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Entretien avec pierre camou

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PIERRE CAMOU - PRÉSIDENT DE LA FFR ÉQUIPE DE FRANCE, RECORD DELICENCIÉS, GRAND STADE, FINANCES, ÉCONOMIES, PIERRE CAMOU ENCLÔTURE DU CONGRÈS DE LYON, A ÉVOQUÉ LES SUJETS QUI FONTL’ACTUALITÉ DU RUGBY, CEUX QUI FONT RÊVER COMME CEUX QUIFÂCHENT.

« Prêts pour la réforme de lagouvernance »Propos recueillis à Lyon par Francis LARRIBE [email protected]

Commençons par l’Equipe de France. Trois test-

matchs en Australie, trois défaites, près de cent

points encaissés pour seulement trois essais

inscrits. Le bilan est très mauvais, non ?

Si je disais qu’il est bon, je mentirais. Non, je ne peux pas

me satisfaire de ce bilan. J’avais espéré que nous ferions

aussi bien qu’en 1990 quand après deux défaites le XV

de France avait réussi à gagner le dernier test. Le

constat est là, depuis vingt-quatre ans nous ne savons

plus battre les Australiens.

La défaite 6-0 de Melbourne avait fait naître

quelques espoirs de renouveau. Le 39-13 de

Sydney après le 50-23 de Brisbane disent

clairement que le XV de France ne fait plus partie du gratin du rugby mondial. à quatorze

mois de la Coupe du monde, cela vous inquiète-t-il ?

Il reste justement quatorze mois pour se refaire une santé, retrouver des automatismes, de

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l’efficacité. Nos Français ont des circonstances atténuantes. Il m’a semblé que nos joueurs sont

fatigués par une longue saison. Ils affrontent des joueurs qui débutent leur saison alors qu’eux la

finissent. Il y a de la lassitude.

Avez-vous pensé vous séparer

de l’entraîneur du XV de France ?

Non. Je ne crois pas à l’homme providentiel. Je ne crois pas qu’il suffise de changer un homme

pour que tout devienne rose.

Philippe Saint-André est donc à la tête de l’équipe de France, au moins jusqu’à la Coupe

du monde 2015.

J’ai déjà répondu à ce genre de question. Voilà ce que je peux dire : pendant trois ans et demi j’ai

entendu plein de critiques sur Marc Lièvremont. Or, l’équipe qu’il a entraînée a joué la finale de la

Coupe du monde 2011 contre les All Blacks, ne l’a perdue que d’un seul point. Actuellement,

l’équipe de France est dans une mauvaise passe, c’est vrai. Mais je fais confiance aux joueurs et

aux entraîneurs pour en sortir. Je crois au travail, aux compétences, pas aux électrochocs.

L’équipe de France de football fait des étincelles au Mondial après avoir longtemps

souffert de l’épisode de Knysna, remis sur pied par Didier Deschamps, son

sélectionneur. Le rugby ne ferait-il pas bien de s’inspirer du foot, cette fois ?

Je suis ravi de ce redressement pour le football français et pour son président, Noël Le Graêt. Je

note que le championnat de foot anglais est, dit-on, le meilleur du monde. Or, l’équipe de foot

d’Angleterre s’est déjà fait sortir du Mondial brésilien. Je note encore qu’en Angleterre, dans les

clubs de foot, il y a de très nombreux joueurs étrangers. Il me semble que c’est un peu la même

chose dans le Top 14, non ?

Voulez-vous dire que c’est le Top 14 qui porte tort au XV de France ?

Je ne balance pas sur le Top 14. Je fais les constats que la Ligue nationale de rugby fait elle-

même, d’ailleurs. Qui, dans les clubs de l’élite du rugby français, sont les joueurs qui butent ? Qui

sont les piliers ? Majoritairement des joueurs qui ne peuvent pas évoluer avec l’équipe de France.

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Vous avez évoqué dans une interview récente la possibilité que la FFR prenne, un jour

ou l’autre, à sa charge trente internationaux. Ne serait-ce pas là une déclaration de

guerre aux clubs professionnels et à la Ligue ?

La FFR prend déjà en charge l’équipe de France de rugby à 7. Cette saison elle prend en charge

l’équipe de France féminine de rugby qui va disputer la Coupe du monde qui se tient en Ile-de-

France, et à Marcoussis. La vérité pour progresser, c’est qu’il faut que les internationaux passent

plus de temps à s’entraîner ensemble. Et qu’ils fassent moins de matchs pour préserver leur santé.

C’est le sens du nouvel accord de mise à disposition des internationaux passé il y a peu avec la

Ligue. Cette saison, trente internationaux ne joueront pas plus de trente matchs. Inspirons-nous du

rugby anglais. Imaginons des solutions. La préoccupation majeure étant la santé du joueur.

Parlons de choses plus joyeuses : au 31 mai 2014, la FFR compte 454 511 licenciés,

record battu, avec 3 % de licenciés de plus qu’en 2013. La FFR mènerait-elle une

politique du nombre ?

Non. La qualité de la formation et de l’accompagnement des jeunes doit l’emporter sur la quantité.

Le nombre croissant de licenciés du rugby montre que notre sport est attractif. Nous l’ouvrons à

plusieurs pratiques, aux féminines, à la balle ovale, au Beach Rugby, au 7. Profitons de cette

dynamique pour construire l’avenir.

L’avenir du rugby français, c’est le grand stade. Êtes-vous toujours optimiste quant à sa

réalisation ?

Le Grand Stade se fera. Le projet a quitté la gare, il arrivera à quai. Quand ? Je ne peux pas le

dire.

La livraison était prévue en 2017…

Nous pourrons difficilement tenir cette échéance. Pourquoi ? Parce qu’il faut trouver les

financements de cette infrastructure. Parce qu’en raison de trouvailles archéologiques, il va falloir

entreprendre des fouilles qui prendront au moins un an. Mais le grand stade se fera.

L’inaugurerez-vous ? Cela signifierait que vous seriez candidat en 2015 à un troisième

mandat.

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Laissons le temps au temps. Il m’étonnerait cependant que je sois encore président de la FFR en

2020.

Vous aimez les réformes, déjà menées dans les divisions fédérales, chez les Féminines

ou au niveau des catégories d’âge. Qu’en est-il de la réforme de la gouvernance, qui ne

s’était pas faite il y a trois ans ?

Je pense que les mentalités ont évolué et, je crois, que le moment est venu. Les hommes sont

prêts pour l’accepter. Le budget de la FFR est de cent millions d’euros. La FFR doit vivre avec son

époque, avec les méthodes de gestion d’aujourd’hui. Il faut que je fasse partager l’ardente

obligation de faire des économies, d’améliorer la gestion. Cela dans l’intérêt de nos enfants.

« Je ne balance pas sur le Top 14. Je fais les constats que la Ligue nationale derugby fait elle-même, d’ailleurs. »

Pierre CAMOU

président de la FFR