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Kadath Chroniques des civilisations disparues

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  • Au sommaire les sovitiques, la primhistoire et les extraterrestres . . . . . . rflexions dun enthousiaste, Alexandre Kazantzev . . . . . . wotan tait-il le dieu blanc prcolombien ? Marcel Homet . . . . notre cahier baalbeck le formidable trilithe de balbeeck, Jacques Victoor . . . . . dans les sables du rub el-khali, Ivan Verheyden . . . . . . mgal i thes bretons : l intendance ne suit pas, Pierre Mraux-

    Tanguy . . . . . . . . . . . . . . . . . . faux et usage de faux, Robert Dehon . . . . . . . . . . .

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    COMITE DE REDACTION : ivan verheyden, rdacteur en chef jean claude berck, robert dehon, jacques dieu, guy druart, patrick ferryn, jacques gossart, jacques victoor AVEC LA COLLABORATION DE : willi brou, paul de saint-hilaire, professeur marcel homet, pierre mraux-tanguy, albert van hoorebeeck, alfred weysen MAQUETTE DE GERARD DEUQUET

  • Un an dj... Cest au mois de mars de lanne dernire que nous prsentions la presse cette premire revue darchologie parallle. Combien de chances nous accordait-on au dpart ? Tant de revues disparaissent au bout de deux ou trois numros. Nous avons pass le cap. Ceci, bien sr, en grande partie, grce la confiance de nos abonns. Et cest encore eux et aux autres que nous faisons appel, pour pouvoir maintenir notre action. Personne nignore que sans vous, nous nirions pas loin. Les charges fiscales sont lourdes : laffranchissement dun exemplaire de KADATH vient de doubler. La crise du papier entrane une augmentation de 18 %. Pourtant, nous maintiendrons labonnement 380 francs, malgr une lgre adaptation du prix unitaire. Trente-six pages de textes abondamment illustrs. Otez la plupart des autres revues les pages perdues en publicit, et vous verrez : KADATH peut soutenir la comparaison. Prenant lensemble des six premiers numros, vous pourrez peut-tre avoir une impression de dsordre. Il ne serait quapparent. Il fallait introduire les rubriques, prciser lventail de nos possibilits. Maintenant, les sondes vont pointer dans toutes les directions bauches. Et les premires hypothses de travail apparaissent, des hypothses bases exclusivement sur des faits. Elles apportent des dbuts de rponses aux questions que vous vous posez immanquablement. Cela nempche que toute collaboration de la part de nos lecteurs sera accueillie avec joie. Aussi bien pour rassembler la documentation et rdiger les textes, que dans llaboration mme du programme : cet effet, nous vous demandons instamment de remplir le questionnaire-sondage qui est annex ce numro et de nous le renvoyer au plus tt. A titre exceptionnel, le prochain numro sera dj un numro spcial. Nous aurions voulu le garder pour plus tard. Mais il se trouve que cest en mars 1924 que fut dcouvert le trsor ar-chologique de Glozel : des tablettes et des poteries prhistoriques dont lexistence remet en question lorigine de lcriture, et par l mme a fait lobjet des manuvres les plus scandaleu-ses dans lhistoire de larchologie. Aujourdhui, cinquante ans aprs, laffaire rebondit, des universits authentifient les pices tant controverses. Pourquoi en parler des mois aprs, sous prtexte que nous serions encore trop proches du premier numro spcial ? KADATH dsirait prendre acte de lvnement. Ce sera chose faite dans deux mois.

    KADATH.

    A la recherche

    De kadath

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  • Jusquaux environs des annes 60, la pense occidentale reposait batement dans les limbes de lhritage positiviste du XIXe sicle. Seuls quel-ques pionniers avaient tent de secouer le coco-tier des ides reues. Parmi eux, Charles Fort et Immanuel Velikovsky. A cette poque, la prim-histoire avait une odeur de soufre... Puis, brus-quement, sleva la voix de la Russie. Alors mme que la science sovitique triomphante sagitait dans la fivre de la course lespace, les tl-scripteurs du monde entier recevaient, par linter-mdiaire de lagence Tass, des communiqus rvolutionnaires manant de personnalits impor-tantes du monde scientifique russe. Ce fut la cons-ternation dans le petit monde de nos savants, mais bien vite pourtant, il apparut que les dcla-rations lapidaires des collgues sovitiques man-quaient singulirement de preuves lappui. Et chacun de stonner qu lheure o une trentaine de satellites tournaient autour du globe, o un appareillage scientifique russe stait cras sur la lune, o une sonde automatique fonait vers Vnus, les savants dURSS pouvaient faire preuve dune telle lgret. Et soudain, ce fut lexplosion. La parution en 1960 du Matin des Magiciens, branla de trs nombreux intellectuels rputs srieux, et marqua la gnra-tion montante, laquelle, souvent inconsciemment, avait ressenti ce besoin dune rvision dchi-rante . MM. Pauwels et Bergier avaient marqu lair du temps et, leur suite naquirent la revue Plante, mais aussi une foule de collections sp-cialises dans lesquelles on ctoie les torchons et les serviettes. II y eut de violents soubresauts et, plus dune fois, la science officielle tenta, au nom de la sacro-sainte religion de la Raison, de dcapiter linquitant monstre nouveau-n. Cest dans cette ambiance de changement et de corrida scientifique, quen novembre 1962. Plante re-mettait a . Cette fois, ils publiaient in extenso un article du Professeur Agrest, intitul : Des cosmonautes dans lantiquit ? Mais alors, on dcouvrit, ou on crut dcouvrir, que la motivation profonde des savants russes tait en ralit de lancer des attaques contre la religion ou du moins de lui substituer autre chose. Ces gens ncri-vaient-ils pas dans la revue Science et reli-gion ? Ne tentaient-ils pas de voir dans les textes sacrs des preuves dun dbarquement extraterrestre une poque recule ? Non, dci-dment, tout cela ntait gure srieux et ne devait

    pas tre pris la lettre. Et chacun de souffler. Lalerte avait t chaude... Pourtant, aujourdhui, avec un certain recul, il apparat que ce nest pas aussi simple. Nous allons essayer de survoler le phnomne et de restituer ces dclarations leur juste mrite. Aprs quoi, nous illustrerons cela par un article rcent. Mais il est bien entendu que le lecteur devra, avant tout, se reporter latmosphre de lpoque : en 1960, en effet, la primhistoire tait encore au berceau, et il ntait pas question de vue densemble. Le point de dpart fut donn par un crivain scientifique trs connu en URSS, Mikhal Agrest, professeur de physique et de ma-thmatiques en Armnie, et co-auteur dun livre publi aux Editions Gographiques dEtat Mos-cou, intitul Le fantastique et linsolite sur terre et sur mer . Lessentiel de son hypothse extra-terrestre, il le dveloppa dans un article publi par la Literatournaya Gazeta , le 7 fvrier 1960. De quoi sagit-il ? Considrant le poids surhumain des blocs de la terrasse et du trilithe de Baalbeck au Liban, le Professeur Agrest commence par se poser des questions : qui a construit cela, comment et pour-quoi ? Or, il se fait que dans le dsert proche, on trouve des tectites, sortes de roches vitrifies contenant des isotopes de bryllium 10 et dalu-minium 26, priode relativement courte et donc de formation rcente. II nen faut gure plus Agrest pour en dduire que la terrasse de Baal-beck est une antique aire datterrissage pour astronefs extraterrestres, et que les tectites sont les rsidus de combustion des racteurs nuclaires desdits astronefs, ou quelles ont t formes par la chaleur dgage lors de la rentre dans latmosphre... Nous verrons plus loin comment se pose en ralit lnigme de Baalbeck lheure actuelle. Il nempche que, quelles que soient ses conclusions un peu trop htives, Agrest eut le grand mrite de soulever le problme ds 1960. II en va de mme pour la destruction de Sodome et Gomorrhe, raconte dans la Gense, chapitre XIX. Selon Agrest, il sagit l de la relation dune explosion atomique provoque par les visiteurs en question, afin de se dbarrasser de leurs rserves en carburant nuclaire. Loth, averti par les an-ges se sauva en se rfugiant dans la montagne, mais sa femme, trop curieuse, sattarda et prit, transforme en statue de sel , cest--dire, tou-jours selon Agrest, recouverte de sel par le souffle

    LES SOVIETIQUES, LA PRIMHISTOIRE ET LES EXTRATERRESTRES

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  • atomique. Richard Hennig, par contre, astronome et ancien directeur du plantarium de Dsseldorf, nous fait remarquer que la mer Morte se situe sur une zone de fracture de lcorce terrestre, ce qui implique de frquents sismes, des puits de bitu-me et des sources sulfureuses. Lantique gogra-phe grec Strabon nous apprend pour sa part quil y eut dans cette rgion un violent tremblement de terre, que des villes saffaissrent et que la terre vomit du bitume bouillant ml de leau sulfu-reuse, tandis que du feu jaillissait et que les flam-mes calcinaient les rochers . Et, de fait, on y trouve certains rochers de sel affectant une forme humaine. II semble donc bien quil y ait plus dune interprtation possible, quoique les explications ra-tionnelles ne nous disent pas qui taient ces fa-meux anges ou messagers omniscients qui avertirent Loth du danger imminent.

    Pour terminer son tour dhorizon, Agrest aborde le mystre des fameuses fresques du Tassili. n Ajjer, au cur du Sahara. La plus ancienne des quatre couches de fresques reprsente une srie de personnages gigantesques et trs styliss, dots dune tte ronde hypertrophie. Lun deux mesure six mtres de haut, et larchologue fran-ais Henri Lhote le surnomma malencontreuse-ment) le grand dieu martien . Un autre, haut de 2 m 80, fut appel par Lhote labominable homme des sables ... Je ninsiste pas, car KA-DATH consacrera prochainement un article com-plet au sujet. Toujours est-il quAgrest voit dans ces personnages la reprsentation des fameux visiteurs, avec combinaisons spatiales, casques sphriques, antennes, etc. Sans pour autant le suivre dans cette voie, il faut bien reconnatre quencore une fois, Agrest eut le mrite de soule-ver cet irritant problme.

    En rsum donc, le Professeur Agrest proposa, en 1960, une srie dnigmes la sagacit de ses contemporains. Plus de dix ans aprs, elles de-meurent parmi les plus irritantes de la primhis-toire. Le savant russe avait affubl lensemble dune interprtation extraterrestre sans donner de preuves convaincantes, et ce fut l son seul tort. On est loin des sombres desseins antireligieux quon lui a gnralement attribus. Si son point de gravit se situe en Afrique du Nord, cest avant tout parce quelle fut le berceau de lhumanit. Par ailleurs, Agrest proposa lui-mme des direc-tions de recherche destines confirmer ou infirmer son hypothse. En particulier : recher-cher systmatiquement dans la rgion de la mer Morte les isotopes radioactifs caractristiques des explosions nuclaires ; tudier plus fond les manuscrits de la mer Morte ; dater les tectites libyennes par thermoluminescence ; dater Baal-beck par palomagntisme, etc. Et pour con-clure : Il faut reconnatre, dit-il, que les mythes et lgendes sont susceptibles de diverses inter-prtations. Certains des faits que nous citons

    nont peut-tre pas de rapport avec des visites extraterrestres. Mais dans lensemble, les pro-blmes que je pose ne me paraissent pas absur-des. Il faudrait se lancer dans une tude syst-matique de toutes les inscriptions et de tous les monuments antiques pouvant se rapporter des visites dextraterrestres .

    De Robert Charroux Peter Kolosimo, en passant par Erich von Dniken, on sait lcho quveilla cette proposition en Occident. Lpigone dAgrest en Union Sovitique fut incontestablement Alexan-dre Kazantzev, directeur de lInstitut pour ltude des tuyres en astronautique, et crivain clbre de science-fiction. Entre autres choses, il signala au monde savant lnigme des piles de Bagdad et de lhorloge dAnticythre, des statuettes dogus et de la dalle de Palenque. Partout, il retrouvait des traces de cosmonautes antiques, comme on pourra le constater dans larticle que vous allez lire. Mais il faut dire deux mots de sa thorie concernant la fameuse Porte du Soleil de Tiahuanaco dans les Andes. Le fronton de cette porte rappelle un calen-drier. On y compte dix mois de 24 jours et deux mois de 25 jours. Or, lpoque, les astronomes Kotelnikov et Chklovski avaient calcul que la rota-tion de la plante Vnus sur elle-mme se faisait en 9,3 jours terrestres, tandis que lanne vnusienne (sa rotation autour du soleil) valait 225 jours ter-restres, soit 24,2 jours vnusiens. Kazantzev en dduisit que le calendrier de la Porte du Soleil tait vnusien, quil reproduisait un cycle de douze annes vnusiennes, soit dix annes de 24 jours et deux annes de 25 jours pour compenser ler-reur (comme dans nos annes bissextiles). Il se fait quaujourdhui nous connaissons la vritable dure du jour vnusien, qui nest pas de 9,3 mais bien de 243 jours terrestres. Apparemment, il ne sagit donc pas dun calendrier vnusien, et Ka-zantzev est dans lerreur en parlant dune Porte de Vnus . Mais on peut inverser la question : dans lhypothse o la Porte du Soleil serait mal-gr tout un calendrier, duquel sagit-il ? Donc, loin de considrer les dclarations de Kazantzev comme des divagations, il vaut mieux adopter lattitude de Lucien Barnier, lorsquil dit : Len-semble des hypothses de Kazantzev constitue une intressante tentative scientifique. Elle oblige, en effet, penser de nouveaux angles dattaque pour ltude de problmes ardus, que des savants occidentaux affectent trop souvent dignorer .

    Toujours la mme poque, et pour conclure, signalons un dernier chercheur : Viatcheslav Zait-zev, licenci en philosophie et matre-assistant de recherches lInstitut des littratures de lAca-dmie des Sciences dURSS. Outre ses crits dans Science et religion , il publia deux ou-vrages : Rminiscences cosmiques dans les ins-criptions monumentales antiques et Lvolution de lunivers et de la raison . Hors ses nombreu- ses allusions dinvitables fresques de cosmo-

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  • nautes, son originalit consiste en une hypothse pour le moins singulire : selon lui, le Christ lui-mme tait... un cosmonaute ! Et il base ceci sur les fresques de Decani : il sagit dun monastre du XIVe sicle situ dans le sud de la Yougosla-vie, dans les bassins de Kosovo et de Metohija. On y voit des anges piloter des vaisseaux ariens dont les tuyres crachent le feu, tandis que dautres anges , au sol, chancellent et se bouchent les oreilles... Au-dessous, une fresque de la rsurrection nous montre le Christ, debout dans un de ces vaisseaux avant le dpart, et ten-tant dattirer avec lui dans la fuse un des hommes qui se trouvent sur la terre, afin, sans doute, de lentraner avec lui dans son voyage vers le royaume des cieux...

    NDLR. Pour rester dans la sphre sovitique, citons lastronome Iossif Chklovski, selon lequel il y a deux types dhypothses : lhypothse de travail destine servir de point de dpart une tude, et lhypothse de conversation qui sert passer agrablement le temps entre deux runions scientifiques. La mthode utilise par Agrest et Kazantzev relve plutt, selon nous, de la seconde dfinition, puisquaussi bien, le fait extraterrestre est difficile dmontrer. Cest pourquoi nous vous prsentons cet article en tribune libre. Rappelons en effet que KADATH ne propose que des faits rigoureusement vrifis, et que ds lors, si nous utilisons le terme extraterrestres dans nos arti-cles, cest uniquement dans le cadre dune hypo-thse de travail. Par contre, la rubrique A la re-cherche de Kadath prtend, elle, ouvrir ses colonnes aux auteurs qui ont des ides mettre, de quelque bord quils soient. On nous reprochera peut-tre de publier ce texte de Kazantzev. Ce serait injuste. Que serait lobjectivit si, layant reu de lauteur, nous refusions de fui laisser la parole ? Notre dcision fut prise pour une double raison. Cest dabord un document indit (aucun article de Kazantzev na jamais paru en franais) lusage de nos lecteurs peu familiariss avec lhypothse extraterrestre en archologie. De m-me, pour les lecteurs introduits , il peut avoir son importance : il montre sur quoi se basent les certitudes dun Charroux par exemple, et en outre il tmoigne de ce que, tout compte fait, peu a chang en URSS depuis la bombe Agrest. La d-marche est reste sensiblement la mme et elle ne nous satisfait gure : nos lecteurs nous con-naissent maintenant suffisamment pour le savoir. Lorsquil nous arrivera, nous, daborder ces sujets, ce sera avec beaucoup plus de profondeur et en les replaant dans leur contexte historique. Il est donc bon de rappeler, une fois de plus, que cet article nengage en aucune faon la rdac-tion ! Mais tant donn que nous sommes malgr tout daccord avec la conclusion de Kazantzev (nous lavons souligne dans le texte), laissons-lui la parole. Au lecteur de juger.

    Lavis de Jacques Bergier... Kazantzev ma encore crit rcemment au su- jet de crnes de buffles traverss par des bal- les. Jtais un peu sceptique. Mais un profes- seur de Leningrad a trouv dautres crnes qui excluent toute possibilit de truquage. Vous savez que Kazantzev est trs controvers, mais au moins il sagit de quelque chose de tangi- ble. Remarquez quen Union Sovitique en gnral, lordre est invers. Les extraterrestres sont un article de foi. Alors, vous pouvez, comme Zaitzev, prsenter une thse de docto- rat sur Jsus-Christ, extraterrestre . Cest devenu une contre-foi. Mais enfin, de temps en temps, a ragit tout de mme. Ce qui est bien, cest quils restent malgr tout prudents, et ninventent pas trop de choses. Ils aiment mieux laisser un mystre que dinventer des explications, Ils ont, par exemple, une civilisa- tion trs tonnante dont on ne trouve que des tombes : tantt, ce sont des squelettes hu- mains, tantt le cadavre dun ours plant ver-ticalement, et des bobines sur lesquelles est enroul du fil dor. Et on ne trouve aucune trace de la civilisation elle-mme, comme si ces hommes taient venus de lextrieur , dit le Professeur Vanga. Pourtant, ils ont trouv une explication, mais quils ne prtendent pas imposer. Selon eux, il sagit de gens qui habi-taient sur des normes radeaux sur la Volga. Leurs villes et tout taient en bois, les radeaux ont fini par couler, et il ne reste plus grand- chose. Cest du moins une explication. Ils ne refusent pas a priori une origine extraterres- tre, mais ils ne prtendent pas forcer. Car ils ont eu des dceptions. Notamment, dans des catacombes Odessa, on a trouv des traces doiseaux prhistoriques datant de millions dannes, et o il y avait des trous circulai- res faits comme par une vrille, et dans les- quels on a trouv des traces de cobalt et de fer. Alors, il y eut une priode de joie extra- ordinaire : on a dit, a y est, ce sont des extra-terrestres qui ont prlev des spcimens. Et puis, on a poursuivi les tudes, et l ils ont trouv un mollusque dont le sang contient du fer et du cobalt, et qui fait des trous en vrille. Ils ont eu lhonntet de le publier, dans la mme revue dailleurs. Cest correct de proc- der ainsi, non ? ... et celui de KADATH. Il est noter toutefois que si les hypothses extraterrestres des Sovitiques font aisment le tour du monde, cest rarement le cas pour les dmentis, ce qui est profondment regretta- ble. Et la faute en incombe la plupart du temps aux compilateurs, lesquels prfrent, de livre en livre, laisser sinfiltrer dans lesprit de leurs lecteurs, la conviction quil sagit bien du cosmonaute de Palenque, de l astronef du lac Titicaca, de la Porte de Vnus , du Martien du Tassili, etc. Cest contre cela que KADATH a toujours voulu ragir. Cette fois-ci en utilisant une mthode, disons ho-mopathique : en lisant le texte qui sert de base tant dlucubrations, le lecteur en d-couvrira du mme coup les lacunes et les faiblesses.

    J.V.

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  • Rflexions dun enthousiaste Le savant franais Henri Lhote a dcouvert dans les rochers du Sahara des peintures rupestres qui ont reu le nom de fresques du Tassili. Les plus anciennes dentre elles, qui ont plus de 5.000 ans, sont particulirement remarquables. Celle du grand dieu martien , comme lappela Henri Lho-te, est trs clbre. Elle ressemble rellement un scaphandrier ou un cosmonaute. Le scaphandre possde un casque hermtique. Youri Gagarine, qui lon soumit une photo du dessin, y apposa son autographe en disant : Cest semblable... et dissemblable ! Gagarine avait raison sil consi-drait lquipement dont disposait le premier cos-monaute dans lhistoire de lhumanit par rapport celui qui appartenait sans doute aux trangers ayant accompli un vol sidral pour atteindre la terre. Les sceptiques rejettent toutefois lide du scaphandre, affirmant que nous sommes en pr-sence de la reprsentation dun prtre en costume rituel... avec une citrouille sur la tte. Je crains quun examen attentif de la fresque ne suscite les questions suivantes : si cest une citrouille, alors pourquoi un col en contact troit avec des plis horizontaux ? Et pourquoi les prtres se dgui-saient-ils ainsi ? Pour imaginer des vtements pa-reils, il faut non moins de fantaisie que pour les peindre. On sait que la fantaisie nat de lexp-rience. Lhomme divague sur la base de ce qui lui est familier. Mme un monstre aussi fantastique que le dragon se compose de dtails parfaitement familiers : la gueule du crocodile, les ailes de la chauve-souris et le corps du serpent. Qui donc lancien peintre du Sahara pouvait-il avoir vu ? Quel tait son modle que ce soit pour la fresque ou pour les vtements du prtre ? Sur certains cas-ques, on trouve mme quelque chose qui ressem- ble des antennes. Les hommes tte ronde (cest--dire les cratures casques) se rencon- trent sur de nombreuses fresques du Tassili. Lune delles reprsente une silhouette de gant aux bras carts, la tte en forme de casque angu- leux et... une queue. Cette figure est la plus nig-matique, car elle ne me rappelle rien de connu. Peut-tre est-ce un robot ralis par les hom-mes tte ronde ?

    La reprsentation sculpturale du grand dieu martien a t trouve plusieurs milliers de kilomtres du Sahara, sur lle de Kon-Siou au Japon ! La sculpture a le mme ge que la fresque tassilienne. Le casque et le col, par lequel la tte passe librement, sont remarquables. On dis-tingue, sur le casque, des yeux visibles par un hublot et une ornementation en forme de spirale. Sil est un symbole qui puisse tre compris par nimporte quel tre dou de raison, o quil habite, cest bien la spirale. De nombreuses galaxies

    situes dans la partie du cosmos qui nous est connue et visibles de partout ont cette mme forme. Aux sceptiques, prtendant que ces anc-tres reprsentaient simplement ainsi la desse de la fcondit, trouvant dans les protubrances de la poitrine une confirmation cette thse, on peut objecter que ces protubrances sont disposes trop prs des paules pour quil en soit ainsi (au-dessus des aisselles) et reprsentent plutt quel-quinstrument que des glandes mammaires. Les statuettes les plus suggestives avoir t trou-ves en grande quantit sur lle sont celles des Dogus. Ce mot dsigne en langue ancienne un vtement, fermant par la tte la manire de nos scaphandres. On adorait ces statuettes dar-gile lpoque jmon , au temps o les prd-cesseurs des Japonais occupaient ces les, lge de la pierre. Ils ne connaissaient pas le mtal. Comment leurs sculpteurs pouvaient-ils re-produire tous les dtails du costume de nos cos-monautes avec une telle prcision ? Un casque hermtique, des yeux visibles par des hublots sur le casque, des fermoirs (mme pas en pierre !) runissant les diffrentes parties du scaphandre, des coutilles pour linspection du casque sur les paules du scaphandre (pour la rparation des mcanismes du manipulateur !), et ce qui est particulirement remarquable un filtre pour la respiration ! II est difficile dimaginer que des hommes de lge de la pierre aient pu reprsen-ter de tels dtails au moyen de petits trous. Le costume se compose de parties rigides et de par-ties souples. Les manches et les canons du pan-talon sont gonfls comme si la pression lint-rieur du scaphandre tait plus leve que la pres-sion extrieure. Les tentatives faites pour prouver que ces statuettes ont t stylises selon un pro-cd typique du Japon sont peu convaincantes puisque ces statuettes ont t ralises avant lapparition des Japonais et que le style de ces derniers a apparemment t inspir de ces m-mes dieux , quils continurent dailleurs sculpter des sicles encore aprs larrive sur les les des Fils du Ciel , hros des lgendes japonaises. Elles sont galement peu probantes, les comparaisons faites entre diffrentes sculptu-res japonaises afin de prouver que leurs jambes se raccourcissaient progressivement jusquaux dimensions du Dogu. Il nen dcoule nullement que cette srie prcdait les Dogus dans le temps. Au contraire, les Dogus prcdaient les statuettes, dont les proportions devenaient tou-jours plus ralistes au fur et mesure quon avan-ait dans le temps. Il est intressant de noter que la NASA a dclar, propos des silhouettes de Dogu qui lui avaient t soumises, que les d- tails du costume examin correspondaient en tous

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  • points au costume des astronautes confectionn pour la NASA par diverses firmes amricaines. La dcouverte du spulcre des anciens Mayas lintrieur de la pyramide du Temple des Inscrip-tions Palenque, par larchologue mexicain Al-berto Ruz Lhuillier, est trs clbre. La ville des anciens Mayas a t dcouverte dans la selve sauvage. Dans le tombeau, se trouvait un sarco-phage avec les os inhums dun chef ou dun prtre. Le couvercle du sarcophage tait fait dune lourde dalle de pierre sculpte. Le bas-relief sem-ble reprsenter le plan dune fuse. Un homme ressemblant un cosmonaute se trouve au centre, les mains sur un levier de commande, dans la position caractristique du vol. On peut discuter abondamment de lidentit du personnage repr-sent sur la dalle de pierre : serait-ce un homme mditant sur limmortalit, sous larbre de la vie, le mas (comme on le pensait prcdemment) ou rellement un cosmonaute, un pilote ? Mais on ne peut pas ne pas sintresser au visage, ou plus exactement au masque du personnage inhu-m quest parvenu restaurer le savant mexicain. Sur ce masque, le nez, qui prend racine plus haut que les sourcils, partage le front en deux parties. Une telle particularit se retrouve sur deux sculptures trouves l galement, celles dun homme dun certain ge et dun jeune guerrier. Est-il possible que ceci soit quelque trait hr-ditaire des hommes au front nasal , hrit de lointaines gnrations en mme temps que la re-prsentation de la forme dune fuse et mme de sa structure symbolique ? Le nez la racine situe au-dessus des sourcils ne se retrouve chez au- cune race humaine contemporaine.

    Mais pourquoi les traces laisses par les voya-geurs de lespace sont-elles ainsi disperses sur toute la terre ? Cest parfaitement normal si un vaisseau-mre tournait sur orbite autour de la terre. Il devait envoyer des embarcations cosmi-ques , des vaisseaux dusage local (qui pourraient ressembler aux fuses que nous connaissons et nos avions raction) pour leur faire visiter les diffrentes parties de la Terre (de la plante explore). On a aperu des signes tranges, d-couverts relativement non loin de l, lpoque des premires photos ariennes, dans le dsert de Nazca. Il est impossible de les voir de la terre ; on les distingue uniquement vol doiseau. Si on sapproche en avion de la cte monta-gneuse situe du ct de locan Pacifique, on distingue sur son versant des marques indica-trices, tales sur la montagne depuis des temps immmoriaux. Un trident gigantesque dsigne les profondeurs de la montagne. Lavion poursuit son vol et, sous lui, entre les chanes de montagne, sarrtant aux cols et repartant nouveau comme si elle sillonnait une carte gographique, stend une ligne, semblable un chemin pratiqu dans la montagne, mais qui, pareille en cela une ligne gographique, ne tient pas compte du relief rel. Cette ligne singulire mne le pilote sur le plateau montagneux du dsert de Nazca. Il ne sy trouve aucun sable, rien que des pierres ! Et parmi ces pierres sombres, tranchantes, friables, des pierres claires tout fait diffrentes, apportes on ne sait do il y a mille ans, tracent dtranges figures reprsentant des insectes, des animaux et des oiseaux, parfois clestes, comme il nen existe pas sur la terre. Leurs dimensions atteignent quel-que cent mtres. II nest possible de les voir que de trs haut. Que signifient-ils ? Ici on voit un trs long crocodile, et l un singe avec une queue enroule en spirale ( nouveau la spirale !) Mais ce qui est bien plus important, parmi ces pierres du dsert, des chemins de pierres claires ont t tracs angles droits, rappelant les pistes denvol et datterrissage de nos arodromes. Peut-tre des engins venus dautres plantes et pour lesquels ces chemins avaient t construits dans le pays de nulle part prirent-ils effectivement leur lan sur ces pistes ? Car celui qui a pris un lan sur ces pistes na pu que senvoler.

    Nest-il donc pas possible quil existe sur terre des monuments rigs spcialement pour comm-morer une visite passe ? Dans cette mme Amri-que du Sud, au Costa Rica, dans les bois et dans les marcages, se trouvent parpilles de remar-quables sphres en pierre. La rgularit de ces sphres idales est ahurissante, tant donn que leur procd de fabrication, leur mthode de mesu-re et finalement leur destination mme sont in-comprhensibles. Leur diamtre varie de deux mtres aux dimensions dune maison plusieurs

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  • tages. Quelques savants essayent de prouver leur origine naturelle, mais ne peuvent expliquer par quel processus elles se formrent en un seul endroit de la terre. Il vient lesprit que ces sphres faites sciemment dans des grandeurs dif-frentes ont peut-tre t disperses dans quelque but bien dtermin. Leur terrain dorigine ne re-prsente-t-il pas, disons, le ciel toil (leur ciel !) ? Mais lensemble forme-t-il une carte si on lob-serve den haut ? Ce pourrait tre un monument clbrant la visite de la terre par dautres tres raisonnables ! Il est regrettable que les visiteurs naient pas tenu compte de la balourdise des peu-ples humains futurs, auxquels il nest pas venu lesprit que ces sphres de pierre parfaites, dis-poses selon un plan dtermin sur un norme ter-ritoire, constituaient un tmoignage important de la visite faite la terre par des extraterrestres. La paroi qui supporte la terrasse de Baalbeck est faite de trois blocs de pierre gants pesant chacun presque mille tonnes. Je rappelle que les blocs de la pyramide de Chops psent moins de vingt tonnes. Ces dalles, apportes sur la colline de lacropole, taient extraites dune carrire, o une quatrime dalle repose encore toute prte sans tre pour autant spare du massif rocheux. Quelque chose a empch les constructeurs-Titans daller au bout de leur pense. Mais comment la mirent-ils en uvre ? Mme avec les moyens techniques dont nous disposons, il est impossible de transporter sur de longues distan- ces, damener jusqu la colline et de dresser de telles masses ! Il est intressant cet gard de rappeler que, lors de la construction du barrage dAssouan, on a transport, laide de machines puissantes, un ancien temple dun endroit lau- tre en dcoupant ses statues en petits blocs gaux. Mais comment a-t-on fait alors avec les monolithes de Baalbeck ? Les arguments de certains archo-logues puisque les Anciens lont fait, cest quils pouvaient le faire ne sont certes pas convaincants. Car ceci nexige pas simplement une quantit suprieure, mais galement une autre qualit dhommes. On peut bien sr rappeler le cas de la colonne dAlexandre devant le Palais dHiver de Leningrad. Mais on lavait dabord apporte par les airs avant de la rouler sur le sol.

    Et on la mit debout en la roulant sur un bois en spirale qui avait t conu par des hommes russes extrmement dous que lon paya de 40 vodkas. La construction de la terrasse de Baalbeck na pu se faire ainsi. Elle exigea une technique qui nous est inconnue. Et o avait-on pu aller la prendre cette poque-l ? On ignore ce que voulaient lever les constructeurs terrestres ou extrater-restres de Baalbeck sur ces pierres. Peut-tre un monument qui naurait laiss aucun doute quant lidentit de ceux qui lauraient rig ? En tout cas, une telle installation nest pas du tout nces-saire pour une aire datterrissage de fuses qui sont en tat de slever do que ce soit, par exemple de la lune (voir notre Luna XX !) Un des pidestaux du monument inachev stupfie par son caractre grandiose. Le temple de Jupiter qui y fut construit, mille ans aprs, ne correspond bien entendu nullement au caractre original de luvre qui, acheve, aurait peut-tre reflt lin-telligence et lapparence des visiteurs. Quelquun ou quelque chose les a empchs daller au bout de leur pense. Peut-tre notre climat tait-il insalubre pour ces htes de la terre ou leur tech-nique leur a-t-elle fait dfaut ? Au demeurant, en juger daprs le dsert de Nazca et les lgen-des des diffrents pays, ces visiteurs vcurent longtemps parmi nous. Pourquoi senvolrent-ils et vers o ? Chez eux ? Retournrent-ils dans leur plante aprs avoir accompli leur mission ou gagnrent-ils par de nouvelles routes un monde nouveau ? Les thories fantastiques sont sduisantes, mais il convient de se rappeler les mots du philosophe Kant : Celui qui ne sait pas matriser sa fantaisie est un fantaisiste ; celui chez qui la fantaisie d-bride sallie des penses de bien est un en-thousiaste ; celui qui possde une fantaisie dsor-donne est un rveur. Mais, en mme temps, il ne peut exister de science sans fantaisie. II est vi- dent que larchologie cosmique, la naissance de laquelle nous assistons, doit tre cre non par des fantaisistes ou des rveurs, mais par des enthousiastes.

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    ALEXANDRE KAZANTZEV. (Traduit du russe par Hlne Jamin)

  • 1. LEMPIRE DOUTRE-MER DE CHAN-CHAN. Les deux ports de Chan-Chan, le commercial et le militaire, sont aujourdhui encore parfaitement visibles. Mais les rares personnes qui ont effleur le problme les ont toujours dclars terres de culture . Heureusement, malgr le terrible incen-die qui la ravage voici une quinzaine dannes, la Bibliothque nationale de Lima, complte par des collections particulires, dispose encore de documents impressionnants. Car Chan-Chan pos-sdait des flottes de pche et de guerre, dont les navires pouvaient emmener trois quatre cents hommes dquipage. De plus, ces navires avaient des quilles, indication dont tous les marins com-prendront limportance : elles assurent la stabil- it aux navires de haute mer. La naissance de cet empire maritime, souvenons-nous. les totoras nous la situent aux alentours de 250 aprs J.-C.

    Les navires mochicas (de Chan-Chan) transpor-taient leurs objets dor et dargent au Mexique. Des objets dor mochicas, particulirement une grande plume dor, furent retrouvs Monte-Alban, et chose vraiment inattendue dans le propre trsor de Montezuma . (1) Et lon sait aussi que des quantits de jarres et de cramiques de Chan-Chan, particulirement des gargoulettes, furent retrouves aux les Galapagos, o la pche hauturire chimu atteignit un niveau impression-nant. II est bien vident que lon a du mal croire une puissante marine chimu, dont aucun livre didactique moderne ne fait mention. Les docu- ments ne manquent pourtant pas Lima, ainsi le livre du fameux chroniqueur espagnol Miguel Cabello de Balboa, Historia del Per bajo la domi-nacin de los incas , rdig entre 1575 et 1586. II nous conte que lorsque lInka Tupac Yupan- qui sempara de Quito et de Chan-Chan en 1457, il vit la mer pour la premire fois ; stupfait, il sembarqua sur un navire de Chan-Chan et partit au loin sur le Pacifique. II dcouvrit deux les que les habitants nommaient Huagachumbi et Ni-machumbi . Et, lorsquun an plus tard, il ren-

    WOTAN ETAIT-IL LE DIEU BLANC PRECOMLOMBIEN ? Professeur Marcel Holmet Rcemment a paru la traduction franaise du livre de Cyrus Gordon, LAmrique avant Colomb . Lau- teur y relve les similitudes entre lAncien et le Nouveau Monde. Seulement, le gros cueil demeure : comment combler le hiatus chronologique norme qui spare les civilisations de part et dautre de lOcan ? Le texte que, vous allez lire tente de rpondre la question. En fait, il sagit de la thse fondamentale du Professeur Homet, rsultat de plus de trente annes de recherches sur place. Cest la premire hypothse de travail que KADATH propose ses lecteurs. Il y en aura dautres, sur dautres sujets. Si les faits sur lesquels sappuie lauteur sont inexacts, il faudrait, en dehors de ses travaux personnels, incriminer des dizaines de grands savants ainsi que les chroniqueurs quil a consults, en cinq ou six langues diffrentes. Mais en outre, pour combler les lacunes, il est indispensable davoir recours aux mythes et traditions. En cela, lauteur partage la conviction de Claude Lvi-Strauss que, dans la science de lantiquit humaine, rien de srieux nest possible si lon ne fait pas parler le mythe.

    Le Votan (Odon) de lAmrique Centrale et du Prou est identique au Wotan (Odin) scandinave.

    Alexander Von Humboldt. Connatre les mythes, cest apprendre le secret de lorigine des choses. En dautres termes, on apprend non seulement comment les choses sont venues lexistence, mais aussi o les trouver et comment les faire rapparatre lorsquelles dispa-raissent .

    Mircea Eliade.

    Les documents concrets ignors.

    (1) P. Rivet et H. Arsandaux : La mtallurgie en Amrique prcolombienne . Sur Chan-Chan, voir KADATH n 5.

    Anciens rois de la mer

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  • tra Chan-Chan, il ramena de nombreux pri-sonniers de race noire, de lor, un trne en cuivre et des peaux danimaux inconnus . Alors il sied de se poser une question : si les Chimus navaient pas une puissante marine..., si la narration de Balboa est fausse..., comment les Espagnols de la Conquista pouvaient-ils savoir que, trs loin dans locan, existaient des peuples la peau noire ? Mais il y a mieux. Les Chimus avaient remarqu que les secousses sismiques, lors des tremble-ments de terre, sopraient la fois horizontale-ment et dans le sens de la hauteur. Aussi bien, pour parer ces mouvements, avaient-ils cr des constructions antisismiques. Prenant les pierres les plus grosses possibles, ils leur taillrent des angles, en profondeur comme en surface, en fai-sant de sorte que, dans toutes les pierres, les angles rentrants sencastrent exactement dans les angles sortants. Ainsi arrivrent-ils avoir des pierres de 36 angles, chiffre exceptionnel, la moyenne tant dune douzaine dangles. Ce qui fait que, quels que soient les chocs sismiques (latraux, en hauteur ou vers le bas), ils sont automatiquement contrebalancs par les jeux dan-gles, et le mur navait pas le temps de scrouler avant la fin des oscillations. Eh bien, ce systme est le mme en Polynsie, et plus particulirement lle de Pques. Si nous rsumons : les totoras, les longues-oreilles (comme les personnages de haut rang Chan-Chan), et enfin les murs antisismiques... tout cela est net : il sagit bien de loccupation de lle de Pques par les Chimus. Et pour une telle colonisation, 4.000 km dans locan, peut-on penser que de tout petits voiliers seraient suffisants ? Et ce nest pas tout ! Je faisais un jour une conf-rence sur le sujet, La Paz, capitale de la Bolivie. Ma causerie termine, lAmbassadeur de France, fort intress, me prsenta une photographie, en me disant : Alors pourquoi les flottes de Chan-Chan ne seraient-elles pas alles au Japon ? Certes, Monsieur lAmbassadeur, lui dis-je intri-gu, mais do tenez-vous cette photo ? Cest bien simple, et je vais trahir un secret dEtat, me dit le diplomate. Je vais la distraire des archives secrtes du Quai dOrsay... Prenez-la, elle est vous. La photographie montrait lAmbassadeur de France Tokio, M. Paul Claudel, devant le mur du Palais imprial du Mikado. Quon la compare aux photos concernant les procds antisismiques du Prou, dabord chimus puis incas, ou de lle de Pques, elle reproduit point par point le travail chimu. Si lon noublie pas que lempereur du Japon est le Fils du Soleil , on sera sans doute amen des conclusions qui, peut-tre, auraient pu depuis longtemps tre apportes la science.

    2. LE TEPE, SANCTUAIRE DES DIEUX SOLAIRES. Dune faon gnrale, tepe signifie montagne ou colline, naturelle ou artificielle, en forme de cne ou de pyramide tronqus. Les tepe taient des autels ddis aux dieux solaires Wa, R ou Crom, et presque toujours faits de matire volcanique. Mme Paul Rivet, ce traditionaliste farouche, sans en connatre le nom, reconnat la valeur de la forme particulire du tepe pour les autels de prire des anciennes civilisations. Bien videm-ment, il mest impossible de dresser ici la liste des centaines de tepe que jai rencontrs au cours de mes expditions. En voici quelques-uns : Kok-Tepe au Turkestan, Kue-Tepe des Hittites au Proche-Orient, Kue-Tepe de lAncien Mexique tous trois sont identiques en forme, en nom et leur but religieux est le mme , Tepe-Khan en Irak. Tepe-Cha en Crime, Biz-Tepe au Montenegro, Tepe-Musyan en Iran, etc. Et mme le Shaman-Tepe de Trbizonde sur la mer Noire, qui a la mme forme que chez les Amrindiens dAlaska et du Canada. Larchologue William F. Albright crit dans Ar-chaeology of Palestine : Un tertre palestinien, ou tell comme le nomment les Arabes daprs lusage smitique qui remonte des temps imm-moriaux, ressemble gnralement un cne tron-qu assez bas, dont le sommet est plat et les cts sont en pente. Cette forme particulire est caractristique du tell ou tepe du Proche et Moyen-Orient. Il est un des rares auteurs avoir soulign cette concordance. Lon sait aussi que les plus anciennes tentes connues des Croma-

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  • gnons se nommaient te-pe , dans lequel le radi-cal ti signifie habiter, et pi est un locatif. Dans ce domaine, on est oblig de constater que les tentes des tribus indiennes de la baie dHud- son portent galement le nom de te-py , mais avec une autre tymologie : pep signifie chaud, a donn tepe , auquel on a ajout le mot rite , qui signifie montagne volcanique, ou par extension, simplement montagne ou pyramide. Le tepe indien est un cne tronqu du haut duquel sortent les btons croiss, ce qui imite limage de flammes jaillissant dun volcan. Les dictionnai- res des tribus indiennes sont formels ce sujet. Au milieu de lle dHawa (Ha-Wa) se trouve le volcan appel Wa-Te-A, en dautres termes la montagne sacre du dieu soleil . Au nord se dresse le volcan Wa-Ta-Raa qui est la monta-gne sacre du dieu soleil R . Wa signifie soleil en aztque, Te signifie dieu, et R est le nom du dieu solaire en Egypte, en Amrique du Sud, et en Polynsie, mme jusqu lle de Pques. Autre exemple : pour wate en Amazonie, le mot vient de wa et te , mais toujours il est ac-col une pyramide ou montagne volcanique. Jai personnellement trouv, au cours de ma premire expdition en Amazonie, une montagne volcanique appele Wa-Tepe. Enfin, disons quau Mexique, les pyramides solaires portaient jadis un autre nom, quelles ont dailleurs conserv dans les dia-lectes : tepelt. II nest que de lire les cartes ac-tuelles pour sen rendre compte. Et la lecture des cartes chinoises donne le mme rsultat. Donc, pour nous rsumer, les tepe (ou tepeu ou tell ou tepelt) sont des autels ddis aux dieux solaires Wai, R ou Crom, et ils accompagnent les pyramides et les mgalithes. Ils se trouvent en gnral associs des hommes au nez aquilin, attachs lusage durnes funraires contenant des squelettes en position ftale. Sur ce sujet,

    nous possdons des milliers dobservations re-cueillies par des tmoins dignes de foi, qui disent quen Polynsie, comme lle de Pques, des milliers dindignes ont le nez aquilin, les yeux bleus et les cheveux blonds. 3. LES SEQUELLES DE RACES EXTRACONTI-

    NENTALES. Le Muse pruvien de la Magdalena Lima ren-ferme 620 momies dcouvertes Paracas, au sud de la capitale, non loin de Nazca. Ces momies taient couvertes de manteaux brods de diverses couleurs, et accompagnes de cramiques non dcores. Elles avaient la peau blanche, les yeux bleus et les cheveux blonds. LUniversit de Cuzco en montrait un tableau donc tout ce quil y a de plus officiel , comportant trois portraits re-constitus partir des momies. Le profil des visa-ges est nettement smitique (ou caucasien), et les vtements sapparentent ceux du moyen-ge europen. Ce tableau, je lavais photographi. Et lorsque mes amis de lAssociazione Studi Preisto-rici italienne partirent pour lAmrique du Sud, je leur fournis la documentation pour leur travail, dont la photo en question. Or, mes jeunes amis ne retrouvrent jamais le tableau... Ces momies forment en effet un noyau unique en Amrique du Sud, et ds lors, la science officielle ne les reconnat pas. Et comme le tableau tait gnant, il disparut. Car il ne cadrait pas avec les thories classiques de lorigine mongole des peu-ples de lAmrique du Sud. La race indienne est incontestablement dorigine jaune (mais pas mon-gole !), venue probablement par le dtroit de Beh-ring. Mais la vritable race du Prou ne se trou-vait-elle pas Paracas ? Des travaux de Larco Hoyle, le fondateur du muse de ce nom Lima, il ressort que dans lEmpire de Chan-Chan, cest le peuple autochtone queshua qui aurait t brachycphale (crne court), comme

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  • le sont la plupart des Amrindiens actuels ; et que ds lors, le peuple chimu aurait particulirement t dolichocphale (crne allong), ce que lauteur donne nettement entendre lorsquil dit : Len-semble des peuples de lEmpire chimu de Chan-Chan tait form dune mixture de races diverses, o dominait la race blanche de type aryen avec barbe et turban. Cette race comportait de trs nets types caucasiens avec le nez en bec daigle. Tou-tefois, une question se pose : do venaient ces momies aryennes de Paracas ? Comment se fait-il que dans le reste de lAmrique on nen ait pas rencontr dautres ? Tout ceci nous ramne Sir Clements R. Markham, lequel dans son livre Les Indiens du Prou (p. 117) dclare : Un des problmes les plus ardus que suscite ltude des races amricaines, est lorigine du peuple civilis qui habita les valles de la cte du Prou . Dans la ville de Huaraz, un chanoine, Soriano In-fante, archologue amateur mais trs comptent, a cr ses frais lun des plus extraordinaires muses que lon puisse voir au Prou. Dans un jardin empli de fleurs et aux alles soignes, tr-nent cinq cents statues quau cours de nombreuses annes de prilleux travaux, le prtre a recueillies entre 4 et 5.000 mtres daltitude. Ces statues sont relativement petites, ne dpassant gure 1 m 50, mais il y en a encore quelque quinze cents l-haut, dont de nombreuses ont de quatre cinq mtres. Qui a dress ces statues, quand et pourquoi ? Car elles sont rigoureusement de facture orientale, mais aussi nordique ce qui nest pas une contradiction. Nous les voyons avec

    un turban, une croix sur la poitrine : un masque ventral, un profil nettement smitique, et de plus portant une lance. Il sagit l du portrait typique du dieu-hros scandinave Wotan-Odin, et de ses pardres orientaux, particulirement Baal. Lune de ces statues possde le turban rigoureusement identique ceux des Arabes du Ymen (avec cor-delettes, quon ne retrouve ni en Algrie. ni au Maroc, ni ailleurs), comme dailleurs une autre petite statue est, sans la moindre quivoque pos-sible, le portrait dun vieil isralite du mme pays. Et puis il y a la croix verte sacre, o lon voit le visage du dieu marqu de deux croix, tandis que son turban est surmont dune troisime. De part et dautre, il est entour de deux lions solaires. Ici aussi, comme pour les momies de Paracas, on reste perplexe. Pour obtenir une rponse, il faut maintenant interroger le mythe.

    Les documents et manuscrits tout fait officiels de la Bibliothque de Lima, dont la richesse est fort mal exploite, relatent larrive au Prou du dieu-hros Naymlap (2). A la tte de centaines de radeaux de balsa, il aborde sur les ctes du Prou ; serrant contre sa poitrine un gigantesque spondylus , il met pied terre. Cest lui qui va crer lEmpire de Chan-Chan. Le dragon deux ttes, quon retrouve sur le palais du Grand Chi-mu, est caractristique de cette religion. II porte sur le dos le spondylus , un coquillage dont la proprit est de donner celui qui le porte le moyen de voler. Ce dragon volant se retrouve dans les civilisations du Danube avec les mmes caractristiques. En outre, le dragon de Chan-

    Les statues de Huaraz. A gauche, le vieux Smite avec barbe et turban. A droite, le dieu Wotan avec sa lance, et sur la poitrine un masque et une croix. Au centre, la croix sacre, o lon voit le visage du dieu marqu de deux croix, une troisime surmon- tant son turban ; sur la transversale, entour de deux lions solaires, un personnage porte le masque dune main et la croix de lautre.

    Un mythe commun : le dragon volant.

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  • Chan tient dans sa gueule la tte dun homme quil ne dvore pas. Ce mythe de lhomme dans la tte du dragon se retrouve en de nombreux exem-plaires dans la civilisation maya, mais aussi chez les Chan en Chine, qui ont, eux aussi, le dragon deux ttes. II y a donc l, sans la moindre quivoque possible, une unit de mythe ayant influenc les productions artistiques ou cultuelles des anciens peuples.

    Les Chinois connaissaient deux courants telluri-ques qui animaient la crote terrestre. Ces courants taient lun mle, positif, un dragon dazur, lautre femelle, ngatif, tigre blanc la langue longue, ce tigre que nous retrouverons dans la civilisation de Chan-Chan. En Europe, nous avons Loki, le mchant ou le fourbe , lun des douze dieux scandinaves. II eut trois enfants, dont le second tait le fameux Mit-Gard, autrement dit, le grand serpent si long quil entourait le monde . L, nous retrouvons curieusement le chef de ces douze dieux, Wotan-Odin, lequel, selon le baron Von Humboldt, stait mut en Wotan-Odon de lAmrique Centrale et du Sud. Cieza de Leon, connu comme un des chroniqueurs les plus srieux, qui contrlait toujours de prs ses informations, nous conte que, au cours de ses voyages, Wotan-Odon rencontra les sept fa-milles de la nation Tzequil (les Aztques), et aussi la caverne des treize dieux serpents . Ce treize, cest le chiffre du panthon scandinave de Wotan-Odin. Par ailleurs, les vieux textes mayas du Mexi-que parlent nettement du grand serpent-dragon, Chan, voyageant lui aussi dans les entrailles de la terre, quil encerclait dune telle manire que lui fut donn le nom de Aq-Baal , quivalent des courants telluriques entourant le monde. Cest ici que les rcits les plus srieux frisent linvraisemblable. Car si lon se souvient de ce que jai dit plus haut concernant le profil smi-

    tique et le turban, cest sans la moindre surprise que, consultant les dictionnaires arabes, lon re-trouve : Aq = crevasse ou fosse profonde dans la terre ; et Baal = nom gnrique dune divinit ou dune idole. Le Baal phnicien et msopota- mien tait, la fois, dieu solaire et dieu du vent et de la tempte ; il possdait une lance qui, comme le feu du ciel, pouvait dtruire des peuples entiers. Par ailleurs, le dieu blanc et barbu du panthon

    scandinave, Wotan-Odin, aurait t porteur de la croix verte sacre, et ceci dans la lgen- daire Thul, capitale de lHyperbore. Mais le mme dieu, mont sur son cheval ail, devient dieu du feu : traversant le ciel, il est arm dune lance qui peut, dun seul coup, anantir un peuple entier... Qualifications rigoureusement iden-tiques celles qui caractrisent le dieu-hros amricain Wotan-Odon. Car lopinion gnrale est que, malgr leurs diffrences apparentes, tous les dieux blancs prcolombiens ne sont quune seule et mme personne.

    Pratiquement, il est impossible de situer avec quelque certitude le point de dpart du mythe du dragon. Celui-ci, nous le voyons tout aussi bien dans la Bible que dans les plus anciennes tradi-tions mayas, ou encore dans les pomes sum-riens datant dau moins 3.500 ans avant notre re. Cependant, il existe une apprciable collection de documents ou dtudes utilisables, mais il faut alors se plonger dans la prhistoire. Ainsi, les travaux de Jacques de Morgan (3), dmontrant quau palolithique suprieur probablement au-

    (2) La tradition est confuse : il sagirait, ma dit le Professeur Trimborn. non de Naymlap, mais de Taycamano. Nanmoins, tous les dtails de leur arrive sont identiques.

    (3) Jacques de Morgan : Les premires civili-sations , Paris 1909.

    Le dragon volant deux ttes de Chan-Chan, dot de son spondylus. II porte la lance et la croix, et symbolise le soleil.

    Sur la trace du dieu Wotan.

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  • rignacien, cest--dire 30 ou 40.000 ans dici , les pr-Ibres du Groenland avaient commenc migrer vers le sud-est chez les Scandinaves. A notre avis, le mythe de Wotan ou Odin aurait pu prendre naissance, approximativement, lpoque solutrenne ou magdalnienne, lorsque la race Cromagnon dominait en Europe du Nord. Cela nous situe entre 12 et 15.000 ans, lappa-rition des croix tant une des caractristiques du Magdalnien. Et prcisment, les pr-Ibres em-menaient avec eux leur dieu barbu, porteur de la croix verte sacre . Or, noublions pas que Groenland signifie terre verte ! Selon la lgen- de, Wotan tait install Thul avant que de dbarquer en Europe du Nord. Historiquement, nous trouvons donc Odin dans le Jutland, pres-qule du Danemark, en compagnie de ceux qui, aprs leur traverse de la Baltique, aboutirent plus tard sur la cte actuelle de la Prusse, dont les habitants donnrent aux nouveaux-venus le nom de Teutons. Il existe galement une thorie officielle concernant le dplacement du mythe du dragon, qui aurait suivi les migrations des Scythes. Ce qui est fort possible, car rien ne prouve que les Ibres aient eu le privilge exclusif de lintro- duction historique du phantasme-dragon . Ceci tant, si nous admettons les Scythes, nous voyons que, paralllement aux Ibres, ils ame-naient avec eux le souvenir de civilisations incon-nues, venant du nord du monde, ce que dailleurs la science reconnat comme vraisemblable. A Boeslunde, 30 km de Copenhague, fut rige, en des temps trs reculs, une pyramide trois terrasses et dune hauteur de 30 mtres. Au som-met se dressait un magnifique temple solaire ddi Wotan, et qui a rsist, semble-t-il, jusquen

    1400 avant notre re. Cet difice est complte- ment inconnu, pourtant, le hasard et la chance ont voulu que tout le matriel de la pyramide ait t entrepos au Muse national du Danemark. Les chercheurs ont pu ainsi mettre facilement la main sur des bijoux dambre. On sait que la plu-part des tombes septentrionales en sont ornes ; le Professeur Gordon Childe a not, par ailleurs, que lexportation de lambre tait la principale res-source qui permit aux Nordiques de se procurer le mtal de leur armement. Or, il se fait que dans le puits sacr de Chichen-Itza au Yucatan, ainsi que dans des tombes de Chan-Chan, par exemple, on a galement retrouv de ces bijoux dambre, minral fossile de mme composition que dans la rgion de la mer Baltique. Certains gologues affir-ment nanmoins avoir pu situer de lambre autoch-tone au Mexique, mais les analyses nont pas en-core dmontr quil sagirait bien de celui de Chichen-Itza. Jusqu preuve du contraire. Boes-lunde demeurerait donc un point de repre int-ressant pour lexgse du mythe dont parlent abondamment tous les livres sacrs. De l, nous retrouvons Wotan et ses pyramides solaires lest du monde, jusque sur les ctes de la mer du Japon et en Chine. (Les pyramides ou du moins les tepe ddis au dieu Wa, une des appellations de Wotan, le, serpent ). Il a fallu que le savant allemand Robert Heine-Geldern lutte durant plus de vingt ans presque jusqu sa mort pour faire admettre que le mythe de Wotan faisait partie du voyage quon nomme mi-gration pontique : en fait, il sagit l de lindis-cutable transhumance des Indo-Europens, qui les a conduits du Danube aux portes du Japon, par le pont de lancienne mer Noire. En pratique,

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  • cette migration na gure t tudie par les sp-cialistes. Elle passe par lElam, cest--dire lIran actuel. Larchologue franais Louis Capitan, mem-bre de lInstitut et professeur au Collge de Fran- ce, eut lide de comparer la cramique de la Su-siane (en Elam) avec celle des Pueblos du Mexi-que (des peuples dont on ne connat que les ruines des anciens villages). Projetes sur un cran, avec trs fort grossissement, les reproductions photo-graphiques, comportant des dragons et autres motifs, se sont montres tellement semblables entre elles, quun comit de savants experts en cramiques, convoqus cet effet, ne parvint pas diffrencier les sources des objets prsents ! Cest ici quil y a lieu de citer un autre grand prhistorien franais, Giraudet-Cottevielle (4). II avait dress une carte montrant que les Aurigna-ciens de Morgan taient passs en Amrique du Nord, o ils ont laiss des traces nettement cro-magnodes, stendant sur la moiti est du conti-nent jusquen Floride, et mlanges une popula-tion jaune (mais pas mongolode !) jusquau nord du Mexique. Une trs grande partie des Sioux, Al-gonkins et autres tribus du nord de lAmrique sont des hommes de haute taille, au teint bronz et au pur profil en bec daigle sans aucune doute, des traces des anciens Cromagnons venus dEuro- pe des poques diffrentes. Mais... avec le mythe de Wotan. Car Wotan tait en Floride en mme temps quen Scandinavie, comme il fut plus tard en Extrme-Orient. Lors de son arrive au Mexique, Wotan apportait avec lui un calendrier dune trs grande prcision, mais aussi le mas et le coton. Le mythe-tradition qui na jamais t officiellement rfut fait nettement venir de la mer, de lautre ct des Antilles , un dieu blanc et barbu, dune culture nettement suprieure. Sa barque aurait atterri au Yucatan, en un lieu parfaitement prcis chez les tribus lecanons. Mais ici se pose un problme. Car, consultant la carte, ce trajet parait peu pro-bable. En effet, pour des migrants effectuant un voyage en des rgions inconnues, il est bien vi-dent quen aucun cas ils nauraient pris la peine, venant de la mer, de contourner le Yucatan par le nord, pour aller atterrir assez loin dans le nord-ouest de cette pninsule. Ils auraient plutt d-barqu sur la premire cte en vue : ainsi en fit, plus tard, Christophe Colomb. Il semble donc quil y ait eut l erreur dans linterprtation du mythe. Mais cet autre ct des Antilles satisfait ceux qui admettent larrive du dieu blanc direc-tement de la Scandinavie en Amrique. Thorie sduisante en vrit, si la Scandinavie cultivait le mas et le coton ! Or, comme tout nous laisse

    croire que le Wotan-Odon est apparu au Yucatan une poque qui, climatiquement, est la ntre, il est impossible dadmettre que Wotan-Odin se soit embarqu dans le nord de lEurope pour arri-ver droit en Amrique Centrale. De ce fait, il ne nous reste quune possibilit de dpart pour les Antilles : la cte mridionale de lAmrique du Nord o probablement le mas, mais certainement le coton, sont connus comme plantes autochtones. Une fois encore donc, revenons Giraudet, et nous constatons que les Aurignaciens de Jacques de Morgan auraient abouti en Floride. Le mythe y serait demeur jusquau jour o, pour une raison inconnue, il aurait fini par se dplacer jusquau Mexique, grce un prophte qui pourrait tre Kukulkan, et ensuite, sous le nom de Viracocha, au Prou.

    II ma donc fallu rechercher le dieu Wotan quelque part chez les Magdalniens, si je voulais expliquer comment on le retrouve la fois en Eurasie et en Amrique. Et l, bien sr, il sagit dun mythe... Les livres sacrs (le Popol-Vuh des Mayas, le Rig-Vda des Indiens, les Sagas scandinaves) font tous tat de quatre dluges, dun paradis perdu, dune tour dresse vers le ciel... Enfin, le mythe du dra-gon volant semble bien procder dun lieu unique o se serait forg un mythe unique. Sil est diffi- cile den situer le point de dpart, il est bien vi-dent quil y eut la base quelque chose de formi-dable, caractrisant vraisemblablement une civili-sation primordiale compltement disparue, et qui aurait t situe au nord du monde... La boucle se refermerait-elle ? Faudrait-il faire crdit cette thse, suggre galement dans la Bible, selon laquelle une langue primordiale unique aurait exist ? Pareille interprtation expliquerait en tout cas pourquoi toutes les pyramides consa-cres au dieu Wotan portent le mme nom, quel que soit le lieu o elles ont t construites...

    La boucle se referme sur le mythe.

    (4) Giraudet-Cottevielle : Les races et le peuple-ment du Nouveau-Monde , IIIe Congrs interna-tional danthropologie Amsterdam.

    Dragon se dit drakkar en scandinave. La barque des Vikings et, en gnral, des Normands, portait sur son avant une figure symbolique, presque tou-jours une tte de dragon (do son nom). Ici, sur cette gravure chimu de Chan-Chan, on voit que le dragon a deux ttes

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  • Tout comme les clbres mousquetaires, les trois pierres de Baalbeck sont... quatre ! Les trois principales, composant le trilithe, font partie du site lui-mme, tandis que la quatrime, prcieux tmoin, est demeure dans sa carrire dorigine. Si lon devait tablir un index des nigmes de larchologie, le cas de Baalbeck se situerait, nen pas douter, larticle architecture cyclo-penne . Lessentiel du problme se rsume en effet ceci : dimmenses monolithes ont t trans-ports sur une distance apprciable, puis soulevs et ajusts avec une grande prcision. Et lon ignore tout de lidentit des constructeurs aussi bien que de la mthode quils ont utilise pour ce faire. Le site est trs connu. Les archologues lont minutieusement tudi, et les nombreux touristes qui visitent le Liban ont presque tous vu Baal-beck. Mais bien que la ville de Baalbeck soit par-fois appele ville du trilithe , rares sont ceux qui peuvent affirmer avoir vu de leurs yeux le fameux monument. Il est en effet si discrtement plac dans le gigantesque ensemble architectural de lendroit, que mme les connaisseurs du site ignorent gnralement, qui son existence, qui sa localisation exacte. A 86 kilomtres de Beyrouth, sur lautre versant des monts du Liban, stend la plaine de la Bequa, anciennement appele la Syrie Creuse . Sur les contreforts de lAnti-Liban, 1.150 mtres daltitude, la petite ville de Baal-beck offre lamateur ses splendeurs antiques : des temples. Cest dans le temple de Bacchus quont lieu les festivals musicaux. Mais le plus grand, et aussi le plus composite, est le sanc-

    tuaire de Jupiter-Hlios. Lon y accde par un escalier monumental, celui-ci prcd dune vaste cour (laquelle contint une basilique byzantine aujourdhui disparue), elle-mme prcde dune avant-cour et de propyles. Le temple de Jupiter est sans conteste le joyau romain de Baalbeck. Aujourdhui, six magnifiques colonnes surmontes dun entablement (17,60 m de hauteur totale) attestent encore de sa splendeur passe. Com-menc sous lempereur Auguste et achev sous Nron, le temple de Jupiter-Hlios fut reconstruit au IIe sicle, par Antonin-le-Pieux, mais cette fois sur le soubassement prromain. Au nord, louest et au sud du sanctuaire, les fouilles allemandes du dbut du sicle (Th. Wie-gand, 1898 1905) ont dgag un mur titanesque, compos dnormes blocs de pierre. Ces mono- lithes forment une plinthe-terrasse au nord et au sud, savoir neuf pierres de chaque ct du temple. Ces blocs sont assembls avec un soin extrme. Les dimensions moyennes de chacun deux sont : dix mtres de longueur, quatre m-tres de hauteur et trois dpaisseur. Le ct ouest, cest--dire larrire du temple, prsente des particularits plus extraordinaires encore, puis- quil contient le trilithe. Il ne sagit plus ici de terrasse : le mur est surmont de trois masses prodigieuses, qui furent leves sept mtres, et dont les dimensions, cette fois, dfient lima-gination : respectivement 19,1 m, 19,3 et 19,6 mtres de longueur, sur 4,35 m de haut et 3,65 de large ! Cela devient du cauchemar Cest sur cette construction colossale et inache-

    LE FORMIDABLE TRILITHE DE BAALBECK Les trilithes sont chose courante dans les civilisations dites mgalithiques. Comme leur nom lindique, ces monuments se composent de trois pierres. Le plus souvent, deux dentre elles servent de montants la troisime, utilise comme linteau ou comme table, selon la hauteur de lensemble. Un dolmen simple est un trilithe. A Baalbeck, il ne sagit pas du tout de cela : trois pierres colossales encastres dans un mur cyclopen ne forment pas un trilithe. Mais lexpression trilithe de Baalbeck (ou Trilithon ) est devenue si courante en primhistoire que nous avons prfr la conserver, tout en faisant cette re- marque qui simposait.

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    ARCHEOLOGIE PARALLELE

  • ve le Mur Cyclopen que sappuie en partie larrire du temple romain. Il semble bien en effet que les plinthes nord et sud dcrites plus haut taient prtes recevoir des pierres sem-blables pour slever la hauteur du trilithe et constituer ainsi, tout autour du temple, une majes-tueuse terrasse. Evaluons un instant le poids de ces gants. On estime gnralement que le calcaire utilis est de la pierre de Portland, de densit gale 2,6. Chaque unit du trilithe oscillant entre 300 et 310 m3 cela nous fait un poids moyen de 800 tonnes. Quant aux blocs de la plinthe-terrasse, si leur volume atteint les 120 m3, leur poids repr-sente au bas mot 310 tonnes. Limagination de lhomme peut peine raliser ce que reprsen-tent ces donnes, car elles sont inhumaines. Rap-pelons-nous que, dans le numro 4 de KADATH, nous nous tions extasis sur le poids des mga-lithes de Stonehenge : ceux-ci, pourtant, nexc-daient pas les 50 tonnes... Mais une question vous vient lesprit : comment les gigantesques struc-tures de Baalbeck peuvent-elles passer inaperues

    du touriste ? Tout simplement parce que le tri-lithe, situ larrire du temple, surplombe un chemin creux bord de barbels. II ne soffre donc pas spontanment au regard du visiteur. Le touriste est dailleurs gnralement fascin par la beaut architecturale des temples et des sveltes colonnes, au point de ngliger de se poser des questions, mme au sujet des blocs de la plinthe-terrasse. Ceux-ci, pourtant, sont bien visi-bles ! En guise de tmoin de linachvement du site, nous disposons encore dun dernier colosse, le quatrime mousquetaire de notre trilithe. Il sagit de la pierre dite Hajar el Houbl ou Pierre du Sud , demeure environ un kilomtre de distance, dans une carrire situe au pied de la colline de Cheikh Abdallah, prs des murailles lentre sud-ouest de la ville de Baalbeck. Et cette fois, comme pour narguer notre perplexit, tous les records de gigantisme sont battus : 21,50 m de longueur, 4,20 m de hauteur et 4,80 m de largeur. II sagit dailleurs l de la plus grande pierre taille connue au monde : 433 mtres cubes, soit 1.128 tonnes exactement (ou 1.135 pour ceux qui arron-dissent 435 m3, car un centimtre prs, on ne peut donner de mesure exacte). Ne craignez rien, vous avez bien lu : cela reprsente en effet plus dun million de kilos !... (1) Parlons prsent des mthodes de taille et de transport. La roche calcaire forme Baalbeck un banc homogne dune paisseur indfinie. En taillant les cts latraux des strates, les cons-tructeurs pouvaient obtenir des masses gigantes-ques. Jean Awad nous dit (2) que pour dtacher les pierres, on employait des scies spciales, ou on pratiquait des trous dans le roc une profon-deur de vingt vingt-cinq centimtres, dans les-quels on introduisait des coins de bois dur ; leau verse gonflait les coins et fendait le roc. Cest en effet plausible, mais lauteur ne prcise pas ce quil entend par ces merveilleuses scies sp-ciales , ni comment des blocs aussi grands et aussi rguliers pouvaient natre de techniques relativement rudimentaires. Et surtout, lauteur ne dit pas qui tait on . Les Romains ? Nous allons y revenir.

    1. Propyles. 2. Avant-cour. 3. Cour de lautel. 4. Escalier du temple. 5. Temple de Jupiter-Hlios. 6. Plinthe-terrasse. 7. Mur cyclopen. 8. Temple de Bacchus. 9. Tour arabe.

    (1) Le chiffre de deux mille tonnes, qui fut lanc par on ne sait qui et repris en chur par tous les compilateurs, est bien sr tout fait farfelu. Vous pouvez aisment faire le calcul : ce petit jeu, la densit du matriau serait de 4,6, cest--dire que le monolithe serait en titane massif !...

    (2) Baalbeck dans lHistoire , The catholic press, Beyrouth.

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  • En exclusivit sur cette double page, KADATH vous montre, pour la premire fois runis, tous les lments de la plus formidable nigme archologique du monde. La photo du haut vous donne une vue den-semble de lacropole de Baalbeck ; les six colonnes surmontent la face latrale sud du temple romain. La flche la base dsigne la plinthe-terrasse, faite de blocs de 300 tonnes. Lautre flche indique le Mur Cyclopen contenant le trilithe, et situ larrire du temple. Les trois photos ci-contre sont des documents. Celle du dessus est de source sovitique (cest--dire plusieurs fois repique, ce qui en explique la mauvaise qualit), et montre deux lments du trilithe tels quon pouvait les voir dans le temps. La photo centrale vous dit pourquoi cela est devenu pratiquement impos-sible de nos jours. Et la photo du bas est prise de lintrieur du temple avec, gauche de lescalier, lextrmit dun des monolithes de 800 tonnes quon a vu sur les autres clichs et droite, le troisime lment, encastr dans le mur latral. Enfin, sur fa page ci-contre, la Pierre du Sud ou Hajar el Houbl , vue sous deux angles diffrents (la couverture de KADATH vous la montre en perspective). Rappelons-en les ca-ractristiques : 21.5 x 4,2 x 4,8 mtres, poids 1.135 tonnes. Seuls des tres disposant dune machinerie incroyablement puissante et perfectionne ont pu raliser cette terrasse terrasse qui nen est dailleurs pas une, la destination relle de ce monument demeurant encore un mystre . (Serge Hutin).

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  • Voici notre bloc taill et prt lemploi. Com- ment le mobiliser, lamener pied duvre et lriger ? Avant toute chose, il importe dapprcier le problme prosaque et cependant capital de la rsistance des matriaux. Si vous demandez votre dtaillant habituel un cble destin re-morquer votre vhicule, il vous fournira un filin de nylon renforc pais comme le pouce et prcisera bien, pour vous viter des dboires, que ce cble est prvu pour traner un maximum de 1.500 kilos, soit une tonne et demie. Jaimerais donc savoir combien de cordages il fallait, de quel calibre et de quelle exceptionnelle qualit, pour traner ces blocs avoisinant les mille tonnes. Apparemment, les archologues, soucieux de prserver limage de marque de lhomme primitif, sont au-dessus de ce genre de proccupations. Nous pas. Venons-en prsent aux diverses hypothses proposes pour le transport des colosses. Les machines. Les Romains ont maintes fois utilis le procd de levage dit de la Louve , fond sur la traction de cbles, avec poulies de renvoi fixes sur chafaudages. Il ne faut pas tre grand clerc pour comprendre que, si cette mtho-de semble convenir en ce qui concerne les petits blocs du temple romain ddi Jupiter, elle est totalement inapte la construction et lassem-blage de la terrasse et du trilithe qui nous occu-pent. Devant des poids pareils, il faudrait en effet recourir des chafaudages et des cbles quelque peu spciaux ... Les chausses en plan inclin. Voil bien la tarte la crme des archologues ! Lorsquil sagit dexpliquer le transport de monolithes, o quils soient, le plan inclin vient toujours point nomm pour tout claircir et pour permettre de passer autre chose ! Noublions pas en effet que ce genre dhypothses en engendre toujours dautres. Accepter le plan inclin, cest supposer (daprs les calculs de C. de Saulcy appliqus Baalbeck) que 40.000 esclaves aient hiss chaque bloc destination laide de cbles normes et spciaux en se marchant littralement sur les pieds ! On pourrait rduire le nombre des ha- leurs en introduisant sous les blocs des rouleaux de fer ou de bois (bois spcial , bien entendu), mais pour ce faire, il faudrait au pralable soulever les pierres, et btonner la surface du plan pour viter que les rouleaux ne senfoncent dans le sol sous le poids des mastodontes. Les glaciations. Voil un autre prtexte bien pratique pour clipser discrtement, grce un tour de passe-passe douteux, les problmes de transport. II est certes plus facile (si lon ose dire !) de traner des blocs sur un sol boueux ou sur la glace, laide de traneaux. Cependant, au temps des Romains en tout cas, le climat de Baal-beck ntait gure diffrent de lactuel. Noublions tout de mme pas que nous sommes au Liban !

    Admettre lhypothse dun climat sibrien exp-dierait le trilithe dans une antiquit tellement fabu-leuse que les dfenseurs les plus irrductibles de la thorie en seraient bouche be. Le problme demeure donc entier, et cest avec beaucoup d-propos que M. Jean Awad crit ce sujet : Les archologues ne tombent pas daccord sur les procds de transport, de mon-tage et dadaptation des pierres entre elles. Cest le moins quon puisse dire ! Reste un double problme envisager : quelle civilisation a rig la terrasse et le trilithe de Baal-beck, et quelle poque la-t-elle fait ? La thse officielle, qui date la terrasse du premier sicle avant notre re, nest base sur rien. Les Romains nont probablement construit que le temple lui-mme. Ceci, il faut le reconnatre, reprsente dj une belle performance : six colonnes du temple de Jupiter sont encore debout lheure actuelle, et leur beaut force ladmiration du touriste. On vous rtorquera que la prsence de la Pierre du Sud, abandonne dans sa carrire, prouve que le trilithe fut luvre des Romains. Ceux-ci, aprs avoir mis des annes fabriquer le bloc, se se-raient ensuite aperus... quils ne pouvaient pas le dplacer ! II faut tre srieux : quand on sait que les Romains ont amen dAssouan 54 colon-nes de granit rose, en radeau sur le Nil, puis dans des berceaux cylindriques de bois travers les montagnes, on peut sincrement stonner dune telle bvue... Dautant plus que trois colos-ses sont bel et bien en place dans le site. Si le dernier est encore un peu plus lourd que ses trois homologues, la diffrence ne justifie pas un abandon pareil. La Pierre du Sud ne prouve donc quune seule chose : que le chantier fut un jour dlaiss pour un motif mystrieux. (3) A lautre extrmit, parmi ce que Jacques Bergier appellerait les hypothses folles , il nen est quune : celle du physicien sovitique Mikhal Agrest (4). Selon lui, la terrasse de Baalbeck ne se-rait rien dautre que le vestige dune antique aire datterrissage pour vhicules dorigine extrater-restre. A lappui de ses dires, il souligne le fait que dans le dsert proche, par 2218 de latitude sud et 2530 de longitude est, on trouve des

    (3) Dans les Dossiers de lcran consacrs aux civilisations disparues, M. Paul Misraki a avanc lide que la carrire de Baalbeck serait rose, tandis que les colosses qui nous occupent sont de calcaire blanc ! Seulement, lon peut lire dans toutes les monographies que la Pierre du Sud est encore attache la carrire par le bas. Faudrait-il alors revoir aussi cet axiome, ou y a-t-il confusion ?

    (4) Literatournaya Gazeta du 7 fvrier 1960, puis dans Le fantastique et linsolite sur terre et sur mer , repris dans Plante n 7 de no-vembre 1962.

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  • roches vitrifies appeles tectites. Il sagirait des rsidus de combustion des racteurs nuclaires, car ces tectites ne sont pas parpilles en larges champs, comme le sont les australites ou les mol-davites, par exemple. En outre, la terrasse aurait servi de bouclier biologique anti-radiations. Au-cune preuve solide ne vient tayer cette double affirmation. Si la science actuelle admet sans trop de rticences la haute probabilit que dautres civilisations existent dans lunivers, il ne faut tout de mme pas abuser de cette solution. II ne suffit pas dinvoquer les difficults techniques de rali-sation pour conclure aussitt une uvre extra-terrestre. Ce serait tomber dans le mme travers que les archologues eux-mmes, qui invoquent tout bout de champ les cordes, les rouleaux, les plans inclins et autres glaciers. En admettant la rigueur quune civilisation atomique , terres- tre ou non, ait difi le trilithe et la terrasse, il lui et t facile de dcouper les blocs au laser, selon un modle standard. On constate au con-traire que les blocs sont de taille diffrente et quils portent des traces de scie... On conoit dailleurs mal comment la terrasse aurait pu un jour servir dabri anti-atomique. Bien que en regardant le plan se pose la question de savoir quel gigantesque monument ncessitait comme soubassements une plinthe-terrasse faite de blocs de 300 tonnes, et en dedans une structure dont le trilithe ne constitue, lui seul, rien de plus quun angle ! Mais revenons sur terre, et voyons sil ne reste pas un autre moyen dclairer ne ft-ce quun peu notre lanterne. Jaques Bergier se demande si la terrasse nest pas un avant-poste de quelque mys-trieuse civilisation, perdue dans le dsert du Rub el-Khali. Cette hypothse est tudie dans le se-cond article qui compose notre cahier. Mais ce propos, il pourrait tre instructif de rechercher lorigine du nom Baalbeck, et les lgendes qui sy rattachent On sait que les Aramens, peuple

    smitique qui habitait la Beqa du temps de Salo-mon, y avaient ddi un temple Hadad, leur dieu des pluies, de lorage et de la foudre. II sagit l de la premire allusion un sanctuaire rig Baalbeck. Un manuscrit arabe, cit par Michel Alouf, qui fut longtemps conservateur des ruines, raconte les choses ainsi (5) : Aprs que se furent retires les eaux du Dluge, quand Nemrod rgnait au Liban (cest lui qui fit dresser la Tour de Babel), il envoya une tribu de gants pour construire la citadelle de Baalbeck, ainsi nomme en lhonneur de Baal, dieu des Moabites et des adorateurs du Soleil . Ici, lon retrouve ltymo-logie phnicienne du lieu : Baal Beqa , le Seigneur de la Beqa. Le dieu Baal des Phni-ciens tait couronn dune tiare forme dtoiles. Et on sait galement que leurs dieux taient aussi les premiers rois, ceux qui, au III" millnaire, fon-drent leurs premires cits : Byblos, Tyr, Sidon, ... et Baalbeck ? O en sommes-nous en fin de compte, puisquil faut conclure ? Il est impossible daller plus avant dans la spculation. Peut-tre le lecteur restera-t-il sur sa faim ? La plus grande pierre taille du monde en est aussi la plus grande nigme. Et Serge Hutin, pourtant toujours extrmement pru-dent lorsquil aborde le thme des civilisations disparues, ne peut sempcher de conclure (6) : L seulement, Baalbeck, devant des blocs vraiment titanesques, on est oblig dabandonner toute prudence dans lhypothse : seuls des tres disposant dune machinerie incroyablement puis-sante et perfectionne ont pu raliser cette ter-rasse. Mais quant dmontrer cela...

    (5) Histoire de Baalbeck , Beyrouth 1928, cit par Albert Champdor, dans Lacropole de Baalbeck , Albert Guillot d., Paris 1959, p. 24.

    (6) Les civilisations inconnues , Fayard d., Paris 1961, p. 220.

    JACQUES VICTOOR.

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  • LorsquAbdul Alhazred, dment, rdigea son N-cronomicon, ctait au retour de dix annes der-rance dans les dserts dArabie. II y avait perdu la raison, tant les secrets qui lui furent rvls taient redoutables. Dans le dsert du Rub el-Khali, il avait retrouv la cit perdue dIrem, faite de blocs cyclopens, et dont une arche est grave du signe des Grands Anciens. Lorsque nous voquions Lovecraft pour la pre-mire fois, ctait pour poser que la cit originelle de Kadath, qute de tous ses hros, tait pour nous un symbole. Mais il y a plus. Toute luvre de Lovecraft tmoigne dune trange et extra-ordinaire rudition. Tout son art rside dans la description de cits ou de ruines fantastiques, auxquelles il confre ce quil nomme une hor-reur cosmique , par une petite touche de ralis- me savoir que, par certains aspects, elles rappellent trangement les ruines de Machu-Pic-chu, de Stonehenge ou de lle de Pques . Car lautodidacte Lovecraft tait vers dans toutes les disciplines relevant des sciences humaines ethnologie, archologie, linguistique, mythologies, prhistoire la fine pointe des connaissances de son poque. Et cest ce qui donne son uvre cette trange saveur de dj vu . Le danger serait bien sr grand de se laisser obnu-biler, pourtant la vision est trop grandiose et trop fantastique pour quun esprit fort se laisse prendre tel pige. Par contre, je le rpte, on ne peut que rester pantois devant une telle rudi-tion. On lest moins pourtant, lorsque lon sait, par exemple, quun de ses amis, E. Hoffmann Price, tait un des plus grands orientalistes de son temps. Il connaissait lIslam mieux que qui-conque, et lisait toutes les variantes de larabe. (1) Or donc, si les archologues se plaignent aujour-dhui de ce que le dsert du Rub et-Khali et les civilisations du golfe Persique soient des moins bien connus du monde, il est bon de leur rappe-

    ler que, peut-tre, un certain H.P. Lovecraft, sous couvert de fantastique, en a dcrit des cits per-dues, que seuls quelques voyageurs privilgis ont pu approcher.

    Du delta du Nil ou de lancienne Palestine, des-cendez vers le sud en voguant sur les eaux de la mer Rouge, et vous rejoindrez le golfe dAden. Vous aurez ainsi parcouru, en, serfs inverse, lan-cienne voie maritime de lencens et de la myrrhe. Cette route est parallle celle suivie par les caravanes de chameaux, qui traversaient le dsert arabe du Rub el-Khali, en 65 jours environ. Autant dire que, mme en ces temps reculs qui remon-tent au moins trois mille ans dici, le royaume de Saba ntait pas tellement loign des cdres du Liban. Et que, ds lors, les terrasses de Baal-beck pourraient avoir un rapport avec le colossal barrage de Marib. Le sud de lArabie se rpartit en quatre zones gologiquement trs dissemblables. La rgion ctire na jamais subi d affluence touristique , car elle est infeste de malaria, crible de sali-nes, dans un climat tantt trop sec, tantt humide. Lintrieur des terres, lui, est montagneux et entre-coup de plaines relativement fertiles ; elles furent dj cultives au VIe sicle avant notre re. Plus

    DANS LES SABLES DU RUB EL - KHALI

    (1) Correspondance prive avec Jacques Bergier en 1935, cite dans Les extraterrestres dans lHistoire , p. 97. Pour les lecteurs dsireux de faire plus ample connaissance avec Love-craft, disons que lessentiel de son uvre a t traduite en franais chez Denol, dans la collection Prsence du Futur . Ce sont : La couleur tombe du ciel (n 4), Dans labme du temps (n 5), Par-del le mur du sommeil (n 16) et Je suis dailleurs (n 45). La collection 10/18 a rdit lexcel- lent Dmons et merveilles (n 72), tandis que Jai Lu a repris Dagon (n 459).

    De lencens et de la myrrhe.

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    Entre les lignes

  • en dedans encore, les plateaux et valles, ne dpassant pas les 1.200 m (alors que les monta-gnes culminent 3.500 m), sont bien irrigues et ds lors le lieu de prdilection des hommes. Et enfin, ces territoires enserrent leffrayant Rub el-Khali, autrement dit le territoire (ou qua-drant) vide , ocan de dunes et de sable. De nos jours, seules quelques tribus nomades y survivent, car tre exil dans cet enfer, cest la pire des sanc-tions que puisse encourir un Bdouin.

    Le Rub el-Khali, aussi appel Arabie Ptre, a connu une poque palolithique, voici au moins 75.000 ans. Puis vint lre nolithique, laquelle se maintint plus longtemps que nimporte o ailleurs au Moyen-Orient. Tout permet de penser que la saharification de la rgion date de cette prio-de. Puis, vers lan 3000 avant notre re, tout sarr-te et lon ne retrouve aucun lien avec les civilisa-tions qui vont brusquement y faire leur apparition. Le nord de lArabie faisait partie, ce moment, de ce quon nomme le Croissant Fertile , du golfe Persique la Mditerrane et la mer Rouge. De ce Croissant Fertile arrivrent des colons, riches de leur culture, et qui allaient faire de ce coin de terre, l Arabia Felix , lArabie heureuse. Leur dialecte, leurs poteries et cramiques, d-montrent suffisance quil sagissait de Smites, venus de la rgion du Jourdain et du sud de lIrak. Les mouvements de populations que craient les guerres incessantes dans ce coin du monde, les avaient incits migrer vers le sud. Dau- tant plus que, de l, leur parvenaient avec insis-

    tance des rumeurs concernant deux essences particulires darbres qui ne poussent que sur les pourtours du golfe dAden : lencens et la myrrhe. Vous souvient-il de ces rois mages qui, venus de lOrient, staient chargs de ces deux essen-ces en mme temps que dor, pour aller rendre hommage un nouveau-n ? Pline lAncien nous conte que la production dune anne entire den-cens arabe fut brle dans la crypte de Poppe, lpouse de Nron. La reine gyptienne Hatshep-

    sout, elle, senduisait le corps de parfum de myr- rhe, laquelle avait dailleurs galement des vertus curatives. Et Alexandrie, o tait trait lencens, les ouvriers devaient se soumettre la fouille avant de quitter lusine. Cest dire si le produit valait son pesant dor... Il manquait encore le moyen de transport. Celui-ci nallait pas tarder apparatre : le chameau. Son anatomie dictait la route suivre : les rochers lui tant inaccessibles, il fallait longer le bord oriental du dsert, travers les plateaux et les valles qui sparent celui-ci des montagnes cti-res. Mais il y avait galement la mer Rouge. Le roi Salomon avait, au Xe sicle, fait construire un port sur la rive septentrionale de ce golfe. Les mmes Phniciens, qui avaient t les architectes du temple ddi son Dieu, dressrent les plans de ce port Ezeon-Geber , lieu dembarque-ment dont le nom actuel est Eilath. De l appa-reillait la flotte royale en qute de myrrhe et den-cens, afin dapprovisionner les pays du Croissant Fertile.

    23

  • Ce vaste commerce allait faire fleurir plusieurs royaumes dans le sud de lArabie, au cours du pre-mier millnaire avant J.-C. Leurs noms sont cl-bres dans lHistoire : Saba, capitale Marib, Qata- ban (Timna), Hadhramaut (Shabwa), Main et Au-san. Ils taient gouverns par des prtres-rois en fait, des magiciens , nomms mukkarib . Leurs cultures taient trs voisines, la religion luni-solaire, symbolise par le taureau. La paix rgnait dans la rgion : une vie dans des cits non fortifies sarticulait sur lagriculture. IIs connais-saient lalphabet, modelaient des cramiques, et avaient une mtallurgie base sur le bronze et le fer. De merveilleuses statuettes dalbtre nous sont parvenues, aux yeux incrusts de lapis-lazulis et des colliers dor au cou. (2) Leur architecture tait, elle aussi, de toute beaut : ainsi dans les murs des temples, de fausses fen-tres en retrait, tailles dans les blocs eux-mmes. Les figures graves en relief taient particulire-ment stylises : on y voit la figuration dantilopes lanatomie normalement arrondie, mais aux bar-biches carres. Enfin, les cits de lHadhramaut, en particulier celle de Shibbam, sont un assembla-ge de vritables buildings, parfois hauts de neuf tages, les trois premiers emmagasinant les vivres, les tages suprieurs tant rservs lhabitation. LArabie Heureuse tait sillonne dun systme dirrigation particulirement bien mis au point. Les

    plus ambitieux de ces ouvrages taient les barra-ges tablis sur des rivires sec. Lors des pluies, leau dvalait des montagnes pour sengouffrer dans des cluses, puis scouler dans les canaux ; par dautres cluses, elle parvenait dans les ca- naux secondaires, tertiaires, etc. Donc, pratique-ment aucun systme de rservoir. Mais des cons-tructions impressionnantes : la digue de Marib, longue de 600 mtres, assurait elle seule lirri-gation dune surface de 1.600 hectares. Mais lArabia Felix connut bientt son dclin ; ce sujet, les archologues ne sont pas encore daccord quant la cause. Lavnement de Cons-tantin Rome, qui instaura le christianisme com-me religion dtat, substitua par la mme occasion lensevelissement des corps la crmation hu-maine. Plus besoin dencens. Puis des mission-naires thiopiens se disputrent le royaume de Saba, jusqu ce que survienne la dynastie des Sassanides perses, avec leur dieu Zoroastre (Zara-thoustra). La digue de Marib fut dtruite. Et cest linvasion islamique. Nous sommes au VIIe sicle de notre re, la religion luni-solaire seffrite et les royaumes ne peuvent sadapter aux temps nou-veaux.

    Le hall dentre du temple de Marib.

    (2) Voir ce sujet larticle de Gus W. Van Beek, dans le Scientific American de dcembre 1969 The rire and fall of Arabia Felix .

    Une architecture colossale. 24

  • II nous reste les vestiges du remarquable systme hydrologique de lArabia Felix, tmoignage dune haute culture qui stait perptue durant plus de mille ans et sillonnait le pourtour du Rub el-Khali. A-t-elle aussi pntr dans cette immensit de sable, ou la civilisation do elle a surgi y laissa-t-elle des vestiges ? II est dangereux de se hasar-der dans le dsert ! La premire expdition, en 1763, tait danoise : il ny eut quun seul survivant. Cent ans aprs, un Allemand, Adolf Von Wrede, se perdit dans les sables mouvants. Et en 1931, Hans Hellfritz, ayant explor lHadhramaut, termina ses jours dans les geles ymnites ! (3) Mais outre les dangers inhrents au dsert lui-mme, il y rgne un tat latent de guerre civile. A travers le Rub el-Khali est trace la frontire tout fait fictive de lArabie Soudite, tandis que ce quon nomme lArabie Heureuse est le Ymen actuel. Tout cela en rend le survol pratiquement impossi-ble ou interdit, mme lorsque le but est pure-ment archologique. (4)

    Retour en arrire. II est courant de lire que les Arabes nont pas de monument crit plus ancien que le Coran. Leurs traditions, purement orales, ne nous seraient con-nues que parce quon les a recueillies dans des livres, lesquels ne nous sont mme pas parvenus, sauf sous forme de quelques fragments dus des crivains postrieurs. Les premires annales historiques ne dateraient donc que de lre musul-mane. Or, depuis quelque temps, les avis se sont nuancs ce sujet. Plus de huit mille inscriptions ont t releves dans le Ymen et lArabie Sou-dite, et furent analyses conjointement par Saint-John Philby la Cornell University et le chanoine Ryckmans lUniversit de