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Île en mer Jean-Paul Ursu Belderbos

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Île en

mer

Île en mer

Jean-Paul Ursu Belderbos

11.1 648725

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 130 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 11.1 ----------------------------------------------------------------------------

Île en mer

Jean-Paul Ursu Belderbos

Jean

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Paul rêvait, assis sur une des pierres taillées du

château de Montredon, au milieu des ruines envahies par les broussailles et les chênes verts. Il avait seulement 12 ans, mais il échafaudait des projets fantastiques, notamment pour ces ruines qu’il comptait bien acquérir un jour et relever, et restaurer le château, pour en faire sa résidence. Paul Wright était le fils d’Angus Wright un écossais établi en France en tant que médecin. Il avait acheté une propriété à Villevieille, un petit village perché sur une colline surplombant la ville de Sommières dans le Gard. De son salon la vue s’étendait sur toute la vallée et jusqu’au Pic St Loup en un vaste panorama qui enflammait l’imagination de son fils, Paul.

Excellent élève il venait d’intégrer la classe de 3° du collège de Sommières, et ses connaissances très étendues pour son âge, lui valaient d’être en tête de tous les classements. L’esprit vif, il saisissait tout de suite le sens des choses que les professeurs expliquaient et naturellement il était devenu le meilleur élève de l’école dans toutes les matières. En

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plus il parlait déjà plusieurs langues, grâce à ses parents qui voyageaient énormément, et avaient une résidence secondaire au Portugal. Il lisait et pensait en Portugais, en Espagnol, en Anglais et en italien. De plus il avait appris le latin en autodidacte, en fouillant dans les bibliothèques… Mais la matière où il excellait le plus c’étaient les Mathématiques. Il avait découvert un traité de mathématiques supérieures dans une bibliothèque de Lisbonne deux ans auparavant et avait dévoré le volume en quelques heures, assimilé et compris son contenu le jour même alors que certains passent leur vie à essayer de comprendre. Le calcul des probabilités n’avait plus de secrets pour lui. Son père l’admirait sincèrement et lorsqu’il alla le voir pour lui demander un entretien, il se garda bien de refuser.

– Père, dit-il, je veux être riche ! dit-il en préambule…

– mais tu ne manques de rien, ici, que je sache ? – Tu ne comprends pas ? Je veux devenir très

riche, car j’ai des projets très importants et pour les réaliser il me faudra des sommes énormes. Tu peux m’aider, parce que je suis trop jeune pour ouvrir un compte en banque, toi par contre tu peux le faire pour moi.

– Mais combien veux tu y déposer, sur ce compte ? – je voudrais y déposer tout l’argent que je vais

gagner en attendant que je sois majeur pour pouvoir en disposer à ma guise. Bien entendu, je te donnes un

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pourcentage sur chaque somme que je te demanderais de déposer…

– tu peux m’expliquer comment tu vas gagner des sommes d’argent ? Comment vas tu t’y prendre ?

– j’ai étudié très sérieusement les courses hippiques et j’ai découvert comment découvrir la combinaison gagnante des jeux de Tiercé et Quarté. Avec un investissement de trois francs au départ, on va gagner des sommes importantes qui nous permettront de gagner plus gros. Mais il faut que tu ailles faire certains papiers pour que je puisse jouer par téléphone en ton nom.

Le père de Paul comprit que son fils parlait très sérieusement et il se dépêcha de tout faire pour lui faciliter les choses et en quelques semaines l’avenir lui prouva qu’il avait bien fait de l’aider. Quatre fois sur cinq il tombait juste, et son compte bancaire devint très vite millionnaire.

Tous les jours Paul établissait un liste de jeux que son père passait par téléphone directement au bureau de PMU, mais il avait présenté son fils et celui-ci pouvait désormais jouer au nom de son père. Il commença tout de suite par des sommes maximales possibles, c’est à dire plus de trente fois la mise normale. Pour le Tiercé qui n’avait lieu que le samedi et le dimanche il jouait trente fois 3 francs pour une combinaison simple à trois numéros. Et rapidement il obtint des gains fabuleux. Son père lui dit que ce n’était pas la peine de lui donner un pourcentage, car

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il jouait lui aussi la même combinaison mais plus modestement cinq à six fois 3 francs et il gagnait ainsi une belle somme.

Le jour où Paul obtint les résultats des examens du Baccalauréat, et apprit qu’il était gagnant avec en plus avec mention très bien, il accumulait son premier milliard de francs. Mais il ne s’était pas contenté d’engranger sur son compte, de l’argent si facilement gagné. Il avait fait de très judicieux placements qui rapportaient bien et racheté une entreprise de cosmétique qui périclitait. Il ouvrit la vente par correspondance et l’entreprise remonta rapidement et rembaucha le personnel licencié puis continua à embaucher et à se multiplier.

Tous les jours debout à cinq heures du matin, Paul allait faire un tour de village, en courant, puis il rentrait et passait ses ordres de jeu par téléphone, ensuite il s’occupait des placements en bourse, et de la recherche d’opportunités financières, avant d’aller en classe. Il ne négligeait rien, ni pour gagner de l’argent ni pour s’instruire.

Présenté au Bac à quatorze ans il les décrochaient tous les deux sans être passé par la classe de seconde ni de première. La terminale directement et les deux Bac ensuite et à quinze ans inscrit à la faculté de droit de Montpellier.

L’année suivante il obtenait son deuxième milliard qui ne devait rien au jeu, mais plutôt aux investissements judicieux, ce qui lui permit d’acheter

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plusieurs milliers d’hectares de terre en bordure de la méditerranée entre Narbonne et Port-la-Nouvelle. Son père bien sûr se chargea de l’achat et des formalités notariales, en son nom, de même il donna les ordres de création d’un port avec une jetée en avance sur la mer. A seize ans, plusieurs fois milliardaire, il s’installait avec ses parents dans une villa située au sommet d’une grosse colline surplombant le nouveau port, qui comptait un quai de trois kilomètres de long, divisé en cinq bassins délimités par des jetées avançant dans la mer. Tout avait été construit de main de maître par l’entreprise qu’il avait rachetée et développée, diversifiée en usine fabriquant des mobiliers urbains en béton, qui commençait à vendre à l’étranger. Parallèlement à tout cela il avait créé une société intitulée Organisation internationale des Hommes libres, qui commençait à être connue sous le sigle Orinhol. Il allait dans les Écoles supérieures et embauchait les nouveaux promus pour constituer son état major. Il nomma des directeurs pour chaque parties de cette organisation, en privilégiant la recherche scientifique.

De nouveaux bâtiments virent le jour, sur la propriété le long du quai et vers le Nord l’usine des mobiliers de béton et vers le sud l’usine chimique biologique. Passionné par le milieu marin Paul avait de bonne heure investi dans une société qui pratiquait des travaux sous marins et il avait une bonne partie des actions nécessaires pour pouvoir faire partie des

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dirigeants de cette société. Et il entreprit de faire faire des études du milieu marin au large du port, avec un bateau d’études, un ancien minéralier aménagé en laboratoire flottant. Progressivement il rachetait de vieux méthaniers et les faisait restaurer, et remettre en état. Il créa une société qui lui rapporta immédiatement des sommes fabuleuses en vendant de l’eau douce aux arabes d’Arabie saoudite, au Koweït et au Qatar. Il avait appris l’arabe en quelques jours et était allé voir les émirs chez eux. Son naturel aimable et son intelligence lui permirent de passer des contrats juteux et il passa commande aux Chantiers Navals de Saint-Nazaire d’Aqualiers entièrement en inox. Poursuivant son idée de créer une île où il pourrait vivre en toute tranquillité, et créer des choses qu’il ruminait depuis longtemps, il commanda plus d’un millier de caissons en inox à triple coque « nid d’abeille », un procédé qu’il avait inventé pour renforcer la coque qui ainsi traité pouvait résister à des pressions extérieures élevées comme celles de fonds marin à plus de mille cinq cent mètres. Une étude approfondie de la carte bathymétrique du golfe du lion lui apprit qu’à environ deux cent quarante miles des côtes françaises un haut fond sous la forme d’un piton rocheux existait et remontait jusqu’à moins deux cent mètres. Une fois aplani et aménagé, ce serait la plate forme idéale pour l’implantation d’île Un, la première île métallique du monde.

Aux fins d’aménager ce site sous marin, Paul fit

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aménager trois anciens minéraliers en navire ateliers pouvant s’ouvrir sur le côté de la coque, et les navires prirent position au dessus du site, ouvrant leurs panneaux latéraux du même côté il les fit assembler en carré, laissant un quai sur le côté Nord de la plate forme ainsi créée. Une plate-forme à six mètres au dessus du niveau de l’eau avec sur trois côté les ateliers de mécanique et électromécanique, préparation de plongée et travaux sous marins. Les trois navires solidarisés ne formaient plus qu’un seul bloc ! Un ponton amarré solidement au quai permettait la mise à l’eau des plongeurs de surface, c’est à dire jusqu’à moins deux cent mètres.

Le premier travail des plongeurs fut d’amarrer sur le haut fond cet ensemble afin d’éviter la dérive. Quatre énormes câbles d’acier ancrés solidement dans le roc et l’île fut prête pour commencer les travaux. Dans un deuxième temps les plongeurs durent placer des explosifs dans certains endroits pour éliminer les reliefs qui pourraient gêner, de façon à aplanir la zone sur une douzaine d’hectares à peu près. Pendant ce temps en surface on commençait à s’équiper de projecteurs et de groupes électrogènes puissants. Paul avait trouvé un ancien « ferry » de la Baltique, vendu par une société Suédoise, qui rejoignit l’île et se souda aux trois navires, prolongeant un côté du « carré ». l’avantage de cet ajout était un véritable hôtel de quatre cent chambres, avec restaurant et cinémas pour la détente du personnel. L’autre atout était la

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possibilité d’accostage des navires et véhicules par le côté du ferry réservé à cet usage.

Le grand principe de l’Orinhol étant la parité des sexes, les équipes de travailleurs étaient en majorité composées de couples. Rien que les quarante plongeurs, soit vingt hommes et vingt femmes, symbolisaient déjà ce que serait le personnel de l’île. Les gens étaient embauchés par couple de préférence. L’équipe d’océanologues et de biologiste de marine, qui travaillait au port pour l’instant était entièrement composée de couples. Et les travaux semblaient prometteurs sur le plan de la nutrition. Les recherches portaient sur les algues et surtout celles qui pouvaient être mangées par l’être humain. Presque toutes les algues sont comestibles, mais certaines sont meilleures que d’autres…

Une équipe de techniciens et d’ingénieurs travaillaient sur un genre de bathyscaphe tout à fait nouveau qui permettrait d’explorer les fonds marins, mais l’accent était mis sur la grande visibilité et l’énergie permettant d’éclairer les profondeurs. Plusieurs prototypes avaient été construits et essayés aussitôt. Un plan incliné descendait directement à moins quatre cent mètres de profondeur sur moins d’un kilomètre de distance de la côte. Un des engins semblait prometteur et un ingénieur belge qui avait déjà une certaine notoriété, un certain Picard, travaillait au projet. Tous les jours, le bathyscaphe sur chenilles descendait dans les flots pour descendre

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toujours plus bas et plus loin pour améliorer ses performances. Arrivé à moins mille huit cent cinquante mètres, une fuite importante l’obligea à remonter en vitesse et ce fut vraiment de justesse qu’une grave catastrophe, fut évité. Ensuite les descentes reprirent mais espacées d’une semaine, ce qui permettait d’apporter des modifications technique à chaque remontée. Parallèlement des ingénieurs accompagnaient la descente et faisaient des prélèvements d’eau, de sable et de roches et l’étude de ces prélèvements permit d’améliorer la respiration à bord en utilisant la culture d’algues dans un compartiment du bathyscaphe. Le gaz carbonique rejeté par la respirations des occupants de l’habitacle était absorbé par les algues qui rejetaient de l’azote, de l’hélium et de l’oxygène qu’un engin de plus en plus perfectionné transformait en air respirable. Au bout d’un an de recherches minutieuses le bathyscaphe pouvait rester plus d’une journée entière sous la surface. Plusieurs paliers de décompression avaient été aménagés tout le long de la piste de descente, des étapes indispensables pour la remontée, et chaque espace sous marin avait une surface bétonnée et la première en descendant à moins trois cent mètres avait été aménagée en laboratoire d’études. Une construction en béton réalisée en modules de trois cent mètres cubes aménagés en surface et descendus et assemblés sous la surface. Y résidait en quasi permanence six couples de biologistes marins qui

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étudiaient les courants, l’eau et la faune. L’algue Chlorella permit réaliser des cultures dans une pièce entièrement réservée assurant la respiration des six personnes pendant plus de vingt quatre heures renouvelées. L’arrivée d’une base en inox à triple parois commandée spécialement à Saint- Nazaire, avec de larges baies pour l’observation directe, permit de la déposer sur le fonds à moins sept cent mètres et créer ainsi la deuxième base habitée de scientifiques. Le sas simplifié permettait le branchement sur le bathyscaphe et le transfert des personnes s’effectuait avec aisance.

L’établissement de la troisième base d’étude fut l’objet d’une petite fête à Freehaven, car les études et les essais quotidiens puis hebdomadaires avaient permis de permettre la vie à moins mille deux cent mètres de profondeur, là où la nouvelle base en inox renforcé fut installée. Cette fois ci vingt quatre scientifiques des deux sexes, biologistes, botanistes, géologues, ichtyologistes et océanologues se côtoyaient avec chacun son module de repos et plusieurs modules laboratoires en relation directes avec les modules de repos et de restauration. En tout la base couvrait presque un hectare et comportait des modules de plusieurs niveaux. La piste sous marine passait à côté et continuait sa descente, jusqu’à moins deux mille quatre cent mètres, qui était le maximum de distance atteint à ce moment là.

La commande des caissons avait été passée en

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février et les premiers à arriver avec le puissant remorqueur commandé lui aussi, apparaissaient en octobre. Les cinq éléments en inox formaient un cortège impressionnant, et le convoi fut repéré très tôt par les guetteurs qui surveillaient l’horizon marin en permanence. Cinq caissons dépassant de quarante mètres du niveau de la mer et de cent mètres de long. Le fond de béton avait été coulé en usine, car les poutrelles d’acier devaient être mises en tension pendant le coulage et durant toute la prise du béton et les chantiers de St Nazaire étaient équipés pour ce genre d’opération.

Avant de les conduire sur le haut fond, les techniciens d’Orinhol allaient mettre en place les différents niveaux qui seraient occupés par les laboratoires, et chaque caisson emporterait un ou deux bathyscaphe à chenillettes. Pour l’instant ils étaient amarrés aux cinq digues d’attente qui avaient été construites, et les portes étanches devaient être mises en place sur la paroi des éléments qui seraient en face du plan incliné du haut fond qui emporterait les engins d’exploration à moins mille cinq cent mètres. Chacun des six engins mesurait douze mètres de large et de haut sur trente trois mètres de long, car des cabines étaient aménagées et un salon de repos pour les trois couples qui seraient à bord…

Le remorqueur avec la coque en inox, qui avait coûté le double du prix d’un navire normal, mais en revanche était éternel, étincelait à l’amarre devant