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BELGIQUE - BELGIE P.P. 1000 BRUXELLES 1 1/1836 BUREAU DE DEPOT BRUXELLES 1 bulletin trimestriel d’information du COTA asbl ISSN : 0773-5510 | COTA asbl 7, rue de la Révolution 1000 Bruxelles | N°115 • trimestriel • Juin 2007 / 3ECRIT PERIODIQUE | AUTORISATION DE FERMETURE 1000 BRUXELLES 1 | 1-1/340 | IMPRIMÉ À TAXE RÉDUITE #115 #115 ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE AU SUD

ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE AU SUD

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Page 1: ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE AU SUD

BELGIQUE - BELGIEP.P.

1000 BRUXELLES 11/1836

BUREAU DE DEPOT BRUXELLES 1

bulletin trimestriel d’information du COTA asblISSN : 0773-5510 | COTA asbl 7, rue de la Révolution 1000 Bruxelles | N°115 • trimestriel • Juin 2007 / 3€E

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ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE AU SUD

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La fin de la coopération

Considérant la multiplicité des pratiques, la variété mêmedes concepts, la diversité des histoires et des cultures quiles ont portés, on serait tenté de penser que la coopérationau développement a toujours appuyé l’économie sociale etsolidaire au Sud.

L’étiquette est neuve mais le principe est râpé pourrait-ondire… Mais à la réflexion, pas tellement car ce que cette“ nouvelle notion” remet au goût du jour, c’est le droit et lafaculté des citoyens à disposer d’eux-mêmes, sans inter-médiaire, c’est la revendication d’une répartition plus justedes biens et des ressources.

Or, on connaît la réalité des pratiques de partenariat, laplace réellement accordée à la participation des bénéfi-ciaires dans bon nombre de projets, les contraintes qu’im-posent les règles de financement, en particulierl’impossibilité pour les partenaires du Sud de gérer directe-ment les fonds alloués à leurs projets, la complexité desprocédures administratives… On est vraiment loin de l’au-todétermination et de l’autogestion.

L’engouement pour l’ESS a sans doute ceci d’intéressantqu’il va peut-être contribuer à changer lespratiques de coopération et même re-mettre en cause son existence. Car eneffet, au delà des définition et des typo-logies, ce qui se joue, c’est la reconnais-sance d’une pléiade de nouveau acteurs, de nouvelles pratiques, d’alter -natives, l’imposition d’une contestationtacite à toutes les formes d’ingérence…C’est un véritable contre-pouvoir qui esten train d’émerger aussi bien à l’échellelocale que globale. Le rôle et la légitimitédes acteurs ”conventionnels” de la coo-pération s’en trouveront nécessairementmodifiés.

Et si sous cette impulsion, on était finale-ment amené à ne garder de la coopéra-tion que l’aspiration à la solidarité ?

EDITEUR RESPONSABLECOLETTE ACHEROY7 RUE DE LA REVOLUTION 1000 BRUXELLES BELGIQUE

RÉDACTIONSTEPHANE BOULC’H[[email protected]]

GESTION DES ABONNEMENTSROSE MARTINEZ[[email protected]]

GRAPHISMEFREDERIC PIRON[[email protected]]

PHOTO COUVERTURESEAN SPRAGUE/PANOS PICT.

FORMULES D’ABONNEMENTANNUEL : 10 € [4 NUMEROS]ANNUEL PARRAINÉ : 7 € [ 4 NUMEROS]PRIX AU NUMERO : 3 €

POUR LES ÉCHANGES DE PUBLICATIONS, VEUILLEZCONTACTER LA RÉDACTION

COORDONÉES BANCAIRESDEXIA BD PACHECO 1000 BRUXELLESSWIFT-BIC : GKCCBEBB // IBAN : BE730682 1270 4960 //068-2127049-60

POUR LE PAYEMENT À L’ÉTRANGER, NE PAS ENVOYER DECHÈQUE, MAIS UTILISER LE MANDAT POSTALINTERNATIONAL OU LE VIREMENT DE COMPTE À COMPTE(FRAIS À VOTRE CHARGE)

COTA ASBL7 RUE DE LA REVOLUTION 1000 BRUXELLES BELGIQUETÉL. : 00 32 [0]2 218 18 96FAX. : 00 32 [0]2 223 14 [email protected] // WWW.COTA.BE

3 L’ÉCONOMIE SOCIALE AU SUD. DE QUOI PARLE-T-ON ?

9 LES RELATIONS ENTRE L’ÉCONOMIE SOCIALE BELGE ET LES PAYS DUSUD (G. DOYEN)

11 ECONOMIE SOCIALE ET ÉCONOMIE MONDIALE, POUR UN RENOUVEAUDES PARTENARIATS DE CO-DÉVELOPPEMENT ENTRE SOCIÉTÉS CIVILESD’EUROPE ET D’AFRIQUE… (B. GOFFINET ET M. TOTTÉ)

17 L’EMPODERAMIENTO DES FEMMES DANS L’ÉCONOMIE POPULAIRE ETSOLIDAIRE BOLIVIENNE

19 LE RÔLE DES ONGD DANS LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIESOCIALE ET SOLIDAIRE (P. VANDERHULST)

24 LES ENJEUX DE L’ÉCONOMIE SOCIALE EN GUINÉE CONAKRY (D. KABA)

26 CHRONIQUE DE LIVRES

32 FORMATIONS - ÉVÈNEMENTS

34 ON NOUS INFORME

35 APPEL À CONTRIBUTIONS

36 PUBLICATIONS RÉCENTES / SITE INTERNET

éditorial

� sommaire

ECHOS DU COTA est un trimestriel d’information qui suggère et analyse des alternatives technologiques et des savoir-faire pour susciter la réflexion, inspirer desexpériences, lancer des débats, influencer des projets de développement.

Le COTA est une ONG de coopération au développement reconnue par la Direction Générale de la Coopération au Développement (DGCD), active dansl’éducation et l’offre de services aux acteurs de la coopération : information, documentation, appui méthodologique, études-recherches, identification etévaluation d’interventions.

Le COTA est spécialisé dans les technologies et les méthodologies du développement.

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ECHOS DU COTA // 3

Même si la coopération internationale a redécouvertl’économie sociale (ES) et si le débat est aujourd’huitrès vivace sur son utilité et son apport spécifiquedans le développement, le concept demeure peu ré-pandu dans les pays du Sud. Il recouvre des réalitéset des pratiques très diverses selon l’époque ou lazone géographique à laquelle on se réfère.

On pourrait en effet faire remonter les origines de l’ES très loindans l’histoire humaine. Elles se confondent avec la lente émer-gence de la liberté d’association depuis l’antiquité. Encore au-jourd’hui, des colorations particulières ne cessent de sediversifier au fur et à mesure que de nouvelles préoccupationsapparaissent et mobilisent les « sociétés civiles ». Ainsi, lesmouvements écologistes et les promoteurs d’un développe-ment durable dans les deux hémisphères ont récemment com-mencé à faire naître dans leur sillage, de nouvelles coopérativeset des organisations d’entraide qui visent à mettre en pratiqueles principes de l’écologie via des activités de recyclage, uneexploitation équilibrée des ressources naturelles ou encore l’or-ganisation d’un tourisme socialement et écologiquement res-ponsable.Parce que les initiatives émanent souvent de groupes et decommunautés organisés à l’échelle locale, elles sont très mar-quées par leurs valeurs sociales, culturelles et religieuses. C’estflagrant dans les pays en développement, où une multituded’initiatives relèvent de l’économie informelle et sont, en dehorsde tout cadre juridique formalisé, façonnées par les schémasculturels et sociaux des acteurs. Dans les sociétés tradition-nelles, les liens d’appartenance, les relations de réciprocité, lespratiques solidaires sont très éloignées des rapports qui pré-valent dans des environnements capitalistes formalisés. Le re-nouveau d’une ES informelle en Afrique exprimerait d’ailleursselon certains un désaccord fondamental des populations avecles standards capitalistes véhiculés par la culture occidentale.

UNE TENTATIVE DE DÉFINITION

De fait, il n’existe pas de définition officielle et internationalede l’ES. En 1999, J. Defourny et P. Develtere ont tenté d’enproposer une qui combine deux approches 1 :

• l’approche juridico-institutionnelle, basée sur l’analyse desprincipales formes juridiques ou institutionnelles sous lesquelles les initiatives d’ES s’organisent ;

• l’approche normative, qui appréhende l’ES en soulignantles principes que les entités qui la composent ont en commun.

Cette définition continue de servir de référence au GroupeNord-Sud d’Economie Sociale et Solidaire (GNSESS) en Bel-gique. Elle est exprimée en ces termes : « L’ES regroupe lesactivités économiques exercées par des sociétés, principale-ment coopératives, des mutualités 2 et des associations dontl’éthique se traduit par les principes suivants :

• finalité de service aux membres ou à la collectivité plutôtque de profit (l’activité d’ES est un service rendu aux mem-bres ou à une collectivité plus large et non un outil de rapport financier pour le capital investi. Le dégagementd’éventuels excédents est alors un moyen de réaliser ceservice mais non le mobile principal de l’activité) ;

• autonomie de gestion (qui vise principalement à distinguerl’ES de la production de biens et services par les pouvoirspublics) ;

• processus de décision démocratique (renvoie théorique-ment à la règle « une personne-une voix » ou du moins àune stricte limitation du nombre de voix par membre dansles organes souverains);

• primauté des personnes et du travail sur le capital dans larépartition des revenus (rémunération limitée du capital,répartition des excédents entre les travailleurs ou entre lesmembres-usagers sous forme de ristourne, mise enréserve d’excédents pour le développement de l’activité,affectation immédiate de ceux-ci à des fins sociales, etc.).

L’ÉCONOMIE SOCIALE AU SUD. DE QUOI PARLE-T-ON ? *

(Sénégal) PHOTO : Cf2m

* Cet article été rédigé par nos soins avec la collaboration de BénédicteFonteneau (HIVA) sur base des documents suivants: J. Defourny, P.Develtere et B Fonteneau (1999), L’économie sociale au Nord et au Sud, DeBoeck ; les mêmes (2000) « Le concept d’économie sociale confronté auxréalités du Sud (Regards critiques sur le concept d’ES d’une cinquantainede chercheurs/praticiens du Sud ou travaillant dans le Sud), STEP/ILOWorking Group on Civil Society et Social Economy, Genève-Liège-Leuven ;P. Develtere (2002), L’économie sociale et la coopération audéveloppement : quo vadis ? (www.hiva.be/docs/paper/P12.pdf).

1 Op. cit. + Defourny J. (1992), Origins, Forms and Roles of a Third MajorSector », in Defourny J. & Monzon Campos J-L. (eds, Economie Sociale –The Third Sector, De Boeck, Bruxelles, p. 27-49.

2 Dans le Sud, des initiatives combinent les fonctions d’une coopératived’épargne et de crédit à celles d’une mutuelle de santé. On parle de façongénérique des caisses coopératives et mutualistes

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« (…) Ces alternatives ne cherchent pas à maximaliser les pro-fits, mais proposent de manière explicite de nouvelles réfé-rences en termes de valeurs, d’éthique et de projet politique,en posant les jalons d’une économie de justice basée sur lasolidarité. De plus, de nouveaux critères semblent apparaître,sans toutefois en constituer des règles acquises; on citera no-tamment :

• une fourchette salariale équitable ;• un souci de développement durable et de protection envi-

ronnementale ;• une volonté d’accessibilité pour tous (tant pour les travail-

leurs que pour les consommateurs) ;• la recherche de la transparence et de la démocratie par la

participation directe et la formation continue des acteursimpliqués ;

• des relations commerciales équitables ».

L’ES ne se définit nullement par des branches d’activité par-ticulières. Toute activité productrice de biens ou de servicespeut a priori être organisée dans ce cadre. D’ailleurs, elle estaussi bien présente dans des activités marchandes (surtoutavec des coopératives) comme l’agriculture, l’artisanat, l’in-dustrie, la finance et la distribution que dans des activités entout ou en partie non marchandes (surtout avec des associa-tions et des mutualités) comme la santé, la culture, l’éduca-tion, les loisirs, les services sociaux, la coopération audéveloppement, etc.

CONCEPTS APPARENTÉS

Le monde anglo-saxon connaît la notion de “Non Profit Sec-tor” (associations, charities, voluntary organisations, founda-tions...). Ce secteur est composé d’organisations formelles,privées, disposant de leurs propres règles et instances de dé-cision. Elles admettent un certain niveau de participation devolontaires et/ou de donateurs. L’adhésion à ces associationsest libre et délibéré 3.Plus récemment, en Amérique latine et dans le monde fran-cophone, « l’économie solidaire » 4 est reconnue comme unenouvelle économie sociale. Le concept désigne des initiativesplus récentes dans des champs d’activités également émer-gents (services de proximité, aide aux personnes âgées, ges-tion environnementale des déchets, agriculture durable,services d’échanges libres (SEL)…). Ces initiatives reposent à la fois sur des ressources moné-taires et non-monétaires. La démocratie et l’égalité y sont va-lorisées dans les domaines de la production, de la distributionet de l’intermédiation financière. Une attention particulière estaccordée à la nécessité de produire du lien social et la di-mension politique de contre-révolution au néolibéralisme y estfortement accentuée.En Amérique latine, on utilise le terme « d’économie popu-laire 5» pour désigner autant des activités économiques quedes pratiques sociales développées par les groupes popu-laires qui, par l’utilisation de leur propre force de travail et desressources disponibles, veulent satisfaire des besoins debase, matériels et/ou immatériels. Economie et reproductionde la vie y sont étroitement attachées (en opposition à l’accu-mulation consumériste). On y développe le « vivre ensemble »avec l’appui des réseaux primaires et communautaires. On yrefuse la dichotomie entre secteurs formel et informel, l’ac-cent devant être plutôt porté sur le sens et la rationalité in-terne des initiatives économiques gérées par les travailleurseux-mêmes.

L’ES ET LES RÉALITÉS DU SUD

En 2000, des chercheurs belges ont cherché à tester la défini-tion de l’ES dont il est question par rapport aux réalités du Sud.Une vaste consultation écrite a été organisée auprès d’une cin-quantaine de praticiens et chercheurs travaillant sur des dy-namiques similaires (secteur informel, société civile, grassrootsorganisations, etc.) au Sud de la planète.Il en est ressorti que le terme avait peu de résonance dans lesmilieux publics et académiques approchés. Le concept re-cueille néanmoins un écho positif de par son ouverture, saflexibilité et le fait qu’il ne se limite pas à une typologie précise,qu’il permet d’intégrer une diversité de situations tout en sou-lignant ce qui fait traits communs. Un autre avantage accordéau concept, c’est le fait qu’il permette un débat et un discoursau niveau global et à l’échelle internationale.Le caractères fédérateur de l’ES, le fait qu’elle combine les ob-jectifs économiques et sociaux, l’hybridation qu’elle réalise deséconomies marchandes, non-marchandes et non monétaires,le niveau élevé de participation, d’implication et d’autonomi-sation qu’elle suppose de la part des populations et son étroiterelation avec les pratiques « traditionnelles » sont des aspectsconformes à ce que les personnes consultées connaissentdans leur contexte d’activités.Cependant, le concept est jugé trop européo-centriste et ra-tionnalisateur. On reproche à l’approche juridico-institutionnellede ne tenir compte ni des organisations informelles ou infra-institutionnelles, ni de celles qui fonctionnent sur d’autres mé-canismes opérationnels (des coopératives sans coopérateurs,des associations sans AG…). Cela implique qu’on ne recon-naît pas les phases d’évolution intermédiaires par lesquelles laplupart des associations sont obligées de passer avant d’at-teindre un certain niveau de stabilité et de maturité. Le conceptsous-estimerait l’importance du contexte.Les assertions tirées de l’approche normative suscitent un cer-tain scepticisme. En effet, peut-on toujours parler d’autonomiedes organisations d’ES envers les bailleurs de fonds ou lespouvoirs publics auxquels elles sont redevables ? Le carac-tère démocratique de la prise de décision est-il réaliste danstous les contextes ? Comment intégrer les autres modes dedécisions (consensus, compromis, confiance…) ? Les critèresrelatifs à la distribution des revenus sont-ils applicables ? Sur base des exemples et analyses fournis par les répondants,la consultation a tenté d’établir une typologie des organisa-tions d’ES Nous en présentons quelques éléments dans lessections suivantes.

*3 Salamon et Anheier (1997), Defining the non–profit sector: a cross nationalanalysis, Manchester University Press, Manchester.

4 Eme B. et Laville J-L. (2006), « Définition de l’économie solidaire », in LavilleJ-L. & Cattani A.D. (eds) , Dictionnaire de l’autre économie, Folio Actuel,Paris.

5 Sarria Icaza A. & Tiriba L., (2006), Définition de l’économie populaire, inLaville J. L & Cattani A.D. (eds) , Dictionnaire de l’autre économie, FolioActuel, Paris.

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LES ORGANISATIONS PROCHES DE LA DÉFINITION

Les répondants y ont repris les formes structurelles « clas-siques » de l’ES, à savoir des associations, les coopératives etdes mutuelles.Ces organisations occupent une grande diversité de terrainsde l’agriculture à l’élevage, en passant par la consommation,l’industrie, le crédit, l’éducation, l’irrigation, l’environnement,etc.Sous diverses formes, le microcrédit (self-help groups, asso-ciations et coopératives d’épargne-crédit, fonds de rotation,etc.) est le domaine le plus fréquemment cité comme exemplesur les trois continents de l’hémisphère Sud. Sont également reprises une grande partie de celles qualifiéesde « traditionnelles » dans le sens où elles sont structurées,souvent de manière informelle, sous des formes communau-taires au fonctionnement divers. Les dénominations sont di-verses : grassroot groups, castes, associations, etc.

LES ORGANISATIONS À LA PÉRIPHÉRIE DE LA DÉFINITION

C’est probablement cette catégorie qui fait le mieux apparaîtreles difficultés et les contradictions de classification selon lesréalités auxquelles il est fait référence et leurs interprétations.Les organisations citées sont le plus souvent des structures quipourraient formellement être reprises en économie sociale maisdont le fonctionnement effectif ne correspond pas toujours auxprincipes. Les institutions de microfinance, semblent être les structuresles plus difficiles à classer. En effet, ces structures sont la plu-

part du temps destinées à fonctionner selon des principesproches ou conformes à l’ES. Cependant, comme le notent plu-sieurs répondants africains, ces systèmes ne satisfont, dans lesfaits, pas entièrement aux critères classiques (ou normatifs) desstructures mutualistes ou coopératives (règles de fonctionne-ment démocratique, mode de constitution du capital social,mode de répartition des surplus, etc.).Dans le même domaine, mais en Argentine cette fois, les« banques coopératives » sont perçues dans certains cascomme des « sociétés anonymes cachées » ne déclarant pasune vocation surtout lucrative.En Inde notamment, certaines coopératives semblent placer larecherche de profit et l’augmentation de leurs revenus avant lafourniture de services (les coopératives de cannes à sucre parexemple). De plus, le « membership » de ces coopératives estsouvent limité aux propriétaires terriens (« landowners ») detaille moyenne ou large. Selon des répondants indiens, ceci acomme conséquence l’accroissement de la différenciation éco-nomique : « des membres de coopératives prospérant ; des ou-vriers agricoles s’appauvrissant ». Même dans les cas où le « membership » des coopératives a uncaractère plus « inclusif » (ex : associations d’utilisateurs desystèmes d’irrigation), la raison première est l’amélioration desconditions par l’augmentation de la production agricole etdonc, du revenu. Dans ce sens, il semble que la distinction pro-fit/service comme la distinction personnes/capital (dans la dé-finition normative) puissent parfois être artificielles en raison deleur « inter-connectivité ».Dans le développement institutionnel des structures coopéra-tives, il est souvent recommandé dans certains pays d’obser-ver une phase pré-coopérative (c’est parfois obligatoire dansd’autres). Cette phase où les structures et le fonctionnement

(Lesotho) PHOTO : COTA

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de l’initiative restent provisoires et ne remplissent pas com-plètement les critères normatifs proposés peut durer de 6 moisà 2 ans. Pourtant, ces entités constituent depuis la dernièredécennie des acteurs très déterminants de la vie économiqueet sociale locale (notamment au niveau des villages), avec lacomplicité relative des ONG et autres associations sans butlucratif. Les clubs Paysans béninois sont également classés dans cettecatégorie. Il s’agit de groupes mus en premier, non par des ob-jectifs économiques pour des fonctions sociales, mais plutôtpar de forts liens d’amitié et de solidarité sociale, exprimés àtravers des prestations réciproques presque gratuites ou toutau moins non-marchandes (construction de cases, ou de puits,labour de champs, etc.). Ces prestations ont des contrepartieséconomiques ou financières énormes, très peu facilement mo-bilisables dans ces contextes d’économie locale (ou rurale) trèspeu monétarisée. On pourrait à la rigueur parler de « troc »dans une ambiance de solidarité, de volontarisme et de dé-mocratie traditionnelle, ce qui traduit une dynamiqued’échanges locaux non ou partiellement monétarisés, pourl’accomplissement de fonctions économiques et sociales. Il est également fait référence à certains groupes culturels. Ils’agit de groupes fortement structurés et dynamiques, pas for-cément dotés de principes normatifs de fonctionnement, maisqui assurent la survie d’un nombre important de membres (etde ménages), sur la base de prestations culturelles diverses(animations pour mariage, dot, cérémonies rituelles ou coutu-mières, spectacles publics.)

QUID DES ONG ?

Bien que l’appellation « Organisation Non Gouvernementale »recouvre elle aussi des réalités très différentes selon les pays,on serait tentés de les faire entrer en bloc dans la deuxièmecatégorie. L’approche juridico-institutionnelle le justifie. L’ap-proche normative moins. Plusieurs études montrent que l’autonomie de gestion desONG est doublement questionnée. D’une part, la majorité desONG deviennent de plus en plus dépendantes des fonds pu-blics, et dépendent donc au moins partiellement des prioritéssectorielles et géographiques des bailleurs de fonds. D’autrepart, la perte de légitimité de la coopération et la perte d’inté-rêt de l’opinion publique (ceci est relevé pour la Belgique) pourla problématique, obligent les ONG à faire appel à des straté-gies de récoltes de fonds de plus en plus sophistiquées, quidoivent s’adapter à l’évolution de la demande de l’opinion pu-blique. Si l’exigence du processus de décision démocratique est for-mellement et statutairement rencontrée, les critères doiventêtre clarifiés et affinés. D’autant plus que le concept de la« bonne gouvernance » n’est pas exempt de contradictions… Les répondants relèvent que dans certains pays, des ONG quidécouragent pourtant la réalisation de profit et font la promo-tion de valeurs démocratiques au sein des communautés lo-cales, agissent elles-mêmes de manière plutôt autocratiques,n’impliquant que très peu ou pas du tout les bénéficiaires deleurs actions. Ce paradoxe, et celui des leaders charisma-tiques promouvant la démocratie tout en exerçant une auto-rité très forte, est présenté comme commun à de nombreusesONG.Dans le même sens, les répondants s’interrogent : par quellesidéologies ou principes les ONG justifient-elles leur existenceet leur action ? Quelle est la forme du partenariat entre l’ONGet son partenaire du Sud ?

LES ORGANISATIONS DIFFICILES À CLASSER

• Les réseaux de lobbying et de pression politiques : parnature, leurs activités sont dans une moindre mesure d’ordre économique. Leur fonctionnement s’organise enréseau et se base sur l’échange d’informations via les nou-velles technologies de l’information. Selon l’évolution ducontexte, elles se défont et se refont sur base de théma-tiques et d’événements spécifiques.

• Les clubs de trocs. Proches des clubs paysans béninois,les clubs de trocs sont ici mentionnés en référence aux réa-lités argentines. Il est noté que ces clubs, organisés sousforme de réseaux, produisent et consomment des biens etdes services qui s’échangent au sein du réseau. Ces bienset services incluent la nourriture, les vêtements, les pro-duits artisanaux jusqu’aux services de tourisme, les ana-lyses cliniques et des travaux d’électricité. Ces clubsremplacent l’argent par des crédits pour éviter la concur-rence, le lucre et la spéculation. Ces crédits constituent uneforme de monnaie sociale décentralisée qui ne génèrent pasd’intérêt et n’est pas cumulable.

• Les syndicats. Ils combinent souvent (comme ce fut le casen Europe) des fonctions de services aux adhérents (éco-nomiques, sociales…) et des fonctions de représentationdes intérêts des travailleurs.

• Les grandes fondations6, organisations philanthropiques etorganisations internationales. Ces fondations occupent pourcertaines, sous des formes associatives, des champs d’acti-vités (santé, éducation) qui pourraient les rapprocher de l’ESet certaines revendiquent même leur appartenance à l’éco-nomie sociale. Cependant, la motivation principale de cer-taines fondations est bien souvent de pouvoir bénéficierd’une bonne image et des avantages économiques et finan-ciers relatifs juridiquement octroyés à ce type de structures.Comment la Ford Foundation India, Aga Khan Foun dation,etc. entreraient dans la typologie de l’économie sociale ?

6 Bien qu’il y ait toujours discussion, les fondations sont de plus en plusconsidérées comme faisant partie de l’économie sociale.

(Bolivie) PHOTO : Sophie Charlier

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Dans un certain sens, on peut dire que ces organisationsont bien un lien avec la composante normative de la défini-tion (puisqu’elles mettent l’accent sur les services et lesgens plutôt que sur le profit et le capital) bien qu’elles nesoient ni des coopératives, ni des associations, ni des mu-tuelles. Si certaines organisations comme la Ford Founda-tion sont fondées par des entrepreneurs « for-profit» ; iln’empêche que certaines ne produisent pas réellement desbiens ou des services tangibles, mais fournissent de l’as-sistance aux ONG et aux gouvernements pour produire desbiens et services sociaux. De ce fait, elles peuvent êtreconsidérées comme des organisations de supportpuisu’elles fournissent un appui financier, technique et in-tellectuel comme une reconnaissance et une légitimité in-ternationale. Le caractère ambigu de leurs conditions etmotivations de création, le non-respect du principe de ladistribution démocratique du pouvoir ainsi que leur carac-tère unipersonnel en font cependant des organisations quel’on ne peut automatiquement classer comme des organi-sations d’ES.

• Le caractère mixte (public-privé) de certaines organisationset/ou entreprises entraînent également un classement danscette troisième catégorie: c’est par exemple le cas de cer-taines mutuelles japonaises (« appartenant » au secteur pu-blic) ou d’entreprises sociales ou industrielles de l’Etat etentreprises d’économie mixte détenues par l’Etat et les tra-vailleurs (avec parfois l’apport de capitaux privé également).

PEUT-ON PARLER D’UN « TIERS-SECTEUR » AU SUD ?

Il existe une relative unanimité pour reconnaître que la multi-plicité des déclinaisons possibles de l’ES peut être rassem-blée sous le chapeau commun d’un troisième secteur. Cetroisième pôle se distingue des deux grands autres secteurs,à savoir le secteur privé à but lucratif et le secteur public. L’ESse distingue du secteur privé par le fait que la recherche deprofit n’est pas le premier de ses objectifs bien que le fait degénérer des profits ne soit pas exclu (contrairement à ce quesuggère l’approche non-profit). Par rapport au secteur public,le tiers secteur se distingue essentiellement par son autono-mie de gestion dans la production de biens et services.Les répondants soulignent que cette notion n’est pas davan-tage utilisée dans leurs contextes que celle d’ES. Bien qu’ils cri-tiquent le caractère artificiel de ce type de sectorisation, quisemble très influencé par la coopération internationale, beau-coup lui sont néanmoins favorables dans la mesure où elle per-met d’apprécier et de marquer l’importance quantitative de l’ES.Ils soulèvent également le rôle que ce secteur peut ou doitjouer pour négocier de nouvelle forme de régulation (secto-rielle ou territoriale) économique et sociale et pour traiter despolitiques publiques plus préoccupées d’équité, de participa-tion des citoyens, plus respectueuses de l’environnement, etc.Mais d’aucuns remarquent cependant que cette idée présup-pose l’existence relativement structurée des autres secteurs,que ceux-ci soient distincts et qu’ils fonctionnent selon la dé-finition qu’on leur attribue généralement. On lui reproche en-core d’induire que les initiatives d’ES auraient entre ellessuffisamment de caractéristiques communes pour constituerun secteur. Cela ne se vérifie pas toujours.On sous-estime les imbrications, les accointances qui peu-vent exister d’un secteur à l’autre. Des activités d’ES combi-nent des caractéristiques du secteur privé à but lucratif et dusecteur public. Ce « tiers-secteur » n’est pas pour autant sé-

paré des deux autres par des frontières parfaitement définieset étanches.Ainsi, dans de nombreux pays, l’Etat est, à des degrés diffé-rents, de moins en moins présent. Mais il reste encore sou-vent un acteur important de la mise sur pied d’initiatives ditesde « tiers-secteur ». Historiquement, comme en Inde, on as-socie même le terme à des formes de « sociétés d’économiemixte », situées entre le secteur associatif et l’Etat.La confusion est également présente entre secteur privé etES. Comment distinguer un bureau d’étude et une ONG quioffrent les mêmes services aux mêmes tarifs ? Comment clas-ser les entreprises qui ont une composante sociale relative-ment importante (Body Shop, Ben & Jerry’s Ice Cream,Patagonia, etc.). Certaines de ces entreprises sont clairementmotivées par des perspectives de profits combinées pourd’autres avec de réelles motivations sociales. La notion de « tiers-secteur » suggère encore qu’il y aurait unrelatif équilibre entre les trois secteurs concernés. Or, ce n’estbien souvent pas le cas. Il serait trompeur de laisser croire queles rapports de force sont équilibrés entre les trois pôles.

UN SECTEUR DE LA SOLIDARITÉ?

Se référant à l’Afrique sub-saharienne, quelques personnes ex-pliquent que la dimension solidaire est déjà inclue dans l’éco-nomie privée et même publique, par la multiplication desréseaux ethniques, religieux, qui trament la corruption, le pla-cement et le recrutement des proches, la redistribution des res-sources, etc.L’une des traductions de ce phénomène est le maintien d’unepression communautaire sur l’individu qui « réussit », c’est-à-dire celui qui a accès à des ressources économiques, socialeset culturelles. L’exigence de redistribution qui lui est imposéeempêcherait tant l’accumulation privée (individuelle) quel’éthique publique et associative. En ce sens et dans le contextesub-saharien, l’existence même d’un troisième secteur est re-mise en cause par le fait que les deux autres secteurs auxquelsle terme fait référence sont eux-mêmes marqués et influencéspar des pratiques et des « traditions » qui ne leur permettentpas de fonctionner de manière « orthodoxe » et seraient large-ment dominée par les logiques de redistribution clientéliste.C’est pourquoi la prise en compte de « l’économie de l’affec-tion »7, c’est-à-dire « l’ensemble des transactions issues de ladette communautaire » semblerait plus pertinente pour pouvoirdistinguer ce qui différencie ces différents secteurs.

TOUT L’ESPACE ENTRE LE SECTEUR PRIVÉ ET L’ETATEST IDENTIFIABLE À L’ES ?

On reconnaît l’émergence d’une société civile et d’un ensembled’activités économiques qui ne relèvent ni du public, ni du privé(capitaliste) : activités relevant de l’informel, de nature associa-tive ou entreprenariale individuelle, réalisations coopératives oupara-coopératives, etc.Les initiatives que l’on regroupe dans ce secteur ont souventdes origines, des caractéristiques et parfois des finalités telle-ment diverses qu’il semble difficile de les regrouper sur leursimple « opposition » à l’économie publique et à l’économie pri-vée à but lucratif.

7 Hyden G. (1983), No shortcuts to progress, African developmentmanagementin perspective. - Londres, Heinemann.

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Intuitivement, ce qui semblerait plutôt réunir ces initiatives, c’estle fait qu’elles soient issues de la société civile, considéréecomme un nouvel acteur, aux côtés des vieilles élites écono-miques et politiques, présentes auparavant de manière quasiexclusive dans les sphères publiques et privées lucratives. Sur cette base, certains proposent un autre type de « sectori-sation »: « Etat - secteur privé - société civile » ou bien « Etat -secteur privé - économie relationnelle ou communau-taire » …Mais, interroge une chercheuse mexicaine, « Peut-onmettre dans une même catégorie les moines de la charité etl’ELNZ, le mouvement du sous-commandant Marcos dans lesChiapas ? ».

DES ORGANISATIONS DÉSINTÉRESSÉES PAR LEPROFIT?

Distinguer les secteurs privés du Sud en fonction de la re-cherche ou de la non recherche de profit ne serait donc paspertinent car les activités économiques sont souvent dévelop-pées dans un contexte de survie où il y a peu de place pour levolontarisme désintéressé. Il est alors difficile d’exclure la re-distribution des profits sur une base individuelle..Le profit ne devrait pas être vu uniquement en termes de surplusmonétaires mais plutôt en termes de « valeur sociale ajoutée »(« added social value »). Si l’on modifie donc le contenu que l’ondonne au terme profit, en y ajoutant notamment des valeurs nonmonétaires, l’idée de profit semble tout à fait acceptable.Les bénéfices privés individuels des acteurs de l’ES ne doiventpas systématiquement être stigmatisés. Ils peuvent être utili-sés pour des objectifs collectifs et/ou d’intérêts mutuels.Plus que le fait de faire ou non du profit, c’est donc plutôt lanature du profit d’une part, et son utilisation d’autre part qui,

combinées, à des modes de fonctionnement organisationnelsdifférents, distingueraient les initiatives du tiers-secteur decelles du secteur privé à but lucratif.

CONCLUSION

Les pratiques d’économie sociale sont forgées par lescontextes dans lesquels elles prennent place, depuis leurs ori-gines jusqu’à leur développement. Ce n’est pas un produitd’exportation. Elles ne se transfèrent pas de façon modulairemais peuvent profiter des expériences que les populationsconcernées sont susceptibles acquérir dans les deux hémi-sphères. L’ES se développe sur le long terme en combinant deséléments de tradition et d’innovation.Aussi, les statuts, les procédures de prise de décision, les mé-canismes de collecte de cotisations, les systèmes de distribu-tion de surplus doivent constamment être réinventés. Lesenjeux pour la coopération, ne sont pas tellement d’imposerdes modèles formatés, mais de faciliter l’échange de savoir-faire et la capitalisation des multiples expériences en cours depar le monde, dans un souci d’enrichissement mutuel.Il faut veiller à faciliter les synergies quelles qu’elles soient. L’ap-pui au secteur de l’ES doit intégrer l’idée qu’il est impossiblede considérer l’ES de manière isolée. Ces organisations ne peu-vent pas travailler seules. C’est par leurs contacts avec d’autresacteurs (Etats, structures d’appui, réseaux avec d’autres orga-nisations d’économie sociale, entreprises, etc.) qu’elles peu-vent renforcer leurs activités et leurs capacités. Ce serait mêmeles termes et les conditions qui entourent ces relations qui dé-termineraient le succès de initiatives d’ES. D’où la nécessitéd’un encadrement favorisant le développement de l’économiesociale. ■■

(Maroc) PHOTO : COTA

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A la demande du secrétariat d’Etat au développe-ment durable et à l’économie sociale, l’Institut Supérieur pour le travail de l’université de Leuven(HIVA) a réalisé en 2006 une étude destinée à mieuxcomprendre les relations des organisations d’éco-nomie sociale belge (OESB) avec les pays du Sud 1.Il s’agissait en particulier de déterminer avec quellesapproches spécifiques elles pouvaient s’investirdans ces pays.

De plus en plus d’acteurs se lancent dans la coopération audéveloppement avec les pays du Sud : des écoles, des entre-prises, des organisations de migrants, des mutualités, etc. Lepas est souvent franchi par hasard : suite à un voyage d’inser-tion, un stage, par l’intermédiaire d’un élève dont la maman estune (ex-)coopérante, la visite d’un partenaire d’une ONG belge,etc. Les contacts sont stimulés par la généralisation de l’usagede l’Internet ou par le fait qu’il est de plus en plus facile et abor-dable de voyager…

Aux trois piliers « traditionnels » de la coopération au dévelop-pement belge (aide bilatérale, multilatérale, via les ONG), estvenu s’ajouter un quatrième pilier qui, depuis une dizaine d’an-nées, ne cesse de gagner en importance : celui qui rassemblepêle-mêle tous les nouveaux acteurs évoqués plus haut et aux-quels on peut ajouter notamment les syndicats, les grandescoopératives belges, les fondations. Ces trois derniers entre-tiennent déjà depuis longtemps des relations avec le Sud. Cesliens se sont même institutionnalisés et les critères de qualitéqui s’y rattachent ressemblent beaucoup à ceux des ONG.Au sein de ce quatrième pilier, la diversité est très grande. Il en-globe encore aussi bien des chambres de commerce qui ap-puient leurs consoeurs africaines, que des équipes de footballqui envoient par exemple du matériel à une équipe malienne.

L’OBJET DE LA RECHERCHE

Dans cette prolifération d’initiatives 2, nous avons voulu étu-dier le cas de l’économie sociale en Belgique (ESB). L’oppo-sition du secteur à la prépondérance du marché sur lesvaleurs de solidarité et la responsabilité envers les généra-tions futures, le rend sensible aux enjeux du développementdes pays du Sud. L’ESB s’y investit-elle ? Entretient-elleconcrètement des liens avec ces pays ? Dans l’affirmative, lesorganisations du secteur partagent-elles une vision et une ap-proche commune qui leur sont propres pour organiser cesliens ou bien sont-elles aussi diversifiées que les autres orga-nisations du quatrième pilier ?Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons identi-fié une quarantaine d’initiatives d’OESB. Pour 25 d’entre-elles,des interviews ont pu être réalisées. Pour les autres, l’analyses’est basée sur des entretiens téléphoniques et sur les infor-mations disponibles (en particuliers sur les sites Internet).Nous estimons avoir étudié au moins un tiers des initiativesexistantes.

LA VISION DES RELATIONS NORD/SUD

Les organisations d’économie sociale belges expriment rare-ment leur vision de ce que doivent être les relations entre lesdeux hémisphères. Du côté néerlandophone, les quelques organisations qui lefont ne se sont pas concertées pour élaborer un point de vuecommun. Par contre, du côté francophone, le GNSESS3, quirassemble des organisations d’économie sociale et des ONG,est parvenu à rédiger pour sa part un texte de référence. LaSAW-B et quelques organisations déjà actives dans le do-maine ont pris plusieurs autres initiatives comme des groupesde travail, des échanges Nord/Sud… Quelques organisationsse rejoignent par le fait qu’aux critères classiques de l’écono-mie sociale 4 elles en ajoutent de nouveaux : le développementdurable, la protection de l’environnement, les relations com-merciales équitables…

LES RELATIONS ENTRE L’ÉCONOMIE SOCIALE BELGE ET LES PAYS DU SUD *

Gerlinde Doyen**

* Cet article est tiré du texte de l’intervention que l’auteur a présenté le 6 juin2007 lors de la demi-journée de débat et de travail organisée à Bruxellespar la SAW-B (Solidarité des alternatives en Wallonie et à Bruxelles -www.economiesociale.be/saw.html) sur le thème : « L’économie sociale auxSuds ».

** Hoger Instituut voor de arbeid (HIVA), Katholieke Universiteit Leuven(Leuven, Belgique).

1 Référence originale : « Belgische sociale economie en het Zuiden. Geenontwikkelingssamenwerking. Wat dan wel ? » réalisé par l’auteur sous ladirection de Patrick Develtere.

2 Le phénomène de prolifération des initiatives Nord/Sud initiées par lequatrième pilier est encore assez peu étudié. L’équipe de l’HIVA a tout demême réalisé une étude exploratoire sur ce sujet : Develtere P. et J.Stessens (2007), De vierde pijler van de ontwikkelingssamenwerking inVlaanderen: de opmars van de levensverbeteraar, HIVA, KULeuven.

3 Groupe Nord/Sud d’Economie Sociale et Solidaire.4 Finalité de service aux membres ou à la collectivité plutôt que de profit,

autonomie de gestion, processus de décision démocratique, primauté despersonnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus.

(Sénégal) PHOTO : Cf2m

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LES TYPES DE RELATIONS NORD/SUD

Nous sommes parvenus à distinguer cinq types de relationsdes OES du Nord avec le Sud.

1 Nous nous attendions à trouver surtout des situations oùdes OESB entretiennent des relations avec des consoeursdes pays du Sud. En réalité, elles ne sont que quelques-unes. En général, ces dernières ont construit une visiondes relations Nord/Sud et ont cherché proactivement leurspartenaires. Elles fonctionnent selon une logique de plani-fication.

2 Plus fréquentes, sont les relations s’articulant autourd’échanges ou de visites ponctuels, de stages ou decourtes formations. Dans ces circonstances, les OESBn’ont pas pris l’initiative elles-mêmes, mais ont acceptéles propositions qui leur étaient faites. On ne suit pas vrai-ment ici la logique de planification. L’intérêt de ce type derelation est surtout perçu par l’apport de l’échange inter-culturel au Nord. Leur utilité pour les personnes du Sudqui viennent en Belgique est moins mise en avant.

3 Il y a aussi bien sûr des relations commerciales, qu’elless’inscrivent dans la logique du commerce équitable ou, àdivers degrés, dans celle du commerce conventionnel. Deplus en plus d’entreprises introduisent dans leurs gammesclassiques des produits (prétendument) équitables. Ilexiste aussi des OES qui, tout en essayant de respecterles critères de l’ES au Nord et en soutenant des projets auSud, entretiennent des relations commerciales conven-tionnelles (en particulier dans la vente de vêtements d’oc-casion). Le commerce conventionnel est, selon eux, unestratégie de survie et une condition pour pouvoir appliquerles critères de l’ES en Belgique. Le tourisme durable faitaussi partie de cette catégorie.

4 Des organisations offrent des services financiers (crédits)aux institutions de microfinance et d’ES qui envoient del’argent des migrants vers leurs pays d’origine.

5 Des personnes appartenant à des OESB initient des mi-croprojets par lesquels elles envoient du matériel au Sud,financent l’achat d’une pompe à eau, d’un groupe élec-trogène, la mise en oeuvre de petits projets générateursde revenus, etc. Parfois, l’OES collabore avec une écolequi envoie des élèves dans les pays en développement.Ce dernier type de relation ne se distingue pas vraimentdes microprojets que l’on retrouve chez d’autres acteursdu quatrième pilier.

PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES TYPES DERELATIONS IDENTIFIÉS

1 Les relations entre l’ESB et le Sud sont la plupart dutemps résultat d’une opportunité, voire d’une coïnci-dence : l’organisation est sollicitée par une ONG à parti-ciper à une activité, le coordinateur de l’OES est invité àparticiper à un voyage d’insertion, un chercheur met encontact deux organisations au Nord et au Sud, etc. Seulesquelques organisations minoritaires ont cherché de ma-nière proactive à établir des liens avec le Sud

2 A quelques exceptions près, peu d’OESB suivent une lo-gique de planification. La plupart « tombent » dans uneinitiative existante, sans bien cerner les besoins des deuxparties, sans analyser réellement le but final ou la straté-gie. La perpétuation de l’initiative est fortement tributairedes circonstances ou des individus impliqués, de leurs

motivations, de leurs qualités, de leur ténacité... 3 Pour les organisations qui ont des relations commerciales

ou qui offrent des services financiers au Sud, le partenaireest souvent un entrepreneur local ou une coopérative. Leséchanges ou les stages sont plutôt organisés avec desONG du Sud. Par contre, les microprojets sont souventréalisés avec une personne de confiance derrière laquelleil n’existe pas forcément une forte organisation locale.

4 Les relations commerciales, les services financiers ou lesinitiatives d’ES au Sud stimulent l’appropriation des acti-vités ou du processus par les partenaires du Sud. Alorsque les échanges ponctuels et les microprojets ne sem-blent pas accorder d’attention à cet aspect. Les initiateursdu Nord veulent faire « une bonne action » et s’y enga-gent très activement mais ils ne sont pas assez sensiblesà la nécessité de veiller à l’appropriation du projet et à sonadaptation aux besoins et au rythme de l’organisation auSud. La durabilité de ces projets est fragile.

5 Alors que le souci de durabilité financière est très impor-tant dans la survie de l’ESB, il semble qu’il n’y ait pas lemême réflexe dans leurs relations avec le Sud. Surtoutdans les microprojets. On veut aider, échanger mais onne semble pas viser la création de projets durables sur leplan financier.

6 Le renforcement des capacités du partenaire du Sud estrarement un objectif en soi. Les organisations belges quicherchent activement des partenaires intéressants pourdévelopper des projets d’ES au Sud ou qui renforcent descoopératives d’artisans pour améliorer la qualité de leursproduits de commerce équitables sont des exceptions.

7 Il y a peu de cohérence entre projets initiés dans la mêmerégion du Sud ou dans le même domaine au Nord 5. Par-fois, les petites OES contactent une ONG qui travailledans la même région pour pouvoir collaborer avec elle,mais la réponse de l’ONG est souvent négative (à caused’une mauvaise compréhension des initiatives du qua-trième pilier ou par manque de flexibilité des règles de co-financement qui entraînent un strict attachement à laréalisation des plans d’action).

8 L’initiative démarre au sein d’une OES mais, dans la plu-part des cas, elle débouche sur la création ad hoc d’uneassociation sans but lucratif autonome, voire d’une ONGde développement agréée par l’Etat belge. Souvent, lecoordinateur de l’organisation invite des amis et desconnaissances à rejoindre la nouvelle association crééeet, très vite, l’initiative n’est plus du ressort de l’OES quien est à l’origine.

9 Contrairement aux pratiques des autres acteurs du qua-trième pilier, la plupart des cas étudiés ont déjà collaboréavec une ou plusieurs ONG belges, sauf les microprojetsqui, comme nous l’avons dit précédemment, ne peuventou ne veulent pas collaborer avec des ONG de dévelop-pement.

10 L’ES survit en général grâce aux subsides. Cette habilitédans la recherche des subventions aide à soutenir leursrelations Nord/Sud. Les subventions sont le plus souventad hoc et non pas structurelles comme celles que les or-ganisations d’ES reçoivent pour leurs activités en Bel-gique. Les microprojets ne trouvent souvent pas desubsides élevés et doivent organiser, entre autres choses,des événements pour rassembler des fonds privés.

5 Ce constat peut valoir pour beaucoup d’acteurs de la coopération audéveloppement.

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POSITIONNEMENT DE L’ES VIS-À-VIS DES ONGBELGES

Lors d’une recherche précédente, nous avons constaté quebeaucoup d’organisations (surtout les microprojets) se dres-sent contre les grandes ONG, notamment parce que, selonelles, les ONG ne sont pas assez proches du groupe cible.

La plupart des organisations approchées dans le cadre de laprésente étude apprécient le travail des ONG. Quelques-unescherchent même à être reconnues et agréées comme ONG dedéveloppement. Pourtant, l’approche des OES se distinguebien de l’approche des ONG (cf. tableau ci-dessous).

Les groupes-cibles de la plupart des OES comprennent despersonnes d’origine étrangère. C’est notamment le cas desprogrammes d’insertion pour chômeurs ou des patients d’ori-gine étrangère d’un centre médical et social. Leur présencerend présent le Sud au sein de leur organisation. A son tour, lelien avec le Sud cultive une plus grande ouverture à l’égard despersonnes d’origine étrangère en Belgique. A l’inverse, les ONGbelges ont très peu de contacts avec les personnes d’origineétrangère résidant en Belgique. Leurs relations avec le Sud nedébouchent pas ou peu sur l’engagement de personnes duSud, ce qui est par contre souvent le cas pour les OES. Le point focal des OES réside dans la recherche de la produc-tivité et du rendement. Au Sud, ces organisations cherchent desentrepreneurs et leur lutte contre la pauvreté passe par la créa-tion d’emplois. De leur côté, les ONG sont surtout sensibles àl’émancipation des populations défavorisées. Selon les OES,les ONG luttent essentiellement contre la pauvreté en satisfai-sant les besoins de base des pauvres. Pour l’ES, il est important d’être flexible et dynamique. Les ONGtravaillent jusqu’à présent sur base de programmes quinquen-naux, déclinés en plans d’action annuels. Elles ne peuvent pastoujours répondre rapidement aux changements. En outre, lesONG ont une « culture » de débat et de longue élaboration

OES

La relation N/S renforce l’ouverture vers les personnesd’origine étrangère présentes au Nord (souvent dansgroupe-cible)

Point focal : chercher le rendement, la productivité

Groupe-cible au Sud : entrepreneurs

But : créer des emplois

Approche : flexibilité, dynamique, résultats à court terme

Investir le moindre temps possible aux dossiers et auxrapports

Autonomie relative par rapport aux bailleurs de fonds

Moyens : surtout idées et matériel

Lien avec les activités au Nord (recyclage, atelier vélo,agriculture biologique…)

ONG

Peu de contact avec les personnes d’origine étrangère auNord

Point focal : l’émancipation des populations pauvres

Groupe-cible au Sud : populations défavorisées

But : satisfaire les besoins primaires

Approche : culture du débat, impact à moyen terme

Beaucoup de temps investi pour écrire des plans d’action,des rapports, des programmes

Dépendance par rapport aux bailleurs de fonds

Moyens : surtout financier

Activités au Nord : sensibilisation

d‘idées. Alors que l’ES cherche des résultats à court terme, lesONG stimulent des processus et envisagent des résultats àmoyen terme. Les OES redoutent de demander des subsides sicela entraîne la rédaction de dossiers et de rapports élaborés.Elles indiquent qu’avec plus de subsides, leurs initiativesNord/Sud seraient plus importantes, mais elles apprécient leur(relative) indépendance. Quand les OES recherchent des partenaires au Sud, elles por-tent leur intérêt sur des activités semblables ou voisines desleurs (ex : réparation de vélos, récupération des pièces de re-change voiture, informatique, …). Leur expertise constitue uneréelle plus-value. Ceci facilite l’implication des salariés (surtouts’ils sont peu qualifiés). L’expertise et le matériel constituentl’aide principale des OES alors que l’aide des ONG belges estsurtout financière.

CONCLUSIONS

On peut donc dire qu’il existe un potentiel réel chez les OESB,mais que, sans cadre adéquat, sans concertation entre acteursdu secteur, il n’existe pas réellement une approche de la coo-pération propre au secteur. ■■

(Equateur) PHOTO : COTA

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L’économie sociale internationalisée (ESI) est unenouvelle manière d’investir en développement inter-national. Elle appelle à revoir les façons de concevoirl’économie sociale et solidaire et même la coopéra-tion au développement. Sa spécificité réside dans lesformes d’hybridation des genres – marchand/non-marchand, public/privé, collectif/individu…- qu’elleorganise. Cela ne se passe pas sans difficultés et im-plique de reconnaître certains principes de base…

L’économie sociale et solidaire (ESS) se conçoit de façon« dure », en opposition à des « formes d’échange marchands ouasservis à la puissance publique », ou bien de manière plus« douce », comme des « formes d’activités de production deservices permettant la recomposition d’une économie centréesur les valeurs sociales »1.Souvent les deux visées, socio-économique et socio-politique,sont simultanément présentes, en tension mutuelle, dans leprojet qui fonde chaque organisme d’éco nomie sociale 2. Lesupport commun reste toutefois une vision critique de l’écono-mie dominante qui, sous des prétextes idéologiques de concur-rence et de liberté d’entreprendre, désagrège progressivementle tissu environnemental et social, au bénéfice du profit directet de son accumulation.Cette vision rejoint à certains égards le courant post-dévelop-pementiste. Ce courant considère en effet le développementcomme très largement ambigu, dans la mesure où il participe àcompenser les conséquences d’un système sans en question-ner les fondements. Mais l’intérêt et, peut-être la grande diffé-rence, se situerait dans le fait que l’ESS ne se contente pas decritiquer, mais tente de proposer, de bien des manières diffé-rentes plus ou moins heureuses, des alternatives concrètes auxfaçons traditionnelles de concevoir les rapports Nord-Sud.Ces alternatives prennent la forme d’associations ou d’entre-prises réellement productrices de nouvelles dimensionséthiques, et qui se considèrent elles-mêmes comme victimesd’un système qu’elles ne cautionnent pas. Elles ne sont doncpas à confondre avec certaines initiatives très actuelles degrandes entreprises qui tentent de se façonner une image ver-tueuse, à travers des actions humanitaires marquées du sceaude la lutte contre la pauvreté…

DÉPASSER LA COSMÉTIQUE DU DISCOURS

Aujourd’hui, bon nombre de grandes entreprises élaborent desdiscours sexy sur la responsabilité sociale de l’entreprise ou surles garanties (supposées ou réelles…) que doivent offrir des en-treprises citoyennes soucieuses de leur environnement et deleur clientèle. En espérant nous convaincre de leurs bonnes intentions, elleshabillent souvent les réalités de concepts tronqués.Ainsi, certaines entreprises du Nord en prise avec les marchésou des fondations issues du privé, tentent-elles de camoufler la

réalité des mécanismes et rapports de force de l’exclusion,pour faire valoir un message caritatif, humanitaire ou même« pseudo créatif » sur l’interactivité des cultures et les complé-mentarités entre perspectives d’entreprises, du marché et, letravail des ONG…

La solidarité à la sauce Bill Gates

Une poignée d’individus confisque progressivementl’aide au Sud, délaissée par les Etats(…) dans l’économie mondialisée, le principe même dela solidarité entre les êtres humains est en cours deconfiscation par une poignée d’individus, avec la passi-vité complice des Etats.(…) Qui demande l’avis des pre-miers concernés, les plus démunis ? La lutte contre lapauvreté peut elle légitimement être confiée aux plusriches ?(…) La recherche maximale du profit a mené le monde aune impasse. Avec la réduction du rôle des Etats et latoute-puissance des donateurs privés, les peuples lesplus pauvres vont être contraints, comme au MoyenAge, de compter sur la générosité du seigneur protec-teur ou de périr (…).

(Damien Millet dans Libération le 17 août 2006)

ECONOMIE SOCIALE ET ÉCONOMIE MONDIALE, POUR UN RENOUVEAU DESPARTENARIATS DE CO-DÉVELOPPEMENT ENTRE SOCIÉTÉS CIVILESD’EUROPE ET D’AFRIQUE…Bernard Goffinet* et Marc Totté**

(Sénégal) PHOTO : Cf2m

* Directeur de Cf2m, ambassadeur de l’Economie sociale en 2006 auprès duSecrétariat d’Etat au développement durable et à l’économie sociale – etentrepreneur social, actif dans le réemploi d’équipements informatiques.

** Coordinateur ENDA Inter-Mondes.1 Neyret G. (2006), Mise en perspectives des recherches, dans, Chopart J.N.,

Neyret G., Rault D. (2006), Les dynamiques de l’économie sociale etsolidaire, La découverte.

2 Ibid.

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La force de l’argent étant généralement de convaincre et demasquer ses effets, nous voyons apparaître des liens de faitentre ONG et donateurs économiques privés.Ce type de relations perturbe les rapports et questionne à desdegrés divers, la coopération au développement, l’humanitaireet jusqu’au secteur du commerce équitable.Ce maquillage ne change rien aux effets « sparadrap » de l’aideinternationale. Le commerce mondial et la coopération interna-tionale ne peuvent que conforter la situation de dépendance duSud et, force est de constater que cette dernière rapporte en fi-nale bien plus qu’elle ne coûte.

CULTURE ASSOCIATIVE, CULTURE D’ENTREPRISE, UN RAPPROCHEMENT NÉCESSAIRE MAIS DIFFICILE

Il apparaît de plus en plus impératif de favoriser le rapproche-ment entre cultures. D’un côté, « l’entreprise » est diaboliséepar certains milieux convaincus que toutes ne peuvent fonc-tionner qu’en recherchant des profits toujours plus importantset dans une logique concurrentielle. De l’autre, l’ONG de déve-loppement est accusée de produire, par excès de « subven-tions », de nouvelles formes de dépendance et d’attentisme.Pourtant, dans la pratique, de nombreuses ONG investissentl’économique et développent des mécanismes renforçant lescapacités et ressources locales à travers le micro-crédit, lesmutuelles de santé, voire même dans une certaine mesure, lecommerce équitable. De même, de plus en plus de PME in-vestissent aussi le « social » ainsi que la dimension locale etproposent des services « publics » en ouvrant leurs « ateliers »à des projets de réinsertion sociale, en investissant dans l’en-vironnement, en transformant et en revalorisant des « déchets »pour créer de l’emploi, etc.Dans un cas comme dans l’autre, les expériences sont desformes d’hybrides qui allient économie marchande et non-mar-chande, fonds publics et privés. Trop souvent cependant, ces initiatives restent pensées sur unseul espace géographique et peinent à se développer sur dessynergies Nord-Sud.Or, les difficultés de l’exclusion ne se limitent plus à aucune deszones géographiques et les synergies sont non seulement pos-sibles, mais aujourd’hui indispensables. Nous pensons qu’il estcrucial de favoriser l’émergence de projets d’économie socialeconjoints au Sud et au Nord en mutualisant les forces et lesmoyens, en créant les conditions d’échanges, de créativité etd’interactivité entre les projets locaux des sociétés civiles desdeux hémisphères.

UNE APPROCHE À CONSTRUIRE…

Nous ne reviendrons pas sur l’historique et l’évolution desconcepts de l’économie sociale ou même des luttes ouvrièresqui sont à son origine, au Nord. Notons seulement que le dé-veloppement de l’ESS sur plusieurs continents, constitue deplus en plus une alternative à l’exclusion et une réponse auxbesoins non satisfaits par le marché et un moyen de comblerles vides laissés par l’Etat. Véritable laboratoire d’innovationséconomiques – l’augmentation de l’emploi y est régulièrementcité - l’ESS au Nord a progressivement séduit certains politi-ciens. Des pays intègrent maintenant cette logique dans leursprogrammes de développement.Du coté des opérateurs du Nord, la perspective s’élargit à desbesoins et des réflexions sur l’impact de leurs activités dans lereste du monde. Les raisons en sont sans doute que des do-

maines comme ceux du « réemploi », du développement dura-ble et des compétences pour lutter contre l’exclusion, sont de-venus des projets plus matures pour de nombreuses initiativesde la société civile. Ces projets bénéficient d’ailleurs souventdu soutien des pouvoirs publics et leur essor prend de nou-velles dimensions. La question sensible et d’actualité de l’im-migration au Nord n’est pas étrangère non plus à cettepréoccupation des liens avec le Sud.Du coté Sud, les ONG, quelles soient issues de la coopérationinternationale ou de la société civile, développent un discourssur la nécessité d’agir dans une perspective d’économie so-ciale, en lien avec le développement de l’économie non formellequi semble aujourd’hui seule capable de faire vivre une majoritéde la population.Des réseaux tels que le Réseau Intercontinental de Promotionde l’Economie Sociale et Solidaire (RIPESS 3) tentent de struc-turer ce travail à un niveau intercontinental.Deux contraintes fortes handicapent l’extension des activitésd’ES au Sud :

• la première est d’ordre théorique : les principes de l’écono-mie sociale restent définis au Nord et peinent encore à êtretraduits dans les réalités locales ;

• la seconde est pratique : sur le terrain, malgré des avan-cées, l’expérience montre que la logique globale et domi-nante du développement d’activités d’ES, reste en Afriquetoujours et très largement celle du financement habituel desprojets.

Cette logique de l’aide par projets présente, à bien des égards,des contraintes fortes voire un certain nombre d’antagonismesau développement de l’ES. Il parait indispensable aujourd’huid’interroger ces différences si nous voulons unir des perspec-tives qui nous semblent complémentaires.

POUR UNE « INTERNATIONALISATION » SANS SPARADRAPS ?

Les principes connus de l’ES au Nord (autonomie de gestion,processus de décision démocratique, finalité de services auxmembres ou à la collectivité, primauté des personnes et du tra-vail sur le capital dans la répartition des revenus) sont des cri-tères qu’il nous faut constamment relire et réinterroger à lalumière de la dimension interculturelle qu’oblige l’international.Si ces principes ont été établis de manière large et ouverte4, iln’en reste pas moins qu’ils ont été établis selon une vision etune culture occidentale. Cette manière de cadrer ces principesest sans doute différente en Afrique. Leur lecture en Europeest souvent restrictive et donne l’impression d’une focalisationsur l’interne des organisations (finalité de service aux mem-bres) et investit moins la question de l’utilité sociale de manièreplus large (finalité de service à un collectif plus large voire à lasociété dans son ensemble). Le principe de décision démo-cratique est parfois pris au pied de la lettre (« un homme = unevoix »), alors que ses auteurs 5 accordaient surtout de l’impor-tance à la démarche, au processus (plutôt qu’au résultat) ainsiqu’à « la qualité des membres et la participation aux décisions

3 www.ripess.org4 En tenant compte de l’ESS au Sud également mais sans étude des formes

que prennent dans la pratique, les opérations d’ESS internationales et enparticulier Nord-Sud (ou Sud-Nord)

5 Fonteneau B., Defourny J, Develtere P. (1999), L’économie sociale au Nord etau Sud. De Boeck.

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(qui ne doivent pas être fonction), comme dans les entreprisesclassiques, de l’importance du capital détenu ». Cette volontéde définition et de normes en Europe contraste avec la diver-sité extrême des formes que prennent les expériences d’ESSde par le monde.Si le besoin de clarification est légitime, il peut s’avérer être unfrein à l’internationalisation des opérations d’ESS quand il im-pose des principes comme des critères d’exclusion.En effet, comment ranger les pratiques de l’économie non for-melles dominantes au Sud, sous le label de l’ESS ? A quellesconditions les petites entreprises familiales d’artisans, dont lasurvie du métier dépend en partie de la possibilité d’apprendreaux enfants la technique le plus tôt possible, pourraient-ellesêtre labellisées « commerce équitable » ? A quelles conditionsune petite organisation « gouvernée » par un patron « fort » leserait-elle ? Que penser des groupes d’intérêt économique (GIE) qui orga-nisent à la place de l’Etat le transport public à travers la ges-tion des « cars rapides » dans une ville telle que Dakar ? Leservice n’est-t-il pas « social » eut égard au fait qu’il répondbien à un besoin général de mobilité et compense un manquede solvabilité d’une majorité de dakarois ?A travers ces exemples se dessine la nécessité, d’accorder aumoins autant d’importance aux dimensions plus larges, socié-tales, et de concentrer les interrogations sur la capacité à sa-tisfaire une série de conditions plus globales :

• la prise en compte de la dégradation de l’environnement,• la sécurité des usagers, • leur santé, • la capacité à générer du lien social, etc.

Dans l’exemple présenté des « cars rapides » de Dakar, il estévident que les conditions minimales de sécurité, de santé etpréservation de l’environnement, ne sont absolument pas rem-plies, ce qui engendre, bien au-delà de la question de la redis-tribution des gains au sein de la filière transport6, davantagede problèmes que de solutions sur les conditions de reproduc-tion de la société dans son ensemble.A partir de ces quelques exemples, on conçoit combien les cri-tères de l’ESS ne peuvent se limiter à des principes de gouver-nance et de gestion interne d’organisation : ils touchent aussià la notion d’utilité pour la société, de manière bien plus large,intégrant les générations à venir.

DEUX DIMENSIONS PEUVENT ÊTRE RETENUES

La première est celle de la notion d’impact social ou environ-nemental de l’activité économique. La préoccupation que nousdéfendons est celle d’un développement centré sur la volontéd’améliorer le service à la collectivité tout en se préservant deseffets négatifs d’une activité. Cette notion doit être au cœur desprojets ES, tout particulièrement dans un contexte où lesmoyens sont limités.Cette première dimension est fondamentale car elle impliqueaussi une professionnalisation des activités et du service à lacollectivité. Elle inclut aussi, un mécanisme interne d’améliora-tion du projet qui tente de remédier aux contraintes négativesd’un service. Enfin, elle suppose nécessairement une contribu-tion des pouvoirs publics. La dimension sociale et solidaire nepeut être prise en charge exclusivement par la valorisation éco-nomique des activités. Ici aussi, la mixité des investissementsfait partie des spécificités. Ceci implique donc la nécessité denégocier avec les autorités un certain nombre de changementsnécessaires…

Le projet ES vise donc à améliorer ses propres conditions deproduction.

La seconde dimension tient à la transparence et à la gouver-nance des projets. Comment développer un impact positif surles règles d’accès aux besoins développés, si la gestion n’estpas transparente, si elle monopolise les avantages au profit desystèmes opaques de redistribution d’un groupe, de clans oude partis, ou encore si elle est déterminée par des contrainteset procédures exogènes, engendrant des logiques attentistes ?Pour certains, il s’agit ici de marquer le pas avec des pratiquesanciennes qui touchent à la gouvernance de la société. La dif-férence cependant avec le principe plus rigide « un homme, unevoix » est de dire ici l’importance d’une transparence des rè-gles de décision et de redistribution, même si celles-ci abou-tissent à ce qui peut, de l’extérieur, paraître source d’inégalités7. L’articulation entre ces deux principes – interne à l’organisationet plus global à la société - trouve des expressions concrètesdans certaines questions importantes comme le statut des tra-vailleurs. Le salaire et l’accès à la sécurité sociale ne peuventdès lors se discuter uniquement au sein de l’entreprise, par rap-port aux aspects financiers des projets d’entreprise, mais aussien référence à des formes de citoyenneté. Il s’agit par exemple,en construisant des projets d’ES au Sud, d’abandonner l’idéeque la pauvreté justifie un contexte non formel et des pratiquesoù la débrouille prime sur les règles de vie en société…Ce débat a une résonance commune à tous les phénomènesd’exclusion au Sud comme au Nord.

6 Des études ont montré combien les recettes étaient monopolisées par desgroupes ultra minoritaires au détriment de l’ensemble des travailleurs de lafilière.

7 Le concept d’égalité étant perçu de manière très différente selon lescultures. Bien des sociétés africaines se retrouvent mieux dans le conceptde justice sociale et d’équité, que celui d’égalité devant la loi par exemple.Ceci explique notamment la difficulté à investir dans une « lutte contre lapauvreté ».

(Sénégal) PHOTO : Cf2m

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QUESTIONS EN RAPPORT PARFOIS AVEC LESMÉCANISMES DE COOPÉRATION AUDÉVELOPPEMENT…

Beaucoup de choses séparent encore les relations entre entrepreneurs sociaux du Nord et du Sud, notamment parceque les conditions d’autonomie sont plus difficilement réuniesen Afrique qu’en Europe, et que les rapports au politique autant qu’à l’économique sont fortement liés. En consé-quence, les complémentarités réelles doivent totalementconstruites…Si le développement socio-économique local est perçud’abord et surtout comme un levier du politique local,comment ne pas inféoder la création d’activités à unpouvoir quel que soit celui-ci, et comment garder uneindépendance de gestion ?Comment tel projet d’ESS peut-il générer une autonomied’activité et pallier le manque de ses propres fonds deroulement, alors que l’ONG-mère court-circuite et absorbetoutes les liquidités dans l’attente des bailleurs de fonds ?Comment adapter le projet d’ESS, aux opportunités etcontraintes de la vie économique et sociale, alors que les« financements », quand ils existent, sont pour la plupartexogènes et donc étroitement programmés ?Comment asseoir un fonctionnement optimal ou uneprofessionnalisation indépendante au sein de l’activité, alorsque les acteurs et le personnel affecté dépendent de plusieursstructures et que les liens sociaux imposent parfois certainesformes d’alliances et de gestion ?Comment vivre le rapport à l’argent selon de nouveauxprincipes de distribution et de co-financement (impliquant lesressources locales) ou, comment éviter de concurrencerd’autres agents économiques à travers une aide aux acteurslocaux, qui dans leur grande majorité, refusent lesinvestissements privés ?

Les débats et difficultés vécues pour faire vivre les projetsd’ESS de manière autonome ou efficace, sont nombreux eton y note un manque évident d’outils financiers. Force est de constater combien les modes de développementet les réalités de l’ESS sont différents d’un contexte à l’autre,et, qu’à partir des réalités en Afrique, ils doivent êtreapprofondis pour approcher leurs caractéristiques etspécificités et en développer les potentialités.Malgré ces contraintes, malgré ces difficultés, de nombreuxexemples témoignent de ce qu’il est possible de développercomme relation d’interdépendance et de renforcementéconomique entre Nord et Sud. L’immigration vers le Nord, lesflux économiques de soutien entre les immigrés et leursfamilles, sont des exemples de cette mondialisation desinterdépendances. L’objectif de l’ES Nord-Sud est de créer de l’emploi et del’activité dans des démarches associées qui veulent sortir dela dépendance créée par l’aide, dans un cadre plus réciproqueet équitable. Des expériences tentent déjà d’opérer cerapprochement.Nous pouvons avancer sur quelques idées partagées entrepartenaires pour réfléchir à cette approche commune. Pournous, l’ESI est issue d’un double mouvement : d’un côté, elleélargit par « l’international » son réservoir de solutions locales(en liant le local au Nord et le local au Sud) ; de l’autre, elledécentralise la coopération dans les mains de nouveauxacteurs locaux.

UN CHANGEMENT DE PARADIGMES ?

Sans doute, le problème principal au développement de lo-giques de l’ES conjointes entre Europe et Afrique, tient-il enpremier lieu à un changement des perspectives et des menta-lités qui se construisent depuis 45 ans d’aides et de coopéra-tion internationale.Il est frappant de constater la difficulté rencontrée dans certainscas, à envisager un projet sans programme d’aides classiques,par exemple sur base d’un investissement commun et directentre partenaires de terrain. L’apparition d’acteurs du Nord, nonétiquetés comme issus de la coopération, soucieux dans leurpropre logique d’une autre forme de rentabilité socio-écono-mique, est parfois difficile à accepter par les acteurs « clas-siques » de la coopération…On ne change sans doute pas rapidement d’anciens rapportset on doit constater qu’il n’est pas toujours évident de trouverdes profils d’entrepreneurs parmi les ONG locales.Pourtant les programmes de coopération internationale d’ONGpeuvent consolider utilement l’élaboration de liens d’entre-preunariat social entre sociétés civiles et travailler les complé-mentarités avec les entrepreneurs sociaux du Nord.La question du renforcement des compétences des acteurséconomiques reste, par exemple, difficile à financer directementpar la seule activité productrice de revenus. Des programmescommuns sont donc certainement à imaginer.Passer du paradigme du développement à celui de l’interdé-pendance, du « projet » à la « dynamique d’acteurs » est ce-pendant un très long parcours. L’intérêt de l’ESS à cet égard,réside probablement principalement en ce qu’elle repose fon-damentalement sur une hybridation des genres (des modes definancements, des modes d’organisation, des cultures institu-tionnelles…). C’est cette hybridation, par nécessité, qui permetde décloisonner des mondes peu habitués à communiquer (enparticulier le monde de l’associatif et de l’entreprise). Elleconstitue de ce fait un véritable laboratoire d’innovations.Quelques entrepreneurs sociaux se sont risqué sur ces terrains.

COMMENT CRÉER DES RÉSEAUX DE RÉPONSESÉCONOMIQUES AUX BESOINS DU NORD ET DU SUD ?

Les modes de partenariat peuvent être des sources d’innova-tions économiques. Dès lors que notre manière d’entreprendren’isole pas la réflexion à notre seul domaine de compétencestechniques, ou que nous acceptons d’envisager les effets decausalités de notre travail hors de notre champ de prédilection,nous sommes vite confrontés, en tant qu’entrepreneurs, à denouveaux besoins et demandes. De fait, nous sommes ame-nés à approfondir ainsi de nouvelles réponses dans des do-maines qui s’étendent dans un champ de perspectives et un« réservoir à solutions » bien plus largement que dans une pers-pective locale. L’expérience de CF2m démontre que le secteur du réemploi in-formatique au Nord apporte des solutions au Sud et, récipro-quement permet d’y découvrir de nouvelles possibilités etmodes d’actions pertinents pour le Nord… A partir d’un atelierde réemploi d’ordinateurs au Nord (ayant permis de fournir del’emploi à 7 personnes immigrées à Bruxelles) des projets sesont montés avec des associations ou structures locales auSud, actives dans l’éducation et l’appui aux associations debase. Le suivi de ces activités a très vite conduit à s’interrogersur le recyclage là-bas des équipements en fin de vie. Cette in-terrogation, étayée par une étude de faisabilité, nous pousse à

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investir dans une usine dedémantèlement de déchetsélectriques et électroniques(DEE) en Belgique. L’étapesuivante sera probablementd’en monter également auSud dans la perspectived’une juste gestion des dé-chets.Le souci d’analyser les ex-ternalités des partenariats auSud nous conduit égalementà nous interroger sur la ges-tion des déchets. La réem-ploi des bâches de camionauprès des sociétés detransport (dans le but del’imperméabilisation des dé-charges) peut-elle participerà solutionner cette question ? Certains composants d’ordina-teurs (tubes, écrans) dégagent des vapeurs toxiques lors deleur démantèlement : comment les démanteler ou les réem-ployer ? Comment réutiliser les écrans (à l’exemple des chi-nois qui en font des téléviseurs) ? Au départ, des technologies de l’information qui sont le do-maine particulier de travail de CF2m, d’autres questions sontégalement apparues dans des domaines aussi divers que leséquipements agricoles, l’écotourisme, le réemploi du PVC, lesservices financiers, le réemploi d’équipements sportifs… D’au-tres exemples belges de « co-entreprise » sont illustrés par l’en-treprise Terre et l’ONG Autre Terre dans le domaine du réemploides papiers et vêtements.Ces investissements débouchent également sur des réflexionsimportantes sur les normes de qualité en matière de récupéra-tion : traitement différencié de ce qui est déchet ou réemploya-ble, les exigences en matière de suivi, de formations ou mêmela recherche-développement et le services après vente…La réflexion peut être ainsi un vecteur de développement encascade et de liens entre projets pour peu que la volonté d’évo-luer et les soucis de transparence y soient la règle.

VERS LE DÉVELOPPEMENT DE PRATIQUESNOUVELLES DE CO-GESTION DES BESOINS ETD’ARTICULATION DES RESSOURCES NORD ET SUD

Le développement d’activités ESS Nord/Sud doit être envisagéà travers le rapprochement concret entre les acteurs locaux.Ces activités doivent s’appuyer sur un tissu social local, per-mettant à ces collaborations d’inscrire les acteurs locaux dansun processus de co-construction et de co-élaboration de leursbesoins respectifs.De fait, loin d’être une donnée sui generis évidente, les besoinssociaux locaux sont le résultat d’échanges et d’élaborationsconjointes entre les acteurs du Nord et du Sud. Cette démarche se fonde sur l’implication directe de divers ac-teurs locaux, la mise en commun et l’échange des ressources,attentes et contraintes respectives et suppose l’articulation denos dimensions respectives au sein de projets d’économie so-ciale et solidaire.Il est certain qu’isolé, l’entrepreneur social ne peut pas répon-dre à une palette de demandes qu’il ne maîtrise pas. Contrai-rement aux logiques de concurrence – parfois persistantesaussi dans le secteur de l’ES – il a besoin de l’autre pour avan-

cer sur ses propres projets.En les reliant et en exploitantce potentiel, l’entrepreneursocial crée des lieux de par-tage d’expériences et decréation de solutions, com-pétences et liens de com-plémentarités avec sespartenaires.Cette démarche d’entrepre-nariat est le moteur mêmedu projet en économie so-ciale internationalisée : quiconsiste à relier de manièretransversale et solidaire l’ex-ploration de réponses à desbesoins sociaux et de réflé-chir à leur organisation etpérennisation.

Elle demande en outre une réflexion commune et socialisée surle partage des marges financières propres à chaque activité et,par exemple, sur les priorités d’affectation des réinvestisse-ments.Pour l’organiser et nous projeter dans des relations futuresentre Nord et Sud, nous poussons l’idée d’expérimentation de« clusters » ou grappes d’opérateurs Nord/Sud.Celles-ci devront inventer ensemble sur base de besoins etcomplémentarités économiques et de la reconnaissance deleurs propres règles, des systèmes économiques d’échanges,de sécurisation et de mutualisation des risques, la recherchede moyens complémentaires à partir du partage de certainesressources. La construction d’une plate-forme commune de ré-ponses à ces besoins est donc un futur enjeu. Beaucoup dedomaines sont encore à explorer à ce niveau.

Cette manière de faire réseau très concrète, nous éloigne de lavision classique de spécialistes des démarches de « co-opé-ration ». Elle entre très difficilement dans des démarches deprogrammation a priori fermées, dans la mesure où elles’adapte constamment aux opportunités existantes localementpour se développer. Une autre différence marquante résidedans le fait qu’elle part nécessairement des potentialités et nonpas des manques, des carences ou de la pauvreté. Danschaque situation, même les plus indigentes, elle cherche à va-loriser des volontés et des potentialités en tirant parti de l’exis-tant. On est loin aussi d’une certaine façon de faire dudéveloppement qui réunit par appel d’offres des acteurs qui nese connaissent pas, pour faire des choses qu’ils ne savent pasnécessairement faire, autour de projets étroitement « identifiés »au préalable. Dans l’ESS N-S, l’implication financière et moraledes acteurs dans les processus est déterminante, et l’adapta-tion perpétuelle.Le processus (faculté de tisser des liens de solidarité mixant lesocial à l’économique) prime sur le produit lui-même. Nous sommes ainsi persuadés que cette manière de faireconstruit elle-même ses propres développements et enracine-ments locaux, et que nous pouvons innover et tisser une nou-velle perspective économique. Un maillage de projets solidairespeut alimenter la création des liens comme de nouvelles alter-natives de développement, au Nord et au Sud…L’articulation de l’ancrage local avec une perspective interna-tionale, constitue selon nous une garantie contre les délocali-sations et permet de porter sur la mondialisation un tout autreregard. ■■

(Cambodge) PHOTO : COTA

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Le rôle et les responsabilités sociales et culturelles portent lesfemmes à rechercher dans les ini-tiatives d’économie populaire etsolidaire d’autres avantages sociaux tout aussi importants pourelles que l’augmentation de leursrevenus. Les organisations d’éco-nomie populaire et solidaire (OEPS)offrent aux femmes boliviennes unespace d’empoderamiento1 pro-pice au déve lop pement et à la va-lorisation de leurs capacités àparticiper au changement de leursociété. Les transformations so-ciales qui en découlent ne se tra-duisent pas seulement au niveauindividuel, mais ont des répercus-sions collectives qui concernentbien sûr la situation des femmesen général mais également toutela société bolivienne…

La thèse de doctorat que Sophie Charlier a défendue en 2006s’attachait à rendre visible la manière dont les femmes déve-loppent un processus d’empoderamiento au sein des pratiquesd’économie populaire et solidaire en Bolivie. Ce travail étaitbasé sur une enquête participative menée dans les Andes bo-liviennes2 auprès d’organisations paysannes et/ou d’artisanes(rurales et citadines). Interview…

QUELLES SONT LES MOTIVATIONS DESBBOLIVIENNES QUI PARTICIPENT À DES OEPS ?

Leurs attentes sont multiples. Bien sûr, les femmes veulentaméliorer leurs revenus et leurs conditions de vie. Mais, mêmesi elles n’en ont pas forcément toutes conscience d’emblée,elles accordent une grande importance à la dimension forma-tive de leur engagement ainsi qu’aux divers avantages qu’ellespeuvent en retirer socialement. Dans certains cas, ces motiva-tions l’emportent sur les espérances économiques.La participation à des OEPS leur permettent en particulier detisser des réseaux sociaux qui leur garantissent une certainesécurité sociale, des réseaux d’entraide et de solidarité qui peu-vent leur être utiles autant sur le plan professionnel que sur leplan privé. L’organisation est un lieu où elles ont l’occasion dese former et sont ensuite amenées à prendre la parole en pu-blic, à affirmer leurs idées, à faire valoir leurs opinions et à endébattre. Cela leur donne encore l’occasion de renforcer leursconnaissances et d’accéder à de nouveaux moyens de pro-duction.Même si on demeure bien souvent dans une logique de survie,la diversification et l’augmentation de leurs ressources, si mo-destes soient-elles, apporte à leur famille une meilleure stabilitéfinancière. Ce qui leur permet de se repositionner dans des rap-

ports de pouvoir, plus égalitaires vis-à-vis des hommes, autantau sein du ménage que de la famille élargie, de la communautétoute entière ou du quartier.Les femmes espèrent que leur organisation répondra à la fois àdes besoins d’ordre individuel, social, politique et culturel. Ellessouhaitent pouvoir développer des stratégies leur permettantd’acquérir un autre espace dans la société, un espace reconnuet valorisé.Grâce à cet empoderamiento, certaines deviennent quelqu’unqu’on écoute au sein des OEPS et plus largement. A partir delà, elles peuvent être amenées, seules ou poussées par les au-tres, à endosser des responsabilités nouvelles dans d’autresinstances comme des conseils de quartiers ou communaux,dans les appareils syndicaux…

L’EMPODERAMIENTO DES FEMMES DANS L’ÉCONOMIE POPULAIRE ETSOLIDAIRE BOLIVIENNE *

(Bolivie) PHOTO : Sophie Charlier

* Cet article est basé sur les écrits et les propos de Sophie Charlier recueillis enentretien le 22 mai 2007. Sophie Charlier est ingénieur agronome, docteuren sciences sociales, chercheure associée au GRIAL, chargée de coursinvitée à l’UCL. Les écrits auxquels nous faisons référence ici sontprincipalement sa thèse de doctorat présentée en 2006 à Louvain-la-Neuve(« L’économie solidaire au féminin : quel apport spécifique pourl’empoderamiento des femmes ? Une étude de cas dans les Andesboliviennes » disponible sur http://edoc.bib.ucl.ac.be:81/ETD-db/collection/available/BelnUcetd-12032006-175843/) et un article parudans le n° 67 de Défis Sud (Mai-juin 2005) (« Elles sont bien plus qu’unequestion d’argent », p. 26-27).

1 Le concept d’empoderamiento est différent de celui d’empowerment. Ilrenvoie à un processus dynamique de formation, de renforcement, derecherche de sens et de raison d’être, de capacité de prise de décisiondans les choix de vie et de société, individuels et mutuels, à un niveau localautant que global.

2 Les Yungas ainsi que les régions de La Paz, d’Oruro, de Sucre et de Potosi.

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CETTE PRISE DE POUVOIR INDIVIDUELLE A DESIMPLICATIONS COLLECTIVES…

Ces femmes sont porteuses de messages du groupe. Et puis,La nécessité économique de se mettre ensemble débouchesur d’autres formes d’initiatives communes relevant autant dela sphère privée que de la sphère publique.Elles essaient notamment de changer les rapports entrehommes et femmes. Par exemple, sur la question de la vio-lence intrafamiliale. C’est un gros problème en Bolivie. Du sim-ple fait d’avoir intégré un groupe, de s’être rendue compte queça se passait chez d’autres, de s’apercevoir qu’elles n’étaientpas les seules, de pouvoir en parler, d’apprendre que ça n’estpas légal et que la loi est censée les protéger, quelques-unestentent par elles-mêmes de négocier avec leur conjoint. Maissi la situation est plus grave, le groupe peut être amené à in-tervenir directement auprès du conjoint ou requérir l’interven-tion des autorités. En dernier ressort, il pourra soutenir uneaction en justice. Les organisations exercent des formes de médiation qui dé-passent l’économie sociale. Elles s’organisent pour adresserdes revendications aux responsables politiques et à l’Etat. Lesorganisations d’artisanes, avec les différents groupementsd’artisans essaient d’obtenir une reconnaissance du gouver-nement bolivien qui permettra à leur secteur d’activité de bé-néficier de la mise en place d’un système de caisse desécurité sociale. Elles se mobilisent également pour défendrela fixation d’un prix minimal pour leurs produits.Le contexte politique est propice, le gouvernement actuel esttrès ouvert aux mouvements sociaux, interpellé sur la questiondu commerce équitable, il a sollicité la participation des orga-nisations d’artisanes. Elles sont parvenues à se faire recon-naître comme des interlocutrices valables.

PEUT-ON CONSIDÉRER QU’IL Y A UNE/DESPRATIQUE(S) DE L’ÉCONOMIE POPULAIRE ETSOLIDAIRE PROPRE(S) AUX FEMMES ?

Il y a plutôt des pratiques spécifiques au rôle que les femmesjouent dans la société et à la façon dont elles y vivent. C’estainsi que, de par leurs rôles sociaux, les femmes revoient leparadigme de l’économie dominante. Leurs préoccupationsles incitent à s’intéresser à la reproduction, aux services, àl’éducation des enfants, à la santé, aux relations avec les per-sonnes âgées, etc. Les femmes ne vont pas avoir une ap-proche de l’économie uniquement techniciste et basée sur lerendement et le revenu. Elles sont obligées d’intégrer ces as-pects à l’ensemble des activités qui leur incombent dans lasociété.Dans les entreprises de femmes, il y a par exemple une placepour les enfants, des garderies. Certaines n’ont pas envie d’al-ler à l’usine pour ne pas être coupées de la vie de famille. Ellesveulent combiner l’éducation des enfants avec le travail, pou-voir compter sur un réseau social pour prendre en charge leurprogéniture quand elles sont moins disponibles ou quand unproblème se présente… Dans ce sens, elles repensent l’éco-nomie.On peut considérer qu’il y a une économie sociale spécifique.Elles revoient le paradigme de l’économie avec une dimen-sion humaine et pas uniquement de profit. C’est bien sûr lepropos de toute initiative d’économie sociale, mais je penseque l’intervention féminine le renforce.

Nous pouvons également parler d’une influence spécifiquelorsque les femmes participent à des espaces politiques et/oudes lieux de décision. Ainsi par exemple la branche fémininede la coopérative de producteurs de café « Coraca », de la lo-calité d’Irupana, est parvenue à faire élire l’une de ses mem-bres au conseil communal. Cela leur a permis de faireconstruire une auberge paysanne (alberge campesina) uni-quement destinée aux femmes. Ces auberges paysannes ac-cueillent les paysans venus vendre leurs produits au marché.Elles sont généralement mixtes, mais les femmes qui viennentseules ne peuvent pas s’y rendre (c’est mal vu et souventsource d’ennuis…). Une salle de formation y a été adjointe,ainsi qu’une boutique dans laquelle les femmes peuventéchanger des produits de première nécessité contre leurs pro-duits agricoles qui seront ensuite revendus par ce magasin.Cette initiative répond à des intérêts économiques propre auxpaysannes. Sans cela, elles ne pourraient pas venir au marchéy écouler leurs produits.

LES OEPS APPARAISSENT COMME NÉCESSAIRES ÀL’EMPODERAMIENTO DES FEMMES…

Oui mais il faut mettre quelques bémols. Le processus d’em-poderamiento n’est pas identique partout, les progrès décritsici sont très relatifs et ne concernent pas toutes les femmes àun même niveau. Ils ne sont pas non plus garantis. Aucontraire, ils sont assez fragiles.Le contexte culturel, le milieu social et la manière dont sontnégociés les rapports de genre au sein de la famille et au seinde la communauté locale vont fortement influencer l’empode-ramiento individuel. Par exemple, le soutien du conjoint est unfacteur assez déterminant. Il faut se rendre compte aussi quel’accumulation des tâches à assumer ne va pas forcément depair avec l’amélioration de la qualité de vie des femmes.Entre artisanes et agricultrices, la donne est différente dans lamesure où les organisations paysannes sont mixtes. Les agri-cultrices ont beaucoup plus de difficultés à faire valoir leursrevendications. On constate qu’elles y parviennent mieux sil’organisation de producteur possède une branche féminine.L’élue d’Irupana dont il est question plus haut a dû subir despressions énormes pour la conduire à démissionner. Sans lesoutien du groupe de femmes dont elle est issue, elle avoueelle-même qu’elle n’aurait pas su se maintenir en placejusqu’au bout de son mandat. Elle n’en briguera sans doutepas un second. Elle fait pourtant partie de la mouvance duprésident Morales. L’accès des femmes à des responsabilitéspolitiques est encore assez mal perçu en Bolivie et celles-ci ysont peu ou pas préparées.Ce renforcement du pouvoir de la femme peut amener à uncertain déséquilibre si on ne prend pas en considération leschangements d’identité, notamment l’identité masculine.Quand la femme commence à contribuer aux revenus du mé-nage et se met en plus à endosser de nouvelles responsabili-tés, le mari perd parfois ses repères. Il y a des risques de perted’identité masculine. Certains se déresponsabilisent : « main-tenant que tu gagnes ta vie, je ne dois plus te donner ». Ils nese retrouvent plus au sein de la famille, ne savent plus réelle-ment en quoi consiste leurs rôles. La famille change mais lasociété change plus lentement. L’acquisition d’empodera-miento des femmes oblige la recherche de nouveaux repèrespour que l’autorité (le pouvoir) ne repose pas sur un seul genremais sur les deux : c’est une question d’identité féminine etmasculine. ■■

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Quels rôles les ONGD peuvent-elles jouer dans l’appui aux initiatives d’économie sociale et soli-daire (ESS) ? Deux options d’interventions s’offrent à elles : offrirdes services d’appui performants ou se reconvertiren opérateurs économiques à finalité sociale opé-rant dans des créneaux de filières. Dans un cascomme dans l’autre, il est tout aussi importantd’entretenir une relation de « fournisseur-client ». Les ONGD doivent quelque peu abandonner leurculture organisationnelle de type « socio-caritative »pour évoluer davantage vers une culture entrepre-nariale. Les ONGD sont-elles appelées à devenirelles-mêmes des ESS?

LE RÔLE DES ONGD DANS LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIREPatrick Vanderhulst*

La lutte contre la pauvreté peut se faire sur deux fronts : soit oncontribue à ce que la richesse produite par les entreprises soitmieux répartie entre tous les citoyens (par la promotion de labonne gouvernance, du financement d’actions caritatives et dela responsabilité sociale des entreprises privées) ; soit on contri-bue à ce que les pauvres gèrent des entreprises qui génèrentcette richesse, en appuyant le développement d’entreprisesd’ESS. Dans la majorité des cas, ces ESS ont un statut de so-ciété de type coopérative, de mutuelles (comme les mutuellesd’épargne et de crédit ou mutuelles de santé) ou simplementd’association. Mais ce dernier statut pose problème dès lorsque les ESS œuvrent dans des secteurs libéralisés où elles en-trent en concurrence avec les entreprises privées. Cetteconcurrence est déloyale puisqu’elles sont exemptées detaxes, d’impôts ou bien subventionnées.

* AtolPour plus d’informations sur les questions traitées dans cet article, voir :http://www.lesjeunesentreprises.be/index.php?option=com_content&task=view&id=211&Itemid=384http://www.lesjeunesentreprises.be/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=36&Itemid=356 http://www.ripess.net/fr/prc.html

(Burkina Faso) PHOTO : COTA

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Plutôt que d’exercer une activité marchande sous le couvertd’une asbl, il serait préférable de le faire en tant qu’entrepriseà finalité sociale. Ce statut peut donner droit à certains avan-tages de la part des gouvernements à condition qu’il contribueà résoudre certains problèmes qui ont un impact socioécono-mique voire politique important. Vu le caractère innovateur,pionnier ou risqué, le privé ne s’y lancera pas, surtout si la ren-tabilité est faible.

DISTINGUER INITIATIVES MARCHANDES ET NON-MARCHANDES

Lorsqu’une ESS veut survivre dans des secteurs où l’offre etla demande sont équilibrées, elle doit respecter les règles dela libre concurrence. Sa viabilité et sa durabilité en dépen-dent. Une ESS œuvrant dans les domaines non-marchandsne doit pas faire face à pareille exigence. Elle intervient dansles secteurs des services de base ou de la redistribution desrichesses et doit savoir valoriser les principes de solidarité etde loyauté entre pauvres et moins pauvres. Il s’agit de ga-rantir un accès équitable à ces services et, éventuellement,d’organiser une discrimination positive en faveur de certainsgroupes marginalisés, exclus et laissés pour compte. Cessecteurs sont différents d’un pays à l’autre, mais peuvent tou-cher, par exemple, les mutuelles de santé, les institutions demicrofinance, la distribution d’eau potable, la distribution del’énergie, les formations, les initiatives de réinsertion socio-économique, le transport public, etc.Les ESS du secteur marchand (ESS-M), quant à elles, doi-vent bien cibler les créneaux porteurs dans lesquels ellespourront perdurer. Elles éviteront néanmoins ceux dont la ren-tabilité est assez importante pour bien rémunérer à la fois lecapital et le management. Leur réussite attirera inévitable-ment à terme les promoteurs privés qui feront tout pour pren-dre leur place et réduire leurs efforts à néant. Le privé disposede ressources lui permettant de travailler à une plus grandeéchelle et de minimiser les coûts fixes. Qui plus est, il a lesmoyens d’attirer de meilleurs gestionnaires en les rémunérantmieux. Pour contrer cette concurrence, les Etats pourraientenvisager de protéger les ESS-M en leur réservant certainscréneaux. Ainsi par exemple, on pourrait imaginer que desmédicaments génériques essentiels ne pourraient être pro-duits ou vendus que par des pharmacies ESS-M.

FAIRE LE TRI

Les analyses de faisabilité qui précèdent le lancement desESS-M devraient veiller à inclure le calcul du taux de rentabi-lité interne (TRI). Combiné avec le délai de récupération descapitaux investis (très court dans des contextes d’instabilité),le calcul du TRI aide à déterminer l’intérêt du projet d’entre-prise. Tout projet dont le TRI est inférieur au coût des capi-taux sur le marché local est éliminé par les investisseursprivés. L’ESS-M est donc assurée de pouvoir travailler sanscraindre de les voir arriver.Lorsque l’on connaît les taux d’intérêt pratiqués par certainsriches particuliers des pays en développement, on comprendvite que beaucoup d’initiatives, bien que viables, ne trouventpas de promoteurs privés. C’est le cas de la plupart des do-maines d’activités contrôlés auparavant par les entreprisespubliques. Une fois privatisées, ces dernières n’ont pastrouvé acquéreur, à l’exception de celles travaillant dansquelques niches très rentables. Par exemple, les opérateurs

privés de la distribution de l’eau potable, de l’énergie, des ré-seaux de communication ou des transports de personnes,cantonnent leurs activités aux endroits où vivent les riches. C’est donc parmi les activités économiques viables mais pasassez pour attirer les capitaux privés que se situent un ter-rain d’activités potentiel des ESS-M.

Néanmoins, le TRI doit être suffisamment élevé pour permet-tre de rémunérer d’une part le capital (à savoir l’érosion mo-nétaire, les petites épargnes et/ou le coût des financementsinternationaux), et d’autre part le management (gérants et ad-ministrateurs). Cela devient rare. Pour attirer l’un et l’autre, ilfaut un projet plus intéressant que les autres projets d’entre-prises qui se présentent.Le bénévolat a ses limites. Même dans le cas où l’on cherchedes donateurs pour financer l’investissement, ceux-ci intè-grent parfois le TRI comme un élément de sélection.Que le TRI soit positif n’est donc pas suffisant. Mais c’est unélément incontournable dans la mesure où, pour certainesinitiatives, le degré d’autofinancement doit être très impor-tant, voire total. Par contre, pour d’autres services comme laformation, la recherche, le transport public de personnes,etc., le projet sera toujours déficitaire. En les prenant encharge, les ESS-M remplissent un rôle économique capital.

L’IMPACT DES ESS-M

En amont comme en aval, certaines ESS-M permettent àd’autres initiatives économiques de prospérer. Ainsi, la réha-bilitation de routes de desserte agricole et leur gestion n’estpas un secteur suffisamment rentable pour attirer l’investis-sement privé. Il ne faut pas davantage compter sur les utili-sateurs directs, lesquels ne sont pas capables de payer lecoût réel d’utilisation des routes (comme c’est par contre lecas pour les péages sur certaines de nos autoroutes). En re-vanche, des comités de gestion peuvent être créés pour veil-ler à ce que les utilisateurs cotisent et faire en sorte que cettecontribution soit réinvestie dans l’entretien et l’améliorationdes voiries.

Pour citer un autre exemple, dans plusieurs pays, la filièremanioc gagnerait à promouvoir des petites entreprises detransformation. Ceci :

• réduit les frais liés au transport des champs vers les lieuxde transformation,

• génère ensuite des économies de transport puisque l’ontransportera un produit « concentré » avec une plus hautevaleur marchande,

• diminue les pertes grâce à un bon conditionnement,• valorise et maintient sur place la main-d’œuvre rurale.

Actuellement, dans beaucoup de pays africains, on importe lafarine de manioc et l’amidon alors que des quantités de pro-duits locaux se perdent. Une production de qualité permet-trait donc en plus de substituer certaines importations, parexemple, en remplaçant la farine de blé dans le pain (à rai-son de 20%).Tous ces effets justifient que l’Etat subventionne ne fut-ceque les appuis-conseils et formations professionnelles né-cessaires à la mise en place et à la viabilisation de ces unitésde transformation.

L’impact sera d’autant plus important, et l’effet multiplicateur sila filière investie est atomistique. Les filières atomistiques se

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distinguent par le fait que chaque créneau est constitué d’unemultitude de petits acteurs. La plupart des cultures vivrièressont de type atomistiques. Il n’y a pas de situation de monopoleoù celui qui détermine son prix de vente et/ou d’achat le fait enfonction des bénéfices maximaux qu’il compte en retirer sansse soucier de la rentabilité des autres créneaux. Beaucoup decultures industrielles, par exemple, sont confrontées à des mo-nopoles de transformation et d’exportation, sans parler desfournisseurs d’intrants spécialisés. les petites unités de pro-duction qui en dépendent risquent de voir leur marge se réduire.Les petits producteurs sont alors dans l’incapacité d’assumerleurs charges et leurs coûts de production et, a fortiori, de payerleur main d’œuvre. S’ensuivent inévitablement l’exode vers lesvilles, l’abandon et l’appauvrissement des terres.

Le soja Béninois est dans une position mixte. Son plus grandacheteur reste l’usine à huile, mais il existe déjà une filière al-ternative qui le valorise sous forme de tofu (fromage de soja).

LE RÔLE DE L’ETAT

Auparavant, l’Etat accordait ses appuis et formations par l’in-termédiaire d’institutions paraétatiques, voire souvent, de sespropres services. Dans certains pays, et pour des secteurs bienspécifiques, c’est toujours le cas. L’Etat perpétue son soutienà travers des agences pour la promotion de l’exportation, lapromotion du mouvement coopératif, l’électrification rurale oudes agences régionales de développement. Ces agences of-frent des services de crédits d’intrants, de vulgarisation agri-cole, de commercialisation…

Les institutions paraétatiques étaient subventionnées ou béné-ficiaient de financements de bailleurs bi- et multilatéraux. Leursituation de monopole leur permettait de réaliser d’importanteséconomies d’échelle. Malheureusement, en raison de la mau-vaise gouvernance, le coût pour le pays dépassait largementles plus-values générées.

(Brésil) PHOTO : COTA

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Aujourd’hui, l’Etat est confiné à un rôle régalien. Quant au privé,il ne tient pas à prendre sa place dans tous ces domaines car :

• le TRI est trop faible ;• le pouvoir d’achat des clients est faible (ce qui oblige à

conditionner dans des petits volumes et à vendre à créditavec de faibles marges) ;

• la clientèle est dispersée (ce qui entraîne des coûts de com-mercialisation par unité élevés) ;

• les secteurs d’activité concernés ne sont pas commerciauxincluant des cultures ou des élevages de rente. Elles ne pré-sentent qu’une faible rentabilité au niveau primaire et impli-quent de surcroît une grande prise de risque.

Des organisations paysannes sont amenées à prendre encharge ces services, mais elles ne devraient pas être les seulesà s’y investir, car leur impact économique est considérable etjustifie largement que l’on intervienne. Les gouvernements de-vraient davantage les appuyer ou les encourager.L’Etat peut stimuler ces initiatives en créant des cadres légauxet fiscaux propices, tout en apportant des appuis budgétaireset en finançant des services de support adéquats. Il peut éga-lement investir dans des zones artisanales ayant une accessi-bilité et des infrastructures appropriées à des prixpromotionnels.

L’Etat, et donc également les ONGD qui demandent des sub-ventions, se basent sur des études de rentabilité macro-éco-nomique pour justifier les aides et les avantages accordés. Ledomaine de l’approvisionnement en semences (et géniteurs)améliorées pour des produits vivriers n’est pas intéressant pourle secteur privé. Il est néanmoins une contrainte structurellepour l’amélioration de la production vivrière et de la sécurité ali-mentaire.

L’ONGD PRESTATAIRE DE SERVICES D’APPUI-CONSEIL

Quelle que soit la filière envisagée, les ONGD pourraient offrirles services d’appui suivants :

• réaliser des études préalables (jusqu’à la finalisation d’unvéritable plan d’entreprise) ;

• organiser et donner des formations spécialisées ;• prodiguer des conseils juridiques et commerciaux ;• mettre en oeuvre des programmes de recherche-dévelop-

pement en vue d’innover ou d’améliorer la productivité ou laqualité.

• faciliter des contacts avec des organismes de financement.

Le premier service est le plus important puisqu’il détermine lesconditions de démarrage du projet. L’entreprise sera-t-elle via-ble ? La valeur ajoutée est-elle suffisante pour couvrir plus queles coûts de production ? Travaille-t-on à une échelle rentable ?Quel sera le prix de vente qui permettra de trouver un marché ?Par rapport à ce prix, quel sera le seuil de rentabilité ? Les com-pétences de départ ainsi que leur développement sont-ils suf-fisants ?Ces études doivent également s’attacher à estimer l’impactéconomique de l’entreprise : les emplois créés au sein de l’en-treprise, la valeur des matières premières utilisées en amont, lenombre d’emplois créés en aval, etc.Les ESS-M ne sont pas en mesure de payer le coût réel desappuis-conseils. Leur échelle est trop faible pour dégager desbénéfices importants. Une subvention de ces services est donc

justifiée. Mais deux conditions doivent être remplies :• leur activité étant supposée rentable après une certaine pé-

riode de démarrage, les entreprises clientes doivent payerne fut-ce qu’une partie des coûts (elles doivent être perçueset responsabilisées comme des clients qui achètent et doncpeuvent plus facilement avoir des exigences de qualité) ;

• le coût net de la subvention (directe aux prestataires ou viales clients) doit être plus faible que la plus-value écono-mique générée.

Les ESS-M peuvent à la rigueur rétribuer les services avec des« chèques services » subventionnés. Il faut néanmoins veiller àce que les subventions externes soient liées à des interventionsprécisément définies ainsi qu’aux résultats directs obtenus. Ilne s’agit pas d’accorder des chèques en blanc.Comme pour chaque entreprise, l’Etat peut subventionner larecherche-développement, la formation du personnel qualifié,certains frais de commercialisation liés au ciblage socio-éco-nomique.

L’ONGD RECONVERTIE EN OPÉRATEUR ÉCONOMIQUE

Certains créneaux, dans des filières précises, constituent desgoulots d’étranglement considérables et sont donc hautementstratégiques. Y intervenir de manière durable et viable demandenéanmoins des capacités financières ou techniques qui dé-passent (momentanément ?) les capacités des associations.D’où l’utilité pour l’ONGD de créer son entreprise à finalité so-ciale 1 (sans qu’elle ne se trouve en position d’abuser de sa si-tuation de monopole de fait). On doit viser une rentabilitéinterne et un développement basés sur les revenus générésplutôt que sur les financements extérieurs. Néanmoins, dans lecas où cette entreprise à finalité sociale rend un service avec unimpact économique important, il est acceptable, voire souhai-table que l’Etat lui accorde des avantages ou des subventions.Mais ces aides doivent être liées aux résultats effectivementobtenus. Les subventions sont nécessaires dans les cas où lecoût des services ne peut pas être payé par les bénéficiairesdirects.Il est préférable de choisir un statut juridique qui permette auxstructures de base de (re)prendre ensuite au fur et à mesure lecontrôle de l’entreprise, en rachetant par exemple les parts so-ciales ou les actions.Par exemple, selon la filière, l’un des créneaux à exploiter pour-rait être la fourniture aux exploitations familiales d’intrants dequalité conditionnés. La multiplication de semences sélection-nées requiert une expertise technique et organisationnelle cer-taine. Il faut également entretenir des relations de confianceavec les stations de sélection. A cause des coûts d’investisse-ment et de fonctionnement, ce type de service n’est rentableque pour un marché important, marché qui dépasse celui desmembres d’une association paysanne (la multiplication in vitrodes pommes de terre, le traitement particulier des graines depalmier à huile sélectionné, le traitement phytosanitaire et lecontrôle de germination pour les semences de légumes, etc.).Il en est de même pour les autres intrants, comme les engraischimiques et produits phyto appropriés pour les cultures spé-cifiques et qui conditionnés selon la demande, exigent parfoisun équipement spécialisé qui ne s’amortit que pour un marchéimportant.

1 Il existait jadis en RDC un statut d’entreprises dites de « société civile »pour dénommer de telles entreprises d’utilité publique.

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Si on veut produire des aliments qui peuvent concurrencer lesproduits importés autant sur le plan de la qualité, de la quantitéque de la productivité (respect des délais de livraison), il fautconsentir des investissements conséquents pour acquérir deséquipements de transformation et se doter d’une expertisetechnique suffisante.

Une installation de séchage artificiel du manioc (ou d’autresdenrées), une unité de pasteurisation de jus ou de fabricationde confitures, une presse à huile mécanisée, deviennent desoutils incontournables pour conquérir certains marchés. Pourles rendre disponibles au sein de la filière, il n’est pas néces-saire de mettre en place une entreprise qui achète les produits,les transforme et ensuite en assure la commercialisation. Il suf-fit d’un simple atelier de service dans lequel les producteursviennent avec leurs produits pour les faire transformer, moyen-nant finance. L’avantage de cette option est que le contrôle dela qualité ainsi que le stockage et la transformation restent dela responsabilité du producteur. Ceci a des répercussions im-portantes sur les frais de fonctionnement, y compris la gestiondes fonds de roulement et la gestion du personnel. La respon-sabilité de l’entreprise se limite à mettre à la disposition desclients un équipement et des opérateurs performants à des pé-riodes propices et à un coût honnête.

Par exemple, les presses modernespour l’huile de karité permettent nonseulement d’avoir un meilleur tauxd’extraction, mais également demeilleure qualité d’huile. Ces deuxfacteurs rendent l’extraction artisa-nale de moins en moins rentable(plus chère et de moindre qualité).Ouvrir un service d’extraction estdéjà un bon départ. S’il est situéprès d’un marché ou facilement ac-cessible, pareil atelier pourrait pro-gressivement devenir un point devente. Mais en laissant aux produc-teurs le soin de s’occuper eux-mêmes de la commercialisation deleur huile, l’entreprise de servicesévite les épineux défis du contrôlede la qualité de la matière première,du stockage et de la vente du pro-duit fini.

Même chose pour une coopérativede commercialisation. Dès qu’ellecommence à payer cash, à un tarifpréférentiel au dessus du prix demarché, le produit livré par sonmembre, les problèmes s’accumulent pour le gérant. Il faut queles membres/clients gardent la propriété de tout le processusde commercialisation et soient responsabilisés par les pro-blèmes de qualité. Dans le domaine de la commercialisation, les plus grands défissont :

• l’accessibilité des produits ;• le groupage en des quantités intéressantes – y compris

l’éventuel stockage ;• la garantie de leur qualité• la négociation commerciale.

Les petites exploitations ont tout intérêt à organiser ces activi-tés de manière collective. En Europe, les petits producteurs ontcréées il y a longtemps des criées (qui existent encore). Cescentres de regroupement permettent de mettre les produits envente, après triage et conditionnement, selon le principe devente aux enchères. Les commerçants sont assurés de trouverfacilement le produit qu’ils cherchent et, en contrepartie, d’of-frir un prix plus élevé. La gestion de ces criées incombe auxcoopératives des producteurs. Ce service peut être étendu pourdes produits d’exportation.

LA TENSION ENTRE L’ESS-M DU GROUPE CIBLE ET LE DÉFI DE L’AUTOFINANCEMENT DE L’ONGD

Il n’est pas facile d’identifier des activités génératrices de reve-nus qui soient vraiment rentables tout en restant au service desgroupes cibles. Trop souvent l’ONGD, grâce aux dons qu’ellereçoit dans le cadre des stratégies d’autofinancement, met enplace des activités génératrices de revenus (AGR). Mais celles-ci font une concurrence déloyale aux AGR du groupe cible.Dans la mesure où ces activités ne demandent pas d’expertisetechnique, de grandes capacités de gestion ou de capital d’in-vestissement, elles reviennent au groupe-cible et non à l’ONGD.

(Bénin) PHOTO : COTA

Le stockage et la vente de produits vivriers peut aussi bien sefaire par les producteurs eux-mêmes. Le seul service pertinentque pourrait alors rendre une ONGD serait de construire et/oude leur louer une aire de stockage appropriée, en bon état. Ainsion s’assurerait que les coûts de maintenance de l’infrastruc-ture seraient pris en compte.

Les ONGD doivent donc choisir : devenir elles-mêmes desESS-M (avec toutes les conséquences qui en découlent), ourester des ONGD offrant des appuis-conseils à des tarifs sub-ventionnés. ■■

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Le Réseau d’Economie Sociale et Solidaire (REGESS)s’efforce de promouvoir et de renforcer le secteur del’économie sociale et solidaire (ESS) en Guinée. Com-ment les partenaires du Nord pourraient-ils l’appuyerdans sa mission ?

L’ESS s’impose au sein du modèle néolibéral comme un outildevant inciter le secteur privé à jouer son rôle de moteur decroissance en Afrique.En effet, depuis les années 80, nous assistons à l’organisationd’un secteur privé émergeant, regorgeant de mille et un cré-neaux porteurs (informels pour la plupart), qui certainement, s’ils’avérait efficace, devrait être capable de répondre aux besoinsde développement du continent.Malheureusement, ce secteur privé stagne. Il n’est pas assezorganisé et trop peu qualifié. Il repose sur :

• un secteur primaire (agricole, artisanat…) quasi traditionnel,incapable de satisfaire les besoins locaux et les normes delabellisation des produits ;

• un secteur secondaire (industrie,…) qui comprend des mul-tinationales d’extraction minière (sans transformation locale)et des manufactures familiales (PME, PMI) dont les produc-tions peuvent difficilement rivaliser avec les produits asia-tiques, plus compétitifs ;

• un secteur tertiaire (commerce, service, banques, etc.) danslequel les opérateurs, ne peuvent accéder aux crédits d’in-vestissements qu’à des taux exorbitants ;

• un secteur quaternaire (éducation, emploi, service, etc.)dont les compétences et l’expertise ne cessent de déclinerdepuis les années 80 ;

• un sous-secteur de services tels que la téléphonie, l’hôtel-lerie, le bâtiment, les (N)TIC etc. qui émerge depuis un peuplus d’une décennie et qui pourtant ne génère que peud’emplois.

C’est dans ce contexte que l’ESS prend tout son sens en Gui-née. Elle apporte une solution alternative au secteur privé et àl’incapacité de l’Etat à répondre aux besoins des populationsde base.

PROMOUVOIR L’ESS EN GUINÉE

L’ESS guinéenne n’a pas encore fait l’objet d’une analyse ap-profondie. Pour comprendre le phénomène, il importe en pre-mier lieu de définir à quoi ce concept peut renvoyer dans uncontexte où, somme toute, des organisations communautaireset des associations de femmes s’efforcent depuis longtempsd’oeuvrer à l’intérêt général et veillent de manière participativeà l’équilibre des valeurs économiques et sociales ainsi qu’àl’entretien de la solidarité.Le REGESS a mené une réflexion avec ses membres, tous ac-teurs de la base, qui a aboutit à la définition consensuelle sui-vante : « l’ESS est un ensemble d’activités économiques àfinalité sociale, entreprises collectivement ou individuellement,en vue de valoriser les ressources locales dans le cadre del’amélioration du bien-être des populations ».C’est à partir de cette définition que le REGESS a ensuite pudécliner sa mission, ses objectifs et ses axes d’intervention.

Ainsi, le REGESS a pour vocation de favoriser l’émergence del’ESS, d’en faire la promotion comme un moyen d’améliorer lebien-être des populations du pays. Le REGESS vise égalementà influencer les décideurs politiques pour faire reconnaître l’ESScomme partie intégrante de la structure socioéconomique offi-cielle de la Guinée.Ses objectifs sont :

• développer et consolider le réseautage de l’ESS ;• favoriser la représentativité de l’ESS guinéenne au niveau

continental et intercontinental ;• faire connaître et vulgariser les principes d’ESS dans le

pays;• appuyer et renforcer les filières porteuses de l’ESS ;• connaître et diffuser les réalités de l’ESS guinéenne ; • organiser des plaidoyers auprès des instances gouverne-

mentales et des bailleurs de fonds pour le développementde l’ESS comme moyen de lutte contre la pauvreté.

PRIORITÉS DE REGESS

Les secteurs porteurs dans lequel le réseau décide de s’inves-tir sont les suivants :

Le commerce équitableDans ce domaine, malgré l’abondance des activités, la Gui-née éprouve d’énormes difficultés à faire intégrer ses pro-duits dans les circuits commerciaux. Cela s’explique par lemanque d’informations autour de la filière équitable, lemanque de formation pour la qualification des produits, lemanque d’infrastructure, le manque d’emballage pour unemeilleure présentation des produits, etc.Bien que les produits guinéens ne soient pas certifiés, ilssont tout de même biologiques et équitables. Il est impor-tant de les promouvoir auprès de consommateurs et de res-ponsabiliser ces derniers pour contrecarrer la pollution denotre marché par des produits internationaux tels que ceuxde la firme Coca-Cola (Fanta, Sprite, etc.).

Les finances solidairesUne multitude d’institutions de microfinance ont été crééesmais qui en réalité pratiquent l’usure à des taux d’intérêtstrop élevés et mettent en place des mécanismes de gestionet de recouvrement qui ne cadrent pas du tout avec l’envi-ronnement socioculturel des communautés rurales. Ainsi leREGESS s’est fixé comme priorité de revaloriser et amélio-rer des pratiques anciennes de tontines en vue de la créa-tion de caisses de finances solidaires.

Le développement local et communautaireLe REGESS identifie les activités porteuses d’ESS qui im-pliquent une forte participation des femmes pour ensuitemieux les organiser, et de cette manière contribuer à ac-croître la visibilité des initiatives féminines et mieux valoriser

le travail des femmes.

LES ENJEUX DE L’ÉCONOMIE SOCIALE EN GUINÉE CONAKRY Djakagbé Kaba*

* Présidente du Réseau d’Economie Solidaire et Sociale (REGESS).

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CONVAINCRE L’ETAT

L’ESS est le secteur qui soutient le plus l’économie nationale denotre pays. C’est en cela que le REGESS croit fermement quela dynamique d’intégration de l’ESS devrait être soutenue parl’Etat en tant que moyen de lutte contre la pauvreté sous toutesses formes. C’est pourquoi, l’organisation adresse un plaidoyerconstant à l’Etat.Avec l’appui de ses partenaires, le REGESS a réalisé des ate-liers pour une meilleure compréhension de l’ESS dans lesquelsétaient envisagée son articulation avec diverses composantes :syndicats, chercheurs, départements ministériels au niveau na-tional et au niveau régional.Dans plusieurs domaines qui touchent l’intérêt des actrices del’ESS, le REGESS a également participé à la réalisationconjointe d’activités avec le ministère de la Promotion féminineet de l’Industrie, des PME et du Commerce.Par exemple, il a initié des groupes de plaidoyer dans le cadrede la défense des intérêts collectifs des acteurs de l’ESS faceà des pratiques telles que la copie faite par des entreprises chi-noises de motifs et modèles pourtant créés par des teinturièresguinéennes.

LES PARTENAIRES DU NORD

Le REGESS compte plusieurs partenaires œuvrant dans diversdomaines, chacun d’entre eux appuie et soutient, à sa façon, leréseau dans sa mission et ses activités.Le Centre Canadien d’Étude et de Coopération International(CECI) en Guinée à travers l’organisation UNITERRA envoie desvolontaires (à long et court termes) pour renforcer les capacitésdu REGESS et des organisations membres. Les mandats descoopérant(e)s sont définis en fonction des besoins expriméspar le REGESS. Egalement, UNITERRA favorise la participationd’acteurs du Sud aux rencontre régionales et internationalessur l’ESS (ex : Forum Social Mondial, Dakar 2005, etc.)L’ONG « Développement et Paix » apporte un soutien institu-tionnel au REGESS dans la mise en œuvre des activités priori-taires de son plan d’action. Le PNUD appuie lui aussi le renforcement des capacités de né-gociation et de qualification des expériences pour une meilleureparticipation aux rencontres d’échanges sur l’ES (Foire, expo-sitions, forum, etc.)Aide et Action soutient les actrices de l’ESS pour leurs dépla-cements vers ces rencontres. d’échange.Le RIPESS appuie le REGESS pour la participation des acteursde l’ESS aux rencontres de globalisation de la solidarité, du ren-forcement des capacités ainsi que la promotion de l’ESS.

LES APPROCHES DES ACTEURS DU NORD DANSL’APPUI ACCORDÉ À L’ESS

En général, le Nord intervient dans les activités de promotion del’ESS à travers des appuis directs ou indirects aux groupes defemmes organisés. Ces appuis sont orientés soit en fonctiondes besoins exprimés par les actrices concernées, soit selonles secteurs que le partenaire choisit seul de privilégier.Si certaines interventions répondent à nos préoccupations,d’autres, par contre, même si elles sont pertinentes, ne sontpas suffisamment mises en œuvre avec le souci de pérenniserles acquis. Par exemple, la promotion des droits de la femmene tient pas compte de ses rôles et activités économiques. Lesprogrammes d’alphabétisation ne sont, quant à eux, pas ac-compagnés par des stratégies qui soutiennent les activitésexercées par les femmes. Souvent aussi, les stratégies qui vi-sent l’accroissement de la production agricole, dans le cadrede la lutte pour la sécurité alimentaire, ne prennent pas encompte le fait que cela crée un énorme besoin de transforma-tion alimentaire, de conservation. Ce sont des activités qui in-combent généralement aux femmes, qui pourtant ne sont pasrenforcées pour assumer cette recrudescence de travail.Pour la labellisation, il est difficile de trouver des bons parte-naires pouvant favoriser l’émergence des produits guinéensdans le circuit du commerce équitable.

QUELLES AMÉLIORATION APPORTER?

• Initier des programmes de développement à travers des pro-jets intégrés qui prennent en compte l’ensemble des opéra-tions qui pourraient intervenir pour la viabilité d’un domainedonné. Ceci a l’avantage de créer de l’emploi, d’éviter l’exoderural, de développer une chaîne autour d’une activité donnéedans une collectivité, ce qui favorise la solidarité, l’autonomieet le développement d’une communauté. Pour ce faire, lesactivités d’alphabétisation, de structuration et de renforce-ment des capacités doivent être transversales dans tous lesprojets instaurés par le Nord en faveur des groupes d’ESS;

• La majorité des acteurs de l’ESS est constituée de femmesanalphabètes. Les programmes de formation portant sur lagestion organisationnelle, l’entreprenariat social, les plansd’affaires, la gestion axée sur les résultats… doivent être misen place et adaptés au niveau de la base pour que celle-cipuissent appliquer et transférer ces nouvelles connaissances;

• Renforcer les échanges Nord-Sud et Sud-Nord autour desecteurs dans le but de développer différentes expertisesqui pourront être appliquées au Nord comme au Sud;

• Appuyer la mise en réseau des acteurs de l’ESS ;• Appuyer les filières porteuses identifiées plus haut ;• Appuyer les initiatives du REGESS dans le cadre du déve-

loppement des finances solidaires comme alternative ausystème de crédit. Cela peut se faire par un appui direct auxcaisses, par de la formation ou de la création d’outils adap-tés en finances solidaires;

• Compte tenu de l’abondance des produits alimentaires enGuinée, il faudrait mettre en place des unités de transforma-tion (par exemple, de la mangue en vinaigre) dans des filièresoù les pertes sont énormes en période d’abondance. Le Nordpourrait y contribuer en appuyant l’organisation de forma-tions, en apportant le soutien technique et matériel néces-saire, etc.

• Enfin, le travail de plaidoyer vers les décideurs politiquesdoit être davantage accompagné. ■■

(Guinée) PHOTO : COTA

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chronique de livres

ECHOS DU COTA // 26

[ RECHERECHE SUR LE THÈME DU TRIMESTRE ]

Tous les documents avec unemention COTA (cote de rangementou disponibilité) sont consultablesau centre de documentation dulundi au vendredi de 9h à 13h et de14h à 17h (sauf le vendredi matin).Les autres documents peuventêtre commandé en librairie ou vial’éditeur.

DÉVELOPPEMENT LOCAL, ÉCONOMIESOCIALE ET DÉMOCRATIESous la direction de Marielle TremblayPresses de l’Université du Québec,Sainte-Foy, Québec, 2002, 341 p.Collection Pratiques et politiquessociales et économiquesCOTE COTA : 110-TRE-D

LE SUD… ET LE NORD DANS LAMONDIALISATION : QUELLESALTERNATIVES ? LE RENOUVELLEMENTDES MODÈLES DE DÉVELOPPEMENTSous la direction de Abdou Salam FallPresse de l’Université du Québec,Sainte-Foy, Québec, 2004, 385 p.Collection Pratiques et politiquessociales et économiquesCOTE COTA : 110-FAL-S

ALTERMONDIALISATION, ÉCONOMIE ETCOOPÉRATION INTERNATIONALESous la direction de Louis FavreauPresse de l’Université du Québec,Sainte-Foi, Québec, 2004, 384 p.Collection Pratiques et politiquessociales et économiquesCOTE COTA : 110-FAV-A

LE SUD DANS LA MONDIALISATION :QUELLES ALTERNATIVES ?Odile CastelLa découverte, Paris, 2002, 212 p.COTE COTA : 110-CAS-S

MONDIALISATION, ÉCONOMIE SOCIALE,DÉVELOPPEMENT LOCAL ETSOLIDARITÉ INTERNATIONALELouis Favreau, Lucie FréchettePresse de l’Université du Québec,Sainte-Foy, Québec, 2002, 251 p.Collection Pratiques et politiquessociales et économiquesCOTE COTA : 110-FAV-M

ORGANIZING OUT OF POVERTY :STORIES FROM THE GRASSROOTS.HOW THE SYNDICOOP APPROACH HASWORKED IN EAST AFRICA

Stirling Smith, Cilla RossThe Co-operative College, Manchester,UK, 2006, 36 p.COTE COTA : 110-SMI-O

ONG ET ACTEURS DE L’ÉCONOMIESOCIALE EN BELGIQUE : PETIT GUIDEPOUR PROMOUVOIR DES ACTIONS DECOLLABORATION (CD-ROM)Frères des Hommes, Bruxelles, 2006COTE COTA : 111.31-FDH-O

COOPÉRATIVES ET DÉVELOPPEMENTHUMAIN DURABLE – VOL. 1 ET 2Alliance Coopérative Internationale,Ouagadougou, Burkina Faso, 1998, 68+ 84 p.COTE COTA : 117-ACI-C

L’ÉCONOMIE SOCIALE AU NORD ET AUSUDJacques Dufourny, Patrick Develtere,Bénédicte FonteneauDe Boeck Université, Bruxelles, 1999,278 p.Collection Ouvertures économiquesCOTE COTA : 117-DEF-E

L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE AU FÉMININ :QUEL APPORT SPÉCIFIQUE POURL’EMPODERAMIENTO DES FEMMES?UNE ÉTUDE DE CAS DANS LES ANDESBOLIVIENNESSophie CharlierUCL – Institut d’études dudéveloppement, Louvain-la-Neuve,2006, 300 p.COTE COTA : 118-CHA-E

L’ÉCONOMIE SOCIALE DE A À Z Alternatives Economiques, Paris, 2006,232 p.Collection Hors-série pratique, n°22COTE COTA : 601-ALT-E

ECONOMIE SOCIALE ET INDICATEURSDE DÉVELOPPEMENTIn : Economies et Solidarités, vol. 36, n°1CIRIEC, Presses universitaires duQuébec, Université du Québec enOutaouais, 2005, 171 p.COTE COTA : 601-SAV-E

MOUVEMENTS SOCIAUX ET ÉCONOMIESOCIALEIn : Economies et Solidarités, vol. 33,n°2CIRIEC, Presses universitaires duQuébec, Université du Québec enOutaouais, 2002, 161 p.COTE COTA : 601-BOU-M

DEREM AK NGEREM : LE FRANC, LAGRÂCE ET LA RECONNAISSANCE. LESRESSORTS D’UNE ÉCONOMIE SOCIALEET SOLIDAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST

Abdou Salam Fall, Cheikh GuèyeCRDC, Université du Québec enOutaouais, Hull, Québec, 1999, 18 p.COTE COTA : 601-FAL-D

L’ÉCONOMIE SOCIALE ET LACOOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT :QUO VADIS?Patrick DeveltereKUL, Leuven, Belgique, 2002, 9 p.COTE COTA : 601-DEV-E

LE CONCEPT D’ÉCONOMIE SOCIALECONFRONTÉ AUX RÉALITÉS DU SUD :REGARDS CRITIQUES SUR LE CONCEPTD’ES D’UNE CINQUANTAINE DECHERCHEURS-PRATICIENS DU SUD OUTRAVAILLANT DANS LE SUDJ. Defourny, P. Develtere, B. FonteneauSTEP/ILO, 2000, 45 p.COTE COTA : 601-DEF-C

ECONOMIE SOCIALE, D’AUTRESLUNETTES SONT POSSIBLES : DOSSIERIn : La Revue Nouvelle, n°1-2, janvier-février 2007, p. 26-83COTE COTA : 601-REV-E

ECONOMIE SOCIALE AU NORD,ÉCONOMIE POPULAIRE AU SUD :QUELQUES PISTES POUR JETER DESPONTSJacques DefournyIn : Echos du COTA, n°62, mars 1994,p. 3-7

IMPACT DE L’ÉCONOMIE SOCIALEPOUR LES PAYSANS ET PAYSANNESBOLIVIENS ET LEURS ORGANISATIONSS. Charlier et E. Andia, sous la directionde I. Yepez del CastilloIn : Echos du COTA, n°79, juillet 1998,p. 16-21

RÉALITÉS DE L’ÉCONOMIE SOCIALE AUBURKINA FASOBénédicte FonteneauIn : Echos du COTA, n°83, juin 1999, p.13-18

ECONOMIE SOCIALE ET ÉCONOMIEPOPULAIRE : DES ÉCONOMIES ÀVISAGE HUMAINMilena MerlinoIn : Frères des Hommes Info, n°80,septembre 2002, p. 2-7

L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE :DOSSIERIn : Vers un développement solidaire,n°179, février 2005, p. 4-11

ECHANGES GAGNANTS ENTRE ES ETPRIVÉIn : Traverses, n°180, avril 2004, p. 4-13

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chronique de livres

ECHOS DU COTA // 27

[ NOUVELLES ACQUISITIONS ]

Vous pouvez retrouver la liste com-plète des nouvelles acquisitions ducentre de documentation sur notresite (http://www.cota.be) ou encorela recevoir par courrier électronique(sur demande [email protected]). Les ouvrages repris ci-dessous sontdisponibles en consultation au cen-tre de documentation. Si vous désirez acquérir un de ceux-ci, veuillez contacter le diffuseur in-diqué.

LE POISSON TE DIT QUE LE CROCODILEEST MALADE : CHRONIQUES DESÉLECTIONS CONGOLAISESSerge BaillyLa mesure du possible, Bruxelles,2007, 180 p.

COTE : COTA : 110-BAI-P2006 : un tournant dans l’histoirecongolaise. Une année, à proprementparler historique, qui vit se dérouler lespremières élections libres dans un paysindépendant depuis 1960. L’auteur,observateur de la presse congolaise etjournaliste lui-même, a entrepris dès2005 l’écriture de ces chroniquesélectorales. Résidant à Kinshasa, il ensuit les convulsions et les rumeurs jouraprès jour. Pérégrinant dans le pays, ilramène de courts portraits lucides deprovinces oubliées. Les petites etgrandes histoires livrées ici nousrendent plus proches, page aprèspage, les grands hommes et les petitesgens de ce pays continent.DIFFUSION : LES ÉDITIONS DE LAMESURE DU POSSIBLE AV. LAMBEAUX, 30 – 1060 BRUXELLES –INTERNET : www.lautresite.com

QUEL DÉVELOPPEMENT POURL’AFRIQUE SUBSAHARIENNE ?William BolouviL’Harmattan, Paris, 2007, 309 p.

COTE : COTA : 110-BOL-QPendant que la prospérité économiquedes sociétés industrialisées approchede l’ère de l’opulence, les couches depopulation du Nord se fracturent sousle poids des inégalités, de l’injusticesociale, du chômage et de ladégradation de la planète. La prise deconscience de ce phénomène se fait àdes rythmes divers, et les thèses quiproposent un changements’affrontent. Parce que les peuples duTiers-Monde, principalement ceux del’Afrique subsaharienne, n’ont pas laclé de lecture des théories dudéveloppement qui ont été élaboréespour eux, mais sans eux, le Sud s’estengagé depuis bientôt un demi-siècledans une course insensée pourrattraper le Nord. Les frustrations, lamisère et le désespoir des Africainspoussent des hommes et des femmesde tous âges à aller, contre vents etmarées, vivre partout ailleurs, saufdans leurs propres pays. La solutionde ce drame ne peut passer que parun « aménagement du sous-développement afin de le rendrehabitable ».DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

AGRICULTURE, DÉVELOPPEMENTDURABLE ET MONDIALISATIONAntonio Garcia Velasquez, PierreGevaert, François Houtart, et al.Colophon Editions, Bruxelles, 2006,109 p.COTE : COTA : 110-GAR-ADu PAC à la cosmovision andine enpassant par la palme africaine, sansoublier les OGM et les normes àrespecter, l’agriculture est visitée soustous ses sillons. La plume inquisitriceet rigoureuse d’auteurs de terrainengagés révèle les implications d’unemondialisation synonyme dedéveloppement régressif. nemondialisation agricole qui opposedominants et dominés, dans uncombat en faveur d’une agriculture

voulue et non subie, pour tous,agriculteurs du Nord, agriculteurs duSud, tous travailleurs de la terre, terrequ’il leur faut aujourd’hui défendre, duNord au Sud. Mieux comprendre pourmieux agir tendre vers des solutionsconcrètes et possibles, vers unedécroissance, un développement àrepenser, et (re)découvrir des modèlesd’agriculture respectueux del’agriculteur et de la nature.DIFFUSION : COLOPHON ASBL RUE GRATÈS, 25 - 1170 BRUXELLESINTERNET : www.colophon.be

LA COOPÉRATION NORD-SUD :L’ÉTHIQUE DE LA SOLIDARITÉ COMMEALTERNATIVEAaron Mundaya BahetaL’Harmattan, 2005, 241 p.COTE : COTA : 111-MUN-CCe livre pose la question de la coopé-ration Nord-Sud dans les termes d’uneexigence éthique de solidarité. Il en-tend élucider l’idée d’une coopérationsolidaire au développement qui offre lapossibilité d’assumer pertinemment,dans la lutte contre la pauvreté, l’option préférentielle pour les pauvresque peut signifier l’idée de solidaritéinternationale. Il récuse d’abord ce qui porte préju-dice à une telle coopération : le carac-tère asymétrique de la logique decorrélation constitutive de la moder-nité occidentale sur laquelle reposeencore le processus de modernisationdes sociétés du Sud. Cette asymétrie répond aux exigencesdu libéralisme capitaliste quidétermine encore le cadre de l’Accordde Cotonou. La mise en œuvre d’unetelle coopération suppose d’assumertrois exigences majeures que ce livreélucide ensuite : celle d’unel’existence pacifique entre personneset entre peuples, appartenant à desunivers culturels différents, fondée surla logique d’une interdépendancepositive: celle d’un projet d’une autresociété mondiale dans laquelle estrevendiqué un ordre des rapports plushumains; et celle d’une éthique de lasolidarité responsable dont lesprincipes président à la concrétisationdu projet de coexistence pacifiqueentre nations et, dans le contexte desrapports Nord-Sud, à l’instaurationpratique d’une coopération solidaire.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

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COMMERCE ÉQUITABLE ETORGANISATIONS DE PRODUCTEURS :LE CAS DES CAFÉICULTEURS ANDINSAU PÉROU, EN EQUATEUR ET ENBOLIVIEVirginie Diaz PedregalL’Harmattan, Paris, 2006, 288 p.

COTE : COTA : 115-DIA-CA travers l’exemple des organisationsde producteurs de café au Pérou, enEquateur et en Bolivie, il s’agit dans cetouvrage de déceler les mécanismesd’action, les structures modelant lespratiques des individus dans desconfigurations sociales particulières.Seule l’inscription du commerceéquitable dans un contexted’implantation défini permet decomprendre les interactions entre lesdynamiques locales et les effets ducommerce équitable observés sur leterrain. Cette étude présente dans unpremier temps le contexte historique,géographique, institutionnel et socialdes organisations de caféiculteursandins. Sont ensuite étudiés les modesde fonctionnement de cesorganisations, leurs stratégies decommercialisation et leurs formulesd’adaptation à un environnementchangeant. Les effets de la répartitiondu bénéfice équitable au niveau localsont alors analysés, en mobilisant troisniveaux d’observation. Enfin, lesapproches néo-libérale, écologiste, etsocio-politique interrogent lapertinence du commerce équitablepour atteindre les objectifs que sesacteurs se sont fixés.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

ARGENTINE REBELLE : UNLABORATOIRE DE CONTRE-POUVOIRSDaniel Hérard, Cécile RaimbeauEditions Alternatives, Paris, 2006, 142 p.COTE : COTA : 130-HER-AParce que l’on reproche souvent auxaltermondialistes d’être plus adroits àcontester qu’à construire, les auteursde ce livre ont voulu raconter comment

des rebelles argentins apportent dessolutions innovantes à des problèmesconcrets. Quand les élus ne lesreprésentent plus, des citoyensorganisent la démocratie directe dansleurs quartiers. Quand le pouvoird’achat chute, l’économie se fait de bricet de troc. Quand les usines ferment,les licenciés refont tourner leurs chaînesde production sans patron. Cesexpériences argentines proposent desréponses qui peuvent égalementintéresser les vieilles démocratiesdoutant de leur avenir, confrontées à lacrise de représentativité, à la baisse dupouvoir d’achat, à l’augmentation duchômage...

DIFFUSION : DANIEL PRINETFOLIADE/SDLC LA CARAVELLE 303, RUE DU PRÉ-AUX-OIES 1030 BRUXELLES

LES ZONES GRISES DANS LE MONDED’AUJOURD’HUI : LE NON-DROITGANGRÈNE-T-IL LA PLANÈTE?Pierre PascallonL’Harmattan, Paris, 2006, 281 p.

COTE : COTA : 139-PAS-ZL’on pensait - après les changementsgéostratégiques de 1989-1991 - que lemonde allait être un monde pacifié etirénique, ouvrant la voie à la “fin del’histoire”, par et avec une “démocratiede marché” à l’échelle de la planète.Or, l’on devait rapidement découvrir unmonde fragmenté, divisé, déchiré, avecdes territoires en pleine décomposition,des zones de non gouvernance et denon régulation; bref, des “zonesgrises”, concept nouveau qui fait sonapparition dans la décennie 90 et qui

ne va, depuis, cesser d’accaparer toutle devant de la scène internationale.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

L’UNION AFRICAINE ET LES ACTEURSSOCIAUX DANS LA GESTION DESCRISES ET DES CONFLITS ARMÉSDominique Bangoura, Emile Fidieck A Biidias, L’Harmattan, Paris, 2006, 196 p.COTE : COTA : 139-BAN-ULe rôle préalablement joué par la

défunte Organisation de l’Unité Africaine(QUA) est parfois tenu pour quantiténégligeable dans la prévention et lagestion des conflits. La prolifération descrises politiques et des conflits armésdepuis la fin de la guerre froide,l’incapacité des Etats à mobiliser lesmoyens d’une paix civile, ledésengagement de certains partenairestraditionnels, la prééminence d’uneforme de coopération multilatéraletémoignent des attentes et des besoinsd’un continent « crisogène ».Néanmoins, une dynamique existe,mettant en présence divers processusinteractifs en matière de prévention, degestion et de résolution des conflitsainsi que de reconstruction post-conflit.Elle met en lumière toute une panoplied’acteurs dont les statuts s’ avèrentdifférents: les acteurs officiels étatiqueset sous-régionaux, les acteurs àvocation continentale, au premier ranglesquels l’Union Africaine, les acteurssociaux non étatiques, en particulier lesjeunes, les femmes, les associations etorganisations de la société civile.Quelles sont les perspectivesd’imbrication des relations et desactions entre l’Union Africaine et cesdifférents acteurs ? la paix a un coût; ilimporte de rechercher et d’indiquer lescheminements susceptibles de lapromouvoir et de la garantir au mieux.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE –SITE : www.editions-harmattan.fr

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ECHOS DU COTA // 29

INFRASTUCTURES DE TRANSPORT ETDE COMMUNICATION AU CONGO-BRAZZAVILLEArmand GoulouL’Harmattan, Paris, 2006, 167 p.

COTE : COTA : 150-GOU-IDans l’organisation territoriale et admi-nistrative du Congo, des disparitésstructurelles apparaissent entre les ré-gions, mais aussi et surtout entre la villeet la campagne, créant ainsi de nom-breux déséquilibres. Cet ouvrage mon-tre comment l’Etat essaye de pallier cesdéséquilibres, en mettant les infrastruc-tures de transport et de communicationau coeur de ses stratégies. Quoique ins-crites dans les priorités de l’action pu-blique depuis des décennies, cesinfrastructures sont loin de correspondreaux résultats escomptés. Le faible ni-veau de ces infrastructures vient notam-ment des crises auxquelles l’Etat estconfronté. De ce fait, la production spa-tiale induite sous sa houlette est particu-lièrement insuffisante. Dans cesconditions, le contrôle spatial et socialauquel il aspire devient problématique.D’où la nécessité de réorienter les basesde sa politique en matière d’infrastruc-tures de transport et de communication.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

PLACE ET RÔLE DE LACOMMUNICATION DANS LEDÉVELOPPEMENT INTERNATIONALJean-Paul Lafrance, Anne-MarieLaulan, Carmen Rico de SoteloPresses de l’Université du Québec,Sainte-Foy, 2006, 168 p.

COTE : COTA : 160-LAF-PL’ouvrage tente de confronter lesmodèles de communication afin desavoir en quoi les problématiques decommunication peuvent transformerles objectifs du développement“assisté” dans les pays dits “en voiede développement”. Comment les outils et dispositifscommunicationnels construisent-ils ledéveloppement? Quel est le rôle de la socialisation desoutils et des dispositifs? Comment prendre en charge lacoupure entre les médias de diffusionet les médias de transformationsociale dans la construction et lagestion du développement? Les auteurs s’efforcent également derepenser le développement en termesde communication globale grâce àdes exemples pris sur différentsterrains géographiques (Amérique duSud et du Nord, Afrique, Asie) etthématiques (santé, éducation,environnement, médias, technologies,etc.).DIFFUSION : PATRIMOINE SPRLDIFFUSION ET DISTRIBUTIONRUE DU NOYER 1681030 BRUXELLES

LA RÉGULATION DES MÉDIAS :PRINCIPES, FONDEMENTS, OBJECTIFSET MÉTHODESJean-Claude Guyot, Luc-Adolphe TiaoInstitut Panos Paris, Paris, 2007, 108 p.COTE : COTA : 163-GUY-RCet ouvrage est organisé en 3 parties.La première tente de définir demanière générale ce qu’est larégulation des médias, quels sont sesenjeux et quels sont les instrumentsdont le régulateur dispose pourintervenir dans le champ des médias.La seconde partie vise à présenterl’expérience spécifique des instancesde régulation de la communicationd’Afrique francophone et à décrire lecontexte de leur apparition, la variétéde leurs statuts, compositions etcompétences. Enfin, la troisième partie, plustechnique, s’efforce de présenter un àun les différents mécanismes par lebiais desquels le régulateur intervientdans le champ de la communication.DIFFUSION : INSTITUT PANOS PARIS 10, RUE DU MAIL75002 PARIS INTERNET : www.panosparis.org

LE VENT QUI SOUFFLE DANS LA BOÎTE :DE LA COOPÉRATION RADIOPHONIQUEAUX COULISSES DE RFIGuy RobertL’Harmattan, Paris, 2007, 259 p.

COTE : COTA : 163.3-ROB-VDu Tchad au Dahomey, du Niger auGabon, l’auteur alternera seize annéesdurant expériences et réussites, avecl’espoir constant d’aider les radios àforger leur identité. De retour à Parisque restera-t-il de sesenthousiasmes ? Affecté à RFI, il seraimpliqué de très près dans un autreaspect actif de la coopération. Multipliant anecdotes et portraits, illivre un témoignage décapant sur unelongue période de la coopérationradiophonique francophone vécue depart et d’autre, ainsi que sur le milieude la radio internationale française.DIFFUSION : L’HARMATTAN :5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

LA CHAÎNE DU LIVRE EN AFRIQUENOIRE FRANCOPHONE : QUI ESTÉDITEUR AUJOURD’HUI?Eddie Tambwe Kintenge bin KitokoL’Harmattan, Paris, 2006, 179 p.COTE : COTA : 163.5-TAM-CL’étude est une introduction à unesérie d’analyses dont l’ambition est derendre compte de la chaîne du livre enAfrique noire francophone. L’objectif est d’établir le bilan de lasituation sur le terrain afin de poserles bases concrètes dudéveloppement de l’édition du livredans les pays concernés. Dans ce premier volet, l’objectifpoursuivi est d’identifier les éditeursdu livre. Les pays concernés par cetteétude sont les suivants : le Bénin, leBurundi, le Cameroun, la Centrafrique,la RDC, le Gabon, la Guinée(Conakry), le Mali, le Niger, le Rwanda,le Sénégal, le Tchad et le Togo.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

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chronique de livres

ECHOS DU COTA // 30

EDUQUER AU DÉVELOPPEMENT ET ÀLA SOLIDARITÉ INTERNATIONALEMaria Isabel Ansion, Dieudonné WamuOyatambweCWBCI, Bruxelles, 2007, 43 p.

COTE : COTA : 170-ANS-EL’éducation au développement (ED) estun secteur particulier de la coopérationau développement, que les ONGpromeuvent depuis très longtemps.Depuis les années 80, ce qui était audépart de la sensibilisation en faveurdu Tiers-Monde dans une perspectivecaritative et paternaliste est devenupeu à peu une approche critique etengagée des relations Nord/Sud auniveau politique, économique, social etculturel. Les pouvoirs publics belgesont reconnu ce secteur depuis 1991, etles ONG n’ont cessé de diversifier leursactions et de multiplier leursrecherches (méthodologiques etthématiques) pour avoir plus d’impactsur leurs publics et les amener àquestionner les décideurs politiques.DIFFUSION : CWBCI – EIWB 3ÈME ÉTAGE, BUREAU 3/36 PLACE SAINCTELETTE, 2 1080 BRUXELLES

GOUVERNANCE URBAINE ET ACCÈS ÀL’EAU POTABLE AU MAROC :PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ ÀCASABLANCA ET TANGER-TÉTOUANClaude de MIRAS, Julien Le TellierL’Harmattan, Paris, 2005, 276 p.

COTE : COTA : 340-MIR-GL’analyse méticuleuse présentée danscet ouvrage concerne des dispositifsde gestion urbaine associant sphèrespublique et privée dans un domaineparticulièrement sensible, celui del’accès à l’eau potable en ville auMaroc. Résultat d’une recherche menée entre2001 et 2004 dans le cadre duProgramme de recherche urbainepour le développement (PRUD), initiépar le ministère français des Affairesétrangères, elle se situe commepremiers éléments d’un bilan del’expérimentation de partenariatpublic-privé mis en œuvre depuisplusieurs années dans trois villes:Casablanca. Tétouan et Tanger. Mais les faits présentés et remis dansleur contexte, même s’ils sont trèsparlants en eux-mêmes, n’auraientpas toute leur portée s’ils n’étaientpas mis en perspective dans un cadrethéorique qui a pu permettre auxauteurs de proposer une analyseinterprétative des mécanismesobservés.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

CONSEIL À L’EXPLOITATION FAMILIALE :EXPÉRIENCES EN AFRIQUE DE L’OUESTET DU CENTREGuy Faure, Patrick Dugué, ValentinBeauvalGret, Cirad, Paris, Montpellier, 2004, 127 p.COTA : COTA : 402-FAU-CLe conseil à l’exploitation familialeconstitue l’un des services àl’agriculture, au même titre que lecrédit, l’appui à la commercialisation,la formation des paysans,... Il renforce les capacités desproducteurs à maîtriser lefonctionnement de leur exploitation età améliorer leurs pratiques. En ce sens, le conseil aide lesproducteurs à mieux définir leursbesoins, à préciser leurs objectifs tantau niveau de leur exploitation que deleur famille, à prendre de meilleuresdécisions et à maîtriser les processusde gestion concernant l’ensemble deleurs activités génératrices derevenus, en prenant en compte lesaspects techniques, économiques,sociaux et environnementaux. Ce guide propose des principes pourconstruire une méthode et des outils

adaptés aux conditions de chaquesituation, en étroite collaboration avecdes paysans motivés et leursorganisations, pour renforcer descompétences utiles au conseil, pournégocier et mettre en place desdispositifs d’appui-conseil.DIFFUSION : GRET - 211-213 RUE LA FAYETTE 75010 PARIS INTERNET : www.gret.org

LA JACHÈRE EN AFRIQUE TROPICALE :L’APPORT DES SCIENCES SOCIALESJean-Pierre Guengant, ChristianSeignobos, François SodterL’Harmattan, Paris, 2006, 153 p.

COTE : COTA : 420-GUE-JCet ouvrage a été rédigé afin de couvrirla totalité des investigationsscientifiques que la jachère en AfriqueTropicale requiert de la part dessciences sociales. Il a pour objectif d’être utilisable tantpar les praticiens des recherches etdes recherches actions, que par lesétudiants. L’agriculture “traditionnelle”africaine reste encore largement fondéesur les pratiques culturales et culturesissues de l’agriculture itinérante surbrûlis. Avec la modernisation de lamondialisation, ce système vit sesdernières années de fonctionnement.La croissance de la population, lesmigrations, la dégradation du milieunaturel, la révolution technique..., toutcontribue à provoquer un changementdes systèmes de production. La jachère s’est révélée une entréeparticulièrement pertinente à l’étudedes questions agricoles et agraires,stratégiques pour l’Afrique au Sud duSahara.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARISFRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

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chronique de livres

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ANTHROPOLOGIE DE L’IRRIGATION :LES OASIS DE TIZNIT, MAROCToufik FtaïtaL’Harmattan, Paris, 2006, 254 p.

COTE : COTA : 423.2-FTA-AL’intérêt de cet ouvrage tient autant à ladescription anthropologique ethistorique des sociétés oasiennes quedans la mise en perspective de leurdevenir. L’auteur en fait un casemblématique des contraintes quienserrent toutes les sociétés. Sous lapression de l’aggravation de la raretédes ressources, ces oasis s’ouvrentquand même vers le futur car elles nesont pas en simple situation de survie.La modernisation des techniquesd’irrigation : est-elle un signed’ouverture et de développement? Ou une menace pour l’équilibre socialet environnemental? A travers ces interrogations est posé ledevenir des oasis des zones arides etcelui des hommes et des sociétés quiles ont créées et maintenues. Autant de questions qui, en filigrane,posent les contours d‘undéveloppement réellement durable.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

LA MICRO ENTREPRISE RURALE ENAFRIQUE : DE LA SURVIE À LACROISSANCE, LE CAS RWANDAISJean-Luc CamilleriL’Harmattan, Paris, 2007, 163 p.

COTE : COTA : 601-CAM-MLa petite et micro entreprise en milieurural a les mêmes caractéristiques quele secteur informel urbain avec d’autreshandicaps, dont notamment lamentalité traditionnelle et la faiblessedu marché. Néanmoins, les pesanteursqui limitent sa créativité et sadynamique peuvent être contournées.S’appuyant sur des expériencesdiverses en Afrique occidentale, ce livrese veut un outil pédagogique pour tousceux qui veulent agir sur le terreaufertile de la micro entreprise et del’artisanat dans le monde rural enAfrique - soit l’entrepreneuriat endehors des grandes villes. Il enparcourt les contraintes et opportunitéssociologiques, économiques,éducatives et financières, en illustrantson propos par une “success story”: laréussite d’un projet financé par leFonds International de DéveloppementAgricole (FIDA) au Rwanda, qui a eu unimpact remarquable sur le terrain.DIFFUSION : L’HARMATTAN : 5-7 RUE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE75005 PARIS – FRANCE SITE : www.editions-harmattan.fr

LES « FAISEURS DE PAIX » AU CONGO :GESTION D’UNE CRISEINTERNATIONALE DANS UN ETAT SOUSTUTELLEJean-Claude WillameGRIP, Bruxelles, 2007, 217 p.COTE : COTA : GEO CONGOCe livre éclaire d’une lumière crue lalongue marche vers une paix nonencore accomplie - les récentesélections n’en constituent qu’uneétape. Parmi les nombreux acteurs dece processus, il dégage en particulierl’action de trois “ faiseurs de paix “,non sans souligner les contrastes entrediscours et réalités. Le premier, LouisMichel, a bataillé ferme pour que cettecrise oubliée soit remise à l’agenda. Ledeuxième, paradoxalement, n’est autreque Joseph Kabila qui a réussi àdéjouer le fallacieux accord de Lusaka.Le troisième, enfin, est tout simplementl’ONU, longtemps reléguée à un rôleeffacé, voire contre-productif. Parailleurs, l’auteur ne manque pas derelever le poids des convoitisesétrangères, industrielles ou politiques,suscitées par d’incommensurablesrichesses minières et par les marchésde la reconstruction.DIFFUSION : GRI33, RUE VAN HOORDE - 1030 BRUXELLES INTERNET : www.grip.org

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formations / événements

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[ FORMATIONS ]

FAID AQUITAINE, OUVRE LERECRUTEMENT (CURSUS 2007/2008)POUR SA NOUVELLE PROMOTION DECOORDONNATEURS DE PROGRAMMEDE DÉVELOPPEMENT (NIVEAU 2 DE LA FORMATIONPROFESSIONNELLE, TITRE CERTIFIÉPAR L’ETAT, ÉQUIVALENT AU MASTER 1DES UNIVERSITÉS).Cette formation de 2 années, permet-tant d’obtenir le titre de Coordonnateurde Programme de Développement (également accessible par la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), débouche sur les métiers (cadres inter -médiaires) du dévelop pement tant dansles secteurs de social, de l’urbain, dusanitaire, du rural et de l’environnement,que dans celui de l’économie solidaire,en France en Europe, dans les aysémergents ou dans les pays du Sud.L’IFAID Aquitaine est une association Loi1901 qui fonctionne majoritairement surfonds publics (Conseil Régional d’Aqui -taine, premier contributeur, et Etat).INFORMATIONS :http://www.ifaid.org, email: [email protected]

25-27 JULY 2007, LONDONMANAGING CHANGE WITHINORGANISATIONS NON-RESIDENTIALLearn to analyse forces which drivechange, and to manage the changeprocess. Explore helpful tools on howto understand and deal with differentinterests, manage resistance and workproductvely with your colleagues.INFORMATIONS : [email protected] OR +44 0 1865 263040

3 AU 14 SEPTEMBRE 2007, LOUVAIN-LA-NEUVE, BELGIQUEGenre et droits reproductifs et sexuelsOrganisée par le Monde selon lesfemmes et l’AIDEP associée au Dépar-tement des Sciences de la populationet du développement de l’université catholique de Louvain (UCL)Module de base 1 : Concept de genredans le développement – 1 jourModule 2 : Santé reproductive etsexuelle, concepts et pratiques – 2 joursModule 3 : Violences de genre – 1 jourModule 4 : Masculinité – ½ jourModule 5 : Analyse de programmes etétudes de cas – 1 ½ joursModule 6 : VIH / SIDA – 2 joursModule 7 : Enjeux démographiques – 1jourModule 8 : Plaidoyer pour les droits re-productifs et sexuels – 1jour

INFORMATIONS : AIDEPS ASBL, PLACE MONTESQUIEU, 1BTE 17 À 1348 LOUVAIN-LA-NEUVE,EMAIL : [email protected], TÉL. : + 32 10/47 45 42, FAX : + 32 10/47 2952 ; LE MONDE SELON LES FEMMESASBL, RUE DE LA SABLONNIÈRE 18 À 1000 BRUXELLES, EMAIL : [email protected], TÉL. : + 32 2 223 05 12, FAX : + 32 2 223 15 12.

[ ÉVENEMENTS ]

15 DE JUNIO, BARCELONA, ESPAGNETALLER INTERNACIONAL SOBREFINANCIACIÓN RESPONSABLE EN ELSUR DESDE EL NORTEINFORMATIONS : WEBSITE : HTTP://WWW.CADTM.ORG

26 JUIN - 2 JUILLET 2007, CASTAPAPIERNICKA, SLOVAKIADEVELOPMENT EDUCATION SUMMERSCHOOL 2007The International Development Educa-tion Summer School is an interactiveeducational course for developmentpractitioners. It has been organisedsince 1997 in one of the EuropeanUnion countries. This year, for the firsttime in the history of this event, it is or-ganised by a new EU member country.This year’s Summer School will be exceptional. I twill involve all chief selected target groups in the context ofthe Millennium Development Goals(MDGs). The core them of the SummerSchool 2007 is « Achieving the MDGs :the role of Development Education »INFORMATIONS : http://www.mvro.sk/summerschool/

4 ET 5 JUILLET 2007, PARIS, FRANCELES NOUVEAUX MÉTIERS DE LACOOPÉRATION : DE L’ASSISTANCETECHNIQUE À L’EXPERTISEINTERNATIONALECe colloque international, organisé parle Haut Conseil de la coopération inter -na tionale et France coopération inter na-tionale, a pour objectif de faire le pointsur l’évolution des métiers de la coopé-ration pour une meilleure effica cité del’aide. Il associera des représentantsdes bailleurs européens et multilatérauxet des pays du Sud afin : - d’analyser l’évolution de la demande

d’expertise des pays bénéficiaires,- de tirer les conclusions de laprofessionnalisation de l’assistancetechnique pour imaginer denouveaux parcours professionnels encoopération,

- de proposer de nouvellesdispositions régissant l’assistancetechnique française.

Il serait souhaitable que ce colloqueHCCI-FCI soit suivi l’année prochained’une manifestation européenne sem-blable, sous les auspices d’EUNIDA,qui pourrait évoquer les perspectivesde mutualisation de l’assistance tech-nique au niveau européen.INFORMATIONS : CLAIRE [email protected]

DU SAMEDI 7 À 12H00 AU DIMANCHE 8 JUILLET À 17H00 À LA MARLAGNE,WÉPION PRÈS DE NAMUR, BELGIQUELES ALTERNATIVES AU NIVEAU DE LADETTE ET DU FINANCEMENT DUDÉVELOPPEMENTINFORMATIONS : CÉCILE LAMARQUE, TÉL. : 00 32 4 226 62 85 [email protected]

9, 10 AND 11 JULY 2007GLOBAL FORUM ON MIGRATION ANDDEVELOPMENTThe first meeting of the Global Forumon Migration and Development will takeplace in Brussels. The governmentaldiscussions on 10 and 11 July will bepreceded by a meeting of civil societyrepresentatives on 9 july. This will markthe start of a new global processdesigned to enhance the positiveimpact of migration on development(and vice versa) by adopting a moreconsitent policy approach, identifyingnew instruments and best practices,exchanging know-how and experienceabout innovative tactics and methodsand, finaly, establishing cooperativelinks between the various actorsinvolved.INFORMATIONS : http://gfmd.fmmd.org

10 ET 11 JUILLET 2007, BRUXELLES,BELGIQUELE DIALOGUE COMMUNAUTAIREMONDIAL SUR LA MIGRATION, LE DÉVELOPPEMENT ET LES DROITS DE L’HOMME INFORMATIONS : BAERBEL REISSMANN, MIGRANTSRIGHTS INTERNATIONAL : [email protected] RENÉ PLAETVOET, DECEMBER 18 :[email protected] BINGHAM, CICM :[email protected] RAJAH, NNIRR : [email protected] GOIS, MFA :[email protected] LEVOY, PICUM :[email protected]

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formations / événements

ECHOS DU COTA // 33

16 AU 18 JUILLET 2007, CREPA À OUAGADOUGOU, BURKINA FASOATELIER RÉGIONAL : GOUVERNANCE EAU, HYGIÈNE ETASSAINISSEMENT EN AFRIQUE DEL’OUESTINFORMATIONS : http://www.reseaucrepa.org/page/992

DU 3 AU 5 AOÛT 2007, ABBAYE DE FLOREFFE, BELGIQUEESPERANZAH !Trois jours de fête, de rencontres, dedévouvertes et de réflexions… Aidé de nombreuses ONG etassociations partenaires, Esperanzah !s’engage pour un autre monde.INFORMATIONS : http://www.esperanzah.be/

14 – 16 AOÛT 2007, DAKAR, SÉNÉGALFIAB 2007 COLLOQUE SATELLITE PRÈ-CONGRÈSLe management des technologies etdes systèmes automatisés debibliothèques dans les pays endéveloppement : logiciels libres VSoptions commercialesINFORMATIONS :http://www.dakar.aliaco.com/

19 – 23 AOÛT 2007, DURBAN, AFRIQUECONGRÈS MONDIAL DESBIBLIOTHÈQUES ET DEL’INFORMATION : 73E CONGRÈS DE L’IFLA ET ASSEMBLÉEGÉNÉRALEBibliothèque du futur, progrès,développement et partenariatsQuel service peut apporter le secteurdes bibliothèques et de l’information àces différentes mondes ? Les services à ces différents mondesont-ils étanches et isolés les uns desautres ou doivent-ils se fertiliser les unsles autres ? Quelle relation doit-il y avoir entre cesdifférents mondes ? Quel rôle directeuret créatif peut jouer l’IFLA dans lacommunauté mondiale et quel impactpeut avoir le secteur des bibliothèqueset de l’information ?INFORMATIONS : PATRICE LANDRY (RESPONSABLE INDEXATION MATIÈRES)DÉPARTEMENT FÉDÉRAL DE L’INTÉRIEURDFI/OFFICE FÉDÉRAL DE LA CULTUREOFC [email protected]ÈQUE NATIONAL SUISSE ENHALLWYLSTRASSE 15, 3003 BERNE – TÉL. : +41 31 324 06 25FAX : +41 31 322 84 63

24 AU 28 AOÛT 2007, L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II, LE MIRAIL, FRANCEUNIVERSITÉ D’ÉTÉ 2007 : ABATTRE LES 7 PILIERS DUNÉOLIBÉRALISMEChacun des piliers, que le manifestealtermondialiste propose d’abattrecomme phase indispensable à laconstruction du monde que nousvoulons, constituera une filière au seinde laquelle plus de 70 séancesessaieront d’approfondir aussi bien leressorts théoriques qui fondent ladémarche qu eles alternativesproposées.INFORMATIONS :http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique1012

6TH – 7TH SEPTEMBER 2007, INTRAC CONFERENCE :SECURITISATION AND DEVELOPMENTCONFERENCEINFORMATIONS :http://www.intrac.org/pages/conferences.html

25-27 SEPTEMBRE 2007, ROME, ITALIEWEB2POURDEV CONFÉRENCEINTERNATIONALE SUR LE WEBCOLLABORATIF POUR LEDÉVELOPPEMENTMise en réseau, collaboration etpartage des connaissances dans lesdomaines de l’agriculture, dudéveloppement rural et de la gestiondes ressources. Première conférencedont le but est d’explorer les voies etmoyens permettant aux acteurs dudéveloppement international de mettreà profit les opportunités techniques etorganisationnelles offertes par lesméthodologies, les approches et lesapplications Web 2.0. La conférence apour objectif de promouvoir l’adoptionet la diffusion d’applicationsappropriées, basées sur Internet, bonmarché et duplicables, par le acteursimpliqués dans l’agriculture, ledéveloppement rural et la gestion desressources naturelles. Elle vise àencourager les participants à mettre aupoint et utiliser leurs propres systèmesde gestion de l’information et de lacommunication (GIC) en se servant deces applications.INFORMATIONS :WEBSITE : http://www.web2fordev.net

17 – 20 OCTOBER 2007, MANILLA,PHILIPPINESAsian Forum for solidarity economyWhere socially responsible investosinterface with socially responsibleenterprisesINFORMATIONS : www.asianforum2007.net

5-6 NOVEMBER 2007, CAPE TOWN,SOUTH AFRICABIOFUELSMARKETS » AFRICAThe second annual Biofuels MarketsAfrica conference will take place inCape Town this November. Africa’spremier international Biofuels eventattracted over 200 industry executivesfrom across Africa, Europe, Asia andAmericas. Following the popularity ofthe first sell out event in 2006, theevent is moving to a larger venue. INFORMATIONS :[email protected]

19 AU 22 NOVEMBRE 2007,HOTEL PALM BEACH OUAGADOUGOU14ÈME CONFÉRENCE DU RÉSEAUINTERNATIONAL DE FORMATION À LAGESTION DE L’EAU ET DES DÉCHETS(RIF / ITN AFRIQUE).La conférence 2007 du réseau RIF /ITN se veut une occasion de partaged’expériences sur la manière dont ladécentralisation a permis d’accélérer leprocessus de mise en œuvre desObjectifs du Millénaire en matière d’eaupotable, d’hygiène et d’assainissement(AEPHA).INFORMATIONS :http://www.reseaucrepa.org/page/994

21 AU 23 NOVEMBRE 2007SÉMINAIRE RÉGIONAL« TRANSFORMATION, CONSERVATIONET QUALITÉ DES ALIMENTS : NOUVELLEAPPROCHE DE LUTTE CONTRE LAPAUVRETÉ »INFORMATIONS : MADAME MAMA SAKHO, COORDONNA-TRICE COMITÉ D’ORGANISATION, ECOLESUPÉRIEURE POLYTECHNIQUE (ESP), DÉPARTEMENT GC-BA, TÉL. : 221 – 825 32 17, FAX : 221 – 825 55 94,Email : [email protected] /[email protected]

27 – 30 NOVEMBRE 2007, LOUVAIN-LA-NEUVE, BELGIQUEDYNAMIQUES DE PAUVRETÉS ETVULNÉRABILITÉS, MESURES ETPROCESSUS EXPLICATIFS ENDÉMOGRAPHIE ET EN SCIENCESSOCIALESLa Chaire Quetelet 2007 seraconsacrée aux questions devulnérabilités et de pauvreté, à leursaspects méthodologiques, mais aussiet surtout aux processus qui les sous-tendent. INFOMATIONS : ISABELLE THEYS, INSTITUT DE DÉMO-GRAPHIE, UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DELOUVAIN, PLACE MANTESQUIEU 1/17,1348 LOUVAIN-LA-NEUVE, BELGIQUE, EMAIL : [email protected], TÉL. : +32 0 10 47 29 51, FAX : +32 0 10 47 29 52

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on nous informe

ECHOS DU COTA // 34

UNE BASE DE DONNÉESDOCUMENTAIRE SPÉCIALISÉE ENAGRICULTURE BIOLOGIQUEACCESSIBLE SUR INTERNETABioDoc, le Centre Ntaional deRessources en agriculture Biologique,service de l’ENITA Clermont,Etablissement d’enseignementsupérieur et de recherche sous tutelledu Ministère de l’Agriculture, proposemaintenant un accès en ligne à sa basede données documentaire spécialiséeen agriculture biologique, via son siteInternet : www.abiodoc.com

LE GRAD VOUS PRÉSENTE SANOUVELLE PRODUCTION, FRUIT DEPLUSIEURS ANNÉES DE TRAVAIL : LECD-ROM « HISTOIRE DU MOUVEMENTPAYSAN DE L’AFRIQUE DE L’OUEST » Ce CD-Rom est le récit d’un combat.Celui mené, depuis 40 années parfois,par des paysans et paysannesd’Afrique de l’Ouest pour s’organiserdepuis leurs villages jusqu’au« ROPPA ». Celui-ci le « Réseau desOrganisations Paysannes et deProducteurs d’Afrique de l’Ouest », aété créé à Cotonou par les délégué (e )s des plateformes nationalesd’organisations paysannes en 2000.- 150 écrans historiques présentent en

quelques lignes, année après année,les évolutions de la sous-région et dechacun des pays (Bénin, BurkinaFaso, Côté d’Ivoire, Gambie, GuinéeBissau, Guinée Conakry, Mali, Niger,Sénégal, Togo). Les conditionsvariées de la naissance et del’adolescence des multiplesorganisations paysannes et desplateformes nationales sont décritesainsi que les caractéristiques duROPPA.

- 100 écrans thématiques complètentcet ensemble et fournissent desinformations communes aux diverspays.

- 270 images et 38 courtes vidéosdonnent à voir tandis que 280extraits d’interviews permettentd’écouter des paroles d’hommes etde femmes créateurs et membres dequelques unes des dizaines demilliers d’organisations paysannes.Un instrument indispensable etpassionnant pour les acteurspaysans, mais aussi pour celui quis’intéresse à l’Afrique qui seconstruit, qu’il soit professeurd’histoire, d’économie ou degéographie ; qu’il ait été ou soitencore voyageur solidaire oucoopérant sur le terrain.

INFORMATIONS : GRAD-FRANCE, 228, RUE DU MANET74130 BONNEVILLE, FRANCE, TÉL. : 04 50 97 08 85FAX : 04 50 25 69 81, EMAIL : [email protected], WEBSITE : www.grad-france.org

L’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE RAMÈNEL’ÉCONOMIE AUX LIMITES DE LA TERRELe nouveau dossier deLaRevueDurable consacré à l’écologieindustrielle et au métabolismeterritorial.Ce dossier de LaRevueDurable fait lepoint sur des expériences qui, depuisune dizaine d’années, remettent ànouveau en pratique l’écologieindustrielle en Europe. La ville de Lille et le canton de Genèvesont les premières collectivités enFrance et en Suisse à avoir étudié leurmétabolisme territorial – c’est-à-dire lesflux de matières et d’énergies quientrent et qui sortent de leur territoire –et à s’en servir comme outil dedécision publique.INFORMATIONS : [email protected],www.larevuedurable.com

LE GROUPE DE RECHERCHE POUR UNE STRATÉGIE ECONOMIQUEALTERNATIVE (GRESEA) VOUS ANNONCE LA PUBLICATION DESON NOUVEAU NUMÉRO DES CAHIERS DES ALTERNATIVES : « ALLIANCES INTERENTREPRISESNORD-SUD : UNE STRATÉGIE ALTERNATIVE POUR L’AFRIQUE ? » PAR NICOLAS GÉRARD (CHARGÉ D’ÉTUDES AU GRESEA), 2007,28 PP.

Cette nouvelle brochure du Greseaexplore et soumet au début critique laquestion des alliances qui peuvents’établir – et s’établissent – entre lespetites et moyennes entreprises (PME)du Nord et du Sud, en s’inspirant enparticulier de l’expérience desentreprises belges actives en Afriquesubsaharienne.POUR COMMANDER CETTE NOUVELLEPUBLICATIONS, CONTACTER LE GRESEA :00 32 2 219 70 [email protected], RUE ROYALE À 1000 BRUXELLESwww.gresea.be

VIENT DE SORTIR DE PRESSE UNNOUVEAU NUMÉRO DE LA REVUE« ALTERNATIVES SUD »EVASION FISCALE ET PAUVRETÉPOINTS DE VUE DU SUD, EDITIONSSYLLEPSE – CENTRE TRICONTINENTALVOL XIV (2007), N°1.POUR COMMANDER UN EXEMPLAIRE OU PRENDRE UN ABONNEMENTS’ADRESSER À www.cetri.be OU [email protected], TÉL. : 32 0 10/48 95 60FAX : 32 0 10 48 95 69

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appel à contributions

� CRITÈRES DE SÉLECTION DES ARTICLES

Les articles doivent traiter d’une des thématiques planifiées etcadrer avec l’opinion que notre rédaction aura souhaitéprivilégier d’un commun accord avec nos partenaires et autrescontributeurs ou les lecteurs qui se seront manifestés.La revue étant un support d’échanges de propositions etd’alternatives, les articles sont sélectionnés en vertu de leuraptitude à susciter la réflexion, inspirer des expériences, lancerune discussion, influencer des projets de développement.Si les versions finales ne nous parviennent pas dans les délaisconvenus avec le responsable de la rédaction, l’article ne serapas publié dans la revue.

� FORMAT DES ARTICLES

• 16 000 caractères maximum (sauf convention avec larédaction)

• sous format électronique (courrier électronique ou disquette)(les fax et courriers sont admis si le contributeur n’a vraimentpas le choix)

• en format Microsoft Word• sans mise en forme automatique (juste du gras pour les titres,

chapeaux et inter-titres)• Chaque article doit débuter, après le titre, par un chapeau en

gras très bref qui résume ses intentions.• Les notes doivent être indiquées manuellement et renvoyer

en fin de texte• Format Times New Roman, taille 12, simple interligne, justifié.

� RÉTRIBUTIONS

Chaque auteur dont le texte sera accepté sera rétribué sous laforme d’un versement de 50€ et d’un abonnement gracieuxd’un an à la revue.

� DROITS

• La rédaction se réserve le droit de refuser de publier un textesi celui-ci ne correspond pas aux critères convenus entre elleet l’auteur ou si les délais de livraison ne sont pas respectés.L’auteur ne sera alors pas rétribué.

• L’auteur continuera naturellement à pouvoir disposer de sontexte pour toute autre allocution et publication. Il devratoutefois s’engager à en référer au COTA et à signaler lesréférences de la première parution dans les ECHOS.

• A moins que les parties en conviennent autrement, l’auteurconcède le droit au COTA d’utiliser son texte comme bon luisemblera. Il va de soi que le COTA veillera à toujoursmentionner l’auteur original et les références initiales de sontexte.

� PUBLICATIONS SUR LE SITE

A la demande du COTA et si l’auteur y consent, un article refusépourra éventuellement être publié sur le site en format Pdf dansla section dossiers thématiques. L’auteur ne sera alors pasrétribué financièrement mais pourra bénéficier d’un abonnementgratuit d’un an.

* Les sujets peuvent encore changer ou leur traitement reportéen fonction des activités du COTA, des suggestions desauteurs et lecteurs…

LES THÈMES QUE NOUS SOUHAITONS TRAITER DANS LES PROCHAINS NUMÉROS SONT LES SUIVANTS* :

• N° 116 [SEPTEMBRE 2007] : VILLES ET CAMPAGNES• N° 117 [DECEMBRE 2007] : MOYENS D’EXISTENCE DURABLE [SLD]

Si vous avez des articles à proposer en relation avec ces thématiques ou bien des thématiques à suggérer, n'hésitez pas à nousle faire savoir dans les meilleurs délais. Ils trouveront certainement une place dans nos pages ou sur le site.

Courriel : [email protected]élécopie : + 32 2 223 14 95 Téléphone : + 32 2 250 38 36 ou 218 18 96

Veillez à nous contacter suffisamment à l’avance afin que nous puissions avoir le temps de discuter de votre projet, d’examinercomment l’insérer dans notre planning (au plus tard au début du mois qui précède celui de la parution : ainsi, par exemple, pourun numéro prévu pour la fin mars, ce serait début février. Passé ce délai, nous ne pourrons plus les accepter ou alors seulementpour notre site Internet).

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GRÂCE AU SITE, VOUS POUVEZ DÉSORMAIS :

• CONSULTER UNE TABLE DES MATIÈRES COMPLÈTE ;

• COMMANDER DES NUMÉROS DE LA REVUE ;

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LE SITE NOUS PERMETTRA DE MIEUX NOUS CONNAÎTRE. C’EST UN OUTIL PRÉCIEUX POUR NOUS COMME POUR VOUS. VISITEZ-LE. UTILISEZ-LE.

LA RUBRIQUE DES ECHOS DU COTA SUR LE SITE DU COTA N’EST PAS UNE VERSION ÉLECTRO-NIQUE DE LA REVUE MAIS UNE INTERFACE DESTINÉE À FACILITER LES ÉCHANGES AVEC LE LECTEUR ET L’ASSOCIER DAVANTAGE À NOTRE TRAVAIL.

� PUBLICATIONS RECENTES

HORS SERIE N°2ORGANISER L’EVALUATION D’UNE ACTIONDE DEVELOPPEMENT DANS LE SUDC.LELOUP, S. DESCROIX

HORS SERIE N°3NORD-SUD, SE DOCUMENTER ETORGANISER UNE RECHERCHEP. GERADIN, C. SLUSE

HORS SERIE N°4HISTOIRES D’EVALUATIONS. DESCROIX

CHEMINEMENT D’UNE ACTION DEDÉVELOPPEMENT E. BEAUDOUX, G. DE CROMBRUGGHE, F. DOUXCHAMPS, M.C. GUENEAU, M. NIEUWKERK

MEDIA RESISTANCES.BAILLY, D. BEAUFORT

TECHNOLOGIES WALLONNES POURUN DEVELOPPEMENT DURABLEAWEX

PAROLES D’AFRIQUE CENTRALE :BRISER LES SILENCESINSTITUT PANOS, COTA

LA DECENTRALISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST:ENTRE POLITIQUE ET DÉVELOPPEMENTED. KARTHALA

HORS SERIE N°5RADIOS COMMUNAUTAIRES ENAFRIQUE DE L’OUESTS. BOULC’H

HORS SERIE N°6LA PAUVRETE EN REFERENCESM. TOTTÉ

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TP

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W.C

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A.B

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DERNIERE PARUTIONLES ONG, QU’EST CE QUE C’EST?COTA, COULEUR LIVRES 2005, 159 PAGES.

Les ONG sont sous les feux de l'actualité. Par leurs interventions,leurs prises de positions, leurs capacités de mobilisation, ellesdeviennent un des acteurs incontournables de nos sociétés, duNord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Celles qui s'occupent plusparticulièrement de la coopération au développement avec les paysdu Sud (ONGD) en sont une des composantes. Ce livre se composede deux parties. Dans la première, 46 personnalités belges issuesde divers milieux (culturel, politique, associatif, syndical,universitaire, sportif,...) expriment leur point de vue, leur regard ou leurs attentes à proposdes ONG. La seconde partie répond à ces questions et apporte d'autres informationsutiles. Cet ouvrage constitue la première étape d'une action plus large de sensibilisationà la solidarité internationale et de dialogue avec le public belge sur la nature et le rôle desONG face aux enjeux internationaux actuels…