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Perceval le Gallois (suite) Pierre Causse, dramaturge > page 2 9 e édition du Festival Premières à Strasbourg > Stammtisch OURNAL Théâtre National de Strasbourg « Perceval ou l’aventure de la spiritualité. » MAI-JUIN 2014 / n°24 Perceval le Gallois Antoine Hamel, Perceval © Michel Cavalca « Le génie, c'est Marivaux  » par Christophe Rauck, metteur en scène des Serments indiscrets > page 2 Entretien avec Éric Vigner, metteur en scène du Vice-Consul, Atelier-Spectacle de sortie du Groupe 41 > page 3 Perceval a été élevé par sa mère qui le maintient dans la plus grande ignorance, jusqu’au jour où il croise des chevaliers dans la forêt. Il n’a plus qu’une idée en tête : tout quitter pour rencontrer le roi Arthur. En chemin, ce jeune homme naïf créera la surprise autour de lui par son comportement hors de toutes les normes. Sa simplicité d’esprit lui sera tour à tour un atout considérable et un fardeau très lourd à porter. Perceval sera le premier chevalier qui fera de la quête du Graal le centre de sa vie. L’onirisme et la comédie sont au rendez-vous de cette aventure qui réunit les troupes du TNP et du TNS mises en scène par Christian Schiaretti avec la complicité de Julie Brochen. Le Graal Théâtre est une œuvre dont l’écriture s’est élaborée sur trente ans. Rédigée par deux auteurs, elle demande, pour être réalisée sur scène, un temps, une distribution, une patience hors norme. Les vertus de l’obstination, de la fidélité, de l’humilité sont requises. Ainsi, il n’était pas pensable de l’envisager avec les forces seules d’une institution ou d’un metteur en scène. Comme elle fut écrite, elle sera mise en scène, au moins à deux, chacun amenant sa part de travail, deux anonymats au rendu final : peu importe l’auteur du détail pour autant que l’édifice tienne. Et c’est par l’achèvement que sa clef définitive peut être rendue. Cette réalisation est au sens propre une quête, prévue sur quatre ans, chaque année livrant son épisode : Joseph d'Arimathie (2011), Merlin l'Enchanteur (2012), Gauvain et le Chevalier Vert (2013), Perceval le Gallois (2014). Elle réunit deux équipes d’acteurs, les compétences techniques, administratives, artistiques de deux maisons, le Théâtre National de Strasbourg et le Théâtre National Populaire. La matière et la démarche magnifient les traditions des deux maisons réunies : la dimension populaire du sujet évoquée dès ses nombreux titres Merlin, Gauvain, Perceval, Lancelot, Morgane, Guenièvre, etc. et l’audace de la conception : tisser sur le long terme les complicités possibles des deux institutions. Il y a au fond de ce projet, comme une Table Ronde du théâtre, une abolition des lignes de pouvoir, l’affirmation d’un effacement au bénéfice du texte. Une sorte d’utopie qui tient tout entière dans l’ignorance de son aboutissement. L’équipe du Graal Théâtre QUELS ENJEUX POUR LE QUATRIèME éPISODE DU GRAAL THÉÂTRE ? Perceval est une pièce atypique dans le Graal Théâtre : il semble que ce soit la plus spirituelle du cycle. C’est la seule où l’on suit vraiment un rite initiatique : on observe Perceval partir de rien, devenir chevalier, rater le Graal à peu de choses, et enfin on le voit basculer dans un rapport violent au monde et aux autres. Et cette avancée est émaillée de préceptes qui ont une dimension spirituelle. C’est un parcours presque religieux, constitué moins par des aventures que par des stations. Comparée à Gauvain qui la précède, et Lancelot qui la suivra, Perceval est une pièce moins fleurie, plus linéaire – y compris dans le rapport aux sources : les scribes sont restés très proches de Chrétien de Troyes. Aussi, pour Christian Schiaretti, le spectacle sera moins en rupture, moins effervescent que les deux autres, s’appuyant sur cette donnée fondamentale du personnage qu’est son silence. Christian Schiaretti souhaite explorer la dimension méditative de Perceval : le silence lui est recommandé par sa mère, puis par Yvain, et il y obéit. Mais s’agit-il de silences hébétés ou de silences habités ? Il faut peut- être y voir une expérience mystique ; dans ce silence il y a une spiritualité possible, qui nous échappera toujours. > suite page 2

Journal du TNS #24

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Perceval le Gallois | 9e édition du Festival Premières | Les Serments indiscrets | Entretien avec Éric Vigner

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Page 1: Journal du TNS #24

Perceval le Gallois (suite)Pierre Causse, dramaturge

> page 2

9e édition duFestival Premières

à Strasbourg> Stammtisch

OURNALThéâtre National de Strasbourg

« Perceval ou l’aventure de la spiritualité. »

Mai-Juin 2014 / n°24

Perceval le Gallois

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« Le génie, c'est Marivaux  »par Christophe Rauck, metteur en

scène des Serments indiscrets> page 2

Entretien avec Éric Vigner,metteur en scène du Vice-Consul,

Atelier-Spectacle de sortie du Groupe 41> page 3

Perceval a été élevé par sa mère qui le maintient dans la plus grande ignorance, jusqu’au jour où il croise des chevaliers dans la forêt. Il n’a plus qu’une idée en tête  : tout quitter pour rencontrer le roi Arthur. En chemin, ce jeune homme naïf créera la surprise autour de lui par son comportement hors de toutes les normes. Sa simplicité d’esprit lui sera tour à tour un atout considérable et un fardeau très lourd à porter. Perceval sera le premier chevalier qui fera de la quête du Graal le centre de sa vie. L’onirisme et la comédie sont au rendez-vous de cette aventure qui réunit les troupes du TNP et du TNS mises en scène par Christian Schiaretti avec la complicité de Julie Brochen.

Le Graal Théâtre est une œuvre dont l’écriture s’est élaborée sur trente ans. Rédigée par deux auteurs, elle demande, pour être réalisée sur scène, un temps, une distribution, une patience hors norme. Les vertus de l’obstination, de la fidélité, de l’humilité sont requises.Ainsi, il n’était pas pensable de l’envisager avec les forces seules d’une institution ou d’un metteur en scène. Comme elle fut écrite, elle sera mise en scène, au moins à deux, chacun amenant sa part de travail, deux anonymats au rendu final  : peu importe l’auteur du détail pour autant que l’édifice tienne. Et c’est par l’achèvement que sa clef définitive peut être rendue. Cette réalisation est au sens propre une quête, prévue sur quatre ans, chaque année livrant son épisode : Joseph d'Arimathie (2011), Merlin l'Enchanteur (2012), Gauvain et le Chevalier Vert (2013), Perceval le Gallois (2014). Elle réunit deux équipes d’acteurs, les compétences techniques, administratives, artistiques de deux maisons, le Théâtre National de Strasbourg et le Théâtre National Populaire.La matière et la démarche magnifient les traditions des deux maisons réunies  : la dimension populaire du sujet évoquée dès ses nombreux titres Merlin, Gauvain, Perceval, Lancelot, Morgane, Guenièvre, etc. et l’audace de la conception  : tisser sur le long terme les complicités possibles des deux institutions.Il y a au fond de ce projet, comme une Table Ronde du théâtre, une abolition des lignes de pouvoir, l’affirmation d’un effacement au bénéfice du texte. Une sorte d’utopie qui tient tout entière dans l’ignorance de son aboutissement.

L’équipe du Graal Théâtre

QuELS ENJEux PouR LE QuATRIèmE éPISodE du Graal théâtre ?Perceval est une pièce atypique dans le Graal Théâtre : il semble que ce soit la plus spirituelle du cycle. C’est la seule où l’on suit vraiment un rite initiatique  : on observe Perceval partir de rien, devenir chevalier, rater le Graal à peu de choses, et enfin on le voit basculer dans un rapport violent au monde et aux autres. Et cette avancée est émaillée de préceptes qui ont une dimension spirituelle. C’est un parcours presque religieux, constitué moins par des aventures que par des stations.Comparée à Gauvain qui la précède, et Lancelot qui la suivra, Perceval est une pièce moins fleurie, plus linéaire – y compris dans le rapport aux sources  : les scribes sont restés très proches de Chrétien de Troyes. Aussi, pour Christian Schiaretti, le spectacle sera moins en rupture, moins effervescent que les deux autres, s’appuyant sur cette donnée fondamentale du personnage qu’est son silence.Christian Schiaretti souhaite explorer la dimension méditative de Perceval : le silence lui est recommandé par sa mère, puis par Yvain, et il y obéit. Mais s’agit-il de silences hébétés ou de silences habités ? Il faut peut-être y voir une expérience mystique ; dans ce silence il y a une spiritualité possible, qui nous échappera toujours.

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Page 2: Journal du TNS #24

page 2Perceval le Gallois (suite)

« Le génie, c'est Marivaux. »Par Christophe Rauck, metteur en scène des Serments Indiscrets

damis et Lucile sont destinés l’un à l’autre par leurs pères respectifs. mais lui veut gar-der son indépendance, et elle entend rester «  une femme libre  ». Cependant, il suffira d'un regard entre eux pour que leurs principes soient mis à mal. marivaux propose une comédie intime et troublante, portée par la fougue de ces jeunes gens piégés entre le désir d’aimer, la peur de ne pas l’être, le poids et le respect des traditions et la volonté de s’en émanciper.

Le génie c’est Marivaux, il faut se glisser entre les lignes pour ar-river à faire entendre le rythme cardiaque des amoureux. Les acteurs dessinent les contours de cette histoire turbulente sur les pages délicates d’un livre de chevet. Comme une très belle

miniature persane, c’est par le détail du trait et la délicatesse de la composition qu’apparaît la violence d’une chasse ou d’une bataille.C’est à partir du noir de la nuit que nous avons construit le pay-sage onirique de nos amoureux. Entre intérieur et extérieur, rien n’est dit, tout est à imaginer. La mélancolie qui se dégage de Lucile et Damis est celle des jeunes gens perdus entre le désir d’aimer et la peur de ne pas l’être. Nous assisterons à la naissance de deux êtres qui, grâce à cette épreuve, sortiront de leur ignorance et s’ouvriront enfin au monde. Ce nouveau monde, c’est l’autre, celui que l’amour révèle et qui, juste par le battement d’un cœur plus fort et plus intense, change toute la perception de sa propre réalité.©

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LEs sERMENTs INDIsCRETsdu mercredi 7 au samedi 17 mai

BoRD DE pLaTEau

de Marivaux Mardi 13 maià l'issue de la représentation

Mise en scène Christophe Rauck

Du mardi au samedi à 20h • Dimanche 11 mai à 16hRelâche lundi 12

Salle GignouxAvec Marc Chouppart, Cécile Garcia Fogel, Pierre-François Garel, Sabrina Kouroughli, Hélène Schwaller, Marc Susini, Alain Trétout

#sermentsTNS 3 vIDéo : www.tns.fr

PERCEVAL déCouVRE SoN Nom ET SoN mALhEuR

Cousine Dites-moi avez-vous vu la lance dont la pointe saigne bien qu’il n’y ait ni corps ni veines ?Perceval Si je l’ai vue ? Oui je l’ai vue.Cousine Avez-vous demandé pourquoi elle saignait ?Perceval Non.Cousine Hélas. Avez-vous vu le Graal ?Perceval Oui.Cousine Qui le portait ?Perceval Une demoiselle.Cousine D’où venait-elle ?Perceval D’une chambre.Cousine Où allait-elle ?Perceval Dans une autre chambre.Cousine N’y avait-il personne devant le Graal ?Perceval Si.Cousine Qui donc ?Perceval Deux valets.Cousine Que tenaient-ils entre leurs mains ?Perceval Un candélabre plein de cierges.Cousine Et après le Graal qui venait ?Perceval Une autre demoiselle avec un autre plat en argent.Cousine Avez-vous demandé à tous ces gens où ils allaient ainsi ?Perceval Non.Cousine Hélas. Quel est ton nom ?Perceval Perceval le Gallois. Pourquoi dis-je Perceval je ne sais pas. Ce n’est pas ainsi qu’on m’appelait chez ma mère et pourtant je sens que c’est mon nom.Cousine C’était ton nom mais ton nom est changé maintenant. Tu étais Perceval le Gallois maintenant tu es Perceval l’Infortuné. Ah Perceval malheureux quelle erreur de ne pas avoir posé de question. Le Roi Pêcheur aurait retrouvé l’usage de ses membres de nouveau il aurait pu gouverner sa terre. C’est ton péché qui est responsable car tu as fait mourir ta mère de douleur. Va je te connais bien.

Extrait de Perceval le Gallois, scène 6

Perceval est moins picaresque que les autres chevaliers. Ainsi, face à la première scène au cours de laquelle il rencontre Gauvain, Yvain et Ké, qu’il prend pour des anges, il existe deux possibilités. Il y a une première version dans laquelle Perceval est comique, un simplet dont on rit de la confusion. Mais l’on peut aussi se demander : qui est ce jeune homme qui rencontre des anges ? Que se passe-t-il si nous adoptons son point de vue ?Car c’est le même jeune homme qui va rencontrer le Roi Pêcheur, et voir le Graal. Perceval frôle le Graal, il est le chevalier qui s’en approche au plus près. Il se tient au bord du mystère, et c’est comme si toute son initiation devait le mener à ce point, qui signe en même temps son échec, puisqu’il reste muet. Scène que les scribes eux-mêmes désignent comme «  capitale  », et au cours de laquelle, fait unique dans le Graal Théâtre, ils citent directement Chrétien de Troyes. Événement dans le processus d’écriture dont il faut mesurer la portée. Une épiphanie du poème, une envolée textuelle, tel est le cortège du Graal et de la Lance qui saigne, ne faisant que mieux résonner encore le silence de Perceval.Pour toute la première partie de la pièce – jusqu’au moment où Perceval rencontre le Roi Pêcheur – Christian Schiaretti souhaite travailler en vignettes, en aplats, à la manière des enluminures du Moyen Âge. Retrouver quelque chose d’une simplicité romane. Donner à voir le livre d’image, celui de Blaise, le conteur, dont la place est réaffirmée, centrale.Après le Graal apparaîtront les perspectives  ; un monde plus vaste s’ouvre, plus hostile peut-être,

dans lequel Perceval devient un chevalier errant. Car la pièce comporte bien deux versants et il s’opère un changement dans la nature du person-nage entre l’avant et l’après Graal. Avant il est en-core Cher Fils, il ne connaît pas son nom  ; après, il y a une métamorphose profonde, qu’il ne faut peut-être pas expliquer, mais qui est à jouer. C’est un autre homme. Et les changements successifs de costumes – la quasi-nudité de l’enfant sauvage, la chemise de chanvre donnée par la mère, l’armure vermeille... – ne sont là que pour dire les étapes de cette transformation intérieure.Nous devrions toujours être dans la nostalgie de l’innocence de Cher Fils, cet enfant sauvage s’exer-çant dans une forêt première ; car par la suite il ne cessera d’être perverti, d’étape en étape, et finira en errance, dans l’oubli de lui-même et de Dieu.Perceval est entièrement fondé dans l’oubli, l’am-nésie ; conséquence, peut-être, d’une éducation par omission, privée d’un juste rapport à son hérédité. À chaque scène, il est un autre, une nouvelle page blanche.Que voit-il lorsqu’il médite sur les trois gouttes de sang tombées dans la neige ? Le visage de son amie Blanchefleur, sans doute, mais n’est-ce pas là aussi métaphore de l’innocence perdue ? Et si l’on élève les trois gouttes de sang, les trois mêmes gouttes qui coulent à la pointe de la Lance, ne peut-on y voir les plaies du Christ, image réduite à l’essentiel d’une crucifixion  ? Ici se frottent les dimensions courtoises et mystiques, païennes et chrétiennes, et il s’agit de parcourir cette rugosité.

Pierre Causse, dramaturge

Extrait des notes dramaturgiques de Leslie Six« un rite nécessaire et violent. de la mélancolie. »

Il y a ici comme un élan qui donne à la lutte des person-nages – leur façon d’affronter les autres et les obstacles – une dimension plus grande. C’est ce chemin initiatique, à travers leur confrontation aux traditions, à l’autorité des pères, à eux-mêmes, où entrent en jeu des rapports de pou-voir féroces, qui marque leur entrée dans la vie de façon irrémédiable.La mélancolie se loge alors dans la souffrance qu’exige l’épreuve...Ce chemin est un passage, tout comme l’est un mariage, un enfant, un deuil, etc. et ce passage porte une dimension ver-

tigineuse : il s’agit pour eux de l’éprouver, de conserver des espaces de liberté contre tout système et tout dogmatisme.Cette aventure prend alors des airs de campagne guerrière. On y affronte « l’ennemi », « l’agresseur ». On élabore des plans d’attaque, on change de tactique en cours de bataille, on reprend son souffle pour mieux porter son coup. On se sent tiraillé entre Shakespeare et Choderlos de Laclos. Comme si cette lutte, était un décapage nécessaire, à la fois pour « parler vraiment » et se découvrir soi. Il ne s’agit pas de « marivaudage » mais d’un rite nécessaire et violent. Ce que Damis et Lucile vont découvrir se mérite.C’est le parcours des deux jeunes gens qui arrivent forts de leurs discours d’indépendance et pour qui l’accès à l’autre sera douloureux. Mais c’est cette foi qui triomphera, même

si pour la découvrir il faut prendre des armes (la ruse, la méfiance, le jeu).Ainsi, les deux grandes tirades de Lucile sur le mariage pointent une contradiction encore très pertinente au-jourd’hui  : d’une part sa soif de liberté, l’envie de s’appar-tenir, de décider de sa vie et de l’autre, l’archaïque dans la tradition qui repousse et attire.Sans doute est-ce une des choses les plus belles chez Marivaux  : ce double regard qui porte à la fois un fort scepticisme (son regard sur une société qui se gausse, les beaux esprits qui parlent de ce qu’ils ne connaissent pas, des titres assis sur de l’argent, le règne des masques, de la vanité) et une foi immense en l’autre et en la dignité humaine.

pERCEvaL, LE gaLLoIsdu mardi 6 au vendredi 23 mai 2014

BoRD DEpLaTEau

LECTuRE

De Florence Delayet Jacques Roubaud

Séances spéciales• Surtitrage françaisVendredi 16 mai• Surtitrage allemandSamedi 17 mai• AudiodescriptionJeudi 22 mai

Mercredi 21 maià l’issue de la représentation

Merlin l’enchanteurde Edgar QuinetSamedi 24 maià 20hTNS, salle Gignoux

Réservationau 03 88 24 88 00(détails dans les brèves)

Mise en scène Christian Schiarettiavec la complicité de Julie Brochen

Du mardi au samedi à 20hDimanche 18 mai à 16hRelâche les lundis et dimanche 11

Salle KoltèsAvec Muriel Inès Amat1, Laurence Besson2, Fred Cacheux1, Jeanne Cohendy, Julien Gauthier2, Damien Gouy2, Antoine Hamel1, Ivan Hérisson1, Xavier Legrand, Maxime Mansion2, David Martins1, Clément Morinière2, Juliette Plumecocq-Mech, Yasmina Rémil2, Clémentine Verdier2

1 Comédiens de la troupe du TNS2 Comédiens de la troupe du TNP

#GraalTNS 3 vIDéo : www.tns.fr

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FaITEs DéCouvRIR LE gRaaL, vENEz aCCoMpagNé(E) !

Pour fêter le retour du Graal Théâtre, les abonnés du TNS et les détenteursdes cartes Atout Voir ou Culture peuvent proposer à deux personnes de plus de 26 ans de les accompagner au tarif préférentiel de 15 € (au lieu de 27 €).

Renseignements auprès de la billetterie au 03 88 24 88 24

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Page 3: Journal du TNS #24

Thomas Pondevie  : Quand on parle de ton compagnonnage avec l’œuvre de marguerite duras, cela représente sept spec-tacles, si bien qu’on établit souvent une sorte d’équivalence : éric Vigner, metteur en scène de marguerite de duras. Qu’est-ce que la rencontre avec cette écriture a produit sur toi et ta manière de faire du théâtre ?Éric Vigner : Marguerite Duras dit dans La Vie matérielle : « Écrire ce n'est pas raconter des histoires. C'est raconter une histoire qui en passe par son absence. » Elle se trouve dans un proces-sus d’écriture traversé par des histoires, c’est-à-dire qu’elle est engagée dans un mouvement perpétuel et infini. Elle m’a trans-mis cette « dramaturgie ». Mon travail au théâtre est comparable à celui d’un artiste – c’est ma formation de plasticien qui a déterminé cette orientation – qui s’exerce dans le champ du théâtre avec la littérature comme carburant principal. Le thème de son œuvre, c’est évidemment la question de l’amour, de l’amour comme énergie, comme sen-timent, comme inconnu, comme impossibilité, comme absolu. Marguerite Duras travaille à cet endroit-là. Elle est l’un des grands écrivains contemporains de la seconde moitié du XXe

siècle qui inscrit ses personnages dans l’histoire des grands couples tragiques. Anne-Marie Stretter et le Vice-Consul, ce sont les cousins de Titus et Bérénice, de Tristan et Iseult.

T. P. : marguerite duras est une « chercheuse ». Si on file la mé-taphore scientifique et qu’on prend les deux bornes de ton tra-vail avec son œuvre, il y a d’abord un projet au Conservatoire de Paris en 1993 et aujourd’hui, vingt ans plus tard, un atelier de recherche avec le Groupe 41 au TNS. Ce sont deux écoles nationales et ce n’est pas rien. L’école n’est-elle pas justement le terrain le plus approprié pour travailler la dimension expé-rimentale de l’écriture ? E. V.  : Une école d’art peut et doit être aussi le lieu de l’inven-tion et de l’expérimentation. C’est un lieu où peut s’exercer l’acte de création dans sa « gratuité » et cet espace permet d’inventer des formes. C’est aussi l’endroit de la transmission qui s’exerce dans l’acte de création, c’est un lieu d’apprentissage en ce sens. […]Ce travail de recherche qui a été permis par l’école m’a ensuite aidé à définir les outils fondamentaux pour le théâtre que je voulais faire : pas seulement faire entendre au théâtre quelque chose de la littérature mais aussi travailler à partir de la réalité, celle de l’espace de la représentation, du texte comme matière d’interprétation sonore, et des acteurs.

T. P. : Nous jouerons en mai dans l’espace Klaus michael Grüber du TNS. or, marguerite duras dans son texte sur le théâtre publié dans la Vie matérielle – que tu évoquais tout à l’heure, parle justement de sa mise en scène célèbre de Bérénice, pour

définir les principes du théâtre qu’elle voudrait faire  : « du théâtre lu, pas joué »…E. V. : Marguerite Duras regrettait dans cette mise en scène de Klaus Michael Grüber, créée à la Comédie-Française, l’amorce des mouvements des ac-teurs qui étaient presque immobiles pourtant. Au théâtre, elle veut la parole comme action. Ce n’est pas un théâtre de la vraisemblance où l’engagement psychologique, l’enga-gement du corps est très intense et va de pair avec la parole. L’action, c’est le mouvement de l’écriture qui s’invente dans le corps de l’acteur au moment même de sa formula-tion. Elle demande que le corps de l’acteur soit le corps de l’auteur écri-vant. Que l’acteur et l’auteur soient un dans le mouvement présent de l’acte théâtral, qui est chez Duras le surgissement de l’écriture.

T. P.  : C’est une conception qui tra-verse aussi son œuvre cinémato-graphique ?

E. V.  : Dans son cinéma, il y a deux images : une image sonore (celle du texte) et une image visuelle. Ces deux images ne vont pas de pair et ce procédé produit un espace sur lequel le specta-teur travaille, parce qu’il cherche à réunir et à mettre ensemble ces deux images. Concrètement, les personnages que l’on voit ne parlent pas. Des voix parlent. Ce sont des voix off. À cer-tains moments bien sûr, il y a rencontre entre l’image sonore et l’image visuelle mais ces points de rencontre se font de manière aléatoire. Il y a un cours merveilleux de Deleuze à ce sujet.

T. P. : Tu penses en particulier à son film India song ?E. V. : Oui. India Song est un texte de théâtre au départ. C’est une commande de Peter Hall pour le National Theatre à Londres où il ne sera finalement pas monté. La « pièce » est en fait enregis-trée pour le premier atelier de création radiophonique de Radio France en 1974 avant de devenir le film qui ira au Festival de Cannes en 1975. Pour ce film, Marguerite Duras prend la bande son de l’atelier radiophonique d’un côté et filme de l’autre des personnages qui font des choses, marchent, dansent, etc., mais ils ne parlent pas. Des voix, des sons, de la musique se posent sur ces images. Elle ira même plus loin avec Son nom de Venise dans Calcutta désert où elle reprend encore une fois la bande son d’India Song pour filmer les mêmes espaces mais vidés cette fois des personnages. India Song prend source dans Le Vice-Consul écrit en 1966. Nous allons, comme pour La Pluie d’été, faire pour la première fois du théâtre avec Le Vice-Consul. […]Ce qui importe dans Le Vice-Consul, c’est le cri fondamental, la révolte, l’injustice fondamentale. L’engagement politique de Marguerite Duras est d’abord un en-gagement personnel et profondément intime. La destruction elle la vit, jusqu’à en mourir, comme les héroïnes de ses livres. La compréhension sensible de la douleur du monde peut être sau-vée à certains moments par l’écriture, qui est une sorte de trace salvatrice et consolatrice de la douleur fondamentale, mais c’est tout. Et il faut recommen-cer tous les jours parce que ce n’est pas une ré-demption définitive.

Extraits de l’entretienavec Éric Vigner

réalisé parThomas Pondevie,élève dramaturge,

le 27 mars 2014

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w w w . t n s . f r+33 (0)3 88 24 88 00

Conférence organisée par le Couvent des Dominicains

« Perceval et le Graaldans les arts du moyen âge » Rémy Valléjo, Historien de l’ArtLundi 5 mai à 20h30 Centre Mounier, 42 rue de l’Université Renseignements au 03 88 21 24 12

projection des films des spectacles mis en scène par Julie Brochen, réalisés par alexandre gavras

« À travers ces deux films, il s’agit non pas de "capter" le spectacle mais de le traduire en "cinéma". Je voulais m’affranchir de toutes les contraintes techniques liées à la représentation. En dépouillant l’espace pour ne garder que le décor, j’ai voulu récréer une forme d’espace physique et mental où seule s’exprime la mise en scène de Julie Brochen.Nous ne sommes plus sur une scène de théâtre mais sur un plateau de cinéma. Le regard du spectateur n’est plus global mais dirigé : il devient celui du réalisateur. Libre de toute contrainte de placement de caméra je peux utiliser toute la palette grammati-cale cinématographique pour raconter l’his-toire. Les plans larges, moyens et serrés ne sont plus dépendant d’une place de caméra fixe comme lors d’une captation. Il est alors possible de choisir le bon axe et la bonne focale qui donneront le plus d’impact à la narration qui devient celle du cinéma. »

la CerisaieLundi 19 mai à 20h au Cinéma Star

Dom JuanLundi 26 mai à 20h • Au TNS, salle Koltès

Entrées libresRéservation recommandée au 03 88 24 88 24

Lectures publiques

Merlin l’enchanteur de Edgar QuinetEn 1860, Edgar Quinet, écrivain, historien et républicain convaincu écrit Merlin l’enchanteur, dans lequel il imagine une correspondance entre Viviane et Merlin. Les deux grands magiciens sont séparés, mais toujours obsédés par la passion amoureuse qu’ils ont vécue. La force de leur amour se confronte à leurs visions radicalement opposées du monde.> Lecture dirigée par Julie BrochenAvec Pascal Bongard et Fanny MentréSamedi 24 mai à 20h • Au TNS, salle Gignoux

Comité de lecture du TNSLecture d'un texte sélectionné par le comité de lecture du TNS, avec les comédiens de la troupeVendredi 13 juin à 20h • Au TNS, salle Gignoux

Entrée libreRéservation recommandée au 03 88 24 88 24

Concours 2014

Le concours d’entrée à l’École du TNS se poursuit en juin avec le stage probatoire des élèves retenus lors de la première sélection.Les prochains concours d’entrée à l’École auront lieu en 2016 et en 2017.

saison 14-15

Présentations de saison • Vendredi 5 septembre à 20h• Samedi 6 septembre à 18hEn compagnie des artistes invités.

ouverture de la billetterieet des abonnements > uniquement pour les Cartes Saison• Jeudi 4 et vendredi 5 septembre de 10h à 18h, ou par dépôt et sur internet

> pour tous• Lundi 8 septembre à partir de 14h

Possibilité de déposer les formulaires d’abonnement à l’accueil du TNS l’issue des présentations de saison. Ces formulaires seront traités dès le 8 septembre.

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Atelier-Spectacle de sortie du Groupe 41 de l'École du TNSLe Vice-Consul crie dans les jardins de l’ambassade de France à Calcutta  : il crie son amour pour Anne-marie Stretter et hurle d’effroi devant la misère indienne. Ce cri contient tout. une béance ontologique d’abord, les derniers soubresauts du colonialisme et l’idée de la fin du monde surtout, le seul vrai programme durassien. Pour son spectacle de sortie avec éric Vigner et à l’heure du centenaire de la naissance de l’écrivain, le Groupe 41 se saisit de cette colère en reprenant des entretiens de duras. Il se met alors en marche aux côtés de la mendiante du Vice-Consul, pour rejoindre Calcutta et le cœur ardent du roman - et de la littérature.

LE vICE-CoNsuL Texte – Théâtre – Filmdu jeudi 22 au mardi 27 mai 2014

pRoJECTIoNs au CINéMa L’oDYsséE À sTRasBouRg

D’après Le Vice-Consul, India Song et interviews de Marguerite Durasadaptation du Vice-Consul éric vigner

la Femme du Gangede Marguerite Duras, 1974, 85'Samedi 24 mai à 15h30,petite salle

Durassong, documentaire de Jérémie Cuvillier, 2013, 60'Dimanche 25 mai à 18h20, grande salleSuivi d’une rencontre avec Éric Vigneret l’équipe de l’Atelier-Spectacle

Tarif spécial 6,50 € pour les abonnés du TNS. Renseignements au 03 88 27 61 80

Atelier-spectacle du Groupe 41 (3e année) de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre National de Strasbourgdirigé par Éric Vigner

Tous les soirs à 20h • Relâche dimanche 25 Entrée libre • Réservation obligatoire 03 88 24 88 24

Espace Grüber (18 rue Jacques Kablé)

> À Paris Théâtre de La Commune-CDN d’Aubervilliers, du 13 au 19 juin 2014 Avec Elissa Alloula, Manuela Beltrán, Luca Besse, Claire Boust, Pierre Cévaër, Florian Choquart, Isabel Aimé Gonzalez Solá, Iannis Haillet, Matthias Hejnar, Caroline Menon-Bertheux, Romaric Séguin, Heidi Zada

#EcoleTNS

Maquette du décor © Ingrid Pettigrew

Projet de costume © Anne-Sophie Grac

Page 4: Journal du TNS #24

Stammtisch

édité par le Théâtre National de Strasbourg • directrice de la publication Julie Brochen  • Responsables de la publication Éric de La Cruz, Fanny Mentré • Rédactrice en chef Caroline Strauch • En collaboration avec Quentin Bonnell, Tania Giemza, Chrystèle Guillembert, Chantal Regairaz  • Conception et réalisation graphique Tania Giemza • Impression DNA

Où trouver le Journal du TNS ? Au TNS et dans de nombreux lieux de dépôts : Boutique Culture, bibliothèques, FNAC, théâtres, musées, bars… (liste consultable sur www.tns.fr) •Sur le site du TNS (téléchargeable dès les 1er septembre, novembre, janvier, mars et mai) • Sur le blog du TNS : www.tns.fr/blog > rubrique Le Journal du TNS

b l oRéagir sur le

www.tns.fr/blogS’exprimer, publier, partager sur le

9e Festival Premières

Renseignements/Location : 03 88 24 88 24

Tarifs saison 12-13 : de 5,50 € à 27 € où se jouent les spectacles ?TNS : 1 avenue de la Marseillaise- Salle Koltès, placement numéroté- Salle Gignoux, placement libreESPACE KLAuS MiChAEL GRüBER :18 rue Jacques Kablé, placement libreToutes les salles sont accessiblesaux personnes à mobilité réduite.

où et comment acheter vos billets ?

• À la billetterie du TNS : 1 avenue de la Marseillaisehoraires d’ouverture :lundi 14h-18h, mardi > vendredi 10h-18h, samedi 10h-12h /14h-18h• Par téléphone : 03 88 24 88 24 et par Internet http://billetterie.tns.fr• À la caisse du soir (uniquement le spectacle du jour) : ouverte 45 min. avant le début de la représentation.

• Autres points de vente :- Boutique Culture, place de la Cathédrale- Réseau « FNAC, Carrefour, Géant, Système u, intermarché »- Détenteurs de la carte Culture : Kiosque Culture, L’Agora - bâtiment Le Platane

informations pratiques

LEGIoNNAIRES A dISCuSSIoN WITh FIGhT Lettonie-FinlandeMISE EN SCèNE Valters SīlisAUTEURS Carl Alm, Ieva Kauliņa, Kārlis Krūmiņš, Valters Sīlis

JEu 5 21h45 / VEN 6 18h30 • TNSEn anglais et français, épisodes en letton,suédois, finnois et allemand. Non surtitré

Souvent recrutés de force par l’armée al-lemande pendant la seconde guerre mon-diale, beaucoup de Lettons trouvèrent ensuite refuge en Suède, mais l’URSS demanda leur extradition. La décision du gouvernement suédois pouvait avoir des conséquences fatales  : un retour valait condamnation à mort. Pour les habitants d’une Lettonie alors partie intégrante du bloc de l’Est se posait la question du rapport à ceux qui en étaient exclus. Les deux acteurs de Legionnaires, un Suédois de Finlande et un Letton, retracent dans toute sa complexité le processus histo-rique  : où chercher les responsabilités, les refoulements ? Un véritable travail de mémoire, dans lequel le spectateur est également impliqué.

© Ģirts Raġelis

oPA ÜBT AllemagneMISE EN SCèNE FUX(Stephan Dorn, Falk Rössler, Nele Stuhler)

SAm 7 17h / dIm 8 14h30 • Espace GrüberEn allemand, épisodes en anglais et français, surtitré en français

L’opéra ne fonctionne d’ordinaire qu’avec un grand nombre de personnes  : musi-ciens, chanteurs, danseurs, techniciens… et beaucoup de moyens. Dans Opa übt, de la jeune compagnie FUX, trois comédiens interrogent à eux seuls tout un genre. Ils s’attaquent à un travail de « déconstruc-tion » du théâtre lyrique et se penchent sur la partition et le livret d’une œuvre concrète. En quête d’une esthétique alternative de l’opéra, ils en révèlent les exigences, les structures et les tradi-tions. Mais leur recherche radicale n’est pas exclusivement formelle  : Heiner Müller disait que l’opéra pourrait être un « réceptacle » pour l’utopie. Quelle forme donner aujourd’hui à ce réceptacle et à cette utopie ?

dEhoRS BelgiqueDE Thomas Depryck • CONCEPTION ET MISE EN SCèNEAntoine Laubin

SAm 7 19H / dIm 8 16h30 • MAILLONEn français surtitré en allemand

Omniprésents dans l’espace public, les sans-abris restent pourtant en-dehors de nos existences. La politique n’y trouve pas de remède et on semble s’arranger de cette misère. Dans son travail, Antoine Laubin se réfère aux écrits de l’anthropologue Patrick Declerck : l’exclusion de ceux qui ne s’adaptent pas n’est-elle pas, pour le politique, le moyen de garantir la stabilité du système ? Dans cette performance, les acteurs tirent au sort les scènes à jouer et donnent ainsi une nouvelle forme à chaque représentation. Alternant fiction et documentation, scènes écrites et improvisées, ils explorent le sujet dans ses contradictions, en se gardant autant des réponses faciles que du discours moral.

WhAT ThE hELL IS hAPPINESS? ItalieCONCEPTION ET MISE EN SCèNE Codice Ivan (Anna Destefanis, Leonardo Mazzi, Benno Steinegger)

JEu 6 21h15 / VEN 7 15h • TJP/Petite scèneEn anglais et italien surtitré en français et allemand

Le bonheur est une idée fixe de l’humanité, sa poursuite une obsession  : selon Schopenhauer, il s’agirait là de la seule erreur innée de l’Homme. Quel prix sommes-nous prêts à payer pour éprouver ce bonheur  ? Quels sont les liens entre nos biens et notre bien-être ? La compagnie Codice Ivan explore ces questions avec humour dans une performance qui renvoie aussi bien à l’agitprop qu’à la culture pop. Peu à peu, le plateau se remplit de pancartes, tandis que le sol se couvre d’écritures à la craie. En refusant de considérer le bonheur comme un objet privé, les performeurs déploient les enjeux sociaux et politiques de cette quête sans fin. La question centrale demeure : comment devons-nous vivre ?

PAST IS PRESENT SuisseMISE EN SCèNE Corinne Maier

JEu 6 21h45 / VEN 7 21h15 • MAILLONEn allemand et anglais surtitré en français

Quelles représentations de la famille partageons-nous  ? Comment la mon-dialisation influence-t-elle nos relations familiales  ? Une famille s’identifie-t-elle toujours à une langue, une religion, un quotidien partagé et des valeurs com-munes  ? Le réalisateur Shaheen Dill-Riaz habite à Berlin, ses parents vivent au Bangladesh, son frère aux États-Unis, sa sœur à Sydney et son fils à Varsovie. Après plusieurs documentaires, Shaheen nous présente ici sa propre famille, écla-tée aux quatre coins du monde, à travers des extraits de films et des fragments de récits… Un matériau vécu dont s’empare la jeune metteuse en scène Corinne Maier : de quoi sont faits aujourd’hui ces fameux liens qui composent une famille ?

EN ChAQuE hommE IL Y EN À dEux QuI dANSENT FranceMISE EN SCèNE Vilma Pitrinaite et Thomas Pondevie

VEN 7 22H / SAm 8 19H • MAILLONEn français surtitré en allemand

À partir d’un texte emblématique des nouvelles écritures russes, Oxygène d’Ivan Viripaev et du Lac des cygnes, œuvre chorégraphique majeure de Piotr Ilitch Tchaïkovski, trois interprètes composent un drame à deux personnages pour donner vie à une œuvre pluridisciplinaire. Orchestrée en quatre mouvements, elle célèbre l’amour fou et ques-tionne l’oppression et la liberté, dont l’absence peut conduire à l’asphyxie. Détournant les fictions origi-nelles, les acteurs en parcourent les méandres, en auscultent les pulsations, en révèlent l’incroyable vitalité, tels des danseurs en équilibre sur une corde raide tendue entre danse et théâtre.

WhEN I dIE A GHOST STORy wITH MuSIC SuisseMISE EN SCèNE, CONCEPT Thom Luz

VEN 7 21H30 / SAm 8 19H • TNSEn anglais, allemand et français surtitré en français

Rosemary Brown (1916-2001), veuve et mère de deux enfants, vit à Londres. Elle reçoit en 1964 la visite du fantôme de Schubert, puis de Brahms, Rachmaninov, Debussy... qui lui demandent de ter-miner une œuvre restée inachevée. Alors Rosemary se met au travail et règle toute sa vie sur cette dic-tée de l’au-delà. Partant de ses partitions, Thom Luz compose une soirée pour quatre musiciens et une comédienne où, au-delà des non-sens spirituels et des débats ésotériques, se jouent les thèmes de la mort et du réel dans l’art. La musique devient alors un élément dramaturgique du discours et du jeu qui nous mènent, entre doute et croyance, au cœur de cette incroyable histoire vraie.

REFLEx hongrieTEXTE Péter Závada • MISE EN SCèNE Dániel D. Kovács

VEN 7 19H30 / SAm 8 16H30 • TNSEn hongrois surtitré en français et allemand

Hongrie, 1956 : une scientifique est placée en asile psy-chiatrique. S’agit-il d’une vraie schizophrénie ? A-t-elle été mise à l’écart pour raisons politiques ? Dans Reflex, Dániel D. Kovács interroge la possibilité d’un regard objectif sur la réalité. Sa mise en scène traduit le flou de notre perception du monde, toujours influencée par des stratégies politiques ou relationnelles. Ici, l’histoire d’une équipe de scientifiques est interrompue par des moments surréels, ludiques et musicaux, dans une mise en scène où règne néanmoins une atmosphère oppressante. Car le climat de surveillance et de suspi-cion qui caractérise le point de départ historique du tra-vail nous concerne aujourd’hui encore.

À Strasbourg du 5 au 8 juin 2014Premières, seul festival en France consacré aux jeunes metteurs en scène européens en début de parcours professionnel, entre dans sa neuvième édition. Il réunit chaque année une sélection d’une dizaine de spectacles sur quatre jours, à la faveur d’un joyeux marathon théâtral, inventif et festif, où se dessinent les lignes de force du théâtre de demain. Désormais, Pre-mières est accompagné d’un surtitrage français et allemand. Car depuis l’an passé, qui a vu son passage en Allemagne, le festival est devenu bi-national, organisé par trois théâtres de part et d’autre du Rhin supérieur : le Badisches Staatstheater Karlsruhe, le Maillon,Théâtre de Strasbourg-Scène européenne et le Théâtre National de Strasbourg.Avec neuf mises en scène venues de huit pays, Premières propose un aperçu contrasté des formes les plus diverses que revêt aujourd’hui la mise en scène en Europe. La diversité des sujets abordés et l’inventivité de ces jeunes metteurs en scène sont pour le théâtre une enthousiasmante promesse d’avenir.

Barbara Engelhardt, responsable artistique de la programmation

Toutes les infos sur :WWW.FESTIVALPREmIERES.EuRetrouvez sur le site des vidéos sur les spectacles, des infos sur les compagnies, sur les soirées et les rencontres du festival, ainsi que des informations sur le parcours des compagnies accueillies les années précédentes.

LE FESTIVAL EST AuSSI SuR LES RéSEAux SoCIAuxFACEBOOK FestivalPremieresTWITTER @FestPremieres #FP9

AmAToRKI PologneD’APRèS Les Amantes d’Elfriede JelinekMISE EN SCèNE Ewelina Marciniak

JEu 5 19H30 / VEN 6 18H30 • TNSEn polonais, surtitré en français et allemand

Dans ses premiers textes, Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature en 2004, jette un regard incisif sur le quotidien, celui des femmes en particulier  : quel peut être l’avenir d’une ouvrière ? Paula et Brigitte veulent prendre leur vie en main en se mariant, mais l’amour ne tient pas ses promesses. Désormais sans illusions, les deux femmes sont livrées à toutes les oppressions  : les hommes, les autres femmes, l’entourage social. Ewelina Marciniak met en scène la dynamique violente d’une lutte entre les personnages, mais aussi entre rêve et réalité. Elle retrace ces parcours en mêlant la présence physique débordante des comédiens et une étrange légèreté musicale.

© Teatr wybrzeŻe © Brigitte Fässler © Alessandro Sala for Centrale Fies © Susanna Drescher

© Alice Piemme © Máté Bartha © Reto Schmid © Mathilde Delahaye