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72 - Abbé A.-L. Letacq.—Notes sur quelques Oiseaux «lu département de l'Orne, rédigées d'après la Collection et les Manuscrits de M. Ahel Martin, de Bellème (*). Ces notes sont le supplément le plus important que j'aie fait à la monographie des oiseaux du département, dont la publication fut terminée en 1899 (1). M. Abel Martin mort à Bellême, il y a une quarantaine d'années, avait formé un Musée zoologique, comprenant quelques mammifères, la plupart des oiseaux du pays et bon nombre d'exo- tiques, en tout 700 exemplaires. Mais il s'était surtout consacré à la faune ornithologique régionale : non content de composer une collection, il a laissé des manuscrits renfermant la description, les habi- tudes et les stations de nos différentes espèces et variétés d'oiseaux. Ce n'est qu'après l'étude compa- rative du Musée et des notes manuscrites que je me décide à publier les faits rares ou nouveaux pour le pays. (*) Séance du 14 décembre 1903. (1) A.-L. LETACQ, Les Oiseaux du département de l'Orne, Catalogue analytique et descriptif, Alençon, E. Renault de Broise, 1899, in-8*, 324 p. — Ouvrage publié eu trois fascicules extraits du Bulletin de la Société d'Horticulture de l'Orne.

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Abbé A.-L. Letacq.—Notes sur quelquesOiseaux «lu département de l'Orne,rédigées d'après la Collection etles Manuscrits de M. Ahel Martin,de Bellème (*).

Ces notes sont le supplément le plus importantque j'aie fait à la monographie des oiseaux dudépartement, dont la publication fut terminée en1899 (1). M. Abel Martin mort à Bellême, il y aune quarantaine d'années, avait formé un Muséezoologique, comprenant quelques mammifères, laplupart des oiseaux du pays et bon nombre d'exo-tiques, en tout 700 exemplaires. Mais il s'étaitsurtout consacré à la faune ornithologique régionale :non content de composer une collection, il a laissédes manuscrits renfermant la description, les habi-tudes et les stations de nos différentes espèces etvariétés d'oiseaux. Ce n'est qu'après l'étude compa-rative du Musée et des notes manuscrites que je medécide à publier les faits rares ou nouveaux pour lepays.

(*) Séance du 14 décembre 1903.(1) A.-L. LETACQ, Les Oiseaux du département de l'Orne,

Catalogue analytique et descriptif, Alençon, E. Renault de Broise,1899, in-8*, 324 p. — Ouvrage publié eu trois fascicules extraits duBulletin de la Société d'Horticulture de l'Orne.

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Jacques-Abel Martin appartenait à une ancienneet très honorable famille de Bellème (1), alliée àMagné de Marolles, originaire de Tourouvre, auteurde La Chasse au fusil (1788), à qui nous devons uncertain nombre de notes intéressantes sur la faunenormande au XVIIIe siècle. Ce fut sans doute parsuite de cette parenté que M. Martin hérita de seslivres et de ses manuscrits.

Lui-même était né à Bellême, le 8 janvier 1776.Il fit toute sa carrière dans l'enregistrement et en

parcourut les différents grades jusqu'à celui de véri-ficateur; les quelques loisirs que lui laissaient sesdevoirs professionnels étaient consacrés à l'Histoirenaturelle.

Appelé par ses fonctions à passer plusieurs annéesau Havre, il entretint des rapports suivis avec lesavant ornithologiste de Dieppe, Josse Hardy, quiprit un vif intérêt à sa collection, et l'engagea forte-ment à continuer ses recherches sur la faune du pays.

(1) Les frères Martin, Thomas-Henri et Louis, également originairesde Bellème, qui ont laissé dans l'Université un nom si justementhonoré, étaient les neveux de M. Abel Martin. Le premier, nomméà sa sortie de l'Ecole normale professeur au Lycée de Dijon, futensuite professeur au Lycée de Caen, professeur à la Faculté desLettres de Rennes, et en 1845, doyen de cette Faculté. Ses travauxsur l'Histoire des Sciences dans l'antiquitélui valurent d'être nomméen 1855 correspondant de l'Académie des Sciences de Berlin, eten 1871 membre libre de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres; il mourut à Rennes, en 1884. Louis qui avait été lecamarade de son frère à l'Ecole normale et son collègue au Lycéede Dijon, aborda l'étude du droit et devint professeur à la Facultéd'Aix-en-Provence ; mort en 1871. Cf. H. WALLON, Notice surTh.-H. Martin (1884).

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Admis à la retraite vers l'âge de 60 ans, il revinthabiter Bellême, mais n'ayant plus à subir lesexigences de son emploi, il put se donner sansréserve aux travaux scientifiques. Sa collection régio-nale s'accrut rapidement, grâce à ses capturespersonnelles et aux échanges qu'il faisait avec quel-ques amateurs de la contrée, entre autres le D1' Léger,d'Alençon.

On voit à la lecture des manuscrits de M. Martin,que les auteurs les plus en renom de son temps,Vieillot, Temminck,Degland, le prince Ch. Bonapartelui étaient familiers. Ses notes prises avec une minu-tieuse exactitude, témoignent d'un observateur habileet consciencieux.

M. Martin mourut à Bellême le 22 octobre 1863.Son Musée, passé après sa mort entre des mains

qui n'en eurent pas tout le soin désirable et ne surentpas préserver de la destruction nombre de pièces etdes plus rares, est devenu la propriété de M. JeanBournisien. de Bellême, l'un de ses arrière-neveux.M. Bournisien, non moins dans l'intérêt de l'Histoirenaturelle que par respect pour la mémoire de sononcle, a fait installer ce qui reste (environ 500 exem-plaires), dans un appartement spécial, bien aéré etpourvu de fort belles vitrines. M. Bournisien a bienmérité de la Science, et les naturalistes lui sauronttoujours gré d'avoir conservé une collection siprécieuse pour la faune du pays. Après le Muséed'Alençon, c'est incontestablement la plus complèteque nous ayons dans le département.

Les manuscrits de M. Martin et ceux de Magné deMarolles sont aussi en la possession de M. Bournisien

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et je ne saurais trop le remercier de l'extrême bien-veillance avec laquelle il a bien voulu me confiertous ces documents et m'autoriser à les publier.

Aquila fulva Sav. (Aigle fauve). — Cet Oiseau,plus connu sous les noms de Grand Aigle, AigleRoyal, très accidentel en Normandie, et non encoresignalé chez nous, est représenté dans la collectionpar un exemplaire tué le 23 octobre 1817, au voisi-nage de la forêt d'Ecouves. C'est un jeune mâle dedeux ou trois ans, caractérisé par le dessus de la têteet du cou d'un brun clair, les rectrices blanchesmarbrées de brun, et les plumes, qui couvrent lestarses jusqu'aux doigts, entièrement blanches.

L'auteur du manuscrit, après une longue descrip-tion, ajoute quelques détails assez curieux sur unaigle de la même espèce, capturé dans un départemen tvoisin : « J'ai eu, dit-il, en ma possession un autresujet, ayant le même plumage mais d'une taillebeaucoup plus forte ; c'était je crois une femelle. Elleavait été tuée en novembre 1815,près Vibraye (Sarthe),par un tout jeune paysan, qui, l'ayant abattue,voulut s'en emparer sans prendre aucune précaution.Mais en se défendant, l'oiseau saisit son agresseur àla poitrine avec l'une de ses serres et emporta unelarge pièce d'un gilet d'assez grosse étoffe, quicouvrait l'inexpérimenté chasseur. Celui-ci, aumoyen d'un second coup de fusil tiré presque à boutportant, resta enfin le maître de son redoutableadversaire ».

AquilanagviaBress.(Aiglecriard). —Le manuscritsignale un sujet de cette espèce tué près de Bellème,

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au mois d'octobre 1848; il ne figure pas dans lacollection, mais on en voit un autre capturé auxenvirons de Paris très bien déterminé et décrit avecdétails, ce qui permet de croire que l'oiseau deBellême se rapportait bien à l'aigle criard.

Aquila pennata Gm. (Aigle botté). — Cet aigle aniché en 1834 dans la forêt de Bellême; le nid con-tenait deux petits, dont l'un, mort après avoir éténourri en captivité pendant sept à huit mois, futdonné à M. Martin, et est aujourd'hui conservé dansson Musée.— Degland, qui, dans l'Ornithologie euro-péenne, 2° édit., T. I, p. 37, signale l'aigle botté dansl'Orne, avait peut être eu connaissance de l'intéres-sante capture faite à Bellême.

M. Martin indique aussi de visu un Aigle bottétué près d'Alençon et faisant partie de la collectionLéger.

Aquila haliœtus L. (Aigle Balbuzard). — Je cite lemanuscrit, a Le Balbuzard n'est pas rare dans le dépar-tement de l'Orne et dans les pays qui l'environnent.Il fréquente les bois voisins des étangs, où il trouvesa nourriture qui consiste presque uniquement enpoisson... Bien que jusqu'ici je n'aie pu me procurerles œufs de cet oiseau, je pense cependant qu'il nichedans le pays, puisqu'on l'y voit tout l'été. Il arriveordinairement vers la fin de mars ou le commence-ment d'avril et disparaît vers le mois de novembre ».

Quelques exemplaires de Balbuzard se montrentchez nous chaque année au printemps, et surtoutà lafin de l'été et en automne près de nos grands étangsde la Trappe, de Vrigny, du Mortier, des Eablais etdes Personnes, mais il n'a jamais, que je sache, niché

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dans le pays, et n'y paraît point pendant toute labelle saison. On le voit encore quelquefois aumoment de la pêche des étangs, et il est alors d'uneaudace et d'une voracité singulières. Voici un faitraconté à M. Martin, par un ancien juge de paix deRegmalard, longtemps fermier de plusieurs étangsappartenant à M. le comte d'Andlaw (La Forge et lesPersonnes, commune du Mage). « II m'est arrivéplusieurs fois, dit-il, lors de la pêche de ces étangs,et lorsque l'eau mise au cours était devenue assezbasss pour laisser apercevoir le poisson, de voir unBalbuzard planer à une assez grande élévation au-dessus de l'étang, se précipiter subitement sur unpoisson et l'enlever malgré les cris des pêcheurs etdes nombreux assistants à la pêche, qui voulaient lefaire fuir, et au milieu desquels il se trouvait enquelque sorte enveloppé, à une distance de 25 à30 pas. »

Aqirila Gallica Gm. (Aigle Jean-le-Blanc). — Lanote consacrée au Jean-le-Blanc par M. Martin,mérite d'être reproduite. « J'ai, dit-il, dans ma col-lection un vieux mâle de cette espèce, tué le14 juin 1815. Depuis 3 ou 4 ans, il fréquentait avecsa femelle un terrain de plus de cent hectares, com-planté en bois taillis très clairs, peu élevés et enbruyères et broussailles ; quelques portions défri-chées étaient en labour. Ce terrain, nommé la Tourdu Sablon et les Bruyères de La Houssaye, est situéen grande partie sur la commune de l'Hermitière,canton du Theil (Orne). Il forme le plateau d'unehaute colline qui domine le pays. Plusieurs partiesde ce plateau sont presque toujours humides, à cause

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du peu de perméabilité de son sol, retenant unepartie des eaux pluviales, qui ne peuvent être absor-bées ni s'écouler ; aussi y rencontre-t-on des bécas-sines à l'automne et à la fin de l'hiver. J'y ai vu aussides œdicnèmes criards. »

« II est bien vraisemblable que ce couple de Jean-le-Blanc a niché sur ce terrain, ou il avait été remarquépendant trois ou quatre années consécutives, et quedans ce cas il aura fait son nid dans la bruyère, caril n'y avait sur ce plateau que quelques vieux arbresrabougris et presqu'isolés Cette conjecture d'unnid de Jean-Ie-Blanc placé à terre, s'accorde avecl'opinion de plusieurs naturalistes, notammentM. Vieillot, dans le Nouveau Dictionnaire d'histoirenaturelle, et M. Bouteille dans son Ornithologie duDauphiné »

« Lorsqu'on m'apporta mon Jean-le-Blanc, jeremarquai qu'il avait l'estomac lourd et très remplide nourriture. Curieux de savoir ce qu'il contenait,j'y trouvai lorsque je l'ouvris, une couleuvre à colliertout entière, longue d'environ 1 mètre. Elle n'avaitencoresubi presqu'aucune altération parla digestion ;seulement, il semble qu'avant de l'avaler, l'oiseaul'avait fortement froissée; c'est sans doute peud'instants après l'avoir avalée qu'il fut tué lui-même ».

Cet exemplaire de Jean-le-Blanc se voit encoredans la collection; il mesure 0m73 de longueur; cettetaille est un peu plus forte que d'ordinaire, mais lesautres caractères tirés de la forme et du plumage serapportent bien à l'espèce.

Le Jean-le-Blanc, assez commun par toute laFrance du temps de Buffon, mais rare aujourd'hui,

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se montre encore quelquefois dans noire pays ; il aété capturé à Argentan (1884); dans la forêt d'Ecouves,près du Gué d'Ecouflard, un couple fut tué en -1888 ;il a niché dans la forêt d'Andaine en 1892, et dansla forêt de Perseigne en 1899.

Milvus regalis Briss. (Milan royal). — n Le Milanroyal, dit M. Martin, est sédentaire dans nos forêts,il y niche tous les ans sur les arbres les plus élevés.Il n'y est cependant pas nombreux. C'est un oiseauqui s'apprivoise facilement lorsqu'on l'a pris jeune.Le propriétaire de l'auberge du GrandCorfàAlençonen a élevé un qu'il possède depuis plusieurs années ;il le laisse libre. Dans les premiers temps il allaitsouvent à la campagne et revenait le soir se perchersous un abri, qui lui avait été ménagé dans la courde l'auberge. Depuis quelque temps il est devenuplus sédentaire et ne s'éloigne que rarement de songîte. On le nourrit avec des débris de volailles dont ilest très avide ; il n'attaque cependant pas les poulesvivantes qui courent dans la cour où se trouve sonabri. Un habitant de Bellême a eu aussi un oiseau decette espèce parfaitement apprivoisé, qu'il laissaitégalement libre. Il allait fréquemment dans la forêtqui n'est éloignée de la ville que d'un kilomètre...L'on m'a apporté, il y a plusieurs années un milanroyal qui avait été pris dans un piège sur lequel onavait mis pour appât un membre de fouine. LesBuses se laissent prendre assez souvent à ce mêmepiège. »

C'est probablement ce dernier exemplaire, unefemelle adulte, qui figure dans la collection.

Il me paraît difficile d'admettre que le Milan royal

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ait été autrefois sédentaire dans notre pays, tandisqu'il est noté comme accidentel par tous les natu-ralistes des régions voisines de la nôtre. C'est unoiseau de passage périodique dans le centre de laFrance, où il arrive au printemps pour repartir àl'automne après la reproduction et on conçoit quequelques couples s'égarent de temps en temps cheznous, en particulier dans l'Est de l'Orne, où se trouvela forêt de Bellême; il aurait même niché, dit-on, il ya quelques années, dans une forêt peu éloignée deBellême, celle de Perseigne (Sarthe). Il semblecependant certain, au rapport des vieux chasseurs dupays, qui appellent le Milan Buse à queue fourelme,qu'on le voyait plus fréquemment autrefois. Ce quenous pouvons affirmer avec certitude, c'est qu'aujour-d'hui le Milan royal est une espèce rare et acciden-telle dans nos localités : je n'en connais que troiscaptures depuis une vingtaine d'années : à la Ferté-Fresnel, à St-Sulpice-sur-Rille(exemplaire conservé àVimoutiers) et à la Bellière non loin d'Ecouves(exemplaire préparé et conservé à Vrigny).

Falco Subbuteo L. (Faucon habereau). — La• nidification de cette espèce, constatée aux environsde Bellême par M. Martin, est un fait qui n'avait pasencore été signalé dans le pays.

Asio Bitbo L. (Hibou Grand-Duc). — « Je n'aiconnaissance, dit M. Martin, que d'un seul sujet decette espèce tué dans le pays ; c'était dans la forêt dePerseigne, près la ville de Mamers (Sarthe) ».

Le Grand-Duc, commun dans les hautes montagnes,ne semble pour nos régions signalé avec certitudeque dans ia Seine-Inférieure, et encore une seule

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fois. Cf. H. GADEAU DE KERVILLE, l'aune de laNormandie, fasc. I, p. 75.

Picus viridis L. (Pic vert), P. canus Gra.(P. cendré). — Quelques notes du naturaliste deBellême sur les habitudes de ces deux oiseaux,montreront avec quelle exactitude il faisait sesobservations. « Ces deux espèces de Pics, dit-il,vivent et nichent dans les mêmes bois et forêts denos départements, et je ne crois pas qu'on y aitl'exemple de l'accouplement d'une espèce avecl'autre, malgré la ressemblance qui existe dans leurconformation, leur nourriture et leurs habitudes.Je dois cependant signaler ici une différence que j'aicru remarquer dans les habitudes de ces deux Pics.Le Pic cendré ne s'éloigne que très peu des grand?bois et forêt ; je ne lai jamais vu bien avant dans lescampagnes ; le Pic vert au contraire, se trouve trèsfréquemment à des distances assez éloignées de cesbois et forêts, et y établit son nid dans le creux despommiers ou autres arbres, qui se trouvent au milieudes pièces de terre, ou dans les haies qui les closent.

« L'espèce du Pic vert est plus nombreuse quecelle du Pic cendré. J'ai reçu beaucoup d'œufs de lapremière et fort peu de la seconde ; ceux de cettedernière espèce sont un peu plus petits ; ils ont dureste la même apparence, c'est à dire qu'ils sont d'unblanc d'ivoire très poli. Leur transparence, lorsqu'ilssont frais, permet d'apercevoir le jaune à travers lacoquille et leur donne une nuance qui altère le blancde la coquille >-.

Le Pic cendré considéré à juste titre comme rareen Normandie et dans la majeure partie de notre

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département, semble plus répandu dans la forêt deBellême. J'en ai vu dans une collection récenteplusieurs exemplaires provenant de cette localité.

Pieus martius L. (Pic mar). — Deux exemplaires,mâle et femelle de cette espèce, figurent dans lacollection, mais le manuscrit qui contient une note trèsdétaillée sur les différences caractéristiques de l'Épei-che, de l'Épeichette et du Pic mar, n'indiquent pojraucun de ces trois oiseaux, les localités de capture;les deux premiers sont, il est vrai, assez répandus,tandis que le dernier est fort rare. Toutefois, l'auteurassurant avoir examiné de nombreux sujets du Picmar, il est à croire qu'ils provenaient des environsde Bellême. La seule capture bien authentique, queje connaisse d'ailleurs de cette espèce dans le pays,a été faite dans une localité peu éloignée de Bellême,St-Maurice dans la vallée de l'Huisne.

Fringilla Montifringilla L. (Pinson des Ardennes).— Quelques notes de M. Martin sur les habitudes duPinson des Ardennes dans nos régions, me paraissentdignes d'être reproduites. « Cet oiseau n'est que depassage dans ce pays.. On l'y voit chaque année enplus ou moins grand nombre. C'est surtout dans leshivers un peu rigoureux ou lorsqu'il y a grandeabondance de Fênes, qu'on en voit des bandesinnombrables s'abattre sur les hêtres. Ils sont alorschargés d'une graisse huileuse dont le goût n'est pasagréable. On fait une grande destruction de cesoiseaux en tirant des coups de fusil dans les massesépaisses qui s'abattent sous les arbres où les fênessont tombées, et qu'ils cherchent même dans laneige. Les oiseaux qui forment ces bandes, venant à

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s'élever presque tous à la fois, produisent un bruitqui ressemble à un fort coup de vent. Le Pinson desArdennes mange aussi le fruit du Charme. Il estpresque toujours réuni en grandes troupes pendantson séjour au pays, qu'il quitte au mois de mars. J'enai vu jusqu'à la fin de ce mois et quelquefois, maisen petites bandes, jusque vers la mi-avril, lorsquel'hiver s'est prolongé. Ils disparaissent alors entotalité; je n'ai au moins aucun exemple qu'on en aitvu quelques couples rester au pays. Lorsqu'ils nousquittent, ils n'ont pas encore leur plumage de noces.Encore bien que ces oiseaux ne paraissent ordinai-rement en très grandes bandes que dans les hiversrigoureux, on en voit cependant des bandes consi-dérables dans tes hivers assez doux, mais c'estqu'alors il y a une grande abondance de fênes. C'estvers le mois de novembre qu'ils arrivent dans nosforêts ».

Emberiza nivalis L. (Bruant de neige). — Sur ceBruant qui niche en Islande, en Laponie et dansquelques massifs montagneux de l'Ecosse, mais neparaît chez nous que dans les hivers très rigoureux,tels que ceux de 1829-30,1870-71, 1879-80, M. Martindonne cette brève indication : « C'est un oiseau depassage accidentel dans ce pays ; j'ai connaissanced'un sujet tué en 1851 près la ville d'Alençon ».

Parus biarmicus L. (Mésange à moustaches). —Cette jolie petite espèce, si facile à reconnaître à sesdeux longues moustaches qui partent des commis-sures du bec pour s'étendre en pointe le long du cou,est très rare et accidentelle dans le pays, bien qu'ellesoit de passage régulier sur certains points de la

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Normandie, en particulier au Marais-Vernier, où,d'après Lemetteil, elle niche tous les ans. Notreauteur en signale un sujet tué à Sées; c'est la secondecapture faite dans l'Orne, car le Musée d'Alençon enpossède un exemplaire.

Regulus cristatus Koch (Roittelet huppé); R. Igni-capillus Brehm. (R. à triple bandeau). — Ces deuxRoitelets communs chez nous à l'hiver dans lesplantations de conifères, arrivent en octobre pourrepartir fin avril, avant la reproduction. Cependant,tous les exemplaires de la première espèce n'émigrentpas et j'ai signalé {Les Oiseaux du déparlement del'Orne, p. 113) le nid du Roitelet huppé dans le parcde Bagnoles. Même observation faite aux environs deBellême par M. Martin.

Sur le Roitelet à triple-bandeau, notre auteurs'exprime ainsi: « II est de passage comme le précé-dent et aux mêmes époques; il habite aussi les mêmeslieux. J'ai reçu, il y a plusieurs années, un nid decet oiseau dans lequel il y avait sept œufs blancspiquetés de petites taches rougeâtres peu foncées. Cenid entièrement composé de mousse, en forme decoupe un peu allongée et pointu du bas, était placéà l'enfourchure d'un poirier entre de menues branchesauxquelles il était solidement attaché ».

Était-ce bien le nid de notre Roitelet? Sa forme, sacomposition, la couleur des œufs sont assez concor-dantes, mais le nid placé dans un poirier serait unestation exceptionnelle, car le roitelet à triple-bandeau,comme son congénère, ne niche que sur les pinset les sapins. Il ne semble pas, du reste, malgré lesaffirmations de quelques auteurs (H. GADEAU DE

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KERVILLE, Faune de laNormandie, fasc. II, p. 175),que le fait de la nidification de cet oiseau dans notreprovince soit encore bien établi.

Cornus corax L. (Corbeau commun). — M. Martindit de cet oiseau plus connu sous le nom de GrandCorbeau à cause de sa taille (0m67), bien supérieureà celle des autres espèces du genre : « II est peucommun dans nos forêts. J'en ai cependant vu plu-sieurs que l'on nourrissait chez des particuliers, etqui provenaient, disait-on de ces forêts; mais on nem'en a jamais apporté, malgré les nombreusesdemandes que j'en ai faites. »

Le Grand Corbeau habitait autrefois notre pays,bien qu'il y fut très peu répandu : quelques couplesseulement dans nos grandes forêts; je possède dansma collection des œufs provenant de la forêt dePerseigne, avec la date de 1877. Mais je ne saiss'il y existe encore : toutes les demandes que j'aifaites depuis dix ans aux gardes-forestiers et auxchasseurs pour me le procurer sont restées sansrésultat.

Nucifraga caryocatactes L. (Casse-noix vulgaire).—Un exemplaire dans la collection Martin, provenantdu département de l'Orne, sans indication précise dela localité.

On sait que le casse-noix ne vient dans nos régionsqu'à des époques fort éloignées les unes des autres.En octobre 1900, il y eut chez nous un passage assezconsidérable de ces oiseaux ; des exemplaires furenttués non loin d'Ecouves à Tanville, Fontenay-les-Louvets et Macé ; j'en ai vu récemment d'autressujets provenant de la forêt de Bellème.

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Ampelis garrulus L. (Jaseurde Bohême). — Surcet oiseau qui habite les régions du cercle arctiquede l'Europe et de l'Asie, et ne vient chez nous qued'une façon très accidentelle, pendant l'hiver, jetrouve dans les notes de M. Martin le renseignementsuivant : « J'ai connaissance de deux sujets tués, il ya quelques années, dans ce département, l'un prèsd'Alençon, qui est dans la collection d'un amateurde cette ville, l'autre près de Bellême, qui me futapporté en mon absence, et que je trouvai totalementgâté lors de mon retour ».

Perdix rubra L. (Perdrix rouge). — Les rensei-gnements que donne M. Martin sur cette Perdrix etles causes de sa diminution dans nos contrées,méritent d'être conservés. « C'est, dit-il, un oiseausédentaire dans ces pays, où il fut apporté, dit-on,il y a près de deux siècles, par un ancien seigneurpossesseur de domaines assez considérables. Il y atrente ans cette perdrix était presque aussi com-mune dans le pays que la grise. Le perfectionne-ment des armes de chasse et surtout le plus grandnombre de chasseurs ont amené une diminutionsensible dans ces deux espèces, principalement danscelle de la Perdrix rouge, qui se défend moins bienque l'autre des poursuites du chasseur. La Perdrixrouge est proportionnellement plus diminuée et ilest à craindre que dans quelques années elle soit,sinon totalement détruite, du moins très rare ».

« La Perdrix rouge perche assez fréquemmentpar les temps humides et lors des gelées blanches;elle se perche encor» lorsqu'elle est trop poursuiviepar le chasseur.

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« Bien qu'on trouve quelquefois cette perdrix dansles lieux bas, couverts de haies épaisses, et même aubord des prairies, elle préfère cependant les coteauxélevés et surtout les bruyères et les bois qui s'ytrouvent. »

Les causes de la diminution de la Perdrix rougedans nos régions, sont d'abord, ainsi que l'in-dique M. Martin, le perfectionnement des armes àfeu qui permet un tir plus juste, et le nombre deschasseurs qui s'est beaucoup accru depuis un siècle,mais il faut aussi faire entrer en ligne de compte lespratiques de culture, qui ont changé en terres delabourou en prairies artificielles nos coteaux autrefoiscouverts de taillis et de bruyères, et ont privé cetoiseau de ses remises favorites. Gomme le ditToussenel, l'œdicnème, la bécassine et la perdrixrouge ont horreur des exploitations agricoles.

On me permettra de rappeler que j'ai exposé avecdétails l'histoire de la perdrix rouge dans l'Orne, partrois articles successifs, publiés dans le Bulletin dela Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen,en 1897 : La Perdrix rouge (PERDRIX RUBBA L.), sonhistoire, ses stations dans le département de l'Orne,p. 27 ; Observations de Bureau de la Malle sur laPerdrix rouge aux environs de Mortagne, p. 37 ;Limites septentrionales de la Perdrix rouge dansl'Orne, la Sarthe et la Mayenne, p. 87. Ces notesont été reproduites à peu près intégralement parM. H. Gadeau de Kerville, dans la Faune de Nor-mandie, fasc. iv, p. 554.

Quant à la tradition rapportée par M.Martin d'aprèslaquelle la Perdrix rouge ne serait chez nous qu'une

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espèce introduite et naturalisée, je n'en ai trouvétrace nulle part. Dureau de la Malle qui, dès lecommencement du XIXe siècle recueillit de pré-cieuses observations sur la Perdrix rouge aux envi-rons de Mortagne et de Bellêrne, n'en parle pas.D'ailleurs, pour réussir, les essais d'acclimatationd'espèces à tendances méridionales, comme la Per-drix rouge, doivent être poursuivis pendant delongues années et entourés de soins particuliers.Le faisan commun, par exemple, malgré son abon-dance relative dans nos bois et nos forêts, ne subsis-terait pas longtemps, si l'on ne veillait à entretenircette population en lâchant presque chaque annéeun certain nombre des sujets élevés dans les faisan-deries. Or, je ne sache pas qu'on ai rien tenté d'ana-logue pour la Perdrix rouge. C'est un oiseau bienindigène dans le pays.

Otis tarda L. (Outarde barbue) ; 0. tetrax L.(0. Canepetière). — « Ce n'esl que de loin en loinque l'on voit ces oiseaux dans nos parages, où ilspassent quelquefois, sans pour ainsi dire y séjour-ner. Je n'ai connaissance que de quatre à cinq sujetstués dans le pays. »

Ces renseignements pourraient être plus précis,d'autant que si l'Outarde barbue fut toujours acci-dentelle et très rare chez, nous, sa congénère s'ymontrait autrefois presque chaque année.

OEdicnenws crepilans Temm. (Œdicnème criard).— M. Martin, tout en constatant la rareté de cetteespèce aux environs de Bellême, a cependant observéquelquefois son nid. On sait que l'Œdicnème nichechaque année dans les grandes plaines du centre du

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département de l'Orne. A.-L. LETACQ, L'OEdicnèmedans les plaines de Chambois et de Montmerrei(Bull. Soc. des Amis des Se. nat. de Rouen, 1902).

Ardea cinerea L. (Héron pourpré). — « Quelquescouples nichent tous les ans dans ce pays ; ils fontleur nid sur les hauts arbres des bois situés au voisi-nage des étangs et des marais. »

Le nid du Héron cendré n'avait pas encore étésignalé dans l'Orne ; seulement il est regrettable quel'indication ne soit pas plus précise.

Notre auteur cite encore le nom de plusieursespèces voisines, mais également d'une façon beau-coup trop vague : le héron pourpré (Ardea purpn-rea L.), beaucoup plus rare que le précédent, nichedans la région, tandis que le butor(Ardea stellaris L.),le Garzette(A. garzelta L.), le Crabier (4. comataBail.), le Bihoreau (.4. nyeticorax L.), et la Gruecendrée (Gruscinerea L.) y sont accidentels et rares.Tous ces oiseaux sont représentés dans la collection,mais le manuscrit ne mentionne aucune localité decapture.

Ciconia nigra Bechst (Cigogne noire). — « Cetoiseau passe rarement dans le pays ; le sujet que jepossède a été tué à quelques lieues de Bellême, prèsdes grands étangs ; il était isolé. »

Ce curieux spécimen, qui existe encore dans lacollection, est le seul exemplaire de Cigogne noireconstaté d'une façon certaine dans nos régions. Cfr.A.-L. LETACQ, Les Oiseaux du département del'Orne, p. 262.

Platalea leurocodia L. (Spatule blanche). — « J'aivu un jeune sujet de cette espèce tué près de la ville

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d'AIençon ; il est dans la collection du Dr Léger,médecin ».

C'est probablement l'exemplaire que l'on voit main-tenant au Musée d'AIençon.

Scolopax major. Gm. (Bécasse double-bécassine).— Espèce signalée par M. Martin comme très raredans l'Orne, mais malheureusement sans indicationgéonémique. — Je n'en connais pas de capture dansle pays, et elle n'est aujourd'hui représentée dansaucune de nos collections.

Scolopax gallinago L. (Bécasse bécassine). — Lesnotes de M. Martin sur le séjour de la Bécassinedans notre pays sont à conserver. « Elle est, dit-il,très commune dans nos marais, dans les prairieshumides et même sur les bruyères des plateauxélevés, où, malgré leur élévation l'eau séjourne.Elle est sédentaire dans quelques contrées du dépar-tement de l'Orne, notamment du côté de Domfront,dans les marais de St-Gervais-de-Messei et de Geaucé,et aussi dans la forêt d'Andaine où se trouvent desmarais presque inabordables ».

La Bécassine se montre chaque année chez nousen bandes nombreuses au printemps et à l'automne;quelques unes même s'y cantonnent pendantl'hiver quand il n'est pas trop rigoureux. Elle passela belle saison dans le nord de l'Europe, mais commeelle se reproduit aussi en assez grand nombre aubord des étangs de la Sologne et de la Brenne, il estpossible que quelques couples restent pour nicheraux environs de Domfront et en Andaine. Cependant,bien que j'aie beaucoup exploré cette région, je n'aipas constaté le fait, et aucun des chasseurs, que j'ai

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interrogés, ne m'en a parlé. Ces marais de Messeiet de Ceaucé sont aujourd'hui, du reste, à peu prèsdesséchés, et la Bécassine, privée de ses demeuresfavorites, n'y séjourne probablement plus. Commel'a observé Hudson en Angleterre, le drainage et laculture des terrains très humides, ont chassé cetoiseau des localités qu'il affectionnait jadis ; (BritishBirds, p. 299). Il en est de même du Vanneau, quinichait autrefois à Briouze et au Grais, mais ne faitplus qu'y passer, depuis qu'une notable partie desmarais a été transformée en prairie.

Phalaropus fidicarius Briss. (Phalarope dentelé).— « On le voit très accidentellement ; il en a été tuéun près de la ville d'Alençon; il était en plumaged'hiver; dans la collection du Dr Léger ». Cet exem-plaire appartient maintenant à notre Musée.

Thalassidroma pelagica L. (Thalassidrôme destempêtes). — « Je possède un sujet de cette espècetrouvé mort en été dans un champ, à deux lieues deBellême ; cette ville est à trente lieues de la mer ».

Ce petit oiseau, dont la taille ne dépasse guèrecelle du Pinson, se voit assez fréquemment sur lescôtes normandes à la suite des bourrasques, mais ilest très rare ailleurs; sa présence aux environs deBellême est donc intéressante à signaler. C'est laseconde capture faite dans l'Orne ; nous en avons unexemplaire au Musée d'Alençon.

Phalacrocorax carho Dura. (Cormoran commun).—Cette espèce est représentée dans la collection Martinpar deux exemplaires : l'un en plumage de noces,tué en avril, sur un arbre près d'un étang, au Haras-du-Pin ; l'autre, avec sa livrée d'hiver, tué au mois

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de septembre, sur un étang, à deux lieues deBellême.

Anser leucopsis Bechst. (Oie bernache). — Unmâle adulte, tué au printemps sur un étang, près deLa Ferté-Bernard (Sarthe), se voit dans la collection.L'Oie bernache est accidentelle et rare dans nosrégions.

Colymbus articus L. (Plongeon lumme).— « J'ai vuun sujet adulte de cette espèce trouvé vivant aumilieu de la campagne ; il était échoué à terre et nepouvait plus s'envoler, malgré qu'il ne fut pas blessé;c'était un mâle adulte en plumage de printemps.On l'a conservé vivant pendant quelque jours, en lenourrissant avec du poisson. Il est dans la collectionde M. Besard, dessinateur à Mamers (Sarthe). Cetoiseau avait été trouvé près de cette ville, qui estdistante de la mer d'environ trente lieues. »

Le Plongeon lumme, rare et accidentel dans lepays, ne s'y montre qu'à l'hiver. J'en ai vu desexemplaires capturés à l'étang des Rablais, com-mune de Gesne-le-Gandelain (Sarthe), et aux étangsde Bagnoles et de Cossé (Orne).