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Vous êtes ici. Be carefull Désarmez-vous Là où je suis. Détournement de regard Le rôle de l’art dans la société Publicité © Audrey Sesana, Ottignies, Belgique, 2008 1 2 - 3 4 - 5 6 - 7 8 - 9 10 - 11 12

Soupirs n°0

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Soupirs, magazine édité lors des soirées Viviervidéo

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Be carefull

Désarmez-vous

Là où je suis.

Détournement de regard

Le rôle de l’art dans la société

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© Audrey Sesana, Ottignies, Belgique, 2008

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Zouta + EugèneZouta + Eugèn

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Origine et issue du capitalisme.(ou la solitude)

(ou la fétichisation de la marchandise et le capitalisme)

Le capitalisme engendre la solitude en fétichisant la marchandise et en créant du lien avec les objets par le biais de l’argent (société animique) et de la publicité qui est son agent, cela détruit le lien social et rejette chacun dans sa chambre d’enfant entouré de ses fétiches.Le capitalisme est une infantilisation du désir, il entrave le développement de l’être humain et de son rapport vrai au monde en l’aliénant à des objets pour ce qui est du consommateur, c’est à dire le citoyen moyen. Ce qui permet à d’autres d’avoir le pouvoir et l’argent et le monopole, de plus en aliénant les consommateurs à des objets, ça empêche les êtres humains de se lier et de se parler, de communiquer et de s’assembler pour qu’ils puissent se faire part mutuellement de leur malheur de vivre dans un pareil monde.

La diff érence entre le communisme et le capitalisme, c’est que le communisme s’est constitué à partir de programmes, d’utopies, de textes (Marx en particulier) en réponse/réaction au capitalisme et à l’aliénation de la classe ouvrière, alors que le capitalisme s’est créé, pourrait on croire, ex-nihilo, n’a pas été programmé, mais s’est mis à exister. Comme le désir peut être, c’est un objet indépendant de la raison des gens, parce qu’il médiatise le désir et la puissance sur le monde ?

Première étape de cette longue marche, marquée par la conquête et le pillage de l’Amérique (16e siècle), la seconde par la montée et l’affi rmation des bourgeoisies (18e siècle).En fait, vu comme ça, l’origine est le massacre des populations qui adoraient le Soleil, et avaient des richesses

en or, donc peut être ce qu’il y a de sous-jacent à cette conquête, c’est la recherche de la pulsion, de l’étincelle qui va réveiller l’homme à lui-même, l’épanouir, l’ouvrir à une vie intense.Ce pillage est sans doute dû à une fascination, mais les Européens n’ont pas su trouver en eux la ressource pour se reprendre, se ressaisir dans leur être et entamer un échange, un dialogue pacifi que.À lire : Mémoires de Cortez qui dit « Nous Espagnols nous souff rons d’une maladie de cœur dont l’or seul est le remède. » Quelle est cette maladie de cœur dont parle Cortez, et quel lien entre la recherche d’or (qui s’est renouvelée au XXe siècle avec la ruée vers l’or) et le symbole qu’en fait la psychanalyse où l’or, la monnaie, est assimilé aux excréments.

Ou est-ce du fl an pour excuser leur attirance vers l’argent ?

Le capitalisme engendre aussi une mauvaise nourriture à la fois physique, alimentaire et culturelle. Quelle est la solution pour changer cela, et donner de meilleurs choses à manger aux gens ?Le capitalisme opère-t-il un déplacement de la pulsion, pervertit-il la pulsion de vie ?Aliénation mentale dans des satisfactions faciles qui ne respectent pas la dignité humaine.

En fait la solution serait peut être de donner aux gens la formation d’un objet mental.De leur donner une image de leur dignité pour que d’eux-mêmes ils refusent certaines nourritures, et se tournent, en choisissent d’autres.La psychanalyse en permet l’issue (individuellement).

No comment ou la liberté moribonde, ou pourquoi le drapeau français représenterait-il la liberté?la france est-elle un exemple de liberté dans le monde?

Be carefull

Zouta

Pour trouver des réponses à des choses qui paraissent insolubles, il faut toujours :

1. Sortir du champ du problème, c’est à dire aller à l’extérieur pour créer d’autres formes.

2. Utiliser des éléments, méthodes hétérogènes au milieu où se situe le problème.

3. Ne pas prendre le problème trop au sérieux, ou ne pas s’angoisser à la recherche de la solution car : l’inconscient travaille, est créatif, et trouve des réponses.!

44Le biographiste

Dans cette ville où tout le monde peut se perdre,Où tout le monde a un chemin à connaître, Une idée à suivre, une sornette à méditer ;

Dans ce pays où l’on a tous de quoi rêver un peu, Dans ce monde où chacun peut.

Il y a bien une folie pour moi, Une fl eur d’Adélie, une pensée à maintenir en vie, Quelque bouton sur lequel poser ma condition,

Une facette du miroir à travers laquelle me dorer la peau ; Caresser les fl ots de ton Iris, ou bien observer le rideau de tes cheveux.

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Désarmez-vous

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Il y a bien dans ce jardin suspendu au-dessus des murs, un son, ou un dit, ou un écrit, qui rassemble mes mots, mes demandes et mes déçus ;mes dessus et mes dessous, il y a certainement une phrase, déjà entendue, mais, clé pour notre vie (notre survie), une lame déchirant le couvercle de nos nuits. Je suis sûr qu’il y a, dans cet endroit, un élément indispensable à ma survie, une fantaisie complétée par une personne physique, et mentalement atypique… Il y a, certes, dans mon entourage, une personne répondant à ces critères. Il y a, dans son lit, mon corps et ma vie qui s’y déroule, s’y enroule. Il y a mes nuits et une partie de mes pensées, des coquelicots, coquillages et sosies de l’enfantillage. Dans ses joues, le sucre de mon compagnon, les refl ets subis de sa jeunesse en fl ux.Dans ses yeux et le long de ses jambes, le fruit follet des jeunes personnes qui connaissent leur dû ; leur facilité à comprendre l’autre et sa tâche ardue à remonter

la pente.

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Il y a ceux qui aiment Monet mais n’aimeraient pas voir leur femme prise d’une fringale d’infi ni, peindre les feuilles d’automne.

Celles qui apprécient Verlaine et lisent les billets de poésie amère de leur fi ls en pensant qu’il n’a rien de Rimbaud.

Il y a ceux qui n’y connaissent rien, et c’est aussi beau que Monet et Rimbaud.Ceux qui connaissent tout, et cette connaissance les a coupé de l’art et de la vie.

À ceux qui ne s’arrêtent jamais, à qui l’art permet de contempler indéfi niment un bref instant, l’art est offert.À ceux qui s’arrêtent de temps en temps, à qui l’art tend la main comme

une invitation vers eux-mêmes et vers le monde, l’art est dédié.À ceux qui s’arrêtent tout le temps, à qui l’art offre chaque jour sa part d’infi ni, l’art est leur vie.

Cendrine Gathy

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Le rôle de l’art dans la socitété

© Cendrine Gathy, Salle de bain, janvier 2001

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Est-ce à ce moment-là que cela s’est produit ? J’ouvre un œil. Puis deux. J’en déduis qu’un nouveau jour m’est accordé. Soleil en hachures sur la peau rugueuse des murs. Un réveil, identique à tant d’autres. Le couinement du sommier à mes premiers mouvements ; la tâche brune sur le placard qui me fait face ; cette manie de passer le drap entre mes orteils, toujours exactement de la même façon. J’ouvre ce matin encore les yeux sur cette tanière que je dessinais déjà à cinq ans : ma roulotte. Aujourd’hui, je suis seule. Je profi te donc pleinement de mon éphémère règne sur le lit conjugal. Avoir ces deux petits mètres carrés rien que pour soi, c’est fou comme ça peut faire du bien. Barboter tranquille dans les replis cotonneux, se déplier exagérément jusqu’à en coloniser le moindre recoin, de l’orteil en tension jusqu’au cheveu répandu loin et rester simplement à dériver sur ce radeau douillet et rassurant. J’enfi le un gros pull et un vieux jean pour traverser la jungle qui me sépare de la cuisine. Il fait beau et terriblement froid. L’air matinal a le temps de me manger les joues avant que j’ai atteint la porte. Quitte à être congelée, je prends le temps de m’étirer au milieu de la broussaille scintillante et de me gonfl er de cet air délicieux. Évidemment, la porte de la cuisine coince, comme à chaque fois que je l’ouvre ; le même petit cloc exactement, deux, six, vingt-deux fois par jour. La cafetière pousse des cris de tyrannosaure ; après cinq minutes d’affreux gargarismes, la voilà qui s’apprête à faire son rôt fi nal. Cet interminable monologue barbare est mon rituel du matin. Elle fait ses incantations et je fais mine de l’écouter bien sûr : j’attends son offrande noire et âpre. Puis, je m’assois devant ma tasse et j’observe les pensées lentes accrochées à ma clope, pirouettant avant de piquer net dans le breuvage précieux. Et je regarde la fumée faire ses âneries... Ca s’étire, ça s’étiole, ça se cambre en volutes, et de ces quelques mailles frivoles naît un tricot de rêveries d’une somptueuse abstraction. Je regarde par la fenêtre l’hiver commettre son merveilleux crime. Ah, le pourrissement succédant à l’humeur tragique de notre décor inconstant ! Cette saison sans scrupules qui semble n’avoir lieu d’être que pour pousser le monde à se refaire inlassablement ; c’est pour cette raison précisément qu’elle m’apparaît comme la seule nécessaire. Se refaire encore et toujours, la vie n’est que cela. Les débuts sont toujours merveilleux. Le début d’une journée, le début d’une amitié, d’un projet, d’une aventure, d’un amour. Ce sont les espoirs et les rêves qui s’y logent qui rendent ces commencements si grisants. Mais le milieu ? On ne parle jamais de cette période qui n’est jamais un prolongement du début, quoi que l’on fasse. Un début ne se prolonge pas. Le commencement est une expérience inédite qui ne se duplique pas. Et après ? Après les espoirs, les attentes, les projections ? Aprè s, ce n’est que le réel absurde. N’y a-t-il que nos rêves qui soient cohérents ? Les débuts transportent et les fi ns laminent ; mais que se passe-t-il entre ces deux frissons furtifs ? Presque rien, en fait. Tout un programme sérieux m’attend. Faire une machine, laver le carrelage, étendre le linge, poster du courrier, faire des courses. Mais pour l’heure, la musique m’appelle. Ça me prend. Je fais hurler un vieux blues qui déménage. Il est neuf heures. Il me tire de ma chaise en une seconde ; son pouvoir sur moi est à peine croyable. Et là, toute seule au milieu de mon salon, j’entre en transe. Lentement mais sûrement, je

balance, je me casse en deux, je trépigne, ondule et saute ; je secoue ma tête à la rendre folle, je percute des pensées troubles, je me rattrape aux murs ; tout se met à danser avec moi, la pièce tourne et se renverse et j’atterris presque inconsciente en travers du canapé. Ah ! Être seul avec soi-même et laisser éclater hors de soi cette folie salutaire. Être son propre cavalier le temps d’une danse, sa propre oreille l’espace d’une inavouable confi dence. Je saute dans ma douche. J’accroche mes boucles d’oreilles préférées, je relève mes cheveux, je les détache, et puis non, fi nalement, je les relève ; dans la glace, je souris à mon cul trop large, trop fl asque, trop blanc, c’est vrai, mais qui fait comme deux collines douces, accueillantes ; mon ventre rond ; mes seins de moineau anorexique, un plus gros que l’autre ; ma frange de travers ; mes genoux qui rentrent et m’ancrent au sol d’une singulière façon. Il y aurait tout un tas de trucs à changer, c’est sûr, mais on s’aime comme ça, mon corps et moi ; on s’engueule, on se réconcilie, on fait ce qu’on peut pour essayer de s’entendre. J’ai appris, avec le temps, à m’émouvoir de celui qui me porte et m’offre la caresse du monde. Je vais commencer par aller faire mon tour de marché. Pour y faire quelques emplettes mais surtout pour me régaler de toutes ces mines rougies par le froid, de la gouaille rustre des slogans s’élevant à tue-tête de sous les devantures bariolées, des odeurs, des couleurs, du soleil au-dessus... Après je m’assiérai en terrasse avec mes tomates et mes oignons. Je ne lirai pas le journal, je n’aime pas ça. Les nouvelles du monde ne m’intéressent pas. Je sais que rien ne va dans le bon sens, ça me suffi t comme ça. Je ne tiens pas à en savoir d’avantage. Non, je vais plutôt profi ter de l’air saisissant et de l’animation matinale. Je serais bien ; juste bien. Mais ça sonne à ma porte. Sur le seuil, c’est Cerise, ma belle dodue d’amie, avec ses beaux yeux bleus pétillants et ses joues toujours écarlates. C’est ma « Belle-do » adorée. Ah ma Joseph ! Bah oui, je m’appelle Joséphine, alors... Ça a toujours été Joseph. Pour tout le monde. Elle est en forme comme toujours et a, comme toujours, tout un tas de choses à me raconter. J’adore l’écouter et regarder ses yeux qui racontent encore mieux qu’elle ses drôles d’histoires. Nous avalons des litres de café enveloppées dans l’épais tissu de fumée qui ne trouve pas le temps de se défaire tant nous fumons. Les tassent se vident et se remplissent ; les clopes s’éteignent et se rallument ; les paroles coulent, intarissables. J’aime cette parenthèse matinale, ce mélange de caféine, de nicotine et d’intimité, ces instants suspendus où le monde tout entier se trouve concentré entre nos deux tasses et nos deux cœurs d’amies. Elle me donne des nouvelles de son Hollandais, elle me raconte les visages tordus qui ont poussé sur sa toile jusque tard dans la nuit, me parle encore de cet « ours associable » qui lui tient lieu de père. Je ne me lasse pas de ces conversions pourtant usées d’avoir été tant de fois ressassées ; de voir la cafetière se vider et les cendriers se charger comme pour nous rappeler le temps qui passe ; de ces matins si souvent semblables passés en compagnie de Cerise. Ah, ma merveilleuse Cerise. Un phénomène. La meilleure amie que j’ai jamais eue. À sept ans, juste au moment où je com-mençais à désespérer tout à fait d’entrer un jour en contact avec un de mes semblables, alors que parvenir à me faire aimer de l’un d’eux me semblait perdu, j’ai rencontré Cerise. Et oui, c’est comme ça, les autres enfants me détestaient tous sans exception. Allez savoir pourquoi, j’ai passé sept ans de ma vie

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dans la solitude la plus totale. Et puis la grosse bouille en forme de ballon de Cerise m’est apparue un jour d’hiver aux abords du bac à sable du Parc Rouge. Et c’était parti... Cerise peint. Elle peint des choses étonnantes qui ne plaisent à personne sauf à moi. Je raffole de ce qu’elle fait, mes murs en sont pleins. Sans elle, la vie serait une erreur. Pourtant, cette fi lle est une erreur à elle toute seule. Je veux dire, elle est si décalée, si à contre sens. On peut la mettre n’importe où, elle n’ira jamais avec le décor. C’est pour cela qu’elle passe sa vie à peindre son propre décor. Cerise sans son décor, ce n’est pas Cerise. Il faut la prendre avec son monde ou ne rien prendre du tout. Elle me quitte. Je me décide à sortir.

Premier épisode d’une nouvelle d’Amandine Basly, Là où je suis.

Là ou je suis.

Tirage : 50 exemplaires imprimés par nos soins

Équipe : Amandine Basly, Cendrine Gathy, Rémi Guibert, Zoé Raphael, Audrey Sesana

Contact : [email protected]

SOUPIRS n°0

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© Audrey Sesana, Rixensart #1, Belgique, 2008

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Détournement de regard

© Audrey Sesana, Rixensart #2, Belgique, 2008

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