Synthese G. Dessons _deuxieme Partie

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  • 8/2/2019 Synthese G. Dessons _deuxieme Partie

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    Cours du 26. 03. 2012

    Personnage de Maleine semble plus loign quAurlia et Nadja de la problmatiquefemme/folie. Cependant elle sintgre tout fait dans celle qui relie femme et criture par le

    mythe.

    Maeterlinck est de son temps, de son poque. Grande question de la fin du XIXm sicle : celle

    de linvisible luvre de Maeterlinck possde son propre type dinvisible, comme celle de

    Mallarm.

    [Rntgen dcouvre les rayons X en 1895 ; mme priode, Camille Flammarion invente la lunette

    astronomique].

    A cette poque, la photographie est dabord un instrument dinvestigation de linvisible. Tous

    postulent que la photographie voit mieux que lil humain. Strindberg.Travaux de Mesmer sur le magntisme animal.

    Priode de cohabitation des artistes et des scientifiques autour de lintrt pour linvisible. Pour

    les uns lexprimer, pour les autres le rationaliser. Grande popularit des sciences parallles,

    occultes (construire partir de linconnaissable).

    Luvre pour Maeterlinck doit tre un verre grossissant de la ralit. Le langage peut avoir cette

    efficacit de conduire lanalyse vers de linvisible. Inventer un lien o il y a savoir quelque

    chose.

    Joseph Joubert : Le pote, il sait ce quil ignore . (par opposition au je sais que je ne sais

    rien de Socrate).

    Nous savons tous quelque chose notre insu (Maeterlinck).

    Le terme invu est aussi utilis par les symbolistes lpoque le terme inou , du mme

    parradigme, est beaucoup plus utilis en franais courant.

    Il y a toute la place pour une recherche. Les mots ont pour fonctions dabstraire de la ralit. Un

    nom ne peut renfermer la complexit dun tre humain, mais le langage particulirement celui

    du pote nest pas, lui, limit.

    Thtre symboliste, minimal(iste), des informations assez mineures, thtre qui se rpte. Cest

    tout ce premier thtre maeterlinckien qui constitue une exprience de linvu, linou (jusquen

    1900).

    La disparition de la reprsentation du sujet (chez Beckett, par exemple) doit Maeterlinck.

    Celle-ci est toujours relative car il ne peut pas y avoir de disparition du sujet ds lors quil y a

    nonciation, nonc, langage.

    Paradoxe : montrer ce qui nest pas montrable.

    La conception de lespace scnique thtrale volue. Le thtre raliste retrouve lide dj

    formule par Diderot dun espace clot, ouvert devant la scne dans ce cas le regard du

    spectateur est voyeuriste.

    Visions opposes celle-ci : celles de Jarry puis Brecht, Piscator, etc

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    Maeterlinck sest pos ce problme de lespace scnique. Rputation de thtre intellectuel,

    dans un fauteuil (expression reprise de Musset) du thtre symboliste. Mais Maeterlinck nest

    pas dans lintellection.

    Dans les brouillons, Maeterlinck pense a des procds optiques, des lanternes (magiques)

    projetant des formes spectrales.

    Premire tentation : sen sortir par des machines, mais ds la premire reprsentation il renonce

    cette ide. Le deuxime thtre de Maeterlinck, au vingtime sicle, (Loiseau bleu, et dautres)

    reprendra ces ides de mise en scne dun fantastique spectaculaire.

    Metteur en scne des premires pices : Aurlien Lugn-Poe (qui travailla aussi avec Jarry).

    Cours du 27/03/2012

    Sur Maeterlinck.

    Ce qui lintresse, ce nest pas la part dextraordinaire, mais celle de linconnu, de la

    transcendentalit dans le quotidien (il dfinit cela en affirmant sintresser au Dieu de la chambre

    plutt que celui de lEglise). Il y a des symboles a priori chez Maeterlinck, mais seulement

    comme une marque de son temps, de lpoque symboliste ; mais ce qui est plus important, il y a

    surtout des symboles individuels qui voquent le sous-discours.

    Quelque chose se passe dans la pice qui nest pas rductible largument de la pice. Cest le

    doute qui est port sur la clart et la transparence du monde.

    ****

    Sans Nerval, sans Maeterlinck, il ny a pas de Breton. Lexprience de la folie ou celle du silence

    influencera beaucoup le surralisme (qui revendique cet hritage). CommeAurlia, Nadja est un

    compte-rendu dune exprience personnelle.

    Textes construits, crits, qui vont prendre sur eux-mmes linvention de leur propre rel. Commepour Nerval, le projet dcrivain se mle une interrogation personnelle : Qui-suis-je ?

    Quand Breton va faire ce livre, il va charger le personnage de Nadja de devenir une sorte

    dgrie, de muse du surralisme.

    Contexte surraliste.

    Le surralisme est invent par Breton dans la premire moiti du XXme sicle. Il est fait de

    plusieurs rencontres : celles du symbolisme, dcritures particulires, personnelles (Lautramont,

    cest l notamment quon trouve le modle de limage surraliste : beau comme la rencontre

    sur une table de dissection, dune machine coudre et dun parapluie )

    Porte historique et thorique.Aristote, grand thoricien de limage pour lOccident, dit que pour faire une bonne mtaphore, il

    faut faire attention lanalogie et la convenance logique des deux lments compars. Pour

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    Aristote, il doit y avoir une scientificit de limage (do limpossibilit de phrases telles que

    Saint John Perse : Loiseau est noir, donc blanc )

    XVIme / XVIIme sicle : lutilisation dexpression comme transi par la flamme de lamour

    vont contre la conception aristotlicienne de limage.

    Ce sont certes des clichs, mais ils sont le moment o quelque chose vacille dans la conceptionde limage.

    Rmy de Goncout a conceptualis la dissociation dide, cest--dire pour la pense, de travailler

    en dissociant les ides toutes faites. Le surralisme, lui, va aller beaucoup plus loin en disant qur

    toutes les associations sont bonnes. Ils vont dcider de pratiquer une criture qui serait une

    pratique onirique de la veille.

    A. Breton sappuie pour crer le surralisme sur quelques auteurs particuliers antrieurs

    (Rimbaud, Lautramont, Sade) mais aussi sur son poque, avec les travaux sur linconscient et

    laltrit. Tout le travail de lart et de la littrature consiste la fin du XIXme sicle faire

    entrer lalienus dans le domaine de lalter.

    Quelques citations de lcriture automatique et de son rle :

    Automatisme psychique par lequel on se propose dexprimer soit verbalement, soit par crit,

    soit par toute autre manire que ce soit, le fonctionnement rel de la pense

    Dicte de la pense en labsence de tout contrle exerc par la raison, en dehors de toute

    proccupation esthtique, ou moral

    La notion dautomatisme est invente la fin du XIXme sicle en mme temps que celle

    dinconscient (P. Janet, Lautomatisme psychologique, 1889).

    La dicte de linconscient constitue une notion pistmologique.

    Linconscient existait avant Hartman et Freud qui lont thoris. Pour les surralistes, on peut

    librer linconscient des prises sociales contrles moraux, idologiques, etc

    Ce quils ont expriment avec lcriture, ils le feront au cinma et en peinture.

    Andr Breton trs influenc par le mouvement Dada de Tristan Tzara pour le caractre

    provocateur, lesprit de canular.

    Interrogation du langage. Critique de la description des romans (ralistes).

    La photo, comme instrument de ce qui se passe dans les rues art urbain ds le dpart, es t un

    moyen dinvestir lordinaire.

    Nadja, personnage fou, malade mental ; dans le roman de Breton, ce pesonnage va se croiser

    perptuellement avec la posie, la peinture, etc

    P.171 => lettres de Nadja : Il les lisait de lil dont il lisait toute sorte de textes potiques .

    => lire la lettre dune malade mentale, cest reconnaitre quil y a de la poticit.

    Dans les annes 20, un psychiatre allemand Hanz Prinz Horn, sintresse aux productions de ses

    malades et les considrent comme artistiques, il les publient et cela circule dans les milieux

    intellectuels. Picasso en les regardant dit un ami (Georges Braque ? ) : On a guri les fous !

    Nadja, plus que les deux autres personnages fminins, elles est la figure de laltrit (relative) dela folie.

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    Voir les textes sur lart primitif :

    Le sauvage, le fou, lenfant, et la femme seraient, inaptes la connaissance, lexercice de la

    raison ? (Dans Aurlia et Nadja, cest la femme qui est initiatrice de la connaissance).

    Nadja > lespoir surraliste, mode de connaissance la fois ordinaire et inconscient.

    Charge violente contre linstitution mdicale, psychiatrique.

    Pour lui, les asiles sont des appareils de conservation sociale (p. 161) suite unmanquement extrieur la biensance et au sens commun

    Les asiles sont les gardiens du code imbcile du bon sens et des bonnes murs .

    [ Tout ce que vous voulez, Monsieur Artaud, mais a, al socit ne peut pas accepter, et je suis

    le reprsentant de la socit Dr Fervire Antonin Artaud, quil suivait, lorsquil le regardait

    crire]

    Que faire devant le texte fou dun homme sain ? Et le texte dun fou ?

    Nouveaux questionnements issus de ncessaires redfinitions respectives de lart et de la folie.

    Opposition entre un intrieur et un extrieur.

    Bachelard => Potique de lespace.

    Les mtaphores ne sont jamais innocentes [p.160 : Je ne pense pas quil puisse y avoir une

    extrme diffrence entre lintrieur dun asile et lextrieur ]

    p. 171 => Autre remarque sur la porosit des limites folie/non-folie

    Dans Nadja, la pense dualiste est systmatiquement critique. Cest le rle dvolu lanalogie,

    quon trouvait dj chez Nerval (entre son ge et le numro dune maison, par exemple).

    Ici le dplacement des personnages de la place dauphine au caf le dauphin. Cest finalement

    lide que dans le monde rien nest insignifiant. Ce sens nest pas donner car il nest pas

    universel, ce sont des significations personnelles [p. 137 : des faits d137 : des faits dordre

    inhabituels, ne paraissant ne concerner que nous. ]. Monde comme palimpseste.

    Lugn-Poe pour monter Pelleas et Melissandre dit Maeterlinck Quest-ce quon fait pour le

    dcor ? et Maeterlinck lui rpond un dcor dimprcision (ce qui ne signifie pas un dcor

    imprcis), cf. sorte de brouillard du sens savamment choisi.

    Organiser le brouillage optique. Faire quon voit, mais quon ne voit pas prcisment.

    Utiliser limproprit des termes (technique de Verlaine), excellent moyen pour crer une sorte

    de monde distanci, trange.

    Mais aussi brouillage auditif (textes dits voix faibles). Des phrases vont se dfaire : Certains ne

    vont rester sur le texte final que par lcho quil reste deux sur des mots proches.

    Exprimentation des symbolistes : casser la perception. Expriences olfactives, aussi > les

    symbolistes vont jusqu librer des parfums sur scne.

    Malentendu sur la suggestion symboliste

    Au XXme sicle, on a vu dans ce suggrer lide dun subjectivisme absolu, alors que les

    symbolistes, ctait uniquement langagier, ctait un principe du dire.

    Thorie de la rime gnralise (R. Jackobson, la paronomase gnralise) ; rapprochement de

    deux mots qui se ressemblent.

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    Au XXme sicle, sur le modle de Claudel dans le Soulier de Satin, on va lire les didascalies

    sur scne, un personnage marginal, mettant une distance intermdiaire entre les acteurs et le

    public.

    Imaginaire quotidien. (cf. ce que Maeterlinck appelle le tragique quotidien). Maeterlinck comme

    thoricien du silence dans le langage (Sarraute : pice de thtre le silence sinspire de lui).

    Nouvelle dfinition du langage > En partant de la suggestion > quelque chose est dit qui nestpas expos par des phrases (ni par les corps des acteurs).

    Quest-ce quun nonc ?

    Merleau-Ponty > La signification dvore les signes . Dans la signification, les signes perdent

    leur autonomie (en participant au sens gnral de lnonc).

    Lintervention de lextraordinaire de lordinaire (on porte en nous notre propre inconnu aussi

    surprenant puisse-t-il tre. Pour Maeterlinck se mettre lcart de la force instinctive du

    langage ).

    Les paroles que nous prononons nont de sens que grce au silence o elles baignent

    (Maeterlinck)

    Le langage ralis met ensemble des mots qui nont de sens que les uns par rappoort aux autres,

    que dans la mesure o elles forment un systme.

    Ds que nous avons vraiment quelque chose dire, nous sommes oblig de nous taire

    (Remettre cette phrase dans son contexte, car hors contexte elle pourrait passer pour celle dun

    moraliste, ce qui nest pas lintention de Maeterlinck.

    Quand deux hommes se parlent, ils ne parlent pas de ce quils disent .

    Fonction phatique du langage > Maeterlinck dit que dans tout discours, il y a sosu-discours. M.

    invente un thtre qui met sur lavant de la scne ce sous-discours.

    Peut-tre encore plus quAurlia chez Nerval, Maleine ne veut se rsoudre ntre quun

    personnage.

    Maleine est une scne pour un drame quelle vhicule sans le savoir.

    Kripke > dsignation rigide (expr. Pour dsigner les noms propres)

    Maleine est-elle porteuse du mal mythologique de la pice ?

    Cest elle qui va mettre en commun mal / maladie / marais autour dune structure de sous-

    discours.

    On ne peut pas ne pas entendre ces associations (cest : entendre le silence du langage)Maleine : le seul mot qui rime avec Maleine dans la pice est reine > or, cest la reine qui la

    tuera.

    Autre concept cr par Maeterlinck : celui du 3me

    personnage > cest lide quau dpart dans

    une uvre et a fortiori au thtre, on a deux personnages :

    Principe (caricatural)

    Posie > je

    Roman > il (peut tre collectif)

    Thtre > je et tu

    Maeterlinck critique cette conception et dit quil y a un 3me

    perso. tjs prsent dans le vrai thtre(et non dans celui quil voit chez ses contemporains). Question du symbole > ralit derrire la

    ralit, monde derrire le monde, monde dun symbolisme personnel. Un symbole au sens

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    classique est un signe qui renvoie un autre signe (ex : la balance renvoie la justice, qui elle-

    mme est une abstraction, un concept ; idem pour le squelette qui dsigne symboliquement la

    mort, etc)

    Maeterlinck postule quil faut un deuxime symbole : un symbole inconscient qui se produit

    linsu du pote, invent par son uvre.

    Marionnette comme modle critique > stylisation, simplification. Virtuellement, la marionnette

    est lhumanit.

    Il dit quil met la marionnette en avant pour faire reculer lhumain. Sil veut faire reculer

    lhumain, cest pour que les personnages naient pas laffect humain mais laffect du texte. [En

    ce sens il se rapproche beaucoup du projet de son contemporain Alfred Jarry].