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La Restauration des Peintures Murales de la Chambre de Diane Château d’Ancy le Franc Le château d’Ancy-le-Franc renferme une collection exceptionnelle de peintures murales des XVIème et XVIIème siècles. Le décor peint est rarissime et classé parmi les plus importantes collections en France. Le commanditaire d’Ancy le Franc, beau-frère de Diane de Poitiers, seigneur, et 1 er baron Antoine III de Clermont-Tallard, au service des rois François Ier et Henri II, avait un goût prononcé pour l’Italie et la culture antique. Le palais d’Ancy le Franc, chef-d’oeuvre de Sébastiano Serlio, célèbre architecte italien appelé en France par François I er , fut bâti entre 1542 et 1550. Architecture classée par Androuet Du Cerceau (1520-1586) comme « l’Un des Plus Excellents Bâstiments de France » et la cour carrée d’Ancy le Franc sera le modèle pour l’architecte Lescot pour sa reconstruction du Louvre en 1546. Trois campagnes de décoration furent entrepris : vers 1547, 1578 et 1845. Le château occupe une place fondamentale dans l’histoire du décor peint en France. Cette demeure est la seule, avec le château de Fontainebleau, à conserver des décors appartenant à la première et à la seconde école de Fontainebleau. (Cf. dossier de presse général) Château d’Ancy-le-Franc, 18, Place de Clermont-Tonnerre, 89160 Ancy-le-Franc Yonne, Bourgogne Tél : 03 86 75 14 63 Fax : 03 86 75 10 30 Email : [email protected] Site Internet : http://www.chateau-ancy.com

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La Restauration des Peintures Murales

de la Chambre de Diane

Château d’Ancy le Franc Le château d’Ancy-le-Franc renferme une collection exceptionnelle de peintures murales des XVIème et XVIIème siècles. Le décor peint est rarissime et classé parmi les plus importantes collections en France. Le commanditaire d’Ancy le Franc, beau-frère de Diane de Poitiers, seigneur, et 1er baron Antoine III de Clermont-Tallard, au service des rois François Ier et Henri II, avait un goût prononcé pour l’Italie et la culture antique. Le palais d’Ancy le Franc, chef-d’oeuvre de Sébastiano Serlio, célèbre architecte italien appelé en France par François Ier, fut bâti entre 1542 et 1550. Architecture classée par Androuet Du Cerceau (1520-1586) comme « l’Un des Plus Excellents Bâstiments de France » et la cour carrée d’Ancy le Franc sera le modèle pour l’architecte Lescot pour sa reconstruction du Louvre en 1546. Trois campagnes de décoration furent entrepris : vers 1547, 1578 et 1845. Le château occupe une place fondamentale dans l’histoire du décor peint en France. Cette demeure est la seule, avec le château de Fontainebleau, à conserver des décors appartenant à la première et à la seconde école de Fontainebleau. (Cf. dossier de presse général)

Château d’Ancy-le-Franc, 18, Place de Clermont-Tonnerre, 89160 Ancy-le-Franc Yonne, Bourgogne

Tél : 03 86 75 14 63 Fax : 03 86 75 10 30 Email : [email protected]

Site Internet : http://www.chateau-ancy.com

L’appartement de Diane, Château d’Ancy-le-Franc Situé au rez-de-chaussée et aménagé au XVIe siècle par Antoine de Clermont –Tallard commanditaire du château, l’appartement de Diane est comme tous les appartements privés du château constitué de 3 pièces ; antichambre, chambre et cabinet : l’antichambre : dite la salle des Césars ou la salle des Empereurs, la chambre de Diane et le cabinet des « Dieux dans les niches ». Le décor nous apporte des informations capitales pour l’étude des peintures murales du XVIe siècle et l’ordonnancement d’un décor au sein d’un appartement. Une première campagne de décoration au château est réalisée à la construction du château vers 1550 par le commanditaire, Antoine III de Clermont-Tallard, puis une autre vers 1578, ensuite une autre campagne sous Charles-Henry de Clermont-Tonnerre, petit fils et successeur, à la fin du XVIe siècle, dans les années 1590. Les Clermont-Tonnerre, qui rachetèrent leur demeure familiale en 1844 des descendants du 1er Marquis de Louvois, tenaient à rendre aux pièces leur aspect original. Au fil des siècles chaque propriétaire laisse sa marque au château ….met au goût du jour les décorations, modifie, restaure, aménage…, et ce patrimoine fut également marqué par les outrages du temps. En 1999 la société Paris Investir acquiert le Château d’Ancy le Franc et son domaine et les récentes restaurations commencent. Le propriétaire entreprend l’étude complète du château, parc et domaine et la grande campagne de restauration du château débute, sous l’égide de la DRAC de Bourgogne et des Monuments historiques. L’état de certaines salles fût très critique et depuis cette date un ensemble considérable de travaux de restauration a été entrepris afin de remettre en état ce bel ouvrage du patrimoine. Ce travail de restauration comprend entre autres : 2001 : La restauration de la cour d’honneur (des 4 façades), qui a pu retrouver sa splendeur d’origine. 2003 : La restauration du porche Nord avec son balcon et les 2 colonnes.

Remontage final été 2005. 2004 : La restauration complète des cuisines et du salon Jaune. 2004 – 2006 Le nettoyage des 4 façades extérieures. 2002 –2005 La restauration complète de la peinture murale de la Galerie de Pharsale

2002 – 2013 La restauration du décor peint (10 panneaux muraux) de la Chambre de Diane (En deux phases 2002-2008, 2011-2013) Les travaux de restaurations ont eu lieu grâce aux subventions et l’aide de la DRAC Bourgogne. (Et pour certaines interventions – la galerie de Pharsale et la chambre de Diane - avec un partenariat de l’INP, l’Institut National du Patrimoine).

La Chambre de Diane Cette salle, située au rez-de-chaussée dans le pavillon Nord Est, abrite un décor peint rarissime du XVIème siècle attribué à l’Ecole de Fontainebleau. La salle constitue l’une des parties privées de l'appartement de la célèbre Diane de Poitiers, belle-sœur du commanditaire du château. Appartement aménagé et décoré pour - et en hommage à - Diane de Poitiers. Les peintures murales sont attribuées à l’école de Fontainebleau, exécutées dans les années 1590 par le peintre flamand Nicolas de Hoey.( Figure la plus marquante de la peinture à Dijon à la fin de XVI e siècle et peintre du roi entre 1599-1611).

Ancy-le-Franc. Plan du rez-de-chaussée. Plusieurs décors peints à Ancy le Franc sont attribués à ce même peintre flamand : au rez-de-chaussée les décors de l’appartement de Diane (antichambre, chambre et cabinet) et de la chambre de Psyché (située dans le pavillon Nord Ouest) et au 1er étage : les tableaux de la chambre de Judith (pavillon Nord Est) et deux panneaux des peintures murales de la Galerie de Pharsale, l’aile Sud, côté cour.

En 2000 la société propriétaire du château, Paris Investir SAS, engage une étude et diagnostique scientifique dans chaque salle du château. A partir de 2002 les interventions importantes de restauration sur les peintures murales dans la chambre de Diane débutent. De plan carré le pavillon nord-est, la chambre de Diane, est surmonté d’une voûte qui repose sur douze arcs amortis par des consoles doubles. Sur les murs le décor peint est organisé entre un lambris en bois haut, doté de rinceaux noirs, et les arcs formés par la retombée de la voûte. Le décor de la voûte, réalisé autour de 1560, est constitué d’un décor de grotesques et de médaillons avec des personnages mythologiques. Elle est dans son état origine, il n’y a pas eu d’interventions. Les panneaux centraux des murs sud et ouest accueillent 2 grandes compositions mythologiques : Diane surprise par Actéon et le Jugement de Pâris et sous les huit arcs sur les quatre murs : huit panneaux historiés entourés de faux cadres ; huit scènes de couples vêtus à l’antique ou scènes d’amoureux séparés par des médaillons en camaïeu situés sous les consoles (médaillons représentant Vénus et Cupidon, Bacchus, Minerve, Actéon, Diane, Jupiter, Neptune et Mercure).

Les peintures murales des 8 scènes de couples furent particulièrement très abimées et représentaient une dégradation extrême avec de nombreuses lacunes dans la surface picturale.

Les murs, sans doute déjà altérés par l’humidité, avaient été recouverts de papier peint vers 1830 sous Auguste de Louvois. À la fin du XIXème siècle, les papiers peints furent arrachés sans grands égards pour les peintures qui se trouvaient en dessous, entraînant la perte d’une grande partie de la couche picturale. Exemple de panneau avant restauration

Les restaurations dans la Chambre de Diane commencent …

2 périodes de restaurations ont eu lieu :

De 2002 à 2008 des interventions de restauration ont eu lieu chaque année à intervalle de 3 semaines par an - sous forme de chantier école –en partenariat avec l'INP (Institut National du Patrimoine).

Les différentes étapes de restauration :

Juillet 2002 Début de la désinfection des peintures murales Juillet 2004 Désinfection et traitement contre les micro-organis mes, nettoyage et éliminations des résidus de papiers peints et de co lle, consolidation, masticage Juillet 2005 Nettoyage, consolidation des enduits, refixage et c onsolidation de la couche colorée, rebouchage des lacunes d’enduits. Juillet 2006 Début de la phase de réintégration picturale Juillet 2007 Suite de la phase de réintégration picturale Juillet 2008 Suite de la phase de réintégration

Fin de chantier Octobre 2011 - juin 2013 :

Poursuite et dernière phase des restaurations du décor peint : interventions menées par une équipe de restaurateurs professionnels (certains ayant déjà travaillé sur la restauration du décor peint de la galerie de Pharsale au 1er étage entre 2003 et 2005). Chantier mené par Aline Berelowitsch.

LA RESTAURATION DE LA CHAMBRE DE DIANE Présentation générale La chambre de Diane est située au rez-de-chaussée du château dans le pavillon nord-est. Elle se présente comme une pièce de huit mètres sur huit percées de deux fenêtres au nord et à l’est. La voûte et la partie supérieure des murs sont intégralement peintes et le bas des murs est couvert de boiseries ornées de rinceaux noirs. En 1578 Antoine de Clermont fait réaliser le décor de la voûte de la Chambre de Diane. La campagne de décoration sur les murs se poursuivra sous Charles-Henry de Clermont-Tonnerre, petit fils et successeur, à la fin du XVIe siècle, dans les années 1590, réalisé par le peintre flamand de l’école de Fontainebleau, Nicolas de Hoey, figure la plus marquante de la peinture à Dijon à la fin du XVIe siècle, ouvrant également pour Henri IV à Fontainebleau. La voûte est ornée d’un décor de grotesques et de médaillons avec des personnages mythologiques. Sur les quatre murs dix panneaux historiés entourés de faux cadres sont peints par : huit représentent des couples vêtus à l’antique et qui n’ont pu être identifiés à ce jour, et deux des scènes mythologiques : Le Jugement de Pâris au centre du mur ouest et Diane et Actéon au centre du mur sud. Entre ces panneaux historiés des médaillons en camaïeu représentent des personnages mythologiques. Dans sa thèse sur Les décors peints du château d’Ancy-le-Franc et leur place dans la peinture en France entre le milieu du XVIème siècle et les premières décennies du XVIIème siècle (décembre 2004), Mme Magali Bélime-Droguet attribue les deux scènes principales et deux des couples à un peintre bourguignon d’origine flamande : Nicolas de Hoey.

Historique Occultation des décors peints Les murs, sans doute déjà altéré par l’humidité, ont été recouverts de papier peint vers 1840. À la fin du XIXème siècle, les papiers peints furent arrachés sans grands égards pour les peintures qui se trouvaient en dessous, entraînant la perte d’une grande partie de la couche picturale. Les deux scènes principales Jugement de Pâris et Diane et Actéon, furent alors largement repeintes. Résumé de l’étude menée en 2000 Technique Hormis la structure porteuse en pierre de taille, les murs et la voûte sont montés en petit appareil, recouvert d’enduits. Sur un premier mortier grossier (chaux, sable et graviers de rivière) un enduit fin composé de chaux, de sable et de fibres animales a été appliqué. Sur les murs, la couche picturale est mince, constituée d’huile ou d’une émulsion huile/protéine et de pigments. Réalisé avec un grand raffinement dans les détails et le dessin, le décor de grotesques présente les caractéristiques d’une peinture à la colle. État de conservation L’état de conservation des décors était inégal : le décor de la voûte usé mais ne nécessite pas une intervention immédiate. L’état des murs étaient en revanche plus préoccupant : très lacunaires, les panneaux figurés présentaient des problèmes d’adhésion de l’enduit (décollements) et des soulèvements de la couche picturale. Les couples et les médaillons étaient encore partiellement recouverts de résidus de papier peint, de colle brunie et étaient très encrassés. La colle a favorisé le développement de moisissures et de micro-organismes. Les deux scènes mythologiques, qui pouvaient paraître mieux conservées, étaient en fait très repeintes. Les repeints, qui débordaient largement sur la peinture originale, étaient altérés et désaccordés.

Le traitement des micro-organismes en 2003 La Chambre de Diane a été traitée en septembre 2003 avec un fongicide en solution aqueuse, appliqué en trois pulvérisations à 24h d’intervalle. Les interventions de restauration en 2004 et 2005 Les chantiers de 2004 et 2005 ont été consacrés aux interventions d’urgence : � Elimination et nettoyage des résidus de papier peint et de colle � Consolidation des enduits et refixage de la couche picturale � Bouchage des trous de l’enduit Des tests d’enlèvement des repeints ont également été effectués sur les deux scènes principales. Ces dernières, très fragiles, ont auparavant été consolidées et refixées. Le chantier de 2006 a permis d’aborder la phase finale de la restauration : la présentation esthétique des peintures, qui nécessite une réflexion de fond menée en collaboration avec la DRAC. Ces peintures étant très lacunaires, il s’agit de mettre en valeur l’original sans prétendre reconstituer des parties manquantes dont nous ignorons ce qu’elles étaient au XVIème siècle. La réintégration des petites lacunes, tout en respectant l’intégrité de l’œuvre, ne laisse pas place à l’interprétation et permet de rendre lisibles des scènes actuellement confuses. Des propositions ont été faites dans ce sens. Les lacunes sont comblées avec un mastic de restauration réversible, couleur ivoire ou teinté en gris sur les faux cadres et les architectures peintes. Des tests de réintégration sont effectués à l’aide de différents matériaux de retouche sur ces mastics de restauration : aquarelles, pigments + liant (résine synthétique stable et réversible)…Différents degrés et techniques de réintégration sont également proposés : retouches visibles ou illusionnistes. Les chantiers 2007 - 2008 Réintégration des cadres et des petites lacunes du 9 au 27 juillet. Le nettoyage et la réintégration du Jugement de Pâris ont été poursuivis parallèlement.

Panneau mur Ouest - Avant et après restauration Fin de chantier Octobre 2011 - juin 2013 :

Poursuite et dernière phase des restaurations du décor peint : interventions menées par une équipe de restaurateurs professionnels (certains ayant déjà travaillé sur la restauration du décor peint de la galerie de Pharsale au 1er étage entre 2003 et 2005). Chantier mené par Aline Berelowitsch. Durant cette période la formule du chantier –école ayant été abandonnée, une équipe de restaurateurs professionnels a continué et terminé le masticage et la réintégration des lacunes et mené à terme ce projet afin de permettre la réouverture de cette salle exceptionnelle aux visiteurs. Durant cette dernière période d’intervention a été traité la fermeture des dernières lacunes, grandes et petites, afin d’obtenir une lisibilité des peintures murales de façon que l’état de présentation global soit satisfaisant. Les lacunes ont été réintégrées en « rigattino » technique par juxtaposition de fins traits verticaux de couleur qui recréent l’image de façon que le travail de réintégration soit discernable de l’original. Ces spécialistes ont réussi à donner formes et couleurs à des paysages, des pans de vêtements, des parties de corps et des visages fragmentaires, des parties d’architectures. Un impressionnant travail de restauration a été réalisé et le résultat redonne une parfaite clarté, lisibilité et splendeur à ce décor peint qui est un témoignage exceptionnel du décor peint de 16 siècle en France. Chantier mené par Paris Investir SAS, société propriétaire du château, grâce aux subventions et à l’aide de la DRAC Bourgogne. (Architecte en chef des Monuments Historiques Mr Jean-François Lagneau, Inspecteur des patrimoines Mr Poisson Olivier DRAC Bourgogne, Conservatrice des monuments historiques, DRAC Bourgogne Mme Ullmann Cécile)

Nous sommes heureux de pouvoir présenter ce patrimoine et trésor de la Renaissance à partir de la saison 2014 :

Du 29 mars – 11 novembre pour les individuels et toute l’année pour les groupes sur réservation.

A cette occasion les visiteurs pourront découvrir une partie du rez-de-chaussée qui a été fermée depuis plus de 14 ans : Cette partie comprend l’aile Nord Est avec les pièces suivantes : la salle des Archives, dotées de magnifiques boiseries, le passage des bains, la cuisine d’été, le passage gris, l’anti Chambre de Diane « salle des césars » ou salle des Empereurs, la Chambre de Diane, le cabinet dit les « Dieux dans les niches » et l’une des anciennes salles des gardes, restaurée et aménagée en salle de classe.

Hommage à Diane ... Ode à la Beauté et à l’Amour

Maintenant après l’achèvement des restaurations, place aux historiens d’art pour étudier ces scènes de couples…. Quels sont les personnages représentés ici ? Quatre couples communiquent par l’échange d’un billet ; les autres par leurs mains qui se rejoignent. Ils font des gestes, les uns vers les autres …. S’agit-il d’échanges de mots doux ? .... Ou de bons conseils ? Il est intéressant de rappeler que Diane de Poitiers, la célèbre belle-sœur du commanditaire du château d’Ancy le Franc, jouait un rôle important à la cour royale. Est-elle évoquée ici …? Des indices pourraient nous le laisser croire : Diane ; la déesse mythologique, qui fut son emblème ; représentée sur la voûte et sur l’un des panneaux mythologiques au mur. Le peintre flamand, Nicolas de Hoey, traite-t ‘il les visages des personnages féminins ici sous le trait de Diane de Poitiers ? Comme il le fait dans ses tableaux représentant Judith dans la chambre de Judith au 1er étage…. ? Peut-être l’un dernier mystère de la chambre de Diane …. Les 2 scènes mythologiques (issues des « Métamorphoses » d’Ovide) Diane au bain surprise par Actéon Un jour, Actéon, dans une partie de chasse, surprend Diane, déesse de la foret, de la chasse et de la lune, au bain. Furieuse, elle lui jette de l'eau au visage ; il est aussitôt métamorphosé en cerf et dévoré par ses chiens.

Thème de l’Antiquité et histoire mythologique très en vogue au XVIème siècle. Référence directe à la célèbre belle-sœur, Diane de Poitiers et toutes ses vertus. Symbole de force, beauté, chasteté, pouvoir, puissance, intelligence …

Le style de cette peinture s’inscrit dans la continuité de la tradition bellifontaine et italianisante (nudités vigoureuses, membres élancées, composition de nombreuses figures) Les nymphes sont représentées quasiment de grandeur nature, voire plus grand.

Le Jugement de Pâris Un jour qu'il garde ses troupeaux, Pâris, prince troyen, voit apparaître devant lui les déesses Vénus, Athéna et Héra, qui lui demandent de choisir à qui la « pomme de discorde », destinée « à la plus belle », doit être remise. Pâris opte en faveur d'Aphrodite, qui lui promet l'amour de la plus belle femme du monde. (Il enlève ensuite Hélène, femme de Ménélas, ce qui déclenche la guerre de Troie). Cette scène nous renvoie à la problématique générale du choix évoquant les choix que l’on doit assumer dans la vie entre l’amour, la puissance et la sagesse.

Programme iconographique de la Voûte La voûte est dans son état origine, il n’y a pas eu d’interventions. Elle est ornée d’un décor exceptionnel et en très bon état de conservation. Un décor à grotesques et de médaillons avec des personnages mythologiques.

La voûte dont le centre est occupé par l’écu des Clermont est divisée en quatre compartiments

par des motifs en forme d’épée stylisée décorée de chutes de grotesques. Chaque compartiment accueille sous un édicule et de part et d’autre de celui-ci un dieu mythologique ou une vertu. Des médaillons et des cartouches historiés se détachent au niveau de la retombée de la voûte sur un fond jaune.

La date de 1578 et des inscriptions sur fond blanc soulignent les arcs : VANITAS VANITATUM

ET OMNIA VANITAS (Vanité des vanités, et tout est vanité), NON NOBIS DOMINE SED NOMINI TVO DA GLORIAM (Seigneur donne la gloire non à nous mais à ton nom) et FUGERE NON PUTAREM, FUGERE NON PUTABAM (Je ne pensais pas fuir, je n’avais pas pensé fuir).

Les quatre saisons et les dieux de l’Olympe constituent les thèmes principaux du décor de la voûte. Pour ce qui est de la voûte ornée d’un décor de grotesques et de médaillons, elle a certes souffert de dégradations mais n’a jamais été retouchée ; celle-ci est d’ailleurs encore lisible. Nous distinguons les quatre éléments l’Air, le Feu, la Terre et l’Eau. Le compartiment Nord est dédié à l’Air. La figure de Saturne ou du Temps, représentée ici, symbolise l’éternité, le mouvement perpétuel du jour et de la nuit, traversés l’un par l’hirondelle, l’autre par la chauve-souris. Les figures aux ailes de libellule constituent quant à elles une évocation des heures. Le médaillon représentant Léda et le cygne évoque l’amour qui vient du ciel. Dans le compartiment Ouest, Vulcain, dieu du feu. C’est lui qui a forgé les ailes et les flèches de Cupidon que l’on voit aux côtés de Vénus, représentés à gauche de l’édicule. Cette déesse a pour attribut les colombes qui symbolisent l’amour mais aussi la paix. Le guerrier placé de l’autre côté de l’édicule, représente Mars, dieu de la guerre et amant de Vénus. Sous l’édicule, un médaillon accueille Jupiter. Le compartiment Sud met en scène la Terre, incarnée par la déesse Gaia ou par Cybèle qui en est une personnification allégorique. Cette figure est accompagnée d’un cerf, d’un chien, d’une chèvre et de deux enfants dont l’un est en train de téter. Autour de l’édicule on distingue Cérès (Eté), Bacchus (Automne) et Flore (Printemps) qui sont les dieux de trois saisons pendants lesquelles la terre est féconde. Tous les éléments du compartiment Est font référence à l’Eau. Diane assise dans l’onde et tenant une aiguière, Neptune sur son char marin, une naïade, des dieux fleuves, des tritons, des dauphins, des fontaines, des joncs mais aussi des coquillages.

détail voûte Les grotesques Des guirlandes et des bouquets de fruits et de fleurs rythment régulièrement la voûte. De nombreux animaux au naturel se promènent et volent entre les personnages : des oiseaux de toute espèces (hirondelle, cygne, perroquet, coq...), des escargots, des papillons, des libellules, des singes et des chiens. Dans les angles inférieurs, sous les motifs de glaives, sont disposés des masques cornus auxquels sont attachés des rinceaux d’où émergent des termes masculins. Le décor de la retombée de la voûte est le même sur les quatre murs : des satyres et des nymphes qui tiennent des cornes d’abondance encadrent les médaillons qui se trouvent sous les édicules. A leurs pieds et un peu en contrebas, une cartouche est tenue à bout de bras par un satyre debout. Entre ces éléments, se déroulent de fins rinceaux. Les grotesques et les motifs décoratifs sont disposés en symétrie suivant un tracé préalablement établi. Chaque papillon ou chaque oiseau possède son pendant, avec pour seule différence la couleur des ailes. Lorsque, parfois, le motif change, comme c’est le cas autour des édicules, le peintre a veillé à représenter un motif d’encombrement similaire : un bouquet, une fontaine et un autel. Ces grotesques ont aussi la particularité de s’organiser en lignes successives, quasiment les uns au-dessus des autres. Ils sont soit posés sur des structures géométriques, soit suspendus à des rubans. Très espacés, ils ne naissent donc pas les uns des autres, c’est pourquoi les liaisons fantastiques sont pratiquement absentes. Seuls les termes qui émergent des rinceaux dans les angles de la voûte et les personnages qui soutiennent l’ombrelle possèdent ce caractère hybride. Ce goût du naturalisme, aussi bien dans les végétaux que dans les animaux, peut être mis en relation avec le thème des quatre saisons mais les grotesques n’en acquièrent pas pour autant de signification particulière. Leur rôle reste essentiellement décoratif. détail voûte

Historique de l’antichambre et du cabinet de l’appa rtement de Diane - Salles non restaurées -

L’Antichambre de Diane, dite la Salle des Césars

ou la Salle des Empereurs Cette salle n’a pas encore été restaurée. Le décor peint de XVIème siècle qui est partiellement couvert par des repeints au XIXème siècle, ne nécessite pas, à ce jour, une intervention urgente en termes de restauration.

Des traces de modifications de différentes époques sont visibles. Divers aménagements, pose de cloisons et aménagements liés à une installation d’un système de chauffage au XIXe siècle et un dégât des eaux important causèrent d’importantes mutilations au décor dans cette salle. La voûte repose sur des arcs amortis par des consoles simples. Sur la voûte figure une composition à médaillons sur fond de grotesques (guirlandes de fruits, masques, animaux hybrides, couronnes de fleurs, rinceaux, décor de feuillage….) Ces arcs se détachent sur un fond à grotesques jaune au sein desquelles des cartouches et des médaillons en camaïeu rouge et noir rythment l’espace. Chaque arc est alternativement orné d’une figure de Vertu et d’un profil d’empereur romain. Les empereurs romains sont représentés dans l’ordre chronologique. A partir de l’angle sud-est : Jules César, Auguste Octavius, Tibère, Caligula, Claude Drusus, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus et Domitien. Les vertus morales : Tolérance, Charité, Chasteté, Foi Les vertus intellectuelles : Science, Art, Prudence, Intelligence, Sagesse. Le décor à médaillons sous les petits arcs ainsi que le décor peints de faux lambris, sont typiquement italiens. Après de décès d’Antoine de Clermont en 1579, le décor de la voûte et le décor sous les grands arcs devaient sans doute rester inachevé. Les grotesques qui constituent le fond du décor de la voûte ont été pour les plus altérés d’entres-elles grossièrement restaurées au XIXème siècle. Les cartouches et les petits médaillons peints au milieu des grotesques nous apportent des éléments de réflexion pour ce décor mis en place en 1578. Représentation de Bacchus, Cérès, Pluton, Neptune…divinités de la mythologie Gréco-romaine, avec satyres, chimères, nymphes, amours, figures hybrides….. Peut-être une évocation des amours terrestres aux différents stades de la vie avec notamment cet amour qui tente de réchauffer les ardeurs du vieillard en attisant un feu. Une évocation des quatre éléments ; Ganymède incarnerait l’air, Neptune l’eau, Cérès la terre et le vieillard qui se réchauffe tout naturellement le feu. Cette salle est également comme connue comme la salle des échos. Grâce à sa voûte elliptique, la salle a la particularité de créer un effet de « parabole » : deux personnes, se posant aux angles opposés, chuchotant tout bas, s’entendent de façon amplifiée, il y a un retour accentué de paroles.

Le Cabinet des « Dieux dans les Niches » Nous supposons que la dernière restauration des peintures murales de cette pièce intervient au même moment que celle de l’antichambre et de la Chambre de Diane, vers 1891. Largement replâtrée et entièrement peinte en blanc, la voûte restaurée (suite à un dégât des eaux au XIXème) laisse deviner par transparence la présence du décor ancien qui était composé de l’écu des Clermont entouré du collier de l’ordre de Saint-Michel comme on peut le voir également sur la voûte de la chambre de Diane. Les murs furent recouverts, sous Auguste de Louvois vers 1830-1840, du même papier peint que celui posé dans la chambre de Diane. Ce dernier ne fut que partiellement enlevé, laissant apparaître six dieux dans des niches situés aux angles de la pièce avec au-dessus de chacun d’eux, un petit médaillon en camaïeu gris. Les restaurations au XIXème siècle concernèrent essentiellement les niches alors qu’elles se révèlent ponctuelles sur les dieux eux-mêmes. Dans la partie supérieure des murs, au-dessus des niches, sont encore visibles deux grands médaillons à sujet dont les cadres sont entièrement repeints. Tant que les papiers peints couvrent les murs, le décor initial est protégé. Avant de commencer des interventions dans cette pièce, d’autres projets plus urgents devront se poursuivre.

Château d’Ancy-le-Franc, 18, Place de Clermont-Tonnerre, 89160 Ancy-le-Franc Tél : 03 86 75 14 63 Fax : 03 86 75 10 30 Email : [email protected]

Site Internet : http://www.chateau-ancy.com