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Niveau 3 ème , séquence 3 Musique et propagande 1 Ecoute principale Titre : La Walkyrie (1870), opéra en 3 actes Extrait : La chevauchée des Walkyries Compositeur : Richard Wagner (1813-1883) Epoque : Romantique Analyse de l’écoute principale. Effectif : grand orchestre symphonique (~ 100 musiciens) Nuances : forte, fortissimo Présence d’un thème joué par les cuivres Le rythme est marqué, pulsé Tous les registres (grave, médium et aigu) sont utilisés Effet voulu par Wagner : effet de masse Structure de l’extrait : A B A Cette musique est consonante Consonance : ensemble de sons généralement perçus comme agréables à l’oreille. Dissonance : ensemble de sons généralement perçus comme peu agréables à l’oreille. Thème Thème : Cette musique a été récupérée de nombreuses fois pour servir la propagande du régime nazi. En effet, elle a un caractère propre à servir un nationalisme ; servant de bande-son dans des documentaires, passant souvent à la radio ou jouée lors de grand rassemblements. Une musique peut ainsi être détournée pour servir une cause à la laquelle elle n’était pas destinée. Jupp Wiertz, Festival de Bayreuth, 1936. Histoire de l’Art Affiche touristique de Lothar Heineman : Deutschland, das Land der Musik (L’Allemagne, le pays de la musique), 1938. Dans cette affiche, nous voyons l’aigle allemand dont les ailes déployées forment les tuyaux d’un orgue. L’orgue rappelle Jean-Sébastien Bach (1685-1750), reconnu comme le père de la musique allemande par les nationalistes. Cette affiche veut montrer que l’Allemagne domine le monde musical. Hitler avait beaucoup d’admiration pour Richard Wagner. Plusieurs opéras sont écrits à partir de légendes nordiques et germaniques, et font donc référence à la tradition du peuple allemand. La musique de Wagner a eu un impact sur Hitler qui voulait créer « une race pure ». Cette œuvre a un caractère imposant, puissant, énergique qui est rendu par : Les nuances : elles sont forte ( ) voire fortissimo ( ) Les instruments : utilisation des cuivres pour le thème. Cette famille d’instruments aux sons clairs et puissants apporte un caractère majestueux à une musique. Elle est souvent utilisée pour symboliser un pouvoir. L’espace sonore : tous les registres sont utilisés. Ils forment des plans clairs : accompagnement / Rythmique / thèmes. L’ensemble est consonant. Rappel. Le registre est un découpage des hauteurs en trois zones : grave, médium et aigu. La densité du son : l’orchestre est très grand et il est utilisé dans son intégralité. Plusieurs instruments jouent en même temps avec le même rythme, en homorythmie, pour renforcer cet effet de densité sonore. Le rythme est répétitif. La structure (ABA) est simple. La partie A est basée sur un motif récurrent de 6 notes qui en étant répété par mouvements ascendants forme le thème. La musique dégénérée. Ecoute complémentaire 1. Titre : Cinq pièces pour orchestre Extrait : Péripétie Compositeur : Arnold Schönberg (1874-1951) Epoque : Moderne Analyse de l’écoute complémentaire Par opposition, nous avons écouté cette pièce de Arnold Schönberg. Comparons ces deux extraits. Richard Wagner, de nationalité allemande, fut un compositeur influent de l’histoire de la musique. Il a réinventé le genre de l’opéra ; son ambition était d’en faire un art total en fusionnant musique, poème, drame, décors et mise en scène. Il ne composa presque que des opéras. Son grand chef-d’œuvre est L’Anneau des Nibelungen, un cycle de 4 opéras durant environ 14 heures, dont l’histoire est basée sur le pouvoir d’un anneau. Wagner a conçu un lieu de concert spécialement dédié à sa conception de la musique : Le palais des festivals de Bayreuth, en Bavière. Arnold Schönberg, compositeur autrichien, a innové en créant une nouvelle méthode de composition : le dodécaphonisme. Schönberg est un fervent admirateur de Wagner. Ses pièces les plus connues sont La nuit transfigurée, le Pierrot lunaire, les Variations pour orchestre… Schönberg, qui est juif, est confronté à l’antisémitisme. Il est contraint de s’exiler aux Etats-Unis car il est classé dans les compositeurs de musique dégénérée. Les premières pages atonales de Schönberg furent composée au même moment (1907-1908) où en peinture apparut le cubisme.

Musique et propagande 1-correction (4) - histoiredesarts · PDF fileLes allemands ne furent ni les seuls, ni les premiers à se servir de la musique comme moyen de propagande. 3 En

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Page 1: Musique et propagande 1-correction (4) - histoiredesarts · PDF fileLes allemands ne furent ni les seuls, ni les premiers à se servir de la musique comme moyen de propagande. 3 En

Niveau 3ème, séquence 3 Musique et propagande 1

Ecoute principale Titre : La Walkyrie (1870), opéra en 3 actes

Extrait : La chevauchée des Walkyries

Compositeur : Richard Wagner (1813-1883)

Epoque : Romantique Analyse de l’écoute principale. Effectif : grand orchestre symphonique (~ 100 musiciens) Nuances : forte, fortissimo

Présence d’un thème joué par les cuivres Le rythme est marqué, pulsé

Tous les registres (grave, médium et aigu) sont utilisés Effet voulu par Wagner : effet de masse

Structure de l’extrait : A B A Cette musique est consonante

Consonance : ensemble de sons généralement perçus comme agréables à l’oreille.

Dissonance : ensemble de sons généralement perçus comme peu agréables à l’oreille.

Thème Thème : Cette musique a été récupérée de nombreuses fois pour servir la propagande du régime nazi. En effet, elle a

un caractère propre à servir un nationalisme ; servant de bande-son dans des documentaires, passant souvent à la radio ou jouée lors de grand rassemblements. Une musique peut ainsi être détournée pour servir une cause à la laquelle elle n’était pas destinée.

Jupp Wiertz, Festival de Bayreuth, 1936.

Histoire de l’Art Affiche touristique de Lothar Heineman : Deutschland, das Land der Musik (L’Allemagne, le pays de la musique), 1938. Dans cette affiche, nous voyons l’aigle allemand dont les ailes déployées forment les tuyaux d’un orgue. L’orgue rappelle Jean-Sébastien Bach (1685-1750), reconnu comme le père de la musique allemande par les nationalistes. Cette affiche veut montrer que l’Allemagne domine le monde musical. Hitler avait beaucoup d’admiration pour Richard Wagner. Plusieurs opéras sont écrits à partir de légendes nordiques et germaniques, et font donc référence à la tradition du peuple allemand. La musique de Wagner a eu un impact sur Hitler qui voulait créer « une race pure ». Cette œuvre a un caractère imposant, puissant, énergique qui est rendu par : Les nuances : elles sont forte ( ) voire fortissimo ( )

Les instruments : utilisation des cuivres pour le thème. Cette famille d’instruments aux sons clairs et puissants

apporte un caractère majestueux à une musique. Elle est souvent utilisée pour symboliser un pouvoir.

L’espace sonore : tous les registres sont utilisés. Ils forment des plans clairs : accompagnement / Rythmique /

thèmes. L’ensemble est consonant. Rappel. Le registre est un découpage des hauteurs en trois zones : grave, médium et aigu.

La densité du son : l’orchestre est très grand et il est utilisé dans son intégralité. Plusieurs instruments jouent en

même temps avec le même rythme, en homorythmie, pour renforcer cet effet de densité sonore.

Le rythme est répétitif.

La structure (ABA) est simple. La partie A est basée sur un motif récurrent de 6 notes qui en étant répété par

mouvements ascendants forme le thème.

La musique dégénérée. Ecoute complémentaire 1.

Titre : Cinq pièces pour orchestre

Extrait : Péripétie

Compositeur : Arnold Schönberg (1874-1951)

Epoque : Moderne

Analyse de l’écoute complémentaire Par opposition, nous avons écouté cette pièce de Arnold Schönberg. Comparons ces deux extraits.

Richard Wagner, de nationalité allemande, fut un compositeur influent de l’histoire de la musique. Il a réinventé le genre de l’opéra ; son ambition était d’en faire un art total en fusionnant musique, poème, drame, décors et mise en scène. Il ne composa presque que des opéras. Son grand chef-d’œuvre est L’Anneau des Nibelungen, un cycle de 4 opéras durant environ 14 heures, dont l’histoire est basée sur le pouvoir d’un anneau. Wagner a conçu un lieu de concert spécialement dédié à sa conception de la musique : Le palais des festivals de Bayreuth, en Bavière.

Arnold Schönberg, compositeur autrichien, a innové en créant une nouvelle méthode de composition : le dodécaphonisme. Schönberg est un fervent admirateur de Wagner. Ses pièces les plus connues sont La nuit transfigurée, le Pierrot lunaire, les Variations pour orchestre… Schönberg, qui est juif, est confronté à l’antisémitisme. Il est contraint de s’exiler aux Etats-Unis car il est classé dans les compositeurs de musique dégénérée. Les premières pages atonales de Schönberg furent composée au même moment (1907-1908) où en peinture apparut le cubisme.

Page 2: Musique et propagande 1-correction (4) - histoiredesarts · PDF fileLes allemands ne furent ni les seuls, ni les premiers à se servir de la musique comme moyen de propagande. 3 En

Effectif : orchestre symphonique Nuances : changeantes 2

Thème : difficile à repérer Le rythme : non pulsé

Registre : tous utilisés avec changements constants Cette musique est dissonante

Structure de l’extrait : pas de structure claire

Cette pièce pour orchestre est très déstabilisante car on ne trouve pas de points de repère. Les nuances changent tout le temps, on n’entend pas de thème, on ne ressent aucun appui rythmique. Les différents registres ne forment pas des plans clairs et se modifient constamment. L’ensemble est assez dissonant et la structure de la pièce est difficile à percevoir.

En 1937, Hitler inaugure une exposition consacrée à l’ « Art dégénéré ». Les œuvres exposées étaient rejetées par le régime nazi pour leur modernité (sculptures ou peintures représentant par exemple des visages ou des corps déformés) mais aussi et surtout parce que leurs auteurs étaient juifs, opposants au régime ou encore considérés comme fous. La musique a également été touchée par le régime nazi qui a cherché à rejeter la dissonance en musique, symbole de dégénérescence car contraire à une certaine forme de « pureté » symbolisée par la consonance). La pièce de Schönberg était donc considérée comme une musique dégénérée. L’art dégénéré est donc l’art rejeté par le régime nazi car il n’est pas conforme à l’art officiel qui défend une idée de race allemande. Il peut y avoir plusieurs raisons pour qu’un artiste soit considéré comme

« dégénéré » : l’appartenance religieuse (judaïsme), politique (non allemand ou opposé au régime), la couleur de peau (par exemple, toute la musique jazz, associée à la population noire, est jugée comme étant dégénérée) ou la modernité de ses créations (dissonances).

Paroles et Musique de Bernard Lavilliers

Hans Severus Ziegler, affiche de l’exposition Musique dégénérée

(1938)

Travail à faire à la maison

1 - Chante Noir et blanc et apprends cette chanson par cœur.

2 - Explique quel est le thème abordé dans cette chanson ? (en 2 ou 3 lignes maximum)

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Les allemands ne furent ni les seuls, ni les premiers à se servir de la musique comme moyen de propagande. 3 En effet, la musique a toujours été utilisée pour illustrer le pouvoir d’un monarque, pour accompagner les hommes à la guerre… Ecoute complémentaire 2.

Titre : Thésée (1675) Extrait : Marche triomphale

Compositeur : Jean-Baptiste Lully (1632-1687) Epoque : Baroque

Cette œuvre est extraite de la tragédie lyrique Thésée de Lully. Elle accompagne la marche du roi Médée. Elle doit donc illustrer le pouvoir de celui-ci. Lully était le surintendant de la musique sous Louis XIV. Il a donc composé des musiques de propagande pour Louis XIV.

Les attributs d’une musique de propagande Des nuances forte (la puissance sonore symbolise la puissance d’un régime ou d’un monarque) Un effectif important d’orchestre symphonique (musique destinée à être entendue par les foules)

Un thème simple à base de répétitions (facile à mémoriser) Incite les auditeurs à suivre le

Un rythme pulsé, souvent de marche, qui peut être accentué par des percussions. discours musical sans réfléchir

Une forme simple (par exemple ABA ou couplet/refrain) et les prive de leur libre arbitre.

Une musique consonante (sans nouveauté déconcertante pour séduire le plus grand nombre de gens)

Une musique en homorytmie (elle renforce la densité et la puissance sonore)

Présence importante des cuivres (ils donnent un aspect majestueux, victorieux à la musique)

Présence d’un chœur (il rassemble les foules et on peut chanter avec lui)

Caractère puissant, solennel, majestueux, …

La musique qui dénonce La musique n’a pas servi qu’à soutenir un pouvoir, au contraire, elle porte parfois un message contestataire, dénonciateur.

Ecoute complémentaire 3. Titre : Star Spangled Banner (1969) de Jimmy Hendrix. Epoque : contemporaine

Jimmy Hendrix reprend Star Spangled Banner, l’hymne américain et il improvise à partir de ce thème. Il détourne cette musique en imitant, par figuralisme, des hurlements et des bombes s’écrasant au sol avec sa guitare électrique. C’est un message fort de contestation : en s’appropriant cette musique, il s’attaque à un symbole représentant les Etats-Unis. Il a fait cela pour dénoncer la guerre opposant les Etats-Unis au Viêt-Nam (1959-1975).

Rappel. Figuralisme : peinture musicale d’un fait visuel, un « dessin sonore ». Les attributs d’une musique contestataire

La dissonance (elle symbolise souvent la souffrance engendrée par un régime)

Le figuralisme, qui va rappeler des faits pour les dénoncer Les citations : emprunts de thèmes rappelant ce que l’on dénonce

Les paroles. Dans les chansons, ce sont elles qui souvent permettent de contester, de dénoncer.

A = acquis ECA = en cours d’acquisition JE SUIS CAPABLE DE … NA = non acquis

A

ECA

NA

1 Chanter en classe entière : sérieux, qualité et dynamisme. 2 Chanter par cœur seul ou par petit groupe : respiration, justesse vocale, présence. 3 Obtenir une bonne précision rythmique et adapter son timbre de voix par rapport au texte (couplet/refrain) 4 Citer les noms des compositeurs des œuvres étudiées en classe et leur époque. 5 Distinguer à l’écoute une musique de propagande, une musique contestataire et le justifier. 6 Citer et expliquer différentes notions vues en cours : consonance/dissonance, le registre et les différents plans

sonores, les citations, le figuralisme. 7 Citer et expliquer différentes notions vues en cours : musique de propagande et « art dégénéré » et leurs attributs. 8 Participer de façon active. Etre organisé dans mon travail : cahier propre et à jour, matériel, travail régulier.

Histoire de l’Art : à lire, à voir, à écouter, quelques exemples pour affiner tes recherche. A voir : Extraits de films : Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, La liste de Schindler de Steven Spielberg… A lire : La haine de la musique de Pascal Quignard… A écouter : Marche pour la gloire extrait de Alceste (1674) de Jean-Baptiste Lully. Verdi : Le choeur des esclaves, La Marche d’Aïda. Haendel : Zadock the Priest. Carl Orff : Carmina Burana. Penderecki : Trène aux victimes d’Hiroshima… U2 : Sunday Bloody Sunday. Boris Vian : La java des bombes atomiques. Jean Ferrat : Nuit et brouillard. Renaud Séchan : Manhattan Kaboul…

Thésée combattant le Minotaure assisté de la

déesse Athéna. Médaillon -430 av. J.C.