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Tiens compte de moi L’inclusion de personnes en situation de handicap dans les projets de développement Un guide pratique pour les organisations dans le nord et le sud Ecrit par Paulien Bruijn, Barbara Regeer, Huib Cornielje, Roelie Wolting, Saskia van Veen et Niala Maharaj

L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

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Tienscomptede moi

L’inclusion de personnesen situation de handicapdans les projets de développement

Un guide pratique pour les organisations dans le nord et le sudEcrit par Paulien Bruijn, Barbara Regeer, Huib Cornielje, Roelie Wolting, Saskia van Veen et Niala Maharaj

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L’inclusion de personnes en situation de handicap dans

les projets de développementUn guide pratique pour les organisations

dans le nord et le sud

Ecrit par Paulien Bruijn, Barbara Regeer, Huib Cornielje, Roelie Wolting, Saskia van Veen et Niala Maharaj

Tienscomptede moi

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Qui est en situation de handicap ?

Si tu ne vois pas la personne mais seulement le handicap, qui est aveugle ?

Si tu n’entends pas le cri pour la justice de ton frère, qui est sourd ?

Si tu ne communiques pas avec ta sœur, si tu la sépares de toi, qui est en situation de handicap ?

Si ton cœur et ton esprit ne cherchent pas à toucher ton prochain, qui est en situation de handicap ?

Si tu ne défends pas les droits de tous, qui est l’estropié ?

Tes attitudes envers des personnes en situation de handicap pourraient être notre plus grand handicap, et le tien aussi.

Tony Wong

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Table des matières

Commentaire des auteurs 7Remerciements 11

PREMIERE PARTIE: Handicap, exclusion et inclusion 13Le mystère des personnes disparues et marginalisées 14Qu’est-ce qu’un handicap ? 15Différentes approches au handicap 18Pourquoi des personnes en situation de handicap sont-elles exclues de

programmes de développement ? 20Qu’est-ce que le développement inclusif ? 24Le rôle des organisations classiques dans le développement inclusif 26

DEUXIEME PARTIE : La création de programmes de développement inclusifs 29Comment rendre un programme inclusif, étape par étape 30Formation du personnel de projet 32Identification de personnes en situation de handicap 36Les personnes en situation de handicap doivent participer au cycle entier du projet 38Bonnes pratiques 41Inclusion des données de handicap dans tous les rapports de planification, suivi et évaluation 45Orientation pour les besoins spécifiques au handicap 49Eliminer les obstacles 51Créer un accès pour tous 53Création de réseaux 57

TROISIEME PARTIE : Devenir une organisation inclusive des personnes en situation de handicap 63Qu’est-ce qu’une organisation inclusive ? 64Comment devenir une organisation inclusive 67Comment créer l’engagement de votre organisation 72Sensibiliser 76Inclusion des personnes en situation de handicap dans les stratégies et systèmes d’une organisation 78Gestion inclusive des ressources humaines 81Inclusion des personnes en situation de handicap dans les systèmes de planification, suivi et évaluation 83Création d’accès à l’infrastruure et à l’information dans votre organisation 85

QUATRIEME PARTIE : Conclusions : leçons tirées 89

Notes en fin de texte 93Colophon 96

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7

Ce que nous avons tiré de nos expériences – etce que nous allons partager avec vous – c’est quel’inclusion de personnes en situation de handicapdans le groupe cible de votre organisation nenécessite pas le lancement d’un nouveau pro-gramme additionnel. Ce but peut être atteint enutilisant des activités, programmes de formationet politiques déjà existants. Ce guide vous mon-trera comment faire. Il contient des étapessimples et pratiques à franchir pour inclure despersonnes en situation de handicap dans vosactivités.

Ce guide est plein de suggestions, d’exemples etd’expériences réels pour inspirer les praticiens dudéveloppement à agir. Il s’adresse au personneldes sièges sociaux des organisations de dévelop-pement dans le nord et à ceux qui travaillentdans les organisations chargées de la mise enœuvre dans le sud. Nous espérons qu’il sera éga-lement utile aux donateurs, aux ONG, auxorganisations gouvernementales, aux décideurspolitiques et, finalement, aux personnes en situa-tion de handicap elles-mêmes.

Différents facteurs peuvent pousser une organi-sation à commencer le travail sur l’inclusion despersonnes en situation de handicap. Première-ment, la convention des Nations Unies relativeaux droits des personnes en situation de handi-cap qui motive des organisations à commencer à

inclure des personnes en situation de handicapdans leurs programmes. C’est une conséquencelogique quand les pays ratifient la convention.Parfois le processus d’inclusion commence avecun manager qui a un enfant en situation de han-dicap et qui place le sujet à l’ordre du jour. Dansd’autres cas, des organisations évaluent leurspropres programmes et découvrent que les per-sonnes en situation de handicap ne bénéficientpas de leur travail de secours humanitaire. Cer-taines organisations souhaitent travailler dansl’inclusion des personnes en situation de handi-cap parce que ce travail est implicite dans leurvision et mission globale : par exemple, l'éduca-tion pour tous. Pour d’autres organisations, leprocessus commence quand un donateur en faitla demande.

Notre propre histoire

Il y a quatre ans, trois organisations de dévelop-pement néerlandaises se sont réunies et ontdécidé qu’elles devraient arrêter de parler de l’in-clusion des personnes en situation de handicapet commencer à faire quelque chose pour réali-ser cette inclusion. Cela a mené à la créationd’un programme de renforcement des capacitéspour des organisations partenaires en Inde et enEthiopie pour réaliser l’inclusion de personnes ensituation de handicap dans des programmes de

Dans les organisations de développement, l’inclusion des personnes en situationde handicap est devenue encore un autre sujet figurant à l’ordre du jour de managers et agents de programme surchargés. Mais n’ayez pas peur : ce guiden’augmentera pas votre charge de travail, il va en fait l’alléger.

Commentairesdes auteurs

←←Quel est le but de ceguide ?

←Comment ce guide a-t-il été créé ?

←←Pourquoi avez-vousbesoin de ce guide ?

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développement conventionnels. D’autres ONGnéerlandaises et leurs organisations partenairesdans ces deux pays ont rejoint cette initiative.

Au début, notre accent était premièrement missur l’inclusion des personnes en situation de han-dicap dans des programmes de développement.Mais en cours de route, nous avons compris quel’inclusion que nous recherchions ne nécessitaitpas seulement un changement des points de vuemais aussi un changement au niveau des organi-sations. Il ne s’agissait pas seulement del’inclusion dans des projets et des programmes ;il s’agissait aussi des valeurs, systèmes et poli-tiques de nos propres organisations. Il n’y avaitpas seulement des obstacles dans nos projetsmais aussi dans nos propres bureaux et sites webqui empêchaient la participation égale des per-sonnes en situation de handicap.

En janvier 2011, nous avons donc lancé un « The-matic Learning Programme » (TLP – programmed’apprentissage thématique) sur l’inclusion depersonnes en situation de handicap avec le sup-port de PSO, une organisation néerlandaise derenforcement des capacités. Treize organismesdonateurs (six ONG classiques néerlandaises ;trois ONG néerlandaises orientées spécifique-ment vers les personnes en situation dehandicap ; et quatre ONG classiques d’autrespays européens – le Royaume-Uni, l’Allemagne,la Belgique et le Danemark) et 21 organisationschargées de mise en œuvre en Ethiopie et enInde ont participé.

Les organisations participantes ont formulé leurspropres questions d’apprentissage et plans d’ac-tion pour promouvoir l’inclusion durable depersonnes en situation de handicap dans leurspropres programmes et organisations. Le guideque vous tenez en mains est le résultat de ceprogramme d’apprentissage. Il se base sur lesexpériences réelles de ces organisations. Nousespérons que nos expériences inspireront d’au-tres à entamer leur propre voyage envers uneparticipation à pied d’égalité pour les personnesen situation de handicap.

Introduction au contenuLa première partie de cette publication offre uneintroduction essentielle au sujet du handicap etdu développement. Elle peut être très utile si cesujet est nouveau pour vous. Cette première par-tie met en question les perspectivesconventionnelles sur le handicap et vous force àquestionner les définitions courantes dans cedomaine. Ici, nous expliquons la perspective desdroits de l’homme sur le handicap et nous clari-fions le besoin de créer des programmes dedéveloppement inclusifs.

La deuxième partie explique les mesures à pren-dre pour inclure des personnes en situation dehandicap dans des programmes de développe-ment conventionnels. Ce chapitre estextrêmement pertinent pour les praticiens dudéveloppement impliqués dans la création, lamise en oeuvre, le suivi et l'évaluation de projetset programmes, ainsi que pour ceux qui travail-lent dans la formation du personnel.

La troisième partie aborde les possibilités pour lesorganisations d’ancrer le sujet de l’inclusion despersonnes en situation de handicap dans leurspropres politiques, systèmes et structures. Celaest intéressant pour les décideurs politiques, lesagents de suivi et d’évaluation, et les cadressupérieurs. Ce chapitre contient également untest pratique pour découvrir le niveau d’inclusionpour personnes en situation de handicap au seinde votre organisation.

Introduction des auteurs

Paulien Bruijn, Coordonnatrice du développementinclusif, LIGHT FOR THE WORLD Pays-Bas.Huib Cornielje, Conseiller en matière de handicap, EnablementNiala Maharaj, Rédactrice coordinatriceBarbara Regeer, Professeur adjoint, Athena Institute, VU University, AmsterdamSaskia van Veen, Chercheuse, Athena Institute,VU University, AmsterdamRoelie Wolting, Conseillère en matière de handicap, Dutch Coalition on Disability andDevelopment (coalition néerlandaise de handicap et de développement)

8

→Basé sur des

expériences réelles

→→Les définitions sont

importantes

→Un changement de

politique est nécessaire

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11

Nous tenons à remercier les organisations quiont participé au programme d’apprentissage thé-matique et qui ont si généreusement contribuéavec leurs expériences, leurs connaissances etleurs photos au développement de ce guide.

Ethiopian Center for Disability and Development(ECDD) et les organisations participantes enEthiopie: Ethiopian Kale Heywot Church(EKHC); Meseret Kristos Church (MKC); NewVision in Education Association (NVEA); KelemEducation and Training Association (KETA);Ethiopian Mulu Wongel Amagnoch ChurchDevelopment Organisation (EMWACDO);Resurrection and Life Development Organisa-tion (RLDO); Hope Enterprises; Wabe Children’sAid and Training (WCAT); Evangelical ChurchesFellowship Ethiopia (ECFE). Leonard CheshireDisability SARO (LCD), Center for Disability inDevelopment in Bangladesh (CDD) et les organi-sations chargées de la mise en oeuvre en Inde :Evangelical Fellowship Of India Commission onRelief (EFICOR); North East India CommissionOn Relief & Development (NEICORD); Disci-pleship Centre; Emmanuel Hospital Association;CCCD; Reformed Presbyterian Church (RPC);Vocational Training and Rehabilitation Center(VTRC); Word Trust; AMG India; OikonomosMinistries; Leonard Cheshire Home Lucknow;Leonard Cheshire Home Dehradun.

Organisations participantes en Europe : TearNetherlands; Edukans, Oikonomos; Help a Child;Light for the World Netherlands; WarChild;ZOA; Liliane Foundation; Netherlands LeprosyRelief; Tearfund UK; Kinder Not Hilfe Germany;Mission East Belgium; IAS Denmark.

Nous remercions également Joyce den Bestenqui, avec enthousiasme, a contribué à créer ceguide, et aussi les étudiants-chercheurs de VUUniversity, Amsterdam, qui ont mis à notre disposition des études de cas des Pays-Bas,d’Ethiopie et d’Inde : Heleen Troost, Ineke Caubo, Claudine van der Sande,

Shanti Thakoerdin, Emmy de Wit, SebastiaanBlok, Joyce den Besten, Durwin Lynch, Denisevan Kampen, Tessa Frankena et Yang Qin.

Nos remerciements vont aussi à Dave Luptonqui nous a généreusement donné l’autorisationd’utiliser ses Crippen cartoons sur internet. Nousrecommandons à nos lecteurs de visiter le sitesuivant :http://www.crippencartoons.co.uk

Nous sommes très reconnaissants à l’organisa-tion néerlandaise PSO pour les fonds fournis ausoutien du programme d’apprentissage théma-tique et au soutien de la création de ce guide.Nous remercions également ICCO Kerk in Actiede leur cofinancement de la production de ceguide.

Enfin, nous remercions nos propres organisationsde nous avoir permis de consacrer du temps etdes ressources à ce projet.

Finalement nous tenons à remercier particulière-ment la Coopération Autrichienne pour leDéveloppement (ADA) qui, dans le cadre du pro-gramme «Vers une société inclusive –Promouvoir le développement inclusif au BurkinaFaso», mis en œuvre par Light for the World -Autriche, a rendu possible la version française dece guide. Les bonnes pratiques inclues danscette version française sont tirées du fantastiquetravail des partenaires de Light for the World auBurkina Faso.

Remerciements

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« Le handicap n’est pas forcément un obstacle au succès (…) nous avons le devoir

moral de lever les obstacles à la participation et d’investir des fonds suffisants et

l’expertise nécessaire pour libérer l’immense potentiel des personnes en situation

de handicap. Les gouvernements du monde entier ne peuvent plus oublier les cen-

taines de millions de personnes en situation de handicap à qui on dénie l’accès à la

santé, à la réadaptation, aux aides, à l’éducation et à l’emploi et qui n’ont jamais la

chance de pouvoir briller. J’ai l’espoir que (…) ce siècle marquera un tournant pour

l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la vie de leurs sociétés. »

Professor Stephen Hawking

Handicap, exclusion

etinclusion

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14

Le taux de personnes en situation de handicap est estimé à environ 15 % de lapopulation mondiale. Souvent, elles sont parmi les personnes pauvres les plusmarginalisées. Selon la Banque mondiale, 20 % des personnes les plus pauvres aumonde sont en situation de handicap.(UN Enable, 2009)

Le mystère des personnes disparues et marginalisées

En théorie, les personnes en situation de handi-cap ont les mêmes droits que vous et moi departiciper pleinement à tous les domaines de lavie : la vie familiale, l’école, le lieu de travail, lapolitique ou les services religieux (convention desNations Unies relative aux droits des personneshandicapées, 2008). Cependant, la réalité dansbeaucoup de pays en voie de développement estle contraire. Les enfants en situation de handicapne vont que rarement à l'école. Il est rare pourles adultes de participer à des activités en com-munauté comme des réunions, des festivals etdes services religieux. Souvent, ils n’ont pas accèsau marché du travail et sont confrontés à unediscrimination grave s’ils cherchent un emploi ouune place dans un groupe d’entraide ou une acti-vité rémunératrice. Les filles et les femmes ensituation de handicap sont extrêmement vulné-rables à la violence physique et sexuelle,particulièrement en situation celles de handicapmental.

Il existe un lien important entre le handicap et lapauvreté. Les personnes pauvres courent unrisque plus élevé de devenir handicapées. Leursconditions de travail sont plus dangereuses, parexemple lors du travail dans les mines, dans l’in-dustrie, dans la construction de bâtiments et deroutes. Elles sont plus exposées à des maladieset conditions invalidantes. Les personnes ensituation de pauvreté vivent souvent dans desconditions qui peuvent mener à un handicap, parexemple dans un risque accru de violence,d’échanges de coups de feu, etc. Généralement,ils sont contraint à manger des aliments de mauvaise qualité et peu variés, ce qui peut avoirpour conséquence une maladie invalidantecomme le rachitisme, et ils ont moins d’argent à dépenser pour les soins médicaux.

En même temps, un handicap augmente lerisque de tomber dans la pauvreté. Les pesonnesen situation de handicap perdent souvent leur

→Les personnes en situ-

ation de handicapn’apparaissent pas surle paysage de dével-

oppement

→→

Les grandes agencesde développement

consacrent seulement1 % de leurs activitésde microcrédit aux

personnes en situationde handicap

(SARPV, 2001)

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emploi ou sont empêchées d’aller à l’école ou autravail. Ce cycle de handicap et de pauvreté doitet peut être brisé. Les agences de développe-ment devraient jouer un rôle important dans letravail de briser ce cycle et créer une égalité deschances pour les personnes en situation de han-dicap. Cependant, dans la dure réalité, lespersonnes en situation de handicap qui sont souvent parmi les plus pauvres, ne bénéficientque rarement des programmes de développe-ment. Comment se fait-il que les personnes quiont le plus besoin des projets de réduction de lapauvreté n’y ont pas accès ? Pourquoi est-ce quetellement peu d’organisations de développementfont attention à ce groupe marginalisé dans leursprogrammes ? Poursuivez votre lecture. Nousessayerons d’élucider ce mystère.

15

Convention des NationsUnies relative aux droitsdes personnes handica-pées (UNCRPD)La Convention est entrée en vigueur en 2008.Elle fait appel spécifiquement aux pro-grammes de développement d’inclure lespersonnes en situation de handicap.

Article 32 – Coopération internationaleLes États Parties reconnaissent l’importancede la coopération internationale et de sa pro-motion, à l’appui des efforts déployés auniveau national pour la réalisation de l’objet etdes buts de la présente Convention, et pren-nent des mesures appropriées et efficaces àcet égard, entre eux et, s’il y a lieu, en partena-riat avec les organisations internationales etrégionales compétentes et la société civile, enparticulier les organisations de personnes han-dicapées. Ils peuvent notamment prendre desmesures destinées à : (a) Faire en sorte que la coopération interna-

tionale – y compris les programmesinternationaux de développement – prenneen compte les personnes handicapées etleur soit accessible ;

(b) Faciliter et appuyer le renforcement descapacités, notamment grâce à l’échange etau partage d’informations, d’expériences,de programmes de formation et de pra-tiques de référence ;

(c) Faciliter la coopération à des fins derecherche et d’accès aux connaissancesscientifiques et techniques ;

(d) Apporter, s’il y a lieu, une assistance tech-nique et une aide économique, y comprisen facilitant l’acquisition et la mise en com-mun de technologies d’accès etd’assistance et en opérant des transferts detechnologie.

Article 11 - Situations de risque et situationsd’urgence humanitaireLes États Parties prennent, conformément auxobligations qui leur incombent en vertu dudroit international, toutes les mesures néces-saires pour assurer la protection et la sûretédes personnes handicapées en situations derisque, y compris les conflits armés, les criseshumanitaires et les catastrophes naturelles.

• Il existe un lien important entre la pauvreté et le handicap (Banque mondiale,2010);

• 75-90 % des personnes en situation de handicap dans le sud vivent en-dessousdu seuil de pauvreté (OMS, 2011) ;

• il existe un lien important entre un salaire bas et irrégulier et le handicap(Organisation mondiale de la santé, 2011) ;

• 40 millions des 115 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école sont en situationde handicap (Rapport Mondial de Suivi sur l’Education pour tous, 2010). Untiers de tous ceux qui ne vont pas à l’école sont des enfants en situation dehandicap ;

• on estime que 50.000 personnes, dont 10.000 personnes en situation dehandicap, meurent chaque jour en raison d’extrême pauvreté (KAR, 2005) ;

• plus d’un milliard de personnes vit avec une forme de handicap. Cela corre-spond à environ 15 % de la population mondiale (OMS, 2011).

←Les définitions sontimportantes !

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Qu’est-ce qu’un handicap ? Souvent, les gens pensent que cette marginalisa-tion est causée par l’incapacité de l’individuconcerné et les conséquences de cette incapa-cité pour sa capacité de fonctionnement. Maisen réalité, ce sont les points de vue et convic-tions d’une société qui contribuent largement àla marginalisation.

Deux concepts clés qui doivent être clairementséparés sont l’incapacité et le handicap. Cesdeux termes sont souvent utilisés de façon inter-changeable, mais il est essentiel de distinguerles deux pour comprendre les défis. « L’incapa-cité » décrit des problèmes de fonctionnementet de structure du corps qui résultent d’un étatde santé, par exemple la cécité ou la paralysie. Le « handicap » a un sens plus large. Ce termeenglobe les incapacités, les limitations dans lesactivités (comme l’incapacité d’aller aux toi-lettes) et les restrictions de la participation(comme les difficultés de trouver un emploi, d’al-ler à l’école et d’utiliser les transports publics).

Le handicap est fortement influencé par l’inter-action entre l’individu et son environnementsocial, culturel et physique. Il existe une multi-tude de situations dans l’environnement qui sontdes situations de handicap, et la différence peutêtre faite entre celles que nous ne pouvons paschanger (les hautes montagnes, par exemple) etcelles que nous pouvons changer (un escalierpeut être converti en rampe ou remplacé par unascenseur). Il existe également des situations ouconditions qui pourraient aider les individus àréduire leur handicap. Même si nous ne pouvonspas éliminer les montagnes, nous pourrions don-

ner accès aux transports publics de la région auxpersonnes qui utilisent un fauteuil roulant,comme une rampe ou un ascenseur peuventdonner accès aux bâtiments.La Convention des Nations Unies relative auxdroits des personnes handicapées (UNCRPD) utilise la définition suivante : « Par personneshandicapées on entend des personnes qui présen-tent des incapacités physiques, mentales,intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faireobstacle à leur pleine et effective participation àla société sur la base de l’égalité avec les autres. »

Le handicap n’est donc pas seulement un attri-but de l’individu : il est une interaction entre lapersonne et son environnement. Les interven-tions et actions destinées à permettre auxpersonnes en situation de handicap de participerà tous les domaines de la vie doivent donc allerau-delà du concept traditionnel de la réhabilita-tion et du traitement médical. Le but depermettre aux personnes en situation de handi-cap de participer à la vie sociale peut être atteintlargement en abordant les obstacles qui empê-chent les personnes en situation de handicap depleinement vivre leur vie quotidienne. Ces obsta-cles se trouvent souvent au sein de la société.

Parfois, les personnes en situation de handicapont aussi des barrières internes qui peuventaffecter sérieusement leur participation à lasociété et leur fonctionnement en société. Il estpar exemple possible que les personnes concer-nées ne soient pas motivées à contribuer à leurpropre développement ou qu’elles manquent deconfiance en soi et croient qu’elles ne sont pascapables d’apprendre de nouvelles choses.

16

→Ne confondez pas « incapacité » et

« handicap

→→Le « handicap »

implique uneinteraction avecl’environnement

→Et l’environnement

peut être changé

→Les obstacles peuvent

être éliminés …

→…ou ils peuvent

mener à une perte deconfiance en soi …

le handicap

la pauvretéla vulnérabilité

à la pauvreté et aux problèmes de santé

l’exclusion sociale et culturelle et le stigmate

la participation réduite à la prise de décisions et le dénides droits civils et politiques

les déficits en matière de droits économiques, sociaux et culturels

les déficits en matière de droits économiques,

sociaux et culturels

Source : DFID, (2002)

Page 19: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

17

« Malgré les nombreuses politiques et déclarations concernant la réduction duhandicap et de la pauvreté, on estime toujours que 50.000 personnes, dont 10.000personnes en situation de handicap, meurent chaque jour en raison d’extrême pauvreté. Cela n’est pas une théorie abstraite mais plutôt une crisedésastreuse. Il serait trompeur d’affirmer que cette injustice soit une intentionconsciente de qui que ce soit. Cependant, on pourrait avancer qu’elle est le résultat inévitable et logique des relations globales existantes. »Rebecca Yeo, KAR, 2005

Page 20: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

18

Différentes approches du handicapLa nouvelle perspective2 sur le handicap fondéesur les droits souligne que les personnes ensituation de handicap sont souvent empêchéesde réaliser leur plein potentiel, non pas en raisonde leur handicap, mais en raison d’obstacleslégaux, d’obstacles liés aux points de vue, à l’ar-chitecture, à la communication, et en raisond’autres barrières discriminatoires. Les personnesen situation de handicap devraient être recon-nues et acceptées en tant que membres à partentière et égaux de la société qui ont des contri-butions importantes à faire à leurs familles et àleurs communes, et qui ont le droit d’accéder à lasatisfaction de tous les besoins fondamentaux –y compris l’éducation, les services médicaux etles services de réhabilitation. Cette nouvelleapproche vise à donner accès aux personnes ensituation de handicap aux programmes de déve-loppement conventionnels au lieu d’organiserdes programmes spécialement réservés aux per-sonnes en situation de handicap.

Cette nouvelle compréhension du handicapremet en cause l’opinion plus traditionnelle selonlaquelle le handicap est un problème strictementmédical qui doit être résolu. Cette approchemédicale met le seul accent sur le but de « guérir » les personnes en situation de handicappour qu’elles trouvent une place au sein de lasociété. La question du handicap se limite à l’individu en cause : la personne en situation dehandicap doit être changée, et non pas la sociétéou l’environnement autour de la personne.

Selon l’approche médicale, les personnes ensituation de handicap ont besoin de services spé-cialisés, comme de services de transport et desécurité sociale spécialisés. Il existe à cet effetdes institutions spécialisées : par exemple, lesécoles spéciales ou les emplois protégés, où desspécialistes comme les travailleurs sociaux, lesprofessionnels de la santé, les thérapeutes et leséducateurs spécialisés déterminent et offrentdes traitements spécialisés, de l’éducation et desactivités occupationnelles.

1 Approche basée sur les droits (écrit par Harris et Enfield, 2003, p.172)

2 L’approche médicale(écrit par Harris et Enfield, 2003, p.172)

sécuritésociale

incapacitédemarcher,parler, voir,décider

thérapeutes &spécialistes

travailleurssociaux

instructionsspéciales

hôpitauxprofessionnelsde la santé

soins

guérison

cas depatient

emplois protégés

écoles spécialisées

transports spécialisés

le problème =

un individu en situation de

handicap

déni des droits fondamentaux de la

personne

aucune possibilité d’autodétermination

accès limité auxservices médicauxadéquats

législation discriminatoire

participationlimitée à la prise

de décisions

accès limité aux possibilitésd’emploi

accès limité à l’éducation

exclusiondes

activitéssociales

le problème =

une société handicapante

Page 21: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

La nouvelle approch(2) fondée sur les droits metaussi en cause l’opinion selon laquelle les per-sonnes en situation de handicap devraient êtredes objets de charité, incapables de vivre leurpropre vie.

Cette soi-disant approche de charité perçoit lespersonnes en situation de handicap comme desvictimes de leurs incapacités. Les personnes ensituation de handicap ont besoin de notre pitiéet de notre aide, compassion, charité et aidesociale, il faut les prendre en charge. Cetteancienne approche résout le problème du handi-cap en créant des écoles spéciales et desprogrammes d’aide sociale spéciaux pour les per-sonnes en situation de handicap. Parfois, lespersonnes en situation de handicap adoptent ceconcept elles-mêmes, auquel cas elles se sententgénéralement « incapables » et ont une mau-vaise estime de soi.

Ce guide vous montrera ce que signifie pour uneorganisation de travailler à partir d’une perspec-tive du handicap fondée sur les droits. Nous vousexpliquerons la manière dont l’approche médi-cale et l’approche de la charité qui ont desracines profondes dans notre façon de penserpeuvent être surmontées.

19

Dave Lipton sur www.crippencartoons.co.uk

Pendant que le monde s’efforce d’atteindre les OMD [objectifs du millénaire pour

le développement], il est important que le handicap ne soit pas laissé de côté.

Peter Obeng Asamo, Director, Ghana Association of the Blind

3 L’approche de la charité(écrit par Harris et Enfield, 2003, p.172)

doit êtrepris encharge

incapacitéde marcher,parler, voir

amertorduagressif

tristetragique

passif

a besoin d’aidede charitéde compassionde services spéciauxd’écoles spéciales etc.d’aide sociale

a besoin de pitié

bravecourageux

inspirant

le problème =

un individu en situation de

handicap

Nosdroits,

non pas lacharité

C’est quoi, votreproblem?

Capitaine Prat: Toujours à la collecte d’argent pour les

handicapés.

Page 22: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Il existe plusieurs raisons qui expliquent pourquoiles personnes en situation de handicap sontoubliées dans les programmes de développe-ment conventionnels. Généralement, il ne s’agitpas d’une mauvaise volonté de la part des orga-nisations. Les praticiens du développement nesont simplement pas conscients des besoins etdes capacités des personnes en situation de han-dicap qui ne sont pas très visibles dans la société.

La mobilité des personnes en situation de handi-cap est souvent réduite, ce qui fait qu’ellesrestent à la maison et ne participent pas aux réu-nions de communauté. Il est donc facile de lesoublier quand de nouveaux projets sont lancés,et elles ne sont pas invitées à élever leurs voixpendant le processus de conception de projet. Le résultat est que leurs besoins ne sont pas prisen compte dans les projets. Cela pourrait, par

20

« J’ai presque trente ans d’expérience dans la coopération au développement et j’aifait beaucoup d’analyses de besoins, mais, jusqu’à maintenant, je n’ai jamais réaliséque nous avons laissé les personnes en situation de handicap de côté. Nous n’avionsjamais auparavant eu l’idée d’inviter des personnes en situation de handicap. »Programme manager from an Ethiopian NGO

Pourquoi lespersonnes en situation de handicap sont-elles exclues desprogrammes dedéveloppement ?

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exemple, avoir pour conséquence un plan d’éva-cuation qui n’est pas adapté aux personnes àmobilité réduite ou un point d’eau qui n’est pasaccessible aux personnes qui utilisent un fauteuilroulant. Et si les activités et les informations deprogramme ne sont pas accessibles aux per-sonnes en situation de handicap, il est difficilepour celles-ci d'y participer.Il existe trois catégories principales de barrièresqui empêchent les personnes en situation de han-dicap de participer : les facteurs liés aux points devue, à l’environnement et aux institutions.

Barrières liées aux points de vueLes préjugés, la honte et la discrimination cau-sent les plus grands problèmes pour lespersonnes en situation de handicap. Souvent, lesgens assument que les personnes en situation de

21

« Nous ne pouvons pas inclure d’enfants en situation de handicap dans notre programme de parrainage d’enfants en raison des critèresdéfinis par notre donateur : un enfant devraitêtre capable d’apprendre et d’aller à l’école seul. »Un membre du personnel sur le terrain dans unprogramme d’éducation en Ethiopie

Page 24: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

handicap sont incapables, dépendantes, de faibleintelligence et qu’elles ont besoin de soins ou deservices spéciaux et de soutien. En contradiction,elles sont parfois perçues comme inspirantes,exceptionnelles et héroïques si elles sont capa-bles de vivre une vie indépendante. En soi, ledernier n’est pas un problème ; cependant, celapeut très facilement prendre la forme d’une cari-cature.

Les non-handicapés peuvent réagir avec peur,pitié et aversion, ou avec un sens de supériorité.Les médias renforcent souvent ces présomptionset émotions. De plus, un langage négatif – « victime », « lépreux », « estropié » – reflète etrenforce les préjugés.

Ce n’est pas seulement la communauté qui pour-rait penser que les personnes en situation dehandicap sont incapables de prendre soin d’elles-mêmes. Les membres de personnel de projetspourraient aussi avoir ce point de vue. C’est eneffet très courant. Voilà ce qu’a dit un membredu personnel d’un programme générateur derevenus sur le terrain au Bangladesh :

Pendant le processus d’identification, on a rencon-tré des femmes âgées et des femmes en situation dehandicap, mais on n’a pas pu les inclure dans leprogramme parce qu’elles n’étaient pas capablesd’apprendre et de travailler.

22

→Préjugés, honte, discrimination

→Barrières à la

communication

Excuses courantes pour nepas inclure les personnesen situation de handicap

• Inclure des personnes en situation de handicap est trop cher.

• Nous ne disposons pas des connaissancesnécessaires pour le faire.

• Les personnes en situation de handicapont besoin de programmes spéciaux.

• Pourquoi investir dans des personnes quisont incapables d’apporter une perfor-mance ? Résolvons d’abord les problèmesdes personnes « normales ».

• Il n’y a pas beaucoup de personnes ensituation de handicap ici, donc ce n’estpas un problème.

• Le handicap, ce n’est pas notre travail.

• Nous sommes surchargés ; nous n’avonspas le temps de nous occuper de problèmes additionnels.

• Nos donateurs ne sont pas intéressés.

Page 25: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Barrières environnementales Il existe beaucoup de barrières physiques quiempêchent les personnes en situation de handi-cap de participer. Les transports publics, lescliniques de santé, les écoles, les bureaux, lesmagasins, les marchés et les lieux de culte sontsouvent inaccessibles aux personnes en situationde handicap physique. La communication, lesmédias et l’information peuvent présenter desbarrières pour les personnes atteintes de trou-bles d’élocution, de déficiences auditives ouvisuelles si l’information n’est pas présentée sousun format accessible, comme en braille ou engros caractères pour les personnes ayant desdéficiences visuelles, ou en langue des signespour les personnes ayant des troubles de la com-munication. Dilkamo, père d’un enfant avec unedéficience visuelle en Ethiopie, a expliqué à deschercheurs :

Ce n’est pas parce que l’école n’est pas accessibleque je n’envoie pas mon enfant à l’école. J’ai essayémais elle est revenue en larmes. Elle m’a demandépourquoi je lui faisais cela comme elle ne pouvaitrien voir et apprendre en classe. De plus, les autresenfants la harcelaient. Donc je la garde à la maisonmaintenant.

Barrières institutionnelles

Il y a aussi des barrières institutionnelles quiempêchent les personnes en situation de handi-cap de participer à des domaines tels que lapolitique, les services religieux et l’emploi.Quelques exemples de telles barrières sont deslégislations, des lois d’emploi et des systèmesélectoraux discriminatoires. Souvent, ils ne pren-nent pas en compte les besoins des personnesatteintes de déficiences visuelles ou mentales.

L’exclusion peut aussi être fondée sur des sys-tèmes de croyance qui considèrent une incapacitécomme la conséquence de pêchés commis danscette vie ou une vie antérieure. De plus, il existedes politiques discriminatoires au sein des organi-sations humanitaires et des organisations dedéveloppement. Au cours de ce programme d’ap-

prentissage thématique, une organisation en Indea découvert que ses critères d’admission à l’école– comprenant la restriction que les enfantsdevaient être capables d’aller à l’école seuls etqu’ils devaient être capables d’apprendre –excluaient les enfants en situation de handicap.

En outre, beaucoup de programmes de microcré-dit considèrent les personnes en situation dehandicap comme un groupe à haut risque parcequ’ils croient que ces personnes sont moins pro-ductives et moins capables de gérer une entrepriseviable. Certains programmes de formation profes-sionnelle utilisent le critère que les participantsdevraient posséder une pleine capacité physiqueet être aptes au travail et excluent donc les per-sonnes en situation de handicap comme elles nesont pas considérées assez aptes au travail.

Excuses

Les organisations de développement ont souventbeaucoup d’excuses qui expliquent pourquoi ellesn’incluent pas activement les personnes en situa-tion de handicap. Même les organisations qui ontparticipé à ce programme d’apprentissage théma-tique avaient du mal à régler ces problèmes. Toutau long de cette publication, nous essayerons dedémystifier les excuses et de donner des conseilssur la manière de surmonter la résistance au seindes organisations. Une large partie de la résis-tance peut être éliminée si nous sommes capablesde comprendre ce que signifie le développementinclusif qui inclue les personnes en situation dehandicap et le rôle des organisations de dévelop-pement conventionnelles.

23

←←Législation discriminatoire

←←Systèmes de croyance

Dave Lipton sur www.crippencartoons.co.uk

Venez maintenant –encore une etiquette &vous êtes prêts à faire

face au monde!”

Départementde la

dépendance et des soins

cing

courageux

pathétique

éche

c

moins capables

fard

eau

trag

ique

Page 26: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

24

En incluant les personnes en situation de handi-cap dans des programmes de développementconventionnels vous faites une déclaration publi-que très importante : vous acceptez lespersonnes en situation de handicap et vous lesconsidérez comme des membres égaux de lasociété. Cela est la seule manière d’assurer unaccès aux services de base et une issue de la pau-vreté pour les personnes en situation dehandicap. Le coût d’inclure les personnes en situ-ation de handicap est souvent utilisé commeargument contre l’adaptation des programmesde développement pour les exclure. Mais en réa-lité, il est plus efficient et efficace d’inclure lespersonnes en situation de handicap dans ledéveloppement conventionnel que de lesexclure.

Prenons, par exemple, les écoles spéciales sépa-rées pour les enfants en situation de handicap.Sans en minimiser l’importance – comme cer-tains enfants bénéficient certainement de cetype d’éducation – il existe de nombreuses preu-ves que les programmes spéciaux d’éducationcoûtent très cher et ne sont accessibles qu’àquelques chanceux. En outre, l’éducation spéci-ale renforce la ségrégation et l’exclusion.

Il est important que les agences de développe-ment comprennent que les personnes ensituation de handicap ont principalement les

→L’inclusion des

personnes en situationde handicap est

souvent plus efficienteet efficace

→→Les personnes en

situation de handicapont les mêmes besoins

que tout le monde

Le développement inclusifreprésente• Egalité de droits La communauté entière, les

personnes en situation de handicap comprises,bénéficie de la même manière des processusde développement conventionnels. Le dével-oppement inclusif se donne pour objectifd’atteindre une égalité des droits pour les per-sonnes en situation de handicap ainsi qu’uneparticipation à part entière/active et un accèsà tous les domaines de la société.

• Participation Les personnes en situation de handicap bénéficient des activités des programmes conventionnels et participentdonc aussi à la prise de décisions.

• Accessibilité Les barrières environnementa-les, institutionnelles et les obstacles liés auxpoints de vue sont identifiés et abordés pourassurer une inclusion complète des personnesen situation de handicap dans tous les domai-nes de la vie pour que ces personnes puissentparticiper à la société et réaliser leurs ambiti-ons d’une façon optimale.

• Durabilité Le développement inclusif n’estpas une activité isolée et unique. L’inclusiondes personnes en situation de handicap doitêtre incorporée dans toutes les veines de laculture d’une organisation. Cela se verra dansla politique, les systèmes et les pratiques del’organisation.

Qu’est-ce que le développementinclusif ?

Page 27: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

mêmes besoins fondamentaux que les autrespersonnes dans la société. Tout le monde abesoin d’eau potable et d’installations sanitairespar exemple. Tout le monde a besoin de mobi-lité, même s’il est probable qu’une personnenon-handicapée ait plus d’options de satisfairece besoin qu’une personne à mobilité réduite.Tout le monde a besoin d’interaction sociale.Nous avons tous besoin de faire partie d’unefamille, d’un foyer et d’une société. Nous avonstous besoin de trouver un sens à notre vie et deréaliser nos rêves. Malgré le fait que les enfantset adultes en situation de handicap ont desbesoins spéciaux, ils partagent la plupart de leursbesoins avec tout le monde. Pour citer l’Organi-sation mondiale de la santé :

Les personnes handicapées ont des besoins ordinai-res, santé et bien-être, sécurité économique etsociale, acquisition et développement des compé-tences, vie en communauté. Ces besoins peuvent etdoivent être satisfaits au moyen des programmes etservices ordinairesPar conséquent, la satisfaction des besoins detous, y compris les besoins des personnes ensituation de handicap, moyennant des program-mes de développement conventionnels, est trèssouvent la solution la plus adéquate et efficiente.Des adaptations très simples des infrastructures

existantes telles que les terrains de jeux ou bâti-ments d’école – avec, par exemple, des rampes,des portes plus larges, ou simplement en réser-vant les salles de classe au rez-de-chaussée auxenfants qui utilisent un fauteuil roulant – pour-raient être suffisantes pour garantir un accès àl’éducation à tous les enfants dans la région con-cernée. De même, il est souvent possible deréaliser des adaptations simples et peu coûteu-ses des ordinateurs, des pompes à eau, destransports publics, etc.

Bien sûr, les enfants et adultes en situation dehandicap pourraient avoir des besoins spéciauxqui nécessitent des services spéciaux. Il est possi-ble qu’ils aient besoin d’équipements ou dematériels spéciaux tels qu’un fauteuil roulant ouune prothèse. L’accès à de tels matériels doitêtre garanti par des services spéciaux qui exis-tent aujourd’hui dans la plupart des pays. Cesservices spéciaux existent dans le secteur publicet privé et ne sont pas nécessairement coûteux.Dans beaucoup de cas, des solutions de faibletechnicité sont disponibles dans le cadre de cequ’on appelle les programmes de réhabilitationcommunautaires. Dans de tels programmes, dessièges et équipements spéciaux sont produits àbase de matériaux à faible coût.

25

←Il suffit souvent d’apporter des modifications simpleset peu coûteuses

Page 28: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

La participation à part entière des personnes ensituation de handicap ne pourra pas être unique-ment réalisée par les organisationsconventionnelles. C’est la responsabilité de tous: gouvernement, communauté, personnes ensituation de handicap et leurs organisations,organisations de développement et organisati-ons humanitaires ainsi qu’organisations etprestataires de services spécialisés dans le handi-cap. C’est le rôle des organisationsconventionnelles d’ouvrir leurs programmes auxpersonnes en situation de handicap, d’éliminerles barrières et de rendre les services accessibles.Rien de plus, rien de moins.

80 % des personnes en situation de handicapsont capables de participer à la vie sociale sansaucune intervention spécifique additionnelle ouavec des interventions communautaires à faiblecoût et simples qui ne nécessitent pas d’exper-tise spécifique de réhabilitation.3

Les 20 % restants des personnes en situation dehandicap – celles qui ne sont pas capables departiciper activement aux programmes de dével-oppement conventionnels et de bénéficier detels programmes sans que des mesures spécifi-

26

→→Eliminer simplement

les barrières

→→80 % des

personnes en situation de

handicap n’ont pas besoin

d’interventions spécifiques

Le rôle desclassiques dans ledéveloppement inclusif

Werner, D. (1999). Disabled Village Children. Hesperian Foundation

SURMONTER LES OBSTACLES nécessite une APPROCHE INTÉGRÉE

OBSTACLES PRINCIPAUX

Manque de réhabilitation et d’équipement

SOLUTIONS PARTIELLES

SOLUTIONS INTRÉGRÉES

Réhabilitation et équipement

Réhabilitation et équipement + accès + changement d’attitude

Accessibilité Changement d’attitude

Barrières physiques

PAS

D’ENT

RÉE

BIENVENU

BIENVENU

ÉCOLES,EMPLOI,OPPOR-

TUNITÉS

ÉCOLES,EMPLOI,OPPOR-

TUNITÉS

PLEINE PARTICIPATION

SOCIÉTÉPOUR TOUS

PLEINE PARTICIPATION

SOCIÉTÉPOUR TOUS

Barrières psychologiques

Page 29: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

ques soient prises (par exemple, la mise à dispo-sition d’une prothèse, d’un fauteuil roulant, d’unephysiothérapie ou d’une intervention chirurgi-cale) – peuvent et devraient être orientés versdes organisations spécialisées dans le handicapcomme des ateliers orthopédiques, des servicesde physiothérapie et des institutions d’éducationpour besoins spéciaux. Ces prestataires de ser-vices spécifiques peuvent assurer lesinterventions nécessaires, fournir l’équipementrequis et effectuer les adaptations nécessaires.

Il existe peut-être des personnes que nous nepouvons pas inclure dans les programmes con-ventionnels, et il faut en être conscient. Il serait,par exemple, difficile voire impossible d’incluredes enfants et adultes ayant une déficience men-tale sévère dans les écoles locales et dans lemonde de travail. Il serait peut-être possible d’in-clure des membres de famille dans nosprogrammes dans les cas de déficiences physi-ques sévères – par exemple, si la personne estcomplètement alitée en raison d’une paralysiecomplète. En outre, nous devrions orienter detels cas vers une organisation spécialisée dans lehandicap ou vers des services spécialisés.

Cette manière de travailler s’appelle l’approche àdouble voie. Les personnes en situation de han-dicap devraient, si possible, être incluses dans lesprogrammes ordinaires et devraient aussi avoiraccès à des services spéciaux si elles en ont vrai-ment besoin. Dans le cas de l’éducation, parexemple, cela veut dire que les enfants en situa-tion de handicap devraient être inclus aumaximum dans le système d’éducation conventi-onnel et public et que les services spéciauxdevraient être fournis seulement dans les cas oùl’inclusion dans le système conventionnel n’estpas possible – par exemple pour les enfants avecdes handicaps multiples.

Dans le chapitre traitant de la création deréseaux, vous trouverez plus d’informations surle rôle des différents acteurs du développementinclusif.

Specialist service providers can supply devices

27

↑L’inclusion des mem-bres de la familledans les programmes

↑L’approche àdouble voie

Page 30: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world
Page 31: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

« Je travaille dans un hôtel où j’organise les réservations. Au début, mes chefsavaient des doutes concernant l’achat de JAWS (logiciel pour les utilisateurs d’or-dinateurs avec des déficiences visuelles) pour moi, mais maintenant ils sontcontents de mes compétences et de mon enthousiasme. Ils prévoient d’embaucherplus de personnes avec des déficiences visuelles dans le service des réservations,et je serai chargé de les former. Le plus important pour moi est que je me suis faitbeaucoup d’amis et que je suis finalement capable de soutenir mes parents et monfrère cadet. Je suis même en train de réfléchir sur les possibilités de mariage ! »Shankar, ancien client d’un centre de ressources de subsistance LCD (livelihoodresource centre), Bangalore, Inde

La créationde programmes

de développe-ment inclusifs

Page 32: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

30

L’inclusion des personnes en situation de

handicap dans les programmes conventionnels

ne nécessite pas beaucoup d’activités

additionnelles. L’idée de base est que si vous

développez un nouveau programme, vous

incluez délibérément des personnes en

situation de handicap à toutes les étapes

du cycle de projet, de l’analyse des parties

prenantes, à l’évaluation des besoins et à la

définition des activités de projet. Le schéma

sur la page suivante vous montre les différen-

tes étapes de la création d’un projet inclusif.

Rahila a reçu des poules et gagne savie en vendant des œufs

Comment rendre un programmeinclusif, étapepar étape

Page 33: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

La première étape est de s’engager. Les person-nes en situation de handicap font partie de votregroupe cible et vous voulez les inclure dans tou-tes les activités de projet. Cette déclarationmettra tout en marche. Vous devriez aussiallouer un budget à l’inclusion et inclure les don-nées sur le handicap dans tous les rapports deplanification, suivi et évaluation.

Une étape essentielle est la formation du per-sonnel de projet. Il faut les informer sur lesdroits, les besoins et les capacités des personnesen situation de handicap. Le personnel sera alorscapable d’identifier de telles personnes pour lesinclure dans des projets nouveaux ou déjà exi-stants. Une fois identifiées, il faut leur donner lesmoyens de participer au cycle entier du projet : àla planification, à la mise en œuvre et à l’évalua-tion. Pour assurer une participation couronnéede succès, il faudrait aussi leur donner accès auxsoins médicaux et aux services de réhabilitation.Les personnes en situation de handicap n’aurontpas toutes besoin de ces soins ou d’équipementcomme des fauteuils roulants, mais l’existencede cette offre est essentielle pour la qualité de

leur processus d’inclusion. Les organisations con-ventionnelles devraient orienter les personnes ensituation de handicap vers d’autres prestatairesde services pour satisfaire ces besoins spécifi-ques au handicap.

L’étape la plus importante dans le processus del’inclusion est probablement d’éliminer les barriè-res liées aux points de vue et les barrièresenvironnementales et institutionnelles qui empê-chent la participation. Vient ensuite la créationde réseaux avec les prestataires de services spé-cialisés dans le handicap, les organisations depersonnes en situation de handicap et les gou-vernements. Ils peuvent aider votre organisationde plusieurs manières.

Au fil des pages suivantes, chaque étape seradécrite de manière plus détaillée et illustrée pardes exemples, dilemmes et solutions concrètes.

31

←←Inclure les personnesen situation de handi-cap à tout niveau

←←Former le personneldu projet concernantles droits, les besoinset les capacités despersonnes en situationde handicap

←←Eliminer les barrières

Définir un objectif

Les personnesen situation dehandicap font

partie du groupecible et serontincluses dans

toutes les activités du

projet

Former le personnel de projet

Mettre en place un réseau avec les organisations de personnes en situation de handicap, les gouvernements, les ONG spécialisées dans le handicap et les

services de réhabilitation

Inclure les données sur le handicap danstous les rapports deplanification, suivi

& évaluation

Identifier les personnes en situation de

handicap

Orientation en cas de besoins spéciaux liés au handicaps

Participation despersonnes en situation de

handicap au cycleentier du projet

Allouer un budget àl’inclusion de 2-5 %

Eliminer les barrières

Page 34: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Les personnes en situation de handicap ne sontsouvent pas incluses dans les projets parce que lepersonnel de projet ne connait pas les besoins etles droits des personnes en situation de handi-cap. Il ne s’agit pas de mauvaise volonté ; ilsoublient seulement un groupe de personnes quine sont pas très visibles dans la société. Une foisconscients des besoins et des capacités des per-sonnes en situation de handicap, il devient facilepour nous d’ouvrir les projets et d’éliminer lesbarrières. L’existence de personnel motivé sur leterrain est une priorité clé dans le travail d’inclu-sion. Ce sont eux qui discutent le sujet avec lescommunautés et qui identifient les bénéficiairesde nouveaux projets. L’une des premières étapesà franchir est donc la sensibilisation du personnelpour les droits et les capacités des personnes ensituation de handicap.

Au cours du programme d’apprentissage théma-tique, les gérants ont été confrontés au grand défid’organiser un bon programme de formation.Quelles sont les connaissances, points de vue etcompétences dont le personnel aura besoin ? Leurfaut-il des connaissances médicales pour identifierles personnes en situation de handicap ? Ou uneformation approfondie de réhabilitation ? Nousavons trouvé les réponses suivantes.

Changer de comportementLe premier pas consiste à remettre en cause lesstéréotypes existants concernant les personnes

en situation de handicap. Nous avons tous entête des images et des idées précises concernantde telles personnes : elles ont besoin d’aide, ellessont incapables d’apprendre, elles ont besoin deservices spéciaux, etc. Mais ces idées sont-ellescorrectes ? Les avons-nous déjà vérifiées ?

Au cours de notre formation, nous expliquonstoujours les différentes approches du handicapet disons que notre intention est de baser notretravail sur l’approche fondée sur les droits et nonsur une perspective de charité ou une perspec-tive médicale (voir la première partie). A la fin ducours, le personnel de projet devrait être capablede considérer les personnes en situation de han-dicap comme des membres à part entière de lasociété avec des besoins et des droits ordinaires.Le stigmate lié au handicap peut être très fort ausein de certaines cultures et communautés, celadoit donc vraiment être discuté et analysé aucours de la formation du personnel.

32

Formation du personnel de projet

Les éléments de formationde personnel• Discuter les convictions et préjugés locaux

ainsi que la culture locale autour du handicap.• Introduire les termes appropriés pour parler

des personnes en situation de handicap.• Expliquer les droits à la participation dans

tous les domaines de la vie des personnes ensituation de handicap.

• Identifier les barrières pour les personnes ensituation de handicap dans le projet.

→Il est essentiel de

sensibiliser le personnel

→→Remettre en cause les

stéréotypes

→Discutez les stigmatesliés aux personnes ensituation de handicap

Page 35: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

33

Travelling Together (Voyager Ensemble) est un cours de formation d’une journée qui guide les praticiens du développement internationaux à travers un simple processus de changement radical. Le guide de formation offre un ensemble d’exercices très pratiques et testés à utiliser pour la formation du personnel.

http://www.worldvision.org.uk/our-work/reports-papers-and-briefings/travelling-together/

Un réparateur de vélo aveugle au Bangladesh

« Au cours de l’organisation d’un programme de formation, » se souvient un dirigeant d’église en Ethiopie, « nous avons demandé à un membre de notre église,un chanteur aveugle connu, de faire une présentation sur le handicap et la théologie. Il a fait un discours impressionnant expliquant que quelques personnesimportantes dans la bible vivaient en situation de handicap: Moise bégayait, Paul était aveugle pour quelques jours. L’impact de ce discours fut énorme. Il avraiment touché le cœur des gens. Au cours de la prière finale, les participants ontdemandé pardon pour avoir discriminé les personnes en situation de handicap parle passé. Nous croyons fermement que désormais ces dirigeants d’église feront deleur mieux pour inclure les personnes en situation de handicap. »

←Inclure les personnesen situation de handi-cap dans la formationdu personnel

Connaissances et compétencesIl ne faut pas beaucoup de connaissances pourcommencer à inclure les personnes en situationde handicap dans les programmes convention-nels. La tâche du personnel de projet consiste àtrouver les personnes en situation de handicapdans la zone du projet et d’assurer qu’elles soientincluses. Pour ce faire, le personnel doit com-

prendre ce que c’est, le handicap, et connaitre lesdifférents types de handicap qui existent. Ildevrait aussi comprendre comment éliminer lesbarrières pour les personnes en situation de han-dicap et quelles sortes d’adaptations sontnécessaires pour inclure ces personnes. Quefaut-il, par exemple, pour qu’un enfant avec unedéficience auditive puisse participer aux cours àl’école ? Ou comment est-il possible de rendre laclinique de santé accessible aux personnes utili-sant un fauteuil roulant ?

Page 36: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Le personnel de projet n’est pas responsable dudépistage, de la réhabilitation médicale, de laprise de mesures pour les équipements médicauxou de la distribution de ceux-ci. Le personnel n’adonc pas besoin de connaissances approfondiesen médecine. Pour ce genre de services, il devraitorienter la personne concernée vers des presta-taires de services spécialisés dans le handicap. Enrevanche, des connaissances de la législationlocale, des calendriers, des programmes et ser-vices concernant les personnes en situation duhandicap sont très utiles. Cela aidera le personnelà orienter les personnes en situation de handicapvers les services appropriés pour satisfaire leursbesoins spécifiques au handicap.

Ce que nous avons apprissur la formation de personnel sur le terrainAu cours du programme d’apprentissage théma-tique, de nombreuses organisations en Inde eten Ethiopie ont organisé une formation pour leurpersonnel sur le terrain. Quelles leçons pouvons-nous tirer de ces expériences ?Voir c’est croire ! Quand le personnel de projetest, pour la première fois, confronté au sujet del’inclusion de personnes en situation de handi-cap, les membres du personnel ont souvent deforts doutes sur les capacités de ces personnes.Sont-elles vraiment capables de participer à unprogramme ordinaire ? Comment un hommeaveugle peut-il réussir en tant que fermier ?Comment une femme paralysée peut-elle gérerson propre magasin ? Comment un enfant sourdpeut-il apprendre à lire et à écrire ? Il existe uneforte chance que les membres du personnel neconnaissent personne en situation de handicapcapable de gagner sa vie.

Il est donc vraiment important de leur montrercomment il est possible d’inclure les personnesen situation de handicap dans un projet ordi-naire. Vous pourriez organiser une visite d’unprojet inclusif couronné de succès dans votrezone de travail. Ou bien vous pourriez inviter unepersonne en situation de handicap qui gagne savie et participe à part entière à la vie communau-taire. Les histoires de vies personnelles sont le

meilleur moyen de faire comprendre le message.Si vous ne pouvez pas organiser de témoignagepersonnel, vous pouvez aussi utiliser des étudesde cas, des films, des vidéos et des photos. Ilexiste de nombreuses ressources sur Internet.

Inclure les personnes ensituation de handicap entant que formateurs

Les meilleurs défenseurs des droits des per-sonnes en situation de handicap sont cespersonnes elles-mêmes. Invitez une organisationde personnes en situation de handicap à faireune formation sur les droits des personnes ensituation de handicap et sur l’inclusion, ouembauchez un formateur en situation de handi-cap. Dans beaucoup de pays, il existe des centresspécialisés dans le handicap et le développe-ment. Ils ont des formateurs qualifiés et sontcapables de développer des cours de formationsur mesure pour votre organisation.

L’inclusion de ces personnes vous sensibiliseraaussi aux changements éventuellement néces-saires au sein de votre organisation !

Quand Shitaye, membre du Ethiopian Center forDisability in Development, est venue chez nouspour l’évaluation initiale, il est devenu très clair quenotre bureau était inaccessible, » avoue le gérantd’un programme WASH en Ethiopie. « Avec sonfauteuil roulant, elle ne pouvait pas accéder aubureau, alors nous avons mené notre réunion sur leparking. Cela m’a vraiment choqué. J’en ai été pro-fondément désolé. Cette expérience fut uneimmense motivation pour moi pour vraiment chan-ger quelque chose.

Eliminer le malaise

Les gens deviennent parfois très nerveux quandils rencontrent une personne en situation de

34

→Le personnel doit

apprendre à éliminerles barrières

→Ils ont besoin de connaissances

approfondies concer-nant les services

disponibles

→Organiser une visited’un projet inclusifcouronné de succès

→Laisser les personnes

en situation dehandicap expliquer

leurs propres besoins,souhaits et capacités

http://www.endthecycle.org.au/content/the-people-experience-their-stories/all-stories/

Page 37: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

35

• Parlez directement à la personne ensituation de handicap et non pas àson interprète ou assistant.

• Parlez avec elle comme avec lesautres ; parlez clairement et ne criezou ne marmonnez pas.

• Ne traitez jamais un adulte ou unepersonne âgée comme un enfant.

• Quand vous communiquez avec unepersonne en situation de handicap,assurez-vous que vos yeux sont à lamême hauteur que les yeux de la

personne avec laquelle vous parlez.Cela est la meilleure façon de mon-trer que votre attention est portéesur cette personne et que vousécoutez ce qu’elle vous dit.

• Offrez de l’aide si vous pensez que lapersonne peut en avoir besoin, maisn’aidez jamais quelqu’un sans deman-der si cette personne souhaite votreaide. Si vous assistez une personne,demandez-lui comment elle souhaiteque vous l’aidiez.

• Ne dévisagez pas la personne si ellevous semble inhabituelle, mais nereculez pas non plus devant des per-sonnes avec une apparenceinhabituelle.

• Si vous parlez de quelqu’un, utilisezle nom de la personne et ne faitespas référence à la personne en men-tionnant sa déficience.

• Traitez la personne comme touteautre personne et comme vousaimeriez être traité vous-même.

←Personne n’est sanshandicap, nous avonstous une sorte dehandicap

←L’interaction directeavec les personnes ensituation de handicapélimine la peur et lemalaise

Conseils pour l’interaction avec les personnes en situation de handicap

handicap. « Mon Dieu, cet homme est aveugle !Quoi faire ? Je ne sais même pas comment luiserrer la main. Se mettra-t-il en colère si je luidis, « C’est un plaisir de vous voir » ?

La meilleure façon de surmonter ces peurs estl’interaction directe avec les personnes en situa-tion de handicap. Permettez aux gens de partagerleurs peurs et doutes dans une ambiance rassu-rante et riez ensemble. Au cours d’une activité deformation, vous pouvez demander aux partici-pants d’écrire une question sur le handicap sur unbout de papier. La question devrait porter surquelque chose que les participants voulaient tou-jours savoir mais qu’ils n’ont jamais osé demanderà une personne en situation de handicap. Mettezles questions dans une boîte. Puis, tirez quelquesquestions de la boîte et laissez le formateur ensituation de handicap répondre.

Les questions suivantes ont été posées aucours de l’une de nos sessions de formation :

Comment une personne aveugle tombe-t-elle amoureuse ?Yetnebersh : « Beaucoup de personnes voyantescroient qu’il faut être capable de voir pour aimer,mais l’amour n’a pas besoin de couleurs nid’images visuelles. L’amour, c’est d’apprendre àconnaître une personne. Vos faites le choix devous attacher à la qualité spéciale de la per-sonne. Une personne aveugle peut percevoir labeauté d’une façon propre à elle-même qui ne

dépend pas de sa capacité de voir. Nous décou-vrons les choses en les sentant, testant,touchant et écoutant, et nous développonsnotre propre façon de faire face aux choses quenous ne voyons pas. Aussi, un ami proche peutaider une personne aveugle à imaginer l’aspectphysique de la personne aimée

Quand avez-vous compris pour la pre-mière fois que vous aviez un handicap ?Yetnebersh: J’ai compris que j’avais un handicaplorsque quelqu’un a dit aux autres d’aller faire larécolte dans les champs et que j’ai dû rester à lamaison. Parce que je suis aveugle.

« A l’âge de quatre ans, j’ai développé une défi-cience (partielle) visuelle. Mais jusqu’à l’âge de 14ans, je n’avais pas réalisé que j’avais un handicapparce que je vivais dans un environnement inclu-sif à l’école, à la maison, dehors, avec les amis,etc. Plus tard, dans ma neuvième année à l’école,j’ai commencé à faire face à beaucoup de bar-rières/difficultés, des difficultés de lecture etd’écriture, il était difficile de voyager, de me fairedes amis, de sortir au fur et à mesure que madéficience s’accentuait.Là j’ai compris que j’avais un handicap. Plus tard,j’ai réalisé que personne n’est sans handicapparce que tout le monde a une sorte de handi-cap. Dans cet esprit, j’ai continué pensant que jen’étais pas différent des autres et que j’étaiscapable de tout faire comme tout le monde…Cela m’a aidé à faire face à ma déficience. »

Page 38: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Vous entendez souvent dire qu’il est difficile detrouver des personnes en situation de handicap.Certaines d’entre elles, en particulier les enfantsavec des handicaps sévères sont cachées et nequittent pas souvent la maison. De plus, un cer-tain nombre de handicaps n’est pas visible : parexemple, les déficiences de communication etles déficiences partielles visuelles. Commentpouvons-nous donc identifier les personnes ensituation de handicap ?

La première étape consiste à reconnaitre que lespersonnes en situation de handicap vivent ausein de toutes les sociétés. Elles sont là ; il fautsimplement les trouver. L’une de vos activitéssuivantes pourrait être de recueillir des donnéessur le handicap dans votre zone de projet. Ilexiste peut-être des statistiques gouvernementa-les. Sinon, les organisations locales de personnesen situation de handicap ou des organisationsspécialisées dans le handicap pourront vous don-ner plus d’informations sur la prévalence deshandicaps dans votre région. L’essentiel estd’avoir une idée de l’ampleur du handicap.

Si vous organisez un nouveau programme, lehandicap devrait être inclus dans l’étude de base.Nous vous conseillons vivement de ne pas vousbaser seulement sur les chiffres et/ou pourcenta-ges. Vous pourriez facilement penser que le «problème » est soit trop petit soit trop grand

pour le traiter. Le sujet ne peut cependant pasêtre réduit à quelques chiffres et pourcentages. Ilfaut se poser la question suivante : « Quelle estla meilleure façon pour notre organisation d’in-clure les personnes en situation de handicapdans nos programmes ? »

Il est aussi important de vous poser la questionde savoir combien d’adultes et/ou d’enfants ensituation de handicap et combien de personnesqui s’occupent d’eux/combien de membres de lafamille bénéficient déjà de vos programmes. Sivous ne recueillez pas encore ces données dansle cadre de vos projets, c’est le bon moment decommencer.

Le personnel sur le terrain peut souvent faire uneliste de personnes en situation de handicap quifont déjà partie des programmes, mais il faut uneffort supplémentaire pour déterminer si lesbénéficiaires des programmes ont des membresde la famille en situation de handicap. Cettequestion pourrait être posée au cours d’une desréunions de projet. Il est conseillé de noter l’âge,le sexe, et le type de handicap de la personneconcernée. Si vous savez si des personnes ensituation de handicap sont déjà incluses dans vosprogrammes existants et si vous en connaissez lechiffre, il faut faire des efforts pour égalementtrouver et inclure d’autres personnes en situationde handicap.

36

→Certains handicaps ne

sont pas visibles

→Inclure le handicapdans votre étude de

base

→→Laissez les personnes

en situation de handicap vous aider àen identifier d’autres

→Recueillir les données

Identificationde personnesen situation dehandicap

Page 39: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Vous serez surpris de voir à quel point il est facilede trouver des personnes en situation de handi-cap si vous commencez à les inviter à participer àvotre programme. Elles sont souvent les mieuxplacées pour identifier d’autres personnes ensituation de handicap puisque, généralement,elles connaissent d’autres personnes en situationde handicap. Au cours des années, de plus enplus de personnes en situation de handicap vien-dront quand elles voient les autres participer. Laforce des modèles est d’une importance essen-tielle pour atteindre un développement plusinclusif.

37

Comment trouver les personnes en situation de handicap dans votre zonede projet• Intégrez les données sur le handicap dans les études de base pour

les nouveaux projets.• Identifiez les personnes en situation de handicap qui participent

déjà à vos programmes.• Entrez en contact avec les organisations spécialisées dans le handi-

cap et les organisations de personnes en situation de handicaplocales et demandez-leur de vous fournir des noms et des adresses.

• Utilisez les données existantes provenant du gouvernement ou desONG spécialisées dans le handicap dans votre région.

• Parlez à vos responsables communautaires et religieux. Expliquez quevous souhaitez inclure les personnes en situation de handicap dansvos programmes. Ils seront très probabement prêts à vous communi-quer les coordonées de personnes en situation de handicap.

• Organisez une réunion avec des personnes en situation de handicapet demandez-leur des conseils sur la meilleure façon de trouver d’au-tres personnes en situation de handicap.

• Organisez une réunion de sensibilisation au handicap au sein de lacommunauté et demandez aux participants de vous aider à trouverdes personnes en situation de handicap qui pourraient participer àvotre programme.

• Dans le cas des enfants en situation de handicap, vous pouvezdemander aux enfants, dans le programme que vous soutenez ougérez (écoles ou clubs, par exemple), d’identifier les enfants qui neparticipent pas.

Page 40: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Il est généralement reconnu que la création d’unprogramme de développement communautairesans la participation du groupe cible est vouée àl’échec. Le développement d’un programme inclu-sif aussi échouera sans la participation despersonnes en situation de handicap. En général,les personnes en situation de handicap font partiedes groupes les plus marginalisés dans la sociétéet ne sont pas habituées à ce que les autres lesentendent et écoutent. Cela représente un défiadditionnel, comme les personnes en situation dehandicap manquent souvent d’éducation, ne sontpas incluses dans les réunions publiques et man-quent, par conséquent, souvent d’estime de soi.

En revanche, certaines personnes en situation dehandicap parlent beaucoup et sont très actives. Ilest tentant de leur demander leur avis mais faitesattention : ces personnes pourraient être cellesqui avaient la possibilité d’aller à l’école. Ellespourraient avoir développé leur handicap à un âge

plus avancé. Si vous ne vous basez que sur leuropinion cela pourrait vous donner une image faussée de la réalité.

38

Les personnesen situation dehandicap doi-vent participerau cycle entierdu projet

→Elles ne sont pas

habituées à ce que lesautres les écoutent

→Elles souffrent souventd’un manque d’édu-

cation

Dave Lipton sur www.crippencartoons.co.uk

Et quand nous voulons avoir votre opinion - nous vousdirons ce qu’elle est!

Fédération desorganisations

caritatives pourles personneshandicapées

Page 41: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Vous devriez aussi vous assurer que les per-sonnes en situation de handicap participent bienau processus entier de planification et de créa-tion. Il existe de nombreuses preuves que lesdiscussions de groupes cibles avec (des représen-tants) des personnes en situation de handicapreprésentent une manière efficace de connaîtreles avis des personnes concernées. Si vous déci-dez d’utiliser cette stratégie, vous devriez vousassurer que les différents groupes de personnes

en situation de handicap sont représentés égale-ment. Il sera peut-être nécessaire d’organiser desgroupes de discussion pour différents groupesconcernés comme les femmes, les hommes et lesenfants.

Une réunion qui inclue des personnes en situa-tion de handicap, ou un groupe de discussion depersonnes en situation de handicap, nécessiteune modération circonspecte. Invitez les per-

39

←←Les groupes de discussion peuventêtre utiles

←←Une modération circonspecte est nécessaire

←Elles connaissent souvent elles-mêmesles solutions !

Comment inclure les personnes en situation de handicapdans le processus de planification ?• Faites toujours attention au handicap lors de l’analyse de la situation des communautés.• Incluez toujours des représentants de personnes en situation de handicap dans la commission de

planification.• Organisez des groupes de discussion spéciaux avec des personnes en situation de handicap.• Assurez-vous de consulter différents groupes de personnes en situation de handicap.

Page 42: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

sonnes concernées personnellement ou par lebiais des responsables de communauté, des diri-geants religieux, des membres de lacommunauté ou membres de la famille, ou pardes organisations et programmes locaux de per-sonnes en situation de handicap. Cela pourraitêtre la première fois pour les personnes en situa-tion de handicap qu’elles sont reconnues en tantque bénéficiaires potentielles de programmesconventionnels, ou que quelqu’un leur demandede donner leur avis, de parler de leurs problèmeset de leurs besoins. Il est possible qu’elles produi-sent une liste de souhaits personnelle (parexemple alimentation, logement, argent, habits)et qu’elles ne comprennent pas tout de suitel’importance de représenter leurs pairs. Elles ontsouvent grandi avec la charité des autres. C’est àvous d’interpréter cette liste personnelle d’unefaçon qui vous permettra de faire la synthèse deces besoins personnels pour en tirer les besoinsgénéraux qui peuvent être comblés dans le cadrede votre programme.

Les personnes en situation de handicap sont par-faitement capables d’identifier les barrièresauxquelles elles font face en société et les rai-sons pour lesquelles elles sont exclues. Lesfemmes en situation de handicap peuvent vousinformer sur la double-discrimination à laquelleelles sont confrontées en famille et au sein de lasociété. Le plus souvent, les personnes qui vousdonnent des informations sur les barrières aux-quelles elles font face peuvent aussi vous donnerles solutions nécessaires pour éliminer ces barriè-res.

Il existe de différents niveaux de participationaux projets. Le premier niveau est le partaged’informations. C’est une forme limitée de parti-cipation où les personnes en situation dehandicap sont simplement informées des décisi-ons, mais au moins cette forme de participationreconnaît leur existence dans la société. Si, aucours du processus de planification et de dével-oppement de nos programmes, nous demandonsleur avis aux personnes en situation de handicapet leur donnons les réactions nécessaires, nousles écoutons. Ce type de consultation n’assurepas que leurs avis soient pris en considération.Une participation significative donne aux person-nes en situation de handicap le droit de négocier

au cours du processus de planification, ainsiqu’au cours de la mise en œuvre et durant lesuivi des activités. Une telle participation se faità l’interface d’une planification et d’une prise dedécisions communes.

Là où cela est possible, nous devrions développerdes stratégies et activités pour inclure intention-nellement les personnes en situation dehandicap dans le processus entier de planifica-tion, de suivi et d’évaluation du programme et deses activités. Finalement, et dans le cas idéal,nous devrions essayer d’arriver à une solution quimette les personnes en situation de handicapderrière le volant. Si cela se fait, elles devien-dront des modèles pour les autres etfonctionneront en tant qu’acteurs du change-ment. Une habilitation réelle en sera le résultat.

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Information

Planification commune

Prise de décisions

Habilitation

Consultation

Niveaux de participation

Devenir un acteur du changement pour les autres

→Une participation sig-nificative leur donne

le droit de négocier aucours du processus deplanification et après

→L’objectif devrait êtrede les placer derrièrele volant et pour ellesde devenir des modè-

les pour les autres

Niveaux de participation

Page 43: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Le soutien principal defamille Djikologho est un petit village au Sud -Ouest duBurkina Faso. Les habitants de Djikologho sontbien connus pour leur esprit d’entraide et de soli-darité. C’est cette solidarité qui a permis à MrKévin Dabiré d’aller à l’école jusqu’à la fin du pri-maire. Kévin Dabiré a 25 ans et c’est avecémotion qu’il raconte son histoire. Son handicapest le résultat d’une maladie, la polio, duquel il asouffert depuis l’âge de 2 ans. En conséquence, ila perdu l’usage de ses deux jambes. Son père

était déterminé à l’emmener à l’école tous lesjours à vélo et ses camarades de classe l’ont aidédans ses besoins quotidiens. Après l’école pri-maire, Kévin a suivi une formation de mécanicienoù il a appris à réparer des bicyclettes et desmotocyclettes. Avec le soutien du projet de Réa-daptation à base communautaire, Mr Kévin aouvert un atelier de réparation d’engins à deuxroues. Aujourd’hui il est marié et soutient sestrois petits frères pour qu’ils puissent aller àl’école. Son rêve est de créer un centre de forma-tion en mécanique où il pourrait lui-mêmeenseigner à d’autres personnes de son village àdevenir financièrement indépendants.

41

BonnesPratique

Page 44: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Le sport contre la discrimination

Les activités culturelles, tel que le sport, l’art, lethéâtre, la musique sont des vecteurs cruciauxpour combattre la discrimination contre le han-dicap dans une société. A Ouagadougou, uneéquipe de personnes handicapées basketteurs «handibasketteurs » se rencontrent régulièrementpour s’entraîner. Par le simple fait qu’ils jouent,ils montrent aux passants qu’ils ne sont pas desobjets de pitié, mais plutôt des membres actifsqui ont une contribution importante à apporter àla société.

La communication porte ses fruits

Les chargés du projet Réadaptation à base Com-munautaire de l’OCADES Kaya ont pris commeobjectif de parler systématiquement du handicapavec leurs collègues des autres départements. Ilsles encouragent à inclure les personnes en situa-tion de handicap en tant que bénéficiairesclassiques, pour assurer que tous les programmesde l’organisation deviennent inclusifs sur le longterme. C’est ainsi que par exemple, en collabo-rant avec le département de l’alphabétisation,deux organisations de personnes handicapées(OPH) de la région, au total 66 personnes, ontbénéficié pour la première fois d’une formationen alphabétisation de 45 jours.

42

Page 45: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Un projet humanitaire inclusifFin 2011, une crise alimentaire toucha plusieursrégions du Burkina Faso. À partir de mars 2012,l’Organisation Catholique pour le Développe-ment et la Solidarité (OCADES) a mis en placeun projet humanitaire pour répondre à l’urgence(famine, disette et malnutrition aigüe chez lesenfants) qui a résulté de cette situation environ-nementale, avec le support de Light For TheWorld et la coopération autrichienne au dévelop-pement. En travaillant sur des critères inclusifsde sélection des bénéficiaires et en approchantactivement des personnes en situation de handi-cap, le projet a réussi à ce que plus de 15% despersonnes profitant des activités du projet soientdes personnes en situation de handicap. Cetexemple montre que, même si la phase prépara-toire d’un projet humanitaire appelle à lapromptitude, il est possible, sans activités addi-tionnelles, de considérer les personnes ensituation de handicap en tant que bénéficiaireset prendre des mesures pour assurer leur partici-pation. Cet effort d’inclusion ne se limite pas àassurer que les besoins immédiats des personnesen situation de handicap dans une situation decrise soient adressés, mais contribuent d’autantplus à changer les attitudes, pour ce que ces per-sonnes soient considérées comme membres àpart entière de la société.

Aider le gouvernement à respecter ses engagements Le gouvernement du Burkina Faso a ratifié,comme plus de 130 autres pays, la conventiondes Nations Unies relative aux droits des per-sonnes en situation de handicap. Le vrai défi àprésent est de mettre en œuvre cette conven-tion. En 2012, le gouvernement a adopté laRéadaptation à Base Communautaire (RBC)comme stratégie pour assurer la réalisation desdroits des personnes en situation de handicapdans le pays. Des parties prenantes variées, ycompris les membres du Conseil National Multi-sectoriel pour la Protection et la Promotion des

Droits des Personnes Handicapées (COMUD)ont reçu une formation sur les lignes directivesconcernant la Réadaptation à Base Communau-taire établies par l’Organisation Mondiale de laSanté ainsi que sur la convention des NationsUnies relative aux droits des personnes en situa-tion de handicap. Ce renforcement des capacitésau niveau du gouvernement est un fondementcrucial pour que les personnes en situation dehandicap puissent accéder aux services médicauxdont ils ont besoin, mais aussi pour qu’ils partici-pent de manière égalitaire à tous les tenants dela société.

Fêter la journée du handicapLe 3 décembre, journée internationale des per-sonnes en situation de handicap, est une occasionrêvée pour sensibiliser la société sur les droits deces personnes. En organisant un forum d’échangessur le handicap, des activités culturelles ou en invitant des représentants du gouvernement àexprimer leur soutien pour la cause du handicapdans une activité médiatique, cette journée peutêtre utilisée pour combattre les préjugés et travail-ler vers une société inclusive.

43

Page 46: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

44

Les appareils fonctionnels peuvent faire ladifférenceModeste a souffert de méningite pendant son enfance. À la suite de cettemaladie, il vit en situation de handicap multiple et n’a d’autre choix que de rester allonger toute la journée dans sa case. L’accès à un fauteuil roulant achangé sa vie. Maintenant il peut se déplacer dans la communauté et interagiravec les enfants de son âge.

Page 47: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Si votre objectif est d’inclure les personnes ensituation de handicap dans votre programme,vous devriez commencer par inclure des donnéesde handicap dans tous les rapports de planifica-tion, suivi et évaluation. Nous expliquonscomment faire dans ce chapitre.

Tout commence par l’inclusion des données surle handicap dans les études de base proposées.Le Washington Group a développé, testé etvalidé un court ensemble de six questions pourune étude de base.

Si vous faites une étude de base, par exempledans le cadre d’une analyse de situation, vousdevriez inclure des données sur le handicap etdemander aussi aux personnes d’indiquer leurâge, sexe et le type de handicap.

Définition d’objectifs,d’indicateurs et de buts

l est nécessaire que nous développions des indi-cateurs qui nous aideront à déterminer dansquelle mesure nous atteignons nos objectifs etnotre but final d’inclusion pour tous. Si nous n’in-cluons pas d’indicateurs et de buts spécifiques auhandicap dans notre projet et système de suivi etd’évaluation (existant), il ne nous sera pas possi-ble de mesurer si les personnes en situation dehandicap utilisent nos services, ou si elles fontpartie de nos programmes. Mais quel type d’indi-cateurs nous faut-il ? Nous proposons decommencer d’une manière simple. D’abord, assu-rez-vous de recueillir des données ventilées parhandicap. Cela veut dire que si vous avez un pro-gramme de sécurité alimentaire, mesurezcombien d’hommes et de femmes en situationde handicap participent à votre programme et

45

L’inclusion desdonnées de handicap danstous les rapportsde planification,suivi et évaluation

←Recueillir des donnéesventilées

←Nous devons êtrecapables de mesurer si nous changeons lavie des personnes ensituation de handicap

Page 48: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

combien de foyers avec un membre de la familleen situation de handicap bénéficient du pro-gramme. Cela fonctionne comme pour laquestion du sexe : ajoutez simplement le handi-cap à tous les indicateurs existants.

Il existe bien sûr un besoin d’indicateurs plusspécifiques pour mesurer les résultats et la qua-lité du processus d’inclusion. Vous pourriezutiliser les indicateurs développés par CBM entant qu’exemple. Selon le type d’activité/de pro-

gramme que vous implémentez, les questionsgénérales suivantes pourraient aussi être impor-tantes :• Quelle est la différence entre la performance

et la participation des personnes en situationde handicap et la performance et la participa-tion des personnes sans handicap ?

• Pourquoi existe-t-il une différence ?• Le budget alloué à l’inclusion est-il utilisé à

cette fin ? Vérifiez si et à quelles fins ce budgetest utilisé.

• Comment le partenariat/la collaboration avecles organisations de personnes en situation dehandicap, le gouvernement et les organisa-tions spécialisées dans le handicap sedéveloppent-ils ?

46

CBM, une organisation internationale spécialiséedans le handicap, a développé cinq ensemblesd’indicateurs touchant au handicap dans les sec-teurs de l’éducation, de la santé, du VIH/SIDA,du développement urbain et des secteurs del’eau et de l’assainissement : http://www.inclu-sive-development.org/cbmtools/part3/index.htm

Les questions du recensement liées au handicap approuvées par leWashington Group Phrase d’introduction These questions ask about difficulties you may have doing certain activities because of a HEALTH PROBLEM.

1. Avez-vous des difficultés à voir,même si vous portez des lunettes ?

a. Non – aucune difficultéb. Oui – quelques difficultésc. Oui – beaucoup de difficultésd. J’en suis incapable

2. Avez-vous des difficultés à entendre, même si vous portezune aide auditive ?

a. Non – aucune difficultéb. Oui – quelques difficultésc. Oui – beaucoup de difficultésd. J’en suis incapable

3. Avez-vous des difficultés à marcherou à monter les escaliers ?

a. Non – aucune difficultéb. Oui – quelques difficultésc. Oui – beaucoup de difficultésd. J’en suis incapable

4. Avez-vous des difficultés demémoire ou de concentration ?

a. Non – aucune difficultéb. Oui – quelques difficultésc. Oui – beaucoup de difficultésd. J’en suis incapable

5. Avez-vous des difficultés avec lessoins auto-administrés comme vouslaver entièrement ou vous habiller?

a. Non – aucune difficultéb. Oui – quelques difficultésc. Oui – beaucoup de difficultésd. J’en suis incapable

6. 6. Si vous parlez votre langue habituelle (courante), avez-vous des difficultés de communication,par exemple, à comprendre ou à être compris

a. Non – aucune difficultéb. Oui – quelques difficultésc. Oui – beaucoup de difficultésd. J’en suis incapable

→Il existe des ressources

disponibles

Page 49: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Allouer un budget à l’inclusionL’inclusion de personnes en situation de handi-cap dans vos programmes conventionnels coûtede l’argent. En raison du manque de chiffres fia-bles, le coût exact des approches inclusives n’estpas clair. Les acteurs majeurs comme MobilityInternational recommandent l’allocation de2-7 % du budget à l’inclusion des personnes ensituation de handicap. Cela pour financer lesactivités ou offres suivantes :

• Sensibiliser le personnel et les communautésau handicap

• Rendre les bâtiments accessibles• Proposer de l’interprétariat en langue des

signes• Rendre l’information accessible sous différents

formats de communication (braille, audio)• Transports pour les personnes en situation de

handicap• Equipement d’assistance (il devrait être géné-

ralement fourni par le gouvernement ou lesservices spécialisés dans le handicap ; si cet

47

Les enfants en situation de handicap devraient être édu-qués dans des écoles ordinaires

Les indicateurs inclusifspour les différents secteurs

Education inclusive• Enfants en situation de handicap inscrits

aux écoles ordinaires• Salles de classe et toilettes accessibles• Professeurs formés en pratiques inclusives

(par exemple en braille, en langue des signes, en sensibilisation au handicap, etc.)

• Niveau d’alphabétisation des enfants ensituation de handicap

Interventions de VIH et SIDA inclusives• Les personnes en situation de handicap

assistent et participent à des réunions de sensibilisation pour le VIH/SIDA et ont accès aux mêmes informations que les personnes sans handicap

• Les personnes en situation de handicap ont accès aux mêmes services et program-mes en matière de VIH (services de conseil,dépistage et ARV) que les personnes sanshandicap

Sécurité alimentaire et de l’eau• Les personnes en situation de handicap

ont accès à une quantité suffisante d’eaupotable à la maison et à plus de nourriturenutritive au cours de l’année

• Toutes les nouvelles installations (toilettes,puits, etc.) qui sont construites sont accessi-bles aux personnes en situation de handicap

• Les initiatives de subsistance économique et de productivité incluent les personnes ensituation de handicap

Protection des enfants• Les initiatives de lutte contre la violence

envers les enfants et l’abus de pouvoir s’occupent des droits, besoins et problèmesdes enfants en situation de handicap

• Les campagnes communautaires contre laviolence envers les enfants et l’abus desenfants incluent des informations sur lesdroits, besoins et problèmes des enfants ensituation de handicap

Centres de formation professionnelle• Le bâtiment est accessible aux personnes

à mobilité réduite• Un minimum de 5 % des participants a un

handicap• Des formats de communication accessibles

(comme braille ou enregistrements audio)sont disponibles pour les personnes avec des déficiences visuelles ou auditives

←Une allocation de 2-7 % du budget àl’inclusion de personnes en situation de handicap estrecommandée

Page 50: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

équipement n’est pas disponible il pourrait êtrefinancé par votre budget de projet)

Vous trouverez plus d’informations sur le budgetpour l’inclusion dans la troisième partie de cettepublication.

Evaluation

L’évaluation de votre programme vous donnel’occasion de mesurer les résultats et l’impact del’inclusion des personnes en situation de handi-cap. Vous pouvez également observer leprocessus de changement au sein de votre projet; précisément l’élimination de barrières et lechangement de comportement du personnel etde la communauté. Veillez à ce que les voix despersonnes en situation de handicap et/ou deleurs familles soient prises en compte au coursdes évaluations.

Le but du suivi et de l’évaluation est de recueillirdes informations essentielles et de donner lapossibilité aux décideurs politiques et gérants deprendre des décisions informées et donc meilleu-res. De bons systèmes de suivi et d’évaluationaident aussi à promouvoir une plus grande trans-parence et responsabilisation au sein desorganisations et envers le public général. Lesorganisations auront l’occasion – si elles enregi-strent des résultats positifs – d’obtenir plus desoutien politique et public. L’importance de cetype de soutien ne devrait pas être sous-estimée.Les preuves que nos programmes et activités for-ment une stratégie efficace pour atteindre unesociété plus inclusive ne sont pas seulementnécessaires pour des raisons de responsabilisa-tion, mais serviront aussi de catalyseur pourpromouvoir la justice, l’égalité des chances et unmonde meilleur pour tous.

Apprendre le braille au Népal

• Les personnes en situation de handicap ont-elles pu accéder à tousles services disponibles ?

• Quels sont les résultats obtenus par les personnes en situation dehandicap dans le projet ?

Obtiennent-elles les mêmes résultats ? Si ce n’est pas le cas, quellessont les causes des différences ?

• Quelles étaient les difficultés d’accès aux services ou au programmeauxquelles les personnes en situation de handicap étaient confron-tées ?

• Comment la perception du handicap a-t-elle influencé la façon dontvotre personnel travaille avec les personnes en situation de handi-cap ? Comment cela a-t-il changé dans la communauté ? Quelles ont été les activités qui ont contribué le plus à ce changement ?

• Le projet a-t-il changé les rapports de force et ce changement a-t-ilété en faveur d’une augmentation de l’influence et de l’inclusion despersonnes en situation de handicap dans vos activités ?

• La capacité organisationnelle des personnes en situation de handi-cap a-t-elle été renforcée ?

• Quelles sont les recommandations pour une inclusion améliorée ?• Les personnes en situation de handicap ont-elles eu le choix et

l’occasion de devenir des participants actifs aux processus de prisede décisions ?

• Quels types de handicap sont représentés ?• Quels partenariats avec des programmes/services spécialisés dans

le handicap ont été établis ?• Comment et par qui les priorités de projet sont-elles définies ?

Exemples de questions d’évaluation

↑Les voix des personnesen situation de handicap et/ou deleurs familles doiventêtre prises en comptelors des évaluations

Page 51: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Quelle est la prochaine étape après l’identifica-tion des personnes en situation de handicap parle personnel ? Est-il possible de les inclure immé-diatement dans des programmes existants ? Oudevrait-il y avoir une étape intermédiaire ?Comme nous l’avons appris, les personnes ensituation de handicap ne sont pas habituées àêtre incluses dans des programmes de dévelop-pement conventionnels. Un peu plus d’attentionest demandée ici. En Inde, certaines personnesen situation de handicap et leurs familles sonttellement habituées à recevoir de la charité – del’argent, de la nourriture, des habits – qu’audébut, elles n’étaient pas contentes d’être invi-tées à s’inscrire à un programme pour gagnerleur vie. Pour elles, c’était quelque chose d’entiè-rement nouveau.

Les personnes en situation de handicap ont sou-vent une faible estime de soi et il faut lesconvaincre qu’elles sont capables d’apprendre etde gagner leur vie. Parfois, il est aussi nécessairede convaincre les parents que c’est un bon inves-tissement d’envoyer leurs enfants en situation dehandicap à l’école. Après l’identification, il fautdonc généralement faire quelques visites à domi-cile avant de pouvoir inclure les personnes ensituation de handicap dans un programme con-ventionnel. Ensuite, les besoins et souhaits despersonnes en situation de handicap et de leursfamilles peuvent être identifiés. Que veulent-elles ? De quoi rêvent-elles ? Quelles sont leurspréoccupations ? Vous pouvez alors leur expli-

quer comment elles pourront bénéficier des pro-grammes de votre organisation.

Et, dernier point, mais non le moindre, il estessentiel que les personnes en situation de handi-cap aient accès aux services médicaux et auxservices de réhabilitation. Il est très souvent pos-sible de traiter les maladies handicapantes.Beaucoup de personnes âgées sont aveugles enraison de cataractes, et une simple interventionchirurgicale pourra leur faire retrouver la vue. Ilest important que les personnes concernées aientaccès aux soins médicaux. Les personnes peuventsouvent considérablement bénéficier de physio-thérapie ou d’équipements comme des béquillesou des fauteuils roulants. Vous trouverez plusd’informations sur l’orientation vers les prestatai-res de services spécialisés dans le handicap dansle chapitre sur la création de réseaux.

49

Orientation pour les besoinsspécifiques auhandicap

←Parfois, les personnesen situation de handicap doiventapprendre qu’ellessont capables degagner leur vie

←Il est souvent possiblede traiter les maladieshandicapantes …←…ou bien les personnes concernéespeuvent bénéficierd’équipements commedes fauteuils roulants

Dave Lipton sur www.crippencartoons.co.uk

Il semble que Mr. Brown a manqué son rendez-vous

à nouveau! Département d'Audiologie

Attendezque votrenom soitappelé, s.v.p.

Page 52: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

50

L’histoire de Jean ClaudeJean-Claude a onze ans et il est né avec des pieds bots. Il apassé la plupart de son enfance en Côte d’Ivoire, mais après lamort de son père, sa mère et lui sont revenus dans la régionfamiliale de Diébougou, au Sud –Ouest du Burkina Faso.Depuis son plus jeune âge, la famille avait abandonné l’idéeque Jean-Claude puisse marcher, aller à l’école ou avoir un tra-vail. Cependant, après avoir visité le projet de réadaptation deDiébougou, la physiothérapeute Laetitia Dabiré a constatéqu’une chirurgie était possible. À l’heure actuelle, Jean-Claudeest sous des exercices physio-thérapeutique pour se préparerà l’opération.

Avant même de recevoir l’opération pour les pieds bots, unesensibilisation au niveau de la famille, de l’école et de la com-munauté a permis à Jean-Claude d’aller dès à présent à l’écoleà Diébougou. La marche lui fait mal aux jambes, mais il estdéterminé : « mon meilleur ami s’appelle Idrissa. Il m’accom-pagne souvent sur la route de l’école, même si je ne vais quetrès lentement.» Il parle aussi de l’entraide qu’il perçoit de lapart de ses camarades de classes, qui partagent joyeusementleur déjeuner ou leurs matériels scolaires avec lui. «Quand jeserai grand, je serai le président du Burkina Faso.»

Jean Claude peut aller à l'école maintenant.

Page 53: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Une fois que le personnel est au courant descapacités, besoins et droits des personnes ensituation de handicap, il est plus facile pour luid’identifier les personnes en situation de handi-cap et de les inclure dans des projets existants. Ilest cependant important de comprendre quel’inclusion est un processus. Nous distinguonstrois niveaux. Le premier niveau est la simpleprésence : par exemple, les enfants en situationde handicap sont identifiés et inscrits à l’école.Le deuxième niveau est la participation : lesenfants en situation de handicap participentvraiment aux cours, ils sont acceptés par lesautres enfants et les enseignants sont forméspour les aider. Le dernier niveau est l’accomplis-sement : les enfants en situation de handicappeuvent obtenir un diplôme et intégrer l’enseig-nement secondaire.

Le premier niveau d’inclusion, la présence, estrelativement facile à atteindre, mais les démar-ches à prendre pour arriver à la participation et àl’accomplissement nécessitent plus d’investisse-ment et plus de formation. Il faut éliminer lesbarrières dans le programme. Nous devrions gar-der à l’esprit que ce n’est pas la personne ensituation de handicap qui doit s’adapter au pro-gramme. Nous devrions adapter nosprogrammes pour que tous puissent y accéder.

L’enseignement au Vietnam constitue un bonexemple. Au Vietnam, beaucoup d’écoles accep-tent les enfants en situation de handicap enclasse, mais souvent ces enfants ne sont pasadmis aux examens nationaux. Les écoles ordi-naires ont peur que les résultats des enfants ensituation de handicap puissent avoir une influ-ence négative sur les résultats de l’école. Au

Vietnam, il est très important d’avoir de bonnesnotes et d’être la meilleure école du district oude la province. Ils permettent donc aux enfantsen situation de handicap de participer, mais leurparticipation est limitée et donc non égale.

Si nous souhaitons vraiment inclure les person-nes en situation de handicap dans nosprogrammes, nous ne devrions pas nous satis-faire d’une simple présence. Cette présence estsouvent une étape majeure mais nous devonsveiller à ce que les personnes concernées bénéfi-cient et participent réellement. Nous devrionsnous assurer qu’elles atteignent leurs objectifs etqu’elles réalisent leurs rêves. Les enfants en situ-ation de handicap sont-ils également capablesde réaliser leurs rêves, et les adultes en situationde handicap sont-ils réellement à même d’utiliseret de développer leurs capacités ?

Pour réussir à inclure les personnes en situationde handicap dans nos projets, nous devons élimi-ner les barrières qui empêchent une participationégale. Dans le premier chapitre de ce guide nousexpliquons qu’il existe trois catégories de barriè-res : les barrières liées aux points de vue, lesbarrières environnementales et les barrièresinstitutionnelles. Au sein de nos projets, nouspouvons éliminer les barrières liées aux points devue en luttant contre les opinions négatives et ladiscrimination. Nous devrions éliminer les barriè-res environnementales en créant un accès pourtous et nous pouvons éliminer les barrières insti-tutionnelles en changeant les règles, enchangeant le système.

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Eliminer les obstacles

←L’inclusion est un processus

←Il existe trois niveaux :la présence, la participation et l’accomplissement

←Eliminer les barrièresest la clé pour atteindre la participation et l’accomplissement

←Attention à ne passéparer les personnesen situation de handicap des autresparticipants du projet

←Ne vous satisfaisez pasd’une simple présence

Page 54: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

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Lutter contre les opinionsnégatives et la discrimination

Les personnes en situation de handicap ne parti-cipent souvent pas aux programmes dedéveloppement ou aux réunions communau-taires parce qu’elles sont confrontées auxdiscriminations de la part des autres membres dela communauté. Ils les insultent ou ne les pren-nent pas au sérieux. A l’école, cela prend la formed’intimidation, ou les autres élèves ignorent lesenfants en situation de handicap. La seule façonde surmonter cette discrimination est la sensibi-lisation au sein de la communauté et dans leprojet. Il existe différentes possibilités de le faire,qui varient selon le type de projet.

L’intimidation à l’école est un problème énormepour les enfants en situation de handicap. Sivous souhaitez inclure les enfants en situation dehandicap dans vos programmes scolaires, il fautsensibiliser les enfants à l’école et leurs parents.Ce n’est pas seulement la communauté qui peutdiscriminer les personnes en situation de handi-cap. Il est également important que tout lepersonnel travaillant dans les projets soit positifet accueillant envers les personnes en situationde handicap. Il faudrait donc former tous lesenseignants, tout le personnel sur le terrain, tousles directeurs d’école, techniciens, médecins –même les chauffeurs – pour les sensibiliser auhandicap.

L’histoire de Madame GuigmaMadame Benjamine Guigma est malentendante. Son problème auditifa commencé lorsqu’elle était au CM2. Elle a intégré l’école du CEFISE(centre de formation et d’intégration pour sourds et entendants) àOuagadougou, où elle a appris la langue des signes et a continué sesétudes jusqu’au lycée. Le CEFISE a pour but d’offrir un enseignementde qualité aux enfants sourds et malentendants dans un contexteinclusif. Au CEFISE, tout le monde connait la langue des signes: ladirectrice, les enseignants, et les élèves, qu'ils soient malentendants ounon. L’école offre aussi des formations professionnelles pour les élèvesmalentendants et entendants. Madame Guigma a suivi la formation en coiffure pendant presque 3ans. Elle a appris beaucoup de choses: la coiffure, le manucure, le pédi-cure, le maquillage. Depuis la fin de sa formation, elle a établi un petitatelier bien équipé au sein du marché de Gounghin. Elle a acheté desproduits de coiffure avec ses revenus et une petite armoire pour étalerdes bijoux. Mme GUIGMA est mariée et a une fille de 5 ans.

Mme Guigma

↑Tout le monde doitêtre formé afin desavoir comment secomporter avec les personnes ensituation de handicap

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Accès physiqueSi les personnes en situation de handicap nepeuvent pas accéder au bâtiment, au lieu de réu-nion ou au robinet d’eau il leur est simplementimpossible de participer à votre projet. Si vousvoulez rendre votre projet inclusif il faut quevous vous penchiez sur la question de l’accèsphysique. Cela peut sembler coûteux, mais cen’est pas forcément le cas. Des solutions peucoûteuses sont très souvent disponibles. Il estpossible de rendre une salle de classe accessibleen créant une petite rampe à base de ciment oude boue ou bien de simplement déplacer laclasse à laquelle participe un enfant en situationde handicap dans une salle au rez-de-chaussée.Assurez-vous que les réunions communautairesaient lieu dans un endroit accessible aux per-sonnes utilisant un fauteuil roulant. Uneattention particulière doit être portée à l’accessi-bilité et à l’hygiène des toilettes. Cela estparticulièrement important pour les femmes etfilles en situation de handicap.

Si l’accès pour les personnes en situation de han-dicap est pris en compte durant la phase deconception d’une nouvelle infrastructure, il n’yaura guère de coûts additionnels.

Il existe des standards pour la conception debâtiments, maisons et autres structures accessi-bles. Cela s’appelle Conception Universelle. Ladirective sur l’accessibilité de CBM est un outiltrès utile pour rendre les structures construitesaccessibles. http://www.cbm.org/article/downloads/54741/CBM_Accessibility_Manual.pdfLe travail d’assurer l’accessibilité est cependantun processus continu. Les personnes en situationde handicap, les membres de leur famille et lacommunauté devraient jouer un rôle importantdans le cadre des efforts pour rendre les projetsaccessibles.

Il est aussi possible de surmonter les problèmesd’accessibilité en veillant à ce que les personnesen situation de handicap obtiennent de l’assis-tance. Cela pourrait prendre la forme d’unmembre de la famille ou d’un voisin qui accom-pagne la personne en situation de handicap à laréunion. Ou des élèves qui accompagnent leurcamarade de classe en situation de handicap àl’école. Assurez-vous que la personne en situationde handicap se sente à l’aise avec la solution.

Accès à l’informationL’accès à l’information est très important pourles personnes ayant une déficience visuelle ouauditive. Si vous proposez une information

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Créer un accèspour tous

←Les personnes en situation de handicapmanquent souventd’information

←←Les ressources sontdisponibles

Page 56: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

écrite, rendez-la accessible sous des formatsadaptés aux personnes non-voyantes (braille,gros caractères ou audio). L’audio est générale-ment le meilleur format puisque de nombreusespersonnes ayant une déficience visuelle n’ap-prennent jamais à écrire ou lire le braille. Il estégalement utile de permettre aux personnesnon-voyantes de toucher des objets pour obtenirdes informations tactiles. Si vous souhaitez expli-quer à une personne non-voyante la façond’utiliser un préservatif, il sera plus facile pourelle de comprendre si elle peut toucher le préser-vatif et essayer de s’en servir sur un modèleartificiel. Sinon, il lui sera difficile de comprendre.

Servez-vous d’une interprète de langue dessignes si vous travaillez avec des personnes ayantune déficience auditive. Cela peut s’avérer diffi-cile : il n’y a peut-être pas beaucoupd’interprètes de langue des signes dans votrepays. Vous pourriez demander à la personneayant une déficience auditive si sa famille pour-rait aider à traduire. Dans un cadre scolaire, uneintroduction de base à la langue des signes et aubraille pour les enseignants peut être utile. Lesécoles spéciales ou les centres gouvernementauxde ressources peuvent organiser de telles forma-tions ou donner des conseils en matière dematériel scolaire pour enfants en situation dehandicap.

Si des personnes ayant une déficience intellec-tuelle participent à votre programme, évitezd’utiliser des phrases longues et des mots diffi-ciles. Cela leur permettra de mieux suivre et decomprendre ce qui est dit. Si nécessaire, vouspouvez demander à un membre de leur famillede les accompagner aux réunions. Les répétitionset la pratique sont importantes pour que les per-sonnes concernées puissent apprendre denouvelles choses.

↑Les enseignantsdevraient suivre uneformation de baseen braille et languedes signes

↑N’utilisez pas dephrases longues etde mots difficiles

Page 57: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Changer les règles discriminatoiresS’il existe des règles discriminatoires dans lesprojets il faut les éliminer. L’une des organisa-tions en Ethiopie participante à ce programmene pouvait pas inclure d’enfants en situation dehandicap dans son programme de parrainaged’enfants en raison d’un critère d’admissiondéfini par ses donateurs qui disait que les enfantsdevaient être capables d’apprendre et d’aller àl’école seuls. Au cours du débat qui a suivi, le per-sonnel de projet est arrivé à la conclusion qu’ildevrait prendre position envers son donateur etenfreindre les règles.

Il peut également y avoir des lois d’éducation oude travail discriminatoires dans votre pays ourégion : par exemple, une loi ne permettant pasde temps supplémentaire durant les examenspour les enfants en situation de handicap ouexcluant les personnes en situation de handicapdu programme de formation professionnelle. Sivous rencontrez des lois ou pratiques discrimina-toires, consultez les organisations de personnesen situation de handicap dans votre pays ourégion et voyez ce que vous pouvez faire ensem-ble pour aider le gouvernement à changer lesystème.

L’éducation inclusivenécessite plus d’attention

L’éducation est importante pour chaque individu,mais encore davantage pour les enfants etadultes en situation de handicap. Ils sont peut-être incapables d’effectuer du travail manuelexigeant en raison de leur handicap et doiventdonc travailler avec leur tête pour gagner leurvie. Selon notre expérience, il est assez faciled’inclure les personnes en situation de handicapdans des programmes de sécurité alimentaire, desecours d’urgence, d’eau ou d’assainissement. Enrevanche, l’inclusion d’enfants en situation dehandicap dans les écoles ordinaires nécessiteplus de temps et d’investissement. Dans ceguide, nous aimerions donc porter une attentionsupplémentaire à l’éducation inclusive.

Il est relativement facile d’identifier les enfantsen situation de handicap et de les inclure dansles classes ordinaires. Mais il en faut plus pourassurer qu’ils participent réellement et fassentdes progrès. Il est nécessaire de rendre l’environ-nement scolaire, y compris les toilettes,accessibles. La sensibilisation des autres enfantset de leurs parents est essentielle à la préventiond’intimidation et à la création d’un environne-ment sécuritaire pour les enfants en situation dehandicap.

Mais cela n’est que le début. Les enseignants ontbesoin d’être formés aux méthodes d’enseigne-ment pour les élèves en situation de handicap. Ilsdoivent apprendre comment enseigner à desenfants ayant une déficience visuelle, auditive ouun autre handicap. Ce type de formation pourraêtre obtenu au sein du Ministère de l’éducation –ou il existe peut-être des formations dans desécoles spéciales. Outre cela, il est aussi impor-tant de disposer de matériel scolaire pour lesenfants en situation de handicap : matériel enbraille, enregistrements de livres, etc. Dans cedomaine, le travail en réseau avec le gouverne-ment, les ONG spécialisées dans le handicap etles organisations de personnes en situation dehandicap est essentiel. Dans certains pays, ilexiste des réseaux d’éducation inclusive qui peu-vent aider votre organisation à accéder à laformation et aux ressources nécessaires

Si l’éducation inclusive semble impossible en raison d’un sérieux manque d’enseignants spécia-lisés dans les besoins spéciaux, vous pourriez

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←←Créer un environnement sécuritaire sans intimidation

←Les lois peuvent avoir des effets discriminatoires

←Les réseaux d’éducation inclusivepeuvent vous aider àaccéder aux ressourceset formations

←Une formation scolaireest encore plusimportante pour lesenfants en situationde handicap que pourles autres enfants

Les enseignants doivent être formés pour pouvoir travail-

ler avec des enfants en situation de handicap

Page 58: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

commencer à réfléchir à la création de systèmesalternatifs. De tels systèmes ne seront peut-êtrepas idéaux mais ils pourront être suffisants pourle moment. Certains pays font appel à des ensei-gnants itinérants qui, de temps en temps,rendent visite aux écoles dans leur zone de res-ponsabilité. Ces spécialistes itinérantsconseillent les enseignants, trient et évaluent lesenfants pour déterminer s’ils ont des retards dedéveloppement, des difficultés d’apprentissageou d’autres handicaps invisibles comme des défi-ciences auditives ou visuelles partielles.Moyennant un conseil simple qui ne coûte rien(par exemple, de placer l’enfant au premier rang,près de l’enseignant), ils peuvent parfois faireune vraie différence dans la vie de l’enfant et del’enseignant.

Il peut y avoir des situations dans lesquelles unenfant en situation de handicap bénéficiera d’unenseignement spécialisé et devrait donc êtreorienté vers une école spéciale. Cela devraitcependant être le dernier recours et ne devraitêtre fait que s’il est devenu clair que l’enfant neréussit pas en classe inclusive. Bien que nous

n’encouragions pas l’enseignement spécialisé,nous reconnaissons que certains enfants pour-raient en bénéficier plus, particulièrement si laqualité de l’éducation inclusive est tellementmauvaise que l’enfant ayant des besoins spéciauxn’apprendra pas.

De nombreux adultes en situation de handicapsont analphabètes parce qu’ils n’étaient pascapables ou n’ont pas eu l’occasion d’aller àl’école. Bien que ceci ne soit pas facile à résou-dre, nous recommandons vivement de donnerl’occasion de suivre des cours d’alphabétisationaux adultes analphabètes en situation de handi-cap. Il est important de contacter desprogrammes d’alphabétisation et de convaincreles gérants d’inclure des personnes en situationde handicap. Les récompenses seront concrètespuisque vous habiliterez et aiderez des adultes àtrouver de meilleures possibilités de contribuer àleur famille et à la société. En améliorant leurspossibilités de trouver un emploi, vous pouvezles aider à assumer des rôles directeurs au seindes organisations communautaires et dans ledéveloppement communautaire.

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→Des spécialistes

rendent visite auxenseignants et les

conseillent

→Coopération avec les programmes d’alphabétisation

pour adultes

Page 59: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

La réalisation de la participation à part entièredes personnes en situation de handicap à lasociété est la responsabilité de tous : gouverne-ment, communauté, personnes en situation dehandicap et leurs organisations, organisations dedéveloppement et humanitaires ainsi qu’organi-sations et prestataires de services spécialisésdans le handicap. Aucune organisation à elleseule ne sera capable de créer une société (plus)inclusive. Nous devons tous faire des effortspour réaliser ce rêve.

Le développement de programmes qui incluentles personnes en situation de handicap nécessitedes partenariats stables entre différentes organi-sations. Il n’est pas nécessaire que lesorganisations conventionnelles deviennent desprestataires de services spécialisés dans le handi-cap. Il suffit qu’elles ouvrent leurs programmesaux personnes en situation de handicap, qu’ellesrendent leurs services accessibles, et qu’ellesassurent l’orientation pour des interventions spé-cialisées au handicap dans les cas où cela estnécessaire.

Comme le sujet du handicap est nouveau pourde nombreuses organisations conventionnellesde développement, elles manquent souvent deréseaux de prestataires de services spécialisésdans le handicap et d’organisations de personnesen situation de handicap dans leur zone de tra-vail. Ce chapitre vous aidera à identifier lesparties prenantes potentielles qui pourront sou-tenir votre organisation au cours du processus derendre ses programmes de développement inclu-sifs.

Le tableau suivant vous montrera les différentesparties prenantes dans le processus du dévelop-pement inclusif, leur rôle au sein dudéveloppement inclusif et les enjeux au sujetdesquels vous pouvez créer des liens avec cesparties prenantes. Ce n’est pas une liste exhaus-tive et la situation varie selon le pays concerné,mais cette liste vous donnera une idée des diffé-rents acteurs dans le domaine.

Les organisations de personnes en situation dehandicap sont des parte-naires indispensables

Les organisations de personnes en situation dehandicap, pour la plupart créées au cours des 30dernières années, sont un outil important pourcombattre l’exclusion et la discrimination. Pourles personnes en situation de handicap, ces orga-nisations sont parfois synonymes de la recherchede l’émancipation. Dans certains pays, les organi-sations de personnes en situation de handicapsont devenues des organisations avec beaucoupde pouvoir et des motivations politiques.

Généralement, les organisations de personnes ensituation de handicap se considèrent comme desmouvements de défense des droits de l’homme.Malgré le fait que cela est probablement vrai ence qui concerne la plupart des organisationsnationales de personnes en situation de handi-cap, les organisations plus locales et

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Création de réseaux« Si les toiles d’araignées s’unissent, elles sont capables de lier un lion » (proverbe éthiopien)

←←Les organisations doivent créer des partenariats stables

←←Les organisations depersonnes en situationde handicap peuventdevenir de fortsdéfenseurs des droitsde l’homme

←←Identification des parties prenantespotentielles qui pourraient vous soutenir

Page 60: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

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• Identification des personnes en situation de handicap

• Données sur le handicap• Formation du personnel• Sensibilisation des communautés• Lobbying auprès du gouvernement local• Orientation des personnes en situation

de handicap vers des groupes d’entraide (pour habilitation)

• Données sur le handicap• Services médicaux et de réhabilitation

pour les personnes en situation dehandicap

• Accès aux programmes gouvernemen-taux et à la sécurité sociale

• Développement de programmes scolaires

• Formation des enseignants

• Services médicaux et de réhabilitation• Orientation et évaluation• Mise à disposition d’équipements

comme des fauteuils roulants et desbéquilles

• Information sous un format accessible(braille ou langue des signes)

• Expertise technique• Données sur le handicap• Identification des personnes en

situation de handicap• Formation du personnel• Formation des enseignants• Lobbying et plaidoyer

Orientation des personnes en situationde handicap qui seront incluses dansleurs projets de développement.

Partie prenante Rôle dans le développement inclusif Créer des liens pour faciliter

Organisations de personnes en situation de handicap

Gouvernement

Prestataires de services spécialisésdans le handicap, comme les programmes communautaires deréhabilitation, les écoles spéciales, et les ONG spécialisées dans le handicap

Organisations conventionnelles de développement

Travail de lobbying ou de défensepour les droits des personnes en situation de handicap

Assurer l’accès aux services de basepour les personnes en situation dehandicap – modifier les lois et la législation pour assurer le respect de la Convention des Nations Uniesrelative aux droits des personneshandicapées

Fournir des services médicaux et de réhabilitationOrganiser des programmes spécialisés dans le handicapHabiliter les personnes en situationde handicap et leurs organisations

Ouvrir des programmes aux personnes en situation de handicapOrientation pour besoins spécifiquesau handicap

Les rôles des différentes parties prenantes au sein du développement inclusif

Page 61: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

communautaires sont en fait moins politisées etplus orientées vers la pratique. Elles passent sou-vent leur temps à travailler sur l’autonomisationéconomique par le biais de groupes d’entraide aulieu de s’engager dans les politiques locales etnationales. Mais plus elles se développent, pluselles s’engagent dans la sensibilisation et ladéfense des droits et deviennent les porte-paroles des personnes dont les droits sont violés.Dans certains pays comme le Bangladesh oul’Inde, les organisations locales de personnes ensituation de handicap forment des fédérationsou coalitions pour avoir une voix plus forte. Ellesfavorisent une participation active des citoyenset, avec ou sous une fédération nationale, ellespeuvent avoir beaucoup de succès dans la luttecontre l’injustice sociale. Les efforts communsdes organisations de personnes en situation dehandicap dans le sud de l’Inde, par exemple, ontcontribué à une lutte réussie contre la corruptionconcernant les points de paiements de rente.Une intervention soutenue et commune desorganisations de personnes en situation de han-dicap dans cette région a mis fin à des années decorruption pendant lesquelles les personnes ensituation de handicap devaient payer un pour-centage de leur rente d’invalidité au maître deposte local responsable de leur payer cette rente.

Lors d’une coopération avec les organisations depersonnes en situation de handicap, il faut savoirque, malgré leur pouvoir politique, certainesorganisations locales de personnes en situationde handicap peuvent perdre le contact avec leursclients puisque les organisations se trouventpour la plupart dans les capitales et sont géréespar l’élite urbaine. De nombreuses organisationslocales de personnes en situation de handicappourraient être faibles d’un point de vue organi-sationnel et dans une position de devoir sebattre pour survivre. En outre, de nombreusesorganisations de personnes en situation de han-dicap représentent seulement des personnesavec un certain type de handicap.

Tous les défis décrits ci-dessus devraient-ils nousdécourager de créer des partenariats et de tra-vailler en étroite coopération avec lesorganisations de personnes en situation de han-dicap ? La réponse est claire et sans équivoque :non. Nous ne serons pas capables de créer une

meilleure société pour tous si nous laissons lesorganisations de personnes en situation de han-dicap de côté. Dans de nombreux pays, lescontributions des organisations locales de per-sonnes en situation de handicap sont devenuesune force formidable pour convaincre les gouver-nements de signer et de ratifier la Conventiondes Nations Unies concernant les droits des per-sonnes handicapées. Ces organisations localessont souvent des lueurs d’espoir pour les per-sonnes en situation de handicap, offrant desendroits de réunion où elles peuvent entrer encontact avec d’autres qui font face à des défissimilaires. Ces organisations font partie d’unepalette plus large d’organisations de sociétécivile essentielles à la création d’une société et àl’apprentissage de la démocratie.

Les organisations de personnes en situation dehandicap peuvent vous aider à identifier et doncà inclure les personnes en situation de handicapdans vos activités. Elles peuvent aussi jouer unrôle dans la formation du personnel, la sensibili-sation de la communauté et le travail delobbying auprès du gouvernement local. Si votreorganisation met l’accent sur le renforcement dela société civile, il serait fantastique que vouspuissiez, en contrepartie, aider les organisationsde personnes en situation de handicap à renfor-cer leurs organisations et à jouer leur rôle en tantqu’organismes de la société civile d’une manièreefficace.

Coopération avec le gouvernementIl n’est pas nécessaire de donner de longuesexplications pour nous dire pourquoi nousdevrions coopérer avec notre gouvernement. Sivotre gouvernement a ratifié la Convention desNations Unies concernant les droits des per-sonnes handicapées il doit modifier les lois pourqu’elles soient conformes à la convention. Dansde nombreux pays, il existe une loi séparée sur lehandicap qui promeut les droits des personnesen situation de handicap. C’est également àvotre gouvernement d’assurer l’accès aux ser-vices de base, comme les services d’éducation,médicaux et de réhabilitation.

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←←Mais elles peuventparfois perdre le contact avec leursclients

←←Les organisations depersonnes en situationde handicap offrentdes lieux de rencontreaux personnes ensituation de handicap

←←Aidez les personnesen situation de handicap à accéderaux services gouvernementaux

Page 62: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

En revanche, c’est à vous d’aider les personnesen situation de handicap dans vos projets à accé-der aux programmes et services offerts par legouvernement. Aidez-les à obtenir une carted’invalidité pour qu’elles puissent bénéficier desavantages liés. Orientez les personnes en situa-tion de handicap vers les cliniquesgouvernementales et les programmes de réhabi-litation. Certains gouvernements ont même créédes centres de ressources pour l’éducation inclu-sive pour promouvoir l’inclusion des enfants ensituation de handicap dans les écoles ordinaires.

Prestataires de servicespour personnes en situation de handicapLes prestataires de services pour personnes ensituation de handicap comme les hôpitaux, lesateliers d’orthopédie, les centres de réhabilita-tion et les programmes communautaires deréhabilitation mais aussi les écoles spéciales sontdes ressources très importantes que vous devriezutiliser en orientant les personnes concernéesvers elles. Ils offrent des évaluations, des servicesde conseil, des consultations, et des services dethérapie et de réhabilitation qui pourraient êtrenécessaires. En outre, ils peuvent jouer un rôledans la formation d’enseignants et dans la mise àdisposition d’informations accessibles en fournis-sant du matériel en braille ou des servicesd’interprétariat en langue des signes.

Une nouvelle tendance au sein de nombreuxpays est l’introduction et le développement de lasoi-disant réhabilitation communautaire (CBR –community-based rehabilitation). C’est une stra-tégie visant à augmenter la qualité de vie despersonnes en situation de handicap. Il s’agitd’une coopération étroite avec les personnes ensituation de handicap, leurs familles et les pres-tataires de services visant à éliminer les barrièresqui excluent les personnes concernées de la par-ticipation à la vie communautaire. Lesprogrammes CBR sont souvent gérés par desONG ou les gouvernements. Il est important decréer un lien avec les programmes CBR existantset de devenir membre de leur réseau multisecto-riel. Vous pouvez orienter les personnes en

situation de handicap vers le programme CBRpour leurs besoins liés au handicap et, enrevanche, le programme CBR peut orienter lespersonnes en situation de handicap vers vouspour que vous les incluiez dans vos programmesde développement. Cela mènera certainement àune coopération fructueuse.

Les programmes de réhabilitation et écoles com-munautaires peuvent également travailler deconcert pour l’inclusion. Le programme CBR metl’accent sur le changement des opinions néga-tives envers les enfants en situation de handicap.Il peut aussi proposer des ateliers de sensibilisa-tion au handicap pour les élèves en classe.L’école peut accueillir les enfants, rendre soninfrastructure accessible et trouver des solutionspratiques pour les modifications nécessaires – encoopération avec le programme CBR.

Orientation vers d’autres organisationsconventionnellesEt, dernier point, mais non le moindre, vouspourriez aussi orienter les personnes en situationde handicap et les membres de leurs famillesvers les programmes des autres ONG de déve-loppement. Si vous incluez un enfant ensituation de handicap dans votre programmemais que la famille de cet enfant vit dans desconditions d’extrême pauvreté, essayez de lesinscrire à un projet générateur de revenus. Ouorientez les personnes en situation de handicapqui ne savent ni lire ni écrire vers un programmed’alphabétisation.

Nous aimerions conclure en disant qu’un vraipartenariat mènera à un apprentissage mutuel età un échange de connaissances et d’expertise etcontribuera grandement à un développementinclusif couronné de succès. Les partenariatsnécessitent cependant un investissementcontinu de la part de tous les partenaires. Unamour non partagé ne fonctionnera pas !

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→Un investissementcontinu dans les partenariats est

nécessaire

→→Aidez-les à trouverune place dans des

projets générateurs derevenus

→→Les autres ONG

peuvent vous aider

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Devenir une organisation

inclusive des personnes en

situation de handicap

Page 66: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

La plupart des organisations de développementcommencent le processus de l’inclusion du han-dicap par un projet pilote. C’est exactement ceque nous avons fait dans notre programme d’ap-prentissage. Nous avons commencé en incluantdes personnes en situation de handicap dans desprojets pilotes pour en apprendre plus sur le pro-cessus entier de l’inclusion. Nous avons toutefoisvite découvert que les projets pilotes seuls necréent pas d’attention soutenue à l’inclusion despersonnes en situation de handicap dans nosprogrammes. Un changement au niveau de l’or-ganisation est nécessaire. L’inclusion despersonnes en situation de handicap ne com-prend pas seulement l’inclusion dans les projetset programmes mais touche aussi aux valeurs,systèmes et politiques de l’organisation. Les bar-rières à la participation égale n’existent pas qu’ausein de nos projets mais aussi dans nos politi-ques, bureaux et sur nos sites web.

Nous avons aussi compris qu’il était essentield’ancrer l’inclusion des personnes en situation dehandicap dans les politiques, structures et systè-mes de nos propres organisations pour éviterqu’avec le temps, ce sujet ne disparaisse desordres du jour.

Pour atteindre un changement durable il ne nousfaut pas seulement des projets incluant les per-

sonnes en situation de handicap mais des organi-sations inclusives. Mais quels sont les critèresd’une organisation inclusive ? Et quel type deprocessus de changement est nécessaire pourdevenir une telle organisation ?

Au cours du programme thématique d’apprentis-sage, nous avons développé une courte liste decontrôle qui aide à déterminer le degré d’inclu-sion des personnes en situation de handicap ausein d’une organisation. Cette liste a été crééepour des organisations européennes de dévelop-pement qui travaillent avec des organisationspartenaires locales et agissent souvent commeorganisations donatrices. Certaines questions neseront peut-être pas entièrement applicables àvotre propre organisation, mais la liste de con-trôle vous donnera une idée de la position devotre organisation.

Ne soyez pas choqué si le résultat du test devotre organisation est seulement de niveau 1 ou2. Les organisations ayant participé au pro-gramme d’apprentissage thématique ont aussicommencé avec des scores peu élevés. Maisdeux ou trois ans plus tard, certaines organisati-ons atteignent déjà les niveaux 3 ou 4. Le progrèsdans le travail de rendre votre organisation inclu-sive peut se réaliser aussi vite que cela.

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Qu’est-cequ’une organisationinclusive ?

→Osez faire le test !

→Un changement

au niveau de l’organisation

est essentiel à ladurabilité

Page 67: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

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Niveau 4

L’inclusion des personnes en situation de handicap d’un pointde vue basé sur les droits est unélément transversal dans notreorganisation et est définie danstous nos documents de stratégieet politiques sectorielles.

Le handicap est mentionné dans la politique de diversité desressources humaines et des actions positives (par exemple, le placement des offres d’emploidans des réseaux de personnes ensituation de handicap) sont prisespour embaucher des personnes ensituation de handicap.

Les personnes en situation dehandicap représentent au moins 2 % du personnel, du comité directeur et des volontaires.

Les données sur le handicap sont recueillies dans tous les programmes.

Le handicap est mentionné danstous les formats pertinents de planification, suivi et évaluation, y compris le rapport annuel del’organisation.

Les personnes en situation dehandicap sont incluses dans laconception, planification, suivi et évaluation de tous les programmes.

6 % ou plus des bénéficiaires denos programmes ordinaires sontdes personnes en situation dehandicap.4

Tous les programmes sont caractérisés par une coopérationactive avec des organisations de personnes en situation de handicap et des prestataires de services spécialisés dans le handicap (y compris le gouverne-ment).

3-7 % du budget sont allouésà/disponibles pour l’inclusion des personnes en situation dehandicap dans nos programmesou projets.

Niveau 3

L’inclusion des personnes en situation de handicap d’un pointde vue basé sur les droits est mentionnée dans les documentsde stratégie et définie dans quel-ques politiques sectorielles.

Le handicap est mentionné dansla politique de diversité des res-sources humaines.

Les données sur le handicap sontrecueillies dans plus de la moitiédes programmes.

Le handicap est mentionné dans la majorité des formats deplanification, suivi et évaluation.

Dans plus de la moitié des programmes, les personnes ensituation de handicap sont consul-tées concernant la conception,planification, suivi et évaluationdes programmes.

4-5 % des bénéficiaires de nos programmes ordinaires sont despersonnes en situation de handicap.

Dans plus de la moitié des programmes, il existe une coop-ération avec des organisations de personnes en situation de handicap et des prestataires deservices spécialisés dans le handi-cap (y compris le gouvernement).

2 % du budget sont alloués à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans nosprogrammes.

Niveau 2

L’inclusion des groupes marginali-sés est mentionnée dans lesdocuments de stratégie et lespolitiques sectorielles mais lesactions ne sont pas clairementdéfinies.

Il existe une politique de diversitédans l’organisation mais le handi-cap n’y est pas mentionné.

Les données sur le handicap sontrecueillies dans moins de la moitiédes programmes.

Le handicap est mentionné danscertains formats de planification,suivi et évaluation.

Dans moins de la moitié des programmes, les personnes ensituation de handicap sont consultées concernant la conception, planification, suivi et évaluation des programmes.

1-3 % des bénéficiaires de nos programmes ordinaires sont des personnes en situation dehandicap.

Dans moins de la moitié des programmes, il existe une coopé-ration avec des organisations de personnes en situation de handicap et des prestataires deservices spécialisés dans le handi-cap (y compris le gouvernement).

0-1 % du budget sont alloués àl’inclusion des personnes en situation de handicap dans nosprogrammes.

Les personnes en situation de handicap représentent au moins 1 % dupersonnel, du comité directeur et des volontaires.

Niveau 1

Le handicap ou les personnes en situation de handicap ne sontpas inclus dans nos documents de stratégie ou nos politiques sectorielles.

Il n’existe aucune politique dediversité des ressources humainesau sein de l’organisation. Aucunemesure n’est prise pour embau-cher des personnes en situationde handicap.

Il n’existe aucun membre du personnel ou du comité directeuret aucun volontaire en situationde handicap dans l’organisation.

Les données sur le handicap ne sont pas recueillies dans lesprogrammes.

Le handicap n’est pas mentionnédans les formats de planification,suivi et évaluation.1

Les personnes en situation dehandicap2 ne sont pas inclusesdans la conception, planification,suivi et évaluation des pro-grammes.

Le nombre de bénéficiaires ensituation de handicap participantaux programmes ordinaires3 estnégligeable.

Dans nos programmes, il n’existeaucune coopération avec desorganisations de personnes ensituation de handicap et des prestataires de services spécialisés dans le handicap (y compris le gouvernement).

Aucun budget n’est alloué à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans nosprogrammes.

Secteur

Politique

Gestion des ressources humaines

Planification, suivi et évaluation

Programmes

Quel est le degré d’inclusion des personnes en situation de handicap dans votre organisation ?

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Niveau 3

Les droits des personnes en situation de handicap sont inclusdans la majorité des activités existantes de lobbying, de plaidoyer et de réseautage del’organisation.

Les salles de réunion, les toilettes et une partie desbureaux sont accessibles aux personnes en situation de handicap.

L’accessibilité est prise encompte lors de l’organisationd’évènements. La majorité desévènements est accessible auxpersonnes en situation de handicap.

L’accessibilité du site web estvérifiée, et le site est assez accessible.

La possibilité d’obtenir des bulletins et informations sous unformat accessible est communi-quée activement.

La majorité du personnel a reçu une formation ponctuelleconcernant les droits des personnes en situation de handicap et leur inclusion dansles programmes ordinaires.

L’organisation propose des formations sur les droits des personnes en situation de handi-cap et l’inclusion des personnesen situation de handicap auxorganisations partenaires locales.

Niveau 4

Les droits des personnes en situation de handicap sontinclus dans toutes les activitésexistantes de lobbying, de plaidoyer et de réseautage del’organisation.

Tout le bureau, y compris tousles espaces de travail, salles deréunion et toilettes sont accessi-bles aux personnes en situationde handicap.

Tous les évènements organiséspar notre organisation sontaccessibles aux personnes ensituation de handicap.

Le site web est entièrementaccessible et les bulletins/brochures sont disponibles sousdes formats accessibles.

Des services d’interprétariat enlangue des signes sont toujoursdisponibles en tant qu’option.

Le personnel reçoit régulière-ment une formation concernantles droits des personnes en situation de handicap et leurinclusion dans les programmesordinaires.Le personnel est encouragé àtravailler activement à l’inclu-sion des personnes en situationde handicap.

L’organisation propose, de façonsystématique, des formationssur les droits des personnes ensituation de handicap et l’inclu-sion des personnes en situationde handicap à ses organisationspartenaires locales.

Niveau 2

Les droits des personnes en situ-ation de handicap sont inclusdans certaines activités existan-tes de lobbying, de plaidoyer etde réseautage de l’organisation.

Les salles de réunion et les toilettes sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Les bureaux ne sontpas accessibles.

L’accessibilité n’est pas prise encompte quand l’organisationorganise des évènements5, mais 50 % des évènements sontaccessibles aux personnes ensituation de handicap.

L’accessibilité du site web estvérifiée, et le site est partielle-ment accessible.

Les bulletins et les informationssont rendus accessibles surdemande.

Certains membres du personnelont reçu une formation ponctu-elle concernant les droits despersonnes en situation de handicap et leur inclusion dansles programmes ordinaires.

L’inclusion des personnes en situation de handicap est discutée avec les organisationspartenaires locales.

Niveau 1

Les droits des personnes ensituation de handicap ne sont pasinclus dans les activités existan-tes de lobbying, de plaidoyer etde réseautage de l’organisation.

Les bureaux, les salles de réunionet les toilettes de l’organisation ne sont pas accessibles aux per-sonnes en situation de handicap.

L’accessibilité n’est pas prise encompte quand l’organisationorganise des évènements5. Unfaible pourcentage des évène-ments seulement est accessibleaux personnes en situation dehandicap.

Le site web et les autres sourcesd’information ne sont pas acces-sibles aux personnes ayant unedéficience visuelle.

Il n’existe pas d’aménagementspour les personnes ayant besoind’interprétariat en langue des signes.

Pour le moment, il n’existe pas de formation pour le personnelde l’organisation concernant lesdroits des personnes en situationde handicap et leur inclusiondans les programmes ordinaires.

L’inclusion des personnes en situation de handicap n’est pasdiscutée avec les organisationspartenaires locales.

Secteur

Lobbying/plaidoyer/réseautage

Accessibilté

Renforcement descapacités

Des services d’interprétariat en langue des signes sont disponibles surdemande.

1. Pensez aux études de base, formats de proposition, de rapport, de visite sur le terrain, d’évaluation, rapports annuels, etc.2. Ou, s’il s’agit d’enfants, leurs tuteurs pourraient être inclus dans la conception de programme.3. Le terme « ordinaire » est utilisé pour désigner les programmes non spécialisés dans le handicap.4. Personnes en situation de handicap dans les programmes : ce terme inclue les personnes s’occupant des personnes en situation de

handicap si elle est incapable de participer.5. Un évènement peut être un séminaire, une conférence ou un cours de formation mais aussi une activité sponsorisée telle qu’un

concert ou une marche sponsorisée.

Page 69: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Vous avez peut-être fait le test ci-dessus etdécouvert qu’il faut prendre de nombreusesmesures pour rendre votre organisation inclusiveaux personnes en situation de handicap. Nousvous proposons ici des informations sur la façond’organiser un processus de changement réussi.Il existe de nombreuses théories concernant lafaçon dont les organisations changent et lafaçon de planifier et gérer un processus de chan-gement. Nous allons nous servir du modèle dechangement à huit étapes selon Kotter

4.

Les huit étapes du changement au sein d’uneorganisationEtape 1 – Créer un sentiment d’urgenceEtape 2 – Créer une puissante coalitionEtape 3 – Créer une vision pour le changementEtape 4 – Communiquer la visionEtape 5 – Eliminer les obstaclesEtape 6 – Créer des réussites à court termeEtape 7 – Approfondir le changementEtape 8 – Ancrer les changements au sein del’organisation

Kotter souligne qu’au sein d’une organisation, lechangement ne se produit pas du jour au lende-main mais exige beaucoup de travail. Uneplanification soigneuse et la construction de fon-dations solides sont vitales à la facilitation de lamise en œuvre et augmenteront les chancesd’une réussite. Les pièges pour les agents dechangement sont l’impatience et des attentestrop élevées.

Créer un sentiment d’urgenceIl faut développer un sentiment d’urgence dubesoin de changement au sein de l’organisationentière. Selon Kotter, au moins 75 % des gérantsde l’organisation doivent « croire » au changementpour qu’il soit couronné de succès. Cela veut direque la première étape est cruciale. Du temps et del’énergie considérables doivent être investis pourcréer ce sentiment d’urgence avant de passer auxétapes suivantes. Ce n’est souvent pas un facteurisolé qui crée ce sentiment d’urgence mais plutôtune combinaison de plusieurs facteurs.

Pour EFICOR en Inde, le tremblement de terre àGujarat fut un point de départ. Le directeur exé-cutif, le révérend Kennedy Dhanabalan explique :

67

Commentdevenir uneorganisationinclusive

←Il est possible de planifier un processusde changement

←←75 % des gérants del’organisation doiventcroire au besoin dechangement

Page 70: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

« Au cours de l’intervention après le tremblementde terre à Gujarat en 2001, EFICOR a compris qu’ilfallait mettre un accent particulier sur les per-sonnes en situation de handicap dans lesopérations de secours d’urgence. Ils ont remarquéque les gens se battaient et couraient derrière lescamions pour recevoir des aliments. Les personnesen situation de handicap étaient incapables de fairela même chose et étaient donc laissées pourcompte. Suite à cette expérience, nous avons com-mencé à prêter attention aux personnes ensituation de handicap dans nos programmes deréduction des risques de catastrophes. Par exemple,en formant le personnel pour sauver les personnesen situation de handicap et en rendant les refugesaccessibles. »

« Au cours d’une de nos campagnes nous avons enoutre décidé de nous concentrer sur les groupesvulnérables, y compris les personnes en situation dehandicap. C’était donc logique pour nous de fairepartie du programme de renforcement des capaci-tés proposé par notre donateur, Tear Netherlands.Au sein de notre organisation, nous voulons mettreen pratique ce que nous prêchons, nous souhaitonsdonc vraiment travailler pour l’inclusion des per-sonnes en situation de handicap. »

Le directeur exécutif a discuté de l’idée de l’in-clusion du handicap avec son comité directeur,et les membres ont donné le feu vert pour lacréation d’une politique d’inclusion du handicap.

L’intervention de secours d’urgence fut un pointde départ, mais le sentiment d’urgence résultaaussi de l’accent qu’EFICOR avait mis sur lesgroupes vulnérables, de la culture de l’organisa-tion de mettre en pratique ce qu’elle prêche etde l’invitation d’un donateur à participer à unprogramme de renforcement des capacités.

Pour la Emanuel Hospital Association en Inde,l’urgence de faire quelque chose pour les per-sonnes en situation de handicap est née quandl’un des gérants a eu un enfant en situation dehandicap. Tout d’un coup, il est devenu conscientdes besoins des enfants en situation de handicapet a voulu faire quelque chose. L’organisation acommencé par proposer des services institution-nels de réhabilitation aux enfants en situation dehandicap. Quelques années plus tard, les organi-

sateurs ont réalisé qu’ils seraient plus efficacess’ils travaillaient dans les communautés et prê-taient attention au handicap dans tous leursprogrammes. A partir de là, l’EHA a commencé àinclure le handicap dans tous les projets.

Mais ce sentiment d’urgence ne se crée pasautomatiquement dans toutes les organisations.Convaincre les gérants d’une organisation qu’il yexiste un besoin urgent d’inclure les personnesen situation de handicap peut parfois être unprocessus intensif. Créer un lien entre l’inclusiondes personnes en situation de handicap et lastratégie principale de votre organisation peutsouvent se révéler utile. Si le but de votre organi-sation est d’aider les groupes marginalisés,montrez que les personnes en situation de han-dicap sont un groupe marginalisé. Si votreorganisation s’occupe des droits des personnes,mettez l’accent sur les droits des personnes ensituation de handicap. Si la devise de votre orga-nisation est « l’éducation pour tous », expliquezqu’un tiers des enfants qui ne vont pas à l’écolesont des enfants en situation de handicap. Dansle chapitre « Comment créer l’engagement dansvotre organisation » nous discuterons plus endétails de la façon dont il est possible de créer cesentiment d’urgence dans les organisations dedéveloppement.

Créer une puissantecoalitionPour convaincre les gens qu’un changement estnécessaire, il faut une direction solide et un sou-tien visible de la part des personnes clés au seinde l’organisation. Il faut réunir une coalition ouune équipe de personnes influentes dont le pou-voir est basé sur plusieurs sources, y comprisl’intitulé de poste, la position, l’expertise et l’im-portance politique. La « coalition duchangement » doit travailler en équipe et conti-nuer à souligner le sentiment d’urgence ainsi qu’àcréer une dynamique autour du besoin de chan-gement.Au cours de notre programme thématique d’ap-prentissage, nous formons des personnesresponsables pour stimuler et surveiller le pro-cessus au sein de leurs organisations. Nous avonsappris que la sélection de la personne responsa-

68

→Il faut créer un

sentiment d’urgence

→Liez l’inclusion des

personnes en situationde handicap à la

stratégie principale devotre organisation

→Il semble qu’une

équipe de personnesde différents

départements travaillebeaucoup mieuxqu’une personne

responsable travaillant seule

Page 71: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

ble est vitale. Cette personne devrait vraimentêtre nommée et il faut lui allouer du temps pourguider le processus d’inclusion du handicap ausein de l‘organisation. Elle devrait également êtrebien placée pour être capable de maintenir leprocessus. Et, dernier point, mais non le moin-dre, la personne responsable a besoin del’engagement et du soutien de la haute gestion.Certaines organisations travaillent avec uneéquipe de projet composée de personnes de dif-férents départements. Cela semble marcherbeaucoup mieux qu’une personne travaillantseule. Ceci est particulièrement vrai en ce quiconcerne les grandes organisations.

EFICOR Inde travaille avec une équipe. L’organi-sation a nommé deux personnes responsables demaintenir le sujet à l’ordre du jour, de développerdes stratégies et de surveiller la mise en œuvre.Le directeur exécutif soutient autant que possi-ble les personnes responsables, par exemple, enparticipant aux cours de formation ou en organi-sant des réunions d’évaluation avec lespersonnes responsables après les cours de for-mation.

« Je suis président d’un sous-groupe sur l’éducationinclusive, » explique le directeur exécutif de NVEA,Ethiopie. « Dans ce groupe, nous partageons desexpériences et discutons des possibilités d’exposeraux collègues l’idée d’inclure les enfants en situa-tion de handicap dans l’éducation. Nous jouons unrôle important dans la sensibilisation des autres. »

La bonne nouvelle est qu’une personne respon-sable motivée qui s’est attribué ce rôleelle-même peut toujours faire un travail impor-tant de lobbying dans sa propre organisation etréussir à mettre l’inclusion à l’ordre du jour. Sivous êtes donc la seule voix enthousiasmée parla réalisation d’un changement dans votre orga-nisation, essayez d’abord de convaincre lespersonnes clés et d’en faire vos meilleures alliées.Créez une équipe pour la promotion de l’inclu-sion à plusieurs niveaux.

Créer une vision pour lechangement

Une vision claire du changement que vous sou-haitez peut aider les gens à comprendrepourquoi ils doivent faire les choses différem-ment. Les informations et instructions qu’ilsreçoivent ont alors tendance à être plus compré-hensibles.

Il est important de créer un plan simple décri-vant la façon dont votre organisation travaillerasur l’inclusion des personnes en situation de han-dicap. Cela commence par la définition d’unobjectif clair : par exemple, par la déclarationque vous considérez que les personnes en situa-tion de handicap font partie de votre groupecible et que vous cherchez à atteindre une parti-cipation égale à tous vos programmes. Sipossible, développez ce plan avec vos collègues.S’ils participent à la conception du processus dechangement ils auront l’impression d’en être res-ponsables. Au cours du programmed’apprentissage thématique, nous avons apprisqu’il est important de diviser le processus dechangement en étapes simples et concrètes ;présentez donc une stratégie claire et expliquezce que vous attendez de tout le monde

EHA en Inde, par exemple, a développé une visionaccrocheuse du changement. Ils utilisent le slogan« Apprendre à voir, apprendre à faire, apprendre àlaisser vivre, apprendre à aimer ». Toutes les activi-tés liées à l’inclusion des personnes en situation dehandicap appartiennent à une de ces catégories. «Apprendre à voir » représente, par exemple, la for-mation et sensibilisation des gérants et du personnel

69

←←Faites vos alliés despersonnes clés

Dave Lipton sur www.crippencartoons.co.uk

Et ils sont même pas en braille!

Barrière psycholo-gique

Barrière environne-mentale

Barrière d’infor-mation

Page 72: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

de projet et l’identification des personnes en situa-tion de handicap utilisant des évaluations et dessondages. « Apprendre à faire » décrit l’inclusion duhandicap dans tous les matériels de formation, tousles manuels et tous les rapports de suivi. Le résultatest que le handicap est automatiquement inclutdans toutes les activités de projet. « Apprendre àfaire » également encourage le personnel de projet àaider les personnes en situation de handicap à accé-der aux prestations gouvernementales comme 100jours de travail par année ou rentes.

Communiquer la vision

La vision doit être communiquée fréquemmentet puissamment et doit être intégrée dans toutce que vous faites. Si la vision est mentionnéechaque jour lorsque vous prenez des décisions etrésolvez des problèmes, les gens s’en souvien-dront et y réagiront. Il est important de joindrel’acte à la parole : ce que vous faites est beau-coup plus convainquant que ce que vous dites.

La communication de la vision de l’inclusion peutse faire de nombreuses manières différentes. Lafaçon la plus formelle est bien sûr d’organiserune formation du personnel, mais vous pouvezégalement mettre l’accent sur le sujet de l’inclu-sion de plusieurs manières informelles, commeau cours des réunions de personnel, des prièresou à l’occasion d’une activité d’équipe. Voustrouverez plus d’informations sur ce sujet dans lechapitre sur la sensibilisation.

Eliminer les obstacles

Certaines personnes sont résistantes au change-ment et certaines structures et processus yferont obstacle. Il est donc important d’éliminerles obstacles pour que les gens soient habilités àmettre la vision en œuvre. Il existe de nombreuxprétextes qui nous empêchent d’agir. « L’inclu-sion des personnes en situation de handicap esttrop coûteuse » ; « Les donateurs ne la souhai-tent pas » ; « Nous avons déjà tant d’autresproblèmes à régler ». Dans le chapitre « Com-ment créer l’engagement dans votre organisation», nous expliquerons la manière dont vous pou-vez surmonter cette résistance.

Créer des réussites à court terme

Le succès est un facteur de motivation majeur.Quelques réussites visibles tôt dans le processusde changement serviront d’inspiration. Sans cessuccès, le personnel pourrait perdre tout intérêtou même développer des associations négativesau processus de changement 9.

Au cours du programme d’apprentissage théma-tique, nous avons utilisé des projets pilotes enEthiopie et en Inde comme réussites à courtterme. Cela a bien fonctionné : dans un délairelativement bref, les organisations ont puinclure les personnes en situation de handicapdans leurs projets. De nombreuses organisationsde développement préfèrent commencer par desprojets pilotes et utiliser ensuite leurs expé-riences pour ancrer l’accent sur le handicap dansleurs structures organisationnelles. Un projetpilote peut également être utilisé pour convain-cre la haute gestion de la viabilité de l’inclusiondes personnes en situation de handicap. Voirc’est croire !

Approfondir le changementComme un vrai changement prend du temps,Kotter nous déconseille de déclarer victoire troptôt. Les succès rapides ne sont que le début duprocessus vers un changement à long terme.Continuez à chercher à améliorer les choses.Chaque réussite nous donne l’occasion d’appro-fondir les mesures qui fonctionnent et nousmontre ce qu’il faut améliorer. L’inclusion nepourra pas être réalisée du jour au lendemain ; ilfaut continuer à éliminer des barrières. N’arrêtezdonc pas après avoir fini un projet pilote : utili-sez-le pour apprendre à mieux adapter d’autresprojets et votre organisation entière aux per-sonnes en situation de handicap. Selon notreexpérience, les organisations peuvent prendrecinq ans pour vraiment inclure le handicap dansleur structure entière. Faites-le pas à pas.

70

→→Des projets pilotespeuvent inspirer un changement

plus large

→Ne déclarez pas

victoire trop vite : unvrai changementprend du temps

→→Les changements

doivent être intégrésdans la routine

→Définissez unobjectif clair

→Ce que vous faites est beaucoup plus

convainquant que ceque vous dites

Page 73: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Ancrer les changementsau sein de l’organisationLes changements devraient être incorporés etfaire partie de la pratique courante dans tous lesaspects de l’organisation. Les valeurs derrière lavision doivent être visibles au cours du travail detous les jours. Adaptez les politiques et systèmesà la nouvelle vision pour que les gens soientautomatiquement habilités à la mettre en œuvre.

Ceci est un aspect très important. Si l’inclusiondes personnes en situation de handicap estancrée dans les systèmes organisationnelscomme la planification, le suivi et l’évaluation outous les manuels de formation, le sujet fera auto-matiquement partie du travail de tous les jours.Dans le chapitre traitant de l’inclusion du handi-cap dans les organisations, nous expliquerons lamanière dont vous pouvez intégrer le handicapdans les politiques et stratégies générales devotre organisation, inclure le handicap dans lesystème de suivi existant et mieux adapter votregestion des ressources humaines aux personnesen situation de handicap.

EFICOR en Inde, par exemple, a récemment crééune politique de l’inclusion du handicap. Ledirecteur exécutif, révérend Kennedy Dhanaba-lan, explique :

71

« Nous souhaitons inclure les personnes en situation de handicap dans tous nosprogrammes et embaucher des personnes en situation de handicap. Nous créeronsdes postes spéciaux pour assurer qu’elles ne soient pas refusées en raison d’uneforte concurrence. Le handicap sera également inclus dans tous les programmes deformation d’EFICOR. Le sujet ne sera donc pas seulement intégré dans la formationde notre propre personnel mais aussi dans la formation d’autres organisations. Noussommes déjà en train de rendre les bureaux d’EFICOR accessibles. Pour le moment,nous attendons l’autorisation du propriétaire pour la construction d’une rampe etde toilettes accessibles. »

Page 74: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Traiter les prétextes courants pour laisser lespersonnes en situation de handicap de côté Prétexte 1 – ce n’est pas économiqueCette argumentation se base sur quelques hypo-thèses erronées. D’abord, c’est l’idée quel’inclusion des personnes en situation de handi-cap est très coûteuse. Les gens envisagentsouvent des dépenses élevées pour des équipe-ments d’assistance, interventions chirurgicales,aides financières ou transports spécialisés. Cetteidée a ses racines dans l’approche médicale au

handicap qui considère le handicap comme unproblème médical qui ne peut être résolu quemoyennant des traitements et équipements coû-teux et des programmes de formationspécialisés. Il existe bien sûr des coûts liés à l’in-clusion des personnes en situation de handicapdans les programmes ordinaires, mais ces coûtsne sont pas très élevés. 2-7 % du budget de pro-gramme étaient suffisants dans les exemples deprogrammes que nous avons vus. Ce sont lescoûts pour rendre le programme accessible auxpersonnes en situation de handicap. Pour desinterventions spécifiques au handicap, les organi-sations conventionnelles devraient orienter lespersonnes concernées vers d’autres prestatairesde services.

72

Comment créerl’engagementdans votreorganisation Une leçon importante tirée du programme d’apprentissage thématique est qu’ilfaut attendre un certain temps avant que les organisations soient prêtes et capa-bles de s’engager entièrement pour l’inclusion des personnes en situation dehandicap. Nous avons eu de longues discussions sur la manière d’atteindre l’enga-gement total de nos collègues et nos gérants pour l’inclusion du handicap au seinde l’organisation entière. Nous avons rencontré de nombreux prétextes et obsta-cles bornés qui empêchent l’inclusion des personnes en situation de handicap. Sivous souhaitez créer l’engagement au sein de votre organisation, vous devezd’abord aborder ces prétextes.

→Les prétextes pour ne pas inclure les

personnes en situationde handicap peuvent

être enracinés profondément

→Ce prétexte est basésur des hypothèses

erronées

Page 75: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

« Lors d’une analyse de besoins pour l’inclusiond’enfants en situation de handicap dans nosécoles, nous avons constaté un besoin debéquilles et d’autres équipements d’assistance, »dit le directeur exécutif de RLDO, Ethiopie. «Nous avions peur de ne pas avoir assez d’argentpour acheter ces équipements. Mais lors de laréunion annuelle de notre comité directeur, jeme suis rendu compte que le directeur de Handi-cap International dans notre région en faisaitpartie. Heureusement, ils étaient en train dedresser des projets pour aussi proposer leurs ser-vices dans notre région. Maintenant noussommes en train de discuter des possibilités des’entraider. »

Une autre conviction sur laquelle se base ledébat de l’économie est que les personnes ensituation de handicap ne sont pas capables defournir une performance aussi efficace que lesautres. Cette idée a ses racines dans l’approchebasée sur la charité qui considère les personnesen situation de handicap comme faibles, dépen-dantes et incapables de fournir une performance.Cela n’est pas correct. La plupart des personnesen situation de handicap sont capables de four-nir la même performance que toutes les autrespersonnes à condition que les barrières empê-chant leur participation soient éliminées.Lorsque les gens parlent de coûts, ils oublientsouvent que les personnes en situation de handi-cap ont le droit d’être incluses. Nous ne parlonspas de coûts pour l’inclusion des femmes dans ledéveloppement. Nous ne parlons pas de coûtspour l’inclusion des enfants. Pourquoi donc par-ler de coûts s’il s’agit d’inclure les personnes ensituation de handicap ? Si les personnes en situa-tion de handicap sont considérées commefaisant partie du groupe cible, le débat entier surles coûts supplémentaires disparaîtra probable-ment ou pourra être réduit aux coûts de basepour rendre les projets accessibles.

Dans la coopération au développement, il estbeaucoup moins cher et plus durable d’intégrerle handicap dans les programmes de développe-ment que de créer des interventions ponctuellesspécifiques au handicap basées sur des projets.L’inclusion est moins chère puisqu’elle se basesur l’infrastructure existante. Les écoles, parexemple, existent déjà. Il faut juste les rendre

accessibles. Un autre avantage est le fait que ledéveloppement inclusif touche plus de per-sonnes en situation de handicap dans leurspropres communautés. Cela crée une accepta-tion sociale au sein de la communauté. Il est trèscoûteux de construire des institutions spéciales,d’embaucher des professionnels de la santé etd’importer de l’équipement technique, et seul unfaible pourcentage des personnes qui en a besoinen bénéficiera.

Si, au sein de votre organisation, l’argument del’économie est très fort, l’organisation d’une réu-nion de sensibilisation au cours de laquelle voussoulignez les différentes approches au handicapet discutez des implications du développementinclusif vous aidera probablement.

Prétexte 2 – nous n’avons pas d’expertisepour le faireL’idée derrière ce prétexte est que les personnesen situation de handicap ne peuvent apprendreet faire des progrès que si elles sont guidées pardes experts dans le domaine du handicap. Selonnotre expérience, 80 % des personnes en situa-tion de handicap sont capables de participer à lavie sociale sans interventions spécifiques supplé-mentaires ou grâce à des interventionscommunautaires à faible coût qui ne nécessitentaucune expertise spécifique de réhabilitation.5

73

←←Il est beaucoup moinscher d’inclure lehandicap que de créerdes interventions spécifiques au handicap

Les coûts de l’exclusion• La perte à long terme du potentiel productif des personnes en situa-

tion de handicap en raison d’un manque d’occasions appropriées deréhabilitation, éducation et formation professionnelle.

• Les coûts supplémentaires pour la famille, la communauté et l’étatliés à la prise en charge de la personne en situation de handicap quiaurait pu devenir indépendante.

• Au niveau familial : une perte de revenus en raison du temps néces-saire à s’occuper des membres de la famille en situation de handicap.Les enfants de parents en situation de handicap ne vont pas à l’écoleparce qu’ils doivent s’occuper de leurs parents ou parce qu’ils n’ontpas assez d’argent pour aller à l’école.

• Les frais médicaux supplémentaires qui auraient pu être évitésmoyennant des exercices ou de la réhabilitation de base quiempêchent que les déficiences s’empirent – par exemple, des inter-ventions chirurgicales pour contractures en raison d’une paralysiecérébrale ou d’un syndrome post-polio.

Page 76: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Les 20 % restants incapables de participer active-ment aux programmes de développementconventionnels et d’en bénéficier sans mesuresspécifiques (par exemple, la mise à dispositiond’une prothèse ou d’un fauteuil roulant, d’unephysiothérapie ou d’une intervention chirurgi-cale), peuvent et devraient être orientés vers desorganisations spécialisées dans le handicap,comme les ateliers orthopédiques, les services dephysiothérapie et les institutions d’éducationpour besoins spéciaux. Ces prestataires de ser-vices spécifiques peuvent assurer lesinterventions nécessaires, fournir l’équipementrequis et effectuer les adaptations nécessaires

Prétexte 3 – nous sommes déjà surchar-gés ; nous n’avons pas le temps de réglerencore un autre problèmeSelon nous, cet obstacle est le plus difficile à éli-miner. Comment réagir à ce point de vue qui est,après tout, très compréhensible ? Les praticiens

du développement s’occupent bien sûr de beau-coup de problèmes différents, comme le climat,l’égalité des sexes ou les droits. Nous compre-nons donc que les personnes concernées ne sontpas vraiment heureuses d’y ajouter un nouveauproblème. La meilleure façon de faire face à cetobstacle au sein de votre organisation est de lierl’inclusion des personnes en situation de handi-cap à la mission principale de l’organisation. Celapourrait être l’éducation pour tous ou l’assis-tance aux plus pauvres. En général, le temps quevous investissez pour réaliser votre mission prin-cipale n’est pas considéré comme une charge detravail supplémentaire.

Une autre façon de gérer le manque de tempsest de commencer à inclure le handicap dans lesactivités déjà existantes. Si vous organisez doncune conférence de partenaires, incluez un ateliertraitant le sujet du développement inclusif. Sivous êtes chargé de recueillir des histoires

74

→→Une discussion ouvertepeut clarifier les pointsde vue concernant le

handicap

Page 77: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

vécues pour le prochain bulletin d’information devotre organisation, incluez une histoire vécue d’unbénéficiaire en situation de handicap. Si vous êtesen train de réviser la politique de l’éducation devotre organisation, écrivez un chapitre sur l’édu-cation inclusive. Si vous devez autoriser unenouvelle proposition de la part d’une organisationpartenaire, demandez-leur ce qu’ils feront pourinclure les personnes en situation de handicap.

Prétexte 4 – nous devons d’abord réglerles problèmes des personnes « normales »C’est un prétexte courant. Les gens se plaignentque la lutte contre la pauvreté est déjà assez dif-ficile. Pourquoi donc la rendre encore pluscompliquée pour nous-mêmes ? Nous pouvonsfaire face à ce prétexte en expliquant que lespersonnes en situation de handicap sont desgens normaux avec des besoins normaux. Lesorganisations de développement devraient met-tre l’accent sur les personnes qui sont exclues etopprimées. Ce type d’argumentation ne corres-pond donc probablement pas à la mission et auxvaleurs principales de nos organisations.

Prétexte 5 – notre donateur ne s’inté-resse pas à l’inclusion des personnes ensituation de handicap Les organisations chargées de la mise en œuvredans le sud hésitent souvent à inclure le handi-cap dans leurs propositions parce qu’elles ontpeur que leur donateur ne s’y intéresse pas ourefuse la proposition en raison des coûts élevés.Elles sont incertaines pour entamer la discussionde l’inclusion des personnes en situation de han-dicap avec leurs donateurs. Les organisationsdonatrices nous disent parfois : « Nous ne com-mencerons à travailler sur l’inclusion despersonnes en situation de handicap que lorsquenos organisations partenaires en feront lademande. » A qui donc de faire le premier pas ?WCAT en Ethiopie a fait ce pas et l’a finalementtrouvé assez facile.

Dans son programme de lutte contre le travaildes enfants financé par Kinderpostzegels, WCATinclue les enfants en situation de handicap parcequ’ils travaillent aussi. Le donateur est enthou-siasmé par cet accent mis sur les enfants ensituation de handicap puisque WCAT a expliquél’importance de ce problème dans le contexte de

l’Ethiopie où beaucoup d’enfants en situation dehandicap sont forcés de travailler. Selon WCAT,Kinderpostzegels reconnait l’importance de l’in-clusion de ces enfants dans la lutte contre letravail des enfants en Ethiopie. Les donateursinstitutionnels comme la Banque mondiale,USAID, l’Union Européenne et DFID ont récem-ment montré leur intérêt moyennant des optionsde financement créées spécifiquement pour l’in-clusion et la promotion des droits des groupesmarginalisés, y compris les personnes en situa-tion de handicap. Ayant ratifié la convention desNations Unies relative aux droits des personneshandicapées, les grands donateurs commel’Union Européenne sont obligés d’assurer la par-ticipation égale des personnes en situation dehandicap. Cela se reflète dans leurs directivespour les demandes de financement.

Mais les donateurs ne sont pas tous sensibles aubesoin d’inclusion des personnes en situation dehandicap. Le Ministère des Affaires étrangèresnéerlandais s’est montré hésitant en ce quiconcerne ce sujet. Et le climat économiqueactuel ne rend pas ce processus plus facile.Nous sommes d’avis que les organisations dedéveloppement conventionnelles ont un rôle àjouer dans cette discussion. Les donateurs necommenceront à autoriser des demandes que sile besoin de financement pour l’inclusion estexprimé.

« Nous devons défier les donateurs s’ils refusentd’accepter un poste budgétaire réservé à l’inclu-sion des personnes en situation de handicap, »dit Sue Coe, coordinatrice de l’inclusion du han-dicap chez World Vision. « Si les ONGn’indiquent pas les coûts, personne ne sera aucourant. »

Vous avez peut-être rencontré d’autres raisonsqui expliquent pourquoi l’inclusion des personnesen situation de handicap n’a pas lieu. Ici, nousavons mis l’accent sur les prétextes et obstaclesau niveau organisationnel. Des idées person-nelles concernant la source des handicaps et lescapacités des personnes en situation de handi-cap pourraient aussi empêcher l’inclusion. Notreexpérience a montré qu’une discussion ouvertepeut clarifier les points de vue concernant lehandicap.

75

←←Les grands donateurscomme l’Union Européenne sont obligés d’assurer laparticipation égale despersonnes en situationde handicap

Page 78: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Vous aurez évidemment besoin d’une approchepour convaincre les membres du comité direc-teur et la haute gestion qui est différente del’approche pour convaincre le personnel de pro-jet et administratif (par exemple, lesdépartements de communication, de gestion desressources humaines et des finances). Lors d’uneréunion du comité directeur, vous n’aurez proba-blement qu’une heure à votre disposition, tandisque vous aurez peut-être une journée avec lepersonnel du bureau. Qui que soit votre interlo-cuteur, le changement des points de vue est lepremier pas sur la voie de la création d’engage-ment. Il faut mettre en question les points devue traditionnels concernant le handicap et pré-senter une approche basée sur les droits.Comment y parvenir ?

Si vous réussissez à obtenir une journée de tra-vail de vos collègues, vous pourriez organiser unatelier. Travelling Together (Voyager Ensemble) –comment inclure les personnes en situation de han-dicap sur la grande route du développement est unprogramme de formation d’une journée déve-loppé par World Vision qui vous aideracertainement à créer un sentiment d’urgence ausein de votre organisation pour prendre l’inclu-sion des personnes en situation de handicap ausérieux. Un manuel clair ainsi que des documentset instructions pour la personne assurant la for-mation sont disponibles. Si vous ne disposez pasd’une journée entière, vous pouvez sélectionnerun ou deux des exercices mentionnés dans cesdocuments. The Game of Life (le jeu de la vie), unexercice interactif d’une heure qui aide à visuali-

ser la discrimination à laquelle font face les per-sonnes en situation de handicap est très utile entant qu’activité unique.

Mais, selon les organisateurs de campagnesexpérimentés dans l’inclusion du handicap, ilexiste également des manières plus informellesde sensibiliser vos collègues à ce sujet.

« Au cours des journées d’atelier, la discussion laplus fructueuse concernant l’inclusion du handi-cap a eu lieu pendant que je faisais la queue pouraller aux toilettes, » observe Saskia van Veen,chercheuse dans le programme d’apprentissagethématique. « Je bavardais avec une des partici-pantes et, tout d’un coup, nous avons touchédirectement à l’essence de la pratique de l’inclu-sion du handicap. En raison de cetenvironnement informel, il fut facile pour nousde parler librement, sans prudence stratégique. »

« Quand je rends visite à nos organisations par-tenaires dans le sud du Soudan, » ajoute BertienBos, coordinateur de programme de Light forthe World, « toute ma journée est réservée auxréunions officielles. Cela veut dire que je n’ai quepeu de temps pour discuter de nouvelles idées.En même temps, lors des visites de projets, nouspassons beaucoup de temps en route. Aprèsavoir parlé un peu de la famille, comme d’habi-tude, j’ai abordé le sujet de l’inclusion. »

« J’ai organisé une réunion de midi entre col-lègues pour les sensibiliser à l’inclusion despersonnes en situation de handicap, » raconte

76

Sensibiliser Tout le monde est occupé par les tâches quotidiennes. Les délais des donateurs àrespecter, de nouvelles propositions à écrire … Comment donc trouver du tempspour travailler sur l’engagement ? Quelles activités pourriez-vous implémenter pourcréer l’engagement au sein de votre organisation ? Et comment sensibiliser les orga-nisations partenaires ?

→Un environnementinformel facilite un

échange libre

Page 79: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Hendrien Maat, conseiller principal en éducationchez Edukans. « L’accent n’était pas mis particu-lièrement sur les sujets de la communication etdu financement mais cela a été abordé puisquele handicap était considéré comme une occasiond’obtenir un financement. » Une deuxième ques-tion posée dans ce contexte fut, « Que reçoit lasociété pour son investissement dans les per-sonnes en situation de handicap ? »

« Tous ceux qui travaillent avec nous seront sen-sibilisés à l’inclusion des personnes en situationde handicap dans l’éducation, » dit Alebachew,directeur exécutif du Basic Education Network(réseau d’éducation de base), Ethiopie, en guised’avertissement. « L’inclusion des plus pauvresest un élément que nous incluons à chaque foisque possible, et l’éducation inclusive pour lesenfants en situation de handicap en fait partie. »

« Nous avons voulu sensibiliser notre comitédirecteur à l’importance d’une approche au han-dicap basée sur les droits, » se souvient PaulienBruijn, coordinateur de programme chez Lightfor the World. « Nous avons demandé à Yetne-bersh Nigussie, coordinatrice de programmed’ECDD, qui a elle-même une déficience visuelle,d’assumer la présidence de la réunion. Elle nous amontré un film de sensibilisation et a fait unexercice interactif avec nous. La présentation aremporté un grand succès ; les membres ducomité avaient l’air très touchés. Plus tard dansla soirée, les membres du comité avaient unedécision à prendre sur notre nouvelle politiqueconcernant l’approche basée sur les droits et l’in-clusion du handicap. Les documents ont étéacceptés sans aucune hésitation. »

77

Conseils pour la sensibilisation au sein de votre organisation• Concentrez-vous d’abord sur les personnes

intéressées. Elles peuvent vous aider àconvaincre les autres.

• Créez une équipe responsable de la sensibilisation au sein de l’organisation.

• Restez simples ; pas de présentationsdifficiles et ennuyeuses.

• Mettez l’accent sur le changement depoints de vue et essayez de toucher le cœur des gens.

• Rendez les réunions agréables : faites un exercice interactif, montrez un film ou apportez un gâteau au chocolat faitmaison.

• Préparez-vous bien ; ne vous laissez pas surprendre par des commentaires critiques.

• Incluez une personne en situation de handicap en tant que formateur (assistant).

• Profitez aussi des moments informels

Page 80: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Développement de politiqueLes organisations ne savent souvent pas quandelles devraient commencer à écrire une politiqueconcernant l’inclusion des personnes en situationde handicap. Commençons-nous le processus enécrivant une politique ou nous lançons-nous sim-plement dans le processus pour écrire lapolitique à la fin ? Il n’existe pas qu’une seuleréponse correcte à cette question puisque lesorganisations sont très différentes. Dans certai-

nes organisations, les documents de politiquesont très importants ; dans d’autres organisati-ons, ils ne le sont pas. Si, dans votreorganisation, il ne se passe rien si ce n’est pasécrit quelque part dans une politique, vous devezdéfinitivement commencer par l’inclusion duhandicap dans les politiques. Mais si votre orga-nisation met plutôt l’accent sur l’apprentissagepar la pratique, il pourrait être judicieux de com-mencer à expérimenter, et de commencer àécrire une politique lorsque le processus est encours.

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L’inclusion despersonnes ensituation de handicap dansles stratégies etsystèmes d’uneorganisation Pour créer un changement durable, les personnes en situation de handicap devraientêtre inclues dans les politiques, systèmes et structures de l’organisation. Nous vousexpliquerons comment faire dans ce chapitre.

→Il n’existe pas qu’uneseule manière cor-

recte– cela dépend del’organisation

Page 81: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Faites attention à ne pas écrire de documents depolitique avant que vous n’ayez un vrai engage-ment de la part de la gestion. Les documents depolitique ne sont pas des outils de sensibilisationou de création d’engagement. Il existe de forteschances que votre joli document finisse dans untiroir si la vision n’est pas partagée et décidée paravance. Dans le cas idéal, le développementd’une politique est un processus créatif ascen-dant avec un lien clair avec la pratique. S’iln’existe donc pas encore d’engagement total ausein de votre organisation, vous feriez mieux decommencer par un travail sur les bonnes prati-ques. N’attendez pas la création d’une politiqueorganisationnelle. Selon notre expérience, il estpossible de prendre beaucoup de mesures sansavoir de politique. Si vous disposez d’un engage-ment suffisant, vous pouvez commencer à définirune politique concernant le développementinclusif.

Etape 1 : formulez une déclaration inclusive concernant le handicapCela commence par la définition de l’importancedu handicap pour votre organisation. Cela vousdonnera une idée de la portée et de la directionde la politique à développer. Ici, il est importantde répondre à la question de savoir pourquoivotre organisation souhaite inclure les personnesen situation de handicap et comment cela est liéà la stratégie principale de l’organisation. L’inclu-sion des personnes en situation de handicapest-elle liée à l’objectif de proposer de l’assi-stance aux groupes marginalisés ? Ou est-ce quel’inclusion est liée à l’approche basée sur lesdroits pratiquée au sein de votre organisation ?Une fois que vous avez répondu à ces questions,vous pouvez passer à l’étape 2.

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↑S’il n’existe pas encored’engagement totalcommencez à travailler sur les bonnes pratiques

Exemple : la déclaration inclusive deTear Netherlands« Tear travaille au sein d’un réseau mondial d’églises locales et de Chré-tiens qui se sont engagés à lutter contre les causes et conséquences dela pauvreté et de l’injustice liée à celle-ci ainsi qu’à travailler pour rétablirdes relations et rapports justes … L’inclusion des personnes en situationde handicap s’inscrit dans le contexte de cette vision. Elle correspond aumessage général que Tear souhaite transmettre, l’accent sur le dévelop-pement fondé sur des valeurs, chaque individu est précieux, l’égalité deschances et des droits pour tous. L’inclusion des personnes en situationde handicap s’inscrit dans le contexte de l’attention portée aux groupesmarginalisés au sein de la société, de l’objectif d’utiliser les points fortset les capacités de ces personnes. La pauvreté, l’injustice et le handicapse renforcent souvent d’une façon négative. La plupart des personnes ensituation de handicap dans les pays en voie de développement viventdans la pauvreté et font face à une situation injuste. En essayant decréer une société inclusive pour tous, Tear souhaite améliorer les condi-tions de vie de ce groupe spécifique. »↑

Lutter contre les causes et conséquen-ces de la pauvreté etde l’injustice

↑Il est plus durable d’inclure le sujet dans la politi-que générale mais il pourrait être pratique d’écrireun document de prise de position séparé.

Page 82: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Etape 2 : inclure le handicap dans la stratégie générale de votre organisationPour cette étape, vous pouvez suivre l’une desdeux stratégies suivantes : écrire un documentde politique séparé sur l’inclusion des personnesen situation de handicap ou intégrer le sujetdans le document de stratégie générale de votreorganisation. La dernière option sera plus dura-ble mais n’est pas toujours possible. Lespolitiques organisationnelles peuvent être trèsstatiques, vous pourriez donc être obligé d’écrireun document de politique séparé et d’attendre leprochain cycle de révision de politique.Tear Netherlands a établi le handicap en tantque question transversale et l’a inclus dans lapolitique générale de programme. L’organisationa aussi développé un ensemble de règles à appli-quer lors de l’évaluation et du suivi des projets.

Etape 3 : réexaminez les politiques sec-torielles et organisationnellesLa politique générale formulée, il est aussi con-seillé d’examiner les implications pratiques dansles politiques sectorielles. Si vous avez donc unepolitique sectorielle sur l’éducation, définissez lafaçon dont vous allez inclure les enfants en situ-ation de handicap. Si vous disposez d’unepolitique sur la santé et les droits en matière deprocréation, décrivez la manière dont vous sou-

haitez assurer un accès égal aux personnes ensituation de handicap. C’est aussi une bonneidée d’examiner d’autres politiques organisation-nelles comme la politique de gestion desressources humaines, de communication et definancement et renforcement des capacités. Ilest possible de formuler des implications concrè-tes de l’inclusion des personnes en situation dehandicap pour chacune de ces politiques.

Etape 4 : effectuer des modificationspour assurer un accès pour les personnesen situation de handicapL’élément clé dans les politiques inclusives estd’assurer que les personnes en situation de han-dicap aient accès à vos projets et à votreorganisation. Cela ne peut être réalisé que si lesbarrières sont éliminées et les ajustements etmodifications effectués. Ces modifications peu-vent prendre la forme d’une mise à dispositiondes informations sous un format accessiblecomme le braille ou moyennant un logiciel spé-cial, ou de la construction d’une rampe pourrendre votre bureau accessible aux personnesutilisant un fauteuil roulant. Il faut allouer unbudget à ces modifications.

80

→→Allouer un budget à la

création d’accès

→Définissez les

implications pratiques pour les politiques

sectorielles

Définir une déclaration inclusive

concernant le handicap

L’inclure dans lastratégie générale de

votre organisation

Ou modifier la stratégie exis-tante et inclure

le handicap dansla politique

générale

Ecrire un docu-ment de prise deposition séparésur l’inclusiondes personnesen situation de

handicap

Réexaminer les politiques

sectorielles et lesautres politiques

organisationnelles

Inclure le handicapdans le système de

planification, suivi etévaluation

Effectuer des modifications pour

assurer un accèspour les personnes

en situation de handicap

Page 83: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

En général, embaucher des personnes en situa-tion de handicap n’est pas la première mesureque nous prenons lorsque nous commençons àtravailler sur le développement inclusif. C’est trèsdommage. Il existe trois raisons pour lesquellesnous devrions en faire une priorité1. • Nous sommes beaucoup plus crédibles en tant

qu’organisation de développement si nousmettons en pratique ce que nous prêchons.Nous sommes tous d’accord que les organisa-tions qui travaillent pour les droits égaux et laparticipation égale des femmes devraient exa-miner la représentation de femmes au sein deleur propre personnel et de leur gestion. Il enest de même pour les personnes en situationde handicap.

• Si votre organisation est capable d’inclure,d’une manière réussie, des personnes en situa-tion de handicap dans le personnel, cela vautplus qu’une centaine de mots. C’est unemanière très puissante de sensibiliser les per-sonnes dans et à l’extérieur de votreorganisation à l’inclusion.

• Le processus de rendre l’organisation accessi-ble aux personnes en situation de handicap estun bon processus d’apprentissage. Il sensibili-sera le personnel aux besoins des personnes ensituation de handicap et à la façon d’aborderces besoins. Il obligera votre organisation à éli-miner les barrières et à accueillir les personnesen situation de handicap. Cette expérienceaidera également votre organisation à rendreses programmes inclusifs.

« L’une de mes collègues utilise un fauteuil rou-lant électrique, » explique Paulien Bruijn de Lightfor the World. « Quand elle a commencé à tra-vailler ici, les organisations dans notre réseaun’ont pas réfléchi à l’accessibilité des réunions etconférences. Mais un jour, elle s’est inscrite à uneréunion et a découvert que cette réunion allaitavoir lieu au troisième étage. Il n’y avait pas d’as-censeur et elle n’a donc pas pu participer. Cela asensibilisé l’organisation partenaire au besoind’organiser les réunions dans des lieux accessi-bles. Maintenant ils essayent vraiment de faireen sorte que les réunions soient accessibles. »

81

Gestion inclusive desressourceshumaines Pour créer un changement durable, les personnes en situation dehandicap devraient être inclues dans les politiques, systèmes etstructures de l’organisation. Nous vous expliquerons commentfaire dans ce chapitre.

Page 84: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Comment rendre les politiques et pratiques de gestion des ressourceshumaines inclusives

Incluez le handicap spécifiquement dans la poli-tique de diversité de personnel existante. Si voussouhaitez définir un pourcentage, vous pouvezutiliser le pourcentage conseillé par le gouverne-ment (aux Pays-Bas il est de 2 % pour lesorganisations de plus de 100 employés ; en Indeil est de 3 %). Mais bien sûr vous êtes toujourslibre de définir un pourcentage plus ambitieux.

Prenez des mesures positives, par exemple, enplaçant des offres d’emploi dans des réseaux depersonnes en situation de handicap ou en men-tionnant spécifiquement que vous invitez despersonnes en situation de handicap à envoyerleur candidature.

Eliminez les barrières auxquelles les membres dupersonnel en situation de handicap feront faceau cours de leur travail : cela nécessite peut-êtreun budget supplémentaire pour des transports,un logiciel lecteur d’écran ou pour rendre lebureau et les toilettes accessibles. Vérifiez s’ilexiste des subventions gouvernementalesdédiées à rendre l’espace de travail accessible.

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→→Eliminer les barrières

→Intégrer le handicap

dans votre politique dediversité

Page 85: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

L’inclusion du handicap dans vos systèmes deplanification, suivi et évaluation assure uneattention structurelle au sujet. En outre, elle metà votre disposition des informations précieusesqui peuvent être utilisées pour améliorer l’inclu-sion des personnes en situation de handicapdans vos programmes et pour expliquer auxdonateurs que l’inclusion est pertinente, efficaceet efficiente.

Les systèmes de planification, suivi et évaluationdes organisations de développement sont trèsdivers. Il est donc difficile de définir des étapesuniverselles de l’inclusion du handicap. Mais voustrouverez quelques idées ci-dessous.

Intégrez une perspective de handicap dans lesformats existants. Pensez aux études de base,aux propositions, aux formats de rapport, devisite de projet, aux rapports d’évaluation et

83

L’inclusion des personnes en situation de handicap dans les systèmes de planification, suivi et évaluationPour créer un changement durable, les personnes en situation dehandicap devraient être inclues dans les politiques, systèmes etstructures de l’organisation. Nous vous expliquerons commentfaire dans ce chapitre.

←←Intégrer une perspective de handicap dans les formats existants

Page 86: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

annuels. Il n’est pas du tout nécessaire de déve-lopper un system parallèle pour surveillerl’inclusion des personnes en situation de handi-cap. Même si votre organisation n’a pas encorecommencé à inclure le handicap dans ses pro-grammes de manière systématique vous pouvezcommencer à inclure des données sur le handi-cap dans le système de suivi et d’évaluation. Celavous donnera une idée de ce qui se passe déjàdans vos programmes. Si vous travaillez avec desorganisations partenaires qui implémentent desprogrammes, l’inclusion d’un élément spécifiqueau handicap dans les formats est une bonnemanière d’entamer la discussion de l’inclusiondes personnes en situation de handicap. Il existede fortes chances que leurs réactions vous ser-vent d’inspiration.

Les propositions de projets ou les notes concep-tuelles devraient spécifier clairement l’intérêt duprogramme pour les personnes en situation dehandicap et leurs familles. Ces documentsdevraient aussi expliquer quelles mesures serontprises pour assurer que les personnes en situa-tion de handicap retirent le même bénéfice queles autres membres du groupe cible. Si vous écri-vez une proposition pour un donateur qui nedemande pas de façon spécifique d’inclure lespersonnes en situation de handicap, incluezquand-même la dimension du handicap. Vouspourrez probablement l’inclure dans la sectionsur l’inclusion des groupes marginalisés.

Il n’est souvent pas nécessaire de développer desobjectifs ou indicateurs spécifiques concernantl’inclusion des personnes en situation de handi-cap : commencez simplement par recueillir desdonnées ventilées par handicap. Ajoutez donc unélément de handicap aux indicateurs existantscomme vous le faites pour la question du sexe. Sivous posez la question de savoir combiend’hommes et de femmes bénéficient du pro-gramme, demandez aussi combien d’hommes etde femmes en situation de handicap en bénéfi-cient.

Lorsque vous recueillez des données sur le han-dicap il est aussi important de ventiler lesdonnées par sexe, parce que les femmes ensituation de handicap font face à un double far-deau. Elles sont moins susceptibles de participer

aux programmes de développement que leshommes en situation de handicap.Il est conseillé d’allouer un budget spécifique àl’élimination des barrières dans les programmes.2-7 % sont généralement suffisants pour financerces dépenses.

Les visites sur le terrain sont une excellenteoccasion de discuter de l’inclusion et de la parti-cipation des personnes en situation de handicapaux activités du programme, des accomplisse-ments réalisés et des défis rencontrés. Au coursde l’évaluation de projet vous devez examiner laparticipation des personnes en situation de han-dicap. Les termes de référence devraient incluredes questions d’évaluation concernant la partici-pation des personnes en situation de handicapau programme, non seulement indiquant le nom-bre de personnes qui bénéficient du etparticipent au programme (selon le sexe, l’âge etla déficience), mais aussi la qualité et l’impact duprogramme sur leurs vies. Mettez également l’ac-cent sur les mesures prises pour éliminer lesbarrières au sein du programme. Cela vous aideraà améliorer le futur accès des personnes ensituation de handicap.

Les organisations recueillent souvent des his-toires vécues des participants pour présenter lesaccomplissements de leur programme à unpublic plus large. Recueillez également les his-toires vécues de personnes en situation dehandicap participant au programme. Présentez-les en tant que participants égaux au programmeet aux activités. Essayez d’éviter de les décrirecomme pitoyables ou comme des héros, des per-sonnes exceptionnelles.

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→Il n’est pas nécessairede définir des objectifs

ou indicateurs spécifiques

→Recueillez simplementdes données ventilées

par handicap

→Evaluez la qualité

et l’impact duprogramme sur les

vies des personnes ensituation de handicap

Page 87: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

« Quand Shitaye, membre du Ethiopian Center for Disability in Development, est venue chez nous pour l’évaluation initiale, il est devenu très clair que notrebureau était inaccessible, » se souvient Addise Amado, gérant du programmed’eau et d’assainissement EKHC. « Avec son fauteuil roulant, elle ne pouvait pasaccéder au bureau, alors nous avons mené notre réunion sur le parking. Cela m’avraiment choqué. J’en ai été profondément désolé. Nous sommes en train derénover les trottoirs. Mais l’installation d’ascenseurs est un grand défi dans unvieux bâtiment de bureaux. Nous disposons cependant de l’engagement de notresecrétaire général, un ingénieur civil de formation, pour corriger les erreurs d’in-frastructure du passé. »

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Création d’accès à l’infrastructureet à l’informationdans votreorganisation

Page 88: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

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Ici, nous mettrons l’accent sur l’élimination desbarrières environnementales au sein de votreorganisation qui empêchent la participation despersonnes en situation de handicap.

L’accessibilité physique de vos bureaux n’est pasle seul aspect à prendre en compte. Vous devezaussi réfléchir à l’accès aux conférences, réunionset à d’autres évènements sociaux comme desmarches sponsorisées ou concerts. Et, dernierpoint mais non le moindre, la question de l’accèsaux informations.

La directive sur l’accessibilité de CBM nousdonne des indications sur la manière d’améliorerles points faibles. Mais une façon beaucoup plusfacile de rendre votre organisation accessible estde demander à des personnes avec des différentstypes de handicap de procéder à une vérificationde l’accessibilité : de visiter vos bureaux, installa-tions et services et d’utiliser un formulaire devérification de l’accessibilité existant pour identi-fier les changements à réaliser au sein de votreorganisation pour qu’elle devienne plus inclusiveà tous.

Sujet

L’accessibilité physique dessalles de réunion, toilettes etbureaux.

L’accessibilité des évènementsorganisés par votre organisa-tion : conférences,formations, concerts, marchessponsorisées etc.

L’accessibilité du site web etd’autres sources d’informationde l’organisation aux person-nes ayant des déficiencesvisuelles.

L’accessibilité aux personnesayant une déficience auditive.

Objectif

Le bureau entier, y compristous les espaces de travail,toutes les salles de réunion ettoilettes sont accessibles auxpersonnes en situation dehandicap.

Tous les évènements organi-sés par l’organisation sontaccessibles aux personnes ensituation de handicap. Com-muniquez le fait que lesévènements sont accessibleset demandez aux participantss’ils ont des besoins spéciaux.

Le site web est entièrementaccessible et les bulletins d’in-formation/brochures sontdisponibles sous des formatsaccessibles.

Des services d’interprétariaten langue des signes sont tou-jours disponibles en tantqu’option.

resources

Le site web de CBM, directi-ves d’accessibilité :http://www.cbm.org/arti-cle/downloads/54741/CBM_Accessibility_Manual.pdfDemandez à une personneutilisant un fauteuil roulantd’examiner les locaux.

Voir ci-dessus.

Faites une vérification Bobbyde votre site web : Bobby estun service public gratuitvisant à rendre l’internet plusaccessible aux personnes ensituation de handicap :http://www.cast.org/lear-ningtools/Bobby/index.htmlRenseignez-vous auprès devotre association locale depersonnes ayant une défi-cience visuelle pour savoir oùvous pouvez obtenir des ser-vices d’impression en braille.

Coopérez avec votre associa-tion locale de personnesayant une déficience auditive.

Commentaires

Veillez à ce qu’au moins lessalles de réunion et toilettessoient accessibles. Si vousavez du personnel en situationde handicap, (la majeure par-tie de) l’espace de travaildevrait être accessible.

Si l’un de vos évènements nepeut pas être rendu accessi-ble, communiquez clairementle degré d’accessibilité (ou denon-accessibilité). Invitez lesparticipants à vous indiquerleurs besoins spéciaux etessayez de trouver des soluti-ons ponctuelles.

Concernant l’informationaccessible : pour les person-nes ayant une déficiencevisuelle qui utilisent des ordi-nateurs, un fichier Word estsouvent suffisant. Les fichiersPDF posent plus de difficultésaux logiciels de synthèsevocale.Communiquez le fait que vouspouvez fournir des documentsimprimés en braille surdemande.

Communiquez que vous êtesprêt à fournir de l’interpréta-riat en langue des signes surdemande.

Vérifier l’accessibilité de votre organisation

Page 89: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

87

Shitaye participe à une formation

Page 90: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world
Page 91: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Travailler sur ce sujet avec plus de 30 organisations de développement sur trois

continents fut une grande aventure. Notre voyage vers l’inclusion des personnes

en situation de handicap a été un voyage d’inspiration. Au cours de ces trois années,

nous avons recueilli toute une valise pleine d’expériences, de leçons et d’outils.

Nous avons essayé de réunir toutes ces expériences dans ce guide. Dans ce dernier

chapitre, nous essaierons de résumer les leçons les plus importantes que nous

avons tirées de ce voyage. Ce n’est pas une tâche facile. Nous avons vu tant de

choses et chaque personne et chaque organisation en tirent leurs propres leçons

individuelles.

Conclusions : leçons tirées

Page 92: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Tout commence par un changement de point de vue

Tout commence par un changement de point devue : c’est la première leçon importante. Seule-ment si nous croyons vraiment dans les capacitésdes personnes en situation de handicap, est-il pos-sible de les accueillir et de les inclure dans nosprogrammes et organisations. Je n’oublierai jamaisl’histoire personnelle de Kumar, un jeune hommedu sud de l’Inde :

« La vie était belle jusqu’au moment où j’ai étéheurté par une voiture dans ma dixième année àl’école. Ils m’ont transporté à l’hôpital d’urgence,mais les médecins n’ont pas pu faire grand-chosepour moi. Je suis rentré à la maison comme para-plégique. Je suis resté alité pendant des années, jouret nuit, sans aucun espoir, sans aucun traitement.Mes parents étaient désespérés mais ils ont vrai-ment essayé de s’occuper de moi. J’étais tellementfrustré que je voulais me suicider. Mais ce n’est pasfacile si vous êtes incapable de bouger vos bras ouvos jambes. Quelqu’un m’a donné une bible. Aprèsavoir lu cette bible je ne voulais plus mourir. Peu detemps après, j’ai rencontré quelqu’un qui faisaitpartie d’un groupe d’entraide. Les membres de cegroupe sont venus chez moi pour m’aider avec desexercices. Deux ans plus tard, j’étais capable d’utili-ser un fauteuil roulant. J’ai appris à m’habiller et àme laver et j’ai réappris à écrire. Arrivé à ce point,j’ai aussi voulu trouver un emploi. Ma famille m’a riau nez, mais j’ai persisté. J’ai lancé une cabine télé-phonique. Les clients composaient leurs propresnuméros et prenaient leur monnaie pendant que jeles surveillais. Les affaires marchaient bien, et j’aiacheté quelques ordinateurs pour lancer un centrede formation informatique. Actuellement, j’ai qua-tre employés. Ce qui est bien, c’est que je n’ai plusbesoin de demander de l’argent à mes parents ;maintenant c’est l’inverse!’

Quand je lui ai demandé ce que les organisationsde développement pouvaient faire pour les per-sonnes en situation de handicap, Kumar a dit :« Il n’est pas suffisant de leur donner un fauteuilroulant ou des béquilles. Les personnes en situationde handicap ont besoin de confiance en elles ; elles

devraient comprendre qu’elles sont capables defaire les choses elles-mêmes. Nous ne voulons pasde pitié, dites-nous seulement : « Vous êtes capa-bles de le faire ! »

Pas de pitié, juste une chance égale et un peud’encouragement. C’est l’aspect essentiel dudéveloppement inclusif. Il est crucial de sensibili-ser le personnel et les gérants pour arriver à cechangement de point de vue. Notre expériencenous a montré que la façon la plus efficace desensibiliser les personnes concernées est d’in-clure des personnes en situation de handicap entant que formateurs.

Il est possible d’obtenirdes résultats rapides,mais c’est un travail delongue haleine

Dès que le personnel est sensibilisé aux capaci-tés, besoins et droits des personnes en situationde handicap, il est souvent facile pour eux d’ou-vrir leurs projets aux personnes en situation dehandicap. Le budget n’est pas un grand pro-blème. L’inclusion ne coûte pas trop d’argent sivous l’intégrez dans les structures et activitésexistantes.

Le programme WASH en Ethiopie en est unexemple : après la formation de sensibilisation, lepersonnel a commencé à former des groupescommunautaires concernant les droits des per-sonnes en situation de handicap. Enconséquence, certaines personnes en situationde handicap sont devenues membres des comi-tés d’eau et une personne en situation dehandicap a été employée en tant que responsa-ble d’un point d’eau. Cette activité n’a pasgénéré de coûts supplémentaires puisque le per-sonnel sur le terrain aurait de toute façon fait laformation.

Il est aussi relativement simple pour les écolesd’identifier et d’inscrire des enfants en situationde handicap sans coûts supplémentaires impor-tants. Il est cependant important de comprendreque l’inclusion est un processus de différents

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Page 93: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

niveaux. Le premier niveau est la présence. Ledeuxième est la participation. Et le dernier estl’accomplissement. Nous ne devrions pas nouscontenter d’une simple présence mais chercher àatteindre la participation et l’accomplissement.Au cours de notre travail, nous avons comprisque l’inclusion des personnes en situation dehandicap ne peut être réalisée que si les presta-taires de services spécialisés dans le handicap, legouvernement, les organisations de personnesen situation de handicap et les organisationsconventionnelles travaillent en étroite coopéra-tion.

Après la sensibilisation de la communauté par leprogramme WASH en Ethiopie, les personnes ensituation de handicap ont commencé à deman-der des fauteuils roulants et des traitementsmédicaux. Les gérants du projet ont décidé decoopérer avec des prestataires de services spéci-alisés dans le handicap pour y orienter lespersonnes en situation de handicap pour deséquipements d’assistance et des traitementsmédicaux. Les organisations conventionnellesn’ont pas besoin de devenir des prestataires deservices spécialisés dans le handicap ; il suffitqu’elles ouvrent leurs programmes aux personnesen situation de handicap et qu’elles les orientent

vers les prestataires de services spécialisés si desinterventions spécifiques au handicap devien-nent nécessaires.

Un changement organisa-tionnel prend du temps

Une autre leçon importante tirée du programmed’apprentissage thématique est qu’il faut dutemps avant que les organisations soient prêtesà et capables de s’engager entièrement dans l’in-clusion des personnes en situation de handicap.Les gérants ont besoin de sentir l’urgence d’enfinir avec l’exclusion. L’engagement de la part dupersonnel de programme et de soutien est égale-ment nécessaire. Il peut y avoir beaucoup derésistance et il est donc nécessaire de consacrerbeaucoup de temps à la sensibilisation desgérants et du personnel. Au cours de ce pro-gramme d’apprentissage thématique, nous avonschoisi de former des personnes responsablespour stimuler et surveiller le processus de chan-gement au sein de leurs organisations.

Pour de nombreuses organisations, le lancementde projets pilotes est un bon début. Cela ne

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Page 94: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

nécessite pas de modifications dans les politi-ques ou les systèmes ni d’engagement total de lapart de votre comité directeur ou de la gestion.En outre, c’est une bonne base d’apprentissagepour l’organisation. Beaucoup d’organisationscommencent par des projets pilotes et utilisentensuite leur expérience pour ancrer le sujet dansleurs structures organisationnelles. La meilleurefaçon de convaincre la haute gestion de l’inclu-sion des personnes en situation de handicap estun projet réussi dans lequel des personnes ensituation de handicap sont incluses.

Notre conclusion est que les organisations sontcapables d’inclure les personnes en situation dehandicap dans leurs projets d’une manière réus-sie sans disposer d’aucune politique. Mais si ellessouhaitent un changement durable, le handicapdoit finalement être intégré dans les systèmes,politiques et structures. Les organisations hési-tent souvent à inclure les personnes en situationde handicap puisqu’elles considèrent cette inclu-sion comme un problème supplémentaire àrégler. Une bonne manière de gérer cette diffi-culté est de créer un lien entre l’inclusion despersonnes en situation de handicap et la missionprincipale de l’organisation.

En bonne compagnie, le voyage est plus facile La route vers l’inclusion des personnes en situa-tion de handicap dans le développementconventionnel est relativement nouvelle. Voy-ager ensemble fut donc une expérienceformidable. Le programme d’apprentissage thé-matique a vraiment été une occasion unique departager, d’apprendre ensemble et de nous moti-ver mutuellement à continuer.

Le financement du programme d’apprentissageest terminé, mais nous avons de bonnes basespour continuer notre coopération et consolidernotre réseau. Nous savons que le voyage ne faitque commencer et que nous avons de nombreu-ses aventures devant nous. Si vous souhaitezfaire partie de notre réseau, veuillez contacterPaulien Bruijn chez Light for the World Nether-lands :[email protected].

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Page 95: L'inclusion des personnes en situation de - Light for the world

Notes en fin de textePage 16 1. Dfid (2002)

Page 182. http://www.making-prsp-inclusive.org/en/6-disability/61-

what-is-disability/611-the-four-models.html

Page 263. S. Miles, Strengthening Disability and Development Work,

BOND Discussion Paper, Feb. 1999

Page 674. http://www.mindtools.com/pages/article/newPPM_82.htm

Page 735. S. Miles, Strengthening Disability and Development Work,

BOND Discussion Paper, Feb. 1999

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L’apprentissage continueVeuillez consulter notre site Web pour obtenir les dernières informations au sujet de nos nouveaux programmes de formation etd'apprentissage. Vous pouvez également vous abonner à notre bulletind’information, explorer nos ressources sur l'inclusion des personnes ensituation de handicap, ou télécharger la version anglaise, française ouWord de « Tiens compte de moi » sur:www.lightfortheworld.nl/en/what-we-do/training-and-services

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ColophonTiens compte de moi !L’inclusion de personnes en situation de handicap dans les projets de développementUn guide pratique pour les organisations dans le nord et le sudEcrit par Paulien Bruijn, Huib Cornielje, Niala Maharaj,Barbara Regeer, Saskia van Veen et Roelie Wolting

Publié par Stichting LIGHT FOR THE WORLDPostbus 672, 3900 AR Veenendaal,The Netherlands.

29 novembre 2012

ISBN 978-90-819970-1-0

Design: WAT ontwerpers, UtrechtPhotographies: Ulrich Eigner, Anja Ligtenberg, Shumon Ahmed,LIGHT FOR THE WORLD Netherlands & Austria, CCBRT etSightsavers International.Impression: Zalsman printers, ZwolleTraduction de l’anglais: Anita Ertl Translations

La version française a été produite avec le soutien de la Coopéra-tion Autrichienne pour le Développement.

Des copies papier sont disponibles au prix de revient. Une version imprimée en braille est disponible sur demande.Des copies électroniques peuvent être téléchargés gratuitementen anglais, en français et en version Word.Pour plus d’informations veuillez consulter :

http://www.lightfortheworld.nl/en/what-we-do/training-and-services/count-me-inou veuillez nous écrire á : [email protected]

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Tienscomptede moi

Les personnes en situation de handicap font souvent partie des plus pauvres dans les pays en voie de développement. Pourtant, elles sontgénéralement exclues des projets de développement. Il ne s’agit pas demauvaise volonté. Les organisations de développement ne savent simplement pas comment les inclure. Ce guide propose des suggestionsqui se basent sur l’expérience d’organisations ayant participé à un programme d’apprentissage de deux ans. Il déborde de conseils utiles concernant la manière de lancer des programmes et projets inclusifs, de préparer votre personnel au travail avec les personnes en situation de handicap et d’adapter vos processus et systèmes organisationnels.

Les organisations suivantes ont contribué à cette publication :

La version française a été rendu possible par le programme « Inclusive Burkina Faso » avec le support de la coopération autrichienne au développement.