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FIPF REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS N° 377 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2011 le français le monde dans Révolutions numériques Faut-il encore apprendre ? Haïti et les mots d’après : Dany Laferrière, Rodney Saint-Éloi, Yanick Lahens… Le cinéphilo d’ Ollivier Pourriol S.B.W. Toulonnais et All Black // MÉMO // // DOSSIER // Argentine : l’intégration linguistique au lycée Apprendre le français en Afghanistan // MÉTIER // // ÉPOQUE //

Le français dans le monde 377

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Numéro de septembre / octobre 2011 de la revue internationale et francophone des professeurs de français Le français dans le monde.

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Page 1: Le français dans le monde 377

FIP

FREVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

N° 377 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2011

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Révolutions numériquesFaut-il encore apprendre ?

Haïti et les mots d’après : Dany Laferrière,Rodney Saint-Éloi, Yanick Lahens…

Le cinéphilo d’Ollivier PourriolS.B.W. Toulonnais et All Black

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N°3

77

// MÉMO //

// DOSSIER //

Argentine : l’intégrationlinguistique au lycée

Apprendre le français en Afghanistan

// MÉTIER //

// ÉPOQUE //

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> Des thématiques actuelles animées par un réseau d’ados

> Une démarche actionnelle :chaque leçon aboutit à une tâche à réaliser en interaction

> L’apprentissage du français dans une perspective interdisciplinaire

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ÉPOQUE4. PortraitNicolas Fraissinet« Je suis venu à la chanson grâce au cinéma »

6. TendanceTout bio or not too bio ?

7. SportToulonnais un jour, All Black toujours

8. ÉconomieNouvelles initiatives pour l’économie numérique

10. RegardLe développement durable 25 ans après

12. RencontreL’écran philosophal d’Ollivier Pourriol

13. FestivalSons et images du monde en Arles

14. Une journée dans la vie de…Sabrina, épicière

MÉTIER18. L’actuFIPF : Il fait toujours beau quelque partMarseille, l’Institut Français rencontre le réseau

20. FocusLe TBI fait partie de la classe numérique globale

22. Mot à motDites-moi Professeur

24. ClésLa notion de geste

26. ZoomJe m’appelle Samir et je suis élève au lycée Esteqlalen 9e 1

28. Savoir-fairePour une évaluation efficace de la communication orale

Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org

Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011 1

Sommaire

34

Rencontres franco-indiennes autour de la danse et du théâtre

Métier / Reportage

30. TémoignageÉduquer contre le racisme, le témoignage de Lilian Thuram

32. ExpérienceFaire de la phonétique sans s’en rendre compte

34. ReportageRencontres franco-indiennes autour de la danse et du théâtre

36. EntretienBernard Cerquiglini Le français à l’université, avant-garde de la Francophonie

38. InnovationPédagogie en kit pour l’audiovisuel en classe

40. EnquêteL’intégration linguistique, une spécificité du lycée Jean-Mermoz

42. RessourcesDisques durs virtuels

Les fiches pédagogiques à télécharger

Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des Professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel Hovelacque – 75 013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Directeur de la rédaction Jacques Pécheur (ministère de l’Éducation nationale – FIPF) Secrétaire général de la rédaction Sébastien Langevin Relecture/correction Marie Chadefaux Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0412T81661. 51e année.Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Chantal Parpette, Jacques Pécheur, Florence Pellegrini, Nathalie Spanghero-Gaillard.Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5), Xavier North (DGLFLF), Soungalo Ouedraogo (OIF), Nadine Prost (MEN), Jean-Paul Rebaud (MAEE), Madeleine Rolle-Boumlic (FIPF), Vicky Sommet (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

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MÉMO60. À écouter

62. À lire

66. À voir

INTERLUDES2. GrapheSéduire

16. PoésieVincent Delerm : « Quatrième de couverture »

44. NouvelleBrigitte Aubert : « Tendres Duos »

58. BD ARichard : « Abidjan»

70. JeuxC’est la rentrée !

Dossier

● Tendance : Tout bio or not too bio ?

● Économie : Nouvelles initiatives

pour l’économie numérique

● Une journée dans la vie de…

Sabrina, épicière

● Poésie : « Quatrième de

couverture »

● Clés : La notion de geste

● Témoignage : Éduquer contre

le racisme, le témoignage de

Liliam Thuram

● Tests et jeux

fiches pédagogiques à télécharger sur :www.fdlm.org

numéro 377

48

Révolutions numériquesFaut-il encore apprendre ?« Notre façon d’appréhender le savoir doit évoluer » .......................50Des enseignants français qui innovent .............................................52Former les enseignants à la didactique de l’Internet........................ 54Web 2.0 c’est à dire… .......................................................................55Lille et Bombay : des réseaux pour mieux apprendre et enseigner ..56

SOMMAIRE-BAT_SOMMAIRE.B.A.T 08/08/11 10:17 Page1

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dossier //

48 Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

Révolutions numé Faut-il encore

Blogue

Terme issu de la contraction de « Web »et « Log », le blogue est un journal enligne qui permet à son animateurd'échanger ses points de vue avec seslecteurs. Ainsi, chaque nouvel articlepeut faire l’objet de nombreux commen-taires postés par les visiteurs du siteIssu de la contraction de blog et bio-sphère, le terme « blogosphère » désignel’ensemble de la communauté qui animedes blogs.

Twitter

Twitter est un outil de réseau social et demicroblogage qui permet à l’utilisateurd’envoyer gratuitement des messagesde 140 caractères maximum, appelés« tweets » (« gazouillis »).

Wiki

Terme s’inspirant de l'hawaïen « wiki-wiki », signifiant « vite ». Un wiki est unoutil de gestion de site web qui permetaux utilisateurs de publier et de modifierfacilement du contenu. Créée en 2001,l'encyclopédie libre Wikipédia est tou-jours le wiki le plus utilisé au monde.

Podcast

Réseau social

Issu de la contraction de « Ipod » et « Broadcast » (diffusion),le podcasting est un moyen de diffusion de fichiers sonoressur Internet. Des sites permettent à des utilisateurs de pu-blier leurs fichiers audio et vidéo et de les mettre à disposi-tion du public.

Le concept de réseau social en français définit des commu-nautés d'utilisateurs qui se sont regroupés en fonction decentres d'intérêts communs. Cela touche les domaines lesplus divers : loisirs, passions, vie professionnelle... Facebookest le réseau social le plus utilisé.

Tags

Les tags (« étiquettes » enfrançais) représentent l’undes éléments les plus carac-téristiques des sites rentrantdans la sphère du Web 2.0.En effet, la plupart des conte-nus postés sont repérés etidentifiés par ces fameux tagsqui sont proposés par le pro-ducteur de contenu. Ces tags(ou « mots-clés ») sont ensuitecensés faciliter l'identificationet la recherche de contenudans les bases de données.

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49Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

riques apprendre ?

Les révolutions en courstouchent aux fondementsmême de notre rapportaux savoirs, au savoir. Lesoutils que nous fournis-

sent les technologies de l’informationsont des démultiplicateurs d’intelli-gences, de nouveaux chemins d’ac-cès à la connaissance, de réelles au-toroutes de l’information.Rien de plus simple que de créer uneboîte de courrier électronique, uncompte sur Facebook ou sur Twitter,puis de les utiliser au quotidien. Le

plus difficile sera certainement des’en passer, une fois les habitudesélectroniques prises. Ce train enmarche, chaque enseignant dechaque discipline se devra de leprendre, tôt ou tard.Car bien entendu, demain, il faudraencore apprendre, donc toujours en-seigner. Mais peut-être plus la mêmechose, et certainement pas de lamême façon. Plus que jamais, il fau-dra maîtriser l’outil de base, le pluscomplexe et le plus efficace : lalangue. n

Toutes les images de ce dossier sont

© Electronic Arts. Elles sont tirées des Sims,

jeux vidéo de simulation de vie.

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50 Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

Dans son livre au titre enforme de provocation,

Olivier Charbonniers’interroge sur les questionsfondamentales du rapport

au savoir et desbouleversements de

l’enseignement qui découlentdes révolutions numériques.

Explication de texte.

Le rapport au savoir s’est-il tellement modifiéque l’on puisse vraiment se demander s’il est encore utile de continuer à acquérirdes connaissances ?Olivier Charbonnier : Trois grands mouvementssont en train de se mettre en place. Tout d’abord, ladélégation : notre façon d’apprendre était basée surla rareté du savoir. Désormais, avec Internet, tous lessavoirs du monde ou presque sont disponibles entrois clics, si l’on sait où et comment chercher. Le rap-port entre mémoire et savoirs est en train d’évoluer :au Danemark, certaines épreuves de l’équivalent dubac se déroulent déjà avec Internet… Ensuite, latransformation du savoir : au fur et à mesure qu’onle sollicite, le savoir évolue, est perçu comme insta-ble. On est loin de la représentation sacralisée quel’on avait il y a peu encore. Enfin, la fragmentationdu savoir. Nous sommes habitués à un savoir orga-nisé et bien structuré, alors que de plus en plus nousallons être confrontés à un savoir qui va nous arriverpar petits bouts, sans forcément de cohérence.

Pourquoi est-il selon vous indispensable deréfléchir à la meilleure manière de maîtriserInternet et plus généralement les cultures

numériques dans l’enseignement ?O. C. :Le savoir est en train d’évoluer, notre façon del’appréhender doit également évoluer. Le risqueétant que nous pouvons atteindre la surcharge men-tale. Nous devons transférer notre effort, alléger cetexercice de mémoire traditionnel. Les enjeux ? Nousdevons faire la part des choses entre ce qu’il faudraitconserver « en mémoire » et ce que l’on peut gagneren terme de rapport au savoir. L’école a intérêt à nousaccompagner dans ce type de besoins.

Tous les enseignants, de toutes lesdisciplines, sont-ils voués à devenir des« éducateurs du traitement de l’info », commevous l’écrivez ?O. C. : Tous les enseignants ont intérêt à intégrer laquestion du traitement de l’information dans leurenseignement. En histoire, en mathématiques ou enmusique, les enseignants devront faire la part des

Propos recueillis par Sébastien Langevin

Olivier Charbonnier est cofon-dateur de D-Sides, directeurgénéral d’Interface (Études,Conseils et Formation) et pré-sident de Consultants SansFrontières. Il est le coauteur,avec Sandra Enlart, de Faut-ilencore apprendre ? (Dunod,2010).

« Pour gagner dans un jeu vidéo, il faut mettre en place une stratégiedu traitement de l’information et dela prise de décision : il peut paraîtreopportun de réinvestir ça dans lechamp pédagogique. »

dossier // Entretien

« Notre façon d’appréh

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51Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

choses entre ce qui devra être en mémoire et le sa-voir « délégué ». Les enseignants pourront dans unmême temps réfléchir aux capacités dégagées par lessciences cognitives, comme la polarisation, l’ouver-ture ou la flexibilité mentale.

Détourner jeux vidéo et réseaux sociaux pourles utiliser à des fins d’apprentissage peut

tous les savoirs du monde » à ses étudiants… Les jeuxvidéos ou les réseaux sociaux doivent être utilisés,détournés, pour servir d’attracteurs certes, mais desattracteurs qui viennent renforcer une vraie capacitépédagogique. Ainsi, pour parvenir à gagner dans unjeu vidéo, il faut mettre en place toute une stratégiedu traitement de l’information et de la prise de déci-sion, notamment : il peut paraître opportun de réin-vestir ça dans le champ pédagogique.

Vous sous-entendez que maîtriser la langue,une langue, fait partie des préalables aux« savoirs de base » indispensables à acquérir.Les professeurs de langue ont-ils un rôleparticulier à jouer dans cette « révolutionnumérique » de l’enseignement ?O. C. : Les « savoirs fondamentaux » seraient le soclecommun de savoirs dont nous avons besoin pour in-teragir avec quelqu’un. Bien entendu, la maîtrised’une langue commune fait partie de ce socle. Au-delà, cela pose la question de l’utilisation des réseauxsociaux dans l’apprentissage de la langue. On s’ap-proche là de l’autoformation. Cela implique une cer-taine forme de libération par rapport au caractèresacré de la langue. On peut s’en inquiéter, mais inté-grer l’aspect « en évolution » est certainement unpoint positif pour apprendre une langue. n

À la croisée du Web 2.0 et des neurosciences, lesauteurs de ce livre au titre iconoclaste se livrent àune projection qui pourrait être salvatrice : com-ment intégrer dans notre quotidien les nouveauxflux d’information créés par les Technologies del’information et de la communication (TIC). De-vons-nous seulement subir cette « violence » quibombarde nos rétines et nos cerveaux, du matinau soir et du soir au matin, d’images animées etdésordonnées ? Pouvons-nous tirer partie de cesrévolutions numériques pour au contraire forgerde nouveaux outils intellectuels qui feront de

nous ce que nous sommes déjà : des êtres qui sanscesse apprennent, apprennent, et apprennent en-core, partout et tout le temps. Car communiquerc’est apprendre, jouer c’est apprendre, échangerc’est apprendre. Le bilan posé, Sandrine Enlard etOlivier Charbonnier en tirent les conséquences,et donnent même des pistes concrètes pour sepréparer à ce qu’ils appellent la « société cogni-tive ». Ultime provocation, l’ouvrage se clôt sur undernier chapitre aux fausses allures de cauche-mar de science-fiction : « Accompagner les mu-tants ». Un cauchemar ? Non, un rêve. S.L.n

compte rendu

« Constater qu’Internet a changé nos vies (dans une cer-taine mesure) n’est pas bien nouveau. Ce qui nous inté-resse ici, c’est de savoir si ce bouleversement a un im-pact sur nos façons d’apprendre. Parce qu’apprendre estintimement lié à notre accès à l’information, alors Inter-net devient un évènement majeur. Parce qu’apprendreexige de s’inscrire dans des processus de socialisation,alors les réseaux sociaux qui se sont multipliés avec In-ternet ne peuvent que nous interpeller. Enfin, parce qu’ap-prendre et agir sont les deux faces d’un même objet, alorsla numérisation exponentielle de nos univers profession-nels doit être appréhendée avec la plus grande attention.[…] Avec 1,5 milliard de personnes aujourd’huiconnectées dans le monde, dont 70% n’ont pas30 ans, le nombre d’internautes a été multiplié par

trois depuis l’an 2000. Surtout, les pays les plusriches de la planète ont été rattrapés par les autres defaçon saisissante : en 2008, les internautes chinoisdépassaient les Nord-Américains (respectivement 253millions contre 220 millions, chiffre à relativiser par untaux de pénétration de 70% aux États-Unis contre àpeine 20% en Chine). Au cours de la même période(2000-2008), le nombre d’internautes a crû de1176% au Moyen-Orient, 1030% en Afrique, 659% enAmérique Latine-Caraïbes et 265% en Europe. Inter-net est la grande révolution, celle qui a tout changé etdont on a pas fini de mesurer les conséquences. »

Sandra Enlart & Olivier Charbonnier, Faut-il encoreapprendre ?, Dunod, coll. « Tendances psy », 2010,p. 13-14.

Extrait

Vous pouvez répéter la question ?

ender le savoir doit évoluer »sembler complexe à des professeurs qui nesont pas totalement familiers de ces « outilsculturels »…O. C. : Il y a en effet une double difficulté. La com-plexité apparente due à un manque de familiaritéd’une part, et, surtout, d’autre part, la résistance lé-gitime quand on a construit toute son expérienceprofessionnelle sur la rareté des savoirs. Un ensei-gnant va devoir être capable d’avoir recours à Wiki-pédia en classe, il va devoir « avouer » : « Je n’ai pas

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dossier // Reportage

52 Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

Des enseignants français

Quand les nouvellestechnologies et

particulièrement les outilsdu Web 2.0 se font porteurs

d’innovations pédagogiques.Reportage.

‹‹M ettez centenseignantsinnovantsdans un lieuhospitalier,

favorisez les échanges, confrontez dansun cadre amical les idées et les projetset vous obtenez ce que l’école a de meil-leur : le souci de donner accès aux ap-prentissages et de former des futurs ci-toyens responsables et épanouis  »,commente sur son blogue MoniqueRoyer à l’issue du Quatrième forumdes enseignants innovants. UnForum qui, pour François Jarraud, lerédacteur en chef du site Internet Lecafé pédagogique, a surtout pour ob-jectif de « mettre en réseau » les en-seignants et de les « regonfler ».Au bout du Forum, pas moins de centprojets d’une très grande diversité oùles nouvelles technologies occupentcertes une place de choix, mais où latransmission de la connaissance restetout de même au cœur de chaque démarche et de chaque projet.

Apprendre à lire avec TwitterC’est le cas du projet de Jean-RochMasson, «  Apprendre à lire avecTwitter ». Pourquoi Twitter ? Parceque, commente ce professeur desécoles à Dunkerque, « 140 caractèrespar message, c’est une longueuridéale ». Et parce que « mon objectif

est que les enfants triturent le codepour en tirer du sens ». Et c’est ce quise passe : les élèves envoient et re-çoivent des messages sur le compteTwitter de leur classe. Mais Jean-Roch Masson se veut rassurant ; il nes’agit pas de « faire passer l’outil avantl’apprentissage  » : les tweets sontd’abord écrits sur un cahier indivi-duel avant d’être écrits au clavier, etl’intéressé veille à l’orthographe.Classique et innovant en somme.D’ailleurs notre professeur desécoles a de solides références qui leplacent au-dessus de tout soupçon etde toute querelle sur les méthodesde lecture. Travailler avec Twitter,c’est réinventer la célèbre imprime-

rie scolaire du grand pédagogue Cé-lestin Freinet avec l’objectif de faireécrire. Avec cependant deux grandesdifférences : l’instantanéité de la ré-ception des messages et leur visibi-lité. Reste que « l’élève n’écrit pluspour l’enseignant mais pour être vrai-ment lu et avoir une réponse ». Ce quin’empêche pas Jean-Roch Massond’être extrêmement attentif aux rè-gles : droit, usage, politesse, ortho-graphe… et d’en imposer une en par-ticulier, le travail en binôme, quifavorise une logique d’entraide.

Utiliser un monde virtuelC’est aussi du côté des nouvellestechnologies que Jean-Paul Moi-raud, professeur de gestion, est alléchercher les outils de son projet :« Utiliser un monde virtuel dans undispositif d’apprentissage ». Un pro-jet qui s’adresse à des étudiants quisuivent un cursus de créateur demode et préparent un diplôme supé-rieur d’arts appliqués.« Difficile de faire venir physiquementdes créateurs de mode suroccupés pourparticiper aux enseignements », ex-plique Jean-Paul Moiraud, d’oùl’idée de « recourir à un univers vir-tuel où chaque personne apparaît sousles traits d’un avatar évoluant dans unenvironnement de synthèse ». Mais at-tention, on n’est pas dans SecondLife, c’est à dire dans une société pa-rallèle entièrement reconstituée.

Un moment unique de rencontres Le Forum de l’innovation est un mo-ment unique où les associations pro-fessionnelles se rencontrent. Organisépar le Café pédagogique, le Forum, quia rassemblé à Lyon les 20 et 21 mai2011 une centaine de participants etsélectionné plus de 90 projets, est réa-lisé avec 17 associations d’ensei-gnants ou complémentaires de l’École.Il a bénéficié du soutien du ministère del’Éducation nationale, de la régionRhône-Alpes, de l’Ifé, du Syntec et deMicrosoft.

qui innovent…Par Jacques Pécheur

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53Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

Grâce à une application en ligne, As-semblive, notre professeur de ges-tion organise une fois par mois, uneconférence virtuelle où tous les par-ticipants, comprenez leurs avatars,s’installent sur des sièges virtuelsdans un auditorium virtuel pourécouter le professionnel invité. Si

tout est faux, personne n’est présentphysiquement, tout est vrai aussipuisque tous sont, à distance, pré-sents et que le vrai conférencier ré-pond aux questions de vraies étu-diantes.On a affaire là un mode d’enseigne-ment qui, sur le plan mondial, com-mence à émerger : c’est à Jean-PaulMoiraud qu’on doit en 2009, son in-troduction en France où depuis il aconquis d’autres établissements.De là à croire que le numérique varemplacer les professeurs ou qu’il vapermettre de faire des économies, ceprofesseur pourtant innovant n’ycroit pas : « Ce type de dispositif ré-clame une grande maîtrise techniquequi ne va pas de soi, une grosse prépa-ration et, dans l’idéal, des fonctions an-nexes à celles de l’enseignant. »

Bubul, de la pâte à modeler à InternetPassage aussi par un espace projec-tif pour Monique Argoualc’h, maiscette fois avec la création de filmsd’animation. Une expérience qu’elleconduit depuis 2008 en compagniede Bubul, petit bonhomme en pâtepolymère à qui l’on doit d’avoir re-donné le goût d’apprendre à desadolescents en passe de rompreavec le système scolaire.Ces élèves du collège Rive-Droite deBrest (Bretagne) sont en effet engrande difficulté : « Ces jeunes, ex-plique Monique Argoualc’h, ont unerelation conflictuelle avec l’école,mais ce qui ressort surtout au pre-mier contact, c’est leur déficit d’es-time de soi. » C’est donc il y a troisans, que cette enseignante a com-mencé à mettre en contact lesélèves qu’elle encadre avec desélèves de classe maternelle. Et decette rencontre est né Bubul, unbrun naïf mais un personnage trèscoloré et facétieux qui a pour

mission de prévenir les accidentsdomestiques.Bubul créé, il a fallu l’animer et là, leschoses sérieuses ont commencé  :création de décors, conception de labande-son, écriture des dialogues,tournage… Les adolescents ont prispart à toutes les étapes qui ont fait deBubul, personnage, un film d’anima-tion de neuf minutes. « Un film, unDVD, c’est une trace matérielle, tangi-ble de leurs efforts. C’est valorisant. »Sans doute pas aussi valorisant queles applaudissements des parents etque l’écho dans la presse locale.Entre-temps, Bubul est devenu l’in-terlocuteur des adolescents sur Twit-ter au point de leur faire ouvrir leurcartable à la maison. Pour MoniqueArgoualc’h, « une vraie victoire ! ».Le Web 2.0 et les nouvelles techno-logies (Twitter, tablettes numé-riques, mondes virtuels…) s’affir-ment bien comme porteusesd’innovations pédagogiques. Des in-novations qui témoignent d’uneécole ouverte où comme l’écrit Mo-nique Royer : « Des mots que l’on aimeà entendre ont repris leur place et leursignification : innovation, commu-nauté, motivation, apprendre, décou-vrir, élève, et tant d’autres encorecomme enfance ou s’amuser. » n

Travailler avec Twitter,c’est réinventer la célèbreimprimerie scolaire dugrand pédagogue CélestinFreinet avec l’objectif de faire écrire.

Bubul créé, il a fallul’animer et là, les chosessérieuses ont commencé :création de décors,conception de la bande-son, écriture des dialogues,tournage… Les adolescentsont pris part à toutesles étapes qui ont fait deBubul, personnage, un film d’animation deneuf minutes.

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dossier // analyse

54 Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

Former les enseignants à la didactique de l’Internet

DidacTIClang, une expérience

modulaire de formation

aux TICE.

Former à la didactique du FLE, c’est l’objectif du projet DidacTIClang, unprojet européen attaché au pro-gramme Comenius, et disponible sur Internet à l’adresse suivante :

www.didacticlang.eu /fr/index.htm.

Quatre modules pour une formationDidacTIClang propose une formation de profes-seurs de langue à une didactique de l’Internet et en-tend promouvoir l’utilisation des TICE (Technolo-gies de l’information et de la communication pourl’enseignement) dans l’enseignement-apprentis-sage des langues étrangères. Il s’attache à motiverles enseignants et les formateurs de formateurs à enfaire le meilleur usage dans la pratique. Cette di-dactique de l’Internet vise à rendre l’enseignant plusperformant et plus autonome. Le programme de formation articule présentiel etphase à distance autour de quatre modules.Un premier module consacré à l’utilisation desressources Internet non didactisées pour appren-dre-enseigner les langues.Le deuxième module est centré, lui, sur l’évalua-tion et l’utilisation des ressources didactisées surla Toile : il les considère du point de vue de l’ergo-nomie, du design didactique, du soutien pédago-gique, des aides qu’elles offrent ou des possibilitésde feedback qu’elles incluent.Le troisième s’intéresse quant à lui à l’utilisation desoutils de communication et de collaboration à sa-voir les tchats, forums, weblogs ou wikis.Quant au quatrième et dernier module, il agrège des

modules pour concevoir et développer des unitésd’apprentissage interactives : Text Toys, HotPotatoes,Lulu’s Games, Swarthmore ou MatchMakers.Pendant la phase en présentiel, les participants dé-couvrent les bases de la méthodologie DidacTIClang,travaillent sur des exemples concrets et ont l’occasionde produire leurs propres matériaux d’enseignement.La phase à distance permet de faire l’expérience di-recte des outils de communication et de collaborationafin de permettre la réflexion sur cette pratique et lamise en place d’une méthodologie individuelle.

De nouveaux défis pour les enseignantsDidacTIClang entend donc promouvoir l’utilisationd’Internet dans l’enseignement et favoriser l’ensei-gnement-apprentissage des langues en préparant lesenseignants aux défis des nouveaux modes de for-mation. Lors de la conception de ce site, il nous est ap-

paru important de former les enseignants à l’utilisa-tion des TICE. Pour ce faire, il paraît opportun deprendre le temps de définir les TICE pour que l’ensei-gnant soit bien au clair avec ce dont on parle. Ne pasconfondre par exemple Internet et DVD. Et sous cetteappellation DVD, distinguer ceux que l’on nomme tu-toriels qui sont des logiciels assez guidés, censés«remplacer » l’enseignant. Quant aux DVD grand pu-blic qui n’ont à la base aucune vocation pédagogique,ils peuvent être utiles dans le processus d’enseigne-ment-apprentissage du FLE, car ils permettent biensouvent de faire découvrir aux apprenants la culturefrançaise. De même les sites Internet grand public of-frent la possibilité à l’étudiant de faire le lien entrelangue et culture. En ce sens, ils rejoignent ce quiconstituait l’une des lignes de force de ce projet, à sa-voir qu’en comprenant la culture d’un pays, on avaitmoins de difficulté à en apprendre la langue.n

Par Brigitte Cord-Maunoury

Faire entrer les enseignants dans lemonde du Web 2.0 et les former àson utilisation, cet ouvrage proposedonc une mise en perspective et unepartie résolument pratique.Une mise en perspective qui doit per-

mettre aux enseignants de situer ladidactique du FLE dans le contexte deces pratiques. Sont examinés lesspécificités du Web 2.0, les usagesque les étudiants internautes fontd’Internet, la place qu’occupe au-jourd’hui le Web 2.0 dans les institu-tions éducatives. Ce qui intéresseraau premier chef le lecteur, c’est biensûr le lien entre le Web 2.0 et ap-prentissage et la manière dont le Web2.0 peut faire évoluer aussi bien lespratiques des enseignants que cellesdes étudiants ; comment le Web 2.0

offre la possibilité de mettre en œuvrede nouvelles façons d’apprendre leslangues.La seconde partie est tournée vers lapratique et se présente sous formede fiches qui vont du transfert detâches de la vie réelle sur le Web 2.0(participer à un forum, réagir, jouer, en-richir une encyclopédie en ligne) dansdes pratiques de classe à la partici-pation à des réseaux d’apprenantsde langues. n J.P.Christian Ollivier, Laurent Puren, Le Web 2.0

en classe de langue, Maison des langues.

Quand le Web 2.0 entre dans la classe…

Page 11: Le français dans le monde 377

Web 2.0 c’est à dire...

Facebook, six ans déjà,Twitter, quatre ans :

en année Internet, la préhistoire. Le Web 2.0,caractérisé par ses réseaux

interactifs et ses outilscollaboratifs, est ancien,

son utilisation dansl’enseignement-

apprentissage du FLE aussi,mais certainement

pas dépassée. Rapide chronologie des trois

dynasties du Web.

Web 1.0 ?C’est la recherche d’informations,l’archive en lecture seule. On le visiterégulièrement, selon ses besoins.Pourquoi le FLE l’aime toujours ?Parce que c’est le web du cueilleur,sur lequel on glane : on écoute RFIen ligne, on télécharge TV5. C’est leWeb des annuaires FLE et des sitesInternet de profs. C’est celui où on vaà la pêche aux idées et au matériel àexploiter en classe.

Web 2.0 ?Ce que l’on trouve sur le 2.0, c’est cequ’on y a mis, nous. C’est le Web in-teractif du partage et de la collabora-tion. Celui où on n’a pas besoind’avoir un copain informaticien pour

faire son site parce qu’on peut ouvrirson blog « fou-de-fle » en deux mi-nutes chrono sans aucune connais-sance informatique, depuis lequel onva marquer les pages et taguer d’au-tres blogueurs FLE dans un espritd’échange d’idées permanent. Sur-tout, c’est le Web des réseaux sociaux.On le visite tous les jours, souvent plu-sieurs fois par jour.Pourquoi le FLE l’aime encore plus?Le Web 2.0, c’est le Web FLE ! Tant lanature du Web 2.0 offre d’opportuni-tés dans le cadre de l’approche action-nelle recommandée par le CECRL.C’est une interface pluriforme entreenseignants, entre enseignants et ap-prenants, entre apprenants, de conte-nus éphémères, collaboratifs, virtuelset réels, instantanés.

Web 3.0 ?C’est le Web sémantique qui se des-sine dès maintenant avec le ras-semblement des nuages de moinsen moins épars du Web 2.0. Intelli-gent et omniscient, il analyse nos(tonnes de) données personnellespour nous connaître et nous servird’assistant personnel. On y estbranché 24 heures sur 24, via sonsmartphone.

Est-ce que le FLE va l’aimer ?Beaucoup plus axé sur l’individu etsur la consommation, l’aspect 3.0 duWeb risque peu de détrôner le 2.0comme outil privilégié dans l’ensei-gnement-apprentissage du FLE.Quels outils ?Un Web n’en efface pas un autre, eton devrait plutôt parler d’outils 1.0,2.0 ou 3.0. Les outils 2.0 qui rendentle Web 2.0 populaire auprès des en-seignants de FLE sont principale-ment :- Les sites Internet communautairescollaboratifs (comme les wikis) ;- Les réseaux sociaux (comme Face-book) ;

- Les audio et vidéo diffusions(comme YouTube pour la vidéo) ;- Les blogues, micro-blogging, nanoblogging (comme les blogues defdlm.org ou Twitter pour le micro-blogging).Ce qui caractérise tous ces outils ?Le partage, l’interactivité, la collabo-ration, la mutualisation et dans leursapplications une balance réussieentre authenticité et contrôle.Ces outils sont encore nouveaux maisdéjà anciens. Les années 2010 et 2011sont marquées par encore des innova-tions, toujours des débats et déjà laprise de recul par rapport au Web 2.0.dans l’enseignement des langues.n

55Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

Par Hélène Girard,responsable du départementde français langue étrangère,Université technologique Pétro-nas, Malaisie. Membre du Conseil d'administration de l'ASDIFLE (Association pourla diffusion du français langueétrangère).

Cette application propose d’apprendrechaque semaine une trentaine de motsliés à l’actualité. Elle est destinée à tousceux qui bougent… Le vocabulaire àapprendre, de façon ludique ou plus sys-tématique avec des flashcards, est extraitdes trois reportages du dossierpédagogique « 7 jours sur la planète » .

L’utilisateur peut mémoriser les 3000mots disponibles en jouant avec eux (ana-grammes, quiz, mots mêlés, mots à corri-ger et dictées…) avant de les découvrirdans leur contexte en visionnant les repor-tages tirés de l’émission ou en écoutantleur version audio (transcription + son).Chaque mot est oralisé, avec sa traductionen anglais et sa définition en français.

Pour télécharger l’application sur iTunes : www.tv5monde.com/appli7jours Version gratuite allégée et version complète (3,99 €)

APPLICATION IPHONE « 7 JOURS SUR LA PLANÈTE »

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Mumbaikar in French s’ouvre au monde avec des échanges en cours avec leMexique, la Colombie et la France. Fo-reigners in Lille peut accueillir facile-ment des échanges ou des correspon-dances (appelées aussi e-tandems)avec l’Université de León en Espagne,d’An Najah de Naplouse en Palestineou encore avec le lycée P. Doriole de LaRochelle, pour un projet qui a été ré-compensé à Berlin et à Cape Town en2010 par le Forum d’innovation péda-gogique organisé par Microsoft.

dossier // Compte rendu

56 Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011

Développer la compétenceécrite, favoriser le dialogue

interculturel, ouvrir le coursde français sur des échangesinternationaux : les réseaux

sociaux issus du Web 2.0 se révèlent être de précieux

outils d’apprentissage. Donc d’enseignement.Compte rendu de deux

expériences réussies.

‹‹P lus j’enseigne,mieux j’apprends.Plus j’apprends,mieux j’enseigne. »Ce couple ver-

tueux entre l’apprentissage et l’en-seignement est capital pour la réus-site numérique des deux sitesInternet présentés ici : Foreigners inLille et Mumbaikar in French. Cesdeux réseaux sociaux, outils de Web2.0, sont des exemples de créationse-pédagogiques de communautésapprenantes.

Avril 2008 : Foreigners in LilleEn 2008, le département FrançaisLangue Étrangère de l’UniversitéLille 1 a ouvert à tous ses étudiantsétrangers un réseau social dédié àl’apprentissage de la langue. Ce sitebasé sur l’outil Ning se présente sousla forme de réseaux communautaires(tels que les sites Facebook ou Orkut)consultables sur ordinateur ou télé-

phone de nouvelle génération.À leur inscription, les étudiantsétrangers complètent leur page per-sonnelle et écrivent généralementleur premier billet de blogue surleurs origines : des villes de Chineaux capitales européennes en pas-sant par les grandes métropolesd’Amérique du Sud, Foreigners inLille prend souvent l’allure d’ungrand atlas collectif. Les quelque 1 700 étudiants devien-nent par l’écriture de leur blogue des«  reporters  » francophones témoi-gnant de leur vie d’étudiant expatrié àLille. Toute sortie est un prétexte : lesvisites de musées de la région, le car-naval de Dunkerque, les sorties enBelgique, la visite du vieux Lille. Lepremier plat que je cuisine, une ren-contre avec un voisin, des surprises in-terculturelles sur les rites de politessefrançais (les bises, par exemple) sontdes thèmes fréquents des blogues…Sous l’impulsion des enseignants, lesusagers de Foreigners in Lille discu-tent de nombreux sujets : de la place

Par David Cordina

En savoir plus : http://foreignerinlille.ning.comhttp://afmumbai.ning.com

Lille et Bombay Libres échanges

Des réseaux sociaux pour mieux

David Cordina est directeurpédagogique de l’Alliancefrançaise de Bombay. Il anime les deux réseauxsociaux Foreigners in Lilleet Mumbaikar in French.

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des jeunes ou des femmes dans la so-ciété, du racisme ou de l’ethnocen-trisme… Les conflits ou les polé-miques surgissent parfois  : «  laconsommation des drogues » chezles jeunes a révélé des différencesculturelles pour appréhender ce pro-blème. « Le football », « le chauvi-nisme », « l’homosexualité » ont glissé

vers des discussions où chaque inter-venant a dû clarifier fermement sespositions. École de langue française, de ci-toyenneté et de relativisme culturel,Foreigners in Lille encourage la mo-dération et l’écoute de l’autre. Et dupoint de vue linguistique, la polé-mique a des avantages : l’écriture ar-

gumentative et la perspective action-nelle prennent ici tout leur sens : lesefforts déployés pour convaincre lelecteur améliorent les capacités lin-guistiques des étudiants. Aux ensei-gnants, de modérer. Basé sur les mêmes principes, le ré-seau social de l’Alliance française deBombay s’est ouvert en septembre2010 avec une communauté in-dienne francophone de plus de 650étudiants. La ligne éditoriale et lessujets proposés par les étudiants setournent davantage vers l’identité deMumbaikar (un habitant de Mum-bai, autrement appelé Bombay) fran-cophone et l’attrait pour la langue etla culture française. « Mon lieu pré-féré à Mumbai », « Les fêtes indiennesHoli », « Pourquoi le français ? » sontles discussions les plus développées.

De multiples intérêtspédagogiquesLes objectifs généraux pédagogiquesdes réseaux sociaux dédiés sont,avant tout, de développer les compé-

tences de langue écrite – celles dé-crites dans les niveaux A2, B1, B2, C1et C2 du Cadre européen commun deréférence pour les langues – dans uneperspective actionnelle en situationauthentique de communication.Par l’écriture des blogues et descontributions aux forums, les sitesgénèrent de nombreux articles, dis-cussions ou commentaires. En deuxans, Foreigners in Lille a ainsi ac-cueilli plus de 8 000 textes. Le tauxd’activité et les temps de visite éle-vés révèlent une réelle intégrationde l’outil dans les activités d’ap-prentissage des étudiants. Il écri-vent des essais, présentent leurs exposés, participent à des discus-sions argumentatives, publient descomptes rendus en rapport auxcours (suite à une demande d’unenseignant) ou suite à une enviepersonnelle (valorisation de l’ap-

prentissage informel).Composé d’un enseignant animateurprincipal et d’une dizaine d’ensei-gnants tuteurs, l’équipe enseignanteanime les réseaux. En effet, toutes lescontributions d’apprenants ne se gé-nèrent pas de façon spontanée. Il

apprendre et enseigner

Les objectifs générauxpédagogiques des réseauxsociaux dédiés sont, avant tout, de développerles compétences de langue écrite.

faut, de la part des enseignants, pro-poser des objectifs communs, desprojets, des tâches qui dépassent lasimple inscription au site. Les textesproviennent le plus souvent d’activi-tés menées en classe mais, du fait deleur médiatisation, les interactionsavec les autres étudiants sont possi-bles. Aux enseignants d’encouragerl’acte d’écriture, de surcroît enlangue étrangère, puis, dans undeuxième temps, d’apporter un tuto-rat correctif. Celui-ci joue un trèsgrand rôle et des estampilles de cou-leur permettent une meilleure visibi-lité du texte en correction.

Derrière l’écriture, l’interculurelLes tâches de production écrite pro-posées dans les cours incitent lesétudiants à publier leurs proprestextes personnels. Une approche in-formelle de l’apprentissage de lalangue via les pairs se met en placeici. Comme pour une compétitionsportive ou lors d’un concert d’uneécole de musique, les étudiants affi-chent devant tout le monde leurscompétences et apprennent des er-reurs des autres. Enfin, ces réseaux sociaux permet-tent de créer des communautés interculturelles d’apprentissage au-tour de la langue française. Der-rière l’écriture, le dialogue inter-culturel est également visé. Lesforums et leurs thèmes aident à unemeilleure compréhension mutuelledes cultures. n