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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon Montpellier, le 20 novembre 2006 1 Conférence régionale de santé du Languedoc-Roussillon Montpellier, le 20 novembre 2006 Ouverture de la séance 3 Jean-Pierre RIGAUX 3 Directeur de la DRASS du Languedoc-Roussillon 3 Dr Alain CORVEZ 5 Directeur de l’ARH 5 Madame Sylvie CABANES 5 Représentante du Directeur de l’URCAM 5 Etat des lieux de la Conférence Régionale de Santé 6 Pr Henri PUJOL 6 Président de la Conférence régionale de santé 6 Mission « Dispositif des soins » 7 Catherine CECCHI et Alain BETEILLE 7 Mission « Droits des usagers » 8 Françoise MAYRAN et Christine MARVEJOLS 8 Les programmes du plan régional de santé publique 18 Dominique KELLER 18 Programme « Périnatalité » 20 Dr Michel GREMY 20 Programme « enfants, adolescents, jeunes adultes » 21 Anne-Sophie DORMONT 21 Programme « adultes » 23 Dr. Jean-Paul GUYONNET 23 Programme « séniors » 23 Dr Alain COLVEZ 23 Présentation et constitution des groupes de travail thématiques 27 Ouverture des travaux de l’après-midi 31 Pr Henri PUJOL 31 Président de la Conférence régionale de santé 31

Conférence régionale de santé du Languedoc-Roussillon Conférence régionale de santé nous pourrons vous donner le contenu de ces programmes. Comme nous l’avions déjà évoqué,

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 1

Conférence régionale de santédu Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006

Ouverture de la séance 3Jean-Pierre RIGAUX 3Directeur de la DRASS du Languedoc-Roussillon 3Dr Alain CORVEZ 5Directeur de l’ARH 5Madame Sylvie CABANES 5Représentante du Directeur de l’URCAM 5

Etat des lieux de la Conférence Régionale de Santé 6Pr Henri PUJOL 6Président de la Conférence régionale de santé 6

Mission « Dispositif des soins » 7Catherine CECCHI et Alain BETEILLE 7

Mission « Droits des usagers » 8Françoise MAYRAN et Christine MARVEJOLS 8

Les programmes du plan régional de santé publique 18Dominique KELLER 18

Programme « Périnatalité » 20Dr Michel GREMY 20

Programme « enfants, adolescents, jeunes adultes » 21Anne-Sophie DORMONT 21

Programme « adultes » 23Dr. Jean-Paul GUYONNET 23

Programme « séniors » 23Dr Alain COLVEZ 23

Présentation et constitution des groupes de travail thématiques 27

Ouverture des travaux de l’après-midi 31Pr Henri PUJOL 31Président de la Conférence régionale de santé 31

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Montpellier, le 20 novembre 2006 2

Ouverture des Etats généraux de l’alcool 31Jean-Pierre RIGAUX 31Directeur de la DRASS Languedoc-Roussillon 31

Etat des lieux épidémiologique 33Dr. Bernard LEDESERT 33

Etat des lieux dans le département de l’Aude 36Dr. Patrick GRESLE 36PH en psychiatrie au centre hospitalier de Carcassonne et responsable du centre d’alcoologie, président de l’ANPA 11

36

Etat des lieux dans le département du Gard 38Corinne CROUZET 38

Etat des lieux dans le département de Hérault 40Mme Meïssa NEKAA 40

Etat des lieux dans le département de la Lozère 42Mme Magali VIALA 42Directrice de l’ANPAA de la Lozère 42

Etat des lieux dans le département des Pyrénées-Orientales 45Michel MEVEL 45

Synthèse régionale et annonce de la restitution des ateliers 47Pr Jean-Louis BALMES 47

Atelier « Alcool et grossesse » 51Dr Philip FABRE 51

Atelier « alcool , jeunes et fêtes» 53Olivier PUECH 53Médecin inspecteur à la DRASS Languedoc-Roussillon 53

Atelier « Alcool et travail » 58Michel MEVEL et Dr GRESLE 58

Atelier « Alcool et seniors » 61Nathalie CHIOTTI 61Directrice du centre d’information régionale sur les drogues et les dépendances 61

Synthèse du débat et restitution 64Pr Henri PUJOL 64Président de la Conférence régionale de santé 64Christine FABRE 65Grès Médiation Santé 65

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 3

Ouverture de la séance

Jean-Pierre RIGAUXDirecteur de la DRASS du Languedoc-Roussillon

Je voudrais, Monsieur le Président, vous donner quelques informations sur l’état de la santé

publique dans notre région depuis la dernière Conférence régionale qui s’est tenue le 10 mai

dernier. La Conférence régionale de santé s’est dotée d’un bureau qui fonctionne et qui se réunit

régulièrement. Je pense que vous-même ou les deux vice-présidentes qui sont à cette tribune

pourront davantage que moi préciser le travail régulier qui est effectué dans ce domaine. Sur un

plan plus général, depuis le 10 mai 2006, deux informations importantes sont à retenir.

D’abord, le plan régional de santé publique a été arrêté par le préfet de région le 3 juillet 2006 pour

les exercices 2006-2007-2008 après avis de la Conférence régionale de santé. Vous avez d’ailleurs

dans votre dossier le document public qui a été diffusé à l’issue de cet arrêté préfectoral. Comme

vous l’aviez demandé et comme nous nous y étions engagés, nous y avons joint l’avis de la

Conférence régionale de santé. L’ensemble des collectivités territoriales, des organismes de

protection sociale, des grandes institutions, fédérations et groupements de professionnels a été

destinataire de ce document qui a été diffusé à plus de 2 000 exemplaires. Il existe également une

présentation simplifiée de ce document de 7 à 8 pages que nous pourrons éventuellement vous

fournir. Depuis que ce plan régional de santé publique a été arrêté, les services de l’Etat, de

l’assurance maladie, le bureau de votre Conférence, tous ceux qui participent aux travaux de la

santé publique essaient de travailler à la mise en œuvre pratique des programmes qui déclineront ce

plan régional de santé publique. Ce travail est en cours. Je pense que lors de la prochaine

Conférence régionale de santé nous pourrons vous donner le contenu de ces programmes. Comme

nous l’avions déjà évoqué, ce plan régional de santé publique aura quatre entrées transversales : la

périnatalité et l’enfance, l’enfance et l’adolescence, l’âge adulte, les personnes âgées. Ce découpage

permettra de donner une autre cohérence à notre plan régional de santé publique.

Deuxième information importante depuis le 10 mai 2006, la mise en place du groupement régional

de santé publique. Je vous rappelle que la loi du 9 août 2004 qui encadre désormais la santé

publique dans notre pays prévoit la rédaction et la mise en forme d’un plan régional de santé

publique sur trois ans, la constitution et l’animation de la Conférence régionale de santé et la

constitution de groupements régionaux de santé publique chargés de mettre en œuvre le plan

régional de santé publique qui a été arrêté par le préfet de région. Ces groupements régionaux de

santé publique ont pour mission :

• d’arrêter les conditions de réalisation du programme ;

• de développer les coopérations entre les différents acteurs qui participent à la mise en œuvre de

ce programme pour la réalisation du plan ;

• de favoriser le rapprochement de l’assurance maladie, de l’Etat et des collectivités territoriales

pour l’organisation des actions de ce plan ;

• de participer au financement des projets éligibles ;

• de contribuer à l’évaluation des programmes ;

• de conduire les campagnes de communication nécessaires à promouvoir la santé publique dans

notre région.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 4

Le groupement régional de santé publique devient donc l’instance exécutive, qui met en œuvre et

qui finance le plan régional de santé publique. La loi du 9 août 2004 prévoit que les groupements

régionaux de santé publique doivent obligatoirement prendre la forme d’un GIP constitué de l’Etat,

qui est majoritaire en voix, de l’ARH, de l’assurance maladie avec sa branche maladie représentée

par l’URCAM et sa branche prévention des accidents du travail et vieillesse représentée par la

CRAM, des grands instituts qui s’occupent de la prévention et de la veille sanitaire (l’Institut

national de prévention et d’éducation pour la santé pour le volet prévention, l’Institut national de

veille sanitaire pour le volet veille et alerte), des collectivités régionales, départementales et

communales qui le souhaitent. Ce groupement régional de santé publique en Languedoc-Roussillon

a pris la forme d’un GIP et sa convention constitutive a été signée le 11 juillet 2006 en préfecture.

Participent à ce jour au groupement régional de santé publique, outre l’Etat représenté par ses

administrations, l’ARH, l’assurance maladie avec ses composantes CRAM et URCAM, l’INPES,

l’INVS, le Conseil régional, trois Conseils généraux sur cinq (le Gard, l’Hérault et la Lozère), neuf

communes (Castelnaudary, Clermont-L’Hérault, Fournel, Limoux, Mende, Montpellier, Nîmes,

Prades et St Alban). En outre, quatre communes ont fait connaître par écrit leur intention de

soumettre leur adhésion à leur instance délibérative à partir de 2007 : la communauté des pays

d’Alès, Béziers, Carcassonne et Narbonne.

Le premier conseil d’administration de ce groupement régional de santé publique s’est réuni le

24 octobre dernier. Je tiens à dire que, parmi les personnes qualifiées qui font partie du conseil

d’administration, le préfet a souhaité qu’à côté de la Mutualité française et de l’Union régionale des

médecins libéraux, le Président de la Conférence régionale de santé, le professeur Pujol, soit le lien

entre la Conférence régionale de santé et le groupement régional de santé publique et puisse être

directement votre porte-parole auprès du groupement régional de santé publique.

Ce groupement régional de santé publique devrait disposer d’un budget prévisionnel de

6 839 900 euros (1 180 000 euros en provenance de l’assurance maladie et 5 649 000 euros en

provenance de l’Etat). Les crédits de fonctionnement seront limités au maximum, mais il faudra un

minimum de personnes pour le faire fonctionner, soit des personnes mises à disposition par l’Etat et

l’assurance maladie, et peut-être quelques personnes recrutées directement au titre de contractuels.

Au global, le montant des crédits de fonctionnement devrait tourner autour de 400 000 euros. Les

crédits d’intervention pour l’année 2007 à l’heure actuelle se chiffrent donc à environ

6 400 000 euros. Dans la pratique, le groupement régional de santé publique sera opérationnel le

1er janvier 2007. Ces 6 400 000 euros ne sont pas immédiatement disponibles parce que ce sont des

crédits qui financent déjà un certain nombre d’actions qui devront être pérennisées : je pense

notamment aux actions de financement des centres de vaccination, de lutte contre les MST, de lutte

contre le sida, de dépistage des cancers. Mais nous pensons que, dès la première année, 1 à

1,3 million d’euros seront disponibles pour lancer un appel à projets sur les politiques de

prévention, cet appel à projets prenant le relais de celui qui était déjà en vigueur entre l’assurance

maladie et l’Etat les années passées. Nous pensons également qu’il convient de réserver 100 000 à

120 000 euros de crédits entre les mains du conseil d’administration pour permettre le financement

d’actions de prévention bien spécifiques qui n’auraient pas été retenues dans le cadre de l’appel

d’offres ou qui ne seraient pas financées dans le cadre des crédits d’intervention fléchés

habituellement. Le groupement régional de santé publique aura donc dès le mois de janvier un plein

exercice. Il s’est doté d’un règlement intérieur. J’en serai le directeur. Le travail de ce groupement

sera d’associer toutes les parties prenantes au groupement régional de santé publique pour conduire

au sein d’un comité des programmes une politique de santé publique au plus près des

préoccupations de nos concitoyens dans la ligne du plan régional de santé publique qui a été arrêté.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 5

Dr Alain CORVEZDirecteur de l’ARH

Je suis particulièrement heureux d’assister ce matin à cette deuxième Conférence régionale de santé

à plus d’un titre. Premièrement, j’ai eu la chance de porter la loi de santé publique devant le

Parlement avec le ministre et nous avions beaucoup débattu du positionnement de cette Conférence

régionale de santé qui avait d’ailleurs été un peu interrompue dans son fonctionnement pendant

quelque temps et j’avais été l’un de ceux qui avaient poussé à ce que l’on ait cet espace de

rencontres que constitue la Conférence régionale de santé. Deuxièmement, la santé publique est un

vaste sujet. D’ailleurs, c’est un terme qui est parfois trop galvaudé au point que tout devient justifié

au nom de la santé publique sans que parfois l’on sache très bien ce que l’on met derrière ce terme.

Je pense que l’on a besoin de resserrer les objectifs pour donner un caractère opérationnel à ce que

l’on fait. Troisièmement, on ne voit pas comment l’hôpital pourrait ne pas être impliqué dans la

santé publique. Et pourtant, la vision structurelle de l’hôpital, pour ne pas dire parfois autiste de

l’hôpital, fait qu’il tourne assez peu son regard hors de ses murs. Je crois qu’aujourd’hui nous avons

une loi de santé publique qui a été assez fondatrice, qui avait été précédée d’ailleurs par la mise en

place d’agences sanitaires dans les années 98 et l’adoption du texte sur le droit des patients. Cette

loi d’août 2004 pose clairement les principes d’une politique de santé publique qui, dans sa

maturation, a trois étages : définir une politique nationale et la décliner opérationnellement sur le

terrain au travers de la Conférence régionale de santé qui fixe les orientations et le groupement

régional de santé publique.

Pour ma part, je serai un partenaire actif et contributif à cette politique car je ne vois pas comment

l’hôpital pourrait rester en dehors de ce sujet. Il n’empêche que du travail reste à faire auprès des

équipes et pour dégager des modes de financement sur des sujets que l’on a toujours tendance à

laisser de côté, en particulier ceux sur l’éducation thérapeutique. Fort heureusement, le plan cancer

nous a déjà montré le chemin de ce que peut être une action de santé publique lorsqu’elle est

volontariste, appuyée et financée. Pour le reste, nous avons encore des difficultés, avec des sujets de

préoccupation qui figurent dans les cinq grandes priorités : la santé mentale, les maladies rares, les

pathologies chroniques liées au vieillissement de la population. A mon niveau, j’aurai la volonté de

collaborer le plus possible à tous ces sujets de santé publique. J’aurai également, je l’espère,

l’occasion d’introduire davantage le débat avec les usagers. Nous avons besoin d’entendre ce que

les usagers pensent de notre système et de notre offre de soins. En effet, si l’on a tendance à

marcher sur deux jambes, l’organisation des soins avec le SROS d’une part et le nouveau mode de

tarification d’autre part, n’oublions jamais la qualité. Il n’est pas de meilleur juge de paix que le

jugement du patient. Ce sera mon leitmotiv permanent et ce sera aussi la réponse à ce mot que je

voudrais le plus opérationnel possible de « santé publique ». Merci.

Madame Sylvie CABANESReprésentante du Directeur de l’URCAM

Je vous prie de bien vouloir excuser Monsieur Létocart, qui n’a pu se joindre à nous aujourd’hui. Je

voudrais vous présenter la place de l’assurance maladie au sein du groupement régional de santé

publique. Nous participons aux travaux du groupement régional de santé publique et du plan

régional de santé publique depuis le début, avant même la mise en place des groupements régionaux

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 6

de santé publique et de la loi de santé publique. En effet, nous travaillons depuis longtemps avec les

services de l’Etat sur la santé publique en région. Nous participons financièrement au plan régional

de santé publique pour le financement d’actions de terrain. Nous avons aussi au niveau de

l’assurance maladie des actions prioritaires qui rejoignent les problématiques de la santé publique

en région. Nous voulons aussi contribuer aux travaux de la Conférence régionale de santé et nous

apporterons notre concours aux demandes qui seront faites par la Conférence. Notamment, des

travaux sur l’offre de soins et la répartition territoriale des professionnels de santé sont menés dans

le cadre des missions régionales de santé dirigées alternativement par l’ARH et par l’URCAM. Je

vous remercie.

Etat des lieux de la Conférence Régionale de Santé

Pr Henri PUJOLPrésident de la Conférence régionale de santé

Après avoir remercié les personnalités qui ont ouvert la séance, je voudrais m’adresser à vous qui

êtes membres de la Conférence régionale de santé et qui ne faites pas partie du bureau de la

Conférence. Vous nous avez élus, ce qui prouve que vous avez confiance en nous, et nous avons

travaillé à marche forcée pour tenir les échéances : il fallait en effet rendre un avis avant juillet. La

séance d’aujourd’hui revêt une grande importance, parce qu’elle est une ressource vers la

conférence plénière dont vous faites partie. Fort heureusement, vous allez pouvoir travailler plus

que vous ne l’avez fait jusqu’à présent parce que nous allons vous proposer des axes de travail. Le

bureau de la conférence a élu Mme Françoise Mayran pour représenter la Conférence régionale de

santé à la Conférence nationale de santé et Mme Catherine Cecchi vice-présidente de la Conférence

régionale de santé. Je peux témoigner que l’une et l’autre ne ménagent pas leur temps.

La Conférence régionale de santé a des missions particulières et un peu atypiques. Je remercie Alain

Corvez qui a été l’un des créateurs du texte., il ne croyait pas aller si loin, car figurez-vous que nous

avons un droit de regard sur l’organisation des soins et sur le respect du droit des usagers.

D’ailleurs, je voudrais saluer les usagers et les représentants d’association qui travaillent avec nous

dans le bureau de la Conférence. M. Lacroix n’est pas ici, mais il subit des soins. Il fait partie des

personnes très motivées.

Tout à l’heure, vous retiendrez votre souffle après les exposés, quand nous vous demanderons de

participer de façon concrète à des travaux dans le cadre de commissions et de groupes de travail. Je

ne fais pas de hiérarchie entre les deux. Quelle est la différence entre les commissions et les groupes

de travail ? Les commissions ont l’obligation de rendre un rapport annuel et les groupes de travail

sont inscrits dans des actions thématiques. Vous avez dans votre dossier la liste des propositions

que nous vous faisons pour participer à un groupe ou à une commission.

Nous avons travaillé sur cinq axes verticaux (modifier les comportements, réduire les risques,

réduire la mortalité évitable, etc.) et, à l’interface entre le plan régional de santé publique, l’action

devient horizontale. Pourquoi pas ? D’ailleurs, l’un de nous, à une réunion du bureau, avait dit :

bien naître, bien grandir, être bien dans l’âge adulte et bien vieillir. Il faut bien comprendre que tout

le travail que l’on a fait en vertical n’est pas nul, au contraire. Je vous remercie de considérer que

cette journée marque votre entrée dans l’action en tant que membre de la Conférence régionale de

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 7

santé. Je pense que les exposés qui vont suivre vous en convaincront. Je remercie tous ceux qui ont

voulu travailler sur un module très spécifique qui occupera l’après-midi : le problème de l’alcool.

Mission « Dispositif des soins »

Catherine CECCHI et Alain BETEILLE

Catherine CECCHI

Je vais vous présenter les travaux menés par la commission 1, qui s’occupe de l’analyse de

l’adéquation de l’offre de soins en Languedoc-Roussillon avec les besoins et les programmes du

plan régional de santé publique. Au départ, notre mission était plus restrictive, mais nous l’avons

élargie parce qu’il nous paraissait important de rentrer dans le cadre du plan régional de santé

publique. Je remercie d’ailleurs les personnes avec qui nous avons travaillé : M. Béteille, M. Nègre,

Mme Stoebrner-Delbarre parce que nous n’avons eu qu’une réunion de travail jusqu’à présent, mais

elle a été très productive.

L’objectif était d’émettre un avis sur l’évolution de la répartition territoriale des professionnels de

santé libéraux et sur le dispositif de permanence des soins. Nous avons défini l’offre de soins

comme la répartition des libéraux et l’évolution de cette répartition. Pour la permanence des soins,

nous avons pris en compte les interactions public-privé et l’accessibilité des soins. Le document de

base sur lequel nous avons travaillé était le rapport de la mission régionale de santé 2005 réalisé en

partenariat par l’ARH et l’URCAM. La méthode que nous avons utilisée était de trouver les

questions à se poser et de réfléchir ensuite sur ces questions. Nous en avons retenu quatre : qui fait

quoi ? Que veut-on connaître ? Comment les connaître ? Que doit-on connaître ? A la suite de ces

questions, je vous donnerai deux exemples pour vous montrer l’état d’avancement de nos travaux.

A la question « que veut-on connaître ? », il nous a semblé qu’il fallait porter un autre regard sur les

tranches d’âges des professionnels libéraux. Pourquoi veut-on les connaître ? Pour les classer en

fonction de leur proximité avec leur degré d’implication dans le circuit de la permanence des soins

et pour connaître la relève possible et apprécier les potentiels existants. En fait, il nous a semblé

important de réfléchir sur le cercle de l’organisation des soins. Le patient étant au cœur de la

permanence des soins, il existe plusieurs couronnes dans l’organisation des soins.

• La première comprenant les médecins généralistes, les gynécologues obstétriciens, les dentistes

et les urgentistes. Je pense que nous avons peut-être oublié les infirmières, mais je vous rappelle

que ce n’était qu’une première réflexion et qu’elle est donc perfectible.

• La deuxième couronne comprenant les kinésithérapeutes, les sages-femmes, les infirmières, les

médecins spécialistes, les orthophonistes, les orthoptistes.

• La troisième couronne comprenant les aides à domicile, les aides ménagères pour personnes

handicapées, les puéricultrices, les aides-soignantes, les laborantines, les infirmiers

psychiatriques, les infirmières, les anesthésistes, les pharmaciens, les épidémiologistes, les

biologistes, les podologues, les psychomotriciens, les opticiens, les orthoptistes, les

orthophonistes, les laborantines. Et la liste n’est pas exhaustive.

Page 8: Conférence régionale de santé du Languedoc-Roussillon Conférence régionale de santé nous pourrons vous donner le contenu de ces programmes. Comme nous l’avions déjà évoqué,

Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 8

Vous voyez que nous avons essayé de balayer large par rapport à l’organisation des soins, parce

qu’il nous a paru important de montrer cette interactivité par rapport à ces trois couronnes et à ce

cercle de l’organisation des soins.

Pour prendre une autre question, « qui doit-on connaître ? », bien sûr la réponse était simple, les

professionnels libéraux, mais il nous fallait aussi avoir les données populationnelles, les

aménagements urbains et les équipements technologiques. Là aussi, la liste n’est pas exhaustive.

Pour prendre l’exemple des aménagements urbains, pourquoi nous sommes-nous posé cette

question ? Tout simplement parce qu’il nous paraissait important dans l’organisation des soins de

connaître la répartition géographique des logements sociaux, mais aussi des logements adaptés en

fonction des types de handicaps : handicaps visuels, poly-handicaps moteur, surdité, déficience

intellectuelle, petite taille, vie en fauteuil roulant. Il nous a aussi paru important de connaître la

répartition des besoins en fonction des âges et les priorités par rapport aux maladies prépondérantes

en Languedoc-Roussillon. Il nous a aussi paru important de connaître la liste internationale de ce

qui existe en matière d’aménagements urbains et de logements permettant de faciliter l’accès aux

soins pour tous : les personnes âgées, les handicapés visuels, sensoriels, mentaux, moteurs, etc.

Vous pouvez remarquer que nous avons essayé de sortir de la réflexion uniquement centrée sur les

établissements de soins pour l’élargir aux besoins populationnels. Les équipements technologiques

nous ont paru aussi importants à connaître. Là aussi, la répartition géographique de l’accès internet

à haut débit, les héliports et les pistes BZ pour les hélicoptères SAMU, mais aussi les perspectives

en matière de technologies en haut débit de la région et de transports dans la région. En effet,

réfléchir à l’organisation des soins sans prendre ces données en considération, c’est oublier des

items importants qui ne permettront pas l’accessibilité, qu’elle soit sous forme informatique ou sous

forme de transport.

La solution d’avenir, c’est une double nécessité de définir clairement ce que l’on veut, de mettre en

place ce que l’on veut mettre en place, restructurer, pérenniser, ensuite de potentialiser les moyens

et les connaissances en les mettant en commun. C’est là que notre rôle est important dans une

notion de créativité et d’imagination. Je vous remercie.

Mission « Droits des usagers »

Françoise MAYRAN et Christine MARVEJOLS

Françoise MAYRAN

L’examen des droits des usagers doit se faire dans un dialogue constructif et constant pour

permettre d’avoir des éléments d’appréciation.

Christine MARVEJOLS

L’objectif était de vérifier que les droits des usagers et du système de santé sont respectés. La

mission était donnée dans l’arrêté du 10 juillet 2006 : rédiger un rapport soumis à l’approbation de

la Conférence régionale de santé et transmis à la Conférence nationale de santé.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 9

Françoise MAYRAN

Notre commission a un rôle dans le cadre de la législation : il est important de le souligner. Nous

devons rendre un rapport en mars 2007 à la Conférence nationale, qui remettra ensuite au ministre

une synthèse de tous les rapports des Commissions régionales de santé et cette synthèse sera rendue

publique.

Christine MARVEJOLS

Le ministère propose de s’appuyer sur des données existantes prenant en compte l’expression des

usagers et de traiter des thématiques communes

La commission a choisi de traiter les thèmes suivants : droit des personnes, accès aux informations

sur leur santé, application de la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie,

expression collective et participation des usagers.

Françoise MAYRAN

Heureusement, le ministère nous avait préparé quelques éléments d’information. Les thématiques

communes ont été une orientation souhaitée par le ministère, de manière à ce que dans toutes les

Conférences régionales de santé l’on puisse confronter les situations. La commission a choisi de

s’aligner sur ce qui était proposé par le ministère : le droit individuel des personnes et l’expression

collective. S’agissant de la loi du 22 avril 2005 relative au droit des malades et à la fin de vie, il est

vrai que c’est une orientation souhaitée par le ministère, mais l’on sera peut-être amené à la revoir

un peu puisque la loi date du 22 avril 2005. Même s’il y a eu des avancées dans beaucoup

d’établissements, nous avons peu d’éléments de réflexion. Nous avons eu parfois l’impression que

le ministère nous envoyait en avant-garde pour faire avancer les problématiques, sans avoir

forcément des éléments d’évaluation sur ces thèmes-là.

Christine MARVEJOLSs

La démarche retenue consiste à sélectionner les données existantes, tester la méthode proposée et en

tirer les enseignements, expérimenter une approche complémentaire, faire des propositions à partir

des éléments analysés

Françoise MAYRAN

Nous intervenons au sein de cette commission en tant que bénévole. Grâce à la DRASS, nous avons

pu nous appuyer sur Catherine Fabre, de Grès Médiation, qui nous a aidés à élaborer une

méthodologie de travail avec des étapes importantes. Au-delà, nous avons souhaité garder cette

expression libre avec les usagers. Puis, nous aurons à établir des propositions et à élaborer ce

rapport.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 10

Christine MARVEJOLS

L’étape 1 est celle de l’examen des rapports des commissions des relations des usagers ou CRUQS :

nous avons eu 34 réponses sur 124 établissements sollicités, soit environ 25 % de répondants.

Nous avons ensuite étudié les rapports d’accréditation ou de certification de ces 34 établissements.

Françoise MAYRAN

Nous sommes partis enthousiastes en pensant que nous aurions des éléments très importants à partir

de l’examen des rapports des commissions. Nous avions une grille de lecture que nous avions

élaborée avec Grès Médiation, mais les établissements n’avaient pas cette grille de lecture. Donc,

les rapports envoyés par les établissements n’avaient pas forcément tous les axes que nous

souhaitions aborder. Le taux de 25 % de répondants est à noter. M. Pujol a interpellé

124 établissements, mais ils sont beaucoup plus dans la région. L’ARH est chargée de faire une

synthèse de ces commissions de relations. Pour l’instant, nous n’avons pas eu d’éléments sur ce

travail de synthèse qui pourrait appuyer, compléter et éclairer notre recherche d’évaluation sur ce

qui se fait dans les établissements et sur les problèmes de non droit concernant les droits des

usagers.

Nous avons aussi pensé que les rapports d’accréditation ou de certification de ces établissements

pouvaient être intéressants à étudier. Cela dit, ce sont des documents écrits très formels et très

édulcorés : ils ne donnent pas le sens de ce qu’est la qualité de la relation dans les établissements.

Nous avons aussi besoin de rencontrer d’autres personnes qui puissent nous exprimer l’absence ou

non de communication qui existe dans ces établissements.

Christine MARVEJOLS

Les commissions des relations des usagers ne sont pas encore toutes en place. Elles existent sous la

forme de commissions de conciliation. Nombre d’établissements que j’ai rencontrés et qui avaient

été sollicités n’avaient pas répondu parce qu’ils étaient encore en commission de conciliation. Je

pense que cela se fera au fur et à mesure.

La 2ème

étape consiste à approfondir les investigations, à avoir des entretiens avec des interlocuteurs

clés, représentants d’usagers et représentants d’établissement, à faire un repérage des actions de

mobilisation et d’implication des usagers et à recueillir leur parole.

Françoise MAYRAN

Nous avons eu trois réunions depuis la mise en place de cette commission. Nous avions envisagé

très rapidement de sélectionner un certain nombre d’établissements, petits et grands, publics et

privés, de manière à avoir leur parole par rapport à ces commissions de relations. Mais cela nous a

paru un peu précipité. Nous avons donc décidé de bien évaluer ce qui figurait dans les dossiers qui

nous étaient transmis et, dans un premier temps, d’interpeller des membres de la commission

régionale de santé en plénière, c'est-à-dire ceux qui pourront avoir une expertise pour nous apporter

leur témoignage et, dans un deuxième temps, ouvrir à d’autres représentants d’usagers ou à des

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Montpellier, le 20 novembre 2006 11

usagers qui ne sont pas dans la commission régionale mais qui pourront nous apporter un éclairage

important.

Concernant le repérage des actions de mobilisation, c’est dans l’expression collective des usagers

que nous souhaitons chercher des sources et trouver des innovations qui ont pu être faites en

Languedoc-Roussillon concernant la place des usagers dans les forums, dans les rencontres

citoyennes, dans les débats autour de la santé publique. Nous espérons, là aussi, avoir une source

d’information et des retours intéressants. Donc, nous avons tenu à rajouter, dans l’étape 2, le recueil

de la parole des usagers. Il nous paraît important de recueillir sur le vif certaines expressions,

certaines rencontres et de pouvoir entendre leurs témoignages. Merci.

Pr Henri PUJOL

Ces deux présentations ont illustré la façon dont nous avons travaillé, en toute clarté et en toute

spontanéité. Vous avez vu les deux rapporteurs, mais une quinzaine de personnes ont participé à

tous ces travaux. Je vais maintenant donner la parole aux représentants de l’ARH et de l’URCAM

et je vais leur rappeler une phrase très sympathique prononcée par Mme Françoise MAYRAN : « le

président de la Conférence a interpellé les établissements ». Il est vrai que j’ai interpellé les

établissements. Ai-je eu raison ? Je n’en suis pas tout à fait sûr. Quand vous vous adressez à un

directeur d’établissement, il faut être conscient qu’il reçoit beaucoup de questionnements et il

préfère répondre aux questionnements de ceux qui sont allocataires de ressources. Donc, la

méthodologie est très importante pour nous à l’avenir. Devons-nous travailler sur des documents de

l’ARH et de l’URCAM ? Ou devons-nous aller un peu plus loin ?

Dr Alain CORVEZ

Vous me posez une question difficile, M. le Président. Je pense que, dans la situation dans laquelle

nous nous trouvons, nous sommes en phase d’apprentissage de ce que nos cousins québécois nous

ont enseigné il y a moult années de cette démocratie participative autour de la santé. On le voit bien

dans les propos de ce matin : nous avons encore besoin de progresser. Au niveau des institutions, il

en est de même. Nous n’avons pas forcément encore pris l’habitude des partenaires. J’ai moi-même

fait un stage au Québec il y a quelques années et je regardais ce que disaient aujourd’hui les

Québécois sur leur plan de santé publique avant de venir à cette conférence : ils réclament moins de

structure et plus de coordination.

Je crois que ce leitmotiv s’applique totalement à nous. Il existe deux types d’approche. La première

approche est assez logique, nous y sommes plutôt habitués, mais elle est assez asymétrique : c’est

l’approche des structures qui, lancées dans leur propre dynamique, sont capables de produire des

documents d’une grande complexité et parfois d’une grande rigueur, mais qui ne laissent pas

beaucoup de marges de discussion. Et puis, je crois que, de plus en plus, nous avons vraiment un

rôle éducatif à jouer. La participation de quiconque (les usagers, les professionnels libéraux dans le

champ hospitalier, les professionnels du médicosocial dans le champ du sanitaire et inversement),

nous avons sans doute besoin de mieux nous connaître, de nous apprivoiser et de nous faire

confiance. Ce que vous nous proposez aujourd’hui dans une conférence comme celle-ci est

simplement, sur des sujets précis, de faire converger nos intérêts particuliers pour, globalement,

nous mettre dans une réflexion plus collective. Cet apprentissage passe bien sûr par la

démystification de certains de nos univers. Je conçois que l’univers hospitalier soit d’une grande

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Montpellier, le 20 novembre 2006 12

complexité, mais il n’en est pas moins vrai que cette complexité n’exclut pas que l’on puisse rendre

des comptes et que l’on puisse expliciter les attitudes que l’on peut prendre dans ce qui concerne le

plus intime de chacun, c'est-à-dire son choix de vie et son choix de mort.

En ce qui me concerne, au plan méthodologique, j’aurais bien envie d’associer davantage les

usagers à la phase amont. J’attends peut-être aussi, c’était d’ailleurs le but de la loi sur l’agrément

puis sur la représentation régionale, que cela s’organise un peu. Rien n’est pire que d’avoir à gérer

aussi des relations avec quelque groupe que ce soit, tout autant les usagers que les professionnels de

santé, pour s’entendre dire que ce n’était pas les bons, qu’ils ne connaissaient pas le sujet ou qu’ils

n’étaient représentatifs de rien. Nous avons donc un vrai besoin de structuration des partenaires, de

façon à ce que l’on puisse aller à l’essentiel, en étant portés aussi par des choses que l’on peut

consolider. Faute de quoi, on peut aussi s’engager dans un perpétuel débat, et c’est parfois notre

petit défaut français.

Mme Sylvie CABANES

Pour l’URCAM, pour éviter de s’engager dans un débat perpétuel, il faut apprendre à se connaître et

se rencontrer et notamment à connaître les travaux que nous menons les uns les autres. Plutôt que

de réfléchir dans son coin, il faut mettre nos travaux en commun et voir si nous pouvons, sur ce que

nous avons déjà fait, vous apporter des réponses. Après, nous le ferons dans la limite de nos

ressources. Il est vrai que l’on peut se poser beaucoup de questions et ne pas avoir les ressources

pour y répondre. Je pense que vous pouvez nous rencontrer. C’est le souhait de M. Létocart.

Pr Henri PUJOL

Je vais maintenant donner la parole à la salle pour des remarques.

Mme Chantal BLANC, ATD Quart Monde

Le mouvement ATD Quart Monde que je représente pense être là pour s’assurer de la mise en

œuvre de l’article 2 de la loi du 9 août 2004 relatif à la santé publique. Cet article 2 crée un article L

14-11-1-1 du code de la santé publique qui dit en substance que l’accès à la prévention et aux soins

des personnes fragilisées constitue un objectif de la politique de santé. Les programmes de santé

publique mis en œuvre par l’Etat, les collectivités territoriales et les organismes d’assurance

maladie prennent en compte les difficultés spécifiques des personnes fragilisées. Ceci représente

une espérance, une attente pour une large population du Languedoc-Roussillon. En 2006, le

Languedoc-Roussillon reste la région de France métropolitaine qui a les indicateurs de pauvreté

(CMU, accès au fonds d’aide aux jeunes) les plus élevés. A l’heure où des milliers de personnes ont

été exclues de l’AME, nous assistons à des déremboursements, à des dépassements d’honoraires, à

la perte de l’aide à la mutualisation militante comme celle qui existait autour de la CPAM de

Béziers qui n’est pas bien remplacée par le crédit d’impôt beaucoup plus inaccessible, à de

nombreux refus de prise en charge des personnes bénéficiaires de la CMU complémentaire,

notamment par les médecins spécialistes et les dentistes. Dans ce contexte, les dispensaires de

solidarité bénévoles sont plus que nécessaires et le dispensaire Accueil Santé Béziers soigne un

grand nombre de personnes qui ne trouvent aucun accès aux soins ailleurs. En particulier, ce

dispensaire va jusqu’à donner de l’insuline à des diabétiques insulino-dépendants. Nous sommes

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tombés dans une situation où la santé devient une charité alors que nous pensions que le droit à la

vie était un droit. En bout de chaîne, l’âge moyen des décédés calculés par le collectif Les morts de

la rue est de 49 ans. Aujourd’hui, 20 novembre, c’est la journée nationale des droits de l’enfant. Je

suis là pour dire l’attente de tous ces enfants du Languedoc-Roussillon qui ont la bouche pleine de

caries, qui sont refusés par le dentiste, qui ne peuvent pas aller chez l’orthophoniste alors que la

directrice d’école écrit qu’ils en ont besoin, et ainsi de suite. Je vous demande pardon pour la

maladresse avec laquelle je m’exprime depuis le début de cette conférence de santé, mais le sens de

ma présence est là. Si je dis que c’est une attente, c’est parce que je crois en la nature humaine et

que j’espère que finalement cette attente se concrétisera non pas dans des groupes de parole au sein

de la Conférence régionale de santé – il est important que ces groupes fonctionnent et je remercie le

Pr Pujol de les proposer -, mais également dans le concret : je souhaite que ces gens se sentent

attendus dans notre système de prévention et de soins.

Pr Henri PUJOL

Merci Mme Chantal Blanc. Ce que vous appelez de la maladresse, nous l’avons vécu dans les

travaux auxquels vous avez participé, nous l’appelons de la combativité, de l’émotion et de la

générosité. Puisque tout à l’heure, vous allez intervenir en tant qu’animatrice du groupe

« précarité », je pense que cette pugnacité sera convaincante.

M. Robert CRAUSTE, vice-président de la région Languedoc-Roussillon

Je voudrais d’abord remercier celles et ceux qui ont travaillé dans ces groupes, dont le résultat nous

est présenté aujourd’hui. Par rapport à ce qui nous tient à cœur, cette démocratie sanitaire et la place

des usagers et des associations d’usagers, il faut véritablement poser aujourd’hui le problème du

financement de ces associations. Ils n’ont pas de moyens de fonctionnement, ils ne sont pas

remboursés dans leurs déplacements, ils n’ont pas de moyens de se former. Les collectivités

territoriales veulent bien participer, mais je pense qu’au plus haut niveau de l’Etat, il est nécessaire

de dégager un financement précis en faveur des associations d’usagers.

Concernant la permanence des soins, je pense que, dans ces premiers cercles d’intervention, il faut

rajouter les services d’hospitalisation à domicile, le HAD, les SSIAD et les réseaux.

Les maisons de santé pour tous ne sont pas la solution à tout, mais je pense que c’est un outil qui

pourrait dans l’avenir répondre à ces missions d’éducation, de prévention et de proximité.

Concernant les urgences pré-hospitalières, je pense que notre nation doit trancher entre une urgence

pré-hospitalière médicalisée, une urgence pré-hospitalière mixte ou une urgence pré-hospitalière

non médicalisée avec, dans ce cas, une augmentation forte du niveau de formation des secouristes.

Dr Alain CORVEZ

J’ai beaucoup de respect pour Mme Blanc, que j’invite à venir me rencontrer le plus vite possible à

l’ARH. Je suis particulièrement sensible à ce que vous avez présenté. J’étais mercredi dernier à

Perpignan assister à l’inauguration d’un centre de la Croix Rouge pour le plan hiver à l’intérieur

même de l’hôpital. Je trouve que c’est une symbolique très forte de voir qu’à l’hôpital on puisse

aussi faire du médicosocial et du social.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 14

Je voudrais dire qu’au-delà de ce que vous cité sur la précarité, j’insiste aussi beaucoup sur la santé

mentale. Aujourd’hui, un tiers des personnes qui vivent dans la rue souffrent de pathologies

mentales qui ne sont pas prises en charge et qui ont énormément de complications. Nous avons un

devoir d’agir et, pour être concret, dans les contrats d’objectifs et de moyens avec chaque

établissement, je mettrai un accent tout particulier sur l’accessibilité. Même si l’hôpital n’est pas le

seul mode de réponse à ce problème, en tout cas il doit y contribuer parce que c’est souvent aussi la

dernière petite lumière allumée la nuit ou dans les moments difficiles.

Mme Sylvie CABANES

Nous avons déjà eu des conversations sur ce sujet avec Mme Blanc. L’assurance maladie, même si

elle ne s’occupe pas complètement des droits des usagers sur l’aspect évaluation, se préoccupe

d’ouvrir des droits aux usagers pour accéder aux soins. Il est vrai que le dispositif est peut-être

complexe, mais des dispositifs se mettent en place. Ainsi, le plan national bucco-dentaire couvre un

bilan bucco-dentaire à différentes périodes de l’enfance et de l’adolescence avec une prise en charge

à 100 % des soins effectués suite à ces bilans. Ce dispositif n’existait pas lors de la première

conférence quand vous m’aviez interpellée sur ce dossier. La CMU est aussi un élément de réponse.

Il est vrai que certaines personnes n’ont pas accès aux soins, mais il appartient aux associations de

nous faire remonter ces informations. Nous essayons d’informer au mieux des droits, mais il est

vrai que certaines personnes n’accèdent même pas à l’information.

Un représentant de l’URAPEI

L’URAPEI représente les personnes handicapées mentales, physiques ou sensorielles. Je vous

remercie de m’avoir invité à participer à la Conférence régionale de santé car les personnes

handicapées vieillissent et, à leur handicap de base, s’ajoute le handicap de la vieillesse. Dans le

droit des usagers en question, les personnes âgées qui sont en maison de retraite ordinaire ont une

moyenne d’âge de 85 ans environ tandis que les personnes handicapées ont 60 ans : cela pose un

problème de cohabitation de générations différentes. Je pense qu’il faudra, dans l’accompagnement

de ces personnes, tenir compte de leurs spécificités. Des études sont en cours sur les maisons de

retraite mixtes, avec des personnes âgées ordinaires et des personnes handicapées mentales, mais on

en est encore aux balbutiements. Je crois qu’il faudra que la Conférence régionale de santé se

penche sur ce problème. Nous sommes à votre disposition pour participer à tous les travaux que

vous voudrez bien nous proposer.

Mme Françoise MAYRAN

Je voulais rebondir sur ce qu’a dit Chantal BLANC qui fait partie de notre commission. Nous avons

discuté par rapport aux thèmes retenus. L’accès aux soins était dans les thématiques. Il nous a paru

important de rappeler que, lors de notre avis sur le plan régional de santé publique, nous avons posé

un principe transversal : ne pas réduire la précarité et l’accès aux soins à une commission. On

traitera forcément ce thème dans les relations avec les usagers. Ce principe transversal, c'est-à-dire

la réduction des inégalités, à mon avis, doit être pris en compte aussi bien dans le premier groupe

sur la permanence des soins que dans les quatre axes dégagés par le plan régional de santé publique.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 15

Mme BASCOUL, association consommation, logement et cadre de vie

C’est avec plaisir que nous voyons le plan de travail et la place qui est faite aux usagers des

systèmes de santé. Je voudrais seulement attirer l’attention sur des interrogations par rapport à la

place des consommateurs. Aujourd’hui, le consommateur est confronté au problème suivant. Le

nombre des médicaments déremboursés est énorme. Le médicament devient une marchandise.

Notre équipe a fait une comparaison de prix. Ces médicaments étaient, il y a quelque temps,

prescrits par un médecin. Cela veut dire qu’ils avaient un impact sur la santé me semble-t-il.

Aujourd’hui, ils passent en vente libre sans aucune surveillance. A mon avis, c’est la porte ouverte

à l’automédication. Je pose la question à la Conférence régionale de santé. A quel niveau va-t-on

prendre en compte cette place du consommateur qui est face à un professionnel dans une relation

mercantile ?

Pr Henri PUJOL

Vous êtes vous-même membre de la Conférence régionale de santé. Donc, vous allez trouver un

groupe dans lequel vous pourrez exposer votre dynamisme. Merci pour vos remarques.

Mme Françoise MAYRAN

Vous êtes bienvenue dans la commission « respect des droits des usagers ».

Pr Henri PUJOL

Je voudrais rebondir sur ce qu’a dit Monsieur Robert Crauste Bien que vice-président de la région

Languedoc-Roussillon, il a beaucoup participé à nos travaux. Il a posé la question de soutenir dans

la conférence les personnalités qui font partie des associations, parce qu’elles sont totalement

bénévoles et ne sont pas adossées à un organisme qui puisse leur payer leurs déplacements de

Perpignan ou de Lozère quand elles viennent participer à un groupe de travail. Monsieur le

directeur, j’ai entendu tout à l’heure que dans le plan régional de santé publique, une enveloppe de

quelques millions d’euros et quelques centaines de milliers d’euros était prévue pour la logistique.

Peut-être faudra-t-il que nous vous proposions un dispositif qui permette aux membres de la

Conférence régionale de santé de s’exprimer dans des groupes de travail sans être pénalisés

financièrement.

M. Jean-Paul RIGAUX

Je vous l’ai dit en bureau. Je crois qu’il faut que nous fassions en début d’année un point sur le coût

qu’ont généré la mise en place de la Conférence régionale de santé qui s’est réunie trois fois (deux

fois en réunion de travail et une fois en réunion d’installation) et les réunions de bureau. Nous

avons un budget et nous vous donnerons le résultat de ce budget. Le problème des frais de

déplacement est un problème difficile à résoudre dans la mesure où leur remboursement n’est pas

expressément prévu. Si une décision était prise de rembourser la totalité des frais de déplacement de

tous les membres de la Conférence régionale de santé, je pense que le budget qui est actuellement

fléché sur la Conférence régionale de santé n’y suffirait pas. Alors, me direz-vous, il faudrait

rembourser uniquement les frais de déplacement pour les usagers et les petites associations. Moi, je

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Montpellier, le 20 novembre 2006 16

veux bien, encore faut-il que l’on définisse qui représente les usagers et qui représente les petites

associations parce que, pour moi, la Conférence régionale de santé est représentative de l’ensemble

des partenaires de la région Languedoc-Roussillon et chacun de vous représentez des usagers et des

associations. Je vous propose, M. le Président, de constituer un petit groupe de travail pour jeter les

bases d’une règle parce que le problème que vous soulevez est un vrai problème.

Sans alourdir le débat, je voudrais, pour reprendre le sens des interventions des uns et des autres,

vous dire que nous sommes là au cœur du débat de la Conférence régionale de santé. Je peux vous

assurer que tous les dispositifs, notamment depuis la mise en place de la CMU et de la CMU

complémentaire, existent pour permettre à toute personne qui est sur le territoire français de

bénéficier d’une bonne couverture maladie et d’un accès aux soins correct. Le problème est que cela

ne fonctionne pas toujours comme on l’entend, soit parce que les structures hospitalières ne sont pas

prêtes à accueillir ces personnes en difficultés, soit parce qu’un certain nombre de libéraux ne

veulent pas accueillir dans leur cabinet des personnes précaires, soit parce que l’information ne se

fait pas correctement auprès des intéressés. Justement, la Conférence régionale de santé doit

permettre, et vous avez commencé à le faire, de repérer les dysfonctionnements et les besoins.

S’agissant de l’accès aux soins des populations les plus précaires, là aussi, le débat n’est pas récent.

Dans le passé, nous avions mis en oeuvre en liaison avec l’ARH et l’assurance maladie un dispositif

qui s’appelait le plan régional d’accès aux soins et à la prévention (PRAPS) qui était un outil qui

finançait des actions permettant de faciliter l’accès de ces personnes précaires pour ensuite les

mettre dans le droit commun. Après moult réflexions, il a été considéré que le PRAPS revenait à

créer une filière différente du droit commun et qu’il était préférable de faire un plan régional de

santé publique généraliste avec des dispositions particulières d’accompagnement pour les plus

démunis. C’est ce qui a été fait dans les différents appels d’offres sur les politiques de prévention où

environ 35 à 40 % des crédits était fléché pour les populations les plus démunies.

Enfin, vous demandiez, M. le Président, si vous aviez eu raison ou tort d’interpeller directement les

établissements hospitaliers pour la mise en place de la commission des relations avec les usagers. Je

dirai qu’en période de routine, il sera préférable de s’adresser directement aux administrations qui

gèrent ce type de dispositif, mais pour cette année, je trouve que votre interpellation directe n’était

pas une mauvaise chose, parce qu’elle a permis au moins de rappeler que l’ensemble des

établissements étaient obligés de créer ces structures. Là aussi, on touche du doigt les difficultés que

rencontrent l’ensemble des pouvoirs publics. Entre le moment où s’exprime la volonté politique de

mettre en place un dispositif (2002) et son application sur le terrain dans la réalité de la vie

courante, il s’écoule parfois de nombreux mois voire de nombreuses années, en l’espèce plus de

cinq ans. Donc, votre interpellation a été à mon avis bénéfique et elle permettra de faire avancer les

choses.

Pr Henri PUJOL

Vous pensez que même ceux qui n’ont pas répondu ont lu la lettre ?

M. Jean-Paul RIGAUX

S’ils n’ont pas répondu, c’est qu’ils avaient des difficultés.

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Un intervenant

Concernant le médicament, il faudrait se poser la question : est-il bien rationnel et efficient que

dans notre pays on dépense beaucoup plus qu’ailleurs en médicaments ? Est-ce que l’on en tire un

bénéfice sanitaire ou non ? Cette question me semble poser un problème fondamental : celui de

l’évaluation. L’activité actuelle, la dépense actuelle est-elle bien orientée ? J’ai entendu un certain

nombre de remarques très judicieuses sur des besoins qui sont mal couverts. Vous avez parlé par

exemple de santé mentale. Faut-il augmenter les budgets ou au contraire mieux utiliser les moyens

actuellement disponibles ? Nous, service médical, nous sommes très axés sur cette analyse de

l’opportunité de ce qui est fait actuellement. Bien que l’on n’ait pas réalisé d’étude structurée sur la

bonne utilisation du système de soins, on a quand même beaucoup d’éléments pour dire

qu’actuellement le système est mal utilisé et le médicament en est une illustration éclatante. Il me

semble que toute cette organisation de santé doit être bâtie sur l’évaluation actuelle du système.

M. Corvez a abordé la question de l’hôpital et la question des SROS qui sont des questions

fondamentales.

Dr Alain CORVEZ

Je voudrais simplement dire que ce n’est pas antinomique aujourd’hui. Moi, je revendique le droit à

l’interpellation des usagers. Le système de santé a parfois tendance à s’évaluer lui-même. En tant

que producteur, il évalue sa production. Or tout le monde sait bien qu’une grande partie des besoins

aujourd’hui sont simplement analysés au travers de la consommation des soins et non pas au travers

du service rendu. Au-delà de l’évaluation de notre réponse à ce qui est une consommation de soins,

nous devons prêter davantage attention à ce que sont les attentes d’une partie de la population qui

ne sont pas toujours mesurées par nos indicateurs institutionnels et structurels. J’ai beaucoup étudié

le sujet particulier de la santé mentale. Tout à l’heure, Monsieur a aussi parlé du problème des

handicapés. Cela n’apparaît pas souvent dans les chiffres. Nous avons donc de vraies réflexions à

avoir sur les zones d’ombre du système. Sans tomber dans le débat permanent de qui représente

quoi, à un moment nous devons écouter quand même un certain nombre de demandes et les prendre

en compte par des indicateurs qui n’ont peut-être pas toute la rigueur scientifique que l’on

souhaiterait, mais qui ont le mérite de relater des situations humaines. Moi, je serai attentif à ce que

ces remontées se fassent parce que le mode d’expression de ceux qui sont exclus du système de

soins n’apparaît pas dans les indicateurs du système de soins.

M. Jean ASSENS, vice-président de l’URCAM

Je voudrais faire part d’une certaine déception. Lors de notre première réunion, nous avions bien dit

que notre objet était la santé publique et que la santé publique allait bien au-delà du système de

soins et qu’elle englobait l’environnement et les comportements à risques. Or ce matin nous ne

parlons que du système de soins qui est un élément essentiel de la santé publique mais qui n’est pas

tout. Moi, j’attends de la Conférence régionale de santé qu’elle fasse le lien entre les différents

acteurs, notamment entre le système de soins et les collectivités territoriales qui interviennent sur la

qualité de l’air, sur la qualité de l’eau, sur l’environnement.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 18

M. Bruno LEDU, représentant des infirmiers libéraux

Je voudrais rebondir sur ce que disait Monsieur Assens, dont je partage tout à fait l’avis. Bien

entendu, nous allons participer au dispositif de soins, mais pour parler des liens avec

l’environnement, etc. je voulais aussi interpeller la Conférence régionale de santé sur ce qui existe

déjà dans l’organisation sanitaire, c'est-à-dire les liens avec le comité régional de l’organisation

sanitaire et sociale et avec le comité régional d’organisation médicosociale. Y a-t-il des ponts entre

ces deux instances consultatives ?

Mme Catherine CECCHI

Dans la réflexion que nous avons menée concernant le système de soins, vous avez pu remarquer

que nous nous sommes posé ces questions de l’environnement. Connaître les pistes BZ pour les

hélicoptères du SAMU fait partie de l’environnement. Mais il est vrai que notre réflexion ne fait

que démarrer et vous êtes le bienvenu dans notre groupe.

Pr Henri PUJOL

Je voudrais rassurer M. Assens parce qu’il a beaucoup travaillé avec nous et il sait que nous avons

passé des heures à parler de l’environnement, de la santé publique au sens de la prévention des

risques. Il s’est trouvé que nous avons commencé par les soins. Peut-être est-ce de ma faute, j’ai

mal maîtrisé le temps, mais il y avait des gens importants et convaincus. Nous avons bien compris

qu’il allait se passer quelque chose pour la précarité. Or nous savons que ceux qui ont des

difficultés d’accès aux soins sont les mêmes que ceux qui sont exclus de la prévention et du

dépistage.

M. Dominique KELLER

Je dirai un mot pour répondre sur le lien avec les CROSS. M. Billy a été élu par le CROSS sanitaire

pour le représenter la Conférence régionale de santé et M. Chevalier représente le CROSS

médicosocial : donc il y a bien des membres du CROSS qui siègent à la Conférence.

Les programmes du plan régional de santé publique

Dominique KELLER

Le plan régional de santé publique a été arrêté le 3 juillet 2006. Ce plan contribue à la mise en

œuvre des objectifs nationaux de santé en tenant compte du diagnostic régional. Il doit comporter

un ensemble coordonné de programmes et d’actions pluriannuels. Un continuum doit exister entre

la prévention et les soins dans le cadre d’une approche globale de santé qui a été retenue par le plan

régional de santé publique. C’est pour cela qu’il est important qu’il y ait une forte articulation entre

le plan régional de santé publique et le SROS. La composition du groupement régional de santé

publique vous a été donnée tout à l’heure, donc je n’y reviendrai pas, mais j’insisterai sur le fait que

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 19

le travail par programme a pour objectif de rendre lisible dans le respect des compétences de chaque

administration, de chaque organisme d’assurance maladie, de chaque collectivité territoriale leur

capacité d’intervention par rapport à des objectifs et à des stratégies partagées.

Quatre programmes ont été retenus dans le plan régional de santé publique autour des quatre

périodes de la vie : un programme « naissance » qui est animé par le Dr Michel Grémy de la

DRASS, un programme « enfants, adolescents, jeunes adultes « qui est animé par Anne-Sophie

Dormont, un programme « adultes » qui associe le Dr Jean-Paul Guyonnet et le Dr Frédéric Jacquet

de la DRASS, et un programme « vieillesse » qui associe le Dr Colvez et Jean-Paul Romarin de la

DRASS.

Le choix des programmes a les fondements suivants :

• avoir une réponse cohérente et coordonnée par rapport à des objectifs partagés sur une

période de la vieQuand on regarde les programmes autour des périodes de la vie, on se rend compte qu’il y a un

positionnement naturel des collectivités territoriales. Ainsi, les Conseils généraux sont tout à

fait légitimes pour intervenir dans le champ de la périnatalité et dans le champ des séniors. Du

fait de la politique volontariste du Conseil régional, il est légitime à intervenir sur le programme

« enfants, adolescents, jeunes adultes ».

• faciliter la mobilisation des professionnels

• s’asseoir sur des instances de coordination qui fonctionnentJe pense à la conférence régionale de la naissance pour la périnatalité, à la conférence régionale

du vieillissement pour la vieillesse, à la commission régionale de l’organisation des soins de

l’enfant et de l’adolescent qui est prévue dans le cadre de l’animation des SROS et dont

l’objectif a été élargi au volet prévention.

Les principes d’élaboration sont les suivants. Les programmes ne réinventent pas des objectifs, mais

reprennent les objectifs du plan régional de santé publique et regardent en quoi ces objectifs

correspondent aux tranches d’âge concernées. Plusieurs objectifs du plan régional de santé publique

peuvent être traités simultanément dans les programmes. Dans l’axe 1 et l’axe 3 par exemple, un

objectif tourne autour des addictions. Je pense que l’intérêt est de pouvoir, dans le cadre d’une

démarche de programme, les rejoindre pour que l’on puisse avoir un continuum de la prévention au

dépistage et à la prise en charge.

Le lien entre les différents programmes doit être permanent. Je pense notamment au problème de

l’addiction de la femme enceinte qui est traité dans le programme périnatalité, en lien avec le

programme qui concerne les adultes.

Les ressources et les actions existantes doivent être valorisées dans ce programme. Par exemple, le

programme périnatalité s’appuie sur la démarche qui a été entamée depuis 5 ou 6 ans dans cette

région. Il ne s’agit pas de réécrire, il s’agit de reconnaître et d’amplifier ce qui a déjà été mené et

qui a produit un certain nombre de résultats sur le terrain.

Les programmes sont un cadre de référence. Le groupement régional de santé publique a pour but

d’organiser une mise en œuvre des moyens de l’Etat, de l’assurance maladie, des collectivités

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 20

territoriales où chacun conserve sa capacité d’initiative, sa capacité de décision et sa capacité

d’investissement.

Le plan régional de santé publique se décline à partir d’objectifs communs avec le SROS et la

politique des réseaux. Encore une fois, il ne s’agit pas de mobiliser que les moyens de la prévention,

mais de mobiliser de manière coordonnée l’ensemble des moyens qui contribuent à la mise en

œuvre d’une politique de santé publique.

Le programme présente une approche de santé publique : la prévention et la réinsertion. Chaque

programme sera constitué d’une matrice qui reprend les objectifs du plan régional de santé publique

regroupés par thème et qui précise la déclinaison de ces objectifs en population générale ou auprès

des populations spécifiques. Vous verrez que, dans ces programmes, il est prévu systématiquement

une entrée « populations vulnérables ».

Programme « Périnatalité »

Dr Michel GREMY

Je vais vous faire un bilan d’étape de l’avancement de la réflexion autour du programme périnatalité

ou bien naître. Ce programme existe depuis 1999 et a été impulsé à la demande des premières

Conférences régionales de santé. Je participe à l’animation de ce programme au niveau de la région

et je contribuerai à l’écrire en partenariat avec le Dr Nadia Rachidi du Conseil général de l’Hérault.

Ce programme a eu la chance de bénéficier en 1999 de la création des commissions régionales de la

naissance, qui sont des instances qui ont été créées réglementairement et qui sont placées auprès du

DRASS. Leur composition est intéressante, puisque chaque commission comprend un collège de

professionnels déclinant l’ensemble des professionnels quel que soit leur mode d’exercice

intervenant dans la périnatalité et un collège d’institutions (ARH, URCAM, DRASS, Conseils

généraux, directeurs d’établissements de santé). En outre, la vice-présidente de la Conférence

régionale de santé participe activement aux travaux de la commission régionale de la naissance.

Cette instance a joué un rôle majeur en termes d’impulsion dans tous les grands chantiers en

matière de périnatalité. Si des progrès ont été accomplis dans ce domaine dans la région, elle a joué

un rôle important.

Comment sera-t-elle associée dans le cadre de l’élaboration du programme périnatalité ? Il s’agit

d’infléchir des modalités d’action qui, pour la plupart, sont déjà largement engagées. Les modalités

concrètes qui ont été choisies ont été d’abord de présenter le plan régional de santé publique à la

CRN le 6 octobre. A la suite de cette présentation, il a été décidé de mettre en place une demi-

journée de travail sous forme d’atelier, ce qui a été fait vendredi dernier. A charge pour ces

différents ateliers de décliner la méthode qu’a exposée M. Keller, c'est-à-dire passer en revue

l’ensemble des objectifs du plan régional de santé publique qui manifestement étaient en lien avec

la périnatalité, et les décliner au niveau des femmes enceintes, au niveau des nouveaux nés et aussi

en direction des populations de femmes ou des couples en situation de précarité. Un autre aspect

spécifique de la démarche d’élaboration du programme périnatalité mérite d’être souligné : la

problématique transversale de la parentalité est absolument à prendre en compte.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 21

En matière d’échéancier, nous nous sommes fixés pour objectif d’arriver à une validation d’un

document à la prochaine séance de la CRN qui est prévue le 19 janvier.

Vous avez compris que ce programme a un certain recul, qu’il a la chance de bénéficier d’une

instance d’animation régionale qui est reconnue par l’ensemble des acteurs institutionnels et qui est

bien connue et bien investie par l’ensemble du réseau des professionnels. Les actions en cours au

niveau de la CRN prennent largement en compte les objectifs du plan régional de santé publique. Il

faut souligner aussi qu’autour des institutions et autour de la CRN de nombreux acteurs ont été

mobilisés pour décliner la politique périnatale de la région. Je citerai le réseau périnatal régional, la

stratégie de communication soutenue par le groupement d’études en néonatologie, le centre

d’orientation périnatal rattaché au CHU de Montpellier.

Suite à la consultation de vendredi, les thématiques qui apparaissent en lien avec la périnatalité sont

les suivantes :

• l’alimentation, l’activité physique, le surpoids et l’obésité avec deux orientations : comment

mieux prendre en charge les femmes enceintes en surpoids ou présentant une obésité ? La

promotion et le soutien à l’allaitement maternel ;

• les addictions (tabac, alcool, autres types d’addictions) ;

• les différentes formes de violence : la violence faite aux femmes, la prévention de la violence

chez l’enfant ;

• le mal être et le suicide ;

• la prise en charge graduée des grossesses dites à risques sur le plan médical ;

• les événements indésirables liés aux activités de soins.

La loi de santé publique nous fixe des objectifs d’amélioration en matière de gain en termes de

mortalité périnatale et maternelle. C’est un défi qui reste important, sachant que, même si notre

programme a obtenu des résultats substantiels, il faut considérer que, là comme ailleurs, rien n’est

acquis définitivement. Je vous remercie.

Programme « enfants, adolescents, jeunes adultes »

Anne-Sophie DORMONT

Ce programme concerne une population âgée de 29 jours à 25 ans. Il est réalisé avec une grande

participation des partenaires concernés par le biais d’un groupe de suivi qui est composé de

l’éducation nationale, des services de santé scolaire (s’appuient sur le programme santé social

académique), les DDASS, les Conseils généraux, avec un très fort investissement du Conseil

général de l’Hérault et de celui du Gard, le Conseil régional, un représentant de la commission

régionale « organisation des soins de l’enfant et de l’adolescent », l’URCAM, la CRAM, l’ORS et

le coordinateur des missions locales d’insertion. Ce groupe de suivi s’élargit autant que nécessaire

au fur et à mesure de l’avancement du programme.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 22

Après avoir sélectionné les objectifs du PRSP concernés pour cette population, j’ai réalisé ensuite

une consultation d’experts et de personnes ressources que je suis en train de poursuivre me

permettant de définir les enjeux de santé de chaque objectif.

Le programme s’appuie très fortement sur les groupes techniques thématiques qui existent déjà dans

la région et qui ont déjà travaillé sur les thématiques comme par exemple le groupe piloté par

Geneviève Le Bihan du programme régional de santé nutrition, le groupe santé des jeunes animé

par le Conseil régional ou un certain nombre de groupes collectif des jeunes, collectif Sida, etc.

L’organisation du programme à laquelle nous arrivons et qui a été pré-validée en comité de suivi est

la suivante. Les objectifs du plan régional de santé publique sont regroupés dans trois lignes :

1-capital santé,

2-comportements à risques et souffrance psychologique,

3-maladies rares, chroniques et troubles de l’apprentissage.

Chacun de ces groupes d’objectifs exprime sa déclinaison :

• auprès de l’ensemble des enfants, adolescents et jeunes adultes ;

• auprès des professionnels ou des lieux qui accueillent des enfants, des adolescents et des jeunes

adultes puisque cette population a la particularité d’être présente en milieu scolaire, en milieu

sportif, auprès de professionnels spécifiques ;

• auprès des populations vulnérables.

La première ligne, « capital santé », regroupe les objectifs du plan régional de santé publique et les

objectifs du programme santé social de l’académie au travers de l’alimentation et l’activité

physique, la sexualité dans son lien avec l’épanouissement, la santé bucco-dentaire, la couverture

vaccinale, la question du sommeil et du rythme de vie des enfants et des adolescents, les aspects

d’information et de communication sur les droits et enfin les questions relatives à l’éducation à la

citoyenneté.

La ligne « comportements à risques et souffrances psychologiques » regroupe les objectifs

insécurité routière, sexualité dans son volet risques, la question des addictions (alcool, tabac,

drogues), les accidents de la vie courante, la question relative aux violences et à la maltraitance, les

aspects de mal être et de prévention du suicide.

La ligne « maladies rares, maladies chroniques et troubles de l’apprentissage » regroupe les

objectifs de qualité de la vie, la prise en charge et le dépistage de l’obésité, les autres troubles du

comportement alimentaire, les troubles de l’apprentissage et les questions relatives à la sécurité des

soins et la prise en charge de la douleur.

Cette structure matricielle a été validée par le groupe de suivi. Nous sommes aujourd’hui en train de

rédiger une note de cadrage relative à chacune des déclinaisons qui devrait aboutir à l’élaboration

d’objectifs opérationnels. Cette matrice ainsi que les notes de cadrage donneront lieu ensuite à une

consultation assez large afin d’en valider le contenu et de l’ajuster en fonction de vos remarques.

Cette consultation s’organisera auprès de l’ensemble des personnes qui ont participé à sa rédaction

et auprès de l’ensemble des professionnels dont la Conférence régionale de santé. Je vous remercie.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 23

Programme « adultes »

Dr. Jean-Paul GUYONNET

L’exposé n’a pas enregistré.

Programme « séniors »

Dr. Alain COLVEZ

L’exposé n’a pas enregistré.

Un intervenant

Les deux présentateurs ont fait ressortir l’importance de la participation des Conseils généraux pour

la périnatalité avec les services de la PMI et pour la gériatrie avec les schémas gérontologiques

départementaux et la maison départementale des personnes handicapés. Or à notre groupement

régional de santé publique, nous n’avons que trois Conseils généraux sur cinq : il nous manque

l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Quelles sont les raisons de leur absence ? Peut-on les relancer

pour essayer d’obtenir leur participation qui me paraît importante pour la réussite du plan ?

Pr Henri PUJOL

Je ne connais pas les raisons profondes, mais je vais donner une raison logique. Le groupement

régional de santé publique se met en place progressivement. Ce n’est pas, à mon avis, une attitude

de refus d’un Conseil général. Mais il y avait des échéances pour la mise en place du groupement

régional de santé publique. Ensuite, ce n’est pas M. le maire de qui décide de rentrer dans le

groupement régional de santé publique. Il faut que son conseil municipal délibère, il faut donc du

temps. Il me semble que le rôle de la Conférence régionale de santé est de voter une

recommandation disant son souhait que les départements qui ne sont pas dans le groupement

régional de santé publique y soient.

Un intervenant

J’ai posé la question, mais je connaissais partiellement la réponse pour m’être renseigné sur

l’absence de participation du Conseil général des Pyrénées-Orientales. Ils ont peur qu’on leur

demande de l’argent : c’est aussi bête que cela ! Il suffit peut-être de leur faire connaître le budget

du groupement régional de santé publique, ainsi que les actions qui sont prévues. Ils verront qu’on

ne leur demandera pas d’argent, mais qu’au contraire on peut les aider. Et nous devrions emporter

leur adhésion. Je crois que pour l’Aude le raisonnement est le même.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 24

Pr Henri PUJOL

D’abord, M. Assens, vous devez être content parce que, sur presque tous les tableaux, il y a

« mangez correctement, faites de l’activité physique, ne fumez pas ». On revient aux fondamentaux.

Ils ont un peu raison de croire que l’on va leur demander de l’argent, mais on leur demandera de

soutenir des actions chez eux, dont ils pourront tirer un bénéfice de notoriété et de santé pour leurs

habitants. Par exemple, si une grande ville comme Montpellier mène des actions de prévention, elle

peut le faire dans le cadre du plan régional de santé publique et bien entendu elle investira sur son

propre territoire.

Un intervenant

Les collectivités territoriales qui adhèrent au GIP délibèrent sur un projet de convention. Ce projet

de convention ne prévoit pas de participation financière pour l’adhésion. Le seul engagement que

l’on demande à ceux qui veulent bien y souscrire est d’accepter les priorités régionales de santé

publique et d’y inscrire leur action de collectivité.

M. Olivier LEBAY, Président de la fédération des maternités privées du Languedoc-

Roussillon

Je voudrais donner une information en matière de périnatalité. Les 11 maternités privées de la

région qui assurent environ 50 % des naissances se sont réunies au sein d’une association qui

s’appelle « bien naître en Languedoc-Roussillon » pour travailler sur des problèmes de santé

publique, notamment la lutte contre la tabacologie, la violence, la protection du nourrisson dans les

transports automobiles. Je vous propose de vous adresser les travaux de cette association.

Pr Henri PUJOL

Merci, nous proposons également que vous participiez officiellement à l’un des groupes de travail

qui vont être proposés.

Le groupement régional de santé publique sera un GIP, mais dérogatoire. Dans certains GIP, vous

avez un droit de vote au prorata de l’argent que vous mettez comme droit d’entrée. Là, il n’y a pas

de droit d’entrée. Vous entrez dans le GIP et ensuite vous pouvez faire des actions.

Une intervenante

Je voudrais juste que l’on fasse un rectificatif de sémantique par rapport au 4ème

groupe sur les

personnes âgées. A l’occasion du bureau, il nous paraissait plus judicieux de parler des séniors que

des personnes âgées : c’est un mot qui est plus doux et qui englobe une tranche d’âge beaucoup plus

large.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 25

Pr Henri PUJOL

Personnellement, je me réjouis qu’en abaissant l’âge à 55 ans, l’on soit beaucoup plus nombreux

comme personnes âgées.

Mme Chantal BLANC

Je voudrais faire une proposition au groupe des adultes. Ils ont choisi 21 objectifs dans les

27 objectifs du plan régional de santé publique et la Conférence régionale de santé avait donné un

avis dans lequel elle intégrait l’objectif « accès à la prévention et aux soins des personnes

vulnérables » au niveau du 12ème

objectif, mais cette proposition n’a pas été retenue et le plan

régional de santé publique a mis cet objectif en transversal. Puisque les personnes qui élaborent le

plan pour les adultes utilisent les objectifs, je voudrais leur suggérer qu’elles n’oublient pas que cet

objectif est devenu transversal et qu’il doit être évalué aussi. Le groupe des personnes âgées

pourrait aussi se rappeler de cet objectif transversal.

Pr Henri PUJOL

Oui, merci nous avons pris note de votre remarque.

Mme Françoise MAYRAN

La commission « respect des droits des usagers » va s’enrichir du travail de chaque groupe

« enfants, adolescents, adultes » et « séniors » parce qu’il y a dans tous ces groupes la

problématique de l’accès aux soins et à la santé.

Par ailleurs, je voudrais répondre à M. Assens. J’ai beaucoup apprécié sa réflexion sur le soin et la

santé parce que, en tant que présidente de la fédération des réseaux de santé, nous avons eu

l’occasion d’avoir de nombreux débats. Je voudrais rappeler que nous avons été obligés d’avoir un

champ limité. Je ne sais plus si c’est dans la réforme hospitalière de 90 ou dans les ordonnances de

96 que les établissements de soins sont devenus des établissements de santé. Donc notre première

recherche sera auprès des établissements de santé.

Dr Claude TERRAL

Je vous ferai part d’une réflexion d’une personne âgée à propos des jeunes. Je ne sais pas s’il est

trop tard pour s’interroger sur le découpage du groupe des jeunes qui va de 29 jours à 25 ans. Ce

n’est pas la limite de 29 jours qui m’interpelle, mais celle de 25 ans. En effet, tous les jeunes qui

sont sortis du giron parental se retrouvent dans des problématiques de personnes adultes. Cela fait

référence à tout le milieu étudiant. Ils sont plus de 90 000 en Languedoc-Roussillon. Cela fait

référence à tous les jeunes qui se retrouvent dans la formation professionnelle. Ont-ils vraiment plus

de raison d’être rattachés à un système où, du fait du poids des parents, leur autonomie est relative

ou plutôt à un système où ils sont considérés comme des adultes ? Quelque part, ce découpage

traduit le regard que l’on porte sur ces tranches d’âge. Je souhaiterais que les jeunes, à partir de 18-

20 ans, soient considérés comme des adultes, ce qu’ils sont. Je ne suis pas sûr que les

problématiques justifient cette limite de 25 ans.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 26

Pr Henri PUJOL

Cette remarque est excellente. Notre réflexion peut se poursuivre en dehors de cette catégorisation

par groupe. Si la Conférence régionale de santé estime qu’un créneau « adultes jeunes » justifie des

réflexions particulières, personnellement je l’approuve.

Mme Anne-Sophie DORMONT

En faisant une approche populationnelle, nous avons été obligés de fixer des limites d’âge. Elles

sont plutôt symboliques que réelles. En fait, il faut regarder le programme dans son ensemble. Je

comprends très bien la remarque de M. Terral, mais le travail que nous menons dans le programme

s’exprime au travers de trois sous-populations que sont les très jeunes enfants, les adolescents et les

jeunes adultes. Nous l’avons fait aussi parce que cela permettait d’être cohérent par rapport à

l’intervention des différentes collectivités. Quand la problématique rejoint les adultes, en fait on les

traite à travers le programme « adultes ».

MmeChantal BLANC

Les moins de 25 ans n’ont pas droit au RMI. Ils sont peut-être adultes, mais ils ne peuvent pas être

autonomes financièrement et avoir accès à certains droits. Ils sont encore sous la dépendance de la

famille.

Une intervenante

Le choix de la limite de 55 ans m’interpelle par rapport à l’équilibre des publics. La tranche des

actifs est assez réduite tandis que la tranche des séniors est énorme, et il faudra intégrer dans ces

séniors tous les séniors actifs qui, commençant à travailler très tard, n’auront pas leurs trimestres

pour partir à la retraite à taux plein. Cela me surprend de voir la limite abaissée à 55 ans alors que la

tendance est au recul de l’âge de la retraite.

Dr Alain COLVEZ

Si l’on veut parler de prévention, il vaut mieux s’y prendre un peu tôt, d’où la décision de ne pas se

caler sur les définitions administratives parce qu’elles provoquent plus d’ennuis que d’avantages.

Un accident vasculaire cérébral à 59 ans vous fait handicapé. Un accident vasculaire cérébral à

61 ans vous fait dépendant. Cette logique n’est pas cohérente. En outre, l’âge de 56 ans est l’âge

moyen de la cessation d’activité effective en France. Voilà les raisons qui ont conduit le groupe à

fixer la limiter à 55 ans.

Pr Henri PUJOL

Le terme de « séniors » est plus sympathique que celui de « personnes âgées ». Je crois que vous

ressentez exactement ce qu’a ressenti le bureau. Nous avions travaillé sur l’axe « réduire la

mortalité et la morbidité évitable », mais l’on s’aperçoit que, dans la périnatalité, on peut réduire la

mortalité aussi. « Promouvoir les comportements favorables à la santé » est une clé qui va dans

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 27

toutes les serrures : l’activité, l’alimentation saine, la lutte contre le tabagisme et l’alcool. Je pense

que ces remarques sont justifiées et montrent qu’il est impensable de construire des cloisons

étanches entre les groupes. Ce sont des groupes de mise en œuvre qui ont pour justification

essentielle l’opportunité de l’action sur le terrain en fonction des collectivités ou des organismes

impliqués dans l’action. C’est pour cela que je vais vous proposer de garder votre dynamisme et

votre enthousiasme pour participer à des groupes. Je vous les présente.

Présentation etconstitution des groupes de travail thématiques

Pr Henri PUJOL

La commission « dispositif de soins » est animée par Mme Catherine Cecchi. La commission « droit

des usagers » est animée par Mme Françoise Mayran.

Le groupe de travail « précarité » est animé par Mme Chantal Blanc. Qui veut se charger de

l’animation du groupe de travail « nutrition » ? Vous nous donnerez les noms à la fin de la séance.

Nous cherchons également un animateur pour le groupe de travail « environnement ».

Une intervenante

M. Assens s’est proposé pour l’animer.

Pr Henri PUJOL

M. Assens, vous ne voulez pas l’animer, mais vous voulez bien participer au groupe. Je crois que la

vice-présidente et la représentante au niveau de la nation feraient bien de réfléchir à animer d’autres

groupes.

Une intervenante

Le dimanche à 16 heures, je suis libre.

Pr Henri PUJOL

Elles sont totalement bénévoles et elles ne demandent pas de contrepartie. Nous cherchons aussi un

animateur pour le groupe « santé au travail ». S’il n’y a personne, on peut le remplacer par le groupe

« adultes jeunes » de M. Terral.

Dr Claude TERRAL

L’intervention, effectuée hors micro, est inaudible.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 28

Pr Henri PUJOL

Vous êtes élu. C’est pour cela que je pense que vous avez raison. Il faut le garder dans le groupe qui

a été élu. Mais vous comprenez également que ma démarche ce matin était de dire : s’il y a des

compétences, des bonnes volontés, du bénévolat, de l’action en dehors du bureau que vous avez élu,

on fait un appel à candidatures. Il ne s’agit pas de pleurnicher « on n’est capable de rien sans vous ».

Cela n’a rien à voir. On est un groupe constitué qui sait qu’il veut participer à telle ou telle

thématique. Ce groupe, pour l’instant, on ne va pas le mettre en jeu. Puis, on verra si, dans le

développement des actions, on le fait venir. Le groupe « information communication » en revanche

fonctionnera d’emblée. J’ai proposé d’en être l’animateur. Mme Catherine Cecchi fait partie du

groupe. Jean-Louis Lamarque de la CODERPA veut également participer à ce groupe. Si d’autres

personnes sont intéressées, qu’elles le fassent savoir.

M. Bernard LEDESERT

Pourquoi sur les thèmes « nutrition » et « santé au travail » la Conférence régionale de santé ne

participerait-elle pas aux travaux des groupes régionaux qui sont déjà en place dans ces deux

domaines ?

Pr Henri PUJOL

C’est ce dont je parle. Il ne s’agit pas de faire des groupes à part de ceux de l’Etat. Nous sommes

une conférence de 95 personnes. Il y a des bonnes volontés, il y a des thématiques, maintenant il y a

des programmes. Ces programmes ont des objectifs. Par exemple, dans la commission « droit des

usagers », on ne va pas tout refaire avec l’ARH et l’URCAM. On va demander les renseignements

là où l’on peut les obtenir. Dans le groupe « nutrition », on ne va pas refaire un programme

« nutrition », on va demander aux acteurs de l’Etat et aux acteurs professionnels où ils en sont.

C’est un accompagnement. Finalement, il n’y a que deux points où l’on doit remettre un avis à la

fin de l’année : l’organisation des soins en région et le droit des usagers. Le reste est du travail libre.

Mme Chantal BLANC

Le représentant d’Aides m’a demandé de l’excuser de ne pas pouvoir être présent aujourd’hui. Pour

les personnes qui n’ont pas pu être présentes, est-ce que la possibilité de s’inscrire sera relayée ? Par

ailleurs, il serait souhaitable de préciser le rôle de ces groupes et comment ils pourront interpeller

les différents acteurs et insérer leurs conclusions dans les avis de la Conférence qui seront publiés

en fin d’année.

Pr Henri PUJOL

Je crois que cela fait partie du travail que vous allez faire, mais vous êtes plutôt favorisée parce que

vous avez bien compris que le directeur de l’ARH vous a proposé un rendez-vous. Telle que je vous

connais, je sais que vous mettrez à profit ce rendez-vous pour faire avancer les choses. Je pense

qu’il y a de la place à prendre pour travailler, pour faire des observations, pour faire avancer les

choses.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 29

Une intervenante

Pour être sûre de bien comprendre, on peut s’inscrire soit dans l’une des deux commissions soit

dans l’un des groupes de travail.

Pr Henri PUJOL

Bien sûr.

Une intervenante

Des personnes qui ne sont pas élues à la Conférence ou désignées comme membres peuvent-elles

participer à des groupes de travail ? Je pense notamment au groupe « santé au travail ».

Pr Henri PUJOL

Premièrement, est-ce que des personnes de la Conférence qui ne sont pas dans la salle peuvent

s’inscrire ? Bien entendu, oui. Pour la deuxième question, je ne connais pas la réponse mais je la

soumets à M. Rigaux. Depuis que la Conférence existe, des personnalités m’écrivent pour me dire

qu’elles ne sont pas élues comme membre de la Conférence mais qu’elles ont un avis à porter dans

tel ou tel domaine. Nous n’avons pas la capacité de les faire entrer dans la Conférence, mais nous

pouvons transmettre leurs travaux aux services de l’Etat.

Un intervenant

J’aimerais que ce groupe ne soit pas passé par pertes et profits au moment où la santé au travail fait

son entrée dans la problématique de la santé publique. Les syndicats représentatifs et l’ARACT

pourraient être intéressés par cette thématique. Je pense que cet élargissement pourrait permettre de

faire vivre ce groupe « santé au travail » en connexion avec ce qui existe déjà.

Pr Henri PUJOL

Les membres de la Conférence sont les seuls à pouvoir participer à des groupes de travail de la

Conférence. Bien entendu, ils peuvent s’enrichir de la réflexion de telle ou telle personne, de telle

ou telle organisation, mais il ne nous appartient pas de les faire entrer dans la Conférence.

M. Jacques ARTIERES, CPAM de Montpellier

Pour éviter de rajouter une couche au millefeuille, ne serait-il pas plus productif d’avoir des

représentants de la Conférence régionale de santé qui interviennent dans les différents groupes

existants avec un système d’aller et retour ? Par exemple, je m’inscrirai au groupe « santé au

travail », mais je n’ai pas les disponibilités pour en être l’animateur. J’avais compris qu’il y avait la

volonté de créer un groupe de travail interne à la commission régionale de santé au travail qui

renverrait en réunion plénière le résultat de ces travaux, mais je me suis peut-être trompé. Moi, si

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 30

c’est pour aller représenter la Conférence régionale de santé sur les thématiques de la conférence

régionale de santé au travail, j’y suis tout à fait disposé, mais je ne peux pas faire plus.

Pr Henri PUJOL

Vous avez raison. J’ai peut-être donné à ces groupes une signification trop administrative. Si tel est

le cas, je m’en excuse parce qu’elle n’a pas lieu d’être. Si dans la commission « droit des usagers »

ou « information communication », on se retrouve 5, 6 ou 8, on ne va pas se réunir tous les mois ou

tous les deux mois. D’abord, on peut utiliser la messagerie électronique. Ensuite, on travaillera avec

les services compétents. On a bien compris que M. Terral était d’accord pour poursuivre la

réflexion sur les jeunes adultes, mais il ne va pas le faire tout seul, il va le faire avec la Conférence

et avec les services de l’Etat. Je crois qu’il faut simplifier. On a besoin de bonne volonté. On se

rend bien compte que l’emploi du temps de chacun est chargé. C’est dans ce sens que vous pouvez

apporter une contribution.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Pour que les choses soient claires, un certain nombre de contributions sont attendues presque de

manière obligatoire par la Conférence. Là, il y a des groupes de travail internes qui sont issus du

bureau. Pour les autres, il nous faudrait un certain nombre de bonne volonté. Soit vous êtes assez

nombreux pour constituer un groupe de travail interne à la Conférence, soit on a des correspondants

permettant de les associer au groupe « nutrition », au groupe « personnes âgées », au groupe

« adultes » et qui feraient le lien entre la Conférence et les groupes existants. Si le groupe n’existe

pas, un vide sera à combler.

Pr Henri PUJOL

Nous envisageons d’organiser une réunion publique pour faire une manifestation autour de la

promotion de la santé, indépendamment de nos réunions officielles.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 31

Ouverture des travaux de l’après-midi

Pr Henri PUJOLPrésident de la Conférence régionale de santé

Ce matin, nous avons travaillé sur des thèmes de santé assez généraux. Nous n’avons pas parlé du

problème de l’alcool parce qu’il justifie à lui seul la séance de l’après-midi. Je connais les méfaits

de l’alcool en tant que cancérologue mais je dois vous dire que ce n’est que la partie émergée de

l’iceberg parce que l’alcool crée beaucoup plus de troubles médicaux que les seuls troubles liés au

cancer, mais surtout l’alcool crée des troubles sociaux. J’ai connu dans mon entourage des drames

sociaux dus à l’alcool : est victime non seulement celui qui est alcoolique mais également son

entourage. Vous êtes là parce que vous connaissez la gravité du problème. Je souhaiterais qu’on

l’aborde sans idée préconçue. Vous n’êtes pas là pour écouter simplement des communications,

mais vous êtes là aussi pour participer au débat et faire part de votre point de vue. Je sais que

l’équipe de la DRASS et les spécialistes de la question ont bien travaillé. M. le directeur régional,

vous avez la parole.

Ouverture des Etats généraux de l’alcool

Jean-Pierre RIGAUXDirecteur de la DRASS Languedoc-Roussillon

M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la Conférence régionale de santé,

mesdames et messieurs, je tiens d’abord à vous remercier, M. le Président, d’avoir bien voulu

consacrer cette partie des travaux de la Conférence régionale de santé à un thème de santé publique

reconnu comme prioritaire par la Direction générale de la santé et l’Institut national de prévention et

d’éducation pour la santé, celui de l’alcool. Je vous remercie également d’autoriser à cette occasion

l’ouverture de la Conférence à des personnes qui habituellement n’en font pas partie, mais qui ont

été invitées cet après-midi en qualité d’experts, de spécialistes ou plus simplement de témoins sur

un sujet qui ne laisse personne indifférent. Le ministère de la santé a en effet souhaité lancer un

grand débat sur l’alcool, cela pour deux raisons. La première est essentiellement liée à la part que

joue l’alcool dans notre pays. La dimension conviviale et festive de l’alcool est incontestable et à ce

titre les fêtes de famille, les pots entre collègues, le succès aux examens, les rencontres sportives,

gagnées ou perdues, sont souvent l’occasion de boire, de boire beaucoup, beaucoup trop. On ne peut

nier l’importance des boissons alcoolisées dans notre culture et dans nos traditions. Les

représentations sociales de l’alcool en France restent positives, même si force est de constater que

l’alcool est aussi la deuxième cause de mortalité évitable, avec plus de 45 000 morts par an. Chacun

sait aussi que l’alcool agit comme un facteur direct ou indirect associé à de nombreuses maladies

comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies digestives et qu’il est aussi souvent la

cause de nombreux accidents de la circulation. Enfin, la souffrance des familles, le risque pris par

les jeunes, les ruptures sociales, et la violence induite par cette consommation ne peuvent être

occultés. La négation du problème, une non intervention au stade précoce, entraînent souvent une

consommation excessive et le risque d’une dégradation rapide vers l’alcoolisme. Cette question est

importante, il faut se la poser et il est normal que les autorités sanitaires la posent.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 32

La deuxième raison pour laquelle le ministre de la santé a souhaité qu’un vrai débat sur l’alcool soit

mené est étroitement liée à la première. La loi de santé publique du 9 août 2004 prévoit notamment

dans son article 42 l’organisation de débats préalables à la remise d’un rapport par le ministre de la

santé au Parlement sur la thématique de l’alcool dans notre société. Je voudrais à ce sujet lire

quelques mots d’une intervention de M. Xavier Bertrand, ministre de la santé : « l’objectif n’est pas

de vouloir imposer une quelconque prohibition ou un moralisme excessif, mais de sortir du déni et

du silence qui entoure habituellement les questions portant sur la consommation de l’alcool en

présentant une information sincère, simple et accessible à tous sur ses dangers. Ces échanges

doivent aussi être l’occasion d’ouvrir un large débat sur la mise en œuvre des politiques de santé

conduites dans ce domaine.

C’est donc dans ce cadre que, depuis début septembre, se tiennent dans chaque région des réunions

d’information, de sensibilisation, de réflexion ouvrant le débat en confrontant le point de vue des

professionnels, des associations, des citoyens, de tous ceux qui ont une représentation personnelle

de l’alcool. Dans la plupart des régions, ce débat public a pris la forme d’états généraux organisés

par la seule administration sanitaire. En Languedoc-Roussillon, compte tenu de la problématique

particulière que revêt cette question dans une région viticole, compte tenu du dynamisme de la

démarche de santé publique engagée par la Conférence régionale de santé et par son Président, en

accord avec le préfet de région, nous avons préféré privilégier un débat ouvert par la Conférence

régionale de santé et s’appuyant sur un état des lieux et des travaux conduits par les spécialistes

régionaux compétents dans ce domaine. A l’inverse, comme dans les autres régions, les conclusions

de cette réflexion seront, dès cette semaine, adressées à la DGS qui organise le 5 décembre prochain

à Paris une journée nationale de synthèse des contributions reçues. Notre après-midi de travail qui a

pour thème « l’alcool, quelle prévention ? quelle prise en charge en Languedoc-Roussillon ? »

s’inscrit donc pleinement dans cette démarche nationale et régionale. Cette réflexion a été préparée

par un comité de pilotage pluridisciplinaire présidé par le professeur Balmès, chef du service

alcoologie et addiction au CHU de Nîmes, et que je tiens à remercier particulièrement pour sa

précieuse contribution. Je souhaite également remercier tous ceux qui ont participé à ce comité de

pilotage et aux réunions de ce matin, notamment les groupes d’entraide qui ont participé de manière

assidue à nos échanges. En effet, pendant que la Conférence régionale de santé se réunissait ce

matin, à côté quatre groupes d’experts réunissant également des personnes qualifiées se réunissaient

autour de quatre thèmes différents professionnels qui vont maintenant nourrir nos réflexions sur des

thèmes bien ciblés comme l’alcool et la périnatalité, l’alcool, les enfants et les adolescents, l’alcool

et les adultes, l’alcool et les séniors. Ce découpage en tranche de vie n’a pas de secret pour les

membres de la Conférence régionale de santé puisque c’est celui retenu dans notre région pour

décliner le plan régional de santé publique en programmes d’actions.

La conclusion de nos travaux fera l’objet d’un document et les premières séries de

recommandations seront présentées en fin de réunion. Elles seront ensuite transmises comme je

vous l’ai indiqué au ministère de la santé pour la réunion du 5 décembre.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 33

Etat des lieux épidémiologique

Dr. Bernard LEDESERT

Ma présentation sera en trois grandes parties : les données de mortalité, les recours aux soins

concernant l’alcoolisme et les comportements.

I. Les données de mortalité

Classiquement, quand on étudie la mortalité liée à l’alcool, on s’intéresse à trois grandes causes de

mortalité : les cirrhoses, les psychoses alcooliques et les cancers des voies aérodigestives

supérieures. Ce n’est qu’une approche partielle liée à l’alcool parce que l’on passe ainsi sous silence

l’ensemble de la mortalité liée à des conduites d’alcoolisation excessive aiguë qui ont des

conséquences en termes de mortalité par accident ou dans un certain nombre de violences. Il

n’existe pas de consensus d’expert sur la façon de traiter les données de mortalité à ce sujet-là, mais

l’on sait que c’est une part importante des causes de décès.

En 2002, pour les cirrhoses, 276 décès ont été recensés en Languedoc-Roussillon. Pendant les

années 80, l’évolution en région a été parallèle à l’évolution au niveau national, mais depuis le

milieu des années 90, les décès par cirrhose ont augmenté au niveau régional alors qu’ils ont

légèrement diminué au niveau national.

Pour les décès par psychose alcoolique, 89 décès ont été recensés en Languedoc-Roussillon

en 2002. Le faible nombre explique le comportement un peu plus erratique de la courbe. La

comparaison avec le niveau national fait apparaître les mêmes évolutions que pour les décès par

cirrhose.

343 décès par cancer des voies aérodigestives supérieures ont été recensés en 2002 en Languedoc-

Roussillon. L’alcool n’est que l’un des facteurs de risque, souvent associé au tabac. Là encore, on

s’aperçoit que, dans un contexte de baisse régulière au niveau national des cancers des voies

aérodigestives supérieures, on a dans la région une évolution à peu près similaire à l’évolution

nationale dans les années 80 et un décrochage à partir du milieu des années 90.

II. Le recours aux soins

Nous avons des taux comparatifs de séjours hospitaliers de l’année 2002 et nous avons deux

grandes causes que nous pouvons isoler dans les bases qui sont à notre disposition : l’alcoolisme

chronique et les troubles mentaux dus à l’alcool et les maladies alcooliques du foie.

Pour l’alcoolisme chronique et les troubles mentaux, nous nous apercevons que les taux de recours

hospitalier observés dans la région sont inférieurs à la moyenne nationale alors que pour les

maladies alcooliques du foie, ces taux sont plutôt supérieurs à la moyenne nationale. Il faut

cependant analyser ces éléments avec prudence, parce que l’on sait que ces taux de séjour

hospitalier dépendent de l’état de santé de la population, mais aussi d’un certain nombre

d’habitudes ou de circonstances locales : les effets d’offre de soins, les habitudes et les pratiques

diagnostiques des praticiens et les pratiques de codage de ces séjours dans les bases de soins.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 34

L’analyse des rapports d’activités des centres de cure ambulatoires en alcoologie a été réalisée par

l’Office français des drogues et toxicomanie (OFDT). Elle permet de dénombrer le nombre de

recours à 2 600 soit 1,6 pour 1 000 habitants âgés de 20 à 74 ans. Il faut savoir que, dans un cas sur

cinq, il s’agit d’un recours unique. En Languedoc-Roussillon, on se retrouve avec la file active la

moins importante de France : là aussi, on voit l’effet de l’offre au niveau de cette problématique

dans la région.

Grâce aux données des unités d’alcoologie en milieu hospitalier que m’a communiquées

M. Balmès, nous avons une approche de l’activité en 2004. Nous sommes à un niveau de

consultations plus de 2 fois supérieur à celui qui était présenté au niveau des centres de cure. Il faut

savoir que ces chiffres sont sous-estimés par rapport à la réalité, parce que sur les Pyrénées-

Orientales, le recueil d’information n’est pas complet.

III. Les comportements

L’OFDT, avec la direction centrale du service national, met en place régulièrement des enquêtes sur

les consommations de différents produits dont l’alcool, à l’occasion des journées d’appel à la

défense nationale. Nous venons de recevoir les résultats 2005. Sur l’usage régulier d’alcool (nombre

d’épisodes de consommation supérieur ou égal à 10 dans les 30 derniers jours), nous nous

retrouvons à peu près dans la région au niveau national : cela concerne 1 jeune sur 7 à 17 ans. Vous

vous demandez peut-être ce qu’est le binje drinking. C’est un concept qui nous vient d’Angleterre :

ce sont des comportements d’alcoolisation aiguë en une seule occasion (5 unités d’alcool en une

occasion, une unité étant un verre de vin, un verre d’apéritif anisé, une bière ou un prémix : on sait

que chacune de ces unités contient à peu près la même quantité d’alcool). Au moins un épisode de

binje drinking au cours des 3 derniers jours est rapporté par la moitié des jeunes de la région, ce qui

est nettement supérieur à la moyenne nationale. Le Languedoc-Roussillon est ainsi la cinquième

région de France à ce niveau.

Les binje drinking réguliers, c'est-à-dire 3 épisodes ou plus dans les 3 derniers jours, concernent un

peu plus d’un jeune sur cinq. Nous nous situons nettement au-dessus de la moyenne nationale, en

sixième position des régions de France métropolitaine.

Les ivresses au cours de l’année touchent un peu plus d’un jeune sur deux. Là aussi, le Languedoc-

Roussillon est au-dessus de la moyenne nationale. En revanche, sur les ivresses régulières qui se

définissent par au moins 10 épisodes d’ivresse au cours de l’année, il n’existe pas de différence

entre ce qui est observé en Languedoc-Roussillon et la moyenne nationale. Cela concerne à peu près

un jeune sur dix.

On peut s’intéresser aux produits qui sont consommés par ces jeunes. Pour la bière et pour les

prémix, il n’y a pas de différence de fréquence de consommation par rapport au niveau national,

mais nous sommes quand même à des niveaux qui touchent deux jeunes sur cinq voire plus. En

revanche, la consommation de vin est supérieure dans la région à la moyenne nationale : un peu

plus d’un quart des jeunes, ce qui nous place en 5ème

position, après Midi-Pyrénées, l’Aquitaine, les

Pays de la Loire et l’Alsace. La consommation d’alcool fort touche un jeune sur deux, ce qui est

nettement au–dessus de la moyenne nationale. Le Languedoc-Roussillon arrive en 3ème

position

après la Bretagne et l’Aquitaine. La consommation de champagne ou de vin pétillant et mousseux

est inférieure à la moyenne nationale : nous sommes 21ème

sur les 22 régions.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 35

Une autre source d’information est le baromètre santé de l’INPES : nous avons des chiffres

représentatifs au niveau régional pour les 15-75 ans. On s’aperçoit que l’usage quotidien d’alcool

est rapporté par un habitant sur cinq dans la région, ce qui nous situe comme première région de

France métropolitaine. Nous sommes également première région de France métropolitaine pour

l’usage à risque d’alcool. Sur les ivresses au cours de l’année, il n’y a pas de différence par rapport

à la moyenne nationale. Concernant la consommation des produits, nous sommes dans la région en

sous-consommation pour la bière, mais nous sommes la 3ème

région de France pour la

consommation habituelle de vin après l’Aquitaine et Midi-Pyrénées. Sur la consommation d’alcool

fort dans le mois, nous sommes dans la moyenne nationale.

La troisième source d’information sur les comportements est une enquête faite par l’INRA avec

l’ONIVINS tous les 5 ans. L’enquête 2005 met en évidence une reprise de l’augmentation des non

consommateurs d’alcool et une consommation occasionnelle qui domine. Cette baisse de la part des

consommateurs réguliers touche aussi bien les hommes que les femmes et l’on ne retrouve presque

pas de consommateurs réguliers avant 35 ans.

Une enquête réalisée en 2000 auprès des consultants en médecine générale d’une part et en

établissement de santé d’autre part montre qu’un patient sur 4 de 16 ans et plus consommait de

l’alcool tous les jours, que 4 % des patients avaient besoin d’alcool le matin pour se sentir en forme,

que plus de 6 % des patients étaient dépendants à l’alcool (8 % chez les 16-24 ans). L’usage

d’alcool à risque est plus important chez les hommes que chez les femmes, dans un rapport de près

de 1 à 3, mais on note que, chez les femmes, ce comportement est élevé par rapport à la moyenne

nationale et nous situe au 2ème

rang des régions françaises. Cette consommation à risque est plus

fréquente chez les hommes, dans la tranche d’âge 45-64 ans, parmi les personnes qui ont un emploi

précaire, chez les ouvriers puis les artisans commerçants, chez les personnes percevant des

allocations sous conditions de ressources. Au niveau des patients hospitalisés, on observe que 8 %

des patients sont alcoolo-dépendants, que la situation en Languedoc-Roussillon est à peu similaire à

celle qui est observée au niveau national et que 12 % présentent un profil à risque sans être

dépendants.

L’observatoire régional d’épidémiologie scolaire mène une étude régulièrement grâce à un

partenariat entre le rectorat de l’académie de Montpellier, la DRASS et l’observatoire régional de la

santé. Cette étude montre que chez les jeunes en classe de 3ème

, en 2001-2002, 78,5 % avait déjà bu

de l’alcool, 8,6 % en consommaient une fois par semaine et, parmi les 78,5 %, un tiers avaient déjà

été ivres au cours de l’année, un quart avaient déjà eu des remarques de la part de leur entourage et

près de un sur cinq avait déjà eu l’impression de trop boire. Ce sont des résultats qui sont

parfaitement superposables à ce que l’on observe chez les adultes.

Les garçons ont deux fois plus de risque de boire régulièrement de l’alcool. Les fumeurs

occasionnels ou réguliers ont 2,3 fois plus de risque de boire régulièrement de l’alcool. Il y a un lien

entre consommation régulière d’alcool et consommation de drogue. Il y a un lien avec le fait d’être

déjà monté dans un véhicule conduit par une personne que l’on avait repérée comme ayant trop bu

de l’alcool. Il y aussi un lien avec le fait de ne pas mettre de casque à vélo ou à scooter.

Le Languedoc-Roussillon est particulièrement touché par la problématique de l’accidentologie

routière. Les indicateurs régionaux sont au-dessus de la moyenne nationale. Selon les données de

l’observatoire régional de sécurité routière, 13 000 PV pour alcoolémie ont été dressés dans la

région en 2004, en augmentation de 22 % par rapport à l’année précédente : on voit l’effet de la

mise en place des politiques de prévention en matière de sécurité routière. L’analyse des fichiers

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 36

BAC remplis par les forces de l’ordre quand il y a des accidents mortels ou entraînant des blessés

graves permet de montrer que l’alcool est présent dans 12 % des accidents de la région contre 10 %

au niveau national, et dans 40 % des accidents mortels dans la région contre 30 % au niveau

national. Je vous remercie.

Jean-Pierre RIGAUX

Nous allons maintenant vous présenter un état des lieux dans chaque département de la région sur

les forces et les faiblesses du dispositif de lutte contre l’alcoolisme dans ces départements.

Etat des lieux dans le département de l’Aude

Dr. Patrick GRESLEPH en psychiatrie au centre hospitalier de Carcassonne et responsable du centre d’alcoologie,

président de l’ANPA 11

Je suis chargé de vous présenter le dispositif de soins et de prévention dans le département où

j’exerce. L’Aude est constituée de par sa géographie en deux pôles, avec un axe urbain caractérisé

par les villes de Carcassonne et de Narbonne et tout autour la garrigue et le désert. Le département a

été séparé en deux à la suite de la création d’un centre d’alcoologie à Carcassonne.

I. Le dispositif de prévention

1. Les acteurs et les actions

Le dispositif de prévention se caractérise par un maillage territorial important qui concerne

essentiellement l’Est Audois, à partir du centre d’alcoologie de Carcassonne qui est surtout centré

sur l’accès aux soins et la prévention auprès des publics démunis, avec des interventions dans des

CHRS et des lieux ressources de Castelnaudary, Limoux et Quillan.

Sont en place des interventions de prévention auprès des enfants et des adolescents scolarisés avec

un intervenant du centre d’alcoologie qui est spécialement désigné pour intervenir dans les

établissements scolaires.

Nous pratiquons les alcoolémies routières en accord avec le parquet avec lequel nous avons des

conventions formalisées pour des dépistages en pré-sentenciels.

S’agissant de la sécurité routière, le même intervenant qui intervient dans les établissements

scolaires assure une journée « alcool » dans les stages de sécurité routière.

Nous avons également mis en place une prévention en maison d’arrêt avec une intervenante du

centre d’alcoologie qui prépare à la sortie des détenus et qui s’efforce d’intervenir avant la levée

d’écrou pour préparer la suite des soins des détenus repérés comme ayant des problèmes avec

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 37

l’alcool. Bien souvent, ce sont des personnes qui sont passées préalablement par le centre

d’alcoologie et dont on sait qu’elles vont aller en maison d’arrêt.

Des points écoute jeunes cannabis ont été mis en place l’année dernière en milieu rural, avec un

succès mitigé.

La prévention des conduites à risques fait l’objet d’intervention ciblée aux urgences et à la

maternité, en liaison avec l’addictologie du centre hospitalier de Carcassonne.

2. Les points forts

Le premier point fort, ce sont les partenariats avec les services sociaux, les services judiciaires,

l’Education nationale par lesquels nous sommes bien repérés et sollicités.

L’implication du Conseil général est forte : il attribue une enveloppe assez conséquente pour la

prévention.

3. Les points faibles

Force est de constater une tendance à la dispersion, parce qu’il n’est pas facile avec les moyens qui

nous sont accordés pour la coordination d’arriver à trouver des temps de parole, des temps de

réunion, des temps de concertation.

Un autre point faible est un problème de reconnaissance parfois par les structures sanitaires. Nous

avons du mal à travailler avec les médecins généralistes et avec les services MCO du centre

hospitalier qui ont une culture très médicale et qui sont peu tournés vers la prévention.

La partie Est du département, centrée sur Narbonne, est en devenir. Du travail est fait à Narbonne,

avec notamment l’intervention d’une infirmière dans un CHRS de Narbonne et dans les lieux

ressources de Lézignan, de Narbonne et de Port-la-Nouvelle, mais le dispositif n’est pas assez

repéré comme celui du CCAA. La création d’un CCAA dans l’Est du département est en projet.

II. Le dispositif de soins

Il m’a paru important de distinguer deux catégories.

La première est un dispositif de soins qui s’efforce de travailler dans un continuum prévention-

soins : le centre hospitalier de Carcassonne avec les services de psychiatrie ou de gastroentérologie

qui s’articulent avec le centre d’alcoologie qui est en ville, le centre hospitalier de Narbonne qui

forme un binôme gastroentérologie-psychiatrie avec du bon travail local, l’hôpital local de Limoux,

le centre hospitalier de Castelnaudary qui font des sevrages de proximité, en lien avec le CCAA.

En dehors de ce continuum, on trouve une clinique psychiatrique polyvalente située à Badens, où

interviennent des visiteurs de Vie libre, et les services sectorisés de psychiatrie adulte, qui sont

gérés par l’ASM qui est un établissement PSPH dans des unités dispersées : Les Tilleuls à Limoux,

la Cité à Carcassonne, les Oliviers à Lézignan. Les structures qui travaillent en dehors d’un

continuum sont des structures psychiatriques.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 38

Je n’ai pas prévu d’analyse points forts et points faibles parce que cela m’amènerait à juger de

manière subjective des pratiques professionnelles et je ne me sens pas autorisé à le faire.

Etat des lieux dans le département du Gard

Corinne CROUZETANPAA du Gard

I. Le dispositif de prévention

1. Les acteurs et les actions

Au niveau de la prévention, il existe dans le département du Gard un nombre très important

d’acteurs qui effectuent des actions de prévention surtout en direction des enfants et des adolescents

scolarisés dans les établissements de l’Education nationale, de la formation, de l’insertion, etc.

Depuis vingt ans, des efforts de réflexion ont été consentis dans le Gard sur les approches en

prévention. Nous avons réfléchi sur les effets de l’information ponctuelle et nous avons comparé les

différentes approches de prévention. En fait, on dénombre beaucoup d’interventions dans le champ

scolaire mais un certain nombre d’acteurs privilégient des actions délibérément tournées vers la

formation de relais qui encadrent les enfants et les adolescents, mais aussi, dans le secteur

médicosocial, des formations qui ciblent des adultes en contact avec les enfants et les adolescents.

Des articulations sont mises en place pour aider les enfants et les adolescents concernés directement

par des consommations d’alcool dans le cadre familial. Vivre un problème d’alcool dans la famille

n’est pas sans conséquence dans le devenir. Nous avons essayé de faire des propositions concrètes

pour des enfants de parents qui venaient en soins. Parfois, dans le cadre du partenariat avec

l’éducation nationale, sont proposés par le biais des infirmières scolaires, des médecins de santé

scolaire des relais vers des dispositifs d’accueil et d’accompagnement de ces enfants.

Nous avons des actions qui, au-delà du cadre de formation des enfants et des adolescents, ont été

tournées vers des espaces de fête. Comment sensibiliser ? Au-delà de la prévention des risques

immédiats liés à une consommation d’alcool, quel message plus global peut-on transmettre à des

jeunes qui viennent pour tout autre chose que pour entendre un message de santé ? Dans le cadre

d’un partenariat très large, un certain nombre d’actions ont été menées depuis une dizaine d’années

dans le département du Gard.

L’alcool reste inscrit dans tous les programmes qui concernent la prévention routière. Dans toutes

les informations qui concernent la sécurité routière, il y a un message tout spécifiquement consacré

à l’alcool, qui va au-delà du risque immédiat pris lorsque l’on conduit un véhicule.

Les actions commencent à se structurer dans le département avec un collectif d’addictions qui

regroupe plusieurs partenaires. Est également mis en avant dans toutes les actions l’effort

d’articuler la sensibilisation, la prévention, l’aide précoce voire le soin. Un programme intitulé

« PAR 30 » s’adresse aux contrevenants pris en flagrant délit d’alcoolémie routière : on va les

rencontrer par l’intermédiaire de la police et de la justice et ils vont intégrer un programme

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 39

d’éducation et d’aide. Parmi tous les intervenants qui sont rencontrés dans ce programme, une forte

proportion a déjà des usages à risque. Cela permet de faire de la prévention secondaire et tertiaire.

Des actions ont été développées en direction d’un public en situation de précarité sociale, avec des

interventions dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale, sur tous les lieux d’accueil et

d’assistance aux personnes SDF.

Un autre travail à la maison d’arrêt décline des approches collectives de sensibilisation, dans tout un

pool de consultation, d’aide, d’accompagnement et de suivi à la sortie.

Le maillage territorial fonctionne : sur chaque zone du département, il existe un souci d’articuler les

approches collectives, les points d’écoute, d’accompagnement et de soins.

2. Les points forts

Le continuum prévention-soins est un premier point fort : les acteurs gardois se préoccupent de

l’effet que va susciter une rencontre avec des adolescents et des enfants, avec des publics démunis,

avec les relais.

Deuxième point fort, le partenariat est ancien avec les structures que j’ai citées et d’autres. Le

partenariat est réel avec les institutions telles que l’éducation nationale et l’assurance maladie.

3. Les points faibles

La première faiblesse est le manque évident de visibilité. Une personne qui arrive dans le

département n’a pas forcément connaissance de ce capital d’expérience et des savoir-faire.

Comment rendre plus visibles les actions qui sont menées ?

Le manque de coordination est un deuxième point faible. Cette coordination repose sur la volonté

des acteurs de mettre en forme leur action commune et leur partenariat, sans trop de moyens

financiers.

II. Le dispositif de soins

1. Les caractéristiques

Il existe dans chaque centre hospitalier du département un dispositif fléché, lisible et bien répertorié

pour traiter : le CHU de Nîmes et deux cliniques privées, le centre hospitalier d’Alès et deux

cliniques privées, le centre hospitalier de Bagnols avec deux cliniques privées également, le centre

hospitalier spécialisé d’Uzès et l’hôpital local du Vigan.

On trouve des équipes de liaison en addictologie sur les trois pôles de Nîmes, Alès et Bagnols-sur-

Cèze, qui sont des équipes assez réduites mais très mobilisées et efficaces, et un centre de post-cure

spécialisé dans le traitement des patients alcooliques.

Au niveau de l’ambulatoire, nous avons la chance d’avoir deux centres de cure ambulatoires en

alcoologie dans le département du Gard, l’un qui est géré par le CHU de Nîmes et l’autre par

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 40

l’ANPAA 30. Le CHAA de l’ANPAA 30 a pu mettre en place, avec l’incitation de la tutelle, un

maillage départemental sur des zones non pourvues du département.

Nous avons un autre centre de soins spécialisé en alcoologie et addictologie qui est géré par une

association du nord du département, qui s’appelle Le Vigan Interaide et qui propose, dans le cadre

d’un véritable travail partenarial, l’accueil des patients ayant des problématiques d’alcool.

Dans le Gard, il existe un réseau fort ancien sur Alès et un réseau sur Le Vigan qui a permis la

création de ce centre de soins.

Enfin, il y a un réseau d’associations d’entraide fort dynamique avec une très bonne représentation

des Alcooliques Anonymes sur les principales villes du département et dans certains villages. Sont

présentes également la Croix Bleue et Vie libre, qui a aussi un réseau étoffé d’adhérents.

2. Les points forts

Les points forts sont une connaissance réciproque des acteurs et un travail de réseau formalisé : des

conventions existent entre l’ANPA, les CHU et les cliniques privées.

3. Les points faibles

Il reste du travail à faire dans la liaison avec la psychiatrie publique en particulier.

Les moyens pour l’ambulatoire sont insuffisants. Par exemple, notre file active sera supérieure à

1 000 patients pour le CCAA de l’ANPA pour 2006.

Dernier point faible, des chaînons sont manquants : dans le dispositif d’aide, nous manquons

d’hébergements, d’appartements thérapeutiques. Et puis il y a un gros travail de sensibilisation des

médecins généralistes qui connaissent bien le dispositif à 30 %. Je vous remercie.

Etat des lieux dans le département de Hérault

Mme Meïssa NEKAACCAA Montpellier

Je travaille au CCAA de Montpellier, au CHU de Montpellier à l’unité de traitement des

toxicodépendances et au CHU de Nîmes au CAA.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 41

I. Le dispositif de prévention

1. Les acteurs et les actions

Sur Montpellier, nous sommes nombreux à travailler, à la fois le centre hospitalier et le CCAA. Au

niveau de la prévention, nous avons dans le cadre du CCAA une équipe d’infirmières qui vont dans

les CHRS rencontrer les publics défavorisés.

Nous avons aussi beaucoup d’actions de formation dans les entreprises, entre autres la TAM.

Nous avons aussi mis en place dans le cadre de la prévention un travail en direction des familles

d’accueil d’enfants qui étaient placés par la justice, qui ont souvent des parents qui ont un problème

addictif. On s’aperçoit que peu d’actions sont menées pour la prise en charge des parents. On place

les enfants, mais on ne traite pas la « source ». Ces enfants retournent les week-ends chez leurs

parents qui continuent à s’alcooliser. Il nous paraissait intéressant de rencontrer ces familles, de

mettre en place une formation pour qu’elles connaissent mieux la maladie alcool et de voir ce qui

pourrait être mis en place pour le suivi de ces enfants.

Nous travaillons en collaboration avec la justice et nous prenons en charge les personnes qui ont des

obligations de soins. Ces personnes viennent au centre pour avoir un suivi au niveau psychologique

et au niveau médical si besoin est.

Nous essayons aussi de mettre en place des formations et du soutien technique pour des personnes

relais. C’est surtout ce qui est fait du côté de l’alcoologie libérale. Nous avons la chance d’avoir sur

l’Hérault une activité libérale d’addictologie qui est bien présente.

2. Les points forts

Le partenariat ANPAA – hôpital fonctionne plutôt bien. Est en place depuis plus d’une année un

groupe de travail sur « alcool et grossesse », d’où mon intérêt pour l’atelier de ce matin.

Le réseau libéral est actif, mais non formalisé et peu développé. Nous essayons de travailler en

réseau avec les médecins libéraux car, comme la demande est importante, il faut pouvoir travailler

en relais.

Nous travaillons aussi beaucoup avec les équipes techniques de la DSD et, au niveau libéral, une

cellule a été mise en place avec des psychologues, des infirmiers et d’anciens malades qui tournent

dans différentes antennes pour apporter une information.

3. Les points faibles

Les points faibles sont la difficulté de répondre à toutes les demandes et le manque de moyens.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 42

II. Le dispositif de soins

1. Les acteurs et les actions

Les centres hospitaliers de Montpellier et de Béziers ont chacun des unités d’addictologie. Nous

avons aussi différentes cliniques avec lesquelles nous travaillons énormément. Nous avons

également un espace santé dans l’hôpital local de Lunel et un territoire de santé Ganges-Le Vigan.

Dans les centres de post-cure, nous retrouvons Notre-Dame de la Rouvière du Vigan dans le Gard,

St Pons de Sommières, La Canourgue en Lozère, le Château du Boy en Lozère, Font-Romeu dans

les Pyrénées-Orientales. En matière de centres de soins ambulatoires, nous avons un seul CCAA à

Montpellier. Le CCAA a mis en place différentes antennes à Sète, Pézenas, Clermont-l’Hérault et

Bédarieux, une consultation à la prison, des infirmières qui interviennent dans les CHRS et un

travailleur social qui intervient dans les CCAS. Le réseau existe : il est fragile, mais il est actif.

2. Les points forts

Les points forts sont des acteurs dynamiques et une offre diversifiée (libérale et hospitalière).

3. Les points faibles

Les points faibles sont un dispositif fragile parce qu’il n’est pas toujours formalisé, un manque de

coordination, un manque de transparence (on se posait la question de créer une sorte de petit livret

avec les coordonnées des différents intervenants), des difficultés de liaison avec les services de

psychiatrie publique, un manque de lits important, un manque de lien entre l’hôpital et la ville. De

fait, les médecins généralistes sont débordés : il n’est pas toujours évident de les intéresser. Je vous

remercie.

Etat des lieux dans le département de la Lozère

Mme Magali VIALADirectrice de l’ANPAA de la Lozère

I. Le dispositif de prévention

1. Les acteurs et les actions

Deux acteurs sont principalement identifiés comme intervenant directement dans le domaine de la

prévention des addictions et notamment du risque alcool : l’ANPAA et le comité départemental

d’éducation pour la santé. Néanmoins, de nombreux acteurs peuvent mener ou être impliqués dans

des actions et de nombreuses collaborations sont entreprises avec les structures sanitaires, les

associations d’insertion et les collectivités territoriales entre autres.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 43

Au niveau de l’ANPAA, la prévention se fait auprès des jeunes, mais une attention toute

particulière est portée à la formation d’adultes relais, notamment dans la communauté éducative,

mais également auprès de professionnels intervenant dans le champ médicosocial, afin de

pérenniser les actions de prévention.

Les interventions en entreprises existent, mais elles restent encore marginales. Nous avons du mal à

mobiliser les entreprises, surtout lorsqu’elles sont petites et qu’elles n’ont pas de CHSCT.

L’ANPAA intervient aussi dans l’animation d’un réseau addictologie créé en 2004.

Le comité départemental d’éducation à la santé participe aux actions de prévention en partenariat

avec l’ANPAA. Il anime des collectifs de professionnels, notamment autour du tabac, et il participe

aussi au réseau addictologie en animant des groupes de travail et en collaborant notamment sur la

méthodologie pour l’évaluation ou pour l’animation.

2. Les points forts

Les programmes sont élaborés avec les acteurs et avec les partenaires institutionnels, notamment

avec l’éducation nationale qui est notre partenaire privilégiée, mais aussi avec les services de la

justice.

L’intégration de la prévention dans la dynamique de réseau mise en place en 2004 facilite

l’articulation entre soins et prévention.

Nous avons bon maillage territorial : le petit nombre d’acteurs nous oblige à être présents sur tout le

département, même s’il reste des zones difficiles à atteindre du fait de l’éloignement géographique.

3. Les points faibles

Le petit nombre d’acteurs impliqués dans la prévention est le principal point faible du dispositif.

Les autres points faibles sont la difficulté de mobiliser les entreprises et le manque de moyens

financiers pérennes.

II. Le dispositif des soins

1. Les acteurs et les actions

Le centre hospitalier de Mende travaille sur le sevrage et l’orientation des patients. Un service de

soins de suite et de réadaptation dépendant du centre hospitalier général de Mende propose

d’accueillir les patients sevrés à l’hôpital en consolidation de sevrage. Le centre hospitalier

spécialisé de St Alban a une unité spécialisée de sevrage et de cure pour les patients dépendants

alcooliques présentant des troubles psychiatriques associés.

Le département compte deux centres de post-cure : le centre de soins spécialisé du Boy et le centre

de soins spécialisé Ste Marie à La Canourgue qui a la particularité d’accueillir des femmes et leurs

enfants.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 44

En matière de centres de soins ambulatoires, nous avons un CCAA et un CSST qui sont tous les

deux gérés par l’ANPAA 48. Ils proposent l’accompagnement médico-psychosocial des patients, ils

gèrent aussi un centre méthadone et ils proposent des consultations jeunes consommateurs.

2. Les points forts

Premier point fort, l’offre est recentrée sur un petit nombre d’acteurs, ce qui facilite la collaboration

entre les structures.

La dynamique de réseau mise en place en 2004 facilite les temps d’échange et de réflexion entre les

professionnels et vise à améliorer les modes de coopération entre les structures. Cette dynamique de

réseau est intéressante aussi parce qu’elle associe la prévention et le soin, les services de la justice

et l’éducation en général.

3. Les points faibles

Il manque des acteurs impliqués dans le domaine de la cure. Nous avons un service hospitalier qui

accueille des patients pour des sevrages et des cures, mais qui n’a pas de service spécialisé dans ce

champ-là. C’est un maillon manquant, qui nous oblige à nous adresser hors du département.

Il manque également des appartements thérapeutiques et des hébergements spécifiques.

Il est nécessaire d’améliorer les modes de collaboration entre centre hospitalier général et centre

hospitalier spécialisé, avec les difficultés d’orientation des patients qui présentent des troubles

psychiatriques associés ou des troubles du comportement.

L’implication de certains professionnels, libéraux notamment, fait défaut. De fait, il est difficile

d’impliquer les médecins généralistes dans la prévention et dans le soin pour les personnes

alcooliques. Cette difficulté vient aussi du manque de médecins.

La prise en charge des addictions est à renforcer en milieu pénitentiaire. Même si nous sommes

présents régulièrement en maison d’arrêt, nous avons peu de temps à consacrer à ces personnes. Je

vous remercie.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 45

Etat des lieux dans le département des Pyrénées-Orientales

Michel MEVELANPAA des Pyrénées-Orientales

I. Le dispositif de prévention

1. Les points forts

Le principal point fort du dispositif de prévention dans le département est le plan départemental de

prévention des addictions, avec un partenariat très large qui associe :

• le CODES qui prend toutes les références des établissements scolaires qui sont intéressés par la

prévention (les interventions dans les classes de 6ème

et de 2nde ont été initiées à l’origine par les

services de la DDASS, elles ont été mises en place depuis 2002 et, depuis, elles se poursuivent

malgré les aléas et le manque de pérennité des moyens) ;

• l’éducation nationale qui fait un travail énorme, avec les services de santé scolaire ;

• le Conseil général ;

• les mairies de Perpignan, Céret et Prades ;

• La police, la gendarmerie nationale, les douanes ;

• La mutualité, etc.

C’est un vaste programme. Il repose sur des interventions de 6 heures par classe, avec 1 heure à

1 heure 30 de rencontre avec les parents et 1 heure de bilan. On commence au mois d’octobre et on

termine, suivant les aléas de l’année, au mois de mai-juin.

2. Les points à développer

Il faut maintenir le dispositif existant, le développer en réponse aux demandes des établissements

scolaires, intégrer des nouveaux partenaires, faire du lien dans la cité (former des relais au sein des

quartiers en lien avec les intervenants sur place et avec une assistance technique) et développer la

formation en entreprise (nous sommes actuellement sur un projet sur la Ville de Perpignan).

II. Le dispositif de soins

1. Les acteurs et les actions

L’offre hospitalière est représentée par l’hôpital St Jean de Perpignan avec une addictologie de

liaison qui sera sûrement réorganisée parce que l’addictologie de liaison a tendance à faire de

l’ambulatoire étant donné que les médecins généralistes ont l’habitude d’adresser systématiquement

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Montpellier, le 20 novembre 2006 46

à l’hôpital. L’hôpital de Thuir nous offre quelque chose de prodigieux, qui fonctionne très bien au

niveau des publics précarisés : le module d’accueil et d’orientation du Dr Alezra, qui fait des

consultations avancées dans les CHRS et avec qui l’on travaille en partenariat. Ce module est

cofinancé par l’Etat, le Conseil général et la mairie de Perpignan. La clinique de Théza a un

programme d’abstinence qui fonctionne sur 4 semaines.

En matière de centre de post-cure, nous avons le centre de Val Pyrène à Font-Romeu, qui est dirigé

par le Dr Gomez.

S’agissant des centres de soins ambulatoires, nous sommes passés des consultations avancées

d’alcoologie aux consultations avancées d’addictologie. C’est un travail qui se fait en soirée mais

aussi entre midi et deux.

Etre repéré et repérable implique un travail régulier, aux mêmes jours et aux mêmes heures. Nous

avons des consultations avancées d’addictologie après des CHRS et des centres d’hébergement sur

place.

Nous avons aussi les mouvements néphalistes qui sont nombreux aujourd’hui et qui font un travail

complémentaire autour de la personne qui a des problèmes d’alcool.

2. Les points faibles

Le réseau des médecins généralistes est à développer. C’est l’une des missions du CCAA.

Les lieux ressources existants doivent être développés également. Nous avons des services de

gastroentérologie qui sont très performants. Quand nous discutons avec eux, ils sont tout à fait

intéressés. Je trouve qu’au-delà de l’intérêt, il s’agit de réintégrer dans ces services la personne

ayant des problèmes d’alcool dans une prise en charge tout à fait classique. Je pense à la clinique La

Roussillonnaise et à la clinique Médipole.

Autre point faible, les prises en charge hospitalière sur Prades et Céret avec un hôpital local sur

Prades et une clinique sur Céret.

S’agissant du maillage au niveau du département, nous avons des problématiques de prise en charge

en ambulatoire. Nous travaillons en partenariat avec le centre de post-cure de Val Pyrène et

l’ANPA. Nous allons développer tout ce réseau de prise en charge ambulatoire avec les médecins

généralistes et les intervenants sociaux. En plus, nous attendons pour 2010 le centre hospitalier

transfrontalier de Puigcerda. Il faut que nous soyons prêts à ce moment-là, de manière à étudier la

prise en charge transfrontalière sur le plateau cerdan. Je vous remercie.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 47

Synthèse régionale et annonce de la restitution des ateliers

Pr Jean-Louis BALMESCHU de Nîmes

Le Languedoc-Roussillon est dans le peloton de tête non seulement pour les consommateurs à

risques, mais aussi pour la consommation par tête d’habitant : nous dépassons la région Nord-Pas-

de-Calais. Nous sommes dans un environnement socioculturel et économique particulier, avec une

pression démagogique et électoraliste aboutissant à des non sens et desservant finalement la filière

vitivinicole. C’est donc un problème de santé publique.

L’implantation du dispositif en Languedoc-Roussillon a été soutenue par les tutelles, mais le

maillage est insuffisant au niveau sanitaire et médicosocial. Il n’y a pas de politique d’établissement

en particulier au niveau des soins. Il y a un gros problème : la filière psychiatrique n’a rien à voir

avec la filière addictologique, les liens entre les deux sont difficiles. Il y a 20 % de comorbidité

psychiatrique mais 80 % des personnes n’ont pas de comorbidité psychiatrique.

La prévention demande une coordination et surtout une modification des conditions de

financement. C’est l’un des points à faire remonter. On ne peut pas faire de la prévention sur des

financements à un an.

Enfin, les groupes d’entraide sont assez hétérogènes. Ils sont présents dans le Languedoc-

Roussillon, ils sont à soutenir, à former et à renforcer.

Le maillage dans le Languedoc-Roussillon est caractérisé par l’hétérogénéité des situations et les

inégalités d’accès à la prévention et aux soins sur le territoire.

Je voudrais insister sur la lisibilité insuffisante du dispositif. A quoi sert de faire de la prévention si

l’on ne sait pas à qui adresser les personnes à risques ?

Deuxièmement, il ne faut pas diaboliser les alcooliques. En fait, le public est constitué des

personnes à risques qui représentent entre 17 et 18 % de la population du Languedoc-Roussillon. La

prévention doit s’attacher aux consommateurs à risques et non pas à l’alcoolique.

Les propositions de notre groupe de travail mettent en avant la lisibilité (au lieu de mettre le code

du débit des boissons, afficher les tableaux d’équivalent verre dans les lieux de consommation), la

nécessité d’une information fiable, claire et partagée dans le recueil des données (l’item alcool n’est

pas une entrée pour les données épidémiologiques), l’amélioration de la lisibilité du dispositif vis-à-

vis du grand public mais aussi des professionnels, le besoin de formation, la prise en compte de la

problématique alcool-addiction, la sensibilisation des différents groupes à risques, la pérennisation

nécessaire des financements dans la prévention et dans le soin, la connaissance fine de la couverture

géographique en matière de prévention, de repérage et de soins, une coordination des acteurs de

prévention vers un consensus vers des référentiels communs.

Nombre de ces éléments ont été écrits avant la proposition de la circulaire sur l’addiction qui vient

d’être rendue publique. Pour améliorer la cohérence et la pertinence, le groupe de travail proposait

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Montpellier, le 20 novembre 2006 48

un groupe régional d’addiction auprès de la Conférence régionale de santé pour apporter son

expertise en termes de stratégie et de politique. Je vous remercie.

M. Jacques ARTIERES, CPAM de Montpellier

Sur les indicateurs, nous avons vu tout à l’heure dans les différents tableaux les décès liés à l’alcool,

mais ils n’apparaissent pas dans le Statis qui nous a été remis. Je crois que ce sont des chiffres assez

marquants : c’est une piste de travail.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Il est vrai que ce n’est pas repris dans les statistiques officielles. M. Ledésert, où avez-vous trouvé

les éléments que vous nous avez présentés en début de séance ?

Dr Bernard LEDESERT

Les données sur les décès sont issues de la base de données sur les causes médicales de décès. Elles

sont accessibles sur le site internet de la FNORS. Mais il est vrai que l’on a un problème pour relier

un certain nombre de décès à l’alcool. Un travail avait été fait dans les années 95, et c’est sur celui-

ci que l’on se base quand on dit qu’il y a 40 000 décès liés à l’alcool en France. Il faut sans doute

réactualiser ces données. Je sais que l’OFDT a prévu de s’y atteler dans son programme de

travail 2007.

Dr Pascal POSSOS, médecin alcoologue libéral

Je voudrais parler au nom des médecins libéraux qui manquent dans le dispositif. Quand je me suis

installé, j’ai demandé une valorisation de l’acte puisque je travaille dans un cabinet de psychiatrie et

je me demandais comment je pourrais vivre en faisant des consultations de 20 à 30 minutes avec un

C de spécialiste. On m’a répondu que ce n’était pas possible. J’ai également demandé que l’accès

aux soins soit hors coordination parce qu’un certain nombre de malades viennent me voir sans

passer par leur médecin généraliste. La CPAM m’a répondu que c’était impossible. Je ne vois pas

comment vous pourrez impliquer les médecins généralistes dans le dispositif s’il n’y a pas des

mesures spécifiques qui sont prises pour valoriser leur action et leur participation.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Ce problème dépasse largement le problème de l’alcool : c’est la place des médecins généralistes

dans les réseaux, dans la coordination, dans les actions de prévention.

M. Michel MEVEL, ANPA 66

Les gens qui ont des problèmes d’alcool font partie de la clientèle des médecins généralistes. Je

crois qu’il faut apporter une aide à ces patients et les prendre en charge pendant les périodes

difficiles où le médecin généraliste ne pourra pas continuer à les suivre. Nombre de médecins

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Montpellier, le 20 novembre 2006 49

généralistes disent qu’en tant que médecin de famille, ils sont les moins bien placés pour prendre en

charge une telle problématique qui implique des relations, des rôles, des problèmes familiaux.

Un intervenant

Je voudrais que l’on retienne que le médecin généraliste et tous les intervenants de terrain ont des

interventions brèves. Envisagez-vous un jour d’arrêter de boire ? Cela ne prend pas 30 minutes,

mais l’on sait que poser cette question diminue de 50 % la consommation. Il faut former les

médecins et les intervenants de premier accueil. Il ne faut pas se centrer uniquement sur les

alcooliques. Cela ne représente que 3 % de la population alors qu’il y a 17 % de gens qui sont juste

en amont et sur lesquels on peut intervenir.

Mme Béatrice ROUGY, directrice de la santé au Conseil régional

Je ne sais pas si le Dr Terral est encore là, mais il disait « l’alcool n’est pas un problème, c’est une

solution ». En fait, les chiffres que nous a donnés B. Ledésert ont fait apparaître le lien entre la

question de la précarité de l’emploi, des catégories socioprofessionnelles et le problème de

l’alcoolisation, ainsi que le lien entre l’alcoolisation des parents avec celle des enfants. On n’a peut-

être pas suffisamment réfléchi aux questions d’environnement social et familial qui sont impliqués

dans les consommations d’alcool.

Pr Henri PUJOL

Tout à l’heure, je faisais une remarque par rapport à d’autres maladies que l’alcoolisme. Vous

n’avez pas prononcé le mot, mais je m’excuse, ce que vous décrivez est une maladie qui entraîne la

souffrance de la personne, de son entourage, mais aussi d’autres familles. En 2001, je présidais une

Conférence régionale de santé. Du matin au soir, on a entendu des cris terribles de personne qui

avaient perdu leurs enfants sur la route. On ne se remet jamais de tels drames. Je voudrais

interpeller mon ami Balmès. Il avait raison, mais il y a dix ans je ne l’avais pas compris. Un jour, je

lui ai confié une personne qui était vraiment dépendante et il m’a dit « s’il ne veut pas, il ne guérira

pas ». Cela m’a terrifié. Il est vrai qu’un travail énorme est à faire en amont.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Plusieurs intervenants ont parlé de lisibilité du dispositif. Je voudrais que l’on précise ce que cela

veut dire. Faut-il faire connaître les structures existantes ?

Un intervenant

Je me fais le porte-parole du groupe de travail. Lorsque j’ai commencé mes études médicales,

quand un malade avait un cancer, la consigne était surtout de ne pas lui en parler. Quand les centres

anticancéreux se sont mis en place et que l’on a parlé du cancer, on a commencé à faire de la

prévention parce que l’on savait où était la limite. Tant qu’il n’y aura pas dans l’espace sanitaire de

soin d’une maladie alcoolique l’affichage « service d’alcoologie-addictologie », les médecins

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Montpellier, le 20 novembre 2006 50

généralistes ne sauront pas où adresser les malades. Ils les adressent à des psychiatres. Je n’ai rien

contre la corporation psychiatrique, mais 80 % des malades ne les concernent pas.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Merci pour cette précision.

Un intervenant

Je ne vois pas apparaître dans cet état des lieux quelque chose qui nous manque cruellement autour

de Montpellier, je veux parler des services d’hospitalisation en amont et en aval des post-cures.

Un intervenant

Cela pose le problème du SROS MCO et SSR. Actuellement, les troubles de la mémoire, les

troubles des comportements sont l’un des gros problèmes qui nous gênent dans la prise en charge de

ces malades. On se demande si, dans le premier mois, on peut travailler avec eux et s’il ne faudrait

pas attendre un ou deux mois avant de commencer à faire une psychothérapie. Ces centres

n’existent pas. Ils sont dans la circulaire qui va paraître sous forme de soins SSR pour troubles

cognitifs et comportementaux. Le Languedoc-Roussillon a constitué un groupe de travail sous

l’égide de l’ARH, la DRASS et l’URCAM dans lequel sont prévus des lits relais. Quand ce volet

addictologie passera-t-il en SROS MCO et SSR ? Le dossier est prêt. Il est dans un tiroir à l’ARH.

La circulaire demande qu’il soit inscrit pour cette année ou l’année prochaine en avenant sur les

SROS.

Dr Ramon GOMEZ, directeur du centre de post-cure de Font-Romeu

Dans le rapport que j’ai lu, je n’ai rien vu sur le coût. On dit que la santé n’a pas de prix, mais elle a

un coût. Il est peut-être intéressant de savoir combien coûte l’alcool (accidents, arrêt de travail,

etc.), pour le mettre en regard du coût du dispositif de prévention et de soins.

Dr Bernard LEDESERT

Je n’ai pas d’élément sur les coûts. Des travaux essayent d’évaluer le coût d’un certain nombre de

pathologies. On sait par exemple que le coût du tabagisme est nettement supérieur aux rentrées

financières liées aux taxes sur la vente des tabacs. Je crois que le coût de l’alcoolisme en France est

nettement supérieur à ce que l’alcool rapporte au niveau économique. Mais ce n’est pas une raison

pour passer à un discours prohibitionniste. En revanche, on peut montrer le poids que l’alcool a

dans la mortalité prématurée. On sait que l’alcool est un facteur très important de mortalité

prématurée.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 51

M. Jean-Paul ROMARIN, DRASS Languedoc-Roussillon

En 2004, le coût social de l’alcoolisme a été estimé à 17 milliards d’euros, soit 1,42 % du PIB. Sans

commentaire.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Nous allons passer à la restitution des ateliers de ce matin.

Atelier « Alcool et grossesse »

Dr Philipe FABREANPAA du Gard

J’ai été pendant 20 ans médecin libéral. Donc, je connais bien le monde du médecin généraliste. Les

médecins ont beaucoup de pression, ils ne veulent pas être addictologues, mais par contre ils sont

les dépositaires de la misère des citoyens. Ils ont les 20 % des malades addictifs dans leur cabinet.

Ils veulent bien participer, ils veulent être respectés, mais ils ne veulent pas être dépositaires de

méthodologies lourdes. Ils sont d’accord pour des interventions brèves, mais ils ne veulent pas d’un

travail énorme de prise en charge.

Dans l’atelier, nous étions moins d’une dizaine de personnes, mais les participants étaient très

motivés et très qualifiés en addictologie. Le sujet « alcool et grossesse » montre bien le paradoxe de

l’alcool. La thématique « alcool et périnatalité » au sens large représente à elle seule la léthargie de

notre société. Ce sujet a été emblématiquement ignoré par tout le monde. Cet atelier insiste pour

que l’on reconnaisse enfin la toxicité de l’alcool.

La première reconnaissance est de recueillir les consommations déclarées d’alcool. Pour cela, on a

décidé de faire passer ce message à travers un conseil minimal dans un questionnaire beaucoup plus

large sur l’hygiène et la santé de la grossesse, le but étant surtout de ne pas stigmatiser une

population. Le Dr Balmès l’a dit, évitons de stigmatiser une population ou une sous-population. Les

femmes n’ont pas à porter le chapeau du déni de la collectivité. Le moment privilégié, c’est le plus

tôt possible. On n’est pas obligé d’attendre une loi qui nous dise : c’est au 4ème

mois de grossesse

qu’il faut faire passer un questionnaire dans un entretien de 45 minutes que pratique la sage-femme.

Il est proposé que le premier intervenant qui va suivre une grossesse soit habilité selon une

codification particulière à faire passer cet entretien et à recueillir les consommations déclarées, afin

de pouvoir trier les simples consommations. Le syndrome d’alcoolisation fœtale ne représente que

la partie émergée de l’iceberg. La toxicité neurocomportementale est une petite bombe à

retardement. S’il y a eu des consommations qui étaient moins importantes que les consommations

chroniques, il y a un risque non négligeable de troubles neurocomportementaux chez l’enfant à

devenir dans la petite enfance jusque dans l’adolescence. 10 à 20 % des enfants et des adultes

jeunes qui seraient dans des IMP, des IMPro ou dans des CAT seraient victimes de la toxicité liée à

l’alcoolisation de la mère. Une loi a été votée sur l’affichage de toutes les boissons alcoolisées :

c’est une bonne chose pour tout le monde.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 52

La deuxième recommandation concerne le suivi des grossesses qui présentent ce risque. L’atelier

propose d’avoir un référent en milieu obstétrical : ce référent suivrait de façon privilégiée les

femmes avec des grossesses à problèmes. Il prendrait la mesure, il ferait l’interrogatoire et le suivi

et il organiserait le suivi au milieu de services spécialisés en lien avec l’addictologie et l’alcoologie.

Ces propositions doivent maintenant être mises en forme et discutées.

Pr Henri PUJOL

Ce que vous avez dit est très clair et très convaincant. Pour la femme enceinte, faut-il préconiser la

tolérance zéro ?

Dr Philip FABRE

C’est le message que fait passer le conseil minimal.

Un intervenant

Ce message a un peu de mal à passer et la société française d’alcoologie en est un peu responsable.

Si un bébé qui vient de naître ne peut pas prendre d’alcool, a fortiori il ne peut pas en prendre avant

de naître. Or, dans notre imaginaire, c’est la femme qui boit et l’on ne comprend pas que c’est le

fœtus qui boit. Peut-être aurait-on dû faire passer ce message : dès le premier jour, il ne faut pas

mettre d’alcool dans le biberon.

Pr Henri PUJOL

Vous avez très bien compris où je voulais en venir. On a l’habitude des doses. Par exemple, on va

dire qu’un verre de vin le matin et un autre le soir ne font pas de mal. Là, vous êtes clair : les

femmes enceintes ne doivent pas boire du tout d’alcool.

Un intervenant

Je rajoute que, quand une femme enceinte n’a que 0,50 gramme d’alcool par litre de sang, le bébé

lui a la même concentration par litre de sang mais pour un poids bien moindre.

M. Jean-Pierre RIGAUX

L’information est-elle bien connue des professionnels ? Ce message est-il délivré dans le cursus de

formation des infirmières et des médecins ?

Dr Philip FABRE

Ce matin, dans l’atelier, un praticien hospitalier en gynécologie obstétrique au CHU de Montpellier

nous disait qu’il avait organisé une réunion avec des praticiens. Sur les 15 praticiens qui étaient

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Montpellier, le 20 novembre 2006 53

présents, 3 seulement ont dit qu’ils préconisaient la consommation zéro d’alcool pendant la

grossesse.

Pr Henri PUJOL

On pourrait faire la une du Midi libre demain avec ces chiffres.

Philip FABRE

Il faut le dire sans stigmatiser cette population de femmes enceintes parce que ce sont elles qui

portent la vie. Comme nous avons un inconscient collectif, nous allons essayer de prouver la

toxicité de l’alcool par la petite porte que représente le fœtus : je crois que le pari est difficile.

Un intervenant

Nous avons travaillé sur les médecins gynécologues, les sages-femmes, le personnel infirmier, tous

étaient à peu près au courant, mais seulement deux ou trois arrivaient à en parler et les autres le

faisaient toujours avec le petit sourire du verre de vin bitterrois. Il y a toujours cette restriction « oui

mais, quand même un peu ».

Il faut également parler de la dose d’angoisse, de culpabilité que ressent une femme quand elle

apprend qu’elle est enceinte alors qu’elle a fait la fête le week-end précédent. Donc, le message doit

être clair et formel, mais la consommation d’alcool chez la femme enceinte ne provoque pas à tous

les coups des malformations fœtales.

Je voudrais apporter une nuance concernant les études faites dans les CAT : ce n’est pas 20 %, mais

80 % de problème d’exposition fœtale à l’alcool chez les enfants. C’est donc un problème majeur,

dont on n’a pas pris conscience.

Atelier « alcool, jeunes et fêtes»

Olivier PUECHMédecin inspecteur à la DRASS Languedoc-Roussillon

Si l’on n’avait que quelques mots à dire, on pourrait dire qu’il s’agit pour nous d’accompagner et de

réduire les risques en ciblant les populations.

Accompagner et réduire les risques parce que l’on ne délivre pas comme l’atelier précédent un

message d’interdiction totale de l’alcool pendant les fêtes car on sait bien que cet objectif est

illusoire. En revanche, nous ne sommes pas non plus dans le déni. Nous nous adressons à ces 17 %

de la population qui ne sont pas alcooliques mais qui boivent pendant les fêtes et pour lesquels on

pourrait faire quelque chose.

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Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon

Montpellier, le 20 novembre 2006 54

Comment accompagner le risque ? On pourrait l’accompagner avec une guidance des adultes : les

adultes doivent montrer l’exemple. On pourrait aussi travailler sur le sens de l’ivresse : pourquoi

ces jeunes ont-ils des conduites d’alcoolisation qui les mènent à l’ivresse ? Un travail également

devrait être fait sur les rites d’intégration et sur la recherche d’autres rites d’intégration que ceux qui

s’appuient sur l’alcoolisation. Il faut aussi réduire les risques au niveau des conduites sexuelles et

les risques routiers.

Il faut cibler les populations les plus jeunes. On a cité l’exemple d’élèves qui sont en internat dans

des lycées, qui sont livrés à eux-mêmes le mercredi après-midi et qui, parfois, rentrent dans des

états d’alcoolisation avancés. Plus l’alcoolisation est précoce, plus elle est grave et surtout, plus elle

ouvre la voie à d’autres types de pratiques addictives. Les autres populations à risques sont les

étudiants, les jeunes filles et les sportifs. Il est avéré que les sportifs, surtout s’ils pratiquent un sport

en club et à un haut niveau, ont des consommations d’alcool assez élevées.

Dr DUHAMEL, chef de service de gastroentérologie à Béziers

Vous avez écrit « pas d’interdiction » : je ne comprends pas très bien.

Dr Olivier PUECH

Dans les manifestations sportives ou festives, on ne peut pas proscrire l’alcool. Le phénomène

alcool existe, il faut le limiter et l’accompagner.

Dr DUHAMEL, chef de service de gastroentérologie à Béziers

Quand vous voyez un adulte qui entraîne des enfants de 13 ans au foot le dimanche et qui leur

propose de la bière en fin de match, je me pose la question de « pas d’interdiction ».

Dr Olivier PUECH

Nous sommes d’accord. L’aspect sportif, c’est différent. C’est vrai qu’il y a des buvettes et que le

sport est souvent le lieu d’une consommation d’alcool, mais on retombe à ce moment-là sur

d’autres dispositifs qui sont des dispositifs légaux qui interdisent les buvettes sur les stades. Cette

interdiction n’est malheureusement pas respectée.

Une intervenante

Vous avez dit que l’alcool faisait partie des rites d’initiation. Il faut être vigilant avec les jeunes en

particulier qui pratiquent la poly-intoxication. Il faut prendre le problème alcool à bras le corps,

mais il faut veiller à que le jeune ne se tourne pas vers d’autres produits stupéfiants.

Pr Henri PUJOL

Nous avons la chance d’avoir dans cette salle des grands témoins, mais aussi des adultes jeunes.

Comment réagissent-ils vis-à-vis de ce problème ?

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Montpellier, le 20 novembre 2006 55

Mme CRUZ Monique, Croix bleue

On ne peut pas interdire l’alcool aux enfants. Nous sommes intervenus plusieurs fois dans des

collèges et des lycées. Les élèves traversent la rue, rentrent dans un bar, boivent une bière et vous

font un bras d’honneur. Nous avons trouvé préférable, plutôt que d’interdire l’alcool, de leur parler

de tout ce que l’alcool pourra leur apporter : des maladies, des accidents en moto, etc.

Pr Henri PUJOL

Non seulement on ne peut pas leur interdire, mais le programme national nutrition santé dit qu’un

verre de vin matin et soir n’est pas mauvais.

Un intervenant

Je ne suis ni témoin qualifié ni jeune. Concernant l’alcoolisation des jeunes, il faut prendre en

compte le phénomène de déplacement de symptôme : si l’on supprime une conduite addictive, on

risque d’en faire apparaître une autre. Je crois qu’il ne faut pas interdire aux jeunes l’accès à

l’alcool, mais il faut rappeler à ceux qui vendent de l’alcool leurs responsabilités. L’intervention de

la force publique devrait être plus soutenue. Après, une question nous dépasse peut-être mais, en

tant qu’adultes, nous devons nous la poser. Cette conduite addictive manifeste un malaise de la

jeunesse. La conduite que la dame de la Croix bleue décrivait me paraît tout à fait raisonnable : il

faut alerter les jeunes sur les risques qu’ils prennent. Mais cela ne nous dédouane pas, en tant

qu’adultes, d’essayer de leur offrir une société qui ne les emmène pas dans ces errances.

Dr Patrick GRESLE

Le hic en matière de prévention chez les jeunes est le suivant. Lorsque les adultes ont un discours

sur l’alcool, ils se focalisent sur les risques et quand les jeunes parlent d’alcool, ils parlent de

plaisir. C’est comme si, pour parler de sexualité, on parlait d’abord des maladies vénériennes.

Mme Karen ASNAR, Mutuelle des étudiants

Je ne suis pas là en tant que porte-parole, mais comme je travaille beaucoup avec les populations

étudiantes et jeunes en général, je faisais partie du groupe « jeunes et alcool ». Il est vrai que l’on a

fait le distinguo entre la consommation d’alcool qui est liée à la fête et qui ne pose pas vraiment de

problème. De temps en temps, on va un peu trop loin, on est un peu malade et puis voilà. Ce n’est

pas vraiment cela le problème principal parce que la consommation d’alcool dans tous les cas sera

là et il n’y a pas d’intérêt non plus pour la construction de la personne d’enlever la totalité des

risques liés à la vie de la jeunesse. La question qui se posait était d’accompagner ces jeunes dans la

prise de risque, dans la réduction des risques autour de la sécurité routière, de la sexualité, etc. Le

discours doit être assez clair là-dessus. On n’est pas contre la consommation d’alcool plaisir, on

n’est pas contre la consommation d’alcool qui est un vecteur de socialisation. Par contre, il y a une

partie problématique sur le discours que l’on doit tenir et l’image que l’on doit avoir notamment par

rapport aux associations étudiantes qui construisent tout un dispositif d’intégration autour de la

consommation d’alcool. Il faut essayer d’autres alternatives intéressantes là-dessus.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 56

Mme Béatrice ROUGY

Ne serait-il pas utile dans notre région de tradition viticole forte d’élaborer un guide du bien boire,

qui permettrait de valoriser une campagne de prévention autour du plaisir ? La proposition du

Dr Balmès d’obliger les débits de boissons à afficher les équivalents de verre d’alcool est très

bonne : comment se fait-il que l’on n’y ait pas pensé plus tôt ?

Un intervenant

Une réflexion est conduite dans notre région sur ce point puisque nous sommes une région viticole.

Je pense que quelque chose va se construire autour de ce que vous proposez.

M. Richard PAYONNE, délégué régional de l’ANPAA

Il existe une très grande différence, Madame, entre votre intervention et celle qui précède. Avec

celle qui précède, je suis entièrement d’accord. Le problème, c’est l’accompagnement de

l’expérience du risque pour les jeunes, quel que soit le type de risque. Le rapport risque - plaisir est

quelque chose que nous vivons tous comme adultes. Nous savons qu’à tout plaisir est associé un

risque et qu’à toute prise de risque est associé du plaisir. C’est parce que nous avons fait cette

expérience, que nous nous sommes construits dans ce rapport entre le risque et le plaisir que nous

pouvons continuer à vivre en prenant du plaisir à vivre sans être dans des situations de dépendance.

Pour les jeunes, quel que soit le type de risque, c’est pareil. Mon fils a 17 ans. Cela fait deux mois

qu’il a une moto et il en est à son deuxième accident. J’ai le choix entre lui confisquer la moto ou

l’accompagner. L’accompagnement me semble beaucoup plus formateur. Il se trouve que je suis

motard moi aussi. Je considère que l’expérience qu’il va faire s’il dépasse la difficulté qu’il a

actuellement sera formatrice pour la suite. Par contre, je suis tout à fait opposé à un guide du bien

boire. Un tel guide revient en fait à une incitation du monde des adultes à boire, à une valorisation

du boire : c’est contradictoire avec les valeurs de la santé publique. Accompagner les jeunes dans

leur expérience du boire n’a rien à voir avec un guide du bien boire.

Dr Jean-Louis BALMES

Pour avoir travaillé avec des jeunes sur le sens de la fête et avoir travaillé sur la régulation des férias

et du carnaval, non seulement à Béziers et à Nîmes mais aussi aux Antilles où il y a des rituels, je

voudrais dire qu’aux urgences on voit des adolescents qui arrivent ivres, pour des raisons

différentes. Un certain nombre se sont fait piéger mais ce n’est pas la majorité. Une grande partie de

ces jeunes se retrouvent dans des situations personnelles en grande difficulté ou en crise. Ce n’est

pas la simple ivresse du samedi soir. Une ivresse de temps en temps peut se comprendre, mais une

ivresse tous les samedis manifeste le signe d’un malaise plus profond.

Par ailleurs, la consommation d’alcool est un problème de santé publique. Nous voyons des

hépatites alcooliques chez des jeunes filles de 16 à 18 ans, nous voyons des Korsakov à 26 ans. Et

ce sont des gens qui font la fête simplement. Je pense qu’il est intéressant de travailler sur le sens de

l’ivresse ou sur le sens de la fête. Le guide du bien boire ne s’adresse pas à ces gens-là. 80 % des

gens savent à peu près comment on boit bien. Ce sont les autres qui sont en danger.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 57

Dr Philip FABRE

Les adultes doivent montrer l’exemple. Dans notre région, les fêtes alcoolisées sont nombreuses et

nous en sommes tous conscients. Puisque ce sont les adultes qui font le choix de la distribution de

boissons, sans être dans la répression, il faut guider cette distribution de boissons. Qu’en est-il des

vignettes que l’on donnait pour les autorisations de buvettes de boissons ? Qu’en est-il des prix qui

sont pratiqués ? Les alcools sont achetés dans les supermarchés et sont revendus à moins d’un euro

le verre de pastis. Il faut être conscient de tout cela et ne pas être dans le déni. Il appartient aux

adultes de régler eux-mêmes leurs problèmes de distribution de boissons. Ensuite, on informe les

jeunes et effectivement on restera dans un monde ouvert.

Un intervenant

Je ne suis pas directeur régional de la jeunesse et des sports, mais puisque vous avez évoqué le

problème de la consommation de boissons alcoolisées sur les lieux sportifs, je voudrais faire la

remarque suivante. Très souvent, les clubs équilibrent leur budget parce qu’ils ouvrent la buvette.

Très souvent aussi, lorsque des jeunes organisent une fête, l’équilibre se fait avec la vente d’alcool.

Il y a peut-être une responsabilité des collectivités territoriales, de l’Etat qui, lorsqu’ils financent

une structure sportive peuvent édicter un certain nombre de règles.

Dr Ramon GOMEZ, Font-Romeu

C’est un véritable problème de santé publique. Je confirme ce que disait le Dr Balmès. Nous voyons

de plus en plus de patients jeunes avec des atteintes lourdes. Cela nous fait réfléchir.

Je voudrais aborder la question du marketing des alcooliers. Les alcooliers ont trouvé des stratégies

de marketing très agressives pour les jeunes. Je pense aux bières fortes et aux boissons prémix qui

peuvent contenir jusqu’à 8 % d’alcool, mais qui sont très douces au goût. Je pense aussi à la

sponsorisation de fêtes d’élèves. Il faut empêcher ces gens-là, par un durcissement du cadre

législatif, de mettre toute cette stratégie en place et nous de notre côté nous devons imposer un

marketing de l’alcoologie avec des stratégies qui soient attirantes pour les jeunes et qui contrent un

peu les stratégies de ceux qui font la promotion de l’alcool.

Une représentante de l’association ALANON

L’association ALANON regroupe des familles et amis de malades alcooliques. Je suis interpellée

par le statut de la boisson alcool. N’importe qui peut aller acheter de l’alcool dans une épicerie ou

un supermarché. Combien de malades alcooliques sont angoissés à l’idée d’aller faire des courses,

parce que les bouteilles d’alcool sont à la portée de la main. Aujourd’hui, un jus de fruit est vendu

plus cher qu’un verre de vin. Je n’entends pas parler de cette vente libre d’alcool, qui fait qu’à

n’importe quel moment un malade alcoolique peut acheter un produit toxique et mortel pour lui.

Une intervenante

Cela pose le problème des épiceries de nuit. On sait bien que les jeunes, la nuit, quand ils ne savent

pas quoi faire, achètent de l’alcool dans une épicerie ou dans une station-service. Il faut inclure cet

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Montpellier, le 20 novembre 2006 58

aspect dans cette réflexion sur les jeunes et l’alcool. Limiter cette capacité à se procurer de l’alcool

la nuit, c’est peut-être aussi réduire les risques d’accident causés par l’alcool.

Un intervenant

La vente d’alcool dans les stations-services est interdite de 22 heures à 6 heures du matin.

Atelier « Alcool et travail »

Michel MEVEL et Dr Patrick GRESLE

M. Michel MEVEL

J’ai demandé à M. Greslé de venir avec nous parce que, ce matin, il a fait une introduction

magnifique sur le monde du travail actuel, que j’aurais été totalement incapable de vous restituer.

Nous avons eu un certain nombre de personnes qui représentaient les mouvements néphalistes, un

représentant des Mastodontes du travail de la SNCF qui nous a parlé d’une expérience très

intéressante au niveau de la SNCF, un représentant de la sécurité sociale en service prévention qui

nous a fait une révélation tout aussi extraordinaire et nous avons terminé par une conclusion sur le

travail actuel par l’un des ténors du travail à la DRTEFP.

Dr Patrick GRESLE

Il a été dit ce matin qu’il n’y avait pas assez d’entrepreneurs ou de personnes du monde du travail

pour témoigner de leur souci au quotidien. A partir des expériences de la SNCF et du témoignage

d’un inspecteur du travail, il est apparu que les situations étaient très hétérogènes suivant la taille

des entreprises et suivant la manière dont elles pouvaient s’équiper ou non de structures spécifiques

de prévention et que la consommation d’alcool n’avait aucun lien avec la pénibilité du travail qui a

toujours existé, mais qui a peut-être changé de nature et de qualité. Le plus petit dénominateur

commun à ces situations disparates est le fait d’inscrire l’alcool comme risque professionnel dans

les entreprises, soit de l’inscrire dans les règlements intérieurs des entreprises, soit de sensibiliser

les DRH ou les CHSCT. Les hôpitaux sont un no man’s land : le problème de l’alcool à l’hôpital

que ce soit pour les patients hospitalisés ou pour les soignants est rarement évoqué. Pourquoi ne pas

promouvoir l’hôpital sans alcool comme on a promu l’hôpital sans tabac ? L’idée est lancée.

Plus concrètement, il est apparu qu’il y avait un gros problème au niveau de la prévention. La

prévention, c’est bien, mais à qui adresser les personnes en difficulté ?

Dr Anne NARBONI

L’éducation nationale a deux équivalents temps plein de médecins de prévention qualifiés en

médecine du travail pour 50 000 personnels. On ne peut pas dire qu’il n’y en ait pas. En revanche, il

est vrai que le décret de 82 modifié en 95 qui prévoit une visite au moins quinquennale ne peut pas

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Montpellier, le 20 novembre 2006 59

être totalement appliqué en l’état actuel. M. le recteur est très soucieux de la prévention en direction

des jeunes. Le plan prioritaire cette année était « académie sans tabac ». J’ose espérer que ce ne sera

jamais « académie sans alcool », parce que pour rejoindre les propos de plusieurs intervenants, dans

ce domaine la prohibition peut être aussi dangereuse et faire le lit d’autres addictions (cannabis,

cocaïne, crack…). Nous sommes toujours confrontés au même problème. On interdit dans

l’enceinte de l’établissement, mais que font les jeunes à proximité ?

Dr Patrick GRESLE

Le problème est souvent contourné (je prends l’exemple d’un centre AFPA) en faisant gérer le bar

de manière associative.

On s’est rendu compte que l’évolution des contrats de travail rend la prévention en entreprise

beaucoup plus complexe et difficilement réalisable. On se retrouve avec une population en contrats

précaires, qui est souvent en situation difficile.

Une intervenante

Je suis aussi à titre professionnel agent hospitalier. Je voudrais signaler qu’au CHU de Montpellier,

une campagne a été faite pour promouvoir l’hôpital sans alcool. A la cafétéria, les boissons

alcoolisées ont été supprimées. Est-ce légal ou non ? Je ne sais pas. Les personnels peuvent toujours

aller à la station-service du coin chercher leur petite dose, station-service qui est d’ailleurs à côté de

l’hôpital psychiatrique.

Dr Patrick GRESLE

Le code du travail stipule que l’on ne peut pas admettre l’alcool sur les lieux de travail sauf le vin,

la bière, le poiré et l’hydromel. Il faudrait peut-être le mettre à jour ! Par ailleurs, sur les boissons

servies à l’hôpital, une circulaire de 1958 prévoit une dose qui ne doit pas dépasser 25 cl de vin par

repas. Cette règle serait peut-être aussi à revoir.

Un intervenant

Pour rebondir sur votre proposition sur les panneaux d’affichage qui me semble tout à fait

intéressante, il y a un petit couac en région Languedoc-Roussillon où 85 % des entreprises sont des

TPE de moins de 10 salariés, sans représentant du personnel, sans CHSCT et souvent sans

panneaux d’affichage. Ensuite, les visites médicales du travail ont été espacées et ne sont plus

obligatoires que tous les deux ans sauf pour les métiers à risque. Enfin, si le code du travail permet

l’accès de certains alcools, c’est toujours avec l’accord du chef d’entreprise : donc, là aussi, il y a

une responsabilité qui doit être partagée.

Un intervenant

J’étais dans la commission et il se trouve qu’en Midi-Pyrénées, par rapport aux TPE, la stratégie ne

peut pas être la même. nous essayons d’obtenir la reconnaissance du risque alcool dans la liste des

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Montpellier, le 20 novembre 2006 60

risques professionnels, ce qui donne à la prévention en entreprise une porte d’entrée qui soit autre

que la morale, les chefs d’entreprise devant rendre des comptes sur les dispositions qu’ils ont prises

par rapport aux risques professionnels.

Un intervenant

Je sais qu’actuellement il vaut mieux que les pilotes d’avion embarquent avec un taux d’alcoolémie

égal à 0. Les conducteurs de train quant à eux ne doivent pas dépasser 0,50 gramme d’alcool par

litre de sang. Voilà des exemples complètement disparates qui sévissent actuellement.

Dr Patrick GRESLE

Je reviens sur l’hôpital sans alcool, car je crains d’avoir été mal compris tout à l’heure. Je dis

qu’instituer des lieux d’interdiction est un facteur qui fait diminuer la consommation et que, si on

l’a fait pour le tabac, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire pour l’alcool.

A ce titre, deux travaux ont été effectués. L’un a été mené dans les hôpitaux. Les malades à qui l’on

donne de l’alcool sont, pour beaucoup, des malades à qui le médecin prescrit de l’alcool. En tête

arrivent les orthopédistes, les anesthésistes, les cardiologues et les gynécologues. Vous avez des

entreprises dans lesquelles les employés portent un révolver à la ceinture. Cela s’appelle les

commissariats de police. Il y a des choses à dire aussi.

Une intervenante

Il me paraît important que les médecins du travail soient formés. Pour travailler en réseau avec

certains, je peux témoigner que la question de l’alcool n’est pas toujours abordée au moment des

visites médicales.

Un intervenant

Comment des personnes qui arrivent dans nos services en état très dégradé sont-elles toujours

insérées dans le monde du travail alors qu’elles ont manifestement un problème d’alcool, visible

même par une personne qui n’est pas formée ? Nous nous sommes posé cette question par rapport à

la médecine du travail.

M. Eric CECCO, Direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle

Je suis intervenu dans ce groupe. Il est vrai que, s’agissant de l’alcool en entreprise, la situation est

très complexe. La première situation est celle de l’usage d’une machine dangereuse pour

l’utilisateur, pour ses collègues voire pour le public. Deuxième sujet, dans les grandes entreprises,

les restaurants qui sont des lieux de consommation d’alcool sont gérés par les représentants du

personnel puisque cela fait partie des œuvres sociales. Quand on aborde la prévention sur ce champ,

les représentants du personnel sont réticents car ils ont en ligne de mire le résultat aux élections

professionnelles. Nous avons également le cas où l’alcool peut être un risque professionnel dans

certaines professions où les repas avec la clientèle sont courants, où des caisses de vins sont offertes

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Montpellier, le 20 novembre 2006 61

en cadeau. Nous avons aussi tout ce qui est festif, initiatique, de décompression. J’ai connu le cas

de petites équipes de travail réunies autour de projets très exigeants, qui après allaient décompresser

sur le lieu de travail et commençait une soirée très arrosée dans l’entreprise. On ne peut aborder

cette question de la prévention de l’alcool en entreprise qu’en prenant en compte toutes ces

caractéristiques liées à des réalités très différentes. Enfin, quand on parle de précarité et de

consommation d’alcool, n’oublions pas que les contrats précaires sont des contrats légaux. On peut

donc se poser la question de la régulation dans l’utilisation de ce type de contrat dans l’impact

qu’ils peuvent avoir sur les conditions de vie des salariés.

Pr Henri PUJOL

Je suis non pas déçu, mais un peu surpris que les jeunes qui sont dans la salle ne prennent pas la

parole. Exprimez-vous. Vous vous exprimerez après le dernier atelier.

Atelier « Alcool et seniors »

Nathalie CHIOTTIDirectrice du centre d’information régionale sur les drogues et les dépendances

Nous étions un petit groupe de huit personnes et, pour enrichir notre réflexion, nous nous sommes

inspirés de données issues d’un travail réalisé par le réseau gériatrique du Nord du Dr Jacques

YGUEL. Je vais reprendre quelques chiffres clés qui ont été commentés au sein du groupe. 10 à

15 % des personnes âgées présentent des conduites problématiques de consommation d’alcool, ce

qui a été confirmé par certaines associations au niveau du groupe. Certains ont même dit que ce

chiffre était minimisé, du fait que les personnes qui interviennent à domicile auprès des personnes

âgées font très peu remonter cette problématique d’alcool. On parle peu de l’alcoolisation chez les

personnes âgées.

Selon une enquête réalisée auprès des professionnels par ce réseau, 98 % déclarent rencontrer des

problèmes d’alcoolisation dans leur clientèle, mais 88 % disent cependant ne pas l’avoir évoqué par

la personne. Ces chiffres ont été confirmés également au sein du groupe.

L’autre constat est le manque de lisibilité des différents acteurs pouvant intervenir dans ce domaine

après des personnes âgées.

Nous avons formulé plusieurs recommandations :

• sensibiliser sur le sujet par des campagnes nationales et la création d’un numéro vert que les

personnes âgées, mais également les familles pourraient appeler pour avoir des informations sur

l’alcoolisation des personnes âgées ;

• sensibiliser à un niveau local en facilitant le repérage des ressources les professionnels de 1ère

ligne (aide à domicile, auxiliaire de vie), les médecins généralistes, les gériatres, les urgentistes

(on a observé que l’hospitalisation peut révéler un problème d’alcoolisation chez la personne

âgée et être le point de départ d’une démarche pour la prise en charge de cette personne âgée) ;

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Montpellier, le 20 novembre 2006 62

• rendre lisible le système de soins et valoriser les groupes d’entraide ;

• enfin réaliser une enquête sur la prévalence du problème d’alcool chez les personnes âgées en

Languedoc-Roussillon.

Une représentante de l’association ALANON

Plusieurs fois, j’ai eu au téléphone des mamans de 85 à 90 ans qui se sentaient en danger parce que

leur fils buvait, cassait tout chez elles et qu’elles ne savaient pas à qui s’adresser. Je leur ai suggéré

de s’adresser à la police et à l’assistante sociale. En tant qu’association, le handicap le plus

important est justement le manque d’information sur le réseau. On ne sait pas qui sont les bons

interlocuteurs quand on a besoin de diriger les personnes en difficultés. Là, j’ai parlé de personnes

âgées, mais je pourrai aussi parler de mamans en danger.

Mme Marie PERRIN-LACOUR, conseillère technique en travail social à la DRASS

Je suis frappé par l’absence d’éléments qui mettent en avant que, pour aider une personne

alcoolique, il faut aussi travailler sur l’accompagnement psychologique de la personne et de son

entourage. Ce qui ressort des groupes est la prise en compte de l’aspect médical, mais il faudrait

aussi travailler sur le lien avec les autres acteurs de la société, y compris avec la police. On ne peut

pas traiter le problème de l’alcool que sur le plan du sanitaire.

Mme Nathalie CHIOTTI

Il a été évoqué dans le groupe de travail l’intérêt d’avoir des personnes relais au sein des différentes

institutions, qui puissent former les personnes de terrain dans les associations et dans les

établissements à cette problématique.

Une intervenante

Les CCAA font une prise en charge médico-psychosociale, car la maladie alcool nécessite une prise

en charge globale.

Un intervenant

Sur « alcool et séniors », le chiffre de 15% est sans doute sous-estimé. La violence subie par les

personnes âgées est importante et des enquêtes réalisées dans des foyers de gens âgés repèrent que

parfois 20 % de la population rentre dans ces foyers pour se mettre à l’abri des enfants qui boivent

et qui sont violents.

Au niveau des urgences, on ne pense pas à la consommation d’alcool et on a tendance à confondre

les effets de l’alcool avec ceux de la prise de médicaments. Un chiffre a été avancé : 50 % des

personnes âgées qui sont hospitalisées auraient un problème avec l’alcool. Ce chiffre me paraît

énorme. On n’a aucune idée de la prévalence en Languedoc-Roussillon, mais cela a à voir aussi

avec les personnes âgées qui sont battues par leurs enfants ou leurs petits-enfants. C’est un

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Montpellier, le 20 novembre 2006 63

problème énorme qui est complètement occulté. Il faut essayer de connaître la prévalence en

Languedoc-Roussillon : les chiffres sont entre 15 et 35 % des sujets âgés.

Michèle

Je suis alcoolique et je suis abstinente. D’abord, je voudrais vous dire que je suis très touchée

d’entendre parler d’alcool comme j’en entends parler aujourd’hui ici. Je suis très contente que l’on

considère enfin l’alcoolisme comme une maladie. Même si pour vous tous ici c’est une évidence, il

faut savoir que, quand on boit dans son coin tout seul, ce n’est pas du tout évident que l’on est

malade. Donc je vous remercie pour cela.

J’ai beaucoup aimé ce que le Dr Fabre a dit à propos de la jeune femme enceinte qui boit et qu’il

n’est pas question de stigmatiser et sur laquelle il ne faut pas faire reposer la responsabilité de

quelque chose qu’elle ne maîtrise pas.

Ensuite, on a parlé des jeunes et j’ai entendu : les jeunes s’ennuient, ils sortent du collège et ils vont

acheter des packs de bière à la grande surface.

Ensuite, j’ai entendu parler de gens dans le travail qui étaient sous pression et qui, pour

décompresser, organisaient une soirée alcoolisée sur le lieu de travail.

Maintenant, j’entends parler de personnes âgées qui boivent seules à la maison, qui sont sans doute

battues, qui vivent dans des situations extrêmement précaires et dans une détresse que l’on ne peut

pas mesurer ici.

Je pense que l’on doit faire très attention tous à ce que l’on va mettre en place. Il ne faudrait pas que

cela reste des pensées. Ce qui se passe est très grave et l’on doit mettre en place des moyens très

importants, bien plus importants que ce que l’on peut imaginer. Sensibiliser par des campagnes, il

faut le faire, parce qu’on ne doit rien négliger, mais à mon avis, il faudra aller plus loin que cela.

Merci.

Un intervenant

Cela fait plus de 25 ans que je travaille en alcoologie et enfin, depuis peu, on arrête de tenir un

discours sur les personnes âgées sur le mode « à l’âge qu’il a, laissez-le mourir tranquille avec son

alcool ». Enfin, on tient des discours qui redonnent aux personnes âgées leur dignité par rapport à

ces problèmes. Ils ont droit à de la prévention, ils ont droit à du soin, ils ont droit à des recherches

spécifiques. Ce qu’a dit le Professeur Balmès est tout à fait vrai. La plupart des personnes admises

en maison de retraite sont des personnes qui ont subi de la maltraitance de leur famille et de leurs

proches et qui subissent aussi de la maltraitance par les soignants dans ces institutions. En plus, ils

n’ont pas droit à la prévention et aux soins spécifiques dans les domaines de l’alcoologie. Cela

suffit ! Cela me fait plaisir que cet atelier ait eu lieu. Cela me fait très plaisir que vous ayez des

recommandations sur ce domaine et que l’on considère enfin les personnes âgées comme ayant des

droits comme tous les autres citoyens.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 64

Un intervenant

Je voudrais réagir à la proposition faite par la dame tout à l’heure sur le guide du bien boire. Il faut

faire une distinction entre le plaisir procuré par le goût et le plaisir procuré par les effets de l’alcool.

Je pense que, quand les jeunes boivent, ils recherchent surtout les effets de l’alcool plus que le

plaisir du goût.

Synthèse du débat et restitution

Pr Henri PUJOLPrésident de la Conférence régionale de santé

Merci pour ce témoignage. Je voudrais rapidement présenter une synthèse de ce que j’ai entendu.

Quand je dis que l’alcoolisme est une maladie, ce n’est pas du tout dévalorisant. Ce n’est pas un

défaut d’être malade. Si on n’appelle pas maladie une conduite qui tue, disons que c’est un drame.

J’ai retenu aussi l’importance de ce problème, qui est d’un périmètre assez extraordinaire. C’est un

problème médical, social, psychologique, d’où la difficulté à le saisir.

Je retiens également la motivation des acteurs. Je félicite non seulement les professionnels dont

c’est le rôle, mais également ceux qui ont pris la parole en tant qu’associatifs. Je trouve que les

associations doivent être respectées et soutenues. Il me semble que les témoignages que nous avons

entendus ont grandement contribué à l’atmosphère de ce débat qui a été de grande qualité. Il n’y a

pas eu d’invectives, il y a eu des échanges et il y a eu une convergence sur la nécessité d’aller plus

loin.

Enfin, on peut regretter qu’il n’y ait pas assez de communication sur ces problèmes et pas assez

d’interconnexion avec des acteurs qui sont très motivés et qui ont besoin d’être soutenus. Je pense

que c’était le rôle de la Conférence régionale de santé de proposer aux services de l’Etat d’entrer

encore davantage dans ces questions et de voir comment tous les acteurs peuvent être réunis pour

une meilleure efficacité. Bien entendu, vous me direz que ceux qui ont fait l’effort de venir passer

l’après-midi sont motivés, mais il me semble que si les services de l’Etat utilisent bien cette

dynamique, on peut aller plus loin.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Mme Fabre va résumer les recommandations que nous devons remonter au niveau national pour

contribuer à la réflexion nationale des états généraux du 5 décembre prochain.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 65

Dr Christine FABREGrès Médiation Santé

Je vais vous présenter une synthèse à partir des mots que j’ai entendus tout au long de la journée et

qui sous-tendent les recommandations que vous avez faites. La conférence cet après-midi a été

introduite par les notions de vision globale de la question et de dimension culturelle. Je pense que

l’on a retrouvé cette dimension tout au long de l’après-midi, avec le travail qui est à faire sur le sens

des conduites alcooliques. On a abordé aussi d’emblée la question du déni de la consommation

abusive et de la maladie alcool. On a retrouvé tout au long de l’après-midi cette notion de déni qui

est ressortie très souvent dans les recommandations sous la forme d’information. La question de

l’information, la visibilité du problème lui-même ressort de façon importante. Une autre dimension

qui ressort est celle de la non stigmatisation des publics. Les publics ont été identifiés sous

différentes approches. On est rentré dans le sujet par une approche populationnelle : les jeunes, les

adultes, les personnes âgées. On a parlé en filigrane des publics en situation de précarité. Bien sûr, il

a été évoqué le fait que la région Languedoc-Roussillon est particulièrement touchée par le

problème de consommation abusive d’alcool, de maladie alcoolique mais aussi de comportements à

risques.

L’état des lieux a mis en évidence des points communs entre les départements, mais aussi des

disparités. Les départements s’avèrent assez disparates en termes de couverture de soins, en termes

de dynamique de réseau et en termes de couverture territoriale. On a évoqué quelques zones qui

étaient relativement découvertes : un travail est probablement à faire autour de ces territoires. Les

points communs entre les départements sont la nécessité de rendre beaucoup plus visibles les

acteurs. L’information sur le problème, la visibilité des acteurs entre eux et la visibilité des acteurs

vis-à-vis des populations ressortent comme des manques dans les quatre ateliers et dans la

présentation de l’état des lieux. La question du partenariat est aussi une question complexe. On voit

bien que, dans la plupart des départements, le partenariat existe. Il a commencé à se structurer.

Parfois il est très abouti avec des conventions, ce qui est tout à fait intéressant. Mais dans cette

grande variation de partenariats, il y a des acteurs qui ne sont pas présents, mais qui sont essentiels :

notamment les médecins généralistes et les psychiatres.

Dans les comptes rendus des ateliers, ont été ciblées les questions directes auprès de la population :

le dépistage pour les femmes enceintes et l’alcool, mais aussi le suivi. Au sujet des jeunes, on a

abordé une notion que l’on n’a pas du tout abordée ensuite : la notion de réduction des risques. Je

pense que c’est une notion complexe, mais qui a du sens sur le thème de la prévention des conduites

à risques au niveau de l’alcool, avec la notion d’accompagnement et de rôle des adultes vis-à-vis

des jeunes. On a évoqué aussi la place de la famille dans l’atelier « personnes âgées ». On ne l’a pas

beaucoup abordée dans les autres ateliers, mais je pense que c’est une question importante. Cela

revient en fait à la vision globale de la maladie, comme l’avait évoqué M. Pujol en ouvrant les

travaux. Cela renvoie aussi aux conséquences sanitaires et sociales de ce problème de

consommation abusive d’alcool. On a aussi abordé la question des moyens. On n’a pas beaucoup

parlé de coût. Plusieurs acteurs professionnels ont dit qu’il était nécessaire, à la fois pour les actions

de prévention et pour le dispositif de soins, de pouvoir disposer de moyens pérennes.

Pour finir, la question de l’hébergement a été abordée : les possibilités d’hébergement font défaut

dans le dispositif. Cela montre bien que la prévention des maladies liées à l’alcool est à

l’articulation du sanitaire et du social et qu’il est d’un grand intérêt de prendre la question de façon

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Montpellier, le 20 novembre 2006 66

globale, comme l’a dit plusieurs fois le professeur Balmès, dans une approche sanitaire et sociale.

Merci beaucoup.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Je vous remercie pour cette synthèse et je vous félicite de l’avoir faite à chaud. Je peux témoigner

qu’elle n’était pas préparée à l’avance. Il faudra mieux la formaliser car nous devons l’envoyer

avant la fin de la semaine au ministère.

Pr Jean-Louis BALMES

Je suis à côté des membres du jury qui ont été tirés au sort. Il est logique de leur demander en

quelques mots ce qu’ils pensent.

Un membre du jury

Apparemment, nous sommes trois. Pour nous, je trouve que cela a été assez mal organisé parce que

l’on nous a demandés de venir à 13 heures 15. Nous sommes venus pour participer à une réflexion

sur le problème de l’alcool, mais nous n’avons pas participé du tout à la réflexion. On ne nous

donne que les résultats de la réflexion. Donc automatiquement nous n’avons pas grand-chose à dire,

nous avons l’impression d’arriver comme un cheveu sur la soupe. Je pense aussi que l’on n’a pas

abordé le problème de la honte liée à l’alcool et le fait que ce soit un sujet tabou pour les gens. Mais

bon, pour avoir une réflexion maintenant, c’est peut-être un peu tard.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Sur votre première interrogation, la moitié de la salle est dans le même état que vous. La moitié de

la salle n’a pas participé aux ateliers.

Un membre du jury

Je ne suis pas très spécialisé dans les questions d’alcool. Je connais beaucoup de séniors. En

général, ils ne boivent pas tellement d’alcool.

Les gens ont toujours bu et ils continueront à boire. On ne pourra pas l’empêcher. Que l’on essaye

de limiter les dégâts de l’alcool, c’est très bien, mais il ne faut pas se faire d’illusions. Au moment

de la prohibition aux Etats-Unis, les gens se battaient pour une bouteille ! Et les cas comme celui-là

sont légion. Limiter les dégâts, qui sont également des dégâts économiques. Il reste à savoir

combien coûte à l’Etat et à la sécurité sociale les soins et tout ce que cela peut entraîner par derrière.

Donc, il y a des tas de problèmes qui se posent, mais d’un autre côté, il y a des ressources fiscales et

des ressources salariales qui sont indéniables. Finalement, il y a une contradiction permanente entre

la nécessité de supprimer l’alcool et l’impossibilité de le faire.

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Montpellier, le 20 novembre 2006 67

Pr Henri PUJOL

Nous connaissons cette problématique dans la vie politique, culturelle, économique. Tout le monde

veut la paix universelle, mais on n’y arrive pas. Il faut donc que nous ayons la modestie de savoir

que nos travaux ne feront avancer les choses que petitement. Personne parmi nous ne pensait qu’en

une après-midi, on changerait l’alcoolisme en Languedoc-Roussillon ou en France. Mais je crois

que sont ressorties des compétences et des bonnes volontés pour aller un peu plus loin.

M. Jean-Pierre RIGAUX

Pour clôturer cette journée, je voudrais remercier les professionnels qui ont participé aux ateliers ce

matin et qui nous ont restitué leurs conclusions, les associations de bénévoles qui ont joué tout leur

rôle de porte-parole, les rapporteurs qui ont fait un travail de synthèse remarquable, le professeur

Balmès qui a animé le comité de pilotage et le professeur Pujol. En tant que Président de la

Conférence régionale de santé, vous avez bien voulu accepter l’ouverture de la Conférence à ce

débat. Ce n’était pas évident. Je pense que l’expérience est intéressante. Il faudra sans doute

réfléchir à d’autres thèmes à évoquer dans ce cadre. En tout cas, nous allons faire remonter ces

recommandations au niveau du ministère. Je vous remercie d’avoir contribué à faire avancer un

problème difficile de prévention qui entre tout à fait dans le cadre des politiques régionales de santé

que nous entendons conduire en région.

Compte-rendu rédigé par la société Ubiqus – 04 91 71 20 45 – www.ubiqus.fr

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Montpellier, le 20 novembre 2006 68

Nous vous signalons que nous n’avons pu vérifier l’orthographe des noms suivants :

Béatrice ROUGY .................................. 48, 55

Dr Alezra..................................................... 45

Dr Eagle ...................................................... 61

Eric CECCO................................................ 60

Jacques ARTIERE ...................................... 30

Jean ASSENS.............................................. 17

Karen ASNAR ............................................ 55

M. Billy ....................................................... 18

Marie PERRIN-LACOUR .......................... 62

Mme CREUSE............................................ 54

Mme Stoebner-Delbarre................................ 7

Mme VASCO ............................................. 15

Monsieur CRAUSTE.................................. 13

Olivier LEBAY........................................... 24

Pascal POSOS............................................. 47

Richard PAILLONNE................................. 55

Robert Crauste ............................................ 15