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SOCIÉTÉ TRAVAIL U ne visite chez Aber- crombie & Fitch, à Paris, sur les Champs-Elysées, c’est une expérience, une équi- pée urbaine ; la promesse de poi- reauter sur le pavé pendant au moins trois heures, devant la boutique 15-25 ans la plus « hype » du moment. La scène se répète invariablement depuis son ouver- ture, il y a un peu plus d’un an. Le 19 mai 2011, on a frôlé l’émeute sur l’avenue. Une centaine d’éphèbes bodybuildés ont dé- barqué torse nu dans la nouvelle enseigne, sous les regards médu- sés des passants. Karl Lagerfeld n’était pourtant pas dans les parages. Après Londres, Milan et Copenhague, l’empire amé- ricain Abercrombie & Fitch ouvrait, à Paris, la plus grande de ses 1 073 boutiques dans le monde : 1 200 mètres carrés sur quatre niveaux. Sono à fond, lumière tamisée, frises d’apol- lons dénudés sur les murs. On se serait cru au Bus Palladium, inspiration gréco-romaine. Les vendeurs sont recrutés sur leur physique de rêve et payés pour danser entre les rayons en accueil- lant les clients d’un « Hey ! What’s going on ? » Mais l’« American Dream » cache une autre réalité. A Paris, en un an, des dizaines de salariés d’Abercrombie & Fitch ont défilé à la CGT, et trois ont saisi les prud’hommes pour « licenciement abusif » : vernis pas assez transparent, bouton A Paris, la boutique de prêt-à-porter de l’enseigne américaine Abercrombie & Fitch est la plus branchée du moment. Mais ses méthodes ne sont pas du goût de tous les employés. de chemise pas fermé, ou « retard totalement inventé », comme en témoigne Baptiste Perrin, un ancien employé, 21 ans. Parmi les plaignants licenciés, Allyson Pousset, une jolie blonde de 23 ans, qui était responsable d’une équipe de caissiers : « Un jour, explique-t-elle, je suis allée au travail et un manager est venu me dire que je pouvais rentrer chez moi. J’étais virée. Sans préa- vis, et sans raison sur ma feuille de licenciement. » L’affaire sera jugée en novembre. « Pas assez musclé », « trop noire »… Le travail de nuit est par ailleurs habituel chez A & F, dénonce Karl Ghazi, secrétaire général de la CGT Commerce Paris : « La boutique continue parfois de garder des employés jus- qu’à 23 heures ou même 3 heures du matin, sans autorisation. Même leurs horaires, dans leurs contrats, ne sont pas conformes : certains commencent à 5 heures J.-C. MARMARA/FIGAROPHOTO Management à l LE CARNET D’ADRESSES 05 62 16 74 00 * Prix par personne valable pour un départ de Paris à certaines dates , base chambre double, hébergement et transports selon programme, accompagné d’un guide local francophone. Hors frais de dossier, surcharge carburant et taxes aéroports (soumises à modifcations) incluses. Places limitées selon disponibilité. Ofre soumise à conditions. TUI France – IM093120002-RCS Bobigny 331 089 474 - Réalisation : megalo&company - Crédits photos : Getty Images, Thinkstock, Shutterstock, René Mattes, Touraventure, Mickaël David, O.T. Thaïlande www.nouvelles-frontieres.fr - 0825 000 825 (0,15€ la minute) 300 AGENCES EXPERTES, À CÔTÉ DE CHEZ VOUS ! Vraiment OUVELLES FRONTIERES Des vacances qui font voyager ! Vraiment Nos circuits en Inde ConÁus par nos spÈcialistes exclusivement pour vous. 10 circuits pour dÈcouvrir toutes les richesses díun pays díexception ! L’Inde des Rajputes à partir de 1399 €* TTC 14 jours/11 nuits, en pension complète mobeco Mobeco, dÈtaillant-grossiste, Remboursement trouvez moins cher ailleurs * Livraison gratuite Paiement en 3, 4 ou 10 fois sans frais * 50 av. díItalie - 75013 Paris 247 rue de Belleville - 75019 Paris EXPRESS85118TRECA DESTOCKAGE 710 € 140 x 190 Matelas Ambassador mobeco 490 € 6 6 140 x 190 01 42 08 71 00 7 jours sur 7 C 940 € 160 x 200 590 € 160 x 200

Management à la mode éléctro

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SOCIÉTÉ TRAVAIL

126 I 26 SEPTEMBRE 20B2 I L’EXPRESS N° 3B9E

Une visite chez Aber-crombie & Fitch, à Paris,sur les Champs-Elysées,

c’est une expérience, une équi-pée urbaine ; la promesse de poi-reauter sur le pavé pendant aumoins trois heures, devant laboutique 15-25 ans la plus «hype»du moment. La scène se répèteinvariablement depuis son ouver-ture, il y a un peu plus d’un an.Le 19mai2011, on a frôlé l’émeutesur l’avenue. Une centained’éphèbes bodybuildés ont dé -barqué torse nu dans la nouvelleenseigne, sous les regards médu-sés des passants. Karl Lagerfeldn’était pourtant pas dans lesparages. Après Londres, Milanet Copenhague, l’empire amé-ricain Abercrombie & Fitchouvrait, à Paris, la plus grandede ses 1 073 boutiques dans lemonde : 1 200 mètres carrés surquatre niveaux. Sono à fond,lumière tamisée, frises d’apol-lons dénudés sur les murs. Onse serait cru au Bus Palladium,inspiration gréco-romaine. Lesvendeurs sont recrutés sur leurphysique de rêve et payés pourdanser entre les rayons en accueil-lant les clients d’un «Hey ! What’sgoing on ? » Mais l’« AmericanDream » cache une autre réalité.

A Paris, en un an, des dizainesde salariés d’Abercrombie &Fitch ont défilé à la CGT, et troisont saisi les prud’hommes pour« licenciement abusif » : vernispas assez transparent, bouton

A Paris, la boutiquede prêt-à-porter del’enseigne américaineAbercrombie & Fitchest la plus branchéedu moment.Mais ses méthodes ne sont pas du goûtde tous les employés.

de chemise pas fermé, ou« retard totalement inventé »,comme en témoigne BaptistePerrin, un ancien employé, 21 ans.Parmi les plaignants licenciés,Allyson Pousset, une jolie blondede 23 ans, qui était responsabled’une équipe de caissiers : « Unjour, explique-t-elle, je suis alléeau travail et un manager est venume dire que je pouvais rentrerchez moi. J’étais virée. Sans préa-vis, et sans raison sur ma feuillede licenciement. » L’affaire serajugée en novembre.

« Pas assez musclé »,« trop noire »…

Le travail de nuit est par ailleurshabituel chez A & F, dénonceKarl Ghazi, secrétaire généralde la CGT Commerce Paris :« La boutique continue parfoisde garder des employés jus-qu’à 23 heures ou même 3 heuresdu matin, sans autorisation.Même leurs horaires, dans leurscontrats, ne sont pas conformes :certains commencent à 5 heures

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LE CARNET D’ADRESSES 05 62 16 74 00

* Prix par personne valable pour un départ de Paris à certaines dates , base chambre double, hébergement et transports selon programme, accompagné d’un guide local francophone. Hors frais de dossier, surcharge carburant et taxes aéroports (soumises

à modif cations) incluses. Places limitées selon disponibilité. Of re soumise à conditions. TUI France – IM093120002-RCS Bobigny 331 089 474 - Réalisation : megalo&company - Crédits photos : Getty Images,

Thinkstock, Shutterstock, René Mattes, Touraventure, Mickaël David, O.T. Thaïlande

www.nouvelles-frontieres.fr - 0825 000 825 (0,15€ la minute)

300 AGENCES EXPERTES, À CÔTÉ DE CHEZ VOUS !Vraiment

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N° 3195 L’EXPRESS I 26 SEPTEMBRE 2E12 I 127

le matin, ce qui est interdit. »Ghazi rapporte le cas d’un jeunevendeur, selon lui gentimentrenvoyé et jeté sur les Champsà 2 heures du matin.

Des salariés mécontents, il enexiste tout un rayon, planquédans les étages. Sous le couvertde l’anonymat, certains évo-quent un management agres-sif, fondé sur le seul physique.Les modèles à l’apparence qua-lifiée de « moins conforme àl’enseigne » ont le sentimentd’être remisés en arrière-bou-tique. Olivia est « trop grosse »,Bruno, « pas assez musclé »,et Amy, « trop noire » pour êtresous la lumière des projecteurs(« la light »). D’autres parlentmême de harcèlement moral,comme Hilal Souhabi, un ven-deur devenu délégué syndicalCGT du magasin : « Alors qu’ona toujours salué mon travail, dujour au lendemain, je suis soi-disant devenu bon à rien, dit-il.Une manageuse me criait quo-tidiennement dessus : “Va plus

vite”, “Tu auras affaire à moi”,“Je m’occuperai de ton cas”. Lematin, je ne voulais plus y aller,mais j’ai refusé d’abandonner. »

Interrogée par L’Express, ladirection d’Abercrombie & Fitchn’a pas répondu. Aux Etats-Unis,la marque a accepté par unaccord, en 2004, de verser 40mil-lions de dollars de dommageset intérêts aux victimes pourdiscrimination raciale et autres.En 2009, une Anglaise de 22 ans,Riam Deam, a aussi attaquéA & F pour « discriminationphysique » à cause d’une pro-thèse à l’avant-bras. Elle a gagnéson procès. En Italie, le quoti-dien Corriere della Sera rap-portait, en 2012, que la boutiquede Milan forçait ses employésà effectuer une série de pompes,pour un vêtement mal rangé.Histoire de se rebooster un peules pectoraux. ● CHLOÉ HENRY

FORMATAGE Parade pourl’ouverture du magasin A & Fdes Champs-Elysées, en mai.

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