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P.09 SOLIDARITÉ TRANSPORT P.26 PAROLES D’ÉLUS P.34 POÈMES DE VACANCES Trouvez d’autres articles et photos sur www.lebimsa.fr Mensuel / Janvier 2015 150 FAVORISER LE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL

P.34 POèmeS De vAcANceS 150 - le bimsa · écoulée et, surtout, les ... André Ricard Rédacteur en chef : Gildas Bellet Rédacteur en chef adjoint : Franck Roz ... Moulay Ghembaza

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P.09 SOLIDARITé TRANSPORTP.26 PAROLeS D’éLuSP.34 POèmeS De vAcANceS

Trouvez d’autres articles et photos sur www.lebimsa.fr

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favoriser le bien-être au travail

Je suis Charlie ! Qui eût cru, avant ce triste 7 janvier, que ces trois mots deviendraient le cri de ralliement de tous ceux qui, au-delà de leur sen-sibilité personnelle, morale ou politique, se reconnaissent dans les prin-cipes de la démocratie et sont convaincus que la liberté d’expression ne se

négocie pas ?Comment, dans ces circonstances si douloureuses pour le pays, rédiger un

éditorial qui ne paraisse pas terriblement déconnecté de la tristesse de tous et des angoisses de chacun ?En temps normal, j’aurais certainement évoqué les nombreux acquis de l’année écoulée et, surtout, les légitimes ambitions que la MSA peut porter pour l’avenir, compte tenu des profondes évolutions en cours dans le domaine de la protection sociale. Mais, aujourd’hui, je préfère parler des valeurs qui nous unissent et dont té-moignent les élections en cours de nos délégués, ainsi que l’action au quotidien du personnel dans nos caisses. Car, c’est à nos élus, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain, ainsi qu’à tous les collaborateurs de la MSA, que je veux m’adresser.Vous êtes, chacun à votre niveau, porteurs de valeurs — volonté d’engagement, sens du service, exigence de solidarité, sens des responsabilités — dont vous de-vez être fiers. Ces valeurs fondent une communauté MSA, sans doute modeste mais irremplaçable, qui participe à l’unité nationale et au bien vivre ensemble.Soyez fiers, soyez convaincus que chacun, quel que soit son niveau de responsa-bilités, est un créateur de lien social. Vous participez ainsi, avec tout votre savoir-faire, à une mission collective qui renforce le tissu national au jour le jour et qui mérite notre engagement à tous.Tels sont les vœux que je vous adresse pour 2015 et soyez convaincus de ma pro-fonde reconnaissance.

Gérard PelhâtePrésident de la MSA

La liberté d’expression ne se négocie pas.”

La reproduction

d’articles du Bimsa

est subordonnée

à une autorisation

préalable.

Caisse centrale de la Mutualité sociale agricoleLes Mercuriales - 40, rue Jean-Jaurès - 93547 Bagnolet CedexTél. : 01 41 63 77 77 – www.msa.frLe Bimsa : dépôt légal à parutionCPPAP : 1016 M 05851 – ISSN : 1298-9401Directeur de la publication : Michel BraultComité d’orientation : Gérard Pelhâte ; Claudine Faure ; Robert Caldayroux ; Didier Cuniac ; Anne Gautier ; Rémy Guilleux ; Dominique Marmier ; éric Van Daele ; André RicardRédacteur en chef : Gildas BelletRédacteur en chef adjoint : Franck RozéRédacteurs : ève Dusaussoy ; Christophe Gatschiné ; Jérémy LemièreSecrétaire de rédaction : Anne Pichot de la MarandaisMaquettistes : Stéphane Frit ; Delphine LevasseurConception : agence MeaningsAdministration et abonnements : Marie-Christine Feugueur Tél. : 01 41 63 73 31Imprimeur : Imaye Graphic 96, boulevard Henri-Becquerel - ZI des TouchesBP 2159 - 53021 Laval cedex 9Couverture : Jean-Michel Delage/CCMSA Imageédito : Luc Pérénom/CCMSA Image

Imprimé sur du papier

100 % recyclé.

ACTUALITÉS ……………………04-08Du nouveau dans les régions et dans notre environnement social et agricole.

TERRITOIRES …………………09-12Solidarité transport.

ENJEUX………………………………13-14 Tunisie : de fortes attentes.

DOSSIER ……………………15-23 Favoriser Le bien-être au travaiL La MSA engage une forte mobilisation de ses équipes et de ses élus. Zoom sur quelques initiatives.

FOCUS ………………………………24-2513 200 nouveaux installés en 2013.Dépister le cancer du col de l’utérus.

ÉLECTIONS MSA 2015 …………………………26-29Paroles d’élus.Colette Doublet, Michel Lefèbvre et Christian Malouin : ça marche contre le cancer.Patricia Potier, élue au grand cœur.Moulay Ghembaza : défendre mon entreprise.

RENCONTRES ………………30-33 La démat’ sur le tapis.Protéger les jeunes apprentis.

EN IMAGES ………………………34-35Poèmes de vacances.

Témoignages d’élus : André Villard (Isère), Ghislaine Poisnel (Manche) et Nathalie Cauet (Somme).www.lebimsa.fr

uniQueMent sur notre site :

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NORD-PAS DE CALAIS /

Aux petits soins pour la santé des jeunesDans le Nord-Pas-de-Calais, la Draaf, la Direccte et la MSA ont signé, le 19 décembre 2014, une convention régionale pour l’intégration de la santé et de la sécurité au travail dans l’enseignement agricole pour la période 2015-2017. Celle-ci vient formaliser et renforcer un partenariat existant de longue date pour pré-server la santé des jeunes, futurs professionnels de l’agriculture. Ils

sont plus de 9 000 élèves et étu-diants, et 2 600 apprentis dans les établissements de la région. Pour eux, l’acquisition de connaissances et la prise de conscience de la santé et de la sécurité au travail doivent intervenir au plus tôt et dans la durée, lors de la formation initiale. Pour l’intégration de ces notions dès le début du cursus, la coopération prévoit la mobilisation des chefs

SUD CHAMPAGNE /

LE StRESS ESt ENCORE DANS LE PRéAprès une première représentation à Chaumont, la compagnie « Entrées de Jeu » était à Troyes le 27 novembre 2014 pour mettre en scène une nouvelle fois le stress dans nos campagnes, voire le dédramatiser. 300 personnes étaient venues cher-cher quelques réponses, voire un soulagement. À travers les douze saynètes de la pièce Le stress est dans le pré, les acteurs ont pré-senté de façon originale et teintée d’humour les situations difficiles ou pesantes du quotidien auxquelles les agriculteurs sont confrontés. Outre le spectacle, de nombreux moments étaient prévus pour interagir avec le public. Comment anticiper la difficulté ou comment la combattre ? Telle était la question...

CORSE /

JOURNéE DE L’INStALLAtION EN AGRICULtUREÀ l’initiative des jeunes agriculteurs de Corse du Sud et Haute-Corse, s’est déroulée en fin d’année dernière la 8e journée régionale pour l’installation en agriculture. Le but ? Rassembler l’ensemble des partenaires. Au milieu des porteurs de projets, des exposants et des organismes tels que la chambre d’agriculture de Haute-Corse, l’office de développement agricole et rural de Corse ou encore les lycées agricoles et, bien entendu, la MSA. Information plus complète sur notre site.

478 700 chefs d’exploitation ou d’entreprise affiliés au régime agricole en 2013.

AIN-RHÔNE /

Découvrir la médiation familiale

d’établissement et des équipes de direction pour intensifier les efforts en matière de prévention ; la sensi-bilisation et la formation des ensei-gnants ; le renforcement du lien entre l’établissement d’enseignement et l’entreprise, grâce à la formation et l’information des maîtres de stage et d’apprentissage sur l’accueil des jeunes et les spécificités en matière de santé-sécurité au travail. —

Divergence intergénérationnelle, sépa-ration conjugale, discorde dans les fratries… Face à ces conflits familiaux répandus dans le monde rural et agricole, la réponse qui s’impose le plus souvent est la rupture. Pour-tant, une autre manière de régler les conflits existe : la reconstruction par la médiation familiale. C’est ce qu’a souhaité démontrer la MSA Ain-Rhône, le 5 décembre 2014, à Chevroux (Ain), en invitant le grand public à découvrir les services de la médiation familiale et à assister à une pièce de théâtre créée à cet effet. L’occasion pour le public de découvrir le rôle du médiateur familial, un intermédiaire parfois indispensable pour aider les familles à recréer un lien ou à renouer le dialogue. —

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BEAUCE CŒUR DE LOIRE /

Un pas de plus contre la pénibilité

SÈVRES-VIENNE /

Sécurité routière et protection des biens et des personnes

Signature d’un contrat de prévention, fin 2014, entre la MSA Beauce Cœur de Loire et l’entreprise ISA (Institut de sélection ani-male) couvoir de Lorris, dans le Loiret. Il va permettre à l’entreprise de bénéficier d’une aide technique et financière de la part du service prévention des risques professionnels de la MSA, pour la sécurité, l’aménagement et l’amélioration des postes de travail de ses salariés. «  Il y avait des projets d’aménagements, notamment des postes de travail sur lesquels les salariés ont des gestes répétitifs, comme le tri des poussins, la manutention des œufs…, précise Thierry Mahon de Monaghan, conseiller en prévention qui accompagne cette entreprise depuis une vingtaine d’années. Nous avions effectivement constaté, avec le médecin du travail, que des salariés avaient des problèmes de troubles musculo-squelettiques. Grâces aux investissements programmés, les salariés vont

Les élus de la MSA Sèvres-vienne du bassin d’agence de Melle ont organisé deux journées complètes de prévention, ouvertes à l’ensemble de la population, sur les thèmes de la sécurité routière et de la protection des biens et des personnes. Un carton ! Un peu plus de 130 personnes ont ainsi répondu présent à l’invitation fin 2014 à Pamproux et Saint-Martin-lès-Melle (Deux-Sèvres). La gendarmerie nationale est intervenue pour apporter des conseils et des réponses sur la sécurité du domicile, la surveillance, les suites d’un cambriolage ; le démarchage commercial ; la prévention sur la délinquance auprès des personnes et les atteintes aux biens ; la prévention des vols en milieu agricole. Des intervenants départementaux de la sécurité routière ont rappelé les règles du code de la route et prodigué quelques conseils. Ensuite, trois groupes ont été constitués pour participer, à tour de rôle, aux ateliers proposés : l’alcool, le constat amiable et la vue (notre photo). Article complet sur www.lebimsa.fr —

La MSA du Limousin est intervenue auprès des sala-riés des Restos du cœur de Malemort (Corrèze), pour réaliser une information collective sur le régime de protection sociale agricole. Les treize salariés maraî-chers du chantier d’insertion « les jardins du cœur » se sont vu présenter, en décembre 2014, les missions de la MSA et du service social spécialisé, les prestations légales et extralégales dont ils peuvent bénéficier, et les actions collectives telles que le « parcours santé » et « l’avenir en soi ». La rencontre a aussi permis de faire le point sur les difficultés auxquelles les salariés sont confrontés dans leur quotidien, notamment face à des démarches administratives souvent complexes et parfois mal comprises. —

ARMORIQUE /

Fest noz POUR LA BONNE CAUSE

C’est le montant en euros récolté par les élus du secteur de Rostrenen pour l’association « les amis de Cédric », lors d’un fest noz. Depuis 18 ans, les délégués organisent une soirée au profit d’une association. Cette année, c’est pour venir en aide à Cédric, jeune homme lourdement handicapé, qu’ils ont investi la salle polyvalente de Duault, dans les Côtes-d’Armor. Musique, danse et gastronomie ont rassemblé des centaines de personnes et ont permis de récolter des fonds qui financeront l’appareillage du jeune homme. En 18 ans, l’association des élus a collecté près de 38 000 euros pour diverses associations.

LIMOUSIN /

Informations aux jardins du cœur

2 000

pouvoir travailler avec de nouveaux aména-gements sur des machines et des matériels plus performants, plus modernes et mieux adaptés.  » Article complet sur notre site www.lebimsa.fr —

Signature du contrat de prévention. De gauche à droite : Benoît Pele, directeur d’ISA France, Cendrine Chéron et Christian Pinsac, respectivement présidente et directeur général de la MSA Beauce Cœur de Loire.

Trois groupes ont été constitués pour participer, à tour de rôle, aux ateliers proposés : l’alcool, le constat amiable et la vue.

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ÎLE-DE-FRANCESALON DE L’AGRICULtUREDU 21/02 AU 01/03. Il aura lieu à Paris, porte de versailles. Le stand de la MSA se situera dans le pavillon 4 (allée C). www.salon-agriculture.com—ÎLE-DE-FRANCESIMA DU 22 AU 26/02. Le Sima-Simagena 2015 se tiendra au Parc des expositions de Paris-nord villepinte. Une opportunité pour la MSA de présenter des nouveautés en matière de sensibilisation à la santé-sécurité au travail des professionnels agricoles. www.simaonline.com —RHÔNE« POUR BIEN VIEILLIR »12/03. Une journée nationale interrégime « Pour bien vieillir » aura lieu à Lyon. Une occasion notamment d’échanger sur deux défis majeurs de l’action sociale : le repérage et la mesure de la fragilité, et la gestion des partenariats et la coordination institutionnelle. www.journeenationale interregime.fr—FRANCE ENtIÈREJOURNéE DE L’AUDItION

LE 12/03. La 18e édition se tiendra partout en France. Des spécialistes proposeront au public d’effectuer un bilan auditif et répondront ainsi à toutes les interrogations des personnes désireuses d’être mieux informées sur leur capital auditif. www.journee-audition.org—

MAYENNE-ORNE-SARtHE /

La prévention dans l’enseignementLe 9 décembre 2014, la MSA Mayenne-Orne-Sarthe a convié les présidents et les directeurs des maisons familiales rurales de son territoire pour une confé-rence débat sur « L’accueil des jeunes en entreprise : quelle responsabilité civile et pénale des acteurs de la prévention au sein des établissements scolaires agricoles ? ». Une trentaine de personnes ont ainsi pu s’informer sur les obligations réglementaires du chef d’établissement, de l’équipe pédagogique, des maîtres d’apprentissage…, dans l’accueil des jeunes en milieu professionnel. Animée par Michel Ledoux, avocat à la cour d’appel de Paris, cette journée a notamment permis de faire le point sur les évolutions à la suite du décret d’octobre 2013 réformant la réglementation du travail des jeunes.Cette action marque, une nouvelle fois, la volonté de la MSA Mayenne-Orne-Sarthe de promouvoir l’inté-gration de la prévention des risques professionnels au sein des établissements scolaires agricoles. —

La MSA Sud Champagne se mo-bilise avec ses partenaires pour que les entreprises agricoles de Champagne-Ardenne se préparent dans les meilleures conditions. Ce qui se concrétise notamment par la réalisation de DSN-test avant déploiement, en lien avec l’éditeur du logiciel de paie si nécessaire. Elle a aussi organi-sé, le 20 novembre 2014, à Châlons-en-Champagne, dans la Marne, une troisième réunion sur ce thème pour 68 personnes, dont 50 représen-tants d’entreprises. Introduite par Lionel Iger, directeur de la MSA, et animée par Laurent Sitbon, directeur accompa-gnement et prospec-tive net-entreprises,

elle a été le théâtre d’échanges fructueux. Elle a permis de déce-ler certaines inquiétudes sur les changements induits par la DSN et l’envie d’anticiper sa mise en place. Des ateliers personnalisés se sont déroulés l’après-midi. —

SUD CHAMPAGNE /

Être prêt pour la déclaration sociale nominativeReposant sur un flux émis men-suellement par le logiciel de paie de l’entreprise, la déclaration sociale nominative (DSN) remplacera, d’ici au 1er janvier 2016, la plupart des déclarations sociales actuelles. Il s’agit d’une nouvelle modalité de transmission des données sociales des entreprises vers la MSA, visant à simplifier les démarches des employeurs.Certains entrepreneurs doivent cependant démarrer la DSN en mai 2015 (à partir des éléments de la paie d’avril). Sont concernés ceux ayant versé au moins deux millions d’euros de cotisations et de contributions sociales au titre de 2013, et ceux ayant payé au moins un million d’euros de cotisations et de contributions sociales, sous réserve qu’ils aient recours à un tiers déclarant dont la totalité des cotisations et des contributions sociales dues pour tous ses clients est au moins égale à dix millions d’euros au titre de 2013.

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6 JANvIER 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

EN RéGIONS

VIE DE L’INStItUtION

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éLECtIONS MSA Les trois millions d’assurés de la MSA – actifs ou retraités, salariés, chefs d’exploitation agricole ou employeur de main-d’œuvre – ont jusqu’au 27 janvier pour faire leur choix et voter pour les délégués qui les représenteront. Deux possibilités : par courrier postal en retournant le bulletin transmis par la MSA ou par Internet sur le site dédié : www.jevoteenligne.com/msa2015 65 032 adhérents se sont portés candidats pour les élections 2015. L’importance du nombre de candidats pour un scrutin professionnel révèle l’engagement des adhérents et leur volonté de s’impliquer pour leur protection sociale et leurs conditions de vie au quotidien.

PAPIER 100 % RECYCLé Le Bimsa est, à partir de ce numéro, imprimé sur du papier 100 % recyclé. Un choix permettant de participer à la réduction de l’impact de la production du papier sur l’environnement.

ASSEMBLéE PLéNIÈRE DE L’ENASP

La 9e assemblée plénière du réseau

européen des caisses de protection

sociale agricole (Enasp) s’est tenue

en décembre 2014 à Bruxelles.

Dans son propos introductif, Gérard

Pelhâte, président de la MSA, a

mis l’accent sur le contexte agricole

morose et les préoccupations qui

en découlent : impact de l’embargo

russe sur plusieurs filières de

production ; mise en œuvre de

la PAC avec la perspective de la

fin des quotas laitiers entraînant

la déstabilisation des marchés ;

événements climatiques et leurs

conséquences pour les agriculteurs.

Au cours de la session de travail,

les risques psychosociaux ont fait

l’objet de plusieurs présentations

(programme européen de recherche

et innovation « H 2020 » ; étude sur

la santé mentale des agriculteurs

lorrains). Les membres de l’Enasp

ont ensuite été reçus par Henri

Malosse, président du Comité

économique et social européen,

avec lequel ils ont notamment

pu échanger sur la question des

travailleurs détachés au sein de

l’Union européenne et sur la lutte

contre la désertification du milieu

rural. Plus d’infos sur notre site.

Un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’inspection générale des finances (IGF), mis en ligne le 15 décembre 2014 et daté de septembre 2013, propose une série de mesures liées au fonctionnement de l’assurance maladie obligatoire et complémen-taire, visant à économiser, à l’horizon 2020, près de deux milliards d’euros de coûts de gestion annuels. Il note qu’au total, 86 opérateurs gèrent 14 régimes obligatoires d’assu-rance‐maladie. L’éclatement du

secteur de l’assurance maladie complémentaire est plus important encore avec plusieurs centaines d’organismes assurant une prise en charge complémentaire (682 à fin 2011). La réforme préconisée pour l’assurance maladie obligatoire (AMO) propose notamment à moyen terme la restructuration de la gestion de l’assurance maladie s’appuyant sur deux opérateurs principaux, la Cnam et la MSA. « La mission considère qu’une réorganisation structurelle de l’AMO avec la cible, à terme, de

deux opérateurs de gestion serait de nature à générer d’importantes économies de gestion : de l’ordre de 440 millions d’euros par an. »Les auteurs recommandent aussi d’achever la dématérialisation du traitement des prestations en na-ture et en espèces, pour générer des gains de plus de 542 millions d’euros par an pour l’assurance maladie obligatoire et de 344 millions d’euros pour les usagers et les complémentaires santé à horizon 2017. —

119dates pour l’exposition itinérante « Campagnes en mouvement » dédiée aux élections MSA

Gestion de l’assurance maladie

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Isolement des personnes âgées

AGRICULtURE FAMILIALE : L’AVIS DU CESE Alors que 2014 avait été proclamée « Année internationale de l’agriculture familiale » par l’Assemblée générale des Nations Unies, le conseil économique, social et environnemental (CESE) a voté son avis le 9 décembre 2014. Ses préconisations concrètes, plus particulièrement dirigées vers les pays en développement, visent à garantir l’autonomie des agricultures familiales et à les protéger de la concurrence mondialisée, notamment en garantissant aux agriculteurs l’accès aux ressources naturelles, au crédit et à la formation, et en replaçant l’agriculture familiale et l’alimentation au cœur des politiques publiques. Pour reconnaître et valoriser le métier, le CESE propose d’engager une réflexion au sein des instances de l’ONU sur les composantes sociales de l’agriculture, activité majeure (38 % de la population active mondiale). Il préconise une véritable protection sociale pour les agriculteurs et les membres de leur famille. www.lecese.fr

Un Français sur trois de plus de 18 ans est sus-ceptible d’être exposé, en cas de rupture, à l’isolement social. Près d’un quart de la popu-lation des personnes concernées (27 %) est âgé de plus de 75 ans. La lutte contre l’isolement des personnes âgées s’impose donc comme une véritable priorité. Pour rappeler aux Français le nombre important de personnes touchées et créer des solidarités en les incitant à se mobi-liser, Monalisa (mobilisation nationale contre l’isolement des âgés) lancera une campagne de sensibilisation du 27 janvier à fin mars. Monalisa est une association née de la colla - boration entre la société civile — représentée par des associations réunies en collectif, des institutions et des organismes dont la MSA — et les pouvoirs publics. Elle veut promouvoir l’exis-tence et la création d’équipes citoyennes sur le territoire. www.monalisa-asso.fr —

À la suite des Assises de la ruralité qui se sont achevées en novembre 2014, la ministre du Logement, de l’Égalité des

territoires et de la Ruralité, Sylvia Pinel, a dévoilé onze mesures en faveur des campagnes françaises. Parmi ces propositions figurent l’amélioration de l’accès aux services publics et le soutien à la création de « maisons de santé » pour lutter contre la désertification médicale. Les agriculteurs seront aussi encouragés à se mobiliser autour de projets collectifs territoriaux permettant d’augmenter la part des produits locaux dans la restauration collective. Ces mesures concrètes devraient être détaillées par le Premier ministre, Manuel Valls, le 13 février. Elles seront complétées par de nouvelles initiatives concernant notamment la question des transports et le désenclavement des zones rurales. —

Des mesures pour nos campagnes

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état des lieux sur le suicide

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, a reçu, en décembre 2014, le premier rapport an-nuel de l’observatoire national du suicide. Chaque année, en France, 11 000 per-sonnes se suicident et

200 000 sont prises en charge par les urgences hospitalières après une tentative. D’après le rap-port, les inégalités sociales sont très marquées : les personnes sans activité salariée sont les plus touchées. Les exploitants agricoles se suicident deux à trois fois plus que les cadres. Ce premier état des lieux des connaissances sur le sujet et ses recommandations devraient permettre l’élaboration d’un nouveau programme national d’actions contre le suicide. —

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8 JANvIER 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

AUtOUR DE NOUS AUtOUR DE NOUS

le bimsaBulletin d’abonnementÀ retourner à CCMSA – Le BimsaLes Mercuriales, 40 rue Jean-Jaurès 93547 Bagnolet Cedex

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N° et rue ou lieu-dit : .......................................................................................................................................................

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Solidarité transport

on peut vite souffrir d’isolement et cumuler les difficultés lorsqu’on n’a pas de moyen de locomotion en milieu rural, où les services se raréfient ou se concentrent sur les communes les plus importantes. aller chez

le médecin, faire des démarches administratives, rendre visite à un proche hospitalisé... ces actes simples peuvent devenir un casse-tête quand on ne conduit pas ou plus. Solidarité transport, dans la Manche,

met en relation des personnes de condition modeste ayant besoin de se déplacer ponctuellement avec des chauffeurs bénévoles. En voiture, pour en savoir plus !

Saint-Sauveur-Lendelin, chef-lieu de canton dans le centre de la Manche, regroupe divers services et équipements  : commerces de proximité, hôtel-restaurant,

maison médicale, collège... Quelques villages alentour ne disposent en revanche d’aucune épicerie ni d’aucun service. Il faut se rendre à Saint-Sauveur-Lendelin pour y avoir accès. Et, si le recours à certains professionnels de santé est aisé sur la commune grâce à la présence de la maison médicale, un rendez-vous chez l’ophtalmologue peut en revanche nécessiter un trajet de 120  kilomètres

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aller-retour. Pas évident quand on n’a pas de moyen de locomotion ou quand on ne conduit plus. Sans aller jusque-là, la dispersion de l’habitat rural — donc de la demande — et la convergence des services vers les principaux pôles d’attraction ne favorisent pas le développement d’une offre de transport régulier en capacité d’améliorer la mobilité. Les personnes non motorisées se trouvent ainsi pénalisées.Pour répondre à la problématique, des solutions locales se mettent en place. À Saint-Sauveur-Lendelin, on peut ainsi recourir à Solidarité transport, un service né à

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TerriToireS

Étienne Lefol, 86 ans, s’est récemment rendu à Granville pour un rendez-vous médical, au côté de Claude Desaint Denis, chauffeur bénévole, président de l’association Solidarité transport de Saint-Sauveur-Lendelin et délégué MSA.

Marie-Christine Blier, travailleur social à la MSA Côtes normandes, est référente départementale pour Solidarité transport.

l’initiative de la MSA Côtes normandes. Solidarité transport est aujourd’hui présent sur 24 cantons du département (voir carte page 12). S’il a vu le jour en 2005 sur ce territoire, sa création sur un autre canton « remonte à 1988, explique Marie-Christine Blier, travailleur social à la MSA Côtes normandes et référente départementale pour Solidarité transport, à la suite d’un Parm (programme d’activation pour la revi-talisation du milieu rural) mis en œuvre par la MSA avec l’association Adame des Marais (association de développement, d’animation et d’éveil des Marais). Nous avions constaté que les services et les commerces locaux com-mençaient à disparaître ou à se concentrer. Les personnes de condition modeste étaient de ce fait doublement handicapées en raison, d’une part, de la raréfaction des services à proximité et, d’autre part, de leurs difficultés à se déplacer en l’absence de moyen de transport. À l’origine, un bus a été mis en place, puis une réponse plus précise a été apportée grâce à Solidarité transport qui fait appel à des chauffeurs bénévoles. Ceux-ci peuvent assurer un service occasionnel – pour un rendez-vous médical, des démarches administratives et sociales, l’achat de médicaments, une visite à un malade... —, ouvert à des personnes de tout âge, pour des transports non pris en charge par l’assurance maladie ». Pas question de venir en concurrence avec

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les professionnels du transport et les ser-vices existants : « On arrive en dernier lieu, pour répondre aux besoins de mobilité des personnes les plus démunies. » Ici, c’est le pari de la solidarité qui a été fait, pour amoindrir les difficultés tout en créant du lien social. Car des relations se tissent aussi entre les chauffeurs et les personnes transportées.

Une occasion de créer des liensPeu à peu, Solidarité transport a essaimé et continue d’ailleurs de se développer (il vient de se mettre en place ce mois-ci sur le canton de Brécey). Une extension qui s’est souvent faite en lien avec les associations Familles rurales : 18 des 24 services ont été constitués en partenariat avec elles, deux avec des centres sociaux ruraux et quatre avec des associations locales. « Toutes ont été mises en réseau pour un travail collectif et une harmonisation des pratiques. »Comment fonctionne le service ? Il s’adresse aux personnes de condition modeste (un avis de non-imposition est demandé) et concerne des déplacements occasionnels, dans un rayon géographique limité. Un dépliant est remis aux personnes intéressées précisant les règles en vigueur et listant les coordonnées des chauffeurs bénévoles du canton. Un coup de fil au conducteur

À 86 ans, Étienne, ancien bou-langer, vient d’utiliser pour la première fois le service.

Il peut souvent compter sur sa famille ou des copains pour le véhiculer mais, pour se rendre récemment à un rendez-vous médical sur Granville, il a contacté Claude Desaint Denis, chauffeur bénévole sur sa commune de Saint-Sauveur-Lendelin, également président et coordonnateur de l’association en charge de Solidarité transport sur le canton. « J’avais appris par une secrétaire médicale l’existence de ce service. Depuis sept ans, en rai-son d’importants problèmes de vue, je ne peux plus prendre le volant. Pour moi qui me retrouve seul après le décès de mon épouse et qui, comme d’autres per-sonnes âgées, ne peux plus conduire. je trouve le service très pratique. Et puis, le trajet [90 km aller-retour] a été l’occasion de beaucoup de discussions avec Claude, que j’ai connu lorsqu’il était enfant. » La famille était cliente du boulanger ! « Je vais refaire appel à Solidarité transport ce mois-ci pour un nouveau déplacement à Granville. »

Étienne Lefol, habitant de Saint-Sauveur-Lendelin

TéMoignage

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10 JaNViEr 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

TémoignageClaude Desaint Denis,président de l’association Solidarité transport

de Saint-Sauveur-Lendelin

Plusieurs résidents du manoir Georges Guénier, foyer pour personnes handicapées visuelles, ont ponctuellement recours à Solidarité transport.

Thierry Lebreton, directeur du manoir Georges Guénier : « Tout seuls, les résidents ne peuvent se déplacer. Certains veulent prendre un train pour rendre visite à leur famille, aller faire des courses, se rendre à un rendez-vous... Ils font appel au réseau de transport bénévole. Ils ont besoin de s’ouvrir sur l’extérieur, d’aller dans la société. »

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J’arrivais en préretraite en 2003. Dans le cadre de mon activité professionnelle, j’avais beaucoup de contacts et je ne voulais pas que cela s’arrête d’un coup. Je souhaitais aussi rendre service.

En tant que délégué cantonal MSA, j’ai envisagé de mettre sur pied le service Solidarité transport sur notre canton de onze communes. Nous avons planché avec les travailleurs sociaux de la MSA en 2004 et avons créé l’association qui a débuté son activité l’année suivante. Aujourd’hui, dix chauffeurs bénévoles font partie de notre réseau. Consultation médicale, visite à l’hôpital, rendez-vous pour un emploi... le service est ouvert à tous, même s’il est en majorité utilisé

le plus proche, au moins 48 heures avant le déplacement envisagé, est requis. En matière de coût, une cotisation à l’asso-ciation de trois euros et une indemité de participation aux frais de 30 centimes par kilomètre sont demandées. Une solution à laquelle Étienne Lefol, habitant de Saint-Sauveur-Lendelin âgé de 86 ans, vient de recourir pour la première fois afin de se rendre à un rendez-vous médical (voir son témoignage page 10). Autres exemples d’utilisation de Solidarité transport par certains résidents du manoir Georges Guénier, un foyer de vie pour adultes han-dicapés visuels situé dans une commune proche. « Ce foyer a ouvert ses portes en 1983. Il est l’un des seuls en France à recevoir, dans des logements indépendants, des per-sonnes souffrant d’un handicap visuel grave, précise Thierry  Lebreton, son directeur. 31 résidents y sont actuellement accueillis,

par des personnes âgées. Quand on transporte certaines d’entre elles à plusieurs reprises, la confiance s’installe. Elles se livrent car elles sont souvent seules et aiment bien parler.—

Le Service S’adreSSe à

deS perSonneS de condiTion ModeSTe eT concerne deS dépLaceMenTS occaSionneLS

le bimsa JaNViEr 2015 11

Début 2015, 24 services fonctionnent dans la Manche : 18 en partenariat avec des associations Familles rurales, deux avec des centres sociaux ruraux et quatre avec des associations locales.

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venant de 16 départements, auxquels de nombreuses activités — à l’intérieur ou à l’extérieur de l’établissement — sont pro-posées. Sur leur temps privé, il leur arrive d’utiliser le service de transport bénévole, sans intermédiaire, en téléphonant eux-mêmes aux chauffeurs. Car, tout seuls, ils ne peuvent pas se déplacer. Or, ils ont besoin de s’ouvrir sur l’extérieur, d’aller dans la société.  » Gabriel Lambert, résident du manoir Georges Guénier, est l’un d’eux. Il a eu recours à Solidarité transport pour « faire des courses à Périers, aller à la banque ou à un rendez-vous médical. J’appelle direc-tement le service. J’ai déjà été transporté par trois chauffeurs différents ». Autre résident concerné, Dominique Le Perdu : « C’est à la suite d’un accident de voiture que j’ai perdu la vue, peu avant l’âge de vingt ans. Originaire des Côtes-d’Armor, j’habite depuis longtemps dans ce foyer. » Un endroit dans lequel il enchaîne les activités — du cuir à l’écriture, en passant par la marche, la cuisine ou la danse. « Quand je pars en vacances dans ma famille à Saint-Brieuc, j’ai besoin d’aller à la gare pour prendre le train. » Un trajet que Claude Desaint Denis, chauffeur bénévole (voir son témoignage page 11), a assuré pour lui à quelques re-prises. Autant d’occasions pour Dominique et Claude d’apprendre à se connaître et de discuter de leurs familles respectives, dans des échanges où l’humour semble avoir la part belle.

248 chauffeurs bénévoles en 2013Claude Desaint Denis est également pré-sident de l’association à Saint-Sauveur- Lendelin et coordonnateur du service sur ce territoire. Il maintient tout au long de l’année le contact avec les chauffeurs, leur apporte un soutien en cas de difficulté, les réunit deux fois par an, veille à la répartition des déplacements entre eux, recherche et accueille de nouveaux conducteurs, fait connaître le service, explique le règlement aux personnes transportées... « En lien avec les bénévoles et avec le travailleur social MSA du secteur qui a aidé à la mise en place du service, le coordonnateur est aussi une per-

sonne relais auprès de l’équipe de pilotage », indique Marie- Christine Blier. Une équipe composée de deux assistantes sociales MSA, d’un représentant de Familles rurales, d’un coordonnateur de réseau, de trois chauffeurs et d’un représentant des centres sociaux. « Elle se réunit au moins une fois par an. Garante de la philosophie de la démarche, elle définit le règlement intérieur, fait vivre le réseau, fixe le montant de l’adhésion, de l’indemnité de participation aux frais, établit le bilan d’activité, accompagne la création de nouveaux services... C’est une courroie de transmission avec nos institutions — MSA et Familles rurales  —  auxquelles elle fait

remonter les besoins. » Cerise sur la gâteau, « l’équipe de pilotage organise une réunion annuelle pour les chauffeurs. Il s’agit d’un moment de convivialité, souvent assorti d’une visite de site, qui peut également donner lieu à des interventions sur le code de la route, le bénévolat, les gestes qui sauvent... Environ une centaine de personnes y ont participé l’an dernier ». Soit une partie seulement de ce vaste réseau de solidarité qui s’est peu à peu constitué dans la Manche, avec 248 chauffeurs bénévoles ; en 2013, ils ont aidé 610 personnes ou familles pour un total de 4 754 transports effectués. — gildas Bellet

http://benevoles-14-50.msa.fr/

D’autres infos sur

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Solidarité transport : un service qui essaime

TerriToireS

12 JaNViEr 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

Tunisie : de forTes aTTenTes

« J’attends beaucoup de notre coopération. J’espère qu’elle sera très rapidement consolidée car notre volonté de faire mieux ne manque pas. »

Le message que Rachid Barouni, président directeur général de la caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) de Tunisie, a copieusement martelé lors du comité de pilotage du 30 décembre 2014, a été entendu par les dirigeants de la CCMSA. Pour mémoire, trois phases de partenariat entre les deux caisses se sont succédé depuis 2002 (1). « Avec la MSA, ce n’est plus de la coopération traditionnelle, a expliqué le PDG de la CNSS. Vous êtes devenus un partenaire stratégique. » Pour 2015, la CNSS a identifié des besoins en expertise, présentés par son directeur adjoint au bureau de la coopération et des relations internationales, Mohamed Aouni : les pensions (immatriculation, carrière, liquidation) ; l’informatique (architecture) ; le pilotage et le suivi budgétaire, et les flux financiers ; l’organisation (management par les processus orientés clients) ; le contrôle et l’audit. Le changement de vitesse réclamé est donc parfaitement ciblé,

Le comité de pilotage de la coopération technique bilatérale entre la CCMsa et la caisse nationale de sécurité sociale de Tunisie s’est tenu le 30 décembre 2014 en france, pour la première fois en douze ans. au siège de la caisse centrale, les

représentants tunisiens se sont montrés très impatients d’accélérer un partenariat déjà bien engagé.

les attentes clairement identifiées. Comme tous les ans, un avenant précisera le programme d’activités élaboré en commun et son financement. Restera, côté français, à mobiliser « les bonnes ressources au bon moment », comme l’a souligné Michel Brault, directeur de la caisse centrale. « à partir du moment où les attentes sont bien identifiées, cela va nous permettre de mieux cibler les ressources à mobiliser sans attendre la fin de l’année », a-t-il même assuré. Le projet de nouvelle convention cadre sera validé par le conseil d’administration du 18 février prochain. « L’avenant pour 2015 sera signé dans la foulée, avec un programme

qui tient compte des souhaits formulés par la CNSS », a promis Olivier Colin, responsable de la mission des relations européennes, internationales et de la coopération (Mreic) à la caisse centrale. Et le terrain est propice.

Un partenariat exemplaireEn 2014, en effet, l’institut français de Tunisie (IFT), une émanation de l’ambassade de France, a accru son soutien financier. Dans le projet de nouvelle convention cadre, l’IFT sera partenaire à

part entière. « L’ambassade de France a reconnu l’exemplarité et la pérennité de notre partenariat », relève Corinne Laplaige, chargée de coopération à la Mreic. Cette cosignature sera le signe d’une valorisation.« Certainement, dans l’avenir, cette coopération va prendre une autre dimension, plus importante », confirme Moncef Siala, directeur général de la sécurité sociale au ministère tunisien des Affaires sociales. Deux ans après la Révolution, soit le 14 janvier 2013, le pays arabe signait un nouveau

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« Dans l’avenir, cette coopération va prenDre une autre Dimension, plus importante. »

De gauche à droite : Denis Ramet, Olivier Colin, Michel Brault, Mohamed Aouni, Moncef Siala, Régine Laurence, Gérard Pelhâte, Rachid Barouni, Pierre Battaglini, Corinne Laplaige, Lassaad Belkhiria et Taoufik Katrou.

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Trois outils informatiques présentés à la Cnss par les experts de la Msa et qui permettent d’optimiser le pilotage du recouvrement, le traitement et la sécurisation

des chèques et la centralisation des données à caractère personnel.

14 Janvier 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

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contrat social avec l’union générale tunisienne du travail et l’union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, les deux confédérations ouvrière et patronale les plus représentatives, entre autres. Cela débouchait sur la création du conseil national du dialogue social. Il endosse la lourde charge, urgente, d’entamer la réforme totale de tous les régimes de sécurité sociale. Aujourd’hui, Moncef Siala invite la MSA à intégrer la commission de la protection sociale de cette instance. Il serait en effet souhaitable que « la coopération bilatérale entre la CNSS et la CCMSA s’inspire au plus près des préoccupations de cette commission ». Gérard Pelhâte, le président de la MSA, s’est d’ailleurs saisi de l’actualité politique du pays — le second tour de l’élection présidentielle tunisienne au suffrage universel ayant eu lieu le 21 décembre 2014 — pour se déclarer « heureux de voir comment la Tunisie évolue pacifiquement dans un fonctionnement démocratique. Cela nous tient à cœur en tant que régime mutualiste qui tente de faire vivre une forme de démocratie sociale », a-t-il précisé. De bonnes bases pour renforcer une coopération qui va déjà bon train. —

Franck Rozé

(1) Une coopération technique (2002-2006), un jumelage institutionnel

européen (2007-2009) et une deuxième coopération technique

(2009-2014). En 2014, le partenariat a mobilisé une trentaine de collabo-

rateurs issus de six organismes du réseau MSA — la CCMSA, les MSA Île-

de-France, Grand Sud, Languedoc et Sud Aquitaine, et Agora — lors

des suivis à distance, des deux visites d’études et des deux missions

d’expertise.

En 2014, le programme d’activités de la coopération technique bilatérale portait sur plusieurs thématiques : l’informatique, le pilotage du recouvrement, la gestion par les processus, les flux financiers et la gestion budgétaire. Par exemple, dans le champ de l’informatique, l’outil de suivi contentieux et de l’activité recouvrement (oscar) avait été présenté dès novembre 2013, lors d’une visite d’études, à Leila Naija, directrice du recouvrement et du contrôle de la CNSS. Un projet de mise en place de cet outil sur l’ensemble du réseau des bureaux régionaux tunisiens est actuellement en cours, pour une livraison prévue

Denis Ramet est directeur adjoint de la MSA Grand Sud. Il a participé à la visite d’études du 3 au 7 novembre 2014 sur le thème du management par les processus orientés clients (MPOC) à travers un exemple concret : la gestion de la retraite complémentaire.« On a présenté le dispositif et on s’est évertué à identifier la bonne méthode pour l’implanter au sein de la CNSS. Le MPOC permet non seulement de tendre vers le zéro défaut, délai, erreur, risque… mais il présente également l’avantage de mettre tout le monde autour de la table pour parler transversalité et non plus silo, cloisonnement, verticalité comme dans certains modes de gestion. Pour ma part, l’important est bien de se doter d’un projet d’entreprise pour sensibiliser tous les collaborateurs autour de cette méthode d’analyse. Il s’agit de faire la chasse au gaspi, de parler ensemble de réorganisation pour gagner en productivité et

en qualité : ôter au maximum les erreurs qui se produisent dans la chaîne de travail sur les opérations de liquidation ou d’encaissement de cotisations. Dès cette année, la CNSS devrait pouvoir installer le fonctionnement MPOC, via une critique de l’état des lieux et une modification des process associés à une démarche d’entreprise, la mise en place d’instances (comités de pilotage stratégique, opérationnel…), des contributeurs issus des services… Un traitement plus harmonieux qui lui permettra peut-être de s’engager dans une décentralisation de l’activité de gestion de la retraite complémentaire. » Lassaad Belkhiria, directeur de la reconstitution des carrières et membre d’un des comités de pilotage mis en place, souligne toute l’importance et la pertinence du déploiement de la démarche MPOC pour la CNSS à travers ce premier chantier traitant la retraite complémentaire du secteur privé.

PoUr 2015, Parlons transversalité

avant la fin de l’année. Par ailleurs, Taoufik Katrou, directeur financier de la CNSS, a rappelé que 70 % des recettes de l’organisme tunisien transitaient par chèques. « Un inconvénient majeur du point de vue du suivi et de la vérification », a-t-il regretté. C’est pourquoi la coopération 2015 poursuivra le travail engagé en matière de gestion des flux financiers entre la structure centrale et les structures régionales de pilotage et de gestion budgétaire. Pour sa part, Régine Laurence, agent comptable de la MSA Sud Aquitaine, membre d’une mission d’expertise MSA, a mis l’accent sur les logiciels

optichèque et calimero (centralisation des données à caractère personnel des assurés). « Le premier nous a permis de gagner beaucoup de temps, de sécuriser le traitement des chèques, puisqu’une image est envoyée à la banque, et de limiter les rejets parce que tout ce qui part à la banque est validé. Des outils faciles à mettre en place et qui apportent rapidement des résultats concrets », a t-elle assuré. Avant de garantir que les responsables du bureau de Kairouan étaient impatients de pouvoir les utiliser et redéployer les effectifs affectés à l’encaissement des chèques sur d’autres activités. Le contrôle, par exemple. —

Favoriser le bien-être au travail

On ne travaille bien que si l’on se sent bien. Le mal-être au travail et les risques qui en découlent n’épargnent pas le secteur agricole. Salariés et non-salariés y sont confrontés, du fait de contraintes économiques, organisationnelles, des conditions et des horaires de travail, de l’isolement… Ce qui peut avoir des consé-quences graves sur la santé avec, pour manifestation extrême, la crise suicidaire. D’où une nécessité à agir. La MSA engage une forte mobilisation de ses équipes et de ses élus. Exemples d’initiatives de terrain pour concourir à l’amélioration du bien-être au travail.

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Dossier

Favoriser le bien-être au travail

« Aider Le bLeSSé et Le bLeSSAnt »

Jean-Pierre Valera, médecin du travail à la MSA de Franche-Comté.

Il revient sur le travail ef-fectué avec Jean-Pierre George en amont, sur sa propre réception de la pièce et sur la prise en

charge des risques psychosociaux (RPS). « Le théâtre est un canal pour véhiculer les messages de prévention. Sur la base de cas concrets, avec l’aide d’une psychologue clinicienne spécialisée dans la victimologie, Isabelle Paris, nous avons décortiqué les comportements, démonté les mécanismes, extrait ce qui en était symptomatique. Nous avons partagé le fruit de ce travail avec Jean-Pierre George. Nous l’avons aiguillé vers des personnes directement concernées par la problématique des RPS. L’impor-tant, c’est de faire prendre conscience des comportements toxiques que nous véhiculons tous au quotidien. On voit, avec le personnage d’Olga, qu’on peut aussi bien être victime que porteur de RPS. Les spectateurs le perçoivent-ils ou ne vont-ils que rigoler dessus ? Parfois, avec un peu de bienveillance, de prise en compte de la

sensibilité d’autrui, on pourrait améliorer les choses facilement. Il faut comprendre que ce genre de situation nécessite une prise en charge des deux côtés : blessé et blessant sont à aider. » Une version DVD du spectacle, diffusable dans le réseau des caisses, est à l’étude.

Article de Jean-Pierre valera et interview de Jean-Pierre George sur notre site.

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« Un matin d’hiver… », un conte à rebours

Jean-Pierre George écrit.Et il assure comme une bête. Perché « plus haut que les Alpes », la devise de Forcalquier — son

antre situé entre la montagne de Lure et le Lubéron —, le sympathique colosse sexagénaire travaille méthodiquement. Il transforme le matériau brut collecté dans la réalité de ce bas monde pour en faire du théâtre social  : en démiurge, il malaxe. Sa dernière création, commandée par la MSA de Franche-Comté, s’intitule Un matin d’hiver… Univers du conte ? Beau matin d’hiver ou matin d’hiver terni par les événements, points de suspension ? Mais un élément déclencheur qui lance l’action à coup sûr. Et quelle action ! La fin d’une vie. Sur les planches, deux sœurs portent le deuil. «  Pourquoi notre frère Bertrand, garçon intelligent, sensible — trop peut-être — cultivé, et avec ce que l’on appelle une bonne situation, en est-il arrivé à se supprimer  ?  », interroge Sarah, l’aînée des deux. Qu’est-ce qui pousse un fils de chevriers, ingénieur dans un organisme para-agricole, passionné par le vivant, à paradoxalement se donner la mort en se tailladant les veines dans sa baignoire un beau matin, comme on dit ? Tout. Ce qui ne saurait satisfaire des proches qui ont décidé de fouiller pour en savoir davantage. Un supérieur hiérarchique qui a du mal à compartimenter vie professionnelle et vie privée ? Un cas de harcèlement au travail qui vire au cauchemar ? On est sur la piste. Simple avertissement avant d’aller plus loin : toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels n’est ni fortuite

ni involontaire, bien au contraire. C’est même la marque de fabrique de ce type de théâtre produit par la troupe « En com-pagnie des oliviers », qui s’est notamment fait connaître par son travail sur des sujets sensibles : les aidants familiaux (Griottes et coccinelles), les agriculteurs en difficulté (Semailles d’automne), la solitude et le céli-bat (Le mariage de François), la santé (Il y a un os…), etc.Et là, vous subodorez le truc larmoyant, limite ch…, à l’instar de cette jeune per-

sonne du public qui ne peut s’empêcher de verbaliser un « c’est pas des trucs vieillots au moins, des années 1960 ? », en découvrant l’accoutrement un chouïa vintage ou aus-tère des comédiennes. Qu’elle se rassure. Qu’on se rassure ! Oyez plutôt : en plus d’être un auteur, Jean-Pierre George est un bateleur. On se souvient peut-être, depuis la préface de Cromwell de Victor Hugo, que le drame, « qui fond sous un même souffle […] la tragédie et la comédie  », puise sa force dans « l’harmonie des contraires ».

La dernière création théâtrale d’« En compagnie des oliviers » aborde le thème des risques psychosociaux dans les entreprises. Donnée pour la première fois à Vesoul, le 4 novembre 2014, la pièce est une commande de la MSA de Franche-Comté. Un sujet épineux traité sans pincettes mais avec force.

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De là déboule sur scène, depuis sa place occupée au premier rang du public en contrebas, comme une dégringolade à l’envers, un troisième personnage prénom-mé Olga : mais oui, « comme la chienne de Michel Drucker » ! L’olibrius est campé par la comédienne et metteur en scène Myriam Gauthier. Ses performances clownesques sont un régal. Cette fois-ci, elle a troqué son nez rouge contre une panoplie juste un peu plus chic que celles des Vamps, le duo comique. Olga est totalement désinhibée à tendance trash.

Du théâtre réalisteÂme sensible, s’abstenir. « Vous verrez, tout ça c’est qu’un mauvais moment à passer, dégoise-t-elle dans une gouaille populaire teintée d’accent wallon. […] Mais que ça a dû en mettre du sang partout ! Ça devait plus ressembler à un abattoir qu’à une salle de bain. » Rien ne l’arrête. Elle enchaîne les bourdes : « Et vous êtes-t-y arrivées à récupérer le sol au moins ? Parce que le sang, si t’attends un peu et que tu l’laves à l’eau trop chaude, hé ben tu l’as dans l’cul Lulu ! Tu peux toujours courir pour l’avoir. » Avant de parachever, non sans une dose de bon sens, ses considérations de technicienne de surface déplacées devant les deux sœurs lessivées  : « Vot’maman, disez-lui bien qu’après la pluie, vient le beau temps. » Douche écossaise, certes. Cependant, l’effet s’avère radical et instantané sur le public qui étouffe… mais de rire, quant à lui. On est en droit de s’interroger sur la réception

FAire prendre conScience deS coMporteMentS toxiqueS.

d’un tel personnage — coqueluche pour les uns, greluche pour les autres — au regard de la visée utile initiale : la prévention des risques psychosociaux. Le Dr Jean-Pierre Valera est médecin du travail à la MSA de Franche-Comté. C’est lui qui a réactivé l’idée de ce spectacle financé par la prévention des risques professionnels. À l’issue de la première représentation, alors qu’il découvre le fruit du travail de Jean-Pierre George, il relève la dualité d’Olga : « Cette mouche du coche est à la fois victime et porteuse de risques psychosociaux.  » Face à l’interpellation d’un spectateur par notre histrionne, qu’elle n’hésite pas à joliment qualifier de « couillon », il se montre circonspect. Il met en garde  : « De manière générale, au quotidien, on ne peut pas préjuger de la réaction de quelqu’un face à des blagues à deux balles ou à de l’ironie. » Pour lui, ce qui importe avant tout, c’est la prise de conscience de la «  toxicité  » de certains comportements. « Je voudrais être sûr que

les gens vont percevoir ce message derrière le rire suscité par la pièce. » Plus tard, il dira : « C’est une pièce d’une extraordinaire richesse qui mériterait d’être introduite, avant chaque représentation, et suivie d’un débat pour amorcer une réponse aux nombreuses interrogations qu’elle a la perspicacité de susciter » (Lire page précédente).Inutile de se voiler la face : nous ne vivons pas non plus dans un monde de Bisounours. On ne fait pas du théâtre réaliste avec des bons sentiments ou sans mettre les pieds dans le plat. Le message est autant illus-tré en creux par les facéties d’Olga qu’en relief par les voix plus solennelles des deux sœurs ou les vidéos d’une interview d’un ancien collègue de Bertrand proje-tées par intervalle. « On n’est pas terrible parfois dans la vie », conclut la cadette, Albine, avec des trémolos. Aujourd’hui, le harcèlement professionnel est reconnu comme un délit par une loi de 2002. Un texte encore difficile à faire appliquer. Des prises de conscience s’avèrent nécessaires, justement par la présentation de cette pièce de théâtre. Et d’en appeler à la responsabilité de chacun. « Notre frère est mort parce que, quelque part, un responsable a manqué de couilles, lâche crûment Albine. Mais enfin où est la finalité : dans le travail ou dans les hommes ? » Si on se pose encore la question après la pièce, c’est qu’on est passé à côté de quelque chose. La vie, peut-être bien. —

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Olga, Sarah et Albine.

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J’aime mon travail

Depuis le début des années 1980, les entreprises agri-coles, comme celles du secteur industriel, ont dû adopter un modèle servi-

ciel. Une logique induite par la saturation des marchés et le rôle prépondérant du client. Cette évolution consiste à associer de plus en plus de services aux produits, avec un niveau de flexibilité accru. Une indispensable capacité à réinventer son offre et à adapter son organisation qui constitue un nouvel enjeu de rentabilité.Ce constat posé, Thierry Debuc, ergonome au sein du laboratoire d’intervention et de recherche Atemis (analyse du travail et des mutations industrielles et des services), souligne que ce mouvement confère « un rôle particulier au travailleur  » qui doit faire face à des changements fréquents et arbitrer en permanence. « Cela suppose qu’il soit engagé dans son travail, c’est-à-dire que ce qui se passe le touche suffisamment pour qu’il se sente dans le devoir d’en faire quelque chose. Autrement dit, qu’il prenne le risque de faire autre chose que ce qui était prévu pour parvenir à un résultat. Cela n’est possible qu’à deux conditions  : le travail doit faire sens pour celui qui le réalise et être reconnu. »Dans ce contexte, « ce sont les salariés qui constituent la ressource majeure d’agilité de l’entreprise. Il revient donc à cette dernière de

la préserver pour assurer son développement économique. Cela passe par des modalités de réalisation des tâches qui renforcent les coopérations (entre collègues, hiérarchie et clients), permettent une évaluation com-préhensive des efforts fournis et facilitent la professionnalisation (formation, échanges entre pairs, retours d’expériences) ».Des déterminants subjectifs que l’entre-prise a, selon Damien Mérit, ergonome et psychodynamicien du travail, tendance à occulter « en abordant le travail trop souvent sous l’angle de ses composantes mécaniques : pénibilité, répétitivité, postures, vibrations, température, bruit… ».

Plus d’une centaine de représentants de 70 entreprises agricoles étaient réunis à Mauron, dans le Morbihan, le 4 décembre 2014, pour apprendre à faire de la qualité de vie au travail un levier de performance économique.

La MSa PorteS De Bretagne PoSitive

Hervé Guillotel, responsable santé- sécurité au travail, le confirme : « Nous avons délibérément choisi d’aborder la ques-tion des risques psychosociaux sous un angle positif. En d’autres termes : qu’est-il important de mettre en œuvre en entreprise pour faire en sorte que le travail se passe bien ou mieux ? » Un regard qui offre un point d’entrée moins anxiogène que celui des symptômes ou des pathologies. Ce colloque s’inscrit dans la continuité des projets et des actions menés depuis plusieurs années par la MSA Portes de Bretagne, de concert entre préventeurs et médecins du travail :- formations pour les dirigeants, membres de CHSCT, animateurs prévention des entreprises avec l’appui de consultants (plus de 120 personnes à ce jour) ;- accompagnement d’entreprises confron-tées à une problématique identifiée ou ayant un projet spécifique (de regrou-pement, par exemple) ;- interventions lors de journées d’échan- ges organisées par les partenaires (chambre régionale d’agriculture, réseaux de développement…) ;- contribution à l’élaboration d’une charte régionale d’intervention de consultants, dans le cadre du plan régional santé-travail en Bretagne 2010-2014 (www.direccte.gouv.fr/le-plan-regional-sante-travail-en-bretagne-2010-2014).Thierry Debuc, ergonome au laboratoire Atemis.

Damien Mérit, ergonome et psychodynamicien du travail.

Le trAvAiL doit FAire SenS pour ceLui qui Le FAit et être reconnu.

et il me le rend bienCitant Philippe Davezies, médecin ensei-gnant et chercheur à l’Université Claude Bernard Lyon 1, le consultant rappelle ce postulat : « Ce n’est pas l’absence de difficulté qui préjuge de bonnes conditions de travail, mais la manière dont on pourra s’en arran-ger et dont sera salué notre investissement pour y faire face avec ou sans succès. Ainsi, le travail peut devenir un puissant opérateur de construction de la santé. » Car s’il vient du latin tripalium (instrument d’immobi-lisation et de torture), il peut aussi créer des « effets positifs, au-delà de son utilité économique et sociale  : apprentissage et développement de compétences, réalisation de soi ». Une approche constructive « qui

Bernard Robin est gérant de la SARL Agri Inter Services à Remungol, dans le Morbihan (18 salariés intervenant dans les élevages avicoles ou les couvoirs : ramassage, vacci-nations), et Hervé Le Sergent, l’un des cinq associés de la SCEA de Kerdroguen (Colpo dans le Morbihan) qui emploie cinq salariés (maternité porcine collective, engraissement). Ils incarnent, selon Thierry Debuc, « ces managers qui, pour s’adap-ter en permanence aux évolutions de leur filière, actent avec leurs salariés que les projets de leur entreprise n’apportent pas d’em-blée toutes les réponses aux

vail pour débriefer nos méthodes et corriger nos défauts ».Même méthode participative dans l’entreprise du second, qui précise s’être formé en gestion des ressources humaines afin d’en connaître les fondements. « Pour fixer et partager nos objec-tifs entre associés, techniciens et commerciaux (le cas échéant), nous nous réunissons une fois par mois. Un rendez-vous in-contournable qui commence par une visite d’échanges sur nos conditions de travail et se poursuit par l’étude d’une acti-vité en vue de son amélioration. C’est ainsi que nous avons constaté que l’embauche d’un deuxième responsable maternité était nécessaire. Un choix qui nous a permis in fine d’augmenter notre productivité. »

questions qu’ils posent ». Une posture lucide et pragmatique pour appréhender les aléas de façon collective.Pour le premier, cela consiste en « un dialogue chaque ma-tin, au dépôt, avant le départ à six heures sur les différents chantiers, pour faire le point

ensemble sur la journée de la veille et préparer celle à venir. Un rituel qui facilite l’autonomie des équipes. Tout comme la formation, sur laquelle je mets l’accent avec, notamment, une salle dédiée dans nos locaux. Nous allons prochainement nous filmer en situation de tra-

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en commun, sur place, au centre culturel Moronoë, les deux saynètes humoristiques jouées par deux comédiens de la compa-gnie théâtrale « Impro Infini » à partir de situations locales réelles (un magasin de jardinerie, vente et après-vente de petit matériel agricole mettant en place un service de réparation en 48 heures  ; la

peut marcher » dès lors qu’elle joue sur les ressorts de la motivation, tels que l’autono-mie (le pouvoir d’agir sur tout ou partie des opérations et de les combiner de manière variée et adaptée à la situation, de sorte à procurer un sentiment de maîtrise) et le soutien managérial (la prise en compte de l’expérience et du vécu du terrain, la recherche de compromis et l’arbitrage, la décentralisation du choix des priori-tés d’action, l’expérimentation locale…). En bref, la qualité de vie au travail passe d’abord par la qualité du travail… Autres sources de bien-être professionnel, exploitées cette fois pour le bon déroule-ment de cette journée : le déjeuner pris

formation d’un jeune pour le remplacement d’un « ancien » au sein d’une entreprise ostréicole) et les nombreuses caricatures sur le monde du travail croquées sur le vif par le dessinateur-illustrateur (et ancien travailleur social) Éric Appéré. Des atten-tions qui suscitent l’attention. —

christophe Gatschiné

LA quALité de vie Au trAvAiL pASSe d’Abord pAr LA quALité du trAvAiL.

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De gauche à droite : Bernard Robin et Hervé Le Sergent.

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Un plan national d’actionparce que des difficultés professionnelles, financières ou personnelles peuvent être source de mal-être et conduire à la dépres-sion, voire au suicide, la MSA a adopté, fin 2011, un plan national d’action pour accompagner les personnes du milieu agricole en situation de fragilité ou en risque suicidaire élevé.

Partenariat avec l’institut de veille sanitaire (invS). Objectif : connaître la mortalité par suicide des exploitants et des salariés agricoles, afin de disposer d’une vision plus fine de la réalité (âge, sexe, configuration familiale, aire d’habi-tation, revenus, filière). Avec la volonté de développer un plan global de prévention des risques psychosociaux et de prise en charge des agriculteurs en difficulté, ainsi que des actions mieux ciblées en fonction des besoins d’une région ou d’un secteur professionnel.

Dispositif d’écoute. La MSA a lancé, le 13 octobre 2014, Agri’écoute (09 69 39 29 19), un service accessible 24 h/24 et 7 j/7, pour le prix d’un appel local. À partir de ce numéro, les adhérents en situation de souffrance ou de détresse, ainsi que leurs proches, peuvent dialoguer anonymement avec l’un des bénévoles des associations SOS Amitié et SOS Suicide Phénix.

Cellules pluridisciplinaires. Ces cellules de prévention se sont mises en place pro-gressivement dans chaque MSA : fin 2013, 28 cellules étaient activées, 5 en cours de constitution et une en cours de réflexion. À travers elles, il s’agit d’apporter une analyse et un diagnostic à des situations de détresse ; de développer un réseau d’aides et d’accompagnement en appui du dispositif ; d’orienter les personnes en situation de fragilité.

initiatives locales. Dans la droite ligne de ce plan, actions individuelles et collectives se développent dans les départements : réunions, conférences, pièces de théâtre interactif, création de réseaux de sentinelles, de visiteurs bénévoles, groupes de parole… —

838situations détectées en 2013, dont plus d’un tiers présentait

un caractère urgent avec risque suicidaire.

84 %d’entre elles ont fait l’objet

d’un accompagnement.

68 % des personnes concernées

sont des exploitants agricoles et 26 % des salariés.

45-54 ans, c’est la tranche

d’âge la plus représentée.

repères

Favoriser le bien-être au travail

le bimsa JAnvIEr 2015 21

Bien dans son travail, bien dans sa vieUne étude de l’activité de travail de six

exploitants agricoles a été confiée à Josiane Voisin, ergonome chez MB2 Conseil, à la demande de l’IGF (intergroupe féminin), en collaboration avec Trame (réseaux et centre de ressources agricole et rural) et la CCMSA (caisse centrale de la mutualité sociale agri-cole). Objectif : comprendre ce qu’est le travail d’agriculteur aujourd’hui et comment peut se construire une bonne santé psychique au travail. Principaux enseignements.

troiS CaSqUetteS : l’agri-culteur doit être stratège (investir,

décider à court et moyen termes, orien-ter, construire des projets, analyser les résultats, rechercher les conseils adaptés), tacticien (raisonner l’assolement, l’organi-ser…), opérationnel (produire). Il a trois casquettes et assume de front les fonctions de directeur, de cadre et d’opérateur. Des fonctions que, pour certaines, il n’a pas apprises autrement que sur le tas.

Charge De travaiL : elle se révèle souvent trop lourde. Avec

une amplitude sur sept jours et une durée de travail hebdomadaire variant de 48 à 65 heures, elle a des incidences importantes en raison d’une sur-sollicitation physique dont les exploitants n’ont parfois pas conscience, une lassitude psychique et des difficultés pour construire une vie sociale.

iSoLeMent : l’exploitant travaille seul ou en petit collectif. Il a donc

besoin de faire partie de réseaux. Ceux-ci sont de plusieurs types : sociétés ; réseaux formels (Cuma, groupement d’employeurs, magasin de producteurs…) ou informels (qui commencent souvent par l’entraide) ; conseil technique... Autant d’opportunités pour disposer d’autres ressources, impulser des évolutions ou d’autres façons de faire, éviter le repli sur soi.

PiSteS PoUr Prévenir LeS rPS : développer les collectifs

formels ; favoriser les lieux d’échanges entre pairs ; aborder la question de la réalisation du travail dans le conseil ; tenir compte de la logique de métier de l’exploitant dans le conseil ; aider les exploitants à tenir leurs fonctions de direction et de cadre. Pour développer ces pistes, un groupe de tra-vail composé de médecins du travail et de conseillers en prévention MSA s’est formé dans le prolongement de cette étude, pour élaborer un livret d’animation de réunions autour d’un film Et si on parlait du travail. Objectifs : aborder les risques psycho sociaux

et échanger avec les exploitants sur l’impact du travail sur leur santé, puis proposer une formation pour leur permettre de réaliser un diagnostic de leur exploitation et les accompagner dans le développement de leur activité, tout en conciliant santé et travail. L’expérimentation se fera dès le début 2015 pour un déploiement sur tout le territoire dans le cadre du prochain plan de santé-sécurité au travail 2016-2020. Un dossier technique (Bien vivre le métier d’agriculteur), reprenant les conclusions de l’étude ergonomique conduite par Josiane Voisin,, est également disponible sur le site : http://references-sante-securite.msa.fr/ —

en bref

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À l’entrée, on avance à petits pas. La salle des fêtes de Mar-thon, en Charente, se remplit peu à peu. Les agriculteurs et les partenaires de la MSA

s’approchent de la feuille d’émargement avant d’assister à la pièce de théâtre Le stress est dans le pré. Côté coulisses, les acteurs de la compagnie «  Entrées de jeu » se renseignent sur le public de cet après-midi : « Nous devons nous adapter aux spectateurs. Chacun doit retrouver des situations qu’il a pu vivre directement ou indirectement. C’est une manière de toucher au mieux notre auditoire », concède Damien, déjà concentré dans son rôle. Derrière le spectacle proposé, un enjeu important se dévoile : parler du mal-être en agriculture. Un thème difficile et trop rarement abordé. « D’habitude, quand je prends la parole, j’ai toujours le mot pour rire, lance Jean-François Rineau, admi-nistrateur de la MSA des Charentes, en introduction de la journée. Mais avec un sujet aussi douloureux et sensible que celui-ci, je ne peux pas. » À ses côtés, Régis Héland, président de l’Université de Pays Sud- Charente, acquiesce et informe l’assis-

Le mal-être mis en pièceSe sentir bien dans son travail contribue grandement à l’équilibre personnel. Plus facile à dire qu’à faire. Pour parler des difficultés que les agriculteurs peuvent rencontrer, la prévention des risques professionnels, l’action sanitaire et sociale, et les agences de la MSA des Charentes ont organisé un après-midi de théâtre et de débats visant à apporter des réponses sur le mal-être au travail.

leurs problèmes », résume un membre de la compagnie. Pour la reprise de la première scène, c’est Stéphane, ingénieur en agriculture, qui interrompt le spectacle en montant sur les planches. Au milieu de la nuit, Françoise et Philippe ressassent toujours leurs soucis professionnels. L’apprenti acteur Stéphane s’invite dans l’histoire, en jouant la voix du père de l’agricul-trice qui lui répète : « Tu fais un métier fantastique, et ton mari, c’est un bon gars aussi », devant un public hilare. Tout en improvisation, il propose ensuite à sa fille d’un jour, de venir chez lui pour discuter de ses problèmes et pour trouver des solutions. « Quand on est envahi par ses problèmes jusque dans ses rêves, il faut se tourner vers notre entourage, comme la famille », conclut Stéphane avant de retourner à sa place. La reprise de scènes se poursuit et met en lumière peu à peu un problème central : l’isolement des agri-culteurs. Et pour lutter contre, s’entourer des personnes les plus proches reste le meilleur moyen.Après le spectacle, les membres du groupe de développement féminin agricole moderne de l’Allier prennent place sur scène, à côté des infirmiers du centre de psychiatrie d’Angoulême. Cette association féminine œuvre depuis plusieurs années sur le front du mal-être au travail. À Marthon, Michèle Debord, la présidente du groupement, et Françoise Mens, membre de l’association, viennent présenter Mal de terre, un court-métrage qu’elles ont réalisé sur les risques psychosociaux : « Nous avons travaillé avec une ergonome qui nous a aidées à déterminer les facteurs de stress chez les agriculteurs, détaille Michèle Debord. À partir de là, nous avons pu façonner une trame pour un clip de sensibilisation autour du suicide. » Images fortes, texte percutant, les quelques minutes

tance sur ce problème, en évoquant les chiffres de l’enquête de l’institut national de veille sanitaire sur le suicide, parue en 2013 : « En France, un décès sur cinquante est provoqué par un suicide. C’est plus que la moyenne européenne. La MSA fait un gros travail de prévention sur le sujet et nous essayons de participer à l’effort général en proposant des débats et des conférences sur le territoire. »

en scène !Mais place au théâtre. Le temps d’une dizaine de scènes, le couple d’agriculteurs Françoise et Philippe fait face à des situa-tions que l’on peut rencontrer au quotidien sur une exploitation : contrôle vétérinaire, endettement, isolement, problème de ren-dement dû à la météo, etc. Le spectateur peut sélectionner quatre situations pour les faire rejouer avec, cette fois, la possibilité d’intervenir à n’importe quel moment pour changer la fin de l’histoire. Il lui suffit de lever la main pour figer les acteurs et monter sur scène. Il prend ensuite la place d’un des comédiens ou interprète un nouveau personnage. «  L’objectif est de laisser le public apporter les solutions à

Favoriser le bien-être au travail

Lors du débat, les langues se délient et les intervenants proposent des solutions. De gauche à droite : Françoise Mens, Michèle Debord, Patrick Rivière, Arnaud Jodier et Régis Héland.

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conSeiLS de proFeSSionneLS

Patrick Rivière et Arnaud Jodier, infirmiers au centre de psychiatrie d’Angoulême.

Il est né-c e s s a i re de prendre soin de sa santé men-

tale autant que de sa santé phy-sique. La plupart du temps, avant que la situation ne soit critique, notre corps nous envoie des signes, mais il est parfois dif-ficile de se l’avouer. Il faut alors parler avec nos aidants naturels, nos amis proches mais aussi les professionnels de santé. Ces personnes peuvent nous accompagner lors de moments difficiles. Nous organisons des

formations pour tous qui per-mettent, notamment aux aidants, de savoir comment réagir face aux difficultés d’un proche. Que lui dire ? Qui appeler pour l’aider ? Comment l’épauler au mieux ? Comment identifier le mal-être ? Nous apportons notre œil de pro-fessionnels en abordant le sujet du mal-être de manière globale et surtout en désacralisant le « je ne vais pas bien ». Nous avons de bons retours sur nos forma-tions. L’essentiel reste de parler au maximum de ses difficultés pour qu’elles ne soient plus taboues.

www.lebimsa.fr

D’autres photos sur

notre site.

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de film sont suffisantes pour toucher le public : « C’est une vidéo qui me retourne », confie l’un des agriculteurs présents. S’en suivent de nombreuses questions sur les actions menées par les intervenants, mais aussi une réflexion sur comment répondre aux difficultés que rencontrent certaines personnes. « Il est important de constituer un réseau d’alerte sur les risques psycho-sociaux, note Edgard Cloerec, directeur de la MSA des Charentes. L’enjeu, pour nous,

La compagnie « Entrées de jeu » traite avec humour et pudeur du mal-être en agriculture.

est de l’activer le plus en amont possible. » En conclusion, Jean-François Rineau rappelle que c’est la responsabilité de tous de venir en aide à ses proches : « Il faut continuer de s’engager dans la préservation d’un lien social, mais aussi alerter quand un agriculteur nous dit qu’il n’a pas le temps de parler parce que c’est souvent lui qui se retrouve très seul sur son exploitation. »La journée se termine alors que quelques spectateurs échangent encore avec les

acteurs et les professionnels présents. Une dernière discussion pour évoquer des situa-tions personnelles et se rendre compte qu’en parler, c’est se venir en aide. —

Jérémy Lemière

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24 janvier 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

FOCUSFOCUS

Agriculture

Les installationsFavorisé par l’accroissement du nombre de départs en retraite, le nombre total des installations augmente en 2013, s’éta-blissant à 13 200. Ce sont 750 de plus que l’année précédente, soit une progression de 6 %. L’effectif des jeunes chefs d’exploi-tation — c’est-à-dire ceux âgés de 40 ans et moins, et éligibles au dispositif d’aides à l’installation — est de 8 600 personnes, en hausse de 6,2 % par rapport à 2012. Ils représentent 65,1 % des nouveaux instal-lés en 2013. On comptabilise également 3 540 installations tardives ne résultant pas d’un transfert entre époux et 1 060 résultant d’un transfert entre époux. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par

après les fortes baisses des années passées, suivies d’une petite phase de stabilisation, les installations de chefs d’exploitation agricole augmentent à nouveau en 2013.

13 200 nouveaux installés en 2013

la direction des études, des répertoires et des statistiques de la MSA, parue en novembre 2014.

Les régionsEn 2013, quatre régions connaissent une hausse des installations  —  la Corse (+ 56,8 %), Poitou-Charentes (+ 26,1 %), Champagne- Ardenne (+ 25,4 %) et la Picardie (+ 17,1 %) — et deux une diminution — l’Alsace (- 8,2 %) et Rhône-Alpes (- 6 %).

Les filières agricolesLes nouveaux exploitants s’orientent principalement vers quatre filières de production : les céréales ou les cultures industrielles (18,9 %), l’élevage des vaches laitières (14,1  %), la polyculture-élevage (12,3 %) et l’élevage de bovins viande (10,6 %).

En sociétéDepuis 2005, l’installation sous forme sociétaire est devenue majoritaire chez

les jeunes de 40 ans et moins. Ainsi, en 2013, 56,8 % d’entre eux se sont établis en société, avec une prédilection croissante pour les exploitations agricoles à responsa-bilité limitée et les groupements agricoles d’exploitation en commun (46,4 % des installations). Le transfert entre époux se fait sous la forme juridique en nom personnel (83  %), tandis que pour les autres installés tardifs (hors transfert entre époux), la forme sociétaire prédomine (53,2 %).

La superficieLa superficie moyenne par installé est de 34,5 hectares en 2013, contre 32,7 hectares en 2012, soit en légère hausse. Chez les jeunes, elle est de 35,5 hectares. La moitié d’entre eux exploitent une superficie égale ou inférieure à 24 hectares, 25 % entre 25 et 52 hectares, et 25 % plus de 53 hectares.

La pluriactivitéLe taux de pluriactivité des nouveaux ins-tallés est élevé : en 2013, 32,5 % d’entre eux, jeunes et tardifs, se déclarent pluriactifs.

Les départs à la retraiteEn 2013, 17 230 chefs d’exploitation ont cessé leur activité agricole et sont partis à la retraite (21 % de plus qu’en 2012). Ces départs ont été compensés par l’arrivée des 13 200 nouveaux, soit un taux de com-pensation de 76,6 %. La forte hausse du nombre de départ en retraite explique la chute du taux de remplacement qui était de 87,4 % en 2012.

Le taux de maintienLes chefs d’exploitation installés en 2007 sont à 79 % toujours exploitants agricoles après six ans d’activité. Le taux de main-tien est très élevé pour les jeunes (86 %). Il est plus faible pour les plus de 40 ans : 68 % pour les installés hors transfert entre époux et 58 % pour les autres. —

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Plus d’informations sur le site de la MSa.

www.msa.fr

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AgirLa vaccination contre le virus du papillome humain évite une partie des cancers du col de l’utérus. elle est préconisée pour les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans (rattra-page possible jusqu’à 19 ans). en complément, le frottis de dépis-tage est indispensable tous les trois ans (après les deux premiers frottis normaux effectués à un an d’intervalle) pour les femmes entre 25 et 65 ans, la vaccination ne protégeant pas à 100 % contre ce virus. il est nécessaire de réaliser des frottis tous les trois ans car, la plupart du temps, les anoma-lies ne se manifestent par aucun symptôme. Quand ils apparaissent (saignements survenant entre les règles ou après la ménopause…), le cancer est déjà souvent à un stade avancé et, de ce fait, plus difficile à guérir.

1 000 décès par anCe cancer est la cause de plus de 1 000 décès par an en France. 40 % des femmes ne réalisent pas de frottis régulièrement, le plus souvent par manque de suivi gynécologique. 3 000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus sont détectés chaque année (données 2012). Pourtant, un dépistage régulier permet de réduire l’incidence de ce cancer de plus de 90 %. il permet de repérer des lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus et de les soigner avant qu’elles ne se transforment en cancer. Si celui-ci est détecté, ce sera le plus souvent à un stade précoce. Les soins seront plus légers et permettront de préserver davantage la fertilité.

Dépister le cancer du col de l’utérus

Les causes

Ce cancer est le plus souvent provoqué par le virus du papillome humain. La contamination a lieu généralement dans les premières années de la vie sexuelle. environ 80 % des femmes sont exposées à ce virus au cours de leur vie. en général, leur corps parvient à l’éliminer, mais il arrive que l’infection persiste et provoque des lésions au niveau du col de l’utérus. Celles-ci peuvent évoluer vers un cancer des années plus tard. Le tabagisme représente un facteur de risque supplémentaire.

s’informer

La semaine européenne de prévention et de dépistage du cancer du col de l’utérus a lieu du 24 au 30 janvier 2015. Dans ce cadre, la MSa relaie la campagne d’information de l’institut national du cancer en faveur du dépistage individuel pour les femmes âgées entre 25 et 65 ans.

Le dépistage

Hormis dans neuf départements, le dépistage par frottis relève d’une démarche individuelle fortement liée au suivi gynécologique. Le plan cancer 2014-2019 a inscrit dans ses objectifs la généralisation à l’échelle nationale du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus.—

SANtÉ

Un frottis tous les trois ansLe frottis peut être réalisé par un gynécologue, un médecin généraliste ou une sage-femme et ce, en milieu libéral, à l’hôpital, dans un centre de santé, dans un centre mutualiste, dans un centre de planification ou, sur prescription d’un médecin, dans un laboratoire d’analyse de biologie médicale.

La prise en chargeLe coût de cet examen comprend le prix de la consultation pour le prélèvement, auquel s’ajoute un montant de 15,40 euros pour la lecture du frottis. il est pris en charge dans les conditions habituelles par la MSa. La somme restante est généralement remboursée par la complémentaire santé. Le frottis peut aussi être réalisé sans avance de frais dans les centres de santé, les centres mutualistes et les centres de planification familiale. il est gratuit (prise en charge à 100 %, sans avance de frais) pour les bénéfi-ciaires de la couverture maladie universelle complémentaire. —

ZOOM

Pour dépister le cancer du col de l’utérus, un frottis est recommandé tous les trois ans pour les femmes âgées de 25 à 65 ans.

Plus d’infos sur le site de l’institut national du cancer.

www.e-cancer.fr

élections MsA 2015

26 janvier 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

Paroles d’élus

Yvon Recoursé

Côtes-d’Armor

en 2014, Le Bimsa a entamé un tour de France pour aller à la rencontre des élus de la Msa. de multiples occasions de rencontre avec des délégués qui évoquent leur engagement pour le monde agricole et les valeurs humaines

portées par la MsA. Ces élus nous font aussi partager les initiatives auxquelles ils ont participé au cours de leur mandat. Tous leurs témoignages restent disponibles sur notre site internet, assortis, pour certains, de vidéos. Photo de famille.

étienneBillaudNord

ThérèseDuriez

Pas-de-Calais

Claire Reichenbecher

Nord

Roger DenisOrne

Colette Doublet

Calvados

Christian Malouin

Calvados

Michel LefèbvreCalvados

Ghislaine PoisnelManche

Lucien Chaussée

Loire-Atlantique

Martine BeauchêneMayenne

Jean-Marie Jund

Bas-Rhin

Clotilde RognonDoubs

Blandine GuérinMaine-et-Loire

Mauricette BesançonCôte-d’Or

Anne-MariePépin

Ain

Gilles Comtet

Ain

Christine de Salvo et Inès Bonhomme

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Moulay Ghembaza

Isère

André VillardIsère

MichelVaudourIndre-

et-Loire

NicoleRachou

Pyrénées-Atlantiques

Sylvie Louge Abentin

Gers

Jean-PhilippeViguié

Tarn-et-Garonne

Danièle Dalla Riva

Tarn

GloriaCabanelHérault

VivianWeschlerBouches-du-Rhône

Bruno di PlacidoBouches-du-Rhône

Jean-FrançoisRineau

Charente

Geneviève AnacletLandes

René Paraire

Pyrénées-Orientales

1er collège

2e collège

3e collège

désigné par l’udaf

vidéos sur www.lebimsa.fr

Gérard Fauche

Eure

NathalieCauet

Somme

Patricia PotierOise

GenevièveBoureau-

MorinÎle-

de-France

Christelle Champenois

MarneCyrille

PlonguéMeurthe-et-

Moselle

Henri SagetJura

BernardGiraudCher

Annie DionCher

PaulBordetRhône

Jean-Philippe BréchetDrôme

Geneviève GondLoiret

retrouvez également sur notre site plusieurs témoignages d’élus transmis par la Msa Berry-Touraine.

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Une bise pour la nouvelle année, un café et quelques biscuits, Colette Doublet, Michel Lefèbvre et Christian Malouin ont plaisir à se retrouver, en ce matin de janvier. Les trois élus du groupe MSA Côtes Normandes font partie du « noyau dur » de l’échelon local Villers-Bocage/Aunay-sur-Odon, dans le Calvados.Ils choisissent de se mobiliser autour des questions de santé, notamment du cancer, et bénéficient pour cela de l’aide précieuse des animateurs territoriaux du groupe MSA Côtes Normandes qui collaborent avec « Mathilde ». Cette association dépar-tementale, créée en 1996, œuvre pour le dépistage des cancers du sein, du colon et du rectum, dans le Calvados. La MSA s’est associée à son activité en créant, en 2005, un réseau de personnes relais avec pour objectif de faciliter l’accès aux dépistages organisés des cancers en milieu rural. Depuis, une équipe de travailleurs sociaux de la MSA accompagne une soixantaine de bénévoles, parmi lesquels des élus MSA, dans la réalisation de projets. C’est le cas de Colette Doublet, présidente de l’éche-lon local Villers-Bocage/Aunay-sur-Odon : « Nous nous rassemblons environ deux fois

l’action. Au programme : forum santé, café gourmand et marche de soutien pour le dépistage organisé des cancers. De quoi permettre aux personnes présentes de récolter, le temps d’une journée, des infor-mations sur les gestes de premiers secours, la nutrition, l’utilisation du défibrillateur… mais encore pour les nouveaux adhérents à la MSA de découvrir le rôle de leurs élus et les actions menées sur leur territoire. Pour clore la journée, les visiteurs sont invités à réaliser « un pas de plus pour le cancer » : chaussures de randonnée aux pieds et casquette sur la tête, ils s’aven-turent sur les chemins du prébocage pour manifester leur soutien au dépistage or-ganisé des cancers. L’événement réunit 150 personnes sur la journée. « Cette action a permis aux élus de nouer des contacts avec les adhérents et de créer des liens entre

différents échelons locaux. Ils ont travaillé tous ensemble, tous collèges confondus, sans aucun clivage. L’interconnexion s’est bien faite », témoigne Odile Béchade, travail-leur social et animatrice territoriale MSA sur le secteur. Les élus participent par ailleurs à la constitution de groupes pour les Ateliers du bien vieillir, Peps eurêka, ou encore à l’organisation de formations au secourisme. « Cela intéresse beaucoup de gens. Les problèmes de santé — cancer, embolie pulmonaire, AVC, etc. — il faut en parler. Il y a parfois des petites choses toutes simples à connaître, qui peuvent permettre d’éviter le pire », explique Michel Lefèbvre.Des actions qui donnent du sens à leur mandat et qui motivent les élus à poursuivre l’aventure en 2015. —

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par an pour nous informer et participer à des actions de sensibilisation. » En 2014, un stand de sensibilisation au dépistage du cancer est tenu au sein de l’entreprise de transformation de viande Elivia. « La population du secteur reste éloignée des démarches de dépistage. Voilà pourquoi nous avons souhaité mener cette action. On essaie de convaincre les gens de se faire dépister mais c’est difficile : ils sont souvent réticents. Certes, les tests n’empêchent pas la maladie d’arriver, mais ils permettent d’être pris en charge plus tôt et donc de donner plus de chance à la guérison. »Le 29 mars 2014, Colette, Michel et Christian ont participé à l’organisation d’une journée pour la prévention santé et le dépistage du cancer colorectal et du cancer du sein. Pour cela, ils n’hésitent pas à associer les élus MSA des cantons voisins pour rassem-bler les idées et donner plus d’ampleur à

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Colette doublet, présidente, 1er collège,

Michel lefèbvre, vice-président, 2e collège,

Christian Malouin, élu 3e collège, groupe Msa Côtes normandes.

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Colette Doublet, Christian Malouin et Michel Lefèbvre, et, à gauche, Odile Béchade, animatrice territoriale MSA.

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élections MsA 2015

28 janvier 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

Patricia Potier est une jeune déléguée de l’Oise mais reste bien éloignée de l’oisi-veté. Elle a pris son premier mandat à la MSA de Picardie à bras-le-corps et le mène avec un dynamisme qui caractérise tout ce qu’elle entreprend, combiné à une forte propension à l’altruisme. Portrait d’une élue concernée et généreuse.Chez elle, c’est Gessie, trois ans, qui nous accueille. Cette chienne joueuse, de race hovawart — qui signifie « gardien de ferme » en vieil allemand — remplit sa tâche affec-tueusement. Et comme on n’est pas chiche de caresses, on est vite adopté. L’enthou-siasme est un trait de personnalité que partage également sa maîtresse, Patricia. Jeune élue du 1er collège sur le canton d’Attichy (Oise), elle achève son premier mandat avec « l’envie d’aller encore plus loin et vers plus de responsabilités, si possible ». Entendez par là qu’elle se représente, bien sûr. Pour agir.Quand on connaît le parcours de Patricia, on n’est pas surpris. Après un brevet d’études professionnelles agricoles, un mariage et deux enfants plus tard, à 39 ans, elle décide de reprendre des études pour décrocher une capacité de transport. Pendant un an, elle cumule le travail à la ferme et les cours en fin de semaine à Lille. « Quand on approche de la quarantaine, on a envie de prendre un nouvel élan », justifie-t-elle. Ce rebond va également jouer un rôle

Patricia Potierdéléguée 1er collège, Msa de Picardie.

du travail, une prise en charge à 100  % de frais maladie, des droits… — et des hommes et des femmes qu’elle a aidés. « Un actif, une petite jeune, un retraité… Souvent, les adhérents me rappellent pour me tenir au courant ou me remercier. » Le bouche à oreille fonctionne à merveille : à Autrêches, où elle demeure, et dans les environs, on sait qu’on peut compter sur cette jeune déléguée présidente cantonale. Et, inversement, elle sait qu’elle peut comp-ter sur la MSA. Des réunions cantonales d’information sont régulièrement organi-sées. « On peut y parler de tout. Il n’y a pas de tabou », assure Patricia. Elle se souvient même y avoir rencontré le directeur général de la MSA de Picardie, Philippe Herbelot, présent pour échanger. « Au début de mon mandat, j’étais dans le vague. Maintenant, ça va beaucoup mieux. » Tellement mieux qu’elle participe volontiers aux actions. Comme cette sensibilisation au dépistage du cancer colorectal menée en mars 2014 dans un supermarché de Trosly-Breuil. Pas évident d’interpeller les clients sur un tel sujet. «  L’avantage d’être chez soi, c’est qu’on connaît beaucoup de monde… Et puis, on était accompagné par un médecin de l’Adecaso [association pour le dépistage des cancers dans l’Oise]. C’est lui qui prenait le relais sur les situations délicates, comme cette personne à qui on venait justement de découvrir un cancer colorectal. « Ce que je constate, et on le voit également dans les associations locales, c’est que les gens ont de plus en plus de mal à s’engager depuis une petite dizaine d’années. Peut-être une des conséquences de la montée de l’indi-vidualisme… C’est dommage. Parce que c’est aussi un enrichissement personnel d’aider les autres. » Certains ne baissent pas les bras, cependant, à l’instar de Patricia. Sur la liste des candidatures aux élections MSA, avec d’autres délégués, elle a couché deux noms de nouvelles recrues. Sans doute un effet de son enthousiasme… communicatif. —

franck rozé

dans son engagement au sein de la MSA. À la fin des années 2000, Patricia se re-trouve donc à la tête d’une exploitation en EARL avec son mari et d’une société de transport agricole. Son bureau, c’était sa maison. «  Je ne sortais plus, confie- t-elle. J’ai ressenti le besoin d’aller vers les autres, de redonner de mon temps comme quand je faisais la catéchèse. » Alors, quand Pierre Ancelin, administrateur de la MSA de Picardie, vient la chercher, elle ne dit pas non. « Pendant ce premier mandat, j’ai appris sur le tas le métier de délégué, parce que je considère que c’est un métier à part entière. Je ne pensais pas que la protection sociale était un domaine aussi complexe. Mais je dois dire qu’on est très bien épaulés par le personnel de la MSA. Les difficultés que nous faisons remonter sont prises en compte rapidement. »La procédure est simple  : un coup de grelot ou un courriel à l’animatrice de l’échelon local, Claudine Delapierre, qui transmet aux services compétents. Patricia garde en mémoire les dossiers qu’elle a contribué à faire avancer, après remise à plat — des indemnités pour un accident

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élue au Grand CŒur

l’envie D’Aller plus loin

et vers plus De responsAbilités.”

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L’engagement n’est pas une notion incon-nue pour Moulay Ghembaza. Salarié chez Yoplait, il cumule, au sein de son entreprise, les fonctions d’administrateur, de secrétaire du CE et participe à la commission du 1 % logement. Pas de quoi le fatiguer, puisque ce touche-à-tout honore également une fonction d’administrateur à la MSA Alpes du Nord depuis 2010 : « J’ai réalisé deux mandats en tant que délégué. Aux dernières élections, j’avais envie d’aller plus loin et c’est pour cela que je me suis présenté en tant qu’administrateur. » Située à Vienne, l’entreprise fait partie du groupe Sodiaal, regroupant notamment Candia et la coopérative laitière Orlac. Au total, le site rhodanien compte plus de 600 salariés. Autant dire que l’élu MSA est bien occupé : « Mes collègues viennent souvent me voir pour me poser des questions sur le fonctionnement de la MSA, sur les aides auxquelles ils ont droit ou lorsqu’ils ont un problème quelconque. Selon les cas, je les conseille directement et souvent je les

Moulay Ghembaza administrateur 2e collège, Msa alpes du nord.

retraite réalisés en 2011 et 2014. En colla-boration avec la direction de l’entreprise, une invitation a été envoyée aux employés de plus de 55 ans pour leur proposer de faire un point sur leur situation. Plusieurs spécialistes du département retraite et du service relation adhérent de la MSA Alpes du Nord se sont alors déplacés jusqu’à Vienne pour évoquer la situation de cha-cun et leur donner une indication sur la date d’un potentiel départ à la retraite. « Certaines personnes restaient dans le flou, notamment lorsqu’elles avaient effectué des carrières dans différentes sociétés, confie Moulay. Il y avait même un des salariés qui était à trois mois de la retraite et qui ne le savait même pas ! Tous avaient besoin d’avoir ces explications. » Fort de ce succès, le délégué a renouvelé l’opération trois ans plus tard pour un résul-tat encore meilleur : « C’était une véritable ruée ! Tout le monde voulait savoir à quel moment il pourrait prétendre à la retraite. » La mise en place de l’envoi d’un cour-rier avec un récapitulatif de situation a permis, aux personnes n’ayant pas pu rencontrer les spécialistes de la retraite et de la relation adhérent, d’obtenir les informations nécessaires. « Personnelle-ment, je suis assez fier de ces deux rendez-vous. Je me suis beaucoup investi dans cette action avec les autres élus et la direction de Yoplait. »Premier administrateur MSA dans l’histoire de Yoplait, Moulay Ghembaza, souhai-tait faire connaître son entreprise auprès du conseil d’administration : « Je veux la défendre. Dans le passé, je trouvais que nous étions un peu mis de côté. Maintenant, je sais que la MSA connaît bien Yoplait et qu’il est possible d’y entreprendre beaucoup d’actions. » Un engagement qui devrait perdurer : alors qu’il devrait déjà être à la retraite depuis deux ans, Moulay entend se représenter et continuer à œuvrer auprès de ses collègues. —

Jérémy lemière

dirige vers les personnes compétentes de la caisse. » Et même s’il le faisait déjà lors de ses précédents mandats, il fait état d’un surcroît de demandes depuis qu’il a endossé son costume d’administrateur : « Je pense qu’ils s’attendent à ce que j’ai plus de poids auprès de la caisse. » Au-delà des responsabilités quotidiennes qui lui incombent, Moulay Ghembaza n’oublie pas de mettre en place des actions ponctuelles envers les salariés de Yoplait. Il a notamment organisé des journées de sensibilisation face aux cancers. Mais son fait d’arme reste les deux rendez-vous

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« déFendre Mon enTrePrise »

Je Me suis beAucoup

investi DAns les Deux renDez-vous retrAite orgAnisés en 2011 et 2014.”

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La démat’ suR Le tapisLe meilleur moyen pour parler dématérialisation, paradoxalement, c’est d’y aller physiquement et avec

du matériel. C’est ce qu’a proposé la msa dordogne, Lot et Garonne, en organisant une série de 19 réunions d’information ouvertes à tous les adhérents et intitulées « comment bien utiliser

le site Internet MsA ? ». une présentation des espaces public, privé et élections 2015 par les animatrices de l’échelon local, marie-pierre andrieu, Claudine Feyfant et Frédérique jourgnac.

E nfin du papier ! », entend-on après une première heure de réunion, à Beauville, dans le Lot-et-Garonne. Presque un cri du cœur, lâché par une

participante, quand elle constate que le mot de passe personnel qui donne accès aux espaces privés du site est envoyé par courrier. Mais qu’on soit pour ou contre, le résultat est le même : la dématérialisation, c’est irrésistible ! Ce qui n’empêche pas les réticences, voire les craintes, légitimes pour la plupart.« Quand je fais mes déclarations d’embauche par Internet, est-ce que je reçois tout de suite un accusé de réception ?, s’inquiète une em-ployeuse de main-d’œuvre. L’inconvénient, c’est qu’on est à la merci des actes de piratage ou de malveillance », déclare-t-elle encore.

« Personnellement, j’ai peur de commettre une erreur et de ne pas pouvoir revenir en arrière », annonce Évelyne. Pour Cécile, « les gens vont peut-être oublier de déclarer des changements de culture ». Jean-François a peur de devenir fraudeur malgré lui : « Il existe un certain nombre d’obligations qu’on ne connaît pas parce qu’on n’est pas tenu au fait de toutes ces nécessités ! » N’en jetez plus.Ce jour-là, le jeudi 8 janvier, c’est Marie-Pierre Andrieu, animatrice de l’échelon local à la MSA Dordogne, Lot et Garonne, qui intervient. Bien sûr, en explorant toute l’arborescence, elle présente toutes les fonc-tionnalités du site : demander ou consulter son relevé de situation individuelle retraite ; visualiser le détail de tous ses paiements santé et imprimer ses décomptes maladie ;

Pour être incollable

Dématérialisation : transfor-mation d’un traitement de documents réels en traitement numérique, dans un cadre juridique existant qui assure la sécurité.

Webitique  : mise à disposition de documents et d’informations en ligne. L’extranaute ne reçoit plus ses documents par voie postale, mais il est informé de leur mise en ligne par courriel.

 Service d’échange des fichiers : moyens de transmettre des fichiers numériques d’un ordinateur à un autre.

«

QuelQueS aStuceS

 l’application mobile « ma MSA et moi » pour smartphones est télé-chargeable gratuitement depuis Apple store et Google play. Elle permet, entre autres, d’accéder à son espace personnel et de suivre l’actualité de la MSA. En savoir plus : www.msa.fr

 Pour se tenir informé de l’animation sur vos territoires à la MSA Dordogne, Lot et Garonne, consultez la rubrique « ça se passe près de chez vous », onglets « découvrir la MSA », puis « la vie mutualiste » sur le site www.msa24-47.fr

 le vote en ligne pour les élections MSA est possible jusqu’au 27 janvier : www.jevoteenligne.com/msa2015

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déclarer la perte de sa carte vitale ou un changement de situation ; demander une carte européenne d’assurance maladie ou des prestations familiales  ; déclarer ses revenus professionnels pour les non- salariés agricoles, par exemple. Mais à côté de cela, elle assume surtout la tâche de répondre aux nombreuses interrogations de l’audience. «  L’outil informatique ne change pas vos démarches d’hier, souligne-t-elle. Sauf qu’aujourd’hui, vous les accomplissez de chez vous. » Oui, mais à condition de bénéficier d’une bonne couverture réseau. Marie-Pierre le sait : elle n’attend d’ailleurs pas le contre-argument pour le reprendre à son compte. « On me dit “nous, on n’a pas de réseau à Saint-Vivien ou à Andiran”, par exemple. C’est un point négatif de cette évolution à faire remonter auprès des déci-deurs politiques pour qu’ils fassent avancer les choses. J’en appelle également aux élus de la MSA pour agir en ce sens. »

Des formations gratuitesTout en sachant que la MSA ne brûlera pas les étapes. Elle doit mettre en place le dispositif «  Tesa étendu  », lequel se substituera progressivement au Tesa actuel. « Le Tesa, titre emploi simplifié agricole, devient titre emploi service agricole. C’est offrir une solution alternative permettant aux petites entreprises dépourvues de logi-ciel de paie de satisfaire à l’obligation DSN [déclaration sociale nominative], explique Marie-Pierre Andrieu. Mais le Tesa papier sera-t-il maintenu au-delà de 2016 ? Il faut savoir, par ailleurs, que vous pouvez encore choisir le mode de réception des documents : Internet ou papier, via des courriers. » Ce qui n’empêche pas une résistance tenace. «  Mes déclarations d’embauche, j’y passe plus de temps que lorsque je les faisais à la main ». Défi que ne manque de relever Marie-Pierre. « C’est une question d’habitude, explique-t-elle. La MSA Dordogne, Lot et Garonne met en place des formations gra-tuites d’une demi-journée à destination des employeurs de main-d’œuvre pour les aider à se familiariser avec les services sécurisés. Personnellement, je vous propose des séances, à Agen ou en d’autres lieux selon les cantons de résidence, pour apprendre à naviguer sur votre compte personnel. N’hésitez pas non plus, en cas de difficultés, à joindre notre assistance téléphonique en composant le 05 56 01 98 83. » Elle recommande aux exploitants de solliciter le fonds de for-mation Vivea.

Les conseils ne s’arrêtent pas là. Pédagogue, Marie-Pierre manie comme un caddie la métaphore. « Sur le site, il ne faut pas avoir peur de se tromper, renchérit-elle. C’est comme au supermarché : vous vous promenez dans les rayons et vous faites vos courses. Les documents, ce sont les produits. » C’est un rien fun d’envisager les choses ainsi. « Quand vous ne voulez plus de tel article, vous l’enlevez de votre chariot. Hé bien là, c’est pareil. Vous retirez le document de votre

panier. Tant que vous n’avez pas validé, ce n’est pas irréversible. Et même après, vous pouvez encore rectifier le tir en adressant un message à la MSA, voire en l’appelant. » Pour certains, cette démarche peut sembler aller de soi. Pour d’autres, pas forcément. « Je rappelle que la sécurisation du site a été pensée en amont. »Évidemment, il est toujours difficile de décrocher le pompon. Surtout quand les interrogations sur les réductions d’effectifs et la relation de service arrivent sur le tapis. « Avec la dématérialisation, chacun reste recro-quevillé chez soi et les gens se retrouvent à la rue… », déplore Jean-François. « Nos métiers évoluent. Les effectifs diminuent, concède l’animatrice de l’échelon local. Mais il n’y a pas eu de licenciements. » Puis, elle recommande aux élus de rester vigilants sur le maillage des territoires, tant en matière d’agences ou de permanences, que de structures (Marpa, maison de santé rurale…).Mais une fois qu’on l’a attrapé, le pompon, on a une récompense. Et à en croire les dires des participants à l’issue de la réu-nion, on s’autorise une certaine confiance. « Je ne savais pas que je pouvais répondre à la MSA directement par Internet », déclare Évelyne. Un bon point. « Je vais tester chez moi, promet un adhérent. On en a appris plus aujourd’hui que jamais individuellement. » Des personnes s’inscrivent aux initiations personnelles proposées par Marie-Pierre, d’autres aux formations à destination des employeurs de main-d’œuvre. La volonté est là. La MSA s’occupe du reste. —

Franck rozé

Marie-Pierre Andrieu, animatrice de l’échelon local à la MSA Dordogne, Lot et Garonne.

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Michaël Lefebvre, responsable de la santé-sécurité au travail de la MSA Ardèche Drôme Loire.

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pRotéGeR Les jeunes appRentis

La msa ardèche drôme Loire organise durant le mois de janvier, à destination des maîtres de stage et d’apprentissage, des journées d’information pour les sensibiliser aux règles en matière de

santé et de sécurité au travail lorsqu’ils accueillent un jeune.

Ce jeudi matin, à Tartaras, dans la Loire, la brume s’in-vite dans la vallée et dans les têtes. Plusieurs heures seront nécessaires pour que

le soleil se dévoile. Autant de temps pour que les maîtres de stage et les directions des maisons familiales rurales (MFR) y voient un peu plus clair dans le dédale législatif qui leur est imposé et qui conti-nuera probablement d’évoluer. Car les réglementations qui entourent l’activité des mineurs réalisant des travaux agricoles et/ou forestiers, etc. sont nombreuses et parfois complexes. Mais, pas de panique. La MSA, en collaboration avec la direction régionale des entreprises, de la concur-rence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) Rhône-Alpes, entend bien mettre à jour les connaissances des professionnels. Dans la salle de réunion de la MFR de Murigneux-Tartaras, une petite quinzaine de personnes s’installent pour une matinée riche en informations. Nathalie Roche, ins-pectrice du travail à la Direccte, et Denise Bonnet, contrôleuse, professeurs d’un

en prévention. Nous les avons renseignés l’après-midi sur la façon de remplir leur document unique. Ils avaient tellement de questions que la réunion s’est prolongée d’une bonne heure par rapport au timing prévu. Un vrai succès. »

la dérogation miracleHeureusement, il existe une solution. « Dans certains cas, vous pouvez demander une déro-gation, précise Nathalie Roche. Pour cela, vous devez, dans un premier temps, remplir dûment votre document unique d’évaluation des risques. La Direccte se charge ensuite de donner ou non son accord pour la pratique d’une tâche par les employés mineurs de l’entreprise. » Par exemple, un jeune n’a pas le droit d’effectuer des travaux en hauteur. Toutes ses tâches doivent être réalisées les pieds au sol. En demandant une dérogation et en respectant les conditions de sécurité — dans ce cas, la mise en place de protection collective pour éviter les chutes — ils sont alors autorisés à travailler temporairement en hauteur, par exemple sur un échafaudage. Il est essentiel pourtant pour les jeunes  —  apprentis, stagiaires, en formation par alternance…  —  d’être accueillis en milieu professionnel : « S’ils viennent dans notre entreprise, c’est pour apprendre le métier et réaliser des travaux auxquels ils seront confrontés quand ils seront salariés », confirme un maître de stage.

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à une réunion d’information, une brève explication sur l’obtention d’une dérogation est peut-être nécessaire. Dans un premier temps, le professionnel doit mettre à jour son document unique (DU). Une seule évaluation des risques par équipement permet à l’ensemble des salariés de l’utiliser. Le DU est alors envoyé à l’inspection du travail qui répond par courrier pour signaler si le dossier est complet ou non. Dans un délai de deux mois, si l’employeur ne reçoit pas de réponse, cela signifie que la demande a été acceptée. L’évaluation des risques est à renouveler tous les trois ans.

Dans un deuxième temps, l’employeur doit faire parvenir à l’inspection du travail les informations nécessaires relatives au jeune qui est concerné par la demande de dérogation et ce, dans les huit jours précédant son embauche : nom, prénom, âge, taille, poids et date de sa formation aux consignes de sécurité au sein de l’entreprise. En résumé, une dérogation est valide si l’évaluation des risques a été effectuée et mise à jour, si un planning avec des actions de prévention est défini et si une vérification de l’hygiène et de l’entretien des appareils a été effectuée par une personne compétente. Plus d’infor-mations sur www.travailler-mieux.gouv.fr/

jour, sont épaulées par Michaël Lefebvre, responsable de la prévention des risques professionnels de la MSA Ardèche Drôme Loire. « Dans les établissements agricoles et dans certaines entreprises, nous venons apporter des informations sur la sécurité, détaille Michaël. Il est nécessaire d’intervenir au plus près des professionnels pour qu’il y ait le moins d’accidents possible sur le lieu de travail. » Mais, avant la prévention, il y a aussi la réglementation. Dès le début, Nathalie Roche rappelle qu’il est « interdit d’employer des jeunes de moins de 18 ans pour exécuter des travaux les exposant à des risques pour leur santé, leur sécurité et leur moralité ou excédant leur force ». Des contraintes parfois difficiles à respecter pour les employeurs : « Pour nous, ce sont des difficultés en plus pour embaucher des jeunes. Et après on va nous reprocher de ne pas prendre de mineurs », lance l’un d’eux.Des échanges nourris rappelant ceux du premier rendez-vous d’information que la MSA a organisé à Roanne deux jours auparavant. « Une quarantaine de maîtres de stage et d’apprentissage s’y sont rendus, indique Naathan Chalendard, conseiller

la Dérogation : comment faire ?

Studieuses, les personnes présentes à la MFR de Murigneux-Tartaras n’ont pas hésité à poser de nombreuses questions pour connaître la réglementation en vigueur.

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Au-delà de toutes ces précautions légales, la prévention auprès des employeurs reste le meilleur moyen de protéger les jeunes d’éventuels accidents du travail  : « C’est essentiel d’inculquer les bons gestes auprès des plus jeunes, indique Michaël Lefebvre. Par exemple, si les opérations de maintenance et d’entretien du matériel sont importantes pour prévenir les risques professionnels, il est nécessaire de garder à l’esprit qu’un certain nombre d’accidents arrivent lors de ces opérations. Il est donc indispensable de suivre et d’accompagner le jeune, afin de lui transmettre toutes les règles de sécurité et de s’assurer qu’il les respecte bien. Nous devons rappeler les règles de précautions le plus souvent possible. » Courant 2015, une réforme de cette récente réglementation sur la protection des jeunes mineurs âgés de 15 ans au moins et de moins de 18 ans en formation profession-nelle sera appliquée. Elle devrait donner une plus grande responsabilité aux chefs d’entreprise par rapport à la sécurité de certaines activités que peuvent réaliser les jeunes travailleurs. « Un nouveau casse-tête », d’après l’un des employeurs présents. Et si l’adaptation s’avère longue, ils pourront toujours compter sur la MSA et l’inspection du travail pour les accompagner. —

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Bernard mallet,proviseur adjoint au lycée agricole de montbrison-précieux

Dans le cadre des formations profession-nelles que nous organisons, nos élèves font des stages dans des entreprises. Nous sommes donc totalement concernés par la problématique de la dérogation- machine. Au sein de notre établissement, nous dis-posons d’une exploitation agricole qui répond à la même législation face au Code du travail que pour les chefs d’entreprise. C’est pour cela que nous devons mettre en œuvre les dérogations. C’est la raison pour laquelle cette réunion est importante. Elle permet de clarifier les tenants des conventions que nous mettons en place et la procédure à effectuer pour que tout se passe dans les règles.

En parallèle, nous avons invité, sur nos deux sites de formation, les maîtres de stage qui prennent en charge des jeunes. Nous leur transmettrons les informations que nous venons de recevoir sur la procédure à suivre pour obtenir des dérogations. Nous les sensibiliserons également sur le fait que l’embauche d’un jeune stagiaire implique des contraintes administratives à respecter. —

LA MsA M’A proposé

de venIr à cette réunIon d’InForMAtIon.”

34 janvier 2015 le bimsa www.lebimsa.fr

En 2008, Solidel lance, en partenariat avec l’AVMA, « Créons ensemble », un concours artistique s’adressant aux travailleurs handicapés des établissements et services d’aide par le travail, et des entreprises adaptées. Depuis, tous les deux ans, un jury se réunit pour récompenser trois œuvres. L’édition 2014, sur le thème « Si mes vacances étaient un poème », a salué trois Esat pour leurs réalisations originales et créatives. Retour sur le palmarès.

Le jury composé notamment de Gérard Alix, président de Solidel, et de Jean-François Bouchet, président de l’AVMA,

a souligné le travail formidable réalisé par les différents établissements. « Les œuvres sont vraiment remarquables,

s’enthousiasme le président de Solidel. Ce concours est une bonne chose, puisqu’il permet aux personnes handicapées de

travailler en groupe mais aussi parfois de s’éveiller à la culture. »

Réalisées par un groupe de cinq travailleurs handicapés et d’un

encadrant, les œuvres peuvent prendre différentes

formes, comme la tente-poème « Vive les vacances au camping » de l’Esat Les

ateliers du vieux Châtres, dans l’Essonne.

La peinture de la section d’accompagnement spécialisé Almandin, dans les Alpes-Maritimes, prend le problème du handicap au sens large. Handicap physique ou psychique, l’œuvre revendique le droit aux vacances pour tous.

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VAcAncESRetrouvez d’autres photos sur notre site :

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Lors de la délibération, Jean-François Bouchet a rappelé la volonté, pour l’AVMA, de s’associer à Solidel pour ce concours : « Quand on voit la qualité des présen-tations, on s’aperçoit tout de suite de l’implication des participants. Ce genre d’initiative est absolument à perpétuer pour montrer le talent de tous. » Les trois gagnants du concours remportent un séjour dans un village AVMA de leur choix. Tous les participants reçoivent aussi un article de vacances (lunettes de soleil, serviette de plage...).

Sur la deuxième marche du podium, on trouve la fresque « Dessin en poèmes » de près de trois mètres, réalisée par l’Esat des Charmettes, dans l’Aveyron. On peut y reconnaître la Statue de la Liberté de New York, le Corcovado de Rio de Janeiro ou encore les cabines téléphoniques de Londres. Une dizaine de pays croqués et entourés d’un poème en rapport avec la destination, telle l’évocation du Maroc : « Je rêve d’aller au Maroc pour faire un stage de danse orientale avec des femmes costumées et des musiciens… ».

Troisième prix du concours, l’œuvre réalisée par l’Esat de la Simonière, en Ille-et-Vilaine, a surpris par sa forme : une valise invitant au voyage. Lunettes de soleil, plan de métro et cartes postales accompagnent plusieurs phrases ou poèmes courts. Par exemple : « Du sable sous les pieds et une fleur à l’oreille ».

Parmi les quinze œuvres reçues par Solidel, c’est finalement la vidéo de l’Esat du Calaisis, dans le Pas-de-Calais, qui a remporté l’adhésion du jury. Une vidéo pleine d’humour de près de cinq minutes, où Luc, Alain, Nadine, Mélanie, Stéphanie, Pauline, Yvette, Marie-Thérèse et Daniel mettent en scène les vers qu’ils ont écrits : « Et si mes vacances étaient une excursion, j’irais m’éclater sur les manèges à sensations. Chacun notre tour nous chanterons au karaoké, jusqu’au bout de la nuit, nous danserons sur les tubes de l’été ».

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