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LE MAGAZINE DE LA DIVERSITE LE MAGAZINE DE LA DIVERSITE DE LA CÔTE D’AZUR - Février-Mars-Avril / NUMERO 9 Afrique Azur NUMERO 9 2 € FEVRIER 2012 Trimestriel Nouvelles d’Afrique Gayatri Kotbagi 9 Afrique Azur n° 9 version finale.qxp fev 11_Mise en page 1 04/02/2012 17:38 Page 1

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42 pages sur la communauté africaine de la côte d' azur

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LE MAGAZINE DE LA DIVERSITE

LE MAGAZINE DE LA DIVERSITE DE LA CÔTE D’AZUR - Février-Mars-Avril / NUMERO 9

AfriqueAzur NUMERO 9 2 €

FEVRIER 2012 Trimestriel

Nouvelles d’Afrique

Gayatri Kotbagi

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EDITO

LE MAGAZINE DE LA DIVERSITE DE LA CÔTE D’AZUR - Février-Mars-Avril 2012 / NUMERO 93

L’année 2011 vient de finir avecson lot de crises et de catas-trophes. Afrique Azur Magazine

tient, malgré tout, à présenter ses meil-leurs vœux à tous ses lecteurs. L’année2012 qui commence ne promet pasd’être une sinécure. En RDC, une élec-tion mal organisée a fait couler le sang; comme en Côte d’Ivoire. René Du-mont l’avait dit «L’Afrique est mal par-tie». Avec la menace de la dévaluationdu franc-Cfa, la situation n’est pas prèsde s’améliorer. Pourtant certains pen-sent que des pays comme le Burkinasont une exception dans cet océan demisère économique. Sur la liste descoupables qui saignent le continentnoir, figure la Françafrique, un réseauparadoxalement financé par les chefsd’Etats africains, dont Blaise Com-paoré. Même si selon Michel Rocard«La France ne peut pas accueillir toutela misère du monde» pourquoi s’éton-ner que les Africains cherchent à im-migrer en Occident où la question del’intégration se pose cruellement.Dans le milieu interculturel chaque

communauté cherche à affirmer sonidentité. C’est le cas des «sapeurscongolais» dont les pratiques vestimen-taires sortent des sentiers battus.

C’est le cas également de la commu-nauté indienne des Antilles et de l’îleMaurice qui, par retournement stigma-tique, tient de plus en plus à affirmersa «coolitude» en référence à un passéoù les Coolies étaient dans une relation

de domination/soumission. L’intégra-tion politique des Noirs de la diaspora,bien que faible, relève d’une longuehistoire. Au siècle dernier, Gaston Mon-nerville, éminent juriste et hommed’Etat, est le premier député noir de laGuyane. Depuis, beaucoup d’eau acoulé sous les ponts. Les conditionsd’émigration ont durci en France. Deguerre lasse, les Africains ont comprisque le sens de leur combat passe par laliberté et l’indépendance économique.C’est l’une des raisons pour lesquellesl’enclave du Cabinda se bat nuit et jourpour se libérer du joug angolais aprèsle joug portugais. L’indépendancepasse aussi par une monnaie spécifique.Or le Franc Cfa est un «anachronismecolonial». Voici deux ans, la délégationsportive togolaise perdit trois de sesmembres à la frontière du Congo avecle Cabinda, victime des attaques duFlec (Front de libération de l’enclave duCabinda). C’était à l’occasion de laCAN (Coupe d’Afrique des Nations).Cette année, le Gabon et la GuinéeEquatoriale sont les pays organisateursde cet évènement international. Quelrapport existe-t-il entre dictature et jeuxde masse ? En Afrique ces deux phéno-mènes sont étroitement liés. Les paysafricains adorent offrir des sports demasse à leurs peuples. Les Romains fai-saient la même chose. La CAN serait-elle l’équivalent moderne des jeux del’antiquité ? C’est-à-dire une soupapepolitique destinée à réguler la colère so-ciale d’un continent exsangue ?

Jean-Louis Van Den Hole, Directeur de publication

Le député/maireChristian Estrosiet l’équipe mu-

nicipale auForum des asso-ciations à Nice -Palais des Expo-

sitions

4 -Politique RDC 1 fauteuilpour 2 Présidents

5-FestivalBurkinabé Cagnessur mer

7 - Plumes Noires

9 - Hommage à Gaston Monnerville 1er Députénoir de la république française

10 - Association Nice-Brazza

13 - Dossier Sapologie (La sape)

21 - Musics dans les bacs

24 - Hommage à Eugène Mona

25 - Tony Jazz à Barack Obama

26 - Ciné Lucien Jean-Baptiste

27 - Littératures/Combattantes

35 Congo - Brazza

37 - Femme d’exception 2011 Jenny Hippocrate Présidente de la Drépanosytose

39 - La route des Indes

40 - Poto-Poto Brazzaville

43 - FrançAfric

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RDC : un fauteuil, deux

présidentsLa démocratie un luxe enAfrique

Anotre gauche Joseph Ka-bila ; à notre droiteEtienne Tshisékédi : le

combat est violent. Le dédouble-ment du pouvoir semble de plusen plus un cas d’école dans cettejeune Afrique où selon un récent«mis en examen» français(Jacques Chirac pour ne pas lenommer) la démocratie est unluxe.

Mal organisées, les élections enAfrique débouchent chaque foissur des situations où aucun des ri-vaux ne veut pas perdre le pou-voir ou se laisser pour battu. Undictateur congolais, Pascal Lis-souba, avait cyniquement plantéle décor de la pagaille en décla-rant qu’on n’organise pas lesélections pour les perdre. C’est ceque semble avoir fait Joseph Ka-bila qui avait déjà sa victoire enpoche avant d’inviter ses adver-saire sur le chmp de bataille pourune confrontation politique où,

de toute manière il avait évacuétout suspens et toute possibilitéd’un coup de théâtre en les fai-sant à un seul tour. Etienne Tshisékédi, son malheu-reux adversaire, joue désormaistoutes les cartes pour brouiller lejeu politique. Cela, bien sûr, neprésage rien de bon. Ses partisansmultiplient les sorties muscléesen...Belgique. Leur argument :Joseph Kabila n’est pas un vraiCongolais. Le seul Présidentdigne de diriger la RDC est Tshi-sékédi Wa Mulumba, fils dupays.Argument fallacieux : Mobutu,fils du pays, en fit pourtant voirde toutes les couleurs à ses com-patriotes en trente ans de règne.

Le syndrome ruandais

Le critère de l’acte de naissancene signifie absolument rien, carce qu’il faut pour que «les chosesmarchent» ce n’est pas un«Congolais bon chic, bon teint»mais de solides institutions poli-tiques.

Pendant que les fans de Tshisé-kédi battent les pavés deBruxelles pour dénoncer le «mé-tèque Joseph Kabila», le spectrede la guerre a provoqué un im-portant exode de Kinois versBrazzaville. Il est vrai que peuavant cette élection, les partisansde Joseph Kabila commençaientà exhiber des machettes. Le syn-drome ruandais est encore pré-sent dans les esprits pour ne passusciter des peurs dans la popula-tion.

Mon Dieu toute cette richesse !

Mais quel impressionnant paysque la RDC dont les sous-sol estun scandale minier alors que lapopulation vit dans une misèreindescriptible.Maintenant que l’héritier de Lau-rent Désiré Kabila rempile pourun troisième mandat, la questiondemeure : va-t-il mieux redistri-buer cette richesse ?Permettez qu’on en doute.

Politique africaine

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Affaires africaines

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Mme Chalamon, relations publiquespour le Burkina-Faso

Homme politique Burkinabé Membres des ONG

Le Burkina n’a peut-être pas de pétrole,mais il a des idées. Il ne se passe pas uneoccasion sans que les Burkinabés de laCôte n’organisent un évènement culturel.L’année qui vient de s’écouler a été richeen actions culturelles. A Cagnes sur Mer,preuve a été faite qu’il n’y a de richesseque d’hommes.

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L’année 2011 qui vient des’écouler a été riche enévènement pour le Bur-

kina-Faso. Le champ de coursede Cagnes-sur-Mer a abrité unfestival où ce pays a été en hon-neur. Les associations non gou-vernementales françaises ont peséde tout leur poidspour donner une vi-sibilité à ce que leBurkina a de meil-leur en lui, notam-ment l’art etl’artisanat.

Ce fut égalementune occasion auconsul honoraire duBurkina, MonsieurMarc Aicardi deSaint-Paul , de van-ter la stabilité poli-tique de ce pays etd’encourager les in-vestisseurs étrangers de s’y ren-dre «sans hésitation» pour fairedes affaires. Au cours de laconférence de presse, Monsieurle consul a quasiment présentéBlaise Compaoré comme un che-val gagnant dont la cote de popu-larité n’avait nullement étéégratignée par la très médiatiséemutinerie qui a eu lieu dans unecaserne d’Ouagadougou. Celle-ci, selon lui, était liée à un pro-blème de solde impayée. Rienn’à voir, toujours selon lui, avec

ce qui s’est passé en Côted’Ivoire où la crise fut structu-relle à la même période ou enLybie au même moment. L’hippodrome de Cagnes-sur-Mer aura donc permis de voir queLe Burkina Faso est un pays qui apris un bon départ, à l’inverse des

autres Etats africains dont le ni-veau de croissance économiquecontinue de trotter et de donnerraison à la triste formule de RenéDumont «L’Afrique Noire est malpartie». Selon un fonctionnairedes affaires étrangères présent àla foire de Cagnes-sur-Mer, leBurkina mise sur le développe-ment du transport routier afin deparer l’étranglement liée à lacrise en Côte d’Ivoire, pays dontles activités portuaires sont déter-minantes au commerce extérieur

voire même intérieur de cette en-clave du sahel qu’est cette an-cienne colonie française. Considéré encore hier comme unoutsider, Le Burkina a désormaissurclassé nombre de pays de lazone CEAO et aussi de laCEMAC comme le riche Etat pé-

trolier, Le Congo,contraint d’en impor-ter des produits agri-coles d’un pays frappépar le rude climat sa-hélien. Scores staliniensToutefois dans cettecourse vers le déve-loppement, il y a denombreux handicapspolitiques. Par exem-ple, ces élections où leprésident sortant esttoujours plébiscitéavec des scores stali-niens sont des signaux

pour le moins gênants. A celas’ajoute les fameuses valises deRobert Bourgi, homme à toutfaire de la françafrique, quiconvoyait de fortes sommes d’ar-gent au profit des hommes poli-tique français ; Blaise Compaoréayant la particularité de fourrerses cadeaux dans des djembé(tambours africains). Une vraiefausse note que n’a pas manquéde souligner un journaliste à laconférence de presse du consulhonoraire.

Vitrine

Economique

CONSULAT DU BURKINA FASO DE NICEConsul du Burkina Faso : Monsieur Marc Aicardide Saint-PaulChancellerie :49 avenue du Loup 06 270 Villeneuve-LoubetTéléphone : 04 93 20 22 11 (le matin uniquement).Fax. 04 92 02 01 58Courriel : [email protected]

Edgar Malausséna, Jean-Louis Van Den Hole

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Hommage à Maryse Condé pour la totalité de sa plume

Le prix Senghor a été décerné à l’ écrivaine suisseDona Loup pour son roman L'embrasure (son premier)que le jury a trouvé audacieux pour avoir mis en oeuvreune problématique langagière inédite. Dans son allocu-tion, Henri Lopes, Ambassadeur du Congo en France,également romancier, a parlé de Maryse Condé en...parlant plus de lui-même. De toute manière la plumenoire, dans ses covariances est la même, quelle soit ma-niée par un antillais ou par un africain. intertextualité,Liss Kihindou parle de metissage culturel, autre versantde l’intertextualité. Henri Lopes, écrivain africain(marié à une antillaise) a balladé sa plume dans les Ca-raïbes tandis que Marise Condé est une écrivaine antil-laise ayant campé une grande partie de sa littérature enAfrique (Ségou)

Lis tesratures

Le prix Senghor, Dona Loup et Dominique Loubaou

L’Ambassadeur et homme de Lettres Henri Lopes

Le plaisir dutexte élevé à sonpoint culminantà Montparnasse-Paris avec leconcours de lamairie et de Do-minique Lebaou,une rompue dela plume.

Paris - Montparnasse

Dona Loup recevanr sa distinction des mains d’Henri Lopes

Maryse Condé au 1er rang, 2ème de droite à gauche

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Par LEXPRESS.fr, publié le14/10/2011

Douna Loup vient de recevoir leprix Senghor du premier romanfrancophone pour L'embrasure.

L'écrivaine franco-suisse Douna Loupvient d'être couronnée par le prix Sen-ghor du premier roman francophonepour L'embrasure, paru chez Mercurede France en septembre 2010. Elle suc-cède ainsi à Wahiba Khiari qui avaitremporté cette distinction pour Nos si-lences.

Créé en 2006 par Dominique Loubao,en hommage à l'écrivain et homme poli-tique sénégalais Léopold Sedar Sen-ghor, le Prix Senghor distingue etpromeut un auteur d'expression fran-çaise qui a crée "une oeuvre de Beauté,chargée d'humanité, expressive d'unlangage neuf et d'harmonies origi-nales".

Rhode Shéba Makoumbou (au centre) a brisé les frontières dela convention artistique par ses oeuvres monumentales qui ré-flètent de manière inquiétante le visage terrifiant d’une Afriquedévastée par les guerres et les conflits sociaux. A gauche, sonmari ; à droite , l’éditeur congolais, Alain Kounzilat, (groupeICES)

Le philosophe Yves Kounoungous, Alain Kounzilat, Anna GioanL’Ambassadeur Lopes, Rhode Makoumbou

Le public se livre au salon de la Plume Noire

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Abonnez vous à Afrique Azur coordonnées Nice : [email protected]

Paris ; [email protected]

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Hommage à Gaston Monnerville, premier député noir de la Guyane

Une statue a été dévoilée à Parisen hommage au premier députéNoir, Gaston Monnerville, ori-

ginaire de La Guyane. La cérémonie aeu lieu en présence du maire de Paris,Bertrand Delanoé. Illustre homme poli-tique et remarquable homme de Droit,Gaston Monnerville est né à Cayenne le2 janvier 1897. Il est mort à Paris,presque centenaire, en 1991. GastonMonnerville a fait une brillante carrièreuniversitaire et littéraire. Sa thèse deDroit a porté sur un sujet d’une incroya-ble actualité en Afrique : «L’enrichisse-ment sans cause». Auraient fait partie deson échantillon méthodologique toutesces fortunes, par exemple, amassées parles dirigeants noirs africain alors querien dans leur parcours professionnel nele justifie. Quand on sait que les «biensmal acquis» par nos chefs d’Etats afri-cains sont à l’origine de la misère hu-maine dans laquelle vivent la plupart desAfricains on comprend les principesd’équité qui gouvernaient Gaston Mon-nerville quand il réalisa sa thèse.Homme épris de justice et de liberté, ilfut un éminent avocat dont la puissanteplaidoirie sauva du bagne ou peut-êtrede l’a guillotine, un groupe de Guyanaisqui s’étaient révoltés à la suite d’unefraude électorale. L’injustice et la discrimination raciale, ilen fut, bien entendu, victime, notammentdans les années 1930, au plus sombre de la période nazie. Les

Allemands du IIIème Reich en voulurentà la France d’avoir élevé dans la sphèrepolitique Gaston Monnerville, un Nègre! A un mois près, il manqua d’être Pré-sident par intérim de la France en sa qua-lité de Président du Sénat. Cet honneuréchut à Alain Poher qui fut son successeur à la haute Assem-blée. Dans une France farouchement fermée àl’innovation ethnique en politique (no-tamment en haute politique) l’ascensionde Gaston Monnerville dans les années1930 semble tenir d’une exception. Ils’agit d’une question raciale. Mais sans doute aussi d’au-tre chose Comment comprendre que la candidate

Verte à la présidence, Eva Joly, aussiblanche que Ségolène Royale, suscite unphénomène de rejet sous prétexte qu’elle ne possède pasd’accent français adéquat ! Eut-il un ac-cent parisien, le sénateur Monnerville,né Noir, n’aurait jamais envisagé postu-ler à la magistrature suprême, non pasparce qu’il était contre le suffrage uni-versel, mais parce que lucide. La frilositéfrançaise est un impondérable. Fut-il franc-maçon, Mon-nerville savait que sa puissance intellectuelle n’aurait pas suffit à briserce noyau dur, le tabou de la candidaturenoire en France, à l’inverse des Etats-Unis.

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En présence de Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, Bertrand Delanoë, Maire deParis et de Roger Lise, Président de la société des amis du Président Gaston Mon-nerville, a été inauguré, le mardi 20 décembre 2011 à proximité du Sénat, un busteen la mémoire de ce grand homme d’Etat qu’a été Gaston Monnerville.

Maître Francis MONNERVILLE :Le petit neveu

sculpteur du buste, Jacques Canoninci,

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Assemblée générale de l’association desBurkinabés de Nice

Assemblée générale de la communautéBurkinabée de Nice ce 1er octobre2011 dans une ambiance à la fois cool

et sérieuse comme savent l’exprimer leshommes du pays intègre. L’intégrité en ques-tion, ce n’est pas que de la théorie. Une preuve? « Le consul est fier de la communauté Bur-kinabé parce qu’aucun membre n’a de pro-blèmes avec la justice » soulignera NazaireOuédraogo. L’année a été en évènements.L’assemblée du 1er octobre a fait suite à lafoire de Cagnes-sur-Mer où la culture nationalea été fortement mise en valeur. Le Burkina-Faso, à en croire le consul, (voir notre article)est un pays africain épargné par les effets de lacrise libyenne et des tensions politiques en

Côte d’Ivoire. Sur l’échelle des «risques-pays » le Burkina ferait-ilpartie des pays considérés commeune «exception politique » ? C’esttout le bien qu’on souhaite au conti-nent africain. Car malheureusement

pour l’heure, l’Afrique ne rassureglobalement personne. Le jeu démo-cratique a du mal à prendre ainsi quel’ont montré la Côte d’Ivoire, leGabon, La RDC etc.

Bureau en exercice :Trésorière adjointe : Maïga Néné,Trésorier : Ouédraogo MaximeVice-président :Saydou Sawadogo Secrétaire général Diendéré Pierre

10Le foot un enjeu politique

La Guinée Equatoriale, une petite dictature d’Afrique Centralea organisé la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2012. Sportet politique sont souvent de mèche. De tous les pays qualifiés,aucun n’est dirigé par un régime démocratiquement élu. Sa-medi 21 janvier 2012, à l’ouverture de la coupe, on a pu noterune forte densité de tyrans noirs à la tribune officielle. Ceux-ci avaient l’air contents d’avoir offert des jeux à leurs peuplesmeurtris par la crise. Toutefois on dit d’Obiang Nguéma, undictateur éclairé : une partie de ses revenus pétrolier est injectéedans des réalisations économiques.

CAN 2012

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Association Bana Brazza

Les natifs de Brazzaville vivantdans la Diaspora : c’est le sensde la notion «Bana Brazza».

L’association a vu le jour en novem-bre de l’année 2011. Comme son nomne l’indique pas, Bana Brazza re-groupe également des non Congolaisqui ont, d’une manière ou d’uneautre, partie liée avec le feeling res-tropctif des années 70, un âge d’or.L’objectif est de revitaliser les ar-chives de cette époque qui, commechacun sait, renferment les archétypesstructurels et, notamment culturels, detout ce qui se fait à l’heure actuelle etdont les observateurs, souvent dému-nis de mémoire et d’esprit de re-cherche, croient les tendances sortiesex nihilo. L’idée de créer BanaBrazza est née d’une fête organisée àVillepinte, l’été dernier, opportunitéà l’occasion de laquelle la musiquedes années seventies qui tournait dansla sono réveilla des modèles festifsque le temps avait réussi à entrerredans l’inconscient de chaque fêtard.La suite de cette réminiscence a eulieu le 12 novembre 2011 au Cargo,à Bobigny,

dans la salle Le Prestige. Ce futla journée inaugurale des BanaBrazza. Le bureau, présidé par

Arlette Loukakou, a été présenté à unpublic très BC-BG venu nombreuxsoutenir l’évènement. La partie musi-cale ne fut pas en reste. Elle a étémagnifiée par des monstres de lachanson comme Théo Blaise Nkoun-kou, Pierrette Adams, Dino Vangu,Loko Massengo, Danos Canta, Lo

Benel, Fernand Mabala etc.Denis Malanda campa dans lerôle de maître de cérémonie.

Le bureau : Arlette Loukakou (Prési-dente) ; Ginette Nkoua (secrétaire gé-nérale) ; Romuald Ayina (secrétairegénéral adjoint) ; Berthine GalibakaGantsion (première trésorière) ; Cy-riaque Bassoka (deuxième trésorier) ;William Sianard (chargé de commu-nication).

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Denis Malanda, Pierrette Adams

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Afrique Azur Magazine, 56 Bd René Cassin 06200 Nice - France

Tél : 04 93 83 28 93Association Loi 1901

Enregistrée en Préfecture de Alpes-Maritimes sous le N° : W062002707, Code Siret :408 708 501 000 15 Code APE : 913 EPrésident : Jean-Louis Van Den Hole

Directeur de Publication : Jean-Louis Van Den Hole06 98 06 97 91 [email protected]édacteur en chef : D. T.Gustave. Bimbou [email protected]édactrice adjointe : Jaya Mareemootoo [email protected] Commercial : Jaya MareemootooAttachée de presse : Jaya MareemootooPhotographies : Rosan Moradel - Gustave BimbouMaquette et Conception Graphique Gustave Bimbou - Jaya Mareemootoo

Edition n° 9 de Février 2012

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Dossier sapologieJean-MarcZyttha-Al-lony : «laSape est unegrâce d’exister,une stupeurd’être»

Jubilations morales et philosophiques. Que ce soit au Congo-Brazzaville ou en France, la Sape concerneles Congolais de tous âges et de tous statuts. Même les hommes politiques de premier plan s’y mettent.Il vaut mieux être Sapeur que sportif de haut niveau ou artiste. Snobisme, passion ou philosophie ?Pour Jean-Marc Zyttha-Allony, 58 ans, Congolais installé en France depuis trois décennies, la Sapeest tout sauf un snobisme. C’est un « contentement de soi », « une joie née de ce que l’homme se considèrelui-même et sa puissance d’agir », pour citer Spinoza. Entretien.

Afrique Azur : Vous citez Spinoza pour définir la Sape.Mais pour le philosophe, il faut être dans le dénuementpour apprécier pleinement « la grâce d’exister, la stupeurd’être »…

JMZA : Connaissez-vous un Sapeur riche ? Nous sommestous ruinés par cette envie perpétuelle de veiller à cette mer-veilleuse « grâce d’exister » qu’est la Sape. Tout homme, auCongo, qui vous dira qu’il est riche et Sapeur, ment.

AA : Plusieurs hommes politiques congolais sont riches, dumoins ils ne sont pas dans le dénuement, pourtant ils se ré-clament de la Sape…

JMZA : C’est une fantaisie ! Ils ne sont pas dans le besoin,c’est certain. Mais sont-ils dans la Sape ? J’aimerais qu’ils mele prouvent. Vous savez, la Sape et la politique sont deux do-maines incompatibles. Et pour cause : le premier est un che-minement et le second, une mission. La politique tolère lemensonge, la magouille, etc. La Sape, elle, constitue une re-cherche constante de la perfection. La Sape ne tolère donc nile mensonge, ni la magouille. Toutefois, la communauté élé-gante congolaise a donné à l’élite politique quelques-uns deses meilleurs adeptes. Pour d’autres mérites bien entendu !

AA : Expliquez-nous !

JMZA : Aux abords de l’indépendance, il a existé des Clubs,lesquels n’étaient pas que de jouissance, l’esprit ayant fait flo-rès dans certains d’entre eux. Sinon que voudrait dire le Club« les Existants », si ce n’était un clin d’œil aux « Existentia-listes » ? Même si l’Existentialisme n’était pas un courant po-litique mais philosophique. Avec l’intrusion dumarxisme-léninisme comme mode de gestion dans les années70, au Congo, la Politique et la Sape (ce Dandysme à la modeau Congo) ont définitivement divorcé, l’appétit pour l’élé-gance passant pour suspect. Heureusement, cette défiance, au-jourd’hui, a disparu, au point que la Sape est quasimentintégrée dans l’ADN culturel du Congo. En tout cas, tel est lesentiment qu’entrevoit la volonté politique actuelle, si ce n’estun objectif occulte de la part du pouvoir, à en croire quelquesesprits chagrins…

AA : Est-ce le rôle d’un homme politique de parler de laSape ?

JMZA : Je ne suis pas politologue ni professeur de sciencepolitique ou de sociologie, mais les hommes politiques congo-lais qui se réclament de la Sape se trompent de mission. Biensûr, il ne leur est pas interdit d’épouser l’élégance ! Mais,parce qu’ils assument une mission au service du peuple, ilsdevraient se garder d’en parler… Sinon, quel exemple don-nent-ils à la jeunesse ?

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AA : Beaucoup de Congolais vous considèrent, vous Jean-Marc Zyttha-Allony, comme l’un des meilleurs Sapeurscongolais. Qu’en pensez-vous ?

JMZA : Merci beaucoup ! Mais, vous comprendrez qu’à 58 ans,j’ai vogué pas mal de temps dans cet océan que sont la vie etl’amitié. Des hommes de goût, j’en ai croisés. Des moins jeunesque moi, des promotionnaires dont des amis et des aînés quim’ont inspiré. Ne pouvant tous les citer sans faire de jaloux, je neretiendrai post-mortem que l’ami Gondet Maléba, quelques aînéstels Basile Bigeni, Martin Koloko, Trudel Bikoumou. Et puis legrand François Nkodia, alias Francos. Ce dernier, encore en vie,à mon grand bonheur, restera à jamais une figure tutélaire. C’estdire à quel point les meilleurs Sapeurs congolais sont plétho-riques.AA : Que vous procure la Sape, sur le plan personnel ?JMZA : Le gain est multiple. Pour exemple, je citerai aisément lafraternité, du moins l’amitié. Permettez-moi une digression, laSape, c’est aussi une « amitié que chacun se doit », pour para-phraser Montaigne. Je veux dire : on ne peut se faire d’amis sil’on ne s’aime pas soi-même.AA : Revenons sur votre amitié avec les autres Sapeurs…JMZA : L’amitié constitue, en effet, le premier des gains de laSape. Deux sur cinq de mes amis ne le sont que parce que notreintérêt pour la Sape aura été un critère de sélectivité déterminantet, par conséquent, un vecteur d’estime. Nous ne choisissons pasnos parents, en revanche nous choisissons nos amis, nosfemmes… La Sape exige une consanguinité culturelle, morale etphilosophique sans faille. Soit dit en passant, ma passion pourl’histoire de l’art, ou l’art en général, ne se justifie que par celaégalement, au-delà de tout intérêt cognitif. La Sape a contribué àune culture du Beau qui a émoussé dans un tel enthousiasme maquête du Bonheur.

AA : On peut dire que la Sape n’est pas qu’une simple ma-nière d’être, c’est aussi un ensemble de valeurs ?

JMZA : Vous avez tout compris ! Entre nous, nous ne transi-geons pas sur le respect de soi-même et de l’autre ; nous avonsun goût immodéré pour le verbe. Nous chérissons, entre autres,l’imparfait du subjonctif. Et, surtout, les trois points de suspen-sion, indicateurs d’une lecture infinie de l’esthétique.

AA : La Sape est donc pour vous une philosophie et une pas-sion ?

JMZA : Une philosophie, en effet, dans la mesure où je me dé-couvre au jour le jour par le doute permanent de ce que je vaux.Je me pense aussi à la fameuse question de Sédar Senghor : « Qui

suis-je ? » Et, sans prétendre jouer les censeurs ou les guideséclairés, la Sape est une règle de vie, très stricte, qui s’est impo-sée à moi, avec cet équilibre entre l’esprit qui invite à la sociabi-lité, la civilité qui me prédispose à une supériorité aristocratiquetout sauf matérielle. Elle est autant une quête permanente dansma mise de la meilleure pièce, à chaque fois que je dois me vêtir,me chausser. La passion est donc là aussi, pour expliquer quej’accomplis, en fait, un geste ordinaire, mais de manière extraor-dinaire. Ce qui, bien sûr, ne va pas à l’encontre d’un dandysmeque je voudrais actif, aux contraintes et goût d’aujourd’hui. Toutcela, sans verser dans une vanité satisfaite de moi ou une quel-conque satisfaction gourmande pour l’épicurien tenu dans songoût de l’exceptionnel. Toute la philosophie de l’être qui le laissetransparaître, bien malgré lui.

Par principe, je n’aime pas parler de moi. Et c’est la raison pourlaquelle je ne suis pas friand des estrades ou des podiums pourattirer la lumière. Et pourtant, quel est cet initié qui ne saurait mereconnaître dans ce cercle de « Chiffonistas » ? Au reste, la pas-sion pour la Sape, qui a influé tendancieusement sur mon destin,n’a pas enfreint ma curiosité intellectuelle qui m’a doté d’unepensée raisonnée. Je pratique la Sape comme une plaisanterie,mais une plaisanterie sérieuse m’invitant à la réflexion pour com-prendre et justifier le rapport des Congolais à la mode et cet en-gouement pour l’élégance.

AA : Qu’est-ce que vous lisez en ce moment ?

JMZA : Discours sur le bonheur d’Emilie du Châtelet, un livreacheté dans une brocante. Ce livre fut écrit par un esprit libre etéclairé, une grande hédoniste. Délaissée par Voltaire après dixans de vie commune, blessée, elle s’interoge sur la fatalité del’amour et écrit ce livre, en prônant par exemple qu’"on n’estheureux que par les goûts et les passions satisfaites". Je vous re-commande ce livre.

Propos recueillis parBedel Baouna

Suite Sapologie

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Suite Sapologie

Comment d’autres sapeurs définissentleur mouvement

Archevêque Lobobo, commercialArchevêque Lobobo

La Sape, pour moi, est à la fois une ma-nière d’être, une passion et une philoso-phie. Une trinité, donc. Je dors et meréveille avec la Sape, comme les chré-tiens avec la Bible. Oui, la Sape est dansmes gênes: je l’ai héritée de mon père,lequel, dans les 1960-1980, faisait partiede l’élite intellectuelle et vestimentairede Kinshasa. Il y a ceux qui font de laSape un moyen d’exister. Mais ils setrompent : la Sape n’est réservée qu’auxgens aisées, car sans argent l’on ne peutse vêtir. La Sape égale vêtements chers.J’ajouterai que la Sape est un mouve-ment pacifique qui combat la «Bour-geoisie irresponsable», entendez par-làles hommes politiques qui ont détruitnos pays...Actuellement, en RDC, le trio gagnantdans l’ordre de la Sape, se composecomme suit : Archevêque - Papa Wemba- Yokas Yondo. J’ajouterai que la Sapen’est réservée qu’aux gens aisées, carsans argent l’on ne peut se vêtir. LaSape égale vêtements chers.

Aimé Bedel Eyengué,

écrivain

«La Sape est forcément une culture. Unensemble de règles, de codes, demoeurs, à ne pas enfreindre. C’est unétat d’esprit. Un Sapeur est un meneur,quelqu’un de généreux, d’optimiste, quioffre au monde entier ce qu’il a de meil-leur en lui. La Sape, c’est la recherchede l’harmonie entre l’être et lui-même.En somme, c’est un philosophe. Et, auCongo, c’est Poto-Poto - un arrondisse-ment de Brazzaville - qui a vu naître lesmeilleurs sapeurs.

Yvon Mougany, chargéd’études en Environne-ment

«La Sape est, comme l’a dit si bienAimé Eyengué, un ensemble de codes.Mais, c’est surtout un exercice perma-nent de transfiguration du corps en oeu-vre d’art. De ce fait, la Sape ne se réduitau port conventionnel du Costume-Che-mise-Cravate. Non, il y de beaux blou-sons et jeans qu’on ne peut exclure dans

la recherche de la transfiguration ducorps. Personne, mais vraiment per-sonne au Congo, désormais, ne m’im-pressionne. Et pour cause: tout le mondecopie tout le monde. La créativité a étéjetée aux orties. Or la Sape, c’est êtrechic dans la diversité des fringues.

Daf Nganga, agronome

«La Sape n’est rien d’autre qu’unecourse vers le raffinement, la finition.Par conséquent, nous chérissons lacherté. Un piège. Nous nous ruinons. Oril y a des couturiers, certes anonymes,mais qui vous font de très beaux cos-tumes. La Sape n’est pas statique; ellebouge. En fait, se vêtir, c’est accrochersans flasher... En tout cas, dans ma vie de «sapeur»,j’ai été marqué par un trio magnifique :Gondet Maleba-Nono Ngando-MarcelMayembo.»

Jacques Mouyas, impri-meur

A droite, Jacques Mouyas La Sape, c’estle langage, le comportemental. Le vesti-mentaire par-dessus tout. Cela, à Maké-

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lékélé je suis le seul à comprendre. C’estpourquoi on m’appelle le «Président». »

Que répondez-vousaux critiques quidemandent aux

Sapeurs d’investir auCongo au lieu de dilapiderdes sous dans les fringues?Milos : Ce n’est pas aux sa-peurs de développer leCongo. Les politiques ontété élus pour ça. Maiscomme en réalité ils n’ontaucune légitimité des urnes,ils se déchargent sur lesONG et, désormais sur lessapeurs. D’après Platondans l’Apologie de Socrate,la politique ne consiste pasà prendre le pouvoir et leconserver. C’est un art oùl’on prend soin des âmes decitoyens, pour les rendremeilleures que possible. Vous n’avez pas peur decritiquer ?Socrate a aussi dit qu’Ilfaut dire toujours ce qui estmieux que ce soit plaisantou désagréable à entendre.Ce n’est pas en tuant lesgens que vous empêcherezqu’on vous reproche devivre mal. Vous êtes dansl’erreur. Cette façon de se

débarrasser de censeursn’est ni très efficace ni ho-norable ; la plus belle et laplus facile, c’est, au lieu defermer la bouche aux au-tres, de travailler à se ren-dre aussi parfait quepossible.Comme Socrate, le Sapeurest le taon qui de tout lejour, ne cesse jamais devous réveiller, de vousconseiller, de morigénerchacun de vous et que voustrouverez partout poserprès de vous. C’est pour cette raison queles DVD prolifèrent sur lemarché comme des taonspour ne pas laisser les poli-tiques de tout repos. Maisne comptez sur les sapeurspour faire leur boulot à leurplace. Il faut que les gens arrêtentde stigmatiser les sapeurs.Ce n’est pas aux sapeurs deconstruire les hôpitaux, lesécoles, les routes et de don-ner des emplois aux chô-meurs.Raison pour laquelle je medéfinis comme le Fantassinde la Vertu. Il n’y a pas de

Mocassin croco - espèce non protégée -(2.250 €), Pantalon Roberto Cavalli(750€), Veste Corneliani double retor ca-chemire (999€), chemise D&G (350€) ,Lunettes Façonnable corne de rhinocéros(espèce protégée en voie d’extinction)350€, Torpédo Alain Figaret (70 €)

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Milos de Moungassa mia Ndocko

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réussite sociale et politique sans souci de la mora-lité et de la justice. Ce ne sont pas les sapeurs quivolent les deniers de l’Etat. S’il y a vice, ce n’estpas du côté des sapeurs, c’est du côté de la classepolitique qu’il faut le chercher. Tu ne trouves pas délirant de mettre 4.500 €dans une paire de chaussure ?C’est un plaisir en soi. C’est comme un collection-neur qui achète un Picasso à 1 million. Il assouvitune passion.Au moment où tu me parles comment es-tu ha-billé ?Je suis habillé en blazer cachemire, double retorsde Cornéliani, (1000 €), chemise D.G (350 €), pan-talon Jean’s Roberto Cavali (700 €), mocassincroco (2.250), caleçon Alexander M Queen (60 €).Totaux plus de 4000. Je sais que ça fait râler mais c’est la sapologie,

une folierai-

son-née.

Joël Dedoual, Nuptia, Gho

Sortie imminente du DVD Apoca-lypse Sape I, le document le plus at-tendu dans l’histoire de lasapologie. Pour la première fois lasape a été amenée à Monaco, paysdes aristocrates et à Nice dans leshôtels les plus huppés de la Côted’Azur, notamment au Negresco, auPalais de la Méditerranée et sur lesmarches du Palais du Festival deCannes.

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Roland, Flore, Le Maire

Sylphata, Milos, D

e Patcho

Milos et Apo Mbongo

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Le leadership de la sape est âprementdisputé entre les deux Congo ;chaque pays, bien entendu, se posi-

tionnant en leader du mouvement sapéo-logue. La guerre de la sape entre les deuxsociétés (des ambianceurs et personnes élé-gantes -défintion de la SAPE) n’est passans rappeler le conflit intellectuel entre LaFrance et La Belgique, les pays colonisa-teurs. Les riverains du fleuve Congo serenvoient des quolibets sur le ton sarcas-tique de la plaisanterie. La religion du chif-fon (kitendi) est officiée à Kinshasa par lePape Papa Wemba, grand franc-maçon del’élégance regardé par les sapeurs commeles chrétiens regardent le Saint Sacrement :avec un intégrisme aveugle. A Nice sur La Côte d’Azur, trois noms pra-tiquent avec ferveur la religion kitendi : Mi-chel, Béa Star, Didiéro (voir photoci-contre)

Ci-dessus, trois initiés de la sapologie posant sur leCaillou à Monaco : de gauche à droite Monica Syl-fata, Fuluzioni, Béa Star dite Bic Rouge. Ci-contre :quatre maniaques du linge : Michel Ngombo, Fulu-zioni, Milos Mouangassa, Didiéro, derrière lesquelson reconnaît les tableaux de Henri Benoît Matisse

La trilogie déterminante azuréenne : notez le port assumédes couleurs achevées et inachevées de Michel Ngombo(Congo-Brazza), Bic Rouge, Didiéro (RDC)

L’unité des peuples : quatre sapologues duCongo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa

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Arnaud Timofar

Guy, Le Brodard, Le Bachy de L’Essonne, Modéro, Fuluzioni, Malhy Longue Histoire

Les origines de la sape

Les hypothèses sont variées,certaines cousues de filblanc. D’où vient la sape ?

Pourquoi les Congolais en font-ilsun rite compulsif obsessionnel ? Ila été chanté par Rapha Boundzékique l’origine de la sape se situe au-tour des années 1920 «lors du re-tour au Congo des ancienscombattants de la première guerremondiale.» Il a été dit par d’autres

que le mouvement de la sape re-monte carrément au 15 ème siè-cle, à l’époque du Royaume deKongo. Le leader charismatiqueserait le Roi Afonso 1er, le Mani-Kongo, autorité suprême desKongo en relation diplomatiqueavec la première puissance euro-péenne contemporaine, le Portu-gal. Cette hypothèse semblecorroborée par les travaux des his-toriens Marie-Michel Dufeuil etThéophile Obenga qui ont consa-cré un article sur les pratiques ves-tiventaires dans l’ancien royaumedu Kongo (in Annales de l’Univer-sité de Brazzaville). D’après l’anthropologue JustinGandoulou (De Paris à Bacongo ;monographie réalisée grâce auCentre Georges Pompidou), lasape congolaise correspond à unrite de consécration. On se pare deses plus beaux atouts vestimen-taires comme le chrétien ingurgitela Sainte-Cène en ayant la sensas-tion de subir une métamorphosespirituelle identique à la transfigu-

ration. Il suffit de voir l’état dequasi excitation mystique exta-sique dans lequel se trouvent lessapeurs au cours des défis pourcomprendre cette alchimie. L’autre hypothèse, plus prosaïque,affirme que la sape correspond àune contre-culture ayant une fonc-tion contestaire implicite. Que si-gnifie ce mouvement social quipasse par la mise vestimentaire ex-travagante ? Il se peut qu’il s’agitd’un glissement tactique du conflitdu corps politique sur le terraindu corps esthétique. Dans uneafrique cruellement dictaoriale,ceux qui ne supportent pas les oli-garchies militaires subliment lecombat par lune mise vestimen-taire quasi fétichiste. Ce n’est pashasard si le mouvement s’est cris-talisé et durci au Congo, en milieukongo-lari sudiste, dans un paysdirigé depuis des lustres par unpouvoir issu du Nord.

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Burel écume les plateaux de télé et de radio. Ilrépond sans cesse aux sollicitations des jour-nalistes qui viennent le filmer jusque dans

son studio musical SMB (Studio Midi Burel) à Paris.C'est que le Cardinal Burel, 41 ans, a une double cas-quette : il est musicien et sapeur. Ou plutôt Sapeur-musicien. Car chez lui, il est toujours tiré à quatreépingles comme si se saper était une seconde nature.La sape est un mouvement qu'il sublime danspresque toutes ses oeuvres : "Un artiste doit avoir unlook. Et comme je suis Congolais, la Sape constitue,pour moi, une donnée de l'existence, c'est tout natu-rellement que j'ai adopté cette représentation" lâche-t-il avec un sourire débonnaire. Pour ce faire, il achoisi les couleurs vives. "La Sape consiste à attirerd'abord le regard de l'autre, avant d'être quoi que cesoit" ajoute-t-il. Tant pis si on le qualifie de "narcis-sique" Le regard de l'autre l'intéresse plus que toutautre chose. C'est pourquoi la Sape reste le fil

conducteur de sa musique.

Une longue expérience musicalePour autant, tous ses textes ne traitent pas de la Sape.Dans les années 1980, très jeune, il faisait chavirerles coeurs des supportrices de l'orchestre Les Très fâ-chés. Ces chansons de l’époque n'évoquaient pas laSape. En 1990 il réalise un album avec TontonMayala, musicien congolais. Un an plus tard, il sortson premier album en compagnie du BrazzavilloisRapha Boundzéki et de Roger Lutin de Bacongo. En1997, rebelote. Puis il atterrit en Europe, fuyant laguerre. C'est en 2007, dans son album Academie dela Sape, avec le concours de Rapha Boundzéki, qu’iltisse littéralement ses textes dans la toile de la Sape.la Sape imprègne vraiment son système musical. Laconsécration arrive en 2010 avec l'album Intégrationdans la Sape. «La Sape est un mouvement pacifiste. Elle permetd'être en harmonie avec soi-même et avec l'environ-nement. J'encourage donc les jeunes à fuir la vio-lence pour intégrer la Sape» analyse-t-il, en saluantau passage son aîné, Adrien Mombélé, alias Niarkos,de l’ethnie Téké comme lui, Sapeur et musicien his-torique.

Florence Banzouzi

Burel le grand Batéké, unCardinal de la Sape

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DANS LES BACS MUSICS :AFRIQUES-CARAIBES

OCEAN-INDIEN

L’hiver est chaud et très show. Des Caraïbes à l’Océan Indienen passant par l’Afrique, la musique s’exprime dans toute sadiversité, unie par un lien : le swing. Le mélomane a le choixentre makossa, ndombolo, zouk, séga, maloya, coupé-décalé

De retour au pays pour quelques se-maines, les Pimba brothers ne sont pasvenus les mains vides, mais avec un ma-gnifique album qu'ils ont concocté à

Paris avec le chanteur du Magnum BandNestor Azérot, et André Déjean à la

trompette.

Victor Martinel, a publié son troisième album GénérationVictor MARTINEL, dit « TOTOR, VICK, CHABIN YA » pour lesintimes. Originaire de la MARTINIQUE, d’un quartier du Lorrain, appeléle CARABIN.Sa précocité s’affirme dès l’âge de 6 ans car son père musicienamateur, charpentier, menuisier de profession lui offre sa premièreguitare.Au bout de quelques années de pratique, il eut l’idée d’en-lever deux cordes de son instrument et s’ouvre par la même unevocation de bassiste. C’est un charmeur au grand coeur qui saittransmettre son amour de la musique qu’il communique aisémentavec son public admiratif.

2011 il sompose son album solo METISSE avec la partiipaton de :TI-JAK, Thierry Vaton, Nestor Azérot, Jan-Philippe MarthelyAlbum Génération un mélange de genres et de styles zouk-companous laisse pas indifférent «YO MAYE OU DEMAKE»

TOTOR s’entoure des MEILLEURS...

KEUBLEPRO.COM

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Yvon Moumpala, chanteurcompositeur, parolier. Bientôtdans les bacs - Rumba rock.

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Bassiste virtuose, il n'oubliejamais d'emporter avec luises racines africaines, ses in-

fluences jazz et son inaltérable bonnehumeur...A la question «d’où vient-il qu’auCameroun il y a beaucoup de bonsbassistes ?» Richard répond : «Dieua planté un arbre au Cameroun quis’appelle le bassier et les fruits de cetarbre s’appellent les bassistes»Richard Epessé est originaire de lacôte du littoral du Cameroun, Paysd'Afrique Centrale situé au-dessus del'Equateur et s'ouvrant au Sud Ouestvers l'Océan atlantique. Du haut deson mètre 98, fort de ses 95 kg, ilcompte plus de 20 années d'expé-rience dans la musique. Il est un mu-sicien polyvalent (guitare acoustique,Basse, Chant Clavier, Percu) et estdevenu une référence des nuits de

Paris pour qui les studios d'enregis-trement, les clubs de jazz et les pla-teaux de concert n'ont plus de secret.

Chanteur aux cordes vocaleschaudes, arrangeur confirmé, il sefait un devoir de nous livrer un réper-toire éclectique, fruit d'une inspira-tion tributaire de son environnementmusical cosmopolite.

Compagnon de route de PapaWemba, Lokua Kanza, Manu Di-bango,, Ray Lema... il sillonne lesfestivals européens, (Meeting musicen Hollande, Solidays Paris, WomadLondres- Athenes Palermo, AftikanWûrtzgurb Festival Allemagne. ..) etafricains (Jo'burg festival en Afriquedu Sud, festival de musique royale auMaroc)....

Les Camerounais ont fait de la basseun sacerdoce. Il y a eu plusieursgénérations de bassistes. Richard

Epessé se situe dans la troisième généra-tion, celle des Richard Bona, AndréManga, Etienne Mbapé, Hilaire Penda,Frédéric Ndoumbé etc. Au dessus de cettegénération, celle des Djo Tongo, ce der-nier avoua avoir beaucoup écouté De LaLune (bassiste congolais des années 1960à Léopoldville). Au dessous, régne la gé-nération des Micky Basse, Bijoux Basse,et plus bas celle qui incarne la pépinièredes bassistes plus mordants que jamais etqui n’attendent que d’avoir une place ausoleil pour boxer, eux aussi, dans la caté-gorie internationale. Exception confirmantla règle, dans la génération au dessus decelle de Richard Epessé, il y a RidoBayonne. Ce fruit n’a pas poussé sur lebassier (pour reprendre la métaphored’Epessé) IRido a étudié la basse àDouala, mais il est originaire du Congo-Brazzaville.

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Isis Figaro est une étoile des danses latines tropicales.Considérée comme une des pionnières de ce mouvement, Isis Figaro a contribuéà l’explosion de la mouvance Salsa en France.Reine de beauté et mannequin, cette Diva caribéenne de la danse a foulé lesscènes les plus prestigieuses, à Porto Rico, Cuba, et à travers les Etats-Unis, auxcôtés des plus grands noms de la danse salsa, tels que les Frères Vasquez, JosyNeglia ou encore Eddie Torrez. Elle est l’une des quatre personnalités au monde, à avoir jamais été récompenséepar le gouvernement Porto Ricain pour son action d’expansion de la salsa, enayant créé une des plus grandes écoles de danses latines, ce qui fait d’elle l’am-bassadrice indiscutable de la Salsa en Europe.Figure emblématique de ce milieu, Isis Figaro a, durant plusieurs années, forméavec dévotion et passion des centaines de danseurs et de professeurs de Salsa.« Salsa Latine Tropicale » est un single à son image, pétillant de joie de vivre,destiné à nous faire danser.

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Garde espoir» est un album de conscientisation riche en mes-sages que l'artiste camerounais, Habib, passe à tous les jeunesqui ont perdu la foi. « Ils doivent savoir que l'espoir fait vivre

et contribue à notre réussite. Aujourd'hui j'ai réalisé une part de monrêve parce que j'ai toujours été optimiste, j'ai cru en moi et surtout enl'action du très puissant. En effet, celui qui n'a pas d'espoir doit cesserde vivre».

HABIB s'inspire de la vie et de la nature. « Tant que j'écoute, je vois etje respire, je ne manquerai jamais d'inspiration ». Cet album comporte« 11 titres » enregistrés, mixés et masterisés au studio G- Music (Gis-lain Music) situé à Douala (Cameroun).Les thèmes abordés sont les suivants : L'espoir à travers le titre phare« Garde espoir » où il conseille les jeunes désespérés tout en leurs rap-

pelant les réalités du quotidien.- L'émotion avec « Telle mère... » Qu'il dédicace à sa génitrice et auxmères du monde qui contribuent malgré tout à la réussite de leurs en-fants.- L'amour avec « Laisse parler ton cœur » qui évoque le problème desincérité en matière de sentiments et « Amour des miens » où il ex-prime le degré de souffrance qu'il peut subir pour le bonheur des siens.- L'ambiance avec « In the party » où il invite ses admiratrices à se dé-fouler afin d'oublier les soucis de la vie.- L'illusion avec « J'aurai du fric » puisque les rêves peuvent être à unmoment donné une vraie source de motivation.- L'égotrip avec « HABIB » où il se présente et « Au micro » où il ré-vèle ses principaux objectifs dans la musique.

L’espoir fait vivre

ant qu’il y a Habib, il y a l’espoir

Album Compa-Nati, se mélange à desrythmes tantôt zouk, Mazourka, traditionnel

de l’Afro/Caraîbéen... 7 TITRES seulement alors on ne se lasse pas

à écouter et à passer en boucle.Sa Balance !

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N’HESITEZ PAS DENOUS CONTACTER

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Un vibrant hommage a été rendu à Mona, artiste antillais, à la La Chapelle deLombard dans le onzième arrondissement parisien. La commémoration a eulieu sous des sons de percussions boxées avec frénésie par le groupe GroovNdiz

GroovNdiz, est un groupe de musique créépar Nestor Azerot afin de rendre hommage àEugène Mona. Six mois de répétiion ont étérequis pour construire le repertoire présenté àla Chapelle de Lombard en l’honneur deMona.

Eugène Mona, de son vrai nom GeorgesNilecam est un chanteur et flûtiste mar-tiniquais, né le 13 septembre 1943 au

Vauclin (Martinique) et décédé le 21 septembre1991 à Morne Calebasse, un quartier de Fort-de-France (Martinique).Artiste phare de la musique antillaise, l'auteur-compositeur a reçu l'éloge d'écrivains commePatrick Chamoiseau et Raphaël Confiant pourses chants qui renferment un puissant contenulittéraire créole.Surnommé «le Nègre debout» ou «poto

mitan», le chanteur flûtiste se disait artistecréole, revendiquant les héritages africain et eu-ropéen, bien sûr, mais aussi indien en introdui-sant notamment des sonorités tamoules dans sesrythmes détonnants. (source : Wikipédia)

GroovNdiz

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Musiques traditionnelles Martinique/CaraibesBèlè/Biguine et Mazouk...

Nestor Azérot, l’homme discret, dérrière les artistesavec une timidé et une simplicité au grand coeur met

en avant bon nombres d’atistes sur scène.Nestor Azérot, chanteur à la voix suave à fait l’essen-tiel de carrière musicale à Haïti, New York et Miamiaux côtés d’illustres musiciens Haïtiens dont les fréres

PASQUET (Doudou et Tico du Magnum Band.Les Musiciens : Jean-Philppe Grivalliers, Phiippe Can-tinol, Gabriel Azérot, Thierry Vaton, Tatiana Beau-drier; Mario Masse, Ameys, Jérôme Castry et bien

d’autres qui viennent compléter le groupe....

GroovNdiz

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Saint-Louis Frantz

François Harpon Yes Papa

STLFM - STLTV Support de communication sans distinctionPromotion de la culture Afro Caraibéenne sous toutes ses formes

Aide à la découverte et au renforcement des liens entres toutes les communautés...Frantz Saint LouisDirecteur Général François Harpon Directeur Adjoint

Chimène Saint –Honoré Secrétaire Général et Marraine de

TONY & MATHIEU HAS BECOME ? OR JUST CHANGE HAS COME FOR US ?AA -A 15ans Tony Jazz se voit comment ?Tony Jazz - Commissaire de police, ou musiciensdonc on m’a dit que ce n’était pas possible… J’aiconnu le racisme dans mon quartier et en gran-dissant, je suis parti au Etat-Unis mais la bas jeme suis senti Français...En 2008 Tony Jazz avecMathieu Billon, nous avons crée une entreprisede production On Air Agency spécialiste des am-biances sonores. Nous précisons ici que nous fai-sons un cadeau de notre music aux fans deBarack Obama et maintenant si le président nousveulent ça sera avec honneur et plaisir. si laFrance fait appelle à nous ce sera avec les mêmeshonneurs et plaisirs

Références : Joss Stone pour sa voix, Aimé Césaire, François Mitterand, Jean Moulin, Ray Charles, le film A la recherche du bonheur.Souvenir : Montréal, souvenir avec ma grand-mèreTony JazzDirecteur de Création de ON AIR AGENCYMerci à mon équipe car c’est ensemble Mathieu Billon Directeur Mar-keting, Charly Léon Chargée de de communicationJe suis fière de travailler avec ces personnes

Si vous avez un rêvemême si vous pensezque c’est perdud’’avance, ne baissezpas les bras, avecénormément desconvictions et croireen son projet on peutarriver à faire tout.Entourez-vous de vosproches, amis et fa-mille et les bonnes per-sonnes pour vousréaliser car c’est lespoints forts.

Merci à ma maman Photo de Guy Tarel

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QUAD présente :

Lucien JEAN-BAPTISTE, Edouard MONTOUTEUn film écrit et réalisé par : Lucien JEAN-BAPTISTE & Philippe LARUEAvec Marie-Sohna CONDE, Magaly BERDY, Loreyna COLOMBOSortie le 14 mars 2012

SYNOPSISPatrick est un homme rigoureux et borné. Elève brillant aux Antilles, sa mère l'a envoyé à l'âge dedix ans pour faire ses études en "France". 30 ans plus tard, il est devenu un historien réputé et fier.Coupé de sa famille et de ses traditions, il s'est intégré au point d'en avoir oublié ses racines... Unnoir devenu "blanc à l'intérieur"...Apprenant que sa mère est sur le point de mourir, il part en urgence pour la Martinique, avec safille unique, et y débarque en plein carnaval.Durant trois jours, accompagné de son ami d'enfance, l'irrésistible Zamba, il va être emporté dansun tourbillon de folie, d'émotion, d'humour et de situations rocambolesques.Un voyage initiatique rythmé par l'ambiance et les couleurs du carnaval. Trois jours qui vontChanger sa vie

Avec son premier film LA PREMIERE ETOILE Lucien Jean-Baptiste nous avez déjà fait prendreconscience des réalités d’une diversité non exploité déjà par des réalisateurs Français, finalement ladiversité reste un pari gagnant car tout y es et sans méchanceité aucune. Les sujets choisis touchenttoujours un public général, pour son histoire ou son vécu Merci Monsieur Lucien JEAN-BAPTISTE

PARTENAIRE AFRIQUE AZUR MAGAZINE

Edito de Jaya

Paris ne s’est pas fait en un jour. Afrique Azur Magazine s’estdonné un mois pour conquérir Paris et l’Île de France. Pourreprendre une image sportive, Afrique Azur Magazine a fait

son «Paris/Nice» ce mois de janvier afin d’élargir le champs de ladiversité culturelle dont le bassin parisien est un immense vivier.Armée de ma détermination et d’une folle envie de mener un com-bat culturel, j’ai frappé à toutes les portes de la capitale. Paris estune ville où se passent tellement de choses qu’il n’était pas normalqu’Afrique Azur se passe de ce vivier socio-culturel. On y tisse dessolidarités. Balzac avait raison : Paris est un village. Le tam-tam yrésonne fort. Mes vifs remerciements à tous nos partenaires quim’ont reçue et encouragés à Paname. 2012, année des défis et dereussite... Merci au DG de Afrique Azur Magazine

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Pourquoi avez-vous choisi l'art ?Liss Kihindou: Est-ce que je choisi lacritique littéraire ? Au début je crois quej’étais comme Monsieur Jourdain qui fai-sait de la prose sans le savoir. Si l’onconsidère que la critique littéraire, c’estparler d’un livre dans le but de susciterdes lecteurs autour de lui, le mettre en lu-mière, ou plutôt mettre en lumière sesqualités, alors je dirais que je fais de lacritique depuis longtemps !

Rhode Makoumbou: Etant la fille d’unartiste, le peintre David Makoumbou, trèsjeune, j’ai voulu connaître les secrets dela création. J’étais très impressionnée parmon père qui arrivait à transposer sur unetoile blanche la vie du marché, les activi-tés de tous les jours dans les villages, lanature, etc. Au début, l’atelier de monpère était un peu ma salle de jeu. Maistrès vite, il s’est rendu compte que j’avaiscertaines prédispositions artistiques et ilm’a initiée aux mélanges harmonieux des

couleurs, à la perspective et au sens de lacréation. L'art, je ne l'ai pas choisi; c'esttout naturellement que je m'y baigne.

Eveline Mankou : Petite, je tenais unjournal intime. Plus tard, vers 15 ans, j'aiécrit une petite histoire dans mon cahier,dont l'intrigue était une feuille sèche quise détache de l'arbre. Elle est contente, carelle vole, mais elle finit par terre et se faitmarcher dessus, comme toutes les autreslorsque le vent cesse de souffler.J'ai décidé de conserver mes manuscrits,bien plus tard seulement, le jour où j'airéellement écouté ma sensibilité. Ce quia m’a permis de canaliser mes émotions.En fait, l’écriture m’a aidé a trouver mavoie. Oui, l'écriture, pour moi, constitueune thérapie: moyen d'exorciser mes dé-mons, moyen d'expression. Bref, unecommunion avec moi-même, une libertéde rentrer dans la peau d'un personnageet de vivre le personnage. L'écriture, c'estma bulle. Ma zone privée. C'est donc à

juste raison que je l'ai choisie.Avez-vousle sentiment que votre parcours ressembleà celui de Saint-Paul sur la route deDamas ?

Liss Kihindou: Pouvoir faire passer auxautres une énergie que vous avez puiséedans un livre est quelque chose de pas-sionnant! D'où l'ouverture, il y a quelquesannées, d’un blog littéraire. Et comme lasociété exige souvent que l’on nomme leschoses, il se trouve que le nom appropriéétait « critique littéraire », alors peut-êtreque, pour faire le lien avec l’apôtre, il y aeu une sorte de ‘‘révélation’’ ? Mais je nepense pas qu’il y ait quoi que ce soit d’ex-traordinaire, aucune commune mesuredonc avec l’apôtre : des dizaines d’inter-nautes, pour ne pas dire des centaines, ou-vrent des espaces consacrés à lalittérature, je suis heureuse d’y contribuer,notamment en ce qui concerne l’espacefrancophone africain qui n’est pas encoresuffisamment mis en lumière.

Jubilations morales et philosophiquesau féminin

Elles sont belles, sculptées dans de l'acier trempé. Elles sont d'origine congolaise et vivent enEurope. Elles ont épousé... l'art. Liss Kihindou, 35 ans, est critique littéraire, une sommité del'avis juste ; Rhode Makoumbou, 35 ans, est peintre-plasticienne, une naïade des pinceaux ;

Eveline Mankou, 36 ans, est écrivain, une "adepte des récits intimes, torsadés de doutes et de viragesexistentiels à angles non euclidiens".Les trois artistes nous parlent de la passion, de la vocation et du bonheur. La culture congolaise, pasau mieux de sa forme, n'échappe pas non plus à la puissance de leurs mots. Interview.

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A suivre

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Par ailleurs, mes parents, tendant toujoursvers un grade plus élevé, se remettantcontinuellement aux études pour accéderà une autre échelle, sont tous deux desexemples qui, sans que je ne m’en aper-çoive, ont orienté mes choix. Etant leurfille aînée, je crois qu’ils ont comploté,ou du moins leurs gènes ont complotépour que je ne m’écarte pas de la voie quia été la leur : l’enseignement. L'un dessens de ma vie.

Rhode Makoumbou: Par rapport àSaint-Paul, je dirais que ce qui est encommun avec moi, c’est d’avoir la Foi enquelque chose pour se donner du courageet de l’espoir. Je milite pour un mondemeilleur, comme Saint Paul allant propa-ger la Bonne nouvelle. N'est-ce pas unenoble ambition ?

Eveline Mankou : Dans la vie, toute per-sonne désire toujours donner un sens à savie. C'est pourquoi je n'hésite pas à com-parer mon parcours à celui de l'âpotre surla route de Damas.Stendhal écrivait : "Le bonheur, c'est defaire de sa passion une vocation." Qu'endîtes-vous? C'est quoi pour vous le bon-heur?

Liss Kihindou : Toute passion a forcé-ment quelque chose à voir avec la voca-tion. Je vois en effet la passion commequelque chose d’irrésistible, quelquechose qui vous aspire, vous appelle avecforce ; vous pouvez tenter d’ignorer savoix mais jamais la faire taire. Passion etvocation s’interpellent, je dirais donc quele bonheur, c’est de pouvoir vivre en har-

monie avec ses inspirations et ses aspi-rations, et je puis affirmer que ce pays,celui du bonheur, ne m’est pas inconnu.

Rhode Makoumbou: Je dirais que jesuis passée de l’amusement à la pas-sion. Vocation dans le sens d’une mis-sion, je n’en sais rien. Tout cela meconduit à me poser la question à la-quelle je n’ai jamais eu de réponse : Est-ce que je serais artiste aujourd’hui simon père ne l’était pas ? Peut-être oui,peut-être non.

Pour répondre vraiment à la question,oui, c’est toujours possible, même sicela ne l’était pas au départ. Cela de-mande énormément d’efforts pour trou-ver un sens authentique et une formeassez originale en ayant toujours à l’es-prit de se dépasser artistiquement.Lorsque l’on peut atteindre un résultat

qui apporte une grande jouissance, c’estle bonheur.

Lorsque cela peut être partagé avec lesautres en leur créant du plaisir et unefierté pour mes sœurs et frères congolais,alors là je peux être quelque peu heureuseen voyant que mon travail n’a pas étévain.

Le bonheur, c’est de vivre ses passionstous les jours dans la réalité et de pouvoirse réaliser socialement vers un objectifqui peut faire avancer le développementmatériel, intellectuel et culturel des popu-lations. Et, évidemment, de pouvoir vivrepersonnellement d’une manière décente.

Eveline Mankou : Le bonheur, pour moi,représente l'instant présent. De petits mo-ments ou évènements éphémères. Il estfragile et ne s'inscrit pas dans la durée. Lapassion, c'est ce qui me fait vibrer, me faisvivre; la passion est mon grain de sel,mon petit piment. Elle peut être aussi maforce, mon leitmotiv. Oui, je suis passion-née par l’écriture, ce qui devient uneforme de vocation, cependant pas systé-matiquement un bonheur.

Parlons à présent de la culture congo-laise dans son ensemble. D'aucuns esti-ment qu'elle est plongée dans une périodede glaciation. Est-ce votre diagnosticaussi ?

Liss Kihindou : J’ai abordé ce sujet il ya un an, dans un article intitulé « cin-quante ans de littérature florissante »,que vous pouvez retrouver sur internet carplusieurs sites l’ont repris. C’était à l’oc-

casion du cinquantenaire de l’indépen-dance de notre pays, et j’essayais de don-ner la température de notre littérature :serait-elle devenue « glaciale », commevous dites ? Je disais que c’était un peuextrême de répondre par l’affirmative,même si l’on souhaiterait retrouver lesannées où les auteurs du Congo-Brazza-ville étaient nombreux à intéresser lascène internationale. Après la disparitionde nombreux d’entre eux : Jean Malonga,Tchicaya U Tam’si, Sony Labou Tansi,Sylvain Bemba, J.B. Tati Loutard, etc.,aujourd’hui, parmi les vivants, on neparle que de quelques uns, ce n’est paspour autant que les Congolais n’écriventplus. Si le monde de l’édition est connucomme étant un monde difficile, c’est en-core plus vrai aujourd’hui avec la crois-sance démographique. Les éditeurscroulent sous les manuscrits et leschances d’être publié se réduisent de plusen plus.

Rhode Makoumbou : Mon avis est par-tagé. Il est vrai que les efforts sont trèsfaibles de la part des pouvoirs publiquespour créer une véritable dynamique quipermette d'encourager tous les niveaux de

la création, une dynamique qui devraitapporter un nouveau développement cul-turel important pour le pays. La culturereste le parent pauvre de la répartition desbudgets.

Mais je vois, quand même, certaineschoses qui bougent. Il y a des émissionsculturelles intéressantes sur des chaînesde télévision. De nouveaux festivals secréent. Après des moments difficiles,l’Ecole de Poto-Poto refonctionne assez

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bien. Des magazines et certains journauxattachent maintenant plus d’importanceaux créateurs.

Et puis, il y a un foisonnement au niveaude la création : la littérature, la dansecontemporaine, le théâtre, la photogra-phie, les arts plastiques, le cinéma, lachanson, la musique, la poésie, les contes,la mode, sont de plus en plus porteurs denouvelles aspirations. Dans mes nom-breux contacts au travers de mes exposi-tions dans le monde, jerencontre beaucoup decréateurs congolais. Ilsse produisent dans detrès nombreux événe-ments (Festivals, salondu livre, galeries, sallede spectacles, etc.) etrentrent parfois au pays pour présenterleur création.

Mais il existe un sérieux handicap pour ledéplacement des artistes vivant au pays,dans la mesure où l’Occident a considé-rablement restreint l’obtention des visaset ainsi limité les échanges.

Les créateurs restent trop souvent livrés àeux-mêmes et les événements culturelsqu’ils veulent initier relèvent presque,toujours au pays, d’initiatives indivi-duelles (parfois collectives). Cela, trèssouvent, sans obtenir des aides consé-quentes des ministères ou du privé.

Pour moi, tous ces artistes et intellectuels

créent des espaces de liberté qu’il fautpréserver et valoriser, pour permettre ànotre cerveau de mieux réfléchir et depouvoir ainsi vivre dans un cadre plusagréable et plus humain.

Eveline Mankou : N'allez pas trop vite,monsieur Baouna! Vous parlez de l'état dela Culture congolaise avec une imageforte, inappropriée à mon goût. Non, jene pense pas que la culture au Congo soitdans une période de glaciation. Il y a desartistes au Congo, le problème se situe auniveau du budget. Créer certes, mais, unefois l’œuvre réalisée, il faut la faireconnaitre. Et c'est là où se trouve le pro-blème. Au delà, il y a tout une éducationdes mœurs à faire, par exemple le réveil

de la conscience col-lective, pour que lepeuple se mobiliseet s’intéresse à l'art,à la culture, force-ment à son histoire.

Un commentairesur le dernier que vous avez lu

Liss Kihindou : Je viens de relire Mau-passant, un de mes auteurs français pré-férés, et en ce moment je suis en train delire Le sceau de l’Ange, première publi-cation de Willy Mouele, dit Zekid, quinous entraîne avec lui dans le périple quil’a conduit à quitter Brazzaville en proieà la guerre civile, sillonnant le pays pourtrouver un havre de paix, puis le quittantpour d’autres cieux. Son parcours vousamène à penser qu’il y a vraiment un des-tin pour chacun de nous : quand votrejour n’est pas encore arrivé, vous échap-pez à la mort d’une manière qui semblemiraculeuse.

Rhode Makoumbou : Je ne prends pasassez de temps pour lire. Je viens pourtantde lire avec un très grand plaisir le livre «Verre cassé » de mon ami Alain Ma-banckou. C’est une véritable fresque réa-liste de la vie de tous les jours dans unbar, avec les moments heureux mais aussimalheureux de l’existence. Un très bonmoment de lecture qui me replonge dansl’ambiance et le vécu de mon paysd’origine !

Eveline Mankou : Le cœur des enfantsléopard de Wilfrid Sondé. Un livre à lafois puissant et poétique : en fait, je mesens concernée par l’intrigue qu'il sou-lève.

Comment a été votre année 2011?

Liss KihindouMa vie se résume aux livres, à l’enseigne-ment, à l’envie de partager avec les autresces lectures qui nous remplissent d’admi-ration, nous fortifient, nous émeuvent. J'ai

publié L'expression du métissage dans lalittérature africaine (Harmattan 2011).

Rhode Makoumbou : Cette année 2011a été fort bien remplie au niveau de mesexpositions. J’ai présenté mes oeuvres auCanada, en France et en Allemagne. J’aiégalement participé à des expositions col-lectives au Sénégal, en Espagne, Autricheet Belgique.

L’année prochaine, j’ai décidé de prendreun peu de recul (185 expositions dans 18pays depuis 2000), pour me permettre depasser plus de temps à la création et réa-liser quelques nouvelles œuvres impor-tantes.

Eveline Mankou : En 2011, j'ai publiéDialogue imaginaire et imagé entre lamère et le fœtus chez Publibook. (Unejeune femme enceinte qui engage uneconversation fantastique avec son enfant,sauf qu'ici, l'enfant n'est pas encore né, ilest à l'état fœtal). Bonne année 2012 àtous!

Propos recueillis par Bedel Baouna

Quand votre jour n’est pas en-core arrivé, vous échappez à lamort d’une manière qui semble

miraculeuse.

Liss Kihindou

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De quoi parle votre livre ?Je raconte la vie d’une petite fille mariée de force.S’agit-il d’une biographie ou d’une fiction ?C’est un ouvrage universel car toutes les femmes sontbafouées partout dans le monde.Quel auteur vous a servi de modèle ?Aucun auteur ne m’a inspiré pour écrire ce livre. Cen’est pas une inspiration ; c’est une dénonciation, uneenvie de dénoncer la condition féminine depuis nosancêtres.Le choix du conjoint : doit-il être libre ou imposé ?Etant de culture indienne, je ne veux pas dénoncer lechoix du conjoint par la famille. Mais on doit donnerlibre choix à l’amour du cœur. On doit influencer.Mais cette influence ne doit pas générer une souf-france.On impose. C’est un diktat. Même si je respecte lesvaleurs familiales, on doit faire un choix personnel.

Ce que je pense de l’excision ? Ca se répare. Il fautque l’on sache qu’on peut réparer ces femmes. Laseule chose qu’on ne répare pas, ce sont les blessuresinternes.L’amour est réparateur de beaucoup de chose. Il fautaimer dès l’enfance.Mon avis sur la dot ? On dote pour souligner le niveau économique de la

fille. C’est un message lancé au gendre ; à savoir :notre fille ne sort pas du néant ; elle peut s’en sortirsans le secours d’un homme. Donc elle est capable desortir son époux de sa vie sans que cela ne nuise à sonparcours existentiel. Le prochain ouvrage ?Il portera sur l’éveil d’Anjalee, Hommage de la-femme.

L’interview de Jaya se marie avec un féminismeraisonné qui prend parfois le parti d’un radica-lisme quand il s’agit de défendre l’enfance mal-traitée.

Mercredi 14 décembre 2011, Jaya Mareemootoo a projetéun éclairage sur la problématique de son ouvrage à Télé-Sud, Anjalee, bouclier d’une vie.Un réseau de thèmes est mis en scène dans son puissantlivre : inceste, mariage forcé ou de convenance, traditionsances t ra lesi n d i e n n e s .Dans une so-ciété mauri-cienne à 70 %i n d i e n n e(l’auteur faitpartie de latroisième gé-n é r a t i o nvenue d’Inde)les valeursp a r e n t a l e ss t ruc tu réespar la religionpèsent énormément sur les institutions sociales. C’est le cas

du mariage, notamment le choix du conjoint dans la for-mation du couple. Société matriarcale pratiquant l’endoga-mie, l’Île Maurice est travaillée par plusieurs trangressions,notamment le tabou de l’inceste. Jaya a débattu du sujeten compagnie de Marie-Christine Dafon Yela, réunionaise,

pédagogue, chanteuse.Thèmes extrêmement dou-loureux, l’ inceste, le ma-riage précoce ontfacilement cadré avec lesujet de l’émission : «Men-songes, femmes détruites»proposé par Lady. Excel-lente animatrice, Lady tendune oreile attentive à toutesles interventions de ses invi-tées. Un article consacréesur elle ( site Afrique EchosMagazine ) parle d’une pré-

sentatrice qui se fiche de la langue de bois. Comme So-

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crate, Lady pra-tique la maïeutiqueavec ses invité(es)parfois tétaniséspar les angoissesdu direct. En l’oc-currence ce 14 dé-cembre, le thèmesuscité par l’ou-vrage de Jaya avaittoutes les raisonsde pousser Lady àtravailler ses invi-tées au corps.«A quatorze ans,

une fille n’est pas encore une femme. C’est sauvage. jesuis contre ça» s’indigne en direct un auditeur. «Il nereste pas moins qu’avec la mondialisation, les jeunesfilles suivent leurs propres pulsions et, bien souventelles font de mauvais choix et : bonjour les problèmes»met en garde un autre auditeur qui veut souligner queparfois le choix imposé par les parents ne vise que lasécurité sociale de leur enfant. Le débat est ouvert entreféministes et phallocrates.

«Ayant à coeur la transmission du patrimoine,Yela s’implique dans les projets pédagogiques endirection des enfants, des adultes. Yela fait partiede cette génération d’artistes dévoués au rayon-nement d’une mémoire et d’une culture créole auxvaleurs universelles.»Son universalité, Yela la vit pratiquement. Le Ca-meroun, le Congo font partie de cet universqu’elle a visité où elle s’est imprégné de la culturelocale. Dans sa musique, ces valeurs africainessont mobilisées à bon escient. «J’ai repris lachanson de Mpongo Love, Ba kaké, en lingala»

Poète, auteur-compositeur, la Réunionnaise Yélaprésente un univers musical et poétique ancrédans les cultures de son ile, de l'océan indien

mélangé aux influences diverses : Afrique, Amériques,Europe, Asie. Yéla était en compagnie de Jaya Maree-mootoo sur le plateau de Lady vous écoute. Femmed’exception, Yéla a fait de l’intégration par la cultureson cheval de bataille. Réunionnaise, Yéla se situedans la mouvance de la diaspora noire globalisante quisemble aller au-delà du vieux combat de la négritudemené par le triumvirat Senghor-Césaire- Damas.

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Nous naissons deux fois :une première pour exister,une seconde pour exis-

ter», écrit Jean Jacques Rousseaudans Emile ou de l’éducation. Unavis que partage Mélina Avomo,une étudiante en Droit de 26 ans,dans le Gabon moderne, c’est-à-dire du coupé-décalé et des pis-tons pour réussir; un pays oùDieu, la tradition et la sciencevoyagent ensemble. Elle détestesa vie et, déchirée entre ses multi-ples moi, Mélina veut «exister».Sur les conseils de son amieDiane, elle consulte un marabout,lequel lui prédit un avenir radieuxà l’étranger. Entre autres, elleépousera un Blanc. C’est alorsqu’elle commence à se métamor-phoser : «Deux fois par semaine jeme peignais les ongles. Me coif-fais de longues tresses qui tom-baient jusqu’au creux de mesépaules.» Elle s’éclaircit la peau,fréquente un bar au nom insolite -Suivez-moi les gars -, navigue sur inter-net à la recherche de celui que lui a pré-dit le marabout. Elle jette son dévolu surChristophe, un Français. Puis viennentle voyage pour la France et le désen-chantement : rien ne se passe selon lesprédictions du marabout.t déroulé selonses espérances. La famille de son maril’a rejetEcrit à la première et à la troi-sième personnes, comme pour montrerles multiples moi de la narratrice, Per-cées et chimères est un fleuve qui noiele lecteur de de surprises en surprises.Servi par un vocabulaire richissime, le

rythme est très soutenu, telle une sym-phonie. Les mots sont lâchés comme desgrenades : «... bien que moi et mes au-tres moi ayons tendance à chipoter ausujet de tout et de rien, je les dompteraipour qu’ils parviennent à cohabiter sanschichi.» Mieux encore, Charline Effahest une sommité de la structure; dansPercées et Chimères les analepses exé-cutent une rumba époustouflante. Unemaîtrise parfaite de l’architecture.Certes, on peut déplorer quelques lon-gueurs ici ou là, mais les mots sont bienpesés et agencés. De belles transitions.

Charline Effah aborde plusieursthématiques à la fois, dont la déli-cate question du bonheur.«C’est quoi, le bonheur?»Dans ce roman, chaque personnageest plus ou moins concerné par lesujet. Et Charline Effah ne suc-combe pas à l’appel langoureux del’Essai. Non, elle ne donne pas unedéfinition érigée en vérité, et pourcause, le mot n’est pas l’objet d’unconsensus. Si pour la narratrice, lebonheur est «un entracte fugace etépars à consommer avec modéra-tion», pour les autres ce peuventêtre la bonne santé, le mariage... Oui, Percées et chimères est dumême «tonneau» que Le ventre del’atlantique de Fatou Diome et deslivres de ce genre, on en rede-mande. Charline Effah s’est lancéedans l’inconnu et a découvert unimmense territoire : c’est ça aussison bonheur. La littérature, c’estson «moyen de prendre position

sur les thématiques de la vie», dit-ellesans se départir de son magnifique sou-rire. En vérité, un nouvel écrivain est néau Gabon, et il faudra compter avec elledans les années à venir. A à peine 33ans, Charline Effah s’impose commeune romancière accomplie. Voilà!

Bedel Baouna

Percées et chimères : unroman d’une allure polie

Gouleyant, ample, profond : les superlatifs fusent à proposde Percées et Chimères (éditions Jet d’encre), le premierroman de la Franco-Gabonaise Charline Effah. Un romanassaisonné d’analepses et d’anaphores mais, surtout, de sy-métries entre les personnages.

Charline Effah

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Rapports économiques

Posséder une action à la bourse n’est pas unacte économique extraordinaire. Il existe destitres qui ne coûtent que 50 cts. Combien de

personnes dans la salle possèdent une action enbourse ? A cette question du professeur Luzaladio(RDC), personne ne répond positivement. Le profes-

seur venu de Londres exposer sur d’autres formesd’investissements dans l’espace kongo exhorte alorschacun : « d’acheter des actions chez Bolloré.Quand vous avez 100 €, quand vous venez de faireun Western-Union de 50 € à Kinshasa ou à Luanda,achetez une action avec le reste. »Le but est de réactiver une autre éthique chez les né-kongo dont, du reste, le sociologue Rémy Bazen-guissa souligne l’ancrage dans le messianismedepuis Kimpa-Vita jusqu’à André Matsoua et SimonKimbangu. En occident (à l’inverse de l’Afrique) lecapitalisme s’y développe en tournant dos au sacréalors que chez les Kongo on entre de plain-pied dansl’ethos des affaires en embrassant le magico-reli-gieux. « Quelle est la définition du messianisme ? »s’enquiert la modératrice Anastasie Tudiesch, ne-kongo et journaliste à Africa n°1 « Le fait qu’un peu-ple attende un messie pour établir un royaumeexempt d’injustice, nous sommes dans le messianisme» esquisse R. Bazenguissa, professeur à l’Ecole Pra-tique des Hautes Etudes : Le peuple kongo, juste-ment, a développé plusieurs messianismes.

Kongo à gogo à ArgenteuilIdentité

culturelle

A suivre

31 octobre 2011. Expositions artistiques, exposés et musique ont été le nerf de la manifestation del’expression Kongo (RDC) à Argenteuil, sous le contrôle de la Cocoda (Communauté congolaise d’Ar-genteuil).

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MessianimeAyant remplacé in extremis l’anthropologue AbelKouvouama et le politologue Patrice Yengo, RémyBazenguissa a suscité des remises en cause, notam-ment sur le terme Kongo (lui-même se dit kongo)que les organisateurs de la journée d’Argenteuil ontdistingué du terme Congo. Kongo (avec K) seraitselon R. Bazenguissa, un concept-valise que les Noirsde la diaspora des Caraïbes ont récupéré sans pourautant avoir forcément des ascendances Kongod’Afrique Centrale. Le professeur Lascony Nguambulu ya SangiDéportés après l’esclavage officiel, ils sont appelésNègre-Congo par référence à leur forte corpulenceidentique à ces Kongo que, par le jeu du commerce

triangulaire, les colons employaient avec puissanceen utilisant leur force de travail dans les champs decanne à sucre et de coton. En l’occurrence, le travailforcé relève d’une dure philosophie du roi des Belges,Léopold II, qu’il appliqua avec une rare férocité auCongo-Belge, territoire qui n’était rien moins que sapropriété privée. Exploitation de caoutchouc etd’ivoire, quitte à couper les mains des indigènes pourdécourager toute rébellion, sont des routines danscette propriété du monarque belge. Cette barbarie dé-clenche des révoltes dans un pays kongo où résisterà tout oppresseur est un vieux réflexe depuis l’époquedu royaume. Tout cela va contraindre Léopold II dedéplacer la capitale du territoire de Boma à Kinshasaoù les populations sont, au contraire des Kongo,moins enclines à la résistance. Or, ouverture sur lamer, c’est avec regret que les colons déplacent la ca-pitale en pays Téké à Kinshasa. Boma est un excel-lent point de charge et de rupture de charge pour unemeilleure exploitation du territoire colonial. Les

Belges exploitent l’ivoire en décimant la faune locale,négligeant la méthode congolaise d’extraire lespointes d’ivoire sans tuer les pachydermes. Plus d’unsiècle plus tard, la MONUC se livre au même car-nage en massacrant les éléphants pour leur ivoire. «L’histoire se répète » souligne le chercheur Lascony.Se faire une idée de notre passé n’est pas une minceaffaire dans la mesure où les Belges ont démoli toutesles archives. Elles sont tellement considérables queleur incinération parvient à alimenter en énergie uneville entière. Rémy Bazenguissa, sociologueUn peuple sans mémoire perd son identité. Raisonpour laquelle il faut revaloriser les différentes mu-siques de la RDC (pas uniquement celles qui font

bouger les reins) déplore Ray Léma, musicien et mu-sicologue qui précise que la RDC n’a plus rien àprouver au monde sur le plan musical.

Ray Léma« Je fus directeur artistique du Ballet nationalCongolais, poste à l’issu duquel j’archivai de nom-breux documents. Mon successeur les brûla tous »soupire le pianiste congolais, confirmant l’hypothèsed’une amnésie voulue par nos peuples. Pendant queles Belges, notamment les prêtres blancs, fustigeaientnos fétiches sous prétexte qu’ils étaient diaboliques,leurs musées en Europe s’enrichissaient de ces sup-posées œuvres de Satan. Aspects positifs de la colonisation ou non, on ne saitcomment apprécier le geste des Belges qui encoura-gent l’émergence d’une littérature écrite dans la co-lonie belge pour réduire l’écart avec les coloniesfrançaises. Outre le fait qu’il y a un réel débat au sujetde la distinction littérature orale/littérature écrite, il

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ne reste pas moins que le concours de littérature or-ganisée dans les années 1970 à Kinshasa favorisera

l’émergence de romanciers congolais dignes d’inté-rêts. Ceux-ci comblent l’énorme retard pris par la lit-térature depuis le roman « Ngando » d’AntoineLomamy Tchibanga. En revanche que dire des autresgenres, le théâtre et la musique, si ce n’est qu’ellessont des parents pauvres de la culture. C’est le constatque fait Monique, cinéaste congolaise installée àBruxelles. « Nollywood, cinéma nigérien, a commencé avec

des insignifiants. Au début, le résultat n’est pas ter-rible, aujourd’hui, le cinéma du Nigeria est le pre-

mier en œuvres produites, avant Bollywood en Indeet Hollywood aux Etats-Unis » admire Monique quimilite pour une intégration de la musique congolaisedans le cinéma si tant est que ce cinéma existe. Carpour la cinéaste qui a repris des études à 47 ans, le

cinéma congolais reste à inventer.« Je n’ai pas entendu parler kongo ce soir » déplorele musicien Né-Nkamu en ponctuant ses pertinentesremarques de sons de balafon. Le message est percu-tant et doué de bon sens : « qui veut la paix préparela paix » chante ce pur produit de l’espace kongo.C’est vrai que rien de telle que la négociation pourl’harmonie entre les peuples. Les kongo ont le mbon-gui pour organiser la palabre. « Buvez l’eau pire »réclament les enfants des rues à Kinshasa. Ce lapsus« eau pire » pour « eau pure » est révélateur d’unesombre vérité, à savoir : les populations sont empoi-sonnées par l’eau qu’elles consomment.L’identité ne-kongo qui est promue ce 31 octobre2011 à Argenteuil est discuté sur le site Fuma diakongo rappelle André Mukoko, éminent membre duréseau, en compagnie de Godefroy Bayo. « Danser c’est bien, mais ne pas oublier la lecture »insiste Lascony Ngombolou ya sangi. La musiquecongolaise, Dieu merci, n’incite pas qu’à bouger lesreins. Au contraire, elle alimente l’imaginaire et rendcompte d’un paradigme : les artistes font partie desbâtisseurs d’une société. Que serait notre créativitésans les plasticiens et les musiciens. Danos Canta,Seskain Molenga, Fofo, Ada, Djunana nous ont faitvoyager en imagination. La reprise du morceau « Isa-belle mwana kin » de Pambou Tchicaya par AfricaKiessé, m’a fait découvrir la richesse de ce morceaudes Bantous de la Capitale. « Ils l’ont interprétémieux que l’original » ai-je dit à mon voisin de table.

Enghien les Bains 2 novembre 2011

Ci-contre :Africa Kiessé, uneconcentration de talents-

Ci-bas, de gauche à droite :Jérôme Nzembele, Albert Ki-

sudi, Al Katayi

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Suite

Ray Lema

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Le Bantou c’est tout : Europe, Afrique, Caraïbes en un coup

53 Bd Beau-Rivagz 06.600 Antibes 04 93 74 31 20

Ali Diouf, percussions

Séquences du 3 décembre 2011, soirée anniversaire d’Emilie la patronne, anima-tion musicale du D.J Ali Diouf

31 d

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10/10 selon les agences de notation des métiers de la bouche

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Jenny Hippocrate est née un 9 mai àSainte-Marie. Sainte-Marie est unebelle petite commune française si-

tuée au nord de la Martinique.Dès sa première année au collège, elle estremarquée par une association sportive(A.S.S.U.). Elle rejoint alors la grande fa-mille du sport en défiant les plus grandesau 80 mètres et au 100 mètres.Elle intègre ensuite l’équipe de basketballcomme meneuse de jeu.Au vu de ses bons résultats en français eten langues vivantes, Jenny est aussi sol-licitée par l’association du collège pourrédiger des articles dans une revue desti-née aux collégiens « La Pie ». Poétessede génie, elle se plaît à illustrer ses écritsde poésies, traduites égalementen espagnol. Actrice en herbe dans latroupe fondée par sa mère une vingtained’années auparavant,Jenny s’épanouit avec talent dansla comédie et la danse. e championne estnée, au rythme effrénédes compétitions.A l’âge de seize ans, elle affirme une dif-férence de taille, qu’elle raconte dans sonouvrage autobiographique : Pourquoim’a-t-on choisie ? (Editions Racines).Cette différence, ce don qui l’anime, lacontraint à une scolarité ponctuée denombreuses absences ; néanmoins, ellegarde le cap et décroche son baccalauréatavec succès.A 18 ans, elle rejoint Paris ; elle y obtient

un diplôme d’assistante sociale maisn’exerce que 9 mois.Passionnée par la recherche et les études,elle poursuit des études de psychologie,tout en multipliant les petits jobs.Jenny est rattrapée par sa « différence »,ses dons de… voyance. Elle décrit sasouffrance dans un recueil de poésie,L’Espérance , puis livre au public son his-toire : son livre est un véritable succès :Pourquoi m’a-t-on choisie ? (Editions Ra-cines).Dans un récent ouvrage basé sur l’histoirevraie d’une jeune guadeloupéenne, Papaaimait trop son bébé , (Editons DELMA),Jenny s’attaque à un tabou : l’inceste, elley dénonce le comportement d’un père in-cestueux se cachant derrière la religionpour mieux « dévorer » sa proie.Sa lutte contre la drépanocytoseJenny est brutalement confrontée à la ma-ladie : son troisième enfant, Taylor, est at-teint d’une maladie grave, ladrépanocytose. C’est alors que com-mence le grand combat de sa vie !« J’ai d’autres cordes à mon arc et je doisremporter une victoire sur la vie, je nesauverai pas seulement mon fils, maistous les enfants drépanocytaires. S’il lefaut, je déplacerai les montagnes. »La drépanocytose est une maladie géné-tique, héréditaire, touchant les globulesrouges du sang, dans laquelle un enfantne peut être malade que si ses deux pa-rents

sont transmetteurs, c’est à dire porteursasymptomatiques du gène de la drépano-cytose. C’est une maladie héréditaire au-tosomale, récessive, c’est-à-dire qu’elleatteint autant les filles que les garçons,et qu’elle ne se manifeste que lorsqu’onest porteur de deux gènes de la maladie.Cette maladie est génétique et donc noncontagieuse. L’APIPD Présidente del’Association pour l’Informationet la Prévention de la Drépanocytose(A.P.I.P.D.), Jenny Hippocrate parcourt lemonde pour informer et sensibiliser l’opi-nion publique sur la maladie. DéléguéeDOM TOM, CARICOM et pays limi-

Sur cette terre, il n’y a que cris et pleursPourtant, il y a plein d’amour au fond de moncoeur. Sur mes frêles épaules, souvent je senspeser Tout le désespoir et la haine de l’huma-

nitéJenny Hippocrate Fixy, L’Espoir

JennyHippocrate

Actions féminines

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trophes de l’Organisation Internationalede Lutte contre la Drépanocytose(O.I.L.D.), et directrice en France del’EORA (European organisation for rareanaemias) basée en Grèce, elle jouitd’une véritable aura auprès des associa-tions analogues étrangères. Pour mieuxcomprendre le vécu des malades et desfamilles, Jenny s’investit dans les étudeset passe un D.U. d’accompagnementaux personnes atteintes de maladies gé-nétiques et de leurs familles, couronnépar les félicitations du jury. L’Espérance(Editions Pensée Universelle 1995)Paru en 1995, ce premier livre, un recueilde poèmes épuisé à ce jour, nourrit l’es-Sur cette terre, il n’y a que cris et pleursPourtant, il ya plein d’amour au fond demon coeur Sur mes frêles épaules, sou-vent je sens peser Tout le désespoir et lahaine de l’humanité Jenny HippocrateFixy, L’Espoir PAGES ASSOCIATIONSpoir de voir un jour le monde heureux. Atravers ces poèmes, elle parle del’Amour, la nature, la Foi et bien évidem-ment de la maladie.Pourquoi m’a-t-on choisie ? (Éditions Ra-cines 2000) Ce livre a été sans aucundoute l’un des livres les plus vendus auxAntilles. La troisième édition est déjà enrupture de stock. Dans ce livre autobio-graphique, Jenny parle sans crainte de sa« différence » avec les autres. Elle dé-nonce l’intolérance et la difficulté de sefaire comprendre quand on ne parle pasla même langue. Cet ouvrage a défrayé lachronique et attiré l’attention de quelquesmetteurs enscène désireux d’en tirer un film.Pourquoi m’a-t-on choisie ? (Éditions Ra-cines 2000) Ce livre a été sans aucundoute l’un des livres les plus vendus auxAntilles. La troisième édition est déjà enrupture de stock.Dans ce livre autobiographique, Jennyparle sans crainte de sa « différence »avec les autres. Elle dénonce l’intoléranceet la difficulté de se faire comprendrequand on ne parle pas la même langue.Cet ouvrage a défrayé la chronique et at-

tiré l’attention de quelques metteurs enscène désireux d’en tirer un film. Mon en-fant a la drépanocytose, et alors ? (Édi-tions Racines 2002)Il s’agit d’une histoire vraie, dans laquelleJenny Hippocrate raconte le combatqu’elle mène contre la drépanocytose quia touché son fils Taylor. Elle mène cecombat non seulement contre la maladiemais aussi contre l’inertie, le laxismevoire la désinvolture des uns et des autres.Elle dénonce aussi la difficulté de se fai-resoigner *en France aujourd’hui et aussiles discriminations qu’il existe par rap-port àla maladie, notamment la drépanocytose(maladie spécifique à une certaine popu-lation).Ce livre, qui est incontestablement unsuccès, lui a valu d’être le coup de coeurde Patrick Poivre d’Arvor dans son émis-sionVol de nuit en Juillet 2002.Papa aimait trop son bébé (Antoinette oula renaissance) (Editions DELMA 2005)Le quatrième livre est une histoire vraie,celle d’une jeune femme partiellementamnésique, violée par son père « gourou» sous couvert de la religion.Jenny dénonce l’inceste et le viol par as-cendance, fait encore tabou aux Antilles.Le Président de la République est une….Femme… Noire ? (Editions DELMA2007) Une femme noire présidente de laRépublique…un véritable OVNI litté-raire, un pavé dans la mare, post-prési-dentielles, le dernier ouvrage de notrepsychologue brouille les pistes avec unedélectation contrôlée. Naissance tour-mentée au sein d’une terre antillaise elle-même disloquée et pervertie, JennyHippocrate brosse un portrait sansconcession aucune de son coeur de para-dis, de ces îles qui continuent à faire rêverles métropolitains avides de folklore et deplaisirs couleur locale ! Au coeur de l’ou-vrage, un véritable projet social et poli-tique, cher à l’auteur. Conteuse JennyHippocrate est aussi l’auteur de plusieurscontes pour enfants. Dans ces contes, quis’inspirent d’histoires vraies, Jenny essaieà sa manière d’embellir la vie des enfants,notamment les enfants malades.Une bellepreuve d’amour qu’elle offre à tous cespetits êtres meurtris par la souffrance.Carte de soins drépanocytose Suite à uneidée de Jenny Hippocrate, en collabora-tion avec le professeur Robert GIROT etmonsieur Eugène MENYEMECK, unecarte d’identité sanitaire a été crée (CIS).Depuis, cette carte a été reprise et rebap-tisée « Carte de soins Drépanocytose »par le ministère de la santé, l’idée s’est

aussi élargie pour plus d’une dizained’autres pathologies. Il s’agit d’un vérita-ble outil pour les professionnels de lasanté et les malades. La drépanocytose -Livret C’est aussi un outil pédagogique,suggérée par Jenny Hippocrate, qui a étéproposé à la MNH. Grâce au concours duPr Robert GIROT, ce livret a vu le jour etpermet de faire connaitre la maladie. Auservice des malades A la naissance de sonfils Taylor, JennyHippocrate décide de faire face à la ma-ladie. Elle s’investit corps et âme, se dé-pensant sans compter afin de sensibiliserune opinion publique qui méconnaît lamaladie. Elle se déplace aux Caraïbes, enAfrique, aux U.S.A., en Europe, pour in-former et former aux méthodes de pré-vention et surtout lever les tabous etdéculpabiliser les parents qui se sententcoupables d’avoir transmis la maladie àleurs enfants. Jenny reçoit plus de 200 ap-pels par jour, des appels au secours ve-nant des 4 coins de la planète. Elle atoujours un mot de réconfort. Dons JennyHIPPOCRATE achemine des médica-ments récoltés en France vers les paysd’Afrique et ceux en voie de développe-ment. Vous pouvez envoyer un messageà Jenny à partir de cette adresse email :[email protected] .

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Jaya

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Galerie de la Jonquière88, rue de la Jonquière, 75017 Paris

M° Porte de Clichy, Guy Môquet

Ouvert du lundi au samedi de 10h à 21h

Chaque femme d’ici et d’ailleurs,

est influencée par son entourage,

sa culture, ses coutumes, l’éducation...

Le reflet de son identité manifeste son rôle

dans sa société.

VERNISSAGE le lundi 12 mars 2012

de 19h à 21h

FEMMES du monde

du 5 au 22 mars 2012Mariana Kalacheva - Marie Panos - Mary Cielo Sierra - Adriana Patino - Gloria Amparo Gonzalez - Luna RosaKaPhéine - Garry Pierre - Marjorie Alexis - Ann Dunbar - Samiran Boruah - Martine Boyer - Stéphanie Girin

PARTENAIRE DE AFRIQUE AZUR MAGAZINE

Association Culturelle COULEURS PAYS

L’association Couleurs Pays créée en avril 2008 a pour objet de :Promouvoir des artistes en tous genres (Peintres, sculpteurs, photo-graphes, créateurs de mode, musiciens, chanteurs et danseurs… etencourager la création artisanale)

Motivations

Couleurs Pays veut rassembler tous les pays par le biais de l’art.J’ai une passion pour la peinture et la musique depuis ma tendre en-fance, et mon entourage trouve que j’ai la fibre artistique et musi-cale. Très jeune, je peignais aussi et je me souviens que monentourage appréciait et m’encourageais à faire l’Ecole des BeauxArts mais cette passion est restée inassouvie, et c’est ce qui en res-sort aujourd’hui sous l’envie de promouvoir les artistes. D’origine Guadeloupéenne, je ne souhaite pas me cantonner seule-ment à la Caraïbe.

L’artestuni-versel,

tout comme la musique et c’est ce que je veux faire passer commemessage au public.

Les objectifs de l’exposition

Abolir les frontières grâce à l’art ; unifier les pays.Établir un dialogue entre la France et les artistes de plusieurs ori-gines grâce au thème « Femmes du Monde ».Faire connaitre des nouveaux talents, hommes et femmes du Monde. Faire passer un message de solidarité : entre artistes on peut évoluertous ensemble et en équipe.Vaincre les clichés où l’art est au-delà des origines, des religions,des croyances.Être un pont entre les artistes, les salles d’exposition et les galeriesd’art, pour leur permettre une projection artistique en France.

partenariat

Afrique Azur Magazine, le magazine de la diversité Afro-Antil-laise et des Îles Ocean-Indien.Afrique Azur Magazine a pour vocation de transmettre les informa-tions et l'actualité économique, politique, culturelle, etc. au sein dela communauté afro-antillaise de France et EuropeMultiethnique et intergénérationnelle, elle vous parlera de tous lesAfricains de France et d'Afrique ainsi que des Afros Antillaisde toute la France par Département.

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Discothèque généraliste, situé en plein cœur de Sainte Geneviève des Boisproposant une formule diner restaurant situé au dessus plus entrée club.Soirées zouk et kompa tous les dimanches10 rte de Corbeil 91700 Sainte Geneviève des Bois 01.69.04.67.11 http:/www.freewells.fr

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Colloque sur l’identité indienne à Paris.Lieu : Assemblée Nationale, salle Col-bert. La coolitude concerne la Guade-loupe, Martinique, Réunion en passantpar Maurice. Elle symbolise la positiond’une communauté en connexion avecl’Inde. Selon Le Larousse : coolie [kuli] nommasculin étym. colys plur. 1666 peut-être emprunté à un parler hindi parl'intermédiaire du portugais puis del'anglais

1. Travailleur, porteur chinois ou hindou. Des coolies. 2. Région. (Antilles, Maurice) anciennt Personne d'ori-gine indienne ou pakistanaise venue accomplir des travaux pénibles après l'abolition de l'esclavage. Mod. (Martinique; Guadeloupe [péj.]) Antillais d'origine indienne.

Colloque : la route des Indes Assemblée Nationale 17 et 18 décembre 2011

L’identité indienne emprunte ici un che-min iconoclaste : la quête de la coolité.La voie tracée hier par le trio Senghor,

Césaire et Damas (la prise en charge de l’iden-tité nègre ) aura fait des émules là où on ne s’yattendait pas. Si le concept de négritude a roulépour la cause noire, aujourd’hui celui d’india-nité semble emprunter la même voie. En re-vanche, la problématique indienne est fondéesur un paradoxe : étant Noir, comment renier sanégritude insulaire et révendiquer une indianitécontinentale exclusive ? La question est sansdoute mal posée par nous car elle donne le ver-tige de l’abîme (mise en abyme ?) Société vastement castée, L’Inde, notammentsa diaspora, en est arrivée au dilemme quiconsiste à choisir entre deux maux, le moindre.Cela expliquerait-il la préférence axiomatiquede la coolitude à la négritude alors même quedans la hiérarchie historique des couches so-ciales, les Coolies sont négativements connotés.

Tout semble s’inscrire ici dans ce que FrançoisGruel appelle «retournement stigmatique».D’abord péjoratif, le sentimenent d’être cooliedevient «tendance». On pourrait dire qu’ildevient cool , voire même associé à un bonlook.

Identité collective

Selvam Chanemougane, Augustus Antony, Khal Torabully, Jennifer Pelage, Juliette Sméralda

Eric Rayapin : Restaurant Le Kaveri

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Il n’est pas 7h du matin que déjàla circulation autour du marchéest quasi impossible. Oreilles

sensibles, s’abstenir ! Les klaxons etles invectives entres chauffeurs attei-gnent des décibels assourdissants.Dans un fulla-fulla (autobus), troisjeunes femmes, Jeanne, Florence etViviane, venues du quartier sud de lacapitale, trépignent d’impatience depénétrer le marché. C’est que, dansune semaine, elles auront un retrait dedeuil et, pour l’uniforme vestimen-taire traditionnel, c’est ici, dans cemarché, qu’elles trouveraient despagnes au meilleur prix, chez lescommerçants Ouest-Africains… Toutau fond de l’autobus, un homme sou-pire. Lui aussi attend de se promenerdans le marché, à la recherche desbaskets (fussent-ils) de contrefaçon.

Chaque matin, en effet, des milliersde gens affluent dans le marché pours’approvisionner en produits de tousgenres. « Je préfère le marché dePoto-Poto à celui de mon quartier, le

marché Total, car ici les produitssont variés et plus accessibles »,compare un militaire, tenant d’unkiosque à cigarettes par ailleurs.« Je fréquente ce marché depuistrente ans, je suis une vieille clientedes négociants sénégalais », s’extasieune femme âgée. « Avant d’aller à lamosquée – l’une des fiertés de Poto-Poto -, je passe toujours par le mar-ché », reconnaît un diplomate malien.

Un marché cosmopolite

S’il revenait à la vie, le musicienPamelo Mounka ne reconnaîtrait

plus son quartier natal : des immeu-bles au toit en tuiles ont poussécomme des champignons, au milieudes marres pestilentielles et dans desrues boueuses, propriétés des Ouest-Africains. Qu’à cela ne tienne ! Ilsfont vivre Poto-Poto 24h/24h depuisdes lustres.

Fondée en 1911 par l’administrateurfrançais Latapie, la Commune dePoto-Poto fête son centenaire cetteannée. Cité cosmopolite, concentré denationalités venues de l’Afrique del’Ouest et du Centre, l’arrondissement3 de Brazzaville doit sa renommée àson marché qui jouxte le mythiquetemple de la rumba congolaise, Fai-gnond Bar. Situé au cœur de l’arron-dissement, le marché Poto-Poto estdevenu, au fil du temps, un grand cen-tre d’affaires où se côtoient des mar-chands et des vendeurs de plusieursnationalités : Sénégalais, Maliens,Guinéens, Béninois, Togolais, Centra-fricains, Tchadiens et, bien sûr, lesCongolais des deux rives du fleuve

Congo.

Les activités exercées sont variéesselon les nationalités

La vente des pagnes aux motifs richeset divers dont raffolent les femmescongolaises pour les mariages, retraitsde deuil, obsèques, anniversaires, etc.,est l’activité-vedette du marché dePoto-Poto. Le commerce des pagnesest dominé par les Sénégalais, Ma-liens, Guinéens et Pakistanais. Ils of-frent une gamme variée de pagnesallant du super wax hollandais au realen passant par le java, super soso, hi-target, bazin, c’est le moment et au-tres. Ces magasins sont installés lelong de l’Avenue Mbakas.

Les trois jeunes femmes de l’autobusvisitent 2, 4, 6 étals, comparent lesprix avant de tomber sur un Malienqui leur propose un bon prix. « Lemonsieur nous a laissé les pagnes à100000 FCFA en nous faisant une re-mise ; nous sommes preneuses »,s’enthousiasme Florence.

A un mètre de là, des jeunes ahanenten tirant des ballots ou jutes de 50 à300 kilos. Des marchandises réexpé-diées vers Kinshasa par le port flu-vial ; et le transport se fait par destricycles des handicapés, transformésen vrais véhicules utilitaires pouvanttransporter jusqu’à un ou deux tonnesde marchandises. Il faut dire que desconteneurs entiers débarquent chaquejour de Chine, Thaïlande, Malaisie. Acôté du commerce des pagnes, il y acelui des vêtements et chaussures.Seules les grandes marques piratées

Grouillant de vitalité, Poto-Poto est un hypermarché à ciel ouvert, un centre d’affaires où se brassentdes millions de FCFA au quotidien. Le développement tentaculaire de ce vaste marché traduit la placeprimordiale de l’informel dans l’économie congolaise.

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ont la côte : on y trouve des vêtements, des jeans, deschaussures et sacs Armani, Gucci, Cardin, Zara, Ferre,Thierry Mugler, Lacoste, Nike, Adidas, Puma, Reebok,Levi’s, Kaporal, etc. Des étals et des boutiques tenus pardes Maliens, Guinées et Sénégalais. « Je suis client chezle Malien, mais aujourd’hui il ne baisse pas le prix, alorsje m’en vais ailleurs », maugrée l’homme aux baskets. Etc’est sur un autre étal qu’il trouve son bonheur : « Voilà,j’ai la même paire à 25000 FCFA, l’autre me la vendait à30000. »

Les Béninois et Togolais, eux, sont plus dans le commercedes produits de quincaillerie, de beauté, des jouets, des bi-joux fantaisies et des produits de leur terroir tels que lekarité, le henné, le bissap, le tangawiss, le savon noir, etc.

L’agroalimentaire et les produits de ménage sont l’apa-nage des Mauritaniens qui en font un commerce de gros.C’est chez eux que viennent s’approvisionner les commer-çants détaillants. Les Chinois excellent dans le commercegénéral. Ils ont investi l’avenue de la Paix, transformée enune petite China Town avec des enseignes offrant des prixhors concurrence. De l’électroménager aux produits debeauté en passant par des jouets, ustensiles de cuisine, ladécoration, l’habillement, les fournitures scolaires, etc.

L’alimentation locale est la chasse gardée des Congolaisde Brazzaville. Dominée par les femmes, cette activitéoffre des produits du terroir : légumes, fécules, épices, fa-rine de manioc et de maïs, huile de palme et de palmiste,poissons frais, salés et fumés, gibier, etc. Les Congolais

de Kinshasa sont, pour la plupart, des vendeurs à la criée.Des vendeurs ambulants, hommes et femmes confondus.Certains achètent des produits auprès des grossistes pourles revendre en détails dans les arrêts de bus ou en arpen-tant les artères du marché. Les femmes remplissent desbrouettes avec des marchandises variées qu’elles propo-sent aux passants. D’autres femmes vendent des fruits desaison tels que mangues, oranges, letchi, mangoustan,safou etc. Et, pendant la rentrée scolaire, elles versentdans la vente des fournitures et tenues scolaires. Leshommes, qu’on surnomme ‘’Chayeur’’, offrent des lu-nettes, montres, ceintures, parfums, cravates, boutonsmanchettes, etc. « Poto-Poto, c’est le triomphe de l’éco-nomie informelle et il ne faut pas y changer quoi que cesoit », estime une personnalité politique native de Poto-Poto.

Herman Bangi Bayo

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La loi du marché peut faire l’objet d’une an-thropologie économique. Le prix d’un articleest un champ où s’élaborent des stratégies. Le

prix n’est pas économique mais social. La parentéjoue énormément dans la mise en place du prix d’unarticle. Le prix qu’on propose à un parent n’est pascelui qu’on impose à un inconnu. La règle est univer-selle mais elle est encore plus manifeste dans les so-ciétés africainess où la parenté est un systèmesurdéterminant. Le groupe ethnique influe tellementsur la valeur de la marchandise que la langue est gé-néralement mise en branle quand on veut voir le prixbaissé par le vendeur. A Brazzaville ton porte-feuillepeut dangereusement diminuer selon la langue danslaquelle tu négocies le prix d’un article. Dans lesmarchés urbains brazzavillois, par exemple le marchécentral de Moungali, les secteurs des ventes sont eth-niquement dominés. L’espace du poisson fumé est

contrôlé par les groupes ethniques du Nord (Mos-saka) ; celui des légumes maraîchers est le fief desgroupes kongo. Les pagnes, les étoffes relèvent descommerçants étrangers. Le constat est que le marchéurbain à Brazzaville est à l’image du Congo dans sonensemble, c’est-à-dire une mosaïque de sociétés eth-niques. Les pains de manioc (aliment national) sontmorphologiquement ethnicisés. Le gros pain (ngouri-yaka) est Kongo-lari ; le moungouélé est Mbochi, lemossombo aussi; le «fabriqué» est kongo-lari ; le fou-fou (farine de manioc) est Téké. Comme à Pentecôte,le marché brazzavillois est une cacophonie delangues. Dans la section des vendeuses de manioc, lalangue kongo/lari est de règle, dans celle des poissons(fumés ou d’eau douce) on parle lingala. Quand onse trompe de langue, ton porte-monnaie te le fait dou-loureusement sentir.

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Bonne Année 2012

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Pour ce faire, le franc CFA(franc des colonies fran-çaises d’Afrique) a été

conçu et imposée depuis 1945 à 14colonies pour le profit de la Franceprincipalement. Le franc CFA estnon seulement le seul système mo-nétaire colonial au monde ayantsurvécu à la décolonisation, maisil est surtout le pilier par excel-lence du pacte colonial, d’autantqu’il permet à la France de contrô-ler et de piller les économies desEtats faisant partie de cette zonemonétaire. Il convient de signa-ler que l’une des clauses de cepacte réside dans la centralisa-tion des réserves de change. Eneffet, en contre partie de laconvertibilité illimitée garantiepar la France, les banques cen-trales africaines s'engagent à dé-poser au moins 65% de leursréserves de change auprès duTrésor français, sur des comptesportant le doux nom de « Comptesd'opérations ». Imaginez-vous,65% des avoirs (masse consé-quente d’argent) de nos pays dépo-sés chaque année dans un comptelogé à l'étranger, alors que des in-frastructures de base (hôpitaux,écoles, routes…) attendent d’êtreconstruites. A cela s’ajoute le faitqu’une bonne partie de la ponc-tion, non moins importante, rela-tive aux détournements desdeniers publics opérés par les diri-

geants africains finit dans desbanques françaises.

Notons que ces Etats africains, unefois confrontés à des soucis de tré-sorerie, se tournent naturellementvers la France pour des prêts. Desprêts qu’elle leur accorde volon-tiers en puisant dans ces mêmescomptes d'opérations. Bien évi-demment, le remboursement deces prêts est soumis à des tauxd’intérêt colossaux. Les congolais

et toutes les populations de la zoneCFA sont volés pour ainsi dire parun jeu monétaire subtil mais dia-boliquement efficace de la France.On ne saurait hésiter de voir en untel système l’incarnation achevéed’un néocolonialisme négrophobe.

Paradoxale Afrique si riche etsi pauvre

On est face à un mécanisme despoliation et d’asservissement fi-nancier pompeusement estampillé

« légal ». Par ce système inique etpervers la France exploite plus quedoublement les Africains. C’est icile comble d’une Afrique à la foisriche, paupérisée et réduite enmendiante ! En somme, les Afri-cains ploient sous le joug d'uneservitude financière. A celas’ajoute le pillage de nos matièrespremières. La France prospère al-lègrement sur le terreau de la mi-sère des Africains et contribue ipsofacto au développement du sous-développement. On ne le dira ja-mais assez la prétendue “douce”France et droit de " l’hommiste "est en partie responsable de la mi-sère et de la pauvreté chroniquesimposées aux Africains. A quandla fin de cette exploitation éhontéeet de la domination impérialiste?Ce siphonage de l’argent des Afri-cains est tel que, étranglés par unemisère épouvantable, ces derniersémigrent en masse à l’étranger, no-tamment en France. Mais para-doxalement ici, ils ne sont guèreles bienvenus, car taxés d’envahis-seurs indésirables qui arrachent lepain de la bouche des français. Depar cette attitude incongrue et xé-nophobe, les français ne joue-raient-ils pas les viergeseffarouchées ?

Les aveux de Chirac

De ce qui précède, la preuve indé-

La France perpétue une politique néocolo-niale et prédatrice vis-à-vis des néocoloniesde son pré carré africain. A l’évidence sansces dernières la France ne saurait faire lepoids sur la scène internationale. Non seule-ment l’Afrique lui procure l’indépendanceénergétique, mais elle y tire également sa vi-gueur économique.

Françafrique

Le franc CFA: un anachronisme colonial

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niable nous vient des aveux sansambiguïté de Jacques Chirac dansun entretien télévisé : " Unegrande partie de l'argent qui estdans notre porte-monnaie vientprécisément de l'exploitation de-puis des siècles de l'Afrique ". Deterribles révélations qui reposent ledébat sur l’existence du franc CFAet l'indépendance moné-taire voire économiquedes anciennes coloniesfrançaises d'Afrique. " Ilfaut avoir un petit peu debon sens, (...) de justicepour rendre aux Afri-cains ce qu'on leur a prisd'autant que c'est néces-saire si l'on veut éviterles pires convulsions oudifficultés avec les consé-quences politiques quecela comporte ", avait-t-il confessé.

Douce France, pays des Droitsde l’homme

La France perpétue sans étatd’âme une politique d’exploita-tion financière et de mainmise surles matières premières del'Afrique. C’est pourquoi tousceux des leaders nationalistes afri-cains qui osent remettre en causele statu quo (l’ordre néocolonial)sont souvent évincés du pouvoirquand ils ne sont simplement ré-duits au silence. C’est ainsi queSylvanus Olympio, premier prési-dent du Togo, sur le point de créerune nouvelle monnaie pour sonpays, est assassiné le 1963 dessuites d’un coup d’Etat comman-dité par la France. Thomas San-kara, après avoir compris lesystème pervers d’exploitation misen place par les anciennes puis-sances coloniales, en vint àconclure que celles-ci devaientbeaucoup plus les Etats africains,et par conséquent incitait les diri-geants du tiers-monde à ne pas ho-

norer la lourde dette financièredont ils sont redevables vis-à-visdes pays occidentaux. Le Franceayant estimé qu’il était trop déran-geant lui fit subir une fin tragiqueen 1987. Dans les années 70, Elf-Congo amorce l’exploitation dupétrole au Congo-Brazzaville, Ma-rien Ngouabi, un tenant du

marxisme-léninisme, se montretrès critique vis-à-vis d’une Franceimpérialiste, et est moins enclin àprotéger les intérêts de celle-ci.Aussi la France est perçue pard’aucuns comme la main noireayant commandité son assassinat.Récemment, lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, face àla stratégie d’asphyxie desbanques ivoiriennes initiée par sesadversaires, Laurent Gbagbo a en-visagé de quitter le franc CFA etcréer une monnaie autonome. Ceciaura été la vexation de trop pourlaquelle il s’est attiré davantage lesfoudres de la France au point demanquer in extremis la mort.

Dirigeants africains de mècheavec la France

Il y a cependant lieu de déplorer lasubordination ou du moins servi-lité aveugle de certains hommespolitiques africains à l’endroit dela France. Ce qui les pousse à éli-miner leurs compatriotes au nomdes intérêts d’une puissance néo-

coloniale. La France profite sanscomplexe de la félonie des auto-crates et autres potentats notoiresqu’elle a hissé à la tête des Etatsde son pré carré !

En somme, on retiendra que laFrance rechigne quant à la pleineémancipation des Africains et leur

refuse obstinément le droità la souveraineté moné-taire par le maintien d’unanachronisme colonialqu’est le franc CFA. C’estpourquoi il sied d’affirmerque la décolonisation estun processus inachevédans ce sens que la préda-tion financière et écono-mique du continent esttoujours en vigueur et quela domination politique,militaire, culturelle de lapuissance néocoloniale se

poursuit. On ne saurait indéfini-ment transiger avec la prédationencore moins de se complaired’une pseudo indépendance! Il estdonc impérieux pour les Africainsde s’unir et ensemble de se battreen vue de la libération effective ducarcan de l’asservissement sinondu joug néocolonial, car l’indépen-dance nominale octroyée n’est enréalité qu’une autonomie. La véri-table indépendance, à laquellenous aspirons, ne s’acquerra quede haute lutte. Il appert cependantque l’indépendance est une valeurqui vaut la peine qu’on se batte etqu’on se sacrifie pour elle. C’estpourquoi il convient d’avoir pré-sent à l’esprit que de toutes les li-bertés humaines, la plus sacrée estl’indépendance de la patrie.

René Mavoungou Pambou -publié sur le site Mwinda

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