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REBATIR L'UNIVERSITÉ

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LE MONDE SANS FRONTIÈRES

Jules Vuillemin

Rebâtir l' Université

Fayard

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© 1968, Librairie Art thème Fayard

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Avant-propos

Les réflexions et les propositions que je présente ici n'ont avec les événe- ments de mai qu'un rapport d'occasion. L'expérience me les a suggérées. Longtemps, professeur à la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand, j'ai constaté avec mes collègues l'évolution qui a préparé le désordre où nous nous trouvons. Nous nous sommes battus, parfois avec succès, toujours avec des moyens dérisoires. Cela portait à méditer et à discuter des idées nouvelles. Il a fallu pour inviter à les publier la situation présente et un public enfin éclairé sur la gravité de la crise.

Mon entreprise est présomptueuse. On dira que les résolutions des comités de sages, comme les débats des grandes assemblées et des petites commissions, valent mieux qu'un individu pour embrasser de tels problèmes. J'ajoute mon ignorance sur les questions qui touchent aux Facultés de médecine, de pharmacie, de droit, aux Ecoles des beaux-arts et aux Instituts techniques.

Si graves qu'elles soient, ces objections ne m'ont pas arrêté. Les diffi- cultés que j'ai rencontrées ne sont pas spécifiques à l'enseignement des Lettres ; nous souffrons partout des mêmes maux et, comme chaque citoyen est à même de ressentir dans son métier les mêmes disgrâces que l'Université subit tout entière, il est donc à même d'en chercher lui aussi les causes et les remèdes. Quant aux sages, ils sont en place depuis si longtemps qu'on a perdu le respect qu'on leur doit. Restent les assemblées et les commissions. Elles m'ont paru plus aptes à présenter les idées qu'à les coordonner, leur force résidant plutôt dans l'imagination que dans la raison. Et l'on invoque

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le bon sens plus encore qu'une autorité célèbre lorsqu'on oppose aux villes qui couvrent l'Europe d'aujourd'hui, faites par juxtaposition d'initiatives incohérentes, les villes d'autrefois ou quelques villes d'ailleurs qui doivent aux plans d'un urbaniste leur commodité et leur beauté.

Les historiens se querelleront sur la question de savoir s'il convient de nommer les événements de mai une révolution, une révolte ou une émeute.

Quels qu'ils aient été, ils ont montré une Université française récusée par les étudiants, les maîtres, le gouvernement et la nation. Certes des circonstances extérieures ont aggravé ici l'image d'une institution partout en crise dans le monde. Mais enfin nulle part l'explosion n'a été aussi forte.

Il serait ridicule d'en chercher les seules causes dans les calculs politiques des uns et les ambitions personnelles des autres. Il serait vain de croire qu'on pourra reconstruire sans avoir profondément transformé.

Mais l'action est un choix. Les aspirations de mai furent confuses comme le sont tous les tumultes. Qu'on n'attende donc pas des réflexions qu'on va lire une synthèse de ces aspirations contradictoires.

Certains ont attaqué dans l'Université établie une discipline et des contraites intellectuelles et morales qu'ils jugent inutiles et injustifiées, puisque à leur avis elles reflètent la rareté artificielle des biens maintenue par une société d'oppression. Lorsqu'ils sont conséquents avec eux-mêmes, ils proposent donc une communauté idyllique, de laquelle seraient exclues et la lutte et la concurrence. En particulier, l'Université nouvelle qu'ils rêvent devrait supprimer toute sélection autoritaire et toute sanction portant sur l'efficacité du travail des étudiants et des maîtres.

D'autres, dont la voix fut de plus en plus couverte, s'attaquaient au mandarinat, c'est-à-dire à la sécurité et à la permanence des situations universitaires, que défendaient les premiers, même lorsqu'ils s'en prenaient,

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REBATIR L'UNIVERSITE.

Refaire une institution, c'est d'abord se détourner du faux dilemme : tout détruire ou tout conserver. L'utopie est un alibi comme le désespoir et ceux

qui sont le plus aisément révolutionnaires en paroles savent fort bien leur jargon et leur idéologie impuissants sur les choses.

Les mesures proposées ici seront impopulaires. Elles heurtent des habitudes démagogiques, elles mettent en cause les intérêts acquis, elles engagent dans les risques de l'innovation.

Un argument toutefois les recommandera peut-être à la bienveillance du public : ce qui les a suggérées à l'auteur, ce n'est ni le goût du changement, ni le désir d'un monde meilleur, mais son expérience de l'enseignement, de ses joies et de ses difficultés.

Cette expérience, l'auteur l'a longtemps poursuivie en province. Il s'y est défait d'un préjugé commun en considérant les universités régionales comme des institutions " à part entière l'éloignement diminuant en lui la ferveur naturelle des Français pour Paris, pour ses pavés et pour ses marbres.

JULES VU LL LE M IN.

Normalien, agrégé de philosophie, docteur ès-lettres, professeur de philo- sophie aux lycées de Besançon, puis de Saint-Maur, détaché au C.N.R.S., Jules Vuillemin après avoir été professeur à la Faculté des Lettres de Clermont est professeur au Collège de France.

Co-directeur avec G. Granger de la revue L'Age de la science (Dunod), il a écrit de nombreux ouvrages parmi lesquels : Essai sur la signification de la mort (PUF, Paris 1948), L'Etre et le travail (PUF, Paris 1948), L'Héritage kantien et la révolution copernicienne (PUF, Paris 1950), Physique et Métaphysique kantiennes (PUF, Paris 1954), Mathématique et Métaphysique chez Descartes (PUF, Paris 1962), Introduction à la philosophie de l'algèbre, tome I, (PUF, Paris 1964), Le Miroir de Venise (Julliard, Paris 1966), De la logique à la théorie, cinq études sur Aristote (Flammarion, Paris 1967).

35.1623-4

H. S. C. 7.70

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