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EHESS L'école durkheimienne et l'économie: sociologie, religion et connaissance by Philippe Steiner Review by: François-André Isambert Archives de sciences sociales des religions, 50e Année, No. 131/132 (Jul. - Dec., 2005), pp. 295- 296 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116779 . Accessed: 18/06/2014 18:45 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.61 on Wed, 18 Jun 2014 18:45:43 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'école durkheimienne et l'économie: sociologie, religion et connaissanceby Philippe Steiner

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L'école durkheimienne et l'économie: sociologie, religion et connaissance by Philippe SteinerReview by: François-André IsambertArchives de sciences sociales des religions, 50e Année, No. 131/132 (Jul. - Dec., 2005), pp. 295-296Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116779 .

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE - 295

la structure poetique en nahuatl (p. 24). De mime, il rend a Marie Sautron l'hommage qu'elle m&rite (p. 116-117). Enfin il propose des hypothieses dignes d'int&r~t, comme l'asso- ciation de la syllabe zan r&currente au son du quiquiztli ou conque marine (p. 88).

Par ses lectures (litteraires, ethnographiques ou ethnohistoriques) et sa connaissance a la fois de la langue nahuatl et de la soci&te aztique, Patrick Saurin nous propose une tra- duction et une lecture riches de sens. Ainsi la

guerre est finement analys~e dans ses percep- tions sensorielles (p. 115), la symbolique des sept fleurs du Chant de guerre ou leur sens mitaphorique sont elucides (p. 117), de mime les multiples noms de la divinite supreme (p. 134) ou l'6volution de la construction des rapports de parole entre l'homme et la divi- nit6 (p. 137).

Mais surtout, I'auteur sait reconnaitre les ind~niables interferences chritiennes (pr6sence du mot g dios >) dans une analyse pertinente et un frangais impeccable (p. 72; 134).

Enfin, il ne se contente pas d'une simple lecture litteraire, et va jusqu'a proposer une interpr6tation historique pour le Chant de guerre en l'associant a la conqu&te de Chalco (p. 119).

Cela n'empache pas l'auteur de sacrifier a un certain jargon litt&raire de temps a autre (p. 88-89). Ou de tomber dans une subjectivite un peu trop facile avec la Complainte de Cuacuauhtzin oil les hypotheses gratuites et la dramatisation inutile (p. 90; 91; 95) devient la lecture du pokme vers une anecdote qui est loin d'8tre assur&e. Le simple fait que la femme de ce seigneur soit-disant promis a la mort ne soit jamais mentionnie devrait appeler i plus de reserve quant a la lecture de ce texte. De mime, les plaintes du mari celui qui est cense I'envoyer A la mort ressemblent aux plaintes que l'on adresse A la divinit6 supr~me dans d'autres chants aztiques.

Quelques erreurs concernent la soci~t aztique. Les scenes de palais peuples de g courtisanes g (p. 64) en font des lieux peu recommandables. Le costume du guerrier jaguar n'est pas forc~ment realise avec la d~pouille de cet animal (p. 111). Le sacrifice dit gladiatorial est transform4 en un supplice prialable au sacrifice final, < theitre de la cruaut >> ou suscitant 1'< effroi (p. 114), faute d'arrater le combat a la premibre blessure comme certaines sources l'indiquent. Enfin, le n~ant auquel semblent promis les hommes pre-

hispaniques, < aneantissement irr~mediable >

(p. 70), appelle lui aussi a plus de prudence dans la presentation de la religion aztique, oii la part de reincarnation semble censurbe par les chroniqueurs coloniaux.

L'auteur ne semble pas convaincu par l'at- tribution des Romances a la ville de Tezcoco (p. 65), mais leur assigne la date de 1582 (p. 71) ce qui aboutit & une contradiction, puisqu'elle correspond A la r6daction de la Relation de Juan Bautista Pomar.

Pour ce qui est de la langue, quelques erreurs mineures de mise en page entachent le nahuatl (hacemelle p. 118). I1 est dommage que le commentaire du premier chant soit, mot pour mot, publi6 ailleurs. On regrettera, surtout, la b~vue de Claude Louis-Combet dans son avant-propos quant g la langue nahuatl: << Cette langue est aussi morte que celle des Babyloniens (p. 9), alors que pras d'un mil- lion et demi de Mexicains la parlent encore et que la demographie contre les effets nocifs de la modernit6.

Dans l'ensemble, ces erreurs n'entachent en rien l'intirit du livre, qui invite A un par- cours initiatique de la soci~t6 aztique A travers ce qu'elle a de plus beau sans doute : sa littra- ture. Et I'on appr&cie que l'auteur mette la po~sie nahuatl en resonance avec Paul Celan (p. 139) ou Holderlin (p. 143).

Patrick Lesbre

132-64 Philippe STEINER

L'6cole durkheimienne et I'iconomie : sociologie, religion et connaissance Genive, Droz, 2005, 370 p.

L'ouvrage part de la critique de l'&cono- mie politique par Durkheim et de sa recom- mandation de traiter I'lconomie dans ses rapports avec les autres secteurs de la vie sociale. Durkheim avait trace deux pro- grammes > en ce sens, remplis par lui-mime, Simiand et Mauss. Le chapitre sur Max Weber et la confrontation avec les durkheimiens sur sa maniere de mettre en rapport &conomie et religion ne s'intigre pas tout A fait dans cet ensemble. En revanche, on aurait pu y faire figurer Halbwachs et sa critique du Suicide et Hertz, dont la religion populaire n'est pas sans incidence economique. Sont cites, malgr6 tout, Hubert pour sa collaboration avec Mauss, Davy et Maunier < a la crois~e de l'6conomie, de l'ethnologie et de la religion (sic) >. Des

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296 - ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

deux programmes, le premier est l'inventaire critique des categories de l'conomie poli- tique, < le second mobilise la sociologie de la religion pour une compr6hension renouvelte du fonctionnement des soci~tes modernes g (p. 13).

Ce sectionnement repose principalement sur l'id~e d'une r~volution dans la pens&e durkheimienne avec son cours de 1895 oi0 lui serait apparue l'importance de la religion dans la vie sociale. J'ai dit, ici mime (Arch., 42, p. 35-55) ce que je pensais de cette interpreta- tion dejA formulke, qui met en lumibre un changement d'accent chez Durkheim, mais minimise la place de la religion dans la Divi- sion du Travail social et le Suicide. Ceci dit, l'auteur lui-mime indique la dimension reli- gieuse que Durkheim accordait g ces deux ph6nomines sociaux. Mais l'auteur pense que < cette relation se d~fait avec la revilation de 1895 >, ce qui reste a prouver. Le fait que les consciences, dans les actes 6conomiques, ne soient pas rapproch~es comme dans la vie reli- gieuse ne suffit pas t &ablir la coupure radi- cale que l'auteur croit discerner.

Aussi est-ce sur Mauss que l'auteur, dans sa problkmatique, fait peser le poids principal de son examen, chez les durkheimiens, entre 6conomie et religion. Le croisement de la magie et de l'6conomie est ce qui apparait en premier. En raison de son < efficacit6 >, la magie est, dans bien des peuples, consider6e comme une force productive. C'est i partir de la magie que Mauss introduit la religion, mais l'auteur semble estimer secondaire la distinc- tion entre ces deux activitbs parentes. On trouve une beaucoup plus grande richesse de perspectives dans l'Essai sur le Don oiu le quasi-contrat du don avec obligation de contre don doit beaucoup A Davy, comme le rappelle l'auteur. Ce qui est en cause, maintenant, c'est le fondement anthropologique de l'dchange. Magie ou religion ? L'id&e du hau comme force contraignante s'blargit en une vision non egoiste de la vie sociale, oi0 la domination est A la mesure de la g~ndrosit6.

Simiand n'a pas ignore les motifs non uti- litaires dans l'conomie, parmi lesquels des motifs religieux. Mais le plus int~ressant est la convergence, voire l'intersection, de son pro- gramme avec celui de Mauss. Outre l'amiti6 qui lia les deux hommes, ils trouvent entre eux une consonance dans l'attente, un des moteurs du march&. Ce r61e de l'attente dans les opera- tions financibres rejoint Keynes et son analyse

des motifs de la propension i investir. Cette notion, Desroche en a developpe la f~condit6 messianique et Danible Hervieu-L6ger, sa pro- liferation eschatologique.

La partie consacrbe a Weber semble, d'abord, &tre une fausse fen&tre dans un livre oiu le durkheimisme est, pour une grande part, consid6rb du point de vue des rapports entre l'6conomie et la religion. Le d~bouche commun sur I'lducation ne convainc pas de la parent& de leurs pensees. En revanche, I'appel t Halbwachs jette une passerelle tout A fait digne d'intir&&t. D'abord, le r61e de Halbwachs pour intro- duire Weber en France y est opportunement rappele: outre les deux articles de 1925 et 1929, l'auteur montre que, toute sa vie, par &crit et par oral, Halbwachs a accord& une grande importance g Weber. Plus important encore, Halbwachs, au lieu d'opposer comme l'avait fait Durkheim dans Le Suicide, les motifs individuels et les determinants sociaux, considire, comme Weber, que la motivation, toujours individuelle, peut 8tre socialement localis&e et par li, partiellement d&terminde socialement.

Au total, ce livre, un peu chaotique, est une contribution digne d'int6rat aux deux questions inseparables des rapports entre bco- nomie et religion et entre Durkheim et Weber.

Frangois-Andr6 Isambert

132-65 Hikaru SUZUKI, ed.

The Price of Death - The Funeral Industry in Contemporary Japan Stantord, Stantord University Press, 2UUU, 2bb p.

Saluons cet ouvrage qui examine un trait important des pratiques religieuses actuelles des Japonais, la prise en charge des funerailles par des soci&tbs privies sp6cialis~es. Comme il existe des agences de voyage qui organisent des s6jours A l'6tranger, il existe des societis privies qui organisent les fundrailles. La mime rigueur est de mise, tout doit &tre pr~vu, rien n'est laiss6 & l'improvisation, le client est toutefois libre de choisir entre les differents services proposes, du bas de gamme au plus sophistiqu6. Le Japon, pays de services s'il en est, a su crier ce nouveau march6 qui, B l'ori- gine, relevait de la solidarite communautaire et familiale. Les conditions de vie actuelles ont profond~ment modifit les pratiques fun&- raires. L'exiguite des logements urbains ne permet plus de reunir chez soi la famille, les

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