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Juin 2013 - n° 32 - lebonbon.fr N uit

Le Bonbon Nuit 32

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Asia Argento, Patrick Demarchelier, Ezechiel Pailhes, The Aikiu, Behind My Back, Hypnolove, Anne Van Der Linden, Austra, Wilfred de Bruijn, Aissa Maiga, Grolsch Session , Trousse de secours, Little Freaky Things, Paris La Nuit

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Juin 2013 - n° 32 - lebonbon.fr

Nuit

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1 — Nuit

édito

Bonne Nuit

Rédactrice en chef — Violaine Schütz [email protected] | Rédacteur en chef adjoint — Michaël Pécot-Kleiner [email protected] | Directeur artistique — Tom Gordonovitch [email protected] | Président — Jacques de la Chaise

Photo couverture — Asia Argento par Flavien Prioreau | Secrétaire de rédaction — Louis Haeffner

Régie publicitaire — [email protected] Lionel 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — [email protected]

Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue Lamartine 75009 Paris

© F

lavi

en P

rior

eau

Bonne nuit… ou plutôt Bonjour…« Ce que le jour doit à la nuit » dit le best-seller de Yasmina Kha-dra, adapté au cinéma par Alexandre Arcady. On pourrait inverser la formule en un « ce que la nuit doit au jour » pour définir l’état actuel du clubbing parisien. Le mois dernier, trois événements, le Weather Festival, la Villette Sonique et le Marathon électronique se déroulaient en partie la journée. Ce mois-ci c’est le Brunch Bazar qui a également lieu à l’heure du goûter. L’occasion de pratiquer une nouvelle façon de faire la fête. On mange, on discute, on boit (du thé), on drague, on amène les enfants, on repart, on revient, et sur-tout, on est moins fatigué car ce n’est pas le moment de se coucher. Ouvert à un public plus large (de 7 à 77 ans ou presque), cette façon de clubber ressemble à celle des Anglais qui dès qu’ils sortent du boulot, filent direct au pub (parfois dès 17h). à Berlin et New York aussi, depuis belle lurette, on fait la teuf au soleil dans des lieux plu-ridisciplinaires. Et pourquoi ne pas carrément prendre l’exemple de la Suède qui avec ses « lunch beat » propose de danser entre midi et deux en avalant un sandwich et une boisson non alcoolisée. L’avenir, plus que jamais, appartient à ceux qui se lèvent tôt. Ou qui zappent la case sieste.

Violaine SchützRédactrice en chef

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© Marie Guirl

et

Vendredi 4 JuilletDivan du Monde - 23h / 6h

Sur invitation : [email protected]

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3 — Nuit

sommaire

Le Bonbon Nuit

musique

art

musique

cinéma

musique

tumblr

musique

art

musique

société

cinéma

photos

santé

playlist

utile

p. 07

p. 11

p. 15

p. 19

p. 21

p. 25

p. 27

p. 31

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p. 39

p.43

p. 45

p. 46

p. 47

p. 48

Asia Argento

Patrick Demarchelier

Ezéchiel Pailhès

Y ’a quoi au ciné ?

The Aikiu

Behind My Back

Hypnolove

Anne Van Der Linden

Austra

Wilfred de Bruijn

Aïssa Maïga

Grolsch Session

Trousse de secours

Little Freaky Things

La sélection de Paris La Nuit

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4 — Nuit

agenda

Les événements à ne pas manquer

Ripailles

Au restaurant du Wanderlust, chaque année, quatre

chefs sont invités à la création d’une carte spécia-

lement adaptée au lieu. Jusqu’au 21 juin, c’est Ber-

trand Grébaut, graphiste devenu cuisinier par pas-

sion (à la tête de l’excellent Septime), qui fait son

menu : simple, ultra inventif et bluffant.

Menu soir entrée-plat-dessert : 35 euros

Jusqu’au 21 juin au Wanderlust

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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YSL : Entre couture et culture

Un conférencier vous accueillera dans les luxueux

salons de la Fondation. Votre guide vous contera

mille et une anecdotes en vous présentant plusieurs

croquis originaux sur lesquels vous pourrez lire les

annotations du grand couturier à destination de

l’atelier. Des modèles emblématiques de haute cou-

ture vous seront également dévoilés.

Fondation YSL-Pierre Bergé, 5, av. Marceau - 16e

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5 — Nuit

agenda

Les événements à ne pas manquer

Stand up

Remarqué dans la troupe du Jamel Comedy Club, en

première partie des Airnadette et dans la série Bref,

le comique Dédo plaisante dans son spectacle solo

Prince des Ténèbres sur la représentation du métal,

le 93 et les films d’horreur. Quelques moments de

son show s’avèrent franchement drôles.

Jusqu’à fin juin aux Feux de la Rampe, du jeudi au

samedi, dès 21h30, 18 euros l’entrée

INVITATIONS SUR DSP

VENDREDI 7 JUIN 201322:30-5:00

ENTRÉE RÉSERVÉE AUX PERSONNES MAJEURES ET SUR INVITATION UNIQUEMENT

SPalibi74x210-demi-LeBonbon.indd 1 17/05/13 09:52

Hey ! Modern Art et Pop Culture

Le deuxième volet de l’exposition Hey ! veut pour-

suivre l’entreprise qui est celle d’enregistrer tous ces

bruits, ces éclats de voix individuels ou collectifs que

la culture dominante a longtemps brouillés, défor-

més ou ignorés. Ces artistes, que souvent plusieurs

générations séparent, ont échappé à l’appauvrisse-

ment et à l’assèchement de la modernité rationaliste.

Halle St-Pierre, 2, rue Pierre Ronsard - 18e

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6 — Nuit

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7 — Nuit

® Propos recueillis par Violaine Schütz Ω JB Mondino & Flavien Prioreau

Une filmographie dense, un univers fort (empreint

de contre-culture), un look rebelle (inspiré par le

punk), l’Italienne Asia Argento fascine et impres-

sionne. Première femme réalisatrice (si jeune) dans

son pays, actrice respectée, Djette, photographe,

elle enchante aujourd’hui avec un premier album

électro-rock bizarre et envoûtant. Rencontre.

Quand as-tu commencé à chanter ?

à 17 ans, j’étais dans un groupe de punk-rock ita-lien, Kids Sparkle Fun. Sinon je chante vraiment depuis 12 ans (elle en a 37, ndr). Ma voix sort très grave, mais j’ai trouvé comment m’en servir seu-lement il y a trois ans. J’ai trouvé plusieurs voix en fait, dont une qui peut aller dans les aigus, très haut. Ce qui m’intéresse dans la musique, ce sont les mélodies mais surtout écrire les textes, qui sont comme de la poésie, renfermant un message. Mes chansons comportent un début et une fin. Je m’en fous de la voix en fait, je ne suis pas Beyoncé. Je ne suis pas une chanteuse, mais une poètesse. J’aime chanter des petites histoires comme faire de petits films. La musique c’est des visions, c’est ce que je vois. C’est comme ça que j’écris les textes des chansons, après avoir écouté les instruments. Pour les morceaux avec mon ex, le chanteur italien Morgan (le père de sa fille, Anna Lou), j’ai aussi composé avec lui la musique. Il m’a laissée faire, m’a accordée ce plaisir. On faisait tout ensemble, c’était une histoire magnifique.

Comment as-tu rencontré ceux qui ont collaboré sur

ton disque, Total Entropy ?

Beaucoup d’entre eux, je les ai rencontrés via les réseaux sociaux. The Legendary Tigerman par exemple, il m’a contactée sur Myspace il y a quelques années. On avait un ami en commun, Mondino, qui a réalisé ma pochette et celle de son disque. Mondino m’avait déjà envoyée sa musique et j’étais obsédée par les one-man bands (hommes-orchestres) comme l’Américain Hasil Adkins (il interprète le rôle d’un joueur d’orgue de barbarie dans le deuxième film d’Asia comme réalisatrice, Le Livre de Jérémie, 2004) ou Hans Adler. Après on a travaillé sur deux morceaux. On a aussi improvisé sur un morceau basé sur un poème de Bukowski. Bukowski, tout le monde l’a lu à 16 ans, alors ça résonne dans nos cœurs. C’est comme le Coca Cola, c’est simple, tout le monde peut comprendre.

Vas-tu donner des concerts ?

J’en fais un après-demain au Silencio, entourée de Morgan, Archigram (le groupe d’Antipop, qui est mon ex), Toog et The Legendary Tigerman. Je vais commencer par réciter un poème : Les neuf portes de ton corps de Guillaume Apollinaire. Il ne faudra pas danser, ou alors en restant assis, dan-ser dans sa tête. Le live sera suivi d’un Dj set des musiques les plus bizarres jamais entendues. Ça fait 15 jours que je le prépare.

AsiA Argento

musique

uNE FEMME EN or

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8 — Nuit

L’un d’eux s’intitule My Stomach Is The Most Violent 

Of All Of Italy, tu peux nous en expliquer les paroles ?

Ça parle de mon rapport avec l’Italie, car l’esto-mac, c’est le deuxième cerveau. Je garde tout à l’intérieur, et c’est très violent ce que je ressens. Impossible pour moi d’agir sur un coup de tête. Je réfléchis tout le temps, beaucoup trop, c’est pour ça que je ne dors que 4 ou 5 heures par nuit.

D’où vient le titre de ton album, Total Entropy ?

De la chanson The Interimlovers d’Einstürzende Neubauten, dont je m’étais déjà inspirée pour mon premier film en tant que réalisatrice, Scarlet Diva. J’avais fait plusieurs radio shows à New York, en Angleterre puis à Rome, qui portaient aussi ce nom.

Tu en es où de ton métier d’actrice ?

J’ai des enfants. Alors faire l’actrice, c’est comme aller travailler à la banque. Je fais de l’art tous les jours de mon côté, dans ma vie quotidienne. Mais j’ai aussi la possibilité de faire beaucoup d’autres choses. Je passe des disques dans des soirées, pour beaucoup d’argent même dans des discothèques de merde avec personne qui bouge car je mets de la musique bizarre (rires). Tourner des films comme actrice, ce n’est pas ce que je veux faire dans la vie.

Es-tu en train de tourner un nouveau film en tant

que réalisatrice ? Tournes-tu dedans ?

Oui, je m’apprête à réaliser un nouveau film qui s’appelle L’incomprise mais je ne joue pas dedans. Basta ! Comme je suis en train de disparaître dans mon corps (Asia est très mince quand on la rencontre, ndr) je veux aussi disparaître dans le cinéma. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre. Dans l’idéal et dans le futur, je ferai des films comme réalisatrice, de la musique et seule-ment quelques films en tant qu’actrice s’ils m’ap-prennent quelque chose.

Tu as tourné dans le deuxième film de Fanny Ardant,

Cadences Obstinées, qui sortira en décembre. C’était

comment ?

Elle m’a beaucoup appris sur l’esthétique des acteurs, sur la fluidité, sur comment bouger comme s’il s’agissait de danser. Je suis très honorée d’avoir tourné avec elle. Et c’était la troisième fois que je tournais avec Depardieu, que j’adore.

Tu dis que ton prochain film s’appelle L’incomprise,

c’est ce que tu ressens aujourd’hui ?

Dans mon pays, je n’ai pas toujours été bien comprise. C’est un rapport d’amour/haine entre eux et moi, je suis leur fantasme mais en même temps ils me trouvent un peu « too much ». En France, même les choses les plus extrêmes, les gens en rigolaient avec moi et acceptaient. J’étais incomprise, et je me sens toujours incomprise, mais moins. Quand cinq ou dix personnes dans le monde sont comme toi, tu n’es plus seule. En tout cas, la vraie Asia est de retour. Encore plus Asia, avec une énorme bite rouge et chaude.

Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?

Le rappeur américain Kendrick Lamar. Avec ma fille qui est à fond sur le rap (des trucs bien comme The Pharcyde mais aussi des choses mer-diques comme Nicky Minaj) on l’écoute tout le temps. J’aimerais écrire des chansons comme lui.

Un artiste à découvrir ?

Le directeur de la photo allemand Fred Kelemen. Il m’a donné beaucoup d’idées pour un court-métrage que je viens de tourner pour la France, en noir et blanc, avec un collectif qui s’appelle Women Stories. C’est un hommage. Allez voir son travail, c’est très beau !

Ta devise ?

« Make art every day ».

Asia Argento

Total Entropy (Nuun Records / La Baleine)

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art

Jamais exposition n’aura aussi bien porté son nom.

Le grand photographe de mode français Patrick

Demarchelier expose sous le titre  Desire quelques

uns de ses plus beaux clichés de nu à la A. Galerie,

jusqu’à la fin du mois de juillet. L’été sera chaud.

Créée en 2009, la A. Galerie s’est déjà faite remarquer en exposant Martin Schoeller, Rankin, Claude Gassian, Albert Watson, Steve Schapiro, Ron Galella ou encore Mark Seliger… C’est au tour du Français Patrick Demarchelier d’y mon-trer son travail. Depuis mai (et jusqu’au 22 juillet), on peut ainsi découvrir une vingtaine de tirages en noir et blanc de top models, réalisés au cours de ces trente dernières années. Desire dévoile une Kate Moss candide en maillot blanc, une Gisele Bundchen agenouillée dans le plus simple appa-reil et une Christy Turlington très pure avec pour seul accessoire une petite souris sur l’épaule. Des visions de la femme à la fois virginales et sen-suelles qui sonnent comme un hymne à la beauté. Patrick Demarchelier, né au Havre en 1943, a commencé à se passionner pour la photo à 17 ans, lorsqu’il reçut un appareil pour son anniversaire de la part de son beau-père. Il déménagea ensuite à Paris pour travailler pour la presse de mode. En 1975, il s’envole pour New York. Il fait alors

des photos pour Calvin Klein, Versace, Chanel, Vogue ou encore Harper’s Bazaar, Vanity Fair, The New Yorker. En 1989, la Princesse Diana le réclame comme photographe privé. On lui doit aussi l’un des cultissimes calendriers osés Pirelli et de nombreuses photos de stars (Nicole Kid-man, Elizabeth Hurley, Elton John, Céline Dion, Anna Mouglalis, Britney Spears, Scarlett Johans-son, Demi Moore, Julia Roberts, Beyoncé…). Ses clichés (presque uniquement des femmes) mélan-gent intimité, authenticité, optimisme, fraîcheur, lumière, chic et naturel. Pourtant le sexe féminin n’est pas son sujet fétiche. Quand on lui demande ce qu’il préfère shooter, l’homme déclare au Tele-graph (en 2012) : « Les gens s’attendent à ce que je réponde Diana ou une célébrité. Mais en réalité c’est mon chien, Puffy. Ils pensent alors que je veux dire Puff Daddy. Non, c’est mon chien… »

Un chien nu ?

PAtrick DemAr-

chelierL’oBJET Du DéSIr

Desire — A. Galerie

Jusqu’au 22 juillet 2013

12, rue Léonce Reynaud - 75116

www.a-galerie.fr

® Violaine Schütz Ω Patrick Demarchelier

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musique

® Propos recueillis par MPK Ω Nicolas Guerbe

Ézéchiel Pailhes forme avec Nicolas Sfintescu l’in-

contournable duo électro-créatif Nôze, mais de Nôze

il ne sera pas question puisque Ézéchiel nous gratifie

ce mois-ci de la sortie de Divine, son album solo.

En général, quand l’album s’écoute d’une traite, c’est bon signe. C’est le cas de Divine, poème musical à l’esthétique maîtrisée, dont les 14 frag-ments explorent avec justesse l’univers acoustique d’ézéchiel. Avec pour centre de gravité le piano, Divine fait également la part belle aux percussions et autres instruments illustratifs. Au final, nous avons entre les oreilles un petit bijou de douceur, un voyage introspectif entre espoir et mélancolie, la B.O d’un film qui se passerait dans un pays où les nuages ne cachent pas la lumière. Ézéchiel, de quelle envie est né cet album ?

On va dire qu’il est né d’une longue gestation. C’est un recueil de morceaux qui étaient dans mes tiroirs depuis une dizaine d’années. Entre-temps, j’avais toujours mené avant et parallèlement à Nôze une carrière de musicien traditionnel. Je m’étais dit qu’un jour, quand j’aurais un peu de temps, et surtout quand j’en aurais l’envie, je ferais un disque solo. J’avais envie de terminer quelque chose qui n’était pas fini.

Étais-tu en saturation de la musique électro ?

Non, parce que j’ai toujours eu une saturation de

la musique électronique (rires). C’est même l’in-verse : plus ça va, plus la musique électronique m’intéresse. Finalement, on peut dire que Divine est complètement à rebours de l’électro actuelle. Et pourtant, elle est présente, par des évocations, des suggestions.

Y a-t-il eu comme une sorte de retour aux fonda-

mentaux ?

C’est plutôt une avancée qu’un retour vers quelque chose. Pour moi, comme je te l’ai dit plus haut, il y avait une multitude de morceaux que j’avais en magasin et que j’avais besoin de finaliser, de sculp-ter. Il y avait un réel plaisir à me retrouver chez moi, avec tous mes instruments. Je ne savais pas du tout ce que j’allais faire au début de l’album. Je n’avais pas d’idée du résultat, je ne savais pas si j’allais faire du piano solo, du piano/voix… Au final, j’ai bidouillé, j’ai cuisiné…

Justement, tu as pas mal trafiqué ton piano sur l’al-

bum…

Oui, j’ai cherché à lui donner d’autres apparences que celles qu’on a l’habitude d’entendre. Je n’étais pas dans un respect castrateur de l’instrument : j’ai mis du scotch dessus, calé un bout de bois entre les cordes, je les ai pincées aussi. Je l’ai exploité à mort pour évoquer une harpe ou une guitare. Après l’enregistrement, j’ai joué avec la saturation. Ce ne sont pas forcément des choses originales, mais

ÉzÉchiel PAilhès

DIVIN MéLoDISTE

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elles montrent que j’ai composé les choses sans a priori, sans appréhension. Je ne me suis jamais demandé académiquement si ce que je faisais était bien ou mal, s’il fallait le faire ou pas. Après, au niveau rythmique, pour faire les grosses caisses j’avais un surdo, des tambourins, des claves, les mains pour les claps, un agogô. J’ai utilisé aussi un mélodica, un glockenspiel. J’ai toujours eu autour de moi des petits instruments très illustratifs et j’ai essayé de les utiliser sous toutes leurs coutures.

Pour mettre des mots sur ta musique, les premiers

qui me viennent à l’esprit sont « mélancolie » et

« rassurant ». Qu’en penses-tu ?

« Rassurant », j’aime bien. Souvent on me parle de nostalgie… Il y a aussi un mot qui me plaît bien, par rapport au Brésil, c’est le Saudade : une tris-tesse mélancolique mêlée d’espoir. Je me recon-nais tout à fait là-dedans.

Comment travailles-tu tes mélodies ?

Dans ma manière de composer, je n’échappe pas à mes réflexes et à mes inspirations. J’aime la mélo-die, aussi dépouillée soit-elle. Je peux aimer une mélodie de Cabrel, je m’en fous, tant qu’elle est bonne. En ce qui concerne mon écriture, c’est assez irrationnel, je ne me l’explique pas. Quand j’ai une mélodie dans la tête, c’est très difficile de m’en défaire. En général, je la note en mémo

vocal, et je retravaille ensuite dessus pour qu’elle devienne quelque chose. On sent chez toi une certaine maturité, une esthé-

tique musicale maîtrisée. Comment se traduit-elle

dans cet album ? Quels en sont les marqueurs ?

J’ai envie de dire que cet album correspond à une maturité relative à ce que je vis. Pour le prochain, cette maturité sera différente, elle correspondra à une autre époque de ma vie. C’est un peu comme de la viande en fait, quand elle arrive à maturité, il faut la manger sinon elle passe. Ce disque est pareil, il était nécessaire et inévitable pour moi.

Il y a aussi tout un travail de la voix, utilisée comme

un instrument, limite en squat. Pourquoi n’y a-t-il

pas plus de textes chantés ? (3 en tout sur l’album,

ndlr)

Ça vient de plusieurs choses. Peut-être tout sim-plement du fait que j’ai l’impression de ne pas savoir chanter en voix lead, d’ailleurs tu remar-queras que sur les chansons à texte où je chante, je double ma voix. J’assume pas vraiment. Pour le coup, la maturité que j’aimerais bien avoir par la suite, c’est de pouvoir chanter sans avoir peur d’une certaine solitude. Pour moi la voix, c’est le truc le plus difficile qui soit : c’est quelque chose de très émotif, je me demande toujours comment font les mecs qui chantent tout seul pour ne pas pleurer… Tu ne peux vraiment pas tricher.

Tu t’appelles Ézéchiel, tu sors un album qui s’appelle

Divine, tu n’as pas peur que l’on te prenne pour un

vendeur de Bible ?

Si j’ai appelé cet album ainsi, c’est qu’avant de le faire, j’ai perdu un être cher, et j’avais besoin de sortir ce truc-là. Du coup, comme un morceau de l’album s’appelait Divine, j’ai voulu faire un petit clin d’œil à l’au-delà.

ézéchiel Pailhès

Ézéchiel Pailhès — Divine Circus Company

“ une tristesse

mÉlAn-colique

mêlÉe D’esPoir.”

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Cinéma

® Pierig Leray Ω Dr

After Earth de Night Shyamalan

— 0 bonbon

à part bien se marrer à voir Will Smith en leggings, aucun intérêt dans cette énième bavure de l’ex-futur roi du twist final. Shyama-lan se plante lamentablement dans un Wall-E post apocalyptique moralisateur où la relation père-fils doit sauver l’humanité. Mon cul ! ≥ Sortie le 5 juin

The Bling Ring de Sofia Coppola

— 0 bonbon

Un peu con de faire de son premier film (Virgin Suicides) son meilleur. Après avoir foutu le vide comme référence dans Somewhere – mais surtout nulle part – Coppola surfe sur le mauvais goût (in)temporel, pour une soupe néo-moderne affligeante. On préférait encore les Strokes en Richelieu, c’est pour dire.≥ Sortie le 12 juin

Man of Steel de Zack Snyder

— 2 bonbons

Nolan à la production, histoire d’assombrir et loosifier le binoclard, contre Snyder à la réal’ avec sa caméra la plus vomitive de l’Ouest, Man of Steel est un combat de 2h entre le Mal et le Bien, le moche et l’élégant : résultat fadasse, trop sucré, pas assez acide : Snyder wins.≥ Sortie le 19 juin

Electrick Children de Rebecca Thomas

— 4 bonbons

Et si Hanging on The Telephone de Blondie pouvait foutre en cloque une ado mormone perdue dans le fin fond de l’Utah ? Découvert à Deauville, ce premier film en a tous les défauts : mise en scène pom-peuse, « Sundancisation » de la caméra et plans séquences ratés, mais le potentiel est là, un vent de fraîcheur… brûlant.≥ Sortie le 26 juin

1 mois, 4 films, 4 avis.

Le problème ? On ne les a pas vus.

Critiques abusives et totalement

infondées des meilleurs/pires

films du mois à venir.

Y’A quoi Au cinÉ ?

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21 — Nuit

musique

® Propos recueillis par MPK Ω Fools

Après l’immense succès de leur titre Pieces Of Gold 

(plus d’un million de vues sur Youtube), on atten-

dait beaucoup de la sortie du premier album de The

Aikiu, Ghost Youth. On confirme que l’attente n’aura

pas été vaine puisque ce disque électro-pop aux

tonalités happy-sad réserve une multitude de jolies

surprises (dont les collab’ d’Isabelle Adjani et de JD

Samson du Tigre). Obsessionnels que nous sommes,

nous avons rencontré Alex (chanteur et instigateur

du projet) et Barnabé (basses) pour qu’ils nous par-

lent de leurs nuits.

Quel est pour vous le film qui incarne le mieux la

nuit ?

Alex : After hours ! Un film des années 80 où l’on voit un Soho complètement destroy. Avec ce mec qui se fait poursuivre justement par des gens de la nuit. Incroyable ce film. Barnabé : Saturday Night Fever bien entendu (rires). Pour moi, les ambiances de nuit, c’est très attaché à la lumière et aux chefs op’… J’ai envie de te répondre Tchao Pantin. Ce film a de très belles scènes nocturnes, avec des nuits très bleues. Le morceau de votre album qui reflète le mieux la

nuit ?

Alex : The Fear. L’influence de cette chanson, c’était The Warriors, un film qui se passe aussi de nuit, où il y a des bandes de jeunes qui viennent dépouiller tout le monde. C’est vraiment une

chanson de nuit pour moi. Barnabé : D’accord avec toi Alex. Comment avez-vous découvert la nuit ? Vous vous

rappelez de vos premières sorties ?

Alex : C’était au Sénégal, à Dakar, quand j’étais au lycée. C’étaient des nuits chaudes. Ma mère tenait là-bas des clubs et des bars, du coup j’étais tou-jours dehors à aller la voir. Je me souviens qu’il y avait des marins et des bidasses… Mais j’étais plus fan de Lio que d’Axel Bauer (rires). Barnabé : Moi j’ai vraiment commencé à sortir à la grande époque du Folies Pigalle. Je devais avoir 15 piges, et je trainais avec une gogo danceuse. Je me rappelle aussi des premières Soma.

Qui sont vos partenaires de débauche ?

Alex : J’ai toujours la même bande. D’ailleurs, je crois que tu connais bien une de mes comparses, elle s’appelle Barbara, elle est écrivaine et elle adore les Smiths… Barbara Israël, c’est une vraie prêtresse de la nuit. Barnabé : J’ai un petit QG que je tiens secret où je me désaltère avec des piliers de bar ancestraux.

On aimerait que vous nous racontiez en détail la der-

nière fois que vous êtes rentrés à 4 pattes chez vous.

C’était où, quand, comment ?

Barnabé : Le problème, c’est que la dernière fois, je ne m’en souviens vraiment pas.

the Aikiu

LES NuITS DE

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22 — Nuit

Alex : Je ne suis jamais à 4 pattes, je me charge pas mal mais je tiens plutôt très bien. C’est moi qui tiens tout le monde en fait, par les cheveux des fois.

L’instant pub : vos adresses préférées pour sortir à

Paris la nuit.

Alex : J’aime bien le Jesus Paradis, dans le 10e. C’est petit, le sound system envoie plutôt bien, et il n’y a pas trop de monde. En resto, j’adore aller chez Kim Lien, un vietnamien place Maubert. Ils ont une succulente soupe Pho. Barnabé : Il faut savoir que la soupe Pho tient une place très importante dans la vie du groupe. Alex : C’est le meilleur remède contre la cuite, je te jure que c’est vrai. Mais la bonne soupe Pho, pas celle de Belleville. Je suis à moitié vietnamien, et je trouve que les Pho de Belleville, c’est une honte. Barnabé : Fais gaffe, on va avoir les Triades aux fesses… Alex : Le Pho, c’est parfait pour les clubbeurs en redescente. D’ailleurs, à New York, tout le monde carbure à ça après être sorti. Barnabé : Je vous conseille aussi une brasserie-distillerie de bière qui est à la Goutte d’Or. Si vous voulez aller boire de la bière parisienne, c’est une très bonne adresse. Je crois que ça s’appelle d’ailleurs la Brasserie de la Goutte d’Or. Toujours pour les amateurs de bière, il y a le Super Coin à Jules Joffrin.

Êtes-vous insomniaques ?

Alex : Pas du tout. Barnabé : Moi, c’est un truc que je découvre. Soit j’ai une idée qui tourne dans la tête, et il faut que je la couche sur du papier. Soit j’ai des problèmes de l’ordre du quotidien, dans ce cas, je ne peux rien faire de plus que cogiter et plier le dossier.

Parmi les métiers de nuit, quel est celui qui vous

intrigue le plus ? Pourquoi ?

Alex : Les chauffeurs de taxi. Ce sont des témoins privilégiés du comportement humain. à chaque

fois je leur pose des questions, et ils me racon-tent plein d’histoires. Une fois, il y a un chauffeur qui m’a raconté qu’il a sauté une cliente de 65 ans contre 2000 euros. Barnabé : Traverser la ville de nuit en taxi, coller sa tête à la fenêtre après avoir bien bu… J’aime bien cette contemplation, elle m’inspire.

S’il y a une salle, un club ou un bar où vous ne foutrez

plus jamais les pieds, c’est lequel ?

Alex : Bon déjà, les night clubs parisiens, ça ne me plaît pas trop. Je n’aime pas ce côté consanguin, avec toujours les mêmes personnes. Il y a beau-coup de « parisiens » castrateurs, nombrilistes, jaloux… Les gens sont clairement plus chaleureux à New York, et on sent qu’ils aiment leur ville. Après, la qualité de vie à Paris est très bonne, mais au niveau de la création, personne ne s’aide, tout le monde se tire dans les pattes. Barnabé : C’est vrai qu’ici, on ne laisse pas les artistes créer sur la durée, il faut tout de suite réussir.

La soirée où vous avez préféré jouer ?

Alex : La Flash Cocotte, à l’Espace Pierre Cardin. Dactylo et ses potes font un super boulot. Pour le coup, ça, ça me stimule vraiment à Paris. Barnabé : C’est démocratique et ouvert. Super spirit !

Votre technique contre la gueule de bois ?

Alex : Un bon Pho, pour ne pas me répéter. Un fond de verre d’eau entre chaque verre d’alcool, et une aspirine avant de sortir. Barnabé : Une cuillère d’huile d’olive avant de sor-tir, c’est aussi très efficace pour les lendemains.

The Aikiu

The Aikiu — Ghost Youth Sony Music

www.theaikiu.com

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http://bemyback.tumblr.com

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musique

® Propos recueillis par Irina Aupetit-Ionesco Ω Maciek Pozoga

Le trio cosmopolite a pris son temps pour enfin sor-

tir un deuxième album qui lui ressemble, efficace,

racé et élégant. Six ans de réflexion pour un Ghost 

Carnival magnifié par le producteur anglais Mickey

Moonlight. De la pop au funk/disco en passant par la

new wave, le groupe ratisse large pour nous entraî-

ner sur les pistes de danse.

Comment a commencé votre histoire ?

Thierry (clavier, chant, rythmique) : Je faisais de la musique dans mon coin et j’ai eu envie de monter un groupe pour faire un concert unique, un truc dansant pour s’amuser. J’en ai alors parlé à Nico-las (basse, guitare, programmation) qui était l’ami de mon frère et surtout un musicien avec qui je m’entendais très bien. Ce dernier m’a tout de suite orienté vers Henning qui lui avait des claviers chez lui. Nous avons répété pendant six mois et finalement après notre premier concert qui devait être un « one shot », nous avons continué. Tout a réellement démarré en 1998.

Qui fait quoi dans votre trio ?

Thierry : Henning chante et joue des claviers mais il fait aussi de la programmation sur certains mor-ceaux. Nicolas joue de la guitare et de la basse. Parfois un riff de guitare de Nico va être trans-formé en mélodie de chant. C’est assez libre, les rôles ne sont pas toujours complètement définis.

Que s’est-il passé pendant les six années qui sépa-

rent Eurolove, votre premier album, de Ghost Carni-

val ?

Thierry : Nous avons pris notre temps. Nous ne voulions pas nous mettre la pression et travailler dans l’urgence comme pour Eurolove. à l’époque, le single Mademoiselle commençait à avoir du succès et le label nous avait demandé de faire un album dans cette direction-là. Du coup, nous avons compilé plein de morceaux qui dataient de périodes différentes. On aimait tous ces titres mais l’ensemble sonnait un peu « chien fou », ça partait dans tous les sens, sans cohérence. Or ce que nous aimons, c’est un album que l’on puisse écouter d’une traite sans zapper d’un morceau à l’autre.

Ghost  Carnival  est beaucoup plus cohérent.

Raconte-t-il une histoire ?

Henning (clavier, chants, beats) : Pas vraiment, c’est plutôt un « mood ». Il y a des moments lumi-neux, d’autres plus sombres.

Pourquoi avoir choisi de travailler avec Mickey

Moonlight ?

Henning : Thierry a eu l’idée car nous avions adoré sa reprise de Sun ra avec Interplanetary Music. Nous aimions sa manière de faire coexis-ter le côté organique des « vrais » instruments, des percussions avec l’électronique. C’est très élégant !

hYPnolovecArNAVAL DANDY

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28 — Nuit

On s’est dit qu’il serait la personne idéale pour mixer notre disque. Thierry : J’avais lu une interview de Mickey Moonlight dans laquelle il citait ses influences et il avait fait une liste énorme avec plein de choses géniales et parfois obscures comme The Legendary Stradust cowboy. Je me suis dit que c’était le mec parfait pour nous. Nous attendons toujours de le rencontrer « en vrai » ! Henning : Dans ses mails il a toujours été très chaleureux et enthousiaste. On ne désespère pas de le voir un jour (rires).

C’est la créatrice Yazbukey qui a réalisé l’artwork de

ce disque, pourquoi elle ?

Henning : Ça c’est une idée de notre label. Pour notre maxi Holiday reverie, c’était Manu Cossu, graphiste et vidéaste, qui avait signé l’artwork et nous nous étions dit qu’il avait bien cerné ce que nous voulions. Manu s’étant concentré sur la réalisation de vidéos, il a fallu que nous trouvions quelqu’un d’autre. Marc, le boss de notre label Records Makers avait rencontré Yazbukey et nous a présenté son travail que nous avons adoré. Elle non plus nous ne l’avons toujours pas rencontrée.

Thierry : Nous n’avons pas non plus rencontré Findlay Brown ni Freya Perry qui chantent sur Ghost carnival (rires). En revanche nous avons fait la connaissance de Piper Kaplan de Puro Ins-tinct, bien avant de décider de travailler avec elle pour l’album.

Votre album parle beaucoup de la nuit avec des

morceaux comme Midnight  Cruising,  Sleepwalker, 

Goodnight Kiss. Vous revendiquez-vous comme des

oiseaux de nuit ?

Thierry : Nous l’avons beaucoup été, nous n’ar-rêtions pas de sortir ! Puis Nico et moi avons eu des enfants donc nous avons calmé le jeu. Au delà de ça, la nuit reste remplie de fantasmes. Le film cruising, qui a d’ailleurs inspiré les paroles de Midnight cruising, ou ceux de Kenneth Anger, comme Fireworks, parlent de la nuit. Ce que nous aimons quand le jour finit, c’est cette notion que tout peut arriver. Il y a la fête mais aussi du danger, ce qui rend les choses très excitantes.

Quels sont vos lieux de prédilection pour faire la

fête ?

Henning : J’adorais le HBC à Berlin, dans lequel j’avais fait une résidence au piano. C’était un lieu multiculturel avec des expos, des concerts, des soi-rées. Ça a malheureusement changé de proprié-taires. J’adore aller dans les bars de mon quartier à Berlin, la ville dans laquelle je vis. Ce sont des petits bars à vin chaleureux, très berlinois finalement. Thierry : J’ai de très bons souvenirs de nuits à Lisbonne notamment au Lux ou dans le quartier Barrio Alto. Il y a tout ce dont nous parlions avant là-bas. Tu ne sais jamais ce qui t’attend. à Paris, je garde un souvenir dingue d’avoir dansé sur Prince au Baron collé serré à Mick Jagger. Sinon à chaque fois que nous venions à Paris nous allions toujours aux soirées respect car c’était à l’époque les meilleures soirées de la capitale.

Hypnolove

Hypnolove — Ghost Carnival Record Makers

“je gArDe un souvenir

Dingue D’Avoir

DAnsÉ Au BAron collÉ serrÉ à mick

jAgger”

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31 — Nuit

art

® MPK Ω Niall o’brien

Anne Van Der Linden est peintre, illustratrice, co-

fondatrice de la revue Freakwave, camarade de jeu

de Jean-Louis Costes, bref, l’une des grandes figures

actuelles de l’underground pictural français.

Je l’ai rencontrée dans un café place de Clichy ; « je porterai une veste militaire kaki » m’avait-t-elle dit au téléphone. 17 heures, on s’installe à une petite table, un demi pour moi, un verre de blanc pour elle. En la voyant, je me dis que les cerveaux les plus bouillants se cachent souvent derrière un physique d’enfant sage. Je décide de l’interviewer non pas sur le mode « question/réponse » tradi-tionnel, mais en utilisant 11 mots-clés, comme pour jalonner les contours d’une intériorité qui se révèle des plus complexes. Essai.

Enfance

J’ai eu une enfance bourgeoise, c’était au Vésinet dans le 78. J’ai été pas mal bloquée sur l’enfance, c’est un moment de ma vie où je me suis bien amusée, tout était paisible. On peut surement dire qu’il y a quelque chose d’enfantin dans mon tra-vail, dans le rapport que j’ai avec les contes… Il y a une façon de raconter les choses qui est très imaginative, assez ronde. Je n’ai jamais vraiment intégré le jeu social, je suis restée dans un stade ado ou post-ado. Ou plutôt, je suis responsable dans un monde qui est le mien.

Sexe

Que le sexe soit très présent dans mon travail est sûrement lié à mon tempérament. Quand j’étais très jeune, je faisais déjà des broderies avec des organes génitaux, j’étais en pleine période hormo-nale bête et méchante. Et puis après j’ai rencontré des artistes et des galeries qui m’ont branchée sur ce thème pour des expos. La sexualité, c’est un peu le pilier de tout, le pivot des comportements. C’est aussi très graphique, c’est une bonne manière d’assembler les corps, le sexe, c’est ce qui coagule ou repousse les gens. Dans mon travail, l’identité glisse, je n’aime pas les catégories et les réper-toires. Je fais aussi pas mal d’androgynes, parce que ça me paraît être une figure apaisée. Dans la tension du jeu sexuel, l’androgyne c’est vraiment la personne qui se repose, l’être autonome.

Rire

Il y a du grotesque dans mon travail. Je suis très fan de Crumb, on me dit souvent d’ailleurs que les femmes que je peins sont inspirées de Crumb parce qu’elles ont de grosses cuisses et de grosses croupes. Vous connaissez cette légende grecque de Demeter qui avait perdu sa fille ? Elle pleurait sans cesse et faisait la grève, plus rien ne poussait dans les champs. Un jour, elle a rencontré une femme qui lui a montré son sexe. Déméter a éclaté de rire, et tout s’est remis à pousser. Pour moi, le rire dans ma peinture, c’est un peu ça.

Anne vAn Der linDen

IcôNE SouTErrAINE

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Parler

L’écrit ou la parole, c’est ma formation, j’étais assez littéraire, j’ai toujours beaucoup lu, j’écrivais pas trop mal. Et c’était en même temps un car-can, les mots ne me satisfaisaient plus. La peinture était vraiment pour moi la terre inconnue, la mon-tagne interdite. Je me suis lancée là-dedans sans référence. Je pense que l’image est plus intègre, je me sens libre avec ça.

Manger

J’adore manger, j’aime bien mettre des trucs dans ma bouche. Quand j’étais gamine, je mettais plein de trucs, du sable, de la terre, etc… C’est vraiment quelque chose d’anxiolytique pour moi. J’aime remplir ma bouche pour me tranquilliser. Spirituellement, c’est dur de rentrer en contact avec les gens, on y arrive mieux par l’interpéné-tration ou des choses plus symboliques comme le cannibalisme. Enfin ce n’est pas vraiment du cannibalisme, plutôt une façon de consommer un acte d’amour. Personnellement, j’adore manger du pain. Manger du pain et boire du vin.

Vomir

Je vomis souvent en fin de séance, quand j’ai beaucoup peint, beaucoup travaillé. Des fois, j’ai à faire face à une saturation terrible, je ne peux plus supporter cette concentration, je vomis presque par les yeux. Avant, ça ne me faisait pas ça, mais maintenant, quand quelque choses cloche dans une toile, ça me donne la nausée.

Costes

Je le connais depuis le lycée, on a grandi ensemble, on est de la même banlieue. On a été ensemble à une époque, on est resté amis. J’ai été comédienne dans pas mal de ses spectacles. Ça m’a d’ailleurs bien dévergondée, je me suis prise au jeu. Il y a un côté « sortir de soi » qui a été vraiment salvateur pour moi.

Jouer

Je suis très très mauvaise joueuse, je déteste perdre. En ce qui concerne la peinture, je n’ai jamais pris ça comme un jeu, c’est la seule chose sérieuse que j’ai faite de ma vie.

Argent Je ne suis pas dépensière du tout, en plus, j’ai un problème avec la consommation, ça me fout les boules d’avoir à racheter des objets. Je déteste ça, c’est peut-être aussi un peu une forme de radi-nisme… En même temps, j’ai plein d’amis fau-chés à qui je prête du fric…

Underground

Pour moi ce n’est plus grand-chose actuellement. En même temps, ça reste tout de même un espace de liberté. Hélas, en France, les gens de l’under-ground dépérissent, mais c’est vraiment l’endroit où il y a une créativité maximum, comme dans les graphezines par exemple.

Mort

Il y en a de plus en plus des morts dans ma pein-ture, parce que je vieillis je pense, je croise de plus en plus la mort, c’est normal. L’envers de la vie, c’est la mort, je passe mon temps à peindre l’en-vers du décor, donc si je ne peins pas la mort, c’est vraiment absurde. J’aimerais bien avoir des théo-ries sur la mort, ce serait apaisant, mais j’en suis incapable.

Anne Van Der Linden

Anne Van Der Linden

www.annevanderlinden.net

www.freakwave.fr

eretic-art.com

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musique

® Propos recueillis par Sophie rosemont Ω Norman Wong

La prêtresse de l’électro-pop canadienne, Katie

Stelmanis, revient avec son groupe Austra et un

nouvel album fort en émotions, Olympia. 

Deux ans après son premier album, Feel It Break, le groupe de Toronto revient en force. Situé quelque part entre confession intime (Katie Stel-manis nous livre sans fard ses déboires amoureux) et manifeste hédoniste (toujours selon elle, il faut danser, quoiqu’il arrive), olympia ne choisit pas entre l’électro, ADN véritable d’Austra, et l’analo-gique, qui a radicalement changé la texture de ses morceaux. De passage à Paris, l’une de ses villes préférées, Katie Stelmanis se livre à l’exercice de la promo avec un professionnalisme étonnant. Très blonde, rouge à lèvre très rouge mais poignée de main très franche, la chanteuse s’impose d’emblée comme une femme de tête. Et de cœur, tout de même… Ce n’est pas notre conversation qui le contredira.

Feel It Break ayant beaucoup buzzé, vous étiez donc

attendue au tournant par la critique. Comment avez-

vous abordé ce nouvel album ?

Il fallait qu’olympia soit plus assuré, plus fort que notre premier album. Pour ça, l’un de nos pre-miers challenges a été de nous servir de vrais ins-truments, d’aller en studio pour de bon, alors que Feel It Break avait été fait dans ma chambre ! Ce qui a aussi changé, c’est que chaque membre du

groupe a apporté sa contribution alors que j’écri-vais 95% du matériel auparavant. C’est une œuvre collective, où tout le monde s’est bien amusé.

En effet, on note un plus grand investissement de la

batteuse, Maya Postepski. Pour gagner du rythme ?

Exactement. Je voulais un album plus up tempo. De plus, Maya et moi travaillons ensemble depuis une bonne dizaine d’années, on est passé par plusieurs projets comme le groupe Galaxy, nous avons les mêmes goûts musicaux… C’est une bat-teuse géniale qui a réussi à insuffler une véritable rythmique à olympia.

La première chose qui saute à l’oreille, c’est l’am-

bivalence entre le côté dansant de l’album et des

paroles assez mélancoliques…

Ce qui est fou, c’est que je ne réalise jamais de prime abord que mes paroles sont sombres, et que ma musique est dansante… C’est seulement en l’écoutant que je réalise qu’il y a comme un petit problème (rire) ! Mais quoi de mieux que le groove pour faire ressortir tout l’émotion de mes textes ? C’est ce qui crée le climax de mes chansons.

Le titre de cet album a-t-il un quelconque rapport

avec le disque de Bryan Ferry du même nom ?

Hé bien non ! (rires) Nous avons enregistré l’al-bum dans un studio au milieu de nulle part, dans le Michigan, et les gens qui y habitaient atten-

AustrAéLEcTroFéMINISTE

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daient un bébé… Ça a été une petite fille, qui s’appelle olympia. Sa naissance coïncidait si bien avec celle de l’album qu’elle méritait bien un petit hommage.

Mise à part votre expérience personnelle, de quoi a

été nourri Olympia – du point de vue artistique ?

Par Marina Abramovic. Je l’adore. Elle n’est pas dans le fantastique, le surréalisme, elle est dans le réel, aussi abrupt puisse-t-il être… Son art est un art de la vérité, et a énormément influencé mes nouvelles chansons. En visionnant le docu-mentaire Marina Abramovicć: The Artist Is Present (de Matthew Akers et Jeff Dupre, sorti en 2012, ndlr), j’ai réalisé que c’était cette approche que je voulais explorer. Qu’être transparent, le plus hon-nête possible, était l’une des plus belles manières de transcender sa vulnérabilité. Et puis j’ai tou-jours aimé ce qui est radical…

Vous sentez-vous proche du féminisme que Marina

Abramovic aborde dans son travail, y compris de

manière indirecte ?

Totalement. Les femmes doivent savoir s’amuser, mais aussi prendre conscience qu’elles doivent prendre le pouvoir, tant du point de vue profes-sionnel que social ou familial, et, évidemment, artistique. Sans pour autant chercher la célébrité, car cela peut dénaturer tous leurs propos. Je ne dis pas qu’il ne faut pas profiter du succès, mais cela ne doit surtout pas être un but. Le but ultime doit rester le partage de l’art.

Quitte à dévoiler les dessous de sa propre exis-

tence ?

Oui. L’écriture de ce disque a été cathartique. Je sortais d’une période difficile, et je voulais racon-ter des histoires tout en faisant comprendre à l’au-diteur ce que je ressentais. Une fois que j’ai réussi à exprimer ce que je souhaitais, je me suis sentie beaucoup mieux. olympia a été la meilleure des thérapies, et j’espère que son écoute pourra aider des personnes aussi torturées que moi !

La nuit, pour vous, c’est…

Le clubbing. Ou dormir ! J’aime beaucoup faire la Dj dans les boîtes de Toronto, passer de l’électro, de la techno ou de la dance music old school, mon péché mignon. Mais on me voit rarement enflam-mer le dance-floor. J’aime trop la musique pour ça, je préfère la manier plutôt que la danser…

D’ailleurs, comment va la scène musicale de

Toronto ?

à force de tourner à l’international, je me sens un peu déconnectée de ma ville. Mais je sais qu’il s’y passe quelque chose de particulier, dû à son incroyable ouverture d’esprit. Qu’un talent inso-lite comme Peaches y ait fait ses débuts, ça veut beaucoup dire. Le souci, c’est que le business, même celui de la musique, se passe à Montréal.

Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre : avec

cet album, vous avez trouvé le juste équilibre du

renouveau. Est-ce votre credo artistique ?

Oui, il faut se réinventer à chaque fois. Et sans se perdre, c‘est ça le plus délicat. David Bowie et PJ Harvey font partie de mes artistes préférés, et ce n’est pas pour rien. De vrais caméléons… Aujourd’hui, je ne sais pas ce qui m’attend, je sais juste qu’il va falloir que je trouve encore une nou-velle direction à prendre. J’ai une peur terrible de m’ennuyer !

Austra

Austra — Olympia Domino

“ je PrÉfère mAnier lA

musique que lA DAnser.”

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soCiété

® Manon Troppo Ω Marie Guirlet

Il pleut, ça caille, mais cette rencontre avec Wilfred

va vous réchauffer. Vous le connaissez forcément.

À moins de vivre dans une grotte, vous avez décou-

vert son visage tuméfié après une agression homo-

phobe en avril. Vous lui avez peut-être même envoyé

un message de soutien. C’est en tout cas ce qui m’a

permis de rentrer en contact avec lui. Sans revenir

lourdement sur ce mauvais souvenir, j’ai voulu savoir

comment il vivait Paris, comment il vivait l’homo-

sexualité à Paris et comment il allait, aujourd’hui.

Comment ça va ? Mieux ?

C’est encore un peu la folie, on ne s’attendait pas à ce que l’agitation dure autant. Mais ça va !

Raconte-moi ton parcours. Tu viens d’où, pourquoi

vis-tu à Paris ?

Je suis hollandais, j’ai fait des études d’Histoire de l’art, spécialisation en Architecture ancienne. On sait bien que ces études, ça mène plutôt au chômage. Un jour, j’ai eu l’opportunité de postuler ici, dans une fondation privée qui gère une grande collection d’art ancien pour devenir le responsable de leur bibliothèque. Je connaissais Paris sans avoir envisagé d’y vivre. Mon français était très scolaire. Mais j’ai été embauché en août 2003, à 29 ans. Je suis arrivé en même temps que la canicule !

Tu avais des appréhensions ?

Je connaissais les collections d’art, la beauté de la

ville, sa vie gay. Mais je savais que la vie y était chère. Je me suis dit : « reste un an et vois ». Il ne faut pas fuir devant la difficulté.

Tu as habité où en arrivant ? à Paris comme dans toutes les métropoles, les gens sont individualistes, nos agendas sont rem-plis, on n’a déjà pas de temps pour nos amis, per-sonne n’attend vraiment de nouvelles rencontres. Moi, justement, j’étais demandeur d’amis, donc j’ai pensé à la colocation. Et c’était bien pour pra-tiquer mon français. J’ai trouvé très vite sur colo-cation.fr, dans le 11e. Je cherchais un coloc pd. Pas pour baiser hein (il rit), pour avoir un accueil com-préhensif. Mon coloc était agrégé de philo, prof, militant gauchiste. C’était parfait. Le quartier était chouette. La rue Oberkampf, même si c’était pas très gay, ça bougeait, c’était vivant. Pour mon français… c’était pas très utile : entre nous, le lan-gage n’a rien à voir avec celui du travail. On s’ap-pelle « connasse », le ton est très libre ; faut pas trop parler comme ça au travail (il rit). Aujourd’hui, je suis à Belleville.

Première impression plutôt positive, donc ? Oui et non. L’individualisme, d’abord. La langue, aussi. Et, en arrivant, je me disais : c’est le pays de la révolution, des droits de l’homme, mais je me suis rendu compte qu’ici, c’est une société bien « installée » qui ne s’assume pas. On dit « on est

WilfreD De Bruijn

uN oPTIMISME coNTAGIEux

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tous égaux », mais les réseaux sont très fermés. Du coup, la première année, j’étais assez seul.

Être homo, ça aide ou complique l’intégration ?

Je pense que c’est presque une chance, tu as ta propre « sous-culture », ta communauté. Tu connais les codes, la musique. Tu trouves vite les bars et les discothèques. Ça aide.

Tu as trouvé qu’être gay à Paris ou en Hollande,

c’était différent ?

Pareil. Mais moi, je travaille dans l’art, c’est un monde assez ouvert, il y a beaucoup d’homo-sexuels, en Hollande ou en France. Je viens d’une ville de province, Leiden, à 30mn d’Amsterdam. Il n’y avait que 2 boîtes gay alors ici, quand j’ai découvert le nombre de bars, l’énorme diversité des garçons, j’étais ravi !

Donc les soirées gay à Paris te plaisent ? Certaines personnes préfèrent Tel Aviv et Ber-lin, le « paradis », mais je crois que ça concerne les clubbeurs. Moi, je ne suis pas dans cette catégorie, j’aime plutôt les bars old school, un peu de jazz, de la musique française, on boit nos bières, on discute.

Et tes endroits de prédilection ?

Le Duplex bar, rue Michel le Comte. Soit disant le bar intello des gay. C’est peut-être vrai. C’est pas là où il y a les plus beaux mecs ! (il rit). Le Cox, rue des Archives. Le dimanche, y’a tous les mecs « veste en cuir/crâne rasé » qui traînent sur le trottoir. C’est toujours un peu impressionnant.

Surtout quand t’es une fille de 1m60 qui se fraye un

chemin au milieu.

(Il rit) Moi j’y suis allé une fois avec une copine, c’était la seule parmi 200 mecs serrés comme des sardines, oui. Avant, à la Java, il y avait les soirées Flash cocotte. Maintenant c’est à l’Espace Pierre Cardin et j’évite les grands endroits, je suis pas assez cool pour ça ! La soirée Trou Aux Biches, à la Java, est sympa : les gens osent se moquer de leur propre identité, c’est mélangé, assez freak, on ne se prend pas au sérieux.

Donc t’es heureux, ici ? Très heureux ! D’abord, tous les étrangers le disent, c’est une ville magnifique. Chaque jour, je découvre, je m’émerveille. Et puis, « Paris drains all the brains from everywhere ». Ça attire les jeunes ambitieux et talentueux.

À l’opposé de cette mode du « barrez-vous », en fait.

J’ai jamais compris ça. Sans tomber dans une admiration à la Woody Allen, vos vies sont magnifiques. Même les côtés un peu plus glauques ont leur charme. Et puis des quartiers comme la Goutte d’Or, avec tous ces parfums africains... C’est aussi très bien organisé. à Londres, t’as 2h de transport exaspérant dès que tu bouges. Pareil pour Berlin, et puis c’est moche, Berlin, soyons francs (il rit).

Paris a quand même ses défauts, non ? La bière est chère ! Et il y a l’aspect rencontres. On ne se parle pas spontanément, il faut être pré-senté. En même temps, je deviens de plus en plus parisien : quand un inconnu m’aborde, je me dis

Wilfred de Bruijn

“ici c’est encore

versAilles, lA vie

sociAle est coDifiÉe

comme à lA cour !”

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41 — Nuit

« mais, qu’est ce qu’il veut de moi, lui ? ». Je vais moins vers les gens. Sauf s’ils sont très beaux…

Et en tant que gay ? Y’a-t-il des quartiers à éviter ?

Non. Il y a évidemment le Marais où on se sent plus libre de se tenir la main. On ne le fait dans aucun autre quartier, en fait. Les derniers chiffres disent que 2/3 des homos ont peur de s’afficher en public.

Les chiffres d’agressions homophobes ont aug-

menté aussi. Y’a peut-être un lien ?

C’est terrifiant. Je sais pas s’il y a des quartiers plus homophobes que d’autres. Je sais juste que je m’af-fiche nulle part, sauf dans le Marais.

On n’y risque rien ? Non. Certaines personnes disent que ce sont nécessairement des jeunes issus de l’immigration qui nous ont agressés… Bref, déjà, on ne connaît pas leurs identités et on se sent très bien dans notre quartier multicuturel. C’est dans le 7e, là où je travaille, que je ne pouvais plus aller parce qu’il y avait les manifs. On les appelle « les mocassins », tous ces Tanguy et ces Marie-France. C’était là qu’était le danger.

Donc t’en veux pas à Paris ?

Absolument pas. J’ai pas peur, je me sens très bien. Ce qui m’a choqué, c’est cette opposition qui n’ac-cepte pas la diversité. Je pense que ça les ramène à leur propre sexualité. Réfléchir à ses désirs, à la manière dont on organise sa vie affective, c’est perturbant. Donc il y a des gens qui s’attachent à ce vieux modèle et hurlent contre notre diffé-rence. Je suis sûr que beaucoup d’entre eux ont des doutes concernant leur propre modèle. Et c’est normal. Qu’est ce qui fait bander, qu’est ce qui excite, ça nous interpelle tous. C’est plus confor-table de se rattacher à un vieil idéal. Soudaine-ment, cette minorité arrive et devient une cible tout en étant menaçante.

C’est sage d’envisager que ces gens aient douté et de

pas te dire que c’est juste des gros cons...

Ça m’inspire plutôt de la pitié à vrai dire. Ça doit pas être facile d’être à leur place. On va vers une déconstruction des rôles figés. Grâce aux fémi-nistes, ça a déjà bien évolué. Elles ont mené une sacrée guerre, cassé le rôle archaïque de l’homme et revendiqué celui de la femme. C’est ce que j’espère, qu’on va déconstruire ces identités fixes qui font beaucoup de mal. Même aux hétéros qui doivent soit disant suivre un modèle, alors que chaque personne est plus complexe que l’identité simpliste qu’on lui colle. Donc cette déconstruc-tion est menaçante. Je comprends, oui, c’est mena-çant. Et tant mieux. Ici c’est encore Versailles, la vie sociale est codifiée comme à la cour ! J’exagère, mais cette société de classes refoulées est stricte et a peur du changement, de la visibilité : elle craint donc de nous reconnaître.

PMA ? GPA ?

La PMA, c’est une histoire d’égalité. Je suis évi-demment pour la PMA ouverte aux couples de femmes. La GPA, c’est différent ; au sein des asso LGBT, de la communauté, des féministes, il y a des désaccords et une majorité est contre. Person-nellement, étant un mec, je pense comme pour l’IVG, que j’ai rien à dire, c’est une affaire de filles. Les mecs devraient un peu se taire.

C’est la réponse masculine la plus sage qui soit !

(Il rit) Dans l’histoire, les hommes ont toujours prétendu savoir ce qu’il fallait pour les femmes, elles doivent en avoir marre ! C’est leur vie.

Est-ce que tu as un message pour les Parisiens ?

Un exemple, quand on est en terrasse avec nos pintes, on joue à qui trouvera en premier un pas-sant qui sourit. Et qui n’est pas complètement cinglé ou bourré. Y’en a pas ! Les Parisiens ne sourient pas. Sourire, c’est suspect. Je dis « déten-dez-vous et riez un peu de tout ce qu’il vous arrive, c’est quand même pas mal, tout ça ».

Wilfred de Bruijn

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42 — Nuit

Cinéma

® Nicolas George Ω Aïssa dans “L’âge d’homme”

Aïssa Maïga, c’est un peu la bonne copine que l’on

rêve tous d’avoir : souriante, pétillante, brillante.

L’actrice/scénariste/réalisatrice illumine L’écume 

des  jours de Gondry et sera bientôt sur les écrans

(TV) avec le thriller Mortel  été et (ciné) avec Prêt à 

tout.

Ton interprétation du rôle d’Alice dans L’écume des 

jours a été saluée par la critique. C’est la première

fois que tu travaillais avec Michel Gondry… Com-

ment s’est passé le tournage avec lui ?

Michel est un réalisateur extraordinaire. C’est un bonheur de tourner avec. On dirait qu’il est multiple, qu’il est « plusieurs à l’intérieur ». C’est quelqu’un qui adore les acteurs. Il nous jauge et partage beaucoup avec nous les rushs et les mon-tages… Il veut sans arrêt avoir notre retour, donc on se sent très impliqué dans la construction du film. Et puis, ce qui est drôle, c’est qu’il travaille dans une sorte de chaos. Avec lui, il faut que ça parte dans tous les sens. C’est un artiste, un vrai !

Dans L’écume  des  jours, tu retrouves un certain…

Romain Duris. Vous ne vous lâchez plus au ciné !

C’est vrai ! Après Les Poupées russes et L’âge d’homme, on s’est donc retrouvé dans L’écume des jours… Mais bon, il y a un point commun dans les histoires de ces trois films : je suis déçue ou peinée par Romain Duris à chaque fois… Va falloir que ça change ! (rires)

On va aussi bientôt te voir à l’affiche de Prêt à tout,

aux côtés de Max Boublil, qui sortira en septembre

prochain, tu peux nous en dire plus…

C’est une comédie romantique et sociale, une vraie belle histoire. Mon personnage était vrai-ment passionnant à jouer. Le pitch ? Max a fait fortune sur internet et décide avec deux amis de profiter de la vie au soleil. Mais il commence très vite à s’ennuyer et repense, sans arrêt, à son amour de fac, Alice, que j’interprète. C’est une fille pétillante, engagée et pleine d’idéaux… mais qui ne s’est jamais intéressée à lui ! Alors pour la conquérir, il rachète l’usine en faillite dans laquelle elle travaille et se fait alors passer pour un ouvrier sans jamais dévoiler sa fortune. La question, c’est : « vont-ils s’aimer ? »…

Et donc ?

Oui… Non… Peut-être… (Rires). Je laisse planer le mystère ! En tout cas, c’est un super personnage, ancré dans la réalité. Je trouve que l’on retrouve dans ce film le climat social actuel.

Tu as également joué dans un polar de Denis Malle-

vall, Mortel été, bientôt diffusé sur France 2 et pour

lequel tu as reçu le prix d’interprétation féminine au

Festival du film de télévision de Luchon…

Oui, j’y joue une fille qui rêve de partir, qui veut absolument échapper à sa condition. C’est un projet qui m’a tout de suite intéressée. D’accord,

AïssA mAïgA

L’écuME Du cooL

Page 45: Le Bonbon Nuit 32

43 — Nuit

je dis que tous les projets m’intéressent, mais j’ai réellement de la chance en ce moment !

Tous les films dans lesquels tu joues sont extrême-

ment différents les uns des autres… C’est dû à la

peur d’être « rangée dans une case » ?

Ce n’est pas une peur… Mais je ne peux que me réjouir de ne pas être coincée dans une case. Au moins je me sens libre. Et en tant que comé-dienne, ça me permet d’explorer toute une palette de choses. C’est amusant de défendre tant de per-sonnages qui ne se ressemblent pas.

On te parle encore souvent de ton rôle dans Les Pou-

pées Russes lorsqu’on te reconnait dans la rue ?

Oui, j’ai l’impression que ce rôle a marqué beau-coup de gens. Surtout les filles trentenaires ! Elles ont dû se reconnaître en moi (rires). Les plus jeunes, par contre, me parlent d’avantage de mon rôle dans Sur la piste du Marsupilami d’Alain Chabat !

Quelles sont tes bonnes adresses à Paris ?

Pour de la bonne cuisine sénégalaise, je vais au

Village, au 86, avenue Parmentier : ils font un Soupou Kandja (recette à base de viande, de crus-tacés et de riz) à tomber ! Le lundi soir, je vais au Comedy Club pour l’afterwork de Rémy Kolpa Kopoul : il nous offre toujours de belles surprises musicales. Et puis j’aime le côté cool, détendu, à taille humaine, du lieu. J’aime aussi beaucoup la librairie Présence Africaine (au 25 bis, rue des écoles). C’est un espace d’échange autour de la culture africaine, qui propose des revues et des livres géniaux.

Est ce que tu te considères comme une vraie Pari-

sienne ?

Absolument ! Une vraie parisienne dans tous ses contrastes. J’aime le côté « village » de Paris, cette sensation de liberté qui s’en dégage… Et puis il y a tellement de choses accessibles, c’est quand même une chance d’être ici. Ce qui m’a toujours surprise, c’est cette contradiction permanente que nous avons, nous, les Parisiens : on a toujours envie de partir. Mais dès que l’on est loin de la capitale, on n’a qu’un souhait : y revenir et si possible, très vite !

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Grrrrr Session #1

L’omnibus

23 mai 2013

© odilon corby

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Page 48: Le Bonbon Nuit 32

46 — Nuit

Pharmacies de garde

84, av. des Champs-Élysées - 8e

≥ 01 45 62 02 41

6, place de Clichy - 9e

≥ 01 48 74 65 18

6, place Félix-Éboué - 12e

≥ 01 43 43 19 03

Livraison médicaments 24/24

≥ 01 42 42 42 50

Urgences

SOS dépression

≥ 08 92 70 12 38

Urgences psychiatrie

Se déplace sur région parisienne

≥ 01 40 47 04 47

Drogue, alcool, tabac info service

≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13

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www.sweet-delivery.fr

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Livraison alcool + food

Nemo 01 47 03 33 84

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Faim de Nuit 01 43 44 04 88

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Allô Hector 01 43 07 70 70

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Apéritissimo 01 48 74 34 66

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Allô Glaçons

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Épiceries

L'Épicerie de nuit

35, rue Claude-Bernard - 5e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30

Épicerie Shell

6, boulevard Raspail - 7e

≥ 7/7 — 24/24

Minimarket fruits et légumes

11, boulevard de Clichy - 9e

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Alimentation 8 à Huit

151, rue de la Convention - 15e

≥ 7/7 — 24/24

Supérette 77

77, boulevard Barbès - 18e

≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h

Resto

L’Endroit, 67, place du Docteur-

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

samedi de 10h à 5h

Tabac

Tabac du Châtelet

4, rue Saint-Denis - 1er

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

Tabac Saint-Paul

127, rue Saint-Antoine - 4e

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

Le Pigalle

22, boulevard de Clichy - 18e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h

Poste de nuit

52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-

Rivoli / Étienne-Marcel

Boulangeries

Snac Time

97, boulevard Saint-Germain - 6e

≥ 7/7 — 24/24

Boulangerie-pâtisserie

99, avenue de Clichy - 17e

≥ 7/7 — 24/24

Chez Tina

1, rue Lepic - 18e

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

Boulangerie Salem

20, boulevard de Clichy - 18e

≥ 7/7 — 24/24

Fleuristes

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

78, rue Monge - 5e

≥ 01 45 35 17 42

Relais Fleury

114, rue Caulaincourt - 18e

≥ 01 46 06 63 97

Carwash

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

Porte de Clichy - 17e

Shopping

Virgin Megastore

52, av. des Champs-Élysées - 8e

≥ jusqu'à minuit

Librairie Boulinier

20, boulevard Saint-Michel - 6e

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Kiosques à journaux 24/24

38, av. des Champs-Élysées - 8e

16, boulevard de la Madeleine - 8e

2, boulevard Montmartre - 9e

Place de Clichy - 18e

Internet 24/24

53, rue de la Harpe - 5e

≥ 01 44 07 38 89

20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e

≥ 01 43 40 03 00

Envoyez-nous vos bons plans

ouverts la nuit : [email protected]

Ouvert toute la nuit !

trousse de seCours

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47 — Nuit

Prince – Darling Nikki (N)

Parce qu’à côté de ça le Dirty Diana de Michael Jackson ressemble à une chanson pour enfants de chœur.

Aerosmith – I don’t want to miss a thing (M)

Pour la beauté de la chanson et des paroles, pour la petite tête triste de Liv quand elle voit partir son mec et son père dans l’espace, pour la conviction que Steven Tyler met dans l’interprétation, on peut vraiment voir qu’il a pas envie de rater un truc…

Jay Z & Kanye West – Gotta Have It (Watch The Throne) (N)

Un des morceaux sous-estimés de leur album, le sample est super bien trouvé et les 2 MC’s sont au top sur ce track

Emiliana Torrini – Jungle Drum (Jai Paul Remix) (M)

Un titre parfait pour marcher dans la rue en se la racontant. L’arrivée des bass est super fatale, on devient tout-puissant.

Daft Punk – Revolution 909 (N)

On ne mange plus jamais des spaghettis bolognaise de la même façon après avoir vu le clip, un des meilleurs morceaux des Daft !

Oblivion – Grimes (M) Magique ce titre, je sais que tout le monde le sait déjà mais il fallait que je le mette parce que c’est vraiment mon dernier gros coup de cœur. La mélodie aérienne est super envoûtante et puis cette fille aussi avec ses airs de « je gère en toute innocence ».

Jeremih - 773 Love (Cashmere Cat Edit) (N)

L’original de Jeremih était déjà avant-gardiste, mais là Cashmere Cat, la révélation nordique de 2013, l’emmène faire un petit tour dans l’espace, les étoiles…

Janelle Monae – Tightrope (M)

Quand j’ai entendu ça la première fois, j’étais maboule, je l’ai mis 4 fois de suite puis tous les autres jours aussi ! J’adore comme elle fait glisser les mots avec une touche de chic dans la prononciation.

Felix Da Housecat feat. P.Diddy – Jack your Body (N)

Morceau qui m’a complètement plongé dans l’electro-clash début 2000, quand deux grands noms de la house et du hip hop se rencon-trent, ça ne peut que faire des étincelles ! #NoHipHouseShit !

la playlist du mois

On avait apprécié leur dernier

EP Night Fall/What a Bad Day

sorti courant mars. On a donc

demandé à Little Freaky Things

(side project électro-pop de

Donovans et Mai-Lan Chapiron)

de nous concocter la sélection

du mois.

little freAkY things

Ω LFT

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48 — Nuit

Mercredi 05/06 23h Le Petit Social Gratuit

≥ à La Fresh & Soundsoda : Etienne Jaumet / Qos-

monaut / Bantaam / Marius & Cesar

Jeudi 06/06 18h Le Wanderlust Gratuit

≥ Soirée Telerama : The Hacker / Monsieur Monsieur

/ Möggli / 2d Guesser / Télérama Dj crew

Samedi 08/06 23h Le Social Club 15 €

≥ Bromance : Brodinski / Kaytranada / Jepordise00h La Machine du Moulin Rouge 15 €

≥ Euphoria : Darius Syrossian / Frank Lorber /

Dorian Paic / Einzelkind

Mercredi 12/06 20h Le Trabendo 25,30 €

≥ Palma Violets

Jeudi 13/06 23h30 La Machine du Moulin Rouge 15h

≥ Minimale Collective #2 : Thomas Schumacher /

Claptone / Gordon Shumway / Wid On

Vendredi 14/06 23h30 Le Showcase 12 €

≥ A Night With… Klangkarussell & Nils Hoffmann00h Le Rex Club 12 €

≥ Automatik : Dave Clarke et Antony Dupont

Samedi 15/06 23h Le Social Club 15 €

≥ Pacific : John Talabot / Andre Crom / The Meka-

nism / Dactylo

Mercredi 19/06 20h La Bellevilloise 25 €

≥ Danny Brown

Jeudi 20/06 19h30 Le Nouveau Casino

≥ Micky Green19h30 Le Trabendo 19,80 €

≥ Gold Panda / Luke Abbott

Vendredi 21/06 23h Le Social Club 15 €

≥ Pelican Fly : Cashmere Cat / Dj Slow / Samename

/ Richelle & Guests

Vendredi 21/06 00h Le Rex Club 12 €

≥ Rex Club « 25 Years » : Bpitch

Samedi 22/06 23h La Bellevilloise 18 €

≥ Free Your Funk : DJ Crazy B / Lil’ Mike / DJ Need

(Birdy Nam Nam)23h30 La Villette Enchantée Gratuit

≥ Splendens Night

Jeudi 27/06 19h30 Le Trabendo 27,50 €

≥ The Virgins20h Le Point Ephemere 12 €

≥ Blind Digital Citizen23h Le Cabaret Sauvage 21 €

≥ ME. 013 : Minus présente : Gaiser / Barem / Mata-

dor / Heartthrob

Vendredi 28/06 23h Le Cabaret Sauvage 23 €

≥ Innervisions présente : Dixon, Ame, Marcus Wor-

gull, Frank Wiedemann featuring Ry 23h La Machine du Moulin Rouge 16 €

≥ Chateau Flight / Isolée (Live) / MMM (Live) /

Society Of Silence (Live) / Juju & Jordash23h Le Social Club 15 €

≥ Aeropop : Aeroplane / Yelle Djs / Guests00h Le Rex Club 12 €

≥ Electromatik : Dusty Kid & Kristofo + Guest

Samedi 29/06 23h La Machine du Moulin Rouge 15 €

≥ Flash Cocotte : Ssion (live) / Scratch Massive /

Owlle (live)23h Le Cabaret Sauvage 23 €

≥ ME. 013 : Tim Sweeney / Paradis / Superpitcher /

John Roberts23h30 La Gaité Lyrique TBA

≥ Nuit De La Gaîté / Gouine Comme Un Camion :

Chloé / Jennifer Cardini / Roxxxan23h30 Le Showcase 12 €

≥ A Night With… Trentemoller

Envoyez votre prog à : [email protected]

agenda

La sélection de ParisLaNuit.fr

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