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SOMMAIRE © Wereldmediatheek, Johan Denis • Edito:La réciprocité dans la Mission • La passion pour les personnes ayant un visage et une voix • La solidarité chrétienne comme réponse à la crise économique • Le dilemme du Samaritain dans la coopé- ration au développement • Vague de solidarité en Grèce • Les pèlerinages: passerelles vers la solidarité • Chanteurs à l’étoile • Solidarité au Kot Missio/Louvain-la-Neuve • Le bonheur des uns fait le malheur des autres • Lu pour vous • Courrier des lecteurs • Quel avenir pour la solidarité? «Je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu» La Belgique vient de connaître une vague de froid qui a suscité un grand élan de solidarité. Ici, un sans-abri s’est vu à l’abri de ce froid glacial grâce à la générosité d’un couple namurois. Là, des demandeurs d’asile ont pu bénéficier de plusieurs lits. On ne peut compter le nombre de gestes de compassion et d’attention aux laissés pour compte de notre société. Mais le risque du service fraternel, c’est que celui-ci soit unilatéral et qu’ainsi on reproduise insidieusement un rapport de domination. Or, le Nouveau Testament nous convie à la réciprocité. Jésus nous ordonne en Jn 13, 14: «vous devez vous laver les pieds les uns les autres». Attention! Il ne s’agit pas d’une fusion, car il y a un échange entre deux parties autonomes l’une par rapport à l’autre. N’est-ce pas ce qu’a expéri- menté à sa manière le Bon Samaritain “remué, à un moment donné, jus- qu’aux entrailles (Lc, 10, 33)? Il s’est certes occupé de l’homme blessé, mais en échange son cœur a été touché. Ainsi, les personnes souffrantes dont nous prenons soin nous font évoluer, en nous décentrant de nos habitudes ou en nous faisant découvrir nos pro- pres blessures qui ne sont peut-être pas différentes des leurs! L’on rejoint ici la dynamique du «transmettre ce que l’on a soi-même reçu» (1 Co 15, 3-8). Nous souhaitons que les abonnés du Suara s’efforcent de retrouver cet accent symptoma- tique de Missio dans la présente livrai- son de notre trimestriel. Kalamba Nsapo Réciprocité dans la Mission Le journaliste Edmond Blattchen nous parle «Je pense que la crise financière, économique et politique qui nous menace obligera tôt ou tard les citoyens de nos pays «favorisés» à retrouver les chemins de la solidarité. «Nécessité fait loi»: quand le «moi» est impuissant, le «nous» s’impose. «Tous ensemble» devrait donc redevenir le mot d’ordre absolu de nos démocraties confrontées à la menace que fait peser sur elles le déclin le plus grave depuis la Grande Dépression des années 30.» Suite page 8 en dialogue avec l’Abbé Amassola Alain Désiré «La solidarité chrétienne ne cherche pas ce qui est à elle, mais ce qui permet à tous de s’épanouir, de se soutenir, ce qui profite à tous. En la vivant, la crise connaîtra une fin...» Suite page 2 Photo: Freegan Kolektiva Photo: RTBF Suara 4 7 La voix des peuples Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles Publication trimestrielle de Missio MaRS aVRiL Mai 2012 afgiftekantoor: antwerpen x P 508033

Suara 47: Réciprocité dans la Mission

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Le Suara n° 47 porte sur la «Réciprocité dans la Mission».

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• Edito:LaréciprocitédanslaMission• Lapassionpourlespersonnesayantunvisageetunevoix

• Lasolidaritéchrétiennecommeréponseàlacriseéconomique

• LedilemmeduSamaritaindanslacoopé-rationaudéveloppement

• VaguedesolidaritéenGrèce• Lespèlerinages:passerellesverslasolidarité• Chanteursàl’étoile• SolidaritéauKotMissio/Louvain-la-Neuve

• Lebonheurdesunsfaitlemalheurdesautres

• Lupourvous• Courrierdeslecteurs• Quelavenirpourlasolidarité?

«Je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu» La Belgique vient de connaître une vague de froid qui a suscité un grand élan de solidarité. Ici, un sans-abri s’est vu à l’abri de ce froid glacial grâce à la générosité d’un couple namurois. Là, des demandeurs d’asile ont pu bénéficier de plusieurs lits. On ne peut compter le nombre de gestes de compassion et d’attention aux laissés pour compte de notre société.Mais le risque du service fraternel, c’est que celui-ci soit unilatéral et qu’ainsi on reproduise insidieusement un rapport de domination. Or, le Nouveau Testament nous convie à la réciprocité. Jésus nous ordonne en Jn 13, 14: «vous devez vous laver les pieds les uns les autres». Attention! Il ne s’agit pas d’une fusion, car il y a un échange entre deux parties autonomes l’une par rapport à l’autre. N’est-ce pas ce qu’a expéri-menté à sa manière le Bon Samaritain “remué, à un moment donné, jus-qu’aux entrailles (Lc, 10, 33)? Il s’est certes occupé de l’homme blessé, mais en échange son cœur a été touché. Ainsi, les personnes souffrantes dont nous prenons soin nous font évoluer, en nous décentrant de nos habitudes ou en nous faisant découvrir nos pro-pres blessures qui ne sont peut-être pas différentes des leurs!L’on rejoint ici la dynamique du «transmettre ce que l’on a soi-même reçu» (1 Co 15, 3-8). Nous souhaitons que les abonnés du Suara s’efforcent de retrouver cet accent symptoma-tique de Missio dans la présente livrai-son de notre trimestriel.

Kalamba Nsapo

Réciprocité dans la Mission

Le journaliste Edmond Blattchen nous parle «Je pense que la crise financière, économique et politique qui nous menace obligera tôt ou tard les citoyens de nos pays «favorisés» à retrouver les chemins de la solidarité. «Nécessité fait loi»: quand le «moi» est impuissant, le «nous» s’impose. «Tous ensemble» devrait donc redevenir le mot d’ordre absolu de nos démocraties confrontées à la menace que fait peser sur elles le déclin le plus grave depuis la Grande Dépression des années 30.» Suite page 8

en dialogue avec l’Abbé Amassola Alain Désiré«La solidarité chrétienne ne cherche pas ce qui est à elle, mais ce qui permet à tous de s’épanouir, de se soutenir, ce qui profite à tous. En la vivant, la crise connaîtra une fin...» Suite page 2

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Suara 47La voix des peuples • Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles • Publication trimestrielle de Missio

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P508033

La passion pour les personnes ayant un visage et une voix Missio est une organisation ecclésiale internationale qui est présente dans quelque 130 pays et soutient environ 1000 communautés chrétiennes locales. Une telle organisation tisse une large toile d’échanges mutuels. Il s’agit d’un grand réseau de solidarité, y compris dans le domaine financier. L’idéal de la réciprocité veille à ce que le soutien financier ne débouche pas sur de la dépendance. Considérée dans le sens de l’inspiration chrétienne évangélique, la réciprocité acquiert un sens plus profond.

Catherine De Ryck

La solidarité ne doit pas conduire à la dépendance

Le soutien financier est souvent une réa-lité incontournable dans le contexte de la solidarité. Cependant, la solidarité limitée à la finance ou au matériel pourrait trop facilement conduire le pauvre à une situ-ation de dépendance. Il nous faut recon-naître que tous nous avons quelque chose à donner. D’où chacun a une valeur iden-tique et peut constituer une plate-forme d’’échange. Pouvoir octroyer ou donner en retour quelque chose fait partie de notre

dignité humaine. Cette perspective motive Missio dans la réalisation d’un réseau mon-dial de partenaires qui sont tous égaux, où n’importe qui peut apprendre. La solidarité n’est donc pas «agir pour l’autre», mais bien «aller vers l’autre».

Oeuver au départ d’une inspiration par-ticulière

Prêter attention à l’autonomie des individus et à la réciprocité dans nos relations n’est pas spécifiquement chrétien. Ce sont des valeurs que nous pouvons trouver n’importe où. En tant qu’organisation d’Eglise, Missio assure toutefois ces valeurs d’une manière qui lui est propre, à partir de son inspiration.

Cela commence au moment du baptême. Que se passe-t-il quand quelqu’un est bap-tisé? Tout d’abord, le baptisé est inscrit dans la communauté ecclésiale mondiale. Ensuite la bénédiction et la grâce de Dieu lui sont promises. Les deux aspects sont importants dans l’inspiration qui guide Missio.

Si nous sommes tous englobés dans la même communauté, nous sommes donc unis entre nous. De plus, nous sommes appelés à être garants les uns des autres. Etre béni est une invitation, ou mieux, un appel. Nous sommes appelés à répandre la bénédiction reçue, à la rendre tangible, à la partager avec les autres. Ainsi Missio porte son choix sur une dynamique du mot et de sa réplique.

En outre, une perspective évangélique est indispensable. Il suffit de penser au lave-ment des pieds (Jean 13). Souvent Jésus est un exemple d’humilité et de service souvent mis en relief dans les récits évangéliques. Le maître se porte vers ses disciples et, en signe de son amour pour eux, prend même la forme d’un serviteur. Tout aussi impor-tantest le caractère de Simon Pierre qui, lui, ne veut pas que Jésus lui lave les pieds. Il considère comme vulnérable celui qui a été aidé. Il se sent mieux dans le rôle de celui qui donne. L’histoire du lavement des pieds critique cette position. Etre solidaire signifie que vous devez à la fois être capable de don-

ner tout autant que de recevoir: que votre relation avec d’autres personnes doit être fondée sur la réciprocité.

Une mission pour chacun

Cet envoi moderne en mission n’est pas réservé aux spécialistes. Chaque chrétien y est impliqué, partout dans le monde. Jésus nous engage à avoir de l’amour pour les autres ainsi qu’Il l’a lui-même montré. Tout le monde est donc invité à se con-naître mutuellement, à réserver du temps et de l’espace pour accueillir l’autre, pour échanger entre nous et pour nous soutenir mutuellement.

Missio veut en cela apporter son aide: en travaillant à donner une image correcte de la solidarité, à générer des réseaux sans frontières, à créer des lieux d’échange et à apporter un soutien financier là où c’est nécessaire. Missio a une passion pour les personnes que l’on peut rencontrer, celles-là que l’on peut reconnaître parce qu’elles ont un visage et une voix.

•La solidarité ne se limite pas à un soutien financier ou matériel

•Missio agit à partir d’une inspiration chrétienne-évangélique spécifique

•Chaque chrétien est appelé à intervenir en relation avec les autres

“Etre solidaire signifie que vous devez à la fois

être capable de donner, tout autant que de

recevoir, que votre relation avec d’autres per-

sonnes doit être fondée sur la réciprocité”.Ph

oto:Shutterstock

La solidarité chrétienne comme réponse à la crise économique Les pays où la vie chrétienne était autrefois capable de faire naître des communautés de foi vivante et active sont maintenant mis à dure épreuve et parfois radicalement transformés par la recherche du profit aux dépens du prochain. Ce qui a été à l’origine des crises, et avant tout, la crise économique que nous connaissons.

L’Église rappelle que nous sommes interpellés par l’idéal chré-tien de vie d’amour; car avec le Christ, il n’y a plus ni pauvre, ni riche, mais seulement des frères unis. C’est ce sentiment qui peut nous permettre de lutter contre cette crise dans un con-texte où la majorité des richesses est détenue par une minorité.

A l’origine, Dieu a voulu une dépendance entre les hommes pour qu’ils se complètent mutuellement. Mais cette solidarité - sentiment de responsabilité mutuelle qui doit exister entre les hommes, lien fraternel qui oblige tous les êtres humains les uns envers les autres - doit être soutenue par l’amour.

L’amour, âme et soutien de la solidarité. L’eucharistie qui nous unit au Christ par le lien de l’amour doit nous propulser dans une dynamique d’ouverture à autrui, de partage, d’assistance mutuelle, afin de vivre ce conseil de saint Paul: «que les forts soutiennent les faibles». Cet esprit de complémentarité entre pauvre et riche est une réponse à la crise.

La solidarité chrétienne, réponse à la crise économique. Notre société de plus en plus égoïste a besoin de revisiter cette valeur chrétienne reléguée au second plan au profit de la recherche des intérêts privés excessifs. Il faut aller au-delà de son milieu

géographique, de ses barrières culturelles, à la découverte de l’autre, de ses richesses, de sa pauvreté et même de sa misère. Le chrétien doit se sentir responsable de son prochain, de ce qu’il vit et endure au quotidien. Car «nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même» (Rm 14, 7). Un membre souffre-t-il? Tous les membres souf-frent avec lui. Un membre est-il à l’honneur? Tous les mem-bres prennent part à sa joie.

La solidarité chrétienne ne cherche pas ce qui est à elle, mais ce qui permet à tous de s’épanouir, de se soutenir, ce qui profite à tous. En la vivant, la crise connaîtra une fin.

L’Abbé Amassola Alain Désiré, Formateur au Grand Séminaire de Bafoussam - Cameroun

Suara2La voix des peuples

Le dilemme du Samaritain dans la coopération au développement La coopération au développement est au cœur de l’actualité. Des organisations nous rebattent les oreilles de leurs bonnes intentions. Les gens du Sud espèrent obtenir l’envoi d’argent. Du moins, c’est ce qu’il paraît. Mais dans quelle mesure une telle disposition atteint-elle son but? Patrick Develtere, président de l’ACW (Mouvement Ouvrier Chrétien), a récemment publié un livre sur le sujet. Une raison suffisante pour lui demander ce qu’il en est exactement.

Catherine De Ryck & Herlinde Hiele

Missio: Vous faites de la coopération au développement depuis des décennies, vous avez récolté d’importantes sommes d’argent: où cela en est-il actuellement?

Patrick Develtere: «En cinquante ans, nous avons investi 3000 milliards dans la coopé-ration au développement, ce qui représente moins 0.5% de notre richesse totale. Nous ne sommes pas si généreux. Mais ce que nous avons déjà fait, a bien montré ses effets. Un certain nombre de maladies ont été éliminées partout dans le monde grâce à cela. Le fait qu’il y ait eu une transition de la dictature à la démocratie dans plu-sieurs pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie est, dans une large mesure, le résultat de cette coopération, et aussi du soutien apporté à la société civile. La solu-tion finale pour les pays en développement ne viendra pas de l’injection de ressources externes.»

Missio: L’un des exemples cités de solida-rité fondamentale est l’histoire du bon Samaritain. Pensez-vous que ce soit là un bon fil conducteur pour aller vers une véritable solidarité?

Develtere: «La parabole du Samaritain est le récit d’une entière confiance dans l’autre, même dans une personne qui est dans le besoin. On aide quelqu’un d’autre sans attendre quelque chose en retour. Une relation peut être développée par quelqu’un quine réclamerien.On parle de dilemme du Samaritain, mais c’est là quel-

que chose d’autre que dans la parabole. Par dilemme du Samaritain, on entend ceci: lorsque quelque chose est offert, celui qui donne en espère souvent des retombées trop élevées. Il pense que suite à ce qu’il donne, les choses vont changer rapidement et efficacement. Dans le même temps, le bénéficiaire s’attend à ce que le donateur continue son action.»

Missio: Qu’est-ce qu’une bonne forme de coopération au développement?

Develtere: «Plusieurs choses sont essen-tielles pour une bonne coopération. Tout d’abord, disons que la meilleure coopéra-tion est celle faite avec des organisations

qui existent déjà depuis un certain temps et ne sont pas créées en vue de la coopéra-tion au développement. Un bon exemple est celui de l’Eglise. Deuxièmement, une organisation doit avoir sa propre stratégie et savoir quels sont ses objectifs pour les vingt ans à venir. La troisième condition est que l’organisation soit persévérante et sache ce qu’elle veut. Les donateurs doi-vent se conformer au plan du partenaire local et ne doivent pas avoir la possibilité d’imposer leurs volontés. Un quatrième élément est l’existence d’un dialogue entre

l’organisme qui donne et celui qui reçoit. Une autre condition encore pour établir cette bonne coopération est d’avoir une relation à long terme. Les organisations doivent oeuvrer ensemble dans les bons comme dans les mauvais jours. C’est la seule façon de vraiment apprendre à se connaître les uns les autres. Une dernière exigence est que les droits et devoirs de ceux qui travaillent ensemble, soient clai-rement définis. Si vous donnez des motos, vous devez savoir sous la responsabilité de qui elles se trouveront par la suite. Qui payera les frais dans les cas de pannes ou de dégâts? On parle beaucoup de propri-été communautaire dans la coopération, mais que signifie en fait propriété de com-

munauté? J’y ajouterai encore le terme de ‘communauté de bien’. Reste cependant à définir clairement à qui appartient une chose donnée. Si tous ces points sont bien respectés, alors vous avez une bonne coo-pération. A vous de juger vous-même si vous êtes ou non impliqué à bon escient.»

Photo:Persfoto

«En cinquante ans, nous avons investi moins de 0,5% de notre richesse totale. Nous ne sommes pas si généreux.»

Patrick Develtere, Comment pouvons-nous aider? Le Marché Libre dans l’aide au déve-loppement, Leuven University Press, 2012.

Vague de solidarité en Grèce La solidarité en réponse à la crise, c’est ce que les Grecs ont bien compris. Toutes sortes d’initiatives poussent comme des champignons. Dimitris Papadimitriou qui vit et travaille à Athènes, nous en dit plus à ce sujet.

Herlinde Hiele

La Grèce a une tradition de liens familiaux solides et de véritable amitié. La plupart des citoyens peuvent, en ces temps difficiles, rejoindre de la famille et des amis et tous se soutiennent mutuellement. A Athènes cependant, le cas se présente beaucoup moins fréquemment. Avec 4,5 mil-lions d’habitants, Athènes est vraiment une grande ville, où les réseaux sociaux traditionnels se sont depuis longtemps et petit à petit dilués. J’ai résidé toute ma vie à Athènes, mais je n’ai jamais vu autant de gens dormir dans les rues. La société grecque commence à prendre conscience de ces problèmes et, chaque mois, de plus en plus d’actions de solidarité voient le jour.

Magasins sociaux en Grèce

La plus grande ini-tiative émane de l’Eglise. Dans tous les grands magas-ins, un endroit spé-cial est prévu, où les gens qui viennent faire leurs achats peuvent laisser cer-tains de ceux-ci. Toute la nourriture récoltée est ensuite rassemblée en un seul endroit. Les deux derniers mois, quatre cents tonnes de vivres ont été ainsi

collectées, grâce à la solidarité spontanée de gens ordinaires. Les aliments recueillis sont répartis de deux manières. Tout d’abord, il y a les distributions quotidiennes de vivres dans les églises, à travers tout le pays, ce qui représente quelques 10.000 repas. En outre, il y a des colis alimentaires prévus pour des familles, en fonction de leurs besoins. Ces colis ne sont pas directement remis aux familles, mais bien attribués à ce que l’on appelle des «magasins sociaux» où les familles qui ont le droit de recourir à ces colis alimentaires, peuvent

alors les y obtenir gratuitement. De cette façon, l’Eglise tente de ne pas porter atteinte à la dignité des personnes. Quotidiennement, 5800 kg de nourriture sont distribués dans toute le Grèce, grâce à ces « magasins sociaux ». Entre temps, les agriculteurs grecs ont pris le train en marche, ils essaient d’élargir l’offre de ces «magasins» avec des produits biologiques, provenant directement du producteur.

Un toit aux sans-abri

Un autre exemple d’une telle solidarité récemment mise en place, a pour but de fournir un toit aux sans-abri. Plusieurs ONG ont également collecté des vêtements et des couver-tures pour ceux qui dorment dans la rue. Ces articles sont distribués par des bénévoles. Si la température extérieure devient vraiment trop basse, la ville d’Athènes offre un abri dans les stades, dans des bâtiments publics, etc.

Autre forme de solidarité encore: les projets d’échanges qui progressent partout dans le pays. Les gens peuvent se connecter à des sites Web déterminés et puis spécifier ce qu’ils ont à offrir, tels qu’assurer des écoles de devoirs pour les enfants ou cuisiner pour des personnes âgées. Quelqu’un peut alors demander un tel service mais en échange d’une autre activité. Par exemple, faire la cuisine pendant une heure en échange d’une leçon de guitare de même durée. Un de mes amis a déjà participé à ce genre d’initiaitive, ce qui lui a même donné l’occasion de donner une interview à la BBC!

Un petit garçon aide à distribuer de la nourriture dans une banlieue d’Athènes.

Photo:Freeg

anKolektiva

Suara3La voix des peuples

Acteurs et témoins de la solidarité

Solidarité au Kot Missio/Louvain-la-Neuve Au nombre des traditionnels “kots à pro-jets” qui animent le site universitaire de Louvain-la-Neuve, les “kots chrétiens” ont pris leur part, et parmi eux, un nouveau venu qui n’est pas en reste: le kot Missio. Deux membres de ce projet (Frederick Hubin et Vincent Dehon)

ont bien voulu s’entretenir avec la rédaction de Suara sur le thème de la solidarité. Ce dont nous les remercions.

Missio: Quel est le projet du «Kot Missio»?

«Le projet de ‘kot Missio’ est d’assurer un lien entre les étu-diants de Louvain-la-Neuve et d’autres catholiques répandus dans le monde. Il vise à faire connaître les thématiques dont se préoccupe Missio Belgique.»

Missio: Y a-t-il une solidarité réciproque entre étudiants européens et ceux venus d’ailleurs?

«Il y a déjà une relation internationale mentionnée ci-haut

au sujet de l’échange de lettres entre nous et les collègues de l’Université de Bukavu au Congo. Par ailleurs, au sein du kot Missio, nous sommes des étudiants de partout: Syrie, Belgique, France, Rwanda, Côte-d’Ivoire. On est obligé de vivre en famille.»

Missio: Que pensez-vous de la solidarité de la société belge et de celle d’ailleurs?

«Le Belge a sa façon de vivre la solidarité. Il faut l’aider en ce sens. Un exemple: au cours d’une marche au Luxembourg, il a été nécessaire de frapper à plusieurs portes pour béné-ficier d’un réel accueil. La société belge est profondément solidairen mais elle a peur de l’autre. C’est ce qu’il faudrait dépasser. Ceci dit, il faut reconnaître la diversité des cultures. Un Belge n’a aucun problème pour manger seul. Il n’en est pas ainsi des personnes venant d’Afrique. Il faut souligner en outre que la solidarité en Belgique est institutionnalisée notamment à travers le CPAS. En Afrique, elle passe par le biais de la famille au sens large. Dans notre kot, les Africains apportent à coup sûr quelque chose à l’ambiance familiale.»

«En tout cas, la vie partagée avec les étudiants venus

d’ailleurs permet de se rendre compte du caractère relatif de la civilisation occidentale. Le point de vue de celui-ci ne devrait pas être absolu. Les Syriens au kot ont une autre façon de voir les choses lorsqu’on parle de ce qui se passe chez eux. Pour eux, le président actuel, bien que dictateur, protège les minorités chrétiennes en Syrie. Et ils nous relai-ent cette inquiétude: cela ne cessera-t-il pas d’être lecas si le pays parvient à connaître la démocratie à l’occidentale?»

Missio: Est-ce que le séjour européen des étudiants étran-gers pourra changer leur vision de la solidarité?

«Il ne s’agit pas de changer sa vision de la solidarité au con-tact de l’Europe. Cette conception peut, par contre, béné-ficier d’un enrichissement. On gagne toujours à apprendre de l’autre. Le Belge est solidaire, mais à sa manière. Ca peut inspirer. L’étudiant étranger s’étonne aussi de voir des mendiants au bord de la route et des ‘sans abri’ dans une société très équipée. Il a du mal à comprendre alors le sens de la solidarité en Europe. C’est le mauvais côté des Lumières qui a poussé à un individualisme qui amène à tout cela. A l’Européen de se nourrir aussi de la manière dont une solidarité familiale est vécue ailleurs.»

Les Chanteurs à l’étoile| Aider et partager

Les enfants qui, en janvier, sont allés dans les rues pour y chanter, savent très bien pourquoi ils le font, semble-t-il. Michiel, Gitte, Julie, Viktor, Dylan et Hanne de Rumst expliquent ce que signifie pour eux la solidarité.

Missio: Que faisiez-vous en tant que Chanteurs à l’étoile?

Dylan: «Nous avons sonné chez les gens, chanté une chan-son et donné le flyer des Chanteurs à l’étoile.»Michael: «Quand nous avons dit que nous étions de la paroisse, les gens savaient déjà que ce n’était pas pour nous-mêmes que nous agissions et ils nous ont donné quelque chose.»Gitte: «Beaucoup de gens nous ont demandé pour quel pays nous chantions cette année et pourquoi nous le faisions. Nous avons répondu que nous voulions recueillir des fonds dans un but charitable.»Michael: «C’était pour le Liban. Pour y construire des écoles et y prendre soin des malades.» Viktor: «Mais parfois, les gens n’ont pas ouvert leur porte

et ils ont agi comme s’ils n’étaient pas chez eux. Ce n’était pas très honnête.»

Missio: Estimez-vous important de faire quelque chose pour d’autres enfants?

Gitte: «Je pense que oui, parce que certains enfants ont beaucoup et d’autres n’ont rien. Cela devrait être un peu mieux réparti. Si l’on a été confirmé, cela devrait pousser à cultiver l’esprit de partage.»

Missio: Pouvez-vous changer le monde, si de votre côté vous partagez et aider plus fortement? Viktor: “Apporter du changement ou être la cause d’une importante différence, je ne le crois pas. Mais il se peut que cela puisse être un peu mieux.»

Michael: “Je pense que oui. Si chacun aide un peu l’autre, alors il y aurait beaucoup plus de gens qui continueraient à vivre et à être heureux.»

Julie: «Si on ne pense qu’à soi, ce n’est pas drôle pour ceux qui nous entourent. On doit penser à l’autre et ne pas l’exclure. Dans le groupe des Chanteurs à l’étoile, nous

étions une quarantaine d’enfants. J’ai trouvé très bien que nous ayons pu accomplir cela en étant si nombreux. En effet, plus il y a d’enfants participants, plus on peut obtenir des fonds.»

Michael: “Nous avons récolté cette année 500 euros. Cela n’avait jamais été aussi bien dans notre paroisse. J’étais très fier d’avoir pu si bien aider. Je suis sûr que les enfants du Liban en seront très heureux.»

Les pèlerinages: passerelle vers la solidarité

«Solidarité signifie pour moi: avoir le sentiment d’être uni à l’autre et l’être effectivement; Indépendamment de la caste, de la race, de la couleur ou de la nationalité. Il s’agit d’être ensemble, d’avoir la nette perception de ‘se sentir ensemble’. Une façon selon laquelle je vis volontiers la solidarité, est d’aller en pèlerinage. En Inde, j’ai visité plu-sieurs lieux de pèlerinage. Certains sont principalement le fait de chrétiens. D’autres,en revanche, rassemblent des milliers de chrétiens, d’hindous et de musulmans.»

Solidarité à Lourdes

«Le dernier pèlerinage que j’ai fait, parce que j’en avais longtemps rêvé, fut à Lourdes. Maintenant que j’étudie en Europe, je ne pouvais laisser passer une telle chance.

Au départ, je voulais seulement rester quelques jours à Lourdes. En réalité, j’y suis resté trois semaines. La soli-darité y est là vécue dans sa forme la plus belle. Des per-sonnes malades du monde entier s’y rassemblent et sont accueillies chaleureusement. Des gens d’’Inde et d’Afrique sont ainsi reçus par des Allemands et des Italiens. Toutes les nationalités et langues se retrouvent là-bas. Chacun se porte volontaire pour aider un autre ou à tout le moins apporte son soutien, tous agissant selon le principe de la solidarité.»

Hospitalité-Solidarité

«L’hospitalité me semble inséparable de la solidarité. Dans les deux cas, il convient d’ouvrir tout largement son cœur, sinon cela devient du pur ‘business’: ‘Je vous reçois aujourd’hui, mais demain c’est vous qui me recevrez.’ Ce n’est pas ainsi que cela doit fonctionner, il s’agit en fait,

pour vous, d’accueillir les gens avec sincérité. La solidarité est un sentiment d’amour provenant du fond de l’être. Ce sentiment se situe à trois niveaux; dans la tête, dans le cœur et au plus profond de nous-mêmes. Tous trois sont nécessaires: on a besoin d’une bonne intention, d’un bon cœur et de l’intime sentiment de devoir se rendre utile aux autres pour en arriver à la solidarité.»

Les jeunes en pèlerinage

«Les jeunes partent souvent en pèlerinage, en recherche qu’ils sont d’eux-mêmes, pour se sentir personnellement en parfait équilibre. Quelqu’un peut avoir un bon emploi et une belle maison, mais s’il n’est pas heureux dans cette belle maison, alors quoi? S’il s’occupe un peut trop de son ego, il n’a pas de regard en direction de Dieu. Il lui appartient d’ouvrir son coeur afin d’être heureux.»

Promildon, volontaire à Missio

De gauche à droite en commençant par le bas : Dylan, Hanne, Michiel, Viktor, Julie et Gitte.

Avec des contribution de Herlinde Hiele, Sylvain Kalamba Nsapo et Anneleen Wouters.

Suara4La voix des peuples

Le bonheur des uns fait le malheur des autres

La solidarité signifie également: donner la parole aux personnes, afin de comprendre leur situation et leur donner la chance de n‘être pas accusées à tort. Aso Williams Olorunfemi est un prêtre Nigerian qui depuis quelques mois étudie en Belgique en vue d’obtenir un doctorat en philosophie. Missio s’entretient avec lui au sujet de son pays natal.

Herlinde Hiele & Caroline Medats

Missio: Pouvez-vous nous décrire les pro-blèmes de votre pays?

Williams: «Au Nigeria, vivent 160 millions de personnes. Il y a 350 cultures et 250 langues différentes. Il est malaisé de trou-ver des points de convergence devant une telle diversité. De plus le Nigeria a connu pendant longtemps un régime militaire qui n’a pas eu le souci du bien-être des gens. Tous les projets qui ont été lancés n’ont alors abouti qu’à moitié. Souvent, ils ont été réalisés avec de mauvais matériaux. En outre, il faut tenir compte de la corrup-tion. Le peuple en a ras le bol. Avant que le pétrole ne soit découvert au Nigeria, chacun vivait de l’agriculture. Mais suite à cette découverte, certains ont vu là la pos-sibilité de gagner rapidement de l’argent. Les subventions accordées pour influencer le prix du pétrole, étaient la seule mesure dont le petit peuple pouvait bénéficier. C’était la seule chose que le gouvernement lui offrait en cadeau; et maintenant, on

veut l’annuler. Suite à cette récente sup-pression des subventions, le peuple se retrouve le dos au mur.

Depuis longtemps les gens se plaignent qu’ils n’ont pas d’eau, pas d’électricité et pas de rou-tes. Tout le monde est touché et souffre de ces conditions misérables. Maintenant, les gens descendent dans la rue et laissent tomber leur travail.»

Missio: Qu’en est-il de la relation entre chrétiens et musulmans?

Williams: «Dans le nord, on rencontre beaucoup de tensions, mais dans le reste du pays il y a peu de problèmes au sujet de la religion. A l’ouest, dans une même famille les parents peuvent être musulmans, leur premier enfant catholique et leur second méthodiste.Ils vivent sous le même toit et mangent à la même table. Ainsi des per-sonnes de différentes convictions religieu-ses célèbrent-elles les fêtes ensemble. De ce fait, à Noël on voit aussi des musulmans à l’église. A vrai dire, musulmans et chrétiens se retrouvent aussi parfois entre eux.”

Dans le nord, la situation est plus diffi-cile depuis l’arrivée du Boko Haram, un groupement islamiste qui tend à imposer l’application de la charia, la loi islamique. Le nord est majoritairement musulman et Boko Haram veut que les chrétiens regagnent le sud. Il recourt aux attentats pour créer la confusion, mais cela semble voué à l’échec. La population ne répond pas à ces provocations. Ainsi en est-il de l’attentat suicide qui a eu lieu le jour de Noël. Beaucoup de personnes y ont per-du la vie. Des musulmans n’ont pas été épargnés. Heureusement les chefs religieux chrétiens ont alors pu apaiser les esprits. Je crois que Boko Haram ne réussira pas dans son dessein: ses partisans combattent la moitié de la population et tuent en plus une partie de leurs propres adeptes. Ce n’est pas ainsi que l’on gagne. Dans toute

société, le bonheur des uns fait le malheur des autres.»

Missio: L’Eglise peut-elle contribuer à l’amélioration de la situation au Nigeria?

Wiliams: «L’Eglise peut changer beaucoup de choses. Par exemple, mon évêque a pris

part à la dernière marche de protestation. Même mieux, il était en tête des parti-cipants. Cela a même été relaté dans le journal. De plus en plus de croyants sont encouragés à se montrer actifs en politique afin d’y apporter la Bonne Nouvelle. Il est bien qu’au sein de milieux politiques, de temps à autre, il soit déclaré qu’il est bon d’être tolérant et de faire preuve de justice.»

Le 1er mars 2012, Missio a réuni pour la première fois plus de 60 prêtres aux études en Belgique en vue de célébrer la communion fraternelle entre l’Eglise belge et les Eglises-sœurs d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique.

Dans le cadre de la célébration de la Journée de l’Afrique 2012, Missio Namur a organisé une con-férence-débat sur le thème: ‘’Crise financière et démocratie: réinventer l’Afrique’’. Cette conférence a été prononcée par l’abbé Jean-Pierre Badidike Mulamba (diocèse de Tournai) le 7 janvier 2012 à 16h30 en l’église Saint Nicolas à Namur. Elle a été suivie d’une eucharistie dite «interculturelle».

“À Noël, on voit aussi des musulmans à l’église”

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Suara5La voix des peuples

Lu pour vous | Arnaud Gorgemans Arnaud Gorgemans est coordinateur de Solidarité Mondiale. Depuis le 1er janvier 2011, il préside aussi la commission «Justice et Paix». Il rend brièvement compte de sa récente lecture de Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle.

Sylvain Kalamba Nsapo

Missio: De quoi traite le roman de Guy Delisle?

Gorgemans: «Chroniques de Jérusalem est un roman graphique qui raconte une année de découverte de la ville renfermant les lieux les plus sacrés des religions juive et chrétienne. En plus de 330 pages, il décrit, avec finesse, dérision, sensibilité ce qui fut son quotidien d’homme au foyer, compagnon d’une humanitaire envoyée dans la bande de Gaza pour venir en aide

à la population qui y vit quasiment dans une prison à ciel ouvert. A partir de son appartement situé à Jérusalem-est dans un quartier arabe assez déshérité, l’auteur explore la ville, à la recherche d’un magasin pour des langes ou d’une garderie pour ses enfants. Et il erre d’une absurdité à l’autre: les autobus israéliens qui ne desservent que les quartiers israéliens, alors que les minibus arabes ne desservent évidemment que les quartiers arabes, ou les calendriers religieux différents des écoles de ses enfants créent des week-ends de trois jours, mais avec un seul jour commun pour la famille. Delisle explique peu. Il s’interroge, s’étonne, dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas et fait naître des dialogues ou des réflexions qui éclairent d’une lumière nou-velle ce chaudron géopolitique internatio-nal. En effet, bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer, tout dans la vie quotidienne ramène vers le conflit israélo-palestinien: les embouteillages, les checks points, les colonies, les routes distinctes, les gens qui font leurs courses ou leur jogging avec un

fusil d’assaut en bandoulière… sont autant de sujets d’incompréhension ou de mise en abîme des ségrégations qui morcellent les sociétés israéliennes et palestiniennes.»

Missio: Quelle est l’idée dominante de ce roman dont vous allez vous souvenir encore longtemps?

Gorgemans: «La pensée dont je me souvien-drais pour quelques années : A un vendeur de kebabs lui demandant ce qu’il faisait dans cette partie de la ville, l’auteur expli-que qu’il accompagne sa femme qui travail-le pour Médecins sans frontières. Suivent deux cases sans paroles et le vendeur répli-que «il y a toujours des frontières.»

Missio: À qui offririez-vous “Chroniques de Jérusalem”? Pourquoi?

Gorgemans: «A qui je l’offrirais? A n’importe quelle personne qui me dirait que ce conflit est devenu incompréhen-sible. Malheureusement, ni celui-ci, ni,

à ma connaissance, aucun autre livre n’apporte de solution à l’impasse dans laquelle ce conflit est enlisé.»

Connectons-nous à l’Afrique! Depuis 2008, en collaboration avec son secrétariat international basé à Rome, Missio Belgique a entrepris d’équiper en matériel informatique séminaires, écoles, maisons de formation, etc. en Afrique. Cette initiative répond à un besoin crucial et à un enjeu majeur pour ce continent, voisin de l’Europe, berceau de notre humanité mais désormais en retard sur le reste de l’humanité.

Emmanuel Babissagana

Faute de moyens financiers, l’Afrique, de manière générale, peine à se connecter au reste du monde, à s’arrimer au train de la modernité. Lorsqu’il existe, l’accès à internet demeure le privilège de quelques-uns, en raison du prix encore très élevé des com-munications. Dans ce contexte, la formation et l’enseignement, à tous les niveaux, souffrent d’un problème chronique d’inactualité. Les connaissan-ces acquises peinent à être renouvelées et adaptées aux évolutions du monde. La situation est d’autant plus dramatique que les budgets dont disposent les différentes institutions chargées de la formation ne permettent pas d’acquérir le matériel didactique et les ressources bibliographes nécessaires. Ainsi dans bon nombre de séminaires, maisons de formation et

même institutions universitaires, les ouvrages les plus récents ont parfois cinq à dix ans d’âge, voire plus.

C’est pour combler ce fossé que chaque année, depuis 2008, Missio Belgique envoie en moyenne 500 ordi-nateurs remis à neuf en Afrique. Nous en sommes ainsi à plus de 2000 ordinateurs expédiés vers une vingtaine de pays africains, et au bénéfice d’une cen-taine de séminaires et autres institutions chargées de la formation. Mais les besoins, on s’en doute, restent énormes. Missio Belgique ne peut seule parvenir à les satisfaire. C’est pourquoi notre organisation sollicite votre générosité, afin que nous puissions connecter nos frères d’Afrique au reste du monde. Nous pour-rons ainsi à notre tour mieux nous connecter à eux et faire monde ensemble.

Guy Delisle, Chroniques de Jérusalem, Editions Delcourt, 2011

Toute contribution est par conséquent la bienvenue, sur le compte de Missio

IBAN: BE19 0000 0421 1012

BIC: BPOTBEB2 Veuillez mentionnez

la communication «170 ICT».

Pour plus d’informations, prière de consulter notre site web: www.

missio.be, rubrique «campagne, ICT».

Photo:frerieke.nl

Visite du Liban Missio a le plaisir de vous annoncer une série de conférences publiques et ouvertes à tous qui seront animées par l’Abbé Paul Karam, directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires au Liban. Ces conféren-ces seront un moment de rencontre et d’échanges avec une personnalité dont le message ne pourra laisser personne indifférent. Paul Karam nous témoignera de son expérience avec le peuple libanais en difficulté.

Mercredi 11/4 - 19h30 - Tournai Conférence sur le Liban, les religions qui s’y trouvent, les rela-tions islamo-chrétiennes et le soutien de Missio Lieu: Grand Séminaire, Rue des Jésuites 28, 7500 Tournai.

Dimanche 15/4 - 11h30 - BruxellesMesse à la paroisse Notre Dame du Liban (concélébrée par Paul Karam). Lieu: Paroisse Notre Dame du Liban, avenue des Grenadiers 27, 1050 Bruxelles.

Lundi 16/4 - 13h00 - 15h00 - Bruxelles Rencontre et conférence avec Paul Karam sur les chrétiens au Moyen-Orient. Lieu: Chapelle de la Résurrection, Rue Van Maerlant, 22-24, 1040 Bruxelles

Lundi 16/4 - 20h00 - NamurConférence avec Paul Karam sur l’Eglise libanaise, l’œcuménisme, les projets interreligieux et le soutien de Missio. Lieu: Séminaire Notre - Dame, Rue du Séminaire 11b, 5000 Namur.

Mardi 17/4 - 20h30 - Bruxelles Conférence de Paul Karam sur les perspectives d’avenir pour les chrétiens au Liban et au Moyen-Orient. Lieu: Cercle paroissial Sainte Gertrude, Rue Doyen Boone 6, 1040 Bruxelles

Mercredi 18/4 - Louvain-la-Neuve 17h00: Visite du site Universitaire 18h30: Eucharistie avec les étudiants suivie d’un repas au Kot Missio. 19h30: Echange avec les étudiants sur les printemps arabes: quel avenir pour les chrétiens du Liban? Lieu: Rue du Cheval d’Arçon 2 (Hocaille) – Louvain-la-Neuve

Veuillez trouver les données de contact de chaque diocèse sur page 7.

Suara6La voix des peuples

Réactions au n° 46 de SuaraDeux lecteurs francophones témoignent de l’intérêt accordé à l’évolution de l’Eglise dans le n° 46 de Suara.Un article de ce numéro pourrait même être repris in extenso dans un journal paroissial à Verviers. La version flamande a suscité un autre genre de réactions. Ainsi:

T out d’abord, toutes mes félicita-tions à la rédaction. Avec votre

publication vous voulez vraiment être dans l’actualité du monde et des hom-mes. Proficiat. Toutefois, je prends la liberté de vous adresser quelques com-mentaires concernant l’interview de Mark Eyskens. Au sujet de la crise, ce dernier nous dit ‘’Si un Dieu existe, comment peut-Il permettre cela?’’ Je pense que la question doit se poser autrement, à savoir: ‘’pourquoi Dieu tolère-t-Il que nous les hommes per-mettions qu’il y ait encore des guer-res, des meurtres, de l’injustice, de l’avortement, de l’euthanasie, etc. Mais l’homme n’est-il pas un être autonome avec son droit à l’auto-détermination et nanti de liberté au niveau de ses actes? Un second point à prendre en compte. L’Eglise est une institution qui ne peut être liée ni au temps, ni à la culture d’aujourd’hui. Elle se situe au-dessus du temps et de toute culture et a une mis-sion divine. L’Eglise est dans le monde, mais n’est pas du monde. Penseriez-vous que cela puisse se produire: une Eglise qui s’adapterait à la culture de l’avortement, à celle de l’euthanasie et au culte du vedettariat? Même Jésus ne s’est adapté ni à la culture, ni aux coutu-mes juives. Il a réintégré la samaritaine dans la communauté. Il a pris des repas avec des pécheurs et des gens corrom-pus. Et que dit-Il au sujet du nettoyage des coupes et du lavage de toutes sortes de choses? Je pense que l’Eglise doit rester fidèle à son Fondateur, à Jésus, à son origine. C’est pourquoi j’estime qu’elle n’en arrivera jamais à l’abolotion du célibat ou à l’ordination de femmes..Ce qui s’est maintenu déjà pendant des siècles est un témoignage de durabilité, cela témoigne aussi d’une particulière assistance de l’Esprit Saint. Rapprocher

l’Eglise de la culture et du temps pré-sents ne peut se faire qu’en apportant l’évangile et le Christ au plus près des hommes. En cela votre publication veut prendre parti. Et j’en suis très heureux.

Puis-je conclure par un souhait? Que vous piuissiez réussir à amener nos prêtres à être des missionnaires con-scients, qui, en priant et en partant de l’évangile, aillent de maison en maison à la rencontre des hommes.

E.H. René Peeters, Beringen

U n numéro de Suara selon mon coeur! Surtout le courage qu’on

y trouve poure poser quelques larges questions sociales et parmi celles-ci des questions critiques à l’adresse de la direction de l’église universelle.

J. Ravelingien, Sint-Andries

Q ui est responsable de Suara ou quel est son porte-parole.

Comment le contenu de cette revue est-il en conformité avec les enseigne-ments de l’Eglise? Les contributions de Mettepenningen et de Eyskens ne sont certainement pas un exemple de fidélité à ces enseignements.(…). De qui Eyskens a-t-il reçu mandat pour réorganiser l’Eglise ou en a-t-il appelé lui-même au Pape? C’est le champion des démocrates qui, envers et contre tout, veulent imposer leurs opinions. Laissons le dans son coin aider l’éco-nomie à sortir de la crise.

L. Van Santen, Kapellen

ColumnRéciprocité

Michel Coppin

Ce que je remarque souvent, dans le cas des missionnaires de l’âge d’or, est le fait qu’ils rayonnent une véritable joie. Je me demandais comment il se faisait que ces hommes et ces femmes qui reviennent au pays irradiaient encore de bonheur. Puis j’ai dû penser à mon propre temps de mission et la réponse s’imposa d’elle-même. Nous avons pu recevoir tant d’affection et de gratitude du peuple avec lequel nous avons vécu, que même aujourd’hui, nos réserves de chance sont bien garnies. Où réside donc le secret du bonheur? Cela n’aurait-il rien à voir avec une certaine réciprocité? Les missionnaires ont quitté leur famille et laissé une certaine aisance derrière eux pour rendre les autres heureux. Mais vivre avec ces communautés étrangères leur a donné en retour énormément d’amour.

Le thème du présent Suara est la “réciprocité”. Une véritable solidarité n’a jamais été comme une circulation à sens unique: celui qui donne de l’amour reçoit généralement de l’amour en retour. Ainsi en fut-il avec notre guide Jésus-Christ. Beaucoup de monde le recherchait. Des malades et des pécheurs voulaient être guéris par Lui. Ils avaient pleine confiance en Jésus, sachant qu’Il ne pourrait que les aider à nouveau. De son côté, Jésus savait leur ouvrir son coeur. Il a écouté leurs questions. Il a ensuite fait appel à un troisième acteur: son Père. La question posée par les nécessiteux a été renvoyée vers le Père. Lui n’avait pas le pouvoir de guérir les gens, mais bien Dieu. Celui qui aime Dieu peut recevoir beaucoup, parce que Dieu nous aime avant même que nous ne Lui demandions quoi que ce soit. Il est celui qui est à l’écoute de notre souffrance et de notre tristesse. Il est celui qui pardonne nos péchés. Il est celui qui nous guérit. Il nous donne une vie nouvelle. Souvent le récit de la rencontre d’un malade avec Jésus se termine par ces mots: «Et ils louaient Dieu en raison des grandes actions dont ils avaient, grâce à Lui, fait l’expérience.» Beaucoup étaient des disciples de Jésus et à leur tour ils rendaient les gens heureux. A l’amour répond l’amour. La solidarité rend donc possible une nouvelle solidarité.

Nos missionnaires ont toujours semé le bon grain et maintenant leurs efforts portent leurs fruits. Dans tous les pays où ils ont vécu, il y a maintenant des jeunes filles et des jeunes gens, qui se lèvent afin qu’à leur manière et selon leur culture, ils puissent, de chez eux, faire l’expérience missionnaire et poursuivre l’exemple du Christ. A leur tour, ils deviennent des envoyés qui vont annoncer, en pays étranger, la Bonne Nouvelle en paroles et en actes. Ce qu’ils ont reçu des autres, ils le transmettent aussi maintenant à d’autres. Parfois, nous affligeons-nous de la diminution de nos communautés paroissiales. Mais celui qui a des contacts dans le monde avec des communautés chrétiennes, remarquera rapidement que dans de nombreux pays nombre de centres bibliques existent, qui dispensent l’amour, ce qui ne peut aussi qu’apporter du fruit à nos communautés ecclésiales. Dans le monde entier, on prie pour nous. Le cardinal Toppo de Ranchi (Inde), il y a quelques années, a déclaré avec force: ‘’N’oubliez pas que chaque jour, dans la ré-gion pauvre de Ranchi, nous prions pour vous. Nous vous sommes très reconnais-sants de votre soutien et nous voulons l’exprimer au travers de nos prières.” Cela est peut-être, pour les croyants, un exemple de réciprocité, résultant de l’amour au sens chrétien du terme.

OURS 12ième année

Suara est un mot indonésien qui signifie ‘voix’. Suara veut être la voix des sans-voix et de tous les peuples qui crient dans le ‘désert’. Au-delà d’être la voix des “sans-voix”, il nous revient de faire en sorte que les “sans-voix” en arrivent à avoir leur propre voix.

Directeur national de Missio: Michel CoppinRédaction en chef: Kenny FrederickxRédaction finale: Sylvain Kalamba Nsapo

Ont collaboré: Emmanuel Babissagana, Michel Coppin, Catherine De Ryck, Jacques Henrard, Herlinde Hiele, Anneleen Wouters, Michel Musimbi et Anneleen Wouters.Photos et illustrations: Lode Caes, Christine Laureys, Freegan Kollektiva, Frerieke, Missio, Shutterstock en Xavier VankeirsbulckEditeur Responsable: Michel Coppin, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles.Mise en page et impression: Halewijn Printing & PublishingMissio est une organisation internati-onale de solidarité et d’échange entre

communautés chrétiennes et de promo-tion des rencontres interculturelles et interreligieuses. Près de 130 pays sont reliés à Missio qui soutient plus de 1000 communautés chrétiennes locales. Notre organisation prend soin de 112.053 institutions (les services de santé, la lutte contre la pauvreté, la formation pasto-rale et sociale, l’enseignement, etc).

Numéro de compte de l’ASBL Missio (Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles):IBAN: BE19 0000 0421 1012 BIC: BPOTBEB1

Il ne nous est pas permis de délivrer une attestation fiscale pour les versements effectués sur ce compte.

MissioSecrétariat NationalBd. du Souverain 199, 1160 BruxellesTél.: 02 679 06 30 - Fax: 02 672 55 69E-mail: [email protected] web: http://www.missio.be/

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Missio Eupen Bergkapellestrasse 46, 4700 EupenTél.: 087 55 25 03E-mail: [email protected]

Missio LiègeMaison des BruyèresRue des Bruyères 127/129, 4000 LiègeTél.: 04 229 79 40E-mail: [email protected]

Missio NamurRue du Séminaire, 11, 5000 NamurTél.: 081 25 64 46E-mail: [email protected]

Missio TournaiRue des Jésuites, 28, 7500 TournaiTél.: 069 21 14 59Fax: 069 84 38 15 E-mail: [email protected]

Suara7La voix des peuples

Edmond Blattchen

Quel avenir pour la solidarité?Depuis 1971, Edmond Blattchen est journaliste à la RTBF. De 1992 jusqu’à ces jours, il anime et produit ‘Noms de Dieux’. Il a reçu les plus grands noms de la pensée contemporaine, du Dalaï Lama à Michel Onfray. Nous le remercions d’avoir voulu répondre aux questions de la rédaction de Suara.Sylvain Kalamba Nsapo

Missio: Que pensez-vous de la notion de solidarité ? Quels en sont, selon vous, les enjeux majeurs?

Edmond Blattchen: «La solidarité est une valeur essentielle. Il n’y a pas de justice sans solidarité. Ce qui est vrai dans une société donnée (la solidarité des plus forts à l’égard des plus faibles, des plus riches à l’égard des plus pauvres) l’est encore davantage au niveau de l’humanité tout entière. Sans cette justice par la solidarité, aucune paix n’est possible. La justice et la paix sont les deux enjeux principaux, selon moi, de la solidarité.»

Missio: Peut-on dire que celle-ci a un avenir dans un monde de plus en plus orienté vers l’individualisme et la loi du plus fort?

Blattchen: «Les pays occidentaux sont en effet confrontés à deux périls majeurs: le consumérisme et le repli sur soi. Je pense que la crise financière, économique et politique qui nous menace obligera tôt ou tard les citoyens de nos pays «favori-sés» à retrouver les chemins de la solida-rité. «Nécessité fait loi»: quand le «moi» est impuissant, le «nous» s’impose. «Tous ensemble» devrait donc redevenir le mot d’ordre absolu de nos démocraties con-frontées à la menace que fait peser sur elles le déclin le plus grave depuis la Grande Dépression des années 30.»

Missio: Est-ce que la solidarité peut produire un rapport de domination?

Blattchen: «Une solidarité véritable ne peut, par définition, écraser ceux qui en bénéfi-cient. Une solidarité sans émancipation est une fausse solidarité. Là où le maître reste le maître et où l’esclave reste l’esclave, il y a injustice, oppression, et violence. Tout le contraire de la paix par la solidarité. Une véritable éthique de solidarité repose d’abord sur une éthique de responsabilité et d’interdépendance. Se montrer solidai-re, c’est, au premier degré, reconnaître en l’autre un égal, mieux, un autre identique

à soi-même avec lequel nous formons une entité unique. Etre solidaire, c’est s’engager à renoncer à toute domination, à privilé-gier l’autre non pas comme un inférieur qu’il faut aider ou secourir, mais comme partenaire. A la limite, cela signifie que les notions de Nord et de Sud sont abso-lument obsolètes: pour un pays occidental, venir au secours d’un pays du Sud, c’est prendre soin de tous et donc, de lui-même. Et pas seulement dans l’attente d’une éven-tuelle réciprocité : nous devons tous com-prendre, Nord, Sud, riches, moins riches, pauvres, que nous sommes tous embar-qués dans une seule et même aventure, un destin collectif, celui d’une seule et même famille humaine, notre famille. Un point c’est tout.»

Missio: Comment peut-on organiser une solidarité qui permet de mettre un terme aux structures injustes?

Blattchen: «La question de la solidarité pra-tique est fondamentale. Elle est aussi extrê-mement difficile à organiser. En résumé, il faut veiller à éviter une solidarité qui asser-visse ceux qui, en principe, doivent en béné-ficier. Il ne s’agit pas non plus de pratiquer, à grande échelle, une charité paternaliste. Les bénéficiaires doivent être traités comme des individus ou des groupes majeurs, dignes de respect mais également capables de respon-

sabilité. En clair, il faut permettre à ceux qui reçoivent de surmonter les épreuves qu’ils traversent avant de s’acquitter de leurs obligations. Une solidarité qui entraînerait les «assistés» dans une misère encore plus grande que celle qui les a précipités dans les difficultés, constituerait également une monstrueuse hypocrisie. C’est, à mon avis, ce qui se passe avec la dette des pays du Sud: nous savons maintenant que cette dette n’est pas due à une mauvaise gestion de la part de ces Etats, mais à l’exploitation des pays du Sud par certains pays du Nord, notamment, dans le domaine de l’alimenta-tion. Prenons l’exemple de l’Afrique, conti-nent potentiellement très riche mais dont les famines répétées sont principalement dues principalement aux abus des multinatio-nales céréalières. Il faut donc, en premier lieu, dénoncer et réparer ces injustices à grande échelle.»

Missio: Pouvez-vous témoigner de l’une ou l’autre expérience de la réciprocité dans les relations entre citoyens belges, d’une part, et, d’autre part, dans les liens qui unissent les Eglises du Sud à celle de la Belgique?

Blattchen: «Je connais de nombreuses per-sonnes originaires du Sud et qui vivent depuis longtemps en Belgique. Je suis en particulier reconnaissant à mes amis africains de me rappeler l’importance de la famille, une valeur que, nous, gens du Nord, avons tendance à négliger. Je pense en particulier à Pie Tshibanda, licencié en psychologie, écrivain et homme de théâtre originaire de la République Démocratique du Congo et qui est devenu très célèbre en Belgique grâce à ses spectacles «seul en scène» (Un fou noir au pays des blancs, Je ne suis pas un sorcier). La sagesse africaine

qu’il nous y propose nous aide à mieux comprendre nos propres fonctionnements, nos propres préjugés à l’égard des Africains en particulier, mais aussi les menaces que font peser sur nous européens l’ individua-lisme et le matérialisme qui gangrènent nos sociétés.»

Missio: Sur quelle proposition bibli-que peut-on se baser pour contrecarrer une conception du service fraternel qui devient unilatéral?

Blattchen: «La réciprocité nécessaire de l’amour me paraît présente dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. D’un côté, la règle d’or du judaïsme («Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse») et, de l’autre, LE commandement central du christianisme: aimez-vous les uns les autres.»

«Je pense que la crise financière, économique et politique

qui nous menace obligera tôt ou tard les citoyens de nos

pays ‘favorisés’ à retrouver les chemins de la solidarité.»Ph

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