2
Au Brésil, le jour d'après 12 mai 2016 00:00 Aglaé De Chalus Le chaos politique à Brasilia a accéléré la crise économique. Les marchés ont soutenu l'impeachment, et espèrent qu'un changement à la tête du pouvoir permettra le retour de la croissance. C'était le jour J hier à Brasilia. Les sénateurs devaient voter en grande majorité en faveur de l'ouver- ture d'un procès d'impeachment contre Dilma Rousseff, lors d'une session bien plus calme et conte- nue que celle du 17 avril à la Chambre des députés. La présidente devait donc être écartée du pou- voir, jusqu'au verdict des sénateurs, qui ont six mois pour la juger. Son vice-président, Michel Temer, la remplacerait dès aujourd'hui; si elle était jugée coupable, et sauf rebondissements, il res- terait président jusqu'aux prochaines élections, prévue en 2018. Ce changement à la tête du pouvoir est très attendu notamment par les milieux économiques, qui ont largement soutenu l'impeachment. Les marchés tiennent le gouvernement et la présidente brési- lienne pour responsable de la très forte récession de 2015 (-3,8% du PIB), de l'augmentation de la dette publique et du chômage, qui dépasse aujourd'hui les 10%. Une situation déjà préoccupante qui n'a fait qu'empirer avec le chaos politique à Brasilia: "Le gouvernement était concentré ces derniers mois sur l'impeachment, et pas sur les solutions à trouver pour la reprise de la croissance et les diffi- cultés financières que doit affronter le pays", explique Armando Castelar, économiste à la Fondation Getulio Vargas, à Rio. En 2016, le PIB devrait encore reculer de 4%. Difficile aussi pour les entreprises de "prendre des décisions quand l'horizon politique est si incer- tain, ajoute Frédéric Donier, qui conseille des entreprises brésiliennes et étrangères, y compris belges, avec son cabinet Crescendo, basé à Sao Paulo. La stratégie jusqu'à maintenant, c'était l'atten- tisme." La crise politique, qui a viré au ridicule à plusieurs reprises a aussi endommagé l'image du pays, notamment à l'étranger. "Pour les nouveaux arrivants ou ceux qui envisageaient d'investir, la crise a fait peur, a repéré Frédéric Donier. Mais ceux qui sont ici depuis plus longtemps savent que le Brésil n'a jamais été un long fleuve tranquille." Impact sur les Jeux Cette situation politique instable fait craindre également, à moins de trois mois de la cérémonie d'ouverture des J.O., un impact sur l'organisation des Jeux. Le comité organisateur tente tant bien que mal de tout mettre en place sans dépasser le budget alloué par la ville et l'Etat, dont les finances sont dans le rouge. Certains chantiers, comme celui du métro qui doit relier les infrastructures olympiques au reste de la ville, pourraient ne pas être livrés à temps. Et conséquence de l'actualité qui happe l'attention des Brésiliens, l'engouement n'est pas au rendez-vous: seule la moitié des billets ont déjà été vendus. Página 1 de 4 Au Brésil, le jour d'après | L'Echo 14/05/2016 http://www.lecho.be/actualite/archive/Au_Bresil_le_jour_d_apres.9765264-1802.art?...

Au Brésil, le jour d'après - L'Echo 12.05.2016

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Au Brésil, le jour d'après - L'Echo 12.05.2016

Au Brésil, le jour d'après

12 mai 2016 00:00

Aglaé De Chalus

Le chaos politique à Brasilia a accéléré la crise économique. Les marchés ont soutenu

l'impeachment, et espèrent qu'un changement à la tête du pouvoir permettra le retour

de la croissance.

C'était le jour J hier à Brasilia. Les sénateurs devaient voter en grande majorité en faveur de l'ouver-

ture d'un procès d'impeachment contre Dilma Rousseff, lors d'une session bien plus calme et conte-

nue que celle du 17 avril à la Chambre des députés. La présidente devait donc être écartée du pou-

voir, jusqu'au verdict des sénateurs, qui ont six mois pour la juger. Son vice-président, Michel

Temer, la remplacerait dès aujourd'hui; si elle était jugée coupable, et sauf rebondissements, il res-

terait président jusqu'aux prochaines élections, prévue en 2018.

Ce changement à la tête du pouvoir est très attendu notamment par les milieux économiques, qui

ont largement soutenu l'impeachment. Les marchés tiennent le gouvernement et la présidente brési-

lienne pour responsable de la très forte récession de 2015 (-3,8% du PIB), de l'augmentation de la

dette publique et du chômage, qui dépasse aujourd'hui les 10%. Une situation déjà préoccupante qui

n'a fait qu'empirer avec le chaos politique à Brasilia: "Le gouvernement était concentré ces derniers

mois sur l'impeachment, et pas sur les solutions à trouver pour la reprise de la croissance et les diffi-

cultés financières que doit affronter le pays", explique Armando Castelar, économiste à la Fondation

Getulio Vargas, à Rio. En 2016, le PIB devrait encore reculer de 4%.

Difficile aussi pour les entreprises de "prendre des décisions quand l'horizon politique est si incer-

tain, ajoute Frédéric Donier, qui conseille des entreprises brésiliennes et étrangères, y compris

belges, avec son cabinet Crescendo, basé à Sao Paulo. La stratégie jusqu'à maintenant, c'était l'atten-

tisme." La crise politique, qui a viré au ridicule à plusieurs reprises a aussi endommagé l'image du

pays, notamment à l'étranger. "Pour les nouveaux arrivants ou ceux qui envisageaient d'investir, la

crise a fait peur, a repéré Frédéric Donier. Mais ceux qui sont ici depuis plus longtemps savent que

le Brésil n'a jamais été un long fleuve tranquille."

Impact sur les Jeux

Cette situation politique instable fait craindre également, à moins de trois mois de la cérémonie

d'ouverture des J.O., un impact sur l'organisation des Jeux. Le comité organisateur tente tant bien

que mal de tout mettre en place sans dépasser le budget alloué par la ville et l'Etat, dont les finances

sont dans le rouge. Certains chantiers, comme celui du métro qui doit relier les infrastructures

olympiques au reste de la ville, pourraient ne pas être livrés à temps. Et conséquence de l'actualité

qui happe l'attention des Brésiliens, l'engouement n'est pas au rendez-vous: seule la moitié des

billets ont déjà été vendus.

Página 1 de 4Au Brésil, le jour d'après | L'Echo

14/05/2016http://www.lecho.be/actualite/archive/Au_Bresil_le_jour_d_apres.9765264-1802.art?...

Page 2: Au Brésil, le jour d'après - L'Echo 12.05.2016

Pointures

Plus proche de l'opposition de droite et des entrepreneurs, l'ex-principal allié de Dilma Rousseff,

Michel Temer, bien que peu populaire (2% d'intentions de vote) est bien vu des milieux d'affaires.

Les noms qui circulent pour former son équipe économique sont des "pointures", selon Frédéric Do-

nier. Ex-président de la banque centrale brésilienne, Henrique Meirelles, qui siège au conseil d'ad-

ministration de grandes entreprises, devrait être nommé ministre de l'Economie.

Les entreprises restent prudentes cependant, car "la crise politique n'est pas résolue pour autant

avec l'arrivée de Michel Temer", tempère Frédéric Donier, mais globalement, l'état d'esprit partagé

aujourd'hui par les investisseurs c'est que "cela ne peut être que mieux", observe Armando Castelar.

La croissance ne devrait reprendre véritablement qu'en 2019-2020, "après l'arrivée d'un nouveau

chef d'Etat élu qui aura la légitimité populaire pour mettre en place des mesures fortes", anticipe

Frédéric Donier. Il faudra d'ici là "reconquérir la confiance".

Publicité

PARTNER CONTENT offre aux entreprises, organisations et organismes publics l'accès au réseau de L'Echo.

Contenu sponsorisé

PARTNERS

AXA

A qui profitent vos données ?

Accenture, Société Générale Private Banking et ALD Automotive

Numérisation: menace ou opportunité?

Exact

D’expert-comptable à coach d’entreprise en neuf conseils

Página 2 de 4Au Brésil, le jour d'après | L'Echo

14/05/2016http://www.lecho.be/actualite/archive/Au_Bresil_le_jour_d_apres.9765264-1802.art?...