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RifRaf février 2012

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Interviews avec Sharon Van Etten, Trailer Trash Tracys, Gonjasufi, Leaf House, Dan San, PIAS, First Aid Kit, Christophe Pirenne, Perfume Genius

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RELEASE: 13.02INCL. ‘WHISTLING’ AND ‘YEAR OF THE RAT’

PRODUCED BY NIEK, BENT & REINHARD FROM DAS POP & THE HICKEY UNDERWORLDMIXED BY DAVE SARDY (BARKMARKET, HELMET, NINE INCH NAILS, …)

THEHICKEYUNDERWORLD.COM - PIASRECORDINGS.COMW

LIVE:10/02 – TRIX, ANTWERPEN

11/02 – ROTOWN, ROTTERDAM (NL)12/02 – PARADISO, AMSTERDAM (NL)17/02 – NOUVEAU CASINO, PARIS (FR)

18/02 – DE KREUN, KORTRIJK19/02 – CACTUS, BRUGGE

22/02 – AB, BRUSSEL (SOLD OUT)23/02 – HET DEPOT, LEUVEN

25/02 – DE CASINO, SINT NIKLAAS26/02 – VOORUIT, GENT

experience music differently

mogwaiTOM SMITH (EDITORS)

daan agn es obeljoan as po lice woman

mogwaiTHURSDAY 16.02.12

f i r s t a i d k i t R O S C O E o s c a r a n d t h e w o l F

FRIDAY 17.02.122manydjs (live)

Laurent Garnier lbs ETIENNE DE CRECY (dj) M83 (LIVe) MoDeSeLeKToR (live)

T H E T O X I C AV E N G E R ( l i v e ) R av i n g g e o r g e ( d j )m r nô ( l i v e ) at ta r ! ( d j )

t o u r & ta x i s b r u s s e l sW W W . p i a s n i t e s . c o m

Baloji17/02 Flémalle

Centre culturel Rue du Beau Site, 25

Support-Act : Abel Irie et Psoman Entrée : 8€ (1,25€ Art.27) - 04/275.52.15 - www.ccflemalle.be

20h30

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Colofonwww.rifraf.beAnnée 18 nr. 177rifraf est une édition de B.Z.&T. bvbaAdegemstraat 192800 mechelene.r. mieke deiszpas en janvier et aoûtrifraf mars sort le 01 mars

rédactionfabrice delmeiretél 0486/31 74 [email protected]

insertions publicitairesMieke DeiszTél. 015/42.38.76.-0485/[email protected] reservation: 15 fev

Agendatél 015/42.38.76 [email protected]: 17 fev

collaborateursnicolAs AlsTeen, JeAn-BApTisTe De clerfAyT, pATrick foissAc, DAniel frAnco, AlAin GeorGes, lAurenT Grenier, Gery lefeBvre, Anne-lise reMAcle, GABriel séverin, eric Therer, fABrice vAnoverBerG, ToM veA...

Dessins : Issara Chitdara

Layoutpeggy [email protected] Imprimerie:corelio printing, anderlecht

[email protected]: 13 eurofrance: 25 euro (une année: 10 nrs)compte: 320-0133796-06communication:rifraf f + nom + adresse

“réalisé avec l’aide de la communauté française de Belgique - Directiongénérale de la culture - service des Musiques”

177 année 18 •fev 2012

© Siliconcarne.be

L’équipe d’RTL m’a trouvé naturellement insupportable (je dois avoir un don pour ça), tandis que je lui faisais remarquer que le monde entier n’avait pas une urgente nécessité de savoir que je prenais mon petit-déjeuner au Roi Des Belges. Qu’il eût été courtois de demander une autorisation de diffusion (là, le journaliste se tourne vers son caméraman/reporter d’images : - On doit demander une autorisation? L’autre acquiesce : - Ouais, on d’vrait); que quitte à se retrouver dans des plans de coupe, autant qu’ils soient signés d’un grand couturier. De l’importance du costume.Nuitamment, à l’Archiduc, l’ambiance est comme à son habitude, plus feutrée. La fille se fait appeler Kriss. On a à peine franchi le seuil depuis, quoi, deux minutes, la voici déjà qui se dépoitraille, ouvre son chemisier à carreau époque grunge (quelle hérésie), bombe le torse, se plaint de ses seins qu’elle trouve trop petits tout en les soumettant à l’examen. Tandis que la France bruisse de la perte de son AAA, Kriss souhaiterait échanger son bonnet B pour un bonnet C. - Le reste ce n’est que de la technique, de l’ingénierie, de la triche, souffle-t-elle. Bonnet blanc et blanc bonnet. Quand, debout, elle croit bon également d’exhiber ses dessous-dessous, l’improbable minet qui lui tient lieu de souteneur et qu’elle présente comme son meilleur ami gay, l’attrape par le poignet et lui enjoint de lever le pied - quelle gymnastique! Ce qu’elle oublie prestement pour valser de table en table, à califourchon sur tel fauteuil club, bientôt pendue ici au cou d’un démiurge qui en laisse choir son ouvrage, là tirée à hue et à dia au milieu d’un trio grivois d’un certain âge, aux rictus liquoreux vieillis en fût. Des Cosmopolitan, des bières danoises, des Gimlet, offrant son corps à l’examen de la collectivité, Kriss renverse beaucoup, plus encore qu’elle ne s’épanche. Pour l’heure, aucune caméra pour filmer ça. Dans le sas menant aux sanitaires, jaillissant en poussant la porte battante, elle minaude encore - Arrêtez de vous faire passer pour un bi, je sais bien que vous êtes hétéro; tout en me mettant la main au paquet. C’étaient des Camel Bleues, je crois.

Quitte à jouer, on peut s’éprendre de jeux de rôles plus singuliers. (Lindon:) - Si je mets un costume et une cravate, qu’est-ce qui m’empêche d’être Premier ministre? « On dirait que je serai le président de la République, on dirait que vous seriez mon Premier ministre ». Sur ce fougueux postulat, piquant comme un bonbon Napoléon, Alain Cavalier (réalisateur buissonnier depuis les années 60, devenu depuis un chantre de la caméra journal - il filme quotidennement comme d’autres font de la cardio) reçoit chez lui Vincent Lindon, l’acteur (tel qu’en lui-même), puis lâche la bride pour s’élancer dans un galop d’essai.

Or il s’avère rapidement que ‘Pater’ défouraille à tout va avec une force tranquille. Armé de sa petite caméra Sony qui lui a permis d’atteindre (à) une nouvelle forme de cinéma, c’est sans autre forme de procès que Cavalier fait basculer le réel, chahute la fiction d’une ivresse joyeuse - on pense tout à la fois au bonheur d’un Nany Moretti chevauchant sa Vespa du temps, tiens, d’un fameux ‘Journal Intime’ ainsi qu’à la ruade d’un Antiteater chez Fassbinder. Carnet d’instants, scrapbook toujours épris de liberté lorsqu’il s’agit de faire ‘Le Plein de Super’, par l’élégance radieuse de son dispositif ‘Pater’ interroge avec une liberté de réflexion sidérante les rouages du pouvoir. Il suffit de croquer en ses juteux quartiers d’état-major au débotté, en ses parti(e)s de campagne et déjeuner sur l’herbe, réunions d’alcôve entre deux portes, messes basses d’apartés pour que soudre (à résoudre et dissoudre) la cérémonie enfantine du jeu, de ces âges où l’on peut encore poser les bonnes questions.Dans ce Think Tank malicieux et jubilatoire, où l’on débouche volontiers plus souvent qu’à son tour une bonne bouteille, Vincent Lindon jubile de tous les plans avec une gourmandise contagieuse. (Le Président:) - On m’a remis ceci pour vous. Qu’est-ce que vous allez faire de cette photo? (Le Premier Ministre:) - Je ne vais rien faire de cette photo. Peut-être, un jour, je lui dirais, à mon adversaire, que je l’avais cette photo, que je ne m’en suis pas servi. Avoir ce plaisir là... De l’importance du choix. Le nouveau disque de Sharon Van Etten a revêtu ses plus beaux atours, s’avançe pas bégueule avec l’assurance des grands albums classiques qui ne se la racontent pas. Sharon Van Etten, chanteuse, s’y voit donner la réplique par une flanquée d’acteurs majeurs de l’internationale pop. Epaulée par une production de grande classe, présentant la belle robe des grands crus, qu’est-ce qui l’empêcherait d’être une des grandes voix d’aujourd’hui? On dirait que je serai un auditeur lambda, vous seriez ma première dame. Mademoiselle, vestiaire! En sortant de L’Archiduc, vous serez gentils de laisser les filles dans l’état où vous les avez trouvé. Une fois tourné le coin, je claque des doigts pour éteindre les lampadaires. Beam Me Up, Scotty!

Texte : Fabrice Delmeire

Un film : ‘Pater’ de et avec Alain Cavalier, Vincent LindonUn disque : ‘Tramp’ de Sharon Van Etten

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Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte: Danie l Franco I Photo: www.si l iconcarne.be

A l’essai

A l’heure de la grande refonte du Love On The Bits, quoi de mieux que de convoquer un duo d’anciens combattants à l’annonce de la bonne nouvelle (amen). De nos deux figures culte, Fennesz et sakamato, difficile de recourir au départage des compétences, tant leur complémentarité semble couler de source sur le double ‘Flumina’ (Touch). Maître absolu des nappes post-aquifères depuis ‘Endless Summer’, l’Autrichien ne déroge pas à sa règle, éprise d’une subtilité toujours bienvenue. Jamais passé de mode, ou alors démodé à jamais (ce qui, au fond, revient à l’identique), le pianiste japonais vénère plus que jamais un minimalisme pianistique qui n’a rien de paresseux ni de compassé. Plus que jamais en phase avec le grand Sylvain Chauveau, c’est dire si on aime, sa fréquentation des touches noires et blanches laisse à chaque participant un degré d’amplitude serein et apprivoisé qu’on ne peut que recommander. Un bémol ? Une certaine monotonie sans gravité, peut-être. *** Ex-membre de Jaga Jazzist et MoHa!, anders Hana joue pas moins de six instruments sur le LP ‘Dead Clubbing’ (Drid Machine Records) et on peut dire que ça cogne. Une idée, un concept ? Imaginez le premier cité jouant du Shellac et la vérité ne doit pas être bien loin, quand ce ne serait pas Ignatz en mode McLusky. Vingt-quatre minutes dans la tronche, pan ! *** Voici trois-quatre ans, les collages sonores de Lukas simonis et Takayuki Kawabata avaient trouvé le chemin du Top 10 annuel de votre serviteur (qui n’en renie pas une seule seconde). Toujours aux commandes, l’inclassable musicien néerlandais se lie à l’Américain CandLesnuFFer pour une autre bizarrerie à peine moins réjouissante. Tripotages free jazz tendance noise, échos de Pierre Bastien à la recherche des Editions Mego anno 1996, ‘Nature Stands Inside’ (Hellosquare / z6)) débloque tout un spectre grinçant où le mot exploration prend un sens totalement démantibulé. Pfiou, c’est bien mais ça se mérite. *** Tiens, en parlant du label autrichien au nom de bout de cigarette, il n’est pas en reste ce mois-ci, les autres non plus me direz-vous. Trêve hivernale, mon cul, pour un disque kriiii-prrrr-dzzzz dont la maison viennoise s’est faite le chantre absolu. On entre dans le trip à fond ou on se demande si la vie a bien un sens, ‘ACID nO!se Synthésis’ de russeLL HasweLL trônera tout au sommet de mes disques inécoutables en présence de belle-maman (très Yasunao Tone-like indeed). *** Tiens, à propos d’escapades sonores, ‘Static Island’ du Frenchie basé à Bruxelles aymeriC de tapoL (Tsuki Boshi) pose les limites des créations sonores où les bruits du quotidien brassent les relents de l’informatique. Un jour, on se dit qu’on a trop souvent entendu ça et on zappe à gogo, trois jours plus tard, on rentre à donf dans la manœuvre et on s’imagine transbahuté dans une zone tempétueuse dont on ne veut plus ressortir. Faites vos jeux, m’sieur dame, rien ne va plus le lundi, tout va mieux le jeudi.*** Moitié du duo ambient nippon Opitope (dont le déja ancien ‘Hau’ ne cesse de nous faire tomber en amour, tabernak), tomoyosHi date forme avec l’Américain de Tokyo Corey FuLLer la paire iLLuHa. Première collaboration, ‘Shikuzu’ traine langoureusement quelques accords de guitare ou de piano préparé (entre autres) sur un vocabulaire brumeux convenu. Dommage, en dépit des très intéressants échos à la Six Organs of Admittance sur le premier morceau ‘Rokuu’ mais de trop longs moments d’absence typically 12K font bien vite bailler. *** Restons au pays de Keiji Haino via un détour par l’Australie du label Room40 pour la sortie suivante, ‘Documental’ du quatuor nippon minamo. Ici aussi, des instruments acoustiques côtoient l’électronique, pour un résultat loin d’être aussi banal qu’une rapide lecture pourrait laisser entendre. Passées les premières dizaines de secondes, on se laisse vite attraper par les échos faussement apaisés de cette seconde sortie sur l’officine de Lawrence English. Percussions domestiques, atmosphères relâchées au-delà de tout cliché exotique, grincements fugaces et sincères, tout concourt pour transformer un objet à priori nul et non avenu en signe avant-coureur d’un temps où Colleen, Fennesz, Prurient et Tape s’associeraient pour de bon. Y’a bon, dis donc. *** Restons en les terres amicales de Room40 pour l’énième sortie de pimmon, alias bien connu de l’Aussie pauL GouGH dont nous avions déjà goûté un ‘Afternoon Tea’ aux côtés de Fennesz, Ambarchi, Rehberg et Rowe (quelle affiche quand on y repense dix ans plus tard). Toujours maître des sculptures sonores au sens entendu par le duo KTL, l’homme de Down Under exploite sur ‘The Oansome Orbit’ une palette à la fois noircie au charbon de Stephen O’Malley tout en recherchant les teintes davantage orageuses à la Bruce Gilbert, voire les perfusions vrombissantes de Fenn O’Berg. Inutile de creuser plus longtemps le name dropping, on voit bien le genre et on s’y replonge souvent avec délectation. Ouais, ça rime avec appréhension. *** Lors du dernier numéro de RifRaf, oui celui avec les Tops des rédacteurs, ‘El Tren Fantasma’ de Chris Watson, LE disque de musique concrète de ces derniers temps, figurait, à deux reprises svp, en très belle posture. Dans un genre similaire, où le Mexique fait toutefois place au Costa Rica, la Malaisie et Hong Kong, ‘Four Wanderings In Tropical Lands’ d’emmanueL mieviLLe ne suscite qu’irritations incomprises et ennui crépusculaire. Dommage, ce ne sera pas faute d’avoir voyagé… *** Ultime proposition du mois, ‘Poststop’ voit le passionnant label portugais Cronica convier quelques habitués des lieux (marC BeHrens, @c) et invité prestigieux (BLaine L. reininGer de Tuxedomoon). Résultat physique d’un workshop et du concert qui l’a suivi en octobre 2010 à Porto, l’objet devrait principalement parler aux participants de ces deux jours. En dépit d’un morceau totalement obsédant (‘The Post-Apocalyptic Shopping Mall’) où l’ensemble des protagonistes est rassemblé sur scène au son de la basse de M. Reininger, le reste intrigue plus qu’il ne séduit.

Tous mes vœux bien sûr pour l’année qui vient, qui est même déjà là, mais surtout les bonnes résolutions. Je m’engage à écouter plus de musique que l’année écoulée, sinon en quantité, du moins en diversité. Moins de Leonard Cohen, moins de Bob Dylan, moins de Bach. Je m’engage aussi à envoyer mes chroniques dans les délais… à compter du mois prochain. Aujourd’hui, je vous demande pardon, je n’ai vraiment pas le temps. Aussi je me contenterai de vous recommander quelques lectures pour 2012, surtout des poètes. Lisez Gary Snyder, notamment Premier chant du chaman et autres poèmes si ça se trouve encore dans le commerce, en particulier le poème intitulé « Breasts » qui contient peut-être le plus beau vers qui ait jamais été écrit sur la philosophie. Lisez aussi le prix Nobel de cette année Tomas Tranströmer, pour sa capacité à produire de la féérie avec trois fois rien, et pour ses métaphores inattendues et exceptionnelles, telles que celle qui ouvre le poème « Gogol » et qui compare un « veston élimé » à ce mélange de persévérance et de vulnérabilité austère et fière qui caractérise la progression de « loups en bande ». Lisez le dernier livre de Jean-Christophe Bailly intitulé le Dépaysement, et si vous l’aimez, lisez ses livres précédents en remontant le cours du temps et vous découvrirez, quand vous arriverez à ses tous premiers recueils qu’il écrivit très jeune, par exemple

Le 20 janvier publié en 1980 chez Christian Bourgois, qu’il s’agissait déjà d’un des plus grands écrivains vivants de langue française. Dans la catégorie des Français vivants encore, ne laissez pas passer les Leçons sur la langue française de Pierre Guyotat, où est transcrite la parole vive, si alerte et en même temps si prudente, parfois même interrompue ou essoufflée - comme une grande tache de vin que percerait par endroits le blanc de la nappe - de celui qui ces dernières années, avec Coma puis Arrière-fond, à livré au moins deux chefs d’œuvre. Lisez l’Elimination, le livre que le cinéaste cambodgien Rithy Panh a coécrit avec Christophe Bataille, parce que peu de livres de ce genre existent et parce que peu de personnes de ce genre existent, je veux dire des personnes du genre de Rithy Panh, même si – assez paradoxalement – c’est sur l’infime minorité de personnes de ce genre que repose le sens de ce que nous appelons le « genre humain » (expression, soit dit en passant, qui ne tient qu’à un fil et sur laquelle il faudrait par conséquent cesser de tirer, de tirer ou de jouer, comme si c’était une corde). Dans la catégorie des essais, pardonnez-moi, beaucoup de choses m’ont échappé, mais à ceux qui souhaiteraient une initiation à la discipline, je recommande vivement les Tempéraments philosophiques de Peter Sloterdijk, ouvrage aussi léger que précieux et qui partant mérite véritablement l’appellation généralement galvaudée de « petit bijou ». Il y a beaucoup d’autres livres bien sûr, mais comme je vous l’ai dit, ce soir je n’ai pas le temps d’écrire, et peut-être qu’après tout, vous n’avez pas non plus tellement le temps de lire. Depuis le mois de novembre 2011, je suis professeur de philosophie dans un lycée en banlieue parisienne. Mon cours de demain portera sur la notion de travail chez Marx et chez Hannah Arendt. Marx croyait que l’épanouissement humain des travailleurs était possible, mais que le capitalisme y faisait obstacle. Un siècle plus tard, Arendt rétorquait que le système de production capitaliste avait vraisemblablement cessé de faire obstacle, mais que plus personne ne cherchait encore à s’épanouir au sens où Marx l’entendait, c’est-à-dire en un sens noble. Lire un livre ou des livres, y compris ceux de Hannah Arendt, c’est contribuer à ralentir la vitesse avec laquelle cette perspective sombre s’approche de nous, ou au contraire accroître la cadence à laquelle nous nous en éloignons.

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Texte : Alain Georges

Méditation le matin, révélation l’après-midi, communion le soir: on entre en techno comme on entre en religion.

Des appelés, des élus et un seul commandement: “Aime les machines comme toi-même”, Kraftwerk 19,78.

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire

descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores

mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Ping-Pong

Texte : Eric Therer

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Il est des épiphanies qui tombent à point nommé, au moment opportun. Ainsi de celles qui surviennent au cours des premiers jours de janvier. Je veux parler de ces jours blêmes et vacants ouvrant le calendrier annuel. Vous êtes un onze janvier. Les fêtes et le boudin sont loin derrière. Vous êtes repu de fêtes et de mondanités. Vous aspirez à un grand vide, à un grand ciel blanc exempt d’artifices. Vous êtes à un moment charnière, celui où vous atteignez la date d’expiration pour souhaiter la bonne année à vos proches et à vos connaissances diverses. Et pourtant c’est une carte – une simple carte postale – qui vous a mandé à une soirée dénommée ‘Ping-Pong’.

Les soirées Ping-Pong se proposent d’explorer « les rapports entre l’œil et l’oreille et vice-versa », combinant projections d’images avec un accompagnement musical, live de préférence. Tous les semestres environ, elles investissent la petite salle du sous-sol du Centre Culturel des Chiroux, à l’ombre de la Tour Kennedy, au centre de Liège. Ce soir, c’est au tour d’un combo au nom douteux de s’expliquer. MLEOP : Même Les Oiseaux Puent.

Trois musiciens se tiennent à la gauche de la scène, ayant pris soin de laisser le champ libre aux spectateurs de contempler l’écran qui a été posé de l’autre côté. C’est de manière simultanée quasi-parfaite que les premières images cernent la toile au moment même où les premières notes occupent l’espace. Très vite, on pressent que l’on aura affaire à des extraits choisis d’une anthologie sélective et amoureuse du cinéma. Et pourtant, entre René Clair et les Frères Lumières, surgissent des portions de films de propagande russe et cubaine surannés et, plus tard, des fragments visuels criards de l’univers consumériste états-unien. Si la plupart des scènes ont été laissées en leur pristin état, certains passages ont été démontés et remontés à l’envers. La séquence forme un patchwork ayant pour thème central la modernité, ses affres et ses artéfacts, ses nœuds routiers et ferroviaires, ses gratte-ciel et ses maisons obsolètes à abattre. C’est une sorte de ‘Koyaanisqatsi’ du début du siècle dernier défilant au ralenti.

MLEOP revendique et clame sa démarche, celle du pillage. Un Pillage avec une majuscule. Pas seulement en usant et abusant des coffres à images de la banque universelle du cinéma historique mais davantage encore en y recourant pour consolider son trésor de guerre sonore. La musique proposée ce soir n’est pas un simple addenda aux images filmées, pas plus qu’elle ne constitue un accompagnement servile aux films qu’elle sert. Elle foisonne d’emprunts détournés et abonde en mini-parodies, voire en caricatures ostentatoires. Il importe peu ici de dresser l’inventaire des styles passés en revue et d’énumérer les instruments utilisés mais il convient de relever les principales caractéristiques physiques qu’elle dégage : masse, vélocité, entropie.

C’est bien une forme de joute cinétique qu’il nous est donné de voir et d’entendre ce soir. Et elle nous ravit tant elle est dense et implacable. Pour l’heure, les murs épais des fondations des Chiroux nous prémunissent des interférences du dehors. Les sirènes des pompiers se sont tues. Quelques heures auparavant des flammes titillaient la Tour Kennedy au point de requérir le bouclage du quartier. Pour peu, on frôlait un remake bon marché de ‘La Tour infernale’. Un pillage fortuit malgré lui. Faut-il voir dans cet incident une coïncidence sans conséquence où l’ombre d’une prémonition fatale ? La question demeure ouverte, tel l’échange de balle dans un jeu de ping-pong.

P.S. : Henri Gonnay a fondé et joué dans Madadayo et Some Tweetlove, un lien : www.myspace.com/556894691

Puisque l’arrivage mensuel s’y prête, procédons par paquets de deux et attaquons par la pile “techno au kilomètre”, composée de la triple compile anniversaire de chez Drum Code et du ‘Mixed: Volume One’ de Little Helpers, le label de Butane. Deux albums présentés par des communiqués de presse pas vraiment subtils où il est question de «futur de la musique» et d’»art véritable», rien que ça. «Ennui profond», «conformisme moutonnier» et «exagération patente» auraient évidemment été plus justes. (Butane laisse entendre qu’à la troisième écoute de son mix, un miracle auditif devrait s’opérer. Si vous avez la patience, vous me raconterez ça, d’accord?) *** On enchaîne avec la pile en provenance du label Mego: où il s’avère que là aussi, la déception sera cruelle. Question: y a-t-il la moindre chance qu’un seul lecteur de RifRaf s’intéresse à ‘Soft Coast’, une oeuvre confidentielle du canadien no

ufo’s sortie initialement en cassette et aujourd’hui rééditée en… vinyle? J’imagine mal un autre destin pour ce pot-pourri electro-kraut-drone séquencé au cutter que de prendre la poussière sur les étagères du Passage 44. Quant au duo electro-pop japonais tyme x

tujiko, il aime clairement la musique, au point de mettre des notes absolument partout. Sur ce coup-là, rococo rime salement avec Aspro. *** On connaissait les tendances easy-listening de Permanent Vacation, les deux sorties récentes du label confirment. ‘fIN’ du barcelonais john talaBot s’écoute avec un intérêt décroissant: les premiers titres sont cheesy à souhait, mais la seconde moitié n’accouche plus que de ritournelles sans ampleur, de la house de chambre à coucher. Il est un peu tôt pour aller se coucher, non? La double compile ‘Selected Label Works 3’ aligne quant à elle 26 titres couvrant tout le spectre de l’électro: house, dub, techno, nu-disco etc etc. Agréable quoique sans la moindre surprise, et avec une teneur en sucre largement au-dessus de la moyenne. *** On passerait à la pile «Tentations africaines»? ‘Bokoboko’, énième sortie du compulsif Burnt friedman, sur NonPlace, propose une transe cérébrale et technique rapidement rébarbative. Un album «de musiciens pour musiciens» qui ne s’encombre pas trop du plaisir éventuel de son public. On lui préférera donc ‘Listen’, de harmonious thelonious (Italic Recordings), qui reproduit avec un certain bonheur les sonorités et les trames serrées de la transe africaine. Ne manque que l’essentiel, à savoir la petite dose de sauvagerie thérapeutique qu’on ne trouve que dans l’original. Nepakononokiveu. *** Le champagne de décembre n’y a rien fait, l’Angleterre est toujours aussi saoûlante. ‘Welcome’, de dave monolith, sur Rephlex, ce ne serait pas du squarepusher attardé, du Warp périmé? Dieu que tout cela est rance. Signé sur 50 Weapons, le label de modeselektor dédié à la bass music, le duo Benjamin damage/

doc daneeka sonne très exactement comme… modeselektor. Leur très quelconque ‘They! Live’ sonne néanmoins comme un chef d’oeuvre à côté de ‘Currents’, second album des bataves noBody Beats the drum, un brouet infâme entre big beat, gabber et bass music de la pire espèce. Ceux-là, je leur souhaite l’enfer. *** Je te sens découragé, ami lecteur. Je comprends, tous ces disques inutiles t’embrouillent, et si tu comptais sur Kompakt pour retrouver le sourire, ce n’est pas gagné: parmi les deux sorties de janvier, on compte le ‘Pop Ambient 2012’, soit les recommandations annuelles de Wolfgang voigt en matière d’ambiant contemporain. Dix titres parmi lesquels on trouvera du ambiant-drone signé mohn ou BvduB, un maelström accordéon/piano/cordes par voigt lui-même, un superpitcher tendre à vous arracher une larme et, dura lex sed lex, pas le moindre micro-beat à l’horizon. Ce n’est pas pour son versant obscur qu’on aime Kompakt, mais ‘pop

amBient 2012’ mérite pourtant qu’on s’y attarde: si la fin du monde devait effectivement survenir cette année, voilà une bande-son toute trouvée pour rester parfaitement zen le jour J. On revient à des considérations moins fumeuses avec terranova, un duo allemand formé de fetisch et &me, déjà auteur de quelques maxis chez !K7. Comme sur la plupart des sorties récentes de chez Kompakt, ça chante beaucoup sur ‘Hôtel Amour’: les principaux vocalistes invités sont khan (of finland) et tomas hoffding, bassiste de WhomadeWho. Formellement pop et même upbeat à l’occasion, ‘Hôtel Amour’ baigne dans les mêmes eaux troubles et mélancoliques que le dernier gusgus. Tout n’est pas fantastique mais le morceau d’ouverture, ‘Question Mark’, chanté par tomas hoffding, vaut à lui seul largement le déplacement. *** Et puis il reste un disque qui ne rentre dans aucune pile pour une raison très simple: c’est un vrai bon disque, le plus élégant, le plus captivant du mois. ‘Watergate 10’ est un mix, l’oeuvre d’un américain inconnu de mes services à ce jour, le dénommé marco

resmann. Un mix qui se déroule comme un récit, avec une intro, des développements, des rebondissements et même une conclusion. La magie n’opère pas tout du long mais quand resmann parvient à faire progresser son mix en jouant plusieurs morceaux de front, là, c’est imparable. Entendre distinctement deux voire trois morceaux en simultané, hop, d’un pas de côté passer de l’un à l’autre, hop, revenir, être multiple, un tiers de heartz 4, un quart de villaloBos, et le reste peu importe: je ne connais rien de mieux que cette sensation-là. C’est en allant écouter les morceaux originaux qu’on prend conscience de l’évidence: le djing est l’art plastique par excellence. *** Une dernière chose, camarades: en ce qui me concerne, l’aventure RifRaf se termine ici. Il y a trois ans environ, j’étais bien loin de m’imaginer que j’allais me convertir à la techno et à la house mais voilà, en faisant irruption dans ma vie déguisé en hindou facétieux, DJ Koze en a décidé autrement. Quand bien même 95% de l’énorme production techno ne vaut pas tripette, j’ai trouvé dans les 5% restants une créativité, une joie de vivre et une envie d’en découdre qui m’ont fait un bien fou. Mais le temps me manque désormais pour suivre tout ça de près et en outre, la limite d’âge guette. Merci pour tout RifRaf, porte-toi bien, et place à la jeunesse... Beam me up, Scotty!

Page 6: RifRaf février 2012

TexTe : Anne-L ise RemAcLe © dominique houcmonT TexTe : n icoLAs ALsTeen © hARLey weiR TexTe : n icoLAs ALsTeen © hARLey weiR TexTe : N icolas alsTeeN © dusdiN coNdeN06

par le passé, les médias te présentaient comme une artiste issue du mouvement folk. avec ce nouvel album, on s’éloigne clairement de cet environnement. te sens-tu plus en phase avec les idées défendues sur la scène rock contemporaine ?sharon van etten : « Je sens que j’évolue en ce sens. J’essaie délibérément de m’éloigner de l’étiquette folk. Dès qu’un musicien est seul en scène avec une guitare, on tend à lui coller le label. C’est une vision réductrice. Dès que ce même musicien débarque en compagnie d’un groupe, ça sème totalement le doute dans l’esprit des gens. Mon nouvel album surligne bien cette interprétation binaire, et quelque peu paradoxale. Sur ‘Tramp’, je suis accompagnée d’un groupe. Mais, en définitive, mes chansons reposent toujours sur mes seules épaules. Pour moi, il s’agit davantage d’une question d’environnement que de genre musical. J’ai composé mon premier album dans un sous-sol, chez mes parents. Je sortais d’une relation amoureuse difficile. Maintenant, je vis à Brooklyn, je prends le temps de vivre. Je suis épanouie et je joue de la musique à temps plein. Voilà sans doute où se trouve la différence. »

Sharon Van EttEn

Super ‘tramp’

Pour être honnête, on n’attendait rien d’une éventuelle rencontre avec Sharon Van Etten. Une prise de contact préalable sur la toile avait à peine éveillé notre curiosité. Et puis, ‘Tramp’, un disque (oui, souvenez-vous, un disque) est arrivé. Les papillons assoupis dans le bas du ventre se sont réveillés. Flip-flap. Un rendez-vous a été programmé. On s’est pointé. Et Sharon Van Etten était là, l’air de rien. Plutôt du genre timide, à se demander pourquoi « elle », ici, en Belgique. Pourtant, cette fille dégage un truc : un charme naturel, une sincérité troublante. Son album, sa voix et ses chansons ont le potentiel de troubler un ciel sans nuage. D’ici, on entrevoit déjà les premiers coups de foudre. Sharon Van Etten est là. Elle a un manche de guitare tatoué sur l’avant-bras. Sous les cordes, tout n’est que passion.

de très brut et, en même temps, d’assez minimal. Juste ma voix et la guitare. Pour le second album, je voulais franchir une étape en travaillant avec un groupe. Mais l’approche musicale devait rester basique. A l’heure de m’attaquer au nouvel album, je n’avais aucune idée, aucun objectif précis. Rien. J’étais un peu dans le vague. Je disposais d’un chantier d’une vingtaine de démos. Au final, tout ça a donné naissance à l’effort le plus collaboratif de ma carrière. Aaron Dessner s’est finalement montré super disponible. On a discuté de chaque chanson dans les moindres détails. Compte-tenu de l’emploi du temps de The National, on a bossé sans se fixer de deadline. C’était un mode de fonctionnement sans obstacle, très ouvert d’esprit. On a exploré toutes les pistes ouvertes et toutes les possibilités offertes par les chansons. On a essayé des instruments. On a échangé des idées. On ne s’est privé de rien. »on croise du beau monde sur ton nouvel album. plusieurs artistes ont relevé les manches pour t’aider à enregistrer ‘Tramp’. Là, comme ça, on a pointé les noms de Julianna Barwick, Bryce et aaron dessner (the national) ou encore celui de zach Condon (Beirut). tu peux nous éclairer sur ces rencontres ? sharon van etten : « Julianna Barwick, c’est simple. J’ai toujours été fan de son travail. J’aime son univers, ses chansons, sa voix. J’ai eu la chance de tourner à ses côtés pendant quelques semaines en janvier de l’année dernière. On a plusieurs références musicales en commun. Du coup, on a vite sympathisé et commencé à jouer l’une avec l’autre lors de nos concerts. J’ai de l’admiration pour de nombreuses chanteuses, des filles comme Jenn Wasner du groupe Wye Oak, Jana Hunter ou Meg Baird. Mais je ne les voyais pas spécialement coller à l’ambiance du nouvel album. Contrairement à Julianna Barwick. Aujourd’hui, les gens apprécient des voix féminines naturelles, sans artifice. Je trouve que l’époque convient bien aux chanteuses. »si aaron dessner produit l’album, tu as également bossé avec son frère…sharon van etten : « J’ai d’abord rencontré Aaron Dessner. A cette époque, Bryce était en train de travailler sur un projet de musique contemporaine avec le Kronos Quartet. En fait, ces deux frères sont d’inlassables bosseurs. Quand ils ne sont pas en tournée avec The National ou en train de composer un nouvel album du groupe, ils enregistrement des bandes-son pour des films, ils gèrent un label, organisent des festivals, collaborent à des projets jazz, organisent des rencontres entre artistes et réalisent des compilations. Honnêtement, je ne sais pas comment ils font… Quand j’étais en train de travailler sur mon disque, Aaron a demandé à son frère de plancher sur quelques arrangements de cordes pour habiller certaines chansons. Aaron a également joué de la guitare et certaines parties de batterie sur le disque. » et la présence du chanteur de Beirut ?sharon van etten : « Par le passé, je travaillais dans une petite structure discographique, Ba Da Bing Records. Il se fait que ce label a sorti le premier album de Beirut. A l’époque, on m’a parfois proposé de jouer en première partie des concerts de Beirut. Pour moi, c’était une façon d’apprendre, de me familiariser avec une plus large audience. Au début, c’était super difficile : je souffrais de crises de panique. J’étais nerveuse. Il m’arrivait de vomir, d’être malade comme un chien. Depuis, ça va beaucoup mieux… (Sourire). Zach Condon vit également à Brooklyn. On se connaît bien. L’année dernière, il m’a demandé de chanter avec lui sur son album. J’ai accepté. Par la suite, pendant l’enregistrement de mon disque, je me suis rendue compte que deux titres pouvaient fonctionner comme des dialogues. Zach a débarqué à l’improviste, juste pour dire bonjour. Finalement, on a passé le reste de la journée à

pour produire ton nouvel album, tu t’es tournée vers aaron dessner, un des cerveaux de the national. pourquoi lui ?sharon van etten : « C’est une longue histoire... J’étais en tournée avec le groupe Megafaun. Un matin, les musiciens débarquent dans ma chambre, me réveillent et me montrent une vidéo sur Internet. Je regarde distraitement l’écran et là, je n’en crois pas mes yeux : Justin Vernon (Bon Iver), Bryce et Aaron Dessner (The National) sont en train de reprendre une de mes chansons (‘Love More’). Je ne pouvais plus parler. J’étais sans voix. Je sanglotais. J’ai commencé à poser des questions à tout le monde : « Comment ces gens connaissent-ils mes chansons ? », « Savent-ils qui je suis ? ». J’ai donc mené ma petite enquête. Et j’ai trouvé… Il y a quelques années, Megafaun est parti en tournée avec Justin Vernon. En concert, les gars jouaient avec lui. Ils intégraient Bon Iver. Pour ma part, à Brooklyn, j’avais l’habitude du jouer dans un bar appelé le Sycamore. La propriétaire des lieux, c’était Jessica Dessner, la sœur de Bryce et Aaron. D’associations impossibles en connexions improbables, Megafaun a passé mon disque dans le tour bus de Bon Iver, et Jessica Dessner a parlé de moi à ses frères… L’histoire continue. Depuis 2006, Bryce Dessner se charge d’un important festival de découvertes à Cincinnati, le MusicNow Festival. Sa programmation est à la pointe. Sufjan Stevens a joué là-bas plusieurs fois. L’événement partage son affiche entre jazz et rock alternatif. Le public du MusicNow a déjà eu l’occasion de voir Clogs, The Books, Grizzly Bear, Toumani Diabaté, Andrew Bird, Joanna Newsom, St. Vincent, Colin Stetson, etc. C’est chaque fois une belle programmation. Lors de l’édition 2010, Justin Vernon était invité. C’est là qu’il a repris ma chanson… Une fois que j’ai compris tout ça, des amis m’ont encouragé à contacter les organisateurs du festival. C’est ce que j’ai fait : « Bonjour Messieurs Dessner, on ne se connait pas, mais vous avez repris une de mes chansons avec Justin Vernon. Je travaille actuellement sur mon prochain album. Si vous êtes dans le coin, n’hésitez pas à passer… Bien à vous, Sharon Van Etten. » (Sourire) »Cette collaboration s’est donc facilement mise en place…sharon van etten : « Pas vraiment. En fait, Aaron Dessner m’a directement répondu en m’expliquant qu’il était désolé, mais que le calendrier surchargé de The National ne lui laissait pas beaucoup de temps libre… Mais il m’a tout de même proposé de venir enregistrer mes démos, chez lui, dans son studio à Brooklyn. »Les sessions d’enregistrement de ‘Tramp’ étaient-elles fondamentalement différentes de celles de tes autres disques ?sharon van etten : « A l’époque de mon premier album, je souhaitais enregistrer quelque chose

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TexTe : Anne-L ise RemAcLe © dominique houcmonT TexTe : n icoLAs ALsTeen © hARLey weiR TexTe : n icoLAs ALsTeen © hARLey weiR 07

‘Ester’ Bang !

Aperçu sur les routes en compagnie de The XX ou des Vaccines, Trailer Trash Tracys prend aujourd’hui son envol et se hisse d’emblée par-dessus les nuages. Pop aérienne et éthérée, la musique imaginée par le gui-tariste Jimmy Lee et la blonde tornade moustachue Suzanne Aztoria a des arguments à défendre : des mélodies spectrales, vicieuses et lumineuses, calibrées pour briller au cœur d’une nuit glaciale. Quelque part entre The Jesus and Mary Chain, The Ronettes et ce double X qui a triomphé en 2009. Pas le genre à laisser leur langue en poche, les Anglais se révèlent fins tireurs quand il s’agit de flinguer quelques vérités. Sans rancune. Aucune.

TexTe : N icolas alsTeeN © dusdiN coNdeN

enregistrer ‘We Are Fine’ et ‘Magic Chords’. »si on résume un peu la situation, tu viens d’enregistrer un album avec les gars de the national et tu réussis à faire chanter la voix de Beirut (zach Condon) sur ton disque. a cela, on peut encore ajouter des collaborations avec Forest Fire, Julianna Barwick ou megafaun. sans parler de ton récent duo avec Bon iver… peut-on aujourd’hui te considérer comme une des femmes les plus influentes de la sphère alternative ?sharon van etten : « (Rires) J’en sais rien, moi. J’ai surtout l’impression d’avoir de la chance. Beaucoup de chance. Tous les artistes que tu viens de citer sont des gens qui aiment s’impliquer dans des efforts collaboratifs. Ceci explique sans doute cela. Je n’ai pas la prétention de me présenter comme une personne influente. J’essaie juste d’écrire de bonnes chansons. D’être quelqu’un de bien. Quoi qu’il m’arrive, je penserai toujours qu’il existe des milliers de gens plus intéressants que moi. »sur ton album, deux chansons portent le nom d’un garçon (‘Kevin’ et ‘Leonard’). ils existent ces mecs ou ce sont juste des personnages fictifs ?sharon van etten : « Ils existent tous les deux. Pendant un moment, j’ai sous-loué l’appartement d’un gars. Il s’appelait Kevin. En fait, j’intitule souvent mes démos en fonction de l’endroit où je me trouve. Ou alors en fonction d’un fait marquant. Une chanson de l’album s’intitule ‘Warsaw’ simplement parce qu’elle a été écrite à Varsovie. C’est un peu ridicule, non ? Pas franchement original, hein… Bref, je suis resté chez Kevin pendant un mois. C’était à Brooklyn, à quelques mètres de l’endroit où Patti Smith a rencontré Robert Mapplethorpe. Ça, c’est pour la petite histoire. (Sourire) Ce qui est drôle, c’est que j’ai plusieurs morceaux intitulés ‘Kevin’ : ‘Kevin1’, ‘Kevin2’, ‘Kevin3’, etc. (Rires) Du coup, j’ai gardé ce titre en hommage à ce garçon. Je lui ai envoyé un mail pour lui dire que je comptais intituler un morceau comme ça. Il trouvait ça plutôt cool. ‘Leonard’, c’est pour Leonard Cohen. J’étais en train d’écouter une de ses chansons quand je composais une des miennes. C’est un petit clin d’œil à un grand artiste. Pour cet album, ma plus grande référence serait plutôt John Cale. Son œuvre est formidable. Ces disques brillent d’une approche à la fois éclectique et cohérente. Il a toujours réussi à affirmer sa personnalité à travers des chansons qui, à première écoute, n’ont aucun lien entre elles. Pour ça, c’est certainement un modèle à suivre. »

Sharon Van Etten‘Tramp’Jagjaguwar/Konkurrent

Au début, Sharon Van Etten s’enfermait dans sa chambre d’adolescente.

Elle bricolait des petites chansons et taillait ses déboires sentimentaux dans le bois de sa guitare acoustique. Un album (‘Because I Was In Love’) raconte cette époque. Un autre (‘Epic’) marque un cheminement, une transition du folk au rock. Du dépouillement à l’épanouissement. Et, au moment présent, Sharon Van Etten signe ‘Tramp’, un album impeccable. Pour plusieurs raisons. D’abord, l’artiste prend ici conscience de ses facultés musicales. Désormais, son univers ne se restreint plus à quelques frissons grattés sur le nylon. La production d’Aaron Dessner (The National) développe à merveille cette tendance : sobres et élégants, les arrangements fleurissent autour de la voix de la chanteuse. Et, si les cordes vocales de Sharon Van Etten sont toujours nonchalantes et trainantes, elles s’enroulent autour du spleen avec une telle passion qu’on ne peut réfréner l’émotion : un truc étrange, entre bonheur exacerbé et tribulations nostalgiques. Surtout, les chansons de ‘Tramp’ se risquent à un dangereux numéro d’acrobate. La corde est raide. D’un côté, un précipice de maniérismes. De l’autre, un gouffre de bienséances. Mais, là où elles pourraient tomber de haut, les chansons de Sharon Van Etten parviennent à s’imposer un équilibre, rare et authentique, qui combine souffles épiques et soupirs mélancoliques. Tout est joué en retenue. Et puis, il y a une avalanche de collaborateurs (cfr interview). Mais ça ne vire jamais à la démonstration. Tous se plient aux exigences de l’album. On retrouve même de l’affection pour Zach Condon (Beirut), venu prêter sa voix sur deux morceaux (‘We Are Fine’ et ‘Magic Chords’). ‘Tramp’ est l’album de Sharon Van Etten. Celui qu’on n’oubliera pas. Celui dont on reparlera. Avec plaisir ou nostalgie, l’avenir nous le dira. D’ici là, carpe diem. (na)

suivez le guide : http://sharonvanetten.com

On STAgE3 mars, Botanique, Bruxelles

Jimmy Lee : « On s’est rencontré dans un autre groupe, une petite aventure musicale antérieure à Trailer Trash Tracys. À l’époque, on n’écrivait pas les morceaux. Et on ne chantait pas. On a commencé à écrire des chansons à partir du moment où le leader de notre ancienne formation a pété les plombs. Il se mettait la pression. Tellement, qu’il a complètement craqué. Résultat des courses : on a perdu notre deal avec un important label. C’est à partir de là que j’ai composé avec Suzanne. On a tapé quelques morceaux sur le web. Et la magie a opéré. »votre musique explore des paysages contrastés. on est constamment transbahuté d’une ambiance à l’autre : shoegaze par-ci, mélodies sucrées par-là. vous cherchez à résumer plusieurs décennies musicales ?Jimmy : « Des Beatles aux Rolling Stones en passant par My Bloody Valentine, le rock a déjà tellement donné, tellement raconté. Avec Trailer Trash Tracys, on joue davantage sur les sons et nos goûts. On laisse aussi beaucoup de place aux échos naturels de la voix de Suzanne. On ne triche pas, on ne planifie rien, ne cherche pas à recréer un truc ou à résumer un pan de l’histoire du rock. Sans la spontanéité et le côté naturel, ça ne peut pas fonctionner. La question initiale, c’était de savoir ce qu’on était capable de faire avec mon jeu de guitare et la voix de Suzanne. La réponse, c’est ‘Ester’. »vos chansons jouent tout à la fois sur leur puissance et les atmosphères. peut-on parler de « chillgaze » pour évoquer votre musique ? Comme une contraction entre la chillwave (washed out, memory tapes, toro y moi, small Black, etc.) et le shoegaze (my Bloody valentine, slowdive, etc.) ?Jimmy : « Je ne suis pas fan des groupes étiquetés chillwave. Généralement, ça m’emmerde. Par contre, je peux voir où le rapprochement se situe. Les tempos et les structures atmosphériques doivent jouer un rôle. Mais chez nous, les fréquences sont plus méchantes. C’est plus lourd, moins gentil. D’ailleurs, c’est simple : on a un meilleur son que tous ces groupes ! »suzanne aztoria : « On cherche aussi à fixer de bonnes mélodies. On n’est pas dans le papier peint atmosphérique. Ce n’est pas notre truc. »vous venez de tourner avec the vaccines. L’année dernière, c’était avec the XX. vous sentez-vous proches de ces derniers ?Jimmy : « Pour moi, c’est un des meilleurs groupes anglais de ces cinq dernières années. »suzanne : « Ils nous ont beaucoup aidé et soutenu quand on a commencé. Ils parlaient de nous lors d’interviews à la radio, par exemple. Ils ont écouté notre album et donné leur avis. Pour nous, c’est une opinion qui compte. Récemment, on a évoqué la possibilité de tourner ensemble cette année. Si on les apprécie, le rapprochement s’arrête là. »votre nom de groupe découle d’un mot d’argot nord-

américain utilisé pour décrire les gens qui vivent dans des caravanes par manque de moyens financiers. par ailleurs, certaines chansons semblent entretenir un lien ténu avec les usa (‘Los Angered’, ‘Engelhart’s Arizona’). C’est un endroit du monde qui vous attire ?Jimmy : « Deux ans plus tôt, la même question n’aurait pas rencontré la même réponse. On avait tendance à porter un regard très romantique sur les Etats-Unis. On était passionné par les mythes de la société américaine : Elvis, les burgers, la vie en mobile home, etc. Une attraction persiste, mais des pièces de ce rêve adolescent se sont détachées. Paradoxalement, les chansons ‘Los Angered’et ‘Engelhart’s Arizona’ ne parlent pas des U.S.A. Cette année, on va tourner là-bas. Je pense qu’on a une carte à jouer. Je ne vois pas de groupes américains qui font la même chose que nous. En plus, je crois qu’on a plus de style qu’eux. C’est vrai, non ? »votre musique s’appuie sur des ambiances cinématographiques qui ne sont pas sans rappeler les films de david Lynch. C’est un référent ?suzanne : « Le cinéma opère en filigrane de notre musique. C’est une source d’influence dans la mesure où on a maté énormément de films ensemble. On partage une base d’images communes. Mais le cinéma de David Lynch ? A priori, ce n’est pas vraiment notre truc… »Jimmy : « Lynch, ce serait plutôt pour les lignes de basse lourdes et un peu sombres. Quand on a commencé, de nombreux groupes jouaient de la basse comme des petits nerveux. Tiens, Bloc Party, c’est un bon exemple. On trouve ça moche. On voulait partir à l’opposé de ce genre de son. C’était une décision esthétique. Laquelle amène aujourd’hui son lot de rapprochements avec David Lynch. Après, ça reste quand même une belle référence. Mais ce n’est pas une influence qu’on revendique. »récemment, vous étiez programmé à paris à l’affiche du pitchfork music Festival, événement organisé par le fameux média en ligne. Considérez-vous ce site comme une vitrine incontournable de la scène alternative contemporaine ?Jimmy : « Malheureusement, ce site prend trop de place. De quoi s’agit-il ? Un blog dont le succès dépasse les limites de l’entendement. Ce n’est pas sain. Pitchfork a un monopole sur la culture musicale alternative. C’est juste un petit blog installé à Brooklyn… Dès qu’un groupe sort de là-bas, il est quasi automatiquement plébiscité sur Pitchfork. C’est une forme de copinage. On ne va pas me faire croire que tous les projets new-yorkais sont indispensables. Les gars de Pitchfork devraient venir faire un tour à Londres. Pour eux, ce serait l’occasion de découvrir un autre versant de la musique alternative. Pour moi, ce qui se passe sur Pitchfork, ce n’est pas équitable. »

un disque : ‘Ester’ (double six/konkurrent)suivez le guide : www.trailertrashtracys.com

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TexTe : PaTrick Fois sac TexTe : anne-l ise remacle © dominique houcmanT TexTe : Gery leFebvre © simon medard08

mon premier contact avec vous s’est fait sur une méprise : on vous a présentés comme montois, je vous découvre Liégeois, signés sur un label basé à mons (earphones). pourquoi ne pas avoir cherché à Liège qui comporte déjà pas mal de structures bien établies (je pense notamment à Jaune orange) un label pour vous accueillir ? romain Cupper (chant-guitare) : « Il faut savoir qu’on a pas mal harcelé (rires) Honest House, Jaune Orange, 3015, tous les collectifs possibles et inimaginables à Liège mais sans succès. On ne rentrait pas du tout dans le carcan habituel des groupes véhiculés par ces labels-là : pour Honest House, nos beats n’étaient pas assez bons, et pour Jaune Orange, ça ne collait pas non plus, mais ils ont fini par nous faire jouer en première partie de Rainbow Arabia. Finalement, il a fallu aller voir plus loin : on a un manager namurois, un label montois, on a enregistré à Bruxelles, on doit se déplacer pas mal pour trouver les gens qui répondent à notre demande. » parmi les influences qu’on vous accole ou que vous revendiquez, on trouve Caribou, yesayer, el Guincho, ou encore devendra Banhart et animal Collective qui véhiculent tous une vision relativement hédoniste, ludique de la musique. est-ce que vous vivez la musique comme une fête sans fin, ou est-ce que vous avez envie d’en faire quelque chose de sérieux? Ben dubru (basse) : « Je crois que ce qu’on voulait faire en premier lieu, ce n’était pas forcément faire tourner une machine. On fait d’abord de la musique parce qu’on aime ça, parce que ça nous fait marrer, parce qu’on aime bien pouvoir la partager en concert avec des gens. Maintenant, si ça marche, si les gens adhèrent et qu’ils viennent toujours plus nombreux, on ne va évidemment pas cracher dessus. Mais ça n’est pas notre but premier d’en faire un métier : on fait ça parce qu’on l’a dans la peau. » Je voudrais revenir sur la genèse de l’album, on a l’impression que pour vous, les choses se sont passées assez vite… antoine pirard (batterie-piano) : « Romain avait composé deux chansons acoustiques qu’on a posté sur des sites internet, mais sans ambition particulière. Earphones nous a découverts sur akamusic et nous a proposé de signer un contrat de 2 ans pour l’enregistrement de l’album et un clip. Moi c’est la première fois que j’étais dans un groupe, ça faisait 2-3 mois que je jouais avec Romain. Ca nous est un peu tombé dessus, c’était comme un rêve. On a composé 12 morceaux au bluff, en 6 mois. »

Pas de faux-semblant chez les jeunes pousses

Attention, talent en germe, c’est ce qui vient sincèrement à l’esprit quand résonnent les premiers beats hypno-tiques de ‘Wood Signs We Found’, et quand leur succèdent des rythmiques chaloupées capables de générer un enthousiasme rafraîchissant qui n’est pas sans rappeler celui provoqué à l’époque par le premier EP d’Ezra Koenig et ses amis (Vampire Weekend). À l’heure où le microcosme musical belge propice à s’enflammer pour de nouvelles têtes commence à faire bruisser positivement leur nom échappé du morceau d’ouverture fout-raque de ‘Sung Tongs’ (l’album qui a contri-bué à faire connaître Animal Collective), Leaf House garde la tête froide et n’est pas dupe : la route est longue si on ne veut pas faire sien l’adage « live fast and die young ».

‘ mu.zz.Le’ (muselière en français, ndr) est un titre fort et en même temps assez intriguant, notamment au niveau de la manière dont il est orthographié, avec ses trois syllabes décomposées. Quel en est le sens ?Gonjasufi : « A l’origine, les titres repris sur ce disque devaient sortir sous forme d’une série de trois 45 tours. Il y aurait donc eu ‘Mu’, ‘ZZ’ et ‘LE’. Finalement, le projet initial n’a pas vu le jour et j’ai décidé de regrouper ces titres sur un CD. J’ai cependant gardé l’idée d’un titre décomposé en syllabes correspondant à la découpe initiale. Le titre, cette référence à une muselière, peut également être perçu comme étant une métaphore pour l’homme moderne qui se voit limité par un nombre de contraintes, mais qui doit continuer d’exercer le droit de s’exprimer. L’idée, c’est de mettre en avant le pouvoir énorme de la parole et de souligner qu’en même temps, on dit beaucoup plus en en disant moins. Dire moins pour dire plus, voilà, tout est dit. »Ce ep a été écrit sur la route en réaction à tes sentiments à ce moment-là et à la colère et l’agression auxquelles tu devais faire face. dirais-tu que l’écriture était un moyen de faire retomber la pression et qu’elle avait de la sorte une vertu cathartique ?Gonjasufi : « Oui, c’est exactement ça. Je suis resté trop longtemps en tournée et j’ai fini par suffoquer, tout simplement. C’était un peu comme être en état de guerre constant. Des choses sont sorties toutes seules au gré de mes humeurs et avec le temps, je les ai associées et cela a donné naissance à ce disque qui est donc un reflet de moi-même, de mon individualité. »‘mu.zz.Le’ est un projet que tu as mené à bien en solo, depuis l’écriture jusqu’au mixage, en passant par son enregistrement. etait-ce vital pour toi de travailler de la sorte, sans aide extérieure, vu le côté très personnel de la démarche ?Gonjasufi : « Oui, totalement. En même temps, le fait de ne pas avoir bossé avec mes partenaires habituels est dû aux circonstances très précises qui ont donné naissance au projet. Nous travaillerons d’ailleurs ensemble à l’avenir. Simplement, j’avais ici besoin de mener ce travail par moi-même et ils l’ont d’ailleurs totalement compris. »Le disque est relativement bref, vu qu’il dure moins d’une demi heure.Gonjasufi : « C’est vrai que le disque est court, mais il ne faut pas oublier que des gens comme Miles Davis ont sorti des albums qui ne duraient pas plus de vingt minutes. On retrouve sur ‘MU.ZZ.LE’ les morceaux dont je sentais qu’ils devaient y figurer. C’est une question de feeling. Tu sens si un titre doit être repris ou pas. J’ai à la même époque écrit pas mal d’autres compos qu’on retrouvera sans doute en face B de singles. »sur le plan musical, tu proposes un mix qui est très soul, psyché, et cinématographique. C’est une combinaison plutôt unique et étonnante.Gonjasufi : « Je pense que ma musique doit beaucoup au fait que je suis aussi un DJ. Je sample pas mal de choses, les associe et vois ce que je peux en faire. D’où le résultat ! »Ce qui impressionne également, c’est la façon qu’a ta

Dire moins pour dire plus

En 2010, gonjasufi était sorti de l’ombre grâce à l’incroyable ‘A Sufi and a Killer’, soit un disque hypnotique et obsédant faisant dans le reggae hip hop soul psyché qui permettait de découvrir les talents vocaux uniques de Sumach Ecks - son vrai nom, sorte de Tom Waits reggae adepte de yoga et de spiritualité engagée. Depuis lors, l’homme, plutôt prolixe, nous a gratifiés d’un album de remixes et d’un EP tout en se produisant très régulièrement sur scène. C’est d’ailleurs à la faveur d’une tournée qu’il a composé dans l’urgence ‘MU.ZZ.LE’, un EP époustouflant qui confirme son talent et son intégrité.

musique d’osciller entre mélancolie et enjouement, entre noirceur et apaisement.Gonjasufi : « C’est le reflet de tout ce qu’il y a en moi. Il y a toujours cette dualité, cette bataille intérieure que l’on a tendance à enfouir. Or, il faut que cela sorte, c’est le seul moyen de préserver une forme d’équilibre. »tu es un chanteur assez engagé qui dénonce pas mal de choses, notamment l’aliénation de l’homme moderne. s’engager, est-ce pour toi une sorte de devoir moral ?Gonjasufi : « Totalement, oui. C’est une question d’honnêteté. Tu vis ta vie, affrontes des choses mais il te reste heureusement ta spiritualité pour t’exprimer. C’est ce qui te permet d’être en paix avec toi-même, car tu exerces ton pouvoir d’expression, de dénonciation, d’engagement. »dans ces conditions, estimes-tu que la musique n’a pas de valeur sans message ?Gonjasufi : « Non, parce que tu as de la musique qui n’a pas besoin de message en soi : de la pop ou du hip hop qui ne parle que de vendre de la dope. Il n’y a pas de message mais ça marche, parce que le but visé est différent. Mais ce n’est pas mon truc, bien évidemment. »tu es prof de yoga. Cela t’aide-t-il en temps qu’artiste ?Gonjasufi : « Tu entends ma voix, non ? Elle est complètement fucked up, à cause de l’énergie déployée. Le yoga m’aide à chanter, d’abord sur le plan technique puisque tu apprends à projeter ta voix depuis l’estomac, mais aussi parce que c’est vital sur le plan de ton bien-être mental. Si je n’enseigne pas le yoga, si je ne le pratique pas, je ne peux rien écrire de bon. J’en ai besoin, tout simplement. »

Gonjasufi‘MU.ZZ.LE’Warp/V2

Avec ‘MU.ZZ.LE’, Gonjasufi signe un nouveau chef d’oeuvre que l’on

écoutera en boucle avec un plaisir sans cesse renouvelé mais sans pour autant en percer tous les mystères - ce qui est d’ailleurs sans doute l’une des raisons de son côté addictif. Comme sur son premier album, Gonjasufi tisse un ensemble remarquable au niveaux des ambiances et des sentiments qu’il génère, où cohabitent moult influences (jazz, hip hop, reggae, rock psyché, électro...). L’homme est animé par une dualité intérieure qui se retrouve dans sa musique affichant une tension quasi constante entre un côté dark et un versant upbeat. Entre l’éthéré ‘White picket fence’ qui ouvre l’album et le mystérieux ‘Sniffin’ qui le clôt en guise de reggae/hip hop rocailleux, ce EP explore des chemins fascinants, avec le dub en apesanteur de ‘Venom’, l’accrocheur et mélancolique ‘The blame’ ou encore la double séquence composée par ‘Nikels and dimes’ et ‘Rubberband’, sans doute le moment le plus fort de l’album de par la puissance émotionnelle qu’il dégage. Exceptionnel ! (pf)

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TexTe : PaTrick Fois sac TexTe : anne-l ise remacle © dominique houcmanT TexTe : Gery leFebvre © simon medard 09

Pas de faux-semblant chez les jeunes pousses

Comment est-ce que vous envisagez le versant scène ? romain : « On travaille l’aspect scénique avec un ami, Renaud Beckers, qui fait notre VJing. C’est vraiment un travail d’ambiance. On met beaucoup de nappes de reverbs, c’est très dreampop. Le but c’est de créer une atmosphère intimiste, assez sombre et basée sur des projections. On n’est pas des show-stars, on ne va jamais se mettre en marcel et faire des pogos dans la foule pendant des heures. Notre but c’est de faire de la musique mais avec un aspect visuel léché, sobre. Du psyché-pop, que ce soit musicalement ou visuellement. » Ben : « Au niveau de la performance scénique, c’est sûr que les morceaux ont évolué depuis que l’album est sorti, vu qu’on a fait les choses un peu à l’envers. On a fait un album et puis on a commencé à tourner alors que jusque là on n’avait pas eu l’occasion de se confronter vraiment à la scène et de laisser reposer les morceaux. Il y en a qu’on a totalement mis de côté, notamment trois de l’album auxquels on ne touche absolument plus, on a aussi de nouvelles compositions.» sur votre site, vous cherchiez un batteur supplémentaire, est-ce que le line-up est amené à évoluer ? romain : « Il n’y a pas vraiment de place prédéfinie. Même

par rapport au chant, Ben et Antoine commencent à s’y mettre. Le but c’est que tout le monde touche un peu à tout, aux percus, aux beats électroniques. On ne cherche pas précisément un batteur. On a aussi fait pas mal de tests avec des guitaristes, avec des bassistes.»vous parlez d’un multi-instrumentisme qui est revendiqué et que vous songez à instaurer de plus en plus. de ce fait, comment est-ce que vous gérez la composition des morceaux ? romain : « On a une façon de composer qui doit être celle de pas mal de groupes, qui est assez mal de crâne (rires). On a pas mal d’instruments électroniques qu’on apprend à maîtriser. On passe des heures entières, parfois même une journée complète, enfermés dans une pièce à tous chipoter. De ce côté do-it-yourself, de cette recherche en tâtonnements, il y a des riffs qui sortent, des choses qui apparaissent. On prend soin de les noter, d’essayer de les recréer. C’est vraiment une recherche en groupe. C’est le côté meute, humain. Ce n’est pas comme dans le jazz ou d’autres styles de musique, où un type compose puis chacun joue les lignes de son instrument. Non, ici, aucun de nous n’a fait un cursus musical digne de ce nom, on écoute toute cette musique américaine que tu as citée, on les entend faire des choses qu’on aimerait intégrer aussi, mais on sait qu’on a tout à apprendre. » antoine et romain : « En concert, on joue nos morceaux, mais on fait aussi des reprises, qui nous permettent de découvrir de nouveaux horizons musicaux. Et de démystifier aussi certains groupes qui nous paraissent quasiment intouchables. On nous reproche « Vous ne pouvez pas reprendre du Animal Collective, du Beach House, le lien est trop flagrant », mais nous, ça fait partie de notre besoin d’expérimenter, on n’a pas la prétention de faire aussi bien qu’eux. » un disque : ‘Wood Signs We Found’ (earphones). suivez le guide: http://www.leafhouse.be

On STAgE28/03/2011 – welcome spring Festival - Louvain-la-neuve 7/09/2012 - Let Be there rock Festival – vielsam 8/9/2012 - natura music Festival - Couvin

Quel est votre état d’esprit alors que ce premier album s’apprête à sortir ?thomas (guitare, voix) : «Pour nous, ce disque a près d’un an déjà. C’est la photographie d’un instant. On a commencé à le composer il y a deux ans et on l’a enregistré en février 2011. C’est une belle aventure qui commence parce qu’on a enfin dans les mains le produit fini et que ce bel objet avec un chouette livret est très important pour nous. » Jérôme (guitare, voix) : « On porte effectivement les chansons depuis un long moment déjà. On aime prendre le temps pour créer quelque chose. Ca n’est pas un problème pour nous de mettre six mois entre les premières ébauches d’une chanson et le mixage final. Ca nous permet surtout d’avoir beaucoup de recul sur la musique qu’on fait et on se rend compte que ça aussi c’est important. »vous étiez deux au départ du projet. vous êtes maintenant six, comment fonctionnez-vous en tant que groupe ?Jérôme : « Soit Thomas, soit moi, on arrive avec des idées de chansons, des compos, soit des chansons finies soit des ébauches. Si la chanson plaît à tout le monde, on commence à travailler en groupe. Soit on garde la structure originale soit on en prend qu’une petite partie et on va chercher une partie d’une autre composition préexistante. On ne veut rien imposer aux autres membres du groupe. Au niveau de l’écriture des chansons c’est très différent. Jérôme ou moi livrons des choses beaucoup plus personnelles, c’est plus égoïste comme processus même si les thèmes qu’on développe se recoupent parfois automatiquement. »thomas : « Tout le monde amène son petit grain de sel, ses idées et la chanson prend forme en groupe. Il y a un vrai processus groupe à partir du moment où les idées sont amenées. Vu qu’on a tous des influences très différentes, ça amène fatalement des couleurs différentes dans certains passages de chansons qui sont plus amenés par l’un ou par l’autre. Nous on le sait et on le ressent. C’est ça qu’on trouve intéressant dans la démarche. Sinon on ferait des projets solos ! »puisque la perche est tendue, évacuons la question des influences. a l’écoute de l’album, la palette semble plus large que la vague neo-folk à laquelle on vous associe généralement, non ? ‘The End of the Day Part II’ ne sonne-t-il pas à certains moments comme du pink Floyd pur jus ?thomas : «On a des influences vraiment très très différentes. Chacun des musiciens écoute des choses qui lui sont propres. Maintenant il est certain qu’on se retrouve sur certains projets musicaux comme Syd Matters ou les Fleet Floxes. On peut dire qu’on les apprécie tous dans le groupe. Mais à côté de ça notre pianiste écoute majoritairement du métal ! Moi j’écoute beaucoup de groupes actuels comme Grizzly Bear, tout ce qui vient de Seattle, Beirut,... Mais j’ai évidemment beaucoup écouté aussi les classiques comme Simon and Garfunkel et Bob Dylan ! »Jérôme : « Au-delà de la musiqué indé d’aujourd’hui, mes grosses influences sont à rechercher du côté de Pink Floyd et du Genesis « du début ». Et effectivement ‘The End of the Day Part II’est très marqué par ces influences. Je suis arrivé

L’effet Domino

Après un premier EP qui leur avait déjà permis de se produire en première partie de Syd Matters, Beirut ou Other Lives , les liégeois de Dan San transforment l’essai avec leur premier album, le très beau et pictural ‘Domino’. Beaucoup d’harmonies vocales mais pas de chemises à carreaux pour un groupe dont la musique est (trop ?) rapidement comparée à celle des mètres-étalon du genre que sont les Fleet Foxes ou grizzly Bear. Rencontre avec Thomas Médard et Jérôme Magnée dans un cinéma. Voilà ce qui s’appelle un vrai hasard objectif.

avec une partie de la chanson et Thomas avec une autre et on a construit le reste tous ensemble, ce qui en fait une chanson vraiment hybride. »on sent bien que l’étiquette « coin du feu » associée à ces influences folk vous gêne un peu, comment aimeriez vous qu’on qualifie votre style musical alors ?Jérôme : «On nous le demande régulièrement mais on n’en sait trop rien en fait. On a commencé cette musique-là sans même connaître l’existence de Grizzly Bear ou des Fleet Foxes ! A nos débuts il y a quelques années, la musique qu’on faisait n’avait rien à voir avec ce qui existait à ce moment là. On faisait la musique qu’on ressentait sans chercher à faire quelque chose d’original et à se démarquer à tout prix. Maintenant que ce revival folk est là, c’est tant mieux pour nous puisqu’il s’avère que notre style est plus ou moins dans cette veine-là. Mais si on veut mettre une étiquette, on s’est prêtés au jeu entre nous pour rigoler : on fait du neo-folk-acoustico-progressif ! »thomas : « C’est la musique que nos parents nous ont mis dans les oreilles pendant toute notre enfance. Ils nous faisaient écouter du Simon and Garfunkel, beaucoup de Crosby, Stills, Nash and Young et ce genre de choses. Mais rien n’est gravé dans le marbre, si ça se met sur le prochain album l’un de nous deux va échanger sa guitare folk contre une guitare électrique ou contre un clavier ! On verra où ça va nous mener, on essaie de se remettre en question tout en continuant à se faire plaisir. Il y a donc moyen de mettre pas mal d’étiquettes mais on a essayé dans ce disque de ne pas faire deux chansons les mêmes, de ne pas emmener celui qui l’écoute sur une seule voie, d’avoir une personnalité par chanson. »Certains groupes aiment sortir du studio pour enregistrer dans des endroits qui pourraient offrir davantage d’amplitude à leur son, on pense à des églises, des châteaux, …Ca vous plairait de vous offrir un jour cette petite folie ?thomas : « On a enregistré notre premier EP dans une grange près de chez nous. Mais si l’occasion se présente, je signe à deux mains ! C’est évidemment une question de moyens mais pour moi ça reste un but à atteindre d’ici quelques temps. J’achète du matériel assez régulièrement pour pouvoir être un peu indépendant dans l’enregistrement, faire des maquettes qui sont les plus proches possibles de la réalité que j’ai en tête quand je compose une chanson. Et pourquoi pas emmener ce matos quelque part ? On y a déjà pensé pour le prochain album, à s’enfermer quelques jours dans un chalet pour enregistrer le disque et repasser en studio pour réenregistrer les instruments qui ont vraiment besoin d’un matériel hyper pro pour donner toutes leurs qualités. Et puis on y revient, avoir notre propre matériel nous permettrait vraiment de prendre le temps d’arriver à ce qu’on veut vraiment. »

un disque : ‘Domino’ (Jaune orange/pias)suivez le guide : http://dansan.be

On STAgE4 février eden Brasserie, Charleroi (avec megafaun & alamo race track)25 février Botanique (aB Bota)

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TexTe : Tom Vea © neil krug TexTe : laurenT grenier10

Comment est née l’aventure de pias ?kenny Gates : « Elle est née suite à une rencontre avec Michel Lambot, lequel tenait un magasin de disques à Bruxelles appelé Casablanca Moon qui vendait des disques de labels indépendants. A l’époque, au début des années 80, j’étais toujours à l’école. J’achetais des vinyles avec l’argent que mes parents me donnaient pour manger. J’étais un fan invétéré de musique mais j’ignorais ce qu’était un label indépendant. Michel a dû fermer son magasin suite à des problèmes financiers. Il m’a proposé de s’associer et de monter une petite boîte d’import de disques. On a commencé dans une cave chez mes parents, comme les Beatles ! On allait chercher des disques en voiture en Angleterre toutes les semaines et on visitait des petits disquaires. J’ai trouvé le nom ‘Play It Again, Sam’ en référence au film ‘Casablanca’. Je l’ai perçu comme une suite logique évoquant un recommencement. Avec ‘Play It Again’, ça voulait dire qu’on recommençait quelque chose. »Ce nom a fini par être ramené à un sigle…kenny Gates : « Ce nom m’a collé pendant 29 ans ! C’est un nom difficile à prononcer, peu pratique à utiliser. Avec le temps, on l’a abrégé. C’est Pias qui est resté. » Quels ont été les premiers labels que pias a distribués en Belgique ?kenny Gates : « Le premier à nous faire confiance, c’était Red Rhino, un label disparu à la fin des années 80. Ont suivi Mute, Beggars Banquet, 4ad, Rough Trade, Factory et bien d’autres encore. Ce sont tous les labels dont je me suis inspiré pour créer et faire grandir Pias. A l’époque, les rapports de confiance étaient de mise, il n’y avait guère

Parti au départ de rien, Pias a gravi les échelons, se hissant – parfois avec félicité, parfois dans la douleur – comme un acteur incontournable des musiques indépendantes. Cette année, cette compagnie trans-frontalière et trans-genres fêtera son trentième anniversaire. Compte-rendu d’une success story avec Kenny gates, son président fondateur.

moins lucratif. Les quatre multinationales qui restent ne seront bientôt plus que trois vu que Universal a racheté EMI. La part des indépendants va continuer à grandir et ça redevient des gens passionnés qui seront aux commandes. Ce qui a toujours été existant dans les 30 ans de l’histoire de Pias et qui nous permet de garder cette énergie et cette excitation perpétuelle, c’est que nous sommes passionnés de musique et cela est un moteur qui nous tient tout le temps en alerte, tant au niveau de la musique qui se renouvelle perpétuellement mais aussi au niveau du business car tous ces changements ne nous permettent pas de nous endormir sur nos lauriers. »il n’empêche que pias ressemble à une petite multinationale qui ne veut pas dire son nom…kenny Gates : « Pias est transnationale. J’ai toujours voulu que Pias soit une alternative aux multinationales dotées de conseils d’administration composés de financiers et d’avocats qui veulent la rentabilité à court terme aux dépens de la créativité, de l’innovation. Pias se veut en décalage par rapport aux multinationales.

Cela dit, je n’ai jamais voulu me cantonner dans le misérabilisme et la complainte du phoque en Alaska. Pour résister à l’écrasement des multinationales, il faut se doter de moyens et ne pas juste se plaindre. Dès le départ, j’ai profité de l’aspect central de la Belgique et de la disparition des barrières douanières en 1992. En étant présent sur plusieurs territoires, Pias offre une plate-forme compétitive par rapport aux multinationales qui elles sortent leurs artistes dans plusieurs pays à la fois. Pias est présent en Belgique, en Angleterre, en Irlande, en Hollande, en France, en Allemagne, en Espagne et a rejoue moi le

de contrat écrit et les choses tenaient souvent dans une poignée de mains. Le premier deal signé a été conclu avec le groupe X-Mal Deutschland. »très vite, pias s’est lancé dans la production…kenny Gates : « On a effectivement commencé très tôt à se lancer dans des productions propres. Le premier disque qu’on a produit est celui de Polyphonic Size, une production de Michel. On a continué avec The Neon Judgement, Front 242… et avec des groupes étrangers comme The Legendary Pink Dots, Young Gods… » de pme amateur, la compagnie est devenue un véritable groupe. Que retiens-tu de cette évolution ?kenny Gates : « En tant qu’entrepreneurs indépendants, Michel et moi n’avons jamais étudié ni l’économie, ni le management. On a commencé à trois (ndr : avec un comptable). Le personnel a progressé pour monter jusqu’au 500 personnes à la fin du vingtième siècle. Aujourd’hui, Pias emploie environ 250 personnes dans le monde. Il a fallu qu’on se structure. A l’époque, nous n’avions pas de rôle défini. Pias était une boîte très rock n’roll. Ce n’est que depuis une dizaine d’années qu’on s’est structuré en groupe international. J’ai toujours été plus impliqué dans la communication tandis que Michel s’est intéressé aux éditions musicales, à l’administratif, au financier et au syndicat des indépendants et a fondé à cette fin l’association Impala. »L’industrie du disque a connu des années fastes et vit actuellement une crise économique profonde que rien ne semble enrayer…kenny Gates : « Il y a eu deux booms. Le boom du new beat à la fin des années 80 qui a vu le nombre de commandes démultiplier et celui de la fin des années 90 avec entre autre la french touch, Laurent Garnier, son label F Communications, Motorbass, Superdiscount… Aujourd’hui, l’industrie a perdu la moitié de ses employés et 60% de son chiffre d’affaire. Il y a eu des milliers de gens qui ont perdu leur emploi. On n’a jamais été soutenu par qui que ce soit. Le cliché du producteur de musique plein aux as, l’image d’Eddy Barclay en limousine est tronquée et permet de légitimer dans l’esprit de certains le téléchargement gratuit. Ma génération a grandi avec le support physique qui est en déclin mais des nouveaux modes de consommation de musique se développent. Des supports comme Youtube, Itunes vont permettre aux artistes de continuer à gagner leur vie. Je reste très optimiste. Ce ne sera plus de l’argent facile comme entre 1990 et 2000, époque où les multinationales et le marketing de masse se sont imposés massivement. Aujourd’hui, ils se retirent car le secteur est devenu

même un petit bureau aux Etats-Unis. Pourtant, je n’ai jamais reçu un soutien du politique. En 2008, Michel et moi avons été faits chevaliers de l’Ordre des Arts et des Lettres en France par le Ministre de la Culture français. La Belgique pourrait être plus fière. Je voudrais que l’on prenne en compte le fait qu’on soit un acteur culturel à part entière. »Les pias nites constituent-elles un nouveau pôle d’activité au sein de votre entreprise ?kenny Gates : « Oui, certainement.. Auparavant, Pias ne touchait pas d’argent sur les concerts de ses artistes. Aujourd’hui, on veut faire le pas. Un article de presse peut faire vendre des disques mais aussi le concert de l’artiste qui se produira après. Avoir accès directement à la musique représente quelque chose d’important pour son consommateur. Nous avons donc décidé il y a trois ans de créer nos propres concerts. Le public doit se reconnaître d’abord dans l’artiste. Le label est appelé à disparaître avec la dématérialisation de la musique. Les Pias Nites c’est aussi une manière de faire connaître le nom Pias au public. Je voudrais que les gens y passent un bon moment dans un endroit magique, qu’ils achètent leur ticket avant même que l’affiche ne soit connue, comme par reconnaissance de la qualité. Je voudrais que les Pias Nites soient une marque européenne. On en fait à Bruxelles à Tour & Taxis, à la Flèche d’Or à Paris, on en a fait une à Eindhoven en décembre on va la refaire l’année prochaine mais je voudrais qu’il y en ait partout en Europe. »Quels souvenirs en particulier gardes tu de toute cette aventure ?kenny Gates : « Daniel Darc. Miossec. Editors parce que leur musique est superbe et qu’humainement ce sont des gens fantastiques. Laurent Garnier. Martin Gore avec qui j’ai passé une soirée inoubliable à la maison. Moby. Pour le moment je suis fan de Other Lives. Le disque dont le suis le plus fier est sans doute celui de Two Many Dj’s. Je voulais vraiment que Two Many Dj’s soient à la tête d’affiche du prochain Pias Nites, une façon de fêter le dixième anniversaire de leur album historique, une véritable icône. »

On STAgE[pias] nites les 16 et 17 février @ tour & taxissuivez le guide : http://piasnites.com

TexTe : eric Therer

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Souvent aussi, ils font la part belle à la destructrice rock’n’roll way of life. C’est en ce sens que Christophe Pirenne a souhaité qu’‘Une Histoire Musicale Du Rock’ se démarque des autres opus. En faisant le pari de l’exhaustivité et en s’attachant principalement aux rythmes, aux contours mélodiques, aux harmonies, aux jeux de dynamique, aux timbres qui distinguent et/ou rapprochent Lady Gaga de Bo Diddley, Snoop Doggg d’Oasis, il dresse l’arbre généalogique des musiques modernes, remontant des racines instables du rock’n’roll aux derniers bourgeons de la hype. En gros, d’Elvis à Mumford & Sons, en passant par la British Invasion, le krautrock et le gansta rap. Se gardant de tout jugement de valeur (il sera bien difficile de dire s’il aime davantage Paul Anka que Kanye West), évitant de justesse le ton trop professoral, ces 729 pages, index et très riche biographie non compris, sont une mine d’informations souvent essentielles, parfois anecdotiques ou drôles (le nombre de guitares détruites par Pete Townshend, le terme doo-wop qui n’apparaît que dans les années 80 pour qualifier un genre apparu trois décennies plus tôt), pour comprendre l’évolution de ce terme générique qui nous tient tant à cœur, le rock.

S’il est impossible de retranscrire ici toute la richesse de l’ouvrage, on peut détailler ses rouages : Pirenne articule son bouquin autour de onze œuvres qu’il considère comme autant de pierres angulaires. De là, il développe tous les genres et les sous-genres. Ainsi, à partir de ‘That’s All Right’ d’Elvis Presley, il revient sur ce qui a permis l’éclosion du King. Les musiques noires (classées jusqu’en 1949 dans le Billboard sous l’appellation race music avant d’être remplacées par rythmn & blues, plus neutre), les musiques rurales blanches, sans oublier la

variété américaine, ni négliger l’importance des musiques religieuses et des chants de travail. Il rappelle le travail capital d’Alan Lomax et le fait que presque tous les pionniers du rock – Elvis, Jerry Lee Lewis, Roy Orbison, Little Richard, Bill Haley, Chuck Berry – aient appartenu, parfois avec des liens très forts, à l’une ou l’autre église du Sud protestante : baptiste, pentecôtiste, adventiste. Ce qui n’aura de cesse de les tirailler entre cette éducation religieuse et les tentations profanes du rock, argent facile et plaisirs immédiats. Le rock succède au blues comme la musique du diable. En parallèle, Pirenne souligne les évolutions des technologies et de l’industrie musicale (des majors à l’apparition des firmes indépendantes, les procédés à la limite de la légalité, les scandales Peyola). Il rappelle que le rock peut se caricaturer de la manière suivante : l’anonymat puis la gloire, la pauvreté puis la fortune, la province puis le monde. De cette manière, il examine aussi les mauvais usages de cette technologie, précisant qu’une part des innovations les plus importantes de l’histoire du rock est due à des musiciens sans argent bidouillant sur des technologies dépassées.Pirenne, qui enseigne l’histoire de la musique et les politiques culturelles dans les universités de Liège et de Louvain-la-Neuve, insiste donc – c’est une des caractéristiques majeures du bouquin, sur les aspects purement musicaux du rock. On apprendra, entre autres, que ‘(I Can’t Get No) Satisfaction’ repose sur un riff de trois notes (si, do, ré), quatre accords élémentaires (tonique, dominante, sous-dominante, septième diminuée) et une forme constituée d’un refrain de seize mesures alternant avec des couplets basés sur le riff. Cela peut certes s’avérer difficile à lire pour les non musiciens mais ces passages soulignent objectivement des similitudes insoupçonnées entre certains morceaux: ‘Twist & Shout’, ‘Born To Run’ sont ainsi issus du même moule que ‘La Bamba’… ‘Une Histoire Musicale Du Rock’ , par son exhaustivité et sa rigueur, s’impose donc comme un ouvrage de référence.

un livre : ‘Une Histoire Musicale Du Rock’ (Fayard)

TexTe : Tom Vea © neil krug TexTe : laurenT grenier 11

klara söderberg : « Avant d’être deux sœurs, nous sommes deux amies complémentaires, nous nous entendons à merveille, nous sommes influencées par les mêmes choses, nous avons le même avis sur beaucoup de points de vue, c’est un vrai plaisir. »Johanna söderberg : « Et puis notre père est avec nous, il a enregistré la basse sur l’album. Il avait, à l’époque, produit notre premier EP et notre premier disque. Il nous accompagne en tournée car c’est un super ingénieur son. Il a toujours un œil sur nous. Jouer en famille c’est super, vu qu’on est tout le temps loin de la maison, on peut quand même passer du temps avec les gens qu’on aime. »vous vous êtes fait connaitre en postant une cover des Fleet Foxes (‘Tiger Mountain Peasant Song’) sur youtube. pensez-vous que le net est devenu le moyen le plus efficace pour accéder à la célébrité ?Johanna : « Il existe de nombreux moyens pour se faire connaître et entendre, comme la télévision ou la radio, mais c’est sûr que l’internet est le médium le plus efficace et le plus rapide. D’ailleurs ça a marché pour nous et nous en sommes très contentes. Qui aurait pu se l’imaginer ? »klara : « Nous ne pouvions rien prévoir, nous avions envie de rendre hommage à un groupe que l’on apprécie beaucoup, et ça a touché un bon nombre de gens. »vous êtes des spécialistes des covers et vous reprenez avec aisance des artistes engagées telles Buffy sainte marie ou patti smith; vous sentez vous investies d’un message à délivrer ?Johanna : « Quel est l’intérêt de faire de la musique ? Il est évident que nos morceaux parlent de choses qui nous tiennent à cœur. Nous ne portons pas de chaînes et nous avons la parole, donc à notre échelle, si nous pouvons faire quelque chose, il faut que nous le fassions. Cela ne nous effraye pas de parler de politique, et encore moins de chanter ‘Universal Soldier’ de Buffy Sainte Marie. »klara : « Mais attention, nous ne parlons que de thèmes qui nous sont précieux, nous n’allons pas faire des chansons engagées histoire de dire que nous en faisons. Nous sommes extrêmement touchées par la nature, l’environnement et la vitesse à laquelle le monde se dégrade. »Johanna : « Mais c’est sûr que nous sommes des filles et en plus nous sommes jeunes, donc il est super facile de prendre un raccourci et de dire que nous sommes stupides, c’est devenu un défi de se battre contre ce cliché. De toute façon, l’important c’est de rester honnêtes et intègres, ne pas écrire en fonction de ce que veulent entendre les gens et toujours faire ce que l’on veut et peut. »Qu’est ce qui vous influence et vous plaît tant dans la musique folk ?Johanna : « La musique country venant des Etats-Unis ou d’Angleterre nous inspire, c’est une musique honnête, vraie et sincère. On ne peut pas mentir en écrivant une musique comme ça. Mais le groupe qui nous a le plus marqué est sans nul doute Bright Eyes. Dès que nous les avons entendus, il n’y avait plus de doute, nous voulions faire de la folk et de la country, ce type de musique caractérise bien notre état d’esprit. »pourquoi « le lion rugit t’il » ?Johanna : « C’est une sirène d’alarme, un gros avertissement du danger imminent sur l’état actuel de notre planète. Il est important que quoi que nous fassions, qui que nous soyons, nous tentions d’être de meilleures personnes, qui s’attellent à construire un monde meilleur. Un monde où l’on se respecte, un monde que l’on respecte, tous ensemble. »mais malgré tout, sur ‘The Lion’s Roar’ , vous parlez beaucoup d’amour...Johanna : « C’est vrai que ce disque parle de l’importance de la famille et de l’interaction avec les autres. A notre époque, où internet est le roi dans chaque maison, nous sommes très isolés tout en ayant l’impression d’être proche des gens, de tout connaître sur eux. Si l’on va dans un bus, dans la rue ou dans un bar, chacun reste dans son coin et n’interagit pas avec l’autre comme si nous avions peur de rentrer en communication. Il est primordial de ne pas se perdre dans toutes ces technologies. »Comment s’est passé l’enregistrement de l’album ?Johanna : « On l’a enregistré durant le printemps 2011 aux Etats Unis, à Omaha, au Nebraska avec Mike Moggis du groupe Bright Eyes, qu’on admire. C’est le groupe qui nous a donné envie de faire de la musique et là c’était vraiment comme un rêve qui devenait réel. Ce fût un vrai plaisir de travailler sur cet album. Il y avait plus de musiciens que sur le précédent opus, on avait l’impression de faire un disque de groupe, c’était beaucoup plus excitant à faire, car nous avons rencontré et fait de la musique avec plein de personnes, ce qui fût une expérience extraordinaire et très enrichissante d’un point de vue humain et professionnel. »pouvez vous me délivrer le secret de la musique venant du nord ? Comment faites -vous pour produire chaque fois quelque chose de si céleste?Johanna : « Il n’y a pas de secret, juste peut-être le côté ténébreux et le froid de nos pays: c’est tellement insoutenable dehors que l’on préfère rester à la maison et jouer de la musique. C’est aussi mystérieux que ça. »

un disque : ‘The Lion’s Roar’ (Wichita/Pias) • Suivez le guide : http://thisisfirstaidkit.com/

On STAgEpias nights 16/02/12 à tour et taxis, Bruxelles

FirSt aiD Kit

Douceur folk en directe lignée de leurs héros américains telle est la meilleure définition, à mon sens, de la musique des First Aid Kit. Les sœurs suédoises reviennent cette année pour l’exercice difficile du deuxième album. Avec ‘The Lion’s Roar’ elles réussissent l’examen avec une grande distinction et nous plongent, l’espace d’un instant, dans des sonori-tés proches des années soixante, délivrant un brillant hommage à une musique simple, efficace et d’une douceur déconcertante. god bless Sweden, god bless folk songs.

Les allumettes suédoises

accords Majeurs

Les pavés sur l’histoire du rock ne manquent pas. Des plus encyclopédiques aux plus subjectifs. Le plus généralement confinés à un genre, une époque bien définie ou un artiste (le reggae, les golden sixties, Phil Spector…), ces bouquins insistent souvent davan-tage – et parfois de manière lourdingue – sur le contexte social (racial), économique et politique plutôt que sur la musique elle-même.

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TexTe : N icolas alsTeeN © aNgel ceballos12

Quelle est la genèse de perfume Genius ?mike Hadreas : « J’ai toujours joué du piano, toujours aimé écouter de la musique. Sans jamais réaliser que je pouvais en faire moi-même, que je pouvais écrire une chanson. Il y a cinq ans, un déclic s’est produit, quelque chose a pris un sens. Je devais écrire… Ecrire des poèmes, jouer du piano : deux choses totalement distinctes dans ma vie qui, un jour, sont entrées en collision. »peut-on voir tes chansons comme une mise en musique de tes premiers poèmes ?mike Hadreas : « Je suis une sorte d’éternel ado : je tiens un journal intime, ce genre de choses... Mais je n’ai jamais pris conscience de la portée de mes textes. On peut donc distinguer mes notes personnelles des chansons. »ton premier album, ‘Learning’, a été écrit de façon obsessive, voire compulsive. a l’heure de ‘Put Your Back N 2 It’, le processus de composition est-il différent ?mike Hadreas : « Pas fondamentalement. C’est dans ma nature : je suis ce genre de personne qui peut être obnubilée par quelque chose. J’y pense sans arrêt, j’y travaille jusqu’à la fin, de façon à anéantir cette obsession. Donc, oui, l’écriture du second album s’est déroulée de la même façon. Les poèmes sont simples, ils reposent sur des textes courts. Mais chaque mot est pesé. »Quelle a été la réaction de ton entourage à l’écoute du premier album ?mike Hadreas : « C’était principalement mon histoire. Certains étaient un peu inquiets pour moi. (Rires) J’ai grandi dans une famille dans laquelle, même s’il y avait des problèmes, le secret n’avait pas sa place. On pouvait parler de tout. C’est un fonctionnement assez sain. Je ne pense pas manquer de respect à mon entourage dans ma façon d’écrire. À travers mes chansons, je cherche plutôt à les aider, à les réconforter. »Les paroles de ton premier album étaient personnelles. tu parlais de toi, de ta famille, de tes amis. C’était assez intime. Cette façon d’aborder tes proches à travers tes chansons a-t-elle eu des conséquences sur ton mode d’écriture ?mike Hadreas : « Pas vraiment. J’essaie de plus en plus d’anticiper la réaction des gens. Quand j’ai commencé à travailler sur cet album, j’ai écrit une chanson (‘Dark Parts’) pour ma maman. Récemment, je l’ai jouée devant elle. Et c’est la même chose pour mes amis. Si je fais référence à quelqu’un dans une chanson, je veux être certain que cette personne apprécie le morceau. »La chanson dédiée à ta maman (‘Dark Parts’) évoque les moments sombres de sa vie. pourquoi ne pas se concentrer sur les bons moments ?mike Hadreas : « La vie, c’est une activité solitaire. Il faut être capable de se féliciter quand on passe au-dessus des moments difficiles. Si tu survis à un abus sexuel, par exemple, les gens viennent t’applaudir. Mais survivre après ça, c’est réellement difficile. Tout ça pour dire que je voulais dire à ma mère qu’elle est forte et merveilleuse, que ses expériences personnelles m’ont renforcé. Je pense qu’elle le savait déjà. Mais je voulais qu’elle le sache un peu plus encore. (Sourire) »‘Put Your Back Into It’, le titre qui donne son nom à l’album, est aussi une chanson d’amour gay. est-ce important de clamer ton homosexualité à travers ta musique ?mike Hadreas : « Oui, je pense que ça l’est. Dans la vie, je suis contre toutes formes de crainte. Partant de là, je serai honteux de cacher mon homosexualité. Certains s’inquiètent de cette situation : ils pensent que chanter une relation amoureuse homosexuelle, c’est prendre le risque de s’adresser exclusivement à un public gay. Moi, je n’y crois pas :

PErFuME GEniuS

La délicatesse

les gens sont plus intelligents que ça. C’était important pour moi d’écrire une chanson d’amour entre deux hommes. »Quel est ton premier souvenir de chanson gay ?mike Hadreas : « Un jour, j’ai acheté un album d’Imperial Teen, un groupe pop indie de San Francisco. C’était au milieu des années 1990, avant mon coming out. Sur le disque, il y avait une chanson d’amour dans laquelle un gars raconte qu’il embrasse quelqu’un. Et, à la fin, il dit qu’il embrasse un homme. Je me souviens d’avoir fait « Oh ! » en demandant à mon grand frère si on pouvait vraiment dire ça. Pour moi, à l’époque, ça devait rester un secret. Après cette expérience, j’avais l’impression de devoir cacher l’album. Je devais avoir 13 ou 14 ans. C’était essentiel d’entendre qu’on pouvait parler ouvertement d’homosexualité. »Le thème de la chanson ‘Awol Marine’ s’inspire d’une vidéo porno. C’est assez inhabituel comme source d’inspiration…mike Hadreas : « Personne ne mate du porno en s’en vantant l’instant d’après. Genre

« Hey mec, j’ai regardé du porno ! » (Sourire). On ressent toujours une certaine culpabilité. C’était le cas après avoir visionné celui dont je parle dans la chanson. C’était une vidéo assez immature : les acteurs ne savaient pas bien ce qu’ils

devaient faire et s’ils le faisaient bien. Ecrire sur ce sujet, c’est ma façon de faire quelque chose de beau à partir d’un truc qui est souvent considéré comme grossier. »La chanson ‘17’ évoque cette période de la vie : 17 ans, c’est l’âge le plus difficile ?mike Hadreas : « Pour moi, c’était plutôt horrible. C’est une période où tu te démènes pour essayer de savoir qui tu es. Tu cherches des pistes vers l’âge adulte. Mais, au fond, tu es toujours un enfant. Aujourd’hui, je sais plus ou moins qui je suis. L’adolescence, c’est l’âge égoïste. On est complètement obsédé par sa personne. Je voulais aborder cette période, même si elle me semble toujours aussi inexplicable. »Le morceau ‘Dirge’ s’inspire d’un poème d’edna st. vincent millay. es-tu un grand amateur de poésie ?mike Hadreas : « Je ne suis pas un érudit en la matière, mais je possède quelques recueils. J’aime quand un poème est simple et concis. Quand je lisais ce poème d’Edna St. Vincent Millay, j’entendais sa bande-son dans ma tête. J’ai donc décidé de la reproduire. »C’est un poème de 1921. as-tu une affection particulière pour les choses surranées ?mike Hadreas : « En quelque sorte. Je ne sais pas pourquoi. Même ma maison est vieille. Mes vêtements aussi. J’aime l’idée qu’ils soient habités, qu’ils aient une histoire. C’est ça : j’aime les choses qui ont une histoire. »Le concert donné, fin 2010, à la rotonde du Botanique serait ton préféré. C’est toujours vrai aujourd’hui ?mike Hadreas : « Je n’ai pas dit que c’était mon meilleur concert, mais c’est clairement mon préféré. La salle était superbe. Les gens souriaient, ils étaient d’un grand soutien. Après le concert, j’ai enlacé des spectacteurs. Parfois, aux Etats-Unis, les gens sont très « coincés ». Quand la musique est calme, ils ne savent pas s’ils doivent applaudir. Ici, les gens sifflent et applaudissent. J’ai trouvé ça super ; ça m’a rendu heureux. J’ai pleuré après ce concert. »

un disque : ‘Put Your Back N 2 It’ (matador/Beggars Banquet). sortie le 20 février.suivez le guide : http://www.matadorrecords.com/perfume_genius

Délicate et effroyablement personnelle, la musique de Mike Hadreas se dresse par-delà les notes vulnérables de son piano.

Beau à chialer, triste à pleurer, le second album (‘Put Your Back n 2 It’) de celui qui se cache sous les effluves nostalgiques

de Perfume genius batifole encore dans les zones obscures de la nature humaine. Quelque part entre la fragilité d’Antony Hegarty et la déprime

paradisiaque d’Elliott Smith, le garçon creuse son sillon. Sans sourciller.

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TexTe : N icolas alsTeeN © aNgel ceballos

01.02FASTLANE CANDIES Be, TAÏFUN Be, GAËTAN STREEL Be, KISS & DRIVE Be,PALE GREY Be

02.02 KOMAH Be, THE LINK Be, THE K. Be, EXUVIATED Be, DRIVING DEAD GIRL Be

03.02 APPLAUSE Be, KUPID KIDS Be, V.O. Be, NOA MOON Be, CRAZY LADY MADRID Be

04.02

DYNAMIC BE, KAER Be, UMAN Be, SQUEAKY LOBSTER Be, GLŸPH Be, ANTILUX Be, CONCERT DEBOUT Be, CUPP CAVE Be, COMPUPHONIC Be, MËLAN Be, VEENCE HANAO Be, SCYLLA Be, AMUTE Be, JOY AS A TOY Be, ZOFT Be

05.02 PIERRE LAPOINTE ca seul au piano • coprod. Ubu

06.02 PIERRE LAPOINTE ca seul au piano • coprod. Ubu

08.02 HANNI EL KHATIB Us • SOLD OUT

09.02 THE MACCABEES Gb + WE ARE AUGUSTINES Us

09.02 VINCENT LIBEN Be nouveau CD

11.02 CLAP YOUR HANDS SAY YEAH ! Us + MEURSAULT Gb • SOLD OUT

11.02 THE REAL TUESDAY WELD Gb

12.02 AZARI & III Ca

12.02 I BREAK HORSES Se

13.02 KINA GRANNIS Us

15.02 LE PEUPLE DE L’HERBE Fr

16.02 BALIMURPHY Be nouveau CD • coprod. Un Soir Autour du Monde • Cirque Royal

16.02 ALDEBERT Fr

16.02 BOOM BIP Us

21.02 ACTIVE CHILD Us

22.02 tUnE-YaRdS Us + CATERPILLARMEN Is

23.02 KURT VILE & THE VIOLATORS Us

24.02 PULLED APART BY HORSES Gb + TURBOWOLF Gb

24.02@ AB : KISS & DRIVE Be, CAPE COAST RADIO Be, BRNS Be, SCHOOL IS COOL Be,

HOQUETS Be

25.02@ BOTA : LOVE LIKE BIRDS Be, ZOFT Be,BIRDS THAT CHANGE COLOUR Be,CUSTOMS Be, DAN SAN Be

26.02 DRY THE RIVER Gb

27.02 YOUTH LAGOON Us + HALF ASLEEP Be • SOLD OUT

28.02 THE LOCOS E

28.02 ST. VINCENT Us • SOLD OUT

01.03 SKIP THE USE Fr

01.03 BIG DEAL Us + ALT-J Gb

03.03 BURAKA SOM SISTEMA Pt • SOLD OUT

03.03 SHARON VAN ETTEN Us

04.03 CHAIRLIFT Us + o F F LOVE D

07.03 WU LYF Gb • SOLD OUT

08.03 ANDREW BIRD Us • Cirque Royal

08.03 MEGAPHONIC THRIFT No

09.03 LAMBCHOP Us + CORTNEY TIDWEL Us

09.03 TEAM ME No + UNO MØLLER Us

10.03 CASS McCOMBS Us

13.03 THOMAS DYBDHAL No

16.03 ELLIOTT MURPHY Us

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…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA02.218.37.32 – WWW.BOTANIQUE.BE

RIFRAF-Jan-Fr.indd 1 18/01/12 10:49

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Matt Elliott‘The Broken Man’Ici d’Ailleurs/Konkurrent

‘Oh how we fell’, un étonnant morceau-monde de 11 mi-nutes et des poussières, voilà comment frappe d’emblée ‘The Broken Man’. 11 minutes de pure bravoure et de recueille-ment, où se croisent le spectre de Don Diego de la Vega, des fluctuations flamenco à la guitare que n’aurait sans doute pas renié l’ami John Fahey, des regrets ficelés en petits paquets aux arêtes saillantes, des apnées silencieuses, sans oublier le

cortège chaotique d’âmes russes tourmentées qui accompagnent le songwriter depuis sa trilogie (‘Drinking Songs’, ‘Failing Songs’, ‘Howling Songs’), en relative retenue jusqu’à l’ul-time instant. Dès lors, la couleur est donnée : noir c’est noir, ou gris cendres, à la rigueur. Prétendre que Matt Elliott nous avait habitués jusqu’alors à des morceaux solaires et suin-tant le bonheur par tous les pores me ferait passer pour un imposteur de petite volée. Bien entendu, l’ancien Third Eye Fondation continue à creuser ce même sillon folk balkanico-tragique qu’il a fait sien depuis 2004, jusqu’à l’obsession. Mais il le fait ici avec une forme de rigueur et d’austérité qui méritent force agenouillements, désosse les mélodies avec les dents, alterne les cavalcades à la guitare et les plages délicates de piano, se débar-rasse des scories superflues, de toute cette fureur démente noire/noise que pouvait conte-nir ‘Howling Songs’. C’est une vague intense de mélancolie qui vous étreint ou vous lasse, il faut définitivement choisir son camp : t’es gloomy ou t’es bath, tranche ou tu seras tran-ché. Et l’auditeur aguerri à tant de morosité, comblé mais exsangue, de murmurer avec le demi-sourire de circonstance : « Hello darkness, my old friend… » et de boire, consentant, ce délicieux poison jusqu’à la lie. (alr)

14EarTEaM

Lambchop‘Mr M’City Slang/Konkurrent

Chanteur, auteur, guitariste et maître d’œuvre de Lambchop, Kurt Wagner embarque sa casquette fétiche à bord d’un nouvel album à fleur de peau. ‘Mr M’ est un hommage à l’ami perdu, une ode chagrine au regretté Vic Chesnutt. Face à la tristesse, le leader de Lambchop évite de sombrer dans le spleen. Il retient ses larmes. Peines et émotions prennent alors la direction de ses chansons, œuvres apaisées, pleines de compassion et d’amour. Le cœur

serré, Kurt Wagner pose sa voix grave sur les souvenirs : des bons moments, savamment or-chestrés et subtilement mis en lumière par une pluie de cordes délicates. Les guitares sur-lignent la passion. Le piano s’offre, lui aussi, quelques notes à la mémoire du compagnon sui-cidé. Si la mélancolie règne en maître sur le royaume de ‘Mr M’, elle ne se prête jamais à la dépression. Par ailleurs, on a parfois vu Lambchop comme le tenant d’une autre country. Rien de tout ça ici. Kurt Wagner revêt le costume du crooner et séduit la pop du haut de ses bons mots. Chaleureux et réconfortant, ce disque est long en bouche. On sait qu’on y reviendra. Pour le souvenir ou par pur plaisir. (na)

Mansfield Tya‘Nyx’Vicious Circle/Munich

Vendu par les Inrocks – mais ces gars savent-ils encore seule-ment causer de musique ? – et tous leurs imitateurs comme un « opéra-rock nocturne », ‘Nyx’ n’en a pourtant pas la moindre des caractéristiques. D’abord, parce que si tous les disques qui viennent chercher des noises, la nuit, aux amours torturés et in-terlopes devaient être étiquetés de la sorte, on n’aurait pas fini d’entasser les albums conceptuels. Ensuite, parce que les chan-

sons de ‘Nyx’ n’en ont royalement rien à foutre les unes des autres. Et pour cause : chacune d’elle s’apprécie séparément et intégralement. Le duo de Nantaises reprend donc pour la troisième fois sa formule absconse (euh, un violon, une guitare) qui avait fait de ‘June’ et ‘Seules Au Bout De 23 Secondes’ des disques assez magiques et l’abracadabraque de fort belle manière. Notamment à grands renforts de boîtes à rythmes et de bleep bleep bien fou-tus qui font de certains morceaux – ‘Des Coups, Des Cœurs’, ‘Cavaliers’ – de véritables pe-tites bombes à danser. On lui découvre aussi un appétit féroce et insoupçonné pour les per-cussions un peu tribales (‘Au Loin’, résonne comme un écho du meilleur titre du dernier The Do, ‘Slippery Slope’) et les musiques des hommes-machines (‘An Island In An Island’, répété ad lib et néanmoins jamais lassant, exactement comme du Can, rappelle qu’on a beaucoup aimé l’année dernière ‘Suicide Girl’, cette belle chanson robotique de Nicolas Comment). Après, au-delà de la musique, il reste les textes. Fortiches, as usual. Troublés et cancéreux. Le très grave ‘Animal’ nous relance ainsi, très longtemps encore après s’être tu : « Peut-on devenir un animal si l’on fixe à ses pieds des fers ? / Est-ce que tous les polygames font brûler en enfer ?». (lg)

© Cetrobo.com

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EarTEaM 15

Acid Baby Jesus‘LP’Slovenly Records

Aperçus lors de la dernière tournée euro-péenne des Black Lips, les Grecs d’Acid Baby Jesus jouent dans la même cours de récréation que les joyeux lurons d’Atlanta. Aussi, leur nouvel album (‘LP’) s’élève-t-il pu-bliquement à la gloire d’un garage punk dé-froqué et rieur. Entre chants de marins dé-foncés au Martini et chœurs de Gremlins sous cocaïne, les guitares viennent s’expli-quer à grands renforts de riffs paléozoïques et autres suçons distordus. Si les mélodies d’Acid Baby Jesus se déplacent en béquilles, elles ne reculent devant aucun obstacle : elles jouent à saute-mouton sur le bar ou à renard qui pisse dans les toilettes. Dans tous les cas, c’est l’éclate totale. Malgré une pro-duction crève-la-faim, on ne s’ennuie jamais à l’écoute du disque d’Acid Baby Jesus, re-mède évident à la crise de la dette. (na)

Ansatz der Maschine‘Heat’News

Ansatz der Maschine, une âme, une chanteuse, huit musiciens et des machines. Utilisant dans sa musique des samples, des synthés et des clicks and cuts, le compositeur, violoniste et arrangeur

Mathijs Bertel propose pourtant une expression résolument organique. Ses trois précédentes productions furent reçues avec autant de scepticisme que d’enthousiasme mais ce nouvel album devrait - on l’espère en tout cas - accroître si pas son capital en banque, du moins son capital sympathie ou sa notoriété. A la différence de ses prédé-cesseurs instrumentaux, ‘Heat’est en effet un disque beaucoup moins abstrait (on a failli dire abscons) et principalement vocal. Trois autres chanteurs ont été conviés pour l’occasion. Et quand l’instrumental ne suffit plus au musicien pour s’exprimer, c’est probablement parce qu’il a des messages à faire passer. C’est le cas ici sur chacune des plages dédiées à des personnages réels ou fictifs. Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même ‘Desert Story’est une ode à sa douce moitié qui bénéficie d’une orchestration sublime entre instruments à cordes et à vents. Une plage sans titre qui sonne comme un requiem métaphorise l’émotion de Bertel face à la disparition de Mark Linkous de Sparklehorse. D’autres fantômes sont convoqués, Patrick Susskind (‘Ka’) ou Gabriel Garcia Marquez (‘A Never Ending Blues’). Plus que jamais, le tour de force réside dans le subtil équilibre à trouver entre la finesse musicale et le côté « sloga-nesque » du disque. Et si celui-ci obéit parfois à certains clichés du genre au niveau musical, le parti-pris engagé est tout à fait supportable. En résumé, ‘Heat’est un disque d’electronica hybride et sophistiqué, classieux et fragile mais aérien et spectral sur toute sa longueur. (gle)

Babils‘QTaB’Auto-production

Laboratoire vivant et en pagaille, les Babils avaient agréablement surpris avec ‘The Joint Between’, un premier album fécond et picaresque paru sur Stilll en 2008. En at-tendant sa suite mais aussi un nouveau la-bel qui daignera les accepter, les Babils s’adjoignent un sixième membre et pré-sentent, en guise de newsletter exten-sive et extensible, un cd-r reprenant quatre longues improvisations, histoire de don-ner de leurs nouvelles, histoire de mainte-nir les mécaniques huilées, histoire de té-moigner des répèts’ de la mort qui tue. Au Laboratoire Central, les choses vont bon train. Visiblement, l’équipe se porte bien, elle teste des protocoles d’essai, opère des recoupements, extrapole les portées, recule plus loin encore les limites de ses engage-ments et défie ses propres résultats. Nous, pauvres cobayes volontaires, nous restons toute ouïe à ces opérations et, à vrai dire,

ces gesticulations auriculaires vagabondes nous font beaucoup de bien à l’organe de Corti. (et)

BaliMurphy‘La Déroute’Sam Records/AMG

‘La Déroute’ est un titre idéal pour débuter une chronique. Du pain bénit pour un chro-niqueur mal embouché qui voudrait déver-ser son fiel sur un disque. A fortiori avec un groupe qui a souvent souffert - et pas que malgré lui - de la comparaison avec des confrères siamois à la carrure commer-ciale plus large comme Debout sur le Zinc ou les Ogres de Barback. Mais à la lec-ture du feuillet de présentation qui accom-pagne ce disque, on se dit que peut-être on ferait bien de garder ses a priori au ves-tiaire et de garder notre précieux venin pour la concurrence. Ledit feuillet annonce un effet une collaboration avec Kris Dane (dEUS, Ghinzu) à la direction artistique ain-si qu’une coloration résolument plus blu-es et électrique. Ravalement de façade ou réelle évolution? Au final demeure une im-pression mitigée. Le groupe reste surtout scotché à son univers poético-désabusé et à son core-business musical (‘L’Homo ça pionce’). Pourquoi sinon avoir choisi un titre comme ‘Le Caméléon ‘ pour faire of-fice de single ? La dualité entre les textes particulièrement sombres et les mélodies folk-rock plutôt festives est moins évidente que par le passé mais en guise de colora-tion blues et électrique, on doit se conten-ter de quelques touches de pastel sur cer-tains titres. Au final, si le disque semble souffrir d’un peu de schizophrénie, ça n’est pas effectivement pas la déroute qu’on pouvait redouter. Mais rien de franchement déroutant non plus. (gle)

Bénabar‘Les Bénéfices Du Doute’Sony Music

« A dix-huit sur une Vespa, pour une soi-rée sur l’thème des chats, déguisés en Che Guevara, pour les amis on f’rait n’importe quoi. », c’est la seule phrase qui est ressor-tie de mon atelier d’écriture dans le style Bénabar. Si les chansons de l’album, dans leur structure, ne s’éloignent guère des por-traits tant appréciés par l’ancien clown, on peut sentir une nette évolution dans la fa-çon d’aborder les thèmes. Bénabar a at-teint les 40 ans et nous livre un album qui le transpire. Premièrement, l’étonnement avec ‘La fille qui habite chez moi’ a laissé place à ‘C’est ça ma vie’, constat d’un père de fa-mille fraichement divorcé, à la garde par-tagée, quant aux enfants se plantant lors de leurs premiers coups de pédales, ils ont laissé place à ‘Moins vite’ allégorie d’un temps passant toujours trop rapidement. Si son regard cynique, vitriolé et pinçant est quelque peu passé à la trappe, c’est pour laisser place à une plus grande maturité. Bruno Nicolini a un œil différent sur des ins-tants assez similaires. Ici le chanteur pro-pose un album plus délicat, abandonnant la section cuivres pour nous offrir des sons beaucoup plus folk voire country. Bénabar vieillit, ça fait du bien, pour nous aussi. (tv)

Jac Berrocal, David Fenech, Ghédalia Tazartès‘Superdisque’Sub Rosa/Mandaï

Mais oui, c’est un superdisque ! En tout cas pour les amateurs du genre (sauf que ce genre n’existe pas). Ceux qui sont familiers des vétérans Berrocal et Tazartès seront aux anges

car ce disque, aux confins de l’art brut (cfr les expérimentations sonores d’Artaud ou de Dubuffet), du rock, du jazz, de la musique ethnique (notamment avec ‘Powow’ dont le titre parle de lui-même) et de la poésie sonore, les révèle au meilleur de leur forme. Bien sûr, Ghédalia vocalise toujours dans des langues inventées (sauf pour l’amusante reprise de ‘J’attendrai Ton Retour’ » ou pour l’interprétation d’un poème de Mallarmé, ‘Sainte’, dans le plus pur style Dubuffet) et pratique divers instruments relativement incongrus, bien sûr Jac poursuit ses divagations à la trompette ou avec d’autres binious peu usités (tel que conques et ossements humains du Tibet), mais c’est pour notre plus grand bonheur ! Ce qui fait sans doute le ciment du trio, c’est David Fenech (qui a collaboré avec de nombreuses pointures comme Jad Fair, Felix Kubin, Tom Cora, Rhys Chatham, James Plotkin), lequel joue ici surtout de la guitare électrique (mais également de l’ukulele, des tourne-disques, diverses percussions, etc.), tout en se chargeant de l’enregistrement et du mixage dans son studio à Montreuil. La production est nerveuse et sans faille. Sur les douze titres, trois ont été enregistrés en public, sans qu’on puisse le déceler, témoin d’une bonne cohésion. L’album est traversé par des mélodies tantôt fragiles tantôt sauvages ou étranges voire co-casses, avec parfois un brin de nostalgie. La version CD contient un bonus, ‘Zilveli’, long et hypnotique duo entre Fenech (avec la même guitare delay du premier mor-ceau, ainsi que d’autres explorations kraut de la guitare) et Berrocal. (gs)

Big Deal‘Lights Out’Mute

Pour faire de la bonne zizik, il n’est pas toujours nécessaire de recourir à un déluge de moyens. Dites-le vous pour dit, le diction s’applique dorénavant au duo Big Deal – une guitare

électrique, une gratte acoustique, deux voix et that’s it (ouais, pas mal de réverb’ aussi). Oui, mais ces Big Deal, c’est qui ? Juste un ténébreux mec ricain (Kacey Underwood) et une jeunette londonienne à la voix angélique (Alice Costelloe, 18 ans !) pour un putain de mariage musical qui frise non le big deal mais le big love. Improbable combinaison entre Camera Obscura et My Bloody Valentine sur fond de Mazzy Star, la plupart des titres fonctionne merveilleusement,

notamment grâce aux accents shoegaze – ils sont un magnifique contrepoint au chant perlé de Costelloe dont on tombe amoureux dès les premières secondes. Même si en un instant ou deux (‘Homework’), on frise la sortie de route fleur bleue, les Big Deal prouvent à suffisance qu’ils sont largement au-delà de ces projets bidon dont on nous soûle et qu’au rayon crédibilité, ils n’ont déjà plus de leçon à recevoir. L’appel est lancé aux programmateurs de Bruxelles, Liège et Tombouctou, on vous attend ! (fv)

Benjamin Biolay‘Best Of’EMI

On a souvent raillé sa tête à claques et dé-nigré ses manières empruntées. Ce premier récapitulatif est pourtant l’occasion de s’en convaincre : BB est un putain de grand au-teur-compositeur-interprète, selon la formule consacrée. Ses arrangements de cuivres et de cordes ne tombent jamais dans le pathos. Ses textes font rarement dans le Bénabar. Ces dix-neuf titres donnent avant tout envie de replonger dans ses différents opus, longtemps laissés sur le côté car trop longs, parfois doubles, souvent indigestes. En ça, cette compilation est une réussite. Elle laisse aussi entrevoir une chose éton-nante chez Biolay : l’absence d’évolution flagrante. De ‘Please Please Me’ à ‘Abbey Road’, de ‘Pablo Honey’ à ‘The Kings Of Limbs’, de ‘La Mémoire Neuve’ à ‘Remué’, combien de groupes, de chanteurs ont su se réinventer, muter, tout en gardant leur singularité. Biolay n’en est pas. Ces chan-sons piochées un peu partout dans sa dis-cographie officielle (et uniquement : un iné-dit intéressant et pas de trace de son tra-vail pour les autres, de ses chansons pour sa sœur, pour Marie Warnant, ou de sa col-laboration récente et décevante au film ‘Pourquoi Tu Pleures’) et tracklistées en mode shuffle font clairement ressortir cette évidence : chaque titre aurait pu se retrou-ver sur chacun de ses albums, ou presque. Restent cependant des morceaux forts, ful-gurants et largement au-dessus du lot. A l’image des immenses ‘Ton Héritage’ ou ‘Brandt Rhapsodie’. (lg)

Birds Of Passage‘Winter Lady’Denovali Records

Je dois avouer des trucs, au sein de la « Earteam », il y a ceux à qui l’on donne les disques d’hiver et il y a les autres, moi j’ai reçu un disque d’hiver, et un chouette disque d’hiver. « Mais de quoi il parle le gars là ? » C’est pourtant simple : dés la pre-mière écoute de ‘Winter Lady’, deuxième al-bum de Birds Of Passage « aka » la néo-zélandaise Alicia Merz, vous plongez dans une atmosphère froide à l’extérieur mais qui vous chauffe de l’intérieur, qui vous emplit de cette délicieuse et bouillonnante plénitude. Les fans de Sigur Ros, Cocteau Twins ou en-core Slowdive devraient en avoir pour leur ar-gent et retrouver dans ce disque les climats défendus par leurs artistes favoris. Revenons à nos moutons, ‘Winter Lady’ vous installe-ra dans votre cocon confortable d’entrée de jeu avec le planant ‘Fatal Melody’, agrippe-ra votre corde sensible sur ‘Away With The Night’ pour ensuite vous achever en beau-té avec le magnifique ‘Waltz While We Sleep’. Si l’album est un paysage dans lequel on est plongé, chaque chanson en est un point de vue différent et délicieux. (tv)

The Black Keys‘El Camino’Nonesuch/Warner

Le RifRaf débarque comme les carabiniers d’Offenbach. La guerre est terminée, le van des Black Keys est stationné sur le parking du succès et le tube à propulsion ‘Lonely Boy’ nous a déjà

tellement mordu l’oreille interne qu’il est maintenant obligé de s’attaquer au cervelet. ‘El Camino’ est un gros carton. Mais comment pouvait-il en être autrement ? Voilà

Bed Rugs‘8th Cloud’Waste My Records/Munich Records

Finaliste du mythique Humo’s Rock Rally en 2008, ce groupe anversois a réussi à séduire Munich Records, ré-puté pour son goût très sûr. En écoutant ‘8th Cloud’, on se dit que le label a eu le nez fin, vu que l’univers déployé par Bed Rugs est des plus engageants. La musique est en effet fort soignée, évoluant dans un registre rock vo-lontiers psychédélique avec des inflexions pop marquées

et une touche d’américana (‘Marks’ ghost’). Des titres comme le bien enlevé ‘Modern freaks’, l’entêtant et tendu ‘Subtopia’, le plus laidback ‘Be a little strange’, l’orienta-lisant ‘Shoe’ ou le très psyché sixties‘Trees’ sont particulièrement accrocheurs et devraient permettre au groupe de se profiler comme une révélation dans les pro-chains mois. Au petit jeu des comparaisons, des noms comme les Flaming Lips ou Sparklehorse pourraient être évoqués, même si ce serait réducteur, tant les Bed Rugs sont tout sauf des suiveurs, aussi subtils soient-ils. Brillant ! (pf)

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EarTEaM16

maintenant dix piges que Dan Auerbach et Patrick Carney fournissent la meilleure came du marché. Suffisait d’y goûter pour en recommander. Depuis les berges du Mississipi jusqu’aux usines graisseuses du Midwest, le duo d’Akron a toujours brûlé ses calories en s’excitant sur l’histoire du rock. Et, à chaque étape, ils se sont montrés meilleurs que la concurrence. Aujourd’hui propulsés sur la plus haute marche du podium, rien – à part eux – ne peut les déloger de ce piédestal. Une fois encore, la production revient au génial Danger Mouse (actif aux manettes depuis le début de l’ascension du groupe, entamée avec l’album ‘Attack & Release’). Une chose, quand même : ‘El Camino’ est le moins bon album des Black Keys. Mais à l’aune des banalités projetées à l’avant-plan de la sphère musicale, ce disque neutralise toute offensive à grands renforts de riffs calibrés pour épouser les ondes. Avec ‘El Camino’, le duo ferme définitivement la porte du garage pour prendre la direction du stade le plus proche. Si on préférait les applaudir à l’entraî-nement et assister, sidéré, aux matchs qui les ont menés au sommet, on restera bon supporter à l’heure de mater leur prestation sur écran géant. (na)

Boulevard Des Airs‘ Paris-Buenos aires ’Sony Music

Lors de la création, Dieu créa le Big Bang, une alternative originale pour pas glander grand chose et tout créer en même temps, il vit que cela était bon mais un peu fade. Il créa aussitôt la rose pour colorer sa planète, ensuite trouvant que son projet manquait de vie, il créa les humains pour prendre soin de ses roses. Les jeunes hommes s’ennuyant fortement, ne voulant pas être fleuristes et voulant se rassembler, créèrent la Gauche. Ne voulant plus du silence, la gauche créa Tryo. Tryo fit des émules et Boulevard Des Airs naquit. Ils clament leurs désirs de voyages, chantent l’amour, la rue et leurs idéaux politiques, le tout sur une musique suintant les gros cuivres. Surprenant n’est-ce pas ? Si il est nécessaire que des chanteurs ouvrent leur gueule pour exprimer des pro-blèmes sociétaux, je reste intimement per-suadé que ce n’est pas légitime quand on a encore une moustache de lait en dessous du nez. Allez les enfants, enfilez vos pyjamas, une bonne douche, on se calme, on boit une tisane et on fera mieux demain. (tv)

Boy & Bear‘Moonfire’Coop/V2

Quand un groupe est cité en exemple par une valeur réputée comme Mumford & Sons, c’est plutôt bon signe. Et de fait, Boy & Bear signe avec son premier album un coup d’essai d’excellente facture. ‘Moonfire’ est une caresse pour l’oreille et pour l’âme. Il y a tout d’abord la voix, superbe et tou-chante, de Dave Hosking. Il y a ensuite les instrumentations subtiles et parfaitement maîtrisées qui retiennent l’attention. Quant aux compositions, elles évoluent dans un registre pop tantôt retenu - les très beaux ‘Lordy may’ et ‘Beach’ ainsi que l’intros-pectif ‘Part time believer’, tantôt plus enlevé, comme sur ‘Feeding line’ ou encore ‘Miks & sticks’, single évident rehaussé de cla-viers qui donnent à l’ensemble un côté par-ticulièrement upbeat. Affichant un joli souci d’éclectisme, Boy & Bear n’hésite pas à in-suffler une dimension afro beat à l’excellent ‘The village’. Du tout bon ! (pf)

Cage & Aviary‘Migration’Internasjonal

De drôles de cocos que ce duo électro. Repérés par le DJ norvégien Prins Thomas et signés sur son label Internasjonal, voi-là que les Cage & Aviary se lancent pour leur premier album dans un disco aérien. Vous allez me dire que cette dénomina-tion ne veut pas dire grand chose, et pour-tant c’est bel et bien le qualificatif qui leur colle le mieux à la peau. Faite d’oscilla-tions lentes, de rythmes répétitifs qu’on di-

rait samplés chez les Kraftwerk, de guitares pleines de réverb’: c’est certain, cette mu-sique veut s’envoyer en l’air dans une stra-tosphère psychédélique. Mais l’ensemble pêche par une certaine mollesse qui en-gourdit l’oreille, pour bientôt la faire roupiller pour de bon. Bref, c’est de l’ambient, certes un peu recherché, mais qui sonne franche-ment comme de la musique d’ascenseur. Honnêtement, j’suis pas trop convaincu sur ce coup-là. (jbdc)

Can D‘Help Yourself’Sköhl Records

Le groupe peut se targuer d’avoir une belle expérience sur scène, ayant notamment pris part aux Francos et au Bel’zik Festival, tout en ouvrant pour IAM X. Le quintet se décrit volontiers comme évoluant dans un registre new new wave proche des Editors, ce qui est plutôt adéquat pour décrire sa musique qui fait dans la pop directe d’inspiration 80s, à l’instar du très immédiat ‘Chill out’, sor-ti en single et accompagné d’un clip second degré bien senti. L’influence new wave est dans l’ensemble assez souvent perceptible sur l’album et notamment sur les très réus-sis ‘Crash test’, ‘Better than me’ ou ‘Stars’ qui font penser à Depeche Mode - encore que les claviers du dernier titre cité ren-voient davantage à Cure. Dans l’ensemble, ‘Help Yourself’ est donc convaincant, et si l’on peut regretter un petite baisse de ré-gime au milieu de l’album, la suite nous vaut quelques belles réussites, telles ‘Happy thought’ ou encore ‘Sad’ qui connaît une en-volée quasi psyché sur la fin. (pf)

Casiokids‘aabenbaringen Over aaskammen’Moshi Moshi

Déjà séduit par leur deux précédents albums, je dois bien avouer que j’ai un petit faible pour l’électro-pop baroque des Casiokids. Alors que d’autres y vont à gros coups d’effets de

manche qui font mouche, les Norvégiens choisissent toujours la voie du milieu. Jamais un beat plus haut que l’autre, tout est ici dans une subtilité étrange, une mesure dans les propos et dans les sons. Globalement plutôt enjouée et ciselée avec beaucoup de soin, leur musique de chambre offre une mélancolie douce-amère et un exotisme perturbant (est-ce à cause de leurs lyrics chantés en norvégien?). On est transporté dans un paysage aux couleurs acidulées mais un peu fanées. On savoure ce contraste délicat entre des mélodies lentes, presque des comptines pour enfants, subitement lacérées par des riffs de guitares qui semblent désaccordées et des rythmes aussi pointus qu’entêtants. Les surprises et les inventions ne manquent pas, sans jamais donner l’impression de

frime ou de recherche d’effet (on est ici à mille lieux du côté tellement m’as-tu-vu qui pollue souvent l’électro-pop). Bref, un vrai bonheur ce disque. (jbdc)

Cerebral Balzy‘Cerebral Balzy’Cooking Vinyl/V2

Des branleurs, un majeur tendu, des ta-touages, une pochette signée Raymond Pettibon (architecte de l’identité visuelle de Black Flag), des pizzas éventrées, des planches de skate déglinguées : ça sent bon le punk hardcore sous les aisselles détrempées de Cerebral Balzy. Les petits gars de Brooklyn nient les cours et mau-dissent l’école. Une perte de temps. Du vent. Étudier, potasser, ça, ils ont donné. Les gamins connaissent l’histoire sur le bout des doigts : Black Flag, Minor Threat, les bourrasques initiales des Beastie Boys. Leur éducation est irréprochable. Après, c’est certain, les gamins n’inventent rien. D’ailleurs, si on excepte le besoin de taper un bordel monstre et l’envie de jouer cinq fois plus vite que les Ramones, ils n’ont au-cune prétention. Les titres laissent trans-paraître un doux je-m’en-foutisme (‘Don’t Tell Me What To Do’), une passion (‘Office Rocker’) et un emploi du temps chargé (‘Sk8 All Day’). Le groupe assure le train comme le TGV de demain : douze titres en moins de vingt minutes. Parfait. ‘Cerebral Balzy’ n’est peut-être pas l’album qui va changer des vies. Mais il enfonce tellement bien son doigt dans le cul des convenances qu’on le sent forcément passer. Comme une lettre à la poste. (na)

Les Cowboys Fringants‘Que Du Vent’La Tribu/Wagram

I have a dream that one day, Zaz, pfuit. I have a dream that one day, Bénabar, pfuit. I have a dream that one day, Grand Corps Malade, pfuit. I have a dream that one day, Tryo, pfuit. I have a dream that one day, Christophe Maé, pfuit. I have a dream that one day, Les Fatals Picards, pfuit. I have a dream that one day, Les Cowboys Fringants, pfuit. I have a dream that one day, les belles chansons populaires – celles que nonante pourcents des gens fredon-neront sous la douche, dans le métro, aux fourneaux – seront celles d’Audrain, d’Arlt, du Yéti, de Mièle, de Dominique A, d’Ar-naud-Fleurent Didier, de Mustang. I have a dream that one day, les belles chansons po-pulaires cesseront d’être populistes, dé-biles et pondues par des pseudo-altermon-dialistes enfumés qui se chatouillent le nom-bril. I have a dream that one day, on dé-clare d’inintérêt public tous ces groupes en-traînants et – attention gros mot – festifs. I have a dream that one day, on gaze (mou-tarde) tous ces orchestres qui jouent les Tsiganes avec un accent québécois à cou-per au cordeau pour nous servir la soupe gauchiste et tiédasse. ‘Que Du Vent’, oui, et rien d’autre. (lg)

The Cramps‘File Under Sacred Music’Munster Records

Pourquoi le nom des Cramps ne revient-il pas plus souvent dans les magazines musicaux ? Franchement. Ce groupe a révolutionné le rock’n’roll. Au même titre qu’Elvis ou Nirvana.

Structurée autour d’un couple fantastique (Lux Interior, Poison Ivy), la formation californienne avait tout pour plaire : une dégaine de série Z, des guitares abrasives, un son de science-fiction et, surtout, de fabuleuses chansons nées sur les cendres du blues et plongées dans l’acide. Punk avant l’heure, rock avant tout, les Cramps ont tout dit. Mieux que personne. Pionnier d’un genre (le psychobilly), source d’inspiration pour des générations, le groupe a écrit l’histoire du rock, hanté ses lieux mythiques (CBGB, Max’s Kansas City, etc.) et roulé à fond de balle sur l’autoroute de la vie. Le crash final, l’embardée ultime, c’était le matin du 4 février 2009. Lux Interior, la voix habitée de cette équipée sauvage, a posé son cuir moulant sur le toit du monde. Aller simple pour le paradis. Trois ans, jour pour jour, après sa disparition, la compilation ‘File Under Sacred Music’ rassemble les premiers singles du groupe et quelques bombes à retardement restées trop longtemps sur les faces B de 45 tours essentiels. L’occasion de redécouvrir des morceaux d’une puissance sismique inouïe. A chaque chanson, la terre tremble. 2012 va peut-être sonner la fin du monde. Peut-être, mais on s’en tape. Avec cette musique dans l’oreille, c’est écrit : on a goûté à l’éternité. (na)

Crane Angels‘Le Sylphide de Brighton’Animal Factory/Iceberg/Munich

On connaissait bien les labels bordelais Talitres (Maison Neuve, Walkmen) et Vicious Circle (Elysian Field, Mansfield Tya). On découvre aujourd’hui une nouvelle structure qui pourrait être amenée à

compléter le tiercé gagnant. Pour sa troisième sortie après celle déjà remarquée – et remarquable – du Petit Fantôme (le très beau projet solo de Pierre Loustaunau, issu de François & The Altas Moutains), le micro-label lance le premier album du collectif local Crane Angels. Une bande de doux dingues (onze pour être exact) qui ridiculise sur leurs propres terrains ces équipes qu’on a connu naguère avec de meilleurs attaquants : I’m From Barcelona et, surtout, Polyphonic Spree. A la pointe du ‘Sylphide de Brighton’ (bien un nom d’équipe, ça), on retrouve précisément Petit Fantôme, mais aussi des gars de Botibol (dont on avait kiffé en 2011 le folk sous influence céleste). Ce premier essai pourrait être laissé pour compte au rayon des disques sympatoches, jamais chiant mais tellement peu bandant. Pourtant, au-delà des harmonies vocales gonflées aux anabolisants et de montagnes russes mille fois arpentées, il se dégage quelque chose qu’on a du mal à saisir, genre ce qu’on appelle volontiers/vulgairement de l’authenticité. Ces gens y vont donc sans chichi, avec le cœur sur la main, foutrement sincères. ‘Morning Sun’ rayonne comme les autres, mais un peu plus. Il y a là la coolitude d’Edward Sharpe shootée à la désinvolture des nineties, celle de Pavement et de Weezer. ‘Le Sylphide de Brighton’ est une putain de cure de jouvence. (lg)

Da Silva‘La Distance ’Pias

C’est après avoir quitté Tôt ou Tard et rejoint sa nouvelle maison de disque, à savoir Pias, qu’Emmanuel da Silva nous revient avec son quatrième album justement nommé ‘La Distance’. Car en effet il en a pris, et beau-coup, depuis ses trois précédentes produc-tions. La route de l’ancien punk a été parse-

Laura Gibson ‘La Grande’City Slang/Konkurrent

From Portland, Oregon, nous arrive ‘La Grande’ (pronon-cez luh grand ), morceau d’ouverture qui donne son titre à l’album, chevauchée sereine et lumineuse (il y en aura d’autres entre deux poses au feu de camp). Bien que ser-vi par une riche palette d’arrangements, c’est bien au-tour de la voix et de la guitare de Mademoiselle que l’al-bum se déploie. Après quelques galops d’essai - où

avais-je donc encore perdu la tête? - aujourd’hui assise en compagnie de Joey Burns (Calexico), The Decemberists et The Dodos au bivouac, Laura Gibson devrait selon toute vraissemblance gagner quelques galons. Aux manettes, Adam Selzer (M Ward, Norfolk and Western) veille au grain. Passées au tamis, les pépites folk devraient être briguées par les afficionados de Joanna Newsom, ainsi que les amateurs du label Fargo. Que ceux qui ont aimé découvrir la voix d’Alela Diane posent leur sarbacane et lèvent le doigt. Qu’ils le pointent au vent après l’avoir humecté. Qu’ils fléchissent en-suite le coude, ramènent les doigts à l’horizontale au-dessus des sourcils, qu’ils fixent loin l’horizon. Ah, c’est qu’on est pas avare en bel ouvrage chez Laura Gibson, ses flèches au curare. Elle peut me susurrer des mots au sureau, arrêter les balanciers en brûlant du papier tigre, dans mon prunier dresser un tipi en Milkyway; cette petite, elle a tout d’une Grande. (fd)

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Info op www.fnacagenda.be

LA FNAC MET LE FEU AU MIM !3 MARS 2012 - MUSEUM NIGHT FEVER

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26.01 I ASKING ALEXANDRIA + BLESS THE FALL + CHELSEA GRIN27.01 I BJORN BERGE + LEWIS FLOYD HENRY28.01 I LONEY DEAR + CHARLES FRAIL29.01 I AMATORSKI & FILM31.01 I RADICAL FACE + BENJAMIN FRANCIS LEFTWICH 01.02 I S.C.U.M.02.02 I MEGAFAUN + GEPPETTO & THE WHALES02.02 I GABRIEL RIOS - SOLO03.02 I GABRIEL RIOS - PIANO, PERCUSSION & MORE + CHRYSTA BELL04.02 I HANS LIBERG04.02 I PERIPHERY + BEAR05.02 I URBAN TRAD fi nal +08.02 | TRIANGLE LABEL NIGHT FEAT. BALAM ACAB + oOoOO + HOLY OTHER09.02 I RODRIGO LEAO & CINEMA ENSEMBLE09.02 I MINNEAPOLIS, MON AMOUR: HOWLER + MAN MADE10.02 I FRANK BOEIJEN10.02 I COCA COLA SESSIONS: LITTLE TROUBLE KIDS + SISTA FLEX12.02 I NADA SURF + WATERS 12.02 I LINDI ORTEGA & BAND13.02 I GROUPLOVE + BOSCO DELREY15+16.02 I GOTYE 16.02 I ROOSBEEF + HET ZESDE METAAL18.02 I MERDAN TAPLAK19.02 I IALMA + BAGAD DE LORIENT22.02 I C.W. STONEKING + GEMMA RAY22.02 I THE HICKEY UNDERWORLD + IN-KATA 23.02 I SHARON JONES & THE DAP-KINGS23.02 I COCA COLA SESSIONS: SUPERLIJM + JFJ25.02 I RANDY NEWMAN 25.02 I DAWES + ROBERT ELLIS27.02 I TRIBES28.02 I RISE AGAINST + ARCHITECTS + TOUCHÉ AMORÉ 01.03 I CITIZEN COPE01.03 I KATHLEEN EDWARDS & BAND + HANNAH GEORGAS

24.02 I SCHOOL IS COOL, BRNS, CAPE COAST RADIO, KISS & DRIVE, HOQUETS (AB)25.02 I CUSTOMS, BIRDS THAT CHANGE COLOUR, ZOFT, LOVE LIKE BIRDS, DAN SAN (BOTA)

11.02 | DE MENS PLAYS ‘DE MENS’

17.02 | LUC VAN ACKER PLAYS ‘THE SHIP’

15.03 | WIM MERTENS PLAYS ‘STRUGGLE FOR PLEASURE’

16.03 | WIM MERTENS PLAYS ‘STRUGGLE FOR PLEASURE’

10.05 | DE PUTA MADRE PLAYS ‘UNE BALL DANS LA TETE’

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EarTEaM18

mée d’expériences diverses et variées : Les tambours du Bronx, un tour par la musique électronique, des boulots alimentaires et de riches collaborations. Après trois disques où la guitare folk se tirait la plus grosse part du gâteau pour mettre en musique des com-plaintes sur l’amour et la vie de couple, ‘La Distance’ change complètement la donne. Beaucoup plus atmosphérique et abor-dant des thèmes différents, Da Silva a pris le temps pour nous livrer un album beaucoup plus posé et ce à grands coups de synthéti-seur et de sons plus vintage. Dès la première écoute, on sent toute la différence dans l’ap-proche de la musique, chaque texte nous ra-conte une histoire différente sur la vie des gens, la manière dont Da Silva parle ses textes et parfois les chante donne au disque une saveur plus qu’agréable et montre tout le travail accompli par le chanteur. Tous ces changements ne sont pas déplaisants et ou-vrent une nouvelle voie à sa carrière. (tv)

Ani DiFranco‘Which Side are You On?’Righteous Babe

L’air de rien, Ani DiFranco en est déjà à son dix-septième album studio. Plutôt engagée à gauche et inspirée par le folk contestataire d’un Woody Guthrie ou d’un Pete Seeger (qui, du haut

de ses 90 ans passés, joue du banjo sur un titre de l’album), l’Américaine est connue pour ses thèmes politiques (féminisme, racisme, inégalités entre riches et pauvres, etc.) servis sur des textes plein d’allitéra-tions et de jeux sur la langue, à la rythmique presque parlée tout en restant divinement suave. Côté musique, on sent que si l’esprit du folk est présent, Ani aime (comme à son habitude) prendre des libertés sur les classiques guitares/voix des protest songs. La production est magistrale, le travail du son toujours surprenant. On croirait se promener dans un Las Vegas musical et trouver, à chaque coin de rue, de l’émerveil-lement: ici un son distordant, là une guitare saturée, ou encore un tambour façon Guerre de Sécession. Bref, les effets sont toujours pertinents, arrivant juste à point. Par cette production, le diamant brut des mélodies parfaites d’Ani est taillé selon de multiples facettes qui rendent ses chansons encore plus brillantes et envoutantes. Les fans de l’Américaine resteront, une fois de plus, complètement sous le charme. (jbdc)

DJ Food‘The Search Engine’Ninja Tune

Les fans de Strickly Kev et de ses acolytes formant le collectif DJ Food ne doivent pas trop vite se réjouir. Même si plus de onze ans ont passé depuis leur dernier album, cette présente

galette n’est qu’un conglomérat des 3 EP sortis depuis 2009, à savoir: ‘One Man’s Weird Is Another Man’s World’, ‘The Shape of Things That Hum’et ‘Magpies, Maps and Moons’ (il n’y a aucun inédit sur l’album). Evidemment, la fan base hardcore atteinte de collectionnite aiguë appréciera la version collector de cet album déclinée selon la formule: une BD réalisée par Henry Flint + un CD + un flexi disc en vinyl. Parlons musique: évidemment, si on connait mal DJ Food, y’a de quoi être plutôt scotché. D’abord lancé en 1990 par les gus de Coldcut comme de la bouffe pour DJ (répertoire de loops, samples pour faire mumuse), sous l’impulsion de Strickly Kev, le projet DJ Food s’est transformé en un vrai groupe, avec de la vraie musique à écouter. Sauf que l’approche expérimentale est toujours patente: morceaux marathoniens qui dépassent souvent la dizaine de minutes, magma de sons disparates qui bouillonnent sur des beats typiques de la patte Ninja Tune, le tout mouliné dans une ambiance de rock pysché. On croirait voir un alchimiste qui mélange dans ses

chaudrons quantité d’ingrédients douteux, avec des proportions au petit bonheur la chance – bref, un sacré bordel sur le papier – et pourtant, au final, l’ensemble sonne avec une maestria et un groove incroyable. Pour ceux qui n’ont pas les EP, voilà une compile indispensable. (jbdc)

Doctor L‘The Great Depression’Comet Records/Dizzyness Music

Doctor L aka Liam Farrel est une sorte de Guide du Routard de la musique à lui tout seul. Activiste sonore depuis plus de 25 ans, ce french doctor d’adoption peut pré-tendre à une carrière extraordinairement bor-délique. Batteur juvénile au sein de Taxi-Girl ou des Wampas, pionnier de la scène hip-hop hexagonale avec Assassin au début des 90’s, un temps compagnon de jeu de Rodolphe Burger, voilà donc un mercenaire de la musique qui ne cesse de brouiller les pistes, qu’elles soient africaines ou sonores. Poursuivant sa quête identitaire, il rencontre Tony Allen (ex-batteur de Fela Kuti) et c’est re-converti en sorcier aussi solitaire qu’engagé qu’il s’est depuis une dizaine d’années tour-né vers la production d’albums d’électro ex-périmentale tendance Afrobeat. Toujours avec l’intention affichée de façonner les modes plu-tôt que de les suivre.‘The Great Depression’ n’échappe pas à la règle avec des titres comme ‘Mistery Travels’ (expérimentation afro-psychédélique supportée par des aco-lytes jazzmen),‘Misery’ (balade soul-folk avec des accents créoles…) ou encore ‘Family A Fear’, revisite audacieuse et réussie du ‘Family Affair ‘de Sly and the Family Stone. Bon, on vous l’accorde, l’album frôle régulièrement l’égarement et la plongée dans des abîmes très expérimentaux. Mais c’est aussi ce qui fait la richesse de l’objet et il serait dommage de dédaigner la prescription de ce chaman, subtil et addictif dosage d’engagement politique et de créativité musicale. (gle)

Julien Dyne‘Glimpse’BBE

Artiste néo-zélandais installé à Berlin, Julien Dyne dresse sa nappe rétro-futuriste sur l’au-tel de l’electronica. ‘Glimpse’, son second essai pour le compte du label anglais BBE, combine adroitement textures soul, ryth-miques hip hop et une myriade de beats fré-tillants. Détendu du slip et du cortex, cet al-bum explore l’espace et exploite le poten-tiel harmonique de chaque son. Sans stress ni tension. Sans strass ni cotillon. Cachées sous les draps synthétiques, quelques filles (She’s So Rad, Ladi 6, Parks, Mara Tk) se dé-couvrent et offrent leur chant de sirène à cet iceberg flottant au gré du temps. Le tout dé-rive lentement, mais sûrement, vers des mo-ments de pure contemplation. C’est beau, mais c’est sans doute là que réside le princi-pal défaut de ‘Glimpse’ : à force de s’expri-mer dans la délicatesse et l’effacement, il met nos sens sous sédatifs. Dans le gaz, la mé-

moire s’égare. Au final, les souvenirs se di-luent. Et, l’instant d’après, il ne reste rien. (na)

The Fall‘Ersatz GB’Cherry Red Records

A en croire les mauvaises langues, ces sa-lopes capables d’avaler la première hype du NME sans même recracher, le meilleur de Mark E. Smith n’est pas sur disque mais sur YouTube - lorsqu’il lit les résultats du foot anglais sur BBC, à une époque où son Manchester City était hopeless as usual. On s’en tape bien le bouchon à vrai dire, tant chaque disque de The Fall est un rappel ful-minant d’un punk rock toujours aussi hors du commun. Développeur d’un langage qui n’appartient qu’à lui – et que le récent et ex-cellent ‘Your Future Our Clutter’ avait déve-loppé à un paroxysme quasiment pop – le Mancunien maintient depuis trente ans large-ment passés un cap pratiquement inchangé, souvent pour notre plus grand bonheur enra-gé, et malgré des changements de person-nel aussi fréquents que les matches pour-ris en Jupiler League. Comme d’habitude de-puis quelques bonnes années, la compagne Eleni Poulou est de la partie, aux claviers tou-jours et au micro. Comme toujours quand elle prend la barre, l’ambiance se fait plus détendue, encore que cette fois, sa ‘Happi Song’ est bien loin du goguenard (et bien meilleur) ‘I’ve Been Duped’ de 2008. Hormis cette intermède, plus besoin de vous racon-ter en long et en travers les épisodes de cet ‘Ersatz GB’, dont les ingrédients sont déjà connus, ce qui n’empêche pas des titres su-per chouettos tels que ‘Taking Off’ de bien foutre la banane. A noter une curiosité, le quasi stoner ‘Greenway’ qu’on imagine-rait bien en future bande son d’un prochain Beavis & Butthead. Cool, huhuhuhu. (fv)

Field Music‘Plumb’Memphis Industries/Munich

On rentre parfois dans certaines oeuvres à tâ-tons, déstabilisés par le flux d’informations parfois contradictoires, et des repères cruelle-ment manquants, des passages à vide dans une histoire de la musique contemporaine, si vaste à embrasser complètement des deux oreilles. ‘Plumb’ fait partie de ces disques foisonnants, touffus à l’extrême, dans les-quels il est souvent difficile de séparer le bon grain de la faute de goût, l’expérimentation brillante de la tentative avortée, à force de ra-jouter des couches. Volontairement complexe dans ses structures mélodiques (et rappe-lant en ça les efforts de Dirty Projectors pour donner un grand coup de pied dans la chan-son pop), évoquant tantôt le rock progressif dans sa façon d’allonger le temps et d’alterner des passages très variés, tantôt le funk avec des lignes de basse ultrarépétitives (‘A New Town’), tantôt le jazz, tantôt la pop orches-trale, le bébé hybride dont ont accouché les frères Brewis (leur quatrième à ce jour, et pas leur premier à brouiller les pistes) serait finale-

ment un peu comme un opera rock composé par Robert Wyatt mais revu et corrigé par les Sparks, venus ajouter leur touche d’excentri-cité glam borderline à un ensemble déjà plein comme un oeuf. Plus qu’intéressants et vérita-blement exaltants quand on peut y piocher en petites bouchées, mais nous donnant toutes les raisons de frôler l’indigestion létale si on les ingurgite en un bloc, voici quinze mor-ceaux-fleuves à réserver aux auditeurs avertis ou méticuleux, aux aventuriers de l’extrême et aux curieux notoires. (alr)

Simon Fisher Turner & Espen J. Jörgensen‘Soundescapes’Mute

Collaboration inédite, au point que ses deux protagonistes ne se sont jamais ren-contrés physiquement, ‘Soundescapes’ est une bien drôle d’aventure à maints points de vue. Union du jeunot norvégien Espen J. Jörgensen et du vétéran anglais Simon Fisher Turner qui, à 58 ans, ne cesse de pas-ser du rôle d’acteur à celui de musicien (c’est son 33è album !) en passant par la case pro-duction, les treize plages de ces escapades sonores ficheront un drôle de malaise à tout qui aime les choses bien rangées. Car, à vrai dire, je me demande un peu – et même beaucoup – où les deux gaillards veulent bien en venir. Quelques échos épars d’Alva Noto à gauche, beaucoup d’ambient noircie façon BJ Nilsen à droite (mais en vachement moins captivant), sans compter un semblant de liant à la Xela au centre, le temps semble bien long à l’issue de ses quarante-minutes même pas toutes mouillées. (fv)

Flare Acoustic Arts League‘Big Top / Encore’Affairs of the Hear t/Munich

Sans doute parce que je n’étais pas exacte-ment moi-même un prototype-né de chee-rleader ou de fille populaire, j’ai toujours eu beaucoup d’affection pour les premiers prix de science, les filles prénommées Narcisse ou Pivoine, et les types aux lunettes recol-lées qui échangent à longueur de journée des cartes Magic à la cafétéria universitaire, en particulier lorsqu’ils sont en mesure de prendre une revanche sur leur adolescence à boutons en affichant avec fierté leur pe-tit grain de folie. LD Beghtol, à la barre de Flare Acoustic Arts League, me semble fait de cette trempe-là, de ceux qui finissent par prendre un malin plaisir à porter consciem-ment des lederhösen ou des toques en four-rure de lapin en plein été pour narguer les garants du bon goût. Et le disque dans tout ça ? Extravagant, mon capitaine ! Sous des faux-semblants de double ep, ça fleure défi-nitivement bon la cheesy pop, ça déborde de tous côtés de mélodies catchy et de cuivres bubblegum, de claviers à gimmick et de ré-pliques épiques à l’humour décapant qui rappellent indéniablement à notre bon sou-venir le délicieux duo ultrageek Cheese on Bread (un des groupes les plus méconnus de la scène antifolk new-yorkaise), en plus produit et complexe quant aux structures mélodiques. Assurément pas l’album de l’an-née, mais une bonne petite galette croquante qui assume parfaitement ses excentricités, à mettre notamment entre les mains de vos amis initiés aux effets inoffensifs mais eupho-risants de I’m from Barcelona ou à l’attrait ir-résistible des Magnetic Fields (le lien avec Stephen Merritt se justifiant d’autant plus que Beghtold a collaboré à ‘69 songs’, album du groupe sorti en 1999). (alr)

Fránçois & The Atlas Mountains‘E Volo Love’Domino/Munich

L’histoire d’amour de Fránçois Marry avec l’Angleterre remonte à 2003, heure à laquelle il s’est installé à Bristol pour y enseigner le français, trompette sous le bras et enthousiasme

Liz Green‘O, Devotion !’Pias Recordings

Première sortie pour cette jeune femme (28 ans) de Manchester découverte en 2007 lors de sa victoire au Glastonbury Festival’s Emerging Talent Competition. Elle pratique un folk orchestral assez charmant et original. Sa voix touchante fait tour à tour songer à Bessie Smith, Billie Holiday, Antony Hegarty (notamment dans ‘The Quiet’), Karen Dalton, voire plus près de nous, Clare Louise. Sur

scène, elle se révèle cocasse et touchante. Liz Green a attendu cinq ans avant de ter-miner ce disque avec passion. On sent qu’elle a digéré pas mal d’influences qui res-sortent ici de façon discrète : outre la folk et la country, on décèle des touches blues, jazz manouche, cabaret, musique de cirque, etc. Elle nous raconte des histoires où le comique se mêle à la tristesse ou à l’étrange, un peu à la manière de Robert Wyatt. Si la voix et la guitare acoustique forment généralement l’ossature des morceaux, une palette d’instruments relativement divers (notamment pas mal de cuivres) viennent compléter le tableau à merveille. On passe ainsi en revue une série de genres mu-sicaux, avec ses couleurs instrumentales typiques. ‘Gallows’ est quant à lui très dé-pouillé : cette superbe ballade hantée à la Timber Timbre clôt admirablement ce re-cueil. Un disque frais et réjouissant produit dans les merveilleux Toe Rag Studios (de-mandez aux White Stripes), tout analogique, et ça s’entend (moyennant un peu de souffle)! (gs)

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R A P E B L O S S O M S 27/01/12: Vooruit – Gent10/03/12: Swine Flu Festival – Machelen 24/03/12: JH De Moeve – Lier 16/05/12: Beursschouwburg – Brussel

M A R I A TAY L O R29/01/12: Palais de Justice – Arlon

D O P E D . O . D . 03/02/12: Vk* - Brussel

Z I N G E R 10/02/12: Vooruit – Gent 11/02/12: Humo’s Rock Rally @ MaZ – Brugge 16/02/12: VUB KK – Brussel 08/03/12: Boom Boom – Gent 15/03/12: Muziekcentrum Tracks – Kortrijk 10/05/12: Charlatan – Gent

A L E C E M P I R E 11/02/12: Minus One – Gent 07/04/12: Tribes Gathering Festival – Steinbach

P I N G P O N G TA C T I C S 11/02/12: Trix – Antwerpen 10/03/12: Cactus Club – Brugge 16/05/12: Beursschouwburg – Brussel

N I L S F R A H M 18/02/12: Artefact @ Stuk – Leuven

K U R T V I L E & T H E V I O L AT O R S 23/02/12: Botanique – Brussel ** + DUKE GARWOOD

P E T E R B R O D E R I C K 23/02/12: CC Mechelen – Mechelen 24/02/12: CC Mechelen – Mechelen

Z A Z I E V O N E I N E M A N D E R E N S T E R N 25/02/12: CCHA – Hasselt

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN 26/02/12: Cactus Club – Brugge 14/04/12: C-Mine Jazz Festival – Genk

S X 03/03/12: Museum Night Fever @ MIM – Bxl

B R E A K E S T R A 03/03/12: Muziekodroom – Hasselt 04/03/12: Cactus Club – Brugge

A N D R E W B I R D08/03/12: Cirque Royal – Brussel

C A S S M c C O M B S10/03/12: Botanique – Brussel

V E R O N I C A FA L L S 19/03/12: AB – Brussel

M I R E L WA G N E R 22/03/12: Maison des Musiques – Brussel23/03/12: Muziekodroom – Hasselt

S T I L L C O R N E R S 27/03/12: Charlatan – Gent

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT 28/03/12: Vooruit – Gent

S H E A R WAT E R 29/03/12: Botanique – Brussel

T H E S T R A N G E B OY S 03/04/12: AB-club – Brussel

D A R K D A R K D A R K03/04/12: Vooruit - Gent 21/04/12: AB-club – Brussel

M E M O R Y H O U S E 04/04/12: Charlatan – Gent

TH IS WILL DESTROY YOU 06/04/12: Dunk!festival – Zottegem

V E S S E L S 07/04/12: Dunk!festival – Zottegem

O S A K A M O N A U R A I L 12/04/12: De Kreun – Kortrijk

C H E L S E A W O L F E 13/04/12: Magasin 4 – Brussel14/04/12: 4AD – Diksmuide

G R E AT L A K E S W I M M E R S 16/04/12: Botanique – Brussel17/04/12: 4AD – Diksmuide 27/04/12: Warande – Turnhout

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Lazarijstraat 873500 Hasselt - BelgiumPhone: +32 (0) 11 25 60 36Fax: +32 (0) 11 25 30 [email protected]: www.toutpartout.be

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R A P E B L O S S O M S 27/01/12: Vooruit – Gent10/03/12: Swine Flu Festival – Machelen 24/03/12: JH De Moeve – Lier 16/05/12: Beursschouwburg – Bruxelles

M A R I A TAY L O R29/01/12: Palais de Justice – Arlon

D O P E D . O . D . 03/02/12: Vk* - Bruxelles

Z I N G E R 10/02/12: Vooruit – Gent 11/02/12: Humo’s Rock Rally @ MaZ – Brugge 16/02/12: VUB KK – Bruxelles 08/03/12: Boom Boom – Gent 15/03/12: Muziekcentrum Tracks – Kortrijk 10/05/12: Charlatan – Gent

A L E C E M P I R E 11/02/12: Minus One – Gent 07/04/12: Tribes Gathering Festival – Steinbach

P I N G P O N G TA C T I C S 11/02/12: Trix – Antwerpen 10/03/12: Cactus Club – Brugge 16/05/12: Beursschouwburg – Bruxelles

N I L S F R A H M 18/02/12: Artefact @ Stuk – Leuven

K U R T V I L E & T H E V I O L AT O R S 23/02/12: Botanique – Bruxelles ** + DUKE GARWOOD

P E T E R B R O D E R I C K 23/02/12: CC Mechelen – Mechelen 24/02/12: CC Mechelen – Mechelen

Z A Z I E V O N E I N E M A N D E R E N S T E R N 25/02/12: CCHA – Hasselt

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN 26/02/12: Cactus Club – Brugge 14/04/12: C-Mine Jazz Festival – Genk

S X 03/03/12: Museum Night Fever @ MIM – Bxl

B R E A K E S T R A 03/03/12: Muziekodroom – Hasselt 04/03/12: Cactus Club – Brugge

A N D R E W B I R D08/03/12: Cirque Royal – Bruxelles

C A S S M c C O M B S10/03/12: Botanique – Bruxelles

V E R O N I C A FA L L S 19/03/12: AB – Bruxelles

M I R E L WA G N E R 22/03/12: Maison des Musiques – Bruxelles23/03/12: Muziekodroom – Hasselt

S T I L L C O R N E R S 27/03/12: Charlatan – Gent

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT 28/03/12: Vooruit – Gent

S H E A R WAT E R 29/03/12: Botanique – Bruxelles

T H E S T R A N G E B OY S 03/04/12: AB-club – Bruxelles

D A R K D A R K D A R K03/04/12: Vooruit - Gent 21/04/12: AB-club – Bruxelles

M E M O R Y H O U S E 04/04/12: Charlatan – Gent

TH IS WILL DESTROY YOU 06/04/12: Dunk!festival – Zottegem

V E S S E L S 07/04/12: Dunk!festival – Zottegem

O S A K A M O N A U R A I L 12/04/12: De Kreun – Kortrijk

C H E L S E A W O L F E 13/04/12: Magasin 4 – Bruxelles14/04/12: 4AD – Diksmuide

G R E AT L A K E S W I M M E R S 16/04/12: Botanique – Bruxelles17/04/12: 4AD – Diksmuide 27/04/12: Warande – Turnhout

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Page 20: RifRaf février 2012

20EarTEaMau zénith. Huit années plus tard, le gaillard a fait son chemin, trônant un temps au sommet de la hype avec son superbe ‘Plaine Inondable’, et c’est presque naturellement qu’une maison britannique, le célèbre Domino, l’accueille en ses rangs (ben ouais, ça en jette). Au-delà de l’ouverture sur le monde, elle est naturelle en regard des forces en présences – no-tamment Jean-Paul Romann au mix, on le connaît de Tinariwen – ‘E Volo Love’ paie son tribut aux multiples vies traversées par le musicien originaire de Saintes. Echos poppy à la Camera Obscura sur ‘City Kiss’, quoi de plus logique, ils ont joué en-semble, consonances ouest-africains sur ‘Edge Of Town’ (la mère de Fránçois Marry a grandi au Cameroun), tentation Dirty Projectors sur ‘Les Plus Beaux’ ou fausse vision angélique commune sur le très joli duo ‘Cherchant Des Ponts’ avec Françoiz Breut (yessss !), les racines de l’album aboutissent à une splendide cohérence en dépit de la diversité de leurs provenances. Ca s’appelle la personnalité, vous savez, ce bête truc que tous les navrants pisse-copies de The Voice n’auront jamais, même à -70% en soldes. (fv)

Funin‘Unsound’Karisma Record/Ber tus

Le groupe éléctro rock alternatif Funin nous vient de Bergen, non pas de Mons, mais bien Bergen en Norvège et croyez moi je suis fier qu’ils ne soient pas belges tant les musiques proposées dans leur premier album suivent la règle des trois ‘i’ : insipides, incolores, inodores. Je ne pense pas que l’on puisse se satisfaire d’un disque qui ne dégage, et je mâche mes mots, rien du tout. C’est bien simple, tous les tracks sont anonymes, aucun gimmick, aucune folie, non, rien que la sobriété d’un groupe éléctro rock qui fait son boulot. Pourtant à sept musiciens, il y a matière à travailler non ? Comment peut-on passer près d’une heure en ayant l’impression d’entendre tout le temps le même morceau ? Pour celles et ceux qui seraient tentés de se réfugier auprès des voix, sans vouloir trop vite vous décevoir, il est évident que l’on s’approche dan-gereusement d’une Bjork et d’un Thom York, enfin de pâles copies. Globalement ‘Unsound’ ne fût pas un moment ultra dé-sagréable mais malheureusement beau-coup trop monotone et inintéressant. (tv)

Gorillaz‘The Singles Collection 2001-2011’Parlophone/EMI

Une décennie et un trait final sur une aven-ture musicale qui a souvent touché au gé-nie. Gorillaz, vrai-faux projet virtuel ani-mé par Damon Albarn (Blur) et le des-sinateur Jamie Hewlett a livré trois véri-tables albums (‘Gorillaz’, ‘Demon Days’ et ‘Plastic Beach’) entre 2001 et 2011. La pré-sente compilation (‘The Singles Collection 2001-2011’) rassemble les grands suc-cès du groupe. A moins de vivre sur la lune ou dans une capsule de conditionne-ment spatio-temporel, impossible d’être passé à côté de ces tubes en puissance. ‘Clint Eastwood’, ‘Feel Good Inc’, ‘Dare’, ‘Kids with Guns’, ‘Stylo’, tout ça appar-tient (déjà) à l’inconscient collectif. Cet al-bum permet de s’en rendre compte, no-tamment à travers toutes les collabora-tions qui ont jalonné l’histoire du projet (De La Soul, Gruff Rhys, Simon Tong, Mick Jones, Shaun Ryder, Neneh Cherry, Mos Def, Bobby Womack, etc.). C’est aussi une évidence : les producteurs engagés (Dan The Automator et Danger Mouse) pour lus-trer les chansons précitées étaient les man-darins de la pop moderne à l’heure où le monde basculait dans le 21ème siècle. Là où ça devient (vraiment) intéressant, c’est qu’elle est livrée avec un DVD reprenant tous les clips publiés pour accompagner la sortie des singles. L’occasion de se ma-ter d’une traite les fabuleuses animations de Jamie Hewlett. Et de retrouver à l’écran

tous les personnages de la constellation Gorillaz (2D, Murdoc Niccals, Noodle, Del, Mike le singe ou le maléfique Boogie Man). A la croisée des genres (rock, pop, hip hop, dub, trip hop) et des disciplines (musique, dessin, animation, théâtre), Gorillaz a impo-sé sa vision euphorique de la pop et remode-lé l’esthétique d’une époque. Indispensable pour les retardataires, un excédent de pre-mière nécessité pour les autres. (na)

Hangin’ OutBurning BridgesCraze Records

Hangin’ Out pourrait-il devenir l’un des éten-dards du punk rock wallon ? A l’écoute de cet album, on aurait clairement le droit de le penser dans la mesure où ce quin-tette affiche de sérieux atouts : mélo-dies ultra immédiates, technique plus que convaincante, variété au niveau des com-pos et surtout, une vraie personnalité. Là où tant de groupes punk de nos contrées pèchent souvent par excès de confor-misme et par une production plus que li-mite, Hangin’ Out n’apparaît nullement comme étant un énième clone brouillon et poussif de Greenday ou Offspring et sonne aussi pro que les gros calibres du genre. L’ensemble est ultra direct et exci-tant (‘Welcome’,’Forbidden emotions’ ou In vain’), avec parfois des inflexions limite pop (‘Procedure’), tout en n’hésitant pas à alter-ner les tempos avec brio (‘Second chances for losers’). En outre, le groupe mérite le respect ne fût-ce que parce qu’il se permet de reprendre les Beatles sans se planter, sa version de ‘I’ve just seen a face’ étant on ne peut plus crédible et réussie. Fun et galva-nisant ! (pf)

Lisa Hannigan‘Passenger’Pias

Dans une interview qu’on peut écouter sur le web, la jolie Irlandaise Lisa Hannigan, trente-et-un ans ce 12 février, confesse un amour sans borne pour la chanson ‘The Trapeze Swinger’ d’Iron & Wine. On a connu des jeunes filles moins raffinées. ‘Passenger’, deuxième galette de la demoi-selle, évolue donc dans les mêmes eaux harmonieuses de l’indie-folk. Celle qui se révéla dans les chœurs du plouc Damien Rice invite ici une série de potes à ressor-tir l’artillerie du genre : mandoline, uku-lélé, banjo, harmonium, pedal steel, pia-no, glockenspiel, trompette, violoncelle... le tout produit par Joe Henry en personne. Son disque alterne ainsi les passages éthé-rés et les envolées un peu plus pop. C’est dans ce dernier rayon qu’elle se fait moins convaincante, l’album aurait d’ailleurs ga-gné en délicatesse à délaisser les hohoho et les handclaps goitreux de ‘What’ll I Do’. Pour le reste, tout est parfait pour passer une soirée lascive devant un feu de bois qui crépite et une bouteille de vin blanc. Cherry sur le cake, ceux qui s’évanouissent dans leurs (grosses) barbes à chaque

fois qu’ils entendent la voix fêlée de Ray LaMontagne se précipiteront sur l’élégant duo ‘O Sleep’ et s’endormiront du sommeil du juste. « I count the hours / ‘til i sleep with your feet by my feet ». C’est ti pas mi-gnon tout ça? (lg)

Holloys‘Suns Lungs’Willie Anderson/Konkurrent

Vous aviez rêvé d’un croisement impro-bable entre le post-punk mâtiné de funk des Biting Tongues et la voix de Peter Gabriel ? Alors Holloys va vous combler ! Formation atypique, incluant deux bat-teurs, deux basses, une trompette, une gui-tare et un synthé, Holloys est souvent pré-senté comme l’équipe B d’une dream team fantasmée d’une certaine musique améri-caine (certains de ses membres ont évo-lué dans le passé au sein des Breeders, des Beastie Boys ou At the Drive In). Mais de-puis ses débuts en 2003, le groupe s’est créée une vraie identité musicale en propo-sant un son groovy mélange de transe, de rythmiques tribales, de polyrythmes et de mélodies planantes. Sur ce nouvel opus, la même recette est utilisée, les lignes de basses sont plus élastiques que jamais et les riffs de guitare souvent réduits au seul rôle rythmique. ’Suns Lungs’sombre mal-heureusement assez vite dans une cer-taine monotonie dont il a du mal à se dépar-tir. Le groove colle un peu aux dents et on n’a définitivement pas à faire à des poètes (‘Your Songs Have Nice Tits’) ni à des or-fèvres du son. Musicalement, on en vient à penser que seuls les bass players purs et durs pourraient y trouver un intérêt particu-lier. Attention, c’est loin d’être inaudible et un titre comme ‘Rainbow Beam’ avec son refrain poppy pourrait même provoquer des battements de pied inconscients et des ho-chements de tête satisfaits aussi bien dans les saloons que les pubs ou les bars. On n’a d’ailleurs aucun mal à imaginer que le tout doit être assez imparable sur scène. Mais dans le mange-disque, c’est beaucoup plus indigeste. (gle)

Horses On Fire‘Horses On Fire’V2

Horses On Fire est un quatuor belge qui propose un rock plutôt couillu d’inspiration old school tout en ralentissant à l’occasion le tempo sur des titres plus calmes. Avec ‘Violent highs’, la mise en bouche est plutôt prometteuse : un excellent titre de rock aux inflexions bluesy qui séduit immédiatement. La suite de l’album est à l’avenant, des titres comme ‘Season to hate’, ‘Draw the line’, l’allumé ‘Your blood’ ou les plus laidback ‘Wolfman in disguise’ et ‘Plagued by verti-go’ sont tous de fort belle facture. Bien sûr, certains diront que Horses On Fire n’invente rien, ce qui n’est pas forcément faux, mais quand un groupe propose un bon rock im-médiat et sincère, ce n’est pas moi qui vais me plaindre, que du contraire ! (pf)

Penelope Houston‘On Market’Glit terhouse Records/Munich

Certains disques ont des vertus insoupçon-nées. Je vous arrête tout de suite. J’ai eu un mal de chien à aller au-delà de la plage 6 de ‘On Market’, rien ne trouvait grâce à mes oreilles, ni sa voix plutôt standard ni ses mé-lodies tellement éculées. On comprendra que du coup, l’envie de me pencher plus longuement sur les textes n’avait aucune raison de jaillir. Il ne s’agit donc pas ici de magie thérapeutique, plutôt de saut du coq à l’âne. Car me vint un instant à l’esprit une image mentale persistante : et si Penelope Houston était à ma pile de disques à chro-niquer ce que Vonda Shepard était à la sé-rie Ally McBeal (oui, oui, ne faites pas sem-blant, nous fûmes tous plus ou moins sous le charme de l’avocate, circa 2000) ? Une forme de remplissage, un passage obligé auquel on ne peut pas échapper, une chose à laquelle on ne fait plus attention une fois accoudé au bar? Forte de cette intuition, je me demande toutefois comment avec une biographie semble t’il longue comme le bras et une carrière qui débuta par un passage furieux et fort en gueule dans le groupe punk The Avengers, la sans doute très honorable Penelope Houston en est ve-nue à tomber dans le grand trou du consen-sus mou, même dans son versant country. Je n’ai pas le cran de mener cette investiga-tion plus loin. Pas touchée…coulée! (alr)

Howler‘america Give Up’Rough Trade

Sur base de l’écoute de son premier EP sorti l’année passée, on se disait que Howler était un groupe qu’il faudrait suivre avec attention. On avait raison : ‘America give up’ est un excellent

album de rock jubilatoire mêlant dans un foisonnement de mélodies addictives candeur pop 60s, énergie punk, esthétique indie, le tout avec parfois une hargne quasi garage. Jordan Gatesmith, leader de Howler, n’a beau avoir que 19 ans, sa culture musicale est impeccable et ratisse large, mais surtout, il sait composer des vraies chansons qui ont une identité propre et qui déménagent. Les spectateurs ayant vu le groupe assurer la première partie des Vaccines s’en étaient rendus compte et l’album confirme de façon ultra convain-cante. Les onze compos proposées ici sont toutes excellentes, depuis la pop punky néo sixties de ‘Back to the grave’ jusqu’au bien rugueux et très garage ’Pythagorean fearem’, sans oublier le plus laidback et vaporeux ‘Wailing (making out)’, le prime-sautier ‘Told you once’ ou encore l’ultra catchy ‘This one’s different’ qui n’est pas sans évoquer Dinosaur Jr. (pf)

Hanne Hukkelberg‘Featherbrain’Propeller Recordings

Dès les débuts de Hanne Hukkelberg, c’était en 2004 sur le toujours recomman-dable – voire indispensable – ‘Little Things’, RifRaf a toujours éprouvé une tendresse particulière pour son univers doux-amer. A la fois caresse et inquiétude, les chansons de la demoiselle norvégienne aujourd’hui trentenaire ont souvent ce charme indéfinis-sable, quelque part entre discrétion casa-nière et envolées célestes – en des temps venteux, ça réconforte, en période de grand calme, ça interpelle. Quatrième épisode discographique de la fille de Kongsberg, ‘Featherbrain’ confirme à la fois les nom-breuses forces de son auteure, mais aus-si ses quelques faiblesses, pour autant que la volonté de ne point se noyer dans des hymnes trop p(r)op(res) soit un défaut. Car, pour le reste, quand on laisse le temps à ses compositions d’étendre leur voilure fra-gile, les chansons de Hanne Hukkelberg va-lent toujours autant le détour. Rassurante telle une Stina Nordenstam qui aurait ran-gé au placard le simplisme de ses arran-

J.C. Satàn‘Hell Death Samba’Slovenly Records

L’Hexagone penche dangereusement à droite : la France va mal. Mais c’est sans doute pour un mieux… En pleine campagne présidentielle, le rock tricolore retrouve des couleurs. Depuis Bordeaux, J.C. Satàn porte son second album aux oreilles des impies. ‘Hell Death Samba’ est une tuerie, une déclaration de guerre. Si les Américains tiennent la baraque du rock garage, ils vont devoir s’ac-

crocher à leur slip et tenir la cadence. La nouvelle scène française (Yussuf Jerusalem, The Feeling of Love, Jack of Heart…) a trouvé la voix de son maître : J.C. Satàn. Sous ce nom (fabuleux), des mélodies pop sixties accrochées sur le porte-bagage d’une mobilette noisy. Le pot Ninja chauffe encore, et la machine démarre au quart de tour. En douze titres, le groupe bordelais s’offre des allers-retours sur la ligne du temps. Passé (The Mamas & The Papas, Jefferson Airplane), présent (Thee Oh Sees, Ty Seagall). L’électricité est au centre du sujet. Un morceau de la trempe de ‘Crystal Snake’ est une véritable saillie orgasmique. Les oreilles saignent, le cœur bat la cha-made. Entre le sacré et le profane, JC Satàn met tout le monde d’accord. Les pigeons qui roucoulent sur la pochette de ce nouvel album n’ont, en définitive, que deux solu-tions : nous chier sur la tête ou s’envoler. Haut, très haut. (na)

Page 21: RifRaf février 2012

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03.02 Joakim + Pan Aurora (Gratuit Abonné 4X4)09.02 Les Nuits de l'Alligator : Kitty, Daisy & Lewis + Lindi Ortega + Oh! Tiger Mountain11.02 Play@Home#3 : Forest Sessions #3 + Soft Crayon15.02 SBTRKT + Karin Park16.02 Tune-Yards + Blouse21.02 Les Nuits de l'Alligator : Hanni El Khatib + Coming Soon

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Dans le cadre du Festival Kicks !

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Page 22: RifRaf février 2012

22EarTEaMgements – LE point fort de l’ex-locataire du ‘Rykestraße 68’ - tout en doutant des belles choses de Midaircondo, la présence de la mutine Scandinave demeure un plaisir réel, bien que parcellaire. (fv)

Jacaszek‘Glimmer’SMM

Le musicien polonais Michal Jacaszek fa-çonne une musique qui revendique à la fois sa contemporanéité et ses racines enfuies dans un univers classique. Accords égrenés de guitare acoustique, nappages subtils de clavecin et suites aériennes de clarinettes (basse ou soprano) constituent l’essentiel de sa trame. Le tout évolue dans une ionos-phère chargée de miasmes et de parasites de bruits fragmentés qui donne à l’auditeur l’impression de pénétrer dans un cocon so-nore. On songe tantôt aux délicatesses pour l’oreille de Murcof, tantôt aux tâtonnements de Tim Hecker. Mais c’est souvent une im-pression diffuse oscillant entre contempla-tion et mélancolie qui nous gagne quand nous prenons la peine d’écouter le disque jusqu’à son terme. (et)

Yves Jamait‘Saison 4’Par Hasard Production/Wagram

Herminie est en affaire: aujourd’hui c’est vendredi, et c’est le jour des grandes sur-prises... Ses doigts manquant désormais d’assurance, tremblant sans cesse, ont réus-si à poser sur ses lèvres fanées la gaieté qui lui manquait lors de la longue semaine. Un vernis d’un autre temps colore le bout de ses ongles, sa plus belle robe à fleurs, sen-tant encore la naphtaline, la boudine désor-mais, mais rien ne vient gâcher son sourire laissant transparaitre une joie immense. Ses voisins de couloir sont déjà en place, habil-lés sur leur trente et un. Dans le réfectoire, des triangles colorés chevauchant le faux plafond, rassemblés l’un à l’autre à chaque néon, devant l’estrade sur laquelle chaque instrument attend son propriétaire, tous les pensionnaires tapent des mains à tout rompre, le sourire parfois édenté mais tou-jours vaillant resplendit: le show peut enfin commencer car à la maison de retraite « Les Lys Bleus » on prend soin de ses pensionnés et ce vendredi c’est Yves Jamait et son band, 4 fois disque d’or, qui vient ensoleiller le quo-tidien d’Herminie et de ses colocataires, après tout quand on est presque sourd on peut encore tout entendre. (tv)

Jazzanova‘Upside Down’V2

Les compilations c’est un peu comme les disques live, il y a toujours un moment où ça fait chier, je me souviens avoir débal-lé avec horreur certains cadeaux musicaux comme un énième best-of de Pink Floyd, oh wait… mais franchement quel manque de goût, pour apprécier un album on écoute de A à Z, pas quelques tracks comme ça, plic ploc en mode Shuffle. Si cela se vérifie avec presque tous les artistes, ça ne s’ap-plique heureusement pas au ‘Upside Down’ du collectif allemand Jazzanova. La compi-lation reprend un ensemble de remixs en-core remixés par un florilège de djs interna-tionaux - attention pas David Guetta hein, plutôt Henrik Schwarz, Mr Scruff, Midnight Mauraders, entre autres. Côté musique, c’est simple: on se retrouve dans un son un peu nu-jazz, chill-out voire un peu jazz-house. Pour ceux à qui ça ne dit rien, c’est la musique un peu branchouille qu’on passe dans les magasins « alternatifs » durant les soldes, c’est plus clair non ? Avec ce disque, Jazzanova m’a conquis et je vous le recommande chaudement, une bonne mu-sique d’ambiance qui donne la patate sans nous assourdir. (tv)

Tim Kasher‘Bigamy’Saddle Creek

Ceci (astucieusement sous-titré « More Songs From The Monogamy Sessions »)

est la suite du premier album solo du sieur Kasher (Cursive, The Good Life), ‘The Game Of Monogamy’. Les mauvaises lan-gues diront qu’on comprend pourquoi cer-tains morceaux n’avaient pas été retenus (‘Lilybird And The Trust Fund Kid’, où, mal-gré moult qualités, le chant est parfois un peu faux), mais dans l’ensemble cet EP (7 titres) vaut le coup, tant il est riche et varié. Dans ces morceaux pop rock souvent tein-tés de psyché (guitares allumées, sons à l’envers, voix baignée de réverb’, etc.) ou de folk (la première moitié d’ ‘Opening Night’ par exemple), Tim parle beaucoup de lui et de ses rencontres amoureuses pas trop top. Sa voix d’adolescent attardé (à mettre au même niveau que celle de Billy Corgan) dé-plaira à certains. (gs)

Kashmere Stage Band‘Texas Thunder Soul 1968-1974’Now-Again

Now-Again, ce bon label de Los Angeles, s’occupe essentiellement de rééditions et pu-blie parfois des disques contemporains (The Heliocentrics par exemple). Généralement ce sont des choses assez rares (un su-perbe coffret de reprises de Fela par des groupes seventies) et presque inconnues par chez nous, pour le meilleur ou parfois pour le pire (la décevante compilation du groupe East Of Underground, un peu trop amateur). La ressortie (car ces enregistre-ments étaient déjà parus sur le même label en 2006) qui nous intéresse ici s’avère pas-sionnante, à tout le moins pour les amateurs de hard soul ou de funk cuivré. En gros, le Kashmere Stage Band était un groupe for-mé par des étudiants de la Kashmere High School (Houston, Texas). Il fut dirigé de façon magique de 68 à 78 par Conrad Johnson. Leur jeu est proche des JBs, sans pourtant manquer d’originalité, car les musiciens (une trentaine souvent quand même) étaient invi-tés à proposer leurs propres idées et arran-gements. Beaucoup de cuivres, disait-on, et on pense souvent à un big band survitami-né, mais on a régulièrement droit à des ver-sions décoiffantes et dépouillées de stan-dards (écouter leur ‘Shaft’). Comme à l’ac-coutumée, la présentation du disque est ex-trêmement soignée : livret copieux et fouillé, parsemé de photos représentatives. Deux CDs (ça n’est pas trop pour rendre compte d’une huitaine d’albums et de plusieurs simples) et un DVD comprenant un docu (qui témoigne entre autre de leur passage en Belgique puisqu’on les voit faire du cuis-tax sur la côte!) et un live de l’époque. (gs)

Kele‘The Hunter EP’Wichita Recordings

Tous les fans de Bloc Party se souviendront du tourbillon médiatique annonçant le licen-

ciement de Kele Okereke, chanteur et guita-riste charismatique du groupe. Heureusement cette désastreuse nouvelle n’était qu’une ru-meur, que le groupe a aussitôt démentie à grand coup de communication, photo à l’ap-pui, « Kele joue encore bien avec nous ». Après je peux tout à fait comprendre au vu de la production musicale que le chanteur nous propose dans son projet solo: je se-rais Bloc Party, je le virerais illico presto. Après ‘The Boxer’, Kele revient avec un nouvel EP de 30 minutes, s’ouvrant avec le single ‘What Did I Do’ en duo avec Lucy Taylor, morceau moyen avec un « boum boum » dance-house à la sauce Guetta, s’enchainant ensuite avec ‘Release Me’, médiocre tant dans les paroles que dans la mélodie (Ah bon il y en a une ?). Trois morceaux viennent relever le niveau, à savoir ‘Devotion’, ‘Cable’s Goodbye’ et la co-ver de ‘Goodbye Horses’ de Q. Lazzarus, ces trois tracks sont aboutis, construits mélodi-quement, ressemblent sans nul doute au tra-vail que Kele fait en groupe et l’on retrouve surtout l’étendue de sa voix reconnaissable parmi des centaines. L’album se finit par ‘Love As A Weapon’ et ‘You Belong To Someone Else’ qui résonnent comme deux dernières balles en plein crâne pour achever mon corps agonisant déjà au sol. (tv)

Kings Of Belgium‘Très Fort’Off/Pias

Voici le sixième opus de la série « P.V. Presents » (le meilleur selon nous), cen-tré, on l’aura compris, autour du musicien et producteur Pierre Vervloesem (pour cette occasion à la basse). Si on ne suit pas tou-jours notre P.V. national dans ses élucu-brations, force est de constater qu’ici, on a droit à du lourd, du très puissant, soit du « très fort ». Il s’agit du deuxième Kings Of Belgium (m’enfin?!), à nouveau en ver-sion trio. Le côté lourd provient entre autre du batteur (génial) qui s’y colle : Morgan Agren, dont nous avons dit beaucoup de bien dans le numéro précédent (cfr sa colla-boration avec Laswell et Raoul Björkenheim) car son jeu est particulièrement puissant (et le fait qu’il utilise trois grosses caisses aide un peu) et Pierre qui produit l’album l’a ad-mirablement rendu (on lui pardonne les coassements triviaux mixés en sus). Le troi-sième larron, c’est Gil Mortio (Joy As A Toy, pour n’en citer qu’un), un autre petit génie qu’on ne présente plus, ici aux guitares et aux claviers. ‘Raz’, le premier morceau est une bombe et se rapproche assez de l’al-bum ‘Blixt’ (l’album avec Morgan dont ques-tion plus haut). ‘Aeolipile’ est une canon-nade, avec cette batterie tout en saccades, cette basse funk énorme et cette guitare fu-rieuse et délirante. Cependant, si le son est puissant, les Kings ne font pas dans le mé-tal et brassent très large. Témoin ce mor-ceau plutôt ska (‘Merry Calculations’), plus

léger. ‘Space Bigotry’ avec son prédicateur débile ou ‘Escaped From Nivelles’, absolu-ment désopilant, révèlent davantage le ver-sant humoristique des Kings. À ce propos, à quand une dotation pour les Kings ? Ou pour Off ? (gs)

Tim Love Lee‘Fully Bearded’Tummy Touch

Il y a quinze ans, un petit gars nommé Tim ‘Love’ Lee lançait son label, Tummy Touch, qui aillait pas mal secouer le co-cotier du monde de l’électro en signant Groove Armada, Tom Vek, Phenomenal Handclap Band ou encore New Young Pony Club. Resté toujours assez modeste ques-tion taille, le label s’est pourtant fait remar-quer chez les esthètes pour son mélange de house downtempo et de rythmes dub. Histoire de fêter l’anniversaire de sa petite entreprise, Tim ‘Love’ Lee a remixé ses pou-lains à sa sauce. Si cette compile est par-fois inégale, on ne peut que rester bou-ché bée devant certains morceaux (notam-ment le ‘Ain’t Dubbin’ My Goodbyes’de Tom Vek). Une sorte de groove froid pour dance-floor au ralenti (mais qui pourtant donne in-dubitablement envie de bouger son corps selon des mouvements extatiques et anar-chiques) se dessine tout au long de l’album. On y découvre, concentré comme de l’huile essentielle, tous les éléments constitutifs du son Tummy Touch. Comme de l’ecstasy qui coule dans les oreilles, se plonger dans cet album (malgré quelques faiblesses légères par-ci par-là) est un délice qu’on aime faire tourner en boucle. (jbdc)

Lindstrom‘Six Cups Of rebel’Feedelity/Smalltown Supersound

Est-ce à cause du froid du Grand Nord ou de la proximité des côtes norvégiennes avec les gaz s’échappant des forages pé-troliers off-shore dans la mer du Nord, mais n’empêche que Hans-Peter Lindstrom a par-fois des idées bizarres. On le connaissait amoureux du disco le plus kitsch et de la musique progressive la plus psychédélique qui soit, mais on l’avait rarement vu aus-si zarbi. Commençant avec une symphonie hypnotique de clavecins d’un Barry Lyndon qui aurait un peu trop abusé de l’absinthe, le Norvégien entame le véritable propos de son album: une sorte de funk froide (rétro-futuriste diront certains), paradoxalement hyper rythmée, mais pas dansante pour un sou, presque inhibante. Non pas que cette funk ne sonne pas, bien au contraire. On di-rait juste que les Earth Wind & Fire viennent d’être kidnappés par des extraterrestre et analysés dans toute leur anatomie pour être ensuite relâchés, à moitié zombies, dans un champ de blé perdu à la cambrousse. Bref, un OVNI ce disque – littéralement. Même après plusieurs écoutes, j’ai bien des diffi-cultés à avoir un avis un peu objectif, tant les repères musicaux sont ici mis à mal. Bref, à ne conseiller qu’aux oreilles témé-raires. (jbdc)

Loops Of Your Heart‘and Never Ending Nights’Magazine 5

Homme orchestre derrière les magnifiques The Field – trois fantastiques albums où rien n’est à jeter – Axel Willner n’a de cesse de nous abreuver de ses boucles obsédantes, allant jusqu’à nommer son nouveau projet Loops Of Your Heart. Attention, toutefois, à ne pas se méprendre sur la nature des deux ambitions. Bien connue, l’une (The Field) nous entraîne illico sur un dancefloor hyp-notisé à force de tournoiements synthé-tiques, l’autre (LOYH) s’insère davantage dans une galaxie cosmique contemporaine telle que la défend – avec acharnement – le label Spectrum Spools, subdivision très Kosmische des Edtions Mego. D’ailleurs, dès la première écoute, nous avons direc-tement pensé à la première sortie de l’of-ficine autrichienne, le très bon ‘A Sort Of Radiance’ de Matthew Mullane sous son pseudo de Fabric. Toutefois, à la différence de son collègue de rayon américain, le pro-

Dan Mangan‘Oh Fortune’City Slang/Konkurrent

Il est des albums qui attirent immédiatement un capital sympathie indéboulonnable, qui vous permettent de fre-donner le cœur léger sans avoir l’impression d’être une volaille empaquetée de tête de gondole. En onze mor-ceaux, Dan Mangan, résident de Vancouver, parvient à nous convaincre qu’au-delà de Montréal, véritable vivier indie, il existe des personnalités à suivre, à chérir, à pla-

carder à une place de choix dans son panthéon personnel. Soyez choux. Que vous soyez convaincus ou non, laissez-moi donc profiter encore un peu de la fanfare de cuivres d’’About As Helpful As You Can’, en ouverture, ou de celle, toutes voiles de-hors, qui clôture ‘Starts with them, ends with us’. De ces passages à ciel grand ou-vert à mi-chemin entre le Beirut de toujours et le Sigur Rós d’’Hoppippola’. Laissez-moi goûter par bouchées minuscules cette gemme fragile qu’est ‘Daffodil’, berceuse country frémissante au délicieux arrière-goût de Phosphorescent. Et surtout, surtout, laissez-moi emporter dans un cabanon avec vue sur le Saint-Laurent ‘Leaves, trees, forest’, véritable bouffée d’oxygène dont le charme indéniable mais plus discret sans doute se distille d’écoute en écoute, un peu à la manière du ‘Jean Paul III’ de Some Tweetlove. Brutalement parachutée après cette pépite, ‘Row of houses’ presque office de faute de goût : fanfaronnade bûcheronne et presque FM, tout en démonstration de force, on enfermerait volontiers ce signe que l’erreur est humaine dans un sac à sa-pin direction la décharge et on parviendrait à faire de Dan Mangan un nom à suivre, sans modération. ‘Jeopardy’, idéalement placée en clôture de ‘Oh Fortune’ nous don-nerait sans doute raison : dépêchez-vous d’aimer ce disque avant qu’il soit aspiré par les feux de la rampe. (alr)

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GREY REVEREND ROPS, SNARE ET LES AUTRES vs REBIRTH: :COECTIVE JOS KNAEPEN - THE JAZZMAN EXPO BELFUSION BIG BAND LE�ENS MAARTEN DECOMBEL TRIO R�T WE�ELTOFT & SCHWARZ DUO WIIAM H�KER CAT TOREN TRIO&

Flash #3 / Nuit digitaleeuphorie Fr / F3 Be / MY Brother Be

BaBel orchestra Be / ...

joNathaN touBiN’s soul clap aNd daNce oFF us / ...

lazer crYstal us / câliN Fr /duFlaN duFlaN Be / ...Au RockeRill

horNY F Be/ WatosaY Be / BAZZ a Be /FOOLZGEG BE / ButtMaN Be / ...Au ThéâTRe de l’AncRe

Mothership coNNectioN #1leoNard digital Be /roNgoroNgo Fr /pierre BartholoMe project Be

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24EarTEaMducteur suédois ose davantage de clins d’œil vers l’extérieur. Lorgnant, non sans rai-son, du côté de Johann Johansson lorsqu’il fait vibrer les keyboards vintage sous le nom d’Evil Madness, voire d’Apparat Organ Quartet, Willner assume en vérité l’héritage Kraftwerk période 1975, notamment sur l’ex-cellentissime ‘End’. Entre nous, il peut conti-nuer dans cette voie aussi longtemps que ça lui chante, on le suivra volontiers. (fv)

The Love Language‘Libraries’One-Four-Seven-Records

Sorti Outre-Atlantique sur Merge Records en 2010, ce disque n’aurait sans doute pas croisé notre route sans l’opiniâtre-té d’un petit label londonien, One-Four-Seven (qui accueille également des opus de Superchunk, les fondateurs de …Merge Records) et leur farouche conviction que ces dix morceaux de pop très orches-trée et romantique à souhait (comprenez : qu’adopteraient sans complexe She & Him tant elles ont ce son si caractéristique des 50’s-60’s, parfois suranné mais attachant) méritaient des auditeurs européens en sus des américains. Disons-le d’emblée, ‘Libraries’ tiendrait presque du miracle : à l’origine, avant même de songer à son pre-mier album ou de monter un groupe, Stuart McLamb ne destinait ses morceaux qu’à son ex, fraîchement évaporée dans la na-ture après leur rupture. Si l’on ajoute à ça qu’en plein enregistrement de son second opus, notre looser-crooner vit ses aspira-tions à assoir une carrière entamée dans le flou le plus total piétinées par ses com-parses tentés d’aller gambader ailleurs, il ne faudrait plus forcer le trait très longtemps pour se croire dans ‘High Fidelity’, à com-pulsivement faire la liste des songwriters do-tés de la plus énorme poisse de la décen-nie. Heureusement, comme dans toute vraie bluette qui se respecte, l’histoire finit bien : Stuart ne trouva peut-être pas le grand amour, mais BJ Burton, un producteur ca-pable de faire scintiller comme il se doit ces dix morceaux doux comme de la barbe-à-papa. Si ce disque ne fait pas fondre le cœur de votre grizzly excité à l’idée de la re-formation d’At The Drive In, il tintera plus qu’agréablement à l’oreille de tous ceux qui ne sont pas parvenus à enterrer définitive-ment la midinette en eux. (alr)

The Maccabees‘Given To The Wild’Fiction/Coop/V2

Waaw ! Quel bonheur d’écouter des disques de cet acabit, des disques qui ne font, de prime abord, penser à aucune autre production musicale. Quelle invitation au voyage, à la

découverte d’espaces immenses, qu’il est planant de se délecter d’une telle musique. The Maccabees nous contentaient de musique beaucoup plus pop, aux riffs guitare électrisants et aux rythmiques tendues, mais avec ‘Given To The Wild’ un sacré tournant à été pris, le songwritting est mis en avant et appuyé par une musique tantôt lancinante comme la chanson titre de l’album, parfois sautillante comme ‘Pelican’ ou ‘Went Away’, ces tracks sont, tout au long du disque, appuyées par une musique intelligente et produite à merveille. Derrière chaque gimmick, chaque cuivre, chaque clavier, solo, arpège ou encore piano on retrouve cette nature en perpétuel mouve-ment, montant crescendo vers de déli-cieuses explosions sonores. Je pense que la musique que The Maccabees nous propose sonne en fin de compte comme une somptueuse bande originale d’un film parcourant des paysages sous tous les temps et à tout moment. (tv)

Mad About Mountains‘Mad about Mountains’Zeal Records/Konkurrent

Un nom de projet pareil, la chose est en-

tendue, ne va pas vous emmener incendier la piste ou faire des tentatives de stage-diving depuis le balcon de l’Ancienne Belgique, n’en déplaise à Great Mountain Fire. C’est dans l’atmosphère feutrée d’un refuge perdu à haute altitude, ou plus près de nous, dans une grotte méconnue des Ardennes que cherche à nous rassembler Piet de Pessemier, grand brasseur de ra-cines blues, folk et country. L’homme n’est pas inconnu de nos services : actif essen-tiellement de l’autre côté frontière linguis-tique sous la bannière de Krakow et de The Brothers Deere, on lui doit également ‘Dark Rain’, hommage poignant à l’inci-dent dramatique de cet été au Pukkelpop. Des échos de 16 Horsepower (le cha-risme démentiel de David Eugene Edwards en moins), un timbre de voix chaud mais souvent trop nasillard / geignard, la dose ad hoc de banjo, guitare lapsteel, guim-barde et d’harmonica de rigueur pour col-ler à l’americana, l’authenticité de cet al-bum n’est définitivement pas à remettre en cause. Mais on se sent ici comme dans un pyjama en flanelle trop grand : la matière est fort douce, on reconnaît les contours, mais le tout manque sans doute un peu de structure pour être seyant, d’un poil de rythme pour convaincre totalement, d’in-tensité pour marquer durablement. Les montagnes ne se sont certes pas sédimen-tées en une semaine, mais on les aurait dé-finitivement voulues par moments plus fo-lâtres, moins léthargiques. (alr)

Minny Pops‘Standstill to Motion’LTM

Pour conceptuel qu’il puisse paraître, le nom Minny Pops doit être ramené à son sens premier, celui, trivial et négociable, du modèle de la boîte à rythmes Korg uti-lisé par ce groupe amstellodamois. En ac-tivité au cours de la période charnière de la fin des années septante et du début des années quatre-vingts, les Minny Pops prati-quaient une pop minimaliste et froide, une mini pop squelettique et claustrophobe. Il n’est dès lors pas étonnant que le groupe ait fini par être signé par le label Factory, bénéficia des services du producteur Martin Hannett et ouvrit pour Joy Division (et plus tard New Order) aux Pays-Bas. Emmené par le très grand (en taille) chan-teur Wally van Middendorp, le combo de-vait disparaître prématurément fin 1981. La maison LTM, qui avait déjà réédité l’essen-tiel de sa discographie, ressuscite ici un enregistrement live sur huit pistes au légen-daire Melkweg d’Amsterdam tandis qu’un dvd reprenant des extraits de concerts à New York (en ouverture pour Suicide) et Amsterdam l’accompagne. Ce ‘Standstill to Motion’ est un arrêt sur image, un instanta-né d’une époque révolue mais qui continue à inspirer et à nourrir bon nombre d’aven-tures musicales d’aujourd’hui. (et)

Mister Dumont‘Kitchen Diaries’Adasong

Fantomas aka Paul Bocuse aka Mister Dumont aka Axel Dumont. Comment résu-mer mieux que ça l’identité visuelle et ar-tistique de ce projet downtempo agrémen-té d’une pincée de surréalisme ? Cuisinier des sons, multi-instrumentiste et produc-teur, Mister Dumont triture sa console comme d’autres leurs becs de gaz et s’in-génie à brouiller les pistes en studio comme d’autres brouillent leurs œufs au petit déjeu-ner. Entouré d’une pléiade d’artistes renom-més issus de la scène jazz (Charles Loos, Jean-Paul Estiévenart, Fabrice Alleman no-tamment), ce cuistot masqué mixe les ins-truments avec des pincées d’épices so-nores glanées aux quatre coins de la world-music et nous propose ses ‘Kitchen Diaries ‘,des expérimentations musicales tendance Nu Jazz qu’il serait dommage de n’écouter que dans les restaurants lounge branchés. Pour ceux qui ont un appétit plus conséquent et qui reprendraient bien une dernière petite tranche de vie, l’écoute des textes au minimalisme assumé peut aussi s’avérer assez nourrissante… (gle)

Moon Invaders‘The Fine Line’Grover/Sonic Rendezvous

Histoire de fêter leur dixième anniversaire, le groupe belge de ska vintage et de rocks-teady sort son cinquième album. On va être franc: le bal musette jamaïcain n’est pas trop ma came, mais pourtant force est de constater que nos amis savent faire son-ner les trompettes, les ritournelles estivales et les guitares nonchalantes – le tout dans une ambiance gentillement festive. Bref, un charme désuet et une bonne humeur douce, voire presque naïve, transpirent de ce disque. Au-delà de se limiter aux seuls fans de ska, la galette mériterait un coup d’oreille curieux venant de tous ceux qui souhaitent s’encanailler sur ces rythmes sans prétention, mais bourrés jusqu’à la moelle d’une joie de vivre légère et sans prise de tête. (jbdc)

Nada Surf ‘The Stars are Indifferent To astronomy’City Slang/Konkurrent

Autant faire court, le sixième album de ces valeurs sûres de l’indie-rock est dans la pure lignée de leurs précédentes productions. Simples et directs, aux titres forgés par de gros

riffs de guitares soutenant des mélodies construites au millimètre et qui se logent dans la tête pour ne plus jamais en ressortir;

les Américains continuent leur route avec leur barraca habituelle. Tout ce qui fait le succès du groupe est là, avec toujours la même aisance quand il s’agit d’envoyer le bois tout en gardant un son cristallin. Bref, du pop rock dans toute sa noblesse. Il y a même presque quelque chose de désar-mant en écoutant les Nada Surf: on n’est même plus étonné par leur maestria. Ils sont comme ces cuisiniers d’un restaurant trois étoiles: à chaque bouchée, systématique-ment, c’est parfait – et, à force, on ne s’étonne plus de cette perfection. Évidemment, s’il faut émettre une légère critique, ce serait sans doute ce manque de surprise. Cet album est exactement comme tout le monde l’attendait: du Nada Surf pur jus. Pas de révolution, ni de changement de cap. Mais est-ce vraiment un problème au fond, tant on aime les retrouver avec cette même qualité qui caractérise tant leur musique? (jbdc)

Christian Naujoks‘True Life/In Flames’Dial/Kompakt

Dépourvu d’une éducation classique et venu à la musique sans réelle expérience comme musicien, Christian Naujoks n’en possède pas moins une vision de ce que la musique offre comme potentialités et un don pour les exploiter opportunément. Accueilli en 2009 par le label hambour-geois Dial aux côtés d’aventuristes techno tels Lawrence et John Roberts, il a dès le départ pris le parti de ne pas se revendi-quer du genre de la maison, optant pour une musique intimiste essentiellement composée pour le piano et axée sur des jeux répétitifs simples et dépouillés. Si les références à Steve Reich semblent inévi-tables, Naujoks n’en a ni le talent, ni le gé-nie créatif. Du reste, il revendique son pen-chant pour une certaine pop délicate et éthérée ainsi qu’en témoignent les deux versions chantées de ‘Moments’. Au fi-nal, ‘True Life/In Flames’ s’affiche comme un disque très propre et trop poli, sans in-trigue aucune. (et)

Neon Electronics‘Keylogger’DanceDelic D/LC Music

Dans les années 80, Neon Judgement a été une figure de proue de la scène electro body music belge, genre que le duo a contribué à définir en compagnie de Front 242. La sortie

récente de compilations diverses du duo a permis de se rendre compte de l’impor-tance de la musique qu’il a développée voici un bon quart de siècle et qui demeure toujours d’actualité. Neon Electronics est en réalité un projet solo de Dirk Da Davo, fondateur de Neon Judgement et l’on évolue à vrai dire ici dans un terrain connu, à savoir que ‘Keylogger’ fait la part belle aux beats martiaux et aux rythmiques obsédantes et dansantes qui sont la spécialité de Dirk. De façon fort judicieuse, l’album met aussi bien en avant des titres accrocheurs et accessibles qui pourraient plaire à un large public fan de new wave/électro que des compos plus brutes et agressives, typique du son indus/EBM. Dans la première catégorie, on rangera les tubesques ‘Under the worst condition’, ‘Plastic world people’ et ‘Mother earth’, tandis que les plus radicaux ‘Glimp’ et ‘Prejudicial Science’ raviront la frange la plus dure des aficionados. On notera en outre une excellent reprise de ‘The fear in my heart’ de Luc van Acker, ainsi que le plus downtempo et dark ‘Over and over’ qui a tapé dans l’œil de Dave Clark himself. Si le style de l’album est volontiers 80s, on saura gré à Neon Electronics de ne pas rechigner à diversifier sa palette en lui donnant une coloration contemporaine, notamment grâce à la présence d’artistes de la nouvelle génération comme Radical G et Bodyspam, jetant de la sorte des ponts entre passé et présent de bien jolie façon. (pf)

Radical Face‘The Family Tree : The roots’Netwerk Music Group/Munich

Dans son riche pavé ‘Une Histoire Musicale Du Rock’, Christophe Pirenne rappelle qu’une chanson folk est celle qui se transmet de générations en générations, en di-luant progressivement ses origines et le nom de ses au-teurs. Radical Face – un des projets farfelus d’un certain Ben Cooper – ne pourrait pas mieux coller à cette défi-nition. D’abord parce que ‘The Family Tree : The Roots’

n’est rien d’autre que le premier volet d’une trilogie qui racontera l’histoire de la fa-mille Northcotes sur deux générations, vers les années 1800. Ensuite, parce qu’au-de-là de ce contexte à priori peu bandant (les Northcotes n’ont pas existé), c’est bien à tout un pan de la musique moderne qu’on a affaire. Les onze morceaux de ce grand disque renvoyant en effet à tout ce qu’on a aimé précédemment, ici et là, chez ma-chin ou bidule. Pour sortir un disque de cette classe, Cooper a forcément digéré une somme colossale d’influences, du génial Sufjan Stevens au Midlake incandescent de ‘The Trials Of Van Occupanther’. Ce folk chiadé, étendu sur des lits de cordes en tout genre, sur des pianos somptueux, bourré de crescendos ingénieux, d’handclaps vi-cieux est donc la merveille pop à côté de laquelle on était passé en 2011. Avec des titres comme ‘Ghost Towns’ (« a song for when you’re driving away from the person you like the most », dixit Cooper sur son Facebook) ou ‘Always Gold’ (qui démarre dans un murmure et s’achève dans l’hystérie), le songwriter américain touche au su-blime, à l’intemporalité. (lg)

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Super Reverb‘Super reverb’Les Disques En Rotin Réunis

Proposé aux journalistes en format vinyl, ‘Super reverb’ est un album dont la musique est à l’image de la pochette, sublime, elle qui met en avant un motif psychédélique rappelant le logo du label Vertigo. Cet album prend en ef-fet des allures de trip hallucinant, une véritable claque pour quiconque est friand de musiques

allumées. Au fil des huit plages, on croisera tour à tour et simultanément les ombres du Velvet, de Can, d’Hawkwind, de Suicide, des Spacemen 3 ainsi que de My Bloody Valentine, le tout avec des soubresauts on ne peut plus pop. L’aventure démarre avec ‘We’ll probably never meet again’ qui nous vaut une mélodie pop murmurée et lointaine qui sert d’écho à une structure assez indie rock 90s, avec une petite touche de noise psy-chédélisant. Vient ensuite l’incroyable ‘Mammoth’, un drone envoûtant mêlant space rock et ambiances doom pour ensuite voguer dans des eaux plus krautrock. Magistral ! ‘He hates himself and he just wants to die’ surprend tout autant, commençant comme un titre ultra pop pour ensuite virer dans l’expérimental psyché. Après une telle montée, le duo opte pour l’angélique ‘The technique is easy’, sorte de mélopée gospel éthérée se parant d’orgue pour un résultat à la grâce incomparable. La face B démarre avec ‘Down and out in Salvador da Bahia’, qui fait très Suicide avec sa structure électro répétitive hypnotique et ses voix trafiquées. Vient ensuite l’obsédant ‘It’s always true from someone else’s point of view’ qui fait dans l’ambient cosmique dark et majestueuse. Dans un registre guère éloi-gné, mais plus abstrait, ‘I’m in so deep that I’m so far out’ est tout aussi captivant. Pour clore l’expérience, Michael Becket et Jürgen De Bonde nous caressent l’oreille avec le dé-licat et mystique ‘Oh Lord, please hear me out’. Fantastique ! (pf)

The Pack A.D.‘Unpersons’Mint Records/Platinum Records

Depuis que le blues tripote le punk-rock au fond du garage, de nombreux duos se sont hissés sur la stéréo. Des White Stripes aux Black Keys, on en a vu de toutes les cou-leurs. On était déjà tombé – ouille ! – sur un album de la guitariste Becky Black et de sa puncheuse Maya Miller, on les retrouve au-jourd’hui avec ‘Unpersons’. Si le son de The Pack A.D. a sérieusement gonflé, c’est bien la même dope qu’autrefois : un jeu de batterie sommaire pose le beat pendant qu’une guitare excitée déroule ses riffs sa-turés. Produit par l’inusable Jim Diamond (depuis la mise en boîte des deux premiers White Stripes, celui-là clone d’arrache-pied une formule éprouvée), ce disque n’a pas l’aplomb des vainqueurs. Les Canadiennes rabâchent des préceptes édictés, dé-but du siècle, depuis les friches indus-trielles de Detroit. Et au micro, ça minaude sec. Au final, les filles de Pack A.D. posent énormément, mais elles n’ont pas grand-chose à dire. Dans le genre impersonnel, ‘Unpersons’ est une réussite. (na)

Pepe Deluxé‘Queen Of The Wave’Catskills Records/Ber tus

A-t-on idée de s’appeler ainsi, c’est gro-tesque ! Bon, allez, pas grave car les Pepe Deluxé, un groupe finlandais qui existe de-puis plus de dix ans, c’est pas si mal ! Et c’est bien barré aussi (c’en est presque un OVNI). Peut-être trop d’ailleurs car ce qua-trième album présenté comme un pop opé-ra (basé sur une passionnante nouvelle de science-fiction du XIXe siècle, ‘A Dweller Of Two Planets’, ceci explique cela) part dans tous les sens. S’y retrouvent pêle-mêle les références suivantes : psychédélisme (par-tout), rock balèze, pop sixties, électronique, big beat, productions à la Lee Hazlewood (très clairement le dernier morceau : ‘Riders On The First Ark’) et j’en passe. D’une cer-taine manière, vu le fond commun, ils fe-ront penser à un Broadcast en plus joyeux mais moins fin parfois. Tout ça est extrê-mement touffu et complexe : l’instrumenta-tion foisonne (les amateurs d’instruments bi-zarres tel le waterphone se délecteront) et la production est à la hauteur. Ce qu’on aime moins c’est quand l’électronique prend le dessus, à certains moments, comme dans ‘Hesperus Garden’ où l’on imagine une Siouxsie Sioux qui aurait viré sa cuti. Ça et là nous arrivent aussi des effluves du Foetus grandiloquent. Tiens, par le passé, leur musique a été utilisée deux fois par des marques de jeans (non, pas Pepe Jeans). Nonobstant cela, ‘Queen Of The Wave’ est un disque intrigant et attachant. (gs)

Peter Pan Speedrock‘Fifty Some Super Hits’Suburban Records

Cinquante-huit pour être exact. Soit deux galettes remplies jusqu’à la gueule de ce que le combo hollandais fait plutôt pas mal depuis une quinzaine d’années: torcher des brûlots hard punk rock à tendance roc-kabilly. De ‘Rocketfuel’ à ‘I’m Not Deaf…’ (ce qu’on ne vous garanti pas après plus deux heures trente de tapage), ces Bataves rappellent définitivement que la dentelle, le tricot et les maîtres flamands, c’est pour les tapettes. Eux, ils ont des gueules de bou-chers et d’assassins récidivistes, ils ont des muscles et des tatouages, ils se nour-rissent exclusivement à la bière et rotent sans doute à qui veut l’entendre que les femmes à gros nibards avec des poils sous les bras, c’est terriblement sexy. Ces quelques cinquante super hits super gras super lourds tournent ainsi à plein régime, faits de riffs manucurés à la tronçonneuse, de frappes primaires, et sauvagement (dé)gueulés par un mec probablement possé-dé par le démon. Ces types, étrange mé-lange de Fucked Up et d’Experimental Tropic Blues Band, partagent avec le trio liégeois cette singulière habitude de sor-tir leurs tripes à chaque concert. La lon-

gueur de cette compilation fait qu’inévita-blement on se lasse. Mais, en bande son d’un court-métrage sur un détraqué mental équarrissant un sanglier après avoir enculé un agneau, c’est l’idéal. (lg)

Porcelain Raft‘Strange Weekend’Secretly Canadian/Konkurrent

Chéri, j’ai récidivé, j’ai à nouveau cédé à des plaisirs coupables. J’ai ressorti mon gloss glam à paillettes et surtout, j’ai rame-né un italien installé à Londres à la maison. Ses états de service? Il s’appelle Mauro Remiddi, et faisait auparavant partie d’un duo connu sous le nom de Sunny Day Sets Fire. Il avait déjà fait une tentative d’ap-proche avec ‘Tips of your tongs’ et toi qui fréquente Azealia Banks et son pull Mickey tout petit, tu n’as pas besoin de sous-texte. Son plus grand crime, finalement? M’avoir fait miroiter l’espace de ‘Drifting In And Out’ un paradis hédoniste, dreampop en diable, où Beach House servirait l’ambroi-sie et Blonde Redhead les cupcakes, et où tout ce beau monde se roulerait dans des océans de ouate, sans vergogne ni pu-deur, jouerait à saute-mouton en jupons de tulle dans les nuages, sous la béné-diction de Kirsten Dunst, sapée en Marie-Antoinette. Le charme a continué à opé-rer sur ‘Shapeless & Gone’, avec son phra-sé élégant et ambigu à la Brett Anderson (Suede). Mais ne nous leurrons pas. Toutes les incartades ont une fin. Il est devenu chagrin, chipotant du bout des lèvres et ré-pétant à loisir les mêmes rengaines et ef-fets de reverb avec l’œil mouillé et la moue boudeuse, et à vrai dire, dans le genre mi-gnon chaton fragile, j’ai déjà Jonathan Donahue (Mercury Rev) à surveiller, il était là le premier. Je ne peux pas te pro-mettre de ne plus jamais écouter ‘Strange Weekend’ en me tortillant un peu, mon amour. Mais tu sais désormais qu’entre Porcelain Raft et moi, ça ne sera jamais du sérieux, juste une question de « kinky style ». (alr)

The RiTch Kids‘We are The riTch Kids’Autoproduit

Petit phénomène hype parisien (mais une hype ici franchement méritée), le duo des RiTch Kids fait pas mal parler de lui. Sorte de croisement très électro-chic entre les MGMT, les Kills, les

Dresden Dolls, ou encore T Rex, et sortis littéralement de nulle part pour, en quelques mois, faire la première partie des Ting Tings, les Français martèlent une pop tout en

brillance et faite de bricolages électro joyeusement naïfs et adolescents. Adeptes du do-it-yourself, les RiTch Kids sortent tous les 3 mois un nouvel EP de 5 titres qu’ils vendent via le Net. Pas plus de 10 envois par jour parce qu’ils décorent chaque exemplaire à la main. Si vous voulez mon avis, ces artéfacts vaudront dans quelques années leur pesant de cacahouètes sur eBay, tant on sent que le groupe (encore émergeant) est sur une voie toute tracée vers le succès. Une oreille curieuse s’impose. (jbdc)

Rodrigo y Gabriela and C.U.B.A.‘area 52’Rubiworks/PIAS

Ils ont la guitare qui les démangent alors ils grattent…et pas qu’un peu. Mais que faire quand on est mexicain, guitariste, plu-tôt porté sur le heavy métal et qu’on veut vivre de sa musique autrement que dans un groupe de mariachis ? Ben on s’invente un style musical rien que pour soi, de la world music teintée d’un peu de métal, de folk, de jazz et de rock avec un jeu de gui-tare plutôt nerveux. Voilà pour ceux qui ignoreraient encore l’origine de nos deux desperados (qui ne le sont sans doute plus tant que ça après leurs récentes participa-tions aux BO du Chat Potté et du dernier Pirates de Caraïbes). Area 52 est déjà le 8èmealbum du duo qui s’est pour l’occa-sion fait plaisir en revisitant certains de ses anciens titres accompagné de 13 parmi les meilleurs jeunes musiciens cubains ac-tuels. Histoire d’ajouter une couleur musi-cale à une palette qui n’était déjà pas triste. Et il faut bien admettre que la combinaison de ces couleurs, à défaut d’être toujours nuancée, tient la distance. Ca déménage et ça part dans tous les sens. Un hommage à Carlos Santana (‘Hanuman’plus cré-dible encore que l’original), du Pink Floyd avec des volutes de havane sur ’11 :11’et Anoushka Shankar (fille de Ravi) qui a vu de la lumière et qui est entrée avec sa sitar sur ‘Ixtapa’. C’est donc relativement inclas-sable mais c’est d’une efficacité redoutable à de nombreux égards. (gle)

Scrimshire‘The Hollow’Kudos Records/Rough Trade

Multi-instrumentiste, producteur, DJ et boss du label Wah Wah 45s, Adam Scrimshire se fait plaisir en publiant un second effort solo. Baptisé ‘The Hollow’, l’objet laisse transpa-raître sa passion pour une musique soul-jazz typiquement british. Truffé de vocalises fémi-nines exaltées, ce nouvel album confond trop souvent ennui (profond) et détente (transcen-dantale). Moelleux comme un oreiller sans

fond, ‘The Hollow’ déroule une invraisem-blable quantité de papier peint sonore. De quoi recouvrir l’intégralité de votre grande surface préférée. Et de vous dégoûter, une fois pour toute, d’aller faire des courses. Une aubaine pour le paki du coin. (na)

Silicon Ballet‘Utopia’Rainboat

Les gamines, vous pouvez oublier la (bien foutue, c’est vrai) pop mélancolico-sau-tillante de Showstar, elle vous sera désor-mais fournie par Silicon Ballet. Ce qui re-vient au même. Le side-project des Liégeois est garanti 100% Pure Fm, tournée des fes-tivals d’été comprise. Un problème ? Non, aucun. Cet Ep est bien foutu, bien gonflé, affublé d’une belle pochette et servi par un premier clip au charme évident : des gosses balancent leurs lunettes de soleil et mutent en super héros. Concrètement, on retrouve donc les gars de Showstar avec un quatuor à cordes, un pianiste et un bidouilleur. Si la noirceur de l’instrumental éponyme pour-rait attirer l’attention des esthètes d’un rock racé, ‘Victory’ et les quatre autres titres ne tromperont personne, on demeure dans la pop bon enfant, et on s’imagine, analpha-bète, dans le ‘Dear Beloved Secretary’ des Wallace Collection. (lg)

Singtank‘The Party’Because/Warner

Sur le liveweb d’Arte, on peut dénicher un concert du groupe au festival des Inrocks. Le duo français – un frère, une sœur, épouse de Mark Ronson (ça doit aider) – livre une performance pop d’une remar-quable évidence et d’une fraîcheur conta-gieuse. C’est l’occasion d’approfondir ce 45 tours vraiment séduisant. A :‘The Party’, pe-tit hymne synthétique délié. B : la merveil-leuse ‘Nuthouse’, lumineuse ballade folk dont les harmonies renvoient à l’inusable ‘Teen Dream’ de Beach House. (lg)

Les Slugs‘Banqueroute’Aredje

Pour quiconque ayant été un ado fan de rock alternatif engagé et déconnant dans les années 90, la simple évocation des Slugs devrait rappeler moult excellents sou-venirs. Les Slugs, avec René Binamé et quelques autres, symbolisent un certain état d’esprit mêlant culture punk, refus du com-promis, engagement politique, approche iconoclaste et concerts délirants. A l’écoute de ‘BanqueRoute’, on constate avec grand plaisir que les Slugs n’ont pas changé. Sur le plan des textes, le trio continue à tirer à boulets rouges sur le capitalisme, le consu-mérisme, la globalisation et la religion qui écrasent et lobotomisent les masses. Ici, pas de termes pseudo intellectuels pour ex-primer le propos, mais un style cru et direct, du style ‘Les pompes à fric/nos amis poli-tiques/les catholiques/Le pape et toute sa clique/A dégueuler’. Ce n’est certes pas tou-jours très subtil, mais c’est souvent vache-ment jouissif, d’autant plus que sur le plan musical, le groupe balance un punk super accrocheur qui fait le plus souvent mouche, que ce soit avec ‘A dégueuler’, ‘Derouf’, ‘GPS’, le tordant ‘Indiana Jones’ ou encore le percutant ‘L’euro’. Cela fait en tout cas plaisir de voir que le temps qui passe n’a en rien entamé la rage iconoclaste et la verve du groupe ! (pf)

Snoop Dogg & Wiz Khalifa‘Mac and Devine Go To High School’Atlantic/Warner

Pour schématiser, la vie de Snoop Dogg se résume à courir après deux trucs verts : l’herbe et les dollars. S’il n’a pas encore ren-contré de martien, il est récemment tombé sur Wiz Khalifa, petit homme au corps co-loré et à la pupille dilatée. Ce dernier par-tage avec le Snoop une passion pour l’hor-ticulture et le hip hop. Du coup, les mecs

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s’adorent. Tellement fort qu’un jour, lors d’une interminable soufflette, ils déci-dent de produire un film ensemble. Un truc de ouf où un intello et un cancre se pointent sur un campus en quête d’un di-plôme. C’est le pitch initial de ‘Mac and Devine Go To High School’ (sortie euro-péenne sous peu) : un grand moment de cinéma avec de jolies gonzesses, des sur-vêts de baseball et… un peu d’herbe. Déguisés en acteurs, Snoop Dogg et Wiz Khalifa retrouvent les bancs d’école et là, tout le monde commence à fumer des pétards gros comme des troncs de sé-quoia. Pour composer la bande originale du film, les deux loustics ne pouvaient (évi-demment) compter que sur eux-mêmes. Vite emballé entre deux pacsons, cet al-bum est une ode à la fumette parsemée de tubes (‘Smokin’On’, ‘Young, Wild & Free’, ‘OG’ avec Curren$y ou ‘That Good’) et de grands n’importe quoi (le reste du disque). Les messages sont plutôt positifs (« Smokin’on that weed, this is all I need » sur ‘I Get Lifted’ ou, plus poétiques, dans ‘Young, Wild & Free’ : « So what we get drunk, so what we smoke weed, we’re just having fun, we don’t care who sees »). A consommer avec modération. (na)

Mano Solo‘a L’Olympia’Wagram

C’est dans la demeure mythique de Bruno Coquatrix que Mano Solo, le 12 no-vembre 2009, nous a jeté un de ses der-niers souffles en public. Et c’est aujourd’hui que sort l’enregistrement du concert. Comme chaque fois avec Mano, c’est toute la sensibilité d’une voix qui nous explose à la gueule dés les premières secondes, une voix à la limite de la rupture, brute et grave, hurlant à l’amour, à la sensibilité ou encore aux rapports humains. Les mor-ceaux se suivent et se ressemblent, tout est mis en place pour servir une poésie à fleur de peau, sans trop d’habillages musi-caux complexes, mettant toujours en avant cette voie caverneuse caractérisant l’ar-tiste. Voyez dans cet album un dernier ca-deau du chanteur à ses fans et la dernière expression de sa charité car tous les bé-néfices seront redistribués à l’association « Fazasoma », aidant les enfants malgaches, qui lui tenait particulièrement à cœur. Si un disque posthume laisse bien souvent les fans un peu amers de ne plus pouvoir sa-vourer des moments forts avec l’artiste, ce-lui-ci est une dernière opportunité d’enton-ner l’hymne mythique ‘Shalala’. (tv)

Charlene Soraia‘Moonchild’Peacefrog

Y a-t-il encore des sourds qui écoutent l’hor-rible groupe californien The Calling au-jourd’hui ? Des malentendants qui pleurent toutes les larmes de leurs corps lorsqu’ils se repassent l’insipide ballade FM ‘Wherever You Will Go’ dix ans après sa sortie ? Personne. Sauf peut-être Charlene Soraia. Une jeune Britannique de 22 printemps dont les saisons futures pourraient res-sembler à celles passées d’Adele. Rien de moins. L’histoire a donc commencé avec cette chanson. Epurée et reprise puissam-ment au piano, elle buzze et s’attire les fa-veurs de Twinings, la fameuse marque de thé. Consécration : au X Factor anglais, une candidate inspirée présente cette version du morceau. La suite est ce premier album. Très bien produit, joli, poli, girly, parfois un poil trop lisse, ‘Moonchild’ fixe d’emblée la barre très haute avec un morceau inaugu-ral splendide. Les six minutes de ‘When We Were Five’ s’ouvrent sur des nappes coton-neuses qui laissent progressivement s’ins-taller une tension sourde, s’immiscer des trompettes évanescentes, se poser une voix qui se retient de faire l’étalage de sa puis-sance. Plus loin, ‘Rowing’ est lascif comme une bossa-nova quand ‘Bipolar’ est enjoué comme du Regina Spektor. Ouvertement moins pop que Lily Allen, sacrément plus jazzy/sexy qu’Adele, foutrement moins chiante que Norah Jones, Charlene Soraia semble emprunter les chemins de la gloire. (lg)

Tazio & Boy‘Winter in The room’Humpty Dumpty

En musique comme dans la vie, les ren-contres pimentent le quotidien, débouchent sur l’inattendu dont naissent de nouveaux projets. Couple à la ville et à la scène, Tazio (le gars) et Boy (la fille) font définitivement partie de ces gens qu’on aime connaître, en vrai et en disque. Apôtres invétérés d’un DIY qui ne se préoccupe ni des cours de la bourse, ni de la dernière bouse en couv’ des Inrocks, les deux Nantais main-tiennent depuis 2004 leur très jolie barque à flots, à la fois en responsables de leur mi-cro-label My Little Cab (29 sorties au comp-teur !) et en artistes folk revendiqués. Quatre ans après leur arrivée sur l’excellent label Humpty Dumpty – plus besoin de rappe-ler qu’il héberge Carl, Mièle ou K-Branding, la seconde étape du duo retrouve la douce

chaumière de Christophe Hars, pour une histoire où les mots complicité et amitié ne sont nullement galvaudés. Au-delà de la sympathie naturelle qu’il nous inspire, quelques bémols se manifestent toutefois à l’écoute du présent ‘Winter in The Room’, dont plusieurs titres sont à nos oreilles plu-tôt dispensables (dont ‘When The Summer Ends’ ) – mais peut-être sont-ce simplement leurs ambiances hivernales, au voile grisé trop prééminent, qui tombent à la mauvaise saison. (fv)

Team Me‘To The Treetops’Propeller Recordings/Munich

Bien sûr, lorsqu’on est jeune en Norvège, on peut imaginer que pour l’adrénaline, il n’y a pas trente-six solutions, c’est soit échap-per aux tireurs fous, soit s’exciter devant un genre d’Arcade Fire qui reprend l’intégrali-té du deuxième (et mauvais) album de Clap Your Hands Say Yeah en clôture d’une foire agricole. L’image vaut ce qu’elle vaut mais elle définit assez bien les dix morceaux de ‘To The Treetops’, un album poussif qui at-teint rarement les cimes. Bien sûr, à quinze ans, ce qui compte, c’est l’exubérance du moment, l’excès d’alcool, la délivrance de toutes les frustrations. Le sextet d’Oslo est hyper doué là-dedans et devrait donc faire chavirer le cœur des (vieux) ados qui aiment régurgiter leurs pommes d’amour après quelques huit dans les montagnes russes. Dit autrement, ‘To The Treetops’ est forte-ment déconseillé aux diabétiques, aux car-diaques et aux fans de Johnny Halliday. Sinon, l’occasion est belle de reprendre des hohoho, des hahaha, en dodelinant en rythme sur des claviers et des cordes qui s’amusent à se renvoyer la baballe. De ces crescendos endiablés et déjà enten-dus mille fois, on retiendra pourtant un ex-cellent morceau, à la lisière du post-rock : ‘Favorite Ghost’, démarre chevrotant sur des bases acoustiques pour mourir huit minutes plus tard dans un torrent d’électricité. Un peu peu.(lg)

Tellison‘The wages Of Fear’Naim Edge/Rough Trade

La presse anglaise a encensé cet album dont elle a salué l’énergie, la fulgurance mélo-dique et les envolées de guitares. Pour ma part, je suis on ne peut plus partagé. D’un côté, il est indéniable que le groupe sait com-poser des mélodies accrocheuses, qu’il fait montre d’un grand éclectisme au niveau des

styles abordés (entre pop rock, émo et bal-lade) et qu’il assure un max sur le plan tech-nique. De l’autre, je serais plutôt crispé par le coté épique démonstratif d’un ensemble que l’on sent clairement conçu pour permettre au groupe de se hisser au rang d’idoles des stades. Le fait que l’on songe parfois à Coldplay (sur les titres plus calmes) ou Fall Out Boy (sur les compos davantage émo) irait d’ailleurs dans ce sens. A l’autopsie, Tellison me semble être un groupe certes pé-tri de talent, mais qui aurait la fâcheuse ten-dance d‘en faire beaucoup trop … (pf)

This Is Tunng‘Live From The BBC’Full Time Hobby

Malgré le départ de John Peel pour l’éternité et l’arrêt forcé de ses Peel Sessions, et gloups ça fait déjà sept ans passés, la BBC continue de nous abreuver de séances live de derrière les fagots.

Compilation d’enregistrements réalisés à la naissance des Tunng en 2005 et 2010, ‘Live From The BBC’ montre à quel point il est possible de moderniser la folk music au-delà de tous les clichés, tout en lui insufflant un caractère entraînant, voire pop guilleret – et c’est tellement flagrant sur un titre comme ‘Bullets’. Au-delà de l’expé-rience du live, l’écoute révèle également les chansons du groupe britannique sous un autre jour, probablement plus relâché que sur ses très bons disques studio. Par instants, on pense – et pas qu’un peu – à Simon & Garfunkel en version homme-femme, mais c’est loin d’être tout. Heureuse surprise, les bluesmen maliens de Tinariwen sont aussi passés par là sur un morceau (‘Tamatant Tilay’) qui nous transporte plus dans le désert que dans les Highlands et, ailleurs, on se pourlèche les babines à l’annonce du prochain vrai disque de Mike Lindsay & co. Oui, vite, et quel bel inter-mède que voilà. (fv)

Turbowolf‘Turbowolf’ Hassle Records

A intervalles réguliers, les anglais de Turbowolf nous reviennent avec une cargaison de titres bien rentre-dedans d’une efficacité incroyable et qui témoignent en outre d’une approche assez

personnelle. Si Turbowolf peut en effet être qualifié de métal – écoutez donc ‘Ancient snake’ ou ‘Seven severed heads pour vous en convaincre !, son style le fait sortir du lot en intègrant des éléments hard 70s voire 80s (‘Read & write’), tout en étant à l’occasion emprunt de petites touches de psychédélisme (l’étonnant instrumental ‘TW1’), voire de stoner, comme sur l’excel-lent ‘Bag o’ bones’ ou l’hypnotique ‘A rose for the crows’. Et puis il y a aussi le remarquable ‘Son (sun)’ qui évoque le grunge d’Alice in Chains ou encore l’étonnant ‘All the trees’ qui évolue dans un registre électro downtempo un rien introspectif à peine malmené par des soubresauts nerveux. Un excellent d’album qui témoigne du talent et de la grande ouverture d’esprit d’un groupe vachement excitant! (pf)

Vaiping‘Industrial Workers Of the World’Karisma Records/Ber tus

Dès les premières notes, on se rend compte que l’on s’embarque pour une aventure sin-gulière. Après une intro en guise de drone ambient dark industrialisant et un sample qu’on imagine être un dialogue prove-nant d’un film, Vaiping développe sur des titres plus longs son savoir-faire de tisseur de paysages sonores intenses et emprunts d’une certaine noirceur. Il faut dire que la thématique abordée par l’album est celle de la condition des travailleurs à l’époque de la révolution industrielle. Ceci dit, si le pro-

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Adèle‘Live at The royal albert Hall’XL Recordings

Que l’on aime ou que l’on n’aime pas ce genre de musique, Adèle est incontournable tant son succès fulgurant l’a pro-pulsée très jeune et très vite en haut des charts. La jeune diva le mérite entièrement tant ses chansons peuvent nous par-ler, voire nous toucher. Ne nous mentons pas, un texte appuyé par une musique lacrymale est on ne peut plus efficace. Les morceaux interprétés de manière ultra minimaliste sont ceux qui vont souvent chercher le plus d’émotions en nous. Croyez-moi dans ce domaine Adèle excelle, ouvrant le bal dans la salle mythique du Royal Albert Hall par son désormais classique ‘Hometown Glory’ en simple piano-voix, arrachant déjà les premiers soupçons d’émotions à une assemblée pas encore trop hystérique, ensuite la Lady déballe son talent avec son band et ses choristes, de temps à autres appuyé par un ensemble de cordes. Quand je vous dis qu’on vient chercher les émotions… La jeune demoiselle n’hésite pas à plai-santer avec son public entre les morceaux, ça change de tous ces artistes jouant au clic et avec des séquences, ne pou-vant pas sortir la moindre phrase sous peine de dérégler la machine. Si pour moi, qui ai horreur des enregistrements live, l’apogée de ce concert est ‘Someone Like You’ chanté harmonieusement en cœur par tout le public, je ne pense pas que ce DVD/CD live soit des plus surprenant. Ceux qui aiment Adèle se feront plaisir, ceux qui ne l’aiment pas seront peut-être conquis. Mais j’ai du mal à croire qu’une telle artiste puisse nous laisser de marbre. (tv.)

Cabaret Voltaire/Peter Care‘Johnny YesNo redux’Mute/V2

Bien avant l’avènement de Warp et d’Autechre, Sheffield était déjà une place forte des musiques élec-troniques. Des groupes comme Vice Versa, Human League, Heaven 17 ou Clock DVA y créèrent une pop électronique adventice. Mais c’est surtout Cabaret Voltaire qui se démarquera par la singularité de sa démarche et de son son. En 1982, le groupe fait équipe avec le cinéaste Peter Care pour réali-ser ‘Johnny YesNo’, un film noir d’auteur jouant résolument sur la métaphore du clair-obscur. Le film est entièrement tourné à Sheffield, alors une cité post-industrielle sur le déclin, il privilégie les ambiances

à une trame narrative articulée. Les morceaux de Cabaret Voltaire utilisés pour la bande sonore font corps avec les sé-quences filmées à un point tel que l’osmose semble parfaite. Cabaret Voltaire incorpore à des structures rythmiques bi-naires minimales desquelles ressort la basse des fréquences déroutées, des parasites, du souffle saturé. A l’époque, ‘Johnny YesNo’ qui est édité en VHS sur le label Doublevision de Cabaret Voltaire connaîtra un succès d’estime dans les milieux avertis mais il permettra au groupe de se faire connaître davantage. Le trio devient duo suite au départ de Chris Watson et il se fait signer par Virgin, conférant à sa musique une tournure plus accessible qui servira d’inspiration aux musiques électroniques des années 90. Pour sa part, Peter Care s’en ira réaliser des clips pour Depeche Mode, Killing Joke… et plus tard pour R.E.M. et Bruce Springsteen. Aujourd’hui, le film a été complètement ré-imagé, la musique revi-sitée. Cette version ‘Redux’ offre deux dvd comportant notamment la version originale et la nouvelle mais aussi des clips ainsi que deux cd avec des inédits et des remix. Un beau package pour qui voudrait découvrir Cabaret Voltaire à la fois en sons et en images. (et)

Daan‘Concert’Pias

On aime Daan depuis ‘Berchem’, premier album des Anversois de Dead Man Ray. Très vite, dès ses débuts en solo, on s’est rendu compte de l’énorme potentiel de Daan Stuyven à écrire des chan-sons chiadées, plutôt pas drôles mais drôlement entêtantes. Ces douze années passées à donner des concerts qui foutaient régulièrement sur le cul méritaient bien une captation live. C’est donc au

début de sa récente tournée acoustique – à Flagey, les 30 avril et 1 mai – que furent saisis ces morceaux éblouissants. Décharnés et retravaillés au corps, ils imposent Daan comme le Morrissey belge, une sorte de crooner post-moderne. Accompagné uniquement du très recherché Jean-François Assy au violoncelle (essentiel sur le dernier Daniel Darc) et de la sublime multi-instrumentiste Isolde Lasoen (vibraphone, percussion, trompette, Moog), Daan parvient à sonner comme un groupe de dix musiciens. C’est à la fois puissant, sombre, intense et délicat. Le trio transfigure véritablement les titres, qu’ils proviennent du répertoire solo de l’artiste ou de celui de Dead Man Ray. Même le ‘A Man Needs A Maid’ de Neil Young frôle la perfection de l’original (insurpassable, il faut le rappeler). La communion avec le public atteint son pa-roxysme sur le bien nommé ‘Simple’ où le simple (!) fait d’épeler les trois premières lettres de l’alphabet suffit à refiler la chair de poule. Le DVD qui accompagne le disque dévoile les coulisses d’un concert au Japon, mais permet surtout de revivre ces instants classieux où l’espace d’un soir, le temps s’est arrêté. (lg)

Lamb‘Live at The Paradiso’ (DVD)‘Live at Koko’Bertus

Après un long congé sabbatique consacré à leurs projets solos respectifs, les agneaux sont sortis de leur silence en 2011 avec l’album ‘Five ‘sur lequel la voix ensorcelante de Louise Rhodes et les compositions empoisonnées d’Andy Barlow nous rappelaient pourquoi le mystique duo avait toujours eu plus d’une longueur d’avance sur le reste du troupeau. Trois concerts sold-out au Botanique en décembre dernier prouvèrent encore que, contrairement à beaucoup d’autres, ils n’étaient pas revenus pour tondre leurs fans. C’est un peu de cette magie qu’il nous est offert de retrouver sur le DVD ‘Live At The Paradiso’ é en 2004 ainsi que sur l’album ‘Live At Koko’ é en 2009. Bien sûr, les deux productions ne renient pas les codes de l’enregistrement live et on ne pourra échapper au parasitage de cette musique vénéneuse par les fans recon-naissants. Mais ces deux témoignages prouvent s’il le fallait encore que le «trip-pop » de Lamb a remarquablement survé-cu aux outrages du temps. (gle)

Raphaël‘Live Vu Par Jacques audiard’Oaxaca/Angora Prod/EMI

Pour les plus fidèles lecteurs, vous avez surement déjà lu que je n’aime pas les disques live, et je vous le confirme une nouvelle fois: remasteriser des applaudissements pour obtenir une gerbe à la limite de l’audible n’est vraiment pas ma came. Donc, une fois n’est pas coutume je ne parlerai que très peu de l’album de Raphaël, capté à la Coopérative de mai. Ce qui m’intéresse beaucoup plus, c’est le DVD: Raphaël vu par Audiard, l’intitulé est alléchant reconnaissons-le, qu’est-ce que ces deux artistes peuvent bien se dire? Comment un réalisateur aussi branchouille peut-il filmer un concert? Toutes ces questions qui au final n’ont qu’une réponse simple: inefficacité! Le concert n’est pas mieux filmé ou différent, non, il est un peu plus centré sur le chanteur, mais des gros plans d’épaules, de mains, de cheveux, ça devient très vite in-digeste. Mais là où je me suis le plus marré, c’est dans la séance de «personal branling» post concert, comprenez: la ren-contre entre les deux hommes durant laquelle chacun jette des fleurs à l’autre. Mon Dieu, please, pourquoi est-il néces-saire de se toucher la nouille pendant 23 minutes? En fin de compte j’en viens à me demander quelle est l’utilité d’un tel CD/DVD si ce n’est une énième démarche d’intellectualisation de l’image de chanteur populaire, qui colle à la peau de Raphaël depuis feu son deuxième album, vers une image de bobo branché qui mange bio devant un bon film d’auteur Autrichien le samedi soir sur ARTE. Si deux albums sont à sortir de la discographie du chanteur français c’est bien le tout premier ‘Hôtel De L’Univers’ et le dernier ‘Pacific231’ le reste est, de mon humble avis, à oublier. Monsieur Raphaël, n’est t’il pas plus mainstream que de ne pas vouloir l’être? (tv)

pos est sombre et si la musique loin d’être guillerette, ‘Industrial Workers Of the World’ ne prend pas la forme d’un cauchemar apo-calyptique. Les motifs développés ne sont en effet jamais dépourvus d’un certain sens mé-lodique et à la différence de bon nombre de projets de ce type, on évite tout côté mono-lithique et répétitif. On peut même dire que l’ensemble est assez varié, vu que des cla-viers et des effets électroniques sont asso-ciés à des instruments traditionnels comme basse, guitare ou batterie. En outre, l’ajout de voix donne à certains titres un côté raison-nablement accessible, comme sur ‘Wind will bow’ et ‘Listen up’, que l’on peut considé-rer comme étant de vraies chansons, fussent-elle indus. De manière générale, les mor-ceaux sont ceci dit essentiellement instru-mentaux et dégagent un coté cinématogra-phique indéniable. Un projet original et assez intriguant. (pf)

Christina Vantzou‘N°1 Dvd & remixes’The Numbered Series

Originaire du Kansas mais installée à Bruxelles depuis plusieurs années déjà, Christina Vantzou est une artiste plasticienne et vidéaste qui s’est également intéressée au son et, par extension, à la musique. Après avoir fait ses premiers pas aux côtés d’Adam Wiltzie (Stars of the Lid, label Kranky) avec le-quel elle forma The Dead Texan et après une apparition temporaire comme membre d’ap-point de Sparklehorse, elle s’est lancée sous son propre nom. Recourant à une banque de samplers tirés de musiques pour orchestre et utilisant sa voix avec parcimonie, elle parvient à constituer, avec pas grand chose, un sem-blant d’univers tactile et tactique. ‘N°1’ a ini-tialement été conçu avec l’aide d’un septuor : le Magik*Magik Orchestra. Sorti cet automne sur Kranky, il est réédité ici sous la forme d’un double album. D’une part, un dvd qui re-prend une dizaine de chapitres qui sont au-tant de créations filmées. D’autre part, un cd qui convie différents artistes (Robert Lippok, Isan, Ben Vida, Loscil pour ne citer que les plus connus) à un travail de revisitation des morceaux originaires. Le résultat est probant, il atteste d’un travail de qualité d’une artiste qui aura encore beaucoup à dire et à faire dans les années à venir. (et)

Venom‘Fallen angels’Spinefarm Records

L’avantage, quand on écoute un nouvel al-bum de Venom, c’est que l’on sait exac-tement à quoi s’attendre. Cela fait en effet trente ans que ce groupe anglais propose des albums interchangeables, pour la plus grande joie de ses fans. ‘Fallen angels’ ne dé-roge pas à la règle : une collection de titres métal bien lourds, qu’il fasse dans le doom ou qu’il s’aventure dans un registre davan-tage speed. Si j’apprécie plutôt les titres res-sortant de la première catégorie, à l’instar de ‘Hammerhead’, les morceaux plus speed au-raient tendance à me lasser assez vite avec leurs roulements de batterie apocalyptiques et leurs solos démonstratifs plutôt assom-mants. Ceci dit, tout cela n’est qu’affaire de goût, bien entendu… (pf)

Zëro‘Hungry Dogs (in the Backyard)’Ici d’ailleurs/Rough Trade

Nouveau rejeton dans la discographie de Zëro, ‘Hungry Dogs (in the Backyard)’ voit le groupe français renforcer ses défenses im-munitaires et se faire les dents sur un rock tendu et urgent. Loin du post-rock anguleux et rageur des débuts, Zëro imagine sa méta-morphose à l’aune d’une approche hybride et érudite. A la croisée du krautrock, du psycho-billy, du (post-) punk et d’un puits expérimen-tal sans fond, Zëro libère ses guitares et avive la tension. Ici, les atmosphères varient sans cesse, tandis que les structures (super)so-niques se la jouent en mode tectonique des plaques : elles glissent les unes sur les autres et se télescopent pour engendrer un disque en mouvement permanent. Pas simple à suivre. Mais réellement passionnant. (na)

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28ProPulseDu 1er au 4 févrierBotanique, Bruxelles

La Boutik Rock et EntreVues ne sont plus... Après fusion et passage au shaker, ProPulse, le nouvel évènement qui les remplace, devient la plus grande vitrine des Arts de la Scène, avec pour vocation de promouvoir les artistes et leur diffusion en Fédération Wallonie-Bruxelles afin de « propulser » les talents. Mais ce n’est pas seulement un rendez-vous pour les professionnels et les artistes. Forts du succès de feu La Boutik Rock, plusieurs soirées de découvertes demeurent accessibles au public. Entre groupes émergents et artistes qui ne vont pas tarder à se faire remarquer, il y en aura pour tous les goûts. Une frange de la flotte JauneOrange y défendra ses couleurs (Fastlane Candies, Gaëtan Streel, Pale Grey), Honest House peut compter sur ses ambassadeurs Taïfun, et dire qu’on attend le retour de Boris Gronemberger aka VO relève du doux euphémisme. A voir au Bota : (1er février) Pale Grey, Taïfun, Kiss & Drive, Fastlane Candies, Gaëtan Streel. (2 février) Driving Dead Girl, The Link, Exuviated, Komah, The K. (3 février) Crazy Lady Madrid, Kupid Kids, V.O. , Applause, Noa Moon. (4 février) : Glÿph, Squeaky Lobster, Compuphonic, Ssaliva, Concert Debout, Anilux, zoft, Joy As A Toy, Amute, Uman, Scylla, Kaer, Veence Hanao, Dynamic, Maëlan. www.propulsefestival.be

Megafaun4 février, eden Brasserie (avec

alamo race track + Dan san)6 février, rockhal

samedi 28 janvierLes Transardentes: Boyz Noize, Birdy Nam Nam, Cassius, Simian Mobile Disco dj set, DJ Fresh, Noisia, Sub Focus dj set, Dirtyphonics, Modestep, Breakage, Annie Mac, Nina Kraviz, Riva Starr, Max Cooper, The Japanese Popstars, Sigma, TWR72, Foreign Beggars, Arnaud Rebotini, NT89, Moonlight Matters, Kastor & Dice, Mickey, Spoek Mathambo, Bad Dancer, Laurenzinho, Dubtimus Soundsystem, Karl M @ Halles des Foires Coronmeuse, Liège, lestransardentes.beLoney Dear, Charles Frail @ AB, Bruxelles, livenation.bePriba 2000 @ Eden, Charleroi, eden-pba.beEnsemble 21 @ La Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.beGary Beck, Martinez, Dezz Terquez, Ken & Davy, Koen, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.beBuurman @ Ha’, Gent, handelsbeurs.beThierry Crommen 4tet @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen, kk-eupen.be Dobet Gnahore @ Maison de la Culture, Namur, ticketnet.beSunday Bell Ringers, Cape Coast Radio @ M-O-D, Hasselt, heartbreaktunes.beAka Moon @ Ancien Palais, Arlon, entrepotarlon.beRadio Panic Party: Beticiclopp, Les Terrils, DJ Pierre Elitair, DJ Snooba, Athome, Stel-R @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.beGay Beast, Child Abuse, DJ Naughty Natan, DJ’s Die Hard 3 @ Scheld’apen, Antwerpen, scheldapen.beSights And Sounds, Constants, Musht @ Sojo, Kessel-Lo, funtimerecords.comDriving Dead Girl @ Taverne du Théâtre, La Louvière, intersection.beDans Dans, Cheikh De Stael @ Water Moulin, Tournai

dimanche 29 janvierAmatorski @ AB, Bruxelles, abconcerts.beDans Dans @ Arenberg, Antwerpen, arenbergschouwburg.beThe Beat @ Het Depot, Leuven hetdepot.beMaria Taylor, Unbunny, Flare Acoustic Arts League @ Ancien Palais, Arlon, entrepotarlon.beA Pale Horse Named Death, Blood Runs Deep @ Trix, Antwerpen, heartbreaktunes.comGym Class Heroes, Badi @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be

lundi 30 janvierA tribute To Alan Lomax: The Golden Glows & Roland @ CC Ha, Hasselt, ccha.beLamb @ Den Atelier, Luxemburg, Lu, atelier.lu

mardi 31 janvierUB 40; Benjamin Francis Leftwich @ AB, BruxellesGuano Apes, Alpha Academy @ Den Atelier, Luxemburg, LuWe // Are // Animal @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.luJustice @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

mercredi 01 fevrierPro Pulse: Pale Grey, Taïfun, Kiss & Drive, Fastlane Candies, Gaëtan Streel @ Botanique, Bruxelles, botanique.beLive From Buena Vista; S.C.U.M. @ AB, Bruxelles, abconcerts.beLittle Trouble Kids @ Arenberg, AntwerpenExpats @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.beThomas Dutronc @ Maison Culture, TournaiThe Limousines, The Sounds, Kids At The Bar @ VK*, Bruxelles,GZA, Rauw en Onbesproken; Inwolves, aNoo, Maja Ratkje & Poing @ Vooruit, Gent, vooruit.beRandom Recipe @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr

jeudi 02 fevrierPro Pulse: Driving Dead Girl, The Link, Exuviated, Komah, The K. @ Botanique, Bruxelles, botanique.beMegafaun, Geppetto & The Whales; Gabriel Rios @ AB, BxlAmatorksi @ Cactus Club@MaZ, Brugge, cactusmusic.beChrystel Wautier Quartet @ La Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.beHouse Grand Cru, Solomun, Maxim Lany, Nathaniel @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.beCurved Air @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beGhostpoet @ Trix, Antwerpen, trixonline.beDJ Krush, Mister Critical @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.beChristian Fennesz, Kamilya Jubran, Arifa @ Vooruit, GentSavina Yannatou & Primavera en Salonico @ Zuiderpershuis, Antwerpen, zuiderpershuis.beWe Were Promised Jetpacks @ Rockhal, Esch/Alzette, LuBen Howard @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

vendredi 03 fevrier15 yrs Nova: Eugene Robinson: ‘Rio Bravo & Dean Martin’ @ Nova, Bruxelles, novacinema.orgPro Pulse: Crazy Lady Madrid, Kupid Kids, V.O., Applause, Noa Moon, DJ’s @ Botanique, Bruxelles, botanique.beSallie Ford & The Sound Outside, Manwhore @ 4AD, DiksmuideGabriel Rios @ AB, Bruxelles, abconcerts.bePsy’aviah, Anamorphosis @ Ancien Palais, Arlon, entrepotarlon.beDans Dans, Falling Man, Goghal @ Les Ateliers Claus, BruxellesTail Dragger & Rockin’ Johnny, Giles Robson & Band @ CC Cité Culture, Bruxelles, citeculture.beDaniel Hélin @ CC du Beau Canton, Chiny, ccbeaucanton.beGuillaume Farley et Les Dramatiks, Lucie Carton @ Centre M.Staquet, Mouscron, centrecultureldemouscron.beGhostpoet, Uphigh Collective, Lefto @ Het Depot, LeuvenSunday Bell Ringers, Senne Guns @ Ha’, Gent, handelsbeurs.beOrigin, Psycroptic, Leng Tch’e, Slaughtery @ Magasin4, BxlAnaïs Gabaut, Mister Diagonal, DJ’s Chloé, Mister Chazam, Tortoli & Arbatax @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.beTV Centraal startfestijn @ Scheld’apen, Antwerpen

Cobra, Hot Stuffs @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beLes 3 Fromages @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.beFour Year Strong, This Time Next Year, A Loss For Words @ Trix, Antwerpen, heartbreaktunes.comDJ Eskondo, Exodarap, DJ Vince, Nanaka, Dope D.O.D., Radical XP @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.beWild Flag, Teddiedrum, Urbanus @ Vooruit, Gent, vooruit.beShaka Ponk @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.comJoakim, Pan Aurora @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

samedi 04 fevrierPro Pulse: Glÿph, Squeaky Lobster, Compuphonic, Ssaliva, Concert Debout, Antilux, Zoft, Joy As A Toy, Amute, Uman, Scylla, Kaer, Veence Hanao, Dynamic, Maëlan @ Botanique, BxlLittle Trouble Kids, Falling Man @ 4AD, Diksmuide, 4ad.bePeriphery, Bear; Hans Liberg @ AB, Bruxelles, abconcerts.beNoisy Decade, Penelope Sulla Luna, Themis @ Ancien Palais, Arlon, entrepotarlon.be100% Sweden ft Jennie Abrahamson, The Forest & The Trees @ Beursschouwburg, Bruxelles, vkconcerts.beThe Straws @ CC, Athus, intersection.beDaniel Hélin @ CC, Bastogne, centreculturelbastogne.beMegafaun, Alamo Race Track, Dan San @ Eden, Charleroi, eden-pba.beUkandanz @ Ferme Madelonne, Gouvy, gouvy.eu/madelonnePan Pot, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.beEmika @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.beDriving Dead Girl @ Le Magick, Jambes, intersection.beThe Montesas, Gigolos In Retirement, Louis Katorz, Danny Flo, Cherry Shakewell, DJ Boni, Ungawa @ Petrol, AntwerpenKelpe, Funckarma, Le-Belge-Electrod, Squeaky Lobster, Spongemagnet, Sagat, DJ Umbrelladelika @ Recyclart, BxlWe Came As Romans, Alesana @ Trix, Antwerpen, trixonline.beYevgueni @ De Zandloper, Wemmel, dezandloper.beBrzzvll ft Stijn, Ghana Funk @ Zuiderpershuis, AntwerpenLa Dispute, Former Thieves, Fake Off @ 4 Ecluses, Dunkerque, FrJoanthan Wilson @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.comBattant, Saso @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr

dimanche 05 fevrierUrban Trad final+ @ AB, Bruxelles, abconcerts.bePierre Lapointe @ +06/02-Botanique, Bruxelles, botanique.beIo Earth @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beThin Lizzy; Jonathan Wilson @ Trix, Antwerpen, trixonline.beMegafaun, Geppetto & The Whales @ Vooruit, Gent, vooruit.beBonjour Congo @ Zuiderpershuis, Antwerpen, zuiderpershuis.beSallie Ford & The Sound Outside @ l’Aéronef, Lille, Fr

lundi 06 fevrierGrande Mothers Re:Invented @ Spirit Of 66, VerviersMegafaun @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mardi 07 fevrierSarah Ferri @ AB, Bruxelles, abconcerts.beRich Robinson @ Het Depot, Leuven hetdepot.beJ.F.Maljean, R.Ventat @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.bePeter Hook & The Light @ Den Atelier, Luxemburg, Lu, atelier.lu

mercredi 08 fevrierTri Angel label Night ft Balam Acab, oOoOO, Holy Other @ AB, BxlKraak: James Ferraro, Dolphins Into The Future, Kraak DJ’s @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, kraak.netBed Rugs @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.beHanni El Khatib @ Botanique, Bruxelles, botanique.beRegal, Marvin Gays @ DNA, Bruxelles, franticcity.free.frSepalcure @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.beBellowhead @ De Roma, Borgerhout, deroma.bePrince Fatty & Soundsystem, Hollie Cook & Band ft Horseman @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.beBlouse @ Vooruit, Gent, vooruit.beSefyu @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

jeudi 09 fevrierHowler, Man Made; Rodrigo Leao & Cinema Ensemble @ AB, BxlRKC, Hindu Radio DJ’s, Arquettes DJ set, Supertonic @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.beThe Maccabees, We Are Augustines; Vincent Liben @ Botanique, Bruxelles, botanique.beGeppetto & The Whales @ Charlatan, Gent, democrazy.beVidar Busk & His Bubble Of Trouble @ M-O-D, HasseltTeme Tan, Jali @ Le Parc, Liège, intersection.beGreen Vaughan @ Mr Wong, BruxellesAdmiral Freebee @ De Roma, Borgerhout, deroma.beThe Me In You @ Stuk, Leuven, stuk.beZwerm, Mr.Probe & Gregory Frateur, Dez Mona & Box @ Vooruit, Gent, vooruit.beRégal, Petula Clarck @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.comRascasuelos @ Zuiderpershuis, Antwerpen, zuiderpershuis.beKitty, Daisy & Lewis, Lindi Ortega, Oh! Tiger Mountain @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

Megafaun a sensiblement évolué depuis ses débuts que l’on pourrait qualifier d’expérimentaux. Développant désormais une pop folk psyché immédiate, le groupe nous revient avec un album éponyme tout simplement magistral. Vous adulez les Beatles pour la façon qu’ils avaient de combiner immédiateté pop et goût pour l’expérimentation ? Vous fondez pour les harmonies vocales des Beach Boys ? Vous craquez pour Neil Young qu’il se la joue tantôt folk, tantôt psyché ? Si vous avez répondu oui à ces questions, nul doute que vous allez adorer : c’est pop, folk, voire country et c’est constamment brillant. (pf)

Howler9 févrieraB Club, Bruxelles

America give up’ est un excellent album de rock jubilatoire mêlant dans un foisonnement de mélodies addictives candeur pop 60s, énergie punk, esthétique indie, le tout avec parfois une hargne quasi garage. Jordan Gatesmith, leader de Howler, n’a beau avoir que 19 ans, sa culture musicale est impeccable et ratisse large, mais surtout, il sait composer des vraies chansons qui ont une identité propre et qui déménagent. Les spectateurs ayant vu le groupe assurer la première partie des Vaccines s’en étaient rendus compte. (pf)

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29vedredi 10 fevrier

15 yrs Nova: Hyperbang, Unter @ Nova, Bruxelles, novacinema.orgWe Are O’pen: The Hickey Underworld, Brokaw/O’Malley Duo, Drums Are For Parades, Bed Rugs, In-Kata, To The Bone, Star Club West, Humble Flirt @ Trix, Antwerpen, trixonline.beMerdan Taplak try out @ 4AD, Diksmuide, 4ad.beLittle Trouble Kids, Sista Flex; Frank Boeijen @ AB, BruxellesDub Revolution ft Gussie P & Matic Horns, Forward Fever meets Kenny Knots, Irieland Sounds, The Reggaemovement Exhibition @ Cactus Club@MaZ, Brugge, cactusmusic.beDaniel Hélin @ CC, Chapelle-lez-HerlaimontZinger @ DOK, Gent, democrazy.beThe Real Tuesday Weld, Maxon Blewitt, Anton Walgrave, Kill It Kid, DJ Sir Sourire @ Ha’, Gent, handelsbeurs.beNeon Electronics @ Den Hemel, Zichem, dancedelicd.comThe Filaments, Deadline, The Usual Suspects, Black Sheep @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beSchool Is Cool @ De Roma, Antwerpen, deroma.beVogue, Citizen’s Patrol, Reproach, Black Haven, Your Highness, Toxic Shock @ Scheld’apen, Antwerpen, scheldapen.beJacques Stotzem @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beNick Lowe & Band @ Stadsschouwburg, Brugge, ccbrugge.beRodrigo Leao @ Théâtre de Namur, theatredenamur.beSarah Ferri, Zinger @ Vooruit, Gent, vooruit.beVa Fan Fahre @ Zuiderpershuis, Antwerpen, zuiderpershuis.beVandaveer, This Is the Kit, June Bug @ 4 Ecluses, Dunkerque, FrKode9, Ikonika, King Midas Sound @ l’Aéronef, Lille, FrBlouse @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

samedi 11 fevrierWe Are O’pen: Kapitan Korsakov, Sir Yes Sir, Macon Blewitt, Rones, Superlijm, Little Trouble Kids, Blaudzun, Birds That Change Colour, BRNS, Ping Pong Tactics, Dans Dans tbc, V.O. @ Trix, Antwerpen, trixonline.beDe Mens @ AB, Bruxelles, abconcerts.beGhedalia Tazartes, Jac Berrocal, David Fenech @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.comSpitdown, Hurt Them Back, No Brain, When Diamonds Fade @ Atelier Rock, huy, atelierrock.beVon Durden, The Father, The Son & The Holy Simon, Jarhead @ Belvédère, Namur, intersection.beThe Real Tuesday Weld @ Botanique, Bruxelles, botanique.beRené Binamé, Tulamort, Chas Gourlen, The Red Light Rumors, La Marmite @ La Braise, CharleroiZinger, Geppetto & The Whales @ Cactus@MaZ, BruggeDavid Bartlomé, Gaetan Steel @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.bePantha Du Prince, Lawrence, Piere, Deg @ Fuse, BruxellesMedelin, When Diamonds Fade @ HuyAlec Empire @ Minus One, GentGiedRé @ Salon, Silly, sillyconcerts.beThe Deer Friends, A Horse Called Tyrkey, Bird Brain, Star Club West, Dottir Slonza, Die Hard 3Pac, Farid Fabriek, My Bun Is Fried, Gorgeous Underworld @ Scheld’apen, AntwerpenMassachussetts @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beForest Sessions #3, Soft Crayon @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

dimanche 12 fevrierLindi Ortega & Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.beAzari & III; I Break Horses @ Botanique, Bruxelles, botanique.beKitty, Daisy & Lewis, Gemma Ray @ Ha’, Gent, handelsbeurs.beMachiavel @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beDream Theater, Periphery @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

lundi 13 fevrierGrouplove, Bosco Delrey; Nicole Scherzinger @ AB, BruxellesKina Grannis @ Botanique, Bruxelles, botanique.beVon Durden @ La Salmigondis, La Louvière, intersection.beStephen O’Malley vs Chris Brokaw, Jesus Is My Son @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beDilated Peoples & Jedi Mind Tricks @ Vooruit, Gent, vooruit.beKitty, Daisy & Lewis @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mardi 14 fevrierJoe Henry @ AB, Bruxelles, abconcerts.beThe Rifles @ Botanique, Bruxelles, botanique.beLadylike Lily, We Are Birds @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr

mercredi 15 fevrierTwo Gallants @ 4AD, Diksmuide, 4ad.beCraig Taborn, aNoo @ Beursschouwburg, BruxellesLe Peuple De L’Herbe @ Botanique, Bruxelles, botanique.beBosco Delrey @ Charlatan, Gent, democrazy.beGavin Friday @ M-O-D, Hasselt, heartbreaktunes.bePain Of Salvation @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beGavin Degraw @ Trix, Antwerpen, trixonline.beSBTRKT, Karin Park @ Le Grand Mix, Tourcoing, FrGReenshape, Sam Nolin @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr

jeudi 16 fevrier[PIAS]Nites: Mogwai, Tom Smith, Agnes Obel, Daan, Joan As Police Woman, First Aid Kit, Oscar & The Wolf, Roscoe @ Tour & Taxis, Bruxelles, piasnites.comArtefact: Scroobius Pip solo, B.Dolan @ Stuk; Kulturama: Renée, Myrthe, Esther, Fatou, The Devilles, Vincent&Jules, Young Colour @ Het Depot, Leuven, kulturama.beJohn Watts: The Last Picasso @ 4AD, Diksmuide, 4ad.beRoosbeef, Het Zesde Metaal @ AB, Bruxelles, abconcerts.beKlanksuggesties @ Beursschouwburg, BruxellesBaliMurphy; Aldebert; Boom Bip @ Botanique, BruxellesBreaking Waves ft Hidden Orchestra @ Cactus Club@ MaZ, Brugge, cactusmusic.be

Carnifex, Beneath The Massacre, Molotov Solution, Within The Ruins, Betraying The Martyrs @ JC De Klinker, Aarschot, heartbreaktunes.comHilke Ros @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.beEefje De Visser, Zinger, FM Brussel Party @ KK, BruxellesHerb Diamante, Primordial Undermind, Bridget Hayden, Head Of Wantastiquet @ Scheld’apen, Antwerpen, scheldapen.beNightwish @ Forest National, Bruxelles, livenation.beTune-Yards, Blouse, Arrington De Dionyso @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.comMederic Collignon @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.comDirty Beaches, Pianot Chat @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr

vendredi 17 fevrier5Yrs Untitled: Skream & Sgt Pokes, Gemini, Hijak, Deep Medi & Mala, Silkie, Commodo & Sun Of Selah, Dreadboy, Kastor & Dice, Jonas Lion, … @ +18/02-Trix, Antwerpen, trixonline.beArtefact: Rustie, Demdike Stare, Richard Colvaen @ Stuk; Kulturama: Gavin Friday; Borgore, Koan Sound, Gemini, Aks, Syndaesia @ Het Depot; Bill Carrothers @ 30CC; Borgore, Gemini, Koan Sound, Syndaesia, Aks @ Alma 3, Leuven [PIAS]Nites: 2Manydjs, Laurent Garnier, Mode Selektor, Etienne De Crécy, M83, Mr Nô, The Toxic Avenger, Raving George, Attari! @ Tour & Taxis, Bruxelles, piasnites.comLuc Van Acker @ AB, Bruxelles, abconcerts.beDavid Bartholomé, Teme Tan, Robin @ Ancien Palais, Arlon, entrepotarlon.beVegas @ Atelier Rock, huy, atelierrock.beLe Bonheur, Mostly Other People Do The Killing @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.beBorgore, Zomboy, Elegant, Perverts, Mistercrash, Jerikan @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.beMusic Box @ Cirque Royal, Bruxelles, wiwentertainment.beBaloji, Abel Irie, Psoman @ CC, Flémalle, ccflemalle.beLa Femme A 2 Têtes @ CC, HannutL’Orchestre du Vent @ CC, TheuxDaniel Hélin @ CC, Seraing, centrecultureldeseraing.beLe Pelican Frisé, Groovin’ Jailers @ Magasin4, BruxellesAlek Et Les Japonaises @ Maison de la Culture, Namur, ticketnet.beSkiv, Digi G’Allessio vs Uxo, Johnny Superglu @ Maison des Musiques, Bruxelles, maisondesmusiques.beLittle Trouble Kids @ M-O-D, Hasselt, heartbreaktunes.beIJahman Levi, Jah Shakespeare, Lioness Rebelation @ Petrol, Antwerpen, petrolclub.beRobbie Basho, Glenn Jones @ Scheld’apen, AntwerpenMascot Parade @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.beBlack Lips, Acid Baby Jesus, DJ Mickey & Mallory@ VK*, BxlAdrian Sherwood; Le Peuple de L’Herbe @ Vooruit, GentMichel Cloup, Mellanoisecape @ Cave Aux Poètes, Roubaix, FrTycho, Sun Glitters @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.luPla Pla Pinky, Nozcrou @ Free Stuff, Lille, Fr, one.ink.blogspot.com

samedi 18 fevrierArtefact: Nils Frahm, Ansatz der Maschine; Wesseltoft & Schwarz @ Stuk; Kulturama: The Cinematic Orchestra, Grey Reverend, DJ Big Train & DJ White Jazz @ 30CC; Skream, Blawan, Breach, Phonetics vs Mezzdub, Alectric vs Illament, Ed & Kim, Mophito @ Alma3, Leuven, kulturama.be 15 yrs Nova: Cabaret Dr Strange, Herb Diamante, Primordial Undermand, Head Of Wantastiquet, Bridget Hayden, … @ Nova, Bruxelles, novacinema.orgThe Waterboys; Merdan Taplak @ AB, Bruxelles, abconcerts.beDriving Dead Girl, Hudson @ Acte3, Braine L’Alleud, intersection.beI’m Big In Japan, Swimming Pool Burka, Michel Cloup @ Atelier Rock, huy, atelierrock.beEARR plays A Snare is A Bell @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.beLe Peuple de L’Herbe @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.beLittle Trouble Kids @ Charlatan, Gent, democrazy.beAgoria, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.beGavin Friday @ Ha’, Gent, handelsbeurs.beThe Hickey Underworld, Deadsets, DJ Steven H @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.beLenght Of Time, Hangman’s Chair, Refused Party Program, Goatclocks, Sons Of Disaster @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beMudwall, Livarkahil, Resistance, As You Drown, Trigger The Bloodshed @ MJ, Tamines, mjtamines.beVanna @ M-O-D, Hasselt, heartbreaktunes.beF/S/A/R/, Andrew Weatherall, Palmbomen, Bear Damen, Hyperhyper, Marius Renkas @ Petrol, Antwerpen, petrolclub.beMonolake, Anstam, Farben, DJ Actress, DJ Sensu @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.beCamping Sauvach, Antoine Hénaut, le Yéti, … @ Salon, Silly, sillyconcerts.beCover Age @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beEuphorie, F3, My Brother, Babel Orchestra @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.beLittle Trouble Kids @ Vooruit, Gent, vooruit.beYulia Charkova, Tyva Kyzy @ Zuiderpershuis, Antwerpen, zuiderpershuis.beBenabar @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.luShabazz Palaces, Azer @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com

dimanche 19 fevrierArtefact: William Hooker @ Stuk; Kulturama: Rebirth::Collective vs rops, snare et les autres @ De Appeltuin, Leuven, kulturama.be Ialma, Bagad de Lorient @ AB, Bruxelles, abconcerts.beThe Hickey Underworld, Nightwitches @ Cactus Club@ MaZ,

We Are Open10 et 11 févriertrix, anvers

Quatrième année pour We’re Open et, comme toujours, une large place a été réservée aux fleurons du rock belge. Le temps d’un week-end, le Trix ouvre grand ses espaces Bar, Club et Salle. Le vendredi 10 : The Hickey Underworld, Brokaw/O’Malley Duo, Drums Are For Parades, Bed Rugs, Inkata, To The Bone, Star Club West, Humble Flirt. Le samedi 11 : Kapitan Korsakov + Sir yes Sir, Maxon Blewitt, Rones, Superlijm, Little Trouble Kids, Blaudzijn + Birds That Change Colors + BRNS + Ping Pong Tactics + Dans Dans + VO. www.trixonline.be

Pias Nites16 et 17 févriertour & taxis, Bruxelles

Bien décidé à ancrer son identité sur le marché du live pour en faire une marque européenne (voir interview page 10), Play It Again Sam entend entérinner sa formule PiasNites lançée il y a trois ans. A l’occasion du 30ème anniversaire de la maison mère, c’est en parrains tous désignés que les frères Dewaele viendront coiffer l’évènement. Le jeudi : Mogwai, Tom Smith (Editors), Agnes Obel, Daan, Joan As Policewoman, First Aid Kit, Oscar & The Wolf, Roscoe. Le vendredi : 2 ManyDJ’s, Laurent Garnier, Modeselektor, Etienne De Crécy, M83, Mr Nô, The Toxic Avenger, Raving George, Attari. www.piasnites.com

Balojivendredi 17 févrierCC flemalle

Ca nous a fait bizarre d’entendre Baloji utiliser lui-même le terme de “musique de niche” pour évoquer ‘Kinshasa Succursale’ : le terme paraît tellement incongru quand il s’agit d’évoquer la richesse, la diversité et la puissance de la musique congolaise. Baloji maîtrise certes le langage tristounet des bureaucrates mais pas d’inquiétude, les niches, très peu pour lui! Quitter la Belgique, quitter EMI, quitter le rap, rien de tout ça ne l’effraie. Vivement la suite et vivement aujourd’hui, pour un concert au Centre Culturel de Flémalle. (ag)

Kapitan Korsakov

M83

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30Brugge, cactusmusic.beGum takes Tooth, Millions Of Them, Aksu @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beCinnbal Corpse, Behemoth @ Trix, Antwerpen, trixonline.beDJ Benny Blue @ Vooruit, Gent, vooruit.beCabaret Dr Strange! @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.comEze3kiel Napthaline Orchestra @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

lundi 20 fevrierMelissa Etheridge @ AB, Bruxelles, abconcerts.be

mardi 21 fevrierActive Child @ Botanique, Bruxelles, botanique.beDirty Beaches, Yuko @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.beLee ‘Scratch’ Perry, Mad Professor And The Robotics; Humble Grumble @ Vooruit, Gent, skinfama.comHanni El Khatib, Coming Soon @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

mercredi 22 fevrierC.W.Stoneking, Gemma Ray @ AB, Bruxelles, abconcerts.beAdomas & The Mittens @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.betUnE-YaRdS, Caterpillarmen @ Botanique, BruxellesKasabian @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.beRadio Ramblers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beThe Perfect Crime, My Only Scenery @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.beThe War On Drugs, Real Estate, DJ R.L.Sideburn @ Trix, Antwerpen, trixonline.beSuperlijm, JFJ @ Vooruit, Gent, vooruit.beScroobius Pip, B. Dolan @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.comPhantogram @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.luBen Muazué @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com

jeudi 23 fevrierArtefact: Phantogram, [P’tit Labo] @ Stuk, Leuven, stuk.beSharon Jones & The Dap-Kings; Superlijm, FJF @ AB, Bruxelles, abconcerts.beQ-O2 @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.beKurt Vile & The Violators @ Botanique, Bruxelles, botanique.beThe Hickey Underworld @ Het Depot, Leuven hetdepot.beSimple Minds @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.beDavid Bartholomé, The Bony King Of Nowhere @ Klein Mercelistheater, Bruxelles, kultuurkaffee.beCeili Moss @ La Porte Noire, Bruxelles, laportenoire.beMääk @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.beCloud Control @ Trix, Antwerpen, trixonline.beAdmiral Freebee; Thé Lau @ Vooruit, Gent, vooruit.beVictor Aime @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com

vendredi 24 fevrierABBota 2012: Hoquets, School Is Cool, BRNS, Cape Coast Radio, Kiss & Drive @ AB, Bruxelles, abconcerts.beDranouterrally XS @ 4AD, Diksmuide, 4ad.beGauntlet Hair; Chad Van Gaalen @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.comPulled Apart by Horses, Turbowolf @ Botanique, Bruxelles, botanique.beSonar Sounds: Hexstatic, Solid Steel, Dorian Concept @ Cactus Club@ MaZ, Brugge, cactusmusic.beDr.Lektroluv, Mumbai Science, Modek, I Need?, Party Harders @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.beSpeech Debelle @ Charlatan, Gent, democrazy.beAdam Cohen @ Het Depot, Leuven hetdepot.beCaliban @ M-O-D, Hasselt, heartbreaktunes.beCraxxxmurf, Mills Boogie, Rotary Cuff Repair, Louis H, DH’s Tinez & Raphael @ Scheld’apen, Antwerpen, scheldapen.beAbbey Road @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beTank86, Sardonis @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.bePura Vida & Congo Ashanti Roy, Windub Soundsystem @ De Zwerver, Leffinge, leffingeleuren.beKurt Vile and The Violators @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

samedi 25 fevrierABBota 2012: Dan San, Customs, Birds That Change Colour, Zoft, Love Like Birds @ Botanique, Bruxelles, botanique.beDawes, Robert Ellis @ AB, Bruxelles, abconcerts.beWhat About It, The G-Clamps @ Ancien Palais, Arlon, entrepotarlon.beDaniel Hélin @ CC d’Aubange, Athus, ccathus.beCeili Moss @ CC, Farciennes, farciennes.beMakyzard, Kapa6t, DJ X Man, Abdo, Dissidence Collectif @ CC Turbize, tubize-culture.beThe Subways @ Het Depot, Leuven hetdepot.beMoritz Von Oswald, Hilaire, Dalta Funktionen, Deg, Vakula, Juju & Jordash, Xtof, Pierre @ Fuse, Bruxelles, fuse.bePura Vida ft Congo ‘Ashanti’ Roy @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.beDiscobar A Moeder In Full Effect, Louis Katorz, The Whatevers @ Petrol, Antwerpen, petrolclub.beUltra Eczema: Body/Head @ Scheld’apen, Antwerpen, scheldapen.beKorange @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beNorma Jean, The Chariot, Stray From The Path, Admiral Arms @ Trix, Antwerpen, trixonline.beSunrise Avenue @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.beSharon Jones & The Dap-Kings @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

dimanche 01 fevrierLMFAO @ AB, Bruxelles, abconcerts.beDry The River @ Botanique, Bruxelles, botanique.beA Winged Victory For The Sullen, Sleepingdog @ Cactus Club@ MaZ, Brugge, cactusmusic.beRodrigo y Gabriela with C.U.B.A. @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.beMucky Pup @ M-O-D-, Hasselt, muziekodroom.beKCrimsonick @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beTycho @ Trix, Antwerpen, trixonline.beThe Hickey Underworld, Nightwitches @ Vooruit, Gent, vooruit.beKylesa, Circle Takes The Square, Ken Mode @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.comThe Subways @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.luBurning Heads, The Rebel Assholes @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com

lundi 27 fevrierTarja; Tribes @ AB, Bruxelles, abconcerts.beBurning Heads, The Rebel Assholes, The Ratzingers @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beEddie Martin Blues Trio @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beSunrise Avenue @ Den Atelier, Luxemburg, Lu, atelier.luJustice @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mardi 28 fevrierThe Locos @ Botanique, Bruxelles, botanique.beRenée; Aldo Romano, Louis Sclavis & Henri Texier @ Vooruit, Gent, vooruit.be

mercredi 29 fevrierHumo’s Pop Poll: School Is Cool @ AB, Bruxelles, abconcerts.beSnow Patrol @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.bePterodactyl, Codasync @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beLiesa Van der Aa @ Vooruit, Gent, vooruit.beKasabian @ Den Atelier, Luxemburg, Lu, atelier.luMustang, Vison @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.comDream Theater, Periphery @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

jeudi 01 marsKathleen Edwards & Band, Hannah Georgas; Citizen Cope @ AB, Bruxelles, abconcerts.beBig Deal, Alt-J; Skip The Use @ Botanique, Bruxelles, botanique.beThe Monotrol Kid @ In Vino Veritas, WaterlooBaloji @ KK, Bruxelles, kultuurkaffee.beAA Bondy @ Maison Des Musiques, Bruxelles, vkconcerts.beSailors Beware @ Scheld’apen, Antwerpen, scheldapen.beGerry McAvoy’s Band Of Friends @ Spirit Of 66, VerviersProtes The Hero, Long Distance Calling @ Trix, AntwerpenKill Me This Monday @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com

vendredi 02 marsWilco; Stuck In The Sound @ AB, Bruxelles, abconcerts.beCasiokids @ Charlatan, Gent, democrazy.beDaniel Hélin @ CC d’Engis, Hermalle-Sous-Huy, ccengis.beArun Tazieff, The Skeptics @ DNA, Bruxelles, franticcity.free.frKarim Gharbi, Gaetano @ Maison Culture, TournaiLoxy, Morphy, Flatliners ft Reza, J.Robinson ft Shima, The Untouchables, Mental Forces @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.bePortico Quartet @ De Roma, Borgerhout, deroma.beLetz Zep @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beAdmiral Freebee @ Stadsschouwburg, Brugge, ccbrugge.beElectric Suicide Club, Wight & Bushfire @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.beThe Bony King Of Nowhere @ Vooruit, Gent, vooruit.beBuraka Som Sistema @ Le Grand Mix, Tourcoing, FrCali @ @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, atelier.luMacka B, Supa Swing Sound System @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr

samedi 03 marsMuseum Night Fever: Applause, Sioen, SX @ MiM; Zeal Records Night: Renee, Sleepingdog, Mad About Mountains, DJ Zeal @ Belvue Mueseum, Bruxelles, museumnightfever.beWilco @ AB, Bruxelles, abconcerts.beHudson @ Belvédère, Namur, intersection.beBuraka Som Sistema; Sharon Van Etten @ Botanique, BruxellesKapitan Korsakov, Transcoder, Maze @ Cactus Club@ MaZ, BruggeLa Femme A 2 Têtes @ CC Bruegel, BruxellesNuff Said @ Ha’, Gent, handelsbeurs.beThe Straws, Moksha, White Note, Sons Of Disaster, W.A.N.E., Themis @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beGuillaume Grand @ Maison de la Culture, Namur, ticketnet.beBreakestra @ M-O-D, Hasselt, heartbreaktunes.beRadio Modern & Si Cranstoun @ De Roma, BorgerhoutDaniel Hélin @ La Roseraie, Bruxelles, roseraie.orgNoa Moon @ Salon, Silly, sillyconcerts.bePallas @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.beJonathan Toubin’s New York Night Train SoulClap And Dance Off @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.beGuido Belcanto @ Vooruit, Gent, vooruit.beThe Drums, Chairlift @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

dimanche 04 marsZita Swoon Group @ AB, Bruxelles, abconcerts.beChairlift, Off Love @ Botanique, Bruxelles, botanique.beLe Fonque ft Breakestra @ Cactus Club@ MaZ, BruggeSting @ +5/3- Cirque Royal, Bruxelles, livenation.beEvol/Ve, C74 @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.beThe Drums @ Trix, Antwerpen, trixonline.beTindersticks @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

Kurt Vile & the Violators23 févrierBotanique, Bruxelles

Trois disques solo dans le dos, Vile a signé en 2011‘Smoke Ring For My Halo’, album de la consécration. En dix chansons, le chevelu de Philadelphie tend à résumer son histoire et celle du rock alternatif. De Nick Drake à Thurston Moore (Sonic Youth), de John Fahey à Tom Petty, de Lou Reed à Barlow, le spectre traversé est insoluble et abyssal. Et puis, le gars associe son nom à un groupe baptisé The Violators. Ses compagnons d’aventure ne chôment pas : ils nourrissent avidement les morceaux d’arrangements luxuriants – un grand pas en avant pour un artiste hâtivement rangé dans la fourmilière lo-fi. Tout est sur le point d’exploser, mais on reste là, immobile, à préférer le Vile à la campagne. (na)

AB Bota 24 et 25 février

C’est devenu une tradition : deux vaisseaux amiraux de leur communauté linguistique décident de voguer de concert ! Le cap n’a pas changé : faire partager le goût d’une dizaine de découvertes récentes et bien senties, qu’elles mouillent au Nord ou au Sud du pays (mais siiii, la Belgique, souvenez-vous!) Le 24 février à l’AB Box : School is Cool, BRNS, Cape Coast Radio, Kiss & Drive et nos héros les Hoquets. Le 25 février au Bota : Customs, Birds That Change Colour, Zoft, Love Like Birds, Dan San. Chaque soirée débute à 19h00, les tickets d’un soir sont en vente au prix de 15 euros en prévente, le ticket combiné vous demandera quant à lui de débourser 18 euros en prévente.

Justice27 févrierrockhal

Le deuxième album de Justice n’est pas chiant, c’est déjà beaucoup. Et pour le reste, ENORME dans la forme, casse-gueule sur le fond, clinique dans le son, c’est un opus appliqué et potache, quasi outrageux envers une partie de leur fan base qui va se gratter le piercing au téton durant les solis de guitare... De la part des deux freluquets à rouflaquettes, on n’en attendait pas moins. Plus que jamais, le duo laisse parler sa passion (du Christ?) pour le rock et le metal. Metal Hurlant? Oui, aussi! La tracklist fait fort dans sa construction et toutes les scènes du péplum sont dans le bon ordre -Tsss, ok, t’as saisi? C’est à la fois un opéra rock et un film de science-fiction. (fd)

School is Cool © Klaarke Meert

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Agenda Club Plasma –Février 2012Agenda complet et mis à jour sur www.clubplasma.be

Artwork : www.amandinedupont.be

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