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| actualités 5 OptionBio | Lundi 14 novembre 2011 | n° 462 G râce à des modèles animaux et des expériences de culture cellulaire, il a été montré que la vitamine 1,25-dihydroxyvitamine D3 a une action immunomodulatrice qui concerne les lymphocytes T et B ainsi que les cellules présentatrices d’an- tigène. Son action intervient dans l’immunité innée et adaptative et oriente vers un profil Th2/Treg. Une carence en vitamine D a été associée à plusieurs maladies auto-immunes, telles que la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, les mala- dies inflammatoires intestinales, les connectivites, la sclérodermie et le lupus érythémateux disséminé (LED). De plus, la supplémentation en vita- mine D dans les modèles animaux de ces maladies semble avoir un effet thérapeutique. Une carence en vitamine D est pré- sente chez environ deux tiers des malades atteints de LED avec envi- ron un cinquième des malades ayant un déficit sévère (<10 ng/mL). En outre, les taux de vitamine D sérique sont inversement corrélés à l’activité de la maladie. L’interféron α (IFNα) est une cyto- kine clé dans la pathogenèse du LED. Des études in vitro ont démon- tré une action suppressive de la vitamine D sur la production d’im- munoglobulines et sur la signature IFN. Les auteurs de ce travail ont évalué l’impact de faibles taux séri- ques de vitamine D sur la production d’autoanticorps chez les individus sains, ainsi que sur l’activité des lymphocytes B et de l’IFNα chez les malades lupiques. L’analyse a porté sur 32 échantillons de sérum de femmes lupiques et 32 échantillons de sérum de témoins appariés. Une carence en vitamine 25(OH)D (<20 ng/mL) était plus fréquente chez les malades atteints de LED (n = 32, 69 %) et les sujets contrô- les ayant des antinucléaires (AAN) positifs (n = 14, 71 %) par rapport aux contrôles AAN-négatifs (n = 18, 22 %). Le statut activé ou non des cellules B a été mesuré en testant les cellules mononucléées du sang périphéri- que pour la présence de phospho ERK 1/2 (Map kinase intervenant dans la croissance, la prolifération et la différentiation cellulaire). Les malades ayant une activation élevée des lymphocytes B avaient des taux de 25(OH)D plus bas en moyenne que les patients avec une faible acti- vation des cellules B [17,2 (5,1) vs 24,2 (3,9) ng/mL, p = 0,009]. Les malades carencés en vitamine D avaient également une plus grande activité sérique interféron que les malades sans carence en vitamine D [3,5 (6,6) vs 0,3 (0,3), p = 0,02]. Cette étude suggère un rôle pour la vitamine D dans la modulation des réponses immunitaires auto-antigé- niques, la production d’autoanticorps et la pathogenèse du LED. | JULIETTE LASOUDRIS LALOUX © www.jim.fr Source Ritterhouse LL, Crowe SR, Niewold TB et al. Vita- min D deficiency is associated with an increased autoimmune response in healthy individuals and in patients with systemic lupus erythematosus. Ann Rheum Dis. 2011 Sep;70(9):1569-74. physiopathologie De la carence en vitamine D à l’auto-immunité prophylaxie Le vaccin anti-pneumocoque heptavalent modifie l’épidémiologie de l’otite L es otites, qui ont des causes multiples bactériennes et vira- les, sont la raison la plus com- mune de prescriptions d’antibiotiques en pédiatrie avec le risque de déve- loppement de résistances. À l’heure actuelle, Streptococcus pneumo- niae (PN) et Haemophilus influenzae sont responsables de 80 % des cas, Moraxella catarrhalis de 3 à 20 % et Streptococcus pyogenes de 1 à 13 % des cas. Dans la mesure où le PN est actuellement le germe le plus fréquent, il est capital de mesurer l’impact de la vaccination. Cependant, en l’absence de tympanocentèse ou de paracentèse devenue très rare, il est impossible d’établir la bactériologie des otites. Analyse de pus d’otites perforées ante- et post- vaccination Des auteurs athéniens d’un grand centre d’urgences pédiatriques (> 60 000/an) ont étudié le pus des otites spontanément perforées, avant et après le début du vaccin anti-pneumocoque heptavalent (PV7). Au total, sur 8 ans, 5 580 pus d’otites ont été collectés chez des enfants de 0 à 14 ans : 3 446 entre 2000 et 2003 qui ont été comparés aux 2 134 prélèvements de 2005 à 2008 après commercialisation du PV7. Les prélèvements recueillis entre 2006 et 2008 ont été étudiés de façon prospective. À la suite de l’immunisation par le PV7, le taux des visites annuelles aux urgences pour otorrhée a baissé de 38 %, soit de 133 à 83 p. 10 000 visi- tes (intervalle de confiance de 42 à 53 ; p < 0,001), principalement en rai- son de la baisse d’incidence des PN de 48 %, soit 25 contre 13/10 000 visi- tes (p < 0,001). Les otorrhées dues à H. influenzae ont également baissé de 20 % (de 20 à 16/10 000 visites ; p < 0,001) et celles dues à M. catar- rhalis de 2 à 1/10 000. Hausse des souches non vaccinales Durant la période post-vaccinale, 134 souches de PN ont été typées. Les sérotypes inclus dans le PV7 ont baissé : 22/47 (47 %) en 2006 à 15/53 (28 %) en 2008. Parmi ceux-ci, le 19F le plus fréquent a baissé graduellement au même titre que les autres sérotypes. À l’inverse, les sérotypes non représentés dans le PV7 ont augmenté, en particulier le 19A de 1/47 (2 %) en 2006 à 13/53 (25 %) en 2008. Une augmentation des souches résistantes La sensibilité aux antibiotiques de 976 souches de PN a été testée. La proportion de souches sensibles à la pénicilline est restée identique avant et après le PV7 : 54 % et 56 %. La proportion de souches de résis- tance intermédiaire a baissé de 41 à 30 %, mais les souches résistantes ont augmenté de 4 à 13 %. La résis- tance au céfotaxime a augmenté : intermédiaire de 3 à 9 % et totale de 0,5 à 2 % et celle aux macrolides a baissé de 44 à 35 %. Les souches résistant à plus de trois antibioti- ques étaient de 33 % avant PV7 et de 28 % après. En conclusion, le vaccin a diminué le nombre d’otites perforées ; H. influen- zae est devenu le 1 er germe en cause. Le sérotype de PN 19A prédomine dans les souches non vaccinales. | JEAN-JACQUES BAUDON © www.jim.fr Source Stamboulidis K, Chatzaki D, Poulakou G, et al. The impact of the heptavalent pneumococcal conjugate vaccine on the epidemiology of acute otitis media complicated by otorrhea. Pediatr Infect Dis J. 2011;30:551-55.

Le vaccin anti-pneumocoque heptavalent modifie l’épidémiologie de l’otite

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5OptionBio | Lundi 14 novembre 2011 | n° 462

Grâce à des modèles animaux et des expériences de culture cellulaire, il a été montré que la

vitamine 1,25-dihydroxyvitamine D3 a une action immunomodulatrice qui concerne les lymphocytes T et B ainsi que les cellules présentatrices d’an-tigène. Son action intervient dans l’immunité innée et adaptative et oriente vers un profil Th2/Treg. Une carence en vitamine D a été associée à plusieurs maladies auto-immunes, telles que la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, les mala-dies inflammatoires intestinales, les connectivites, la sclérodermie et le lupus érythémateux disséminé (LED). De plus, la supplémentation en vita-mine D dans les modèles animaux de ces maladies semble avoir un effet thérapeutique.

Une carence en vitamine D est pré-sente chez environ deux tiers des malades atteints de LED avec envi-ron un cinquième des malades ayant un déficit sévère (<10 ng/mL). En outre, les taux de vitamine D sérique sont inversement corrélés à l’activité de la maladie.L’interféron α (IFNα) est une cyto-kine clé dans la pathogenèse du LED. Des études in vitro ont démon-tré une action suppressive de la vitamine D sur la production d’im-munoglobulines et sur la signature IFN. Les auteurs de ce travail ont évalué l’impact de faibles taux séri-ques de vitamine D sur la production d’autoanticorps chez les individus sains, ainsi que sur l’activité des lymphocytes B et de l’IFNα chez les malades lupiques. L’analyse a porté

sur 32 échantillons de sérum de femmes lupiques et 32 échantillons de sérum de témoins appariés.Une carence en vitamine 25(OH)D (<20 ng/mL) était plus fréquente chez les malades atteints de LED (n = 32, 69 %) et les sujets contrô-les ayant des antinucléaires (AAN) positifs (n = 14, 71 %) par rapport aux contrôles AAN-négatifs (n = 18, 22 %).Le statut activé ou non des cellules B a été mesuré en testant les cellules mononucléées du sang périphéri-que pour la présence de phospho ERK 1/2 (Map kinase intervenant dans la croissance, la prolifération et la différentiation cellulaire).Les malades ayant une activation élevée des lymphocytes B avaient des taux de 25(OH)D plus bas en moyenne

que les patients avec une faible acti-vation des cellules B [17,2 (5,1) vs 24,2 (3,9) ng/mL, p = 0,009].Les malades carencés en vitamine D avaient également une plus grande activité sérique interféron que les malades sans carence en vitamine D [3,5 (6,6) vs 0,3 (0,3), p = 0,02].Cette étude suggère un rôle pour la vitamine D dans la modulation des réponses immunitaires auto-antigé-niques, la production d’autoanticorps et la pathogenèse du LED. |

JULIETTE LASOUDRIS LALOUX

© www.jim.fr

SourceRitterhouse LL, Crowe SR, Niewold TB et al. Vita-

min D deficiency is associated with an increased

autoimmune response in healthy individuals and in

patients with systemic lupus erythematosus. Ann Rheum Dis. 2011 Sep;70(9):1569-74.

physiopathologie

De la carence en vitamine D à l’auto-immunité

prophylaxie

Le vaccin anti-pneumocoque heptavalent modifie l’épidémiologie de l’otite

Les otites, qui ont des causes multiples bactériennes et vira-les, sont la raison la plus com-

mune de prescriptions d’antibiotiques en pédiatrie avec le risque de déve-loppement de résistances. À l’heure actuelle, Streptococcus pneumo-niae (PN) et Haemophilus influenzae sont responsables de 80 % des cas, Moraxella catarrhalis de 3 à 20 % et Streptococcus pyogenes de 1 à 13 % des cas. Dans la mesure où le PN est actuellement le germe le plus fréquent, il est capital de mesurer l’impact de la vaccination. Cependant, en l’absence de tympanocentèse ou de paracentèse devenue très rare, il est impossible d’établir la bactériologie des otites.

Analyse de pus d’otites perforées ante- et post-vaccination Des auteurs athéniens d’un grand centre d’urgences pédiatriques

(> 60 000/an) ont étudié le pus des otites spontanément perforées, avant et après le début du vaccin anti-pneumocoque heptavalent (PV7). Au total, sur 8 ans, 5 580 pus d’otites ont été collectés chez des enfants de 0 à 14 ans : 3 446 entre 2000 et 2003 qui ont été comparés aux 2 134 prélèvements de 2005 à 2008 après commercialisation du PV7. Les prélèvements recueillis entre 2006 et 2008 ont été étudiés de façon prospective.À la suite de l’immunisation par le PV7, le taux des visites annuelles aux urgences pour otorrhée a baissé de 38 %, soit de 133 à 83 p. 10 000 visi-tes (intervalle de confiance de 42 à 53 ; p < 0,001), principalement en rai-son de la baisse d’incidence des PN de 48 %, soit 25 contre 13/10 000 visi-tes (p < 0,001). Les otorrhées dues à H. influenzae ont également baissé de 20 % (de 20 à 16/10 000 visites ;

p < 0,001) et celles dues à M. catar-rhalis de 2 à 1/10 000.

Hausse des souches non vaccinalesDurant la période post-vaccinale, 134 souches de PN ont été typées. Les sérotypes inclus dans le PV7 ont baissé : 22/47 (47 %) en 2006 à 15/53 (28 %) en 2008. Parmi ceux-ci, le 19F le plus fréquent a baissé graduellement au même titre que les autres sérotypes. À l’inverse, les sérotypes non représentés dans le PV7 ont augmenté, en particulier le 19A de 1/47 (2 %) en 2006 à 13/53 (25 %) en 2008.

Une augmentation des souches résistantesLa sensibilité aux antibiotiques de 976 souches de PN a été testée. La proportion de souches sensibles à la pénicilline est restée identique

avant et après le PV7 : 54 % et 56 %. La proportion de souches de résis-tance intermédiaire a baissé de 41 à 30 %, mais les souches résistantes ont augmenté de 4 à 13 %. La résis-tance au céfotaxime a augmenté : intermédiaire de 3 à 9 % et totale de 0,5 à 2 % et celle aux macrolides a baissé de 44 à 35 %. Les souches résistant à plus de trois antibioti-ques étaient de 33 % avant PV7 et de 28 % après.En conclusion, le vaccin a diminué le nombre d’otites perforées ; H. influen-zae est devenu le 1er germe en cause. Le sérotype de PN 19A prédomine dans les souches non vaccinales. |

JEAN-JACQUES BAUDON

© www.jim.fr

SourceStamboulidis K, Chatzaki D, Poulakou G, et al. The impact of the heptavalent pneumococcal

conjugate vaccine on the epidemiology of acute

otitis media complicated by otorrhea. Pediatr Infect Dis J. 2011;30:551-55.