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Actualités pharmaceutiques • n° 490 • Novembre 2009
vaccins, ce qui serait utile en cas de mutation du virus. À ce jour, l’utilisation d’adjuvants de lon-gue date dans les vaccins s’est faite sans qu’aucun effet grave ne soit signalé. Simplement, nous manquons de données chez les patients possédant un système immunitaire immature, tels les jeu-nes enfants, ou modifi é, comme c’est le cas de la femme enceinte. C’est pourquoi des vaccins sans adjuvant sont recommandés par les autorités sanitaires chez ces patients.
AP : L’industrie pharmaceuti-
que a-t-elle également anti-
cipé une augmentation de la
demande des médicaments
traitant les complications de la
grippe (antibiotiques...) ?
P. L. : Effectivement, à la demande du ministère de la Santé, la pro-
duction d’antibiotiques a été augmentée. Cependant, si les vaccins ont fait l’objet de com-mandes publiques, ce n’est pas le cas pour bon nombre de traite-ments, ce qui entraîne certaines incertitudes sur les débouchés. Il faut d’ailleurs noter que la plu-part de ces médicaments sont des génériques.
AP : Finalement, entre les
masques, les solutions hydro-
alcooliques, les médicaments,
etc., la grippe A n’est-elle pas
une opportunité rêvée pour
l’industrie pharmaceutique
en cette période de crise
économique ?
P. L. : Il est vrai que nous connais-sons aujourd’hui, au niveau mon-dial, une crise économique et que l’industrie pharmaceutique rencontre certaines difficultés.
Mais celles-ci tiennent davantage à l’évolution profonde du modèle de recherche et développement de l’industrie, d’autant plus que l’effet de la crise est amorti par notre système de protection sociale. En revanche, l’arrivée de la grippe H1N1 a imposé à l’industrie pharmaceutique de devoir se réorganiser très rapide-ment. Par ailleurs, on oublie trop souvent que le coût d’un vaccin est bien moindre que celui d’une semaine d’hospitalisation !
AP : L’industrie fournit-elle un
effort supplémentaire pour
venir en aide aux pays en voie
de développement en ce qui
concerne la grippe A ?
P. L. : Un certain nombre d’en-treprises ont fait part de leur décision d’effectuer des dons conséquents. À titre d’exem-
ple, Sanofi Aventis a promis de céder 100 millions de doses aux pays en voie de développement via l’OMS. Par ailleurs, en cas de besoin d’une seule injection, les autorités françaises ont évo-qué la possibilité de donner les doses supplémentaires à cer-tains pays. �
Propos recueillis par
Sébastien Faure
Maître de conférences des Universités,
Faculté de pharmacie, Angers (49)
A uteur du rapport de synthèse sur
l’offi cine dans le parcours de soins
du patient, Michel Rioli a voulu
« développer une analyse entrepreunariale
de l’offi cine ». Conseiller en économie stra-
tégie et développement d’entreprise, juriste,
époux d’une pharmacienne titulaire en Ven-
dée, il a dégagé 28 propositions pour l’of-
fi cine, fruit de la réfl exion interprofession-
nelle qu’il coordonne depuis janvier dernier
à base d’échanges entre offi cinaux venant
d’horizons divers. Initiée en vue d’inspirer
les amendements à la loi Hôpital, patients,
santé et territoires (HPST), sa mission fait
aujourd’hui fi gure de projet professionnel.
« Les signataires ont établi le service après
vente de la loi HPST », souligne-t-il.
Un nouveau modèle économique ? L’une des propositions phares vise à distin-
guer, sur les actes pharmaceutiques, l’hono-
rai re de la rémunération à la marge sur le
médicament. « La rémunération du phar-
macien doit évoluer vers un mode mixte »,
insiste-t-il. Selon le rapport, « l’opportunité
se présente, avec la loi HPST, de rééquilibrer
l’économie de l’offi cine sans augmenter le
coût social du médicament » en affectant
150 millions d’euros de marge perdue en
2008 au fi nancement de la rémunération à
l’acte pour le suivi et à l’accompagnement
des patients chroniques. Cette réorientation
procu re rait une amélioration du service médi-
cal rendu (ASMR) à un coût inférieur à celui
d’aujourd’hui. Une nomenclature des actes
de conseil doit aussi être mise en place.
Autre préconisation : la création d’un
“entretien pharmaceutique” dans le cadre
du sevrage tabagique, de la délivrance de
médicaments de prescription facultative,
du contrôle de la tension, de la glycémie,
de l’utilisation de home tests, de la gestion
de l’armoire à pharmacie, etc. À la sortie
d’hôpital du patient, l’officinal pourrait
aussi être l’un des pivots de la coordina-
tion des soins désignés par ce dernier. De
même que, quand l’offi cinal est de garde,
la possibilité de prescrire certaines classes
thérapeutiques pourrait lui être donnée.
Par ailleurs, afi n de compenser la déser-
tifi cation médicale, le rapport prône l’im-
plantation de stations de télémédecine
mais également la mise en place d’un
dossier patient pharmaceutique électroni-
que consultable par le patient à son domi-
cile. Citons aussi la création de holding,
de rendez-vous santé à l’offi cine, etc.
Non pas un, mais des projetsBien qu’ayant participé à son élaboration, la
Fédération des syndicats pharmaceutiques
de France (FSPF) n’a pas signé le rapport.
« Nous n’avons pas envie d’être pied et
poing lié » souligne son président Philippe
Gaertner en désaccord sur la forme. S’il par-
tage nombre de propositions, il en conteste
certaines : sur les SEL (sociétés d’exercice
libéral) et la gouvernance du dossier phar-
maceutique (DP). Ses instances ont annoncé
pour mi-novembre la sortie de leur projet
pour la profession tandis que le 28 novem-
bre, Michel Rioli présentera offi ciellement
ses conclusions à la ministre de la Santé. �
Serge Benaderette
Journaliste, Paris (75)
Rapport Rioli
Le service après-vente de la loi HPST
Notes1. www.le-medicament-parlons-en.com/
2. www.afssaps.fr©
DR