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POUR ARRÊTER L’ANARCHIE ET RETABLIR UN ETAT DE DROIT EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ACADEMIE DES SCIENCES D’OUTRE- MER, Paris le 16 janvier 2014 Marie-Reine Hassen Ancien Ministre, Présidente du MRC.Centrafrique 1 - SITUATION ACTUELLE Au moment où je vous parle, la situation à Bangui reste confuse et tragique. Le Président autoproclamé Djotodia a démissioné. Le Conseil National de Transition dominé par les membres de Séléka est à l’oeuvre, avec le consentement et la bénédiction des Etats de la Région d’Afrique Centrale. Cet organisme illégitime devrait désigner un president de la transition dans les 15 jours à venir. Nous sommes a la veille d’un nouvel échec. En effet, en cinquante ans, ce pays d’environ 3,5 millions d’habitants a une histoire jalonnée, depuis l’indépendance, de soubresauts politiques. Il n’a connu que dictatures, déstabilisations, coups d’Etat, crises politico militaires à répétition, rebellions et guerres civiles, qui ont fortement perturbé la paix civile et la sécurité intérieure, entraînant une instabilité institutionnelle et conjoncturelle défavorable à son développement. Par la faiblesse des gouvernements dans ses régimes successifs, la RCA est restée un pays fragile que de nombreux observateurs qualifient d’ « Etat Fantôme ». Les violations des droits humains, la dégradation de la situation humanitaire et les violences restent constantes. La moitié de la population était déjà affectée de manière constante par les violences cumulées des rebelles, des bandits et des forces gouvernementales. Et tout cela avec une impunité totale. Même la capitale Bangui n’était pas épargnée. Les infrastructures essentielles, routes, réseaux d'eau, d'électricité et d’assainissement, avaient tout simplement disparu faute d'entretien et d'investissements. La santé et l’éducation étaient en ruine. La situation politique et socioéconomique, ainsi que les conditions de sécurité étaient des plus alarmantes. La RCA fait partie des Pays les Moins Avancés (PMA). Elle figurait déjà au dernier rang du classement mondial du climat des affaires par la revue « Doing Business » de la Banque mondiale de manière constante depuis 2008 (183è sur 183). En 2011 le PNUD l’a reléguée au 179è rang sur 185 à l'indice de développement humain. Selon Action pour la faim, 70% de la population vivait sous le seuil de pauvreté. C’est le premier pays en Afrique Centrale pour le taux de prévalence du VIH/SIDA et c’était le 10è dans le monde. L’espérance de vie des Centrafricains n’était plus que de 39 ans. C’est l’un des pays au monde où l’on meurt le plus vite. Ce désastre est le résultat de décennies d’incurie. C’est pourtant un pays qui a des ressources immenses, un territoire qui s’étend sur 623.000km2, et une langue nationale, le sango. C’est un pays qui possède des terres arables qui peuvent nourrir toute la population, des minerais et des terres rares : uranium, diamant, or etc…sans compter les réserves de pétrole. Il a par ailleurs reçu de nombreuses aides financières et un soutien sans relâche de la communauté internationale, y compris de la sous-région. La situation est encore pire à l’heure actuelle. Depuis décembre 2012, le pays a été livré aux mains de criminels. Une coalition de diverses rébellions hétéroclites, en majorité musulmanes, a renversé le président en place, et le coup de grâce a été administré à ce qui restait d’un pays déjà à genoux : même l’état-civil et les archives administratives ont 1

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POUR ARRÊTER L’ANARCHIE ET RETABLIR UN ETAT DE DROIT EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

ACADEMIE DES SCIENCES D’OUTRE- MER, Paris le 16 janvier 2014

Marie-Reine HassenAncien Ministre, Présidente du MRC.Centrafrique

1 - SITUATION ACTUELLE

Au moment où je vous parle, la situation à Bangui reste confuse et tragique. Le Président autoproclamé Djotodia a démissioné. Le Conseil National de Transition dominé par les membres de Séléka est à l’oeuvre, avec le consentement et la bénédiction des Etats de la Région d’Afrique Centrale. Cet organisme illégitime devrait désigner un president de la transition dans les 15 jours à venir. Nous sommes a la veille d’un nouvel échec.

En effet, en cinquante ans, ce pays d’environ 3,5 millions d’habitants a une histoire jalonnée, depuis l’indépendance, de soubresauts politiques. Il n’a connu que dictatures, déstabilisations, coups d’Etat, crises politico militaires à répétition, rebellions et guerres civiles, qui ont fortement perturbé la paix civile et la sécurité intérieure, entraînant une instabilité institutionnelle et conjoncturelle défavorable à son développement. Par la faiblesse des gouvernements dans ses régimes successifs, la RCA est restée un pays fragile que de nombreux observateurs qualifient d’ « Etat Fantôme ». Les violations des droits humains, la dégradation de la situation humanitaire et les violences restent constantes. La moitié de la population était déjà affectée de manière constante par les violences cumulées des rebelles, des bandits et des forces gouvernementales. Et tout cela avec une impunité totale. Même la capitale Bangui n’était pas épargnée. Les infrastructures essentielles, routes, réseaux d'eau, d'électricité et d’assainissement, avaient tout simplement disparu faute d'entretien et d'investissements. La santé et l’éducation étaient en ruine. La situation politique et socioéconomique, ainsi que les conditions de sécurité étaient des plus alarmantes.

La RCA fait partie des Pays les Moins Avancés (PMA). Elle figurait déjà au dernier rang du classement mondial du climat des affaires par la revue « Doing Business » de la Banque mondiale de manière constante depuis 2008 (183è sur 183). En 2011 le PNUD l’a reléguée au 179è rang sur 185 à l'indice de développement humain. Selon Action pour la faim, 70% de la population vivait sous le seuil de pauvreté. C’est le premier pays en Afrique Centrale pour le taux de prévalence du VIH/SIDA et c’était le 10è dans le monde. L’espérance de vie des Centrafricains n’était plus que de 39 ans. C’est l’un des pays au monde où l’on meurt le plus vite.

Ce désastre est le résultat de décennies d’incurie. C’est pourtant un pays qui a des ressources immenses, un territoire qui s’étend sur 623.000km2, et une langue nationale, le sango. C’est un pays qui possède des terres arables qui peuvent nourrir toute la population, des minerais et des terres rares : uranium, diamant, or etc…sans compter les réserves de pétrole. Il a par ailleurs reçu de nombreuses aides financières et un soutien sans relâche de la communauté internationale, y compris de la sous-région.

• La situation est encore pire à l’heure actuelle. Depuis décembre 2012, le pays a été livré aux mains de criminels. Une coalition de diverses rébellions hétéroclites, en majorité musulmanes, a renversé le président en place, et le coup de grâce a été administré à ce qui restait d’un pays déjà à genoux : même l’état-civil et les archives administratives ont

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été détruits. Face aux exactions multiples commises par les petits seigneurs de guerre, se sont constitués des groupes d’auto défense, les anti-balakas ("anti-machettes"). Le territoire entier est plongé dans une tragédie profonde et vit dans l’anarchie la plus totale. Malgré la présence des forces armées internationales, à Bangui la capitale les affrontements, attaques, lynchages, exactions et représailles sont quotidiens. Le bilan de cette dernière prise de pouvoir par la force est désastreux : les populations centrafricaines sont profondément traumatisées. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées. On peut en recenser 500 000 sur l’ensemble du territoire, plus de 100 000 à l’aéroport de Bangui, 34 000 au monastère de Boy Rabe, 27 500 personnes déplacées au centre de Don Bosco … Les personnes survivent dans de très mauvaises conditions sanitaires : eau impropre à la consommation, absence de douches, de savon, de sanitaires. La crise médicale est devenue chronique, les pathologies augmentent énormément, et il y a des risques d’épidémies. Les problèmes d’alimentation et de nutrition vont créer en 2014 une crise humanitaire sans précédent. Le niveau de la crise dans le pays est tel que tout est à refaire, qu’il faudra des années pour cela, et qu’il faudra tout le soutien de la communauté internationale.

Tout un peuple est en train de disparaître.

2 - COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Face à cette situation, la Communauté Internationale s’est finalement mobilisée. La Communauté des Etats de l’Afrique Centrale avait installé des troupes de la Force Multinationale des Etats d’Afrique Centrale (FOMAC) pour le maintien de la paix depuis 2008. Mais elles n’ont pas pu maintenir la paix. En octobre 2013, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2121 qui renforce le mandat du Bureau intégré de l’Organisation des Nations unies en Centrafrique (Binuca), et crée une Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (Misca) dirigée par l’Union africaine en remplacement de la FOMAC. Jusque là l’UA n’a réussi à rassembler que 3500 soldats ; le plafond autorisé de 6000 hommes n'a pas été atteint. Notons que le Conseil de sécurité autorise un mandat de chapitre VII pour la Misca, qui permet l’emploi de la force sur le terrain. La résolution du 5 décembre prise dans la cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies a permis le déploiement du contingent français aux côtés des forces de la FOMAC déjà présentes (1600 hommes). Plus d’un mois après le vote de l’ONU, il y a toujours moins de 4 000 soldats de l’UA déployés en République centrafricaine, en plus des 1 600 soldats français.Il est à noter que la France, dans son intérêt pour la sécurité régionale en Afrique Centrale, a tenu un sommet à Paris sur la sécurité le mois dernier.

• Démission de Djotodia

La démission du Président auto-proclamé Djotodia a exacerbé les tensions. Des attaques ont eu lieu juste après. Les milices anti-balaka sont décidées à en découdre avec les Séléka lourdement armés. La haine et la méfiance entre les communautés s’accroissent à travers le pays. Les tensions et la spirale de violence vont s’accroître encore davantage. Le chaos qui persiste en RCA risque de déstabiliser davantage le pays, ce qui mettrait en danger la République centrafricaine, ses citoyens mais également la région toute entièreLa situation est si catastrophique que Genocide Watch a publié une alerte au genocide pour la RCA (Genocide Watch’s Country Report of 2012).

3 - JOSEPH KONY Le leader de la rebellion ougandaise Lord’s Resistance Army, commet des atrocités

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dans l’Est de la RCA depuis 2008. L’armée ougandaise et des conseillers militaires américains le traquent, mais jusque là ils n’ont pas réussi à le trouver. Il est beaucoup plus sûr de lui et ses exactions sont devenues plus fréquentes.

Le nouveau président va hériter d’un pays à la dérive: climat de haine inter  communautaire, relations détériorées entre Chrétiens et Musulmans (il est à noter qu’auparavant la coexistence entre toutes les communautés était pacifique), plus d’un million de déplacés – sur une population totale de 4,6 millions d’habitants – crise humanitaire sans précédent, administration à l’arrêt, économie inexistante.

Pour la majorité des Centrafricains, l’année 2013 aura été l’enfer sur terre. Les civils, comme toujours, sont les principales victimes de ce conflit, en particulier les femmes et les enfants. Les pertes humaines sont extrêmement lourdes. La situation est pire qu’elle ne l’a jamais été dans toute l’histoire du pays, et elle s’aggrave de jour en jour.

4 - MENACE POUR LE MONDE

Ce qui se passe en RCA représente une menace sérieuse pour la stabilité de la sous-région. C’est un no-man's land au coeur de l’Afrique. Si ce pays plonge, la stabilité déjà fragile de cette région à risque sera mise encore plus en péril . Le territoire est devenu un sanctuaire pour les groupes terroristes islamistes, terreau favorable pour Boko Haram du Nigéria, les Shebabs de Somalie…Ces groupes islamistes deviennent de plus en plus puissants à travers le continent et menacent la sécurité de l’Europe et du monde. Même les rebelles non centrafricains ont pu acquérir par exemple des passeports réguliers et diplomatiques leur permettant de circuler à travers le monde

Les ramifications géopolitiques de l’anarchie centrafricaine ont déjà dépassé les frontières. Les Etats en guerre et les acteurs non étatiques exploitent le territoire, les caches d’armes et les ressources naturelles pour leurs interêts personnels. Les diamants de la RCA sont véhiculés aux mains des milices Janjawids du Darfour, soutenus par Khartoum. Il est clair que le chaos centrafricain a déjà des implications significatives au delà des frontières.

En résumé, la RCA était un Etat failli, il reste un Etat failli, et le contexte actuel laisse très peu d’espoir pour un changement positif dans un futur proche, ou même à moyen terme. La RCA est devenue un pôle d’attraction pour les extrêmistes et un hub pour les acteurs non étatiques, où les frontieres poreuses et le terrain ingouvernable fait du pays un paradis pour toutes sortes de militants djihadistes. La situation reste ingérable et il est urgent que la Communauté internationale prenne immédiatement les bonnes decisions.

5 - ENVIRONNEMENT

Les violences ruinent la biodiversité remarquable du pays et alimentent même le terrorisme global. Les groupes armés sont de plus en plus impliqués dans le commerce illicite de l’ivoire, notamment en RCA. Il a été constaté que plus de la moitié du budget de fonctionnement du groupe islamiste somalien al-Shabab provient de la vente de l’ivoire. Les forêts de la RCA sont aussi menacées : le sud du pays est entièrement couvert de forêt équatoriale et le bois a toujours été la principale source de revenus et d’emploi pour le pays.

Crise politique, crise sécuritaire et crise humanitaire, la Centrafrique continue de s’enfoncer dans l’anarchie. Ces trois crises qui se cumulent rendent l’avenir du

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Centrafrique bien sombre, si rien n’est véritablement fait pour y mettre fin. Dans une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, la présidente d’International Crisis Group (ICG) demande « une action internationale urgente et concertée afin d’enrayer le chaos ». La RCA devrait devenir une des priorités pour Washington, Londres et Paris. Plus que jamais la RCA a besoin d’assistance étrangère pour instaurer la sécurité et l‘ordre. Plus que jamais les populations ont besoin d’assistance immédiate et de protection, car il est clair qu’aujourd’hui la première priorité est celle qui concerne la protection de la population. Mais si l’Etat n’arrive pas à protéger sa propre population, il perd sa légitimité, et c’est la responsabilité des autres Etats de venir les sauver. La Communauté Internationale doit donc se lever et protéger la population de la République Centrafricaine

6 - QUE FAUT-IL FAIRE POUR RESOUDRE CE PROBLEME? QUELLES SOLUTIONS?

D’abord il y a un constat : ni les nombreux sommets, ni les multiples dialogues, ni les diverses réunions, ni les innombrables appels et suppliques, n’ont ramené la paix dans le pays et la sécurité au sein des populations de la RCA. Dans mes nombreuses analyses diffusées auprès des médias audiovisuels ou écrits, j’ai insisté de manière constante sur l’urgence de s’attaquer très rapidement aux racines de l'instabilité pour éviter un affrontement armé généralisé. Ce que je craignais est malheureusement arrivé. Pour en sortir, il convient d’abord d’enrayer les conditions de l’émergence de nouvelles rébellions. Ensuite, les dirigeants doivent mettre en œuvre un ensemble de réformes de structure pour reconstruire le pays sur de nouvelles bases. Pour réussir ces défis, je suggère d’installer les conditions nécessaires à ce processus à travers la tenue d’une « conférence nationale souveraine » visant à débattre publiquement, clairement et ouvertement des maux de la RCA et de leur résolution.

1°) L’instauration de la sécurité est l’élément central de la solution globale et ne peut être assurée que par des forces internationales d’intervention autour de la France. Les forces armées centrafricaines et les combattants de la Séléka sont totalement disqualifiés pour intégrer le dispositif international. La France pourrait déployer 2000 hommes et la communauté internationale pourrait décider de l’envoi de 8000 hommes supplémentaires pour le renforcement de ce dispositif. Il faut espérer une montée plus rapide en puissance de la Misca, la force d'interposition panafricaine présente en République centrafricaine (RCA). Je reste persuadée qu’une force multinationale armée nombreuse et combattante est indispensable pour patrouiller, désarmer et sécuriser l’ensemble du territoire centrafricain. Je considère que les forces internationales sont la seule garantie de paix et de sécurité à travers tout le pays.

2°) Il est urgent qu’un processus politique solide soit mis en place, en même temps que le processus militaire de sécurisation du territoire, afin d’apporter une solution durable qui redonne espoir à la population centrafricaine. La solution politique pourrait être la mise en place d’une administration provisoire sous l’égide des Nations Unies, de la France, de l’Union Africaine et de la CEEAC. Cette administration aurait la mission de conduire la gestion du pays jusqu’aux prochaines élections générales. Son objectif serait de mettre en place les différentes étapes menant aux élections.

3°) Parmi ces étapes je propose l’organisation d’une Conférence Nationale Souveraine qui rassemblera les représentants des différents acteurs politiques, économiques, sociaux, culturels, cultuels, les représentants de la jeunesse, de la diaspora etc., de la République Centrafricaine. Les Centrafricains devront débattre publiquement, clairement et ouvertement des maux de la RCA et de leur résolution. Cette conférence se tiendra

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sur le territoire centrafricain. La tenue de cette concertation nationale est l’étape cruciale et déterminante pour réussir la transition et jeter les fondations solides de la reconstruction. Les décisions issues de la Conférence Nationale, qui s’imposeront à tous, nous permettront de fixer une feuille de route, d’orienter le pays sur des bases solides dans sa gouvernance et dans la place que le pays doit accorder à chacun de ses citoyens.

4°) La Conférence va indiquer les conditions de formation du gouvernement de transition. De la qualité des membres de l’équipe gouvernementale dépendra l’efficacité de toutes les actions à mener. Une équipe gouvernementale compétente et redynamisée, issue de la volonté de l’ensemble des citoyens, apaiserait les tensions politiques. Il s’agira d’une équipe restreinte de 15 à 20 personnes reconnues pour leur intégrité, leur compétence, leur total engagement à la bonne gestion et à la reconstruction du pays.

Les principaux responsables ayant été caution de la destruction du pays et ne bénéficiant pas de la confiance du peuple devraient être disqualifiés pour mener une transition consensuelle.

Le gouvernement sera en charge de mener le processus conduisant aux élections, à la reconstruction de l’Etat, à la réconciliation nationale, à la reconstruction de l’appareil judiciaire, à l’optimisation de l’administration publique, à l’élaboration de plans sur la réorganisation territoriale, la remise en service de l’éducation, de la santé et des infrastructures publiques…

Ce grand débat national devrait commencer immédiatement, pour une transition transparente qui permettra l’établissement d’une meilleure gouvernance du pays, particulièrement dans le domaine de la lutte contre l’impunité. Car l’impunité est l’une des causes de l’instabilité en Afrique Centrale, et tout particulièrement en RCA.

Nous savons parfaitement qu’autrement, ni la Séléka ni les anti-balakas n’arrêteront leurs tueries, leurs pillages et leurs exactions, que l’ordre ne sera pas rétabli, que l’accès à l’assistance humanitaire restera désespérément difficile.

Tous les acteurs politiques Centrafricains doivent également s’impliquer dans cet effort pour restaurer la sécurité et l'État de droit, et surtout pour traiter les causes sous-jacentes de l'instabilité qui persiste.

De mon point de vue, ce sont là les conditions nécessaires pour envisager un avenir qui assurera à l’ensemble du peuple la paix, la prospérité et la démocratie.

ACADEMIE DES SCIENCES DE L’OUTRE-MER Paris le 16 janvier 2014

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sur le territoire centrafricain. La tenue de cette concertation nationale est l’étape cruciale et déterminante pour réussir la transition et jeter les fondations solides de la reconstruction. Les décisions issues de la Conférence Nationale, qui s’imposeront à tous, nous permettront de fixer une feuille de route, d’orienter le pays sur des bases solides dans sa gouvernance et dans la place que le pays doit accorder à chacun de ses citoyens.

4°) La Conférence va indiquer les conditions de formation du gouvernement de transition. De la qualité des membres de l’équipe gouvernementale dépendra l’efficacité de toutes les actions à mener. Une équipe gouvernementale compétente et redynamisée, issue de la volonté de l’ensemble des citoyens, apaiserait les tensions politiques. Il s’agira d’une équipe restreinte de 15 à 20 personnes reconnues pour leur intégrité, leur compétence, leur total engagement à la bonne gestion et à la reconstruction du pays.

Les principaux responsables ayant été caution de la destruction du pays et ne bénéficiant pas de la confiance du peuple devraient être disqualifiés pour mener une transition consensuelle.

Le gouvernement sera en charge de mener le processus conduisant aux élections, à la reconstruction de l’Etat, à la réconciliation nationale, à la reconstruction de l’appareil judiciaire, à l’optimisation de l’administration publique, à l’élaboration de plans sur la réorganisation territoriale, la remise en service de l’éducation, de la santé et des infrastructures publiques…

Ce grand débat national devrait commencer immédiatement, pour une transition transparente qui permettra l’établissement d’une meilleure gouvernance du pays, particulièrement dans le domaine de la lutte contre l’impunité. Car l’impunité est l’une des causes de l’instabilité en Afrique Centrale, et tout particulièrement en RCA.

Nous savons parfaitement qu’autrement, ni la Séléka ni les anti-balakas n’arrêteront leurs tueries, leurs pillages et leurs exactions, que l’ordre ne sera pas rétabli, que l’accès à l’assistance humanitaire restera désespérément difficile.

Tous les acteurs politiques Centrafricains doivent également s’impliquer dans cet effort pour restaurer la sécurité et l'État de droit, et surtout pour traiter les causes sous-jacentes de l'instabilité qui persiste.

De mon point de vue, ce sont là les conditions nécessaires pour envisager un avenir qui assurera à l’ensemble du peuple la paix, la prospérité et la démocratie.

ACADEMIE DES SCIENCES DE L’OUTRE-MER Paris le 16 janvier 2014

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