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LA PRESSE NOUVELLE Magazine Progressiste Juif N° 233 - FEVRIER 2006 - 25 e ANNÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. Le N° 5,50 Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide MOYEN-ORIENT • Hamas, kadima, la nouvelle donne J.Dimet p.3 SOCIETE • Bons et mauvais immigrés R.Wlos p.4 PAROLES J.DimetT p.5 HISTOIRE • L’ORT en URSS E.Polack p.6 • Généraux allemands / écoute britannique L.Steinberg p.7 POINT DE VUE • L’image de l’Autre H.Levart p.5 MEMOIRE • On ne peut comparer ? H.Levart p.4 • Charonne – Fanny Dewerpe p.3 SAGA • BINEML S. Palant p.8 Roland Wlos Un projet gouvernemental xénophobe PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisémitisme et de racisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l'Etat d'Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien. E n prenant connaissance du projet de loi de Sarkozy sur l'immigration, une image forte m'est venue à l'esprit : celle du marché aux esclaves où les négriers inspectaient dents, yeux, muscles des bras, jambes, mains… S'il est vrai que comparaison n'est pas raison, force est de reconnaître, ce projet prônant une "immigra- tion choisie et non subie", que sa philosophie géné- rale procède de la même logique sélective que cette image. Comment qualifier autrement, un ensemble de dis- positions qui organisent le tri d'individus en fonc- tion de leurs capacités et possibilités à répondre à des critères d'accueil qui bafouent leurs droits et plus généralement les droits de l'homme ? En clair, cela signifie que "ne seront "acceptables" que les étrangers perçus comme rentables pour l'économie française" comme le souligne juste- ment un collectif d'associations soutenu par Les Verts, le PCF et la LCR. Ce "collectif contre une immigration jetable" dénonce une attaque sans précédent contre les droits des migrants. Car, dans les faits, ce texte organise la précarité de séjour pour tous. En effet ce projet de loi mal nommé "immigration et intégration" ne prévoit que des possibilités d'immigration très sélectives, et crée : - des conditions extrêmement rigoureuses pour régulariser le plus grand nombre de ceux qui aspi- rent à bénéficier du droit d'installation - et des clauses drastiques pour les sans-papiers pour lesquels est d'ores et déjà programmé l'ac- croissement du nombre d'expulsions en charter. (voir détails en page 3) Une force qui vient sans doute de ces dix portraits- médaillons d'hommes à qui on voulait attribuer de "sales gueules de malfaiteurs" mais qui, néan- moins, apparaissaient à l'époque, aux yeux des Français, plutôt sympathiques. En effet, l'Affiche rouge se retourne contre ses auteurs français et allemands comme un boome- rang, les frappe publiquement et à jamais au visage. L'inversion de la situation, plus précisément la contradiction absolue entre l'objectif posé et l'effet obtenu, avait été instantanément perçue par le peuple des villes et des villages de la France occu- pée, dont les murs et les palissades avaient été recouverts de cette affiche voulue ignoble et deve- nue, finalement, noble. "Le tombeau des héros est le cœur des vivants" a écrit André Malraux. Il en est ainsi pour les résistants figurant sur l'Affiche. Ils ont conquis leur place - si l'on peut dire - dans notre mémoire affective. Et pourtant, leur histoire est peu et mal connue. Surtout mal connue. Le paradoxe veut que les situations les plus lim- Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant, Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Aragon On ne se lasse pas de la regarder ! A u fil des an- nées, l'image de l'Affiche rouge s'est progres- sivement gravée dans la mémoire des Français. On ne se lasse pas de la regarder, de la revoir, de temps à autre, dans un journal, dans un document télévisé… C'est avec la même émotion que l'on écoute le poème d'Aragon avec la voix de Léo Ferré. Car il émane de cette affiche une force que ses auteurs ne soupçonnaient pas. pides deviennent troubles dès qu’au nom des "enjeux", se déclenchent des débats dont la pre- mière victime est la vérité historique. Tant il est vrai que les passions s'accommodent bien du "n'importe quoi", comme argument, comme preuve. Début 1942, les "Brigades spéciales" de la préfec- ture de Police, en étroite collaboration avec les Services de Sécurité allemands, prenaient, pour cible prioritaire, les organisations de résistance politiques et militaires de la MOI (Main d'œuvre immigrée). En effet, l'impact de leurs actions de guérilla dans la capitale était double : renforcement du senti- ment d'insécurité parmi les troupes de la Wehrmacht, et hausse du moral de la population parisienne. Adam Rayski L’affiche rouge Rappel Assemblée Générale de l’UJRE Samedi 4 mars 2006 à 15 h. Partie artistique* puis verre de l’amitié à 17h. (*) Ensemble théâtral “Abi gezint” de l’ACODJ PNM FEV 06 -233 21/02/2006 17:20 Page 1

La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006

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La Presse Nouvelle Magazine n°233 février 2006 - 24e année

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Page 1: La Presse Nouvelle Magazine 233 fevrier 2006

LA PRESSE NOUVELLE MagazineProgressiste

Juif

N° 233 - FEVRIER 2006 - 25e ANNÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. Le N° 5,50 €Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide

MOYEN-ORIENT• Hamas, kadima, la nouvelle donne

J.Dimet p.3

SOCIETE• Bons et mauvais immigrés

R.Wlos p.4

PAROLES J.DimetT p.5

HISTOIRE• L’ORT en URSS E.Polack p.6• Généraux allemands / écoute britannique

L.Steinberg p.7

POINT DE VUE• L’image de l’Autre H.Levart p.5

MEMOIRE• On ne peut comparer ? H.Levart p.4

• Charonne – Fanny Dewerpe p.3

SAGA • BINEML S. Palant p.8

Roland Wlos Un projet gouvernemental xénophobe

PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisémitisme et deracisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l'Etat d'Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien.

En prenant connaissance du projet de loi deSarkozy sur l'immigration, une image fortem'est venue à l'esprit : celle du marché aux

esclaves où les négriers inspectaient dents, yeux,muscles des bras, jambes, mains…

S'il est vrai que comparaison n'est pas raison, forceest de reconnaître, ce projet prônant une "immigra-tion choisie et non subie", que sa philosophie géné-rale procède de la même logique sélective quecette image.

Comment qualifier autrement, un ensemble de dis-positions qui organisent le tri d'individus en fonc-

tion de leurs capacités et possibilités à répondre àdes critères d'accueil qui bafouent leurs droits etplus généralement les droits de l'homme ?

En clair, cela signifie que "ne seront "acceptables"que les étrangers perçus comme rentables pourl'économie française" comme le souligne juste-ment un collectif d'associations soutenu par LesVerts, le PCF et la LCR.

Ce "collectif contre une immigration jetable"dénonce une attaque sans précédent contre lesdroits des migrants. Car, dans les faits, ce texte organise la précarité de

séjour pour tous. En effet ce projet de loi malnommé "immigration et intégration" ne prévoitque des possibilités d'immigration très sélectives,et crée :

- des conditions extrêmement rigoureuses pourrégulariser le plus grand nombre de ceux qui aspi-rent à bénéficier du droit d'installation

- et des clauses drastiques pour les sans-papierspour lesquels est d'ores et déjà programmé l'ac-croissement du nombre d'expulsions en charter.

(voir détails en page 3)

Une force qui vient sans doute de ces dix portraits-médaillons d'hommes à qui on voulait attribuer de"sales gueules de malfaiteurs" mais qui, néan-moins, apparaissaient à l'époque, aux yeux desFrançais, plutôt sympathiques.En effet, l'Affiche rouge se retourne contre sesauteurs français et allemands comme un boome-rang, les frappe publiquement et à jamais au visage.L'inversion de la situation, plus précisément lacontradiction absolue entre l'objectif posé et l'effetobtenu, avait été instantanément perçue par lepeuple des villes et des villages de la France occu-pée, dont les murs et les palissades avaient étérecouverts de cette affiche voulue ignoble et deve-nue, finalement, noble. "Le tombeau des héros est le cœur des vivants" aécrit André Malraux. Il en est ainsi pour les résistants figurant surl'Affiche. Ils ont conquis leur place - si l'on peutdire - dans notre mémoire affective. Et pourtant, leur histoire est peu et mal connue.Surtout mal connue. Le paradoxe veut que les situations les plus lim-

V i n g t e t t r o i s é t r a n g e r s e t n o s f r è r e s p o u r t a n t ,V i n g t e t t r o i s a m o u r e u x d e v i v r e à e n m o u r i r

A r a g o n

O n n e s e l a s s e p a s d e l a r e g a r d e r !

Au fild e sa n -

nées, l'imagede l'Afficherouge s'estp r o g r e s -s i v e m e n tgravée dansla mémoiredes Français. On ne selasse pas dela regarder,de la revoir,de temps àautre, dansun journal,dans un

document télévisé…C'est avec la même émotion que l'on écoute lepoème d'Aragon avec la voix de Léo Ferré. Car ilémane de cette affiche une force que ses auteursne soupçonnaient pas.

pides deviennent troubles dès qu’au nom des"enjeux", se déclenchent des débats dont la pre-mière victime est la vérité historique. Tant il est vrai que les passions s'accommodentbien du "n'importe quoi", comme argument,comme preuve. Début 1942, les "Brigades spéciales" de la préfec-ture de Police, en étroite collaboration avec lesServices de Sécurité allemands, prenaient, pourcible prioritaire, les organisations de résistancepolitiques et militaires de la MOI (Main d'œuvreimmigrée). En effet, l'impact de leurs actions de guérilla dansla capitale était double : renforcement du senti-ment d'insécurité parmi les troupes de laWehrmacht, et hausse du moral de la populationparisienne. Adam Rayski

L’affiche rouge

RappelAssemblée Générale de l’UJRE

Samedi 4 mars 2006 à 15 h.

Partie artistique* puis verre de l’amitié à 17h.(*) Ensemble théâtral “Abi gezint” de l’ACODJ

PNM FEV 06 -233 21/02/2006 17:20 Page 1

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2 P.N.M. FEVRIER 2006

(*) sauf mention explicite (carte, réabonnement ou don), les règlements reçus sontimputés en priorité en renouvellement d’abonnement, puis en don.

NB : L’Etat vous rembourse 60% de vos adhésions et dons sous forme de crédit d’impôt.

PNM: Il aurait été dommageableque les lecteurs de la PNM dont lespositions sur le conflit au Proche-Orient sont bien connues (voirexergue à la une) soient privés dupoint de vue de D.Vidal, rédacteurau Monde Diplomatique, comme lerecommande le Président du Crif.Son analyse rejoint celle d’AmnonKapeliouk, récemment publié dansla PNM. Le point de vue de DV estcelui d’un observateur avisé etreconnu comme tel, du côté desforces de paix tant israéliennes, quepalestiniennes. En tout état decause, le débat reste ouvert.

Claude Bargas : (...) j’ai été plusque surpris par la lecture de l’éditode Lucien Steinberg paru dans lenuméro de janvier de la PresseNouvelle. Dominique Vidal dans lemême numéro dresse objective-ment, factuellement, le bilan laissépar Ariel Sharon. Il rappelle -mieux que je ne saurais le faire - lacarrière tant militaire que politiquede celui que Lucien Steinberg qua-lifie de “grand homme”. C’est là,me semble-t-il, une appréciationdéplacée dans un magazine “pro-gressiste juif”. Après tout, l’on peuts’interroger sur la définition de“grand homme”. C’est là,mesemble-t-il, une appréciation dépla-cée dans un magazine “progressistejuif”. Ce pourrait être celui qui aurapermis à son pays, et au-delà à l’hu-manité, de progresser et qui aura étéreconnu universellement commetel. A l’aune de cette définition,peu, très peu d’élus ! Récemmentpeut-être Gandhi et Mandela ?Mais Sharon ? Poser la questionc’est y répondre ! (...). Une clarifi-cation paraît s’imposer; Chers amis,qu’en pensez-vous ? Avec mes senti-ments très progressistes.

Elie Moche: (...) Je suis révoltépar l’injustice de la politiqueexpansionniste et de faits accom-plis envers le peuple palestinien.Le mur, les points de contrôle, chô-mage et misères génèrent et renfor-

cent les extrêmistes et éloigne l’es-poir d’un règlement de ce longconflit.(...)

Roger Cukierman (Président duCrif) à Lucien Steinberg (Dr.publication PNM) : (...) J’ai lu avecétonnement le numéro de Janvierde la Presse Nouvelle. J’ai appré-cié votre éditorial dans lequel vousrendez hommage à Ariel Sharon.Mais pourquoi dans ce cas avoirdemandé à Dominique Vidal dontle parti-pris est bien connu, d’ana-lyser les conséquences de la mala-die d’Ariel Sharon ? La PresseNouvelle aurait pu choisir, mesemble-t-il, un observateur moinsengagé (...) Mes sentiments lesmeilleurs.

Lucien Steinberg : Dans notrenuméro du mois de janvier 2006, lesoussigné a publié un éditorial inti-tulé "Le dernier combat d'ArikSharon". Cet éditorial a rencontréde nombreuses approbationsd'éminents anciens résistants, ainsique d'autres lecteurs. Il y eut ausides critiques, l'essentielle portantsur l'expression, de "grandhomme". J'avais cité une expres-sion forte de Françoise Giroud: "onne tire pas sur une ambulance".Il y a eu aussi un article, intitulé"Sharon, une vie de combat contreles palestiniens" qui ne prenait pasen compte la recommandation deFrançoise Giroud. Ce dernierarticle a fait l'objet de critiques,adressées à ma personne en tantque rédacteur en chef, mettant encause l'opportunité même de saparution. De façon un peu surpre-nante, Dominique Vidal, auteurdudit article, jugeait sa parutiondéplacée, compte tenu de l'édito-rial qui n'allait pas dans son sens.

A u t o u r d e l a m a l a d i e d ’ A r i e l S h a r o n . . .

Souscription* n° 29 arrêtée au 31 janvier 2006

Monsieur Léon Parusné en 1913 à Vilnius

est décédé le 25 janvier 2006 à Bordeaux.

Il était un fidèle lecteur de la Presse Nouvelle,

qui exprime toutes ses condoléanceset sa sympathie à Mme. Léon Parus

Armand-Abraham DimetAVOCAT

Officier de

l’Ordre National du Mériteancien Secrétaire Général du

Mouvement des Cadets auprès de l’UJRE

décédé le 26 février 1997

Son épouse Madeleine, Joséeses enfants Yves et Jacques

ses 5 petits-enfants,

sa famille, ses amis

Le 3 Mars 1990 est décédé

Charles (Chaïm) Golgevit Dans l'inconsolable tristesse nous rappelons sa mémoire

Son épouse Evases enfants, petits-enfants

et toute la famille

Carnet

Je précise que j'ai fait paraître lepapier de D. Vidal, qui nous avaitété proposé par un membre ducomité de rédaction. Je suis opposéà la censure, déjà en tant quemembre du Syndicat National desJournalistes. M Vidal me donnetort. J'en suis désolé.Pour moi, Ariel Sharon est un dignesuccesseur de Judas Maccabée,guerrier il y a 23 siècles, qui a menéla révolte des Juifs contre AntiocheEpiphanes. Le récit figure dans laBible. De nombreux Grecs et Juifscollaborateurs des dits Grecs furenttués et fort probable qu'il y en eutqui traitèrent les Maccabées de cri-minels. Leurs noms ont été oubliés.Le grand compositeur Haendel aconsacré un oratorio à JudasMaccabée. Une tour du château dePierrefonds (Oise) porte son nom,depuis de nombreux siècles.La guerre israélo-arabe a commen-cé le 30 novembre 1947, lendemainde l'adoption par l'ONU de la réso-lution appelant à la création dedeux Etats en Palestine. Acceptéepar l'Agence Juive, elle fut rejetéepar le Haut Comité arabe, qui lançaune série d'attaques, auxquelles lesJuifs ont riposté. Depuis, l'état de guerre a été inter-rompu à diverses occasions, par destrêves, armistices, rémissions, maisil persiste à ce jour. Le Hamaspoursuit cette guerre.Malheureusement, la MORT faitpartie de toute guerre. Le nom de Sharon restera dansl'Histoire pendant les siècles à venir.Qu'en sera-t-il des noms de ses cri-tiques ?La critique, les critiques, sont légi-times, nécessaires même. Les réponsesaux critiques le sont tout autant.

A la mémoire d’

MOJSZE ? L'un de nos lecteurs, sans doute pourrenouveler son abonnement àl’étranger, nous a viré la somme de70 € en novembre 2005. S'il sereconnaît dans l'intitulé suivant del’écriture bancaire, qu'il veuille biennous signaler son identité pour quenous puissions imputer son règle-ment à son compte d'abonnement.Nous éviterons ainsi de le relancerinutilement.

Merci d'avance, PNM

REMISE DE CHEQUE DU21/11/2005 DE MOJSZE

C LYONNAIS 70 €

e t a u s s i . . .Liliane Balbin Chers Amis, Bonneannée à tous, santé et paix assuré-ment. Amitiés

Maurice Krakowski Coincidence !je commence la lecture d'un livreSEUL DANS BERLIN de HansFALLADA (Ed.Folio 3977) sur lavie d'anti-nazis, et je viens de rece-voir le numéro de Novembre de laPNM. Je questionne le termeassassin ou assassiné que l'onretrouve dans la presse de gauche,je ne trouve pas ce terme assezpuissant, assez inclusif, assez des-criptif, assez expressif de la sauva-gerie de ce carnage humain.Jaurès, Rabin, eux, ont ete assassi-nés. A bientôt.

Cher Maurice, la langue francaiseétant ce qu'elle est, on peut toujoursaméliorer la syntaxe concernant l'idée,et effectivement, l’anéantissement desjuifs d'Europe fut un carnage, un géno-cide, et qui plus est un crime contrel’humanité. PNM

C o u r r i e r d e s l e c t e u r s

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P.N.M. FEVRIER 2006 3

LA PRESSE NOUVELLE

Magazine Progressiste Juifédité par l’U.J.R.E.

Comité de rédaction : Lucien Steinberg, Jacques Dimet,

Bernard Frédérick,Nicole Mokobodzki,

Tauba-Raymonde StaroswieckiRoland Wlos

N° paritaire 64825C.C.P. Paris 5 701 33 R

Directeur de la Publication :(Intérim Lucien STEINBERG)

Rédaction - Administration :14, rue de Paradis

75010 PARISTél. : 01 47 70 62 16

Mèl : [email protected] : http://ujre.monsite.wanadoo.fr

Tarif d’abonnement :France et Union européenne:

6 mois 28 euros1 an 55 euros

Etranger, hors U.E : 70 euros

IMPRIMERIE DE CHABROLPARIS

Après la victoire du Hamasen Palestine, les électionslégislatives israéliennes de

mars peuvent aussi changer ladonne au Proche-Orient.Ariel Sharon dans le coma, etdésormais écarté à tout jamais de lavie politique israélienne, des élec-tions législatives cruciales en marsen Israël, le changement à la têtedu parti travailliste israélien, l'arri-vée au pouvoir du Hamas enPalestine, autant de données quichangent profondément la naturedes relations israélo-palesti-niennes.La mort politique d'Ariel Sharonn'a pas ralenti l'avance dans lessondages de son nouveau partiKadima (En avant) créé de toutepièces par l'ancien dirigeant pourpasser outre aux obstacles dresséspar sa propre formation, le Likoud. Sharon avait réussi à rassemblerdans, et autour de cette nouvelleformation, des cadres issus de la droi-te comme de la gauche, notammentl’inamovible Shimon Pérès qui,après avoir échoué dans la reconquê-te du parti travailliste, a préféré volerau devant de la victoire.Celà dit, il est vrai que la créationde Kadima, et le fait que cette nou-velle formation résiste à la dispari-tion de son créateur, ouvrent uneperspective politique : le change-ment éventuel dans les relationsavec les Palestiniens ne dépendraplus de la droite, et le prétextemême de l'existence de cette droitene pourra plus être mis en avant.Au sein de la gauche, le renouveauannoncé par l'élection à la tête duparti travailliste d'Amir Peretz estobéré, ou tout au moins limité parl'existence même du Kadima quiattire le vote utile pour s'opposer àla droite extrême et aux partis reli-gieux nationalistes. Toute la question est de savoir dansquelle voie s'orientera le nouveauchef de Kadima et premierministre par intérim Ehud Olmert.Le nouveau premier ministre entout cas, s’il ne répugne guère àune politique de force dans les ter-ritoires, comme l'ont montré lesactes de guerre qui ont frappé Gazaet les combats sporadiques qui ontrepris autour des fermes de Chabaaau Liban, n'hésite pas à réaffirmerla nécessité d'un Etat palestinien,tout en montrant une fermeté nou-velle vis à vis des colons extré-mistes. Mais le fond n'est pas encore abor-dé. Quel Etat palestinien, et surquelle superficie ? Quid, de laconstruction du mur, auquel

Hamas, Kadima, la nouvelle donneJacques Dimet

Olmert ne semble pas vouloirrenoncer ? Quelle capitale pourl'Etat palestinien ? Que faire desréfugiés ? Quels droits pour l'Etatpalestinien ? Pour le moment les dirigeantsisraéliens, tout à la préparation desélections, se refusent à donner desréponses précises et surtout à fixerune ligne de conduite, d'autant plusqu'ils se servent de la victoire duHamas aux élections palesti-niennes comme ils s'étaient serviautrefois de Yasser Arafat, commed'un repoussoir, pour éviter toutediscussion de fond.La victoire du Hamas n'est pastotalement une surprise. Depuisdes années le Mouvement de larésistance islamique gagnait duterrain et pas seulement par la luttearmée ou les attentats. Hamas ad'abord gagné par l'activité socialede ses membres, sa disponibilitéauprès de la population palesti-nienne. Les dirigeants du Hamas saventbien qu'ils n'ont pas gagné les élec-tions sur leur programme ou surleur vision de la société palesti-nienne, qui est plurielle, mais biensur ce facteur social et sur le rejetdes caciques du Fatah, et donc del'autorité palestinienne, par unelarge partie de la société. Les attaques menées ces dernièresannées sur les cadres de l'autoritépalestinienne par les dirigeantsisraéliens avec les attentats ciblésont désorganisé l'administrationpalestinienne, notamment sesforces de sécurité.L'affaiblissement du Fatah s'estaccompagné aussi de gabegies,voire de corruption.

Encore qu'il faille relativiser lavictoire même du Hamas.

Les islamistes ont certes la majori-té des sièges au parlement (74 sur132), mais l'essentiel de leur vic-toire vient des mandats directsqu'ils ont obtenus. En terme devoix, le Hamas recueille 43% dessuffrages des votants (le tauxd'abstention était de 23%), pour40% pour le Fatah (la différence devoix entre les deux forces poli-tiques est de 30 000 sur plus d'unmillion de votants). Les deux rassemblements électo-raux de gauche : la liste conduitepar le Front populaire et celle duFront démocratique (à laquelleparticipaient les communistes duParti du peuple) approchent les8% (4% pour le premier, 3% pourle second). Il sera difficile dans cesconditions pour le Hamas, si tantest qu'il le veuille, d'aller à marche

forcé vers une société islamiste.Les élections palestiniennes ont entout cas aussi changé la donne auniveau international. Personne nepeut nier le caractère démocratiquede ces élections. Le fait qu'ellesaient été remportées par le Hamasest aussi un camouflet pour la poli-tique suivie dans la région par l'ad-ministration américaine qui n'a eude cesse de mettre des bâtons dansles roues de l'autorité palestinien-ne. Englué en Irak, où les attentats

ne cessent pas et où de nouvellesrévélations sur la torture viennentd'éclater, George Bush est enmanque d'initiative politique etdiplomatique crédibles. La Russievient par contre de se rappeler aubon souvenir de tous en invitantofficiellement une délégation duHamas à Moscou. Comme dansl'affaire du nucléaire iranien,Moscou reprend pied, et on peut lepenser durablement, aux Proche etau Moyen Orient.

Hommage à Fanny Dewerpe8 février 1962 : Charonne Mémoire

Depuis la fin de la guerre, leshuit patronages ouverts parla CCE, dans les 3ème,

4ème, 10ème, 11ème, 13ème,18ème et 20ème arrondissementsde Paris accueillent, le jeudi et ledimanche, des centaines d’enfantset de jeunes. Des amitiés durabless’y lient cependant qu’une culturecommune s’y crée. La photo reproduite ici (1) montre uneéquipe de moniteurs de ces «patros».En bas, à droite, entouré d’un cercle,le visage rieur, de Fanny Dewerpe.Elle est alors monitrice au «patro» du120 boulevard de Belleville qu’ani-me Louba Pludermacher (tout en basà droite). Elle ignore certainementqu’il lui reste peu d’années à vivre. Car les années 60, ce sont aussi dansle contexte politique de la fin de laguerre d'Algérie, les brutalités policièresdu 17 octobre 1961 (massacre desAlgériens), et le terrorisme de l'OAS. Lesattentats se multiplient: 7 février 1962,plasticages contre le dirigeant communis-te Raymond Guyot, l'écrivain VladimirPozner, le ministre de la Culture AndréMalraux… Une fillette, Delphine Renard,âgée de 4 ans, est alors gravement blesséeaux yeux. L'émotion est à son comble !Une grande manifestation anti-OAS setient le 8 février. Son interdiction par legouvernement du Général de Gaullecause une violente répression, orchestréepar Roger Frey (ministre de l'intérieur) etMaurice Papon (Préfet de police). A 31ans, Fanny, qui manifestait, périra tragi-quement suite à la charge sauvage et àl'acharnement policier au métroCharonne. B.Rayski2 écrira d'elle : "Vous dont lafamille avait été décimée par les nazis (…)mère d'un garçon de neuf ans (…) allée àla manifestation du 8 février en souvenirde votre mari mort des suites des vio-lences policières subies en 1952 (…) vousétiez morte (…) là avec vos voisins, huitautres victimes de la manifestation du 8février 1962 (…) hommes, femmes etenfants (l'un des assassinés avait quinzeans et demi) qui se trouvaient au métroCharonne." Les obsèques des victimes de Charonneseront suivies jusqu'au Père-Lachaise,

le 13 février, par un million de personnes.L'UJRE vous engage à lire l’étude3

d’Alain Dewerpe, fils de Fanny,Anthropologie historique d'unmassacre d’Etat, que vient d’éditerGallimard. C’est ainsi honorer lamémoire du drame du métroCharonne, comme le font le 8février, en particulier le Parti com-muniste et la CGT dont les neufvictimes étaient membres.

(1) L'ALBUM La CCE 40 ans de souvenirs, Ed.LES AMIS DE LA CCE, 1998.(2) Ces étoiles qui brûlent en moi, B.RAYSKI,Ed. FELIN, 2003, 14,25€

(3) CHARONNE 8 FÉVRIER 1962Anthropologie historique d'un massacre d'É-tat, A.DEWERPE, Ed. Gallimard "Folio histoire"(No 141) Paris 2006, 912 p. 10 €

Moyen-Orient

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4 P.N.M. FEVRIER 2006

Bons et mauvais immigrésRoland Wlos

Société

Dans le cadre d'une "immigra-tion choisie et non subie" leprojet de loi intitulé immi-

gration et intégration instaure un titrede séjour temporaire correspondant àla durée du contrat de travail. Amoins qu'il y ait rupture du contrat,auquel cas il sera automatiquementretiré.Ainsi les droits sont liés à l'emploi etnon à l'individu.En outre, ce projet de loi institue unnouveau titre de séjour "compétenceset talents" d'une durée de trois ansrenouvelable. Cette carte sera déli-vrée à l'étranger “susceptible de par-ticiper du fait de ses compétences etde ses talents (…) au développementde l'économie française … Serontconcernés les scientifiques, les intel-lectuels, les créateurs d'entreprises,les artistes, les sportifs de hautniveau, les cadres à haut potentiel.Des étudiants triés sur le volet ferontl'objet d'une sélection multi-critères(filière, nationalité, niveau d'étude).Les élus bénéficieront de plein droitd'une carte de séjour d'une duréed'un an pouvant aller jusqu'à quatreans s'ils s'engagent dans un cyclepour obtenir un master…”Si l'on a abandonné le mot quota, onintroduit quand même son principe.Ainsi le gouvernement devra, dansun rapport sur les orientations de lapolitique d'immigration soumis tousles ans au Parlement, indiquer "à titreprévisionnel le nombre, la nature etles différentes catégories de visas delong séjour et de titres de séjour pourles trois années suivantes"… On voitbien que cela concernera avant toutles entreprises du bâtiment, de la res-tauration, du textile, de la domestici-té, en bref un volant de main d'œuvresans droits, vivant la peur au ventre.Une nouvelle mesure sera mise enoeuvre par cette loi : l'obligation dequitter le territoire. L'étranger n'auraalors que quinze jours, contre unmois actuellement, à compter de lanotification de la décision de l'admi-nistration !De plus, ce projet prévoit le durcisse-ment des conditions de regroupe-ment familial en instaurant à la haus-se les critères de ce regroupement entermes de ressources, de logement…Les mariages mixtes seront eux aussiplus encadrés, pour obtenir une cartede séjour temporaire, les conjoints deFrançais devront justifier d'un visa deséjour de plus de trois mois. Parailleurs, ils devront attendre trois ans

et non plus deux ans pour demanderune carte de séjour. Ainsi comme lefait remarquer Nathalie Ferré,Présidente du Groupe d'Informationet de SouTien aux Immigrés (GISTI)"Au nom de l'immigration choisie",comme si notre pays la subissait etnon pas les étrangers contraints àl'exil. Cette loi va porter un coup fatalà la situation des familles. Avec lacréation d'un stock d'immigrés dontle titre de séjour va être aligné pourune grande part sur la durée du tra-vail, ce projet correspond d'ailleursaux souhaits de la Commission euro-péenne qui invite les Etats à réfléchirà une reprise d'immigration légale dutravail en se débarrassant par l'exter-nalisation du droit d'asile.A propos du droit d'asile : Il n'est pasinutile de rappeler que laConstitution française dans son pré-ambule de 1946 et reprise dans laConstitution de 1958 reconnaissait àtout homme persécuté en raison deson action en faveur de la liberté,droit d'asile sur le territoire français. Quant à la convention de Genève, àlaquelle notre pays a souscrit, elledonnait la définition suivante du droitd'asile en permettant d'en faire béné-ficier toute personne qui "craint avecraison d'être persécutée du fait de sarace, de sa religion ou de sa nationa-lité, de son appartenance à un grou-pe social ou de ses opinions poli-tiques".Ajoutons que ce projet prévoitd'abroger la disposition prévoyantla délivrance d'une carte de séjour,à l'étranger vivant de façon habi-tuelle dans notre pays depuis plusde 10 ans.Pas besoin d’être un grand clerc pourdeviner qu’en définitive, ce projet nepeut être qu’une machine infernalefabriquant d’une part la précarité, etd’autre part, la clandestinité.C’est pourquoi il s'agit là, qu'on leveuille ou non, d'un projet politiquede classe : les futurs talents et com-pétences des étrangers plus riches,attirés dans notre pays, auront droitsans difficulté au regroupement fami-lial (favorisant ainsi la fuite des cer-veaux en s'exonérant du coût de for-mation), alors que les pauvres quin'ont pas le SMIC en seront privés.Cela confirme que ce texte est au ser-vice des intérêts du patronat, avide desaisonniers et autres sous-payés. Ilprépare aussi, semble-t-il, la levéedes interdictions de travail pour lessalariés européens (appliquant ainsi

l'orientation de la directiveBolkestein sans la nommer).Notons enfin que ce texte restevolontairement flou, permettant ainsiau gouvernement d'introduire cer-taines dispositions par voie régle-mentaire. De ce fait, c'est la porteouverte à la promulgation par décretde dispositions arbitraires, sans aucu-ne concertation.Avec cette loi, nous nous trouvonsface à un texte qui ne se préoccupeque de ce qu'il estime être l'intérêt desriches possédants de notre pays, etqui ne se pose pas le moins du mondela question de celui des autres pays.Cependant, on aurait tort de penserque cette orientation à l'égard desmigrants s'arrête à cette seule visionutilitariste. Car conjointement à ceprojet, Sarkozy ajoute une dosepopuliste et stigmatisante en voulantficher l'origine ethnique des délin-quants.Dans ces conditions, il est aisé decomprendre pourquoi Le Pen disait,le 5 février, à Enghien "Sarkozy n'apas que de mauvaises idées, c'estnormal, il m'a tout pompé". Ensomme, ce dont Le Pen rêve touthaut, Sarkozy le fait. Face à une aussigrave dérive, il y a tout lieu d'êtreinquiet. En effet cette loi n'a pas seu-lement une portée électorale visant às'agréger les voix d'extrême droite.Elle est aussi partie prenante d'unedes politiques les plus rétrogrades,antisociales et antidémocratiques quenotre pays ait jamais connue.Après les ouvriers jetables avec leCNE, les jeunes jetables avec le CPE,ce sont les immigrés jetables… Avecdes relents racistes, cette loi consti-tuerait un recul historique comme lenote la CGT.On ne peut en rester là. Un sursaut del'opinion est indispensable pourcontrer cette orientation, afin que laFrance redevienne le pays dont beau-coup de nos parents étrangers, biensouvent sans titre légal, fuyant lespersécutions en Europe centrale,disaient "Gliklèkh vi Gott inFrankraïch" (heureux comme Dieuen France).

On ne peut comparer ?

Al'automne dernier, j'ai assis-té à l'assemblée de l'associa-tion du Convoi n° 6 parti de

Pithiviers pour l'enferd'Auschwitz. A l'issue de laréunion, le fils ou le petit-fils d'undéporté proposa à l'assistanced'adopter une résolution condam-nant le racisme, notamment lachasse aux faciès.Que n'avait-il demandé ? A partquelques approbations, ce furentdes cris hostiles: "On ne fait pas de politique, on nepeut pas comparer".J'étais bouleversé. Où en sont ren-dus certains de nos compatriotesjuifs ? Ont-ils le cœur sec ? Ilconviendrait donc de considérer lemartyrologue de millions d'êtreshumains comme apolitique, et ledésir de prolonger de façon huma-niste notre devoir de mémoire,comme une tare politique ?Les leçons de l'anéantissement desjuifs, dans ce qu'il a de plus dra-matique, devraient conduire àrendre intolérables les discrimina-tions, les souffrances endurées surnotre sol, comme l'ont révélé lesrécents événements des banlieues.Celles et ceux qui ont porté l'étoilejaune doivent le comprendre.Les camps de rétention, les expul-sions musclées des squats, lesreconduites à la frontière sontindignes de la patrie des droits del'Homme. C'était hier l'esclavage pratiquépar les pays "civilisés", lesconquêtes coloniales qui ont coûtéla vie à des millions d'individus.Un véritable génocide. Un crimecontre l'humanité aujourd'huireconnu comme tel. Aujourd'hui, des millions d'en-fants, d'adultes chaque année dansle monde meurent du Sida, de mal-nutrition, du paludisme… Uneextermination qui porte, en hébreu,un nom : Shoah.Que de malheurs infligés auxpopulations humaines ! Il n'y a pasde super et de sous-victimes,comme le dit justement ClaudeLanzman : "Il n'y a pas de concurrence maisuniversalité des victimes comme ily a universalité des bourreaux".

Henri LEVART26 janvier 2006

Mémoire

NB: A la différence de monami Roland Wlos, je suis un immi-gré arrivé en France en 1947, àl’âge de 21 ans, je m’y suis inté-gré, et je suis devenu français. Jetiens à exprimer mon accord totalavec ses propos. LS

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Du Clemenceauaux "sous hommes"

Deux faits révélateurs mettent la Franceen porte-à-faux. Bien sûr, ces deux évé-nements ne sont pas de même nature,mais ils ne laissent pas d'interroger surles capacités de notre pays à réagir.

Passons rapidement sur le premier tantla conclusion est évidente : il s'agit d'unfiasco ridicule, celui du Clemenceau.Cet ancien porte-avion militaire aurafait le tour de la terre avant de revenir àson point de départ. Les communiquésofficiels se succèdent et sont contradic-toires. A l'heure où ces lignes sontécrites, la ministre de la Défense, res-ponsable en chef de ce fiasco est tou-jours ministre (et candidate virtuelle,elle aussi, à l'Elysée) et l'état-major de laMarine n'a pas été bouleversé. A croiredécidemment que toutes les erreurs,toutes les incompétences sont permises,tolérées et absoutes.

Le second fait donne des frissons dansle dos. Voilà un Président de ConseilRégional, l'un des plus importants deFrance, qui perd les pédales au coursd'une cérémonie organisée à la mémoi-re de Jacques Roseau, qui dirigea pen-dant longtemps une association de rapa-triés. Rappel rapide des faits: GeorgesFrêche s'en est pris violemment à unreprésentant des harkis présent à la céré-monie, lui reprochant d'avoir peu aupa-ravant participé à une rencontre avec lesgaullistes locaux. Jusque là, pas de quoifaire monter la sauce. Mais emporté parson élan, le Président du ConseilRégional de Languedoc-Roussillons'énerve, s'emballe et traite les harkis de"sous-hommes". La phrase que nousavons tous entendu à la télévision estbien celle-ci : "vous êtes des sous-hommes". On peut, ensuite, trouvertoutes les excuses ou justifications pos-sibles, gloser sur le sens que GeorgesFrêche aurait pu mettre dans ce terme, iln'en reste pas moins que nous voilàavec un remugle assez nauséabond desannées trente. Il n'y a pas de sous-hommes. Il n'y a pas d'hommes infé-rieurs à d'autres. Et, comme pour l'affai-re du Clemenceau, on passe l'éponge.Georges Frêche présente des excusespesantes. Il est toujours Président duConseil Régional. Le parti socialiste estétrangement silencieux, Jack Langpourtant présent sur place lors des inci-dents dit qu'il n'a rien entendu. Il n'y aguère que les fabiusiens, au sein du partisocialiste, qui montent au créneau.Rendons grâce à la Ligue des droits del'homme et au Mrap qui, eux, n'ont pasmâché leurs mots. "Dans le contextedes pseudo-bienfaits de la colonisation,ces insultes dignes des pires temps ducolonialisme ne peuvent que provoquerl'horreur et la sidération", affirmenotamment le Mrap.Le dégoût, oui. C'est bien de celaqu'il s'agit. Jacques DIMET

Paroles L’image de l’Autre Henri Levart

L'on pourrait croire que tout aété dit sur l'affaire des carica-tures du prophète Mahomet,

parues (innocemment ?) dans deuxjournaux scandinaves de droite etd’extrême-droite, reprises (commer-cialement !) par deux publicationsfrançaises : liberté d'expression prin-cipe au cœur du pacte républicain /surenchères dans l'offense à la foi reli-gieuse structurant la vie d'un milliardd'êtres humains dans le monde. Pourtant, à part la presse communisteet quelques commentateurs éclairés,personne n'est revenu sur l'essentieldes causes profondes d'une telle situa-tion explosive : colonisation, exploi-tation, humiliation, frustration. Uneétincelle aura suffi.Ô certes, on présente des excusespour des "maladresses"; on demandepardon pour la Shoah, pour le mas-sacre des indiens, pour l'esclavage. Aquoi bon tant de contritions, si c'estpour continuer d’avaliser une poli-tique barbare qui, sous d'autresformes, génère oppression, misères,maladies, famines ?La diabolisation de l'islam n'a decesse. Il n'est pas inutile d'en traiterquelques aspects dans nos colonnes. De nombreux penseurs musulmanscontemporains portent sur leur reli-gion un regard lucide. Déjà, à l'émer-gence du FIS en Algérie, les écrivainsRachid Boudjera et Rachid Mimouniavaient dénoncé avec force et perti-nence les dangers recelés par le mou-vement intégriste. Dans son beaulivre Mahomet, Salah Stettié1 écritque : "l'Islam est aujourd'hui une cita-delle assiégée. Assiégée par lesautres, certes, qui le craignent et ledéclarent dangereusement imprévi-sible ; mais assiégé surtout par luimême qui s'est enfermé - ou qu'on aenfermé - dans les divers cercles del'archaïsme, de la pauvreté, de la pri-marité, de la précarité, et, plus redou-tablement encore, de la satisfactionbéate d'en rester là".Ghaleb Bencheikh, Président de laConférence mondiale des religionspour la paix s'affirmant dansL'Humanité "profondément, littérale-ment attaché à la liberté d'expressionajoute que les auteurs, les caricatu-ristes, les faiseurs d'opinion ont uneresponsabilité d'un point de vueéthique. Le respect dû à ce qui fondeles croyances et les convictions desêtres, quels qu'ils soient, est unenotion fondamentale. L'amalgame,l’idée que tout musulman adhère à un

message de violence et de terreur estinsoutenable. Dans une certainemesure, la frilosité des hiérarquesmusulmans, par le passé, leur compli-cité de fait par le silence ont conduitau fait que des illuminés, des exaltés,des excités, des criminels soient lespremiers à défigurer le visage de l'is-lam et celui du Prophète. Nouspayons lourdement ces confusions". Nous comprenons ces regrets. Alorsqu'en décembre 2005, les 57 pays del'Organisation de la conférence isla-mique s'étaient engagés à combattrefermement l'extrémisme islamiste,leur résolution est restée lettre morte.Les événements ont amené certainsd'entre eux à encourager, à soutenirles émeutes pour se dédouaner,dévoyer l'indignation de leurspeuples, et faire ainsi le lit des extré-mistes qu'ils dénoncent.Le soi-disant choc des civilisationsest revenu sur le tapis, se substituant àla lutte des classes.Bencheikh a bien raison à ce proposde dire "qu'il n'y a de choc que desincultures et des ignorants. Les civili-sations entre elles ne s'entrechoquentpas… l'Occident doit beaucoup àAvicenne, Averroès, Al Kendi ou AlRadabi…".Je ne citerai pas les sourates duCoran, mais jugez plutôt de la réso-nance humaniste des Quatrains deKhyyäm, ce savant et poète persandes débuts du 1er millénaire, pour quiDieu respecte la liberté de l'homme,la liberté d'exister sans lui. C'est unpeu long, mais prenez la peine desavourer : “Si assuré et ferme que tu sois, necause de peine à personne; que per-sonne n'ait à subir le poids de ta colè-re. Si le désir est en toi de la paix éter-nelle, souffre seul, sans que l'on puis-se, ô victime, te traiter de bourreau(...) Le Coran que les hommes nom-ment le mot suprême, on le lit detemps à autre, mais qui le lit sanscesse ? (…) Dans la cellule et àl'école, au monastère et à la syna-gogue s'abritent ceux qui redoutentl'Enfer et recherchent le Ciel. Celuiqui connaît les secrets de Dieu nesème pas de telles semences dans lecœur de son cœur (…). L'enfer n'estqu'une étincelle à côté de ce qu'asubi mon âme et je ne crois auParadis que lorsque je goûte un ins-tant de paix (…). Je bois du vin, etl'on me dit à droite et à gauche : "nebois pas de vin, c'est l'ennemi de lareligion". Quand j'ai su que le vin

était l'ennemi de la religion, j'ai dit :"Par Allah ! laissez-moi boire sonsang, c'est un acte de piété" (…). Lebien et le mal qui sont dans la natu-re humaine, le bonheur et le malheurque nous garde le destin… n'enaccuse pas le Ciel, car au point devue de la Sagesse, le Ciel est millefois plus impuissant que toi”. Danscet esprit, Job, en son extrêmedénuement, ne disait-il pas que l'onpouvait aimer Dieu pour rien ?Sait-on que sont attribués à Allah desqualificatifs les plus prestigieux, 99"beaux noms", et qu'aucun d'entre euxn'évoque ni la guerre, ni la servitude ?Sait-on que Mahomet lui-mêmedéconseilla les expropriations des tri-bus juives dans la région de Médine ?Faut-il évoquer l'Andalousie et sonosmose des civilisations ? Ce rappelde notre commune humanité ne relè-ve pas d'une incitation à la nostalgie.Les antagonismes, les conflits, lesluttes fratricides suscités au cours dessiècles, n'ont pas effacé les aspirationsau dialogue, à la reconnaissancemutuelle.On apprend avec satisfaction quedans un tout récent sondage chez lesmusulmans de France, la révoltecontre les dessins s'accompagnantd'une condamnation des violences,84 % des interrogés trouvent que semoquer du judaïsme est " une mau-vaise chose ".Mais pourquoi diable en arriver aujudaïsme ? Car simplement pour moi,quand je vois aujourd'hui l'arabe, lemusulman stigmatisés ainsi, je mesouviens d'une époque, pas si lointai-ne, où s'affichaient sur les murs denos villes des dessins représentant lejuif avec le nez crochu, les cheveuxhirsutes, les doigts accapareurs. L'antisémitisme a bien deux mamellesla judéophobie et l'islamophobie.Œuvre de fraternité : les Juifs de notrepays s'honoreraient en puisant auxsources de leur histoire, de leurs souf-frances, de leur spiritualité, de leurscombats émancipateurs, de s'impliqueramplement dans l'action contre lesinjustices sociales, les discriminations,les préjugés raciaux, quelqu’ils soient.Si le climat actuel influencé par desmodes médiatiques valorise le fatalis-me, l'individualisme, la méfiance, ladérision et le cynisme, la lutte com-mune pour la dignité de chaquehomme, de chaque femme permet departager le meilleur.

(1) Salah Stettié, ancien ambassadeur duLiban en France

Point de vue

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L'activité de l'Union ORT en URSSpour un reclassement économique des Juifs soviétiques*

Emmanuelle Polack

La Révolution d'octobre 1917apporte son lot de promesseset d'espoir pour les Juifs de

l'ancien Empire russe: ceux-ci,ayant connu des vagues de persécu-tions récurrentes durant la périodetsariste, voient dans les révolution-naires des alliés dans leur lutte pourl'émancipation. Et, de fait, les pre-mières années du régime sovié-tique permettent à la populationjuive d'obtenir l'égalité des droitsdans tous les domaines de la viepolitique et sociale, tandis que l'an-tisémitisme est sévèrement puni.Une section juive du Parti, laYevsektsia, est créée, sous l'égidede Joseph Staline, alorsCommissaire aux nationalités,pour apporter une réponse spéci-fique à la question juive. Dans lecadre de la nouvelle politique éco-nomique (NEP) adoptée par Lénineen 1921 pour remédier à l'état demisère et de famine né de la guerrecivile et du communisme de guer-re, le gouvernement de Moscouentend encourager les lishentsy, cescentaines de milliers de personnesdéclassées car interdites de profes-ser leur métier, à se tourner versl'industrie ou l'agriculture. Etantdonné que par suite de la persécu-tion exercée par le régime tsariste,qui ne permettait pas aux Juifs des'occuper d'agriculture, la popula-tion juive se trouve dans une situa-tion critique; que, d'autre part,800 000 déciatines de terre restentincultes; qu'une colonisationintense est une nécessité urgentepour l'avenir économique du pays,nous décidons que la Républiquesoviétique de l'Ukraine, d'accordavec le gouvernement fédéral deMoscou, prendra des mesures afinqu'il soit possible à la populationjuive des villes, ruinée économi-quement, de s'installer sur lesterres incultes de l'Ukraine du sudet du nord de la Crimée, et que laquestion des fonds nécessaires àcette colonisation sera envisagéeentre le gouvernement de Moscouet les organisations juives étran-gères qui déploient leur activitésur le territoire de la Républiquesoviétique. Les Juifs se voient ainsiattribuer des terres en Crimée etdans d'autres régions de la Russiedu sud, là où autrefois étaient éta-blies les anciennes colonies juivesdes provinces de Kherson etd'Ekaterinoslav. Il s'agit ainsi pourle pouvoir soviétique non seule-ment de peupler et de sécuriser lesrégions frontalières, mais aussid'intégrer les populations déclas-sées et, plus précisément, de favo-riser, dans le contexte de l'émer-gence d'une société soviétique d'untype nouveau, l'insertion écono-mique et la socialisation des Juifs.

Ce en quoi le projet soviétique sedistingue des idées préconisées parles penseurs juifs, tel que NicolasBakst pour n'en citer qu'un, c'estqu'il s'inscrit dans le doublecontexte d'un mouvement de pro-pagation de l'athéisme, et de luttesans merci contre le sionisme:d'une part, toutes les religions sontpersécutées, y compris la religionjuive, dépeinte comme une idéolo-gie réactionnaire utilisée par laclasse bourgeoise pour détournerl'attention du prolétariat; d'autrepart, le mouvement sioniste estperçu par ler é g i m ecomme unavatar de l'im-p é r i a l i s m ebritannique etles sionistess o n tcontraints à laretraite poli-tique et à laclandestinité,sous peined'être envoyésdans descamps de tra-vail ou encored'être condamnés à l'exil enSibérie. Les colonies agricolessoviétiques sont donc conçuescomme un instrument au service dela soviétisation de la populationjuive et comme une alternative auxcolonies juives de Palestine.Faute d'argent, le gouvernementsoviétique fait appel à des organi-sations philanthropiques étrangèrespour l'aider à mener à bien ce pro-jet. Parmi elles figure, outre la JCAet l'Agro Joint, l'ORT, avec laquel-le un accord quinquennal conclu en1923 est renouvelé jusqu'en 1938.Les interventions de ces organisa-tions juives en matière agricolesont formellement encadrées par leKOMZET (Commission gouverne-mentale pour l'établissement agricoledes Juifs) et l'OZET (Société d'agri-culture juive de Russie), deux institu-tions mises en place par le pouvoirmoscovite en 1924 et 1925 pour coor-donner toutes les actions destinées àencourager les Juifs à travailler dansl'agriculture et à développer les colo-nies agricoles juives déjà existantes.Ce sont donc les autorités soviétiquesqui prennent la tête des opérations: laquestion juive apparaît implicitementêtre comprise par Moscou comme unproblème d'Etat.L'émigration intérieure des Juifsvers les terres agricoles, qui sedéveloppe ainsi en remplacementde l'expatriation, rendue alors diffi-cile par les événements, est perçuepar le gouvernement soviétiquecomme une réussite: il se réjouit dela régénération des Juifs par le tra-

vail constructif et productif enmilieu rural et, à travers elle, de lacréation d'une paysannerie juive,importante sur le plan symbolique.A l'étranger, en particulier enFrance, les communautés juivesvoient dans les colonies agricolesun moyen pour leurs coreligion-naires d'Europe centrale et orienta-le d'échapper à la situation deLuftmenschen entassés en villedans des conditions déplorables.Forte de ce succès, l'Union sovié-tique décide, en mars 1928, d'en-courager des Juifs à construire au

Birobidjan,sur le fleuveAmour, uneP a l e s t i n esoviét ique ,mais ce pro-jet de Régionjuive auto-n o m e ,a u q u e ll'ORT estassociée, ser é v é l e r arapidementnon viable.Grâce à una c c o r d

conclu avec les Soviets le 17 mai1928, l'Union ORT est autorisée àprocéder à l'importation exonéréede tout droit de douane de matièrespremières, de machines et d'outilsdestinés à équiper les ateliers. Danscette perspective, les famillesjuives d'Europe occidentale etd'outre-mer, notamment celles desEtats-Unis, furent invitées àenvoyer à leurs parents de Russiedes machines ou des instruments detravail. La Tool SupplyCorporation, une annexe del'Union ORT, organise, via Berlinou Londres, le transport desmachines à destination des Juifsd'Union soviétique. Dans les quatrepremières années, les tailleurs, lesmenuisiers, les bonnetiers et lescordonniers ont ainsi pu bénéficierde 981 machines importées.En 1931, une résolution adoptéepar l'OZET, conformément au prin-cipe de collectivisation généralisée,exige la transformation de toutesles exploitations agricoles juives enfermes collectives. Celles-ci pren-nent alors des noms imagés,empruntés à la culture soviétique,comme, par exemple dans la régiond'Odessa, 1er mai, Chemin vers lesocialisme, ou encore Staline, KarlMarx et, en yiddish, Freiheit(Liberté), Freiheim (Foyer libre),Èmès (Vérité), Sholem Aleikhem. A la même période, l'ORT organisedans ces nouveaux kolkhozes unréseau d'ateliers semi-industriels,en vue de faciliter l'intégration éco-nomique des Juifs et de contribuer

Histoire

à relever leur niveau social: ainsi,pour permettre aux femmes descolons du kolkhoze Molotov àEupatoria, en Crimée, de percevoirun revenu supplémentaire en hiver,l'ORT organise des petitesfabriques de confection de cha-peaux en raphia ou d'objets enosier.L'Union ORT et le comité ORTrusse ont donc conduit, dans lalignée des ambitions des autoritéssoviétiques, de multiples actions enfaveur du reclassement des Juifs.Cependant, leur dynamisme s'esttrouvé rapidement freiné. En effet,la fin des années 1930 voit appa-raître des difficultés importantes:les autorités gouvernementales exi-gent de l'Union ORT qu'elle procè-de à la rénovation ou à la transfor-mation des locaux abritant ses ins-titutions, ce qui entraîne des fraisconsidérables dans un contexte oùles subsides et les subventions del'Etat diminuent sensiblement. Trèsvite, d'autres mesures sont prisescontre les intérêts des entreprisesjuives. Si bien qu’à partir de 1937,le système bâti par l'ORT s'effondreen Union soviétique: Les écolessont réquisitionnées par les autori-tés; de nombreux artisans juifs sontcontraints d'intégrer les entreprisesd'Etat; les purges staliniennes de1937 et 1938, provoquant descoupes sombres au sein de la com-munauté juive d'URSS, mettent unpoint final à l'entreprise de l'ORT.Dès 1929, Albert Londres dénon-ça, dans une enquête qui l'avaitconduit de Londres à la Palestine,en passant par la Pologne, laTransylvanie, la Bessarabie, laBucovine ou encore la Galicie, ledrame des Juifs d'Europe centraleet orientale. Le grand reporters'était alors efforcé de sonder lamisère et de recenser les humilia-tions, les spoliations dont lepeuple juif essuyait la violence. Sil’ouvrage issu de ce reportagereçut un accueil ému de sescontemporains, aujourd'hui cecourt temps historique, vaste chan-tier à investiguer, demeure un panassez peu connu de l'histoire desJuifs d'Europe de l'Est, alors mêmequ'il s'imbrique dans l'histoire descolonies agricoles juivesd'Argentine, du Brésil et duCanada, et dans celle du Yishuv**.

Les photographies de l’exposition(voir p.7), probablement issuesd'une campagne de propagandeiconographique, nous apportentun témoignage rare sur cetteparenthèse de l'histoire du judaïs-me d'Europe de l'Est.

(*) Ed.SOMOGY, préface de S.Klarsfeld, avant-propos d’A.Grynberg - 29€, 96 p.(**) Communauté juive de Palestine avant 1948

Catalogue trilingue de l'exposition MAHJ (voir p.7)français / anglais / yiddish

Emmanuelle Polack est historienne et responsable du département archives de l’ORT France, institution juive d’éducation et de formation. Nous reprodui-sons ci-dessous un extrait de son ouvrage “Artisans et paysans du YIDDISHLAND“ *, avec l'aimable autorisation de son auteur.

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Artisans et paysans du Yiddishland(1921-1938)

Une soixantaine de photographiestirées à partir de plaques de verres ori-ginales découvertes par EmmanuellePolack, historienne, dans les archivesde l'ORT-France, sont montrées pourla première fois en France, après res-tauration jusqu’au 21 mai 2006, à laGalerie de l’auditorium du Muséed’art et d’histoire du Judaïsme(MAHJ)

Tout est illuminé, lui, oeuvre de fictioninspirée du roman de J.S.Foer, retra-ce la “quête rigide” de Jonathan,jeune juif américain, qui recherchela femme qui sauva son grand-pèrede l’occupation nazie.Trachimbrod*, shtetl ukrainien,est-il la seule clé de cette quête ?Sa mémoire est pour sûr bien

conservée ... Peut-être seul l’hu-mour de ce film, proche d’unWoody Allen, peut-il rendre suppor-table certaines scènes où l’émotionvous submerge. Un film à voir.

TRS

* Trachimbrod shtetl ukrainien précur-seur en 1941 d’Oradour-sur-Glane.

HOMMAGE À RUTH BECKERMANN

du 10 au 19 mars 2006

Le Festival Internationalde films de femmes à laMaison des arts de Créteil(RER A Créteil Préfecture) rend cetteannée un hommage particulier à laréalisatrice autrichienne RuthBeckermann, en présentant l'intégralede ses films et pour la première fois enFrance, l’exposition Europamemoria. Ruth Beckermann, écrivain etcinéaste, née et ayant grandi àVienne a séjourné à Tel Aviv etNew-York, et participé à la fonda-tion de Filmladen en 1978, maisonde production et de distribution defilms politiquement engagés. Parson histoire personnelle et la forcede son travail, Ruth Beckermannreprésente le cinéma autrichien auféminin, elle restitue une formidablecapacité de réflexion sur l'Europed'aujourd'hui, et nous permet d'envi-sager son passé récent, de manièrehumaniste et constructive.

Plus de renseignements sur le site :http://www.filmsdefemmes.com ouau 01 45 13 19 19

28° FESTIVAL INTERNATIONAL

DU CINÉMA DU RÉEL

Parmi les nombreux documentairesprésentés cette année au Centre

Pompidou du 10 au 19 mars,aux thèmes les plus variés, plu-sieurs films évoquent, entreautres, le monde juif, de la barmitzah au Birobidjian, de laMémoire à l’architecture, l’habi-tat, l’histoire d’’Israël, de 3 villespalestiniennes dans un processus

d’étouffement. Le dernier filmd’Amos Gitaï y sera aussi présentéen avant-première "News fromhome, news from house" (une mai-son palestinienne devenue maisonisraélienne …) Programme détailléau 01 44 78 44 21 ou 45 16 ou parMèl : [email protected] MC

Cinéma

MAHJLes Juifs dans l’Union soviétique

des années 1920-1930Mardi 21 mars 2006 à 19 h

Rencontre animée par AnneGrynberg, avec la participation d’his-toriens.Projection du film Les Juifssur la terre d’Abram Room

MAHJ 71 rue du Temple,Paris 3°Tél : 01 53 01 86 60

MCYLe yiddish aux États-Unis

Cycle de 6 conférences en français de P.Boukara

3. Mardi 7 mars à 20 h 30 D'une guer-re mondiale à l'autre. L'impact du NewDeal.4. Mardi 21 mars à 20 h 30 Penser.L'enseignement et la recherche. Lesidées et les prières.P.A.F. Réservation souhaitable au:01 47 00 14 00

Expositions

Conférences

Généraux allemands surécoute britannique

Lucien SteinbergAutre exemple : le colonel HansReimann, fait prisonnier en Tunisie le12 mai 1943, n’en croyait pas sesoreilles lorsqu'un policier de haut ranglui avait raconté, dans un train, desdétails sur l'assassinat de milliers dejuifs, femmes et enfants compris, àJitomir et Berditchev. Il a dû vider unegrande partie d'une bouteille de vodkapour s'en remettre (page 145).Le manque d'espace ne permet pas deciter d'autres exemples. Mais ces mili-taires ont discuté aussi de l'attentat contreHitler du 20 juillet 1944. Dans leur majo-rité, ils le désapprouvaient, mais certainsauraient préféré son succès. Au fil dessemaines, un nombre significatif de mili-taires "avait compris" que leur Führerétait un criminel, voire un fou furieux.Aucun des internés de Trent Park n'étaitfavorable au Comité "Allemagne libre".Votre chroniqueur, qui n'avait jamaiséprouvé d'admiration pour "l'honneurmilitaire des militaires de la Wehrmacht"constate que ces hommes - du moins ceuxqui figurent dans le livre de SönkeNeitzel, ne méritent que le mépris.Pour compléter le tableau, il faut dire queles nazis, les SS, mais aussi les services duReichsmarschall Hermann Goering,avaient recours, eux aussi, aux écoutes.

Mais ils l'ont fait defaçon, disons plusmondaine.Il y avait à Berlin unemaison de rendez-vousde grand luxe, un peusur le modèle duSPHYNX deMontparnasse. C'étaitle Salon Kitty, sis à

Charlottenburg, Giesebrecht Strasse 21.Vers la fin des années 1930, les SS l'ontréquisitionné en quelque sorte, plantantdes micros dans tous les salons etchambres - et un personnel féminin spé-cialement formé pour des écoutes. Lesalon était réservé aux diplomates étran-gers et aux visiteurs dont on espérait qu'ilslaisseraient échapper des secrets. Etrangement, aucun des enregistrementsn'a survécu, ou du moins n'a été découvertà ce jour. Après la guerre, Salon Kitty aconnu le même sort que le SPHYNX - l'unet l'autre ont été démolis et remplacés pardes immeubles sans caractère.

Pendant la deuxième guer-re mondiale, plusieurscentaines de généraux et

officiers supérieurs allemands, prison-niers de guerre, ont été internés dans uncomplexe dénommé Trent Park, àquelque 60 km. au nord de Londres.Les services de renseignement britan-niques ont décidé d'écouter les conversa-tions de ces militaires de haut rang. Desmicros ont été installés et leurs proposenregistrés. Un historien allemand,Sönke Neitzel, a réussi à avoir accès à cesprocès-verbaux, 60 ans environ après lafin de la guerre. Il en a réuni un certainnombre, dans un ouvrage de 638 pages,intitulé ABGEHÖRT (écoutés) paru l'andernier aux éditions Propyläen, Berlin.Bien entendu, ce livre ne contient qu'unnombre limité de procès-verbaux ou d'ex-traits. Ce qui peut intéresser plus particu-lièrement nos lecteurs connaissant l'alle-mand, c'est que ces extraits portent sur lescrimes de guerre allemands, surtout lesassassinats de juifs. Certes, presqu'aucunde ces militaires ne va jusqu'à "avouer" yavoir participé en personne, mais la plupartindique en avoir eu connaissance, visuelle-ment ou par des propos d'autres militaires.Le mythe d'une Wehrmacht pure, opposéeaux SS assassins, est largement démenti.On citera un nom bienconnu en France, celui dugénéral Dietrich vonCholtitz. On en a beaucoupparlé, entre autres dans lecadre des cérémonies de laLibération.On sait qu'il a capitulé le25 août 1944, devant legénéral Leclerc et le colo-nel Rol-Tanguy. J'avoue cependantavoir ignoré que, dès le 29 août 1944,il se trouvait à Trent Park, où les pro-pos qu'il tenait en compagnie de sescamarades militaires ont commencé àêtre enregistrés.Or, le 29 août 1944, dans une discussionavec le général von Thoma, il disait : “Lamission la plus dure que j'ai dû accom-plir - et que j'ai accomplie de manièretrès conséquente - a été la liquidation desJuifs. Mais j'ai accompli cette missionjusqu'aux dernières conséquences”(page 258).L'auteur ajoute que Choltitz n'a pas indi-qué les circonstances de cette affaire;cela devait porter sur l'époque où il com-mandait un régiment en Crimée, à l'au-tomne 41. Ajoutons que son fils, Timovon Choltitz, qui possède un site internet,ne confirme pas cet épisode.Le général de division Otto Elfeldt, quicommandait le LXXXIV° corps d'arméelorsqu'il fut fait prisonnier le 20 août1944 lors de la bataille de Falaise, avaiteu connaissance à l'automne 1941 dumassacre de 32 000 juifs près de Kiev(en fait à Babi Yar). Le chef d'unbataillon de pionniers sous les ordres deElfeldt était sous le choc de l'ordre qu’ilavait reçu de faire sauter les fosses com-munes. Le général Elfeldt tenait ces pro-pos moins de trois mois après avoir étéfait prisonnier (p.179).

Histoire

LivresE X I L I M P O S S I B L E *Le 17 juin 1939, les 907 passa-gers juifs du St. Louis accostent àAnvers, après un périple d’unmois, de Hambourg à la Havane,d’où ils espéraient gagnerl'Amérique. Le décret du

Président de Cuba, F.L.Bru, etl'Amérique du Pt Roosevelt les renvoienten Europe, où leur majorité sera bientôtprise dans l'étau nazi... Symbole del'échec de l'accueil des réfugiés juifs, à laveille et pendant la Seconde Guerremondiale ! Diane Ajoumado, l’auteur,dédicacera ce livre le mardi 21 mars à20 heures, à la soirée “L’errance desjuifs du paquebot “Saint Louis” organi-sée par l’UEVACJ, 26 rue du RenardParis 3° (01 42 77 73 32)* Ed. L’Harmattan Paris 2005 • 284 p. 23 €

Von Choltitz en captivité anglaise, debout à gauche

ThéâtreV I E N N E 1 9 1 3

ESPACE RACHICENTRE D’ART ET DE CULTURE

La rencontre entre Freud, Jung, Klimt,Hanish, la société viennoise, et ... lejeune Adolf Hitler, élève à l’école desbeaux-arts. Pauvre, il rencontre unjeune homme riche, antisémite, ilsconsultent tous deux... Jung, puisFreud ... Ainsi, ces deux jeunes gensvont se confronter à tous les aspects dela société viennoise et se forgerquelques idéaux définitifs ...Mercredi, jeudi, samedi : 20h45, dimanche15h30 (jusqu’au 12 mars) Réservations : 01 42 17 10 38

T O U T E S T I L L U M I N É

(Cinéma Le Lincoln, à Paris)Belzec, documentaire, donnait àvoir et comprendre un campd’extermination dont les nazisavaient voulu ne laisser aucunetrace. Mais la terre, elle,témoigne, tout comme lamémoire des habitants, si intel-ligemment sollicitée ...

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avec tant de clarté et de précisionqu'un frisson d'horreur m'a trans-percé les os.Je ne pouvais plus me contrôler etje me suis écrié: - Est-ce que çavaut la peine de sacrifier toute savie pour une telle humanité ?- Oui, c'est vrai, a-t-il continué,comme s'il n'avait pas entendu maquestion. C'est vrai, l'homme estobscur, mauvais et sanguinaire. Etc'est justement en un tel temps,alors que partout, où que tutournes le regard, ne règne qu'obs-curité, destruction et asservisse-ment, c'est juste en un tel tempsqu'est venue la révolution russe, telun rayon de lumière dans un gouffreobscur, seul réconfort et seul espoirdans cette atmosphère étouffante etmeurtrière de réaction et de servitu-de. Et aujourd'hui !Il est resté silencieux, et en le regar-dant, j'ai été pris d'un frisson. Surson visage blême coulaient degrosses larmes, étincelantes comme

peuples se laissent dévoyer, trom-per et opprimer. Mais il viendra untemps où l'humanité ne confieraplus son sort à quelques individusmais prendra elle-même son destinen mains, et veillera, de sespropres mains, sur la liberté chère-ment gagnée. Ce qui se passe actuellement enRussie prouve que les massesrusses ne sont pas encoreconscientes, c'est-à-dire qu'ellesne sont pas encore mûres pour êtrelibres. Mais ce n'est pas de leurfaute, c'est de la nôtre. Car nousnous sommes représenté la chosetrop légèrement. Nous avons cruque pour que les peuples russes selibèrent, il suffirait de détruirel'ancien régime tsariste tyran-nique, mais nous n'avons pas com-pris qu'il fallait aussi préparer lesmasses à accueillir cette nouvellevie et savoir comment l'utiliser. Siç'avait été le cas, ce qui se passeaujourd'hui en Russie aurait étéimpossible. Mais il n'y a pourtantpas de quoi désespérer. Nousdevons à présent, avec des forcesrenouvelées, mener le combatcontre tous les oppresseurs,anciens et nouveaux, et en mêmetemps implanter dans le cœur deshommes la haine et le dégoût pourl'oppression et la servitude !".

Il a relevé la tête et m'a regardécomme s'il attendait mon opinionsur ce qu'il venait de dire. Mais jen'avais aucune envie de discuter, etje lui ai demandé de me raconterses expériences durant toutes cesannées où nous ne nous étions vus.Bineml s'est absorbé un instantdans ses pensées, puis s'est mis àraconter des scènes de la guerre,toutes plus terribles les unes queles autres. Des scènes de sauvage-rie, de bestialité. Il a parlé long-temps, décrivant chaque scène

Bineml, le fils de rabbi MoteleShloïmè Palant

« Bineml » : suite et fin, par le père de notre ami Charles Palant, du récit publié dans la revue new yorkaise des anarchistes juifs :« Freie Arbeiter Stimme », en 1928, à l’occasion du sixième anniversaire de la mort de Bineml, et dont nous avions publié dans notre numérode janvier le début de cet émouvant témoignage. Cet article a été traduit par Mme Batia Baum, dont le père a été fusillé en France par les nazis.

Résumé Schloïmè se souvient. Il a dix ans. Un soir de shabbat au shtetl. Les gendarmes viennent arrêter le fils du très pieux rabbi Motele. Un vaurien,ceBineml, un mécréant. Vraiment, son pauvre père n’a pas mérité ça. Curieux tout de même, un criminel dont les yeux brillent d’audace, quand tous les autrestremblent ! Ce jour là, Schloïmè ne le sait pas encore, mais il vient de devenir un révolutionnaire... Il retrouvera Bineml, qui lui expliquera : “combat, amour,esclavage, liberté, exploitation, égalité : chaque mot, avec une force inconcevable, me captivait...“. Vingt cinq ans plus tard…:

Peu après Bineml est retour-né à Lodz. Moi aussi j'aiquitté mon village natal.

Puis sont venus le mouvement, lalutte, le combat, les persécutions,les arrestations et les souffrances,d'infinies souffrances. Et chaquefois que je me sentais faiblir, jepensais à Bineml, et cela m'inspi-rait et me donnait de nouvellesforces pour continuer le combat etsupporter les souffrances. AvecBineml, j'ai eu de fréquentes ren-contres, et chaque fois j'ai euquelque chose à apprendre de lui.

Finalement je suis parti à l'étran-ger. Une dizaine d'années a passé,comme un souffle. La guerre1 estvenue, puis la révolution russe, etje n'ai plus rien entendu ni rien sude Bineml. Mais comme aucunechose ni aucune situation ne dureéternellement, j'ai revu Bineml.C'était en 1921. Je rentrais deRussie, et par hasard j'avais dûrester un bout de temps dans monvillage natal. Bineml ne se trou-vait pas alors au shtetl, maisayant appris que j'étais là, il étaitvenu me voir.

C'était une douce nuit d'automne.Bineml et moi sommes allés nouspromener hors du shtetl, à traverscette bonne vieille campagne bienconnue, mais comme tout a l'airdifférent à présent ! Bineml écouteavec attention tout ce que je luiraconte sur la Russie. Il me ques-tionne longuement, à maintesreprises, et serre fort ma main qu'iltient entre les siennes. Je me tais, etnous marchons ainsi longtempssans rien dire. Il voit mon abatte-ment et cherche à me réconforter."Cela m'étonne de toi - commence-t-il - tu dois pourtant bien savoirque ce n'est pas la première fois, niprobablement la dernière, que les

des perles à la pâle lueur de la lune.Nous avons marché très loin, sansdire un mot Apercevant un tas depierres, instinctivement nous noussommes assis. Je ne sais combiende temps nous sommes ainsi restésassis, muets. L'horloge indiquaitqu’il était très tard quand noussommes revenus au village.- Oui, il est temps d'aller se cou-cher ! ai-je dit, avec l'intention demettre fin à ce pénible silence.Bineml alors a relevé la tête, maisau lieu de me répondre il m’a brus-quement demandé :- Aujourd'hui, tu m'es toujoursreconnaissant ?Sa question et son ton m'ont trou-blé. Je voulais lui répondre, trouverquelque chose à dire, mais j’étaishors d’état d’articuler un mot.

Peu de temps après cette rencontre,je suis reparti à l'étranger2. Puism'est parvenue la triste nouvelleque Bineml était mort de la tuber-culose.

C'est maintenant seulement que jete donne ma réponse.

- Oui, je te suis reconnaissant, chercamarade! Tu m'as révélé un nou-veau monde, un monde plein desouffrances et de déceptions infi-nies, mais sans lesquelles la vie estvide et dépourvue de sens.

Honneur à ton souvenir, cher camarade !

(1) 1914-1918 [NDLR]

(2) S. Palant et sa jeune épouse, Fajga par-

tirent pour Londres en 1912, où ils ont

bénéficié de l’asile politique. En 1920,

comme d'autres familles juives résidant en

Angleterre, ils sont retournés en Russie où

la révolution les "appelait". Mais à

Moscou, les libertaires étaient accueillis

comme des dissidents. Ils sont donc rentrés

en Pologne: dans une Pologne reconstituée

et redevenue indépendante.

Vladimir Ilitch Lenine peint en 1924 par Isaac Brodsky (1883-1939)

Peintre de la Guerre Civile et de la Révolution d’octobre 1917

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