59
Tartuffe DE MOLIÈRE Complément pédagogique MARCEL FORTIN Texte intégral Sous la direction de Michel Laurin Parcours d’une œuvre C

Tartuffe c.p. NDCR - cheneliere.info · Madame Pernelle emploie le comique de mots en précisant le nombre de lettres du mot « sot », ce qui, ironiquement, peut connoter que …

Embed Size (px)

Citation preview

TartuffeDE

MOLIÈRE

Complément pédagogiqueMARCEL FORTIN

Texte intégral

Sous la direction de Michel Laurin

Parcours d’une œuvre

C

TARTUFFE DE MOLIÈRE

TEXTE INTÉGRAL

Complément pédagogiqueCollection « Parcours d’une œuvre » sous la direction de Michel LaurinÉtude de l’œuvre par Marcel Fortin

© 20033281, avenue Jean-BéraudLaval (Québec) H7T 2L2Téléphone : (514) 334-5912

1 800 361-4504Télécopieur : (450) 688-6269http://www.beaucheminediteur.com

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction, sous quelque forme que ce soit, enpartie ou en totalité, sont réservés pour tous les pays. Entre autres, la reproduction d’un extraitquelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, tant électronique que mécanique, enparticulier par photocopie, par numérisation et par microfilm, est interdite sans l’autorisationécrite de l’éditeur.

Le photocopillage entraîne une baisse des achats de livres, à tel pointque la possibilité pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et deles faire éditer par des professionnels est menacée.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programmed’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

ISBN : 2-7616-1973-0

Supervision éditoriale : Claude Roussin

LEPHOTOCOPILLAGE

TUE LE LIVRE

1

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

TARTUFFE

COMPLÉMENT PÉDAGOGIQUE

QUESTIONS SUR L’ŒUVRE

ACTE I

ACTE I, SCÈNE 1

Compréhension

1. a) Les reproches que madame Pernelle, aux vers 7 à 40, adresse aux membres de sa famillepermettent d’esquisser, pour chacun d’eux, un trait de caractère particulier. Résumez en quelquesmots ce trait chez Dorine, Damis, Mariane, Elmire et Cléante.Selon madame Pernelle, Dorine s’exprime trop familièrement sur des sujets qui ne la concernent pas,Damis est un imbécile qui risque de devenir délinquant, Mariane, apparemment sage, cache un tempé-rament de dévergondée, Elmire gaspille l’argent pour satisfaire sa coquetterie et son train de vie mondaineet Cléante prend des allures de libertin.b) Que déduisez-vous du caractère de madame Pernelle ?Madame Pernelle est une vieille acariâtre empêtrée dans des valeurs traditionnelles et rigoristes, qui tientà imposer sa tyrannie à la famille de son fils.c) En quoi ses interventions sont-elles comiques ? Justifiez.Le comique de madame Pernelle réside dans ses interruptions et dans son langage imagé qui cerne en peude mots les travers de ses interlocuteurs. Son tempérament bourru et sa gestuelle suscitent aussi lamoquerie.

2. Montrez en quoi la mention du nom de Tartuffe, au vers 41, constitue un ressort dramatique.La réplique de Damis vient accentuer le conflit entre madame Pernelle et les membres de la famille, quiont l’intention de répliquer. Le dialogue qui suit polarise l’action autour de la pertinence de Tartuffe dansla maison.

3. a) Quelle opinion madame Pernelle a-t-elle de Tartuffe ?Madame Pernelle est certaine que Tartuffe est un homme de bien dont on doit suivre les maximes.b) Quelles qualités admire-t-elle chez cet homme ?Elle admire le rigorisme qu’il impose à la famille, sa piété et son dévouement religieux.c) Pourquoi les membres de sa famille sont-ils en désaccord avec sa perception ?Les membres de sa famille ne partagent pas le point de vue de madame Pernelle parce qu’ils ont devinél’hypocrisie qui se cache derrière l’apparence de vertu.d) En quoi cette opposition illustre-t-elle qu’elle appartient à une autre génération ?Cette opposition illustre que madame Pernelle appartient à une génération où les valeurs religieusesréelles ou apparentes guident la conduite des gens. Pour cette femme bigote, la présence de Tartuffe estun gage de salut.

2

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

4. a) Montrez en quoi la vie mondaine de la famille indispose madame Pernelle (voir les vers 85à 92).La vie mondaine l’indispose, car elle prête le flanc aux ragots qui peuvent ternir la réputation de lafamille.b) Quelle attitude, qui est à l’opposé de celle de madame Pernelle, Cléante propose-t-il d’adopter(voir les vers 93 à 102) ?Cléante propose d’ignorer les ragots et d’adapter une conduite exemplaire.

5. a) Quels sont les traits de caractère mis en valeur dans les portraits de Daphné et d’Orante quebrosse Dorine ?Selon Dorine, Daphné est une femme dont la conduite libertine ne l’empêche pas de s’adonner à lamédisance. Oronte est une femme âgée qui est devenue prude et rigoriste malgré elle, après avoir joui desavantages de la coquetterie.b) À quoi servent ces portraits dans le contexte de la SCÈNE 1 ?Ces portraits, qui débordent du cadre de la famille, illustrent la critique sociale de Molière à l’égard del’hypocrisie et de la calomnie. Brossés par Dorine, ces portraits constituent des arguments en faveur de latransparence et de la vérité.

6. Quels sont les indices qui permettent de croire que la famille d’Orgon appartient à la grandebourgeoisie française du XVIIe siècle ?La tenue vestimentaire d’Elmire est luxueuse selon madame Pernelle. La vie mondaine évoquée parMme Pernelle (v. 88-90) suggère des soirées somptueuses.

7. Divisez la SCÈNE 1 en trois parties et donnez un titre à chacune d’elles.Vers 1 à 40 : Portraits des membres de la famille du point de vue de Mme Pernelle.Vers 41 à 92 : Portrait de Tartuffe qui suscite la controverse.Vers 93 à 171 : Portraits de Daphné et d’Oronte pour dénoncer l’hypocrisie.

8. Expliquez pourquoi cette première scène ne peut être considérée comme une scène d’expositioncomplète.Bien que la première scène nous informe de la présence de Tartuffe dans la maison d’Orgon, nous nesavons encore rien des intentions des deux protagonistes.

9. Quelle est l’utilité dramaturgique de commencer la pièce par une scène de groupe ?Le fait de commencer la pièce par une scène de groupe permet à l’auteur de créer du rythme et du mouve-ment tout en présentant les personnages et les liens qui les unissent.

Écriture

10. Relevez, dans les propos des personnages, les expressions qui dénotent le mouvement, au débutde la scène, et qui dispensent l’auteur d’avoir recours à des didascalies.Les expressions « Vous marchez d’un tel pas » (v. 2), « ne venez pas plus loin » (v. 3), « vous sortez sivite ? » (v. 6) dispensent l’auteur de préciser que madame Pernelle se déplace rapidement en gesticulant.

11. Montrez en quoi la périphrase « la cour du roi Pétaut », au vers 12, est aussi une métaphore.Cette périphrase est aussi une métaphore parce qu’elle compare le désordre de la famille à celui qui règneà la cour du roi des mendiants.

12. Que connote la remarque que madame Pernelle adresse à Dorine aux vers 13 à 15 ?Cette remarque connote que madame Pernelle, qui s’estime en position d’autorité, veut faire comprendreà Dorine qu’elle tient des propos inacceptables de la part d’une domestique.

3

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

13. Quel procédé comique madame Pernelle emploie-t-elle au vers 16 ? Expliquez-le.Madame Pernelle emploie le comique de mots en précisant le nombre de lettres du mot « sot », ce qui,ironiquement, peut connoter que Damis est un petit imbécile sans envergure.

14. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 23.L’expression proverbiale « il n’est […] pire eau que l’eau qui dort » est une métaphore qui signifie qu’ilfaut se méfier des gens discrets, car ils peuvent devenir menaçants.

15. Identifiez et expliquez la figure de style propre à la langue classique au vers 32.« Quiconque […] n’a pas besoin de tant d’ajustement » est une litote signifiant qu’Elmire aurait intérêt àporter des vêtements simples et à éviter la coquetterie pour plaire exclusivement à son mari.

16. Identifiez et expliquez la figure de style, qui est, en l’occurrence, un procédé comique, auvers 34.« Je vous estime fort […] et vous révère » exprime l’ironie de madame Pernelle à l’égard de Cléantequ’elle déteste et méprise.

17. Que connotent les expressions « Votre Monsieur Tartuffe », au vers 41, et « ce beau monsieur-là », au vers 48 ?Ces expressions connotent ironiquement le mépris de Damis à l’égard de l’hypocrite.

18. a) Identifiez et expliquez la figure de style introduite par l’expression « pied plat », au vers 59.L’expression « pied-plat » est une synecdoque, car elle fait appel à la partie, les chaussures sans talons,pour désigner le tout, c’est-à-dire le paysan qui les porte.b) Comparez-la à la figure « n’avait pas de souliers » apparaissant au vers 63.L’expression est une litote qui signifie que Tartuffe vit dans un grand dénuement.

19. Que connote l’adverbe « céans » aux vers 46, 62, 80 et 147 ?L’adverbe « céans », qui dénote la maison d’Orgon, connote le caractère inviolable de la propriété queTartuffe est en train de parasiter.

20. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au début du vers 71.Le mot « langue » est une synecdoque faisant appel à une partie, l’organe buccal de Dorine, pour signifierqu’elle est médisante, qu’elle a une langue de vipère.

21. Identifiez et expliquez la figure de style contenue dans le mot « cœur » apparaissant aux vers 77et 125.Dans les deux cas, le nom « cœur » est une synecdoque qui fait appel à l’organe biologique pour désignertoute la personne. Dans d’autres contextes, le mot peut aussi être une métonymie pour désigner le cou-rage, les sentiments et l’affectivité.

22. Identifiez et expliquez le comique de mots au vers 124.L’expression « corps défendant » signifiant malgré elle, crée une opposition entre la pudeur et le désir deplaire.

23. Identifiez et expliquez les deux figures de style que contient le vers 140.L’expression « penchant de l’âge » est une métaphore où la vieillesse est comparée à un déclin, à unepente vers la mort ; le verbe « sevré » est aussi une métaphore où la personne a été privée de désirscomme l’enfant que l’on cesse d’allaiter.

4

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

24. Qu’ont de comique et de paradoxal, dans la bouche de madame Pernelle, les vers 142 et 143, demême que les vers 161 et 162 ?Dans les vers 142 et 143, madame Pernelle déplore qu’elle soit forcée de se taire alors qu’elle entame unelongue tirade ; dans les vers 161 et 162, elle critique le babillage de chacun auquel elle participeallègrement.

25. Quel procédé comique est exploité à la fin de la SCÈNE 1 ? Expliquez en comparant les derniersvers aux premiers.Le soufflet de madame Pernelle à Flipote est un comique de geste. Frustrée de la tournure de la situation,elle s’en prend à sa servante qui s’ennuie du radotage de sa patronne. Le vers 171 fait écho au premiervers en suggérant l’idée de mouvement et de poursuite des deux femmes.

ACTE I, SCÈNES 2 ET 3

Compréhension

1. Identifiez les traits de caractère d’Orgon révélés par Dorine avant et après qu’il eut rencontréTartuffe.Selon Dorine, Orgon a fait preuve de sagesse et de courage pour servir le roi pendant la Fronde ; enrevanche, depuis qu’il a rencontré Tartuffe, il est devenu stupide et entêté (v. 181-184).

2. a) Quelles sont les expressions, dans le portrait que brosse Dorine à la SCÈNE 2, qui révèlentl’hypocrisie de Tartuffe ?Les expressions « cent dehors fardés » (v. 200), « cagotisme » (v. 201) et « sermonner avec des yeuxfarouches » (v. 205) révèlent l’hypocrisie de Tartuffe.b) Quel trait de caractère précis est mis en relief par Dorine aux vers 205 à 210 ?Les vers 205 à 210 révèlent le rigorisme et l’intransigeance de l’imposteur.

3. Quelle demande Damis fait-il à Cléante à la SCÈNE 3 ?Damis demande à Cléante de s’informer auprès de son père de ses intentions concernant le mariage deMariane et de Valère.

Écriture

4. Quelle est la connotation des vers 189 et 190 ?L’affection démesurée d’Orgon pour Tartuffe connote son aveuglement et pourrait sous-entendre uneattirance homosexuelle.

5. Pourquoi Molière a-t-il inséré une didascalie après le vers 194 ?La didascalie « C’est une servante qui parle » justifie la trivialité des propos dont le verbe « roter » estplus acceptable dans la bouche d’une domestique.

6. a) Identifiez et expliquez les deux figures de style apparaissant aux vers 197 et 198.Les noms « miracles » et « oracles » sont des métaphores, car les actions et les mots de Tartuffe sontrespectivement comparés à des actes prodigieux, voire surnaturels, et à des paroles prophétiques.b) Précisez leur connotation.Ces deux métaphores connotent le pouvoir de Tartuffe qui est semblable à celui du Christ ou d’un saintaux yeux d’Orgon.

5

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE I, SCÈNE 4

Compréhension

1. Pourquoi Cléante reste-t-il silencieux pendant presque toute la scène ?Cléante reste silencieux, d’une part, pour apprécier l’ironie ou le cynisme de Dorine à l’égard d’Orgon et,d’autre part, pour observer la justesse des observations de Dorine sur son maître.

2. Analysez cette scène en faisant ressortir l’attachement excessif d’Orgon pour Tartuffe et sondésintérêt envers sa propre femme.Loin de s’enquérir de la santé d’Elmire qui a éprouvé des malaises, Orgon s’informe de l’état de Tartuffedont la santé fait contraste avec celle de la maîtresse de maison. La répétition de la question « EtTartuffe ? » suivie du commentaire « Le pauvre homme ! » montre qu’Orgon banalise les maux de safemme et, qu’en revanche, il plaint son invité de n’avoir pas profité d’un confort si douillet avantaujourd’hui.

Écriture

3. À partir de quels procédés comiques est construite cette scène ? Expliquez et justifiez leurefficacité.Le comique de situation apparaît dans le contraste entre la maladie d’Elmire, banalisée par Orgon, et leconfort de Tartuffe, qui ne convient pas à un homme prônant l’ascétisme comme règle de vie.Les répliques d’Orgon constituent un procédé de répétition de mots qui illustre un comique de caractèreaxé sur l’aveuglement.Dorine a recours à l’ironie en employant les expressions « fort dévotement » et « La part que vous prenezà sa convalescence » ; elle parodie de manière irrespectueuse le sacrement de l’eucharistie en associant les« quatre grands coups de vin » au « sang qu’avait perdu madame » lors de la saignée (v. 254 et 255).

4. Identifiez et expliquez la figure de style sur laquelle est construit le propos de Dorine.En opposant le malaise d’Elmire au bien-être de Tartuffe, Dorine construit les deux portraits surl’antithèse.

5. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 242.L’expression « fermer […] la paupière » est une synecdoque où le singulier désigne le pluriel ; on peutaussi considérer l’expression comme une périphrase atténuée du verbe dormir.

ACTE I, SCÈNE 5

Compréhension

1. a) Relevez, dans les deux tirades de Cléante (vers 318 à 345 et vers 351 à 407), les mots et lesexpressions empruntés au champ lexical de la vue ou du regard.Le champ lexical de la vue ou du regard comprend les mots et expressions suivants : « aveugle » (v. 319),« avoir de bons yeux » (v. 320), « le Ciel voit » (v. 324), « on ne voit pas » (v. 327), « je ne vois »(v. 355), « ne vois-je rien » (v. 359), « faux clins d’yeux » (v. 368), « qu’on voit » (v. 369), « on en voittrop paraître » (v. 381), « en expose à nos yeux » (v. 383), « Regardez » (v. 385), « On ne voit point eneux » (v. 389), « On les voit » (v. 398) et « je vous crois ébloui » (v. 407).

6

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

b) Montrez comment ils contribuent à structurer l’argumentation du personnage.La récurrence du verbe « voir » dans les deux tirades de Cléante met en relief la nécessité d’un regardéclairé et perspicace qui sait discerner le vrai du faux.

2. a) Dans la deuxième tirade de Cléante, aux vers 351 à 407, faites ressortir les attitudes des fauxdévots qui pourraient s’appliquer au portrait de Tartuffe qu’Orgon et Dorine ont brosséprécédemment.Les expressions « dévots de place » (v. 361), « élans affectés » (v. 368), « brûlants et priants » (v. 371),« prêchant la retraite » (v. 372) s’appliquent aux attitudes adoptées par Tartuffe.b) Relevez aussi des indices de comportements qui pourraient annoncer une menace éventuellepour la famille d’Orgon.Les expressions « fier ressentiment » (v. 376), « âpre colère » (v. 377), « prennent contre nous desarmes » (v. 378), « assassiner » (v. 380) évoquent la violence et la fureur dont sont capables les fauxdévots et préfigurent la vengeance de Tartuffe.

3. Pourquoi Orgon reste-il évasif dans ses réponses concernant le mariage de Valère et Mariane ?Orgon est évasif parce qu’il a déjà en tête l’idée de marier Mariane à Tartuffe, ce que confirmera lapremière scène de l’ACTE II.

4. Montrez en quoi Cléante apparaît, dans cette scène, comme le porte-parole des idées de Molièresur les dévots en particulier et sur la religion en général.Cléante peut apparaître comme le porte-parole des idées de Molière par son respect de la vraie dévotion etl’éloge qu’il tient à l’égard des dévots véritables dont les attitudes empreintes d’humilité et de charité sonten accord avec les valeurs chrétiennes.

Écriture

5. Identifiez et expliquez les figures de style récurrentes qu’emploie Cléante pour appuyer sonargumentation, plus précisément aux vers 331 à 338.Pour appuyer son argumentation contre les faux dévots, Cléante a recours à l’antithèse où il oppose« l’hypocrisie et la dévotion » (v. 332), « masque » et « visage » (v. 334), « l’artifice » et « la sincérité »(v. 335), « l’apparence » et « la vérité » (v. 336), « le fantôme » et « la personne » (v. 337), « la faussemonnaie » et « la bonne » (v. 338) ; ces antithèses illustrent le discernement de Cléante qui n’est pas dupedes faux-semblants.

6. Identifiez et expliquez le procédé comique auquel ont recours Orgon et Cléante aux vers 346à 352.Le procédé comique auquel a recours Orgon aux vers 346 et 347 est l’ironie, car il se moque de son beau-frère dont il n’apprécie pas la leçon ; dans les vers 351 et 352, Cléante emploie le comique de répétitionde mots pour tourner en dérision l’ironie d’Orgon.

7. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 361.L’expression « francs charlatans » est un oxymore, car, par définition, un charlatan est un faux médecin,un imposteur.

8. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 372.L’expression « prêchant la retraite au milieu de la cour » est une antithèse qui met en opposition l’actionde prôner la prière et la méditation à la cour du roi où abondent les plaisirs et les mondanités.

7

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

9. a) À quelles figures de style classiques a recours Cléante pour décrire les véritables dévots auxvers 387, 388, 389, 391, 397, 399 et 401 ?Dans ces vers, Cléante a recours à la litote grâce à l’usage de propositions négatives : « Ce ne sont pointdu tout » (v. 388), « On ne voit point » (v. 389), « Jamais […] ils n’ont d’acharnement » (v. 399), « Et neveulent point prendre » (v. 401).En employant la négative pour évoquer les attitudes des vrais dévots, Cléante les oppose aux faux dévotsqui, eux, sont « fanfarons de vertu » (v. 388), « censurent […] nos actions » (v. 391), suivent la « cabale »et les « intrigues » (v. 397).b) Expliquez l’effet que ces figures produisent en les comparant aux figures de style baroquesdésignant les faux dévots aux vers 361, 362, 371, 372, 378 et 380.Ces litotes produisent un effet d’antithèse avec les hyperboles désignant les faux dévots comme des êtresexcessifs : « dévots de place » (v. 361), « sacrilège et trompeuse grimace » (v. 362), « brûlants et priants »(v. 371), « prêchent la retraite au milieu de la cour » (v. 372), « prennent contre nous des armes » (v. 378)et « Veut nous assassiner avec un fer sacré » (v. 380).

Synthèse de l’ACTE I

1. À la lumière du principe voulant qu’au théâtre un personnage se révèle parfois par ce que lesautres disent de lui, brossez un bref portrait du personnage absent et controversé qu’est Tartuffe.À la lumière des interventions des personnages, Tartuffe est un personnage qui ne fait pas l’unanimité.Vénéré et adulé par Orgon et madame Pernelle pour ses vertus chrétiennes, il est, en revanche, conspuépar les autres membres de la famille qui ont perçu en lui un parasite dangereux et un hypocrite opportu-niste et vaniteux.

2. Entre le point de vue de madame Pernelle et d’Orgon, d’une part, et celui des autres membres dela famille, d’autre part, lequel vous semble le plus crédible ? Justifiez.Le point de vue des autres membres de la famille est plus crédible, car il fait preuve de nuance, devigilance et de distance critique à l’égard du comportement de Tartuffe. Le point de vue d’Orgon et demadame Pernelle, trop dogmatique et excessif, ne peut susciter l’adhésion du spectateur.

3. À la lumière des propos tenus par madame Pernelle et Orgon à l’ACTE I, faites le portrait dechacun d’eux en démontrant qu’ils se ressemblent dans leur aveuglement, dans leur désir de servirune grande cause et d’abandonner leur pouvoir et leurs responsabilités.Madame Pernelle et son fils Orgon sont tous deux prisonniers des valeurs rigoristes d’un catholicismeconservateur. Ils sont sensibles aux apparences de la vertu, et, à cet égard, ils sont dupés par la mascaradeque Tartuffe leur propose. Pour madame Pernelle, l’arrivée de Tartuffe est l’occasion de remettre lafamille dans le droit chemin des vertus chrétiennes ; pour Orgon, impuissant à assurer le leadership enmatière de spiritualité, la présence du directeur de conscience dans sa maison lui permet d’abdiquer sonrôle de patriarche et d’apaiser ses angoisses métaphysiques.

4. À la fin de l’ACTE I, peut-on affirmer que l’exposition est complétée ? Justifiez.Non. À la fin de l’ACTE I, les deux camps sont bien divisés, Orgon bien campé dans son aveuglement,Tartuffe suffisamment décrit pour qu’on sente poindre la menace éventuelle. Même si l’intervention deCléante sur le mariage de Valère et de Mariane montre l’hésitation d’Orgon, il faut attendre l’ACTE II, quiconfirmera la menace réelle pour Mariane, et l’ACTE III, qui concrétisera le danger véritable que repré-sente Tartuffe pour Elmire et Orgon.

8

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE II

ACTE II, SCÈNES 1 ET 2

Compréhension

1. a) Pourquoi Orgon veut-il parler en secret à Mariane ?Orgon veut parler en secret à Mariane pour lui faire part, en privé, de ses intentions de la marier àTartuffe, reniant ainsi sa parole.b) Que connote la didascalie du vers 428 ?La didascalie « Il regarde dans un petit cabinet » connote la méfiance d’Orgon, sa crainte d’être espionnépar les membres de sa famille. Sur le plan dramatique, elle prépare la scène où Damis s’enfermera dans lecabinet pour épier Tartuffe et Elmire (ACTE III, SCÈNE 3).

2. Quel trait de personnalité caractérise Mariane dans cette première rencontre avec son père ?Justifiez.Dans cette première rencontre avec Orgon, Mariane apparaît comme une fille soumise à son père et prêteà lui obéir en toute occasion. Bien qu’elle refuse sa proposition d’épouser Tartuffe, elle n’a pas la force delui tenir tête.

3. a) Quelles motivations, conscientes ou inconscientes, poussent Orgon à marier sa fille à Tartuffe ?La motivation qui pousse Orgon à marier sa fille à Tartuffe est l’intérêt que représente le fait d’avoir undirecteur de conscience comme gendre. Par le fait qu’il prononce lui-même les paroles qu’il souhaiteraitentendre de la bouche de Mariane, on peut soupçonner le désir inconscient d’Orgon de s’unir lui-même defaçon matrimoniale avec Tartuffe.b) Montrez en quoi cette façon de faire était socialement acceptable à l’époque.Les mœurs de l’époque autorisaient un père à marier sa fille à un parti de son choix, surtout lorsque celui-ci présentait un avantage social, comme celui d’être directeur de conscience.c) Montrez en quoi elle est moralement discutable dans le contexte.Elle est moralement discutable non pas parce qu’elle est imposée à Mariane et va contre ses désirs et sonbonheur, mais parce que Tartuffe est soupçonné d’imposture. De plus, pour Dorine, cette alliance entredeux êtres si opposés ne peut que conduire au cocuage, c’est-à-dire au désastre.

4. Montrez en quoi ce mariage avec Mariane peut présenter un intérêt pour Tartuffe.Ce mariage offre à Tartuffe l’occasion de s’incruster légalement dans la famille et d’accéder à la grandebourgeoisie, ce qui représente une ascension sociale considérable compte tenu de ses origines de roturier.

5. Si ce mariage est, a priori, socialement acceptable, pourquoi Dorine le désapprouve-t-elle ?Relevez les arguments qu’elle fait valoir pour convaincre Orgon de renoncer à son projet.Dorine désapprouve ce mariage pour plusieurs raisons :1- Un bigot ne peut convenir à une grande bourgeoise comme Mariane (v. 480) ;2- Cette alliance avec un gueux ne rapporte rien à Orgon (v. 482-483) ;3- Tartuffe montre des contradictions par sa dévotion affichée et sa prétention à la noblesse (v. 495-500) ;4-L’union entre Mariane et Tartuffe est une mésalliance dont les conséquences seront la perte de la vertu,le cocuage (v. 503-512) ;5- Orgon rendra compte à Dieu de l’adultère de sa fille (v. 513-517).

6. Selon Orgon, pourquoi Valère ne représente-t-il pas un époux convenable pour Mariane ?Valère est attiré par les jeux de hasard, selon Orgon, qui ne le voit jamais à l’église et qui « le soupçonneencor d’être un peu libertin » (v. 524).

9

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

7. Quelles qualités de Tartuffe Orgon souligne-t-il pour persuader Mariane de l’épouser,démolissant ainsi les arguments de Dorine ?Tartuffe sera bienveillant, comblera tous les désirs de Mariane et sera un époux tendre, affectueux etfidèle ; ce mariage sera empreint d’innocence et d’harmonie. Mariane pourra même manipuler Tartuffe àson gré (v. 531-536).

8. Pourquoi Mariane reste-t-elle muette pendant toute la SCÈNE 2 ? Que révèle ce silence ?Mariane reste muette pendant la scène parce qu’elle est soumise à son père qui a un réel « empire » surelle. Ce silence révèle son impuissance et son désir de s’abandonner à Dorine pour défendre sa cause.

9. Bien que Dorine ait réussi à mener le jeu par lequel elle a épuisé Orgon et attisé sa colère, peut-onaffirmer qu’elle a mieux atteint son objectif que Cléante ? Justifiez.Malgré ses arguments et son insolence qui va jusqu’à épuiser Orgon, Dorine ne parvient pas à dissuaderson maître de renoncer au mariage de Mariane et Tartuffe. Orgon sort pour se calmer, mais il a l’intentionde réaliser son projet (v. 580-584).

Écriture

10. Identifiez et expliquez les procédés comiques exploités dans la SCÈNE 1.On retrouve deux types de procédés comiques.Le comique de situation : Orgon prête à Mariane les sentiments qu’il éprouve pour Tartuffe, et celle-cifeint de ne pas comprendre.Le comique de mots : Orgon fait la déclaration à la place de Mariane, lui met les mots dans la bouche(v. 442-444) ; Mariane reprend en écho les paroles d’Orgon sous forme de questions (v. 446-448).Les questions laconiques sans réponses (v. 445) pourraient amorcer un quiproquo.

11. Relevez et expliquez les figures de style qu’emploie Dorine aux vers 495 à 500.Dorine a recours à l’antithèse en opposant la vanité à la piété, la dévotion à l’ambition ; la métaphore« embrasse » (v. 497) suggère que l’innocence est comme une maîtresse que Tartuffe veut étreindre ; leslitotes « ne sied pas bien » (v. 496), « Ne doit point tant prôner » (v. 498) et « Souffre mal » (v. 500) sou-lignent l’incompatibilité, voire l’incongruité, de la vie dévote avec le prestige de la noblesse.

12. Précisez la connotation des deux pronoms personnels employés au vers 504.Le pronom « elle », dénotant Mariane, connote le prestige de sa classe sociale de bourgeoise ; le pronom« lui », désignant Tartuffe, connote le mépris de Dorine pour sa personne.

13. a) Relevez, identifiez et expliquez les figures de style récurrentes qu’emploie Dorine pourévoquer l’adultère éventuel de Mariane.Pour évoquer l’adultère éventuel de Mariane, Dorine a recours à l’euphémisme dans les expressions « onrisque la vertu » (v. 507) signifiant qu’on l’expose aux occasions de péchés, « on montre au doigt lefront » (v. 511), « Il est bien difficile enfin d’être fidèle » (v. 513), une litote signifiant qu’il est impos-sible d’être fidèle, c’est-à-dire que Mariane va inévitablement tromper son mari, et « des fautes qu’ellefait » (v. 516) désignant les péchés de la chair qu’elle commettra.b) Ces procédés de rhétorique respectent-ils la règle de la bienséance à laquelle doit se conformerune pièce classique ? Justifiez.Ces procédés respectent la bienséance classique puisqu’ils suggèrent à demi-mot l’adultère sans décrireexplicitement l’acte.

14. Que connote l’argument invoqué par Dorine aux vers 539 et 540 ?En évoquant l’influence de l’astrologie sur la destinée de Tartuffe, Dorine fait preuve de superstition.

10

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

15. Faites ressortir les procédés comiques exploités dans la deuxième partie de la SCÈNE 2, c’est-à-dire à partir du vers 541 jusqu’à la fin, et montrez que la situation tourne à la farce.Le comique de situation réside dans le fait qu’une servante donne la leçon à son maître au point de lemettre en colère et de le forcer à sortir. Le ton d’Orgon est agressif à l’égard de Dorine mais complaisantavec Mariane. L’attitude insolente de Dorine fait ressortir le comique de caractère chez Orgon, dont lacolère le rend ridicule et le met en contradiction avec ses prétentions d’homme dévot : « Ah ! vous êtesdévot, et vous vous emportez ? » (v. 552). Le comique de mots apparaît dans les nombreuses interruptionsde Dorine dont l’ironie de ses faux apartés : « c’est un beau museau » (v. 560), « La voilà bien lotie ! »(v. 562) ; le recours à la prétérition : « Je ne vous parle pas » (v. 568), « Je n’ai rien à me dire » (v. 574).Cette gymnastique verbale est, bien sûr, associée au comique de gestes inspiré de la farce, comme lesilence de Dorine lorsque Orgon se tourne vers elle pour la gifler, et le soufflet manqué d’Orgon.

ACTE II, SCÈNES 3 ET 4

Compréhension

1. a) Montrez en quoi les reproches que Dorine adresse à Mariane, aux vers 585 à 608, sont justifiés.Les reproches de Dorine sont justifiés, car Mariane est restée soumise à l’autorité de son père et n’ainvoqué aucun argument pour refuser le mariage avec Tartuffe.b) Que dénotent les réponses de Mariane à ces reproches ?Les réponses de Mariane dénotent son ingénuité et son impuissance à l’égard d’« un père absolu » contrelequel elle n’ose s’opposer.

2. a) Montrez en quoi le sort de Mariane apparaît dramatique.Le sort de Mariane est dramatique, car elle doit se plier à la volonté de son père et accepter un mariagequi la rebute.b) Montrez comment son sort passe du dramatique au tragique.Son sort tourne au tragique lorsqu’elle envisage le suicide pour échapper au mariage forcé.

3. Quelle autre stratégie emploie Dorine, aux vers 636 à 674, pour convaincre Marianne de s’op-poser au mariage que lui impose son père ?Pour persuader Mariane de s’opposer au mariage, Dorine a recours à l’ironie ou à l’antiphrase, c’est-à-dire à l’argumentation inverse qu’elle a servie à Orgon à la SCÈNE 2. Elle vante les mérites de Tartuffe etles avantages du mariage avec lui alors qu’elle en pense tout le contraire.

4. La stratégie de Dorine donne-t-elle les résultats escomptés ? Justifiez.Non, car Mariane retombe dans ses excès et sa tendance suicidaire. Elle continue à jouer son rôle devictime tragique (v. 675-682).

5. a) Pourquoi Dorine reste-t-elle muette pendant presque toute la première moitié de la SCÈNE 4 ?Dorine reste muette pour jouer le rôle d’une spectatrice devant la scène de dépit amoureux. Elle prendplaisir à voir Mariane et Valère jouer les amants offensés.b) Sa réplique, au vers 704, peut-elle être considérée comme un aparté ? Justifiez.Oui, la réplique au vers 704 peut être considérée comme un aparté, car Dorine se parle à elle-même sansque Mariane et Valère l’entendent.

11

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

6. a) Montrez en quoi cette première partie de la SCÈNE 4 peut apparaître comme une comédie dansla comédie, c’est-à-dire un jeu que jouent Mariane et Valère. Expliquez.La première partie de la SCÈNE 4, jusqu’à la réconciliation des amants (v. 791), apparaît comme unecomédie que jouent Mariane et Valère, parce que l’un et l’autre n’expriment pas leurs véritables senti-ments et tentent réciproquement de se mettre à l’épreuve. Le fait d’être observés par Dorine peut lesconforter dans leur rôle d’amants éconduits et les amener à espérer l’intervention de la servante pourinterrompre le jeu.b) Quels traits de caractère des deux amants cette comédie du dépit amoureux laisse-t-elle voir àDorine et aux spectateurs ?Le trait de caractère des deux amants est l’orgueil ou l’amour propre.

7. a) Quel stratagème Dorine propose-t-elle d’abord à Mariane ?Dorine propose à Mariane de faire semblant de rester soumise à son père et de gagner du temps enprétextant la maladie ou en évoquant quelques superstitions. Il est important surtout que les amants nesoient pas vus ensemble (v. 795-810).b) Quel conseil donne-t-elle à Valère pour éviter le mariage imposé par Orgon ?Elle recommande à Valère d’avoir recours à l’aide de ses amis pour obtenir la promesse de mariagequ’Orgon lui a faite.

8. a) Montrez en quoi, à l’ACTE II, Dorine est véritablement le moteur de l’action.Dorine est le moteur de l’action, car c’est elle qui prend l’initiative auprès d’Orgon pour le convaincre derenoncer au mariage forcé et auprès de Mariane, pour la forcer à réagir contre son père. Elle fait frontcommun avec les amants contre Orgon.b) Ses interventions auprès d’Orgon, puis auprès de Mariane ont-elles fait progresser l’action ?Justifiez.Ses interventions auprès d’Orgon et de Mariane n’ont aucunement fait progresser l’action, car le père estsorti plus déterminé que jamais d’imposer le mariage à sa fille. De plus, le stratagème de Dorine ne serad’aucune utilité.

9. Comparez le portrait que Mariane a révélé d’elle-même à l’ACTE II avec celui que sa grand-mère,madame Pernelle, a esquissé d’elle à l’ACTE I, vers 21 à 24. Quelles ressemblances et quellesdifférences constatez-vous ?À l’ACTE II, Mariane s’est révélée une jeune fille timide vis-à-vis son père mais portée sur les excès. Sagrand-mère a vu juste en la décrivant comme une personne qui feint la réserve et la discrétion. En effet,Mariane, par sa démesure, est une femme impétueuse et prête aux manigances ou « ressorts » (v. 794) deDorine pour contrer le mariage avec Tartuffe.

Écriture

10. Identifiez et expliquez la figure de style et le procédé comique qu’emploie Dorine aux vers 615à 617.Dorine a recours à l’ironie, car elle critique le suicide éventuel de Mariane comme moyen d’éviter lemariage forcé.

11. a) Relevez et expliquez, dans les propos de Mariane, les mots et les expressions hyperboliques.Les hyperboles « ouvert cent fois mon cœur » (v. 603), « me donner la mort » (v. 614) et « aux déplaisirsdes gens » (v. 620) dénotent la tendance de Mariane à exagérer ses actes et son sort.b) Que connote l’usage de ces hyperboles dans le contexte ?Ces hyperboles connotent son désir d’attendrir Dorine en jouant la victime d’une tragédie dont elle paro-die le rôle.

12

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

12. Identifiez et expliquez les procédés comiques qui soutiennent la stratégie de Dorine aux vers 636à 674.Les procédés qui soutiennent la stratégie relèvent du comique de mots dont l’ironie, car Dorine exprime lecontraire de sa pensée quant au mariage de Mariane et de Tartuffe. Après avoir tourné en dérision la viede province qui attend Mariane (v. 656-667), elle a recours à l’expression équivoque « vous en tâterez »(v. 672) et termine avec une condamnation percutante : « vous serez […] tartuffiée » (v. 674) qui devraitatterrer Mariane déjà au supplice.

13. Expliquez la connotation des mots « coche », « siège pliant », « grand’bande », « musettes » et« Fagotin » dans la réplique où Dorine évoque la vie de femme mariée qui attend Mariane. Voir lesvers 657 à 666.Ces mots auxquels a recours Dorine, dans l’évocation de la vie provinciale qui attend Mariane après sonmariage avec Tartuffe, connotent l’absence de confort, la monotonie de la vie sociale et la médiocrité dela vie culturelle.

14. a) Identifiez et expliquez le comique de mots qui se trouve aux vers 672 et 674.L’expression « vous en tâterez » relève du comique de mots à cause de l’ambiguïté entre le sens propre(vivre l’expérience) et le sens figuré (toucher physiquement).b) Compte tenu du contexte, que connote le néologisme « tartuffiée » ?Le néologisme « tartuffiée » dénote que Mariane sera trompée, cocufiée par Tartuffe, ce qui est paradoxalpuisque Dorine a laissé croire à Orgon que Mariane serait disposée à commettre l’adultère. Dans le con-texte, on peut saisir que Tartuffe la trompera comme il trompe tout le monde par son hypocrisie.

15. Identifiez et expliquez les procédés comiques exploités dans la première partie de la scène 4, puisdans la deuxième partie, au moment où Dorine intervient pour réconcilier les amants, c’est-à-dire àpartir du vers 753. Portez une attention particulière aux didascalies.La première partie a recours à un comique de situation où les amants se méprennent sur leurs véritablessentiments. Le comique de mots fait usage de répétitions : « Quoi ? sérieusement ? Oui, sérieusement. »(v. 691), de réponses laconiques et de stichomythies (v. 698-703). Le langage noble et soutenu de Valère,dans un style cornélien, frôle la parodie des tragédies (v. 722-740). Le comique de gestes réside dans lesmouvements et déplacements qui accompagnent les répliques : les didascalies des vers 744 et 751 illus-trent l’hésitation de Valère.La deuxième partie, s’amorçant avec l’intervention de Dorine qui entend réconcilier les amants (v. 753),offre un comique de situation et de gestes par la résistance que Valère et Mariane font semblant d’opposerà la servante. La course de Dorine vers Mariane, puis vers Valère, crée un ballet symétrique (didascaliesdes vers 763, 766 et 768). On observe aussi une contradiction entre les paroles et les gestes, alors queValère et Mariane disent douter de l’utilité de se réconcilier tout en donnant leur main à Dorine. En pre-nant la servante comme témoin de leur dispute, les deux amants poursuivent le jeu de leurs enfantillages.

16. a) Faites ressortir, dans les répliques de Mariane et de Valère, aux vers 693 à 753, les mots et lesexpressions du langage galant, voire précieux, et précisez comment ils contribuent à amplifier lecaractère dramatique de la situation.Dans les vers 693 à 753, Mariane et Valère s’accusent mutuellement de ne pas éprouver de sentimentsl’un pour l’autre dans un langage galant qui a recours aux figures d’atténuation comme la litote : « Vousn’aurez pas grand peine à le suivre » (v. 700), « La perte n’est pas grande » (v. 727), « cette lâchetéjamais ne se pardonne » (v. 733) ; l’euphémisme : « Et j’en sais de qui l’âme […] ma perte » (v. 725-726), « Un cœur qui nous oublie engage notre gloire » (v. 730), « Et je voudrais déjà que la chose fûtfaite » (v. 742). En revanche, l’usage d’expressions comme « les ardeurs de ma flamme » (v. 738), « Quicontraignez mon cœur à cet effort extrême » (v. 746), « Vous me voyez, c’est pour toute ma vie » (v. 750)amplifie le ressentiment que les amants tentent de dissimuler.b) Comparez ce langage à celui utilisé aux vers 788 à 791.Après s’être disputés de manière polie et civilisée tout en refoulant leurs véritables sentiments pour sauverla face, Valère et Mariane, que Dorine vient de réconcilier, s’insultent réciproquement en se traitant de

13

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

« méchante » (v. 789) et d’« homme le plus ingrat » (v. 791). Paradoxalement, ces insultes lancées ironi-quement sous forme de fausses questions, après la réconciliation, dédramatisent, voire banalisent, la scènede dépit amoureux dans laquelle les amants se sont complu.

Synthèse de l’ACTE II

1. Au cours de l’ACTE II, les personnages ont continué à dépeindre Tartuffe, qui ne s’est pas encoreprésenté sur scène. Faites ressortir les traits mis en valeur et montrez en quoi ils contribuent àsusciter l’intérêt du spectateur.Au cours de l’ACTE II, Orgon a vanté à Mariane les qualités de Tartuffe comme mari, alors que Dorine amis en valeur ses contradictions d’homme, à la fois dévot et vaniteux, qui risque de tromper Mariane.Après le portrait excessivement élogieux de Tartuffe par madame Pernelle et Orgon, et la charge desautres membres de la famille, qui ont pourfendu le parasite, le spectateur éprouve déjà une réelle antipa-thie à l’égard du personnage, et son intérêt consistera à mesurer la performance du héros dans l’art de lamanipulation et de la duplicité.

2. À la fin de l’ACTE II, peut-on enfin affirmer que l’exposition est achevée ? Justifiez.Non, car l’ACTE II n’a pas suffisamment fait progresser l’action. Même si on se doute qu’Orgon est sortiplus déterminé que jamais à conclure le mariage de Mariane et de Tartuffe, on ne connaît pas encore lesvraies intentions de ce dernier à ce sujet. En revanche, on soupçonne son désir de s’incruster dans lafamille par tous les moyens.

3. Démontrez que l’ACTE II est indispensable à la progression de l’action.L’ACTE II est indispensable à la progression de l’action parce qu’il clarifie les véritables intentionsd’Orgon (demeuré évasif à la fin de l’ACTE I), à l’égard du mariage forcé et son corollaire, le mariagecontrarié. De plus, il permet aux amants et à Dorine de faire front commun contre la menace qui planenon seulement sur le couple, mais sur toute la famille.

14

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE III

ACTE III, SCÈNES 1 ET 2

Compréhension

1. a) Quels traits de caractère Damis montre-t-il en présence de Dorine ?Venant d’être informé sur les intentions de son père de marier Mariane à Tartuffe, Damis se montre colé-rique et agressif à l’égard de l’hypocrite ; son entêtement à vouloir assister à l’entretien d’Elmire et deTartuffe donne l’image d’un enfant terrible et espiègle.b) Montrez en quoi ceux-ci s’opposent à l’attitude de Dorine dans cette situation.Les traits de caractère de Damis s’opposent à l’attitude de Dorine devenue plus prudente et calme dans lescirconstances, car elle est persuadée que seule Elmire peut intervenir favorablement auprès de Tartuffepour empêcher le mariage.

2. a) Quel ressort dramatique fait agir Damis dans cette scène ?La décision de son père de marier Mariane à Tartuffe constitue le ressort dramatique.b) Montrez en quoi son intervention est utile à la suite de l’action.L’intervention de Damis est utile à la suite de l’action, car elle annonce l’entretien d’Elmire et de Tartuffequ’il épiera caché dans l’armoire, à l’insu de Dorine.

3. Selon Dorine, pourquoi Elmire est-elle la personne toute désignée pour intervenir auprès deTartuffe ?Elmire est la personne désignée pour intervenir auprès de Tartuffe, car elle exerce un certain ascendantsur lui ; de plus, il « se rend complaisant à tout ce qu’elle dit » (v. 836) et pourrait bien être amoureuxd’elle.

4. a) Montrez à quoi sert la didascalie « apercevant Dorine » au début de la SCÈNE 2.La didascalie sert à préciser que Tartuffe commence à jouer son rôle de dévot, à composer son personnagedevant Dorine à qui la réplique, formulée en apparence à Laurent, s’adresse véritablement.b) En tenant compte de la réplique apparaissant aux vers 853 à 856, qu’est-ce que cette didascalierévèle du personnage de Tartuffe ?La didascalie révèle le désir de Tartuffe d’offrir une image de dévot qui se mortifie physiquement et quifait preuve de générosité, mais elle trahit sa duplicité ou son hypocrisie.

5. a) À quelles activités religieuses Tartuffe fait-il référence aux vers 853 à 856 ?Tartuffe fait référence aux châtiments corporels que s’infligent certains dévots pour expier leurs péchés.Les aumônes offertes aux prisonniers font allusion aux œuvres de charité des membres de la Compagniedu Saint-Sacrement.b) Compte tenu de ce que l’on a appris du personnage précédemment, ces pratiques de la vie dévotesont-elles crédibles ? Justifiez.Non. Ces pratiques en usage chez certains dévots ne sont pas crédibles, car Tartuffe s’exprime avecemphase à l’intention de Dorine. De plus, la mortification des sens est incompatible avec un homme qui« se porte à merveille » (v. 233) et fait honneur à la table d’Orgon. Même si les aumônes de Tartuffe sontréelles, elles sont sans doute ostentatoires et réalisées dans le but d’édifier, comme l’a décrit Orgon àl’ACTE II, vers 298.

15

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

6. Pourquoi Molière n’a-t-il pas mis en aparté la réplique de Dorine apparaissant au vers 857 ?D’abord, la réplique de Dorine illustre qu’elle n’est pas dupe du jeu de Tartuffe et qu’elle a compris quela réplique formulée devant Laurent visait à édifier une simple servante. Molière a créé, en fait, un demi-aparté, car Dorine, tout en se parlant à elle-même, souhaite que Tartuffe l’entende pour lui montrerqu’elle peut jouer un rôle dans sa comédie.

7. a) Quel principe de la vie dévote est offensé, selon Tartuffe, aux vers 858 à 862 ?Le principe de la vie dévote qui est offensé est la pudeur et la modestie en matière de tenue vestimentairede la part des femmes.b) Quels indices laissent croire que Tartuffe joue l’offensé ?Tartuffe joue l’offensé, car sa réaction devant le décolleté est autant exagérée dans ses gestes (« Il tire unmouchoir de sa poche », v. 858) que dans ses paroles : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir » (v. 860).

8. a) Expliquez le caractère paradoxal de la réplique de Tartuffe apparaissant au vers 875.La réplique de Tartuffe : « Hélas ! très volontiers » est paradoxale, car elle illustre à la fois la déception etl’enthousiasme de l’hypocrite à s’entretenir avec Dorine.b) Comment Dorine interprète-t-elle cette contradiction ?Dorine interprète cette contradiction comme une preuve que Tartuffe est amoureux d’Elmire, comme ellel’avait laissé entendre aux vers 84 et 837.

9. a) Pourquoi le personnage de Laurent est-il muet dans cette scène ?Le personnage est muet dans cette scène, voire invisible, car en tant que valet ou garçon, il est là pourobéir aux ordres de Tartuffe. Son silence évitera ainsi à Tartuffe le risque de se confier à celui qui, apriori, devrait être son seul allié ou son complice.b) Montrez à quoi il sert sur le plan dramatique.Sur le plan dramatique, Laurent sert de faire valoir à Tartuffe dont il est l’apprenti dévot. Dans le début dela SCÈNE 2, il permet à l’hypocrite de se mettre en scène devant Dorine.

10. a) Pourquoi Molière a-t-il retardé à L’ACTE III l’entrée en scène de Tartuffe ?Molière a retardé à l’ACTE III l’entrée en scène de Tartuffe pour susciter un suspense et piquer la curiositédu spectateur. Compte tenu de la difficulté de placer en situation un hypocrite au théâtre, Molière devaitfaire appel à d’autres personnages pour en offrir un portrait controversé. De plus, comme Tartuffe est unecréature d’Orgon, il était nécessaire de montrer d’abord le maître aveuglé avant l’hypocrite.b) Cette entrée est-elle à la hauteur des attentes du spectateur ? En d’autres termes, le personnageest-il conforme aux portraits qu’en ont brossé les autres personnages aux ACTES I et II ?L’entrée en scène de Tartuffe est tout à fait à la hauteur des attentes du public, car l’imposteur révèle à lafois sa duplicité de faux dévot et ses contradictions d’hypocrite prisonnier de son masque.

11. Pourquoi Molière a-t-il choisi Dorine pour présenter Tartuffe lorsqu’il apparaît sur scène pourla première fois ? Justifiez.Molière a choisi Dorine pour présenter Tartuffe parce qu’elle est probablement celle qui a le mieux percéà jour la duplicité de l’imposteur. Compte tenu de son statut de servante « forte en gueule » et dégourdie,elle peut mieux que quiconque soulever le masque de l’hypocrite et susciter le rire du spectateur quiperçoit dans ses propos le point de vue de Molière, mais dans un registre familier.

Écriture

12. a) Montrez en quoi la réplique de Dorine, aux vers 863 à 868, est comique et cinglante.La réplique de Dorine basée sur un comique de mots et de situation est hilarante, parce qu’elle faitcontraste avec le ton et le langage dévot de Tartuffe qui feint d’être scandalisé par le décolleté de laservante.

16

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

b) Identifiez et expliquez deux figures de style s’y trouvant.Dorine a recours à deux litotes : « Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte » (v. 866), signifiantqu’il lui faut du temps avant d’être excitée sexuellement ; « Que toute votre peau ne me tenterait pas »(v. 868), signifiant qu’elle aurait le dégoût de faire l’amour avec Tartuffe. Les expressions « bien tendre àla tentation », « la chair sur vos sens […] impression ? » (v.864-865) et « convoiter » (v.866) constituentdes euphémismes qui atténuent le caractère sexuel des propos de Dorine. Les substantifs « chair » et« peau » peuvent être considérés comme des synecdoques désignant respectivement les seins de Dorine etl’anatomie de Tartuffe.

13. Relevez les mots empruntés au champ lexical du corps dans la SCÈNE 2 et identifiez leursconnotations.Les mots « sein » (v. 860), « chair » (v. 864) et « peau » (v. 868), qui appartiennent au champ lexical ducorps, connotent la sensualité et la grivoiserie de Dorine.

ACTE III, SCÈNE 3

Compréhension

1. Montrez en quoi la sollicitude de Tartuffe à l’égard d’Elmire se distingue de l’attitude d’Orgon, àla SCÈNE 4 de l’ACTE I.La sollicitude de Tartuffe à l’égard d’Elmire se distingue par le fait qu’il se préoccupe de la santé de cettedernière au point où il en donnerait sa vie (v. 893), contrairement à Orgon qui, à la SCÈNE 4 de l’ACTE I,s’est montré indifférent au récit de Dorine concernant le malaise de sa femme.

2. a) Montrez en quoi les distiques 894-895, 897-898 et 903-904 que prononce Elmire peuventsembler équivoques aux yeux de Tartuffe.Les distiques que prononce Elmire peuvent sembler équivoques, car Tartuffe peut interpréter le désir d’unentretien secret comme une ouverture du cœur de la part de la maîtresse de maison. La reconnaissance dela sollicitude de Tartuffe (v. 895), la certitude de ne pas être épié (v. 898) et l’invitation à la confidence(v. 904) favorisent ce début de malentendu.b) Est-elle responsable de cette ambiguïté ? Justifiez.Oui, Elmire peut être responsable de cette ambiguïté. En effet, comme elle se doute que Tartuffe éprouvedes sentiments pour elle (allusion de Dorine au vers 84), elle doit gagner sa confiance pour obtenir qu’ilrenonce au mariage avec Mariane.

3. a) Pourquoi Elmire veut-elle s’entretenir en secret avec Tartuffe ?Elmire veut s’entretenir en secret avec Tartuffe pour ne pas éveiller les soupçons d’Orgon qui estdéterminé à marier sa fille avec l’imposteur.b) Quel ressort dramatique externe sous-tend son entretien ?Le ressort dramatique qui sous-tend son entretien est le renoncement de Tartuffe au mariage avec Marianequ’elle affectionne comme sa propre fille.

4. Montrez en quoi le comportement de Tartuffe à l’égard d’Elmire s’oppose à l’attitude qu’il a eueavec Dorine à la scène précédente.À la SCÈNE 2, Tartuffe a joué l’offensé pudibond devant Dorine à qui il a demandé de couvrir sa poitrine ;à la SCÈNE 3, en compagnie d’Elmire, il se montre bienveillant, entreprenant et sensuel en lui serrant lebout des doigts et en posant sa main sur son genou.

17

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

Écriture

5. Au début de la scène, aux vers 879 à 932, relevez les mots et les expressions empruntés au champlexical de la dévotion par Tartuffe et montrez comment ce vocabulaire devient de plus en plus am-bigu, voire paradoxal.Les mots et expressions « Ciel » (v. 879, 889 et 901), « bénisse vos jours » (v. 881), « prières » (v. 887),« grâce d’en haut » (v. 888), « dévote instance » (v. 889), « grâce singulière » (v. 905), « mon âme toutentière » (v. 906), « transport de zèle » (v. 910), « ma ferveur » (v. 913), « excès de zèle » (v. 914), « airmiraculeux » (v. 920) et « félicité » (v. 928) dénotent la dévotion de Tartuffe. Ce vocabulaire devient deplus en plus ambigu, surtout lorsque Tartuffe commence à se livrer à des attouchements sur Elmire. Ainsiles mots « zèle », « ferveur » et « félicité » suggèrent l’attirance de Tartuffe pour Elmire.

6. Montrez en quoi la drôlerie de ce début de scène relève du comique de caractère et du comiquede situation.Le comique de caractère réside dans la difficulté pour Tartuffe de concilier la dévotion et la sensualité, cequi se traduit par un comique de situation où les gestes sensuels sont en contradiction avec les paroles.

7. Identifiez et expliquez les procédés du comique de mots et du comique de gestes employés dans cedébut de scène, plus particulièrement aux vers 879 à 932.Le comique de mots apparaît dans l’équivoque de certains termes à caractère religieux qui prennent unecoloration de sensualité : « ma ferveur est telle » (v. 913), « par excès de zèle » (v. 914). On signale aussil’ambiguïté sémantique des expressions « l’ouvrage est merveilleux » (v. 919) et « les merveilleuxattraits » (v. 927) pour évoquer l’anatomie d’Elmire.L’ironie se retrouve dans les propos d’Elmire : « Et crois que mon salut vous donne ce souci » (v. 912),« Que fait là votre main ? » (v. 916), « vous n’aimez rien des choses de la terre » (v. 929), « je crois qu’auCiel tendent vos soupirs » (v. 931). Ces antiphrases qui visent à forcer Tartuffe à garder son masque dedévot prouvent qu’Elmire a saisi la concupiscence cachée de l’hypocrite.Le comique de gestes qui renforce le comique de mots se présente dans les attouchements de Tartuffe etdans le jeu des chaises (v. 918).

8. Que connotent les courtes répliques d’Elmire aux vers 914, 916 et 918 ?Ces courtes répliques, qui ont pour but de freiner les ardeurs de Tartuffe, connotent à la fois la coquetterieet la politesse d’Elmire. En effet, elle est flattée de l’intérêt que l’hypocrite lui porte, mais elle ne peutl’éconduire trop brutalement sans compromettre l’objet de son entretien.

9. Identifiez et expliquez les deux figures de style récurrentes apparaissant aux vers 926 à 932.La litote apparaît dans les expressions suivantes : « Ce n’est pas le bonheur après quoi je soupire »(v. 926) signifie que Tartuffe aspire à devenir l’amant d’Elmire ; « vous n’aimez rien des choses de laterre » (v. 929) signifie que Tartuffe déteste les biens matériels ; « Mon sein n’enferme pas un cœur quisoit de pierre » (v. 930) signifie que Tartuffe est un homme sensible, voire sensuel (les noms « sein » et« cœur » sont respectivement une synecdoque désignant toute la personne et une métonymie de l’affec-tivité ou des émotions ; le nom « pierre » est une métaphore pour évoquer la dureté, l’insensibilité) ;« rien ici-bas n’arrête vos désirs » (v. 932) signifie que les aspirations spirituelles de Tartuffe sont totale-ment détachées des préoccupations terrestres et matérialistes.L’antithèse apparaît aussi dans les expressions suivantes : « vous n’aimez rien » s’oppose à « Mon seinn’enferme pas un cœur » ; « au Ciel tendent vos soupirs » s’oppose à « rien ici-bas n’arrête vos désirs ».

18

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE III, SCÈNES 4 ET 5

Compréhension

1. a) Identifiez et justifiez le coup de théâtre survenant à la SCÈNE 4.L’irruption soudaine de Damis, caché dans l’armoire pendant la SCÈNE 3, constitue un coup de théâtrepour Elmire et Tartuffe parce qu’ils ne se doutaient pas qu’ils étaient épiés.

b) Quel geste d’Orgon, à l’ACTE II, quelle attitude de Damis, au début de l’ACTE III, et quelleréplique d’Elmire, à l’ACTE III, SCÈNE 3, ont préparé cet incident ou cette péripétie ?Pour le spectateur, la péripétie était prévisible, car le désir de Damis d’être présent à l’entretien (v. 847à 852), la méfiance d’Orgon (v. 428 à 430) et la certitude d’Elmire que personne ne les épie (v. 897-898)ont préparé le coup de théâtre.

2. Quel ressort dramatique interne fait agir Damis ?La colère et le désir de démasquer l’imposteur motivent la stratégie de Damis.

3. Montrez en quoi l’intervention de Damis est utile à la progression de l’action.Sans l’intervention de Damis, Elmire obtenait, en échange de son silence auprès d’Orgon, le renoncementde Tartuffe au mariage avec Mariane et précipitait le dénouement du mariage forcé. Mais l’irruption deDamis, qui entend révéler la déclaration d’amour de l’hypocrite et la connivence d’Elmire, devrait désa-buser Orgon, dont le silence à la SCÈNE 5 contribue au suspense. L’intervention de Damis détruit la straté-gie d’Elmire qui, pour éviter la confrontation, se retire par prudence, laissant le champ libre aux manœu-vres de Tartuffe.

4. a) Pourquoi Elmire refuse-t-elle de dénoncer Tartuffe et s’emploie-t-elle à calmer la colère deDamis ?Elmire refuse de dénoncer Tartuffe parce qu’elle reconnaît implicitement sa complaisance lors de l’entre-tien, bien qu’elle tente de le banaliser en se moquant des « sottises pareilles » (v. 1033). De plus, commeelle fuit les scandales, elle sait que la confrontation n’est pas la solution pour confondre l’imposteur. Ellesouscrit ici au principe de bienséance.b) Ses explications et son attitude révèlent quels traits de sa personnalité ?Ses explications et son attitude révèlent sa prudence et sa modération. Sa sortie avant l’interventiond’Orgon lui évite de confirmer les accusations de Damis contre Tartuffe et se ménage ainsi un secondentretien.

5. Pourquoi Tartuffe reste-t-il silencieux pendant ces deux scènes ?Tartuffe reste silencieux pendant les deux scènes afin d’évaluer le piège dans lequel il est tombé et d’éla-borer une solution pour s’en sortir. Il constate que Damis et Elmire n’étaient pas de connivence pour lepiéger ; il comprend que la colère du fils et le départ d’Elmire favorisent la comédie qu’il se prépare àjouer devant Orgon.

6. a) Pourquoi Elmire quitte-t-elle la scène avant d’entendre l’explication de Tartuffe ?Elmire quitte la scène parce qu’elle ne veut pas devoir confirmer les accusations de Damis, refusantd’avance toute confrontation.b) À qui profite cette sortie ? Justifiez.Cette sortie profite à Tartuffe, qui a toute latitude pour jouer sa comédie.c) À qui est-elle défavorable ? Justifiez.Elle est défavorable à Damis, dont la parole est mise en doute par Orgon, totalement attendri par la con-fession de Tartuffe.

19

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

7. Malgré le caractère bouillant et colérique de Damis, quel autre trait de personnalité son attituderévèle-t-elle dans les SCÈNES 4 et 5 ?Son attitude révèle sa franchise et sa loyauté à l’égard de son père outragé par les intentions de Tartuffede le cocufier.

Écriture

8. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1034.L’expression « jamais d’un mari n’en trouble les oreilles » est une litote qui signifie qu’Elmire veille aubien-être d’Orgon en lui évitant le récit des sottises de Tartuffe. Le substantif « oreilles » peut être consi-déré comme une synecdoque désignant toute la personne qui a des oreilles pour entendre.

9. Montrez en quoi la connotation du substantif « Ciel », employé par Damis aux vers 1023 et 1044,se distingue de celle que lui donne Tartuffe dans la SCÈNE 3.Bien que le substantif « Ciel » constitue la métonymie de Dieu autant pour Damis que pour Tartuffe, ilacquiert une connotation moins religieuse ou dévote dans les propos de Damis qui semble y faire res-sortir un trait d’ironie.

10. Identifiez et expliquez l’ironie de Damis à la SCÈNE 5.Les vers 1055 à 1059 contiennent l’ironie où Damis affirme à son père que Tartuffe vient de lui témoignerune grande marque d’amitié en échange de son affection. Par antiphrases, il sous-entend que l’hypocrite atrahi la confiance d’Orgon en voulant suborner sa femme.

11. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1062.Le substantif « flamme » est une métaphore qui signifie que la passion amoureuse est comparée à uneflamme, à un feu brûlant.

12. Montrez à qui réfèrent les pronoms personnels « nous » au vers 1070.Les deux pronoms personnels « nous » réfèrent à toutes les femmes, dont Elmire fait partie.

ACTE III, SCÈNES 6 ET 7

Compréhension

1. a) À quelle astuce a recours Tartuffe pour se sortir de l’impasse dans laquelle il s’est engagé à laSCÈNE 3 ?Pour se sortir de l’impasse, Tartuffe, après un long silence, confesse sa culpabilité en s’accusant de tousles péchés du monde, en général dans un langage hyperbolique et d’une manière théâtrale.b) Montrez en quoi cette stratégie lui est favorable ; en d’autres termes, faites voir comment elleagit efficacement sur Orgon.Cette stratégie agit efficacement sur Orgon qui, en tant que faible pécheur lui-même, ne peut qu’êtreattendri par l’extrême humilité de Tartuffe dont la confession, même dans ses aspects véridiques, ne peutêtre considérée comme vérité. Orgon y voit donc la preuve de l’innocence de Tartuffe.

2. Faites ressortir les aspects contradictoires ou paradoxaux de la SCÈNE 6.Les aspects contradictoires de la SCÈNE 6 résident dans les propos de Tartuffe qui s’accuse de tous lespéchés sans évoquer celui qu’il vient de commettre et dont l’accuse Damis. Tartuffe recommande à Orgonde croire à la parole de son fils pour mieux la discréditer ; il dit la vérité sur sa vraie nature de scélératpour laisser croire à son innocence (v. 1074-1078 et 1094-1104) ; il réclame un châtiment sévère pour

20

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

obtenir la clémence d’Orgon (v. 1105-1106) ; il prend la défense de Damis pour mieux attiser la colère dupère contre son fils (v. 1112-1116).

3. Identifiez les vers où se trouvent les vérités que dit Tartuffe à propos de lui-même. Expliquez leurefficacité rhétorique.Les vers 1074 à 1078 illustrent la vérité de Tartuffe sur lui-même. Leur efficacité rhétorique réside dans lelangage hyperbolique (« Le plus grand scélérat […] ait été », « un amas de crimes et d’ordures ») et dansles expressions généralisantes comme « Chaque instant de ma vie » qui, paradoxalement, atténuent oucontournent le vrai crime dont Tartuffe est accusé.Dans les vers 1093 à 1106, Tartuffe formule quatre questions auxquelles il donne des réponses qui révè-lent son hypocrisie (« vous vous laissez tromper à l’apparence ») et sa médiocrité (« je ne vaux rien »). Deplus, son intervention connotée de paternalisme (« mon cher fils ») et suivie de l’énumération (« deperfide […] d’homicide ») renforcent l’hyperbole qui culmine au vers 1106 par « aux crimes de ma vie ».

4. Parmi tous les péchés dont s’accuse Tartuffe, pourquoi ne mentionne-t-il pas celui que Damis luireproche, c’est-à-dire la subornation ou la tentative de séduction d’Elmire ?Tartuffe évite de mentionner le crime dont Damis l’accuse afin de mieux le diluer dans des formulesgénéralisantes et hyperboliques, qui auront pour effet d’impressionner Orgon et d’attiser la colère deDamis que le père s’emploiera à faire taire.

5. Quel ressort dramatique pousse Orgon à refuser la confession de Tartuffe et à s’en prendre àDamis ?L’aveuglement d’Orgon, qui ne voit que dévotion, humilité et sainteté chez Tartuffe, le pousse à refuser laconfession de ce dernier. Ce qui le motive à s’en prendre à Damis, c’est la conviction que son fils et lesmembres de sa famille détestent le dévot contre lequel ils se déchaînent (v. 1118-1122). Le désir d’impo-ser son autorité paternelle constitue aussi un ressort dramatique (v. 1129-1132).

6. Identifiez les raisons pour lesquelles le personnage d’Orgon devient de plus en plus antipathique,alors que Damis suscite la pitié du spectateur.Orgon devient de plus en plus antipathique, car son aveuglement pour Tartuffe l’empêche de constater laloyauté de Damis qui ne vise qu’à servir les intérêts de son père. Damis suscite notre pitié, car le châti-ment qu’il espérait infliger à l’imposteur se retourne contre lui qui est chassé par Orgon, sans répliquer.

7. Montrez comment les SCÈNES 6 et 7 constituent, pour Tartuffe, une comédie dans la comédie quitend vers le drame, voire la tragédie.En habile comédien, Tartuffe joue dans les SCÈNES 6 et 7 sa plus belle et sa plus efficace prestationd’hypocrite devant Damis qui n’est pas dupe et Orgon complètement médusé. L’art de l’imposteur con-siste presque à « surjouer » devant son hôte de manière à l’éblouir, tout en discréditant le fils. Bien que lespectateur s’amuse du jeu ridicule, voire burlesque, de Tartuffe, il prend conscience du drame qui accableDamis chassé par son père.

8. Quelles sont les conséquences du stratagème machiavélique de Tartuffe sur Damis, sur Mariane,sur Elmire et sur l’ensemble de la famille ?Damis est chassé par son père qui le déshérite et lui donne sa malédiction ; Mariane sera mariée à Tartuffe« dès ce soir » (v. 1128) ; Elmire sera exposée aux fréquentations de Tartuffe, ce qui rendra Orgon plusvulnérable au cocuage (v. 1174) ; finalement, toute la famille devra supporter le pouvoir renforcé del’imposteur dont la donation qu’il reçoit laisse poindre un péril éventuel.

9. Quel ressort dramatique interne motive les décisions d’Orgon à la SCÈNE 7 ?D’abord aminé par la colère contre Damis, à la SCÈNE 6, Orgon, à la SCÈNE 7, supplie Tartuffe de demeu-rer chez lui, en dépit de toutes les difficultés auxquelles il aura à faire face, car le dévot représente desvaleurs spirituelles vitales pour lui (v. 1165). En outre, c’est un plaisir malsain, voire sadique, de « [f]aireenrager le monde » (v. 1173) qui pousse Orgon à demander à Tartuffe de fréquenter sa femme, et c’est le

21

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

désir de « mieux braver » les siens (v. 1175) qui l’amène à « faire de [s]on bien donation entière »(v. 1178).

10. a) Montrez comment les propos d’Orgon, aux vers 1179 et 1180, révèlent la perspicacité démon-trée par Dorine à l’ACTE I, SCÈNE 2.La perspicacité de Dorine est apparue aux vers 185 à 190 où elle soutenait que son maître éprouvait plusd’affection pour Tartuffe que pour tous les membres de sa famille.b) Précisez la connotation que prend la confidence d’Orgon dans cette seule scène d’intimité avecTartuffe.La confidence d’Orgon, dans cette seule scène d’intimité avec Tartuffe, connote non seulement l’amitié etla tendresse, mais une forme de passion amoureuse entremêlée de fanatisme et de déraison.

11. a) À quelle situation précédente l’expression « Le pauvre homme ! », au vers 1183, fait-elleréférence ?L’expression fait référence à la répétition d’Orgon à la SCÈNE 1 de l’ACTE IV.b) Montrez en quoi cette expression résume ironiquement le destin qui lie désormais Orgon etTartuffe.L’expression résume ironiquement le destin qui lie les deux personnages, car, même si Orgon s’apitoieréellement sur le sort de Tartuffe qu’il considère comme un homme éprouvé par la vie, il ne se doute pasque l’imposteur est désormais un homme riche grâce à la donation. Le véritable pauvre homme, c’estfinalement Orgon qui vient de sacrifier son bien et faire preuve d’une imprudence digne d’un pauvreimbécile.

Écriture

12. Quels procédés du comique de caractère, de situation et de gestes sont exploités dans lesSCÈNES 6 et 7 ? Expliquez-les.Le comique de caractère met en valeur les contradictions d’Orgon qui se prétend dévot alors qu’il s’em-porte contre son fils qu’il chasse et déshérite injustement, trop ébloui par la confession de l’hypocrite. Lecomique de situation réside dans l’inversion des rôles de Damis et de Tartuffe, où celui qui veut démas-quer et châtier se voit confondu et puni, et celui qui s’affirme coupable obtient l’innocence et la récom-pense. Le comique de gestes apparaît dans l’attitude d’Orgon qui tente de faire taire son fils et le chasseen réclamant le bâton de la farce (v. 1135). Sa course « tout en larmes par la porte où il chasse son fils »(v. 1149) suivie de la scène d’intimité avec Tartuffe qu’il implore de rester tombent dans le ridicule,surtout si on imagine les deux personnages à genoux dans les bras l’un de l’autre.

13. a) À quelle figure de style d’amplification, à la SCÈNE 6, Tartuffe a-t-il recours dans saconfession ?Dans sa confession, Tartuffe a recours à l’hyperbole qui lui permet d’amplifier le portrait de pécheur qu’ilbrosse pour impressionner Orgon, de dissimuler son véritable crime et d’obtenir le pardon.b) Relevez-en quatre exemples et expliquez-les brièvement en faisant ressortir leur efficacité sur leplan du comique de mots.L’énumération « un méchant, un coupable […] Le plus grand scélérat qui jamais ait été » (v. 1074-1076),les métaphores « chargé de souillures […] amas de crimes et d’ordures » (v. 1077-1078), l’accumulationd’adjectifs et de noms d’injures, « de perfide/D’infâme, de perdu, de voleur, d’homicide » (v. 1101-1102),et l’expression « la peine la plus dure », antithèse de « la moindre égratignure » (v. 1113-1114), relèventdu comique de mots par l’ambiguïté sémantique qui apparaît entre la part d’exagération et la part devérité. La franchise de Tartuffe aux vers 1094 à 1101 illustre son habileté à jouer avec l’être et le paraître.

22

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

14. Que connote l’emploi du pronom « on » dans les propos qu’Orgon adresse à Damis auxvers 1131, 1132, 1136 et 1137 ?Le pronom « on » réfère à un « tu », c’est-à-dire à Damis ; dans le contexte, il connote une certainedistance que tient à prendre Orgon vis-à-vis son fils à qui il veut imposer son autorité.

15. a) Quel personnage historique Tartuffe parodie-t-il dans les vers 1142 et 1182 ? Justifiez.Dans ces deux vers, Tartuffe parodie la prière du Notre Père : « Pardonnez-nous nos offenses commenous pardonnons […] » et « Que ta volonté soit faites sur la terre comme au ciel ».b) Montrez en quoi ce procédé comique a pu offusquer les dévots et les membres du clergé auXVIIe siècle.Ce procédé comique tournant en dérision une prière du Christ a pu offusquer les dévots et le clergé quis’objectaient contre l’intrusion du sacré et de la religion dans les comédies. De plus, ces paroles étant pro-noncées par un scélérat choquaient d’autant, ce qui amena Molière, semble-t-il, à modifier le vers 1142(voir la note au bas de page du texte).

16. Identifiez et expliquez le procédé comique employé au vers 1166.Il s’agit de l’ironie, car, bien que Tartuffe dise accepter l’épreuve qu’il s’impose en demeurant dans lamaison d’Orgon, il apprécie avec joie tous les avantages dont il continuera de profiter.

Synthèse de l’ACTE III

1. Identifiez les péripéties de l’ACTE III qui ont contribué à resserrer le nœud de l’action.Vois le schéma narratif ou événementiel (page 208).

2. Brossez le portrait de Tartuffe en faisant ressortir l’art du comédien chez lui.L’art du comédien chez Tartuffe apparaît à trois reprises :

1. L’hypocrite pudibond devant Dorine (SCÈNE 2) ;2. Le dévot amoureux auprès d’Elmire (SCÈNE 3) ;3. Le pécheur innocent devant Orgon (SCÈNES 6 et 7).

23

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE IV

ACTE IV, SCÈNE 1

Compréhension

1. a) Quel est l’objectif de Cléante lors de son entretien avec Tartuffe ?Cléante espère persuader Tartuffe de pardonner à Damis son méfait, de réconcilier le père et le fils et,surtout, de renoncer à la donation.b) L’atteint-il ? Justifiez.Non, Cléante n’atteint pas son objectif, car, bien que Tartuffe soutienne avoir pardonné à Damis (v. 1203-1206), il refuse de vivre sous le même toit que lui (v. 1208-1232) et accepte la donation (v. 1241-1248).c) Montrez en quoi sa stratégie ou son argumentation ressemble à celle d’Elmire à l’ACTE III,SCÈNE 3.La stratégie de Cléante ressemble à celle d’Elmire dans la mesure où elle consiste d’abord à invoquer lesvaleurs chrétiennes tout en feignant de croire que Tartuffe est un vrai dévot (v. 1185-1228). Devantl’échec, Cléante passe à l’attaque en lui reprochant d’accepter injustement la donation, ce qui enfermeTartuffe dans ses contradictions et l’oblige à dévoiler sa cupidité.

2. Quel ressort dramatique sous-tend l’entretien ? En d’autres termes, quelle motivation animerespectivement Cléante et Tartuffe?Le ressort dramatique qui sous-tend l’entretien est, pour Cléante, l’intention de confondre l’hypocrite ou,du moins, de le forcer à révéler ses contradictions et est, pour Tartuffe, le désir de se défendre et deconserver ses privilèges.

3. Montrez comment Cléante parvient à pousser Tartuffe dans ses retranchements, à le forcer àdévoiler malgré lui ses contradictions d’homme soi-disant dévot qui manque à la charité chrétienne.Cléante parvient à pousser Tartuffe dans ses retranchements en l’invitant à faire « de céans une honnêteretraite » (v. 1262), c’est-à-dire de vivre discrètement dans la maison d’Orgon, en harmonie avec le fils. Àce dernier argument, l’imposteur n’a pour toute réplique que l’excuse de son « devoir pieux » (v. 1266-1268), ce qui interrompt l’entretien, mais souligne son ambition qu’il a du mal à dissimuler.

4. Montrez en quoi les propos de Tartuffe se distinguent de ceux qu’il tenait devant Orgon à lascène 7 de l’ACTE III.Les propos que Tartuffe tenait à Orgon, à la SCÈNE 7 de l’ACTE III, évoquaient la possibilité, pour l’im-posteur, de quitter la maison afin d’éviter la confrontation avec la famille (v. 1153-1154 et 1163-1164) ; àl’ACTE IV, devant Cléante, il attribue à autrui ses propres calculs pour justifier son refus de vivre sous lemême toit que Damis (v. 1211-1216), et il invoque le Ciel qui guide sa conduite (v. 1232).

5. Relevez, dans les répliques de Tartuffe, les vers qui illustrent sa duplicité, son hypocrisie, voireses manigances machiavéliques, notamment en ce qui a trait à la donation.Dans les vers 1237 à 1248, Tartuffe soutient son désintérêt pour la donation qu’il a acceptée dans le butd’en faire un usage charitable. Cléante se doute bien que l’imposteur a l’intention d’en faire un usagecriminel.

24

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

6. Montrez en quoi cette donation constitue une nouvelle étape dans la stratégie d’ascension socialede Tartuffe. Identifiez les étapes précédentes et faites voir en quoi cette dernière leur est supérieure.La donation constitue une nouvelle étape dans la stratégie d’ascension sociale de Tartuffe, car elle luipermet de se substituer au fils déshérité et de se rapprocher de son objectif qui est de remplacer Orgondans son statut de maître et propriétaire.Les étapes précédentes ont été l’installation dans la maison d’Orgon, la promesse de mariage avecMariane, la possibilité de cocufier le mari et la répudiation de Damis. La donation est supérieure à toutesces étapes, car elle rend Orgon plus vulnérable et l’expose aux abus de l’imposteur.

7. Qu’est-ce qui pousse Tartuffe à évoquer le prétexte de l’heure de sa prière pour mettre fin à laconversation ?Tartuffe évoque ce prétexte, car il est à court d’arguments pour répliquer à Cléante qui le presse d’agir envéritable chrétien en acceptant de vivre honnêtement dans la maison d’Orgon.

8. Combien de temps s’est-il écoulé depuis la fin de l’ACTE III ? Justifiez.Comme il est trois heures et demie à la fin de la SCÈNE 1, on peut compter au moins deux heures depuis lafin de l’ACTE III. En effet, pendant l’entracte, Orgon a dû se rendre chez le notaire pour rédiger l’acte dedonation (v. 1177-1178) et obtenir le contrat de mariage (v. 1277).

Écriture

9. Montrez comment l’argumentation de Tartuffe est basée sur une idéologie religieuse auxraisonnements spécieux, c’est-à-dire qui n’ont que l’apparence de la vérité. Pour ce faire, relevez laprésence du mot « Ciel » dans les répliques de Tartuffe et précisez-en les connotations.La présence du mot « Ciel » dans les répliques de Tartuffe (v. 1207, 1230, 1232 et 1248) connote la res-ponsabilité pour tout dévot de veiller aux intérêts de Dieu, de défendre les valeurs chrétiennes dont lepardon et la charité, des principes auxquels l’imposteur ne souscrit pas. Les ordres du Ciel auxquels pré-tend obéir Tartuffe soulignent une conduite proche d’une forme d’intégrisme religieux.

10. Montrez comment la présence du mot « Ciel », dans les répliques de Cléante, contribue àl’ironie du discours.Le substantif « Ciel » et les pronoms personnels « il » et « lui », dans les répliques de Cléante (v. 1219-1222, 1224, 1227, 1233 et 1259), contribuent à l’ironie du discours. En effet, en recourant au mêmevocabulaire dévot, le raisonneur prouve à son adversaire qu’il n’est pas dupe de ses sophismes et qu’ildoit pousser jusqu’au bout sa logique et sa soumission à Dieu.

11. Identifiez et expliquez deux des figures de style d’atténuation apparaissant aux vers 1237à 1248.Les vers 1239 et 1240, « Tous les biens […] peu d’appas […] je ne m’éblouis pas », constituent une litotepar laquelle Tartuffe prétend qu’il est totalement détaché des biens matériels ; les vers 1241 et 1242, « Etsi je me résous […] me faire », peuvent être interprétés comme un euphémisme pour atténuer la manipu-lation de Tartuffe afin d’obtenir la donation.

12. Identifiez et expliquez deux des figures de style de substitution apparaissant aux vers 1237à 1248.L’expression « méchantes mains » (v. 1244) est une synecdoque où la partie du corps est employée poursignifier toute la personne méchante ; le substantif « Ciel » (v. 1248) est une métonymie par laquelle lelieu de l’au-delà désigne l’être divin qui l’habite.

25

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE IV, SCÈNES 2, 3 ET 4

Compréhension

1. Montrez comment les SCÈNES 2 et 3 tendent vers le drame, voire la tragédie, notamment pour lepersonnage de Mariane. En d’autres termes, faites voir comment l’attitude d’Orgon face à Damis àl’ACTE III, puis maintenant face à sa fille, fait monter d’un cran l’intensité dramatique de l’action.La SCÈNE 2, qui sert de transition pour annoncer Orgon, donne le ton du drame qui se dessine à laSCÈNE 3. Après avoir chassé et déshérité Damis à l’ACTE III, Orgon brandit le contrat de mariage qu’ilimpose à sa fille. À genoux et désespérée, Mariane implore, à la manière des héroïnes des tragédies grec-ques comme Iphigénie, un père inflexible. Pour attendrir son cœur, elle invoque le « Ciel » (v. 1279, 1284et 1300), fait allusion au suicide (v. 1291) et propose le don de son bien (v. 1296) et le sacrifice ducouvent en échange du mariage (v. 1299-1300), ce qui a pour effet de rendre Orgon plus cruel encore.

2. a) Identifiez et expliquez les vers prononcés par Orgon qui illustrent sa cruauté, voire sonsadisme, à l’égard de Mariane.Les vers 1303 à 1305 illustrent la cruauté d’Orgon à l’égard de Mariane, car le mariage avec Tartuffe luiest imposé comme une épreuve ou une pénitence par laquelle elle pourra expier ses fautes.b) Comparez son attitude à celle qu’il a évoquée aux vers 275 à 279 de l’ACTE I.À l’ACTE I, Orgon affirme être devenu indifférent à l’amitié et insensible à la mort des siens ; à l’égard deMariane, il faut preuve non seulement d’insensibilité, mais de cruauté, voire de sadisme.

3. Montrez, par ses deux répliques, aux vers 1279 à 1300, comment Mariane reste fidèle au rôle devictime ou d’héroïne tragique qu’elle a précédemment adopté à l’ACTE II, SCÈNE 3.Mariane reste fidèle à son rôle de victime ou d’héroïne tragique, qu’elle a adopté avec Dorine à l’ACTE II,en suppliant son « père absolu » et en invoquant le Ciel en présence d’Elmire, laquelle se retrouve dansune situation analogue à celle de Clytemnestre, la mère d’Iphigénie. L’évocation du suicide, l’esprit desacrifice devant le destin, le ton élégiaque de la plainte mènent le personnage tragique à la limite de laparodie.

4. a) Quel ressort dramatique motive la conduite d’Orgon dans ses répliques respectivementadressées à Dorine, à Cléante et à Elmire ?La réplique d’Orgon à Dorine (v. 1307-1308) est motivée par la rancœur contre la servante qui l’a épuisépar ses interruptions et son insolence à l’ACTE II ; celle qu’il adresse à Cléante (v. 1310-1312) est inspiréepar le refus des leçons et conseils de son beau-frère ; celle qu’il destine à Elmire (v. 1317-1322) est inspi-rée par la déception qu’il ressent vis-à-vis la connivence de sa femme et de son fils contre Tartuffe.b) Pourquoi se montre-t-il si prompt à l’égard de Dorine et ironique à l’égard de Cléante etd’Elmire ?Orgon est prompt à l’égard de Dorine, car elle est une servante indisciplinée ; il est ironique à l’égard deCléante et d’Elmire, car ils appartiennent à la même classe sociale que lui.

5. Montrez, par sa réplique, aux vers 1323 à 1336, comment Elmire reste fidèle à la première expli-cation qu’elle a donnée à Damis, à l’ACTE III, vers 1029 à 1034, et à Orgon, aux vers 1067 à 1072.Par sa réplique, aux vers 1323 à 1336, Elmire rappelle qu’elle s’est moquée de la déclaration de Tartuffe,qu’elle a horreur des débordements et qu’elle privilégie la modération, comme elle l’a expliqué précé-demment à Damis et à Orgon.

6. Que signifient les paroles d’Orgon aux vers 1321-1322 et au vers 1337 ?Dans les vers 1321 et 1322, Orgon sous-entend que le silence d’Elmire concernant l’attaque de Damiscontre Tartuffe a joué contre elle et que, si elle avait assisté à la suite de la confrontation, elle aurait étéobligée d’admettre sa complicité avec son fils. Au vers 1337, Orgon prétend qu’il connaît le fond de toutecette affaire, qui implique Elmire, Damis et Tartuffe, et qu’il n’est pas dupe des explications de sa femme.

26

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

7. a) Quelles qualités Elmire met-elle en valeur devant Orgon dans sa présentation du stratagème ?Les qualités d’Elmire sont la ruse, la perspicacité à saisir les faiblesses du cœur humain (v. 1357-1358), lapudeur mêlée à la hardiesse (v. 1369-1376) et la loyauté (v. 1385).b) Ces qualités sont-elles en accord ou en contradiction avec celles que doit posséder une femme dela classe d’Elmire ? Justifiez.A priori, ces qualités ne sont pas en accord avec celles d’une grande bourgeoise qui prône la modération,mais c’est par fidélité à son mari qu’Elmire, en désespoir de cause, se prête à un jeu dangereux où lacoquetterie, le mensonge et la comédie la conduiront à deux pas de l’adultère.

8. a) Quels arguments Orgon évoque-t-il pour s’objecter à la proposition d’Elmire ?Orgon n’a pas d’arguments pour s’objecter à la proposition d’Elmire, car il est persuadé que Tartuffe nepeut être un imposteur (v. 1348-1349).b) Que propose Elmire pour tenter de le convaincre ?Elmire propose à Orgon d’être témoin d’un entretien qu’elle aura avec Tartuffe et au cours duquel l’hypo-crite révélera clairement son vrai visage (v. 1342-1347 et 1349-1352).

9. Montrez en quoi la situation ou la position dans laquelle Orgon doit se placer est paradoxale, enapparence, par rapport à l’objectif visé par Elmire, qui est de lui faire voir la vérité. En d’autrestermes, identifiez le sens qu’Elmire entend solliciter chez Orgon pour lui révéler la vérité surTartuffe.La position dans laquelle Orgon se place est paradoxale, car il doit se cacher sous la table où il ne verrarien, mais entendra Tartuffe révéler à Elmire sa véritable nature d’imposteur.

10. a) Pourquoi Elmire est-elle si confiante en la réussite de son stratagème ?Elmire est confiante, car elle connaît les faiblesses du cœur de Tartuffe qui est amoureux d’elle (v. 1357-1358).b) Montrez en quoi cette ruse constitue le dernier espoir de mettre un terme à l’aveuglementd’Orgon et ainsi d’empêcher le mariage forcé.Cette ruse constitue le dernier espoir de mettre fin à l’aveuglement d’Orgon, car le mariage forcé deMariane avec Tartuffe est imminent.

11. a) Quelles recommandations Elmire fait-elle à Orgon pour justifier la conduite qu’elle entendadopter auprès de Tartuffe ?Elmire prévient Orgon qu’il ne doit pas se scandaliser des moyens auxquels elle aura recours pour séduireTartuffe et le démasquer (v. 1370-1376).b) Pourquoi lui fait-elle comprendre qu’il a le plein pouvoir d’interrompre le jeu au moment où il lejugera bon ?Elle lui fait comprendre qu’il a le plein pouvoir d’interrompre le jeu afin qu’il assume totalement laresponsabilité de la situation délicate dans laquelle elle s’engage et qui risque de le cocufier malgré elle.

Écriture

12. Relevez les mots et les expressions empruntés au champ lexical de la vue, à partir du vers 1340,et montrez en quoi ils constituent l’élément essentiel du stratagème d’Elmire.Le champ lexical de la vue comprend les expressions suivantes : « Si l’on vous faisait voir » (v. 1340),« De vous le faire voir avec pleine lumière » (v. 1342), « On vous fit clairement tout voir » (v. 1346), « jevous fasse témoin » (v. 1352), « Gardez qu’on ne vous voie » (v. 1365), « gardez de paraître » (v. 1386).Bien que le stratagème plonge Orgon dans l’obscurité sous la table où il est caché et à l’abri du regard deTartuffe, le champ lexical du verbe voir, dont le sens est métaphorique puisqu’il renvoie à l’idée d’en-tendre et de comprendre, constitue l’élément essentiel du stratagème d’Elmire pour mettre fin à l’aveugle-ment de son mari.

27

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

13. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1350.Le substantif « bouche » est une synecdoque par laquelle la partie du corps qui prononce les parolesmensongères signifie toute la personne qui ment.

14. Montrez en quoi le stratagème d’Elmire relève de la farce.Le stratagème relève de la farce classique, car Orgon fait preuve de complaisance à l’égard de sa femmequi risque de le cocufier avec un invité.

15. a) Relevez et expliquez, à la SCÈNE 4, les mots et les expressions empruntés au champ lexical dela séduction dans les propos d’Elmire et montrez de quelle figure de style ils relèvent.Le champ lexical de la séduction comprend les expressions « Je vais par des douceurs » (v. 1373), « Flat-ter de son amour les désirs effrontés » (v. 1375), « Et donner un champ libre à ses témérités » (v. 1376),« mon âme à ses vœux va feindre de répondre » (v. 1378), qui relèvent de l’euphémisme pour atténuerl’invitation à la débauche à laquelle Elmire va convier Tartuffe.b) Faites voir en quoi ce vocabulaire respecte la règle de la bienséance du théâtre classique.Ce vocabulaire respecte la règle de la bienséance du théâtre par le recours à l’allusion et à l’analogie, quisous-entendent la réalité sans la nommer explicitement.

ACTE IV, SCÈNES 6, 7 ET 8

Compréhension

1. Quelle nouvelle opinion Orgon a-t-il de Tartuffe ? Comparez son vocabulaire à celui qu’il a uti-lisé précédemment au sujet de Tartuffe, à l’ACTE I, et montrez en quoi il sait encore donner dansl’excès ou la démesure.Orgon reconnaît en Tartuffe un traître et un scélérat en recourant à des expressions hyperboliques comme« abominable homme » (v. 1529) et « rien de plus méchant n’est sorti de l’enfer » (v. 1535), qui s’oppo-sent au « pauvre homme » (v. 235) et à la « sainte personne » (v. 1141) qu’il a vénéré précédemment.

2. Faites ressortir les ressemblances et les différences qui existent entre la SCÈNE 7 de l’ACTE IV et laSCÈNE 4 de l’ACTE III.Dans les deux scènes, on retrouve un individu caché (Damis et Orgon) qui épie et qui surprend Tartuffeavec Elmire, laquelle tente de justifier sa conduite. Damis et Orgon veulent se venger ; le premier, endénonçant à son père la subornation de l’imposteur, est réprimandé et chassé de la maison paternelle ; lesecond refuse l’explication de Tartuffe qu’il expulse, réhabilitant ainsi son fils banni.

3. a) Quels vers, prononcés par Orgon, illustrent son explication pour le retard qu’il a mis à semanifester, à sortir de sous la table ?Les vers 1547 et 1548 : « J’ai douté […] qu’on changerait de ton. »b) Quel éclairage cette explication apporte-t-elle quant au caractère d’Orgon ?Comme Orgon a espéré jusqu’à la dernière minute que Tartuffe reviendrait à de meilleurs sentiments, il arefusé de croire ce qu’il entendait, parce que la vérité lui était insupportable. Son entêtement ou son aveu-glement s’est maintenu même dans l’évidence.

4. Pourquoi Elmire justifie-t-elle sa conduite auprès de Tartuffe aux vers 1551 et 1552 ?Elmire justifie sa conduite auprès de Tartuffe pour sauvegarder la bienséance interne qui lui permet derester une femme honnête et distinguée.

28

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

5. a) Quelle excuse tente d’invoquer Tartuffe au vers 1553 ?Par la question qu’il amorce, on peut supposer que Tartuffe tente d’insinuer que ce que vient d’entendreOrgon était une comédie, de sa part, pour mettre à l’épreuve la fidélité d’Elmire.b) Complétez la phrase interrompue de Tartuffe, au vers 1555, et justifiez votre réponse.« Mon dessein… » était pur et bien intentionné, car il visait à m’assurer de la fidélité de votre épouse.Cette réplique est tout à fait vraisemblable, compte tenu que le personnage a su précédemment faire appelà la casuistique pour justifier son comportement (v. 1485-1496).

6. a) Montrez en quoi le stratagème d’Elmire apparaît comme une réussite. Précisez les dangersqu’il a permis d’éviter.Le stratagème d’Elmire est une réussite, car il a mis fin à l’aveuglement d’Orgon, écarté le mariage forcéde Mariane, dissipé la menace d’adultère d’Elmire et rétabli Damis dans ses droits légitimes.b) En revanche, montrez et expliquez comment ce succès éphémère crée deux nouveaux dangers.Ce succès, qui révèle le vrai visage de l’imposteur et qui contribue à son expulsion de la maison, pro-voque un revirement de situation où Orgon se voit sommé de quitter son domicile à cause de la donation(v. 1557-1558) et laisse poindre une menace par l’allusion faite à une « certaine cassette » (v. 1562-1572).

7. a) Identifiez et expliquez le coup théâtre survenant à la SCÈNE 7.Le coup de théâtre apparaît dans la réplique de Tartuffe qui, chassé sur-le-champ de la maison par Orgon,exhorte ce dernier à en « sortir » (v. 1557-1558).b) Faites ressortir son caractère dramatique.La situation devient dramatique, car, au moment où l’on attendait le dénouement, c’est-à-dire l’expulsionde l’imposteur, Orgon se retrouve escroqué et dépossédé de ses biens à cause de la donation.

8. a) À quoi sert la dernière réplique d’Orgon aux vers 1571 et 1572 ?La dernière réplique d’Orgon contribue à maintenir un certain suspense et à assurer la transition avec ledernier acte où l’action sera relancée.b) À qui ou à quoi réfère la cassette dont il parle ?La cassette réfère à Argas, auquel elle appartenait et qui l’a « mis entre les mains d’Orgon » avant de fuir(voir l’ACTE V, SCÈNE 1, vers 1579 à 1583).c) En a-t-il déjà été question dans les scènes précédentes ?Non, c’est la première fois qu’il est question de cette cassette.

9. Montrez que, même une fois démasqué, Tartuffe reprend aussitôt son masque pour continuer decomposer le personnage qu’il a joué depuis le début.Tartuffe n’avoue pas être pris en flagrant délit de subornation. On peut présumer qu’il évoquerait lacasuistique pour justifier son comportement. De plus, il invoque le Ciel pour nourrir son désir de ven-geance contre Orgon qui lui fait injure.

Écriture

10. a) Justifiez les deux répliques d’Elmire à la SCÈNE 6.Dans ses deux répliques, Elmire réprimande Orgon parce qu’il a tardé à se manifester.b) Identifiez et expliquez les deux procédés comiques auxquels elle a recours.Elmire recourt à l’ironie pour tourner en dérision la trop grande prudence d’Orgon qu’elle qualifie d’im-prudent. Elle a aussi recours au comique de geste en faisant mettre son mari derrière elle à l’arrivée deTartuffe.

11. a) Relevez et expliquez les figures de style d’atténuation (euphémisme, litote) qui contribuent àl’écriture classique de ces scènes.Parmi les figures d’atténuation, on retrouve les litotes suivantes : « rien de plus méchant n’est sorti del’enfer » (v. 1535) signifie que Tartuffe est le pire des démons ; « vous ne devez pas tant vous passion-

29

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ner » (v. 1543) signifie « modérez votre enthousiasme » ; « point de bruit […] sans cérémonie » (v. 1553-1554) signifie « sortez en silence et discrètement » ; « Ces discours ne sont plus de saison » (v. 1555)signifie « vos explications sont inutiles et mensongères » ; « Qu’on n’est pas où l’on pense » (v. 1561)signifie « vous êtes vous-même un imposteur » ; « et n’ai pas lieu de rire » (v. 1566) signifie « j’éprouveune terrible inquiétude ».Parmi les euphémismes, signalons les expressions suivantes : « Laissez-vous bien convaincre […]rendre » (v. 1537) signifie « attendez d’être réellement cocu avant d’intervenir » ; « vous suivez trop votreamoureuse envie » (v. 1542) signifie « vous avez la mauvaise tendance à assouvir vos besoins sexuels » ;« vous […] convoitiez ma femme » (v. 1546) signifie « vous vouliez me cocufier » ; « On m’a mise […]traiter ainsi » (v. 1552) signifie « l’aveuglement d’Orgon m’a obligée à vous jouer cette scène decomédie » ; « C’est à vous d’en sortir » (v. 1557) signifie « je vous chasse » ; « Venger le Ciel qu’onblesse » (v. 1563) signifie « je me vengerai impitoyablement avec la bénédiction de Dieu » ; « Je vois mafaute […] l’esprit » (v. 1567-1568) signifie « je suis un imbécile et la donation me tourmenteénormément » ; « c’est une affaire faite » (v. 1569) signifie que la donation vient d’être légalementconstituée.b) Quel effet ces figures donnent-elles aux situations et aux attitudes des personnages ?Le recours aux figures d’atténuation contribue au maintien de la bienséance dans un contexte tendu où lespersonnages doivent garder leur sang-froid malgré l’angoisse qui les étreint et le drame qui se profile.

Synthèse de l’ACTE IV

1. Montrez qu’Elmire apparaît, dans l’ACTE IV, comme le personnage le plus fort de la pièce.Elmire est aux antipodes d’Orgon grâce à certaines qualités.-La perspicacité : son entretien, à l’ACTE III, lui a permis de déceler les faiblesses de Tartuffe.-La ruse : le stratagème qu’elle propose à Orgon lui permet de démasquer l’imposteur.-L’art de séduire : le jeu de la coquetterie et la comédie de la séduction révèlent le vrai visage del’hypocrite.-Le sang-froid : malgré l’agression dont elle est victime, elle maîtrise la situation et fait preuve d’ironie.

2. Montrez que l’ACTE IV est le plus sombre et le plus dramatique de la pièce.L’ACTE IV est le plus dramatique de la pièce pour plusieurs raisons. D’abord, Tartuffe refuse de se récon-cilier avec Damis, Orgon se présente avec le contrat de mariage en main, Mariane évoque la possibilité dese suicider, Elmire s’expose à l’adultère, Orgon, humilié par la trahison de l’imposteur, reconnaît sonaveuglement et son erreur dans l’acte de donation par lequel il se voit expulsé de sa maison et, finalement,l’énigme de la cassette annonce un péril encore plus inquiétant.

30

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE V

ACTE V, SCÈNES 1 ET 2

Compréhension

1. a) Sur le plan de la gestuelle, qu’ont en commun le début de la SCÈNE 1 de l’ACTE I et celui de laSCÈNE 1 de l’ACTE V ?La course d’Orgon fait écho à la course de madame Pernelle.b) Quel est l’effet de cette gestuelle sur l’action ?Contrairement à la course de Mme Pernelle qui suscite le rire par son aspect ridicule et mécanique, lacourse d’Orgon, qui traduit son désarroi et son impuissance, souligne le caractère dramatique de la situa-tion. En revanche, l’affolement d’Orgon, qui contraste avec le flegme de Cléante, le rend autant risibleque pathétique.

2. a) Montrez en quoi la SCÈNE 1 de l’ACTE V ressemble à la SCÈNE 5 de l’ACTE I.Dans les deux scènes, Orgon et Cléante ont un entretien au sujet de Tartuffe. Le premier fait toujourspreuve d’un comportement excessif et de naïveté ; le second tente de modérer les excès de son beau-frèreen discourant sur les mérites des vrais dévots, distincts des faux dévots.b) Montez en quoi elles se distinguent en faisant ressortir, notamment, les renversements desituations.Contrairement à la SCÈNE 5 de l’ACTE I, Orgon et Cléante s’entendent sur la trahison de l’imposteur à laSCÈNE 1 de l’ACTE V. Orgon soupçonnait Cléante de libertinage, c’est maintenant le raisonneur qui re-proche à Orgon sa négligence en lui proposant de « [l]aisse[r] aux libertins ces sottes conséquences »(v. 1621).

3. Pourquoi Orgon est-il désemparé ?Orgon est désemparé parce qu’il a remis à Tartuffe une cassette que son ami Argas lui avait confiée,laquelle contient des papiers « [o]ù sa vie et ses biens se trouvent attachés » (v. 1583). Maintenant qu’il aexpulsé l’imposteur, qui se prétend le propriétaire de la maison depuis la donation, Orgon éprouve uneterrible angoisse.

4. a) Comment Orgon justifie-t-il son geste imprudent ?Orgon justifie son geste imprudent, c’est-à-dire la remise de la cassette à Tartuffe, en invoquant la restric-tion mentale, un point de doctrine jésuite traité par Pascal dans sa IXe Provinciale, qui consiste à « jurerqu’on n’a pas fait l’acte effectivement réalisé en entendant en soi-même qu’on ne l’a pas fait un certainjour » (voir la réplique d’Orgon, aux vers 1587 à 1592).b) À quel autre raisonnement de Tartuffe, à l’ACTE IV, l’explication d’Orgon s’apparente-t-elle ?L’explication d’Orgon s’apparente à la direction d’intention, un autre point de la casuistique, qui vise àexcuser les fautes par la bonne intention. C’est l’argument auquel a recours Tartuffe pour convaincreElmire de céder à ses avances (voir l’ACTE IV, aux vers 1489 à 1492).c) Que révèle cette imprudence ?L’imprudence d’Orgon révèle sa naïveté ou son aveuglement, mais surtout son manque de jugementcritique.

5. Quelle est la conséquence de cette imprudence pour Orgon ?La conséquence de cette imprudence est évoquée vaguement par Cléante au vers 1597. La réponse appa-raît explicitement à la SCÈNE 6, dans la réplique de Valère annonçant qu’un mandat d’arrestation a étéémis contre Orgon (v. 1835-1844).

31

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

6. Quel trait de la personnalité d’Orgon Cléante attise-t-il en lui reprochant son imprudence ?Cléante attise son caractère impulsif et son sens de la démesure.

7. Montrez en quoi Cléante se distingue encore d’Orgon par son attitude et par les valeurs qu’ilpréconise, aux vers 1607 à 1628.Comme toujours, Cléante se distingue d’Orgon par sa modération ou sa mesure qui lui garantit la vigi-lance à l’égard des faux dévots et la reconnaissance de la vraie dévotion.

8. Quel ressort dramatique justifie le retour de Damis à la maison de son père ?Le désabusement d’Orgon, qui annule implicitement le bannissement de Damis, constitue le ressort dra-matique qui justifie le retour du fils. Bien sûr, ce retour apparaît précipité et plus ou moins vraisemblable.

9. Quel trait de caractère Damis expose-t-il dans son intervention ?Toujours égal à lui-même, Damis, en fils loyal à l’égard de son père, est impétueux, colérique et vindica-tif à l’égard de Tartuffe.

10. À quoi Cléante fait-il allusion aux vers 1640 et 1641 ?Cléante fait allusion au début du règne de Louis XIV où l’ordre régnait, par opposition à la Fronde où lesaffrontements violents étaient courants.

11. Quelle règle du théâtre classique Molière a-t-il failli transgresser à la SCÈNE 2 ? Justifiez.Molière a plus ou moins affecté la vraisemblance, car le retour de Damis est plus ou moins bien préparé ;il revient à la maison comme s’il n’avait jamais été chassé par son père. Cependant, la cohérence du per-sonnage impulsif atténue cette relative invraisemblance.

Écriture

12. Quelle figure de style illustre le caractère d’Orgon dans les vers 1601 à 1606 ? Justifiez.L’hyperbole est la figure de style qui illustre le caractère excessif d’Orgon. Les expressions « je renonce àtous les gens de bien » (v. 1604), « une horreur effroyable » (v. 1605) et « pire qu’un diable » (v. 1606)démontrent le revirement à 180 degrés d’Orgon, qui entend se montrer impitoyable, voire inhumain, àl’égard des vrais dévots. Cette attitude mesquine souligne la prétendue dévotion d’Orgon, qui n’estqu’apparence.

13. a) Sur quelle figure de style récurrente est construite l’argumentation de Cléante, aux vers 1607à 1628 ?L’argumentation de Cléante est construite sur l’antithèse.b) Relevez-en trois exemples et expliquez-les globalement en faisant ressortir les champs lexicauxauxquels ils se rattachent.Cette figue d’opposition permet d’illustrer les contrastes entre le champ lexical de la mesure et celui de ladémesure d’Orgon et d’opposer la fausse dévotion à la bonne. On signale les exemples suivants : « vosemportements » (v. 1607) et « les doux tempéraments » (v. 1608) ; « la droite raison » (v. 1609) et « d’unexcès » (v. 1610) ; « votre erreur » (v. 1611) et « une erreur plus grande » (v. 1614) ; « le cœur d’unperfide vaurien » (v. 1615) et « les cœurs de tous les gens de bien » (v. 1616) ; « un fripon » (v. 1617) et« vrai dévot » (v. 1620) ; « honorer l’imposture » (v. 1625) et « Péchez […] de cet autre côté » (v. 1628).

14. De quel procédé comique relève la solution que propose Damis ? Expliquez.La solution que Damis propose relève du comique de caractère dans la mesure où elle souligne son impul-sivité mêlée à la naïveté, et du comique de mots, par la plaisanterie bouffonne du vers 1634.

15. Identifiez et expliquez le procédé comique qu’emploie Cléante au vers 1638.Cléante a recours à l’ironie pour tourner en dérision la violence et le manque de maturité de Damis.

32

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

ACTE V, SCÈNES 4 ET 5

Compréhension

1. a) Quel ressort dramatique justifie l’intervention de M. Loyal ?La donation d’Orgon justifie l’intervention de M. Loyal.b) Son arrivée, ou le message qu’il apporte, peut-elle être considérée comme un coup de théâtre ?Justifiez.Oui, car, même si les personnages et le spectateur appréhendent la conséquence de la donation, ils nes’attendent pas à l’arrivée de l’huissier, suscitant d’abord un certain espoir, lequel s’assombrit lorsqu’ilannonce l’acte de saisie des biens d’Orgon.

2. Montrez en quoi, par son langage et son attitude, M. Loyal peut être considéré comme le confrèreet le complice de Tartuffe.M. Loyal est bien un membre de la confrérie des dévots ou de la cabale par son langage affecté et soncomportement hypocrite. À l’instar de Tartuffe, il a recours à des formules qui mêlent la dévotion à lapréciosité : « Bonjour, ma chère sœur ; faites, je vous supplie » (v. 1717), « Le Ciel perde qui vous veutnuire » (v. 1733), « Le Ciel vous tienne tous en joie » (v. 1809) ; la politesse et la violence : « Faites quevotre fils […] procès-verbal » (v. 1769-1771), « Pour tous les gens de bien […] façon moins douce »(v. 1773-1778). On note l’ambiguïté sémantique qui frôle l’ironie : « Mon abord […] dont il sera bienaise » (v. 1721-1722), « Ce n’est rien seulement qu’une sommation » (v. 1748), « J’aurais soin de ne pastroubler votre repos » (v. 1787) et « Et comme je vous traite avec grande indulgence » (v. 1794). Onsoupçonne que M. Loyal est le complice de Tartuffe, car il exécute l’ordre de l’imposteur dans l’illégalitéen invoquant la loi, c’est-à-dire une « certaine ordonnance » (v. 1746) pour justifier l’acte de saisie.

3. a) Quel conseil Cléante donne-t-il à Orgon avant de recevoir M. Loyal ?Cléante recommande à Orgon de faire preuve de modération ou de calme devant M. Loyal afin d’enarriver à une entente.b) Pourquoi ?Cléante donne ce conseil à Orgon, car il connaît les excès de son beau-frère dont les colères peuventfacilement gâter les situations.c) Orgon suit-il ce conseil ? Justifiez.Grâce à sa courtoisie (v. 1735, 1736, 1739 et 1740), Orgon agit d’abord avec douceur, puis s’étonne dèsqu’il apprend l’acte de saisie (v. 1746, 1752, 1779 et 1780) et, finalement, tente de réfréner son désird’« assener/Le plus grand coup de poing » (v. 1799-1800) à M. Loyal.

4. Si l’on considère la position centrale qu’occupe M. Loyal dans cette scène de groupe, à quel autrepersonnage, ayant déjà été dans une situation analogue, ressemble-t-il ? Justifiez.Monsieur Loyal est l’écho de madame Pernelle à la SCÈNE 1 du premier acte, car il monopolise la conver-sation, constitue le centre d’intérêt, interrompt chacun et défend Tartuffe et les valeurs qu’il représente.

5. a) Quelle est la conséquence de l’intervention de M. Loyal pour Orgon et sa famille ?La conséquence de l’intervention de M. Loyal qui vient exécuter l’acte de saisie est la perte de la pro-priété pour Orgon et l’expulsion de la famille.b) Malgré tout, quel est l’aspect positif de cette intervention pour la famille ?Toute la famille est désormais fixée sur l’imposture et l’appétit de Tartuffe, qui convoitait plus que la filleet l’épouse. Madame Pernelle sort finalement de son aveuglement.

6. a) Quelle solution de dernière minute Elmire propose-t-elle afin de renverser la situation catas-trophique qui s’abat sur la famille ?Pour renverser la situation, Elmire propose de dénoncer publiquement l’escroquerie de Tartuffe dont l’im-posture devrait annuler la validité de la donation.

33

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

b) Ce recours serait-il efficace compte tenu du droit de l’époque ?La solution d’Elmire constitue une piste efficace, car, compte tenu du droit français du XVIIe siècle, ladonation à un directeur de conscience est sans valeur légale ; de plus, comme Tartuffe use de manœuvresdolosives en cachant sa véritable identité à Orgon, il commet une fraude qui annule de surcroît le contrat.

Écriture

7. Relevez et expliquez les procédés du comique de mots apparaissant dans les répliques deM. Loyal.Le comique de mots de M. Loyal oscille entre l’équivoque sémantique et l’ironie dans les expressionssuivantes : « Je ne suis pas pour être en ces lieux importuns » (v. 1720), « je viens pour un fait dont il serabien aise » (v. 1722), « je viens […] pour son bien » (v. 1723-1724). Dans ces premières répliques,l’huissier, venant exécuter l’acte de saisie, agit comme un importun qui troublera Orgon, dépossédé deson bien qui est désormais la propriété de Tartuffe. Les répliques « Le Ciel perde qui […] je désire »(v. 1733-1734) et « Le Ciel vous tienne tous en joie » (v. 1809) sont tout à fait ironiques dans le contexteoù M. Loyal s’apprête à annoncer une catastrophe ou à mettre fin à une visite désagréable.L’ironie est aussi présente dans les propos banalisant le drame de la situation (« Ce n’est rien seulementqu’une sommation », v. 1748) ou atténuant la brutalité de l’acte de saisie (« j’ai de grandes tendresses »,v. 1773 ; « On vous donne du temps […] surséance », v. 1780-1781 ; « J’aurais soin de ne pas troublervotre repos », v. 1787 ; « Mes gens vous aideront […] mettre dehors », v. 1791-1792 ; « je vous traiteavec grande indulgence », v. 1794). Signalons aussi l’ironie, à l’égard d’Orgon, qui a pour effet de lerendre muet (v. 1760-1762 et 1763-1766).

8. a) Relevez et expliquez les figures de style d’amplification apparaissant dans les répliques deM. Loyal et précisez leur effet.Les figures d’amplification et d’atténuation recoupent l’ironie de M. Loyal. Néanmoins, on peut considé-rer comme hyperboliques, voire emphatiques, les expressions qui contribuent à exagérer les sentiments del’huissier : « Toute votre maison m’a toujours été chère » (v. 1737), « le bonheur/D’en exercer la chargeavec beaucoup d’honneur » (v. 1743), « j’ai de grandes tendresses » (v. 1773) et « je vous traite avecgrande indulgence » (v. 1794). Ces figures révèlent l’hypocrisie évidente de l’huissier.b) Relevez et expliquez les figures d’atténuation s’y trouvant et précisez leur effet.Parmi les figures d’atténuation qui visent à banaliser le drame, on retrouve les litotes suivantes : « Monabord n’aura rien […] qui lui déplaise » (v. 1721) signifiant que la visite de l’huissier va terriblementcontrarier Orgon ; « je ne dois point avoir affaire à vous » (v. 1759) signifiant à Damis de se mêler de sesaffaires ; « Vous ne voudriez pas faire rébellion » (v. 1764) signifiant qu’Orgon va se soumettre calme-ment à l’acte de saisie ; « n’ayant pas pour vous le zèle […] moins douce » (v. 1777-1778) signifiant qued’autres huissiers sans scrupules auraient pu agir plus brutalement ; « de ne rien souffrir qui ne soit àpropos » (v. 1788) signifiant que M. Loyal a l’intention de sévir contre toute contestation ; « On ne peutpas user mieux que je fais » (v. 1793) signifiant que l’huissier accomplit son travail dans les règles de l’artet de la courtoisie.On signale aussi quelques euphémismes comme « un fait dont il sera bien aise » (v. 1722) atténuant l’actede saisie qui va choquer Orgon ; « je viens […] pour son bien » (v. 1723-1724) signifiant que M. Loyalvient prendre possession du bien d’Orgon qui appartient désormais à Tartuffe ; « Signifier l’exploit decertaine ordonnance » (v. 1746) signifiant annoncer l’acte de saisie en vertu d’une décision judiciaire ;« J’aurais regret […] procès-verbal » (v. 1770-1771) signifiant que l’huissier accusera Orgon d’avoir en-travé le travail d’un représentant de la loi ; « Mes gens […] mettre dehors » (v. 1791-1792) signifiant queles hommes de main de M. Loyal expulseront la famille d’Orgon avec diligence ; « l’on décrète aussicontre les femmes » (v. 1806) signifiant que l’on arrête et emprisonne aussi les femmes.

34

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

9. De quel procédé comique relèvent les répliques de Damis, aux vers 1767, 1768, 1801 et 1802 ?Expliquez.Les répliques de Damis relèvent du comique de caractère, car elles illustrent le tempérament colérique dufils qui se retient pour ne pas frapper l’huissier avec un bâton, comme on le ferait dans une farce.

10. De quel procédé comique relèvent les répliques de Dorine, aux vers 1772, 1803 et 1804 ?Expliquez.Les répliques de Dorine relèvent du comique de mots. Le vers 1772 oppose par antiphrase le nom« Loyal » à l’adjectif « déloyal » ; le vers 1803 joue sur le double sens de l’expression « bon dos » qui si-gnifie à la fois la partie de l’anatomie et la capacité d’assumer des responsabilités ; et le vers 1804 terminela réplique sur un ton ironique évoquant aussi le désir de Dorine de frapper l’huissier avec un bâton.

11. Identifiez et analysez le procédé comique utilisé dans la réplique de Dorine, aux vers 1815à 1820, et faites ressortir son efficacité dans le contexte de la SCÈNE 5.Dorine ironise au moment le plus dramatique et provoque la colère d’Orgon. Elle tourne en dérision lespropos que soutenait précédemment madame Pernelle au sujet de Tartuffe comme l’avait fait Elmire avecOrgon, à la SCÈNE 6 de l’ACTE IV. La réplique vise à servir une leçon à la mère et au fils, victimes de leuraveuglement et de leur obstination, et contribue à détendre l’atmosphère de plus en plus angoissante.

ACTE V, SCÈNES 6 ET 7

Compréhension

1. a) Quel ressort dramatique justifie le retour de Valère à la SCÈNE 6 ?La loyauté à l’égard de son futur beau-père, tombé en disgrâce, et le désir de le protéger, en facilitant safuite, justifient le retour de Valère.b) De quel nouveau et ultime danger est-il le messager ?Valère annonce l’ultime danger qui guette Orgon, c’est-à-dire l’accusation de Tartuffe et la remise au roide la cassette compromettante (v. 1835-1840).c) Pourquoi Molière a-t-il choisi ce personnage pour annoncer ce message ?Molière a choisi Valère pour certaines raisons. D’abord, à l’approche du dénouement, il lui faut ramenertous les personnages sur la scène, tout en retardant le plus longtemps possible l’entrée de Tartuffe. Valère,plus que Cléante ou Damis, est tout à fait désigné pour faire le récit de la trahison de Tartuffe, car il est àl’extérieur de la famille et peut donc plus vraisemblablement détenir des informations privilégiées ; deplus, c’est en se faisant le sauveur d’Orgon, qui reconnaîtra sa générosité, qu’il obtiendra la main deMariane et annulera l’obstacle du mariage contrarié qui planait depuis la fin de l’ACTE I.

2. Quelle est la conséquence de cette nouvelle pour Orgon ?Cette nouvelle a pour conséquence l’arrestation d’Orgon (v. 1842).

3. Quelle solution Valère propose-t-il à Orgon pour échapper au danger qui pèse sur lui ?Valère propose à Orgon de fuir avec lui pour échapper à son arrestation (v. 1849-1854).

4. a) Combien de temps s’est-il écoulé depuis la fin de l’ACTE IV ?Au vers 1836, Valère dit que Tartuffe a dénoncé Orgon « [d]epuis une heure ». Cependant, à la fin del’ACTE IV, on peut présumer que Tartuffe quitte la maison vers quatre heures, puisqu’à la fin de la pre-mière scène, il a signalé qu’il était « trois heures et demie » (v. 1266). On peut donc estimer à au moinstrois heures l’ellipse temporelle entre les ACTES IV et V, car, avant de se rendre à la cour, l’imposteur a dûs’enquérir auprès de l’huissier pour faire exécuter l’acte de saisie des biens d’Orgon.

35

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

b) Compte tenu des événements qui se bousculent à l’ACTE V, cette ellipse temporelle respecte-t-ellela vraisemblance requise par le théâtre classique ? Justifiez.L’ellipse temporelle et l’accélération de l’action sont à la limite de la vraisemblance du théâtre classique,car, dans la réalité, il aurait fallu plus de temps à Tartuffe pour convaincre l’huissier et obtenir un entre-tien auprès du roi. À l’approche du dénouement, Molière a dû bousculer les événements afin d’augmenterla tension dramatique.

5. Quel est « le détail du crime », au vers 1841, qu’ignore Valère, mais qu’Orgon a révéléprécédemment à Cléante ?« Le détail du crime » est révélé par Orgon aux vers 1579 à 1583. Il a accepté, de son ami Argas, unecassette qui contient des documents compromettants.

6. Montrez en quoi la trahison de Tartuffe, auprès du roi, lui permet d’atteindre son objectif ultime.La trahison de Tartuffe couronne son objectif ultime, car, après avoir obtenu frauduleusement le biend’Orgon, il souhaite que le roi lui accorde son statut social en reconnaissance de sa dénonciation.

7. a) Quel ressort dramatique justifie le retour de Tartuffe à la dernière scène ?Valère a annoncé le retour de Tartuffe accompagné de celui qui doit arrêter Orgon (v. 1843-1844). Leressort dramatique externe est sans doute attribuable à l’ordre du roi ; le ressort dramatique interne est liéau désir de Tartuffe de savourer son triomphe éphémère devant son hôte.b) Pourquoi revient-il accompagné de l’exempt ?Tartuffe revient accompagné de l’exempt parce que ce dernier a reçu l’ordre de l’arrêter en présenced’Orgon.c) À quelle nécessité dramatique le retour du traître obéit-il ?Le retour de Tartuffe n’est pas, a priori, essentiel à l’action, car l’exempt pourrait seul annoncer l’arres-tation de l’imposteur. Cependant, compte tenu de l’importance de cet ultime coup de théâtre qui amorce ledénouement heureux, Molière a dû écarter le récit et ramener Tartuffe sur la scène afin de faire voir sonvrai visage d’arriviste et de criminel.

8. a) Bien que Tartuffe se soit révélé un imposteur qui a trahi la confiance d’Orgon, montrez qu’ilcontinue néanmoins à jouer un rôle, qu’il reste fidèle au personnage hypocrite de faux dévot qu’il asu composer depuis le début.Devant Orgon qu’il nargue, Tartuffe compose toujours son personnage d’hypocrite en invoquant les va-leurs qu’il défend, à la différence, cette fois, qu’il n’entend plus servir les intérêts du Ciel mais « l’intérêtdu Prince » (v. 1880) qui constitue un « devoir sacré » (v. 1881). Son langage et son attitude de fauxdévot sont fidèles à l’image qu’il a projetée et parodient presque les propos d’Orgon (v. 1883-1884) qui,en présence de Cléante, avouait son détachement pour sa famille et ses amis (v. 276-279).b) Quel nouvel idéal l’anime désormais ?Servir le roi est son nouvel idéal.

9. Pourquoi l’exempt laisse-t-il parler Tartuffe, retardant ainsi le moment de son arrestationofficielle ?L’exempt laisse d’abord parler Tartuffe afin de prolonger la tension dramatique et de favoriser l’effet desurprise du coup de théâtre par lequel il prononcera l’arrestation de l’imposteur qui, après avoir pavoiséavec mépris, subira un échec encore plus spectaculaire.

10. a) Montrez en quoi l’arrestation de Tartuffe constitue un coup de théâtre qui provoque ledénouement.Du point de vue de l’action, l’arrestation de Tartuffe constitue un coup de théâtre, car les personnages etles spectateurs appréhendent l’arrestation d’Orgon ; du point de vue dramatique, on doit s’attendre à unincident qui vient châtier le coupable et restaurer l’ordre familial.

36

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

b) Montrez en quoi ce dénouement, relevant du deus ex machina, respecte les règles du théâtreclassique d’une part et celles de la comédie d’autre part.Ce dénouement respecte les règles du théâtre classique, car il écarte le dernier péril de manière rapide etdécisive malgré l’intervention du deux ex machina qui s’inscrit dans l’esprit baroque ; ce dénouementheureux souscrit aussi aux exigences de la comédie en abolissant tous les périls et en favorisant lemariage de Valère et de Mariane.

11. Pourquoi Tartuffe ne répond-il pas aux questions que lui pose Cléante aux vers 1887 à 1896 ?Tartuffe ne répond pas aux questions, car il reconnaît la vérité des propos de Cléante contre lesquels il n’aaucun argument. Sa réplique s’adressant à l’exempt souligne son mépris et son pouvoir illusoire.

12. a) Pourquoi Tartuffe reste-t-il muet jusqu’à la fin de la pièce après qu’un mandat d’arrestationeut été prononcé contre lui aux vers 1901 à 1903 ?Après avoir interrogé l’exempt au vers 1904 et constaté sa méprise, Tartuffe reste silencieux jusqu’à lafin, car il a perdu la partie et doit s’incliner devant le pouvoir royal qui l’a démasqué et le condamne à laprison.b) Comment interprétez-vous ce silence du point de vue dramaturgique, c’est-à-dire du point devue de la cohérence du personnage ?Du point de vue dramaturgique, le silence de Tartuffe contribue à maintenir le caractère opaque eténigma-tique du personne dont l’âme reste un mystère qui interpelle le spectateur après la représentation.c) Si Molière avait donné la possibilité à Tartuffe de s’exprimer en aparté, quel type de réplique luiaurait-il mis en bouche ? Justifiez.Ce dernier silence de Tartuffe, comparable à celui qui a préparé son intervention à l’ACTE III, SCÈNES 4, 5et 6, pourrait être stratégique dans la mesure où il viserait à obtenir une sanction moins sévère en suscitantla pitié du roi. Le vers 1182, « La volonté du Ciel soit faite en toute chose », pourrait être mis en apartépour illustrer la cohérence de l’imposteur qui, même dans la défaite, ne joue plus, mais vit son personnagejusqu’au bout.

13. a) De qui l’exempt est-il le messager ou le porte-parole ? Justifiez.L’exempt est le messager du prince, c’est-à-dire le roi Louis XIV, qui a su démasquer l’imposture deTartuffe. L’exempt a été chargé par le roi d’accompagner Tartuffe pour l’arrêter en présence d’Orgon.b) Pourquoi Molière n’a-t-il pas fait paraître sur scène l’auteur du message ?Molière a dû faire appel à un représentant de l’autorité royale, car le genre de la comédie lui interdisait defaire paraître le roi sur scène, contrairement à la comédie héroïque ou à la tragédie.

14. Grâce aux grandes qualités qui sont évoquées à son sujet, de quel personnage de la piècel’auteur du message peut-il représenter l’antithèse ? Justifiez.Comme les qualités du roi sont le discernement, la raison et la perspicacité, Louis XIV apparaît commel’antithèse d’Orgon, ce père aveugle, excessif et fanatique. En revanche, à l’instar du roi, Orgon sait fairepreuve de loyauté à l’égard de Louis XIV et de générosité envers Valère.

15. Quelle morale ou quelle leçon Cléante tire-t-il de la démarche de Tartuffe et du sort quil’attend ?La morale de Cléante est d’inspiration chrétienne, car il incite Orgon au pardon, à la mesure et à la clé-mence à l’égard de Tartuffe, dont il souhaite un retour à la vertu et la correction de son vice susceptiblesde lui mériter un châtiment moins sévère de la part du roi (v. 1947-1955).

16. a) Quel ressort dramatique justifie la dernière phrase d’Orgon, aux vers 1959 à 1962 ?La loyauté de Valère et le désir de lui manifester sa reconnaissance pour la protection qu’il lui a offerteavant l’arrivée de l’exempt et de Tartuffe justifient l’intention d’Orgon d’accorder la main de sa fille àl’homme qu’elle aime.

37

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

b) À quelle nécessité dramaturgique obéissent ces dernières paroles ?Ces dernière paroles obéissent au dénouement final qui résout le premier obstacle, c’est-à-dire le mariagecontrarié de Valère et de Mariane.

Écriture

17. Relevez et expliquez, dans les répliques de Tartuffe, les expressions et les figures de style quiconnotent son triomphe et le mépris qu’il éprouve envers Orgon et sa famille.Le triomphe de Tartuffe et son mépris pour Orgon et sa famille apparaissent dans des figures d’atténua-tion comme les litotes suivantes : « Vous n’irez pas fort loin […] gîte » (v. 1862) signifiant qu’Orgon seraconduit à la prison ; « Vos injures […] aigrir » (v. 1867) et « Tous vos emportements […] m’émouvoir »(v. 1871) signifiant que les injures d’Orgon et la violence de Damis le laissent indifférent. On signaleaussi l’euphémisme, la métaphore et la métonymie aux vers 1881 et 1882 : « De ce devoir sacré […] moncœur toute reconnaissance » qui signifient que la répression légitime qui s’abat sur Orgon empêcheTartuffe de manifester sa gratitude à son hôte.

18. Montrez en quoi la tirade de l’exempt, aux vers 1904 à 1944, constitue, de la part de Molière, unhommage à la gloire de Louis XIV, un éloge enthousiaste à la grandeur du pouvoir royal. À cetégard, relevez les expressions empruntées aux champs lexicaux de la vue et de la lumière et précisezde quelle figure de style elles relèvent.La tirade de l’exempt évoque la perspicacité du roi en recourant à des expressions empruntées auxchamps lexicaux de la vue et de la lumière : « les yeux se font jour » (v. 1907), « une droite vue »(v. 1910), « sans aveuglement il fait briller » (v. 1914), « par ses vives clartés » (v. 1919), « Que pour voirl’impudence » (v. 1931) et « On vous vit témoigner » (v. 1940). Compte tenu de l’analogie entre la clair-voyance et la lumière, la plupart de ces expressions relèvent de la métaphore.

19. Dans cette tirade, relevez et expliquez trois litotes.Parmi les litotes de la tirade, on retrouve « que ne peut tromper tout l’art des imposteurs » (v. 1908) et« Chez elle […] en nul excès » (v. 1911-1912) qui signifient que le roi, clairvoyant, sait déjouer les com-plots avec raison et mesure ; « Et l’amour […] d’horreur » (v. 1915-1916) signifie que le roi, sensible auxactions des vrais dévots, est intransigeant à l’égard des imposteurs ; « Celui-ci n’était pas […]surprendre » (v. 1917) signifie que l’imposture de Tartuffe était trop évidente pour passer inaperçue auxyeux du roi ; « Que jamais […] ne perd rien » (v. 1943) signifie que le mérite finit toujours par êtregénéreusement récompensé par le roi.

20. Identifiez et expliquez la figure de style contenue dans le substantif « cœur » apparaissant auxvers 1907, 1915, 1920 et 1941.La figure de style contenue dans le substantif « cœur », au vers 1907, est une synecdoque, car l’organebiologique signifie les personnes qui ont un cœur ; on peut aussi parler de métonymie, car le cœur, organeconcret, renvoie aux concepts abstraits de la sensibilité, des émotions et de la vie intérieure, comme c’estle cas aux vers 1915, 1920 et 1941.

21. Identifiez et expliquez les deux figures de style apparaissant aux vers 1925 et 1926.Le vers 1925 est une métaphore où l’on compare les nombreux crimes de Tartuffe à la noirceur et à l’obs-curité qui connotent le mal ; le vers 1926 est une hyperbole, car l’exempt exagère la somme des crimesqui, dans la réalité, ne pourraient former des volumes d’histoire.

22. Identifiez le procédé syntaxique récurrent employé dans la tirade de l’exempt et précisez soneffet.Le procédé syntaxique employé de façon récurrente dans la tirade de l’exempt est l’inversion du com-plément de phrase (complément circonstanciel, de nom, d’objet indirect placé avant le sujet) aux

38

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

vers 1909, 1911, 1914, 1918, 1922, 1929, 1935, 1942 et 1944. Ce procédé, renforcé par l’antéposition del’adjectif, contribue à souligner la prestance du roi et à suggérer son caractère presque divin.

23. Identifiez et expliquez deux figures de style apparaissant aux vers 1952 et 1953.Dans les vers 1952 et 1953, on trouve une antithèse par l’opposition des mots « vertus » et « vice » ;l’expression « fasse un heureux retour » est une métaphore qui établit l’analogie entre la marche arrière etle désir de faire le bien ou d’accomplir des actions vertueuses ; l’expression « Qu’il corrige sa vie » estune métonymie qui emploie le concept « vie » pour signifier les erreurs, les fautes de sa vie.

Synthèse de l’ACTE V

Bien qu’Orgon ait reconnu son aveuglement et récupéré une certaine autorité au cours de l’ACTE V,montrez qu’il reste fidèle à lui-même en continuant de se fier toujours aux apparences ; en d’autrestermes, démontrez que le personnage n’a rien appris de sa mésaventure, qu’il n’a pas évolué etqu’il pourrait éventuellement commettre d’autres erreurs semblables.

1. Orgon, désemparé, ne peut trouver seul une issue à son problème.2. Orgon, désabusé, s’entête à persuader sa mère qu’il a vu l’imposture de Tartuffe.3. Devant M. Loyal, Orgon finit par s’emporter.4. Orgon s’en prend à Tartuffe, condamné à la prison.5. Orgon veut servir le roi qui le restitue dans ses droits.

39

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

QUESTIONS DE SYNTHÈSE ET SUJETS DE DISSERTATIONS

1. Tartuffe est une créature d’Orgon ; il s’ajuste à ses désirs. Orgon a créé Tartuffe par besoin deservir une cause plus grande que lui, par désir de s’abandonner, d’abdiquer son pouvoir et de fuirles responsabilités. Démontrez la vérité de cette affirmation.Pour les éléments de réponse, voir :-ACTE I, SCÈNES 3 et 5 ;-ACTE II, SCÈNE 2 ;-ACTE III, SCÈNES 6 et 7 ;-ACTE IV, SCÈNES 3 et 4 ;-ACTE V, SCÈNES 1 et 6.

2. Bien que la comédie du Tartuffe souscrive aux règles du théâtre classique, à savoir les trois unitésde temps, de lieu et d’action, montrez qu’elle a recours, dans son écriture, à certains procédésrelevant de l’esthétique baroque.Pour les éléments de réponse, voir :-Les questions concernant la démesure d’Orgon et les paradoxes de Tartuffe : ACTE I, sc. 4, q. 2 ; ACTE III,sc. 1 et 2, q. 8 ; sc. 3, q. 4 et 5 ; sc. 6 et 7, q. 2, 3 et 7 ; ACTE IV, sc. 1, q. 3 ; sc. 2, 3 et 4, q. 2 ; sc. 6, 7 et 8,q. 1 ; Extrait 1, q. 5 ; Extrait 2, q. 7 ; Extrait 3, q. 7.-Les questions concernant les figures d’amplification (hyperboles, périphrases et métaphores fortes) et lesprocédés d’insistance (répétition, pléonasme) : ACTE I, sc. 5, q. 9 ; ACTE II, sc. 3 et 4, q. 11 et 16 ;ACTE III, sc. 6 et 7, q. 13 ; ACTE V, sc. 1, q. 12 ; sc. 4 et 5, q. 8 ; sc. 6 et 7, q. 18 ; Extrait 1, q. 13 ;Extrait 2, q. 14 et 15 ; Extrait 3, q. 16, 17 et 18 ; Extrait 4, q. 8 et 10.

3. Montrez comment, par son intransigeance et son refus de voir la vérité, Orgon impose aux gensde son entourage de porter un masque, les force indirectement à jouer malgré eux un rôle qu’ilsrefusent.Pour les éléments de réponse, voir :-ACTE II, sc. 2 : Orgon impose la soumission à Mariane et contraint Dorine à l’insolence.-ACTE III, sc. 3 : Par son désir de marier Mariane à Tartuffe, Orgon amène Elmire à obtenir le désis-

tement de Tartuffe et Damis, à épier sa belle-mère et l’imposteur.sc. 4 et 5 : Damis dénonce Tartuffe, Elmire se défend.sc. 6 : Tartuffe joue la comédie du pécheur.

-ACTE IV, sc. 3 : Mariane joue la victime.sc. 4 et 5 : Elmire propose le stratagème et joue la séductrice pour piéger Tartuffe.

4. Montrez comment Tartuffe peut être comparé à un virus ou à un cancer qui s’est infiltré dans lamaison et dans la tête d’Orgon pour le détruire. Par conséquent, faites voir les astuces ou lesremèdes parfois audacieux auxquels les membres de la famille doivent avoir recours afin de rétablirla santé mentale d’Orgon et de ramener l’ordre dans la maison.Pour les éléments de réponse, voir :-ACTE I, sc. 1 : Madame Pernelle, entichée de Tartuffe, sème l’inquiétude dans la famille.

sc. 2 : Dorine souligne l’influence de Tartuffe sur Orgon.sc. 5 : Cléante constate l’aveuglement d’Orgon.

-ACTE II, sc. 2 : Dorine, insolente, tente de dissuader Orgon de marier sa fille à Tartuffe.sc. 4 : Dorine complote avec Mariane et Valère pour retarder le mariage forcé.

-ACTE III, sc. 3 : Damis se cache pour surprendre Tartuffe et Elmire. Celle-ci essaie d’obtenir que l’im-posteur renonce à Mariane.sc. 4 et 5 : Damis surprend Tartuffe et le dénonce à son père.sc. 6 et 7 : Par sa comédie du pécheur, Tartuffe manipule Orgon.

40

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

7-ACTE IV, sc. 1 : Cléante tente de persuader Tartuffe de se réconcilier avec Damis.sc. 2 : Orgon impose le mariage à Mariane, mais Elmire propose le stratagème pour démasquerTartuffe.sc. 3 : Stratégie de la séduction d’Elmire.

-ACTE V, sc. 3 : Madame Pernelle est toujours entichée de Tartuffe malgré les efforts d’Orgon pour ladésabuser.sc. 7 : Seule la clairvoyance du roi peut rétablir l’ordre familial.

Plan suggéréA. Tartuffe : un criminel redoutable

1. Un virus qui a contaminé madame Pernelle ;2. Un cancer qui ravage l’esprit d’Orgon ;3. Un parasite qui s’approprie l’épouse et le bien d’Orgon ;4. Un arriviste qui trahit son hôte et convoite son statut social.

B. Les moyens pour détruire l’imposteur1. Cléante tente de raisonner Orgon et de faire la leçon à Tartuffe ;2. Dorine a recours à l’insolence pour dissuader Orgon de marier sa fille avec Tartuffe ;3. Elmire a recours à la séduction pour piéger l’imposteur ;4. Damis épie Tartuffe qu’il dénonce à son père ;5. Le roi seul démasque Tartuffe et le condamne à la prison.

5. Le Tartuffe est une comédie classique qui a des accents de tragédie. Elle préfigure ainsi le dramebourgeois du XVIIIe siècle. Critiquez cette affirmation.Éléments de réponse

1. Comédie classique : une grande comédie de mœurs et de caractère-Respect de la règle des trois unités ;-Respect de la vraisemblance et la bienséance ;-Recours au comique de mots, de situation, de caractère et de mœurs.

2. Accents tragiques : une technique de l’engrenage-Le mariage forcé incite Mariane au suicide ;-La loyauté de Damis le condamne au bannissement paternel ;-L’aveuglement d’Orgon accentue sa vulnérabilité ;-La visite de M. Loyal confirme la perte de la propriété ;-La trahison de Tartuffe incite Orgon à s’enfuir ;-Le triomphe de l’imposteur confirme l’arrestation d’Orgon ;-L’imposture de Tartuffe est un fléau politique.

3. Préfiguration du drame bourgeois-Personnages issus de la bourgeoisie ;-Le problème d’Orgon est d’ordre privé ;-Un mélange de comique et de tragique.

6. Le personnage de Tartuffe est fondamentalement athée et libertin. Critiquez cette affirmation.Plan suggéré

1. Tartuffe, athée et libertin-L’idéologie religieuse est un masque qui dissimule l’appétit pour le luxe et les femmes.

2. Tartuffe, chrétien et dévot-La langage et les actes de Tartuffe révèlent une éducation catholique, à tout le moins la maîtrisede codes religieux du catholicisme.

3. Tartuffe, un Protée mystérieux-L’absence d’aparté et le silence de Tartuffe après son arrestation rendent le personnage opaque eténigmatique.

41

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

7. Les buts de la comédie, selon Molière, sont de plaire tout en corrigeant les vices des êtres hu-mains. À cet égard, Le Tartuffe fait preuve de pessimisme puisque aucun des personnages de lapièce ne s’améliore sur le plan moral. Critiquez cette affirmation.Plan suggéré

1. Les personnages susceptibles de s’améliorer :1.1 Cléante, sévère à l’égard de Tartuffe, réclame le pardon d’Orgon qui reconnaît la sagesse de son

beau-frère.1.2 Elmire s’excuse d’avoir dupé Tartuffe par sa comédie de la séduction.1.3 Désavoué par Orgon, qui lui préfère Tartuffe comme gendre, Valère fait preuve de loyauté et de

générosité.1.4 On peut présumer que Tartuffe profitera de son séjour en prison pour se repentir et devenir

vertueux.2. Les personnages qui risquent peu de s’améliorer :2.1 Damis et Mariane demeurent toujours impétueux et excessifs.2.2 Dorine, toujours forte en gueule, restera néanmoins insolente.2.3 Madame Pernelle, prisonnière de ses préjugés, fera toujours preuve d’entêtement.2.4 Orgon, prêt à servir le roi, peut encore abdiquer ses responsabilités.

42

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

EXTRAIT 1

ACTE I, SCÈNE 5

Vers 259 à 317

Action et personnages

1. Relevez, dans les propos d’Orgon, les mots et les expressions empruntés au champ lexical de ladévotion ou de la religion qui révèlent qu’il est un dévot.Le champ lexical de la dévotion comprend les mots et expressions suivants : « ravissements » (v. 271),« paix profonde » (v. 273), « mon âme » (v. 277), « l’église » (v. 283), « sa prière » (v. 286), « l’eaubénite » (v. 290) et « Il s’impute à péché » (v. 306).

2. L’attitude et les sentiments qu’éprouve Orgon pour Tartuffe sont-ils fidèles au portrait qu’en abrossé Dorine à la SCÈNE 2 ? Justifiez.Oui. Aux vers 185 et 186, Dorine soutient qu’Orgon est plus attaché à Tartuffe qu’aux membres de safamille ; aux vers 195 à 197, elle estime que son maître est fou de son héros qu’il admire démesurément.

3. Montrez en quoi ces sentiments ressemblent au coup de foudre amoureux.Orgon fait l’éloge de Tartuffe comme s’il était tombé amoureux de lui. Les mots « charmé » (v. 270),« ravissements » (v. 271), « paix profonde » (v. 273) et surtout le vers 275, « Oui, je deviens tout autreavec son entretien » illustrent l’extase et la métamorphose intérieure d’Orgon épris de son héros commed’une maîtresse.

4. a) Relevez, dans la réplique d’Orgon, aux vers 281 à 310, les expressions empruntées au champlexical de la vue ou du regard.Les expressions du champ lexical de la vue sont : « si vous aviez vu » (v. 281), « Tout vis-à-vis de moi »(v. 284), « Il attirait les yeux » (v. 285), « à mes yeux » (v. 298) et « Je vois » (v. 301).b) Montrez qu’elles révèlent la stratégie de manipulation de Tartuffe et la naïveté d’Orgon.Ces expressions illustrent l’importance pour Tartuffe d’attirer l’attention d’Orgon et de l’impressionnerpar sa dévotion ostentatoire.

5. a) Mettez en valeur le caractère paradoxal du portrait qu’Orgon dresse de Tartuffe aux vers 281à 310.Orgon brosse le portrait d’un homme dévot, profondément pieux et humble, mais les gestes et les attitudesostentatoires de Tartuffe contredisent les valeurs chrétiennes où la discrétion et la sobriété seraientappropriées.b) Montrez comment, en vantant les mérites de Tartuffe, Orgon le présente à son insu comme unhypocrite dont il ne perçoit que les apparences ou le masque.En s’attardant aux signes extérieurs de la dévotion et de la charité (« se mettre à deux genoux », v. 284 ;« il poussait sa prière », v. 286 ; « Il faisait des soupirs, de grands élancements », v. 287 ; « à mes yeux, ilallait le répandre », v. 298), Orgon décrit le comportement d’un hypocrite qui veut édifier et tromper parles apparences.

43

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

6. a) Quelle menace pour Orgon laissent présager les vers 301 à 304 ?L’intérêt extrême et la jalousie de Tartuffe à l’égard de la femme d’Orgon annoncent le désir de l’hypo-crite pour Elmire.

b) Reliez le vers 304 à l’allusion faite par Dorine au vers 84.Au vers 84, Dorine a déjà soupçonné Tartuffe d’être jaloux d’Elmire, c’est-à-dire d’en être amoureux.

Écriture

7. Quelle est la connotation de la comparaison apparaissant au vers 274 ?La comparaison « comme du fumier » connote le désintérêt, voire le mépris, de Tartuffe pour les gens.

8. Identifiez et expliquez la figure de style d’atténuation apparaissant aux vers 276 et 277.La litote « à n’avoir affection pour rien » signifie devenir complètement indifférent à toute personne ; lamétaphore « détache mon âme » peut aussi être un euphémisme signifiant que Tartuffe incite Orgon àrompre avec sa famille de manière affective, ce que confirme son indifférence à l’égard de la mort éven-tuelle de ses proches (v. 278-279).

9. Identifiez et expliquez la figure de style qu’emploie Cléante au vers 280.L’expression « Les sentiments humains » relève de l’ironie, car Cléante trouve les sentiments d’Orgoncomplètement inhumains et désapprouve son insensibilité.

10. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 285.Le verbe « attirait » est une métaphore signifiant que Tartuffe exerce un pouvoir d’attraction sur l’assem-blée ; le substantif « yeux » (mot concret) peut être considéré comme une métonymie du mot regard (motabstrait) ou une synecdoque (une partie) désignant toutes les personnes qui regardent (le tout).

11. Identifiez et expliquez les procédés syntaxiques employés aux vers 286 et 287.Le vers 286 contient une inversion du complément de phrase (circonstanciel) « au Ciel » précédant lesujet de manière à accentuer la connotation prestigieuse du substantif ; le vers 287 contient une gradationascendante ou croissante de groupe binaire qui contribue à mettre en valeur la gestuelle ostentatoire deTartuffe.

12. Identifiez et expliquez la figure de style d’atténuation apparaissant au vers 296.Il s’agit d’une litote signifiant que Tartuffe estime ne mériter que le mépris et l’antipathie d’Orgon. Ils’agit d’une astuce rhétorique visant à susciter encore plus l’attendrissement et la compassion.

13. Faites ressortir la nature hyperbolique, voire grotesque, des actions ou des gestes de Tartuffeque décrit Orgon.Si les actions de l’hypocrite étaient celles d’un vrai dévot, elles passeraient inaperçues. Or, Tartuffe doitattirer l’attention d’Orgon par des gestes d’éclat susceptibles de l’impressionner. Les soupirs, les grandsélancements, l’action de baiser humblement la terre, celle de répandre l’argent aux pauvres, l’intérêtextrême qu’il porte à l’honneur d’Orgon, l’attitude très jalouse (« plus que moi six fois » v.304), safacilité à se scandaliser pour rien et sa culpabilité à l’égard d’une puce qu’il a « tuée avec trop de colère »(v.310) illustrent la démesure et le ridicule du personnage.

44

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

Sujet d’analyse littéraire

14. Analysez le caractère comique du portrait de Tartuffe en le comparant à ceux de Daphné etd’Orante esquissés à la SCÈNE 1.1er paragraphe : Tartuffe feint la dévotion pour tromper sa dupe et obtenir ses faveurs. Il fait preuve d’unrigorisme apparent pour édifier Orgon.2e paragraphe : Daphné est une femme médisante qui blâme la conduite de ses semblables pour détournerla réprobation publique à l’égard de ses propres erreurs.3e paragraphe : Orante condamne la vie mondaine de la maison d’Orgon et adopte une attitude de pruderiedepuis que l’âge ne lui permet plus de jouer les coquettes auprès des courtisans.

45

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

EXTRAIT 2

ACTE III, SCÈNE 3

Vers 933 à 1021

Action et personnages

1. Divisez l’extrait en deux parties et donnez un titre à chacune d’elles.Première partie (vers 933 à 960) : La déclaration d’amour de Tartuffe à Elmire.Deuxième partie (vers 961 à 1021) : La révélation du vrai visage de Tartuffe.

2. a) Divisez la première tirade de Tartuffe (vers 933 à 960) en trois parties et faites ressortir lesarticulations de l’argumentation.

1. Vers 933 à 944 : trois quatrains où Tartuffe exprime sa conception platonicienne de l’amour quifait de la femme une créature de Dieu.

2. Vers 945 à 952 : deux quatrains qui exposent le recul de Tartuffe à l’égard de sa passion et sonaccommodement moral.

3. Vers 953 à 960 : deux quatrains où le soupirant se montre indigne de l’être aimé auquel ilabandonne son sort.

b) Faites la même chose pour la deuxième tirade (vers 966 à 1000).La deuxième tirade laisse de côté le platonisme et la casuistique pour proposer un adultère sans risque.

1. Vers 966 à 970 : Tartuffe est un homme fait de chair.2. Vers 971 à 986 : la beauté d’Elmire est responsable de la faiblesse de Tartuffe qui est prêt à

rendre un culte divin à sa déesse.3. Vers 987 à 1000 : l’adultère avec un dévot est un gage de discrétion et une source de volupté

sereine.

3. Dans la première tirade, montrez comment Tartuffe essaie d’enlever progressivement son mas-que, mais qu’il en est, en même temps, prisonnier.Le recours à l’amour platonicien pour exprimer son attirance physique à l’égard d’Elmire, la considéra-tion de cette inclination comme une épreuve diabolique, puis l’accommodement moral, par lequel il sedonne bonne conscience, illustrent son hésitation entre l’aveu de ses sentiments amoureux et le rôle dedévot qu’il s’est imposé.Le mélange du vocabulaire de la religion et de l’amour montre l’ambivalence du personnage (voir laquestion numéro 13).

4. Identifiez et expliquez les vers qui illustrent l’opportunisme et l’hypocrisie de Tartuffe en matièred’amour et de religion, dans la première tirade, puis dans la seconde.Bien que Tartuffe apparaisse, dans la première tirade, comme un amoureux sincère à l’égard d’Elmire, onpeut douter de son honnêteté aux vers 945 à 948. Les vers 949 à 952, où il a recours à la casuistique pourajuster sa passion à sa pudeur, illustrent son opportunisme en matière de morale.Dans la seconde tirade, Tartuffe, en posant le masque, fait preuve d’une plus grande sincérité de senti-ments. Pourtant, les vers 976, 977 et 995 prouvent qu’il ment, car il ne se livre pas à ces pratiques de lavie dévote et est probablement une personne médisante. Les vers 997 à 1000 révèlent l’hypocrisie deTartuffe et de ses confrères enclins à commettre secrètement l’adultère.

46

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

5. a) Pourquoi Elmire se dit-elle surprise de la déclaration de Tartuffe ?Même si elle se doute des sentiments de Tartuffe à son égard, Elmire se dit surprise de la déclaration dece dernier, car elle ne s’attendait pas à un aveu si rapide de la part d’un dévot.b) Pourquoi n’a-t-elle pas réagi plus tôt ?Elle n’a pas réagi plus tôt, car elle a intérêt à laisser aller Tartuffe jusqu’au bout de sa déclaration, demanière à mieux le piéger éventuellement.

6. a) Quelle objection Tartuffe offre-t-il à Elmire pour justifier sa déclaration et son attitude ?Pour justifier sa déclaration et son attitude, Tartuffe évoque sa nature d’homme fait de chair, laquelle,selon lui, n’est pas incompatible avec son statut de dévot.b) Montrez en quoi, selon lui, son comportement est tout à fait honnête et irréprochable.Selon Tartuffe, son comportement est tout à fait honnête, car il a résisté aux charmes d’Elmire et adéployé des efforts pour se détourner d’elle en vain ; son attitude est plus noble que celle des galants decour, dont l’indiscrétion met en péril l’honneur des maîtresses. La discrétion qu’assure Tartuffe mettraitdonc Elmire à l’abri du scandale.

7. Dans la deuxième tirade, aux vers 966 à 1000, montrez comment Tartuffe dévoile de plus en plusson vrai visage d’amoureux sincère, mais de faux dévot concupiscent.En avouant ses faiblesses d’homme fait de chair, sensible aux charmes d’Elmire et pour laquelle ilexprime « Une dévotion à nulle autre pareille » (v. 986), Tartuffe offre son vrai visage d’amoureux.Cependant, lorsqu’il la convie à commettre l’adultère, il transgresse les règles de la morale chrétienne ettrahit les principes auxquels il est sensé adhérer.

8. Identifiez et expliquez le vers illustrant qu’Elmire est responsable des sentiments qu’éprouveTartuffe.Le vers 972, « Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits », illustre la responsabilité d’Elmire.C’est à cause de ses charmes que Tartuffe est séduit.

9. a) Pourquoi Tartuffe fustige-t-il les galants de cour aux vers 989 à 994 ?Tartuffe fustige les galants de cour parce qu’ils sont vaniteux de leurs conquêtes féminines et irrespec-tueux à l’égard de celles dont ils trahissent le secret de leurs liaisons.b) Montrez en quoi lui et ses semblables se distinguent de ceux-ci.Tartuffe et ses semblables, c’est-à-dire les membres du parti dévot, se distinguent des galants de cour parleur discrétion.

10. a) À quelle astuce a recours Tartuffe pour convaincre Elmire de la sincérité de sa déclaration ?Pour convaincre Elmire de la sincérité de sa déclaration, Tartuffe maintient le vocabulaire de la dévotionqu’il mêle au langage amoureux. De plus, en dévoilant une partie de son masque et en exposant ses fai-blesses et ses « tribulations d’[…]esclave indigne » (v. 982), l’hypocrite espère attendrir le cœur d’Elmire.b) Réussit-il à la convaincre ? Justifiez.Oui, la réplique d’Elmire (v. 1001-1006) prouve qu’elle est persuadée de la sincérité de Tartuffe, bienqu’elle ne soit pas dupe de sa rhétorique.

11. Bien que le personnage de Tartuffe puisse sembler ridicule, montrez en quoi il peut devenirpitoyable, voire pathétique.Le personnage de Tartuffe, ridicule dans ses contradictions d’homme dévot et amoureux, devient pi-toyable et pathétique parce qu’il doit s’humilier et trahir ses principes moraux pour obtenir les faveurssexuelles d’une femme qui ne veut rien savoir de lui.

12. À quelle condition Elmire assure-t-elle Tartuffe de sa discrétion auprès de son mari Orgon ?Elmire assure à Tartuffe sa discrétion à condition qu’il favorise le mariage de Valère et de Mariane etqu’il renonce à l’union avec cette dernière.

47

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

Écriture

13. Dans ses deux tirades, Tartuffe mêle habilement les vocabulaires de l’amour et de la religion.Dressez le champ lexical de chacun d’eux et déterminez-en les connotations.Le champ lexical de l’amour comprend, entre autres, les expressions suivantes : « l’amour des tempo-relles » (v. 934), « les cœurs transportés » (v. 940), « ardente amour […] cœur atteint » (v. 943), « ôbeauté toute aimable » (v. 949), « cette passion » (v. 950), « oser de ce cœur » (v. 954), « Un cœur selaisse prendre » (v. 968), « s’obstinait mon cœur » (v. 976), « Mes yeux […] mille fois » (v. 979), « ôsuave merveille » (v. 985), « brûlent d’un feu discret » (v. 995) et « De l’amour […] sans peur »(v. 1000).Le champ lexical de la religion comprend, entre autres, les expressions suivantes, dont certaines assurentune antithèse avec le champ lexical de l’amour : « beautés éternelles » (v. 933), « l’auteur de la nature »(v. 942), « mon salut » (v. 948), « je le confesse » (v. 953), « mon infirmité » (v. 956), « ma quiétude »(v. 957), « ma béatitude » (v. 958), « De vos regards divins […] douceur » (v. 975), « jeûnes, prières »(v. 977), « Une dévotion à nulle autre pareille » (v. 986) et « l’autel » (v. 994).

14. Montrez en quoi le langage galant de Tartuffe s’inspire de l’esthétique baroque, voire de lapréciosité, en faisant ressortir les figures de style d’amplification utilisées, notamment l’hyperboleet la périphrase. Relevez trois exemples de chacun et expliquez-les brièvement.En mêlant habilement le langage de la dévotion au vocabulaire de l’amour, Tartuffe exploite de nom-breuses figures baroques qui versent dans les procédés littéraires d’amplification. On retrouve les hyper-boles suivantes : « parfaite créature » (v. 941), « Au plus beau des portraits » (v. 944), « célestes appas »(v. 967), « la splendeur plus qu’humaine » (v. 973), « vos regards divins » (v. 975), « vous l’ont dit millefois » (v. 979), « Une dévotion à nulle autre pareille » (v. 986). Ces hyperboles produisent une imageidéalisée, voire déifiée, d’Elmire et amplifient les sentiments de Tartuffe.Parmi les périphrases, on signale « l’auteur de la nature » (v. 942) qui désigne Dieu, « du noir esprit»(v. 946) qui réfère au diable ou à Satan, « charmants attraits » (v. 972) qui signifie la beauté et « galantsde cour » (v. 989) qui est synonyme de courtisans.

15. a) Repérez et expliquez les mots de la métaphore filée qui se développe dans les deux tirades deTartuffe.La métaphore filée consiste à comparer Elmire à une créature d’origine divine avec des expressionscomme « ouvrages parfaits » (v. 936), « parfaite créature » (v. 941), « Au plus beau des portraits »(v. 944), « célestes appas » (v. 967), « souveraine » (v. 974), « regards divins » (v. 975) et « suavemerveille » (v. 985).b) Montrez en quoi sa progression atteint la démesure, se transforme pour ainsi dire en hyperbole.La métaphore consiste à comparer d’abord Elmire à une créature divine, qui devient déesse régnant sur lecœur de Tartuffe et qui a le pouvoir d’anéantir son « esclave indigne » (v. 982).

16. En revanche, afin de maintenir un équilibre dans son style, Molière a fait appel à des figures destyle d’atténuation, comme l’euphémisme et la litote, qui relèvent davantage de l’écriture classique.Relevez quatre exemples de chacune et expliquez-les brièvement.Parmi les figures de style d’atténuation, on signale les euphémismes suivants qui atténuent les allusionsau désir sexuel, à la sensualité : « l’amour des temporelles » (v. 934), « Nos sens […] être charmés »(v. 935), « ardente amour » (v. 943), « Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas » (v. 968), « De monintérieur vous fûtes souveraine » (v. 974), « tous mes vœux » (v. 978) et « acceptant notre cœur »(v. 999). Les expressions « surprise adroite » (v. 946) et « obstacle à faire mon salut » (v. 948) peuventêtre considérées comme des périphrases atténuées pour désigner la tentation du péché.Les expressions suivantes, qui ont recours à la négation pour signifier plus que ce qu’elles semblent dire,sont considérées comme des litotes : « N’étouffe pas […] temporelles » (v. 934) signifie que l’amour deDieu permet aussi une grande liberté d’aimer les êtres mortels ; « cette passion peut n’être point cou-pable » (v. 950) signifie que cet amour est tout à fait honnête et légitime ; « je n’en suis pas moinshomme » (v. 966) signifie que Tartuffe éprouve des besoins sexuels malgré son statut de dévot ; « ne rai-

48

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

sonne pas » (v. 968) signifie qu’il perd complètement le contrôle de ses émotions, de ses pulsions ; « je nesuis pas un ange » (v. 970), ici la métaphore peut signifier que Tartuffe est un être humain fait de chair,dont les intentions sont malhonnêtes ; « Votre honneur […] ma part » (v. 987-988) signifie qu’Elmirepeut se livrer à la débauche en toute sécurité avec Tartuffe qui la comblera de joie et de satisfaction ; « Ilsn’ont point de faveurs […] divulguer » (v. 992) signifie que les courtisans rendent publics leurs succèsauprès des femmes ; « De l’amour sans scandale et du plaisir sans peur » (v. 1000) signifie que, grâce àTartuffe, Elmire peut s’abandonner en confiance à un adultère secret et voluptueux.

17. Quelle règle du théâtre classique le recours aux figures d’atténuation permet-il de respecter ?Justifiez.Le recours aux figures d’atténuation permet de sauvegarder la règle de la bienséance. En effet, l’euphé-misme et la litote, en évoquant ou en faisant allusion à des situations à caractère sexuel, réduisent lecaractère scabreux ou disgracieux que des termes plus explicites pourraient contenir.

18. a) À quelle figure de style l’usage du substantif « cœur », apparaissant aux vers 940, 943, 947,952, 954, 968, 976, 994 et 999, et du substantif « yeux », aux vers 940, 947 et 979, correspond-il ?L’usage du substantif « cœur » correspond à une synecdoque, car l’organe biologique désigne, en fait,toute la personne qui a un cœur. Dans la plupart des cas, l’emploi du déterminant « mon » confirme qu’ils’agit de Tartuffe ; au vers 999, le déterminant « notre » désigne l’ensemble des dévots. L’usage du sub-stantif « yeux » correspond aussi à une synecdoque, pour la même raison que celle du mot « cœur ».b) Expliquez-la et précisez ses connotations.Le cœur étant considéré comme le siège de l’affectivité par métonymie, le mot connote la sincérité dessentiments de Tartuffe et le désir d’attendrir, voire de séduire, Elmire. Le mot « yeux », au vers 947, con-note la beauté d’Elmire à laquelle Tartuffe est sensible.

19. Dans les vers 966 à 1000, relevez un autre exemple de recours au champ lexical de l’anatomiequi exploite la même figure de style et expliquez-la.Le substantif « langue » (v. 993) relève du champ lexical de l’anatomie et désigne toute la personne quifait preuve d’indiscrétion, voire de médisance.

20. a) Identifiez et expliquez une autre figure de style récurrente aux vers 933-934, 948, 950, 966 et993- 995.La figure de style récurrente est l’antithèse, car Tartuffe oppose les mots « éternelles » et « temporelles »,« attache » et « n’étouffe pas », « obstacle à faire mon salut » et « passion […] point coupable », « dévot »et « homme », « langue indiscrète » et « feu discret ».b) Quels traits de caractère de Tartuffe cette figure met-elle en relief ?Cette figure met en relief l’hypocrisie de Tartuffe.

21. Dans sa première tirade, Tartuffe commence par employer le pronom « nous » avant deprivilégier le pronom « je » ; en revanche, dans la seconde tirade, il use abondamment du « je »pour revenir au « nous », auquel se mêle le pronom « on ».a) Pourquoi cette distinction entre le « je » et le « nous » ?Le pronom « je » aux vers 941, 945, 949, 951, 953, 955, 959, 966, 969, 970, 971, 973, 980, 983, 985, 987,de même que les déterminants « mon », « ma » et « mes » désignent exclusivement Tartuffe. Cette dis-tinction entre les « nous » et le « je » permet à Tartuffe d’illustrer son appartenance à un groupe et demontrer qu’il n’est pas un être exceptionnel.b) À qui réfère le pronom « nous » ?L’emploi du pronom « nous » aux vers 933, 934, 995, 997 et 999 peut être l’équivalent du pronom depolitesse « vous », mais il peut aussi désigner l’ensemble des dévots, dont fait partie Tartuffe.c) Est-il synonyme du pronom « on » employé aux vers 991, 993, 996 et 999 ? Justifiez.Le pronom « on » n’est pas synonyme du pronom « nous », car il est plus impersonnel et englobe l’en-semble des gens. Bien qu’il puisse aussi inclure le locuteur, en l’occurrence Tartuffe, il permet à cedernier de se distancier, tout en suggérant le pronom « vous », c’est-à-dire Elmire, notamment aux

49

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

vers 996 et 999. Notez cependant l’ambiguïté de pronom « on », au vers 1012, qui signifie à la fois « je »et l’ensemble des hommes sensibles aux charmes féminins.

22. Quels sont les procédés comiques exploités dans les deux tirades de Tartuffe ? Justifiez.Les procédés comiques exploités par Molière dans les deux tirades sont d’une telle richesse et d’une tellecomplexité qu’il est difficile de les distinguer, car ils interagissent pour créer un sommet dans la comédie.Le comique de caractère et de mœurs apparaît dans la difficulté qu’éprouve un directeur de conscience àgarder son masque de dévot tout en faisant la cour à une grande bourgeoise mondaine. Le comique desituation réside dans la sincérité de Tartuffe et dans ses intentions de suborner la coquette Elmire. Lecomique de mots repose en grande partie sur l’ambiguïté sémantique du vocabulaire religieux associé aulangage amoureux, comme ce vers 986 : « Une dévotion à nulle autre pareille » qui signifie évidemmentle culte passionné pour sa divine maîtresse éventuelle.

23. Identifiez et expliquez la figure de substitution apparaissant au vers 1009.L’expression « humaine faiblesse » est une métonymie qui a recours au concept abstrait généralisant pourdésigner la réalité particulière et concrète, c’est-à-dire l’homme faible qu’est Tartuffe.

24. Identifiez et expliquez les figures d’atténuation apparaissant aux vers 1012 et 1015.Les expressions « Que l’on est pas aveugle » (v. 1012) et « Je ne dirai point l’affaire » (v. 1015) sont deslitotes signifiant respectivement que Tartuffe a des yeux qui savent apprécier la beauté d’une femme etqu’Elmire fera preuve d’une entière discrétion au sujet de l’entretien.

Sujet d’analyse littéraire

25. Analysez les tirades de Tartuffe en faisant ressortir l’ambiguïté du personnage qui se montre àla fois amoureux et dévot.Voir les réponses aux questions numéros 3 et 13.

50

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

EXTRAIT 3

ACTE IV, SCÈNE 5

Vers 1387 à 1528

Action et personnages

1. a) Comparez les ressemblances et les différences existant entre cette scène et la SCÈNE 3 del’ACTE III.Dans les deux entretiens qu’Elmire a réclamé à Tartuffe, on retrouve trois personnages, dont un caché quiespionne les deux autres. Même si Elmire amorce le jeu de la séduction dans les deux situations, elle viseun objectif différent qui consiste à démasquer l’imposteur en utilisant les armes de l’hypocrisie et du men-songe. Le premier entretien se termine sur l’intrusion inattendue de Damis dissimulé dans le cabinet,annulant ainsi l’entente entre Elmire et Tartuffe ; le second entretien, qui tourne à la farce du cocuage,retarde la sortie attendue d’Orgon, prolongeant ainsi le drame d’Elmire prise à son propre jeu.b) Montrez qu’Elmire poursuit un objectif beaucoup plus dangereux.L’objectif que poursuit Elmire est beaucoup plus dangereux, car, en séduisant Tartuffe, elle s’expose àl’adultère.

2. Divisez la scène en ses trois parties essentielles et montrez la progression de l’action.1. La comédie d’Elmire et la méfiance de Tartuffe (v. 1387-1436).Elmire tente d’abord de mettre Tartuffe en confiance en expliquant son attitude à l’égard de Damis àl’ACTE III et en justifiant l’entretien autorisé par Orgon (v. 1388-1408) ; l’étonnement de l’imposteurl’oblige à invoquer la pudeur féminine pour dissimuler ses sentiments à l’égard de Tartuffe qu’elle neveut pas partager avec Mariane (v. 1409-1436).2. Les exigences de Tartuffe et le piège d’Elmire (v. 1437-1476).Tartuffe, séduit par la déclaration d’amour d’Elmire, se méfie et réclame des preuves concrètes etimmédiates de ses sentiments (v. 1437-1452) ; prise au dépourvu, Elmire tousse pour prévenir sonmari et tente de freiner les ardeurs de Tartuffe (v. 1453-1478).3. La casuistique de Tartuffe et la résignation d’Elmire (v. 1479-1528).Les arguments d’Elmire sur la morale religieuse en matière d’adultère s’opposent à la casuistique deTartuffe (v. 1479-1506) ; devant le silence d’Orgon, qui devra assumer la responsabilité de l’adultère,Elmire se résigne à subir l’agression de Tartuffe (v. 1507-1528).

3. Quels arguments Elmire invoque-t-elle pour obtenir la confiance de Tartuffe ?Pour obtenir la confiance de Tartuffe, Elmire lui rappelle d’abord les efforts qu’elle a déployés en vainpour s’assurer le silence de Damis (v. 1394-1398) et l’autorisation de son mari qui souhaite qu’elle et ledévot soient « ensemble à tous moments » (v. 1404). Cependant, Elmire devient plus convaincantelorsqu’elle évoque la méconnaissance des hommes pour la psychologie féminine (v. 1411-1414), sa pu-deur personnelle à révéler ses sentiments (v. 1415-1424) et son intérêt dans le refus du mariage avecMariane pour posséder tout entier le cœur de Tartuffe (v. 1425-1436).

51

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

4. a) Identifiez les vers qui dénotent la méfiance de Tartuffe à l’égard des intentions d’Elmire.Expliquez.Les vers 1443 à 1446 dénotent la méfiance de Tartuffe qui soupçonne Elmire de vouloir le séduire afinqu’il renonce au mariage avec Mariane.

b) Que réclame-t-il pour s’assurer de sa bonne foi ?Pour s’assurer de la bonne foi d’Elmire, Tartuffe réclame une preuve concrète et réelle de ses sentimentspour lui (v. 1448-1452 et 1463-1466).

5. a) Quel argument moral Elmire oppose-t-elle à Tartuffe pour freiner ses ardeurs ?Elmire évoque la possibilité d’offenser Dieu (v. 1479-1480 et 1484).b) Que lui réplique Tartuffe ?Tartuffe lui réplique que le Ciel ne peut constituer un obstacle (v. 1481-1483) et qu’il trouve avec lui desaccommodements grâce à la casuistique (v. 1485-1494).c) Montrez que sa réponse révèle sa duplicité, ou son hypocrisie, et sa personnalité de faux dévot.Sa réponse révèle sa duplicité et sa personnalité de faux dévot, car il avoue ne pas respecter les principesmoraux qu’il prétend défendre en apparence.

6. Quel point faible du caractère de Tartuffe Elmire parvient-elle à révéler ? Justifiez.Elmire parvient à révéler la concupiscence effrénée de Tartuffe ; le désir de l’imposteur pour la femmed’Orgon le force à poser le masque du dévot.

7. Montrez en quoi cette scène peut être considérée comme une comédie dans la comédie en faisantressortir le rôle respectif d’Elmire, de Tartuffe et d’Orgon.Cette scène peut être considérée comme une comédie dans la comédie, car les trois personnages jouent unjeu. Devant l’imposteur dont elle a pris le rôle, Elmire joue la coquette libertine ; devant Orgon, cachésous la table, elle joue la femme sage. Ce double jeu périlleux l’oblige à maintenir un équilibre précaireentre la séduction et la mesure et à avoir recours à un discours équivoque ou à double sens dans les situa-tions délicates. Malgré son rôle passif de spectateur piégé sous la table, Orgon joue aussi le rôle du marien voie d’être cocufié, mais il refuse, par son silence, celui de l’ami trahi. Tartuffe, dans son rôle de dévotgalant, finit par poser son masque de dévot austère pour révéler son vrai visage d’imposteur et desuborneur lubrique.

8. Montrez à quel point le jeu d’Elmire risque de transgresser les règles de vraisemblance et debienséance du théâtre classique.Par son jeu, Elmire risque de transgresser la vraisemblance, car son attitude réservée et défensive, aprèsavoir séduit Tartuffe, pourrait éveiller les soupçons de l’imposteur qui ne saisit pas le sens de la toux etl’équivoque des pronoms personnels « on ». La règle de la bienséance est aussi malmenée, car Elmires’est placée dans une situation scabreuse où elle est victime d’une agression sexuelle.

9. À quels moyens Elmire a-t-elle recours pour inciter Orgon à se manifester sans éveiller les soup-çons de Tartuffe ?Elmire commence par tousser, puis elle a recours à un langage ambigu où le pronom « on » désigneOrgon qui fait la sourde oreille ; finalement, elle invite Tartuffe à voir si Orgon n’est pas dans la galerie.

10. a) Pourquoi Orgon tarde-t-il à sortir de sa cachette ?Deux raisons, entre autres, peuvent expliquer le silence d’Orgon qui tarde à sortir de sa cachette. D’abord,on peut supposer qu’il est tellement abasourdi par les propos de Tartuffe qu’il est incapable d’interromprele jeu (la SCÈNE 6 le confirme) ; ensuite, il ose espérer que Tartuffe changera de ton et d’attitude au coursde l’entretien, ce qu’il affirme à la SCÈNE 7, aux vers 1547 et 1548.b) Quelle est la conséquence, sur l’action, de ce silence prolongé ?Le silence prolongé d’Orgon a pour conséquence le risque de l’adultère d’Elmire avec le consentement deson mari et la confirmation de la trahison de Tartuffe qui révèle son mépris pour son hôte.

52

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

11. a) Quelle opinion Tartuffe exprime-t-il au sujet d’Orgon ?Tartuffe méprise Orgon qu’il considère comme un homme naïf, facilement manipulable et vaniteux(v. 1523-1526).

b) Quel effet cette opinion peut-elle avoir sur Orgon ?Cette opinion est sans doute une épreuve plus douloureuse pour Orgon que le risque d’être cocufié, carTartuffe est l’objet d’une admiration infinie, voire d’un culte presque religieux.

12. Comparez les vers 1504 à 1506, prononcés par Tartuffe, à ceux prononcés par madame Pernelleà l’ACTE I (vers 89 à 92) et montrez en quoi ils se ressemblent.Les propos de Tartuffe et de madame Pernelle illustrent qu’ils sont tous les deux sensibles à la rumeurpublique et qu’ils craignent le scandale. Pour Tartuffe, le scandale et le mal n’existent pas lorsque l’onn’en parle pas ; pour madame Pernelle, il suffit que l’on cause de choses tout à fait banales pour que larumeur se transforme en calomnie et éclabousse tout le monde.

13. a) Malgré les risques présentés par le stratagème, pour Elmire et Orgon, montrez en quoi ilatteint l’objectif fixé.L’objectif fixé est atteint, car Tartuffe a avoué devant Orgon son désir amoureux pour Elmire et sonmépris pour son hôte.b) Malgré l’atteinte de l’objectif, faites voir en quoi il révèle autant la fracture du couple Elmire-Orgon que celle du couple Tartuffe-Orgon.Le désabusement d’Orgon révèle la fracture du couple Elmire-Orgon, car l’épouse, déjà négligée par sonmari, découvre l’attachement de ce dernier pour Tartuffe et son peu d’empressement à éviter l’adultère ;l’amitié du couple Tartuffe-Orgon est désormais compromise, car elle reposait artificiellement sur l’aveu-glement de l’un et l’hypocrisie de l’autre.

Écriture

14. Identifiez et expliquez les figures de style apparaissant aux vers 1401 et 1407.Les substantifs « orage » (v. 1401) et « ombrage » (v. 1402) sont des métaphores qui signifient respec-tivement la situation conflictuelle et les soupçons. L’expression « ouvrir un cœur » (v. 1407) est à la foisun euphémisme qui atténue le sentiment amoureux et une synecdoque par laquelle l’organe biologiquesignifie toute la personne.

15. À qui réfère le pronom personnel « on » et le déterminant « notre » dans la réplique d’Elmire,aux vers 1411 à 1436 ? Expliquez la raison de leur usage.Le pronom personnel « on » apparaît à treize reprises entre les vers 1411 et 1436. Au vers 1414, il réfèreaux gens en général ; aux vers 1416, 1417, 1418, 1419 et 1420, il signifie « nous », les femmes avec les-quelles se range Elmire pour expliquer son attitude ; au vers 1429, il désigne Tartuffe et Damis ; auxvers 1432 et 1434, il réfère à Orgon ; finalement, aux vers 1434 à 1436, Elmire laisse sous-entendre lepronom « je » derrière le « on » pour atténuer, par pudeur, les sentiments qu’elle ose tout de mêmeexprimer. Elmire a recours au pronom « on », dans des sens aussi variés, afin de dépersonnaliser sa déclarationd’amour tout en semant une certaine équivoque dans l’esprit de Tartuffe.

16. Dans cette même réplique d’Elmire, relevez et expliquez les mots dénotant son comportementamoureux et montrez que le champ lexical auquel ils appartiennent constitue une métaphore filée.Le comportement amoureux d’Elmire est associé au vocabulaire militaire dont il constitue la métaphorefilée avec les verbes suivants : « se défendre » (v. 1414), « combat » (v. 1415), « dompte » (v. 1417),« défend » (v. 1419), « se rend » (v. 1420), « s’oppose » (v. 1421), « forcer » (v. 1431), « prendre »(v. 1434). En recourant à ces verbes métaphoriques qui connotent sa combativité et sa détermination,Elmire exprime une vision de l’amour analogue à un combat guerrier.

53

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

17. a) Faites ressortir le caractère précieux du langage de Tartuffe en mettant l’accent sur les moteet les expressions empruntés au champ lexical de la religion, aux vers 1437 à 1452.Le champ lexical de la religion contribuant au caractère précieux du langage amoureux comprend lesexpressions suivantes : « suprême étude » (v. 1441), « sa béatitude » (v. 1442), « sa félicité » (v. 1444),« planter dans mon âme une constante foi » (v. 1451).b) Relevez et expliquez les principales figures de style qui connotent ce mélange de galanterie et dedévotion.En ayant recours au vocabulaire de la dévotion pour exprimer ses sentiments à Elmire, Tartuffe établitune analogie entre le comportement amoureux et le culte religieux et, par conséquent, crée des méta-phores reliées à des synecdoques comme « une bouche » (v. 1438), « mon cœur » (v. 1442), « ce cœur »(v. 1443) qui désignent la personne tout entière ; on signale aussi des euphémismes comme « vosfaveurs » (v. 1449) et « Des charmantes bontés » (v. 1452) qui atténuent les gestes d’affection à caractèresexuel.

18. a) Dans la réplique d’Elmire, aux vers 1467 à 1476, relevez et expliquez les figures d’ampli-fication (périphrase, hyperbole, métaphores fortes).Parmi les figures d’amplification, on signale les métaphores « vrai tyran » (v. 1467), comparant l’amourde Tartuffe à un individu oppresseur, et « furieux empire » (v. 1469) signifiant qu’il exerce un pouvoir en-ragé sur Elmire ; les hyperboles « vous ne donnez pas le temps respirer » (v. 1472) et « De vouloir sansquartier » (v. 1474) signifient respectivement l’impossibilité pour Elmire de se calmer et l’acharnementde Tartuffe. Notez que la négation contenue dans les deux derniers exemples, ainsi que dans l’expression« on ne peut se parer » (v. 1471) désignant la vulnérabilité absolue d’Elmire, relève aussi du procédé de lalitote.b) Précisez leur effet dans la situation.Ces figures d’amplification créent l’effet d’un combat militaire où Elmire, agressée, est sur la défensive.

19. a) Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1486.L’expression « lever les scrupules » est une métaphore par laquelle Tartuffe exprime une analogie entreson pouvoir de transgresser les interdits moraux, c’est-à-dire l’adultère, et l’action concrète de soulever unobjet.b) Expliquez en quoi cette figure s’inspire du procédé du comique de mots.Dans le contexte, c’est l’ambiguïté du verbe « lever » qui constitue un comique de mots, car Tartuffe peutlaisser sous-entendre le sens figuré de supprimer et le sens propre de soulever qu’il pourrait accompagnerd’une comique de gestes de ses mains s’apprêtant à soulever la robe d’Elmire.

20. Pourquoi Molière a-t-il cru bon d’insérer la didascalie « C’est un scélérat qui parle » après levers 1487 ?La didascalie, qui permet à Molière de porter un jugement sévère sur Tartuffe et de se distancier despropos du personnage, vise à atténuer toute susceptibilité de la part du lecteur qui pourrait s’offusquer decette parodie de la casuistique exposée par l’imposteur.

21. Que connotent les diérèses qu’emploie Tartuffe dans sa présentation de la casuistique, auxvers 1489 à 1492 ?Les diérèses qu’emploie Tartuffe dans les mots « science », « liens », « conscience », « rectifier », « ac-tion » et « intention » peuvent connoter son malaise à présenter une argumentation aussi spécieuse quemoralement condamnable. L’assonance produite par la voyelle i et l’allitération produite par la consonnes, ajoutant à l’inconfort de l’auditeur, suscitent la méfiance.

22. Expliquez le procédé du comique de mots auquel a recours Elmire, aux vers 1499 à 1501.Le comique de mots repose d’abord sur l’ambiguïté du mot « rhume » qui réfère à Orgon, obstiné dansson silence. L’expression hyperbolique « tous les jus du monde » désigne les bâtons de réglisse (allusionau bâton de la farce) impuissants, dans le contexte, à sortir Elmire d’embarras. Les deux litotes « ne ferontrien » et « plus qu’on ne peut dire » illustrent bien la situation cocasse et désespérée d’Elmire.

54

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

23. a) Faites ressortir l’ambiguïté sémantique du pronom « on » dans la réplique d’Elmire, auxvers 1510 à 1519. Expliquez.Dans cette réplique d’Elmire, toutes les occurrences du pronom personnel, sauf le deuxième « on » appa-raissant au vers 1514 pour désigner un « je », c’est-à-dire Elmire, réfèrent à Orgon caché sous la table.Tartuffe, qui ne saisit pas le double sens, interprète le « on » comme un « vous » qui lui est destiné, ce queconfirme sa réplique (v. 1520) où il reprend le « on » pour dire « je ».b) De quel procédé comique cette ambiguïté relève-t-elle ? Justifiez.Cette ambiguïté relève d’abord du comique de mots, par la confusion qu’elle sème dans l’esprit du specta-teur, et du comique de situation, par le quiproquo dans lequel Elmire enferme Tartuffe et par la comédiedu cocuage dans laquelle se complaît Orgon.c) Relevez un nom et un autre pronom qui contribuent à maintenir cette équivoque.Le nom « gens » (v. 1516) et le pronom relatif « qui » (v. 1518) contribuent à maintenir l’équivoque ; lepremier désigne autant le monde en général que Tartuffe et Orgon pris individuellement ; le second viseOrgon, mais s’applique aussi à Tartuffe.

24. Qu’est ce qui permet de croire que ni Tartuffe ni Orgon n’ont saisi l’ambiguïté du pronom« on » et le double sens des propos d’Elmire ?Deux raisons permettent de croire que ni Tartuffe ni Orgon n’a saisi le sens du pronom « on » : le premierréplique à Elmire en employant le pronom « on » qui désigne un « je » (v. 1520) et le second reste immo-bile sous la table.

25. Identifiez et expliquez le procédé comique employé dans la proposition d’Elmire, aux vers 1521et 1522.Il s’agit d’un comique de situation qui fait écho à la « crainte de surprise » (v. 1390) évoquée par Elmireau début de la SCÈNE 5 et qui rappelle l’intrusion de Damis à l’ACTE III. La réplique est aussi ironiquepuisqu’elle sait que son mari est caché sous la table.

Sujets d’analyse littéraire

26. Dans la SCÈNE 5, analysez les thèmes du mensonge et de la vérité chez les personnages d’Elmireet de Tartuffe ; en d’autres termes, montrez comment, par le stratagème de la duperie, Elmireparvient à révéler à Orgon la véritable nature de l’imposteur.Plan suggéré

1. La stratégie d’Elmire :1.1 La demi-vérité sur son attitude à l’égard de Damis (V. 1390 à 1400).1.2 L’autorisation d’Orgon pour que Tartuffe la fréquente (v. 1401 à 1408).1.3 La pudeur féminine pour justifier son comportement (v. 1411 à 1422).1.4 La déclaration d’amour (v. 1423 à 1436).

2. La réaction de Tartuffe2.1 La méfiance et le désir de plaire à Elmire (v. 1437 à 1452).2.2 L’exigence d’obtenir des preuves d’amour concrètes (v. 1459 à 1466).2.3 Le recours à la casuistique qui révèle le vrai visage de l’imposteur (v. 1485 à 1506).

27. Analysez la SCÈNE 5 en mettant en valeur le procédé du comique de situation ; faites ressortirl’inversion des rôles chez Elmire et Tartuffe, d’une part, puis chez Elmire et Orgon, d’autre part.Plan suggéré

1. L’inversion des rôles chez Elmire et Tartuffe.1.1 Elmire piège Tartuffe par le jeu de la séduction.1.2 Tartuffe piège Elmire en acceptant sa déclaration.

2. L’inversion des rôles chez Elmire et Orgon2.1 Elmire joue la comédie du mari cocu avec la connivence d’Orgon.2.2 Orgon, par son silence, consent à l’adultère d’Elmire.

55

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

EXTRAIT 4

ACTE V, SCÈNE 3

Vers 1642 à 1716

Action et personnages

1. a) À quelle scène de l’ACTE I peut-on comparer la SCÈNE 3 ?On peut comparer cette scène à la SCÈNE 1 du premier acte.b) Quelles sont les similitudes existant entre ces deux scènes ?Dans ces deux scènes, on retrouve sept personnages qui discutent au sujet de l’hypocrite ; madamePernelle, toujours aussi têtue et entichée de Tartuffe, refuse de voir en lui un imposteur en répliquant pardes dictons populaires. Elmire est discrète, Cléante fait preuve de lucidité et Dorine ironise.c) Montrez en quoi elles sont différentes.Absent de la première scène, Orgon, qui a rejoint les rangs de la famille, est le seul à s’opposer à l’aveu-glement de sa mère. Cette dernière, sensible aux rumeurs et aux apparences, à la première scène, té-moigne maintenant d’une prudence excessive (v. 1679-1680) et ironique (v. 1684-1686).

2. a) Quel objectif vise Orgon dans le récit des faits qu’il offre à madame Pernelle, aux vers 1643à 1656 ?Orgon veut convaincre sa mère de l’imposture de Tartuffe, la sortir de l’aveuglement dans lequel il étaitavant de constater la preuve concrète de sa duplicité.b) Y parvient-il ? Justifiez.Non, Orgon n’atteint pas son objectif, car sa mère refuse ses arguments et ses preuves, alléguant desproverbes et des dictons qui l’enferment dans son obstination et ses idées préconçues.

3. a) Montrez en quoi madame Pernelle est fidèle aux valeurs qu’elle a défendues à la premièrescène de l’ACTE I.Madame Pernelle est fidèle aux valeurs de charité chrétienne et de rigorisme, car elle refuse la médisancecontre Tartuffe (v. 1657-1658, 1668, 1670, 1691-1692) et déplore le laxisme moral de la famille (v. 1661-1662).b) Que connote cette fidélité chez ce personnage ? En d’autres termes, que révèle cette constance decaractère chez madame Pernelle ?Cette fidélité du personnage révèle son obstination bête et sa mauvaise foi.

4. a) Le vers 1686, prononcé par madame Pernelle, fait écho à quel vers prononcé par Elmire à laSCÈNE 6 de l’ACTE IV ?Ce vers fait écho au vers 1533 : « Attendez jusqu’au bout pour voir les choses sûres ».b) Montrez en quoi l’intention de madame Pernelle se distingue de celle d’Elmire.Le vers 1686 de madame Pernelle, sans intention ironique a priori, illustre l’extrême prudence de la bigoteà l’égard des apparences. Cependant, à cause de l’ironie du vers 1533 d’Elmire, on peut parler d’ironiepar inversion ou d’ironie dans l’ironie.

5. Quelle solution Cléante préconise-t-il pour contrer les attaques éventuelles de Tartuffe ?Reconnaissant la force de Tartuffe et la maladresse d’Orgon, Cléante préconise la vigilance (v. 1699) etsouhaite une réconciliation apparente (v. 1711-1712).

56

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

6. À quoi voit-on que les personnages sont dans une impasse ou qu’ils sont impuissants devant ledanger qui les menace ?On voit que les personnages sont dans une impasse par leur difficulté à trouver une solution concrète pourcontrer les menaces de Tartuffe. Orgon et sa mère s’engagent dans un dialogue de sourds, Elmire présumeillégale l’action judiciaire de Tartuffe (v. 1701-1702) et reproche à son mari de ne pas l’avoir informée dela donation (v. 1713-1714), Orgon regrette d’avoir furieusement chassé l’imposteur (v. 1709-1710) etCléante, contaminé par l’hypocrisie, souhaite, en désespoir de cause, un semblant de réconciliation(v. 1711-1712) pour diminuer les dégâts.

Écriture

7. a) À quelles répliques d’Orgon, à l’ACTE I, SCÈNE 4, et à l’ACTE III, SCÈNE 7, la réplique deDorine, au vers 1657, fait-elle écho ?La réplique de Dorine fait référence aux répliques d’Orgon (ACTE I, v. 235, 241, 249 et 256 ; ACTE III,v. 1183).b) De quel procédé comique la réplique de Dorine relève-t-elle ? Expliquez.En faisant écho aux répliques d’Orgon qui s’apitoyait sur le sort de Tartuffe, Dorine a recours à l’ironieafin de tourner en dérision l’aveuglement d’Orgon, lequel a permis à Tartuffe de le déposséder et de jouiraujourd’hui de tous ses biens. On peut aussi déceler une équivoque dans la réplique de Dorine visantOrgon, désormais un homme pauvre et pitoyable.

8. a) Quel verbe et quel substantif, qui peuvent référer à un champ lexical particulier, Orgonemploie-t-il pour convaincre sa mère de l’imposture de Tartuffe ?Pour convaincre sa mère de la trahison de Tartuffe, Orgon emploie le verbe récurrent « voir » (v. 1644,1669, 1672, 1676 et 1677) et le substantif correspondant « yeux » (v. 1643, 1672, 1676 et 1688).b) De quelle figure de style, qui est aussi un procédé comique, l’emploi de ce verbe relève-t-il ?Justifiez.L’emploi de ce verbe et de ce substantif relève du comique de répétition (le participe « vu » revient sixfois entre les vers 1669 et 1677) et contribue à produire une hyperbole, compte tenu de la redondance, dupléonasme, notamment aux vers 1676 et 1677, et de l’exagération au vers 1678.

9. a) Identifiez et expliquez le procédé du comique de situation qui entre en jeu dans la conversationentre Orgon et madame Pernelle.Le comique de situation de l’inversion des rôles, selon le principe de l’arroseur-arrosé, entre en jeu, carOrgon, qui refusait de croire à l’imposture de Tartuffe, se bute maintenant à l’entêtement de sa mère.b) Montrez en quoi cette situation relève aussi du comique de caractère.Cette situation relève aussi du comique de caractère, car Orgon, qui s’est toujours fié à ce qu’il voyait,c’est-à-dire le masque de Tartuffe, se tue à persuader une femme aussi obstinée qui refuse, elle, de croireaux apparences.

10. a) Quelle est la figure d’amplification récurrente dans les répliques d’Orgon et de madamePernelle ?La figure d’amplification est l’hyperbole.b) Relevez-en trois exemples et expliquez-les.Les expressions « Je vous l’ai dit cent fois » (v. 1644), « cent sots cartes de lui » (v. 1668), « Je l’ai vu[…]/Ce qui s’appelle vu » (v. 1676-1677) et « Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre » (v. 1678)soulignent l’exagération des propos. Le chiffre « cent » et la redondance du participe passé « vu » conno-tent respectivement la tendance aux clichés de la bigote et l’exaspération d’Orgon.

57

© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre

11. Malgré le ton dramatique et excessif de la conversation entre Orgon et madame Pernelle,montrez que Molière tente de ménager la règle de la bienséance en recourant à des procédésd’atténuation. Relevez-en trois exemples et expliquez-les.Pour ménager la règle de la bienséance, Molière a eu recours à des procédés d’atténuation. Parmi leseuphémismes, signalons « une action si noire » (v. 1658) signifiant un péché mortel ; « on vit d’étrangesorte » (v. 1661) signifiant que la famille mène une vie libertine ; « vous deviez attendre à vous voir sûrdes choses » (v. 1686) signifiant qu’Orgon devait attendre la preuve concrète et irréfutable de l’adultère ;« Vous me feriez dire quelque sottise » (v. 1689) atténuant le propos d’Orgon qui est sur le point de direqu’il aurait pu être un témoin consentant de son cocuage.Parmi les litotes, on retrouve « rien n’est ici-bas qui s’en puisse défendre » (v. 1674) signifiant que lesgens vertueux doivent constamment se battre contre la médisance ; « Il ne faut pas toujours juger sur cequ’on voit » (v. 1680) signifiant que, parfois, il faut faire preuve d’une extrême prudence ; « Et je ne puisdu tout me mettre dans l’esprit » (v. 1691) signifiant que madame Pernelle s’obstine bêtement à refuserles accusations lancées contre Tartuffe.

12. Identifiez et expliquez les figures de style apparaissant aux vers 1665-1666 et 1673.On retrouve deux métonymies, dont « La vertu […] est toujours poursuivie » et « mais n’ont jamaisl’envie », qui ont recours au concept abstrait pour signifier les personnes concrètes, c’est-à-dire les gensvertueux et envieux. La synecdoque « les langues » utilise l’organe buccal pour désigner les personnesmédisantes dont les propos sont comparés au venin d’une vipère.

Sujet d’analyse littéraire

13. Analysez la situation dans laquelle se trouvent Orgon et madame Pernelle en mettant en valeurle ridicule de leur propos et de leur comportement.La SCÈNE 3 présente un dialogue de sourds entre une mère et son fils se disputant et perdant un tempsprécieux qui devrait être consacré aux moyens de contrer les menaces de l’imposteur. Leurs propos et leurcomportement sont ridicules, car ils soulignent le caractère puéril des personnages qui sont supposés êtreles plus sérieux de la pièce, et mettent en valeur la nature conflictuelle de la relation mère-fils.Plan d’analyse suggéré

1. Orgon et madame Pernelle : une scène d’enfantillages1.1 Orgon, désabusé, se tue à persuader plus obstiné que lui.1.2 Madame Pernelle, entêtée, se complaît dans son propre aveuglement.

2. Une mère et son fils : une scène de famille2.1 Une mère qu’infantilise son fils.2.2 Un fils qui dispute sa mère.