : " Le sentiment de justice / d’injustice reflète-t-il une
composante unique des situations jugées injustes ? ! Résultat de l’investigation: Non
! Question de la 2e méthode d’investigation : " Le sentiment de justice / d’injustice résulte-t-il de
la combinaison d’autres sentiments qui surgissent lorsqu’on juge une situation d’injuste ? ! La procédure que Mill propose est une analyse du
concept de la justice
§12a: Le droit positif et la justice chez les Hébreux et les Grecs/Romains
! Idée ancienne 1 (Hébreux) : " Un élément de la justice est la conformité à la loi
! La loi est dicté par les Dieux # par définition parfaite
! Idée ancienne 2 (Grecs et Romains) " Les lois sont faits par les hommes faillibles
! Possibilité de mauvaises lois # lois injustes
§12b La loi et la morale ! Le sentiment de justice / d’injustice se manifeste
lors de la violation de lois « qui doivent exister » Dimension morale
La loi devrait exister
La loi ne devrait pas exister
Dimension légale
La loi existe sentiment d’injustice présent
sentiment d’injustice absent
La loi n’existe pas sentiment d’injustice présent
sentiment d’injustice absent
! « Les lois effectivement en vigueur [cessent] d’être acceptées comme règle de justice »
§13 La justice et l’injustice au-delà du domaine légal
! Pourquoi la catégorie (B) ? " Lois et « vie privée » " Efficacité des lois et des normes sociales " La possibilité des magistrats d’abuser de leur pouvoir
! Forme des sanctions administrées par autrui " Violation des lois : punitions " Violation des normes sociales : sanctions informelles (p. ex. « blâme »)
! Lois et normes sociales : Les idées de l’obligation et de la sanction sont centrales
La loi devrait exister La loi ne devrait pas exister
La loi existe sentiment d’injustice présent sentiment d’injustice absent
La loi n’existe pas sentiment d’injustice présent sentiment d’injustice absent
(A) souhaitable comme loi
(B) souhaitable comme norme sociale
dans les deux cas, la violation provoque des sentiments d’injustice
§14a&b: de l’axiologie à la déontologie : L’obligation morale ! Problème :
" Obligation & sanctions définissent la morale (non seulement la justice) ! « Le devoir est quelque chose qui peut être exigé d’une personne
comme on exige le paiement d’une dette. »
! Autres évaluations (non-morales) " Actions estimables:
! (A) sohatiable qu’elles soient faites, (B) souhaitable qu’elles ne soient pas faites
! L’admiration pour les personnes qui font ces actions ! L’absence de l’obligation / sanctions
! Thèse : L’idée qu’une action mérite ou ne mérite pas une punition = base des notions de bien moral et de mal moral
§15a&b : de l’axiologie à la déontologie : l’obligation de justice
Évaluation d’une action Évaluation morale
(« domaine de la moralité ») Évaluation non-morale (« autres domaines »)
Évaluation en termes d’obligation de justice (« obligations parfaites », donnent naissance à « un droit corrélatif » : si X a un droit, Y a un devoir)
Évaluation en termes d’obligations morales générales (« obligations imparfaites », ne donnent pas naissance à un « droit corrélatif »)
Évaluation en termes d’intérêts personnels (« expediency »)
Évaluation en termes de l’estimable (« worthiness »)
Type d’actions : respect ou violation des droits individuels d’autrui
Type d’actions : respect ou violation de notre devoir de charité, générosité et bienfaisance
Type d’actions : réalisation ou non d’actions qui satisfont nos besoins égoïstes
Type d’actions : réalisation ou non d’actions non-obligatoires jugées désirables /admirables
Exemples : ne pas tuer, priver de liberté, voler
Exemple : aider ceux qui sont dans le besoin
Exemple : épargner pour réaliser ses projets
Exemple : se porter garant à quelqu’un
§§16-18: Les résultats intermédiaires de la 2e méthode d’investigation ! Le sentiment de justice / d’injustice est
basé sur le désir de punir la violation d’un droit individuel (« préjudice »)
! Thèse : " Ce désir ne résulte pas de considérations
morales " S’il est lié à des considérations morales, c’est
qu’il est lié à des considérations d’intérêt ! (Mill utilise ici le mot « expediency », il aurait été
plus clair d’utiliser l’expression « intérêt général »)
§§19-20: Le désir de punir, la sympathie et l’intelligence ! Le désir de punir résulte de deux sentiments
instinctifs 1. « le sentiment qui nous pousse à nous défendre » 2. « le sentiment de la sympathie »
! Autodéfense " Courant dans le règne animal " Particularités humaines :
! Capacité de « sympathiser avec tous les êtres humains et même avec tous les êtres pourvus de sensibilité »
! Intelligence • Capacité de comprendre que « toute conduite qui menace la
sécurité de la société […] menace la sienne propre et éveille son instinct […] de défense personnelle ».
§§21-22: Le sentiment de justice : un sentiment moral ?
! Deux causes de l’indignation (sentiment d’injustice) : 1. Cause : mal fait à la société – même si l’on en souffre pas
personnellement (p. ex. discrimination d’une minorité) 2. Cause : mal dont on souffre personnellement – mais qui ne fait pas
de mal à la société (p. ex. concurrence) " Seulement dans le premier cas, le sentiment d’injustice a un
caractère moral – il est dû au sentiment social qui le motive (voir §§ 9 et 10) : le bonheur des autres nou concerne
! Objection possible : pensons-nous vraiment au bien de la société quand nous sommes indignés? " Réponse : Il suffit d’examiner « si l’acte est blâmable avant de se
permettre d’en concevoir du ressentiment »; une personne qui agit ainsi « sent certainement qu’elle met en pratique une règle qui est avantageuse aux autres aussi bien qu’à elle-même »
" Même un interprétation sensée de Kant soutient cette réponse.
§23: Le résultat final de la 2e méthode d’investigation
Idée / concept de justice
Règle de conduite : ne pas violer les droits
Sentiment de justice : désir de sanctionner la violation des droits
Sentiment animal : désir de vengeance
Sympathie humaine : mal d’autrui = mal vécu grâce au sentiment social
Distinction entre obligations (a) parfaites (« droits corrélatifs ») (b) imparfaites
Résultat de l’analyse conceptuelle de la justice
Résultat de l’analyse psychologique du sentiment de la justice / injustice
§24: La définition des droits individuels Possession :
C’est ma pomme (possession)
C’est ma pomme (propriété)
Propriété :
relation de contrôle personnelle
relation de contrôle assurée par la communauté
Si un autre réussi à s’emparer de la pomme, l’autre sera le possesseur.
• Pour assurer la propriété, la communauté exige un titre, la preuve d’une acquisition conforme aux règles (lois ou normes sociales).
• L’assurance consiste dans l’aide contre ceux qui s’emparent du bien ou qui empêchent l’usage du propriétaire (police, tribunaux)
• L’assurance ne fournit aucune garantie de pouvoir réaliser un bénéfice par la vente de l’objet.
• La propriété de l’objet change seulement si une autre personne acquiert le titre, p. ex. par l’échange, par un don, par le payement d’une dette, etc.
§25a&b: L’avantage de la propriété et les sentiments à son égard
! Les désavantages de l’absence de la propriété : " La possession – même de son propre corps – est incertaine : c’est
uniquement la force qui en détermine la durée (manque de sécurité) " (La production de richesses, le commerce et la conclusion de
contrats sont souvent irréalisables pour la plupart des gens.)
! La force des considérations de sécurité " « L’idée que nous nous faisons [de l’exigence de conserver ce qui
est le fondement même de notre existence] s’accompagne de sentiments […] tellement plus forts en comparaison de ceux qui correspondent à des intérêts plus ordinaires, que la différence de degré [= gaduelle] devient une véritable différence de nature [= catégorique]. »
" Ce mécanisme psychologique explique le sentiment décrit au § 1 que le sentiment de justice semble « révéler une qualité inhérente aux choses […] quelque chose d’absolu […] génériquement distinct de toutes les variantes de l’expédient ».