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28 NOVEMBRE 2013 CULTURE MÉDIAS OÙ RETROUVER JÉRÔME NIEL ? • « Le Grand Journal », tous les vendredis sur Canal+. • www.youtube.com/user/Iafermejerome JÉRÔME NIEL « J’aime les rôles de nerveux! » Vous vouliez faire quoi quand vous étiez petit ? Jérôme Niel : Éboueur ! Je ne le dis pas pour rire ! Monter sur le marchepied pour se faire balader par le camion, ça me faisait envie. Après, quand j’ai appris que pour faire ce métier il fallait se lever très tôt, j’ai changé de vocation. Devenir humoriste professionnel, est-ce venu naturellement ? J. N. : Je suis d’abord passé par une école de radio. J’ai débuté comme chroniqueur sportif pour une petite chaîne de la TNT, et ça me plaisait bien. En même temps, j’ai un peu tâté du Cours Florent [école de formation d’acteur]. Quand j’ai commencé à bricoler mes vidéos sur Internet avec Axel, un ami à moi, j’ai trouvé ce qui me passionnait dans la vie : jouer et faire rire. Lui était derrière la caméra, moi devant. On s’est d’abord lancés sur un format marrant qui s’appelait « Webstory », où on paro- diait « Secret Story ». Mais on n’avait pas les droits des images, et nos vidéos étaient systématique- ment virées de YouTube. Alors, on a créé « La ferme, Jérôme », qui consistait à parler des lieux communs de la vie de tous les jours. Vous faites tout vous-mêmes… J. N. : Alex et moi, on a toujours préparé les vidéos ensemble, de l’écriture à la mise en scène, excepté le montage. Moi, tout ce qui est technique, j’ai ten- dance à le sous-traiter. Je ne suis pas un fou des nouvelles technologies, même si j’essaie de m’améliorer. Avant, je notais mes idées de sketchs sur des bouts de papier, maintenant j’utilise mon téléphone : j’ai créé un onglet « idées » ! La télé, ça vous plaît ? J. N. : C’est une autre échelle, avec plus de moyens, et un rythme plus soutenu. Sur le Net, on prend le temps de peaufiner le sketch avant de le mettre en ligne. Pour la télé, c’est différent, tout est chrono- métré. Mais je continue à faire vraiment ce que je veux, sans censure. Tant que c’est drôle, ça passe ! D’où vous est venue l’idée de Camille, ce psychopathe qui donne aux filles des conseils girly en démarrant par un gentil « Salut, bande de salopes ! » ? J. N. : J’étais avec ma chérie, qui est une fan de nail art. Vous savez, ce truc de nanas qui consiste à se peinturer les ongles avec des tas de motifs… Elle m’expliquait comment on faisait, et je me suis dit que ça pourrait être marrant un « tuto » vidéo féminin présenté par un bonhomme énervé. Il s’adresserait aux nanas et leur expliquerait à la tronçonneuse comment faire des cupcakes et ce genre de choses. On a testé le concept au Studio Bagel, et Canal+ m’a donné carte blanche pour reprendre le personnage de Camille à l’identique, avec son cocard, sa coupe spéciale et ses tee-shirts de chatons. Qui est ce type ? Un tueur en série ? J. N. : Il est juste un peu excité. J’aime bien les rôles de nerveux ! J’ai toujours aimé les personnages à la Joe Pesci, Jim Carrey… J’ai adoré les deux Joker de Batman. J’aime quand c’est too much. Dans l’humour, quelles sont vos références ? J. N. : Les comédies américaines, les films d’Apatow… et puis j’ai mes classiques : Les Inconnus, Les Nuls… Aimeriez-vous monter sur scène ? J. N. : J’y pense, mais je ne suis pas pressé. Ce qui me plaît, c’est de pouvoir continuer à faire de la comédie, de l’écriture, du montage… Je suis davantage tenté par le cinéma. Êtes-vous bosseur ? J. N. : Ça dépend. Je suis très paresseux pour monter une étagère Ikea, mais pour faire ce que j’aime faire je ne compte pas mes heures ! PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE VALOTTO « LA FERME JÉRÔME » SUR YOUTUBE, C’EST LUI. APRÈS AVOIR ANIMÉ LA PASTILLE « GROOM SERVICE » SUR CANAL+, LE VOILA QUI MET LE BAZAR DANS « LE GRAND JOURNAL » AVEC SES « TUTOS » DÉJANTÉS. ALORS, TOUJOURS PAS CALMÉ ? © Daniel Bardou / Canal +

JÉRÔME NIEL - Dominique Valotto · 2013-12-09 · sur des bouts de papier, maintenant j’utilise mon téléphone : j’ai créé un onglet « idées » ! La télé, ça vous plaît

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Jérôme Niel

CULTURE MÉDIAS

28 NOVEMBRE 2013

CULTURE MÉDIAS

OÙ RETROUVER JÉRÔME NIEL ?• « Le Grand Journal », tous les vendredis sur Canal+.• www.youtube.com/user/Iafermejerome

JÉRÔME NIEL« J’aime les rôles de nerveux ! »

Vous vouliez faire quoi quand vous étiez petit ?Jérôme Niel : Éboueur ! Je ne le dis pas pour rire ! Monter sur le marchepied pour se faire balader par le camion, ça me faisait envie. Après, quand j’ai appris que pour faire ce métier il fallait se lever très tôt, j’ai changé de vocation.

Devenir humoriste professionnel, est-ce venu naturellement ?J. N. : Je suis d’abord passé par une école de radio. J’ai débuté comme chroniqueur sportif pour une petite chaîne de la TNT, et ça me plaisait bien. En même temps, j’ai un peu tâté du Cours Florent [école de formation d’acteur]. Quand j’ai commencé à bricoler mes vidéos sur Internet avec Axel, un ami à moi, j’ai trouvé ce qui me passionnait dans la vie : jouer et faire rire. Lui était derrière la caméra, moi devant. On s’est d’abord lancés sur un format marrant qui s’appelait « Webstory », où on paro-diait « Secret Story ». Mais on n’avait pas les droits des images, et nos vidéos étaient systématique-ment virées de YouTube. Alors, on a créé « La ferme, Jérôme », qui consistait à parler des lieux communs de la vie de tous les jours.

Vous faites tout vous-mêmes…J. N. : Alex et moi, on a toujours préparé les vidéos ensemble, de l’écriture à la mise en scène, excepté le montage. Moi, tout ce qui est technique, j’ai ten-dance à le sous-traiter. Je ne suis pas un fou des nouvelles technologies, même si j’essaie de m’améliorer. Avant, je notais mes idées de sketchs sur des bouts de papier, maintenant j’utilise mon téléphone : j’ai créé un onglet « idées » !

La télé, ça vous plaît ?J. N. : C’est une autre échelle, avec plus de moyens, et un rythme plus soutenu. Sur le Net, on prend le temps de peaufiner le sketch avant de le mettre en ligne. Pour la télé, c’est différent, tout est chrono-métré. Mais je continue à faire vraiment ce que je veux, sans censure. Tant que c’est drôle, ça passe !

D’où vous est venue l’idée de Camille,ce psychopathe qui donne aux filles des conseils girly en démarrant par un gentil « Salut, bande de salopes ! » ?J. N. : J’étais avec ma chérie, qui est une fan de nail art. Vous savez, ce truc de nanas qui consiste à se peinturer les ongles avec des tas de motifs… Elle m’expliquait comment on faisait, et je me suis dit que ça pourrait être marrant un « tuto » vidéo féminin présenté par un bonhomme énervé. Il s’adresserait aux nanas et leur expliquerait à la tronçonneuse comment faire des cupcakes et ce genre de choses. On a testé le concept au Studio Bagel, et Canal+ m’a donné carte blanche pour reprendre le personnage de Camille à l’identique, avec son cocard, sa coupe spéciale et ses tee-shirts de chatons.

Qui est ce type ? Un tueur en série ?J. N. : Il est juste un peu excité. J’aime bien les rôles de nerveux ! J’ai toujours aimé les personnages à la Joe Pesci, Jim Carrey… J’ai adoré les deux Joker de Batman. J’aime quand c’est too much.

Dans l’humour, quelles sont vos références ?J. N. : Les comédies américaines, les films d’Apatow… et puis j’ai mes classiques : Les Inconnus, Les Nuls…

Aimeriez-vous monter sur scène ?J. N. : J’y pense, mais je ne suis pas pressé. Ce qui me plaît, c’est de pouvoir continuer à faire de la comédie, de l’écriture, du montage… Je suis davantage tenté par le cinéma.

Êtes-vous bosseur ?J. N. : Ça dépend. Je suis très paresseux pour monter une étagère Ikea, mais pour faire ce que j’aime faire je ne compte pas mes heures !

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE VALOTTO

« LA FERME JÉRÔME » SUR YOUTUBE, C’EST LUI. APRÈS AVOIR ANIMÉ LA PASTILLE « GROOM SERVICE » SUR CANAL+, LE VOILA QUI MET LE BAZAR DANS « LE GRAND JOURNAL » AVEC SES « TUTOS » DÉJANTÉS. ALORS, TOUJOURS PAS CALMÉ ?

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CULTURE INTERVIEW

Pio marmaï

6 SEPTEMBRE 2013

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CULTURE INTERVIEW

MARMAÏ

« Le cinéma n’est pas toute ma vie ! »

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CULTURE INTERVIEW

Pio marmaï

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IL JOUE UN GARÇON SÉRIEUX ET NORMATIF DANS GRAND DÉPART, AUX CÔTÉS DE JÉRÉMIE ELKAÏM ET D’EDDY MITCHELL. UN RÔLE À CONTRE-EMPLOI POUR CET ACTEUR BOHÈME, QUI SE TIENT À DISTANCE DES CARCANS IMPOSÉS.

Parlez-nous de Romain, votre personnage dans Grand Départ ?Pio Marmaï : C’est un garçon qui ne veut surtout pas sortir de ce qu’il croit être la norme, aussi bien dans son travail que dans sa vie privée ; il travaille dans une entreprise commerciale, il a une vie très cadrée… Il se rassure sur sa propre normalité par rapport à son frère, qui s’assume homosexuel et artiste. Lui joue au bon fils, celui qui a réussi, qui a des responsabilités. La mala-die de son père va tout bouleverser. C’est une épreuve qui va finalement changer les choses dans le bon sens pour lui.

On retrouve beaucoup du fils de famille que vous incarniez dans Le Premier Jour du reste de ta vie…P. M. : C’est très juste ! Il y a beaucoup de points communs… Mais dans ce film-ci, la relation de Romain avec son frère est plus complexe. Il y a entre eux un lourd passif de jalousies et de vieilles rancunes. Tout tourne autour de l’enjeu du fils préféré. Romain ressent comme une injustice de ne pas être plus aimé que son frère, alors qu’il a fait tant d’efforts pour que son père soit fier de lui… Il est celui des deux frères qui assume tout, jusqu’au placement de son père en maison de retraite, mais c’est aussi le plus fragile des deux…

C’est souvent ainsi dans la vie, ne trouvez-vous pas ?P. M. : Les gens qui se désignent comme des leaders, ceux qui entraînent le mouvement, ne sont pas aussi forts qu’ils paraissent. Ils ont besoin de se mettre à l’épreuve vis-à-vis des autres et vis-à-vis d’eux-mêmes, parce qu’au fond ils ne sont pas si sûrs d’eux.

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VOIR AUSSI LA CRITIQUE DE GRAND DÉPART : chronique en page 11

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CULTURE INTERVIEW

Pio marmaï

8 SEPTEMBRE 2013

CULTURE INTERVIEW

Jérémie Elkaïm et vous campez ce tandem fraternel, central dans le film. Comment s’est passée la relation de travail entre vous ?P. M. : C’était un peu tendu au départ, on s’est un peu regardés en chiens de faïence… Le cinéma est un petit milieu qui entretient entre les gens des compétitions surfaites, où les rumeurs circulent…, et on arrive parfois sur un plateau précédé d’une réputation bâtie de toutes pièces. Jérémie se méfiait, mais on s’est parlé, on a appris à se connaître et, pour moi, il est devenu un appui très fort. On a aussi beaucoup ri pendant le tournage !

Le film n’est pas une comédie, mais malgré la gravité du sujet on rit justement beaucoup…P. M. : Oui, et c’est ce que j’aime au cinéma, quand il y a ce qu’il faut de distance et d’humour… On n’était jamais dans la caricature, le regard est tou-jours bienveillant mais sans pathos. Il valait mieux : c’était un rôle lourd pour Eddy Mitchell d’incarner ce père atteint de démence sénile. Ce n’était pas évident pour lui d’aller au bout de ce rôle, mais il l’a fait consciencieusement.

Comment était la relation avec lui sur le plateau ?P. M. : Très courtoise. Avant le tournage, je ne le connaissais que par ses chansons et ses rôles. Eddy Mitchell, c’est une pointure au cinéma, et j’étais content de le rencontrer. Je l’ai trouvé… étrange, et gentil. On s’est vraiment bien entendus. Il faisait des petits cadeaux à toute l’équipe quand il arrivait sur le plateau, il cherchait à nous faire plai-sir. Il a été très attentif à nous tous, très à l’écoute.

En même temps, on a aussi l’impression qu’il s’en est donné à cœur joie !P. M. : Oui, c’est vrai… Plus il « déménage », plus le fossé se creuse entre son monde à lui et la réa-lité, plus il balance des énormités tellement déca-

lées qu’on ne peut que rire, même si c’est terrible. Il faut savoir que certaines répliques du film sont reprises in extenso des vrais dialogues vécus par Nicolas Mercier, le réalisateur. Il a lui-même écrit le scénario, inspiré de la maladie de son propre père.

Les scènes de bureau sonnent elles aussi souvent très vrai…P. M. : Il y a une sorte de langage commercial codifié que j’ai essayé d’étudier en interrogeant des copains qui travaillent dans ce type de milieu. J’ai regardé comme ils travaillaient et se comportaient ensemble. Nicolas Mercier ne fait pas dans la cari-cature, il voulait que ça sonne juste.

On vous voit de plus en plus au cinéma…P. M. : Oui, c’est vrai. Je viens de terminer le tour-nage d’une comédie de Nicolas Castro, Des lende-mains qui chantent. Et je prépare un film avec Éric Rohmer pour le moment, qui parle de transmission du savoir… C’est un projet passionnant. Mais je ne veux pas enchaîner les films. J’ai beaucoup tourné ces derniers temps et j’ai besoin de temps pour essayer d’autres expériences. Et pour travailler au théâtre. Pour moi, le théâtre est une nécessité. J’y retourne de plus en plus, j’en ai besoin.

Quels sont vos projets sur les planches ?P. M. : Je travaille depuis plusieurs années avec le Centre national d’art dramatique de Valence, pour lequel j’écris, je monte et je prépare des spectacles. J’ai une pièce en projet, mais je ne veux pas encore en parler !

« J’ai trouvéEddy Mitchell étrange…

et gentil. »

SORTIE LE 4 SEPTEMBRE

GRAND DÉPART, de Nicolas Mercier

Ce film réunit un casting de choix : les deux frères sont incarnés par Pio Marmaï et Jérémie Elkaïm, et Eddy Mitchell dans le rôle du père.

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Redoutez-vous d’être « happé » par le grand écran ?P. M. : Pour moi, le cinéma n’est pas toute ma vie. Je n’aimerais pas tomber dans le piège d’accumu-ler les films et ne plus rien faire d’autre. Mon but n’est pas d’aligner les tournages les uns après les autres, comme le font beaucoup d’acteurs quand ils commencent à avoir du succès. J’aurais trop peur de m’enfermer dans une routine, sans ne plus prendre de risques… Je n’ai pas envie de me retrouver, à l’âge de la retraite, à me dire : « Mais qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? »

Et qu’est-ce que vous voulez faire de votre vie ?P. M. : J’ai envie de continuer d’écrire pour le théâtre, mettre en scène… J’aime mettre en forme des projets, me rendre utile… Pour moi, c’est important d’avoir une vie ailleurs. Chez moi, à Aubervilliers, j’ai monté un atelier qui commence à prendre forme. Ça se passe dans mon garage, où je passe beaucoup de temps, pour le plaisir, à faire le mécano et à bricoler des motos. J’ai ouvert l’es-pace à un atelier photo pour les mômes de mon quartier. À présent, je cherche un lieu plus grand avec des associations locales. On accueillera les gosses pour proposer des projets d’arts plastiques, leur apprendre à faire quelque chose de leurs mains en créant des objets d’art. C’est un projet dans lequel j’ai envie de m’impliquer activement, même si c’est complètement bénévole !

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE VALOTTO

Grand Départ raconte l’histoire de Romain,un trentenaire tiraillé entre un frère cynique et un père atteint d’une maladie neurodégénérative.

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CULTURE INTERVIEW

Jamel Debbouze«Tout sur Jamel »

JAMEL DEBBOUZE

6 DÉCEMBRE 2012 - JANVIER 2013

CULTURE INTERVIEW

AIR LE MAG

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CULTURE INTERVIEW

Jamel Debbouze«Tout sur Jamel »

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Aujourd’hui, je donne envie à Kev Adams, Malik Bentalha ou Tony Saint-Laurent… Tant mieux si je peux donner de l’espoir à un tas de gens, qu’ils aient un bras dans la poche, les cheveux crépus ou le nez en trompette, pour qu’ils aillent au-delà de ce qu’ils pensaient pouvoir faire. J’ai appris que les limites sont celles qu’on se fixe à soi-même. Et ça, je le dois beaucoup à l’improvisation théâtrale.

Tu le racontes dans ton spectacle : à quatorze ans, tu as commencé à jouer…J. D. : J’étais petit, moche et méchant. J’ai com-mencé à faire de l’improvisation théâtrale, et, d’un coup, j’étais grand, beau et gentil ! J’étais cool, j’étais un chevalier, j’étais un astronaute, un ragon-din ou un dragon !

Ça a été un coup de foudre !J. D. : Oui, parce que dès que j’ai commencé à faire rire les gens, j’ai vu des nouvelles expres-sions sur leur visage, des expressions chaleu-reuses, accueillantes. Et je n’ai plus jamais arrêté ! Dans mon quartier, on ne savait pas communi-quer. Moi, pendant longtemps j’ai bégayé, et quand je n’arrivais pas à parler je mettais une patate : c’était plus simple que de finir ma phrase ! Au théâtre, j’ai appris à gérer ma respiration, à prendre mon temps, à écouter l’autre, chose que je n’avais jamais faite de ma vie ! C’est un outil formidable qui m’a fait prendre confiance en moi et qui a fait de moi ce que je suis. L’improvisation théâtrale m’a sauvé la vie !

Ton père ne t’a pas encouragé. Sur scène, tu le préviens d’ailleurs qu’il va en prendre « plein la tronche ». Comment l’a-t-il pris ? J. D. : Il s’est vexé jusqu’à l’hémisphère Nord ! Mais c’est une forme d’exutoire aussi pour moi. Je sais que ce n’est pas forcément plaisant pour lui

IL RODE SON STAND-UP, TOUT SUR JAMEL, SUR SCÈNE DEPUIS UN AN, ET LE BOUCLE EN DÉCEMBRE PAR UNE DIZAINE DE DATES AU ZÉNITH DE PARIS. MAIS JAMEL DEBBOUZE A-T-IL VRAIMENT TOUT DIT SUR TOUT ? IL NOUS LE DIT… ET PLUS ENCORE.

Tout sur Jamel, c’est le titre de ton spectacle… Et tu dis vraiment presque tout !Jamel Debbouze : Dans ce spectacle, je ne fais que continuer à me raconter. Il me semble que c’est là que je suis le plus légitime, le plus drôle, le plus utile.

Pourquoi ?J. D. : Parce j’ai le sentiment que parler de mon parcours a de la résonance chez les gens… Je viens de Trappes, j’ai passé la bar-rière périphérique, je me suis retrouvé au centre de Paris et je n’aurais même pas imaginé vivre le quart de ce que j’ai vécu. Alors je chante une ode à l’utopie : il faut toujours y croire, continuer à rêver, à dépasser ses limites. Moi, j’y crois toujours !

Et on a l’impression que tu n’en reviens toujours pas…J. D. : J’ai eu une vie absolument trépidante et incroyable ! Avoir croisé sur ma route des gens bienveillants et désintéressés qui m’ont trouvé du talent et m’ont amené au théâtre, puis à Radio Nova, puis à Canal+, me retrouver sur des plateaux de cinéma, épouser la femme de ma vie… C’est extraordinaire de vivre ça ! Je ne peux pas dire aux gens de faire comme moi car ce sont des concours de circonstances exceptionnels, mais je peux dire « c’est possible ». On vit dans un pays où c’est possible.

Te sens-tu chargé d’un devoir d’exemple vis-à-vis des jeunes qui te suivent ?J. D. : Tu parles ! Je n’ai jamais fait mes devoirs de toute ma vie ! Ou alors au même titre que Farid, Smaïn ou Les Inconnus : ce sont des gens qui m’ont donné envie de monter sur scène.

« Il faut toujours y croire ! »

« Tant mieux si je peux donner

de l’espoir à un tas de gens pour

qu’ils aillent au-delà de ce

qu’ils pensaient pouvoir faire… » •••

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CULTURE INTERVIEW

Jamel Debbouze«Tout sur Jamel »

8 DÉCEMBRE 2012 - JANVIER 2013

CULTURE INTERVIEW

100 % Jamel, et Tout sur Jamel… Pour me préser-ver, pour les préserver, je ne le ferai plus.

De quoi vas-tu parler alors ?J. D. : Je vais rester moi, avec d’autres thèmes… Je resterai curieux, et marrant, j’espère. Si je reste curieux et marrant, ça devrait intéresser !

Sur scène, tu évoques aussi ton implication dans ton café-théâtre, le Comedy Club… J. D. : C’est un lieu de rencontre libre de la scène émergente comique et c’est génial d’être au cœur de ce truc, même si je n’ai rien inventé – « Le Théâtre de Bouvard » l’avait fait avant nous. Pour moi, c’est un travail associatif. Ce sont les associa-tions qui m’ont fait : Déclic Théâtre m’a permis de me lancer dans l’improvisation théâtrale, le FIEALD aussi (le Festival international d’expression artis-tique libre et désordonné, au théâtre Trévise). Et il y a eu Radio Nova. Ce n’était pas une association, mais cela n’en était pas loin, parce que les portes étaient ouvertes, et son patron, Jean-François Bizot, était là pour s’assurer qu’on t’entendrait. J’ai essayé de m’inspirer de cette démarche au Comedy Club, en encourageant des jeunes à monter sur scène. Des collègues me reprochent ©

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de m’entendre raconter certaines choses, mais ce n’était pas non plus plaisant pour moi de les vivre ! Et la meilleure manière d’en parler, c’est d’en rire. C’est vrai qu’il m’a toujours dit « Le théâtre, c’est pour les homosexuels et les pédés ! » et qu’il a changé d’avis dès que je lui ai offert sa première voiture ! Quand je dis qu’au lendemain de mon cadeau il m’a demandé « Ça se passe bien, les répets ? », ça s’est vraiment passé comme ça ! Pourquoi j’irais chercher des histoires ailleurs ? C’était dans ma vie, et je trouvais ça assez intéres-sant pour le raconter, parce que pour moi ça en dit très long sur notre culture, sur la manière d’abor-der le théâtre, sur le fossé entre la ville et la ban-lieue, le Maroc et la France. Si je ne le raconte pas, qui va le faire pour moi ? Entrer dans ce qu’on a vécu, c’est plus sensible, c’est plus vivant, c’est plus réel ! Mais je vais arrêter.

Arrêter ?J. D. : Oui, de parler d’eux, de mes parents, de ma famille. Je te jure ! Je me suis dit ça récemment. Parce que je l’ai beaucoup fait : avec Jamel en vrai,

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EN TOURNÉE

DANS TOUTE LA FRANCE.

AU ZÉNITH DE PARIS,

DU 18 AU 31 DÉCEMBRE

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Jamel Debbouze«Tout sur Jamel »

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d’ouvrir un peu trop le métier : certains comiques ne sont pas très contents parce que tous ces nouveaux débarquent. Mais, attends, l’ami ! That’s the life !

Penses-tu avoir créé une « école » Comedy Club ?J. D. : Bien sûr, j’impose ma méthode à mes dis-ciples : d’abord, je leur fais manger des carottes râpées ! Et puis, je leur apprends à être ridicules… Manger des carottes râpées, être ridicule et prendre du plaisir à l’être, tout est là ! Et faire en sorte que le plaisir soit contagieux, c’est ça la méthode. Pour ça, il faut être détendu : ici, il n’y a pas de casting, on ne met pas de pression. Bien sûr, on repère des natures, des gamins qui ont le… [il claque des doigts], mais qui ne savent pas où aller. Il faut leur dire « Essaye, là, sur scène ! », les aider à canaliser leur énergie comme pourrait la canaliser n’importe quel sport… Le Comedy Club, c’est un centre de formation et une scène ouverte : ceux qui sont bons sur la scène ouverte participent le week-end au spectacle de la troupe ; et, pendant ce temps-là, on réfléchit à les placer dans des séries, dans des émissions de télévision : aujourd’hui, Redouanne Harjane est à Canal+, Nawell Madani au « Grand Journal », Claudia Tagbo chez Arthur, Malik Bentalha vient de tourner avec Dany Boon… Même Sciences-Po ne propose pas ça : te former, et t’aider à trouver du travail ! Nous, on le fait… et ils kiffent ! Et on kiffe ! On devrait être sponsorisés par le ministère de la Culture et de la Sympathie !

Qu’est-ce que tu prépares en ce moment ?J. D. : Au Comedy Club, plein de choses : on va lancer une nouvelle série pour Canal+, et des scènes ouvertes pour les enfants, ça s’appellera « L’École des vannes ».

EN TOURNÉE

DANS TOUTE LA FRANCE.

AU ZÉNITH DE PARIS,

DU 18 AU 31 DÉCEMBRE

Et au cinéma ? J. D. : Je viens de faire un film d’animation qui s’appelle Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père, en motion capture, que j’ai mis en scène. C’était une expérience nouvelle, ça m’a… galvanisé ! D’un coup, avoir des moyens humains, des comédiens à ta disposition, au service d’une histoire… En même temps, c’est une responsabilité : si tu les guides mal, ils ne t’écouteront plus jamais ! Je n’avais jamais mis les mains dans cette pâte à modeler-là, et ça m’a révélé un nouveau moyen de faire passer de l’énergie, de continuer à être un vecteur. Pour le moment, je n’ai pas d’autre projet que de finir ce spectacle en apothéose ! Il va y avoir des nouvelles choses, des guests : Gad, Florence Foresti, Jezzy, Will.i.am. C’est la dernière fois que je le joue, que je livre cette partition. C’est un moment très émou-vant pour moi, et je vais y mettre tout ce que j’ai.

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE VALOTTO

« Il va y avoir des nouvelles choses, des guests : Gad, Florence Foresti… »

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Zoe Kazan«Elle s’appelle Ruby»

RENCONTRE AVEC

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RENCONTRE AVEC

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Zoe Kazan«Elle s’appelle Ruby»

RENCONTRE AVEC

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APRÈS AVOIR FAIT SES DÉBUTS SUR LES PLANCHES À BROADWAY, ÉCRIT DES PIÈCES DE THÉÂTRE, JOUÉ AU CINÉMA, ZOE KAZAN SIGNE, À VINGT-HUIT ANS, LE SCÉNARIO DU FILM ELLE S’APPELLE RUBY, DONT ELLE PARTAGE L’AFFICHE AVEC SON COMPAGNON PAUL DANO.

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RENCONTRE AVEC

Zoe Kazan«Elle s’appelle Ruby»

40 OCTOBRE 2012

RENCONTRE AVEC

Vos parents sont scénaristes, votre grand-père s’appelait Elia Kazan (Baby Doll, À l’est d’Éden)… Auriez-vous pu être autre chose qu’auteur et comédienne ?Zoe Kazan : Je ne sais pas si c’est à cause de ma famille ou si c’est quelque chose d’inné… Toute petite, je lisais des histoires, j’étais toujours plongée dans les bouquins. J’ai voulu être écrivain avant de penser à être actrice. Sans doute qu’il y avait une influence familiale, mais je suis née avec un intérêt naturel pour la fiction.

Admiriez-vous les films de votre grand-père ? Z. K. : Je ne les ai vus que vers treize ou quatorze ans. Et je les ai adorés ! Mais mon grand-père avait arrêté de travailler avant ma naissance, et je ne parviens pas à associer ses films avec le souvenir de lui. Je ne le voyais pas comme un cinéaste.

Et vous, comment vous voyez-vous aujourd’hui ?Z. K. : D’abord comme une actrice. Écrire pour moi est une activité d’ordre privé, je le fais pour mon plaisir, pas pour mon ego. J’espère continuer à faire les deux parce que les deux comblent de manière complémentaire ma créativité.

Comment avez-vous eu l’idée du personnage de Ruby Sparks ?Z. K. : J’avais le mythe de Pygmalion en tête. Je voulais parler de la façon dont on influence l’autre quand on est amoureux. Je me suis demandé ce que je pouvais faire de ce thème, et ça a été le point de départ. J’ai écrit d’une traite à peu près quinze pages et, toute enthousiasmée, j’ai voulu les montrer à Paul [Dano]. Quand il les a lues, il m’a dit : « Oh, tu écris sur nous ? » Ça ne m’était pas venu à l’esprit, mais ça m’a paru tout à fait juste. J’ai su que je nous voulais pour jouer les rôles principaux. Ensuite, j’ai essayé de penser le moins possible à nous pendant que j’écrivais, parce que je ne voulais pas que notre couple déteigne sur Calvin et Ruby. Je voulais en faire des personnes à part entière, avec leur propre histoire.

C’est tout de même un film miroir, avez-vous pensé aux conséquences qu’il pourrait avoir sur votre couple ?Z. K. : J’y ai effectivement pensé. Il y avait un risque. Paul et moi y avons réfléchi et nous avons décidé que nous en étions capables. Nous sommes ensemble depuis cinq ans, et, pendant cette période, nous avons déjà traversé tellement de choses… Alors, malgré un certain stress à surmonter, nous avons pensé que ça en valait la peine.

Calvin s’invente la femme parfaite pour lui, mais, pour Ruby, Calvin est-il vraiment l’homme qu’il lui faut ?Z. K. : C’est une question intéressante. Certains spectateurs croient que Calvin imagine la femme parfaite. Mais, si j’avais voulu quelqu’un pour incarner la femme parfaite, je ne l’aurais pas jouée ! Calvin crée la femme qui lui convient à lui, et c’est une fille normale. C’était très important pour moi de préciser que Ruby se sent réelle, et se conduit comme une fille réelle. Mais Calvin a peur qu’elle change, qu’elle ne l’aime plus. Il a tellement peur de la perdre qu’il n’est pas capable d’aimer pleinement. Quand Ruby veut faire évoluer leur relation, il est incapable de l’accepter. Cela n’en fait pas l’amoureux idéal !

Parlez-moi de Harry, le frère de Calvin, qui est le témoin le plus proche de leur relation… Z. K. : Calvin est anxieux, névrotique, obsessionnel, tandis que son grand frère est très sûr de lui, heureux de sa vie. Tout ce qu’il veut, c’est que Calvin soit heureux et ait confiance en lui.

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RENCONTRE AVEC

Zoe Kazan«Elle s’appelle Ruby»

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On voit tellement de films où des frères et sœurs sont en situa-tion de compétition et de jalousie… Moi qui ai eu une relation très heureuse avec ma sœur, j’avais envie de montrer une simple relation d’affection, en particulier entre deux hommes. Harry représente aussi le point de vue sceptique dans l’histoire. Au début, il ne croit pas à l’existence de Ruby. Mais, quand il en est convaincu, il aide le public à l’être aussi.

Cela donne lieu à des scènes très drôles. En même temps, on n’est jamais très loin du drame. Était-ce difficile de concilier ces deux registres ?Z. K. : C’est ce que j’ai voulu faire. J’adore des films comme Le Lauréat, qui jouent à la fois sur le terrain de la comédie romantique, celui de la critique sociale et de l’étude de mœurs : il n’y a pas qu’une lecture possible. Et c’était bien de confier le film à Valerie Faris et Jonathan Dayton, qui ont montré avec Little Miss Sunshine qu’ils étaient capables de créer ce délicat équilibre entre les différents registres. Il y a très peu de réali-sateurs qui savent faire ça.

Un couple dirigeant un autre couple, était-ce difficile à négocier ?Z. K. : Pas du tout, au contraire ! Paul est resté leur ami depuis Little Miss Sunshine, et il voulait qu’ils dirigent le film. C’était mer-veilleux de les voir travailler ensemble avec tellement d’harmonie, comme une seule personne ! Pendant les neuf mois que nous avons passé ensemble, j’ai beaucoup observé leur manière d’être en tant que parents, amants, complices… Et je pense que c’était très utile pour Paul et moi d’avoir sous les yeux un tel exemple !

Quels sont vos projets aujourd’hui ?Z. K. : Cette année, j’ai joué dans trois films indépendants, qui sortiront l’année prochaine. Prochainement, je vais tourner à Toronto dans une comédie romantique avec Daniel Radcliffe (Harry Potter). Après quoi je vais essayer de lever le pied quelques mois, car j’ai eu une année très chargée et pas beau-coup de temps pour écrire. PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE VALOTTO

SORTIE LE 3 OCTOBRE

ELLE S’APPELLE RUBY, de Jonathan Dayton

et Valerie Faris

ELLE S’APPELLE RUBY Calvin (Paul Dano) est un génie précoce, romancier à succès qui n’a rien écrit depuis dix ans. Anxieux, solitaire et en panne d’inspiration, il se confie à son psychiatre (Elliott Gould), qui l’encourage à écrire sur la fille de ses rêves. Calvin s’écrit sur mesure une histoire d’amour avec Ruby (Zoe Kazan), jolie rousse, goûts, aspirations, qualités et défauts compris. Un jour, Calvin découvre Ruby en chair et en os dans son salon, amoureuse et fidèle trait pour trait à la description qu’il en a faite. Les ennuis vont commencer. Avec une brochette réjouissante de guest stars en pleine forme (Antonio Banderas, Annette Bening, Chris Messina…), cette comédie romantique, absurde et fantaisiste nous parle de la difficulté de confronter son amour idéal à la réalité. Une réussite des réalisateurs Valerie Faris et Jonathan Dayton, dans la veine de leur Little Miss Sunshine.

UN FILM DE Jonathan Dayton et Valerie Faris AVEC Paul Dano, Zoe Kazan, Chris Messina… DURÉE : 1 h 44

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20 KOIKISPASS n°83 novembre 2011 KOIKISPASS n°83 novembre 2011 21

Max Boublil«Je jubile comme un gosse à l’idée

de titiller les limites»Par Dominique Valotto

Tu vas prendre a lancé ce jeune fan de Gad Elmaleh : une chanson « gauloise » n’avait pas fait tant de bruit depuis Brassens. Depuis, Max Boublil a vexé les fans de Susan Boyle et passé les bornes du politiquement correct sur l’air J’aime les moches, ou Mon coloc. Il s’est même mis à dos le Père Noël. Mais ce grand enfant n’en a cure et continue son chemin gaiement, sans ne jamais rien prendre au sérieux.

Sa notoriété ? Il la compare à celle de René la Taupe, pour rappeler qu’il la doit à internet : c’est par ce média qu’il s’est fait connaître et c’est là qu’il continue d’y étrenner ses nouvelles chansons énervantes, en bon représentant de sa génération. La dernière en date : Bois, un hymne décalé à la consommation d’eau en boîte de nuit !

La provoc n’est pas chez lui un fond de commerce, mais une seconde nature. Invité l’année dernière au gala Rire contre le racisme sur France 2, il entonne un Chanson raciste pour inviter Juifs, Noirs et Arabes à s’entendre enfin… contre les Chinois. Le public hésite à rire, interloqué, tandis qu’il boit du petit lait.

Tant pis pour les mauvais coucheurs qui ne comprennent pas le second degré : la polémique ne trouble pas son humeur joyeuse. Invectivé par le rappeur Alibi Montana, insulté sur internet, il amadoue le gros méchant avec un clip auto-dérisoire et met les rieurs de son côté.

« Je jubile comme un gosse à l’idée de titiller les limites, confesse t-il. Et quand ça ne passe pas, je me dis que j’ai réussi mon coup. Je suis resté très immature ! ».

Ce n’est pas un hasard si son premier film, sur lequel il travaille depuis 3 ans, s’appelera Les Gamins… et évoquera la régression volontaire de deux garçons de 30 et 60 ans.

Le cinéma l’attire, Max en convient. « Je commence à avoir des propositions. J’ai eu un petit rôle dans La vérité si je mens 3…Et cet été, j’ai participé au tournage de Happy Sex, tiré de la BD de Zep, avec PEF et Catherine Jacob ».

Mais cet apparent dilettante avoue ne pas y penser comme à un vrai « travail ». « Pour vraiment ‘travailler’ au cinéma, il me semble qu’il faut écrire soi-même. C’est la même chose pour un spectacle : il faut l’écrire, le mettre en scène, le roder… ». A le voir sur scène, on le croit sans peine : Max est là pour bosser.

A 32 ans, c’est déjà son troisième one man show musical, et à le voir se dépenser, on constate aisément qu’il ne vole pas le spectateur. « J’ai voulu montrer un vrai spectacle, dit-il. Avec des chansons et des sketches, des films projetés sur grands écrans… ». Le thème ? Celui d’un garçon qui lui ressemble, déjà en couple –Max s’est marié en juillet dernier–, qui ne veut surtout pas grandir.

Pourvu que ça dure !

L’humoriste qui aime les moches revient sur le devant de la scène avec son nouveau spectacle, à l’Européen de Paris du 5 octobre au 30 décembre 2011.

En sketches & en chansons, A l’Européen jusqu’au 30 décembre et en tournée

en France à partir de janvier 2012.

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20 AVRIL 2011

ALEXANDRE ASTIER

CULTURE INTERVIEW

Bosseur fou

« J’ai dû composer un méchant

dont le seul but en soi est d’être méchant ! »

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DANS LES AVENTURES DE PHILIBERT, CAPITAINE PUCEAU, PARODIE DE FILM DE CAPE ET D’ÉPÉE, ALEXANDRE ASTIER INCARNE CLOTINDRE,  LE « MÉCHANT BOURGUIGNON »  QUI VEUT LA PEAU DU HÉROS.  UN RÔLE DE PURE COMPOSITION !

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Dans Les Aventures de Philibert, vous êtes pire que Dark Vador ! Qu’est-ce que cela fait de jouer un gros méchant comme ça ? Alexandre Astier : Ma mère  [N.D.L.R. : Joëlle Sevilla, comé-dienne et professeur de comédie], qui m’a appris mon métier, m’a toujours dit qu’un personnage n’est jamais bon ou méchant, il est juste ou il est faux. Son conseil pour jouer un « méchant », c’était justement d’arrêter de se dire qu’il était méchant, pour essayer plutôt de comprendre ses motivations. Dans la vie, jamais per-sonne ne se dit : moi, je suis un méchant, c’est mon rôle dans la vie. Eh bien, pour jouer Clotindre, j’ai dû oublier tout ça. J’ai dû  composer un méchant dont le seul but en soi est d’être méchant ! Pour  Clotindre,  c’est  une  vocation ;  c’est  une  pure  figure  de méchant. Il m’a fallu oser l’incarner! 

Vous êtes scénariste et réalisateur. Avez-vous été tenté de vous mêler de l’écriture du film ?A. A. : Quand je joue, c’est vrai qu’il y a des moments où je me dis que je m’y serais pris autrement. Mais c’est justement ça qui est  intéressant : Clotindre est un personnage que  je n’aurais jamais écrit pour moi-même, c’était l’occasion de l’incarner. 

On est très loin de vos personnages habituels, plutôt ancrés dans le concret, y compris dans Kaamelott…A. A. : Je suppose que Sylvain Fusée, le réalisateur, a pressenti un cousinage dans notre type d’humour. Comme lui, je n’aime pas trop les gags, je préfère un comique basé sur le décalage. J’ai beaucoup d’affection pour l’humour anglais. Sylvain pense comme moi : la comédie est une chose sérieuse, qui doit se faire avec  sérieux !  Cela  peut  paraître  bizarre  que  je  dise  ça  de quelqu’un qui dirige « Groland » pour Canal +, mais, derrière tous ces gros délires, il y a toujours une grande rigueur de travail. 

Est-ce que cela veut dire que vous n’avez pas franchement rigolé sur le tournage ?A. A. : Je ne crois pas qu’une comédie soit réussie parce qu’on passe son temps à se tenir les côtes entre potes ! Je suis assez sauvage comme garçon, je me méfie un peu de cette fameuse « famille du cinéma » qu’on met tant en avant. Manu Payet est un ami mais, pour passer un bon moment ensemble, on préfère se voir en dehors des tournages ! Jérémie Renier, je ne le connais-sais pas, et c’était intéressant de ne pas s’approcher trop vite… La scène de bagarre n’en a été que plus intense, c’était la pre-mière fois qu’on se faisait face d’aussi près !

Vous définissez-vous plutôt d’abord comme un réalisateur ou comme un acteur ?A. A. : Mon métier, c’est avant tout de raconter des histoires. J’ai une formation de musicien et je me considère comme un musicien. J’écris mes dialogues à la manière d’un musicien qui compose, c’est un travail particulièrement minutieux.

Vous êtes le coauteur du cinquième tome de Kaamelott en bande dessinée, sorti chez Casterman, quel projet envisagez-vous maintenant ?A. A. : C’est une belle BD, j’y ai consacré du temps pour l’écrire, en tandem avec Steven Dupré, le dessinateur. Le projet, pour tout de suite, c’est le tournage de Madame Karlsson, avec Isabelle Adjani. Je travaille aussi depuis longtemps sur une série pour Canal +, une fresque sur l’immigration italienne. Et bien sûr, je continue de pré-parer le projet d’adaptation de Kaamelott au cinéma.

Vous aimez bien vous projeter dans des entreprises sur le long terme… Qu’aimeriez-vous faire dans un avenir plus lointain ?A. A. : J’aimerais bien un jour essayer quelque chose dans l’es-prit des cinéastes de Dogma 95 [N.D.L.R. : Thomas Vinterberg, Lars von Trier…] : du cinéma en 35 mm, sans  lumière artifi-cielle… Définir une autre façon de bosser, sans coupes, en tour-nant en continu avec les acteurs, pour créer une autre façon de jouer entre eux ! Je tenterai peut-être l’expérience…

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE VALOTTO

Clotindre (Alexandre Astier) aimerait faire fondre le cœur de la belle Inès (Élodie Navarre), hélas Philibert n’est jamais très loin.

VOIR AUSSI LA CRITIQUE DES AVENTURES DE PHILIBERT, CAPITAINE PUCEAU : chronique en page 11.

SORTIE LE 6 AVRIL

LES AVENTURES DE PHILIBERT, CAPITAINE PUCEAU, de Sylvain Fusée

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3332 déc. 2010/janv. 2011

Entre le « 6/9 » sur NRJ, « La nuit nous appartient » le jeudi à 23 h 45 à la télévision et la préparation de ton spectacle, tu dors quand ?Mustapha El Atrassi : La réponse est : pas ! Enfin, un peu, l’après-midi. La nuit, je préfère éviter : je veux être sûr de pouvoir me réveiller. La plus grande hantise quand on fait une matinale de radio, c’est de louper le réveil ! Ça a dû m’arriver deux fois en trois ans, et c’était trop horrible… La honte ! Je ne tiens pas à revivre ça !

Et quand trouves-tu le temps d’écrire ?M. E. A. : La nuit. Je suis un vrai insomniaque, et ça depuis que je suis gosse. J’allais au collège et au lycée sans dormir la nuit et je faisais une sieste en fin d’après-midi. Il faudrait peut-être que je consulte, quand j’aurai le temps : s’il y a des psys ouverts la nuit, je veux bien aller en voir un.

Rejoindre Ruquier et sa bande, ça a été une école pour toi ?M. E. A. : Oui. Plus encore à la radio. Quelqu’un qui est bon en radio aura plus de facilité à faire de la télé que l’inverse. Écrire pour assurer trois heures de direct chaque jour, c’est la meilleure école. Cette expérience m’a inculqué une gymnastique de travail quotidienne, et j’ai appris à écrire beaucoup plus vite.

Ton late show, « La nuit nous appartient », sur Comédie et NRJ12, est devenu un vrai rendez-vous. Quelle est la recette de son succès ?M. E. A. : Eh oui, la nuit, encore… C’est un titre révélateur – tiré d’un film de James Gray que j’aime beaucoup… J’ai la chance d’avoir une bonne équipe grâce à Catherine Barma, la plus grande productrice sur la place de Paris – c’est bien simple, c’est la femme de ma vie ! Il y a aussi Florian Gazan et Luigi qui écrivent avec moi. Pour la première saison, on a réussi à faire venir David Guetta, Yannick Noah, Alain Chabat… On arrive à des audiences de quatre cent mille spectateurs avec une diffusion le jeudi à minuit !

Tu te déguises beaucoup sur le plateau, on t’a vu en robe de viande à la Lady Gaga… Tu ne faisais pas ça chez Ruquier !M. E. A. : C’était un exercice différent… « La nuit nous appar-tient », c’est ma récréation. Je m’amuse, mais il y a beaucoup de travail en amont ! C’est ce qui me permet d’être libre et d’im-proviser sur une trame archi-préparée.

Tu crois pouvoir tout te permettre…M. E. A. : C’est sur scène qu’on peut tout dire, sans filet. À la télé, je fais moi-même le montage de mon émission, et quand je trouve quelque chose de pas drôle, je coupe. Je pense que je suis assez grand pour savoir à quel moment je suis allé trop loin, et je n’ai pas besoin d’attendre qu’on me le dise.

Et l’interview de John, pour savoir s’il a couché avec Amélie dans « Secret Story 4 », c’est intéressant à garder au montage ?M. E. A. : C’est intéressant dans la mesure où ça inté-resse les gens ! Si je veux faire plaisir à mon public, je me dois de les inviter. Et de leur poser des questions qu’on n’entendrait pas ailleurs. C’est vrai que, person-nellement, je préfère interviewer Denzel Washington.

Quel invité t’a marqué et qui aimerais-tu recevoir ?M. E. A. : Avec Denzel Washington, ça a été incroyable ! Je suis un fan absolu. Maintenant que je l’ai fait, l’émis-sion peut s’arrêter là [rires] ! C’était fabuleux. Il a beau-coup ri et il a promis qu’il viendrait me voir sur scène ! C’est super-gentil de sa part… Il y a plein d’autres gens que j’aimerais recevoir. Des politiques, notamment.

Quels sont les humoristes qui te font rire ?M. E. A. : J’adore Laurent Baffie, mais, pour être sin-cère, ma culture est très anglo-saxonne : mes modèles, ce sont Eddie Murphy, Chris Rock, Jerry Seinfeld. À douze ans, je suis allé à Londres et j’ai découvert le stand-up dans un comedy club. J’étais fasciné. J’ai com-mencé à regarder les stand-up sur Internet, à enregis-trer des spectacles… J’avais trouvé ma vocation !

Comment s’est passé ton premier spectacle à Los Angeles l’été dernier ? M. E. A. : J’y étais parti en vacances. Devant ces comedy clubs qui me faisaient rêver depuis que j’étais gosse, je me suis dit : il faut que j’aille voir ! J’ai passé une audition à la mythique Factory, où quarante comiques anglo-saxons se présentaient… Et ils n’ont gardé que moi ! J’y repars cet été. Le vice-président de la Factory est devenu mon agent là-bas.

Jouer en anglais, c’était comment ?M. E. A. : Excitant ! Le premier soir, j’ai joué en anglais à la Factory, puis j’ai appelé mes amis en fran-çais, puis ma mère, pour lui raconter la soirée en arabe… Je ne savais plus du tout qui j’étais !

Premier spectacle à dix-neuf ans, prix de vice-champion de France d’improvisation…M. E. A. : À l’école, j’étais pénible et turbulent, mais je faisais toujours partie des trois premiers de la classe. J’ai toujours aimé la compétition, même pour rire !

ProPos rEcuEillis PAr DoMiniquE VAlotto

SON REGIStRE, C’ESt L’huMOuR. SES LOOkS, IL AIME EN ChANGER : PARkA À CAPuChE POuR CAuSER SuR NRJ, ROBE DE vIANDE, COMME LADY GAGA, SuR LE PLAtEAu DE « LA NuIt NOuS APPARtIENt », EN ChEMISE GRISE - CRAvAtE NOIRE SuR SCèNE… MAIS SON GENRE, À vINGt-CINQ ANS, IL L’A tROuvÉ DEPuIS DÉJÀ LONGtEMPS.

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Culture IntervIew

L’insomniaque infatigable

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20 et 21 décembre

MuSTAPhA EL ATRASSi SuR SCèNE ! La cigale, à Paris.

C’est le stand-up qui l’a fait : à dix-neuf ans, Mustapha El Atrassi était déjà sur la scène du théâtre Trévise. Depuis, le succès ne l’a plus quitté. Repéré dès ses débuts par Laurent Ruquier, il commence comme chroniqueur dans son émission « On va s’gêner » sur Europe 1 et son talk-show sur France 2, avant de rejoindre Thierry Ardisson en 2008 sur le plateau de « Salut les Terriens ! ». Aujourd’hui, il enchaîne les vannes tous les matins sur le « 6/9 » de NRJ, avec Nikos Aliagas, anime « La nuit nous appartient » tous les jeudis sur Comédie et NRJ12, et joue à La Cigale en fin d’année pour clore une tournée dans toute la France. Et, pour compléter son tableau de chasse, il prépare une tournée – la deuxième – aux États-unis, programmée pour l’été prochain. Pourvu que l’Amérique nous le rende !

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« À l’école, j’étais pénible

et turbulent, mais je faisais

toujours partie des trois

premiers de la classe. »

L’insomniaque infatigable

Mustapha El atrassi

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il y a la Suède « montrable » et il y a celle qui échoue à intégrer une population immigrée croissante, en proie au racisme, à la violence et à l’obsession sécuritaire.

Qu’est-ce qui ne va pas dans la vie de la commissaire Malin Fors, l’héroïne de vos romans ?M. K. : Malin est encore une jeune femme, elle a la trentaine, la vie devant elle… Mais elle est prise dans le mouvement per-pétuel d’un travail frustrant où chaque investigation fait suite à une autre. Elle tente de trouver sa voie sur un chemin semé de crimes et de violence. Elle essaie de manger diététique, de faire du sport, d’être une bonne mère… mais c’est une droguée du travail, elle aime trop la tequila et son ex-mari, et elle ne parvient pas à être aussi parfaite qu’elle le souhaiterait. Nous vivons dans une culture perfectionniste. Je pense que beaucoup de femmes pourraient se reconnaître dans Malin Fors.

Comment parvenez-vous à vous mettre dans la peau de cette jeune femme ?M. K. : Sa psychologie n’est pas fondamentalement différente de la mienne. J’en ai beaucoup discuté avec ma femme, qui m’a conseillé sur le personnage. C’est ma première lectrice.

Pourquoi faire parler les morts ?M. K. : Je voulais organiser l’irruption de la magie dans cet uni-vers réaliste, pour qu’une voix s’élève au-dessus de la grisaille du quotidien, et guide l’intrigue, à la manière des chœurs antiques.

Avez-vous le sentiment de faire partie de la « nouvelle école » du polar suédois, celle de Sven Larsson, Henning Mankell, Camilla Lakberg ?M. K. : Ces auteurs sont, comme moi, d’anciens journalistes pour la plupart, qui excellent à montrer une certaine réalité. Chacun a son propre style… Ce qui les rassemble, c’est une exigence de qualité. Alors, oui, je veux bien faire partie de cette école !

Apprendra t-on quel est le secret de famille que Malin tente de découvrir dans le prochain volume ?M. K. : [rire] On croit souvent qu’on va découvrir de grandes vérités sur soi et on ne fait qu’apprendre de petites choses… Mais oui, vous en saurez plus dans le prochain volume !

ProPos recueillis Par DoMinique Valotto

Pourquoi vous êtes-vous tourné vers le polar ?Mons Kallentoft : C’est un courant de la littérature suédoise qui touche un maximum de lecteurs aujourd’hui, et, pour être hon-nête, je veux écrire pour être lu. Dans tous les cas, j’étais fasciné par les règles de construction qui structurent le roman policier, j’avais envie d’essayer d’innover dans ce cadre.

Vous montrez un pays replié sur sa peur de la violence… Cette image ne cadre pas avec celle d’une Suède parfaite que s’en font les autres Européens !M. K. : C’est une image à la fois vraie et fausse. Nous avons une espérance de vie élevée, un système de protection sociale enviable mais, d’un autre côté, notre société repose sur un état d’esprit très collectiviste. Les aspirations individuelles ont du mal à s’y exprimer. Les crimes domestiques et les agressions sexuelles sont fréquents ici. Je voulais montrer ce double visage : ©

Cré

dit

La peur en toute saison

Été, de Mons Kallentoft, Le Rocher éditions, Serpent Noir. Après Hiver et Été, Automne, déjà paru en Suède, devrait être publié en France début 2011.

Mons Kallentoft

AutEur D’Hiver Et D’ÉtÉ, MONS KALLENtOFt ESt LE tALENtuEux rEpréSENtANt DE LA NOuvELLE éCOLE Du pOLAr SuéDOiS. rENCONtrE.

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14 novembre 2010

Vous êtes spécialisé dans les rôles de monsieur Tout-le-monde…D. W. : Tony adore me faire jouer les braves types. Ça ne me dérange pas de jouer les hommes qui ne sont pas parfaits, qui ont un peu de ventre et qui renversent du café sur leur cravate. Je suis aussi comme ça dans la vie. Frank, mon personnage, est un gars normal, mais qui sait se dépasser quand il le faut, dans des circonstances exceptionnelles.

L’histoire est inspirée d’un fait réel. Avez-vous rencontré ceux qui l’avaient vécu ?D. W. : J’ai rencontré deux hommes qui ont pratiqué ce type de sauvetage. Ils faisaient leur job normalement, quand ils se sont retrouvés à réaliser cet exploit et à sauver des vies.

Avez-vous appris à conduire un train ?D. W. : Oui, j’ai vraiment conduit le train sur une cinquantaine de kilomètres. J’ai dû décrocher et raccrocher les wagons, faire des marches arrière, changer de voie, etc. Pour les scènes sur le toit, que ne couvrait pas mon assurance, j’étais doublé.

Un conseil pour les jeunes acteurs…D. W. : Ne pas se prendre trop au sérieux, mais prendre au sérieux son travail. Faire de la scène le plus souvent possible parce que c’est là qu’on apprend son métier. Tous les acteurs que j’admire viennent de la scène.

LuciLe PoPP

DeNzel WashINgTON esT De reTOur avec Unstoppable, uN ThrIller meNé à uN TraIN D’eNFer Par sON cOmPlIce TONy scOTT. acTION !

Culture IntervIew

C’est votre cinquième film avec Tony Scott. Vous lui dites toujours oui ?D. W. : Oui, avant tout parce que c’est un bon ! ensuite, parce qu’il m’appelle [rires] ! Nous n’avons fait que des bons films ensemble [Uss alabama, Man on Fire, l’attaque du métro 123, Déjà vu]. c’est un des rares réalisateurs à combiner des personnages bien construits avec des scénarios de films d’action qui vont à cent à l’heure.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce scénario ?D. W. : c’est l’histoire d’un mécanicien du rail en préretraite qui fait équipe avec un petit jeune pour stopper un train, chargé à ras la gueule de produits chimiques, qui fonce sans pilote et sans frein. comme j’avais déjà tourné une histoire de métro avec Tony, j’ai hésité. et puis nous avons parlé des personnages, qui symbolisent ce qui se passe dans cette partie du pays, où les gens sont poussés dehors et sont remplacés par de jeunes types qui acceptent de bosser pour moins cher. mais la vraie vedette, c’est le train. c’est ça qui m’a convaincu. Pour avoir vu le film deux fois, je peux vous dire que cela donne un sacré thriller !

Tony Scott a la réputation d’être accro à l’adrénaline…D. W. : carrément [rires] ! Nous avons tourné à la Nouvelle Orléans. là-bas, il y a un pont haut de plus d’une centaine de mètres, et il a fallu qu’il aille s’y accrocher pour filmer la scène par en dessous ! c’est ça que j’aime chez lui. Il se donne à fond.

Un héros ordinaire

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Fox

Denzel Washington

Sortie le 10 novembre

UnSToppAbLe de tony Scott