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15 .Janvier 1827 ORlA"&. , DE LA Soeiété valai,a""e édu«afio .n ' LtECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.60 abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre rembOUl·sement. -'tout ce qui CODcerne la publication doit être adresst directement à M. LOUIS .DELALOYE, Secrétaire au Dê- partement de l'lDstruction pUblique à Sion. sont reçues exclusivement par Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion de Lausanne 4 - Téléphone 2.36 ,

L'Ecole primaire, 15 janvier 1927

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15 .Janvier 1827

ORlA"&. , DE LA

Soeiété valai,a""e d · édu«afio.n '

LtECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire

Abonnement annuel: Fr. 4.60

abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre rembOUl·sement.

-'tout ce qui CODcerne la publication doit être adresst directement à M. LOUIS .DELALOYE, Secrétaire au Dê­

partement de l'lDstruction pUblique à Sion.

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de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

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46me Année No 1 15 Janvier 1927

Organe de la Société \falaisanne d'éducation

SOMMAIRE: Communiqués du Département. - Le Centenaire de Pestalozzi. - Un mot sur le rappOlt de M. Maistre. - La correc­tion des dictées. - L 'Ol'thogl'a}lhe à l'école. - Notre ;manuel d'His­toü'e. - Ce que nous disent les fleUl's des champs. - Langue ma­tel'nelle . - « 1\'OS PAGES ». - Rendement d 'une pépinière. Leçon de choses: la maison, la chaleur (sulte). - En glânant. _ Bibliographie.

Communiqués du Département

Annuaire de l'Instruction publique en Suisse pQur 1927

Cet intéressant périodique, ient de paraître. A côté des ques ­tiolls pédagogiq~les de la plus haute importance figure la chro­nique scolaire des cantons romands. Le Département de l'Instruc­tion publique recommande particulièrement cette revue au P . E. qui peut l'ohtenir , par son Înlermédiàire. Prix . l'r. 3.50.

Visite des médecins scolaires

Le P. E. est invité à nouveau à mettre consciencieusement en pratique les conseils donnés par les lnédecins scolaires. Un rapport nou s signale que certains maîtres , alors que les conditions atmosphériques étaient ahsolument favorahles, donnaient récréa­tion dans la salle de classe, hien que les élèves eussent pu 'le divertir RU grand air, . duquel ils ont tant besoin. Par ailleurs , l'hygiène n'est pas respectée: aération insuffisante, propreté des locaux douteuse, crachoirs sou vent malpropres. Maîtres, veillez ù ce que l'école ne devienne pas un foyer de tuberculose; votre santé el celle des enfants qui vous sont confiés sonl en jeu.

A propos du livre de chant

La Commission chargée cl élaborer un projel pour un nou­veau livre de ~hant a examiné avec beaucoup d'intérêt les vœux de MM. les Inspecteurs el Instituteurs et Institutrices, qui onl bien v.oulu .répondre à son :::tl)pel du 30 novemhre 1926, et elle en a lenu compte.

Elle leur expdm.e à nouveau par cet organe ses remerciements tl~ès sincères. Cependant, les réponses aUl'aien t certainement PLI être plus nombreuses el nous devons revenir à la charge et inviter

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chaleuresement tous ceux qui ont à cœur le développement du chant dans le canton - et il n'y a pas d 'exception - à f~ire connaître sans retard leur propositions.

Georges Retenni, professeur, Sion.

Le centenaire de Pestalozzi Les milieux scolaires de la Suisse s 'apprêtent à fêter, le 17 fé­

vrier prochain, le centenaire de Pestalozzi, que l'on considère assez volontiers comme le fondateur de la pédagogie moderne. Un appel vient d 'être adressé, ou le sera, dans ce sens aux autorités scolaires et au personnel enseignant de notre canton.

Nous aimons trop la Suisse pour ne pas applaudir aux honneurs que l 'on décerne aux hommes qui l 'ont illustrée par leurs talents ou leur génie; mais notre patriotisme ne va pas jusqu'à obnubiler en nous la vérité.

Aussi, tout en rendant justice aux intentions louables et aux mérites du pédagogue de Burgdorf et d 'Yverdon, nous ne voudrions pas laisser s'accréditer auprès de nos collègues et de nos autorités scolaires l'idée que Pestalozzi est une sorte de divinité pédagogique devant laquelle on doit s'incliner profondément et lui offrir l'encens d 'une reconnaissance illimitée.

Dans les lignes qui voi1t suivre, nous ne nous laisserons auc'u­nement guider par quelque sentiment de méchant pessimisme, de malice effrontée qui se plairait à jeter dans un concert une not.e discordante ou un coup de sifflet.

Nous exposerons la vérité historique toute nue , et nous laisse­rons au l.ecteur le soin d 'en tirer la conclusion.

Cette vérité jettera, pensons-nous, un jour utile sur les mani­festations qui se produiront dans les régions de la Suisse qui ont été le théâtre de l'activité de Pestalozzi, et permettra d 'en saisir le sens et la portée à tous ceux qui sont au courant des tendances de la pédagogie moderne, soumise à l 'influence néfaste de Jean-Jacques Rousseau, du moins dans les pays où la décadence religieuse, la soif de jouissances matérielles et la perte du vrai sens de l 'autorité se tiennent étroitement pal' la main. Car, disons-le immédiatement, Pestalozzi est un clisc'iple du philosophe de Genève, dont il avait lu l' « Emile » et le « Contrat social )} et qui avait lui-même tiré ses idées péda.gogiques de Rabelais, de Mont.aigne, ces écrivains épicu­riens de la Rena.iss;:mce, de l'utopiste qui paganisa la littérature, les arts, les mœurs avec ses principes de bonté de la nature, de liberté limitée seulement par les droits du prochain, cIe soumission aux instincts de notre être déchu, de suppression de toute contrainte, de voyage terrestre SUl' les sentes fleuries et embaumées.

Assurément, on n'organiserait pas de semblables mR.nifestations s 'il s'agissait du centenaire d'un S. Jean-Baptiste de la Salle, le

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créateur au 17me siècle de la méthode d'enseignement simultané, aujourd'hui encore suivie universellement, ni de celui d'un Don Bosco, cet admirable éducateur dont l 'œuvre continue à opérer des prodiges de transformations morales en changeant des loups en agneaux, et nous pourrions citer encore d 'autres noms, mais passons.

Pour mettre un peu d'ordre dans notre exposé, nous présente­rons Pestalozzi d abord comme homme moral, ensuite comme philo­sope et enfin comme pédagogue.

L'HOMME MORAL. - Pour comprendre plus facilement l'œuvre d'un homme, il est bon de connaître son caractère moral, car des sen­timents de l'âme naissent les diverses manifestations extérieures, comme les fruits de leurs plantes. Si la tragédie cornélienne respire la grandeur, c'est que Corneille avait le goût des actions héroïques, de la grandeur d'âme; si eelle de Racine brille par ses fjnes aniL­lyses psychologiques, la délicatesse des sentiments, c'est que cet auteur avait une sensibilité très vive.

Ce qui domine dans le caractère de Pestalozzi, c'est la bonté, mais une bonté naïve, crédule, enveloppée de bizarrerie, de distraction et de rêverie. Aussi devint-il le jouet de ses camarades d'école qui, en outre, riaient de sa laideur, de sa négligence et de sa malpro­preté. Du reste, la réputation d 'original le suivit durant toute son existence si mouvementée. Cette bonté extrême le rendit compatis­sant aux misères de son temps, en particulier au pauvre peuple des campagnes, ignorant et , abruti, et hli fit concevoir le généreux idéal de consac-rer ses forces à la régénération sociale par le moyen de l'éducation populaire. Ce qui explique ses appels pathétiques aux mères de famille dont il voulait faire autant d'institutrices, chacune dans son foyer et auprès de ses propres enfants, ses chauds plai­doyers en faveur du peuple opprimé, ses invectives contre la péda­gogie pédantesque et routinière d'alors.

Il venait à son heure, comme Luther, lors de la Réformation; le terrain se trouvait prêt; un mouvement général de sympathie se dessinait en faveur des classes populaires; on se laissait aller à des épanchements de sensiblerie maladive, on avait soif de liberté et d'émancipation. Malheureusement pour Pestalozzi, les résultats ne répondirent pas à ses efforts persévérants en faveur du relèvement des classes pauvres par l'instruction telle qu'il l'entendait: c'est que notre philanthrope manquait des qualités essentielles à une pa­reille entreprise. « Gardez-vous, lui avait dit en mourant un de ses amis qui le connaissait fort bien, gardez-vous des carrières où vous pourriez être victime de votre bonté et de votre confianee; ne vous laissez pas entraîner à des entreprises importantes sans avoir auprès de vous un homme de confiance qui possède le sang-froid, la raison et l'expérience des hommes et des choses ».

Pour n'avoir pas suivi ce conseil, il éprouva déceptions sur dé­ceptions; son ma.nque d'instruction (il ne savait pas écrire une ligne

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s~ns fautes, ni ' fair e correctement l es 01Jér8tions cl arithmétique), d ordre, de calme; son i,négalité d'l1umem', ses entraînements irré­fléchis; son air éga ré , 11o]'s ,de lui se~ tics enfantins, rendirent ses essais infructueux et ruin èr ent son autol'Hé morale.

Ajoutez à ces défaut.s une close assez forte de vanité prétentieuse, puisque dans un de ses livres il pal'le a ssez longuement et très élo­gieusement de lui-mème et qu'jl aspirait. au ràl e cl'un homme d'Etat, qui resta incompris ::tu moins à c'e qu'il lit.

Dans l 'étude de l'homme moral, on ne peut faire abst.raction du sent.iment religieux, qui est. en connexion étroite 8vec les autres qua­lités morales, qui so uv ent les cUrige, les modifie.

Or, chez cet homme au cœul' sensible et bon, nous constatons l'insuffisance de la doctrine morale et r ehgi euse cl8ns la form8tion cle la jeunesse.

Comme HousseR u, il Ile l'econnaît ] a.s la ' déchéance originelle, et il fait reposer la. culture morale sur l 'intuition , l'expérience seule le la vie; il n'accepte que les sanctions naturelles; 18 bi env eillance l'nf­feotion sont les seuls l' mparts contre le vice,

Plusieurs de ses colla.borateurs l 'aba,ndonl1 èr ent pl'écisément à cause de son manque de christ.ianisme.

Dans une réunion de pasteurs protestants, il osa dire, faisanj Rllusion à la Révolution française , que « l e christianisme était lui­même une espèce de sans-culottisme ». Il essaya bien d'8tténuer cette cléfinition en prétendant que les premiers chrétiens ont vécu clR,ns « un sans-culottisme moral ».

Dans une lettre à Nicolovius, en 1793, il dpclara n 'ètre pas chré­tien, mais incrédule.

A ses yeux, le christianisme n 'est autre chose que ]8 modi­fication la plus pure et la plus noble de la doctrine de la supré­matie de l'esprit sur la chair, - « Je ne crois pas, dit-il que beau­coup d 'hommes soient capables d'être chrétiens c'est-à-dire de. réa­liser en eux cet ennoblissement. intérieur de l 'être ... J admets que le christianisme soit le sel de ]a teTTe; m8lS si haut que j 'estime ce sel, je crois que l'or, la pi err e le sable, les perles ont leur valeur indé­pendante de ce sel, et que l'ordre et. l'utilité de toutes ces choses doivent être considérés en e l'les-mèmf's et indépendanmment de lui n,

Dans son ouvrage: « Léonard et Gertrude n, il montre que dans l 'œuvre de r éform e sociale, l 'initiative n e s8urait app8rtenir à l 'Eglise; d 'après lui, l e clergé ne doit plus jouer qu 'un rôle auxiliaire et ce rôle mème H' ne pourra le remplir qu'à la condition de renoncer à la ]'eligion formaliste , de lélisser dormir le dogme et de ne plus ensei­gner que la morale.

Comme nous le voyons, ses croyances religieuses rappellent ass'Gz exactem ent la profession de foi du Vicaire savoyard: la nature et. 1 p

cœur humain, voilà le livre qui' r enferme la pa l'Ole infaillible et suf­fisante ,

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Pour compléter ce petit tableau moral, nous rappellerons que ceL étrange éducateur s'affili8 à la secte des Illuminés le V\T eiss­haupt, dont le progTélmme comportait. la dest ruction des tl'ànes ct. rétablissement d 'une société égalij ai)'e, Ceci explique peut-être son indulgen C'8 eXG8ssiv e ]Jour les honeurs de la Hévolution française, œUVl'e de la Fl'anc- , 1açollneri e, et l'honneur qui lui échut de fi gurer sur ]a liste des hommes auxquels l' \ssemblée législative de 1793 décerna des l'écom] enses pOUl' les services qu'ils a vaient rendus 8n faveur de l'affl'Rnchissem ent des peuples e1 1 émancipation fran­çaise.

011 pHrle bien de J'uptul'e clans ses r elations avec les sociétés secrètes, mais le fait n est pas prouvé.

On l'apporte également des ]Xlssêlges, exü'a ils de ses Lettres, qui semblent cont.l'e lire ce qu e 1l0US venons d'écril'e au su,iet des idées religieuses de Pestalozzi t qui témoigneraient de la réalité et. de la sincérité de ses convictions chrétiennes.

"Kous n e J'accusons pas cl' ath éisme, loin de là, mais lorsque, en matière ]'eligieuse on r ejette le clogme, on détruit la base de la reli­gion, et un e morale sans dogme r essemble fort ement à une morale pa,ïenne, c'est.-à-dire purement huma'} ne qui change avec le temps et les mœurs. Chez lui, la religion est affaire de sentiment plus que d e r-aison et sa m anifestation consiste surtout clans la pratique de la bienveillance du dévouem ent; c'est un e sorte de fraternité mystique,

Nous cl'oyons donc que c'est une eX8 gération d 'affirmer que Pestalozzi a édifié son système pédagogique sur le christianisme et que c'est le christianisme qui lui a donné la fo)'ce d'accomplir l es grandes actions cl e sa vi e, ' (Suit e au l rochain numéro,)

Un 'mot sur le rapport de M. A. Maistre. L'Ecole Pl'Îlll((il'c du 15 décembre dernier a publié le rap­

port de M. Maistre sur les améliorations à apporter à cette revue et sur 1 orientation nouvelle à lui donner.

Ce rapport renferme des suggestions intéressantes , mais plu­sieurs frisent fnrtelnent l'utopie, Un idéal 'est quelque chose de très beau, et il faut y tendre: Excelsiol'! disent les poètes; tOll­

ioUl's plus haut! mais t:ela n e veut pas dire qll il faille s'élever dans les nuages qui masquent la réalité, Le travail de M, "Maistre se ressent du milieu qu'il hahite, t:'est-à-clire des hautes altitudes, du voisinage des glaciers étincelants et des géants alpestres qui ,invitent aux grandes ast:ensions,

L 'auteur du rapport connaît certainement à fond la vie va­laisanne, en particulier les conditions de notre enseignelnent pri­maire, la sitll.ation des régents , pour se rendre exadem,ent COlnpte des améliorations possibles clans , Je dOlnaine éducatif. L 'envergure et la rapidité des perfectionnements doi, ent, sous peine ,d 'échec,

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s'adapter aux conditions particulières de chaque pays. Dans le nôtre, où les transformations se heurtent à de grosses et multi­ples difficultés, il s'agit de se hâter lentement, prudemment; les routes y sont peu sûres et ont des tournants parfois dangereux. Ce n'est pas une bagatelle que de modifier des usages plusieurs fois séculaires ou même millénaires, de déraciner des habitudes invétérées, de gêner sérieusement ou de bouleverser certaines conditions d'existence de nos populations montagnardes .

Aussi longtemps que la grande majorité de nos écoles n'au­ra qu'une durée annuelle de six mois, que par conséquent l'ins­tituteur ne sera instituteur que la moitié de l'année, que la tenue de l'école sera une simple occupation d'hiver, un gagne-pain durant la morte-saison, que les fonctions de régent ne constitue­ront pas une carrière où l'on est débarrassé des préoccupations étrangères à l'école, les pensées, la mentalité et l'activité du pé­dagogue valaisan s'orienteront toujours d'un autre côté que vers

.l'école, ou n'y tendront que d'une façon intermittente. C'est si vrai que, chaque année, à la rentrée des classes, l'instituteur dont l'enseignement a subi une ïnterruption de quatre, cinq ou six mois se sent comme déshabitué de ses fonctions et obligé de s'entraîner durant quelque telups, de se faire de nouveau à un genre d'occupation qui diffère totalement de celui qu'il délaisse maintenant et qu'il reprendra plus tard.

Et même pendant l'année scolaire, combien d'instituteurs restent libres de préoccupations étrangères à leurs fonctions édu­catrices, qu'imposent souvent les nécessités de l'existence, la mo­dicité du traitement, le désir de se rendre utile en dehors de l'école, l'ambition de jouer un rôle politique, d'être quelque chose dans la commune ou l'Etat?

S'imagine-t-on que dans ces conditions l'instituteur puisse songer sérieusement à son perfectionnement professionnel, s'adon­n~r à des études complémentaires, être un intellectuel qui s'inté­resse aux luultiples problèmes de l'enseignement et de l'édu­cation?

Nous pourrions en dire long et rappeler les constatations décevantes sur l'usage des bibliothèques pédagogiques ou autres.

Pourquoi, dès lors, vouloir donner à notre revue l'étendue et l'importance que rêve lV1. Maistre, h'avail qui nécessiterait tout un état-major, une académie de spécialistes ou d'encyclopédistes? Ces rédacteurs se dévoueraient-ils à cette tâche à titre gratuit ou pour une rétribution dérisoire? Nous en doutons fort. Et s'il fallait les payer en raison du nombre et de la valelu de leurs articles, l'Ecole primaire devrait disposer d 'un budget que l'abon­nement de 12 à 15 francs par an dont parle l'auteur de la pro­position ne parviendrait guère à équilibrer.

PtlÎs 1 où trouver:=l,-t-on ces rédacteurs compétents que l'on

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~ésire? Dans le corps enseignant secondaire? Mais MM. les pro­fesseurs de nos collèges ont déjà suffisamluent cl occupation avec leurs cours à préparer et à donner, les copies à corriger et les divers services qu'on leur demande pour la p~storation. Sera-ce dans les milieux extra-scolaires? Y rencontrera-t-on des hOlU­mes. qualifiés pour traiter avec cOlupétence des questions péda­goglques' et n'ont-ils pas, qu'on nous penuette l'expression, d'au­tres chats à fouetter?

Nous nous souvenons que lors d 'une participation à la réunion du comité de rédaction et d'administration de l'Annuaire suisse) à Lausanne, quelqu'un nous fit cette question un peu humiliante pour notre alTlOUr-propre cantonal: « Pourquoi aucun Valaisan ne fait-il à r Annuaire l'honneur de l'envoi d'un article ou d'une « étude » pédagogique? N'y a-t-il pas dans votre can­ton d'homlues qui s'intéressent sérieusement aux choses d'école? » Nous répondîmes de façon à sauver l 'honneur valaisan. TI nous seluble que l'état actuel de notre Ecole primaire supporte hono­rablement la com.paraison avec bien des revues indigènes ou étrangères. Nous en connaissons qui paraissent en Suisse 1'0-

luande, en Suisse alémanique, en France, en Belgique, etc., et qui toutes ne l'emportent pas sur la nôtre. Ces revues ont et conservent un programme exclusivement pédagogique ou pro­fessionnel sous les rubriques suivantes: Pédagogie générale, pé­dagogie pratique (exercices d 'application ou luodèles de leçons) , com.n1.unications officielles ou administrati, es , bibliographie (ren­seignements très succincts à titre de réclames), enfin chroniqne hebdOluadaire ou lnensuelle.

C'est bien ce que nous avons dans notre Ecole pl'imaire.

En ce qui regarde en particulier la partie pratique, nous préférons les modèles de leçons aux exercices préparés dont cer­tains maîtres tiennent à s 'approvisionner sans peine. Nous ne SOlumes pas partisans de la livraison de ces matériaux qui fa­cilite trop la négligence à préparer la classe. De plus, ces exer­cices s'adaptent rarement à la for~e de telle ou telle classe, et il paraissent à des intervalles trop espacés et en quantité le plus souvent insuffIsante. Nous leur préférons l'utilisation de bons manuels où un maître intelligent, ingénieux et actif trouve ample matière aux exercices d'application.

Donc, à . notre avis, l'Ecole pl'lInaire peut luarcher le front haut et continuer, ùans la mesure de ses modestes luoyens, à rençlre service con1.me elle l'a fait depuis plus de cinquante ans. Sans qu'on lui apporte des l11.odifications profondes, elle consti­tuera, COlnlne par le passé, un trait d'union entre les intelligences et les cœurs du personnel enseignant auquel elle ne demande, comme prix de ses encouragements et de ses conseils, qu'un mo­deste tribut de syn1.pathie, de collaboration et un prix d'abonne-

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r~1ent qui n aplatit pas tTOp la bourse déjà peu r eb()ndie de l'Ïns­b tuteuT valaisan.

~près ce~ considérati~ms un peu généra les, nous deman­?O~S a M. Mms,tre la penuIssiOll d' examiner quelques-unes de ses Idees. Nous le fel:ons sa ns paTti-pris, a vec le seul souci d'expo~er loyalement ce qlU nous paraît r éalisable ou non dans notre pays .

,D 'abord , nous nous empressons de Je féliciter de son esprit pn)!~ndément chrétien , et nous apprmn ons chaudement sn pro­p~SItlOn de rconsa~r~r :lne page de not re revue a u développpemel1t ~1 une pel~see de f Ol, a un commentaire d'un passage d 'évangile, i.~ un . récIt édifiant tiré .rle la vie des saints, etc , Ces matièr es '-ournles régulièrement et à petites doses produisent plus d 'effel ~u,e les longs sermons ; elles agissent comme ces gouttes d 'eau CJui, :~. f?rce de tomber au m èm.e endroit d un e pierre même très dur fll1ISsent par la creuser et la percel:.

En pédagogie, M. :Mais tre formule entre aulres desiderata , celui d 'un « bref aperçu des idées nouvelles » .

No~s lui f~r()n s r emarquer qll e, pour . notre part, bea ucoup de ces InnovatIons tentées en Suisse et ù l'é trano'er nous on l touj?ur~ laissé sceptiques sur leur utili té; que quel~Iues -unes, P Il

parh~uher le mode d 'enseignem ent et le prog ramme introduits dep~ns peu dans les r coles de Vienne en Autrich e, nous paraissen l aVOIr conduit ù une véritahle anarchie et désorga nisa tion pédao'o ­gique. (N'oublions pas d 'ajouter que le gouvern.ement autrichien actuel est imbu d'id ées socialistes.)

Nous n 'avons jamais jugé opportun ci e mettre nos collèg ues au COUTant de ces nouveautés que nous considérons comme des essais aventureux imaginés par des espTits en mal de vanité d 'originalité , de démagogie ou de nivellement social. La COll ­

nai~sa~lce de ces S) stèmes peut tout au plus é, eiller une certaine cUrJosIté en matière pédagogique.

Les anciennes · méthodes, tant celles de l'enseignement se­condaire que celles du primaire a "aient du han et on fer ait hien d 'y revenir en grande partie. A, ec tous les progrès dont on se vante aujourd 'hui , on constate néanmoins un ·peu partout lÙl

recul dans l'instruction et surtout dans la forma tion morale de la jeunesse. On n apprend plus au x jeunes gens il penser , à Tét'l échir ~l vouloir; bref , on n 'en fait plus des homn1.es .

. Dans le même ordre d 'idées, M, Maistre désirerait qu on pu­bhât dans l'Ecnle primaire 1 analyse des meilleurs ouvrages de pédagogie . Ici , nous estimons que la connaissance approfondi e d 'un bon ouvrage, comme celui dont on t se sert actuellenlent ù l'Ec?le nornlale, vaut mieux que la connaissance superficielle de plUSIeurs traités. « Je crains ] homlue d'un livr e » disait quel­q.u'un. Evidemment que cette parole peut être interprétée exten -Ivement dans le sens d 'un mênle genre de li, l'es ' nlais enfin; lin

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livre de valeur renferme généralement ce que contiennent les autres sur la même matière; ce qui diffère, c'est la forme, c'est le nombre des détails.

Et puis, posons-nous la question: MM. les instituteurs ont­ils , en général, le goût et le temps de lire? Le temps dont ils disposent en dehors de la classe n 'est-il pas habituellement absorbé par la nécessité de détendre l'esprit, de corriger les copies, de préparer la classe, de s'occuper du l1lénage, « de la cuisine » , de soigner le bétail , d 'assister à des répétitions de lUU · sique, de chant, etc., etc . C'est ce qui explique les constatations déconcertantes dont nous parlions plus haut à propos des hiblio­thèques.

Ensuite, calcule-t-on le tenlps que deluanderait la lecture de' ces ouvrages à analyser?

En matière pédagogique, une revue rend plus de services en développant à fond telle ou telle question à peine effleurée dans un livre, en adaptant une méthode ou un procédé, au milieu où se trouvent les élèves et les maîtres, qu'en dissertant longuement sur l'ensenlble des théories d un ouvrage.

M. Maistre désirerait aussi qu'on réservât une place à la préparation d 'examens de tout genre: émancipation, admission, etc. , etc. Nous avouons éprouver peu de sympathie pour ces sortes d 'exercices qui rappellent les clichés qu'étaient les cartes de calcul écrit et oral, les questionnaires de connais'sances civiques, les listes des sujets de composition invariablement du même genre qu'on utilisait dans les feus examens du recrutement et ù l'aide desquels les candidats subissaient un chauffage à blanc, nn dressage plus ou Bloins m écanique, rappelant ces drogues dont se servent les maquignons peu consciencieux pour donner aux bêtes destinées à la vente un lustre et une vivacité momentanés.

COlTIIUe les examens portent toujours sur des programmes nettement établis d 'avance, il suffit de parcou.rir sérieusement ces progralumes, de développer dans les candidats l'esprit d 'ob ­servation, la réflexion ,. le jugement et alors ils pourront affronter les examens avec neuf chanc~s sur dix de réussite; nous en avons , du reste, l 'expérience.

Quant à la vie sociale de l' instituteul', dont notre journal p é­dagogique devrait aussi s'occuper, nous trouvons décidément que ce serait, pour lui, sortir du cadre strictement professionnel et prendre un ' caractère hi en encyclopédique, devenir une revue politique, commerciale, industrielle, sportive, une gazette a~ec avis, annonces , réclames. N'existe-t-il pas suffisamm.ent de péno­diques appropriés à toutes sortes de besoins?

Et ces hOl'izons nouveaux qu 'on v~ut hien nous faire entre­voir où les découvrira-t-on? Il est gros à parier que longtemps encore ils resteront où ils sont actuellenlent ,et que leurs limites

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ne seront guère plus étendues que celles de nos étroites va1l0es alpestres.

Quelles occupations un instituteur peut-il trouver pour la période des , 'acances scolaires? Les travaux des champs, une

· place dans les hôtels ou les chemins de fer de montagne qui chô-· ment en hiver, un remplacement prm isoire dans un bureau, et · puis · c ' e~t tout, car il ne s'agit évidemm.ent pas d'une place . à

1 année. Or nul n 'ignore à quelles difficultés se heurte aujour­d 'hui l'obtention d 'un emploi convenablement et Inême Inédiocl'e­m.ent rétribué. Pour une vacance, il se présente dix, vingt candi­dats dont beaucoup possèdent une instruction assez complète et une préparation spéciale. A notre avis, les instituteurs qui n'ont

. que six, sept mois de classe, et c est Je plus grand nombre, de­, vraient se recruter parmi les candidats qui possèdent su ffïsaln­

l-llent de ruraux pour rester chez eux en été et n 'ont pas hesoin chaque année, de se 111ettre en quête d ' une occupation estivale.

Enfin, et c'est par là que nous terminons , M. Maistre parle de solidarité profeSSIonnelle. Ah! ]a belle chose que cette so]i­'darité. Encore faut-il qn elle soit effective et qu'elle s 'exerce non seulement en faveur de collègues vivants , n1ais aussi en faveur de ceux' que la mort a fauchés.

Et ici nous nous permettons d 'exprinler un double VŒU . Le prenlier est celui d'une participation plus nombreuse d 'institu­t'eurs à la sépulture d 'un de leurs collègues. Il arrive parfois que cette pal'ticipation compte un nOlllbre infinle de régents: quatre, cinq ou six, comme nous l'avons constaté de nos yeux. Ne pour­rait-on pas dès le décès ct '.un instituteur, en a, iser imlné<liate­Inent 1 Inspecteur et les régents du district qui , sauf empê­chem.ent nlajeur, se feraient un de, oir de rendre à leur collègue Jes ·derniers honneurs?

Le deuxième "ŒU serail qu 'ù la fin de 1 année, en décembre, · la Société valaisanne fît célébrer un office pour les membres

décédés dans le courant de l'année. Et n1aintenant, nous prions M. :Maistre de "ouloir bien nous

, excuser de la liberté que nous avons prise d'anlyser suri travail qui, certes, luérite des éloges et ténloigne de ses idées élevées et généreuses, lnais dont certaines propositions ne nous semblent pas assez pratiques.

La correction des dictées L 'Ecole primaire du 30 novembre dernier nous donnait avec

beaucoup de bon sens pédagogique) une manière pratique de cor­riger les dictées . Qu'il nous soit penllis d exposer ici une autre méthode légèrement différente, qui nous paraît fort avantageuse aussi, et qui, à ce qu il semble, doit être pratiquée par beaucoup

-ti-

de luaîtres. Elle fait appel à la fois à la mémoire auditive et Vl­suelle de l'élève, élo'igne de sa vue, au moment de la correction, la faute que peut-être il a faite dans son cahier, et exige de lui un certain effort, auquel il faut 1 hahituer de bonne heure .

Le maître, en son particulier, souligne, de préférence à l'en­cre rouge, toutes les fautes en se sen ant de signes particuliers dont la valeur conventionnelle est connue des élèves: par ex. un trait pour les fautes de ponctuation; deux traits pour les fautes d'accord; deux traits pour une faute d'orthographe proprement dite, qui sera en outre marquée d'une petite croix, ou d'un autre signe. Il reièvera sur une feuille les fautes qu il a rencontrées dans les di verses copies .

Vient ensuite la correction proprement dite. En classe, le maître appelle au tableau un élève qui possède une bonne écri­ture. Puis, avant mên1e de rendre les cahiers, il fait écrire au tableau, düment corrigés, tous les Inots, toutes les expressions dont l'orthographe est fautive et dont il a dressé la liste. Il aura soin de rappeler et d'expliquer les règles dont l'application s'est manifestée q.éfectueuse . Quant aux autres Iuots,' inutile d'insister puisque l'orthographe en était juste.

. L 'épellation, il la fera lui-n1.ême, ou bien, pour intéresser plus directeluent la classe, il aura recours à des élèves qui n'ont pas de faute dans le cas particulier, car il importe que dès le début le mot soit correctement épelé . Alors seulement, le mot sera fixé au tahleau. Ainsi les élèves auront une double sensation juste: celle de l'ouïe et celle de la vue.

Mais , dira-t-on , les élèves faibles n 'auront pas de part active dans la correction! Rien de plus facile que de parer à cet incon­vénient. Il suffit de faire épeler à nouveau à l'un ou à l'autre élève le mot écrit au tableau, ou bien, chaque élève prendra de­vant lui une feuille, où il recopiera les mots en question.

Le maître rend alors les cahiers aux élèves qui devront faire clans lCl marge la correction des mots soulignés. Il exigera que tous les mots marqués d'une croix soient ensuite recopiés cinq fois, à la suite de la dictée, pour le prochain exercice. Nous pen­sons qu'il est superflu de faire relever les n10ts où l'accord a été défectueux, car pour que ce tra, ail ait un sens il faudrait reco­pier aussi les mots dont il dépend, ce qui nous amènerait par­fois trop loin.

Un coup d 'œil permettra au maître de contrôler si l'élève a fait sérieusen1.ent chez lui le travail de correction; qu'il ' se mon­tre sévère à ce sujet, car mieux vaut faire une dictée avec appli-cation que dellx ou trois à la ,aille que vaille . G.

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L'Orthographe à l'école « Il y a une crise d'orthographe 1 » tel est le cri dont le

NOLlvelliste du 14 décelubre nous a renvoyé l'écho. « Tous ceux qui sont obligés de recourir aux services des

« .jeunes, dans le conln1ei'ce ôu l'industrie, dans les banques uu les adIuinistrations puhliques se plaignent du manque d'ortho­

« graphe de leurs scrihes. Les professeurs de l'enseignement se­« condaire dénoncent là-dessus, les défaillances du premier en­« seignelTIent ».

Avant de tirer la conclusion naturelle de ces lig'nes à l 'adresse ­des instituteurs, nous nous permettons de contester l'exaditude de ce jugement, non que nous soyons mieux. qualifié pour le porter, n'lais pour donner ici le télTIoignage de la personne la plus autorisée en la n'latière, le tén10ignage d'un pédagogue dont les états de service portent: instituteur 30 ans, inspecte nI' sco-laire 30 ans. '

Mieux que l 'industriel, l'administrateur, voire nlême que Je professeur d enseignelnent secondaire qui seraient trop heureux de n'elTIployer ou de n'enseigner que des licenciés ès lettres, M. l Inspecteur Rouiller peut comparer ce qu'il a constaté il y a 30 et 60 ans et ce qu'il constate ce jour. Sa réponse à la même question qui lui fut posée à la Conférence des instituteurs à Riddes, ce printemps, a été catégorique: « Non, il n'y a pas de crise » .

Dans l'espace de 10 ans, la moyenne des notes aux eXalTlenS s'est améliorée de deux. points et cela dans des prop'ürtions aussi favorables à l'orthographe qu aux autres branches. '

Nous ne prétendons pas cependant que nos élèves sont tous des « phénix »; non, tous les professeurs d'enseignement secon­daire, commercial ou technique doivent reconnaître que leurs candidats élèves auront besoin de ' leurs lumières, ayant encore beaucoup à apprendre . . Mais que ceux qui se scandalisent si faci­leillent des « fautes ,» d'un jeune homme s'appliquent la parole du Christ: « Que celui qui est innocent lui jette la pren1ière pierre » et ils verront que les jeunes sont en bonne compagnie. Nous ne parlerons pas des ~nstituteurs, aucun d'eux ne s est jamais vanté de ne pas faire des fautes. Nous ne parlerons pas non plus d'au­torités, d'administrateurs divers qui ne sont plus dans les rangs de ,la jeunesse avec les docteurs divers sortis de huit ans de collège et des hancs de l'Uni"ersité : non que les noms manquent de ceux qui émaillent leur prose de symholiques myosotis, mais parce que nous nous récusons pour les juger, car c'est à coup sür une défaillance de la première éducation .

Mais ils se rassurent, ils sont excusables et pour preuve ils nous raconteront un jour maintes anecdotes sur les lapsus calami des In'lillorteis 1 Un silnple mortel H.

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Comment on peut encore apprendre l'orthographe

Une grosse pierre d achoppement en orthographe est le man­que d'esprit d 'observation chez l'enfant: trop souvent, certains éléves regardent et ne voient pas parce que leur esprit est ailleurs. Pour forcer ces distraits ~l « voir » ce qu'ils regardent, il est bon , au cours d 'une récitation, de faÜ'e épeler l'un ou l 'autre mot dif­ficile. Après la lecture d 'un luorceau, il est utile également de de­mander l'épellation de quelques mots pris au hasard ou présen­tant des difficultés. Cela prend peu de temps, ne dérange pas la leçon et donne de hons résultats. Les jeunes surtout se trouvent bien, en ce qui concerne les ùictées proprement dites si on alterne les exercices orthographiques étudiés d'a, an ce par eux, avec les dictées dont on donne une seule lecture préalable accompagnée d'explications relatives aux termes dont le sens est inconnu des élèves. N., inst.

Notre manuel d'Histoire Observations concernant la revision du manuel d'his­

toire par C. ZEHNER.

La première édition du manuel cl histoire par C. Zehner tou­che ft son épuisement, et le Départeulent de l Instruction songe ù la remplacer par ' une seconde. Mais il désirerait connaître préa­lablen1ent les améliorations qu'il con, iendrait d'introduire dans le manuel actuel. Aussi vient-il, par circulaire, d 'inviter le P. E. ft lui fournir, des suggestions à ce su.iet.

Quant à nous, nous pensons que certaines Inodifications sans être de réelle nécessité, contribueraient néanmoins à rendre l'ouvrage plus pratique encore et ù faire taire les quelques rares critiques qui se sont éle, ées dans certains milieux, où les SUSCèp­

tibilités religiel1ses ou politiques sont très vives. Voici donc quelques observations que nous nous pennettons

de présenter : Cl) ,Nous estÏlnons que le style du manuel actuel , quoique

simple et clair , gagnerait à être châtié dayantage et à devenir plus élégant, sans toutefois quitter la simplicité qui est de rigueur avec les enfants de nos écoles prim.aires; car l'histoire contribue efficacement à l'acquisition d un langage soigné.

b) Nous voudrions une réduction sensible ùe l 'étendue des récits, où l auteur s 'est laissé entraîner à une surabondance de détails (noms propres , ' dates, etc .) qui fatigue inutilement la mémoire des enfants. En histoire, il suffit de faire retenir soli­dement les tvénen'lents importants. Ce serait une prétention vaine et ridicule que celle de viser à l'érudition ~n ec nos petits villa­geais. Laissons ce luxe à ceux qui peuvent poursuivre leurs étu-

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des, et qui, un jour, pourront meth'e à profit l'expérience dt! passé dans le gouverneluent de leurs semhlables. Pour l'imnlense m~jorité de la population de n'importe quel pays, l'histoire ne dOIt être qu'une école de patriotisme et un recueil ' de leçons IUO­l'ales; or, pour atteindre ce hut, il n'est pas nécessaire de rappeler toute l'innombrable multitude des luenus faits avec leurs cir­constances.

Du reste, interrogeons-nous nous-mêmes. Qu'avons-Bous re­tenu de l'histoire que pourtant nous avons étudiée d'une ma­nière assez approfondie, et quel usage en faisons-nous dans la vie journalière?

De deux· choses 1 une: ou ces textes seront étudiés à fond, ce qui revient presque à dire de mémoire, ou ils ne le seront pas. Dans le premier cas, leur longueur occasionnera chez· les élèves une fatigue cérébrale nuisible et demandera un temps considé­rable; dans le second cas, ils serviront tout au plus de dates à lire ou à consulter, mais alors le profit que les élèves en retire­ront restera bien probléluatique.

Aussi, nous ne croyons pas nous tromper en affirmant que beaucoup de maîtres les laissent volontiers de côté et ne font apprendre que le trop court résumé qui termine chaque leçon du luanuel.

Donc, nous trouvons le texte des récits trop long, trop sur­~~lar~é de détails, et celui des Tésllll1és trop succinct. Nous pré­ferenons un récit plus court précédé ou suivi d'un petit SOll1nlaire composé de .mots de rappel que l'enfant aurait à développer c?m~e exerCIce de langage. Les résumés actuels dispal'aîtraient mnSI, non pas tota)ement, car nous voudrions les maintenir à la fi~ d~ chac~ne des 'parti~s principales ou des périodes de no­~re hIstOIre natIonale; Ils eXIstent déjà, mais ont trop peu d'éten­due.

S.i le. luaintien de certains détails paraissait nécessaire, nous conseIllenons de leur réserver une place en dehors du texte à l?:énlo.riser et de les donner en caractères tynographiques plus fIns; I]S resteraient ainsi à la disposition des amateurs en éru­dition.

c) La. réduction de la longueur des récits permettrait, sans ~ug~enta~lOn ?u nombre de pages ni du prix du manuel, l'ad­.lOnC~lOn, a la ~In. de. chaque chapitre, d un petit aperçu cl' histoire valazsanne, qUI feraIt connaître le rôle ou la situation politique d~ notre canton aux différentes époques de l'histoire suisse. L'his­tone du Valais s'enseignerait ainsi parallèlement à celle de la Confédération et serait renfermée dans le même manuel.

d) Dans la deuxième édition, nous voudrions voir combler une petite lacune que nous constatons dans la première. Celle-ci, en effet, passe souvenl' sous silence J'origine 01,1 la cous'e ::dnsi

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que les conséquences de certains événem.ents. Ainsi, pour citer l'un ou 1 autre exen"lples, nous n y trouvons pas le motif de l'in­tervention bernoise dans le siège de Soleure, celui de la préfé­rence qu 'éprouvaient les COlTUl1UneS de Baal', d'Aegeri et de Men­zingen pour les Confédérés, alors que Zoug restait attachée à l'Au­triche; on ne fait non plus ressortir, du moins suffisamn"lent, les consécluences funestes, honteuses de la conquête d~ l'Argovie. Puis, est-il vraisemblable que les Bernois se soient lancés dans une guerre contre les Valaisans uniquelnent p~rce que Guichard de Rarogne était bOlugeois de Berne? etc.

e) Nous désirerions qu'on Inodifiât un peu l'ol'dl'e des ~véne­ments rClcontés, . qu'on tînt moins cOInpte de lordre chronologi­que, qu'on suivît une marche plus logique el présentar~t une certaine unité ou concentration.

Selon nous, l~ point central autoul: duquel doivent grayite.r ]a plupart des faits de notre histoire, c'est la Confédération. En conséquence, nous les prÉsenterions dans l'ordre suivant: événe­luents antérieurs à la pTemière alliance, événements qui ont pré­cédé ou suivi immédiatement le pacte de 1291, qui ont contrihué au 111aintien, à l'extension et ù. l'affermissement de la Conférlé­ration, qui se rapportent aux relations de la Confédération ~vec les pays ou les princes étrangers, qui sont résultés des luttes ci­viles, religieuses ou autres, affaiblissement du lien fédéral, inva­sion, chutè ' de l'ancienne Confédération, état transitoire, situation à partir de 1848, état actuel.

Ces, faits ~()~lstitueraien t un tout, une sorte de bloc d'où se­raient élinlinés hon nombre d'événen1ents qui actuellement s'y intercalent .au détriment de la clarté et d.e la suite logique; car quelle connexion y a-t-il entre l'hist()ire de la Confédération pro­prelTlent dite et le siège. de Soleure, la bat~ille de Laupen, les guerres d'Appenzen, les luttes valaisannes con tre la Savoie. et I.e sire de Rarogne . l'histoire des Lignes grisonnes, etc,etc. Ces faits que nous considérons cümme des parties annexes de l'histoire de la Confédération devraient tnlUyer une place à part ::n ec carac­tères d 'imprilnerie plus , petits.

f) Enfin, nous approllYerions volOlltiers la modification du ton -légèrement Cllnrr OH agressif que l'aulellf emploie dans cer­tains passages r~latifs à la Réforme religieuse, à l'invasion fran­çaise et aux. événemen.ls politiques de la pren1ière Ihoitié du siècle écoulé.

Nous ne contestons ~l personne le droit de dire la ,vérité; néanmoins la prudence et la charité exigenl parfois des nlénage­luents, des adoucissements dans la fonne eluployée.

A l'heure actuelle passe sur la Suisse. un souffle de toléranee religieuse qui, espérons-le , contribuera dans lU1 tlyenir prochain ft supprimer c1ans notre COl1stitulion fédéra1e certaines disposl"

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tions contraires aux droits de l'Eglise catholique. Ce n'est dOll~ pas le moment de froisser les susceptibilités de nos', frères "é­parés.

De même, dans les questions politiques, il ne convient pas non .plus, de raviver des souvenirs irritants.

N'oublions pas que le manuel d'histoire est imposé· dans les écoles publiques; il ne doit donc pas blesser les convictions · reli- . gieuses ou politiques des parents des élèves.

Voilà qqelques-unes des idép-s que nous avons cru utile de soumettre à ceux qui s'occupent de la révision du luanuel d'his­toire. Nous espérons ' que les suggestions qui ,iendront d'autres sources auront plus de valeur que les nôtres, car nous avouons que nous n'avons pas .eu l'occasion de nous servir dudit manuel dans l'enseignement et que nous ne le connaissons que pour l'avoir examiné. en curieux.

Ce que nous disent les fleurs des ohamps

A titre de récon1pense et d'encourâgement, nous publierons de temps en temps l'un ou l'autre devoir d'élève de l'Ecole nor­male. Il est entendu que ces devoirs n'ont pas été pl'épal'és pal' le maîtl'e et n'ont eu à subir que des c01'1'ections tout à fait légères , comme celles cle falltes d'orthogl'aphe OH de ponctuation.

Petites fleurs, gratifiées par Dieu de si ravissantes couleurs, qui contribuez à l'embellissement de la nature et à la glOIre du Créateur, l'homlne vous a trouvées si coquettes et si jolies dans vos habits bigarrés, qu'il vous a associées à ses honneurs, à ses ' peines.

A chacune de vous, selon votre couleur, votre parfum, votre fOl'lue, votre attitude, ou bien le lieu que vous vous êtes choisi pour demeure, il a donné une signification particulière. Cachées dans les bois, dissimulées sous les buissons, il a fait de vous le symbole de l'humilité; entourées de l'herbe des prés, vous êtes la modest,ie; accrqch~es .aux som.mets des nlontagnes, jusqu'au pied des I;leiges éternelles, il voit en vous l'audace et la ténacité; hautes sur . VQS tiges, vous entourant d'épines, vous êtes l'orgueil; jolies, élégantes, vous balançant gracieusement sous les caresses du vent, vous symbolisez la grâce fénlÏnine; enfin, vous êtes tout: l'amour, la joie, la douleur, la pureté, la vie.

Cavalièrement retenues à la boutonnière des jeunes gens , vous marquez extérieurement la joie débordante de leurs âmes heureuses de vivre, l'ardeur juvénile qui les anime. Négligemment accrochées au corsage des jeunes filles, vos grandes sœurs, ou vous trouvant comme par hasard dans leurs cheveux, vous êtes -le témoignage d'un brin de coquetterie, du désir de plaire, de

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la joie d'être jeunes et jolies. Vous servez d 'intermédiaire à J'amour et à l'amitié. Une petite ,fleur glissée adroitement dit bien des choses et fait deviner le sentiment que la timidité tient caché. Un bouquet envoyé à l'occasion d'une fête est le gage d'une amitié sincère.

Marque du respect de l'homme pour son Dieu, vous ornez les autels; vous mêlez, otre parfum à l'encens des sacrifices pour glorifier le maître de toutes choses. Vous rendez gloire à l'hon­neur en ceignant le front des héros, en tombant en pluie sur les triOluphateurs. C'est de vous dont on se sert pour témoigner son respect, son admiration. On offre- des gerbes de fleurs aux digni­taires' aux vedettes des théâtres, aux hommes du jour que l'on

. fête. V.ous accOlnpagnez les convois funèbres, et là, sur le drap

noir où ressortent vos couleurs, vous semblez être à la fois le symbole et des regrets que laisse le défunt et des bonnes actions qu'il emporte. Vous ornez la tombe des disparus, rappelant ù. l'oublieux le souvenir de ceux qui ne sont plus.

V ous êtes de toutes les réjouissances et de toutes les céré­monies. Dans les fêtes, tressées en guirlandes, accrochées aux fenêtres, aux murs, aux arbres, enroulées autour des mâts, par­tout répandues à profusion, ·charnlant à la fois la vue et le cœur, joignant la beau·té de vos couleurs à la suavité de vos parfums, · vous êtes la Inarque de la joie qui anime tous les cœurs, et sem­blez convier tout le monde ù la gaîté.

Gerbes magnifiques que l'on offre :lUX fiancés et aux nou­veaux époux, vous êtes les témoins des sel'ments qu'échangent les uns et les autres; vous accOlnpagllez les seconds. à l'aulel, et, image de l'union qui doit toujours les lier, vous leur promettez, semble-t-il, de longs et d'heureux jours. '

Flétries, décolorées , desséchées entre les· pages d 'un vieux lh re que vous avez Inarqué de votre empreinte, vous éveillez dans le cœur de celui qui vous y a placées, le souvenir cl'lme ancienne affection, d'un être chéri disparu, d 'un événement heureux. Vous rainenez le souvenir sur les lèvres flétries de quelque vieille grand'nlère dont les doigts tremblent en vous saisissant et qui après vous avoir contemplées un instant, 1 esprit envolé, ers le temps jadis , 'OllS repose religieusement dans votre humble ca­chette.

Vous épanouissant sur la fenêtre d 'un malade ou sur la lu­carne d'une petite ouvrière de grande, ille, vous consolez le pre­Illier en le portant vers l'espérance, et vous évoquez clans l'esprit de la deuxième les délicieuses solitudes de la campagne, la ma­jesté des bois et de la belle nature.

En tout et partout, vous avez un mot pour l'âme: vous rendez l'espérance à celui qui l'a perdue, provoquez la joie chez

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l'altristé, calniez h.l douleur, failes ' llaHre la sympathie; en un mot, vous ' êtes de ces petits riens qui font de grandes choses el qui contribuez à adollcir el ;\ ég<1yer notre passage sur la terre . Le haUlue que vous répandez ainsi"sur notre âme y rait jaillir ' Llne affection qui se manifeste par le plaisir que nous avons à VOlIS

présen el' et à vous cultiver. (Culilposition du 1ft. décembre 1926.)

H., élève de 2111e ' unnée'.

Langue' maternelle.

COUHS MOYEN

Dictée. - La sincérité. -:- L 'honl).ête homme aime J3 sin­cérité par dessus tout. Il est sincère. 11 ne cherche pas à se trom­per lui-même en fern1ant les yeux sur ses défauts, ni à tromper les autres, en altérant .la vérité. Sachant que les relations ' de, hOlumes . reposent sur la confian~e, que chacun parle selon la' vérité, il dit en toutes circonstance"S ce 'qu'il croit êtr'e ,rai. Atlssi ceux. qui, connaissent sa véracité, c'est-à-dire son attachelnenl à la vérité, lui accl>rdent-ils sans peine leur estime. Son âme ressemble aux eaux liml)ides et transparentes J'un lac, qui re­flète le ciel bleu dans toute sa pur'efé et lalssei'ü apel'cevoir a u fond , comme des pierres précieuses, les cailloux.

, E. BOURCEAU.

Mots et e~pl. - Sincère, qui l)arle et agit conforn1éni.ent à sa pensée; regrets sincères, raits d'une manière fr a nche; fonl1ufe de politesse de la coàespondance: agréei mes sillcères saluta­tions. Synon. : cordial, franc ou 'i'ei't, rond .. Anton. : faux, feint hYPoCTite. - Altérer, changer, modifier l'état' ordinaire d'une chose; falsifier: altérer une marchandise; tronquer, dénaturer , corron1pre. Fig,: affaihlir , ruiner , se cOl'l'ompre, caus/el', exciter la soif. - Helation, rapport d'une chose il une autre; commerce, liaison, rapports d'affaires, (l'~m.itié; récit , narration. - Hefléter, reilvoyer en reflets, ' en parlant de la lumière' des images qui se reflètent dans l 'eau. .

Idéées. - Quand dit-oh qu'un élève es l sincère? A quoi COll1-

pare-t-on un enfant sincère? ' , Grmnm. el , exerc. - Conjuguer la c1éuxième phrase du texte

au passé compos, négativement, interrogativement et interro­l1égatlvemeùt: Quelles sont lès deu~,- propositions ' complétives d~­redes , les deux complétives déterminatives eL la complétive e~pl'l­cative? - ' Trou\'er llll (l<I .ie~til' cléri, é ùe ciHÎCUI~ des non1S' sui­\'ants de la dictée: homme. yérité, défau t, relations , confian 'e, circonstance, peine, estimé, ' ciel , pierre , caillou. - Hecopier ln dictée en r,emplaçant ~ honhête honune -par les honnêtes gens.

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Héd. - La franchise'. - :Montrez qu'un enfant sinoèr . 'a 1-tire l'estime et l'affection de ses parents et de ses lllaîtres. Exenlple.

II. ~ Le menteur. - Le menteur parle' contre la védté 'Sail pour éviter un châtiment, soit pour porter tort ù. qùelqu'un : 'soil p~r vanité, el1 voulant se faire croire plus intelligent, plus · ha­bIle ou Ineilleur qu'il n'est. Dans tous les cas, sa conduite esl lâche et méprisable. Instinctivemelit, tout le monde se détoùrne de celui sur qui a été porté ce terrible jugement: « C'est lin rr~~nteur » . Il ne tarde pas d'ailleurs à être prIs à so·n . propre pIege. Un mensonge en . appelle un autre et, si le menteur h'a pas honne mémoire, il ne tarde pas. à se contredire et ù tomber en confusion. Même lorsqu'il dit la vérité, on ne le ~roit plus. '

E . BOUHCEAU. Mots et expr.: - Vanité, Inanque de \ aleur, de série:ux;

chose inutile, déSIr de se faire valoir, ql,lÎ perce au dehor~ : ê1re pl~in de vanité; tirer vanité d'une chose, s'en glorifier; 'l)e.rsonn,e qUI cherchent à briller: il y a bien des vanités da,ns cette société; - lâche, qui est trop peu serré: une corde lâche; ,une étoffe lâche, dont les fils sont peu serrés. Fig. : qui mn:nque d'ardeur : élève lâche au travail; qui manque de courage; qui a des senti­ments vils; qui est vil et méprisable; homme mou, paresseux. Synon.: cO,uard, poltron, pusillanime. - Confusion, état de ce qui est pêlê-lnêle; trouble, désordre; défaut de clarté; ' emharras causé par la honte, la timidité; profusion: , grande confusion de mets; impossible de s'entendre. Synon.: honte. Anto'n.: clal'té, netteté, précision.

Idées. - Quel est l'ennemi de la sincérité? Dans quel hut un élè.ve ment-il le plus souvent? Comment qualifie-t-on la con­duite du menteur? Pourquoi dit-on men.teur,· voteur?

Héd: - Le menteur . - Pourquoi ment-il? COlnment est-il parfois puni? Exemples.

lU. Dictée. - L)hypocrisie. - L'hypocrite e~t plus infâme que le mentetH . Il se pare des dehors de la vertu ' et essaie <le tron1per ceux auprès desquels il vit.

L'écolier hypocrite se 1110nlre soumis à ses m·aîtres et em­pressé à leur faire plaisir et, par derrière, il les. dénigre et excite sournoisement ses camarades contre eux. L'enfant hypocrite affecte en public des attitudes pieuses et dans le secret de sa vie, il n'a ni piété ni ,ertu. Il natte, en leur présence, certains cama­rades qu'il redoute ou jalouse et les critique, dès qu'ils son t partis. L 'hypocrisie est regardée comme le plus odieux de tons les vices.

Soyons tou.iours sincères, Sachm1s a "ouer nos torts et r ecun­naître nos erreurs.

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Mots el expr. : Infâme, du latin int'amis, sans réputation; qui est flétri par la loi el l'opinion publique; honteux, indigne; habiter un infâme taudis, sale; lieu infâme; maison infâme. -Infamant, infamation, infamie. Syn. : deshollueur, honte, igno­minie, opprobre, turpitude. Deshonorer, cleshonneur, deshono­l'able, deshonnête, deshonnêteté. - Parer, orner; présenter sous un jour avantageux; parer ses marchandises. Fig.: décorer: parer son style; parer la viande, en t>ter la peau, les nerfs; parer un canot, préparer; parer le pied d'li'h cheval, en ôter l'excédenl de corne pour le ferrer. Syn. : décorer, embellir. Parer un coup. - Dénigrer, déprécier, abaisser le mérite. Syn. : discréditer, dé­crier, deshonorer, diffamer, noircir. - Sournois, dissim.ulé, d'un caractère en dessous: luine sournoise. - Affecter, faire une chose avec ostentation; feindre, simuler: affecter de grands airs; impressionner: cette mort m 'affecte; causer une impression dou­loureuse : le tabac affecte à la longue l'odorat; destiner: affecter unè certaine somme à une œuvre; s'affecter, s'émouvoir. Synon. : afficher, se piquer, apprêté, conlpassé, composé, étudié, guindé, maniéré, recherché. - Attitude, manière de tenir son corps: atti­I.ude imposante. Fig. : dispositions. Syn., : l>osture.

Réd. : Qu'est-ce qu 'un hypocrite? Donnez des exemples d 'hy­pocrisie.

Proverbes. ·Pensées. - L 'honnête homme est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée et de la pensée que pOl1r la vérité et la vertu. (Fénelon.)

Celui qui aime à réparer ses torts ne n1.érite pas qu 'on les lui reproche.

Dire un Inensonge pour réparer ses torts, c'est se laver avec de l'encre.

L'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la ,ertu. (La Rochefoucaud.)

Assieds-toi de travel'S si tu veux, mais parle droit. Il ne Inent jam.ais s'il n'ouvI:e la bouche.

Nature ne peut n1.entir (les instincts ne trompent jamais). Bon sang ne peut mentir (les enfants ont les qualités et les dé-fauts de leurs parents) .

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,~ Nos Pages ~,--0) ,G) "~ COURRIER DES INSTITUTRICES ~f<0 C~3~~ @flJ~

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SOMMAIRE: L'Angelus - L 'enfant a.ux pieds nus. - L'Ecole a.ctive. Pensées,

~~ L'Angelus l '""'(of~~

Un char qui roule, un toit qui fume, Une fenêtre qui s'allume D'un beau reflet. d'or du couchant. Puis, là-bas, au bord de la route, Le crocher solit:1Ïre', 'Ecoute ':.

Il dit un chant.!

C'est l'Angelus, ,"oix de la terre, Echo lointain du grand mystère Qu'annonça l 'ange Gabriel; Hymne des monts et des vallées Qui, par les routes étoilées,

Fuit vers le ciel.

11 reviendra dans chaque aurore, Il vibrera 10ngten1.ps enc,ore Dans l'air embrasé des midis. Salut d'en haut, prière humaine, Que ta douce voix nous lTl.ène

Au Paradis!

V oici les étoiles sans nombre, Les fleurs de feu de la nuit sombre. Rentrons, Ina sœur, ne parlons plus. Et sur la route où nous passâmes, Ecoutons chanter dans nos âmes

:Les Angelus! Paul HAREL.

~ .. ~~ - T .. rr- -.~~J. -....,.,.. .

L'Enfant aux pieds nus ... Elle est venue tantôt, à notre porle. Plaintive, elle tendait la

main. Ses grands cheveux cachai.ent son front et faisaient ciller ses yeux sauvages. Pour robe, elle avait des haillons, et pOlLr chaussure, la grise poussière des chemins. Elle était de ceux-là à qui nous faisons doublement l'aumône, car la misère est double­Inent cruelle aux tout petits comIne aux très vieux ...

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... Elle est partie, iuordant le pain de notre charité. Un peu de soleil dorait la rOllt~, et ,derrière ene son ombre s'allongeait démésllrément , comme -si quelq'ue chose d'elle eüt voulu rester avec nous. Mais la mendiante a disparu, l'ombre traîn.ante s'est effacée , Alors ta main , ma fille, m':1 attirée vers la porte ouverte. Ton ü1dex tendu nlontralt quelque c~ose... et j'ai vu que ,les pieds .de la mendiante avaient laissé leur trace au seuil...

C'était une empreinte grise: un peu de poussière attardée que le premier ,ent halayerait tantôt. Mais elle a suffi pour dresser dans Ina pensée la, frêle silh()uette aux eheveux en désor ­c1re, et son air chétif et ses prunelles peureuses. Il n'est pas né­cessaire de posséder beaucoup de science pour bâtir toute une histoire, avec comme base unique la trace étroite d 'un pied nu." Ainsi, tenant tes dogits daris les miens, je te dirai avec tendresse les chagrins de cette passante (Iui n a ni amour, ni abri; elle est pareille aux duvets des chardon~ , qui ' ne savent point où ils iront tomber, Sur combien de seuils, en si peu d 'années, a-t-elle imprimé des traces senlhlables? ... Sur comhien de routes et claus quelles fanges a-t-elle traîné ses talons durcis'? " .

Regarde, l'emprein te , est nette: les pieds fatigués se sont appuyés avec certitud.e. Ton sourire et mon regard, déjà, avaient promis l'amnône: l'enfant savait bien' qù 'on ne la repousserait pas. Si elle avait eu peur d'être chassée, tu ne verrais ici que le bout d 'un orteil glissant,.la trace honteuse d 'un pas déjà prêt (\ la fuite, et · qui a plus d 'une fois con nu les crocs des chiens et ln dure indifférence des hommes , aussi cruels que les épines et les pierres coupantes des ,chemins ...

Avant ce soir, je le sais hien, c.ette marque grise sera effacée. NIais il nous semblera l'y voir encore, et tu te souviendras de ce dessin léger posé quelques instants à notre porte, COlnme l'on <;e souvient de la visite d 'un hôte ai111é ..

A tous les seuils humains demeure ainsi l'invisible empreinte des êtres anxieux qui y sont passés. Les uns mendiaient un peu de tendresse, d 'autres mendiaient un peu de pitié. Ce n'étaient pas leurs vêtelnents qui étaient en lam~beaux, mais, au fond de leur poitrine, leur triste cœur trop malheureux. Ah ! si l'on, pou­vait voir aux portes des · puissants de ce monde, la marque des pauvres pieds hésitants qui y sont venus, trouverait-on , dis-moi une seule empreinte aussi. nette, aussi confiante que celle qu'a laissée la mendiante devant notre- hum~hle" màison? ...

Il -est ,des yeux, des yeux divins, pour qui subsistent à jamais les etnpreintes que le vent efface. Il est des yeux qui voient l 'ac­cueil réservé,' çà et là , au pauvre, et qui mesurent non seulement "aumône, mais la pitié qui l'accompagne. Puissent-ils voir tou­jours à notre porte la trace nette d'une halte confiante, et qu au­cune brusque parole ne voulut abréger! ...

. Nous sommes nous-mêmes, aux roues du nlonde, .pareilles à l'enfant aux pieds nus. Notre existence est comme un voyage. Un peu de soleil dore parfois le ch en1ÎI1. , et notre souvenir s'al­·longe derrière nons comme un sillage d 'on'lhl'e attardant, parmi :ceux qui l:estent, le sourire · et le n01n de ceux qui sont passés.

~ Nous avons ql.,Ütté le nid de notre enf:lI1ce. Nous ne S:1.Y011S point ,où nous irons tOll1ber. Mais à chaque étape, nous avons laissé Ja trace étroite de nos pas ... Un soir, notre âme ,s'arrêtera au ~euil des éternel~es clemeur~s; comme la plaintive mendiante, nous ten­drons la main , et notre l'ohe de cll<:dr ne ~era plus que lumheau'\: et pou~sière. Aurons-nous peur cl être chassées? .. N'y aura-t-il pas là , pmu; nous rassurer le regard (rune mère et le sO~lrire d 'lIn ange? ...

' Au tOllTnant du chemin l'enfant aux pieds nus ' s'en est allée; . le soleil .ioue sur les ornières , sur 1 herhe courte et slà les talus, . 'Bientôt .ce sei:a 'le crépuscule: les plus petites cho,'es auront u ne ombre. E L la brise en se levant effacera, sur le seuil de noLre demeure, le sceau léger qu'y mit naguère le bref .passage du mal-heur. :Marie BARRERE-AFFRE.

Ecole active

, .« ,T'entends toujours parler de l école active, de la pédagogie active. J 'ayoue que je suis slll:prise et je serais très heureuse d'être éclairée sur ce que l'on vent dire exactement par là. Car il lue semlJle que jusqu ici la pédagogie n a pas nlanqué d'acti­vité . .Je nle dépense lourdement dans mon humble école de ha­l11.eau et il me paraît que je suis active à souh ait. A-t-on décou­vert à l usage de l'école un nouveau genre d 'acli\ ité? Enfin, que veut-on entendre par ces mots: école active? » Telles sont les réflexions que faisait un joti.r une institutrice, La surprise de notre collègue est effedi\ ement fort naturelle, si son esprit obéit aux suggestions des maîtres de la pédagogie. Car le princil)e d'ac­tivité de 1 esprit est à la hase de tous les conseils, de toutes les directions que nos l éclagogues nous ont donnés. Seulement, nous avons eu trop souvent la tendance de prendre l activité à notre cOlllpte. et de laisser il l'élève la passivité. Cette tendance a une cause naturelle: il est infiniment plus facile d 'être actif soi­nlêIue que de permettre l 'acti\ ité aux autres. Ainsi, la maman trouve beaucoup plus commode et plus expéditif .d·e débarhouiller son enfant que de lui laisser savon et serviette ' avec la charge de se layer lui-même. Le maître est plus sa,tisfait d exposer sa leçon à des élèves qui écoutent les bras croisés, qlle d~ les faire agir pour trouver la leçon eux-nlêmes. Le maître parle beau­coup, montre n'lême des objets ou leur image pour soutenir l'in­térêt de son verbe, 'et captiver les attentions fugitives, il est réelle-

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ment actif, mais les élèves demeurent trop passifs. C'est ce nIode d'activité qui est blâmable et que la pédagogie a le désir de cor­riger. Il ne s'agit point de faire machine arrière, et de dire aux Inaîtres de devnir passifs , tandis que les élèves seraient actifs , nous éviterions toujours un défaut pour obéir à un autre. Il s'agil de modifier l 'activité du maître de façon à lui consel~ver son rôle de direction attentive et permanente, mais eu la transformation en pouvoir stimulant de l'activité de l 'élève.

Le directeur de l 'enseignelnent primaire du canton de Ge­nève a défini l'Ecole active dans les termes suivants: « C'est une école, où chaque enfant est mis en présence des difficultés à sa taille, qu 'il souhaite vaincre, de petits problèmes qui ' suscitent au plus haut degré sa curiosité; aussitôt, un heau jeu s'offre à lui , le jeu de l 'intelligence aux prises avec la réalité, le jeu lnillénaire, grâce à quoi l'humanité a couvert les étapes que l'on sait. L 'école active, c'es t celle où, devant chaque fait , au lieu de discourir, le maltre fait réfléchir » .

Voilà le point sensihle, il faut cesser d 'apporter à l'enfant une nourriture intellectuelle toute digérée, de lui verser la science dans les oreilles . Ce procédé n 'aboutit qu'à supprimer l'effort de l'enfant et lui laisse l'habitude de la paresse. Si en compensation on avait la certitude que cette science gratuite est sérieusement eillmagasinée, il serait logique d 'apporter ce fait à la décharge du vaccin de paresse inoculé, mais cette certitude n 'existe pas . Que de peines inutiles se donne un maître verbeux! Comme il reste peu de chose dans le cerveau des enfants de cette science en paroles qui ruisselle en cascade du haut des chaires scolaires!

Pensées-La piété est une sagesse sublime qui surpa.sse toutes les autres,

une espèce de génie qui donne des a.il es à l'esprit. Nul n'est sage s'il n'est . pieux. JOUBERT.

Dieu ·ne veut pas que nous nous arrêtions clans les plaines heu- . l'euses, alors que nous avons la force d e monter plus h aut.

Il faut porter sa peine brcwement, fi èrement, sans la regarder trop souvent. G.-H. de GOUTEL.

Comptabilité '

. Rendement d'une pépinière (Rens eignements fournis pal' M. B. ) pépiniériste)

Calculez: a) le bénéfice total réalisé; b) le prix de revient lnoyen d 'un arbre·, d'après les données suivantes:

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Le cham p destiné 'ù la pépini è re mesure G75 m2 et es t estim é Ù 1'1'. 1250.- ; l'impôt cantonal et communal se· monte à' fI'. 10.­par a n .

L'automn e qui a précédé la plantation le ~hamp n r eçu une fumure de 7 111:3 :~(I" de fum.ier ù fr. 18.- le m:3 , lransport e l labour , 1'1'. 20.50 .

Pr emière (Inn ée. - La mise e n pépiniè re a lie u en .avril , les lign es sont d istantes de (l() cm. Da ns la ligne, on lai sse un espace cle.45 cm. entre chaque pl ant. Les espèces sont réparties comme SUIt: pommiers , 1000; ahri coti ers , 1000' pruni ers, 200; -poiriers , 200; ceris iers , 100. Les scions de deux ans SOl1t payés 1'1'. 18.- le cent. La mise en place a n écessité 8 jours de 11 h eures à 1'1'. 0.8 ;) l'heure. ~ ll juillet-aoùL, le greff age a occupé deux otn riers pen­dant 9 .J ~)urs et V3, payés ù r a ison de 1'1'. 10.- par jour. L es autres soms cultura u x de l' anné·e se sont élevés à l'l', 25,20.

Deuxième (mn ée. - Lahour e l autres soins culturaux 8 iour­n ées ù fI'. 7.50, 12 Ù 1'1'. 4.50 ; le greff age des suj ets q~li ~ 'o nt pas « r éussi » fr. 18.50.

Troisième (Inn ée . - Epa ndage de 100 kg. d 'en grais spéciaJ Ù fr. 18.50. Lahour. e t soins culturau x comme l'année précé­dente; insec ti cides Fr. 12.50, ébourgeonnem ent, 2 jours· ~~ Ù

1'1'. 8.- . Quutl'ième ann ée. - lVlêm e dépense qu à la troisième année.

, Cinquièm e (Illnée. - Lahour et soins culturaux , 9 journées Ù fI'. 8.-, 11 Ù fI'. 4.50 , traitem en ts 1'1'. 14.- .

Q " Les ~ü:ri c()tiers ont ~' té yen51us en moyenne ù Fr. 2.30 l'un (le () % a pen dans le co urs des D ans) sur nnlres espèces , le 4 .% seul ement a péri et ont é té écoulées en moyenne à fr. 2.- pièce. L 'nrrachage ei l'expédition ont n écessité 175 h eures de trayail payées . ~l 80 cent. l'une. Comptez les frai s de s ur veillance e t le travail du patron, à 1'1'. 1250 .- .

Nota. - Les dépenses d e chaque année devI'ont "1re ma..iOl'ées de lïntérèt simple compté à :) % à pal'til ' ci e la fin (le l'annee' où ll ('s ont été prod ui tes.

Calcul

Préparation cl II Lerrain e l achat de fumier (18 X 7.75) +20.50

Int~rêt HW 5 %, 5 a ns .

Prcnlière année . Nomhre de pl:l11ls H75

= 2500 . O.60X 0.45

toO. -40.-

200.-

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- 26 -

Achat des plants 2500X O.18 Coût de la plantation 88 X O.85 Coût du greffage ' 19X 10 Soins culturaux Impôts

Intérêt de 750 fr. 5 %, 4 ans

DeuxièJne année. Coût 7.50 X 8 et soins

. 12X4.50 Greffage Impôts

du labour culturaux

450.-74.80

190.-25.20 10.-

750.-150.-

114.-18.50 10.-

142.50 Intérêt fI'. 142.50 [) %, 3 ans 21.35

Tl'oisième année. Labour et soins culturaux.

Engrais spécial Traitements Ebourgeonnement 2.5X8 Impôts

Intérêt de fr. 174.50 5 % 2 ans

Quatl'ièlne année. Conlme pour la troisième année Intérêt . .

Cinquièlne année. Labour et soins (9X8) +(11X4.50)

Traitements Arrachage et expédition

175XO.80

Impôts

Intérêts du fonds comIne lo­cation fI'. 1200 5 %, 5 ans

Ven te des abricotiers 1000 --X94 X 2.30 100

114.-18.-12.50 20.-10.-

17.45

174.50 7.70

121.50 14.-

140.-

10.-

900.-

191.95

182.20

285.50

300.-

2068,-

- 27 -

Vente des autres arbres : 1500 - X96 X 2.- . 100

Perte sur mauvais clients Frais de surveillance et tra­

vail du pab'on

Totaux

Bénéfice .

97.50

1250.~

3571.-

3571 Prix de revient moyen d 'un arbre - - 1'1'. 1.50.

2380

2880.~

4948.-3571.-

1377.-

Nota. - Si les intérêts avaient été capitalisés, l e bénéfice serai t moins élevé. - On aurait également pu calculer l 'intérêt sur le tra.­vail du patron.

Leçon 'de choses La chaleur (suite)

Comme les corps diffèrent d'après la quantité de chaleur qu'ils absorbent, ils .diffèrent aussi d'après la facilité avec laquelle ils la conduisent.

Observation: Dans une lllarmite d 'eau bouillante, plongeons une cuiller en bois et une louche en métal. Au bout de quelques minutes, touchons les deux ustensiles; la louche sera br'CUante, la cuiller en bois à peine tiède. Il en sera de Inême du tisonnier et d'une tige en bois placée dans le feu par une de leurs extré­mités. En très peu de tem.ps, on lie pourra plus tenir le tisonnier tandis qu'on tiendra facilement à la main le morceau de bois flambant à l'autre bout.

Ces observations montrent qu 'il existe des corps bons conduc­teurs de la chaleur et des corps mauvais conducteurs. Les pre­Iniers laissent passer -la chaleur à travers leur substance, tels les n)étaux; d'autres ne la laissent pas passer, par ex. , le bois , la laine, l'air , le papier , et tous les corps bien divisés , sciure de bois , balles d'avoine, etc.

Application. - NOlllbreuses sont les applications de la non conductibilité de la chaleur par certains corps. Nos vêtements d 'hiver d'abord sont faits de laine, corps mauvais conducteur qui emprisonne dans ses brins une certaine quantité d 'air également mauvais conducteur. Ils empêchent donc la chaleur de notre corps de se perdre au dehors , de mêlne qu'ils forment aussi un

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écran contre les ardeurs des rayons solaires en été et dans les pays chauds: les Arahes portent turbans et hurnous de laine:

A défaut de tricot ou de flanelle , les pauvres gens mettent parfois deux chemises ou glissent u ne feuille de papier de journal sur la poitrine et le dos. Ils elnpris(")nnenl ainsi une couche d 'air entre ces corps mauvais conduc.teurs et empêchent de 'la sorte la déperdition de la chaleur. - - Noùs conser\'onsles pieds chauds en portant chaussons de

laine , 'socques ~t semelles de hois, gu loches ou sabots dans les­quels le paysan glisse parfois même LI n peu cie paille. Dans la cuisine, l'installation d ' une marmite norvégienne est une hell­reuse 'el très économique application de J'emploi des corps non conducteurs'. (Indiquer la construction de cette marmite, appelée aussi autocuiseur.) Il en est une foule d 'aulres que les élèves trouveront eux-mêmes en répondant aux questions suivantes:

1. Conu11ent vous y prenez-vous pour apporteT un dîner tout chaud à votre père qui travaille dans la vigne?

2. Comment empêcher la glace de se fondre rapidement en été? (La placer dans de la sciure de bois.)

:3. Par quelle dispositioll particulière de la Providence, les animaux de nos régions peuvent-ils résister au froid de l'hi, er?

4. Pourquoi les oiseaux font-ils la houle en hiver pour se ,chauffer?

;), Expliquez pourquoi les plantes et l'es graines ne gèlent pas sous la neige?

(5. Pourquoi nos fourneaux en pierre se chauffent-ils lente­m.ent et conservent-ils longtemps la chaleur?

8. Un édredon léger fait avec du dlu el est-il préférahle :\ celui qui renferme de la plume plus lourde? Pourquoi?

9. Pourquoi un instru ment en fer paraît-il plus fl:ojd uu loucher qu un instrument en bois pris sur le rnême ëtabh?

10. Expliquez comment les liquides se maintiennent longtemps chauds dans les thermos.

La maison , paternelle

Inoubliable est la demeure Qui vit fleurir nos premiers jours 1 Maisons des luères! C est toujours La plus ain1ée et la meilleure.

Ici , c 'est le papier fleuri Dont, les jours de fièvres moroses

. Nous cOIuptions les guirlandes rose' D un long regard endolorL

- 29-

Là, ,ers Noël, à ]a nuit proche, ! Nous déposions nos fins souliers ... Combien de, détails familiers S'éveillant au hruit d 'une cloche!

C'est là que la plus jeune sœur Apprit à marcher en décembre; Le moindre coin de chaque chamhe A des souvenirs de douceur. ..

Rien n'a changé; les glaces seules Sont tristes d 'avoir recueilli Le doux visage nn peu vieilli Des luélancoliques aïeules.

Fauteuils des anciennes années, o.ù 1 on nOl~S couchait endormis , Fauteuils démodés, vieux amis, Avec leurs étoffes fanées.

Jardin en fleurs, vigne, tonnelle, Empreinte vague de nos pieds Sur les tapis et les sentiers; 0. sainte maison paternelle!

Qui donc pourrait vous ouhlier, Logis où dort notre , âme en cendre" Surt0l!-t quand on a vu descendre Des eercLleils chers sur J'escalier!

G. RODENBACH.

La maison

Pour qu'une maison s 'élève Vers le ciel , hien haut, hien droil, Pour qu'un jour elle s ' :H~hè, e,

De la cave au toit.

Qui donc a fait ma truelle? C'esl le fin trempeur d 'acier. Et qui m'a fait une écheiIe?

Le bon menuisier.

L'adroit charpentler charpente Les poutres pour le plafond ; Et le toit de zinc en pente,

Les zingueurs le font.

o.ui, pour que la maison monte , Belle et solide dans l'ml', L ' lln fait couler de la fonte ,

L 'autre bal du fer. .

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- 30-

Avant qu'elle arrive au faîte, Chacun travaille beaucoup; Si l'un des métiers s'arrête

Tous souffrent du coup!

Et tous les métiers du Inonde, Se tenant tous par la main, Font la grande, grande ronde,

Du travail humain .

)Tl :: EN CLANANT ~.================

~ Les bœufs ~

J. AICARD.

Quel rêve peut germer dans vos têtes pensives Quand les muscles tendus, sous votre air nonchalanl , Sans craindre l'aiguillon, vous marchez à pas lent, Au timon jumelés par vos cornes passives!

Vous les laissez dormir, ces armes 'défensives, Chaque fois qu'on vous Illet sous le joug insolent. Si le char maîtrisait son frein , en dévalant, Il se verrait dompter par vos croupes massives.

Jamais aucun régal, hornlis le foin et l'eau; Et pourtant votre poil est luisant: le bouleau Ne fait pas mieux briller au soleil son écorce.

Nous ainlons vos poitrails et vos fronts imposants , Car pareils à des dieux rustiques bienfaisants, Vous avez la bonté, la douceur et la force.

H. PONTHIERE.

~ Le vent dans la forêt ~

Oh! le vent! le grand vent des antiques forêts. Il vient, s'en va, revient, s'en va - très loin - tout près. Sous le couvert du bois co.mme un loup qui maraude

Le vent rode!

Dès que le matin jour paraît, que le soleil Entr'ouvre un peu son œil clignotant ·et vermeil , Afin de m'arracher au sommeil , à l'extase.

Le vent jase.

- 31 -

Je crois qu'il est l'ami du pauvre sabotier: Du haut du frêle Ormeau, du haut du chêne altier Sachant que son refrain nle console et m'encha~te,

Le vent, chante.

Par contre il n 'aime pas le rude bîtcheron Qui dit à sa forêt: « Allons, courbe ton front! »

La hache du bourreau dépl~ît ù ce grand prince, Le vent grInce.

Il ne veut pas qu 'on touche au bois où sont blottis Ses amis les oiseaux, les grands et les petits 1 Le bîtcheron brandit sa cognée ... et snI' l'heure,

Le vent pleure!

Prends garde, bîtchero~l! prends garde au vent amer: Quand il va par les chanlps, les plaines et la mer, Frappe! mais gare à toi , sitôt qu'il fait sa ronde ,

Le vent gronde!

Le voici, le voici qui s 'en vient au galop! BÎlcheron, n abats pas cel immense bouleau. Va-t'en! car devant lui chacun peut fuir sans honte:

Le vent monte!

Hélas! il est trop tard! Pourquoi n 'as-tu pas fui? Le vent terrasse l'Arbre ... et te voilà sous lui: Sans pitié , pour 'venger sa forêt abattue.

Le vent tue! .

.. . Aussi je crains le vent comme la voix de Dieu Et j'ébauche parfois, troublé comme au Saint Lieu Un grand signe de Croix quand , à travers l'espace,

Le vent passe 1 Th . BOTREL.

~ Méditation ~ Voici le soir!... Voici le soir! ... Qu 'as-tu fait de cette journée? La force qui te fut donnée, L 'as-tu consacrée au devoir?

As-tu nlarché droit sur la route ... ? AccOlnpli tout ce qu'il fallait...? Ou, conlme un forçat son boulet, Au long du jour, traîné le doute?

De tous les gestes que tu fis, N'en est-il pas que tu regrettes? As-tu bien l'âme et les lnains nettes? .... Pour ta vie, enfin, quel profit?

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- 3~-

En toi-mêm'e il te faut descendre. Ta journée était un trésor, Ell as-tu retiré de lor ?

Ou de la cendre .... ? Paul GALLAND.

BIBLIOGRAPHIE

"Au cœur d'un Vieux Pays H .

C est le titre d un fort \ nlull1.e de 250 pages que M. Cléme nl Bérard, instituteur à Sierre, \ ient de livrer au public.

En parcourant. ces lignes écrites en un style clair et SOU\ enl im.agé, on sent frissonner l'âme du Valais, le Génie de nos mon­Lagn es qu'o~t chantés les Mario , les Cnurthiol1, les Jules Gross, etc .

C'est surtout le passé qu évoque l'auteur" le passé tout fait de bonne foi, de franchise, de croyances naïves et savoureuses . C'est pourquoi en lisant ces pages on revit un tem.ps où la vie, pourtan 1 plus rude était semée de plu~ . d 'idéal. Et l'on est pris d'un senti­ment de mélancolie car on regrette a\ ec M. Bérard la c1ispo.rition lente, mais certaine de tant d 'habitudes curieuses et rlaÏves qu i donnaient au visage clu "\ ieux. Valais une physionomie êJmène pL

.ioviale. .

Les chalets \ ermou lus aux senteurs de théréhen tine nous racontent, en confidence, des secrets curieux. el les alpages aussi au gazon constellé de fleurs parfumées , où règnen t les pfl tres pendant l"es beaux' jours d'été .

L'auteur nouS promène successivement au sein de nos dif­férentes vallées où nous vivons la vie âpre et rude des monta­gnards, et nous nous inspirons de lem's traditions el cie leurs cou-Lumes. . . .

Quelques cbapitres, t(nll en reposant sur la· lradition, onl une allure pllltClt scientifique; c'est le cas pour: « Le refroidissement cles Alpes » , « Le lac de Valais » .

En publiant la plus grande partie de l'ouvrage de M. Bérard dans leurs colonnes, les deux revues suhventionnées par la Con ­fédération: Folklore suisse et le Journal des TraditioIls po /)/1-

laires ont reconnu la valeur du tra\'ai.l de notre collègue.

C'est pourquoi chaque institütel1r i:)()ssédera ce charmanl \,(l­

lume dans sa hihliothèque; il s'.en délectera et marquera ainsi S~l sympathie en \;ers 1 auteur: