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LA MÉMOIRE Formateur : Yves LIOGIER Collection Philosophique Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013

LA MEMOIRE

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Au sens large, la mémoire est la faculté de conserver des informations. Cette faculté peut appartenir à des êtres vivants (mémoire élémentaire) mais aussi à des machines.

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Page 1: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREFormateur : Yves LIOGIER

Collection Philosophique

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à

l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013

Page 2: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Au sens large, la mémoire est la faculté de conserver des informations.

Cette faculté peut appartenir à des êtres vivants (mémoire élémentaire), mais aussi

à des machines.

Collection Philosophique

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Définitions

Page 3: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Dans un sens plus restreint, on définit philosophiquement la mémoire (mémoire

supérieure) comme la « fonction psychique consistant dans la reproduction d’un état

de conscience passé avec ce caractère qu’il est reconnu pour tel par le sujet »

(Lalande).

En d’autres termes, le sujet se représente le passé comme passé.

Collection Philosophique

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Définitions

Page 4: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Il existe donc une étroite interdépendance entre cette mémoire supérieure et la

CONSCIENCE (d’une part la mémoire nécessite la conscience, de l’autre elle le

rend possible), au point qu’on a pu les identifier (cf. Bergson : « Toute conscience

est mémoire »).

Cependant la psychanalyse a également relié la mémoire à L’INCONSCIENT.

Collection Philosophique

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Définitions

Page 5: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Par ailleurs, on peut mettre la mémoire en relation avec la CULTURE qui lui dicterait

ses cadres.

Enfin, la mémoire contribuant en tant que fonction du passé (donc de l’irrémédiable) à

la conscience du TEMPS, elle invite à s’interroger sur son rôle d’entrave possible

au BONHEUR.

Collection Philosophique

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Définitions

Page 6: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Oublier, est-ce la condition de la vie humaine ?

Collection Philosophique

5

DéfinitionsQuestion

Page 7: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Oublier, est-ce la condition de la vie humaine ?

Collection Philosophique

6

DéfinitionsQuestion

La « condition » de quelque chose, c’est à la fois son état, sa manière d’être, et l’état, la

situation nécessaire à l’existence de cette chose.

Quand on demande si oublier est la condition de la vie humaine, il s’agit donc

de savoir en quoi l’oubli fait partie de l’existence, voire en quoi il constitue la

possibilité même de la vie humaine.

Page 8: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Oublier, est-ce la condition de la vie humaine ?

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

En d’autres termes de savoir quel rôle l’oubli joue dans la vie de l’homme, s’il lui

est ou non utile, et même s’il ne lui est pas nécessaire.

Page 9: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE1) Un constat

Chose étrange et paradoxale que l’oubli !

D’une part, en effet, l’homme s’en plaint et s’efforce d’y remédier en inventant des arts de la mémoire et en dépensant des trésors

d’ingéniosité technique pour trouver des substituts à sa mémoire :

Érection de monuments commémoratifs, invention de l’écriture, du phonographe, du

cinéma, des mémoires magnétiques, etc.

D’autre part et dans le même temps, l’oubli est sans cesse réclamé, imploré, exigé ! On conseille, on veut, on promet d’oublier.

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DéfinitionsQuestion

Introduction

Page 10: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE2) Le problème

Il se pose donc de savoir quelle est la valeur de l’oubli, quel est son rôle ou sa

fonction, si l’on pourrait vivre sans oublier, et de quelle manière, bref si

oublier est la condition de la vie humaine.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

Introduction

Page 11: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREa) Distinguer deux mémoires

Procédons tout d’abord à une analyse de l’oubli, et par conséquent à une analyse de la mémoire, dont il est indissociable.

Pour ce faire, reprenons les analyses classiques de Bergson.

Selon ce dernier, il convient de distinguer deux sortes de mémoires, et par conséquent deux sortes d’oublis.

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 12: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRELa mémoire-habitude :

C’est une mémoire qui, fixée dans l’organisme, dans le corps, naît de la répétition d’un

même effort, par décomposition et recomposition d’actions mentales en

mécanismes moteurs (par exemple, lorsque j’apprends par cœur un poème en le

répétant et en en scandant les vers). L’oubli, dans ce cas est une déficience de la

mémoire : il est le moment où s’enraye le mécanisme de cette mémoire-habitude. Cependant, cette mémoire n’est qu’une

fausse mémoire.Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 13: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRELa mémoire vraie, ou mémoire pure :

C’est une mémoire qui « retient et aligne à la suite les uns des autres tous nos états au fur et à

mesure qu’ils se produisent » (Matière et mémoire, p. 168). Cette mémoire pure est

« coextensive à la conscience », la conscience ne pouvait à la limite qu’être conscience du

passé, car la perception, « si instantanée soit-elle, consiste en une incalculable multitude d’éléments remémorés, et à vrai dire, toute

perception est déjà mémoire. Nous ne percevons pratiquement que le passé, le

présent pur étant l’insaisissable progrès du passé rongeant l’avenir » (id., p. 167).Collection

Philosophique12

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 14: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

Ainsi, selon Bergson, la conscience étant mémoire, notre passé nous

accompagne intégralement et « se penche sur le présent ». Dans ces conditions, le problème n’est plus

d’expliquer la conservation du passé, mais au contraire d’expliquer l’oubli.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 15: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

Car si la conscience est mémoire, si le passé se conserve automatiquement en nous, pourquoi n’avons-nous pas

toujours conscience de ce dernier, pourquoi l’oublions-nous ?

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 16: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

Pour répondre, il faut considérer qu’il y a deux sortes de conscience, ou plutôt

que la conscience possède deux états ou deux niveaux.

On doit en effet distinguer la « conscience rêveuse » et la « conscience

attentive ».

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 17: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

La conscience rêveuse se détache du réel, s’en désintéresse, tend vers une « perte de conscience », au point de

conduire au sommeil.

Elle évolue dans la durée et ne se ferme donc pas au passé.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 18: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

« Un être humain, remarque Bergson, qui rêverait son existence au lieu de la

vivre tiendrait sans doute ainsi sous son regard, à tout moment, la

multitude infinie des détails de son histoire passée »

(Matière et mémoire, p. 172

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 19: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

La conscience attentive, en revanche, est la conscience de l’action ; elle se

tourne vers le réel, adhère à la « situation présente » en vue de

réaliser une tâche, une « action qui se prépare ».

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 20: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

C’est cette conscience attentive qui « ferme la porte au passé », ou, en un

autre sens, crée le passé.

Car le « passé » est « cette partie de notre histoire qui n’intéresse pas notre

action présente »

(La pensée et le mouvant, p. 193).

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 21: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Conscience rêveuse et

conscience attentive

Elle refoule donc le passé dans « l’inconscient » (qui est ainsi une sorte de mémoire inutile, mais toujours susceptible

d’apparaître dans un état conscient, et qu’il convient de ne pas confondre avec

l’inconscient au sens freudien) pour n’en conserver « que ce qui est de nature à

éclairer la situation présente, à donner un travail utile »

(L’évolution créatrice, p. 5).Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 22: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREc) Nécessité de l’oubli pour agir

L’oubli apparaît ainsi comme une condition de l’action, car si l’homme avait constamment présent tout son

passé, il se perdrait dans une rêverie sans fin et sans prise sur le réel.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 23: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREc) Nécessité de l’oubli pour agir

C’est au cerveau que revient ce rôle de choisir dans les souvenirs grâce au

mécanisme de l’attention.

Loin d’être le lieu où s’inscrivent les souvenirs puisque, nous l’avons vu, la

mémoire n’est pas un registre, il est au contraire un organe de sélection de

ces souvenirs.

Le corps est donc l’instance de l’oubli.Collection

Philosophique22

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 24: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREd) Critique et transition

On pourra reprocher à Bergson d’avoir exagéré la distinction entre la

mémoire-habitude et la mémoire vraie (introduisant une différence de nature

là où il n’y a peut-être qu’une différence de niveau), mais surtout

d’être dans l’incapacité de démontrer que le passé se conserve

intégralement et automatiquement.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 25: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREd) Critique et transition

Néanmoins, son analyse garde le mérite d’avoir fortement souligné que l’oubli ne

se réduit pas à une déficience de la mémoire, mais qu’il existe un oubli qui est une sélection des souvenirs au service de

l’action.

Cependant nous pouvons nous demander si la fonction de l’oubli se limite à favoriser

l’action, ou si, comme le voulait Nietzsche, l’oubli n’est pas une fonction vitale, dont

dépend le bonheur même de l’homme.Collection

Philosophique24

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie active

Page 26: LA MEMOIRE

LA MÉMOIRE

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

L’homme, observe en effet Nietzsche, jalouse le bonheur de l’animal.

Il voit dans « le troupeau au pâturage » l’image d’un bonheur perdu, celui de

l’Eden, du Jardin de Paradis.

Or si l’animal goûte un tel bonheur, c’est qu’il n’a pas de passé parce qu’il n’a

pas de mémoire.

Seul l’homme, en effet, dit « je me souviens », et c’est parce qu’il se

souvient qu’il lui est impossible de vivre heureux, de vivre pleinement.

Page 27: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREa) Oublier le temps

C’est par la mémoire, conscience du passé, que l’homme acquiert la

conscience du temps et donc celle de la fugitivité de toute chose,

notamment de sa vie.

Il sait que ce qui a été n’est plus, et que ce qui est est destiné à avoir été,

à n’être plus.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 28: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREa) Oublier le temps

Cette présence du passé l’empêche ainsi de goûter l’instant pur, et par conséquent le

vrai bonheur.

Car « l’homme qui est incapable de s’asseoir au seuil de l’instant en oubliant tous les

événements passés, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant debout comme une victoire ne

saura jamais ce qu’est un bonheur »

(Considérations intempestives, II, 1).Collection

Philosophique27

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 29: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREa) Oublier le temps

C’est pourquoi l’homme « envie l’animal qui oublie aussitôt et qui voit vraiment mourir l’instant dès qu’il retombe dans la brume et la nuit et s’éteint à jamais.

L’animal vit d’une vie non historique, car il s’absorbe entièrement dans le

moment présent »

(id.)

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 30: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Le torrent du devenir

Vivre avec la conscience du passé, c’est vivre dans la conscience du devenir, de ce

constant écoulement de la réalité, de ce règne de l’Autre et du non-être.

Aussi « un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir

partout qu’un devenir, celui-là ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finirait

par se perdre dans ce torrent du devenir »

(id.).Collection

Philosophique29

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 31: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREc) La détresse de la volonté

La passé apparaît en outre à l’homme comme le règne de l’irréversible et de

l’irrémédiable.

L’instant présent, ouvert sur l’avenir, est le lieu possible où l’homme peut

exercer son vouloir-vivre, sa « volonté de puissance ».

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 32: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREc) La détresse de la volonté

Le passé, au contraire, métamorphose et fige la contingence du présent en la nécessité du

« cela a été ».

Dès lors, la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du passé qui se donne

comme le contre-vouloir de toute volonté :

« Le vouloir ne peut rien sur ce qui est derrière lui. Ne pouvoir détruire le temps, ni l’avidité dévorante du temps, telle est la détresse du

vouloir »

(Ainsi parlait Zarathoustra, II, « De la rédemption »).Collection

Philosophique31

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 33: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREc) La détresse de la volonté

C’est pourquoi l’homme « s’arcboute contre le poids de plus en plus lourd

du passé qui l’écrase ou le dévie, qui alourdit sa démarche comme un

invisible fardeau de ténèbres »

(Considérations intempestives,  

à l'endroit cité précédemment – loc. cit.)

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 34: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREd) L’homme du ressentiment

Sans l’oubli, enfin, l’homme ne peut pleinement vouloir, il ne peut réellement agir :

Sans l’oubli l’homme est un être malade, il est l’homme du ressentiment.

Pour Nietzsche, en effet, la « santé » psychique dépend de la faculté de l’oubli « qui n’est pas une simple vis inertiae, comme le croient les

esprits superficiels ; c’est bien plutôt une faculté d’inhibition active, une faculté

positive dans toute la force du terme »

(Généalogie de la morale, II, 1).Collection

Philosophique33

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 35: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREd) L’homme du ressentiment

Son rôle est d’empêcher l’envahissement de la conscience par les traces mnésiques,

par les souvenirs. Car alors l’homme réagit à ces traces et cette réaction entrave

l’action, l’empêche d’entreprendre et de réussir de nouvelles tâches.

Par elles, en effet, l’homme re-sent, et tant qu’elles sont présentes à la conscience

l’homme n’en finit pas de re-sentir :

« Il n’en finit avec rien » (id.)

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 36: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREd) L’homme du ressentiment

Englué dans sa mémoire, l’homme s’en prend alors à l’objet de ces traces dont il subit

l’effet avec un retard infini et en veut tirer vengeance :

« On n’arrive à se débarrasser de rien, on n’arrive à rien rejeter. Tout blesse. Les

hommes et les choses s’approchent indiscrètement de trop près, tous les

événements laissent des traces ; le souvenir est une place purulente »

(Ecce Homo, I, 6).Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Page 37: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREL’analyse nietzschéenne de la mémoire

préfigurait d’une certaine manière l’analyse freudienne.

Cependant Freud s’est efforcé d’établir qu’une forme particulière d’oubli

s’inscrit au plus profond du psychisme humain, dans l’inconscient, et que

cette forme d’oubli, ou refoulement, pouvait avoir des conséquences

pathogènes.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Approche psychanalytique

Page 38: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREa) L’oubli comme refoulement

Selon Freud, en effet, il convient de distinguer entre, d’une part, un oubli passif, qui est l’effacement du souvenir et qui peut être

considéré comme une défaillance sans signification de la mémoire, et, d’autre part,

un oubli actif qui est le refoulement du souvenir et dont « l’essence ne consiste que

dans le fait d’écarter et de maintenir à distance du conscient », c’est-à-dire de

rejeter dans l’inconscient, des souvenirs liés à des événements traumatisants du passé et

insupportables pour le moi.Collection

Philosophique37

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Approche psychanalytique

Page 39: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREa) L’oubli comme refoulement

L’oubli est donc un mécanisme de défense, et ce mécanisme est lui-

même inconscient.

Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Approche psychanalytique

Page 40: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREa) L’oubli comme refoulement

Ainsi dans le refoulement, et ceci est particulièrement notable dans les amnésies névrotiques, il n’y a pas

proprement perte de souvenirs, « il y a seulement rupture d’un lien qui devrait

amener la reproduction, la réapparition de l’événement dans la

mémoire »

(Introduction à la psychanalyse, Freud - chap. XIII).Collection

Philosophique39

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Approche psychanalytique

Page 41: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREb) Retrouver son passé pour s’en libérer

Mais pour être refoulé, le passé traumatisant n’en continue pas moins de peser sur

nous et d’avoir des effets morbides.

Afin d’y mettre fin, la psychanalyse nous invite à remonter vers ce passé pour le

revivre symboliquement et l’extérioriser par le phénomène du transfert lors de la

cure psychanalytique.

Paradoxalement, c’est en nous souvenant que nous pouvons goûter la paix de

l’oubli.Collection Philosophique

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DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Approche psychanalytique

Page 42: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREAu terme de ces analyses, il apparaît que l’oubli

est bien une dimension fondamentale de la condition humaine :

Il est une condition de l’action, il est aussi une condition d’une vie heureuse.

Être homme, c’est donc bien sûr être sujet à des déficiences de mémoire, à des oublis, mais

être homme c’est également posséder cette faculté positive de pouvoir et de savoir

oublier qui permet à la volonté de se déployer et d’agir, et qui place sa joie entre le bonheur stérile des animaux qui oublient tout et la béatitude écrasante des dieux qui

n’oublient rien.Collection

Philosophique41

DéfinitionsQuestion

IntroductionBergson :

l’oubli, condition de la vie activeNietzsche :

l’oubli, condition de la vie heureuse

Approche Psychanalytique

Conclusion

Page 43: LA MEMOIRE

LA MÉMOIREFormateur : Yves LIOGIER

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Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à

l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013

C’était un cours de philosophie

Merci pour votre participation active

Je vous recommande la lecture de :

- Nietzsche, Considérations intempestives,

II, 1873-1876.

- Bergson, Matière et mémoire, 1896.

- Freud, Introduction à la psychanalyse,

chap. XVIII, 1917.