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Pol de Change
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Politique de change MCIF ENCG FES
La politique de change :Sommaire
Introduction
Chapitre I : Concepts généraux de la politique de change.
Section 1 : Définition et typologie des régimes de change.
1) Définition de la politique de change2) Type des régimes de change.3) Avantages et limites des régimes de change.
Sections 2 : régimes de change et croissance économique
1) Les effets directs des régimes de change sur la croissance économique
2) Les effets indirects des régimes de change sur la croissance économique
Section 3 : les instruments de la politique de change
Chapitre II : politique de change au Maroc :
Section 1 : évolution historique du régime de change marocain
Section 2 : régime de change actuel au Maroc
Section 3 : son impact sur l’économie marocaine
Conclusion
I. Introduction :
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Politique de change MCIF ENCG FES
a politique de change est au centre des débats des politiques
économiques dans les pays industrialisés (OCDE), comme dans
les pays émergents. On constate que le système monétaire
international s’est profondément modifié au cours des années 90, lorsque
certains pays réalisaient une union monétaire (l’Union Européenne), alors que
d’autres, des pays émergents, revenaient à un système de change beaucoup plus
rigide (cas de l’Argentine) ou inversement abandonnaient l’ancrage qu’ils
avaient établi généralement sur le dollar, pour revenir au flottement, suite à des
crises financières (Mexique, Brésil, pays asiatiques…). Ainsi ces choix de
système de changes sont prééminents pour la conduite des politiques
économique d’un pays, notamment en termes de marge de manœuvre des
autorités monétaires et en termes d’ajustement macroéconomique. Il faut
rappeler que l'objectif ultime de la politique économique, par l’intermédiaire du
meilleur régime de change, est de parvenir à la croissance économique le plus
rapidement possible et de manière durable ; le régime de change affectant en
effet la stabilité et la compétitivité de l'économie. Le choix d'un régime de
change revêt une grande importance. Il met en cause la politique économique
d'un pays, ses marges de manœuvre et son mode d'ajustement macro-
économique. Il implique également les partenaires du pays considéré, qui sont
sensibles aux conséquences d'un régime de change sur leur compétitivité
relative, ou qui peuvent être amenés à soutenir une monnaie liée à la leur par un
système de parité fixe. Les régimes de change déterminent ainsi les conditions
de l'insertion internationale des économies.
L
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Politique de change MCIF ENCG FES
II. Chapitre I : concepts généraux de la politique de change :
A. Section 1 : définition et types de régime change ainsi que les avantages et limites de ce régime.
1. Définition :
Pour mieux comprendre la notion de régime de change il faut tout d’abords
mettre le point sur la définition d’un taux de change.
a) Qu’est-ce que le taux de change ?
Taux de change : Le taux de change d'une monnaie est le cours (autrement dit le
prix) de cette monnaie par rapport à une autre. On parle aussi de la « parité d'une
monnaie ».
Les taux de change, côtés sur les marchés des changes, varient en permanence ;
ils varient également en fonction de la place de cotation.
Trois facteurs économiques influencent la formation des taux de change on les
appelle les « trois fondamentaux »
La balance des transactions courantes :
Si les exportations de biens et de services d’un pays vers les Etats-Unis sont
inferieures aux importations de biens et de services ; on a alors un déficit du
solde de la balance des transactions courantes européenne (vis-à-vis des Etats-
Unis).
Si les exportations sont supérieures aux importations, si les sorties d’€uro sont
supérieures aux entrées de $, si la demande de $ et plus forte que la demande
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Politique de change MCIF ENCG FES
d’€uro, et enfin si la demande de $ est supérieure à l’offre de $ alors il y a une
hausse du cours du $ par rapport à l’€uro.
Baisse du taux de change de l’euro par rapport au dollars ( il va falloir plus
d’euros pour avoir 1$).
On en conclu qu’une balance courante excédentaire apprécie le taux de change
et une balance courante déficitaire le déprécie.
Le différentiel d’inflation :
Il se définit comme l’écart entre le taux d’inflation du pays et celui de ses
partenaires commerciaux.
Si les sorties d’€ sont supérieures aux entrées de dollars, si la demande de
dollars est supérieure à la demande d’€ et si la demande de dollars est supérieure
à l’offre de dollars alors il va y avoir une hausse du cours du $ par rapport à l’€
jusqu’à ce que cette hausse compense le différentiel d’inflation (ex : 1,0989€=1$
l’ordinateur américain coûtera 1010 x 1,0891 soit 1100€ à l’acheteur de la zone
€).
Les taux d’intérêt :
Leur influence est évidente : si un pays augmente ses taux d’intérêt, alors les
placements qu’il propose deviennent plus attractifs. Son taux de change va
s’apprécier. Si l’entrée de $ est supérieure à la sortie d’euros, si la demande
d’euros est supérieure à la demande de $ et si l’offre de $ est supérieure à la
demande de $, alors il va y avoir une baisse du cours du $ par rapport à l’€.
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Politique de change MCIF ENCG FES
b) Qu’est ce que le régime de change ?
Régime de change : Les échanges internationaux de biens de services ou de
capitaux nécessitent un échange de monnaie, puisque chaque pays (ou ensemble
de pays pour les pays de la zone euro, par exemple) a sa propre monnaie.
Il se pose alors trois sortes de questions :
La convertibilité :
C’est-à-dire la garantie donnée par les autorités monétaires que l'on peut
échanger de la monnaie nationale contre une autre. Ceci implique que la
monnaie soit cotée sur le marché des changes, marché où se réalise la
confrontation Offre/demande de devises. On appelle "devise" une créance
libellée dans une monnaie étrangère (pour un américain, le dollar est la monnaie
nationale, l'euro est une devise
Les liquidités internationales :
Quels sont les moyens de paiement acceptés par les pays créanciers des pays
débiteurs (en cas de déficit de la balance des paiements) ?
La formation des taux de change
(Quantité d'une devise étrangère qui peut être acquise avec une unité de
monnaie) : à quel prix les monnaies s'échangent-elles deux à deux ? (sur le
marché des changes).
Donc Un régime de change est l'ensemble des règles qui déterminent
l'intervention des autorités monétaires sur le marché des changes, et donc le
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Politique de change MCIF ENCG FES
comportement du taux de change. Il existe une très grande variété de régimes de
change, qui se distribuent entre deux extrêmes : changes fixes et changes
flexibles.
2. Les types du régime de change :
Il existe une grande variété de taux de change correspondant plus ou moins à
deux grands types de régimes : le régime de changes fixes et le régime de
changes flottants (ou flexibles), entre ces deux régimes se situe un troisième
type appelé intermédiaire.
a) Régime de changes fixes :
Un régime de change fixe suppose la définition d'une parité de référence entre la
monnaie du pays considéré et une devise (ou un panier de devises), à laquelle la
banque centrale s'engage à échanger sa monnaie. Lorsque le marché des changes
est libéralisé, le respect de cet engagement lui impose d'intervenir sur le marché
des changes dès que le taux de change s'éloigne de la parité établie, par l'achat
de la monnaie nationale si la monnaie tend à se déprécier sur le marché des
changes, par sa vente dans le cas contraire. Lorsque le marché des changes est
contrôlé, la monnaie est inconvertible, la parité est définie arbitrairement et
soutenue artificiellement.
b) Régime de changes flottants
Dans un régime de change flexible, à l'inverse, aucun engagement n'est pris au
sujet du taux de change, qui flotte librement (flottement pur), en fonction de
l'offre et de la demande sur le marché des changes. La politique monétaire
retrouve alors son autonomie, mais la banque centrale abandonne le contrôle du
taux de change nominal, qui est déterminé sur le marché des changes. Le
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Politique de change MCIF ENCG FES
flottement s'applique donc, en principe, à un marché des changes libéralisé,
même si l'on peut imaginer un régime de flottement impur encadré par un
contrôle des changes.
Entre ces deux extrêmes, on trouve des régimes intermédiaires, qui se
déterminent en fonction des fluctuations que la Banque Centrale du pays
concerné autorise autour de sa parité de référence et selon la fréquence des
réalignements de sa parité.
Régime de de change intermédiaire
Les régimes de taux de change intermédiaires représentent un compromis entre
les régimes de taux de change fixe et les régimes de taux de change flottant ; ils
tentent de combiner la stabilité des premiers et l’indépendance en matière de
politique monétaire des seconds. En règle générale, ils permettent certaines
fluctuations à l’intérieur d’une fourchette préétablie par rapport à une devise ou
à un panier de devises, lequel est rajusté régulièrement. Selon le degré de
stabilité souhaité, l’intervalle de variation (fourchette) peut lui aussi fluctuer.
Compte tenu de l’intégration financière croissante des pays et de l’échec des
systèmes intermédiaires en Russie, en Asie de l’Est, au Brésil et au Mexique, ces
systèmes sont toutefois devenus de plus en plus impopulaires; de nombreux
économistes insistent désormais pour dire qu’il n’y a d’autre choix que le régime
de taux de change fixe ou le régime de taux de change flottant. Selon un
économiste sceptique, le flottement impur d’une monnaie (avec des
interventions uniquement pour aplanir des fluctuations aléatoires et les
décalages à court terme entre l’offre et la demande) constitue « une juxtaposition
traditionnelle de beaux mots plutôt que l’association de politiques et
d’institutions cohérentes ».
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Politique de change MCIF ENCG FES
Un des attraits des systèmes intermédiaires réside dans le fait que les
gouvernements qui les adoptent peuvent ajuster le taux de change (ou la
fourchette de variation de leur monnaie) selon les circonstances économiques.
Ce régime de taux fixe mais ajustable pose un problème, puisque les taux de
change peuvent faire l’objet de spéculations allant dans un seul sens. S’il est
clair pour les autorités que le taux ou la fourchette doit être modifié, cela sera
également manifeste pour les marchés, qui s’attaqueront peut-être alors à la
monnaie. Une fois de plus, la défense de la monnaie sera coûteuse, soit sous
forme de hausse des taux d’intérêt ou d’exportation des réserves de change.
Il se pose également la question de la transparence. Il est plus difficile pour les
investisseurs d’évaluer ce que les gouvernements feront dans un régime
intermédiaire que dans un régime de taux de change fixe ou de taux de change
flottant, qui sont relativement simples. Il faut se demander si les investisseurs
réagiront mieux à des règles simples qu’à des règles complexes.
Ce n’est pas parce que les systèmes intermédiaires soulèvent des préoccupations
que personne n’envisage leur adoption. C. Fred Bergsten, directeur du Institute
for International Economics, résume la problématique ainsi :
les taux fixes, à moins qu’ils n’aboutissent à une union monétaire, comme c’est
le cas en Europe, ou à la création d’une caisse d’émission, comme c’est le cas en
Argentine ou à Hong Kong, donnent trop souvent lieu à des surévaluations et à
des sous-évaluations coûteuses. Les taux de change flottant ont tendance à
surréagir de façon excessive et à créer des décalages tout aussi perturbateurs.
Il est donc partisan d’un flottement contrôlé selon lequel le cours de la monnaie
pourrait fluctuer de 15 p. 100 maximum de part et d’autre d’un point médian
préétabli. Il serait possible d’éviter les déséquilibres à long terme en rajustant
très légèrement les limites de la fourchette, ce qui rappelle les parités à
crémaillère. Selon ce système, les pays du G-7 pourraient coordonner leur
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Politique de change MCIF ENCG FES
politique monétaire de manière à réduire au minimum l’instabilité des taux de
change à l’intérieur d’une fourchette qui soit suffisamment large pour pouvoir
tenir compte des changements cycliques qui se produisent dans l’économie.
À mesure qu’un taux s’approcherait de la limite d’une fourchette, il serait
peu avantageux de continuer dans la même direction, car les marchés
sauraient que les autorités monétaires ne permettraient pas aux taux de
dépasser les limites. Par contre, ils pourraient réaliser des profits
considérables en faisant en sorte que le taux revienne vers les points médians.
De telles approches ne semblent pas répondre aux préoccupations soulevées
plus haut et ne sont peut-être que de simples solutions intermédiaires sujettes
au même genre de problème. Il faut toutefois se demander si ces régimes,
qu’ils soient fixes, flottants ou mixtes, peuvent réduire ou éliminer les
fluctuations excessives et les crises monétaires. S’il est impossible d’éliminer
la spéculation sur les devises, ce qui semble être le cas dans tous les
scénarios sauf celui de la monnaie universelle, la question qui se pose est
simplement de savoir quelle est l’approche qui permettra de réduire au
minimum la volatilité des taux de change.
Il se peut que la recherche d’un régime unique permettant d’éliminer la
spéculation sur les devises soit vaine (sans restriction des flux de capitaux).
Le rejet de la solution intermédiaire ne serait donc qu’un rejet de la solution
que la plupart des pays ont adoptée, sans que l’on ne s’attende
raisonnablement à ce que l’union monétaire ou le flottement libre constituent
de meilleures solutions. La recommandation selon laquelle il faudrait éviter
les régimes intermédiaires pour retenir en toutes circonstances soit des
régimes de taux de change fixe soit un flottement libre ne se justifie donc
pas.
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Politique de change MCIF ENCG FES
3. Avantages et limites du régime fixe et flottant :
Régime de change fixe :
En régime de taux de change fixe, les coûts de transaction des investissements et
des opérations commerciales internationales sont plus faibles. Lorsque le taux de
change est constant et que les investisseurs sont convaincus qu’il demeurera
constant, il n’est nul besoin de se prémunir contre les variations du cours de la
monnaie par des opérations de couverture. Il est également plus facile pour les
investisseurs, les entreprises et les décideurs de faire des prévisions et des
projets. Lorsqu’un pays décide de rattacher le cours de sa monnaie à celui de la
devise d’un pays ayant une inflation faible, cela peut symboliser la
détermination de son gouvernement de réaliser et de maintenir une inflation
basse, ce qui est surtout le cas des pays en quête de désinflation rapide par suite
d’une période d’hyperinflation.
Pour qu’un régime de taux de change fixe fonctionne, il faut que le pays qui
l’adopte soit fermement déterminé à défendre le cours fixé, même en cas de
chocs externes et de pressions exercées pour qu’il laisse flotter la monnaie. Il
doit aussi disposer de réserves suffisantes pour pouvoir défendre la monnaie
contre les assauts des spéculateurs. Cette crédibilité, assise sur des réserves
suffisantes et l’engagement vis-à-vis de solides politiques monétaires et
budgétaires, devrait convaincre les investisseurs que toute attaque contre la
monnaie se ferait en pure perte et que, dans l’éventualité d’assaut des
spéculateurs, la banque centrale pourra et voudra défendre sa devise.
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Politique de change MCIF ENCG FES
Un pays qui adopte un régime de taux de change fixe est sensible aux crises
monétaires, car un tel régime permet aux spéculateurs de faire des paris à sens
unique.
Pour qu’un régime de taux de change fixe soit crédible, il faut absolument que le
pays qui en est doté maintienne des réserves monétaires suffisantes. En cas de
déficit tenace de la balance courante, les spéculateurs vendront la devise, dans
l’espoir de la déstabiliser, car ils auront senti l’éventualité d’une dévaluation
devant rendre les exportations moins chères et les importations plus chères.
Mais, si le pays dispose de réserves de change suffisantes, il pourrait les
dépenser afin de défendre sa monnaie dans l’espoir de « punir » les spéculateurs.
La Chine dispose, par exemple, de plus de 140 milliards de dollars en réserves
de change, ce qui signale clairement aux spéculateurs qu’elle ne pourra être
contrainte à dévaluer sa devise. Bon nombre de pays mesurent l’ampleur de
leurs réserves par rapport au niveau des biens qu’ils importent, mais ils
devraient le faire en fonction des risques de vente de l’actif en cas de crise.
Le maintien de réserves n’est pas sans coût. Il est onéreux de défendre sa
monnaie — c’est l’équivalent d’exporter sa devise — et il y a toujours risque de
dévaluation si les spéculateurs obligent les autorités monétaires à vendre une
bonne part des réserves ou s’il devient trop coûteux de maintenir le taux de
change fixé. En second lieu, détenir des réserves signifie qu’il faut consacrer des
recettes d’exportation à des investissements dont le rendement est relativement
faible (habituellement des bons du Trésor américains), ce qui réduit la
consommation et l’investissement nationaux. Par ailleurs, le gouvernement doit
verser, sur les obligations nationales qu’il vend dans le but d’acquérir les
devises, un taux d’intérêt supérieur à celui qu’il obtient sur ses réserves. Les
pays peuvent toutefois adopter différentes stratégies d’investissement pour
abaisser le coût des réserves.
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Politique de change MCIF ENCG FES
Il faut également du temps pour constituer des réserves, mais il est toujours
possible de le réduire en contractant des emprunts à l’étranger qui sont assortis
d’échéances à plus long terme et en investissant ces fonds dans des titres
internationaux liquides (c’est la stratégie que la Chine a adoptée). La
constitution de réserves peut aussi être passablement coûteuse, étant donné
l’écart entre les montants à payer sur les obligations à long terme et le
rendement qui pourrait être obtenu si les fonds étaient investis en bons du Trésor
américains, mais ce coût doit être évalué à la lumière des avantages que
constituent les réserves. De même, une augmentation des réserves a souvent
pour effet d’abaisser le coût de l’endettement privé et des capitaux propre.
De plus, même si les gouvernements peuvent acquérir une certaine crédibilité
grâce aux politiques qu’ils adoptent et à l’importance des réserves de change de
leur pays, il n’est jamais possible de jouir d’une crédibilité absolue en régime de
taux de change fixe. Qu’il soit possible pour le gouvernement de dévaluer la
monnaie suffit à jeter le doute dans l’esprit des investisseurs ? Plus la crédibilité
perçue est faible, plus le doute est grand. Les régimes de taux de change fixe
dont la crédibilité laisse à désirer sont devenus suspects pour les mêmes raisons
que les régimes intermédiaires ; en fait, si un gouvernement adopte un régime de
taux de change fixe peu crédible, il poursuit en fait un régime de change
intermédiaire relativement flou et se trouve face aux mêmes problèmes (voir
plus bas). Comme le fait remarquer un observateur :
Si les marchés émergents veulent des taux de change fixes, il faut que leur
engagement et leur détermination soient parfaitement crédibles. […] Autrement,
le pays devrait se doter d’un taux de change flottant. Toute solution
intermédiaire est par trop dangereuse.
Choisir un régime de taux de change fixe revient à sacrifier l’autonomie
monétaire du pays, c’est-à-dire la capacité de réduire les taux d’intérêt de
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Politique de change MCIF ENCG FES
manière à stimuler la demande intérieure en cas de récession. Si cet incitatif
monétaire a pour effet d’abaisser les taux d’intérêt à court terme, les
investisseurs seront moins portés à conserver la monnaie et le taux de change
(fixe) pourrait faire l’objet d’une attaque. Il y a également des conséquences à
long terme qui sont incompatibles avec un taux de change fixe. Avec une
politique monétaire incitative, on s’attendrait vraisemblablement à une inflation
plus élevée, d’où une valeur d’équilibre plus faible de la monnaie interne. À
long terme, les taux d’intérêt nominaux augmenteraient pour tenir compte des
attentes d’une dépréciation monétaire.
Il s’ensuit qu’un taux de change fixe est contraignant pour la politique monétaire
d’un gouvernement. L’inflation et, partant, les taux d’intérêt, doivent être
maintenus à des niveaux compatibles avec le taux de change choisi, ce qui
assure la crédibilité du gouvernement et du taux de change. Il est également plus
difficile de financer un déficit. En règle générale, la monétisation des déficits et
de la dette ne cadre pas avec un taux de change fixe, sauf bien entendu si la
monnaie étrangère à laquelle on a rattaché la monnaie interne fait l’objet du
même genre de politique. Même les déficits financés par une dette de marché
sont problématiques. Comme les déficits provoquent de l’incertitude au sein du
marché en ce qui concerne la politique monétaire, les investisseurs exigeraient
une prime de risque. Par conséquent, même en l’absence d’un changement
d’orientation de la politique monétaire, les taux d’intérêt qui vont de pair avec
un taux de change fixe doivent augmenter.
En régime de taux de change fixe, les chocs externes sont absorbés par des
variations des prix et des salaires. Toutefois, il arrive souvent que les prix et les
salaires soient relativement rigides et ne s’ajustent pas facilement à la baisse,
notamment en raison de l’influence des syndicats et des contrats de travail.
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Politique de change MCIF ENCG FES
Il peut alors se produire des pressions (déséquilibres) pouvant mener à des
assauts spéculatifs sur la monnaie.
Il est toutefois possible qu’un régime de taux de change fixe soit bénéfique pour
un pays en quête d’une plus grande discipline, c’est-à-dire qui désire maîtriser
ou abaisser les salaires ou les prix. Comme nous l’avons déjà noté, lorsqu’un tel
régime est en place, les chocs économiques — exode de capitaux, baisse de la
productivité, etc. — doivent être absorbés par les salaires et les prix. Il faut que
les taux d’intérêt augmentent pour que les investisseurs soient incités à
augmenter leur stock de devises, ce qui permettra de réduire la demande
nationale et d’exercer des pressions à la baisse sur les salaires et les prix.
Défendre la monnaie peut être également onéreux. S’il s’agit d’un relèvement
des taux d’intérêt, la monnaie nationale devient plus attrayante pour les
investisseurs, mais cela a pour effet d’étouffer la croissance de l’économie
nationale. De même, il peut être coûteux de dépenser les réserves de liquidités
internationales, car cela revient à exporter des monnaies fortes.
Même lorsque les autorités monétaires et budgétaires pratiquent des politiques
saines, il est toujours possible que la monnaie du pays fasse l’objet d’assauts de
la part des spéculateurs. De par leur nature même, les marchés financiers sont
imparfaits, car leurs participants n’ont pas connaissance de toutes les données de
la situation. Comme la crise asiatique l’a démontré, les investisseurs se mettent
en troupeaux, si bien que les mouvements de panique ont des effets même dans
les pays dotés de politiques saines, ce qui a des conséquences désastreuses. Par
conséquent,on s’accorde de plus en plus à dire que les régimes de taux de
change fixe ne peuvent être profitables qu’à deux conditions : que l’on contrôle
strictement les mouvements de capitaux, de manière à limiter directement leur
vulnérabilité face à la spéculation privée, ou que l’on s’engage à maintenir la
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Politique de change MCIF ENCG FES
fixité du taux de façon tellement crédible que les marchés y croiront ferme et ne
chercheront même plus à spéculer contre la monnaie
En fin de compte, si le taux de change de même que les politiques monétaires et
budgétaires internes ne conviennent pas, les flux de capitaux forceront tôt ou
tard une réévaluation de la monnaie.
Régime de change flottant :
Le régime de changes flottants actuel entre les principales monnaies, Dollar,
Euro et Yen, présente en théorie de nombreux avantages : Il permet tout d’abord
une certaine autonomie des politiques monétaires, car en cas d’excédents
commerciaux, les banques centrales ne sont plus obligées d’augmenter
mécaniquement la masse monétaire en contrepartie de l’arrivée des devises
étrangères, ce qui a pour effet d’importer l’inflation si la hausse des prix
étrangers sont supérieurs aux hausses des prix intérieurs. Il suffit alors de laisser
glisser le cours de la monnaie à la hausse sur les marchés internationaux.
Les changes flottants permettent aussi le rééquilibrage automatique de la balance
extérieure, sans que les autorités monétaires aient à intervenir. En effet, un
déficit commercial suscite une contraction de la masse monétaire, qui provoque
une augmentation du taux d'intérêt et donc une entrée de capitaux étrangers
attirés par les taux rémunérateurs. Sur le plan économique, cette contraction de
la masse monétaire entraîne un ralentissement de l'activité économique, une
stabilisation des prix et donc une amélioration de la compétitivité sur les
marchés nationaux étrangers ; ainsi les exportations augmenteront, les
importations diminueront et la balance commerciale se rééquilibrera.
Nous pouvons voir dans un second temps qu’il s’agit d’un système plus
équilibré en apparence par rapport à un système de changes fixes qui faisait
explicitement référence à une monnaie dominante, le dollar.
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Politique de change MCIF ENCG FES
En effet les changes flottants permettent une adaptation rapide aux chocs réels,
notamment en cas de déséquilibre des paiements courants, provoquant des
conflits entre l’offre et la demande de devises.
Il faut rappeler qu’en système de changes fixes il en résultait une variation des
réserves de change puisque la banque centrale doit intervenir pour maintenir la
parité de la monnaie nationale. En revanche, en changes flottants la banque
centrale n’a plus à intervenir : l’ajustement sur le marché des changes est réalisé
par des mouvements de capitaux, provoquant la variation du taux de change.
Celle-ci modifie donc les conditions de l’échange.
Par exemple en cas de déficit, on assiste à une diminution de la valeur de la
monnaie qui renchérit les importations et rend plus attractives les exportations.
A terme l’équilibre est rétabli… De plus, nous constatons que les banques
centrales n’ont plus besoin de conserver des réserves importantes de devises
pour défendre le cours de la monnaie. Dans ces conditions les banques centrales
ne doivent pas subir des variations de leur volume de réserves officielles et les
institutions ne reçoivent plus de demandes de réserves nouvelles. Egalement, on
s’aperçoit que ce système de changes flottants fait que les marchés sont moins
sensibles aux fortes poussées de fièvres spéculatives, comme celles qui se
produisaient sur les monnaies dont l’évolution laissait penser qu’une dévaluation
ou une réévaluation était inéluctable. Dans ce cas tous les opérateurs étaient
encouragés à vendre ou à acheter cette monnaie à des fins purement
spéculatives. Au contraire, les changes flexibles amènent les marchés à des
ajustements mutuels, permanents et graduels, entre le cours des devises et les
anticipations des opérateurs.
Enfin les politiques monétaires des pays peuvent être plus flexibles. En effet
puisque la variation du taux de change garantit l’équilibre extérieur, la politique
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Politique de change MCIF ENCG FES
économique bénéficie d’un degré de liberté supplémentaire : le taux d’intérêt
peut être utilisé à la réalisation d’objectifs internes.
On présente souvent les changes flottants comme un moyen « d’immuniser »
une économie de la conjoncture étrangère. Ainsi on pourrait interpréter la mise
en place des systèmes flottants comme étant l’opportunité de pouvoir choisir sa
propre politique monétaire avec des taux d’inflation acceptables.
Cependant on constate que les évolutions récentes vers un régime de changes
flexibles renvoient à un relatif échec.
En effet les résultats des changes flottants s’avèrent décevants…Ce système de
change flexible n’a semble-t-il pas tenu toutes ses promesses.
Dans un premier temps on peut dire que ce système de changes flexibles est
caractérisé par une forte sensibilité du taux de change aux flux de capitaux dans
l’économie. On considère par exemple que 10 milliards supplémentaires injectés
sur le marché, pouvait entraîner un mouvement de 5% sur les cours. Ainsi les
taux de changes nominaux enregistrent une volatilité plus grande à court et
moyen terme, ce qui peut provoquer des impacts négatifs sur la balance
commerciale. Au niveau du système monétaire international par exemple, la
polarisation s’effectue surtout autour de la relation entre trois grandes
monnaies : euro-dollar ; dollar-yen et dollar-Sterling. Ces fluctuations
correspondent à des évolutions relatives à la productivité entre secteurs et à
l’insertion des pays dans les échanges internationaux. Or cet écart entre la
structure des taux de changes réels, (c’est à dire les prix relatifs entre pays) et les
facteurs réels de la compétitivité peut avoir une influence négative sur le
commerce international. On observe ainsi une forte volatilité des taux de
changes, qui se fait au détriment des agents économiques (notamment les
entreprises), concernant leurs éventuelles prévisions et anticipations.
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Politique de change MCIF ENCG FES
Dans un deuxième temps, on constate que la flexibilité du change n’a pas
favorisé un rééquilibrage des balances courantes, car les Etats-Unis ont cumulé
une dette extérieure considérable, en raison du déficit de leur balance courante à
l’égard du reste du monde. Le régime de changes flottants a ainsi accentué le
privilège du dollar, qui bénéficie toujours d’un réel pouvoir au niveau
international. Ainsi on n’a pas observé de tendance à l’équilibre des balances
des opérations courantes dans la plupart des pays. Beaucoup ont conservé un
besoin de financement.
Dans un troisième temps, on s’aperçoit qu’un régime de change flexible est
susceptible d’être inflationniste, dans la mesure où il entraîne moins de
contraintes dans les politiques monétaires menées par les pays. Ainsi la pratique
des politiques monétaires restrictives, en jouant sur la hausse du taux d’intérêt a
pour objectif de limiter les pressions inflationnistes. Cependant un tel régime de
change limite l’intervention des autorités monétaires et de ce fait risque
d’entraîner une augmentation du niveau général des prix. De plus, les
éventuelles dépréciations du taux de change peuvent aussi être source
d’inflation. Effectivement si la baisse de la valeur de la monnaie dynamise les
exportations de biens et services, nos importations renchérissent, ce qui véhicule
de l’inflation importée concernant nos importations incompressibles, comme les
énergies fossiles ou certaines matières premières.
Dans un quatrième temps il faut souligner que ces fluctuations sont dues aux
forts mouvements de capitaux dans l’économie, en raison des bonnes
perspectives de croissance et des bons taux de rendement (mesuré par le
différentiel entre i et i*). Cela rend instable les taux de changes, et risque de
provoquer des crises en raison de l’afflux de l’épargne étrangère. Ces flux de
capitaux croissent fortement en amont des crises, puis diminuent brusquement
peu avant l’effondrement des changes. Ceci a illustré les crises de change des
années 90 dans de nombreux pays. Ainsi les Banques centrales ne peuvent plus
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Politique de change MCIF ENCG FES
contrôler les crises résultant des anticipations des opérateurs ou encore sont
impuissantes face aux bulles spéculatives. En plus de cela, depuis le début des
années 2000 la spéculation est encouragée par l’importance des produits dérivés
qui amplifient les mouvements de changes.
Ainsi la volatilité de ce système constitue un véritable facteur d’insécurité, qui
n’a cependant pas entravé le développement des transactions et des
investissements, mais confère une très forte instabilité potentielle à l’ensemble
du système bancaire et financier mondial.
Enfin, on a pu voir que le système de changes flexibles n’a pas donné plus
d’autonomie aux politiques monétaires nationales, dans la mesure où les
Banques centrales doivent tenir compte de la forte volatilité des taux de changes
et de la réactivité des marchés. Au contraire, la flexibilité des taux de change a
réduit l’efficacité des politiques économiques. Une politique caractérisée de
relance est devenue difficilement soutenable, car susceptible de relancer
l’inflation. Elle a plutôt tendance à faire fuir les capitaux. On constate ainsi que
le système de changes flottants aboutit à l’illusion de pouvoir mener une
politique autonome à l’abri des évènements extérieurs. Au contraire les
fluctuations massives des taux de change ont affecté les choix de politiques
économiques dans certains pays.
B. Section 2 : régimes de change et croissance économique :
La théorie de la croissance et la littérature sur les régimes de change suggèrent
que la nature du régime de change adopté par un pays donné peut avoir des
conséquences sur sa croissance à moyen terme et ce, de deux manières : soit
directement à travers ses effets sur les ajustements aux chocs, soit indirectement
via son impact sur d’autres déterminants importants de la croissance
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économique tels que l’investissement, le commerce extérieur et le
développement du secteur financier.
1. Les effets directs des régimes de change sur la croissance économique :
Selon la théorie économique, le type de régime de change ne devrait pas avoir
d’incidence sur les valeurs d’équilibre à long terme des variables réelles, mais
pourrait influer sur le processus d’ajustement. Ainsi, l’effet du régime de change
sur la croissance peut intervenir à partir d’un effet sur la vitesse d’ajustement
aux perturbations aléatoires qui affectent l’économie intérieure 1
Dans ce contexte, les travaux de Friedman (1953) et Mundell (1960 et 1963) ont
souligné le caractère crucial du régime de change en matière de politique
économique. Friedman (1953) se prononce en faveur d’un régime de change
flexible, en soulignant les effets isolationnistes d’un tel système face aux chocs
étrangers.
Mais ses travaux s’inscrivent dans une période de faible mobilité des capitaux.
Mundell (1960 et 1963) démontre alors que les propriétés isolationnistes
diminuent avec l’accroissement de la mobilité du capital. Dès lors, la distinction
choc monétaire/choc réel s’avère incontournable, tout comme la mobilité des
facteurs et la taille de l’économie.
Dans le prolongement de Friedman (1953) et Mundell (1960 et 1963), d’autres
auteurs ont examiné le choix d’un régime de change optimal sous l’hypothèse de
prix ou salaires nominaux rigides. Boyer (1978) trouve que la variance et la
covariance des divers chocs survenant sur l’économie sont déterminantes dans la
décision du choix du régime de change. L’étude porte sur une petite économie
ouverte soumise à trois types de chocs : internes, réels ou monétaires, et
externes. Il montre que la localisation du choc importe peu, seul l’aspect
1 Selon Aizenman (1994), une économie qui s’ajuste plus facilement aux chocs devrait jouir d’une croissance de la productivité plus élevée, compte tenu du fait qu’elle tourne en moyenne plus près des limites de sa capacité.
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monétaire ou réel influence le choix du régime de change. Ainsi, si les chocs
sont purement monétaires, le régime de change fixe est optimal grâce à une
intervention sur le marché des changes et si les chocs sont réels,
le régime de change flexible est préconisé. En présence des deux types de chocs,
le flottement géré est préférable. Dans la lignée des travaux de Boyer (1978),
Aizenman et Frenkel (1982) explicitent les chocs et étudient les conséquences
sur l’activité dans un objectif de stabilisation de la consommation et non plus de
l’output. Les conclusions des auteurs sont similaires aux travaux antérieurs, mais
présentées de façon symétrique. Ces auteurs démontrent alors qu’en présence de
chocs réels, le système fixe est préférable, du point de vue du consommateur.
Plus la variance des chocs réels survenant sur l’offre est élevée, plus grand est le
désir de fixité des taux de change. En effet, la balance des paiements absorbe les
chocs et limite, ainsi, les effets des chocs réels sur la consommation. Le désir de
flexibilité du taux de change augmente relativement à la variance des chocs
intervenant sur la demande de monnaie, l’offre de monnaie, les prix étrangers et
enfin sur la parité des pouvoirs d’achat.
2. Les effets indirects des régimes de change sur la croissance économique
Outre ses effets sur le processus d’ajustement aux chocs, la théorie suggère que
les régimes de change peuvent influencer la croissance économique via leurs
impacts sur d’autres déterminants importants de la croissance tels que
l’investissement, l’ouverture aux échanges extérieurs et le développement du
secteur financier 2
2 Pour une revue détaillée de la littérature sur les déterminants de la croissance économique, voir Barro et Sala-i-
Martin (2003)....
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La littérature consacrée à la relation entre régimes de change et taux
d’accumulation du capital physique produit des résultats très variés (Goldberg,
1993 ; Campa et Goldberg, 1999 ; Bénassy-Quéré, Fontagné et Lahrèche-Révil,
2001). Certains auteurs, tel Aizenman (1994), soulignent que l’investissent a
tendance à être important sous les régimes de change fixes grâce à la réduction
de l’incertitude des politiques économiques, des taux d’intérêt réels et de la
variabilité des taux de change. Cependant, en éliminant un mécanisme
d’ajustement important, les taux de change fixes peuvent aggraver les pressions
protectionnistes et réduire l’efficience d’un stock de capital donné et ce, à cause
des déséquilibres durables des taux de change qui affectent l’allocation de
l’investissement à travers les secteurs. Bohm et Funke (2001), quant à eux, sont
d’avis que la volatilité d’une devise, sans tenir compte du type du régime de
change, ne peut exercer qu’un effet négligeable sur le niveau des dépenses
d’investissement.
De même, les régimes de change sont susceptibles d’affecter la croissance
économique par les effets sur le volume du commerce international. Dans la
littérature théorique, la relation entre la volatilité du taux de change et les
échanges commerciaux est ambiguë. Selon la théorie traditionnelle du
commerce, la relation négative entre la volatilité des taux de change et les
échanges commerciaux repose sur l’aversion contre le risque (Clark, 1973 ;
Hooper et Kohlhagen, 1978).
Cependant, en relâchant certaines hypothèses qui sous-tendent cette théorie, des
modèles théoriques ont montré que la volatilité peut être bénéfique au commerce
international. Ainsi, les auteurs expliquent la faiblesse du lien négatif de
plusieurs façons. En effet, les techniques de couverture permettent aux
entreprises de réduire considérablement le risque de change (Viaene et de Vries,
1992) et la volatilité des taux de change peut créer des conditions propices à des
échanges commerciaux et à des investissements rentables (Franke, 1991 ; De
Grauwe, 1992).
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Un point important de la littérature récente sur le sujet a trait aux répercussions
des unions monétaires sur le commerce bilatéral des pays membres. Rose (2000)
trouve que l’utilisation par deux pays d’une monnaie unique accroît de plus de
300 % leurs échanges. En s’inspirant du modèle utilisé par Rose (2000), Frankel
et Rose (2002) montrent que les pays ayant la même monnaie ont tendance à
accroître les échanges commerciaux non seulement entre eux mais aussi avec les
autres pays. Enfin, en passant en revue 34 études antérieures consacrées au sujet,
Rose (2004) conclut que l’augmentation du volume du commerce bilatéral
induite par l’adhésion à une union monétaire est significative et est comprise
entre 30 % et 90 %.
Plusieurs chercheurs se sont intéressés au rôle clé que le degré de
développement du secteur financier pourrait jouer dans le choix du régime de
change. Ainsi, ils considèrent souvent un secteur financier solide et bien
développé comme une condition de l’adoption d’un régime de changes flottants,
car ce type de régime s’accompagne généralement d’une volatilité accrue du
taux de change nominal. Cette dernière peut nuire à l’économie réelle à moins
que le secteur financier ne soit en mesure d’absorber les chocs de taux de change
et ne mette à la disposition des agents économiques des instruments de
couverture appropriés. Ainsi, Aizenman et Hausmann (2000) stipulent que les
gains découlant de l’adoption d’un régime de changes fixes peuvent être
supérieurs pour les économies émergentes que pour les pays industrialisés, à
cause du degré de développement de leurs marchés financiers respectifs.
Cependant, Chang et Velasco (2000) mettent en garde contre la conjonction
d’un secteur financier sous-développé et d’un taux de change fixe. En effet,
selon ces auteurs, l’adoption d’un régime fixe diminue la probabilité des
déséquilibres de la balance des paiements mais augmente celle des crises
bancaires.
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Par contraste, un régime de changes flottants peut aider à éviter ces crises, dans
la mesure où les dépôts bancaires sont libellés dans la monnaie du pays et où la
banque centrale est disposée à jouer le rôle de prêteur de dernier ressort.
III. Chapitre II : politique de change au Maroc :
Il faut savoir que le choix du régime de change revêt une grande importance. Il
doit s’engager sur des règles de politique économique et être cohérent avec les
politiques monétaire et budgétaire. Il met en cause la politique économique d’un
pays, ses marges de manœuvre et son mode d’ajustement macroéconomique. Il
implique, également, les partenaires du pays qui sont sensibles aux
conséquences d’un régime de change sur leur compétitivité relative. Quel est le
régime de change actuel au Maroc ? et quels est son impact sur l’économie
marocaine ?
A. Section 1 : évolution historique du régime de change marocain :
1. Evolution historique du régime de change marocain :
Le Dirham marocain (DH) depuis sa création le 17 Octobre 1957 est resté
accroché au FF par une parité fixe jusqu'en 1973. A partir du 17 Mai 1973, et
après avoir été rattaché au Franc français (FF) par un coefficient fixe le dirham a
été rattaché à un panier de 9 devises dans lequel le franc français (FF) rentrait
pour une part importante (38% EN 1973) et déclinante au profit du dollars US
qui y pesait 15% en 1973 et 32% en 1980 alors que le franc français passait à un
poids de 25%.
Systèmes de cotation du dirham adoptés en 1973 et 1980 :
Monnai FF $ PE LI LS DM FS FB FH
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e
S3
1973 38% 15% 15% 8% 8% 7% 4% 3% 2%1980 25% 32% 15% 5% 8% 7% 2% 4% 2%
Source la convertibilité monétaire cas du Maroc
Le système de cotation du dirham a été modifié à plusieurs reprises. Si en 1973,
la modification portait sur le principe et la méthode, en 1980 et en 1985 ce sont
les coefficients de pondération qui sont revus et en 1990, ce sont la composition
du panier et les pondérations du panier qui sont modifiés ensembles.
Actuellement le DH est ancré à un panier de devises composé du dollar et de
l’euro.
2. Le régime de change actuel au Maroc :
Le régime de change adopté par le Maroc est un régime intermédiaire. Le
système de cotation se fait sur la base d’un panier définissant le Dirham. En
effet, le régime de change , ou la détermination de la valeur externe du Dirham,
repose sur le mécanisme d’un panier composé des principales devises
internationales dont les coefficients de pondération sont déterminés en principe
par la répartition géographique des échanges extérieurs du Maroc. L’objectif de
ce rattachement pluri monétaire est de minimiser l’incidence des changements
de parité de ces monnaies, puisqu’elles enregistrent des fluctuations dans des
sens différents. Le panier de devises est composé de l’euro et du dollar.
L’intégration croissante du Maroc à l’Union européenne, a poussé la banque
centrale à ajuster en avril 2001 la composition du panier de référence en faveur
de l’euro.
3 FF franc français, $ USA, PE Peseta Espagnole, LI : Lire Italienne, LS : Livre Sterling, DM : Deutsch Mark, FB : Franc Belge, FS : Franc suisse, FH : Florin Hollandais.
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Un dirham courant est égal à l'inverse du cours de référence de l'euro multiplié
par 80%, plus l'inverse du cours de référence du dollar multiplié par 20%. Cette
addition est multipliée par le résultat du rapport entre le cours de l'euro sur celui
du dollar. Cette opération donne lieu à la valeur d'un dirham courant et son
équivalent en dollar.
- Formule de cotation : Le panier de cotation a pour objectif d’assurer la
stabilité du dirham en termes de taux de change effectif nominal et d’atténuer
l’effet sur le dirham des fluctuations des principales monnaies internationales.
Depuis 1973, la cotation du dirham est effectuée sur la base d’un panier de
devises, reflétant la structure des échanges du Maroc avec l'extérieur.
En 1990, en perspective de l’accord d’association avec l’Union Européenne et
d’une plus grande intégration de notre économie à cette zone, une révision du
panier de cotation a été opérée en vue de renforcer la part des monnaies
européennes.
En 1999, l’avènement de l’euro a conduit à une révision de la structure du
panier en vue de remplacer les anciennes monnaies européennes par l’euro. De
plus, l’adoption de nouveaux cours de référence a permis d’intégrer les
fluctuations enregistrées depuis 1990 et ce, en vue de préserver la stabilité de la
valeur externe du dirham et de disposer de cours de change actualisés.
En avril 2001, un réaménagement du panier a été opéré, limitant sa composition
à l’euro et au dollar américain avec des pondérations respectives de 80% et 20%.
Ce réaménagement avait pour objectif de réduire davantage les fluctuations du
dirham vis-à-vis de la monnaie du principal partenaire commercial du Maroc.
En avril 2015, les pondérations des devises du panier de cotation du dirham ont
été actualisées afin de refléter la structure des échanges extérieurs du Maroc. Les
nouvelles pondérations sont fixées à 60% pour l’euro et 40% pour le dollar US.
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Cette actualisation du panier du dirham devrait constituer un premier pas dans
le processus de transition vers un régime de change plus flexible visant à
renforcer la compétitivité du Maroc et la résilience de l’économie nationale face
aux chocs exogènes.
La valeur du dirham contre les monnaies étrangères est déterminée sur la base
des cours des devises constituant le panier, pondérées de leurs poids respectifs.
Les taux de change établis par Bank Al-Maghrib sont cotés à l’incertain, soit le
nombre d’unités de monnaie nationale nécessaire pour obtenir une unité de
monnaie étrangère, selon la formule ci-après :
1 USD = 1/ ((1/cours de référence USD)*40% + [(1/cours de référence
EUR)*60%]* cours EUR/USD) DH
Bank Al-Maghrib procède ainsi quotidiennement de 8h30 à 15h30 à travers un
système de multi fixing à la cotation des cours de change virement de 16 devises
contre dirham et s’engage dans le cadre du marché de change domestique à les
négocier avec les banques marocaines.
Par ailleurs, Bank Al-Maghrib procède à titre indicatif et uniquement à des fins
de référence à la cotation en milieu de journée d’un certain nombre de devises
principales ou appartenant à des pays avec lesquelles le Maroc entretient des
relations commerciales significatives.
Les cours de change virement et billets de banque sont publiés simultanément
sur trois supports distincts : site Internet de la Banque Centrale, Reuters et
Bloomberg. Les cours sont également partagés sur le compte Twitter de Bank
Al-Maghrib.
3. Impact du régime de change sur l’économie marocaine :
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Politique de change MCIF ENCG FES
Ce rattachement du dirham au dollar et l’euro a renforcé la capacité de
l’économie marocaine à attirer des investissements directs en provenance de
l’Union européenne. Le Maroc entrera alors plus fortement en concurrence avec
des états voisins de l’Union, notamment avec les pays de l’Est Le MAROC a
réussi également à intégrer les marchés internationaux grâce à la flexibilité du
régime de change dans une période d’un grand changement. Le Basket Peg est
également un instrument utilisé pour absorber les différents chocs. Il procure la
confiance dans la monnaie nationale, nécessaire pour stimuler l’épargne et
contrecarrer la spéculation. Le régime des changes actuel a vocation à assurer
une certaine stabilité du dirham vis-à-vis de ses principaux partenaires, compte
tenu de la balance des paiements. Cette même stabilité a fortement contribué à
l’amélioration du climat de confiance des investisseurs étrangers. Sur cet aspect
on peut dire que la politique de change menée jusqu’à aujourd’hui a été
fructueuse. Faute de gains de productivité, l’appréciation réelle du dirham a
ralenti la croissance des exportations.
Elle a ponctionné une part de la compétitivité de nos exportateurs. Cela est dû à
l’appréciation de notre devise par rapport à celles de nos concurrents directs,
notamment la Tunisie et l’Egypte Au Maroc, une politique de taux de change
flexible a pu jouer un rôle important en renforçant la compétitivité et en
stimulant la croissance. Elle a permis aussi de prendre en compte les pressions
de la concurrence supplémentaires résultant de la libéralisation commerciale.
IV. Conclusion
Le choix d’un régime de taux de change approprié demeure donc une question
de politique difficile, mais il vaut la peine de répéter que tout régime peut être
compromis par des politiques monétaires et budgétaires malavisées. On peut
dégager certaines généralités (il n’existe pas de régime de taux de change idéal
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qui conviendrait à tous les pays à toutes les époques, les grands pays devraient
adopter un taux flottant et les petits pays à économie ouverte devraient choisir
un taux fixe), mais même ces règles ne sont pas coulées dans le béton. Il importe
d’examiner à la loupe les avantages et les inconvénients de chaque régime et de
tenir compte des coûts de transition à un nouveau régime de taux de change.
WEBOGRAPHIE / BIBLIOGRAPHIE :
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fixe-change-flottant-les-deux-types-de-regime-de-change
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30
Politique de change MCIF ENCG FES
http://www.bkam.ma/wps/portal/net/kcxml/
04_Sj9SPykssy0xPLMnMz0vM0Y_QjzKLN7SMNzIPAcmZxXvEG3m76kdiCr
ogCfp65Oem6gclFul76wfoF-SGRpQ7OioCAK93L2c!/delta/base64xml/
L0lKWWttUSEhL3dITUFDc0FFVUFOby80SUVhREFBIS9mcg!!?Lien=V
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http://publications.gc.ca/Collection-R/LoPBdP/BP/prb9914-f.htm
http://www.cairn.info/revue-economie-internationale-2005-4-page-97.htm#no3
Table des matièresI. Introduction :.....................................................................................................................2
II. Chapitre I : concepts généraux de la politique de change :....................................3
A. Section 1 : définition et types de régime change ainsi que les avantages et limites de ce régime...................................................................................................................3
1. Définition :..........................................................................................................................32. Les types du régime de change :...............................................................................63. Avantages et limites du régime fixe et flottant :..................................................7
B. Section 2 : régimes de change et croissance économique :..............................16
1. Les effets directs des régimes de change sur la croissance économique :16
2. Les effets indirects des régimes de change sur la croissance économique18
III. Chapitre II : politique de change au Maroc :............................................................21
A. Section 1 : évolution historique du régime de change marocain :...................21
1. Evolution historique du régime de change marocain :.....................................21
31
Politique de change MCIF ENCG FES
2. Le régime de change actuel au Maroc :.................................................................22
3. Impact du régime de change sur l’économie marocaine :...............................24
IV. Conclusion............................................................................................................................25