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In Vodka Veritas n°13

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13, comme la treizième tribu? Vive les Khazars!

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EDITOL’héritage de 68 p. 3

Et pendant ce temps là, à Sciences Po p. 5

Chronique de l’ambition ordinaire p. 11

La chronique du Dr F. Yion p. 12

Les pires sosies - 2 p. 13

Brêves générales p. 14 La jeunesse est un naufrage p. 15

L’herbe du diable et la petite fumée p. 16

Régate, houblon et carnaval p. 17

Le silence des anneaux p. 18

Blues for the Red Sun p. 19

SOMMAIRE

LES MEMBRES DE LA REDACTIONDenis Carlier

Fait peur aux enfants

Antoine CaulletRecherche le colonel

Samuel Andre-BercoviciOrient Express

Louis MoulinDirecteur de la publication

Nedal JounaidiPremière consultation

Sébastien ChavignerFait peur aux grand-mères

Naïke DesquesnesNaxalite

Maud BorieGotcha !

Béatrice CointeHaricot écossé

Viviane GraveyRoute du Rhum

Nathanel AmarEn forme olympique

Pascal SevranFestival de cane

Josef FritzelJosef FritzelJosefSigmund Freud

RonaldinhoSex, drugs, paracetamol

Le Roi HeenokJailhouse Rap

A ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A ECRIREA ECRIRE A

ALCOOLIQUE DE GAUCHEJE BOiS...

... MAIS JE REDISTRIBUE.

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L’HERITAGE DE 68 : VOUS EN REPRENDREZ BIEN UNE PART...

Il fallait le liquider il y a un an, voilà que tout le monde s’arrache l’héritage de mai 68. A gauche évidemment, où l’on ressort les vieux barbons ayant généralement depuis trahi la cause (Cohn-Bendit en tête) mais aussi à... droite. Oui, celle-là même qui descendait dans la rue le 30 mai 1968 pour l’ordre et la sécurité.Toute récupération est bonne, surtout si on peut faire des sous avec : les éditeurs et les distributeurs de produits culturels l’ont bien compris, même s’ils ne rencontrent pas le succès espéré. Car si le souvenir de mai s’étale à grands coups de coue souvenir de mai s’étale à grands coups de coue souvenir vertures et de hors-séries des très parisiens magazines censés faire l’opinion, globalement, tout le monde s’en fout.

Sciences Po, au coeur du microcosme élitiste germano-pratin, n’est évidemment pas épargné par le phénomène commémorationniste. Des associations politiques à RSP, du BDE à la Fnac en passant par la glorieuse Chorale Politique et Syndicale, chacun y est allé de son petit pavé d’anniversaire. Avec plus ou moins d’arrières-pensées et de succès. Petit tour d’horizon de cette grande kermesse. 40 ans plus tard : toujours aussi cons

Jamais à court d’idée idiote pour “liquider” un héritage de liquider” un héritage de liquidermai 1968 semble-t-il vraiment complexant, l’UMP Grandes écoles a lancé une super opération “40 ans plus tard” avec en guise d’ouverture, une phrase choc qui en dit long sur l’esprit révolutionnaire des Sarkozy en herbe : “Mai 68 n’a déposé aucun copyright sur la jeunesse (sic), alors en avant !”.

Mais sans trop nous attarder sur la stupidité du concept, parlons de magnifique logo. Dépourvu de tout signe UMP histoire d’être susceptible de tromper son monde, “40 ans +

tard” est écrit tard” est écrit taravec un “+” au lieu d’un “plus”, pour faire djeunz, et le logo r e p r é s e n t e une foule de silhouettes.

Cette foule symbolise “la

jeunesse qui bouge” qui “a choisi son camp”, comme nous l’indique l’accroche de la campagne de communication. “Choisir son camp” constitue, il est amusant de le noter, une reconnaissance implicite de la lutte des classes (“Choisis ton camp, camarade !”), bien éloignée de la conception supposée englobante diffusée habituellement par la droite. La jeunesse a donc choisi le camp des exploiteurs. Mais qui va-t-elle donc exploiter ?

Personne ! Car la jeunesse bouge, désormais ! Elle n’est pas réactionnaire comme les gaullistes de mai 1968 ! C’est du moins ce que laisse penser l’affirmation du slogan. Certains ont du grincer des dents à l’UMP à lire ceci. Il serait intéressant de savoir quand exactement est-ce que la droite se serait tournée vers le progrès social. Un mystère qui reste à éclaircir.

De manière assez bizarre, on peut également noter que personne ne semble “bouger” sur le dessin. La représentation de la jeunesse est relativement statique, rassemblée mais immobile (voir d’ailleurs l’article sur le statut de la jeunesse en Sarkozie, page 16). Pour tout dire, on ne peut que penser à un logo de mutuelle (se sentirait-on

proudhonien à l’UMP ?). Au hasard, Mutuelle Conseil :

Au moins sur le logo de l’Assurance maladie, les gens sont-ils en mouvement :

Fer de lance de l’UMP Grandes écoles, Sciences Po a donc vu fleurir affiches et autres déclinaisons de cette campagne. Avec des slogans aussi niais et fallacieux que “Ils avaient des pavés, nous avons des idées” ou “Vivez sans temps mort, entreprenez”. Heureusement, si la droite triomphante a des affiches en nombre, la gauche résistante a des marqueurs : très vite les affiches de l’UMP se sont vues recouvrir de petites annotations à même de préciser le fond de la pensée véhiculée par lesdites affiches. Oeuvre de pédagogie en quelque sorte...

Camarade bourgeois, camarade fils-à-papa

En plus de ces jolies affiches, l’UMP, avec d’autres associations politiques, a participé à l’organisation d’une journée spéciale mai 68 avec en points d’orgue un “dialogue” avec le très droitier Alain Finkielkraut et un “concours d’éloquence” sur le thème 68ard. Voulu comme oecuménique, l’événement n’afinalement rallié que des associations de droite (hormis les Jeunes Verts qui ont du se trouver bien cons de cotoyer l’UMP, le Nouveau Centre, le MoDem, Nouvelle Donne, etc. sur les affiches).

La section PS de Sciences Po a en effet décidé de se retirer de l’organisation de la chose. Les bobos auraient-ils pris conscience de l’absurdité et des contradictions d’une telle initiative ? Auraient-ils réalisé qu’ils ont depuis longtemps trahi toute idée de révolte sociale ? Se sont-ils rendus compte que la commémoration quasi unanime d’un tel mouvement renie ce qu’il pouvait y avoir de contestataire dans ce dernier ? Ou alors étaient-ils trop remontés de s’être faits doubler par l’UMP dans la course à la commémoration ?

Toujours est-il que la riposte s’est organisée. A la tête du mouvement qui a rassemblé des gens d’un peu toutes les tendances de gauche, le PS a organisé une manifestation de droite pour accueillir le beau Finkie. Le dress code : “pour les demoiselles : perles, jupe, tailleur”, “les demoiselles : perles, jupe, tailleur”, “les demoiselles : perles, jupe, tailleur pour les messieurs : polo / chemise et petit pull ou costume cravate”, ce qui fera dire aux mauvaises langues qu’il n’y a pas forcémment eu besoin de se forcer pour certains participants. Au final, c’est une cinquantaine de bruyants faux-droitiers qui ont manifesté un gros quart d’heure durant aux cris d’”Afrique paye ta dette”,

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“Moins de TVA sur le foie gras”, “Plus de frais de scolarité”, “L’Algérie c’est la France”, “CRS = Tendresse”, “Besancennot au cachot” ou encore “Police partout... police partout !”Même le roi Richard est descendu de sa tour d’ivoire pour constater(et applaudir

béatement aux demandes d’augmentation des frais de scolarité). Bref, cette manif de droite ne cassait pas trois pattes à un anar, mais ça faisait plaisir à voir.

La demi-victoire en chantant

Après ce petit happening relativement réussi, la conférence en question a pu débuter en Boutmy. Mais elle aurait bien pu s’achever cinq minutes plus tard, lorsque, dans le but avoué

de bordeliser l ’ é v é n e m e n t , une trentaine des faux m a n i f e s t a n t s de droite sont entrés dans l ’amphi théât re en chantant à tue-tête Les N o u v e a u x Partisans. A l’origine de ce développement imprévu : la

Chorale Politique et Syndicale, forcémment.

Ni une ni deux, Finkie a immédiatement empaqueté ses affaires et a quitté la tribune en gromellant. Certains membres du public (étonnament invariablement vêtus d’un petit polo saumon ou bleu ciel) a fait entendre sa désapprobation tandisque d’autres applaudissaient aux performances vocales pourtant relatives des trublions. L’un d’entre eux a même bondi vers la tribune pour hurler sa colère dans un des micro, manquant au passage de s’étaler de tout son long.

Pourtant, le retour à l’ordre a été bien rapide. A bas l’Etat policier a à peine eu le temps de retentir que les chanteurs quittaient les lieux après que Mongénéral Coin-coin eut fait les gros yeux. La révolution attendra encore un peu...

La révolution n’est pas un dîner de gala

Liquider l’héritage de mai 68 ? Denis Olivennes, le président de la Fnac et nouvel ami de Sarkozy, adhère tout à fait au programme : s’il s’agit de faire du liquide avec mai 68, allons-y ! Et ça tombe bien : il y a de quoi faire une barricade

de tous les livres, disques et autres films qui ressortent pour les 40 ans de Mai. Une opération de communication géante autour de mai 68 a donc été lancée dans toutes les Fnac de France. A commencer par celle de Montparnasse à Paris, où se tenait lundi 21 avril une soirée de gala privée mais néanmoins infiltrée par votre serviteur.

Ledit serviteur n’a aucun mérite. J’étais en effet invité à cette soirée en qualité de membre de la Chorale Politique et Syndicale. Car comme la Fnac s’est acoquinée à divers niveaux avec Sciences Po pour organiser sa com’ autour de 68, la chorale a été sollicitée par un Palomo rigolard pour accueillir les invités par des chants soixante-huitards. Sans aucune illusion sur la récupération dont elle était l’objet, la troupe des petits chanteurs à la faucille de bois a accepté l’invitation. Après tout, cette soirée serait l’occasion d’essayer de faire chanter “A bas l’Etat policier” à Denis Olivennes et de A bas l’Etat policier” à Denis Olivennes et de A bas l’Etat policiermanger (un peu) et boire (surtout) à peu de frais.

Vingt-cinq minutes de chant, le temps de citer Guy Debord et Mao Tsé Toung face à un auditoire un peu éberlué, coupe de champagne à la main. Vivement les 150 ans de la Commune fêtés au caviar ! Mais finalement cette petite sauterie symbolise assez bien l’évolution qu’a connu la Fnac au cours de son histoire. Fondée en 1954 par deux trotskistes, André Essel et Max Théret, la Fédération nationale d’achat des cadres était une coopérative soixante-huitarde avant l’heure. Puis elle s’ouvre au public (et devient la Fédération nationale d’achat) et au grand capital quand banquiers et assureurs (UAP et Paribas) deviennent ses principaux actionnaires en 1970. Dès lors la Fnac a enflé pour devenir le premier distributeur de produits culturels en France, mais aussi dans près de dix autres pays.

Aujourd’hui, la Fnac appartient au groupe Pinault Printemps Redoute et réalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 4 milliards d’euros. Le management est à l’image de celui des autres grandes entreprises : il faut “bouger de plus en plus vite, de plus en plus fort”, selon les mots de Denis Olivennes. D’où un plan de reclassement, l’année dernière, de 1000 salariés qui a fait du remous dans les enseignes. La petite coopérative est bien loin, l’esprit trotskiste aussi...

Sous les pavés, le blog

La collaboration entre la Fnac et Sciences Po s’est surtout faite à travers un partenariat entre la grande enseigne et RSP, la radio des étudiants de Sciences Po que personne n’écoute mais qui a des réseaux insoupçonnés. Le fruit principal de cette collaboration : un blog à l’image de la radio (que personne ne visite donc) et de Sciences Po, où chaque syndicat ou association politique s’est sentie obligée de pousser son commentaire (souvent trop long) mais auquel pratiquement aucun étudiant n’a participé ni débattu dessus. Encore un truc à oublier bien vite en somme...

Le Grand Soir ou la petite soirée

Mais le clou de cette poussée commémorationniste con/molle, c’est probablement cette soirée du BDE en hommage à mai 68. La soirée “Sous les pavés, la fête” était organisée dans ce temple de la révolte qu’est le Madeleine Plaza. Faut-il que l’on tire sur une ambulance en en rajoutant ? La simple affiche dans la soirée en dit

“Augmentez les frais de scolarité !”

Entre SUD et l’UNEF, le coeur de Finkielkraut balance...

La chorale à la Fnac.

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ET PENDANT CE TEMPS LA, A SCIENCES PO...

Vacataire : moi mens

Richard Descoings a lancé en février sur son blog une croisade contre le ministère, au sujet de ses petits vacataires de maîtres et maîtresses de conférence. Il donne trois chiffres, pour éclairer notre lanterne.

750 : “C’est le nombre d’emplois publics d’universitaires qu’il faudrait créer à Sciences Po si l’Etat voulait modifier le système en vigueur dans l’établissement qui confie l’enseignement pour l’essentiel à des maîtres de conférences - universitaires, enseignants, cadres d’entreprises, hauts fonctionnaires, acteurs associatifs etc. - extérieurs à l’institution.” Et Descoings de préciser qu’aucune création de poste n’est prévue dans la loi de finances pour 2008, sûrement pour prouver que ce serait totalement stupide de faire ça. Peut-être est-il utile de préciser qu’il y a environ 2 200 professeur-e-s à Sciences Po, dont 2 000 vacataires.

Un “maître de conférence” (expression pompeuse pour revaloriser le statut précaire de vacataire) affirme en commentaire que le système des vacataires “apporte une immense diversité de points de vue […]” (ce qui est vrai, du moment que ce dernier est accepté dans les cercles du pouvoir1) et “permet de recruter de jeunes talents” (pour les tester à l’aveugle pendant un semestre et les virer si ça ne marche pas). Bref, rien à voir avec le “sclérosant” régime universitaire, se réjouit-il. Ceci avancé, la critique peut commencer.

Fin observateur, notre maître de conférence remarque que “l’immense majorité des enseignants ne fait que passer à Sciences Po”, malgré quelques initiatives comme “les fameuses triplettes” de cours. Il suggère un “suivi pédagogique à moyen terme”, i.e. d’une année sur l’autre. Et pourquoi pas assurer des permanences pour recevoir les étudiants et les étudiantes, tant qu’on y est ? Eh bien c’est presque dans ce sens que va ledit vacataire, qui se plaint de l’absence d’espace adapté pour recevoir ses disciples et propose la création d’un “corps intermédiaire” entre professeur des universités et vacataire, des “professeurs adjoints ou associés, à plein-temps à Sciences Po”, en clair “en quelque sorte des super-maîtres de conférences, assurant plusieurs conférences, la coordination des différentes matières et du travail avec les maîtres de conférences, un suivi obligatoire et individualisé des étudiants, l’animation de réseaux professionnels autour d’eux, etc.”

Pourquoi pas tant qu’on y est créer un syndicat des profs ? Notre anonyme rapporte d’ailleurs une baisse de l’attractivité des postes du fait qu’il n’y a pas eu de hausse de salaire

depuis depuis 1991. Richie avait promis une revalorisation de 30% du salaire horaire brut de 65,10€ puis déclaré (lettre du 10 janvier 2005) que cela n’avait pas été possible. Il se trouve en fait qu’existe une association “Profs à Sciences Po” (http://www.sciencespo-profs.fr/) qui comptait en 2007 une centaine de membres à peine et qui jamais ne passerait ce genre de revendications car cette association semble se cantonner frileusement dans une réflexion purement pédagogique2. Il était écrit il y a 3 ans à propos de la question de la nécessaire hausse des salaires que “cette situation risque à terme de pénaliser notre politique de recrutement des meilleurs enseignants et nous aurions à craindre alors pour la qualité de l’enseignement tel qu’il est dispensé et reconnu aujourd’hui rue Saint-Guillaume”. Le vacataire mystère affirme lui avoir déjà constaté cette situation, enfonçant le clou de sa critique un peu voilée.

Descoings se plaint que les 110 000 heures d’enseignement dispensées en 2007 coûteraient 50 millions d’euros de plus à l’Etat avec “la transformation du système des maîtres de conférences en système universitaire de droit commun, avec un enseignement essentiellement délivré par [des] enseignement essentiellement délivré par [des] enseignement essentiellement délivré par universitaires

titulaires”. Par cet argument, Coin-coin fait bien état du principal argument du système des vacataires : c’est “très très peu cher”. Il ne dit en rien ce peu cher”. Il ne dit en rien ce peu cherqui fait concrètement qu’un tel changement signifierait “presque le doublement de la totalité de la dotation annuellement allouée à Sciences Po par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche”, ce qui pourtant est central pour une argumentation honnête.

Un lecteur pose à Richie comme question : “Pouvez-vous citer

une seule, je répète, une seule ‘université internationale’ (puisque c’est votre modèle) dans le monde qui fait faire la grande majorité de ses cours par des non-universitaires ?”. Ce à quoi Coin-coin ne trouve rien de mieux comme réponse que de parler d’un “modèle original d’éducation”. Et quant à la médiocrité intellectuelle des lieux, constitue-t-elle une “atmosphère particulière de réflexion” ?

Schizo freine

Dans le même temps que Richie-qui-rit est content d’avoir à Sciences Po un système sous-payant ses enseignants (voir brève précédente), Richie-qui-pleure décide de se lancer dans une croisade pour la hausse des salaires des professeurs… Cherchez l’erreur. “Pourquoi s’intéresser autant aux salaires des professeurs ?”. Pour faire simple, laissons notre directeur préféré résumer lui-même son avis :

“[…] la rémunération des professeurs des universités peut

1) Descoings cite d’ailleurs quelques jours plus tard avec fierté son prédécesseur Alain Lancelot qui condamnait chez “certains maîtres de conférences de Sciences Po – souvent énarques –, […] la tendance à proposer « plutôt que l’approfondissement d’une liberté de pensée, la fourniture d’une pensée en kit »”

2) Notons tout de même une critique du fait que les professeur-e-s élus aux instances de décision n’aient de comptes à rendre à personne et l’absence de participation de l’association aux prises de décision - la revendication d’être considéré “au même titre que les organisations étudiantes” (qui ont déjà si peu de poids) montre à quel point le groupe étudiantes” (qui ont déjà si peu de poids) montre à quel point le groupe étudiantes”est pour l’instant oublié par la direction

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être considérée comme faible si l’on prend en considération la longueur des études, et le fait que les professeurs ont d’abord été maîtres de conférences (un tout jeune professeur des universités a 35 ans !) et plus encore leur fonction sociale : la production de savoirs nouveaux et la formation supérieure des générations nouvelles.

“Or, de trop faibles rémunérations conduisent à rechercher hors de l’université des rémunérations complémentaires ce qui peut détourner le temps nécessaire à la recherche ou à la préparation des cours, à la présence avec les étudiants, les conseils, l’orientation etc.”Posons le fait qu’une bonne partie des enseignants et enseignantes de Sciences Po sont ne sont pas issus du monde universitaire et que nous sommes leur activité “secondaire”. Reste que l’autre partie l’est. Et que tous les arguments sur la préparation des cours et le contact avec les étudiants restent tout à fait valables (voir le constat à ce sujet de la brève précédente).

Bref, la poutre, l’œil, tout ça.

Le jeu du koikiladi

Laquelle des phrases suivantes Richard Coin-Coin a-t-il réellement prononcé ?

1) Je me snife une ligne avant d’écrire sur mon blog, sinon j’ai pas d’idées !

2) Si je pouvais choisir d’être un stylo, je serais celui de Cyril Delhay !

3) Le BDE, c’est comme le sparadrap du Capitaine Haddock, on n’arrive pas à s’en débarrasser !

4) C’est pas ma faute si les gens ne m’aiment pas, ils sont jaloux, c’est tout !

5) On ne se désintéresse pas tant que ça des élèves qui sont à Sciences Po !

Réponse : la 5) mais pour certaines autres on a des doutes…

Une année de plus, c’est sur

L’information est connue depuis plusieurs mois, mais nous ne vous avions pas encore fait part. Il a été voté en Conseil de direction en octobre dernier la possibilité de prendre une année de césure entre la 4e et la 5e année, en payant un quart des frais de scolarité. Ce qui est toujours mieux que de payer la totalité des frais, comme auparavant. Les étudiants conservent dans cette éventualité leur statut et les avantages qui vont avec (conventions de stage, accès aux services de Sciences Po, etc.).

Jean-Paul Fitoussi, responsable du master Gouvernance économique, explique que “les étudiants doivent aller passer trois à six mois dans un centre de recherche à l’étranger et ils regrettent souvent de devoir revenir trop tôt” (avant le mois de juillet), alors que rester plus longtemps, ne serait-

ce que 6 mois de plus, peut représenter une expérience déterminante.

Erhard Friedberg, professeur de sociologie à Sciences Po, suggère de “proposer aux étudiants ayant choisi une année de césure une démarche de recherche à la place du stage de 5e année. Cela permettrait d’insuffler un peu plus d’esprit de recherche dans les masters professionnalisants.” Laurent Bigorgne appuie cette proposition : “les étudiants qui le

souhaitent pourraient utiliser ce semestre pour la rédaction d’un mémoire, même s’ils sont dans un master professionnalisant”.

Pour une fois qu’une initiative de Sciences Po favorise la recherche, on ne va pas cracher dessus…

Quand la prémisse s’immisce (encore une fois)

Nous vous faisions part dans le dernier numéro de la capacité de l’UNI à poser des questions appelant une réponse biaisée (car contenue dans l’intitulé). Heureusement, ce mois-ci RSP est là pour poser les vraies questions !

Le “Pod’litique by RSP” (sic) s’interroge : “Le jeune et l’entreprise, un couple illégitime ?”. Pour répondre à cette question qui semble obnubiler nombre d’étudiants, complexés à avouer

leur néolibéralisme, RSP a invité des gens tous d’accord pour dire que l’entreprise est géniale, émancipatrice du genre humain : Serge et Philippe Hayat, à l’origine du fameux incubateur d’entreprises, et qui donnent le cours pour apprendre à exploiter son prochain, Léonidas Kalogeropoulos, PDG et vice-président du mouvement Ethic3 pour un capitalisme qui se donne bonne conscience (tout en considérant “[l’]impératif de rentabilité” comme un principe éthique), Laurent Bigorgne qu’on ne présente plus et Jean-Baptiste Nicolas, déjà invité à la conférence de l’UNI sur “Quelle place accorder à l’entreprise dans l’enseignement supérieur français ?”.

Devant ce manque d’objectivité absolu, une explication est possible : une telle flagornerie envers la direction (au point qu’un spam-flash de newsletter soit dédié à cet événement minime) serait-elle causée par une certaine volonté de voir l’association RSP reconnue de manière permanente ? La seule autre explication concevable serait qu’à RSP on est assez embrigadé pour ne plus avoir à s’embêter à réfléchir. A vous de choisir.

Coin-coin, ce héros

Dans une posture hugolienne, Richie a choisi de se lancer sur son blog dans une réécriture de La Légende des Siècles, renommée pour l’occasion Sciences Po et les IEP. Il fait ainsi un astucieux clin d’œil aux initiés qui savent que “Sciences Po” est à remplacer par “Moi Richard Descoings”.

3) A noter qu’à la tête du mouvement Ethic se trouve Sophie de Menthon, spécialisée dans les déclarations immondes, la dernière en date portant sur la parfaite rationalité dans la pratique de discrimination à l’embauche envers les personnes séropositives. On a l’éthique qu’on mérite.

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La lectrice ou le lecteur profite donc de la geste du prétentieux directeur contre les iheupés réfractaires aux progrès. Imbu de sa fatuité, Descoings va jusqu’à prétendre maintenir de son bon vouloir les IEP de province sous perfusion. C’est lui entre autre qui a en 2007 doté de 2,3 M€ les IEP de province ! Et quand on lui fait remarquer que c’est plutôt la FNSP, chargée du financement de l’IEP de Paris, il réplique en sortant son arme magique : la markombrel Sciences Po. Puis finit par avouer, évasif, que “pour Bordeaux et Grenoble il doit y avoir des conventions assez anciennes de mise à disposition de salariés”. Concrètement les IEP de Bordeaux et Grenoble accueillent des chercheurs au sein de centres de recherche associés. Mais chut, ne blessons pas l’ego du grand Descoings !

Plein les bourses

Signalons à titre d’information un article du site lapeniche.net qui recense les différentes bourses auxquelles vous êtes éventuellement éligibles : http://www.lapeniche.net/blog/index.php?2008/03/21/435-dossier-les-bourses-etudiantes

Pour une fois qu’on peut dire du bien de lapéniche.net...

Langues : weil ich

Le procès verbal du conseil de direction du 26 novembre dernier délivre une information intéressante. Pour ceux qui en doutaient encore, Sciences Po a bien entrepris sur son sol parisien de lancer un “programme anglophone [de] premier cycle”. Selon les mots de Cédric Prunier, il s’agit de faire comme pour les campus en région en développant un enseignement en anglais.

Aucun mot n’est dit sur la désastreuse politique de langue mais on sait qu’un audit sur le sujet a été organisé vers début mars sur l’enseignement des langues. Selon quelqu’un y ayant assisté et s’exprimant sur le forum (http://forum-scpo.com), 9 personnes, profs ou étudiants ont “pendant deux heures abordé de manière concrète et sans détours les problèmes que [leur] semble poser la politique de l’IEP”.

Ont été évoqués entre autres les critères de répartition par niveau et le temps perdu pour monter de niveau, “l’inutilité des cours de niveau 5” ainsi que la “stupidité” du label “bilingue” sur le diplôme (qui ne recouvre rien) ou le “décalage entre le cours de niveau 2-3 et la conférence associée qui nécessite des connaissances abouties de l’anglais”. Pour une liste plus complète, se référer au forum : http://www.forum-scpo.com/forum-scpo/viewtopic.php?pid=351348#p351348

La mesure proposée par l’auditrice de laisser la possibilité de faire “une semaine à l’étranger contre un semestre” semble relativement éclairante sur le jugement qu’elle porte quant à l’efficacité des enseignements au sein de l’IEP.

Eschatologie radiophonique

RSP l’affirme : “Sciences Po est dans la merde”, façon humoristique (si, si) de rapporter qu’il y a rupture d’une canalisation d’évacuation des eaux usées au 117 boulevard Saint-Germain (école de journalisme) et que le studio est déménagé au 27 rue Saint-Guillaume, dans le local associatif. Ce dernier est supposé être démoli cet été lors des travaux de réaménagement de la bibliothèque ; on imagine donc qu’il s’agit d’une solution temporaire.

Espérons seulement que ce nouvel environnement, plus sain, aidera RSP à produire des émissions qui fleurent moins la matière fécale.

Richie se livre

En mars, Descoings s’est félicité sur son blog des résultats des Presses de Sciences Po, “+ 65 % de ventes de livres en 1 an”. Coutumier du fait, il avait toutefois “omis” de préciser que les Presses sont malgré tout déficitaires, avant de se le faire rappeler par un commentaire.

Certes, se rattrape Richie, “le marché est étroit, le coût élevé et les résultats déficitaires. Mais le déficit est chaque année moins élevé grâce à une politique éditoriale et commerciale chaque année plus dynamique.” Un jour, l’activité sera bénéficiaire… mais rien ne presse !

A la pointe de l’information

L’école de journalisme de Sciences Po est à la pointe de l’actualité, c’est bien connu. On apprend sur le site de Sciences Po que son “équipe pédagogique” “rassemble quatre professeurs associés : Nicolas Beytout, directeur de la rédaction du Figaro, Hervé Brusini, directeur délégué à l’information de France 3, Alain Genestar, directeur de la Rédaction de Paris Match, Étienne Mougeotte, vice-président de TF1”.

Nicolas Beytout a quitté la direction de la rédaction du Figaro depuis novembre dernier pour prendre la tête des Echos, remplacé par un certain Étienne Mougeotte qui n’est plus à la tête de TF1. Et si Hervé Brusini est toujours à France 3, Alain Genestar a quant à lui été viré à coups de pompes de Paris Match… en 2006.

Il est à noter au passage que sur les quatre brillants membres de “l’équipe pédagogique”, deux étaient présents le soir du 6 mai 2007 dans la fameuse soirée au Fouquet’s du “président de tous les Français”. De quoi donner un indice de la conception éthique enseignée au 117, boulevard Saint-Germain…

La terre est plate, nous sommes sauvés

Une bonne nouvelle pour la démocratie étudiante : “Du point de vue de la gouvernance, la loi LRU n’a pas d’impact sur les Conseils de Sciences Po” (Richard Descoings, 21 mars). Résumons : les étudiants continuent de n’avoir aucun pouvoir décisionnel, les entreprises de contrôler la gestion de Sciences Po, Richard Coin-Coin de fumer dans son bureau. Ouf.

L’AMAP-monde

Depuis l’automne 2006, l’association PAVéS travaille au projet de lancer à Sciences Po une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), qui constitue concrètement en un partenariat direct entre des consommatrices et consommateurs et une ferme locale, pour une distribution régulière de paniers de la production du domaine.

La Connerie de RichieA la lanterne !

« Amis commentateurs, vous avez été nombreux à vous demander si je perdais la tête [...] » (14 février)

Richie, tous les mois dans IVV et tous les jours sur son blog !

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Au début de l’année 2007, PAVéS parvient à recevoir l’accord de principe d’un agriculteur et se lance donc auprès de l’administration dans des démarches pour concrétiser le projet. En novembre, celle-ci donne à travers la voix de Julien Palomo l’espoir que la distribution pourrait avoir lieu dans la cour du 56, rue des Saints-Pères, avant de se rétracter, évoquant avec une mauvaise foi technocratique visiblement dictée de plus haut les contraintes de règlementation sanitaire, rassemblées dans un sublime volume de 400 pages.

Une lettre est alors envoyée pour expliquer à nos amis de la direction que leurs étudiants méritent peut-être un peu plus de respect. La conséquence en est l’organisation d’une réunion avec Julien Palomo et Cédric Prunier sur le sujet où le clou est enfoncé : la véritable raison tient à des considérations “intuitives” (sic) du service de l’immobilier, qui n’a pas de temps à perdre sur ce genre de futilités, occupé qu’il est avec le déménagement au 13 rue de l’Université. Mais la promesse est faite de réexaminer le dossier une fois plus complet, en particulier sur la question des normes sanitaires.

Début 2008, quelques renseignements pris auprès de la préfecture de police et de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) montrent qu’au lieu d’une cuisine toute équipée, du port de blouse, d’un environnement aseptisé, d’un permis de construire, d’un million d’euros de caution, d’une inspection quotidienne des locaux et d’un cuisinier ou une cuisinière à plein temps, il suffit pour rentrer dans la légalité de respecter les règles minimales d’hygiène comme un accès à l’eau potable, effectuer la distinction entre fruits et légumes ou nettoyer les locaux.

Reste à voir si l’administration se trouvera d’autres prétextes pour empêcher les hippies de réaliser leur rêve de consommation.

Le savant et le politique

Le vendredi 28 mars, au cours du Conseil Scientifique spécialement réuni à cet effet, Bruno Latour dévoilait en présence des deux bronzés Richie et Fitoussi la politique scientifique de SciencesPo… Sa première phrase allait révéler le reste : “Je ne vais pas présenter la politique scientifique en Sciences Po puisqu’en réalité elle n’existe pas”.

B. Latour a ensuite exposé le projet de politique scientifique de Sciences Po. Celui-là constitue une nouveauté pour l’IEP de Paris, puisque auparavant il n’y avait pas de “politique” scientifique d’ensemble.

Ce que souhaite faire la direction scientifique de SciencesPo, et derrière elle le grand Manitou Descoings, c’est réaliser un cadre d’ensemble en matière de recherche. Concrètement cela signifie dégager 6 axes de recherches pour lesquels SciencesPo en tant qu’unité de recherche proposera une offre de recherche.Ces 6 axes sont les suivants.1 - Mon premier est celui qui suscite le plus d’adhésion, c’est la recherche autour des méthodes quantitatives (en sociologie et science politique), économétriques (en éco), et en mathématique (statistique). Seuls les adeptes des méthodes qualitatives, en sociologie et science politique, se plaignent d’être une nouvelle fois oubliés et peu considérés.2 - Mon second est l’axe concernant l’économie et la finance, mais il n’est pas encore finalisé, les négociations avec l’OFCE, principal centre de recherche concerné, sont en cours.3 - Mon troisième concernera “les globalisations” (sic), c’est-à-dire les différentes configurations qui se jouent à l’échelle de la planète en fonction des zones régionales et des histoires nationales. Le CERI et le centre d’histoire devraient participer

tout particulièrement à cet axe de recherche.4 - Mon a antépénultième est celui nommé “les transformations de l’Etat”, et sera orienté - bien que là non plus les négociations sont toujours en cours - autour de la sociologie de l’action publique, la sociohistoire de l’Etat, la science politique, et correspond principalement aux centres de recherche du CEVIPOF et du CSO.5 - Mon pénultième concerne les comportements politiques : élections, mobilisations collectives, etc., dont le CEVIPOF (encore lui !) est déjà chargé.6 - Enfin mon dernier est nommé “changements des structures sociales”, et seraient donc piloté par l’OSC (Sociologie).

Il est non négligeable de voir que ce qui devrait être une politique d’ensemble est en réalité extrêmement lié aux désirs et projets des mêmes centres de recherche, et parfois même de certains profs en particulier ! En effet au sein des labos, et en particulier leurs directions, règne une ambiance tendue : tout le monde essaye de tirer vers soi les négociations, d’obtenir ce qui lui est favorable, en tant que centre de recherche et/ou que

chercheur dans tel domaine.

Cette “politique de l’offre” c o n s i s t e r a à réaliser des appels d’offre sur tel ou tel sujet correspondant à tel ou tel axe de recherche. Le meilleur projet de r e c h e r c h e remportant les financements, et ainsi la recherche à Sciences Po pourra être développée. Bien entendu, derrière tout cela il y a des enjeux

considérables de communication externe… Pas folle la guêpe! Si l’on ajoute à cela la récente création d’un site (en réalité d’une nouvelle page du site de SciencesPo) spécialement dédié à l’affichage des activités de recherche et du personnel chercheur à Sciences Po, la politique de communication est bien établie!

Derrière la volonté de s’afficher internationalement comme un acteur de la recherche il y a des enjeux financiers. Attirer des docteurs, des doctorants, des fonds de recherche, développer le pôle “demande” de la recherche (réponse à des offres de recherche proposées par d’autres institutions, et donc, obtenir des contrats lucratifs) et apparaître en meilleure position sur les classements des “meilleures universités du monde” (cf. classement de Shanghai, ou ceux du Point, de même qualité), position qui permet ensuite de justifier l’augmentation de la contribution de l’État à “l’excellence universitaire”. Ou les frais de scolarité...

Masters recherche : bientôt la suppression

Alors que la direction scientifique élabore une politique d’ensemble en matière de recherche, la mention “recherche” du master de Sciences Po pourrait disparaître. Il se murmure

Des sains rapports gagnant-gagnant entre la recherche et le monde de l’entreprise. Patapon fait la recherche.

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avec insistance qu’il n’y aurait plus de distinction entre master “recherche” et master “pro” à l’automne 2009. En tous cas, les masters tels qu’on les connaît actuellement vivent leurs dernières années. Une circulaire du ministère de l’enseignement supérieur, dénommée “Monteil” du nom de son concepteur, prévoit la suppression des appellations “recherche” et “pro” des masters.

Mais pourquoi, por qué, perché, por quê, why, warum ? Officiellement, parce que le passage du DEA/DESS à la dénomination “recherche”/”pro” a été une réforme catastrophique pour l’image du master dit recherche. La raison invoquée : le fait que l’appellation “recherche” pour beaucoup de nos camarades étudiants signifie nécessairement un master pour être chercheur, alors que c’est aussi tout bêtement la voie pour aller vers un doctorat. En supprimant la distinction entre les masters, c’est donc, officiellement, uniquement cette association d’idées que l’on voudrait supprimer.

Que se passera-t-il à la rentrée 2009 ? Là par contre c’est le bordel. Toujours officiellement, les différentes directions (la DG, la direction de l’école doctorale, etc.) sont en processus d’élaboration de la prochaine maquette pédagogique. C’est l’incertitude totale quant à ce qui pourrait résulter de cette réforme, mais une seule chose est absolument certaine : la maquette pédagogique des masters n’aura plus grand chose à voir avec celle actuelle.

A qui profitera le crime? Cette réforme pourrait être l’occasion pour la direction de “professionnaliser” les masters “recherche”, c’est-à-dire introduire encore un peu plus de corps étranger - cours de compta, d’initiation à la vie de l’entreprise, stage obligatoire, etc. - et dénaturaliser la filière recherche. Tel le master MCM, “pas assez rentable”, pourra-t-on voir un master recherche dilapidé en spécialités entre différents masters ?

Don de Dieu

Sciences Po a lancé l’année dernière une campagne de dons dans le but de rassembler toujours plus d’argent. Pour ce faire, selon le bilan de Descoings, 10 à 20 000 e-mails et courriers ont été envoyés. Mais une attention particulière a été portée sur certaines donatrices et certains donateurs qui ont eu l’honneur de recevoir une lettre personnalisée,

probablement signée de la main de Coin-coin.

En janvier, c’était 350 000 € qui avaient été rassemblés de la part de 650 donatrices et donateurs, soit un don moyen de 540 € environ. De quoi payer quelques litres de gomina à Richie.

Pas net

Vous vous êtes probablement rendus compte en vous connectant le 11 avril à votre boîte mail Sciences Po : l’ENTG a changé de tronche, adoptant lui aussi le nouveau branding en vigueur aux abords de la rue Saint-Guillaume. Histoire d’enfoncer le clou, la Newsletter (qui a d’ailleurs connu une parution quasi-quotidienne cette semaine là) envoyée le matin

du 11 vous expliquait les changements en question.

Mais puisqu’apparement on croule sous l’argent à Sciences Po, des flyers vantant les mérites de l’ENTG nouveau ont été distribués en Péniche toute la journée. Un A5 couleur sur papier glacé, recto-verso (une face en français, l’autre en anglais) , pour expliquer les supers nouveaux avantages de l’ENTG, à commencer par “Un look aux couleurs de Sciences Po” et… c’est à peu près tout. On aimerait simplement savoir combien d’étudiants auraient pu être exemptés de frais de scolarité avec le coût de cette réfection pas forcément utile de l’ENTG et surtout de la super-campagne de prospectus qui l’a accompagnée.

Sciences Po se fait sauter le plafond

Coin-coin est comme chacun le sait très fier de son système de frais de scolarité progressifs. Mais revenons tout de même sur cette brillante idée du gominé au sourire d’ange.

Au moment de la réforme de 2003 contre laquelle l’UNEF a tenté plusieurs recours juridiques, les frais s’élèvent à 1 050 € par personne4. Courageux, Descoings décide de faire payer les plus riches avec un nouveau barème : 0 € pour les plus pauvres, puis respectivement 500, 1 750, 2 500, 3 250 et 4 000 € pour les différents paliers. A la rentrée de septembre 2004, où la réforme est mise en place, 37 % des étudiant-e-s sont exemptés de frais (14 % sont boursiers). L’engagement est pris de ne pas ré-augmenter les frais pendant plusieurs années. Richie des bois est là !

Mais très vite pointe un “léger” problème. Au lieu des 5 M€ prévus, seuls 2 M€ entrent en caisse. A la rentrée 2005, un “ajustement technique” (sic) a lieu et ce sont donc désormais juste les 14 % de boursiers qui sont exemptés. Le plafond est relevé à 5 000 €, palier auquel sont soumis automatiquement les étrangères et étrangers hors Union européenne. Enfin, le calcul des frais est revu à la hausse.

A l’heure actuelle, les frais réclamés sont répartis en huit paliers : 515, 1 030, 1 805, 2 575, 3 350, 4 120, 4 635 et 5 150 €. A la rentrée prochaine ils seront selon la décision prise au CA de janvier dernier respectivement de 530, 1 060, 1 860, 2 650, 3 450, 4240, 4770 et 5 300 €. Pas besoin d’une grande capacité d’analyse pour juger de la dynamique de hausse dans laquelle nous sommes (au-delà d’une simple indexation à l’inflation).

Cette hausse n’est en rien due à un sous-financement de l’IEP de Paris : un étudiant était en 2007 financé à hauteur de 8 500 € par an, contre 6 000 € en moyenne en université5.

Dans le principe même de la progressivité des frais suivant le revenu parental réside une conception des étudiants comme des mineurs6 qui se doivent de rester dépendants de leurs parents. Comme ce n’est pas le sujet (et qu’on va encore dire qu’on est propagandaire) contentons-nous de mentionner les revendications d’un salaire étudiant à SUD et d’une allocation d’autonomie à l’UNEF.

Dans l’application, les personnes les plus touchées sont bien sûr les étudiants internationaux hors UE, mais aussi et surtout les étudiants les moins aisés, concernés au premier plan par les nombreuses hausses, loin d’être les dernières alors que les contributions étudiantes représentent déjà 16 % du budget de Sciences Po7. En effet, la direction souhaite augmenter le

Un ancien donnant quelques deniers au gueux Descoings.

4) Les chiffres qui suivent proviennent de l’article “L’équité s’étiole à Sciences Po” paru dans L’Humanité en octobre 2006.5) Source : tract UNEF Sciences Po n°4, pour les élections de 20076) Le débat élève vs. étudiant-e relève de la même logique : l’élève a besoin d’une tutrice ou d’un tuteur, l’étudiant-e est plus libre intellectuellement7) Source : compte-rendu du CA de janvier 2008. Les citations qui suivent en sont extraites. Les chiffres avancés proviennent d’une autre source.

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plafond des frais de 5 300 à… 7 000 € selon les chiffres qui circulent en interne, soit presque un doublement par rapport à la première réforme. Le prétexte avancé par Descoings est que 2008 marque “la dernière année du moratoire sur l’augmentation des droits de scolarité” (sic). Michel Pébereau, toujours prêt à des droits de scolarité” (sic). Michel Pébereau, toujours prêt à des droits de scolaritconcourir pour le prix de la phrase la plus conne de l’année, évoque avec son mépris coutumier pour justifier cette hausse “l’avenir de la France” et même “le monde des six autres milliards d’habitants de la planète” - notez le pléonasme.

Enfin, la “meilleure” nouvelle est que le nouveau double-diplôme Sciences Po-HEC coûtera, c’est officiel, à chaque étudiant la bagatelle de 12 000 €/an, par une indexation au frais de HEC. On ne doute pas que Descoings saura par la suite réfléchir à un “ajustement technique” histoire d’harmoniser le tout.

Où est Charlie ?

Nous lançons un appel solennel pour que Julien Palomo soit libéré du STO qu’il effectue en échange outre-Rhin. Car c’est bien là la seule explication que nous avons trouvée à la présence, dans son bureau, de Rudi Voller en lieu et place dudit Palomo. Au-besoin, on pourra déployer son portrait géant sur la façade de Sciences Po…

En parlant de portrait géant justement, on attend toujours le come-back de celui d’Ingrid Bétancourt que la direction devrait “réinstaller très prochainement” au mois de mars. Peut-être réinstaller très prochainement” au mois de mars. Peut-être réinstaller très prochainementqu’une fois les caméras parties, tel Jacques Dutronc, on y pense puis on oublie. Heureusement en compensation on a le portrait de René Rémond déployé à l’entrée du 13 rue de l’Université.

Commun ouragan ?

Après le concours d’entrée commun pour la première année, déjà mis en place, les IEP d’Aix, Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg et Toulouse réfléchissent à la création d’un concours commun pour la quatrième année. La riposte à l’impérialisme parisianiste s’organise, la révolution est proche, camarade !

RSP : Radio Sans Public ?

Ok, c’est facile et vache comme acronyme. N’empêche qu’il n’y avait pas grand monde en amphi Boutmy le 16 mai dernier pour suivre le super événement co-organisé par la radio étudiante : les Grandes Gueules de RMC en direct depuis Pipo. Les animateurs et leurs intervenants ont pu s’exclamer devant une moyenne de cinquante/soixante étudiants à l’attention d’ailleurs variable. Au moins l’émission était-elle ouverte au public : ça aurapermis à Nanard (le prénom a été changé), un clochard hirsute de découvrir le vénérable amphithéâtre. On a aussi pu admirer dans le public un sosie d’Omer Simpson coiffé d’une casquette guévariste. Bref, le spectacle était plus dans le public que sur les ondes. Une fois de plus ?

Ribéry jaune

Lu sur le forum de Sciences Po, confirmé par un deuxième intervenant :

“Mercredi, 12h30, amphi Boutmy, Loic AZOULAI, professeur d’institutions européennes de son état, va commencer son cours. Mais avant qu’il ne prenne la parole, un individu remonte l’amphi par la droite en criant pour l’interrompre, rejoint le podium, serre la main au prof, et geule “ALOOOOORS, ON APPLAUDIT PAS LE PROF ???”. Une salve d’applaudissements s’ensuit. L’énergumène, filmé par un cameraman dans l’allée, porte un tee-shirt noir de Franck Ribéry, et demande aux élèves de l’amphi de répeter avec lui “RIBERRYYYYYY EST MAGIIIIIQUE” dans l’optique d’une émission sur le personnage. Sifflements, applaudissements, “Sortez-le”. Il est obligé de quitter l’amphi, suivi par son cameraman.”

Joint par téléphone, Ribéry s’est insurgé contre cet énergumène. “Non il n’y a rien de magique dans ce que je fais, c’est beaucoup de travail !” s’est-il exclamé avant de retourner lancer des bombes à eau sur ses coéquipiers.

Libéralisons l’éducation !

Il est nécessaire, chacun le sait, de réformer l’éducation - en plus à cause de mai 1968, on oublie d’y enseigner quoi que ce soit nous rappelle Xavier Darcos, incapable de faire une règle de trois. Et il n’y a qu’une solution, comme nous le rappelle sans cesse Nicolas Sarkozy : la libéralisation. Chiche, donc : instaurons une concurrence libre et non faussée dans l’enseignement supérieur, afin de fluidifier le marché de l’emploi et de permettre un enrichissement collectif pour que tout le monde soit riche et plus personne ne soit pauvre !

Première mesure, donc : supprimer les épreuves de sélection à l’entrée d’établissements comme Sciences Po, dont le directeur M. Coin-coin avoue qu’elles sont socialement discriminantes et délègue même son sbire Delhay à la tâche de créer une autre voie, pour des catégories plus pauvres. Limiter donc les discriminations à l’entrée… mais non, ce serait dévaluer le diplôme, les employeurs préfèrent des con-sanguins bien nés que des têtes bien pleines. Il y en a qui mériteraient des mains invisibles.

Car prospère au contraire le protectionnisme de la discrimination sociale. On parsème de quelques arabes8, et on renforce les barrières contre les pauvres en général. Hausse continuelle des frais (on en parle plus haut), concours nécessitant une culture générale du genre qu’on obtient dans un milieu bourgeois, et pour couronner le tout… une nouvelle sélection.

Comme il a déjà été dit quelque part (décidement cette brève sent presque autant le réchauffé que le plan climat de Jean-Louis Borloo), Sciences Po ne peut délivrer de diplôme niveau licence à bac+3, en raison justement de la goddamn sélection à bac+0. L’idée de génie est donc alors de délivrer ce fameux diplôme sous un autre nom, celui de “bachelor”, soit le strict équivalent de la licence dans le système anglo-saxon9.

Mais vient alors tout “naturellement” (?) la nécessité d’une nouvelle barrière douanière, d’une autre sélection : puisqu’il est possible de partir, pourquoi ne pas choisir ceux qu’on garde ? Avis à ceux qui passent cette année en 4e année : vous êtes peut-être les derniers à le faire sereinement.

“Oui mais quel mal à faire une sélection sur les mérites justement ?”, s’exclame alors le lecteur à voix haute de façon telle que les gens se retournent et le regardent bizarrement. Hmm, peut-être faut-il rappeler que le concours d’entrée est officiellement un examen mais que la direction n’a plus de complexe à le détourner ouvertement de son usage premier. Et peut-être faut-il également rappeler que les résultats scolaires sont en partie déterminés par les conditions de vie ; les frais de scolarité augmentant toujours plus chaque année, on peut penser que les plus pauvres sont statistiquement ceux qui échoueront le plus à ce nouvel examen en plus d’être ceux qui auront le plus pris de risques dans ce qui doit devenir selon les dikdats “libéraux” un investissement. La sélection au master s’inscrivait d’ailleurs dans le projet originel de la réforme Pécresse, comme le rappelle un tract de SUD (citons nos sources, pour une fois), et Sciences Po s’affirme donc plus que jamais laboratoire de l’accessibilité… VIP.

8) C’est du moins ce que la presse a retenu. Et quelle personne beure ou noire ne s’est pas faite demander par quelle voie elle était rentrée ?9) Pour les quelques attardés qui ne l’avaient pas remarqué, il y a longtemps que le modèle de Sciences Po n’est plus le monde germanique.

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CHRONIQUE DE L’AMBITION ORDINAIRE - 3

Le facteur sonne toujours deux fois, le centriste aussi. Nous avions évoqué dans notre numéro 10, à l’occasion des déchirements au sein de l’ex-UDF de Sciences Po, un certain Nicolas Vinci. Le bougre avait même tenté d’influer sur le contenu du journal en accédant à notre wiki de travail, désormais protégé comme Alamut. Rien de bien méchant dans les faits : Nicolas Vinci exigeait que nous ajoutions son prénom à chaque fois que nous mentionions “Vinci” dans l’article, de peur qu’on le confonde avec un prof de Pipo dont il partage le nom. Tant de formalisme a attiré notre attention et vous connaissez la suite... Rendons donc hommage, dans cette troisième chronique de l’ambition ordinaire, à la star de la “blogosphère démocrate”, Nicolas Vinci.

Nicolas Vinci vous écrit, lisez-le !

Voilà le nom du très orange blog (http://nicolasvincionline.blog.lemonde.fr/ ou http://www.nicolasvinci.eu, un seul nom de domaine ne suffisait pas) que tient notre spécimen. Et déjà tout est dit. Je-moi-me aime parler de je-moi-me à la troisième personne car je-moi-me est tout et vous, multitude béate, vous avez l’ordre de lire les saints écrits que je-moi-me daigne vous adresser. Cela dit, le sous-titre (“…Et souhaite aussi vous lire ! Réagissez !”) vient, malgré une propension décidément grande à utiliser l’impératif, tempérer un peu la rudesse du début. “Car nous avons tous notre mot à dire !” vient clore cette sainte trinité dans une grande eucharistie participative. Mais si chacun est invité à participer, c’est surtout de M. Vinci qu’il s’agit dans le blog.

Comme notre ami fait bien les choses, il a fait une page spéciale pour se présenter. On y apprend par exemple que Nicolas Vinci vient d’une “terre pauvre par son industrie, mais riche par le cœur de ses habitants”, la Lorraine. S’ensuit le récit de sa montée à Paris, et enfin de sa révélation : “C’est en deuxième année de Sciences-Po, en novembre 2006, que je franchis le pas: j’adhère à l’UDF, alors que François Bayrou est à 5% dans les sondages. Un prof me dit: “c’est curireux. En général, on ne commence pas à l’UDF. On y finit.” Je ris un bon coup.” A vrai dire nous aussi. Mais qu’on se rassure, sur son blog chacun est “le bienvenu pour commenter, même pour critiquer. Surtout pour critiquer!”. Here we are !

Mais par où commencer ? Par dire que ce blog transpire le conformisme au détour de chaque article ? Que c’est bien le seul endroit où l’on peut lire des perles telles que “Un blog qui affiche Montesquieu et Schumpeter dans sa bannière ne pouvait pas rester bien longtemps hors de ma liste de blogs!”. Ou bien en remettant en cause la pertinence de certaines prises de position ? Il est vrai qu’écrire un “Rapide inventaire des raisons qui m’ont poussé à ne pas commenter le “Direct à l’Élysée” de notre Président” qui plus est fort long (mais c’est pour ça que notre Président” qui plus est fort long (mais c’est pour ça que notre Présidentc’est bon), c’est d’un intérêt fou.

Car même quand il n’a rien à dire, Nicolas Vinci écrit, sans cesse, sans relâche. On imagine aisément qu’une troisième année en Finlande puisse être chiante, mais à ce point c’est à se demander ce que fait la DAIE ! Et de posts en posts toute l’actualité trépidante du MoDem défile sous nos yeux émerveillés. En tous cas sous ceux des blogueurs “démocrates”, dont Nicolas Vinci est devenu la star d’un jour, à l’occasion d’un passage de son blog dans la rubrique Campanet de Dimanche+, sur Canal, en mars dernier.Il faut dire que notre ambitieux y met les moyens ! A commencer

par le graphisme de son blog, à l’instar de celui de Rémi Bétin que nous avons honoré dans le dernier numéro. Ici aussi on trouve un logo perso : des i bleus et courbes qui viennent s’intercaler au

milieu d’une police plus classique blanche dans “Nicolas Vinci vous écrit, lisez-le !”. Mais mieux, on le retrouve dans un petit logotype en haut de la colonne de gauche, fruit de l’esprit génial de Nicolas Vinci : “L’espoir lucide”. On connaissait la force tranquille, l’ordre juste ou le concombre masqué, voici maintenant l’espoir lucide,

ou comment résumer en deux mots toute la mollesse centriste. Bravo en tous cas à notre champion de la communication politique qui a déjà trouvé son slogan de campagne pour dans vingt ans. Jouer à la politique comme on joue à la dînette, on se croirait à Nouvelle Donne…

Et en plus, il fait des vidéos, regardez-le !

Mais le clou du spectacle, la cerise sur le gateau, la poutre de Bamako, ce sont les vidéos ! Seul face à sa webcam, Nicolas Vinci livre mensuellement un “édito” dans lequel il parle, parle et parle encore. Avec apparement du succès, comme en témoignent les commentaires de ses vidéos sur Dailymotion : “ben soit (sic) lucide tu blablates et ya rien dans le fond c creux!” ou encore “enervant comme garçon :)”. Mais Nicolas Vinci sait se défendre avec style : “Nous connaissons-nous? Auquel cas le vouvoiement me paraît plus convenable. Du reste, je ne relève pas vos critiques. Sous couvert d’anonymat, on dit beaucoup d’âneries…”

Chiantissimes au premier abord (mais quand même au deuxième, au troisième, etc.), ces vidéos recèlent pourtant de vrais trésors. Nous avons bravement regardé ces longues minutes afin de vous en livrer un florilège. Dans son édito de mars 2008 : “Bonjour. Je ne sais pas pour vous, mais en tout cas pour ma part, le résultat des élections municipales et cantonnales, là où il y en avait, me laisse totalement perplexe.””Nous allons pouvoir construire, et les démocrates,

j’en suis sûr, j’en suis convaincu, je prendrai toutes mes responsabilités, je le veux, répondront présents.” Et surtout, le petit clin d’oeil à la fin ! Dans celui de février 2008 : “Les élections cantonales et municipales, ce sont les élections du réel[…]ce sont les élections des poubelles,[…]de la hauteur des trottoirs, des crottes chien sur ces trottoirs, ce sont des élections de gestion pure.” La vidéo de bonne année, un mois plus tôt, est un vrai bonheur ! Déjà pour les voeux en finois : “Önelsita otä vütä” (ou quelquechose d’approchant). Mais aussi : “Il me semble que cette année c’est plus important que les autres le bonheur et la santé.”C’est apparement mal parti :”J’ai une vulgaire intoxication alimentaire.” Son message de soutien à Quitterie Delmas pour les élections du conseil national du MoDem : “Je soutiens cette liste parcequ’elle incarne un certain renouveau au sein du Mouvement Démocrate”. Renouveller un truc qui n’a pas un an, ça c’est de la réactivité ! Ah, et quand il a filmé sa “réactivité ! Ah, et quand il a filmé sa “réactivité ! Ah, et flamme de soutien à Ingrid Bettancourt”…Bettancourt”…Bettancourt

Bref, vous l’avez compris, nous avons affaire à un champion du discours conformonaniste, dont vous pouvez retrouver l’intégralité de l’oeuvre cinématographique ici : http://www.dailymotion.com/boulp . Le genre de bonne adresse à garder sous le coude pour les soirs de détresse.

“Heu, ça tourne là ?”

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LA CHRONIQUE DU DOCTEUR F. YION

Voici venue la deuxième chronique du Docteur F. Yion toujours prêt à vous aller voir au plus profond de vous même pour vous arroser de ses conseils. Suite aux nombreuses réactions du FLNM (Front de Libération Nationale des Moches - heureusement elles sont cagoulées) le Docteur F. Yion a du assurer sa sécurité en embauchant des membres du service d’ordre de la faction rivale, le FLNG (Front de Libération Nationale des Grosses - malheureusement elles sont en poum poum short). Après réception d’un colis piégé, la femme du Docteur F. Yion ne dispose plus que d’un oeil et d’un bras, ce qui lui vaut l’affectueux surnom de “Jamel Le Pen” dans le quartier. Heureusement l’essentiel est sauf, à savoir son tronc. Mais bravant tous les dangeurs, le glorieux et hardi Docteur F. Yion continue fièrement à répondre à vos missives (après ouverture du courrier par son fils trisomique).

C��� D� F. Yi�� ,

J� �’�� ��i� ��u�. Tr�� �’es� �r��. J� �� ���� ��u� s��� ��� �� c�n������ � ����� d�n� �e� c�n�i�i�n� �us�� �nac��pt���e�, �n�u���fi ���e�, ���l�r���e�. Me� �l������ ����� �n� ��r�� ���� s�n� c����� ��� �e� ��� e� e� �i�n�e� �r����e� p�i�����e� p��� ��p�u� �� �’��v��i� ��� s��ra��� . O� ��� �r����-�� ��j��r�’��� , po�� ��� s�� �é�n� �’h���� �n�������, as�i� � cô�� �� m�� ��� �e� b�nc�, ��� e� �u����� m�i� ��es�i����� �� �’����i��éâ��� B�u��� ? Q�� os�i� ��n�� �r������ m� s�i� �� c��n�i�s�n�� t�n�is��� ��� �� ��nt�i� �� �’�������� � l� s��r�� �� s�v��� �� S���� D� H���� ? Q��� �nf���, ���fi ��, s���n�i�, n�n�h�l�n�, f���é�n�, v�����, a�sas��� , m�n���� �’�nf�nt� e� �ma���� �� A��� B�n� a�fi �h�i� ��n�� s�n� ��rgo��� �� s������� �� �u���� s� c��p���� ��l����� s�u� �e� ���� ?

U� �r��� ! U� m���� ! U� ��l�� ! U� ma����-pa� -���� ! U� ��es���-��� !

J’�� ���� ��n�� �� �’�l�i���� �� l�nç�n� � �’�u��� b�u� �� l� s���� ���l��e� cac���è�e�, ��i� �� l� ����� ����, e� ���� �e� ��n���e� (m�i� d�n� m�� m������ � ’�� �� �� ��� �� �h�n�� : �� �’ét�i� pa� ��i�, �u� ), ���� �’� � f�i� !

J� ����l���� �� ps��ia�i� �n�� ����i� �� j��� �j�u�� � �e� ��i�e� �� fl a����n�e� �i��e�, �� ��� �� c�u�� �r�n� s�u�� , ét�n� d���� ��� �e� g�� a�i�e� �� a���n� l� p�r�� �ra���i��� �� m�� �ec��� e� ac�e�s������n� �� f�n� �� m�� p�nt�l�� �� g�l�.

Ai���-m�� Doc���� F.Yi�� !

Cher connard,

Etant moi-même de confession terroriste et grand amateur de dattes, je suis touché par ton problème. Je ne saurais trop te conseiller pour calmer tes douleurs, et en grand spécialiste de troulogie que je suis, le massage de ton anus avec un baume au foutre de Ouagadougou. En compément, une à deux géllules par jour de RéparAnus500 redonneront force et souplesse à ton sphincter détruit.

Pour une thérapie optimale il te faut également accomplir un travail pratique, destiné à chasser ton trouble psychologique. Ainsi je te donne l’adresse d’un de mes confrères auquel tu pourras confier tous tes soucis : Y. Fofana, cellule 1933, la Santé, XIVe XIVe XIV Paris. Il a déjà fait ses preuves, aie confiance.

Le conseil du Dr. F. Yion : le racisme, la haine de l’autre, le repli identitaire se développent de plus en plus dans nos sociétés contemporaines. Pour ne plus te sentir isolé dans ta fac’ remplie de bougnoules et de nègres, toi petit facho de merde, je ne puis que te conseiller d’adhérer au RED.

A� D�. F. Yi�� ,

V�u� ���� s�n� d�u�� �n��n�� ����� e� ��� f�i� �e� p�r��e� m�i� �� v�u� �é�i�� m�� ������� e�p���. J� �r���r�� ��� ��i�� ��� �n��, �r����n� ��è� ��� �n��. E� �’es� �� ��é�i��is�� �ec�n�� ��� �� �’a��e� � . Cha��� �����, �� ���n���p�, m� ��� �����n� �� ���it���� c�u���m��. A�n�� m�� ��� �����n� ��� ��n�r��� �� �ro�uc�i�� �n�us������� �� m����, � c�n�����n��� l� �ro�uc�i�� �’��î��e� �� Bas��� �’Arca�h�� . M�� �é�e��� �’� f���������n� �n��r�i� �� ����� �� �� �is��� �� �’ét��� �� d�n� m�� �r���� �u�u� !

M�i� m� �éac�i�� ����r�i��� �� �’���ê�� pa� � ��l� : m�� �isa�� �� b��rs��� �, �e� j���e� g��� �n�, �e� ���� r�u�i� �n�, �e� b�ut�n� �����i� �’�� �u� ��� e� ���� (��� � ’� �� g�û��) c�����n� �’�n������� �� �e� �ra�. J� �� ���p�� � ��u� �� v��� �e� ����e� p��i�����e�, �isa�� ca��� s�u� ���r� R�� B�� , ������� ��� �es��n��n� �� casca�� ���r� �p���e�, j���e� d�u�e� e� ��j� d���e� p�� �� ��� i��� s����� ��� �� �es����n� s�u� �e� ���e� ��’�� s��� � �u�fi � � f���� ����v�l���, �� �us�� h�u�, �e� ���n� ��� �� l�i� �n� ���r��v��� d�n� �� �éc���e�� f�u� ���n� n�ï�. T�u� ��l� �� ���v��� � m�� �u� e� � m� m����.

Doc����, �� v�u� �� �������, �i���-m�� � �’ac��p���.

Très chère jeune demoiselle,

Tu vis encore dans l’illusion, l’utopie, la légende. Tu imagines des sociétés parfaites, des lendemains qui chantent, un monde heureux. Plus d’attente aux caisses, la pharmacienne qui comprend tout de suite quand tu veux des condoms XS, la tartine qui tombe du bon côté, il neige à Noël, pendant la canicule on n’a pas oublié mamie toute seule dans son appartement sous les toits, la première fois c’était magique, Trezeguet n’a pas raté le penalty en finale. Désolé de te décevoir mais je dois, en tant que médecin, t’annoncer la triste réalité : la vie est une pute. Une vieille pute mal rasée si tu vois ce que je veux dire. Tout ce que tu as décrit est très vrai, Paris sous le soleil est une ville qui redonne goût à la vie (au vit ?) pour de nombreuses jeunes filles en fleur. Mais fais moi confiance tout cela n’est qu’artifice. Quand tu vois minceur altière, ventre plat et jambes fines c’est en réalité des heures de diarrhée à essayer de bannir d’un organisme anémié les quelques nutriments qui pourraient y être encore incrustés, des soirées passées à suer comme un maçon portugais au soleil sous prétexte d’activités sportives (abdos fessiers et autres putasseries du genre), des années de privations, pas de kebabs, pas de bières, pas de chips, mais de la salade, ou encore de la salade et parfois de la mâche. Non vraiment, ne prends pas modèle sur ces demoiselles, d’abord parce qu’elles conservent une base de bonnasserie que tu n’as pas a priori et ensuite parce qu’in fine tout le monde les regarde mais personne ne les aime.

Le conseil du Dr. F.Yion : si vous vous êtes sentie, svelte lectrice, visée par cette réponse, toute remarque, question, suggestion, numéro de téléphone ou proposition de plan cul sur l’Ile de France devront être adressés au directeur de la publication, M. Louis Moulin, qui fera suivre.

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LES PIRES SOSIES - 2

Super Marik ou Nanny Nadia ? Michel Travolta ou John Tournier ?

Albert Völler ou Rudi Einstein ? Ahmed Lee ou Christopher Yassine ?

Gérard Himmler oder Heinrich Jugnot ? José Maria Plenel ou Edwy Aznar ?

Serge Lama ou Dalaï Dassault ?

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BRÊVES GENERALES Jeu concours Pékin 2008

Répond correctement et gagne une place pour les JO 2008 !

1- Qui forme la police anti-émeute et anti-terroriste chinoise?A - la CIAB - le FSB (ex-KGB)C - Le RAIDD - Inspecteur Gadget

2- Qui fournit et équipe la police chinoise?A - EADSB - LockheedC - PlaymobilD - Dassault

3- Qui équipe la Chine d’émetteurs de brouillage des radios internationales au Tibet?A - IBMB - ThalèsC - Cisco SystemsD - Julien Palomo

4- Qui a vendu des informations confidentielles à la police chinoise ayant permis l’arrestation de deux internautes?A - FreeB - GoogleC - YahooD - Judas

(Réponses : 1-C, 2-A, 3-B, 4-B et C… soit 2 entreprises européennes, 2 entreprises nord-américaines et une police spéciale française collaborant avec la gentille tyrannie chinoise, tout en donnant des leçons sur la responsabilité sociale des entreprises, les droits de l’homme et toussa quoi). Source : (et c’est pas anodin) Robert Ménard, Secrétaire général de Reporters Sans Frontières.

Back in the USSR

Encore un jeu : comment Ségolène Royal a-t-elle choisi d’appeler sa super “consultation participative” en vue du prochain congrès du PS et de son futur nouvel échec en 2012 ?

a) Congrès génial et intéressantb) Congrès utile et sereinc) Congrès positif et productifd) Congrès attentiste et plein de coups de putee) Congrès pacifique et novateur

Réponse : b)

Gipsy king

Cette citation, juste pour le plaisir :

“CAREW Bampfylde Moore : fils d’un ministre de Bickley en Devonshire rencontra dans son enfance une troupe de Bohémiens près de cette ville et prit un tel goût pour eux qu’il les suivit. Cependant il revint quelque temps après dans sa famille où il fut reçu avec joie. Mais la vie mendiante avait pour lui tant d’attraits qu’il quitta de nouveau la maison paternelle. Il savait prendre toutes les formes et jouer tous les rôles. Il était tour à tour pauvre ecclésiastique persécuté, quaker ruiné par le commerce, marinier naufragé, forgeron dont la maison avait été réduite en cendres, et sous ces différents déguisements il se présentait aux mêmes personnes sans en être reconnu. Il

volait les chiens avec beaucoup d’adresse ; ayant pour cela été déporté deux fois à Exeter dans l’Amérique septentrionale, il était toujours de retour avant le bâtiment qui l’avait emmené. Une fois, pour s’échapper de la Virginie il traversa la Delaware à cheval n’ayant qu’un mouchoir pour bride. Il avait la mémoire heureuse et savait prendre l’air d’un homme bien élevé. Sa société l’avait choisi pour roi. Il lui demeura fidèle jusqu’à la fin. On croit qu’il mourut vers 1770, âgé de 77 ans.”

(Dictionnaire historique ou, Biographie universelle des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes, depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours, François-Xavier Feller, 1836)

Dans la presse

• L’Humanité (7/04/08), en une : “Sans papiers et pourchassé, il se noie la peur au ventre”.Jamais moins de deux heures après un repas…

• lemonde.fr (15/04/08) : “lemonde.fr (15/04/08) : “lemonde.fr une centaine de travailleurs sans papiers ont investi le siège de l’organisme de formation des entreprises de nettoyage Faf Propreté, à Villejuif”entreprises de nettoyage Faf Propreté, à Villejuif”entreprises de nettoyage Faf Propreté, à VillejuifAvec un nom pareil, ils nettoient au Kärcher ?

• orange.fr (22/04/08) : “orange.fr (22/04/08) : “orange.fr Manaudou se console sur le dos”Elle a fait une nouvelle sex-tape ?

Un scandale pointé du doigt

Nicolas Sarkozy, grand spécialiste de la politique étrangère devant l’éternel déclare devant des millions de Français pour justifier sa dernière bêtise en Afghanistan qu’il est impossible de dialoguer avec “des gens qui ont amputé d’une main une femme parce qu’elle avait mis du vernis à ongles”.

Christian Salmon, retrace dans une tribune publiée par Le Monde le 2 mai dernier le trajet de cette magnifique histoire. Un rapport d’Amnesty International de 1997 relève que pour la raison évoquée “des talibans auraient sectionné l’extrémité du pouce d’une femme dans le quartier de Khair Khana à Kaboul” pouce d’une femme dans le quartier de Khair Khana à Kaboul” pouce d’une femme dans le quartier de Khair Khana à Kaboul(nous soulignons).

Tony Blair fait alors sienne cette tragique histoire sur les conseils de son conseiller Alastair Campbell. Puisqu’une femme s’est faite couper un bout de doigt, il faut entrer dans la coalition et partir en guerre, s’exclame-t-il. Suit alors une partie de ping-pong entre Londres et Washington, avec des variations subtiles. Laura Bush évoque les doigts arrachés, Cherie Blair les ongles.

A trop vouloir en faire, on finit par se planter. Mais Sarkozy, téméraire comme il est, mettrait sa main à couper plutôt que d’y renoncer.

Pas un traître mot

Qui est le héros préféré de Jean-François Copé ?

a) Judasb) Iagoc) Jean-François Copéd) Ganelone) Zorro

réponse : e), mais Copé a hésité avant de répondre à cette question

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LA JEUNESSE EST UN NAUFRAGE

« Ôte toi de mon soleil » disait Diogène de dedans son pithos à l’empereur Alexandre. Celui-ci, impressionné par tant d’impertinence de la part du philosophe mendiant, s’exclama selon les textes : « Eh bien moi, si je n’étais pas Alexandre, je serais Diogène ! ». Le cynisme du penseur a depuis fait bien des émules, en particulier chez les nouveaux Alexandre.

Jeunétiquement criminel

Citons par exemple un Rudolph Giuliani ôtant de son soleil de maire de New York (1994-2001) les clochards des rues de Manhattan1. Quelle belle idée que de se dire que les problèmes qu’on ne voit plus n’existent plus ! Sans compter que pour que les bourgeois dorment sur leurs deux oreilles tout en gardant leur bonne conscience, la « tolérance zéro » – expression de novlangue droit sortie d’un film de Schwarzenegger – implique le contrôle préventif d’un certain nombre de groupes sociaux identifiés comme à risques. Comment les identifier, justement ? En la matière, rien n’a changé depuis le XIXe

siècle : « classe laborieuse, classe dangereuse ». Que d’innovation à recycler les vieilles politiques de contrôle social, réchauffées des statistiques déshumanisantes ! Sans-abris, toxicomanes, clandestins, prostituées, minorités ethniques, etc. : tous en taule !

Sans nous étendre sur la perversité de cette politique importée en France tambour battant entre autres par un certain Nicolas Sarkozy

voulant récupérer les voix du Front national, étudions donc le cas du plus dangereux des groupes sociaux : les jeunes. La criminologue Carla Nagels note en Belgique dans les années 1980 la perception de la jeunesse comme un « groupe social à part entière2 », sans distinction de classe. La conséquence en est une individualisation dans la recherche des causes des manifestations de violence dans la jeunesse, sans chercher aucune autre explication sociale. Comme souvent en politique, à l’analyse sociologique est préféré le biais idéologique, bien plus simple. Pourquoi réfléchir3 ?

La tentation chez Nicolas Sarkozy d’établir dès la petite enfance un contrôle préventif des futurs délinquants s’inscrit pleinement dans cette sinistre dynamique. Elle sous-entend une analyse biologique, voire génétique, pour déterminer

un déterminisme orientant vers la criminalité. Point de cause sociale, tout est dans l’ADN. Sans compter que tout comportement violent dans l’enfance ne mène pas à la violence au stade adulte, et inversement.

Casse-toi, pauvre con

On retrouve également ce rapport à la jeunesse dans le discours médiatique dominant, un exemple récent étant le sujet des fameux « boîtiers anti-jeunes »4. Ce boîtier, selon les mots mêmes de son inventeur conçu pour palier une éducation devenue déficiente en nos temps décadents, diffuse un bruit suraigu, de manière continue ou toutes les 20 secondes, dans le but de faire fuir les groupes de jeunes qui se rassembleraient d’une manière déplaisant à tel

1) De manière moins « exotique », le répulsif odorant Malodore avait été utilisé par le maire UMP d’Argenteuil Georges Mothron pour éloigner des SDF.

2) Carla Nagels, Retour d’une « classe dangereuse » : du jeune chômeur précaire au jeune délinquant violent, p. 4 (http://www.msh.univ-nantes.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?CODE_FICHIER=1182257372073&ID_FICHE=1327) Il n’est pas précisé si la période des années 1980 marque le début de cette perception réactionnaire ou non, mais on peut au moins supposer que cette peur de la jeunesse existe en France depuis un certain nombre d’années.

3) Il nous a été donné d’entendre de la part d’un éditorialiste radio de Montréal que la cause principale de heurts avec la police à la suite d’un match de hockey avait été l’âge des « émeutiers », qui avaient tous selon lui entre 15 et 25 ans. La société n’existe pas, comme disait la folle de fer. Et le commentateur de trouver une solution de gérontocrate : tout est question d’éducation.

4) S’ajoutent bien sûr d’autres éléments comme le simple spectaculaire de la chose, bon pour les ventes.

La Connerie de RichieCrime de lèse-majesté

« Il y a des petits rigolos qui ne se rendent pas bien compte de ce qu’ils font ou alors qui sont bien ignobles [d’usurper son identité dans un commentaire] » (27 mars)

Richie, tous les mois dans IVV et tous les jours sur son blog !

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L’HERBE DU DIABLE & LA PETITE FUMEELA BIBLIOTHEQUE ROUGE - 5

Encore un quarantième anniversaire : celui de la publication de ce livre, qui décidément nous pousse à penser un peu plus que si c’était peut être pas mieux avant, c’était sûrement

plus marrant. Ici pas question de pavés dans la gueule de CRS, de manifs ou de barricades. L’Herbe du Diable ou la Petite Fumée est un des ouvrages majeurs sur les drogues, ma lheureusement moins célèbre aujourd’hui que Las Vegas Parano. Carlos Castaneda, étudiant à Los Angeles décrit, ou prétend décrire sa formation auprès d’un indien Yaqui, ou comment il est devenu un « homme de connaissance ».

Pas besoin de trop bouquiner ou d’aller dormir sur les bancs de la fac pour ça : une promenade botanique dans le désert mexicain suffit. Castaneda raconte comment avec Don Juan, son « benefactor » yaqui, il découvre les bienfaits du Peyotl, benefactor » yaqui, il découvre les bienfaits du Peyotl, benefactorde la Jimson Weed (surnommée affectueusement « Petite Fumée »/« Humito »), et de la Datura Inoxia : l’ « Herbe du Diable ». Dans l’Amérique des années 60, il eut un grand succès et son récit de ses hallucinations en poussa beaucoup à aller à la cueillette de champignons dans le Nevada ou au Mexique. On les comprend : se sentir se transformer en corbeau ou devenir nyctalope, c’est tentant.

Mais L’Herbe du Diable et la Petite Fumée est aussi très contesté : Castaneda la présente comme une étude ethnologique mais il semble s’être laissé un peu emporter par son imagination et il s’agit plus d’une fiction basée sur des faits et expérience réels que d’un vrai travail de recherche universitaire. Castaneda s’en servit malgré tout pour son doctorat.Quoiqu’il en soit, celà n’empêche pas en rien ce livre de faire rêver, à défaut d’halluciner.

NB : Une variété de Datura (Datura Stramoine) pousse en France, où on la considère comme une mauvaise herbe. Si vous possédez un jardin infesté, contactez immédiatement IVV, nous vous trouverons une équipe de choc pour vous en débarrasser. Attention n’agissez pas seul, elles sont extrêmement toxiques !

ou tel particulier, voire pour disperser une manifestation étudiante. Le son est émis à une fréquence qui n’est perçue que par les gens de moins de 25 ans environ, une perte auditive ayant lieu avec l’âge5.

Ce procédé, tout d’abord été utilisé en direction des chiens errants. Autant dire que les jeunes sont considérés avec le plus grand des respects. Existant depuis plusieurs années dans des pays comme la Grande-Bretagne, la Belgique ou les Pays-Bas, le répulsif auditif a été discrètement introduit en France où quelques dizaines d’engins ont été distribués pour un montant de 905 €. Un procès a d’ores et déjà eu lieu en France avec une condamnation pour un appareil diffusant en continu, donc sans aucune distinction entre les individus, punissant de manière discriminante les jeunes dans leur ensemble, mais sans que le tribunal ne se prononce sur le fond.

Outre le caractère discriminatoire6, ce procédé pose un problème éthique fondamental. Il consiste à laisser la liberté à tel ou tel de limiter la liberté de circuler des jeunes selon son bon vouloir. Ce qui renvoie à l’arbitraire de la notion d’attroupement illégal, utilisé à des fins politiques7 pour réprimer nombre de mouvements sociaux, « pratique » par le flou qui la caractérise8. Mais cette fois ce n’est même plus une figure d’autorité tout de même un

minimum redevable de ses actes, mais un ou plusieurs individus décidant de manière supposément préventive de protéger l’ordre, avant même que qui que ce soit ne représente une quelconque menace.

Cette jeunesse exposée en 4x3 m sur tous les murs dans des poses lascives et avec des corps parfaits est paradoxalement considérée dans le même temps comme une menace à prendre en compte9. Sûrement y aurait-il une explication psychanalytique à ceci (un Œdipe inversé ? la peur d’une certaine liberté ?). Nous passons progressivement du Péril jeune à la Cédric Klapisch au Battle Royale de Kinji Fukasaku. Ce dernier film met en scène la peur et la fascination de la société pour ses adolescents à travers un show de « télé-réalité » dans lequel des jeunes sont isolés sur une île déserte et doivent s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Le mépris de la société pour sa postérité ne laisse pas présager un très radieux avenir. Le futur sera atomistique et ipso factone sera pas.

5) Avec des différences suivant les individus, un enfant perçoit en moyenne des fréquences allant jusqu’à 20 kHz, un adulte de 30 ans 16 kHz, et un adulte de 60 ans 8 kHz.

6) Bernard Laporte a exprimé son indignation sur ce sujet précis, pourquoi alors ne le fait-il par pour les nombreux éléments de la politique sarkozyste qui s’inscrivent à plein dans cette dynamique de rejet ?

7) Par exemple au Québec au moment des émeutes contre la conscription, en 1918.

8) Une manifestation tout à fait légale peut être considérée comme un attroupement illégal, du moment que l’ordre public est menacé.

9) On pourrait parler de la loi du 16 juillet 1949 sur la protection de la jeunesse, utilisée comme prétexte pour la censure d’œuvres considérées immorales par le pouvoir. L’excuse pour toute censure reste la prise en charge par l’Etat de la morale de la jeunesse, les adultes étant par nature responsables et doués d’une grande capacité de jugement.

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RGATE, HOUBLON ET CARNAVALET SI JE PASSAIS MA 3e ANNEE AU DANEMARK ?

Cette année, le 1er mai est décevant. Il faut l’avouer, une Fête du Travail combinée avec le Jeudi de l’Ascension, c’est déjà un peu du vol. Il y a bien des manifs de punks anarchistes prépubères dans le centre, et aussi, depuis quelques temps, des grèves d’employé du public, infirmières en tête qui offrent une vision intéressante au francais exilé. Eh oui, ailleurs aussi on fait grève. Mais en fait, tout ca ne remplit pas une Fête du Travail, d’autant plus que les grèves continuent doucement après. Non, le 1er mai, les étudiants danois, comme leurs collègues suédois, ils cuvent.

Velkommen og Skoooool !

Car le 1er mai ici, chez les étudiants, c’est surtout le lendemain du 30 avril. Et le 30 avril, on fête, on fait n’importe quoi. Plus haut, c’est à Uppsala, que les suédois sont censés faire n’importe quoi. Ici à Aarhus, le n’importe quoi à eu lieu dans le parc de l’université, qui le 30 avril a accueilli le Kapsejladsen 2008. A savoir 10 000 et quelques âmes, beaucoup plus de bière et une dizaine d’équipes en lice.

En lice pourquoi ? Le Kapsejladsen, est une course de bateau sur le plan d’eau de l’université, inspirée par les courses d’Eton ou Oxford. Mais point de rivière ici. Point de sérieux non plus, enfin si, et c’est un peu inquiétant. Car les Danois font une course sur la plus courte largeur de l’étang/petit lac au centre de campus, et arrosent abondamment la pauvre tradition dévoyée de leur brevage national, la bière, évidemment.

Le sérieux, pourtant, est de mise. On ne rigole pas avec le Kapsejladsen, comme les séances d’entrainement aperçues au fil des semaines précédentes le laissent entrevoir. Non, non, cette course est une sacré tradition aarhusienne, et les étudiants la prennent -très- à coeur. Le recteur aussi d’ailleurs. Il ouvre ainsi le bal des festivités avec un grand “Velkommen og Skoooooool !“ (Bienvenue et à la vôtre !) et se fait offrir une bière par un étudiant. Long discours et skooooooools plus tard, la course va enfin commencer. La jolie pelouse de l’université est désormais noire de monde, bientôt noire de boue. Et nous pauvres ères, nous serons bien vite couverts, et de gouttes d’eau et de gouttes de bières !

Quelles sont les règles de la course ? A bord d’un esquif (canoë, kayak, de tailles diverses), les étudiants (chacun leur tour, se relayant dans une équipe de 5) traversent les 20 mètres de lac, sautent hors du bateau, courrent 2 mètres, boivent cul sec une bouteille de 33cl de bière, la posent par terre. Puis, la main sur le goulot, la tete penchée vers lui, ils font 10 tours sur eux-mêmes. Et hop, re dans le bateau, direction la berge de départ.

Voilà pour ce qui se passe sur l’eau, en partie enfin. Car avant

les courses (3 tours de poule avec 4 équipes, puis finale disputée par les trois vainqueurs) il y a la présentation de chaque équipe. Et là, et là... le

grand n’importe quoi commence.

Phallus géants, Indiana Jones et bonzes tibétains

Il y a le trip Jeux Olympiques/Free Tibet. Des moines tibétains et des sportifs foutent des chinois à l’eau : le thème est repris par les Humanités et les Sciences Politiques. Bondieuseries et politiquement très correct font ainsi encore ami-ami, et le manque d’originalité de la prestation Sciences Po, après le show très sportif des Huma laisse un peu sur sa faim.

Il y a le trip Phallus Géant et Village People du coté de nos amis étudiants de Droit. Il y a le trip Terrorisme et Guerilla, repris lui aussi par plusieurs équipes. Et il y a les médecins qui refont des scènes mythiques d’Indiana Jones. Vainqueurs de l’édition précédente, les médecins donnent à nouveau le meilleur show.

3, 2, 1, Nuuuuu ! La course se déroule avec acharnement. La populace assemblée encourage ses équipes et boit à foison en leur honneur. ASB, Aarhus School of Business, fait pour la première fois partie des équipes et se démène particulièrement. Pourtant, la finale opposera Sciences Politiques, Economie et Médecine. Et là, encore une fois, ce sera le talent, apparement international, de buveur des médecins qui aura raison du preste kayak politicard et du gros canoë orné de dollars verts des économistes. Non, décidemment, ce n’est pas vraiment une course de bateau ordinaire…

Petit problème : à raison de 2 litres par personne, combien d’hectolitres de

bière seront bus par cette foule ?

Vous vous rappelez de l’histoire des cosmonautes bourrés ?

Le vaillant Indiana Jones à la recherche de la Binouze Perdue.

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Depuis la rébellion des moines tibétains du 15 mars dernier, les anneaux olympiques se sont mis à trembler. Ils vibrent, du pas décidé des révoltés tibétains, du pas tout aussi décidé des forces de l’ordre chinoises. Ils frissonnent de ne pas resplendir comme dans leurs rêves les plus fous. Et le frisson en a gagné d’autres : les sportifs ont consigne de ne pas penser à un monde meilleur, Delanoë embrasse le Dalaï Lama sur la bouche, Robert Ménard est partout, les chinois boudent Carrefour. Comment donc comprendre cette guerre bruyante que se livrent les pro et anti-chinois à quelques jours des JO de Pékin ? S’il est difficile de donner sens à certains évènements tant ils semblent loins de toute pondération (on pense à Robert Ménard en héros bossu escaladant Notre Dame de Paris en pleine nuit ou bien à ces étudiants chinois traitant Jeanne D’Arc de prostituée) nous pouvons tout de même nous aventurer à quelques constatations.

Ah ! Si De Gaulle était là !

La révolte des Tibétains, en plus d’avoir réveillé nos consciences sur la situation d’une population qui souffre en silence, nous ouvre également les yeux sur la façon plus ou moins sérieuse dont les politiques s’emparent du problème : Angela Merkel, elle, s’en tire plutôt bien. Notre super spécialiste de la Chine, Jean-Luc Domenach, qui, entre deux émissions de radio, trouve tout de même le temps de faire cours à Sciences Po, voit dans la chancelière allemande une politicienne très « matter-of-fact » : ce qui matter-of-fact » : ce qui matter-of-factmarche avec les chinois n’est pas remis en cause et ce qui ne va pas est exposé sans langue de bois. Les machines-outils que la Chine importe d’Allemagne (la Chine est le premier partenaire commercial de l’Allemagne en Asie) pèsent dans la balance obligeant Hu Jintao à prendre en compte la position d’Angela. En août dernier, durant sa visite en Chine, la chancelière s’était déjà montrée très insistante sur la question des droits de l’Homme. Elle a en outre annoncé qu’elle n’assisterait pas à la cérémonie d’ouverture des JO. Quand à notre Sarkozy, c’est une autre affaire. J’y vais, j’y vais pas : il a choisi l’attitude de la girouette. « La direction de la République française a choisi une direction molle. Ils étaient durs et maintenant ils sont redevenus mous » constate Jean-Luc Domenach qui s’énerve contre cette mous » constate Jean-Luc Domenach qui s’énerve contre cette mousstratégie qui n’en est pas une : « Nicolas Sarkozy se sent obligé de signer des contrats mais ce n’est pas la solution. Il faut découpler la question politique de la question commerciale. Et il faut abandonner le roman franco-chinois. Depuis que De Gaulle a reconnu la Chine populaire, on pense que les chinois nous adorent ! » Et pour mettre populaire, on pense que les chinois nous adorent ! » Et pour mettre populaire, on pense que les chinois nous adorent !encore plus notre Sarko dans le caca, Delanoë décide de sacrer le Dalaï Lama « citoyen d’honneur de la ville de Paris » ! Cette décision citoyen d’honneur de la ville de Paris » ! Cette décision citoyen d’honneur de la ville de Parisa la vertu de rajouter à la confusion : à l’étranger, peu de gens connaissent les divergences politiques entre le président français et le maire de la capitale. Les chinois y voient donc un nouveau signal d’hostilité de la part des Français : il y avait déjà l’emmerdeur-défenseur des droits de l’Homme (Robert Ménard) et voilà que le maire de Paris homo fait des démonstrations d’amour passion au chef spirituel tibétain qui, rappelons-le, avait exprimé des propos homophobes à l’occasion d’un interview au journal Le Point du 22 Le Point du 22 Le Pointmars 2001. Il n’y a alors plus qu’une chose à espérer : tout d’abord que les négociations soient un jour à l’ordre du jour et qu’ensuite le Dalaï Lama se montre plus fin que nos hommes politiques français face à la Chine.

Les Français ne comprennent rien !

De leur côté, les Chinois qui étudient en France s’agitent. Ils ont crée un blog, http://soutenirjo2008.blogspot.com/ afin de « soutenir les peuples chinois, la démocratie et la paix ». Dans une lettre les peuples chinois, la démocratie et la paix ». Dans une lettre les peuples chinois, la démocratie et la paixadressée au président de la République française datée du 31 mars 2008 ils expriment leur inquiétude concernant la tradition d’amitié franco-chinoise et demandent au président de ne pas faire l’erreur du boycott. Pour eux, les Tibétains sont un peuple chinois, abrité sous la grande maison accueillante qu’est la Chine. Yao Zhang, étudiant en master politique comparée à Sciences Po, est l’un des co-signataires de cette lettre. Une semaine après les émeutes, il a fait passer une photo à ses camarades de classe : de Tibétains qui protestent, « habillés à l’américaine ». Pour lui, vouloir l’autonomie culturelle et s’habiller en tee-shirt et jeans, cela n’avait pas de sens… Yao pense que l’autonomie culturelle fragiliserait l’unité de la Chine. Pas d’indépendance pour les Tibétains donc mais une ouverture sur la modernité et le développement, chose qui ne peut être permise que dans la stabilité : « le plus grand droit de l’Homme en Chine n’est

pas celui de l’Occident. Pour nous, c’est sortir de la pauvreté. Il faut développer le pays. On veut la réforme mais sans les troubles. Même s’il faut employer la force, la police française le fait bien ! » De toute façon, pour Yao, la police fait bien ! » De toute façon, pour Yao, la police fait bien !chinoise, comparée à la violence des Tibétains qui ont tout de même saccagé des magasins (au nom de la liberté et de l’indépendance, est-ce nécessaire de le rappeler), c’est peanuts. La police chinoise, elle, use de ce que Yao appelle une « répression pacifiste ». Une expression répression pacifiste ». Une expression répression pacifistetoute en oxymore qui en fera sourire certains… Ce discours patriotique, qui ne laisse souvent que très peu de place à une critique constructive de l’appareil d’Etat chinois, on le retrouve chez pratiquement tous les Chinois qui ont accepté

de témoigner. Avec une mention spéciale pour ce qu’ils appellent la manipulation des médias français.

D’affreux journalistes droits-de-l’hommistes…

Xiaofan Shi, journaliste indépendante qui travaillait auparavant à l’agence (officielle) Chine Nouvelle, est déçue par les réactions en France : « je suis ennuyée par les accusations faites au gouvernement chinois. J’ai été surprise de voir comment les médias français ont déformé l’histoire de la Chine et ont comparé les JO de Pékin à ceux de Berlin en 1936. » Dans leur mise en garde au président, les étudiants parlent également d’une information « montée de toutes pièces ». Ce complot occidental mené par ces affreux journalistes pièces ». Ce complot occidental mené par ces affreux journalistes piècesdrois-de-l’hommistes révèlent en fait que, décidément, les Français n’ont rien compris et avec leurs tee-shirt Tibet Libre, ils passent pour des ploucs sales et bigots. Car finalement, le Dalaï Lama n’est-il pas un peu comme un pape, à la tête d’une théocratie ? Et nous, ne sommes nous pas de purs défenseurs de la laïcité ? C’est un casse-tête bien chinois (haha) pour qui voudrait comprendre nos esprits tordus corrompus par des médias « manipulés par leurs valeurs », dixit Yao. Cette manipulation qu’il n’accepte pas en France, Yao l’accepte en Chine car il pense qu’elle est nécessaire. Les jeunes nationalistes s’agitent si violemment qu’il faut parfois cacher des choses et ne pas tout dire. « Je suis particulièrement triste de voir que beaucoup de Chinois, surtout la jeune génération, est désillusionnée et est devenue cynique vis à vis des valeurs occidentales. C’est une véritable perte pour le monde » explique Xiaofan Shi. Le problème est bien là : dans la bouche de ces jeunes, c’est la force et le progrès qui feront l’entrée de la Chine dans ce 21e

siècle. Avec nos vieilles valeurs usées, nous n’avons plus qu’à aller nous rhabiller… en robe de moine, s’il vous plaît.

LE SILENCE DES ANNEAUX PIQUES ET COUACS OLYMPIQUES

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BLUES FOR THE RED SUNROCK AROUND THE VODKA

Jeffrey Lee Pierce, chanteur abrasif et peroxydé du Gun Club. Le Gun Club au nom parfait, groupe culte et obscur (forcément) dont personne ne parle mais que tout le monde connaît, tant son influence a été décisive (RHCP, Jack White...). Fruit d’une attirance pour le morbide, la « vraie » magie,

et d’une certaine fascination pour une Amérique poisseuse, ancestrale. Blues, punk, vaudou, ce que l’on voudra, toujours est-il qu’une écoute imbibée de Fire of Love (premier album du Gun Club) peut traumatiser. Descente dans un ailleurs, disons, malsain. Le Gun Club c’est l’essence fiévreuse qui a détruit son leader, crevant à 37 ans (en 1996), sans doute pour mettre une décennie à toutes les pseudo-icônes qui eurent le mauvais goût de ne pas dépasser les 27. Le Gun Club n’est pas pour vous.

Gros, mexicain, fan de jazz et du Creedence Clearwater Revival adorant Blondie, Jeffrey Lee s’est transformé à l’aide d’amour, d’alcool et d’opiacés en gourou éviscéré beau et maudit. Le genre de mec qui bouffait tout, écoutait tout (reggae, prog, glam, punk), mais son truc à lui, par-dessus tout, c’était le blues. Un blues que l’on sent déjà bien chez le Gun Club (notamment sur Fire of Love), mais qu’on retrouvera surtout sur les albums solo (plus encore sur Ramblin’ Jeffrey Lee and Cypress Grove with Willie Love que sur Wildweed ). Un mec qui, au lycée, refusait d’écrire quoi que ce soit sur Ernest Hemingway. Un style de leader charismatique en apparence un peu factice largement pompé de types comme Bowie, Bolan ou Bryan Ferry. Avant de mourir dans l’indifférence quasi totale. Une hémorragie du cerveau. Pas d’étouffement au vomi ni d’overdose, et le suicide est laissé aux imbéciles. Jeffrey Lee Pierce, c’est une certaine idée de la classe. La khlâsse, pourrait-on dire.

Loser flamboyant ? Étiquette. Jeffrey tirait plus vers le jeteur de sort intoxiqué que vers la figure christique. Damné et transpirant, Pierce est la solitude alcoolisée au milieu d’un cimetière, une sorte de sorcier californien qui chante des trucs genre ‘She is like heroin to me, she cannot miss a vein’, des choses entendues cent fois, mille peut-être, mais qui, dites par lui, deviennent sublimes autant qu’éphémères.

Wildweed est son premier album solo. Inspiré par Lou Reed, Dylan et des mecs bien bur(i)nés comme Lightnin’ Hopkins ou Howlin’ Wolf, le disque est un orage, une cicatrice électrique et pure un peu éloignée de la pochette “ rurale “. On aurait pu croire de la part de ce fan de Delta blues à un album puisant à la source saumâtre des anciens, il n’en est rien. C’est juste…mystique. Egyptien. Ou pas. Pour le reste on attendra l’album enregistré dans sa chambre, Ramblin’ Jeffrey Lee... .“Love And Desperation”, qui introduit le brûlot, est un post-punk moins surprenant que le reste mais d’une qualité impressionnante, un avertissement qui sonne comme la voix des fantômes. Toujours mieux que The Cure… “Sex Killer”.

Jeffrey est un des plus grands songwriters américains, chantant la frustration et le désespoir. Un sorcier hululant, dévasté. Sa voix fait trembler tant elle est limpide. Derrière la colère, une âme. Inutile d’essayer de décrire ses chants de liqueur éternelle, sa voix est la grâce même, condamnée à agoniser lentement (“Sensitivity”). Les guitares sont rouillées et tranchantes, les solos dignes d’un Verlaine (Tom, pas l’autre). L’atmosphère est celle d’un charnier mystique, comme Jeffrey Lee Pierce se débat dans la poussière d’un désert, oiseau seul. L’homme est dans le manque mais possède une substance, une aura ravageuse. Poison Ivy, guitariste des Cramps, craignait le Pierce qu’elle accusait de lui avoir lancé un sort lors d’un concert. Evidemment, d’une certaine manière, tous ces gens de la scène psychobilly de l’époque étaient des crétins, des vrais, qui croient aux fantômes et à la magie. Mais on peut mesurer le

talent de Pierce au seul fait qu’on ne lui en veut pas pour ça, qu’on n’a jamais envie de se foutre de lui, finalement. Aigle christique embourbé dans le marécage d’un Styx sans fin, il attend, un dollar serré dans sa main, quelque Charon improbable sur les rives du Mississippi.

Loup affamé, il hurle, prêt à payer le prix. Et dans chaque larme un peu de mort. Jeffrey portait en lui la mélancolie de l’électricité. Sacrifices et marécages... ce genre de choses. Qui sait, peut-être est-il toujours en proie aux tortures froides, comme sur le poème parlé “Fertility Goddess”. L’homme aura tout supporté - même le manque de reconnaissance. Wildweed est une scarification. Wildweed est sa plaie métallique. Le sang ne coule

plus. Ne restent que l’amertume malade et un nuage.

Et puis, avec sa musique décadente mais sophistiquée sur les bords, Jeffrey Lee aurait pu être un des seuls trucs cool des années 80, ayant contribué à la scène punk underground de l’époque. Mais voilà, Jeffrey Lee Pierce n’est pas cool, sa voix est la matière du désespoir haineux, sa musique un feu chamanique. Pierce fait partie de ces derniers paiens déchus, invoquant au-delà du bien et du mal, grattant jusqu’à la chair les derniers lambeaux de leur peau tannée pour découvrir l’ultime vérité, coeurs noirs dans corps blancs, frissons glacés dans une fumée de charbon.

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