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Climat1

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Page Une et édito du Soir: le piètre bulletin de la Belgique en matière climatique

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Page 1: Climat1

L undi s’est ouvert à Varsovie le 19e

sommet mondial sur le climat.La lenteur et la difficulté de ces

négociations entre 190 pays du mondeexaspèrent ceux qui sont en premièreligne du changement climatique. Nom-breux sont ceux qui ont saisi l’argumentdu typhon dévastateur qui a endeuilléles Philippines pour reprocher leurégoïsme à ceux qui traînent les piedsdans les discussions. Même si les scien-tifiques ne peuvent pour l’instant éta-

blir que le réchauffement du climat est àl’origine de tels événements et qu’il lesmultipliera à l’avenir, une chose estsûre : avec l’élévation du niveau de lamer, les communautés côtières serontde plus en plus affectées par la violencedes tempêtes.

Pas sûr cependant que cela suffira àtroubler les négociateurs les plusrudes…

Comme ce fut le cas lors des précé-dents sommets, la Belgique défendra

une position ambitieuse à Varsovie. Elledispose d’une équipe de négociateursaguerris et a mis fin aux plus vives que-relles internes. Notre pays est désor-mais favorable à un relèvement des am-bitions européennes en matière de ré-duction de gaz à effet de serre. Nous ac-ceptons une aide accrue aux pays envoie de développement.

Mais cette position saluée par les paysles plus pauvres et les organisations nongouvernementales est sérieusement mi-

née par nos piètres performances quandnous jouons « à domicile ». Lorsqu’ils’agit de réduire nos propres émissions,nous n’atteignons l’objectif qu’en ache-tant du CO2 à l’étranger. Notre résultatmasque mal que les émissions de cer-tains secteurs dérapent sérieusement.Il est clair que sans nouvelles mesures,nous n’atteindrons pas la cible de 2020.Et nous ne pourrons plus recourir mas-sivement à des achats « d’indulgencesclimatiques ». Il va donc falloir réduire

en interne. En matière de renouvelable,le compte n’est pas bon non plus. Et enraison de querelles internes entre Ré-gions et fédéral, la Belgique ne respecte-ra pas son engagement financier àl’égard des pays les plus pauvres.

Bref, une remise en cause s’impose.Un bilan transparent. Et de nouvellespolitiques. Tout le monde devra s’ymettre. En attendant un vrai débat, LeSoir ouvre ce difficile dossier. ■

MICHEL DE MUELENAERE

NON, LE PHOTOVOLTAÏQUE N’EST PAS MORT ! P.3

Voilà le bulletin climatique dela Belgique : pas top. A l’évi-

dence, il ne va pas plaire à tout lemonde. On entend d’ici les argu-ties, les « c’est pas moi, c’estl’autre ». On les attend. L’exerciceest à haut risque dans un payséclaté où trouver des chiffres etdes évaluations relève de l’ex-ploit. Dans notre beau pays, untel bulletin régulier ne se faitpas. Ce serait le rôle des autori-tés ; mais lesquelles ? Ce seraitprendre le risque d’identifier desresponsables. Nous sommesdonc incapables d’y voir clairdans l’impact de nos politiquesclimatiques. Pire, on est inca-pable de s’entendre sur les

chiffres : les Régions ont lesleurs, le fédéral a les siens. Et lesNations unies n’en peuvent plusde demander aux Belges de semettre d’accord.Mais oublions cela. Globalement,on sait que la Belgique n’est pas

dans les clous. Et qu’à l’avenir ledérapage risque de s’accentuer.Alors, il n’est pas trop tard pouridentifier ce qui coince. Pourdistribuer les bons et les mau-vais points. Personne n’y échap-perait. Consommateurs, tra-vailleurs, voyageurs, entreprises,

syndicats, ONG. Tous ceux quis’inventent une excuse : « Il n’y apas d’alternative. » Avec mentionspéciale pour ceux qui disposentde l’information et des moyensmais refusent de faire leur partdu boulot. N’y échappent pasmême les médias qui méritentleur part de taloches pour n’êtrepas assez critiques, pour at-tendre eux aussi comme le Mes-sie le fameux « retour de la crois-sance » (quelle croissance ?),pour persister la bouche encœur : « Bonne nouvelle, le prixdes carburants est à la baisse. »L’obsession de ce qu’on appelle« le portefeuille des gens »…Mais puisque ce sont eux qui ont

les mains sur les manettes, lespolitiques sont sans aucun douteles premiers à interpeller. Detoutes parts, les analysesconvergent : dédain pour le dos-sier climat/énergie trop connoté« écolo » ou « anti-entreprises »,blocage institutionnel, absencede vision à long terme, manquede réflexion et de courage poli-tiques. Ce ne sont pourtant pasles études scientifiques, lesrecherches et les avis d’expertsqui manquent. Ils sont climato-logues, économistes, socio-logues, experts en aménagementdu territoire, en consommation,en énergie, en mobilité… Mêmedes instances ultra-environne-

mentalistes comme l’OCDE, laCommission, le Bureau du Planet le Conseil supérieur des Fi-nances s’y sont mis. Tous sou-lignent qu’au rythme actuel, avecles mesures actuelles, la Bel-gique n’atteindra pas ses objec-tifs. Tous disent qu’elle peut yarriver. Mais qu’il faut pour celaaccepter des remises en ques-tion, de discuter de tabous,d’oser des discours complexes.Celui-ci par exemple : la fiscalitén’est pas une maladie honteuse.Au contraire, elle peut-être unoutil de progrès.Des gens normaux, des entre-prises s’y sont mis. A quand unesociété, un pays ?

L’ÉDITOMichel De Muelenaere

UN PETIT BULLETINET PUIS

UN GRAND DÉBAT ?

PHILIPPINESLe typhon le plus puissant de tous les temps P.6&7

Oser des remises en ques-tion et discuter de tabous

Il y a une énorme marge de progression dans le bâtimentrésidentiel, indiquent toutes les études. Les efforts actuels nesont pas suffisants. Le bâti est très vétuste. Le rythme derénovation des bâtiments est trop lent. Il faut accélérer.

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Les renouvelables progressent dans notre pays. Mais pasassez pour espérer atteindre l’objectif européen de 13 % de laconsommation. Beaucoup de contestations accompagnent lesecteur qui est en manque de clarté et de stabilité.

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Croissance de 30 % des émissions de gaz à effet de serre de-puis 90 : le secteur des transports est un véritable souci cheznous. La route plombe le bilan. Les transports publics peinenttoujours à convaincre.

L’image ambitieuse que se donne la Belgique sur le dossier climatique est-elle usurpée ? Unbilan s’impose de nos politiques et de nos engagements. Conclusion : il y a encore du boulot.

TRANSP

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SOMMET MONDIAL

SUR LE CLIMAT

10 PAGES

SPÉCIALES Climat : un piètrebulletin pour la Belgique

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MARDI 12 novembre 2013 / Edition Bruxelles-Périphérie / Quotidien / No 263 / 1,50 € / 02 225 55 55