Les syndicats dans les pays en développement: leur action sur le rnarché du travail

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Canadian Journal of DevelopmentStudies / Revue canadienne d'études dudéveloppementPublication details, including instructions for authors andsubscription information:http://www.tandfonline.com/loi/rcjd20

Les syndicats dans les pays endéveloppement: leur action sur lernarché du travailClaire Salmon a ba Chercheure au CRDE , Université de Montréal , Canadab CERDI, Université d'Auvergne , FrancePublished online: 24 Feb 2011.

To cite this article: Claire Salmon (1999) Les syndicats dans les pays en développement: leur actionsur le rnarché du travail, Canadian Journal of Development Studies / Revue canadienne d'études dudéveloppement, 20:4, 661-688, DOI: 10.1080/02255189.1999.9669865

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Les syndicats dans les pays en dkveloppement : leur action sur le rnarchk d u travail

Claire Salmon

Dtlaisste par les tconomistes, l'ttude du rdle des syndicats sur le marcht du travail des pays en ddveloppement connait un nouvel essor depuis le dtbut des anndes 90. Ce regain d'inttrtt s'explique notamment par le dtveloppement rtcent d'enquttes micro- tconomiques dans le secteur industriel des pays en dkeloppement. La plupart des analyses recenstes dans ce domaine mettent en tvidence un rdle non ndgligeable des syndicats dans la dttermination des salaires. Cet article se propose de faire un bref ttat des lieux de cette litttrature appliqute en prtsentant les rtsultats majeurs de celle-ci par zones gto- graph iq ues.

ABSTRACT

The part of trade unions in developing countries has been neglected for a long time. But the recent development of industrial microdata in developing countries has permitted a new approach of this topic since the beginning of the 90's. One of the main results of this literature is the positive wage efect generated by trade union activity. This paper presents a survey of this recent empirical literature and its main results by geographic areas.

INTRODUCTION

Dans les pays en dkveloppement ou en transition, l'image du syndicat en tant qu'acteur politique prime gknkralement sur sa fonction d'agent kconomique. On connait le r81e de Solidarnosk en Pologne dans la transition dkmocratique, l'action des syndicats sud-africains dans la lutte contre l'apartheid ou l'ac- compagnement des syndicats indiens, sri-lankais et bangalais dans la lutte pour les indkpendances nationales. On connait assez peu, en revanche, leur impact sur les salaires, sur les conditions de travail ou sur le choix des politiques macroCconomiques de ces pays. Mis part les travaux antkrieurs aux dkcolonisations qui portaient sur la fonction politique des syndicats, ceux qui

Claire Salmon, doctorat en economie, est professeure et chercheure au CRDE, Universite de Montreal, Canada et CERDI, Universite dlAuvergne, France. Elle se specialise dans le rBle des syndicats dans les pays en developpement.

Revue canadienne d'ttudes du dtveloppement, VOLUME XX, NUMERO SPECIAL, 1999

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renseignent sur le r81e economique sont assez faibles (sauf Essenberg, 1985, Kassalow et Damachi, 1978, Meynaud et Salah-Bey, 1967 ou Martens, 1979 pour 1'Afrique ; Muyanda-Mutebi, 1981 pour 1'Afrique de 1'Est ; Southall, 1988a et 1988b pour une revue de cette littkrature). Ce manque d'interet pour- rait s'expliquer par un ensemble varik de facteurs : le fragile pouvoir de nCgo-

Revue canadienne ciation dont disposerait le salariat industriel des PED en raison de son faible d'ttudes du poids dans la population active totale, le contr8le et le muselage qu'exercerait

developpernent le pouvoir politique sur les syndicats, l'illusion de ceux-ci representer les intCrCts des salaries, leur presence quasi-exclusive dans les entreprises publiques oh l'int6rCt vers une relation gouvernement contre groupes de pres- sion Cchappe a une analyse micro~conomique classique, les carences statistiques, etc.

Toutefois, l'etude des syndicats dans les pays en developpement a connu malgre tout un nouvel essor depuis le debut des annees 90. La premiere raison a ce regain d'intdrkt est plutbt d'ordre economique. L'echec des politiques d'a- justement structurel, initiees au debut des annkes 80 sous 1'Cgide des institutions internationales, a eu comme consequence indirecte d'inciter a une reflexion nouvelle sur la modelisation du march6 du travail des pays en dkveloppement. En effet, conscients que le bon fonctionnement du march6 du travail joue un r81e central dans le succes des politiques de stabilisation et de restructuration, les Cconomistes du dkveloppement ont alors port6 une atten- tion particulikre, ces dernikres annees, a l'analyse de ces marches. Influences par les travaux fondateurs de Lewis (1954), Todaro (1969), Harris et Todaro (1970), Doeringer et Piore (1971), ils ont introduit plus explicitement la legis- lation sur le salaire minimum, les syndicats ou la politique salariale du secteur public dans les modkles d'analyse, autant qu'ils on reconnu que les salaires ne sont pas determines seulement par les mkcanismes de march6 (Calvo, 1978 ; Freeman, 1988, 1993 ; Svejnar, 1989 ; Horton, Mazumdar et Kanbur, 1994 ; Azam, 1994a). A ce sujet, la Banque mondiale consacre un chapitre entier du Rapport sur le Ddveloppement dans le Monde, 1995 sur le rdle des syndicats dans les PED. La seconde raison B ce nouvel interkt pour les syndicats dans les pays en dkveloppement est plutbt d'ordre statistique. Peu nombreuses par le pasd, les enquttes industrielles se developpent depuis une dizaine d'annees. Leur essor recent permet d'enrichir la connaissance des relations industrielles dans ces pays. Prks d'une vingtaine d'ktudes appliquees peuvent ktre recensees a ce jour sur le rble des syndicats dans les PED. Ces travaux sont tous postkrieurs a 1990 et couvrent une douzaine de pays en dkveloppement, en Afrique, en Asie du Sud, en Asie du Sud-Est et en ArnCrique latine. La plupart s'accordent a reconnaitre un r8le substantiel au syndicat dans la determination des salaires du secteur industriel moderne. Enfin, la troisikme raison de ce regain d'intCrCt pour l'analyse economique des syndicats s'inscrit dans une

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rkflexion plus gknerale qui est menke actuellement par les tconomistes du dkveloppement sur l'influence des institutions et du contexte politique sur la croissance, d'une part, (Grier et Tullock, 1989 ; Boeninger, 1991 ; Landell-Mills et Sergelin, 1991 ; Barro, 1991 ; Azam, 1994b) et sur la faisabilitk des politiques d'ajustement, d'autre part (Lafay et Lecaillon, 1993 ; Haggard, Lafay et ~ e s syndicats Morrison, 1995). Dans la perspective de ce courant, le syndicat est considkrk dans les PED : soit comme un obstacle A la mise en place des rkformes kconomiques, soit leur impactsur comme un vecteur de democratisation. D'un cBtk, en effet, les syndicats furent ie marcht du

parmi les premiers groupes B se mobiliser contre les rkformes d'ajustement travail

structurel, mais, d'un autre cbtk, ils se sont aussi rhklks des organes majeurs dans la representation des plus faibles. Les exemples de la lutte menke par les travailleurs polonais ou sud-africains pour la libertk dans les annkes 80 et 90 attestent de manikre spectaculaire que des syndicats libres peuvent &tre des institutions au service de la democratie.

Dans cet article, nous faisons un bref ktat des l i e u de l'impact des syndicats sur le marchk du travail des pays en dkveloppement, en nous concentrant exclusivement sur leur fonction de nkgociateurs. Dans la premiere section, nous prbentons les principales statistiques censkes rkvkler la presence d'une action syndicale dans les pays ktudiks. Dans la deuxieme, nous faisons une revue de la littkrature appliquke, ayant trait6 de l'influence syndicale dans les pays en dkveloppement.

I. AMPLEUR D U MOWEMENT SYNDICAL DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT : CE QUE DISENT LES CHIFFRES

L'ktude du syndicalisme appelle gknkralement la prksentation de tam d'adhksion, de t a u de couverture syndicale ou de frkquence de conflits. I1 faut pour- tant &tre rapidement conscient qu'il est assez difficile de dkduire le pouvoir des organisations syndicales B partir de ces quelques indicateurs. Le tam de syndicalisation, par exemple, est tout autant rkvklateur de la situation politique, kconomique et institutionnelle du pays que de sa situation en matiere syndicale. I1 dkpend de la structure d'activitk du pays (importance de secteurs faiblement "syndicables" comme l'agriculture et le secteur informel), du t a u d'urbanisation de celui-ci et de son histoire politique (succession de regimes plus ou moins rkpressifs). Difficile a saisir par un simple tam, le pouvoir syndical repose sur l'influence numkrique du syndicat, et dkpend de la rkelle marge de manoeuvre qui lui est accordke, de l'organisation institutionnelle des nkgociations, de la structure du marchk du bien et du marchk du travail. Les quelques donnkes statistiques disponibles dans une quarantaine de pays peuvent toutefois permettre de dkgager une idke d'ensemble de l'ampleur du phknomene syndical dans les PED.

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Les donnkes sur le mouvement syndical des PED sont disparates et rarement publikes. Les informations reproduites dans le tableau 1 proviennent de trois sources diffkrentes. Deux d'entre-elles permettent de faire un ktat des t a u de

Revue canadienne syndicalisation au cours des annkes 1990-1992. I1 s'agit des Rapports sur le

dJitudes du travail dans le monde du BIT et du recensement des organisations syndicales et dbeloppernent patronales effectuk par Upham (1995). La troisieme source est la synthese

publike sous la direction de Banuri (1991): elle relate l'ktat de la syndicalisation au cours des annkes 80. Les donnkes provenant de ces diffkrentes sources sont comparkes, quand cela est possible, aux renseignements tires de divers documents, citks entre parenthttses. Rama (1995) fournit, B cet kgard, un ensemble important de donnkes sur les institutions du marchk du travail en Amkrique latine et aux Cara'ibesl.

Le tableau prCpark pour interprkter ces donnkes comporte dans ses deux dernieres colonnes les kventuelles ratifications des Etats aux deux principales conventions du BIT sur le droit syndical. I1 s'agit des conventions no 87 sur la libertd syndicale et la protection du droit syndical de 1948 et la convention no 98 sur le droit d'organisation et de ndgociation collective de 1949. La premiere convention invoque le droit des travailleurs et des employeurs de constituer des organisations de leur choix, lesquelles ne peuvent @tre sujettes 21 dissolution ou a suspension par voie administrative. La seconde convention mentionne, quant A elle, que les salariks syndiquks ou non syndiqub ne peuvent faire l'objet de discrimination. Leur ratification ne constitue pas, loin s'en faut, une garantie de leur respect a la lettre (BIT, 1994).

Le taux de syndicalisation moyen des pays en dkveloppement, mentionnks dans le tableau 1 et calculk a partir des statistiques du BIT en 1990, est de 18 %. On peut comparer ce taux moyen a celui qui a kt6 calculk sur un kchantillon de 17 pays de l'OCDE repertories dans le tableau Al, reproduit en annexe. Le taux de syndicalisation est de 43 % pour l'ensemble de l'kchantillon des pays de 1'OCDE. I1 se situe A 40 % pour les 12 pays europkens. La moyenne du t a w de couverture des conventions collectives y est beaucoup plus klevke, 69 % pour l'ensemble des 18 pays et 78 % pour les seuls pays europkens. La couverture conventionnelle constituerait d'ailleurs une meilleure mesure du pouvoir syndical que le taux de syndicalisation (Cahuc et Zylberberg, 1996). Elle n'est malheureusement jarnais disponible pour les pays en dkveloppement.

Le tableau 1 appelle quelques commentaires supplkmentaires. Si 1'011 exclut le Nigeria, pour lequel le fort taux de syndicalisation s'explique par une adhk-

1. I1 est a noter que l'kchantillon de pays en dkveloppernent retenu dans le tableau 1 rkvkle davantage la disponibilitk statistique qdun souci de representativite statistique.

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Tableau 1. (tat de la syndicalisation dans quelques pays en developpement

Taux de syndicalisation des annees 1980 et 1990 Ratification des (%) conventions du BIT

BIT Banuri Upham autres sources no 87 no 98

Afrique subsaharienne Afrique du Sud 34 (Chadha) 23 (Moll) 1996 1996 Benin 15 (WB) 1960 1968 Les syndicats Cameroun 30d (Thomas et Vaflee) 1960 1962 dans fes PED : Ghana 14 14 1965 1959 leur impact sur Kenya 5 3.0 (WB) non 1964

1 oog le marchk du

Nigeria 1960 1960 travail Zarnbie 15 (WB) 1996 1996 Zimbabwe 17 non 1998

Afrique du Nord et Proche-Orient E ~ Y pte 50 Maroc 5 Tunisie 10 Turquie 20

Amerique latine Argentine 28 16.6 Bolivie 29 Bresil 48.6 Chili 14.7 28.5 Colombie 24 Costa-Rica 15 Rep. Dominicaine Equateur 10-20 El Salvador Guatemala Jarnai'que Mexique 28 23.6 Perou 10-20 3.4 Uruguay Venezuela 30-40 44.5

50 1957 5 12 (WB) non 10 1957 66"-20 1993

28 33 (Nelson) ; 30 (Ramab) 1960 29 1965

33 (Arnadeo) 13 (Rarnab) non 14.7 13 (Rarnab) 1999 8 11 (Ramab) 1976 15 1960 10-15 12 (Ramab) 1956 13.5 10 (Mclsaac, Rarnaa) 1967 15 14 (Rarnab) non 9 1952 16.3 24 (Rarnab) 1962 25-30 20 (Nelson), 33 (WB) 1950 18 29 (Ramab) 1960 12-16 20 (WB), 47a-58b (Ramaa) 1954 30-35 33 (Nelson) ; 31 (Ramab) 1982

1954 1957 1957 1952

1956 1973 1952 1999 1976 1960 1953 1959 non 1952 1962 non 1964 1954 1968

Asie du Sud Bangladesh lnde Pakistan Sri Lanka - - - -

Asie du 5ud-~st Ch~ne Coree du Sud Hong Kong lndonesie Malaisie Philippines Singapour Taiwan Thai'lande

3 3.5 (WB)

10 33 (Nelson)

- - - -

41.3 %' 15 5 (WB) ; 10 (Standing) 12 14 15 (WB)

1972 non 1951 1995

non non

1998 non 1957 non non non

1972 non 1952 1972 - - -

non non

1957 1961 1953 1965 non non

- - -

Notes : a. secteur privk ; b. secteur public ; c. entreprises ktrangeres ; d. enquete RPED ; e. secteur formel ; f. % de cornpagnies avec syndicat ; g. closed-shop ; h. secteur industriel. Sources : Arnadeo (1994) ; Banuri (1991), BIT, Le travail dans le monde, (dlverses annees) et I'Emploi dans le monde (1996-97). Chadha, (1997), Moll, (1993), Nelson (1991), Rarna (a) (1994b). Rama (b) (1995), Maclsaac et Rarna (19971, Upham, (1995). Standing (1992), Thomas et Vallke, (1996), World Bank (1995).

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sion obligatoire de type closed-shop, huit pays ont un tam de syndicalisation superieur B 20 %. I1 s'agit de l'Egypte, du Sri Lanka, du VCnezuela, de la Bolivie, de l'Argentine, du Mexique, de 1'Afrique du Sud et de Hong Kong. Quatre d'entre eux sont des pays d'AmCrique latine. Entre 10 % et 20 O h , se situent une quinzaine de pays, trks heterogknes, comprenant la Turquie, le

Revue canadienne Perou, la Coree du Sud, la Malaisie, le Chili, l'uruguay, Singapour, le Ghana, d'btudes du l'Equateur, les Philippines, la Tunisie, le Pakistan.. . Les pays pour lesquels le

dheloppement taux d'adhbion est le plus faible sont la Thadande, le Bangladesh, le Maroc, la Colombie et le Guatemala. Geographiquement, les pays d'Amerique latine sont parmi les pays pour lesquels les taux d'aclhesion sont les plus Cleves, ce qui rhkle, en partie, 1'Cvolution historique du mouvement ouvrier sur les different~ continents.

De manikre assez genkrale, le mouvement ouvrier s'est dkveloppe beaucoup plus t6t en AmCrique Latine qu'en Asie. L'industrialisation y fut plus precoce et la tradition europeenne plus marquee2. La periode de repression politique que certains pays d'Amerique latine ont connue au cours de ce X X ~ sikcle expliquerait le caractkre aujourd'hui assez centralis6 des negotiations et l'etroitesse des relations entre syndicats et partis politiques3. L'implantation plus lente des syndicats en Asie de l'Est s'explique de plusieurs manikres : industrialisation tardive, absence de centres politiques ou economiques, heterogeneite culturelle et ethnique (Banuri, 199 1 ), repression politique, conflits (Coree : 1931-45, 1951-53, Malaisie : 1948-57, Indonksie : 1965-66). L'industrialisation fut Cgalement marquee par une tendance B la repression du travail, avec une forte intervention gouvernementale et le developpement de zones franches d'exportation, generalement exemptes du droit syndical. Une certaine democratisation a, toutefois, change les rapports sociaux et les relations du travail depuis la fin des annees 1980 en Coree et en Malaisie. La repression syndicale reste toutefois de mise dans d'autres pays de la region du sud-est asiatique (Taiwan et IndonCsie notamment4).

L'Asie du Sud et 1'Afrique partagent toutes les deux un syndicalisme forte- ment politise. Mais si l'organisation des salaries en syndicats fut encouragke

2. On enregistre, par exemple, l'existence de societes d'aide mutuelle en Amkrique latine dPs la fin du XIX* siPcle. Ces sociktks, comme les mancommunales chiliennes, s'inscrivaient dans un mouvement politique contestataire assez large. Elles ktaient construites autour de groupes ethniques et procuraient un grand nombre de services sociaux a leurs adherents (Banuri, 1991).

3. Ces relations ont, d'ailleurs, pu prendre la forme d'une certaine manipulation par les dirigeants politiques. Elles sont, cependant, loin de signifier que les syndicats n'ont aucun pouvoir, notamment en Argentine, au Brksil, au Chili ou en Uruguay (Amadeo, 1994).

4. Les violations du droit syndical dans ces pays sont soulignCes dans un rapport du Regional Council on Human Rights in Asia, The Worker and The Law in Asean Countries, 1992.

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d b l'origine de l'industrialisation en Asie du Sud5, elle fut plut6t entravke dans certains pays africains6. Presents lors des luttes pour les Indkpendances, les syndicats africains et sud-asiatiques ont port6 une autre lutte au cours de cette derniere dkcennie. 11s ont organisk des mouvements de resistance contre les programmes de privatisation des entreprises publiques, particulierement au Ghana, au Malawi et en Tanzanie (Bennell, 1997). Les syndicats

dans les PED : leur impact sur le marcht du

M&me si les greves ne sont pas l'unique dkmonstration des conflits du travail

travail, qui peuvent par ailleurs prendre la forme d'un taux Clevk d'absen- teisme, &accidents du travail ou de hold-outs, elles restent nkanmoins la man- ifestation la plus spectaculaire de l'activitk syndicale. Le tableau suivant permet de mesurer l'ampleur des conflits du travail dans un kchantillon de pays en dkveloppement au cours des annkes 80. On comparera les donnees B celles de trois pays industrialids. Notons toutefois que du fait de la faible fia- bilitk des sources officielles et de la distinction difficile entre greves economiques et conflits politiques, les donnkes sur les greves sont quelque peu contestables par certains aspects et rendent les comparaisons assez delicates.

Le recours aux grtves est plus frkquent dans les pays d'hkrique latine et d'Asie du Sud qu'il ne l'est dans les pays d'Asie de l'Est. Avec plus de 120 jours de travail perdus pour 1000 personnes, le Chili, 1'Inde et 1'Afrique du Sud apparaissent comme les pays les plus agitks de ce petit kchantillon. La moyenne des jours de travail perdus dkpasse celle des Etats-~nis mais se situe en de~B de celle de la Grande-Bretagne. Dans ce dernier pays, elle revtle l'ktat des conflits du travail sous la pkriode Thatcher. I1 faut remarquer que le niveau des troubles sociaw ne semble pas directement proportionnel au t a w de syndicalisation. Compte tenu de la relative faiblesse de leur base syndicale - taux d'adhesion infkrieur a 15 % -, le Bangladesh, le Pakistan et les Philippines apparaissent ici comrne des pays relativement troublb. D'aprks Nelson ( 199 1, 1994), ce

5. The Trade Union Act est vote, par exemple, des 1926 en Inde, suivi par le Trade Disputes Act de 1929. L'un des objectifs de l'institutionnalisation des syndicats par les administrateurs anglais etait notamment de limiter les derives politiques de ces mouvements. Dans les colonies britanniques, comme dans la plupart des autres colonies, la politisation des syndicats fut toutefois assez rapide et continue de caracteriser les relations industrielles du sous-continent indien. Les gouvernements post-coloniaux ont alors herite d'un mouvement ouvrier organise et qui, bien que fragment& a la capacite de paralyser des pans entiers de l'economie. La region de Bombay, par exemple, est regulierement secouee par des mouvements de grkves particulikre- ment violents et spectaculaires, notamment par leur duree. On pourra se reporter a Papola et Rodgers (1992) pour l'histoire de la politisation du mouvement indien et A Heuze (1989) qui a relate longuement la grande greve du secteur textile de Bombay entre 1981 et 1983.

6. Notamment au Benin, en 1962, au Congo en 1963, en Tanzanie en 1964, au Burkina Faso en 1965 et en 1980, ou l'on a vu les syndicats et l'armee s'associer pour prendre le pouvoir.

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Tableau 2. tat des conflits industriels dans quelques pays en developpement.

constat n'a rien de paradoxal. La tendance au militantisme serait accentuCe par la faiblesse de la reprksentativite syndicale et la necessitk de trouver malgrt tout une 1CgitimitC.

Les etudes empiriques ou theoriques analysant les causes et les conditions des greves dans les pays industrialisks sont assez frCquentes7. Le sujet est trait6 Cgalement de maniere regdiere dans les pays en dkveloppement, principalement sous un angle statistique, sociologiques ou littCraire9. Parmi les Ctudes Cconomiques analysant les interactions entre le recours aux greves et le mouvement des salaires, on citera les Ctudes de Blejer (1981) sur le Chili, de Owoye (1994) sur le Nigeria ou de Backer et Oberholzer (1997) sur 1'Afrique du Sud. Elles soulignent en particulier l'influence du cycle des affaires et du calendrier politique sur le recours aux conflits du travail. D'autres etudes ont adopt6 un point de vue historique ou monographique en analysant les circonstances des conflits, comme Chowdhury (1977) au Bangladesh, Bognanno, Budd et Lee (1994) en CorCe ou Datta (1993) a Calcutta. Tcha (1998) adopte, quant a lui, un point de vue different en Ctudiant l'incitation des entreprises corkennes a investir a Yetranger suite a des conflits du travail en Coree.

Jours de travail perdus Pays pour 1000 personnes actives

(annees 80) Revue

canadienne PED Afrique du S U ~ * ~ 127

d''tudes d" Bangladesh 28 dkeloppernent Chili 158

Coree du Sud 2 lnde 153 lndonesie 1 Malaisie 2.5 Pakistan 21.5 Philippines 61 Venezuela 70 Sri-Lanka 80 Thai'fande 4 Venezuela 70

7. Comme le montre la revue de la litterature des grPves rkaliske par Card (1990). 8. Voir Heuze (1989) sur les grandes grkves du textile dans la region du Bombay. 9. La grkve des cheminots du (( Dakar-Niger n en 1947 et 1948 est le theme principal de

0. Sembene (1960) dans Les Bouts de bois de Dieu (nom que les cheminots s'etaient donnes).

Jours de travail perdus Pays pour 1000 personnes actives

(annees 80)

Pays industrialises Grande BretagneSb 292 J a p ~ n * ~ 8 USA*b 109

Notes : arnoyenne sur les annees 1980-1986 pour la population Noire. b rnoyenne sur les annees 1980-1989.

Source : Banuri (1991) pour tous les pays ; 'Moll (1993).

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11. R ~ L E DES SYNDICATS DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT : CE QUE DISENT LES ETUDES APPLIQUEES

En dkpit des carences statistiques et d'un certain dksintkrkt thkorique, le champ d'analyse des syndicats dans les pays en dkveloppement ne peut Ctre

Les syndicats considkrk comme totalement inexploitk. Jusqu'a une pkriode rtcente, les les PED :

ktudes sur le syndicalisme ont surtout kt6 produites par des historiens et des leu, economistes marxistes. Ces analyses n'ont pas kt6 intkgrkes dans cet articlelo. le marche du Se dkmarquant de ce premier courant, les ktudes postkrieures a 1990 sont de travail

nature plut6t appliquke que thkorique et reprennent les thkmatiques ktudikes dans les pays industrialisks. Avant de relever les principales conclusions auxquelles elles parviennent et leur mkthodologie, il importe d'explorer le tableau 3a ci-aprks. Celui-ci n'a pas l'ambition d'ktre exhaustif et prksente cette littkrature par zones gkographiques et permet de tirer quelques carac- tkristiques de l'action syndicale dans les pays en dkveloppement. Chaque tableau prksente les objectifs de l'article, sa mkthodologie et ses rksultats. I1 mentionne en outre la nature des donnkes utiliskes pour saisir l'impact de la syndicalisation. La variable SYND reprksente soit la presence d'un syndicat dans l'entreprise (E), soit l'adhksion individuelle des salaries (I), soit le taux de syndicalisation moyen pour les etudes agrkgkes, transversales ou longitudi- nales (A).

A. INFLUENCE DES SYNDICATS EN AFRIQUE

Une grande partie de la littkrature consacrke au syndicalisme en Afrique provient des ktudes sur les syndicats sud-africains. L'une des premieres ktudes chiffrkes sur ce pays, rkaliske par Moll (1993), suggkre que l'adhksion syndicale a une influence importante dans la determination des salaires, que le diffkren- tie1 de salaire est plus important pour les ouvriers Noirs (24 %) que pour les ouvriers Blancs (13 %) et que les non qualifiks bknkficient davantage de leur adhesion que les qualifies. Par ailleurs, une analyse historique du mouvement syndical Noir montre l'influence croissante de celui-ci tant sur la vie politique sud-africaine que sur les conditions de travail et de payement dans les mines". Depuis lors, plusieurs travaux ont corrobork et prolong6 les rksultats de Moll en montrant que les syndicats ont kte un facteur important de diminution de

10. On pourra se reporter A Southall (1988a et 1988b) pour une revue de la litterature marxiste.

11. Les syndicats Noirs sont reconnus oficiellement depuis le debut des annees 1980. Le t a w de syndicalisation des salaries Noirs a donc 6volue de manikre assez spectaculaire, passant de 2.5 % de la population active en 1975 a 5.5 % en 1980, 19 % en 1985 (Moll, 1993) et 34 % en 1993 (Chadha, 1997).

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Tableau 3a. Synthese de quelques travaux sur I'action syndicale dans les PED. Afrique du Sud

salaires entre individus

Note : SYND : variable saisissant la nature des donnees utilisees : syndicalisation apprehendee par la presence d'un syndicat dans I'entreprise (E), par I'adhesion individuelle des salaries (I) ou par le taux de syndicalisation agrege au niveau national (A). revenu salarial = salaire + bonus et allocations diverses.

la discrimination raciale. Ce dernier thkme fait l'objet d'un inter& croissant (Hofmeyr, 1997 ; Rospabk, 1997 ; Schultz et Mwabu, 1997).

Les rksultats d'ktudes portant sur d'autres pays africains sont plus con- trastks. Deux ktudes montrent que l'appartenance individuelle a un syndicat n'aurait aucun effet sur les salaires des ouvriers sknkgalais (Terrel et Svejnar, 1990) et camerounais (Thomas et Vallke, 1996). En m&me temps, quatre ktudes parviennent a mettre en evidence un effet positif des syndicats sur les salaires a partir de donnkes portant sur d'autres pays. L'ktude de Velenchik (1997) analyse l'influence positive des syndicats sur le revenu salarial d'un kchantillon de travailleurs au Zimbabwe. Deux ktudes portant sur le Ghana rapportent des rksultats assez proches en termes de diffkrentiel de revenu, qu'il soit lie a la presence d'un syndicat dans l'entreprise (Beaudry et Sowa, 1994) ou 2 l'adhksion individuelle (Teal, 1996). La prime de salaire syndicale serait de l'ordre de 30 % dans les deux cas. Beaudry et Sowa montrent que ce diffkrentiel aurait m&me eu tendance a s'accroitre depuis 1983, passant de 30 %

60 %, rksultat non corrobork par Teal. L'ordre de grandeur de l'influence

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Tableau 3b. Synthese de quelques travaux sur I'act~on syndlcale dans les PED - Afr~que sub-saharienne

dans les PED :

at~on d'une fonct~on d

I salalres et dans la I -esttmat~on d'un rnodele de

-

Senegal Terrell et Svejnar (1 990)

Note : voir tableau 3a RPED : Regional Program on Enterprise Development (World Bank).

-aucun effet de I'appartenance indlvt- duelle a un synd~cat sur le revenu salar~al ou sur le salalre

-effet positif des syndicats sur le revenu salarial

syndicale sur les salaires est davantage dans des normes de pays industrialisks au Nigeria, ou Owoye (1994) a men6 une ktude sur 1'6volution des salaires et des conflits du secteur industriel durant la pkriode 1950-1989. I1 a estimk qu'une augmentation du taux de syndicalisation de 10 % accroit les salaires moyens d'environ 3 %. Le recours aux gr2ves ne semble pas, en revanche, Ctre une variable significative de l'kquation de salaire moyen.

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Quelques ktudes rkcentes ont cherchk a mesurer le pouvoir de nkgociation des syndicats en Amkrique latine. Mac Isaac et Rama (1997) ont analysk les dkterminants du salaire horaire en ~quateur tandis que Panagides et Patrinos

Revue canadienne (1994) ont orient6 leurs rkflexions sur le diffkrentiel de salaire au Mexique, en d'ttudes du utilisant les uns et les autres des donnkes individuelles. Leur mkthode d'esti-

dtveloppernent mation et leurs rksultats sont assez proches. Le diffkrentiel de revenu salarial est estimk a 8 % et 10 % respectivement. La variable syndicale, a peine significative en Equateur, laisserait, toutefois, penser que le mouvement syndical est plutdt en recul actuellement dans ce pays. Par ailleurs, les conclusions de ces auteurs sur le rdle des syndicats dans la diminution des inkgalitb sont assez convergentes. En effet, Panagides et Patrinos montrent que la prbence d'un syndicat dans l'entreprise a tendance a diminuer la dispersion des salaires dans l'entreprise et a favoriser davantage les moins qualifib, les femmes et les salaries d'origine indienne. La prksence d'un syndicat est kgalement un facteur determinant dans la reduction du fossk salarial entre les hommes et les femmes et dans l'application du droit du travail en Equateur. Le rdle des syndicats dans l'attknuation de la discrimination raciale est un phknomene qui avait dkja ktk soulignk par Lewis (1986) aux ~ t a t s - ~ n i s et en Grande Bretagne, par Patrinos et Sakellariou (1992) au Canada et par Moll (1993) en Afrique du Sud.

Quatre autres travaux, utilisant des donnkes agrkgkes, cherchent a apprkcier l'kvolution du pouvoir des syndicats en Amkrique latine et leur impact sur les performances macrokconomiques des Etats. Les travaux de Amadeo (1994) et de Carneiro et Henley (1998) sur le Brksil montrent que le pouvoir des syndicats a kte soumis a de fortes variations likes A la nature du rkgime politique et au processus institutionnel des nkgociations. Sur ce dernier point, Carneiro et Henley (1998) attribuent l'accroissement du pouvoir des syndicats brksiliens au cours des annkes 90 a la dkcentralisation progressive des nkgociations. Cette dkcentralisation rend les salaires plus rigides aux conditions macrokconomiques (notamment au chdmage) et aux interventions gouvernemen- tales en matikre de politique salariale comme la fixation du salaire minimum par exemple. Dans un contexte de nkgociations dkcentraliskes, le pouvoir syndical est d'autant plus important que l'industrie est plutdt concentrke, ce qui est le cas au Brbil. Les employeurs et les syndicats se retrouvent en effet dans une situation de partage de rente de quasi-monopole, sans possibilitk pour le gouvernement d'intervenir et &imposer une prise en compte des externalitks gknkrkes par des hauts salaires dans le secteur syndicalise. La principale con- skquence de ce renforcement du pouvoir syndical au Brksil est, selon Carneiro et Henley ( 1 998) l'klargissement du secteur informel.

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Tableau 4a. Synthese de quelques travaux sur l'action syndicate dans les PED - Arnerique latine

1 Pays Auteurs Objectifs de I'6tude MCthodologie et donnCes SYND Principaux rCsultats

Amadeo (1 994)

Carneiro et Henley (1998)

-analyse du pouvolr ~ de negoc~at~on des , synd~cats -hypothese I'echec des pol~t~ques de stabll~sat~on des prlx et des sala~res s'expl~que par des facteurs lnstltut~onnels

-etude de I'lmpact de la decentral~sat~on des negoc~at~ons I

I

-donnees macro- econorniques sectorielles sur les salaires et les prix, 1976- 1991 -estimation du pouvoir de negociation des syndicats

--

-donnees de salaires industriels de I'Etat de Sao Paulo. -estimation d'equations de salaire reel de long terme

-accroissement du pouvoir de negociation des syndicats avec la democratisation et la centralisation des negotiations

Les syndicats dans les PED : leur impact sur fe marcht du travail

A 1 -accro~ssement du pouvolr synd~cal avec

I la decentral~sat~on des I negoc~at~ons I -6larglssement du secteur Informel

tquateur Maclsaac et! -etude des determl- Rama nants du revenu (1997) salar~al horalre

I -etude de I'lmpact de la leglslatton du marche du travall sur le

I nlveau des salaires

-enqu@te de menages : 7281 individus -estimation d'une fonction de gains

Panagides et Patrinos (1 994)

-etude du dlfferent~el -enqu@te de menages salanal synd~ques-non (1989) 9954 lndlvldus synd~ques 1 -est~mat~on de la probab~l~te

de synd~cal~sat~on -esttmat~on d'une fonct~on de galns

I -d~fferent~el du I revenu salar~al I horalre 8% I -le respect des 101s du travall n'expl~que pas

I la segrnentat~on du I march6 du travatl

I dlfferent~el de salalre horalre de 10 4%

Note : SYND : variable saisissant la nature des donnCs utilisees : syndicalisat~on apprehendee par la presence d'un syndicat dans I'entreprise (E), par I'adhesion individuelle des salaries (I) ou par le taux de syndicalisation agrege au niveau national (A). revenu salarial = salaire + bonus et allocations diverses.

Sur un plan assez similaire, Rama (1994) souligne kgalement l'ktroitesse des interactions entre le pouvoir du syndicat, saisi par le taux d'adhksion, et les imperfections sur le marchk des biens en Uruguay. Le marchk ktant oligopolis- tique ou protkgk par des barrieres tarifaires, les ajustements des salaires reels suite a une politique de libkralisation commerciale sont plus lents a se faire sentir dans les secteurs syndicalisks. Ce dernier rksultat est coherent avec les conclusions tirCes d'une ktude de Rama (1995) portant sur les effets des institutions et des politiques de rkgulation du marchk du travail sur les performances kconomiques d'un kchantillon de pays d'Arnkrique latine et des Caraybes. Ici, les syndicats sont d'autant plus puissants, en termes de force

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Tableau 4b. Synthese de quelques travaux sur I'action syndicale dans les PED - ArnCrique latine

I Pays I Auteurs / Objectifs de lrCtude 1 MCthodologie et donnCes SYND/ Principaux rCsultats

I 1 Uruguay

Revue canadienne d'ttudes du

diveloppement

Rama (1 994b)

Autres pay Rama dgAmirIquj (1995) lat~ne et ~ des I

etude de I'influence dc la liberalisation commerciale sur les salaires et I'emploi quand le marche du bien est imparfait -etude de la relation entre le pouvoir de monopole, le niveau de protection tarifaire et le pouvoir syndical

-donnees sectorielles (39 secteurs) sur des annees 1978 a 1986 -estimation du taux de syndicalisation -estimation d'un modele de determination des salaires et de I'emploi

-etude de I'effet des politiques de regulation du marche du travail et de ses institutions (sur les performances economiques des ttat!

estimations econometriques prenant en consideration les effets du salaire minimum, de diverses lois du travail, de la taille du secteur public, du taux de syndicalisation sur le taux de croissance de I'emploi, le taux de croissance du PIB et les coDts du travail -calcul d'un indice synthetique de rigidit6 du marche du travail -periode d'etude : 1980-92

I relat~on pos~t~ve entre le taux de synd~cal~sa- t~on d'un secteur et son pouvolr de monopole mals relat~on plus fa~ble avec le I

nlveau de protect~on ~ tar~fa~re -sala~res reels plus e- ) leves dans les secteurs 1

syndical~ses 1

I

-aucun effet de la l~beral~sat~on I

I commerc~ale sur les I

sala~res reels quand 1

les salar~es sont orga- ~ n~ses en synd~cat I

effet negatif de la syndicalisation sur la croissance du PIB et sur la croissance de I'emploi


numkrique au sein de la population active, que le march6 des biens comporte des barri2res a l'entrke. Au t a w klevk de syndicalisation sont associb, en moyenne, un faible taux de crkation d'emploi, pour un taux de croissance donnke, et une croissance kconomique ralentie. I1 semblait que ce travail, portant sur les effets macrokconomiques de la presence syndicale en AmCrique latine et aux CaraYbes, n'a pas d'kquivalent sur d'autres zones gkographiques.

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C. INFLUENCE DES SYNDICATS EN ASIE D U SUD-EST

A notre connaissance, deux pays ont fait l'objet d'etudes sur l'influence syndicale en Asie du Sud-Est : la Corke et la Malaisie. L'ktude menke par Standing (1992) est probablement l'une des plus complktes sur le r61e des syndicats

Les syndicats dans les pays en dkveloppement. Elle s'appuie sur une enquCte industrielle de dans les PED : 1988 comportant 2682 firmes de Malaisie, et s'intkresse tant aux dkterminants leu, impact ,,, du syndicalisme qu'a ses effets sur les salaires ou sur les performances de l'en- le march6 du treprise. Outre les comparaisons de performances des syndicats d'entreprise a *avail

celles des syndicats industriels, Standing calcule deux diffkrentiels de salaires, l'un de 20 % lik la presence d'un syndicat industriel et l'autre de 15 % lik a l'intervention d'un syndicat d'entreprise. I1 s'est kgalement intkressk a l'impact des syndicats sur les avantages non monktaires ou les conditions de travail dont bknkficiaient les salarib. A l'exception des facilitks de credit, pour lesquelles les syndicats d'entreprise sont plus gknkreux, les syndicats de type industriel sont systkmatiquement plus efficaces pour nkgocier les congks payks, les congks de maladie, le montant des retraites ou les allocations de transport. Le statut financier des salaries temporaires, n'appartenant pas aux syndicats, y est kgalement meilleur. Ce rksultat et le fait que les non qualifies aient plus A gagner a la syndicalisation de l'entreprise suggerent que la prksence syndicale est bien un facteur de diminution des inkgalitks dans l'entreprise. Mais Standing montre kgalement que les syndicats sont tout a la fois un facteur de moindre embauche, d'innovation et de croissance plus klevke de la productivitk. Ces rksultats se font particulierement ressentir pour les entreprises ayant un syndicat industriel. Ceci semble montrer de maniere gknkrale que les syndicats sont plus puissants quand les nkgociations ont lieu a un niveau plus centralisk que celui de l'entreprise, ce qui est conforme a la littkrature thkorique sur le sujet (Calmfors et Driffill, 1988, inter alia).

Les deux etudes menkes sur la Corke soulignent de maniere intkressante que l'influence syndicale ne doit pas Ctre saisie seulement par le calcul de diffkrentiels de salaires entre syndiquks et non syndiquks. Ce diffkrentiel est, en l'occurrence, particulierement faible en Corke, puisque Park (1991) l'estime seulement 4 %. Mais la presence de syndicats dans l'entreprise peut aussi Ctre source d'instabilitk et &incertitude, sans que ceci ne se rkpercute sur les salaires. Tcha (1998) montre que l'accroissement des conflits du travail depuis la fin des annkes 80 en Corke explique de maniere dkcisive l'accroissement des dklocalisations et des investissements directs l'ktranger opkrks par les entreprises coreennes aux ~ t a t s - ~ n i s ou dans d'autres pays asiatiques12.

12. L'une des caracteristiques des delocalisations d'entreprises coreeennes est leur forte composante en main d'oeuvre (Tcha, 1998).

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Tableau 5. Synthese de quelques travaux sur I'action syndicate dans les PED - Asie du Sud-Est

Pays

C o r k du 8 Sud Canadian

yournal of Development ~

Studies I

I Malaisre

I Auteurs Objectifs de I'etude Methodologie et donnees SYND Principaux resultats i i I I Park I -etude du drfferentrel I donnees rndrvrduetles (1988) E drfferentrel de revenu 1 (1991) ' salarral syndrques-non 1 13 622 ouvrrers hommes I salarral de 4 2% entre ; I : syndrques I -estrrnatron de fonctrons de I syndrquks et non , I I garns I syndrques I I

I 1 1 I

Tcha (1 998)

etude de I'augmentation des conflits du travail sur les investissements directs a I'etranger de la Coree

-donnees agregees sur le nornbre de greves et le rnon- tant des IDE en direction de pays asiatiques et des hats- Unis (1972-1994

-la rnontee des I conflrts du travarl 1

I depurs 1987 a rncrte les entreprrses coreennes a se delocalrser

Standrng (1 992)

etude du differentiel salarial syndiques-non syndiques -analyse des effets des syndicats sur la pro-ductivite, I'innovation et I'emploi -cornparaison des resultats selon la centralisation des negociations

-donnees d'entreprises (1988):2 682 entreprises -estimation de la probabilite de syndicalisation de I'entreprise -estimation d'une fonction de gain -estimation de la productivite. -estimation de la croissance de I'emploi

E drfferentrel de salarre mensuel de 20% pour les synd~cats rndus- trrels et de 15% pour les synd~cats d'entre- prlse

I -impact pos~trf des I syndrcats sur la pro- ductrvrte, sur I'rnnova-

1 tron et rmpact negatrf , sur le taux de I crorssance de I'emplor ' -les synd~cats rndus- I trrels sont plus I purssants que les I syndrcats d'entreprrse I


D. INFLUENCE DES SYNDICATS EN ASIE DU SUD

La plupart des Ctudes sur le syndicalisme du sous-continent indien porte sur 1'Inde. Nous n'avons connaissance d'aucune Ctude microCconomique sur le syndicalisme sri-lankais, alors que le taux de syndicalisation de ce pays est par- ticulikrement klevkl3. En Inde, on citera principalement l'ktude de Bhattacherjee et Datta Chaudhuri (1994), qui tente de faire un survol de la littkrature traitant de l'influence syndicale dans ce pays. Partant du constat que

13. On pourra, toutefois, se rapporter a Rama (1994) pour une presentation du processus de negociation au Sri-Lanka.

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les etudes indiennes sur les effets des syndicats sur les salaires parviennent a des rtsultats differents selon les auteurs, Bhattacherjee et Datta Chaudhuri ont tente d'expliquer ces divergences en analysant la nature des donnCes utilisCes. 11s montrent principalement que les auteurs ayant rejete l'hypothkse d'une action significative des syndicats sur les salaires (Chatterji, 1980 ; Jackson,

Ses syndicats 1972 ; Sen, 1985) travaillaient sur un Cchantillon d'entreprises "tradition- dans les PED : nelles", ou les salaries Ctaient sous-qualifies et les syndicats plut6t "politisCs". leu, impact sur On entend par syndicats "politises" des syndicats agissant principalement au fe march6 du

niveau du gouvernement, notamment par le lobbying, mais negligeant les travail

negociations dkcentralisees. En revanche, les auteurs ayant travaille sur des donnkes d'entreprises du secteur moderne (Joshi et Joshi, 1976 ; Tulpule et Datta, 1988 et 1989) parviennent a des rksultats inverses, accordant un poids dCcisif aux organisations syndicales dans la determination salariale. Les auteurs constatent que, dans ce secteur, les syndicats etaient plut8t orientes vers la negociation bilaterale, a un niveau tres local. Reprenant ces diffkrentes donnies, Bhattacherjee et Datta Chaudhuri Ctablissent plusieurs types de rbultats. 11s montrent, tout d'abord, que contrairement aux syndicats politises, les syndicats d'entreprise sont parvenus a negocier des hausses de salaires indkpendamment du niveau de productivitC prevalant dans le secteur. 11s estiment, dans une autre Ctude (Bhattacherjee, 1987), que ces hausses de salaires sont d'environ 15 % plus BevCes que celles que nkgocient les syndicats affiliCs aux partis politiques. 11s montrent, ensuite, que le processus de decentralisa- tion des negociations qu'a instaure 1'Inde au cours des annkes 70 et 80 a kt6 une entrave au pouvoir de negociation des syndicats politises mais n'a eu aucun effet sur la capacite des syndicats d'entreprise a negocier des hausses de salairesl4.11~ soulignent, enfin, que le reel pouvoir syndical indien semblerait se situer dksormais entre les mains des syndicats d'entreprise, independants des partis politiques, et non plus entre celles des syndicats affilies, beaucoup plus vulnirables dks lors que la conjoncture macro~conomique se dCt6riore15. Ce dernier resultat est corrobork par une Ctude sur les syndicats du secteur du textile de Bombay (Deshpande, 1992). Ramaswamy (1988) explique le pouvoir croissant des syndicats independants relativement a celui des syndicats politiques par l'intdressement financier des premiers aux benefices de leur

14. Fallon et Lucas (1991) ont travail16 sur un echantillon relativement reduit des syndicats de 1'Inde et ont demontre que la presence de syndicats dans une entreprise rendait le licen- ciement de salaries beaucoup plus difficile. Leur etude conclut que la mise en place de lois rkgle- mentant les licenciements avait accru de faqon significative le pouvoir des syndicats dans les entreprises.

15. Bhattacherjee et Datta Chaudhuri (1994) estiment que le pouvoir de negociation des syndicats de type politique s'explique economiquement par le t a m de chBmage et le t a m de croissance de la production industrielle.

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Tableau 6a. Synthkse de quelques travaux sur I'action syndicale dans les PED - Asie du Sud

pays j Auteurs i Objectifs de l'ktude MQhodologie et donnees 1 SYND~ Principaux resultats I I I I I

I lnde Revue

canadienne I I d'itudes du 1

diveloppement ~

Bhatta- cherjee (1 987)

-impact des syndicats sur les salaires selon leur degre d'indepen- dance politique -hypothese : les syndicats independants sont plus militants et plus efficaces dans leur negociations que les syndicats affilies a des partis politiques

-analyse des accords de 119 1 E entreprises signb entre 1978 1 et 1984 a Bombay I -cornparaison de 65 syndicats independants et de 54 1 syndicats affilies a un parti politique I -estimation d'une fonction I

de gains

-differentiel de 55% entre les revenus salariaux negocies par les syndicats indepen- dank et les revenus negocies par les syndicats affilies a des partis politiques

Bhattacherj -analyse de I'evolut~or I ee et Datta I salarlale de 1960 a I Chaudhurl 1986 en lnde

hangement de type e negoc~atlons sur le

j Mann et I Kapoor i (1988) I

-calcul du differentiel de gain entre secteurs public et prive

-donnees agregees de salaires industriels 1960- 1986 -estimation de fondions de salaire moyen

-impact significatif des syndicats sur les salaires -declin du r61e des syndicats affilies a des partis politiques

donnees individuelles a partir j I j -aucun effet de d'une enquete de menages. I I I'adhbion individuelle 1975-1976 sur le Punjab. I B un syndicat sur le -estimations de fonctions de I revenu salarial pe ry gains I I

Note : . ..

SYND : variable saisissant la nature des donnees utilisees : syndicalisation apprehendee par la presence d'un syndicat dans I'entreprise (E), par I'adhesion individuelle des salaries (I) ou par le taux de ~~ndicalisation agrege au niveau national (A). revenu salarial = salaire + bonus et allocations diverses.

action. Les syndicats d'entreprise ont intkrCt a satisfaire aux demandes de leurs adhkrents car ils peuvent Ctre kvincks par leur base. Les syndicats affiliks aux partis politiques, en revanche, connaissent une moindre concurrence interne et ont un financement kmanant essentiellement des partis politiques et non des adhkrents. Toutefois, ce rksultat est contraire a celui que trouve Salmon (1999) a Dhaka, Bangladesh, dans une Ctude comparative des effets respectifs des syndicats d'entreprise, nkgociant un niveau tres dkcentralisk, et des syndicats de branche, nkgociant principalement avec des representants du gouvernement. Ces derniers s'avkrent en effet plus aptes a nkgocier des salaires klevks. Ce rksultat peut s'expliquer notamment par le recours frequent aux grkves, venant troubler le regime en place et le convaincre d'accroitre les salaires du secteur public. Les menaces de troubles profkrb par les syndicats sont d'ailleurs d'autant plus efficaces et crkdibles que l'histoire rkcente du Bangladesh comporte plusieurs exemples de destitutions de premiers ministres

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Tableau 6b. Synthbe de quelques travaux sur I'action syndicale dans les PED - Asie du Sud

Pays 1 Auteurs Objectifs de Ir6tude Methodologie et donnees 1 SYND Principaux resultats I I

Anderson, 1 -etude de I'lmpact des Hossatn et , 101s du travall sur ' Sahota I'emplo~ et I

I (1991) I'lndustr~al~sat~on I

I I I I

~ I

I I

Devarajan, -est~mat~on de la Chanem et senstbhtte des salalres Th~erfelder au m~l~tant~sme (1997) 1 synd~cal e t a la I

I l~beral~sat~on tar~falre ~

-enqu&te de 592 entreprises (1988) -estimation d'une fonction de gains et du niveau de I'emploi

-estimation d'un modele d'Equilibre General Calculable

1 E I -accrolssernent des

I sala~res Ite a la presence synd~cale -effet negat~f du sala~re mfnlmum et

' des synd~cats sur I'emplo~ des salar~es qual~fies

7 1 -arnpl~ficat~on des I effets de la Ilberalrsa- i t ~ o n SI les synd~cats

A sont presents dans le secteur protege

1 Salmon (1998)

I I I

-etude des effets des syndicats sur les salaires selon le sexe et les qualifications. -etude de l'effet des syndicats sur la productivite, I'emploi, I'investissement et les conditions de travail

-enquCte de 1200 entreprises (1992-1 993) -enqu&te de 90 salaries (1 996) -estimation de fonctions de gains par sexes et par qualifications -estimation de fonctions d'emploi, de productivite et d'investissement

-prime de salalre 1 synd~cal de 20% pour I

I les hommes et de 0% 1 pour les femmes ~ I -effet poslt~f des syn- I

I d~cats sur la productl- I

I v1te -sureffect~f l ~ e a la presence de synd~cats

Salmon / (1999) I

I I I

I -etude de I'lmpact -est~mat~on de fonct~ons de relat~f des synd~cats de galns branche et des -est~mat~on de PROBIT de syndrcats d'entrepnse , respect des 101s du travall

-les synd~cats de I 1 branche ont plus de

1 pouvolr sur les sala~res I que les synd~cats d'entrepr~se -les synd~cats d'entre- prlse negoc~ent plus fac~lement I'appl~ca- t ~ o n des 101s du trava~l


suite a des agitations sociales, auxquelles les syndicats avaient pris une part dkterminante.

Deux autres etudes se sont intkresdes aux effets des syndicats bangalais sur le march6 du travail. I1 s'agit, tout d'abord, de l'ktude de Anderson, Hossain et Sahota (1991) qui parvient a mettre en evidence une certaine influence de la presence syndicale sur les salaires et sur l'emploi. I1 s'agit ensuite des travaux de Salmon (1998) qui haluent l'impact des syndicats bangalais a partir de dif-

Les syndicats dans les PED : leur impact sur le march6 du travail

fkrentes bases de donnees micro-kconomiques. Ses travaux l'amknent a

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souligner un effet positif des syndicats sur les salaires des hommes et sur les conditions de travail des salariks de quatre secteurs industriels de Dhaka. Les syndicats contribuent kgalement a amkliorer le niveau de productivitk de l'entreprise mais n'affectent pas l'investissement. En revanche, ils sont un facteur important de sureffectif dans certaines entreprises. Par ailleurs, les femmes ne

Revue canadienne semblent pas bknkficier de la prksence de syndicats dans l'entreprise. L'article dlktudes du de Devarajan, Ghanem et Thierfelder (1997) sur le Bangladesh s'appuie, quant

dkveloppement a lui, sur des simulations. L'impact reel des syndicats sur les salaires ou l'emploi ne peut donc Ctre dkduit de ce travail. Comme Rama (1994) pour l'uruguay, leur propos est de montrer les effets d'une politique de libkralisation commerciale lorsque le marchk du travail est imparfaitl6.

CONCLUSION

Les statistiques sur le taux de syndicalisation et les quelques ktudes sur l'influence des syndicats dans l'entreprise tendent globalement a montrer que la fonction kconomique des syndicats ne peut Ctre totalement nkgligke dans les pays en dkveloppement. La littkrature ayant traite cette question a choisi deux approches diffkrentes pour le montrer. La premiere approche consiste a tester l'influence des syndicats sur les salaires. Ce premier groupe de travaux a eu recours principalement a des donnkes microkconomiques et a calculk des diffkrentiels de salaire entre syndiquks et non syndiquks. Quand ils ont pu Ctre mis en evidence, ces diffkrentiels de salaire dkpassent souvent les 10 % (Malaisie, Afrique du Sud, Ghana, Mexique, Bangladesh). Toutefois, il existe aussi un certain nombre de pays pour lesquels aucun impact significatif sur les rkmunkrations n'a pu Ctre mise en evidence (SQkgal, Cameroun) ou pour lesquels l'impact s'avere faible (Corke). Le second groupe d'ktudes comprend des travaux orientks davantage vers une approche macrokconomique. Les par- tisans de cette approche ont cherchk a montrer quel pouvait Ctre l'impact des syndicats sur l'application de certaines rkformes, comme les politiques de libkralisation, ou sur les performances economiques en termes de croissance ou de creation d'emploi. Quelques limites et prolongements des travaux prbentks peuvent Ctre soulignks en guise de conclusion.

Les questions poskes dans les ktudes utilisant des donnkes microeo- conomiques se sont, tout d'abord, concentrkes quasi-exclusivement autour de l'ktude de la dktermination des salaires. A l'exception d'ktudes sur la Malaisie et le Bangladesh, l'influence syndicale sur les performances de l'entreprise a gknQalement kt6 laisske de cbtk. Des ktudes portant sur l'impact des syndicats

16. La relation entre les distorsions sur le marche du bien et sur le march6 du travail est trait6e de maniere theorique par Rama (1993), Rama et Tabellini (1995) et Rama (1997).

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sur la productivitt, l'investissement ou l'efficience technique pourraient s'avkrer intkressantes, afin de complkter une analyse du comportement syndical dans les entreprises du secteur moderne des PED. Mis a part des travaux portant sur 1'Afrique du Sud et le Mexique, peu d'ktudes se sont explicitement intkresskes kgalement aux effets des syndicats sur la diminution de la discri- - Les syndicats mination raciale, ethnique ou sexuelle. dans les PED :

Si l'impact de l'organisation institutionnelle des nkgociations dans les PED leur im~act sur connait un certain essor, avec des travaux sur les effets de la politisation des le march du syndicats (Inde) ou de la dtcentralisation des nkgociations (Malaisie, Brksil, travail

Bangladesh), cette littkrature mkrite encore &&re ktoffke et relike a la littkrature thkorique existante qui s'est dkveloppke avant tout dans les pays industri- disks (voir Cahuc et Zylberberg, 1996 pour une revue de la littkrature). Les rksultats empiriques auxquels cette littkrature aboutit dans les PED demeurent encore relativement disparates et difficilement interprktables.

Au dela de la problkmatique traitke, une autre limite importante a la portke des travaux cites dans cet article est la relative pauvretk des techniques kconomktriques utiliskes. Nombre d'ktudes souffrent par exemple de la non prise en compte du biais de selection dans le calcul du diffkrentiel de salaires entre syndiqub et non syndiqub. Soulignons enfin qu'aucune des ktudes appliqukes ne s'appuie sur un modhle thkorique, expliquant notamrnent l'origine du pouvoir syndical dans un contexte de pays en voie d'industrialisation. Or, cette question mkrite &&re traitke, tant l'existence du pouvoir syndical peut sembler a priori dkconcertante dans des pays ou la main d'ceuvre est abon- dante et la demande de travail trks klastique.

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ANNEXE

Taux de syndicalisation et taux de couverture conventionnelle des pays de I'OCDE en 1990

Revue Taux de Taux de syndicalisation couverture

canadienne pays conventionnelle d'ktudes du (%I (%I

d&eloppernent Allernagne 32 90 Australie 40 80 Autriche 46 98 Belgique 51 90 Canada 36 38 Finlande 72 95 France 10 92 Israel 56 nd Japon 25 23

Pays Taux de Taux de syndicalisation couverture

conventionnelle (%I (%I

Pays-Bas 26 71 Nowege 56 75 Nelle-Zelande 45 67 Portugal 32 79 Espagne 11 68 Suede 83 83 Suisse 27 53 Royaume-Uni 39 47 Etats-Unis 16 18

Source : OCDE (1994) ; Upham (1995)

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Documents

Les syndicats dans les pays en développement: leur action sur le rnarché du travail