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9 décembre 2013 La bonne tenue des Crus Bourgeois 2011 Après toute une série de péripéties juridiques, la mention "Cru Bourgeois", qui date pourtant du XIIe siècle, vient d'être sauvée. Cette ancienne distinction bordelaise, qui hiérarchise une partie des vins du Médoc, risquait tout simplement de disparaître sous les coups de boutoir de la pointilleuse réglementation européenne sur l'étiquetage. Il a fallu de toute urgence sauver le soldat Bourgeois en créant une complexe procédure d'agrément des vins qui puisse résister aux attaques judiciaires des recalés (voir nos éditions du 17 septembre dernier). Le premier millésime concerné est le 2008, dont la liste a été publiée en septembre 2010. Ont suivi 2009 et 2010, deux millésimes de grande envergure, l'un gourmand à souhait, l'autre plus austère, dont malheureusement plus une seule bouteille n'est disponible sur le marché. Le 2011 ne bénéficie pas de l'aura de ces deux prédécesseurs. La raison ? Si la floraison est précoce et très homogène, deux épisodes défavorables se succèdent : le temps se dégrade en juillet et le mois d'août s'avère précocement automnal. Heureusement, le beau temps revient en septembre et les vendanges, quoique fortement étalées, se déroulent sous le soleil. La liste des agréés de 2011 a été publiée en septembre dernier avec 256 crus bourgeois accrédités après de longues séances de dégustation à l'aveugle contrôlées par un organisme indépendant s'appuyant sur un contraignant cahier des charges. Rappelons que les exploitations candidates font auparavant l'objet d'une visite d'éligibilité. Les vins du millésime 2011 sont maintenant disponibles en bouteille et ont pu enfin être dégustés dans leur version définitive. Première constatation, il n'existe plus de "rossignols", et tous sont d'une qualité honorable : l'agrément fonctionne bien. La mention "cru bourgeois" est un signe de qualité et il est dorénavant possible de se fier au tout nouveau sticker. Le fait que le millésime considéré a été effectivement dégusté est un atout indéniable. Tous les autres classements sont basés sur des performances passées, mais ils ne donnent aucune garantie sur le millésime présent. Une redistribution des cartes Pourtant, tous les vins ne se valent pas. Autrefois, les crus bourgeois étaient classés en trois niveaux : les crus bourgeois, les bourgeois supérieurs et les exceptionnels. Pour parer au plus vite, la nouvelle réglementation ne s'est pas embarrassée de cette hiérarchisation. Cette démocratisation forcée permet cependant de rebattre les cartes, laissant de côté tous ceux qui n'ont pas jugé bon de participer à cette renaissance, et en particulier les crus exceptionnels d'autrefois. Une nouvelle élite se met en place.

Crus Bourgeois 2011 - Figaro - 9 décembre 2013

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Les vins du millésime 2011 sont maintenant disponibles en bouteille et ont pu enfin être dégustés dans leur version définitive. La mention "cru bourgeois" est un signe de qualité et il est dorénavant possible de se fier au tout nouveau sticker. Le fait que le millésime considéré a été effectivement dégusté est un atout indéniable.

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Page 1: Crus Bourgeois 2011 - Figaro - 9 décembre 2013

9 décembre 2013

La bonne tenue des Crus Bourgeois 2011

Après toute une série de péripéties juridiques, la mention "Cru Bourgeois", qui date pourtant du XIIe siècle, vient

d'être sauvée. Cette ancienne distinction bordelaise, qui hiérarchise une partie des vins du Médoc, risquait tout

simplement de disparaître sous les coups de boutoir de la pointilleuse réglementation européenne sur l'étiquetage.

Il a fallu de toute urgence sauver le soldat Bourgeois en créant une complexe procédure d'agrément des vins qui

puisse résister aux attaques judiciaires des recalés (voir nos éditions du 17 septembre dernier). Le premier

millésime concerné est le 2008, dont la liste a été publiée en septembre 2010. Ont suivi 2009 et 2010,

deux millésimes de grande envergure, l'un gourmand à souhait, l'autre plus austère, dont malheureusement plus

une seule bouteille n'est disponible sur le marché. Le 2011 ne bénéficie pas de l'aura de ces deux prédécesseurs.

La raison ? Si la floraison est précoce et très homogène, deux épisodes défavorables se succèdent : le temps se

dégrade en juillet et le mois d'août s'avère précocement automnal. Heureusement, le beau temps revient en

septembre et les vendanges, quoique fortement étalées, se déroulent sous le soleil.

La liste des agréés de 2011 a été publiée en septembre dernier avec 256 crus bourgeois accrédités après de

longues séances de dégustation à l'aveugle contrôlées par un organisme indépendant s'appuyant sur un

contraignant cahier des charges. Rappelons que les exploitations candidates font auparavant l'objet d'une visite

d'éligibilité. Les vins du millésime 2011 sont maintenant disponibles en bouteille et ont pu enfin être

dégustés dans leur version définitive. Première constatation, il n'existe plus de "rossignols", et tous sont d'une

qualité honorable : l'agrément fonctionne bien. La mention "cru bourgeois" est un signe de qualité et il est

dorénavant possible de se fier au tout nouveau sticker. Le fait que le millésime considéré a été effectivement

dégusté est un atout indéniable. Tous les autres classements sont basés sur des performances passées,

mais ils ne donnent aucune garantie sur le millésime présent.

Une redistribution des cartes

Pourtant, tous les vins ne se valent pas. Autrefois, les crus bourgeois étaient classés en trois niveaux : les crus

bourgeois, les bourgeois supérieurs et les exceptionnels. Pour parer au plus vite, la nouvelle réglementation

ne s'est pas embarrassée de cette hiérarchisation. Cette démocratisation forcée permet cependant de

rebattre les cartes, laissant de côté tous ceux qui n'ont pas jugé bon de participer à cette renaissance, et en

particulier les crus exceptionnels d'autrefois. Une nouvelle élite se met en place.

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