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Usines d'incinérationdes ordures ménagères :choisir son traitement de fumées
NDLR : Article paru dans le n° 1574 (février 1999) de « Environnement Magaz ine »et reproduit avec son aimable autor isation.
Dossier réalisé par Cécile Clicquot de Mentque
Les seuils limitesdes rejets de polluantsdans l'airpar les incinérateursd'ordures ménagèresne cessentde diminuer.Les respecterest devenuun casse-têtepour les exploitantsde ces installations.Voici commentle résoudre.
En quelques années, le domaine du traitementde l'air des usines d'incinération a connu maints bouleversements. En moins de dix ans, les seuils limitesd'émissions ont été plusieurs fois réduits (Arrêtés de1991 et, en 1997, Circulaire Lepage sur les nouvelles installations). Des normes d'émissions quiseront reprises dans la future directive Incinérationqui sera applicable à toutes les installations existantes. Bref, l'ensemble du parc français d'incinérateurs, c'est-à-dire 270 unités, est concerné par cesévolutions, rnême si tous ne le sont pas avec lamêrne acuité. Sur les 70 gros incinérateurs (plus de6 t/h), une soixanta ine sont déjà conformes auxnormes de 1991. Mais nombre d'entre eux devrontse soucier de la dioxine, non encore réglernentée.Pour les petites unités, l'échéance pour satisfaireaux normes de 1991 est l'an 2000, et beaucoupreste à faire. Ces évolutions prévisibles s'inscriventdans le contexte de la révision des plans départementaux de gestion des déchets ménagers, avecson lot de nouveaux incinérateurs (en moyennequatre par an) ou d'usines d'incinérationdes orduresménagères (UIOM) à rénover ou à agrandir . Desusines qui posent toutes des problèmes particuliersde traitement des effluents gazeux.
En clair , il n'y a pas de solution universelle.« Mieux, insiste Stéphane Bicocchi, directeur technique chez Cadet international, plus que jamais,grâce aux évo lutions techniques des différentsprocédés, toutes les solutions sont possibles ».
JANVIER-MARS 1999 -65-
Que des cas particuliers
Point de vue confirmé par Hubert de Chefdebien,chargé des relations extérieures à la CNIM pour qui,techniquement, on peut atteindre les futures normesavec toutes les technologies. En fait, le choix dépendd'un grand nombre de pararnètres techniques, économiques et politiques. « Le choix d'une technologiepeut dépendre du coût de mise en décharge régional, puisque les procédés produisent plus ou moinsde réfiom " , précise Allain Maire , le P-D G deSocrématic. Politiquement peuvent se greffer descontra intes comme le refus d'avoir des effluentsliquides ou la volonté d'aller au-delà des normesexigées. C'est le cas de la future usine de Rouenpour laquelle les élus se sont fixé comme objectifd'atteindre les normes hollandaises, les plus sévèresd'Europe pour les NOx'
Le respect des normes mis à part, la qualitéprernière d'une nouvelle installation ou d'uneamél ioration sera sa capacité à évoluer. « Laréflexion préalable pour une collectivité est de sedéterminer sur les performances qu'elle souhaite(réglementation ou au-delà), mais aussi sur lasouplesse qu'elle se donne par rapport aux évoluti ons rég lem entai res p robables ou incertaines ", explique Philippe Bajeat, l'inte rlocuteurdes collectivités à l'ADEME pour ces questions.L'espérance de vie de l'incinérateur va donc jouerun rôle, puisque certaines mises aux normes
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE
n'ont pour vocation que de prolonger l'util isation
de quelques années.
Un système évolutif
Pour d'autres, les modifications, comme le traite
ment de la dioxine, seront suivies d'autres exigences
telles que l'abaissement des émissions de mercure
ou le traitement des NOx' cc L'important lors de la
conception de l'installation est de ne pas se fermer
les opportunités d'évolution ", conseille Hubert de
Chefdebien, chez CNIM. Ce qui peut revenir parfois
à prévoir simplement la place d'un équipement sup
plémentaire. « Pour des raisons d'esthétique, on a
ces dernières années enfermé les usines d'incinéra
tion dans des bâtiments. Cela pose aujourd'hui des
problèmes indéniables de place pour faire évoluer
les procédés vers les futures normes » , constate
Philippe Garnier, chez Hamon Research Cottrel l.
Des tracas que devrait connaître, par exemple, la
Communauté urbaine de Bordeaux, avec la toute
nouvelle usine Astria de Bègles.
Quatre points à ne pas oublierdans l'appel d'offres
• Exprimer clairement les perfo rmances que l'on
souh aite et ce qu'on refuse (rejets liquides , par
Évolution de la réglementation applicable en France sur les émissions gazeuses des UIOM.
Réglementation Applicable Future
Polluants Arrêté du 25-01-91 Circulaire Lepage 24-02-97 Direc tive CEE
(usines neuves) sur l'incinération(en préparat ion)
Poussières 30 10 10
CO 100 50 50
HCI 50 10 10
HF 2 1 1
S02 300 50 50
NOx- - 200
COT (hydrocarbures) 20 10 10
Mercure 0,2 0 ,05 0,05
Cadmium 0,05 0,05
Autres métaux lourds 1 à 5 selon les métaux 0,5 0,5
Dioxine et furanes - 0,1 0,1
Les teneurs en polluants sont exprimées en mg/Nm3, sauf pour la dioxine exprimée en ng/Nm 3 .
L'efficacité des techniques par polluant
Technologies Poussières Métaux lourds Gaz acides NOxDioxinefuranes
Particulaires Gazeux Hel, HF, etc. SOx
Filtre àmanches +H H +Dépoussiéreurs
Électrefiltre +H H
Procédés de Voiesèche - H+ + Uusqu'à H (ou +H selon +(ouH +(H + avec
neutralisation H+ avec temps de séjour pour soude) charbonactif)
(lavages) charbon actif) et réactifs)
Semi-humide H+ + de +à +H +àH+ +(H+ avec
(à+H avec selon temps selontemps charbonactif)
charbonactif) deséjour deséjour
Voiehumide+H +ouH +H +H +
selonsociétés
Condensation +H H+ H +
Procédés corn- SNCR H
plémentaires SCR +H +H
(D'après Bicocchi S. Les polluants et les techniques d'épuration des fumées. Tec & Doc Lavoisier Éd., Paris 1998).
+ : traitement partiel ; ++ : technologie efficace ; +++ : technologie obtenant de très bonnes performances.
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE - 66 - JANVIER-MARS 1999
exemple). On peut aussi déterminer la technologieque l'on envisage d'adopter. L'intérêt est alors depouvoir comparer plus facilementdeux propositions.
• Faire prendre en compte le contexte local. o: 1/est plus intéressant que les spécificationsexigées ne soient pas seulement des limites d'émissions, mais une vue globale sur l'environnement économique et politique », soutient AllainMaire, de Socrématic.
• Exiger du constructeur qu'il précise les conditions de fonctionnement et de gros entretienassociées aux garanties afin qu'aucune ambi guïté ne subsiste
• Demander des scénarios chiffrés sur l'évolutionréglementaire, ce qui donne une idée des conséquences d'un choix technique.
1.Dépoussiérage
Incontournable étape du traitement de l'air, ledépoussiérage est aujourd'hui dominé dans lesusines d'incinération d'ordures ménagères pardeux techniques: le filtre à manches et l'électrofiltre. On trouve en général l'électrofiltre en amontdes laveurs humides , tandis que les filtres àmanches sont souvent placés en aval desprocédés secs et semi-secs ou semi-humides.
Le filtre à manches
Le filtre à manches est constitué de manchesfiltrantes en feutre ou en tissu suspendues dansun caisson . Les gaz qui pénètrent dans le caisson vont traverser les manches. Les poussièressont alors retenues sous forme d'une couche ,appelée gâteau, à la surface du médium filtrant.Principal intérêt du système : le gâteau forme luimême une médium filtrant plus fin que le tissu,retenant donc mieux les petites part icules . Enoutre, si un réactif a été utilisé en amont, il poursuit son travail dans le gâteau. Le filtre àmanches est donc couramment mis en oeuvrepour récupérer le charbon actif utilisé dans le traitement de la dioxine et des métaux lourds. Celadit, si l'investissement s'avère inférieur à celuid'un électrofiltre (en particulier pour les petites etmoyennes unités) , son exploitation reste plusonéreuse.
L'électrofiltre
L'électrofiltre est une technique qui repose surdes phénomènes de précipitation électrostatique.En passant dans un champ magnétique, les poussières sont chargées et attirées par une électrodesur laquelle elles s'accumulent. Cher à l'investissement pour les petites et moyennes unités, l' électrefiltre a trouvé de nombreuses applications dans lesgrandes installations en raison d'un coût d'exploitation et d'entretien moins élevé que celui des
filtres à manches. L'électrofiltre présente peu depertes de charges et consomme donc moinsd'énergie . Cependant , le rendement d'épurationdes poussières est moin s bon puisqu 'il ne seforme pas de gâteau. L'électrofiltre est donc placéen amont d'un laveur, lequel assure le traitementfinal des poussières en même temps que la neutralisation des gaz acides.
Actuellement, les électrofiltres pâtissent d'unemoindre efficacité pour la captation de la dioxineet des métaux lourds. En effet, le temps de séjourdu charbon actif est trop court. Il en faut doncdavantage pour atteindre des rejets de dioxineinférieurs au 0,1 ng/Nm3 demandé.
2. Les procédés de neutralisation
La clé de voûte de tout traitement d'air est évidemment la neutralisation des gaz. Trois grandesfamilles de traitement cohabitent : le systèmesec, semi-humide , et le traitement humide Leurfonction essentielle est de neutraliser les gazacides , comme l'ac ide chlorhydrique (HCI), lesfluorures et les oxydes de soufre . Toutes cestechniques sont capables de répondre auxfutures normes sur les émissions de gaz d'incinération.
Le traitement par voie sèche
L'épuration par voie sèche consiste à injecterdans le réacteur un produit sous forme solide quiva neutraliser les gaz acides. Traditionnellement,c'est la chaux qui est employée comme réactif.La configuration du procédé est simple , il suffitd'un réacteur de contact suivi d'un filtre àmanches. L'investissement nécessaire est faible,le besoin en main-d'oeuvre réduit et il n'y a pasd'effluents . Le princ ipal inconvénient de ceprocédé est de consommer beaucoup de réactifs.Il faut en effet qu'ils soient en excès par rapport àla quantité nécessaire à la neutralisation. Lesrésidus sont donc importants. Le coût de la miseen décharge peut alors influer sur le choi x decette technique. Il existe cependant des installa-
L'usine de Monthyon est la première en France dotéed'un traitement sec en chimie sodium.
JANVIER-MARS 1999 -67- POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE
t
Ventilateur de tirage
CIRCUIT FUMEES
x@ CIRCUIT RÉACTIF
CIRCUIT CHARBON ACTIFCIRCUIT CENDRES
Si/o de stockagedes produits de réaction
::;;zowoa:::>gL- ---'
Principe de fonctionnement du traitement par voie sèche.
tions fonctionnant avec recirculation des résidus.Cette solution est notamment mise en œuvre parABB (qui la met en pratique également pour letraitement semi-humide) . Les neuf dixièmes desrésidus recueillis dans le filtre à manches sontremis en circulation. cc Cela nécessite cependantun atomiseur qui supporte de fortes charges enmatière concen trée. Au lieu de 12 %, on est à20 % de réactif -, précise Hélène Sneed, ingénieur commercial chez ABB. Cette recirculationest aussi une solut ion pour mettre aux normesles anciens systèmes sans augme nter laconsommation de chau x, car en déf in it ive lesystème sec est moins souple que d'autresprocédés pour évoluer vers les nouvel lesnormes. De son côté, le groupe LAB a mis aupoint un tambour conditionneur qui agglomère lesparticules ultrafines, permettant ainsi d'améliorerleur captation et d'allonger la durée de vie desmanches.
cc La mode est à des systèmes plus sommaires , en exploitation et en coût d'investissement. Et des progrès énormes ont été faits enma tière de réac tifs " , constate cependan tPhilippe Granier pour expliquer le regain d'intérêtdes systèmes secs. Et de fait, l'excès de réactif aété fortement réduit par des améliorations deprocédé (températures différentes) et avec l'arrivée de nouvelles chaux comme celles de Lhoist.En outre, les systèmes de neutralisation à secpeuvent se mettre facilement en conformité pourla dioxine et les métaux lourds, simplement enajoutant du charbon actif, à condition qu'ils soient
équipés d'un filtre à manches et que la température soit inférieure à 200 "C. Autre tendance dansle domaine, l'arrivée du bicarbonate de sodium.Ce réactif permet de trava iller quasiment sansexcès de réact if , avec des résultats plutôtmeilleurs que la chaux. Il peut permettre notamment de mettre en conform ité des anciennesunités de neutralisation par voie sèche sans grosinvestissements . Autre avantage : sa manipulation est moins dangereuse que celle de la chaux.Enfin, la CNIM et ALSTOM auraient constaté queles réactifs au sodium avaient un effet sur ladioxine. cc Notre département R&D est en traind'étudier les mécanismes de réaction de façon àbien comprendre le phénomène ». explique prudemment Hubert de Chefdebien . En cas desuccès , une économie supplémentaire pourraitdonc être tirée en choisissant ce réactif.
Tous les constructeurs d'installations de traitement de gaz mettent donc à leur catalogue le traitement sec au bicarbonate de soude issu deslaboratoi res de la société Solvay (p rocédéNeutrec). La CNIM dispose déjà de références enFrance. Problème, ce réactif est environ deux foisplus cher que la chaux, mais cet inconvénient peutêtre surmonté: en effet, Solvay a prévu la reprisedes résidus pour les recycler . Autre spécificité :pour être efficace, le bicarbonate doit être broyéavant d'être injecté dans le réacteur. Afin d'optimiser ses performances , certains constructeursconseillent de placer également un électrofiltr éenamont de l'injection du réactif pour retirer les poussières. Une opération qui permet à Solvay de valo-
POLLUTI ON ATMOSPHÉRIQUE - 68- JANVIER-MARS 1999
. ';
• Pour les unités d'une capacité inférieure à6 t/h , qui doivent se mettre en conform itéavec l'arrêté 1991 en 2000, l'ADEME soutient l' investissement à hauteur de 15 à30 % en fonction du rendement de désulfuration, qui distingue ra les installations quifont le strict minimum de celles qui vont audelà.
• Pour le traitement de la dioxine, il existeune aide générale de l'ADEME à hauteur de50 % jusqu'en fin 1999/début 2000.
Les aides actuelles de l'ADEME
Une variante de ce procédé est appelée semisec que certains dénomment aussi traitement secrefroidi. L'opération d'évaporation-refroidissementet le contact à sec se font consécutivement. Surcette technique , Fum ilav vien t d' innove r enconcevant une buse unique pour le refroidissement par l'eau et l'injection de chaux à sec, cequi permet de gagner une tour de réaction. " Parrapp ort à du semi-h umide, l'avantage du semisec est que le traitement de la diox ine et desfuranes est encore plus simp le -, souligne JeanLuc Coulbault, directeur commercial de Fumilav.Il faut toutefois noter que sur certains traitementssemi-humides, la période de neutralisation à secest assez longue pour que le charbon actif soitinjecté dans le réacteur comme dans le semi-sec.
Ventila teur de tirage
CIRCUIT FUMEES~ CIRCUIT RÉACTIF
CIRCUIT CHARBON ACTIFCIRCUIT CENDRES
• INJECTION D'EAU
Si/o de stockagede réactif sec
ID~ r
Prépara tion du m~ flait de réactif UJ.
Silo de stockagedes produ its de réaction
La voie semi-humide
Comme le traitement sec, le traitement semihumide consiste à faire réagir de la chaux avecles gaz ac ides . Le réact if est pu lvé risé sousforme liquide, soit mécaniquement (atomisation),soit par air comprimé. Une première solubilisationde l'HCI permet à celui-ci de réagir avec la chauxen suspension. L'eau s'évapore parallèlement enabaissant la température des gaz et la réactionse poursuit à sec. Le procédé ne génère aucuneffluent liquide et, tout comme le procédé sec, ilest possible d'envisager une recirculation desrésidus en tête d'insta llation si le constructeurdispose d'atomiseurs capables de supporter defortes concentrations en réactif. L'excès de cedernier est réduit par rapport au procédé à sec.Le laveur est suivi d'un filtre à manches. Commepour le procédé sec, le traitement semi-humidepermet l'injection de charbon actif qui agit dans laphase sèche sur la dioxine et les métaux lourdssans surcoût de filtration.
riser plus aisément les sels récupérés. " Il n'y apas de problème sur la qualité de la neutralisationpar le bicarbonate, mais il faut s 'assurer quecontractuellement le coût de traitement des réfiomest bien compris dans l'exploitation, afin d'éviterles incertitudes sur la gestion de ces sels » , notePhilippe Bajeat à l'ADEME. L'autre idée est deprévoir une installation modulaire qui puisse travailler avec la chaux ou le bicarbonate, propose-ton chez Hamon Research Cottrell.
..wo0:=>1;5 L- ---'
Principe de fonctionnement du traitement par voie semi-humide.
JANVIER-MARS 1999 - 69 - POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE
À ne pas oublier
L'important, c'est la pulvérisation . cc Lapulvérisation de lait de chaux est d'autantplus efficace que la maintenance est préventive -, souligne Philippe Granier, chezHamon Research Cottrell. Un argumentdéveloppé par la CNIM qui met en avant sesturbines d'atomisation de grand diamètre,lesquelles tournent à vitesse lente pour éviter l'usure et font l'objet de nettoyages préventifs en marche pour éviter l'encrassement. Chez LURGI, les disques d'atomisat ion ont fa it l' objet de nombreusesrecherches, mais toute la difficulté est des'adapter, notamment à la dureté de l'eau.Chez LAB enfin, des buses bitluides ont étémises au point pour allier perfo rmancesd'atomisation avec simplic ité d'explo itationd'un système sans pièces tournantes dansle réacteur.
Le traitement humide
Si le traitement humide a connu ses heuresde gloire pendant la dernière décennie, en particulier pour les grandes installations (où l'investissement au départ est déjà important) , c'es tnotamment pour sa capacité à descendre à des
La mise en conformité de l'usine d'Antibesa été faite en injectant du charbon actif en amont
du réacteur semi-humid e.
seuils très bas d'émissions de gaz acides et enraison du peu de rej ets sol ides . Le procédéconsiste, après un dépoussiérage (généralementpar électrofiltre), à favoriser le contact entre lesgaz et une solution de lavage. Les gaz sont doncsaturés en eau (dans ce qu'on appelle le quench).ce qui a pour effet d'abaisser fortement la température. Ils subissent ensuite un lavage qui doitêt re à deux étages ( ( acide » et « basique »)pour capter efficacement le HCI et les oxydes desoufre. Le lavage acide se fait à l'eau, et le lavage basique avec un réactif qui est souvent de lasoude. " En exploitation, le système humide estconfortable et permet facilement de répondrepour les gaz acides aux normes de la future
Injection delait de oneux
l' tntection0- d1eau
(~ Injection ae<zI SOUde
t'urges vers dispositif detrmtetnent aeeu
CIRCUIT FUMÉES
CIRCUIT LAVAGE
• CIRCUIT CHARBON ACTIF
CIRCUIT CENDRES
• PURGES
::;;zowÜcr:::;)
ocn'--------------- --l
Principe de fonction nement du traitement humide à deux réacte urs.
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE - 70 - JANVIER-MAR S 1999
:z Inj ec tion desoude
.~ Injectiondeau
• Inj ection de~ lait de chaux
Thivernal est le premier incinérateur humidesans rejets liquides réalisé en France.
Pour pallier cet inconvénient, les unités delav age humide pourrai ent êt re do tées desystèmes de traitement des NOx par vo ie catalytique : une technologie qui permettrait également
Purges alternées
~ CIRCUIT FUMÉES
CIRCUIT LAVAGE
aRCUlTCHARBON ACnFCIRCUIT CENDRES
• PURGES
Vers silo de stockagedes résidus
Ca=========
directive " , souligne Hervé Pernin, spécialistedes inst allations de combustion à l'ADE ME.Certains const ructeurs placent les deux étagesde traitement en une seule tour . cc Cela prendmoins de place, mais le coût de construction estp lus élevé " , note Al lain Maire, P-DG deSocrématic.
Malgré ces excellentes performances par rapport aux autres procédés et les faibles quantitésde réactif nécessai res, les traitements humidessubissent aujourd'hui le double coup du refus deseffluents liquides et de la peur de la dioxine.
cc Le rejet de sels est de plus en plus maltoléré -, souligne Hubert de Chefdebien. Maisc'est surtout la dioxine qui s'oppose aujourd'huiau déve loppement du traitement hum ide .cc L'adaptation du procédé est plus difficile pourles poussières et la dioxine - , soulig ne HervéPernin. cc L'humide ne réunit plus les conditionstechniques et économiques optimales pourrésoudre ce problème - . con firme StéphaneBicocchi. Car, pour adapter un procédé humide, ilfaut réchauffer les gaz en sortie de laveur pouratteindre les 100 à 120 "C nécessaires à la réaction avec le charbon actif, injecter le charbon etajouter un filtre à manches . Le surcoût peutparaître proh ibitif et l'exploitation demande del'énergie qui ne pourra plus être valorisée par l'unitéd'incinération. cc Si l'énergie n'est pas récupérée,alors ça vaut le coup. Sinon, c'est enti- économique » , conclut Jean-Luc Coulbault, de Fumilav.
::;:zowUoc=>oCIl l- ----'
Principe de fonctionnement du traitement humide sans effluents .
JANVIER-MA RS 1999 -71 - POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE
Quel coût pour le traitement de l'air ?
Pour une UIOM de 100000 Van avec récupération d'énergie (vapeur-électricité)
Usine respectantles normes de 1991
Investissements
Équipeme nt hors génie civil 170 MFTraitement SOx 0Traitement dioxine 0Traitement NOx 0Génie civil 50 MF
Total investissements
Plage de variation 220 à 270 Fit
Exploitation
Analyses et contrôles 0,12 MFGros entretien 2,9 MFAutres postes 9,68 MFTotal charges fixes 12,7 MF
Catalyseur 0Réact ifs 0,68 MFÉvaluation des réfiom 5,25 MFGros entretien 2,9 MFAutres postes 4,27 MFTotal charges proportionnelles 13,1 MF
Coût d'exploitation résultant, investissement compris440 à 510 FitPlage de variat ion
de détruire les molécules chlorées. Cette solutionn'est pas jugée très opportune à l'heure actue llepar une majorité des professionnels . En effet ,personne ne connaît encore les normes d'émission des oxydes d'azote. Et pour le cas où celles ci seraient modérées , le coût d'installation d'unevoie catalytique serait hors de proport ion avec lesrésultats à obtenir . « En outre, il faudra surdimensionner le réacteur catalytique (SCR) pour qu'ilpuisse traiter la dioxine " , estime-t-on chezCNIM. À l'ADEME, on enfonce le clou. cc La SCRne servira qu 'à traiter 20 % de la dioxine, les80 % restant étant déjà captés dans les poussières " , constate Hervé Pernin. Sans compterque le choix d'une SCR ne résoudra pas le casdes métaux lourds. cc Les rendements en traitemen t humide pour cap ter les mé tau x lourds(notamment le mercure) ne permettront pas d'atte indre les 0,05 mq/Nm t' " , af f ir me -t-on àl'ADEME et chez certains profess ionne ls, mêmesi LAB affirme pouvoir répondre à cette contra inte. Résultat , un traitement au charbon actif seraitde toute manière nécessaire. Cela dit, dans cedomaine, LAB propose une solution originale detraitement de la dioxine en système humide quipermettrait de ne pas remettre en cause cettefil ière dont il est le spécialiste. cc L'intérêt duprocédé est qu 'il n 'assure pas seulement l'adsorption. Il y a en effet destruction grâce à certa ins additifs contenus dans les effluents -.explique Dominique Blanc, ingénieur commercialchez LAB . Plusieurs inst allations fonctionnentdéjà ou sont en cours de construction comme à
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE - 72 -
Mulhouse et à Bruxelles. À noter que plus ieursconcurrents de LAB se sont essayés sans grandsuccès sur cette voie de recherche .
En fait , l'évolution logique du procédé seraitde le rendre propre (sans effluents). Ces derniers sont récupérés dans des laveurs et pulvérisés en tête d'installation dans une tour d'évaporat ion . Mise en œuvre plusieurs fois parCNIM et ALSTOM, cette configuration offre àl'exploitant la possibilité de traiter à la fois ladioxine et les métaux lourds. Seule contrainte ,que le dépoussiéreur avant les laveurs soitbien un filtre à manches. Chez ABB , LURGI etLAB , qui pratiquent aussi cette combinaison ,ce sont plutôt les anciens systèmes semihumides qu i sont transformés en hum ides sansrejets liquides. En clair, le réacteur du traitement sem i-humide ne sert plus qu 'à évaporerpu is à t rai t er la d io x ine . Ensuite , après ledépoussiére ur, une tour de lavage est install éepou r bénéficier des performances de neutral isat ion . Certaines soci étés vo ient aussi dans ceschéma un traitement comb iné . Dans ces caslà, le premier réacteur dans lequel est réinjectél'e ff luent sert aussi à t ra iter par voie sem ihumide les gaz , par ajout de réact if. ABB estime que cette consommation de réact if est inut ile compte tenu des performances du traitementpar voie humide. Cette solution semble aujourd'hui être bien acceptée pour « upgrader » destraitements un peu anciens . Elle nécessitecependant de disposer d'un peu de place . Ilfaut en outre s'assure r qu 'elle est bien rnaî-
JANVIER-MARS 1999
trisée afin d'éviter des réactions incontrôléesdans J'évapo rateur. Chez CNIM notamment, onne mél an ge pas les effluents acides etbasiques pour éviter le formation de gypse etlimite r la maintenance.
Ces solutions laissent la porte ouverte au traitement des NOx qui pourra éventuellement êtreun système non catalytique.
Le traitement par condensation
Un procédé plus margina l aujourd'hui est lacondensation . Il est proposé par une seu lesociété en France, Speic, qui met en œuvre unetechnoJogie développée par Pont-à-Mousson etSogéa il y a quelques années. Le principe reposesur J'utilisation de J'eau contenue dans les fuméespour les laver. Le lavage se déroule à très bassetempérature (40 à 50 OC), ce qui améliore la captat ion des gaz aci des et pe rmet mê me decondenser les métaux lourds. Le coût d'exploitatio n de ce procédé est peu élevé , notammentgrâce à une faible consommation énergétique et àune utilisation limitée de réactifs. En outre, il n'y a
Les questions à ne pas négliger
• Le garnissage des tours : voir J'équil ibreentre J' investissement et les coûts d'exploitat ion . Une to ur sans garn issage est pluschère à l'achat, mais moins coûteuse enmaintenance. Le garnissage peut aussi sesaturer de dioxines qui peuvent être relarguées ensuite.
• La panache: J'hum idi té produ it unpanache important en sort ie de cheminée .Le traiter nécessite de l'énergie, mais n'apporte rien du point de vue environnemental.IJ semble plus judic ieux aujourd'hui d'aborder ce problème sous l'angle de la communication.
pas de panache sortant de Ja cheminée et il estpossible de travai ller avec des matériaux plss tiques moins chers.
Le s us ines de Roch ef ort-sur-Mer (17) ,d'Argenteuil (95) et d'Annecy (74) utilisent cesystème.
Pour en savoir plus
Les bureaux d'études spécialisés
• Béture Environnement, tél. : 01 30 60 61 00.o Cadet International, tél. : 0320 33 57 87.o Trivalor, tél. : 04 79 72 73 83.
Les constructeurs
• ABB Énergie, tél. : 01 41 9745 00.• CNIM, tél. : 01 44 31 11 00.• Fumilav, tél. : 0479 624577.• Hamon Research Cottrell , tél. : 01 45 19 36 36.• Inor Von Roll , tél. : 01 47 10 03 50.• Krebs-Speichim (procédé d'électrofiltre Écoret), tél. : 01 55 91 80 00.• LAB SA, tél. : 04 78 63 70 90.• LURGI, tél. : 01 49 11 3700.• NPI CIo Gec Alstom Stein Industrie, tél. : 01 34654545.• Procedair, tél. : 01 30 87 45 50.• Socrématic, tél. : 01 34 32 40 50.• Solvay (procédé Neutrec) , tél. : 01 407581 46.o Speic, tél. : 01 39 67 10 00.
À lire
o Bicocchi S. Les polluants et les techniques d'épuration des fumées, cas des unités de destructionthermique des déchets. Tec & Doc Lavoisier Éd., Paris 1998.
JANV IER-MARS 1999 -73- POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE