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Journal d’information du Comité National de Liaison des Régies de Quartier iNfo-Réseau 57 novembre 2012 sommaire 2 - 3 En direct des Régies a Torcy (77) et Valence (26) Portrait d’acteur 4  -9  Le Dossier Les Régies,  naturellement durables  Le développement durable est inscrit dans les gènes des Régies de Quartier et de Territoire, qui produisent des services utiles et acces- sibles à tous. Les Régies portent en outre une atten- tion de plus en plus forte au respect de l’environnement, ce qui améliore le quotidien des salariés, le regard que portent sur elles leurs don- neurs d’ordres, et leur ouvre de nouveaux marchés et partenariats. 10  - 11  En direct du Réseau actus Développement 12  Interview entretien avec Jean-Philippe Magnen, vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire en charge de l’emploi, de la formation professionnelle et des Métiers de demain. L a vocation première des Régies de Quartier et de Territoire est d’offrir aux habi- tants de leur territoire des services, peu ou pas du tout assurés, qui répondent au plus près à leurs besoins. aussi, au fil du temps, les Régies ont initié une diversité d’activités inscrites dans la perspective d’un développement social et économique, solidaire et donc durable. Lutte contre la précarité énergétique, ramassage et traitement des encombrants, jardins solidaires… : ces activités, nécessairement menées en partenariat avec les bailleurs et la Municipalité, ne peuvent se développer qu’avec la confiance de ces derniers. N’est-ce pas la recon- naissance de leur forte utilité sociale par les habitants qui en est l’artisan ? fort de ces initiatives réussies, le réseau des Régies a décidé de promouvoir leur développement à plus grande échelle. il s’agit d’aider la professionnalisation des équipes, de structurer l’émergence de nouveaux métiers, de mutualiser les bonnes pratiques, enfin de les diffuser en interne et auprès d’autres acteurs de la vie de nos territoires. aux côtés des collectivités territoriales et des bailleurs sociaux, le Réseau a sollicité le soutien de grands organismes publics et privés, impliqués dans le champ du déve- loppement durable. C’est ensemble, par la mobilisation de tous, que nous pourrons répondre, d’une façon pérenne, à cette urgence sociale que vivent les habitants de nos territoires. Clotilde Bréaud, présidente du cnlrq Ensemble pour   un développement  solidaire   et durable eDiToRiaL

novembre 2012 iNfo-Réseau

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Journal d’information

du Comité National de Liaison

des Régies de Quartier

i N f o - R é s e a u

n°57 novembre 2012

sommaire

2 - 3  En direct des Régies a Torcy (77) et Valence (26) Portrait d’acteur

4 -9  Le Dossier Les Régies, 

naturellement durables 

Le développement durable

est inscrit dans les gènes

des Régies de Quartier et

de Territoire, qui produisent

des services utiles et acces-

sibles à tous. Les Régies

portent en outre une atten-

tion de plus en plus forte au

respect de l’environnement,

ce qui améliore le quotidien

des salariés, le regard que

portent sur elles leurs don-

neurs d’ordres, et leur ouvre

de nouveaux marchés

et partenariats.

10 - 11  En direct du Réseau actus Développement

12  Interviewentretien avec Jean-Philippe

Magnen, vice-président

du Conseil régional

des Pays de la Loire en

charge de l’emploi, de

la formation professionnelle

et des Métiers de demain.

La vocation première des Régies de Quartier et de

Territoire est d’offrir aux habi-tants de leur territoire des services, peu ou pas du tout assurés, qui répondent au plus près à leurs besoins. aussi, au fil du temps, les Régies ont initié une diversité d’activités inscrites dans la perspective d’un développement social et économique, solidaire et donc durable.

Lutte contre la précarité énergétique, ramassage et traitement des encombrants, jardins solidaires… : ces activités, nécessairement menées en partenariat avec les bailleurs et la Municipalité, ne peuvent se développer qu’avec la confiance de ces derniers. N’est-ce pas la recon-naissance de leur forte utilité sociale par les habitants qui en est l’artisan ?

fort de ces initiatives réussies, le réseau des Régies a décidé de promouvoir leur développement à plus grande échelle. il s’agit d’aider la professionnalisation des équipes, de structurer l’émergence de nouveaux métiers, de mutualiser les bonnes pratiques, enfin de les diffuser en interne et auprès d’autres acteurs de la vie de nos territoires.

aux côtés des collectivités territoriales et des bailleurs sociaux, le Réseau a sollicité le soutien de grands organismes publics et privés, impliqués dans le champ du déve-loppement durable. C’est ensemble, par la mobilisation de tous, que nous pourrons répondre, d’une façon pérenne, à cette urgence sociale que vivent les habitants de nos territoires.

Clotilde Bréaud, présidente du cnlrq

Ensemble pour  un développement solidaire  et durable

e D i To R i a L

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2   info-réseau N° 57

Les Mercredis de la Régie », c’est une brocante. elle a démarré en décembre 2011, soutenue par le bailleur

oPH77 (qui prête l’espace devant la Régie) et la Ville, membres de droit au sein du Conseil d’administration. Les habitants désireux de faire bouger leur quartier font partie des généreux donateurs qui alimentent la brocante. il y a beaucoup de choses à garder, dans les encombrants ramassés par la Régie, dont la plupart vont trou-ver place aux « Mercredis ». Tout est bon pour les approvisionner : une louche ou une fourchette qui ne convient plus à son propriétaire trouve preneur ici. Dans la digne lignée du développement dura-ble, « arrêtons de jeter tout, ça peut intéresser quelqu’un d’autre ».

Mais pourquoi le mercredi ? « Le week-end, il se passe toujours plein de choses ailleurs. Le début et la fin de semaine sont des moments compliqués pour les mères de famille, le mercredi s’est imposé de lui-même. De plus, c’est un rendez-vous auquel peuvent assister les salariés, c’est sur leur lieu de travail. La Régie y tient activement son rôle de lien social. Ceux qui vien-nent sont à 60 % du quartier, les gens du centre de Torcy commencent à se déplacer. et le quartier s’intègre dans le territoire immense de la Ville. Ce n’est plus seulement ce désert de la journée », décrit Patrick alauzet, directeur de la Régie.

La brocante « des Mercredis de la Régie » permet de revendre à bas prix les objets sélectionnés par la Régie.

avant cette revente, le CCas (Centre communal d’action sociale) filtre, lui aussi, pour les plus démunis, des objets de première nécessité (réfrigé-rateurs, tables, matelas, chaises et lits

pour enfants, etc.). Dans la réserve, tout un bric-à-brac, mais aussi de quoi tester les réfrigérateurs, les lave-linge, fours et lave-vaisselle et un atelier pour réparer ce qui peut l’être, que montre Philippe, le chef d’équipe.

Pour préparer le prochain « Mercredi », le 5 décembre, les stocks se forment un peu partout dans les bureaux et les réserves. Des cartons s’amoncellent ici et là, avec l’espoir d’avoir un peu de soleil ce jour-là pour réchauffer la froidure de l’hiver. Victorine, la « voix de la Régie » et aussi la respon-sable de cette action, affirme que « les chineurs seront au rendez-vous, ne serait-ce que par solidarité… ». n

En direct des Régies

Nassera, accompagnatrice socio-professionnelle, raconte : « Pour mobiliser les jeunes à aller sur les

chantiers avec plus d’entrain, le sport nous est apparu comme un très bon moyen : il y avait un parallèle pos-sible à établir entre les deux mondes, celui du sport et celui du travail. un heureux concours de circonstances nous envoie un prof de gym d’algérie, abdel, et des jeunes plus nombreux ont postulé pour travailler à la Régie ». Le directeur de la Régie, Bernard soliveres, a mis en place un programme sur trois semaines en 2012

avec eux. ils ont été prévenus : « oK on fait du sport, mais le matin c’est chantier, et les trois ateliers sont obligatoires ». six jeunes se sont retrouvés sur les chan-tiers le matin, du lundi au jeudi, trois après-midis pour le sport et un après-midi pour un atelier « aide à la recherche d’emploi » avec les partenaires. Nous avons eu la chance d’avoir un partenariat avec Pôle emploi et leur prestataire L’escale pour les deux premiers ateliers et l’espace santé Jeunes, un organisme dédié aux jeu-nes de moins de 25 ans, pour le dernier. »

Régie de Quartier de Torcy (77)

« Les Mercredis de la Régie »  réveillent le quartier

Régie de Quartiers du Valentinois – Valence (26)

Une mission Insertion – Sport « Y’a pas faute » à Valence

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«

  La brocante des “Mercredis” sur la place en face  de la Régie protégée des intempéries par les parasols.

L’atelier où tout se répare.

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info-réseau N° 57 3

P o R T R a I T   D ' a C T E U R

Régie de Quartier Eurequa, à Lyon (69)

Djamila Haddou,

20 ans d’engagement !

DjaMila Haddou est depuis 20 ans administratrice de la Régie de Quartiers eurequa de Lyon ! un

engagement inébranlable, depuis le lancement de la Régie en 1992. elle était alors déjà militante associative, au comité des locataires du quartier des états-unis. « La présidente m’a dit “ il y a quelque chose qui se monte, ça va t’intéresser ”, raconte Djamila. Je faisais du tra-vail dans une association avec les jeunes au pied des tours, elle savait que j’étais impliquée dans le quar-tier. » Djamila, qu’une amie a surnommée « la VRP

multi-associative », faisait partie également du centre social du quartier et du conseil de la fédération des conseils de parents d’élèves (fCPe) de l’école de ses deux enfants. Pourquoi avoir adhéré en plus au projet de Régie ? « C’est le concept qui m’a plu : embellir le quartier, faire que les gens ensemble soient bien, en faisant en plus travailler les gens du quartier ! »

Présidente éclair !Djamila ne s’est pas cantonnée à son rôle d’administra-trice. secrétaire comptable de profession, elle a été tré-sorière, mais aussi secrétaire, et même présidente, une année, en 1997. « Je suis montée au créneau, il fallait bien. La banque m’a dit qu’étant donné les grandes difficultés financières que nous traversions, il fallait que je prenne la Régie en mains. et puis à l’époque, elle était un peu devenue une boîte d’intérim d’inser-tion. Les gens travaillaient, c’est sûr, mais quand ils partaient on ne savait pas ce qu’ils devenaient. on a mis le holà, on a embauché un chargé d’insertion. » Puis Djamila a rapidement cédé la place : « C’est pas mon truc, la présidence, parce que je suis loin d’être diplomate. C’est un peu mon défaut… »

aujourd’hui, elle est toujours administratrice, sou-tient l’équipe de salariés, mais moins qu’avant car elle travaille à plein temps. elle a aussi réduit ses autres engagements associatifs mais elle est quand même encore au conseil d’administration de l’association gérant les jardins partagés, impulsés par la Régie.

au programme : première semaine, travailler sur le site de Pôle emploi sur leurs ordinateurs, prépa-rer un entretien d’embauche, simu-ler un entretien, cinq minutes pour convaincre, atelier CV et lettre de motivation. Deuxième semaine, avec les out i ls multimedia de la Régie, chercher sur l’ordinateur des offres d ’ e m p l o i , faire un CV manuellement et se l’ap-proprier pour prouver la véracité de leur vécu. Troisième semaine, chan-gement de partenaire, l’esJ les aide

à avoir la Carte Vitale, faire gratui-tement un bilan santé, obtenir un certificat d’aptitude au travail…

Le sport, comme le monde du travail, oblige à suivre des règles, à avoir un respect de la hiérarchie, des décisions prises par l’arbitre et

de ses équipiers. Les partenaires étaient ravis, les jeunes aussi, d’avoir pris conscience de leur valeur. il n’y a pas eu d’absentéisme… n

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4   info-réseau N° 57

intervenir dans les quartiers les plus populaires, avec un modèle économique ancré dans son territoire et peu

gourmand en ressources : le fonctionnement des Régies de Quartier est un modèle de développement durable. il mérite cependant d’être encore renforcé, notamment pour intégrer davantage la notion de respect de l’environ-nement. Cette démarche permet d’apporter une valeur ajoutée supplémentaire aux interventions des Régies et d’autre part de créer de nouvelles activités. un ques-tionnaire envoyé cette année aux 140 Régies montre que 88 % mènent au moins une action directement liée au développement durable, contre 59 % en 2010, et 46 % en mènent trois ou plus.

C’est le cas de Desbals services, à Toulouse, située sur les quartiers Bagatelle – La faourette – Papus – Tabar – Bordelongue, dans le Grand Mirail. un quartier coincé entre des rocades et sous un couloir aérien, classé Zus (Zone urbaine sensible), touché par aZf en 2001 et qui a connu depuis une vaste rénovation urbaine, qui se termine et l’a désenclavé. entretien d’espaces

verts, nettoyage des rues et des immeubles, gestion des encombrants… : de 2007 à 2012, en multipliant son chiffre d’affaires par trois, Desbals services est passée de 29 à 48 salariés. et elle investit de plus en plus dans le développement durable.

Cette Régie est l’une de celles qui a créé un poste d’éco-médiateur, une personne en contrat d’accompagne-ment dans l’emploi (Cae) embauchée début septembre, grâce au financement d’un partenariat isigaz avec GDf. « C’est un pari de créer un tel poste, on ne peut pas le financer uniquement par des aides et des subventions, explique emmanuel Cléostrate, directeur depuis 2009. Heureusement, nous pouvons utiliser une partie des fonds que nous dégageons comme entreprise d’insertion, et

Les Régies, naturellement durables

La Régie mène des actions d’éco-citoyenneté.  Ici l’opération Quartier propre, pour montrer  aux enfants tous les déchets que l’on peut  trouver par terre !

Le dossier

Selon le Rapport Bruntland de 1987, le développement durable consiste à répondre aux besoins  essentiels de tous, et en particulier des plus démunis, sans compromettre la capacité des générations  futures à le faire. Les Régies de Quartier et de Territoire en sont donc depuis toujours des actrices de premier plan ! Le développement durable est même inscrit dans leur aDN, même si elles renforcent aujourd’hui  cette dimension. Illustration à Toulouse, avec la Régie Desbals Services.

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« aujourd’hui je viens chez vous

pour parler du gaz, des ventilations

et de la sécurité de l’installation »

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Les Régies, naturellement

durables

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Le dos

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même après l’opération isigaz, le poste pourrait être pérennisé par d’autres médiations éco-citoyennes. Les bailleurs et syndics de copropriété privés sont intéressés, en général par de la médiation sociale, mais c’est aussi une porte d’entrée vers les économies d’énergie et les gestes éco-citoyens. »

Des gestes simples pour réduireles facturesillustration lors de la première journée de l’opération isigaz, menée ce mardi 2 octobre par Laïla el Hadiri, en poste adulte relais sur la médiation sociale, et antoine Cousinard, l’éco-médiateur embauché en contrat Cae. La veille, ils ont annoncé leur passage dans une petite tour du quartier en glissant un mot dans les boîtes aux lettres. sur chaque palier, Laïla toque à l’appartement de gauche, antoine à celui de droite. Pour Laïla, sur 7 appar-tements, deux familles sont absentes et les cinq autres l’accueillent. saadia, par exemple, habite ici depuis un an. « aujourd’hui je viens chez vous pour parler du gaz, des

ventilations et de la sécurité de l’installation », explique Laïla. elle sort des fiches montrant sous forme de BD ce qu’il faut faire en cas d’odeur de gaz dans l’appartement, la bonne installation des tuyaux, les risques du monoxyde de carbone, etc. elle accompagne ensuite saadia dans la cuisine, où elle repère le robinet de gaz, sous

Démonstration de l’aspirateur électrique de déchets urbains par Emmanuel Cléostrate, directeur de Desbals Services, dans la cour de la Régie.

Changer de pratiques, tout le monde y gagne !

À la Régie de Trélazé, près d’angers, la question du développement durable a été abordée sous l’angle de l’amélioration des conditions de travail des salariés.

« Nous avons réalisé que les méthodes et outillages que nous proposions pour le nettoyage étaient très gourmands en eau, en produits, et en énergie… humaine », résume Jamel arfi, directeur de la Régie de Trélazé. au terme d’une série d’essais, la Régie a donc sélectionné un balai très performant demandant peu d’eau et de produits avec embout en lingettes en microfibres. « avant, les douze salariés chargés

du nettoyage des sols portaient un

bac à eau propre et un bac à eau sale, chacun de deux litres, et

aujourd’hui on utilise 600 ml seulement,

précise Jamel arfi. Nous diminuons la pénibilité pour nos agents, surtout pour le nettoyage des cages

d’escaliers. » De plus, moins de produits signifie moins de film gras se déposant sur le sol, donc moins de décapages à la mono-brosse électrique avec des produits agressifs et beaucoup d’eau.Le temps gagné sert à mener d’autres actions d’entretien – carreaux, boîtes aux lettres –, les donneurs d’ordres apprécient que leurs locaux soient mieux entretenus, voient que la Régie monte en compétences, et les salariés pourront faire prévaloir leur formation auprès d’entreprises traditionnelles.

Des tricycles bienvenus !autre progrès : l’acquisition pour 600 e pièce de tricycles pour les salariés du nettoyage. ils permettent, sans consommer d’énergie, de porter plus facilement qu’avec un bac roulant le matériel sur les 800 mètres séparant la Régie des bâtiments à entretenir,

ils attirent l’attention des habitants, arborent des panneaux « Tous ensemble pour garder notre quartier propre », et donnent une image plus valorisante du nettoyage !

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Le dos

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Les Régies, naturellement durables

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Des marchés novateurs En se positionnant sur le recyclage des gravats et matériaux issus des chantiers de construction, la Régie de Béthune développe ses marchés et crée une dynamique nouvelle. 

Pour ne pas passer dans le rouge, elle s’est mise au vert. La Régie

de Quartier du Mont-Liébaut devait, avec la fin de l’aNRu (rénovation urbaine), qui lui avait apporté nombre de chantiers, trouver en 2011 de nouveaux marchés. « Notre projet de ressourcerie est

né du marché Chantiers propres du bailleur Pas-de-Calais Habitat, pour la gestion et la valorisation des gravats et déchets sur ses chantiers de constructions neuves avec une perspective à quatre ans de 600 logements à traiter, explique francine Hautecœur, directrice de la Régie. C’est incroyable ce qui est jeté et qui est propre : carrelage, bois, sacs de plâtre humides, plaques de placo… on pourrait construire une maison avec ! »

Un nouvel élanLa Régie a ensuite remporté l’appel à projets Insertion et

Développement durable du Conseil général, a cherché d’autres finan-cements et s’est intégrée dans des filières de valorisation en partenariat avec la ressourcerie de saint-Pol-sur-Ternoise. « Notre ressourcerie est aujourd’hui juste à l’équilibre, mais cela a créé tout un élan autour de la Régie, indique francine Hautecœur. Nous sommes porteurs d’initiatives et répondons à des besoins de la collectivité et des artisans. » La ressourcerie fac-ture en effet ses prestations aux bailleurs, mais aussi aux artisans, qui ont des chantiers à évacuer. elle dépose bennes et containers sur

l’évier. saadia ne savait pas qu’il était là, Laïla lui dit de bien le fermer après chaque usage. Puis elle part vérifier les aérations aux fenêtres, dans les toilettes et la salle-de-bains.

et les éco-gestes ? Laïla lui présente « les gestes simples pour réduire les factures de gaz, d’eau et d’électricité » : préférer, si possible, des appareils électriques avec l’éti-quette a, laver à 30° au lieu de 60°, mettre le couvercle quand on fait bouillir de l’eau, dégivrer le frigo tous les deux mois, laver les brûleurs de la gazinière quand la flamme est orange… « Des petites économies de tous les jours, mais on le voit à la fin du mois sur la facture. » Laïla donne aussi à saadia une documentation sur la Régie Desbals services, que saadia ne connaissait pas. Laïla l’in-vite pour le dimanche suivant au bar associatif de la Régie où un loto sera organisé, car elle n’oublie pas sa première mission, le lien social. elle lui laisse aussi son numéro de portable afin d’être joignable facilement. suivent d’autres visites, avec un accueil toujours chaleureux, d’autant que

la plupart des autres habitants de l’immeuble connaissent la Régie. C’est le premier jour, mais Laïla, bien formée, tient déjà la moyenne de 20 minutes par visite, sans sacrifier aucune de ses missions : prévention sécurité, lien social, et sensibilisation aux éco-gestes.

« Les économies d’énergie ne sont pas la priorité de la convention, précise emmanuel Cléostrate, mais après plu-sieurs années de médiation éco-citoyenne dans les écoles du quartier, sur le tri sélectif, l’eau, etc., nous voulions tou-cher les parents et GDf suez ne s’y est pas opposé car ils nous connaissent. Nous travaillons depuis longtemps avec eux sur la médiation énergie pour réduire les impayés. »

Un vecteur d’insertionisigaz a permis de faire passer l’équipe Lien social de deux à quatre personnes : Laïla et antoine, mais aussi deux sala-riés dédiés au BaB, le bar associatif de Bagatelle, qui

Dans ses tournées Isigaz, Laïla fait de la prévention sur les risques liés  au gaz, mais aussi de l’information sur les éco-gestes et du lien social,  ici avec Silvia et Guedes Pereira. 

Ben, l’animateur du BaB, le bar associatif de Desbals Services,  en compagnie de Sabri, un habitué.

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suite de la page 5

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Les Régies, naturellement

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info-réseau N° 57 7

Le dos

sier

place ou à leur siège social, avec des devis plus élevés si les déchets ne sont pas triés. six personnes en

insertion et un encadrant, formés à la collecte et au tri, recyclent ainsi le plâtre, le polystyrène, le verre plat,

les métaux et les inertes – gravats, parpaings et carrelages servant au terrassement.

il peut dans certains cas être difficile de trouver les filières mais ces nouveaux marchés sont aussi porteurs d’innovation : la Régie travaille ainsi avec le Pôle excellence du BTP de l’école des Métiers de Douai sur des projets de tri optique et de recyclage en nouveaux matériaux. n

fait aussi restaurant les jeudis et vendredis midi. on y mange bon et consistant pour 5 euros, grâce à un partena-riat de la Régie avec l’arche, association qui emploie des personnes handicapées pour produire des légumes bios de saison sur Blagnac, à 8 km de là. « Nous faisons se ren-contrer les gens, ceux qui vivent dans le quartier et ceux qui y travaillent, que ce soit à la mairie, à la Maison des solidarités, au centre social, à la Régie ou dans d’autres associations », indique Ben, qui tient cette petite baraque bien aménagée au centre d’une place entourée de petites barres d’immeubles.

Ces emplois sont-ils pérennes ? « Pour nous le déve-loppement durable peut être vecteur d’insertion, répond Mélanie Bigorgne, directrice adjointe. Trois postes sont fixes et celui d’antoine, sur 6 mois renouvelables pour la première opération isigaz, est destiné à accueillir d’autres personnes à la suite d’antoine. Ce poste permet de défricher, de voir quels services de médiation bailleurs, collectivités et syndics privés sont prêts à payer pour du mieux-vivre dans les résidences. De toute évidence, que ce soit au niveau des déchets pour les collectivités, ou de l’entretien pour les bailleurs, rémunérer un salarié pour de la médiation en prévention coûte moins cher que ne rien faire et gérer ensuite les problèmes. Pour péren-niser ce poste il faut gagner leur confiance et celle des habitants, mais aussi avoir une équipe fixe en capacité d’accueillir des personnes en parcours sur nos projets de médiation. »

L’action de la Régie en faveur du développement dura-ble ne s’arrête pas à ce partenariat avec isigaz. Dans les immeubles où elle sort les conteneurs à poubelles, elle mène des actions de sensibilisation qui améliorent nette-ment la qualité du tri. elle gère également le ramassage et

le tri des encombrants et gravats. Le développement dura-ble, c’est aussi l’évolution des pratiques professionnelles : matériel de nettoyage plus léger et économique en eau, produits avec « ecolabel », investissement de 13 000 e dans un aspirateur électrique de déchets urbains, avec des plus-values en terme de conditions de travail, d’image, de formation pour l’entretien et donc de débouchés pro-fessionnels, car de plus en plus de mairies en utilisent.

Des demandes de subvention sont en cours pour acquérir un véhicule de nettoyage à haute pression tout électrique. en terme d’organisation, les déplacements ont été réduits par une gestion différenciée des chantiers et des tournées par les salariés présents sur le terrain. Les donneurs d’or-dres sont demandeurs de telles avancées, qui répondent à une demande de leurs usagers, habitants et locataires. Ce mardi soir se tient le conseil d’administration de la Régie. Le représentant de la mairie, Cyril Riou, indique que le Centre communal d’action sociale a lancé une opération avec la CLCV (association consommation, logement, cadre de vie) et d’autres partenaires pour sensibiliser aux éco-nomies d’énergie sur la résidence Ronsard. il propose que la Régie se rapproche de l’initiative. Le développement durable est aussi pour les Régies un moyen de renforcer les liens avec leurs donneurs d’ordres, et d’entrer en rela-tion avec d’autres associations pour tisser de nouveaux partenariats. n

Tri des déchets de construction dont beaucoup semblent, en effet, réutilisables.

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Les donneurs d’ordres sont demandeurs

de telles avancées, qui répondent

à une demande de leurs usagers,

habitants et locataires

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Le dos

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Les Régies, naturellement durables

8   info-réseau N° 57

« Des activités à forte valeur ajoutée »

Jean-Luc Birski, directeur de la Régie de Vierzon, délégué en région Centre du CNLRQ et référent du Pôle développement durable, explique et détaille l’implication du Réseau dans ce domaine.

Pourquoi le CNLRQ s’est-il doté d’un Pôle développe-ment durable ?Jean-Luc Birski : au fil des échanges au sein du Réseau, du Conseil d’administration, sur le terrain avec les Régies de Quartier, il est apparu que le développement durable pre-nait de plus en plus de place dans la vie du grand public et dans nos actions : tri des déchets, coûts de l’éner-gie, respect de l’environnement, etc. Ce n’est pas parce qu’on fait de l’insertion qu’on ne doit pas répondre à ces problématiques ! Les Régies sont performantes non seulement dans leurs activités, mais aussi dans leur responsabilité sociale et envi-ronnementale.

Nous avons alors analysé et recensé ce qu’elles font déjà, pour créer une culture commune, car les préoccu-pations des Régies et celles du développement durable se rencontrent complètement. D’une part, en teintant de vert leurs métiers historiques, le développement dura-ble apporte une valeur ajoutée à leurs interventions sur le territoire, en terme de formation et de capacité à répondre aux clauses environnementales des marchés publics. D’autre part, il participe à l’accroissement de leurs activités, avec de nouveaux services, par exemple en éco-médiation, qui ont aussi un intérêt social : c’est dès

maintenant qu’il faut changer les pratiques pour avoir un impact quand les prix de l’énergie vont vraiment exploser. sur des budgets serrés, économiser quelques dizaines d’euros sur ses consommations, ça compte. Pour finir, nous rendons les habitants acteurs en mettant des solu-tions en œuvre avec eux, dans une démarche d’éducation populaire avec accès à une conscience politique dans sa dimension écologique, au sens noble du terme.

Comment travaille le CNLRQ au développement de ces nouvelles pratiques ?J-L B. : il y a une montée en puissance du Pôle dévelop-pement durable avec, depuis trois ans, une animation permanente d’acteurs de terrain. Nous avons réalisé une étude pour faire un état des lieux, produit un guide et un film pour diffuser les bonnes pratiques. Nous organisons un séminaire en novembre 2012 et travaillons avec des partenaires européens pour nous inspirer de ce qui mar-che bien ailleurs.

Le Pôle est porté par une professionnelle qui doit trouver des pistes, développer des projets, préparer des formations aux nouveaux métiers. il s’agit de favoriser l’essaimage de nouvelles activités qui pourraient intéres-ser nos partenaires naturels que sont les collectivités et les bailleurs sociaux.

Quelles perspectives en particulier voyez-vous ?J-L B. : sur les métiers traditionnels des Régies, une qualification Développement durable sur les produits et les méthodes de travail est synonyme de profession-nalisation. Nous voulons aussi anticiper l’émergence de nouveaux métiers. animateur dans les jardins partagés, par exemple, est un service qui intéresse les partenaires pour différentes raisons : amélioration de l’espace public,

éducation à l’environnement, à la santé, espace de convi-vialité propice à générer du lien social, autoproduction alimentaire…

L’intérêt de notre Pôle est de qualifier, collecter, analy-ser et faire la promotion de ces nouvelles pratiques dans le Réseau et au-delà, car ces activités à forte valeur ajou-tée sociétale, citoyenne et environnementale permettent aussi de faire évoluer le regard de nos partenaires sur notre Réseau et sur les habitants des quartiers d’habitat social. Ces activités répondent à la fois aux attentes de tous nos partenaires et à notre projet politique, c’est pour cela que le Réseau s’y investit autant.

[...] les préoccupations des Régies

et celles du développement durable

se rencontrent complètement.

Page 9: novembre 2012 iNfo-Réseau

Les Régies, naturellement

durables

info-réseau N° 57 9

Le dos

sierDe nouveaux métiers

pour les Régies liés directement au développement durable De nouveaux métiers émergent dans les Régies, qui jouent pleinement leur rôle d’innovation sociale, fidèles à leur ancrage dans l’économie solidaire. 

Voici quelques exemples de pos-tes créés par des Régies, dont

l’objectif est de mettre en œuvre des activités pérennes, supports d’em-plois stables. Le CNLRQ accompagne la professionnalisation de ces sala-riés par l’organisation de formations et de journées thématiques.

Pour plus d’informations :

Jade Grélaud, chargée de mission

Développement durable

[email protected]

Éco-médiateurL’éco-médiateur est un opérateur de quartier qualifié qui a pour prin-cipale fonction d’intervenir auprès des habitants des quartiers sur le respect de l’environnement et sur l’adoption d’éco-gestes. son poste peut intégrer une part plus ou moins importante de médiation sociale. on trouve des éco-média-teurs dans 17 Régies.

Animateurs de jardins solidairesLeur rôle : accompagner et animer des groupes d’habitants

sur des parcelles de jardins individuelles, collectives, pédagogiques, implantées dans les quartiers populaires. ils sont souvent amenés à travailler avec des partenaires associatifs, institutionnels, des écoles et centres de loisirs. une dizaine de Régies a créé de tels postes.

Chargés de mission ou coordina-teurs développement durableil s’agit de postes de développeurs, qui peuvent être fléchés sur une mission précise – création d’un jardin partagé, d’une ressourcerie, montage d’un dispositif de sensibili-sation à la maîtrise de l’énergie… – ou être plus transversaux. on en trouve dans 10 Régies.

L’art du partenariat En matière de développement durable aussi, c’est en tissant des partenariats que les Régies de Quartier et de Territoire peuvent faire avancer leurs projets. Illustration à Troyes.

Régies services, à Troyes, a élaboré des partenariats très

constructifs en matière d’énergie. eDf et GDf financent à 80 % un poste de conseillère en économie sociale et familiale spécialisée en efficacité énergétique. La Régie traite ainsi plus de 450 dossiers en permanence : suivi des impayés, information sur le tarif social, travail sur les dettes avec les assistantes sociales et la Banque de france… « Nous sommes des facilitateurs, résume Jean-Jacques Mordin, direc-teur de la Régie. Depuis le temps que nous travaillons avec eDf, ils nous confient du travail de contact, nous alertent rapidement en cas d’impayés, et nous négocions même jusqu’à 500 e d’arriérés pour qu’il n’y ait pas de coupures. »

Vers des emplois stables ?avec GDf et son programme isigaz, la Régie fait de la prévention sécurité en porte-à-porte. elle a aussi signé une convention sur les éco-gestes, GDf s’engageant à lui mettre à disposition gratuitement une mallette pédagogique avec différents matériels : mousseurs, ampoules, etc. La Régie cherche maintenant des financements pour créer sur ce projet des postes de Médiateurs énergie et éco-gestes. « Vu les partenariats que nous

avons avec eDf, GDf et eRDf, cela pourrait constituer des passerel-les vers l’emploi stable », estime Jean-Jacques Mordin. en effet, dans son partenariat avec eRDf, Régies services repeint ses transforma-teurs sur Troyes et ses alentours pour les intégrer à leur environne-ment (une centaine en moins de trois ans), réalise une cartographie du réseau en sillonnant les routes et, de son côté, eRDf embauche en apprentissage cinq jeunes de la Régie par an.

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SITES aCCoMPaGNéS  :  Caen (14)  

LaBELLISaTIoNS  :

Régie de Territoire Cœur de Savoie – Saint-Pierre d’albigny (73)   Régie de Quartier des Mesnils Pasteur – Dole (39)   Régie de Territoire Trajectoire – Royan (17)   Soli-Cités – Grasse (06)   Régie de Quartiers de Nanterre – Nanterre (92)

après une première rencontre en octobre à arles, le cnlrq en organise une seconde le 6 décembre à

Rillieux-la-Pape (espace 140).Poursuivant les actions déployées depuis dix ans –

éditions du Guide d’utilisation de la commande publique 2002, 2006, 2011 ; exemples en appui ; séminaire natio-nal 2008 – le Réseau réunit les partenaires impliqués aux côtés des Régies sur les enjeux d’activités et d’emplois. De plus en plus de collectivités, pouvoirs adjudicateurs, mettent en œuvre les dispositions du code des marchés publics et d’autres textes visant à soutenir l’accès à l’em-ploi : marchés d’insertion, clauses sociales, etc.

L’utilisation de ces possibilités pourrait être accentuée et favoriser plus largement les dynamiques de dévelop-pement local en direction des territoires en difficulté et de leurs habitants. en associant les élus, les organismes logeurs, les habitants, et largement les partenaires socio-économiques, les Régies développent des réponses au plus près des besoins des populations, créent des riches-ses sur ces territoires : requalification des espaces publics, insertion, recréation du lien social dans les quartiers…

au-delà de l’outillage technique à disposition, cette rencontre souhaite valoriser les réponses apportées au moyen de politiques d’achat socialement responsable, illustrer les pratiques innovantes de différents acteurs publics et privés et lever les freins qui peuvent encore se présenter dans ce domaine.

avec le soutien de la DGCs, DGefP, du sG-CiV et du fse, cette rencontre sera ouverte par M. Renaud Gauquelin, maire de Rillieux-la-Pape, et clôturée par M. françois Lamy, ministre délégué à la Ville. Pour s’inscrire en ligne :

http://cnlrq.org/evenements/pages/accueil/2012-12-06-cde-

publique

  D é V E Lo P P EM E N T 

En direct du Réseau

Rencontres « Pour une politique d’achat socialement responsable »

Création d’une nouvelle filière de collecte

et de valorisation des meubles

un nouvel éco-organisme, eco-mobilier, a été créé par les producteurs et distributeurs de meubles. Chargé d’or-

ganiser la collecte, le recyclage et la valorisation des meubles domestiques, il s’appuiera notamment sur les acteurs de l’économie sociale et solidaire ayant des ressourceries/recy-cleries pour atteindre ses objectifs de recyclage-réutilisation. Pour en savoir plus : www.eco-mobilier.fr

aCTUS

  D é V E Lo P P EM E N T   D U R a B L E

Parution d’un guide sur les Régies et le dévelop-pement durable :Réalisé avec l’aide du cabinet e2i et à partir d’expériences locales, ce guide met en lumière la conception propre aux Régies d’un déve-loppement durable et solidaire, correspondant aux besoins des habi-tants. il donne aux Régies des repères pour initier de nouvelles actions en décrivant notamment les étapes à suivre et les partenaires à solliciter. La question de l’embauche de salariés dédiés à cette thématique fait l’objet d’un chapitre. Ce guide, également destiné aux partenaires, leur permet de visualiser la capacité des Régies à s’investir dans le champ du déve-loppement durable.

Mise en ligne du film « Les Régies, actrices d’un développement durable et solidaire » :Dans le prolongement du guide et du séminaire organisé le 15 novembre à Paris, un film réalisé par la société atoutcam sera mis en ligne et donnera à voir la spécificité de l’intervention des Régies dans le champ du développement dura-ble. Cet outil vivant de communication peut per-mettre à la fois d’impulser une réflexion et une démarche Développement durable dans la Régie et de mobiliser habitants et partenaires. Vous trouverez ces deux

outils sur :

www.regiedequartier.org

Pour toute information

Jade Grélaud :

[email protected]

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info-réseau N° 57 11

« Relectures », nouvelle collection Alternatives Economiques aux Editions des Petits Matins voit le jour en octobre.

savez-vous qu’adam smith se méfiait des patrons ? Qu’il était partisan de l’impôt progressif et soutenait de nombreuses

dépenses publiques ? Que Jaurès s’interrogeait sur les gagnants et les perdants du protectionnisme ?une collection pour redécouvrir des pensées originales qui nous aident à comprendre et transformer le monde d’aujourd’hui. Dirigée par Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint d’alternatives économiques.

Premières parutions :  – Adam Smith, « Vive l’État » ! sous la direction de igor Martinache, préface de Christian Chavagneux, 96 p., 5 euros – Jean Jaurès, « A qui profite le protectionnisme ? » sous la direction de igor Martinache, 96 p., 5 euros

9e Rencontres Internationales de la Mosaïque à Chartres,

du 27 octobre au 18 novembre 2012.Le Prix Picassiette, organisé par la Régie de Quartier de Chartres les 3R, très couru dans le monde de la mosaïque, est décerné aux artistes amateurs, aux amateurs initiés et aux professionnels, par un jury composé de spécialistes de la mosaïque, du vitrail et des arts plastiques.

i N fo-Rés eauDirectrice  de la publication Clotilde Bréaud Comité de rédaction  et rédaction Zinn-Din Boukhenaïssi, Marie-france Chamekh, Guy Dumontier, Jenny eksl, Dominique Goby, Céline Goyet, azouz Gharbi, Jade Grélaud, sonia Hamaïed, Bruno Martin, anne Mistral, Nicole Picquart, Corinne Redersdorff, Vincent Ricolleau, Didier Testelin

Journaliste Dante sanjurjoSecrétariat de rédaction sandrine CardonIllustrations albert Maquette Patricia Chapuis Imprimeur l f t , MontreuilNuméro de dépôt légal 91/0322.abonnement 12,20 euros (3 numéros).Comité National de Liaison  des Régies de Quartier 54, av. Philippe auguste – 75011 [email protected]

Cette publication  a bénéficié du soutien – de la dgefp Délégation Générale à l’emploi et à la formation Professionnelle, – de la dgcs Direction Générale de la Cohésion sociale, – du sgciv secrétariat général au Comité interministériel des Villes, – du fse, fonds social européen.

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Lire

NoVEMBRE

Lundi 12 et mardi 13animer des groupes d’adultes en situation de précarité (2e module) au CNLRQ – Paris (75)Jeudi 15 – Les Rendez-vous des Régiesséminaire « Les Régies, actrices d’un développement durable », à la fondation Macif – Paris (75)Jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17stage acteurs cycle V, Module 2 à la Régie de Quartier de saint-Brieuc – saint-Brieuc (22)Mardi 27 et mercredi 28Développement durable pour les éco-médiateurs – Module 2 – au CNLRQ – Paris (75)Jeudi 29 et vendredi 30Développement durable pour les coordinateurs DD – Module 2 – au CNLRQ – Paris (75)Jeudi 29, vendredi 30 et samedi 1er décembre stage acteurs cycle Vi, Module 2 à la Régie de Quartier Régie Plus – Tours (37)

DéCEMBRE 

Jeudi 6 – Les Rendez-vous des RégiesRencontre « Pour une politique d’achat socialement responsable », à Rillieux-la-Pape (69)Jeudi 13 Journée des directeurs : journée technique sur les services à la personne et actualités – Paris (75)Vendredi 14Conseil d’administration, à Paris (75)Jeudi 20 et vendredi 21formation des « ambassadrices pour le dépistage organisé du cancer du sein » à Vierzon (18)

JaNVIER 

Jeudi 10 – Les Rendez-vous des RégiesLes Matinales des Régies, au CNLRQ à Paris (75)

Les rendez-vous  du cnlrq

p

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12   info-réseau N° 57

Les Régies sont en première ligne pour l’écologieComment expliquer à ceux qui n’en sont pas convaincus que la défense de l’environnement dans les quartiers populaires ne doit pas être reléguée face à l’urgence économique et sociale ?Jean-Philippe Magnen : C’est une très bonne question, car cette tendance à la relégation est malheureusement très importante alors que, dans les faits, répondre à l’urgence écologique permet aussi de répondre à l’urgence sociale. un exemple : le grand plan de rénovation thermique lancé par le gouvernement va concerner les quartiers d’habitat populaire. Cela va permettre de réduire les consomma-tions en énergie, ce qui est bon pour l’environnement, le pouvoir d’achat, avec des économies de charges entre 300 et 800 e par foyer et par an, et bon pour l’emploi, avec de nombreuses commandes pour les entreprises de ces ter-ritoires. Mais cela demande que le locataire ne supporte pas tout l’investissement. La Banque publique d’inves-tissement doit intervenir massivement dans ce domaine. en 2011, le Conseil d’analyse économique a calculé que 783 000 emplois nets sont à créer dans l’économie verte, que ce soit dans l’agriculture, l’industrie ou les services. Les pouvoirs publics doivent se saisir de la question, et les entreprises également.

Justement, les Régies de Quartier sont-elles selon vous des partenaires naturels de l’état et des collec-tivités locales pour leur politique de Développement durable ? J-P M. : Les Régies de Quartier jouent de toute évidence un rôle important dans les quartiers populaires pour mener cette transformation écologique. Compte tenu de la crise qui touche l’économie, avec à nouveau trois millions de chômeurs pour la seule catégorie a, il est urgent de trouver des solutions, et cela ne peut pas passer par les mêmes vieilles recettes qui n’ont jusqu’ici pas suffi. il faut une transformation écologique et sociale de l’économie, cela demande à la fois de changer les habitudes des habi-

tants et d’innover en matière économique, et c’est préci-sément ce que savent faire les Régies. elles ont dans leurs valeurs propres et historiques l’ancrage territorial de l’éco-nomie, les circuits courts et la démocratie économique. De ce fait, elles sont en première ligne pour apporter des activités économiques concrètes, écologiques et promet-teuses : chantiers propres, rénovations d’appartements, services de proximité, etc.

De quelle manière la coopération avec les collectivités peut-elle s’organiser ?J-P M. : une mairie soutenant sa Régie a la responsabilité de soutenir ses efforts de Recherche et Développement en l’aidant à investir. on le fait pour les entreprises privées, pourquoi ne pas le faire pour les Régies de Quartier, qui sont en plein dans l’innovation sociale ?Dans les conseils régionaux et intercommunalités, désor-mais, l’économie sociale et solidaire n’est plus rattachée à la Politique de la Ville, mais au Développement économi-que. C’est une reconnaissance de sa participation à l’éco-nomie et à sa nécessaire évolution. Les investissements dans ce secteur augmentent, et il faut aussi utiliser les moyens de la formation professionnelle, avec des forma-tions vertes qualifiantes et reconnues pour des emplois durables.

il reste enfin à se poser la question de la contractuali-sation entre les pouvoirs publics et les Régies. au niveau européen, un assouplissement des règles de la concur-rence permet de rechercher, au-delà de la subvention ou du marché public, des modes de contractualisation nova-teurs. il faut en profiter pour renforcer les partenariats. n

entretien avec Jean-Philippe Magnen, 

vice-président du Conseil régional

des Pays de la Loire en charge de l’emploi,

de la formation professionnelle

et des Métiers de demain. © M

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