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journal des avocats - N°9

Journal des avocats - N°9

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Et si le noir s’ouvrait à vous ? Voici votre numéro noir. Parce que le noir est la sobriété, l'élégance et le raffinement.

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journal des avocats - N°9

Au fil de nos rêves

EditorialEt si le noir s’ouvrait à vous ?

Le journal des avocats, c’est un regard porté sur l’authenticité. Une volonté d’écrire, de publier et d’éditer en accord avec son temps et sans ne jamais trahir ni sa nature, ni la nature des auteurs.

C’est une façon d’assouvir l’envie de créativité... C’est aussi le désir d’être soi, sereinement, paisiblement, tout en respectant l’autre, ainsi que l’autrement.

Des esprits ouverts comme le ciel, clairs comme le blanc, grands et profonds comme le noir. . .

Un numéro noir dans un hiver blanc ?Noir quadri. Noir d’ivoire. Noir d’aniline. Noir de Mars. Noir de vigne. Noir de carbone. La couleur noire est la plus consommée par l’homme.

Associé au blanc le noir révèle la couleur. Le noir et le blanc permettent de donner l'impression de lumière, de créer les contrastes. Ces deux couleurs ou « non-couleurs » souvent utilisées ensemble symbolisent une complétude, un absolu, une dualité totale, comme le tao, les pièces du jeu d’échecs, les pierres du jeu de go, etc.

Voici votre numéro noir. Parce que noire est la toge et aussi la petite robe. Parce que le noir est la sobriété, l'élégance et le raffinement. Parce que le noir c’est l'inconnu, ce qui est caché ou ce que l'on ne voit pas. Parce que là et ici, dans le noir, naissent de belles histoires. La nuit est l’écrin du rêve et du mystère.

Myriam Robert-CésarAllogators & Cie

Du cahier des éditeurs

ENE BONE ANEYE, ENE BONE SINTEYE ET TOTES SOTES DI BONEURS

BONNE ET HEUREUSE ANNEE

EIN GUTES NEUES JAHR

GELUKKIG NIEUWJAAR

HAPPY NEW YEAR

2013Bonne année à toutes les choses:

Au monde ! À la mer ! Aux forêts !

Bonne année à toutes les roses

Que l’hiver prépare en secret

Bonne année à tous ceux qui s’aiment

Et qui me lisent ici et là…

Et bonne année quand même

À tous ceux qui ne s’aiment pas !

D’après un poème de Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, épouse d'Edmond Rostand

Sommaire - Inhalt

BAL

CLA

COC

CRO

DAY

DES

FER

HAN

JAC

LAM

LER

MAL

MAR

MOT

MOC

SPR

ROY

VER

VRI

ABC

Philippe Balleux

Michel Claise

Daniela Coco

Guillaume Croisant & Valentin Jadot

Bruno Dayez

François Dessy

Christiane Féral-Schuhl

Bernard Hanotiau

Alain Jacobs -von Arnaud

Karl-Heinz Lambertz

Gérard Leroy

Jacques Malherbe

Christophe Marchand

François Motulsky

Marco Ossena Cantara

Pierre-Marie Sprockeels

Ghislain Royen

Liliane Versluys

Olivier Vrins

Vivre de tout pour ne mourir de rien

L'Islam d'hier : et demain ?

Hue, Cocottes !

La meilleure des facultés

Les victimes au cinéma

Petite exploration chez et avec Robert Badinter

Le sourire de Clio et de Thémis

Un bon témoin

Les Fougis

Von der Faszination der renzüberschreitenden Zusammenarbeit

La fascination de la collaboration transfrontalière Des étoiles sur terre ?

La chute d’un empire

A propos d’une entreprise moderne…

Quizz du Moi (de lui)

Sur le ton de la confidence

En aurions-nous peur ?

Conte de Noël

La Compagnie des Bronzes

Bloc-Notes - Erik Satie

Photos Où retrouver tous nos auteurs

Et le prochain numéro sera…

Nos invités

Notre invitée d’honneur : Madame le Bâtonnier de Paris, Christiane Féral-Schuhl Notre invité d’honneur : Le Ministre-Président Karl-Heinz Lambertz,

Ministerpräsident der Regierung der Deutschsprachingen GemeinschaftNotre invitée de l’Ordre des barreaux flamands : L’avocate, écrivaine et sculptrice Liliane Versluys Nos invités étudiants de l’ULB : Valentin Jadot et Guillaume Croisant Du cahier des éditeurs Bonne année 2013 Editorial Tous en récré La Tombola des petits et des grands

Et ensuite, classé par ordre alphabétique du nom de leurs auteurs, les articles suivants :

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Voici l'histoire très courte de la logique parfaite de l'homme:

Une épouse demande à son mari "Peux-tu aller au marché et acheter un carton de lait, et s'il y a des oeufs, prends en 6" Peu après le mari revient avec 6 cartons de lait. Sa femme lui demande "Pourquoi tu as acheté 6 cartons de lait ?" - Le mari répond ''Il y avait des oeufs'' (Je suis sûr que tu vas la relire)

Tous en récré…

Je sais 11 trucs sur toi:

1. Tu es en train de lire ceci. 2. Tu es humain. (ou presque). 3. Tu ne peux pas dire "P" sans que tes

lèvres, se touchent. 4. Tu viens d'essayer... 6. Tu te sens con. 7. Tu continues bêtement à lire. 8. T'as même pas remarqué que t'as

loupé le n°5. 9. Tu viens de regarder s’il n'y avait

vraiment pas le n°5.10. Tu as souri parce que c’est bête.11. Et tu vas le renvoyer pour faire rigoler

les autres.

Le mât

Deux blondes ont pour tâche de mesurer la hauteur d'un mât. Elles sortent dehors et se rendent au mât avec les échelles et les rubans à mesurer.Tour à tour, elles tombent de l'échelle ou laissent tomber le ruban à mesurer.Un ingénieur passe par là et voit ce qu'elles essaient de faire.D'un geste moqueur il tire le mât hors de la terre, le met à plat, le mesure de bout à bout et enfin donne la mesure à une des blondes, puis il s'en va.L'ingénieur parti, la blonde se tourne vers l'autre blonde et dit en riant :- Ça c'est bien un ingénieur. Nous cherchons la hauteur et il nous donne la longueur ! Quel con !..........

Le portable

C'est un mec qui passe dans la rue des putes, il en accoste une: Le mec: "C'est combien la turlutte?" La pute: "C'est 30 euros" Le mec: "Oh mince, j'en ai que 10…bon, je te les donne et je te file mon portable, ça te va?" La pute réfléchit et dit : "Bon, c'est ok" Le mec fait sa petite affaire et puis lui file les 10 euro...... La pute s'exclame : "Et ton portable?" Le mec : "Ah oui....0486 xx xx xx

Du cahier des éditeurs

Apprendre à lire... le sens des sons ! Allégorie : Fait d'encourager un gros singe Amsterdam : La femme du hamster Aventurier : Maintenant tu ne ris plus Bâtiment : Si ti dit pas la vérité Bonduelle : Combat intéressant Cédille : Invention stupide créée par un certain Monsieur Duçon Chandail : Jardin plein de gousses Chapitre : Matou rigolo Châtaigne : Félin méchant Chauffeur de corbillard : Pilote décès Chinchilla : Emplacement réservé aux chiens pour faire leurs besoins Considéré : Tellement il est con, il n'en revient pas lui-même Courgette : Mode d'emploi du lancer de javelot Coûts totaux : Arme blanche pour bégayeur Cramponner : Douleurs nasales Dimanche : T-shirt de poulpe Elastique : Pour que ce soit propre Entrer dans l'arène : Action permettant d'assurer la descendance du royaume Expatriées : Anciennes petites amies mal rangées Ferrailleur : Agir dans un autre endroit Fêtard : Il faut rentrer se coucher Gabon : Mec vraiment trop sympa Gévaudan : Ce que l'on dit à mamie quand on a enfin retrouvé son dentier Groupe sanguin : Les loosers du Loto Il faut s'y faire : Expression utilisée pour les chevaux à six pattes Ingrid Betancourt : Femme qui ne comprenait rien à l'école James Dean : Le soir, comme tout le monde Je suis encore enceinte : L'imparfait du préservatif Jennifer : Ni table à repasser Jodie Foster : Personne avec qui il ne faut pas parler le Jeudi L'humeur : Pas de panique, les autres voyelles sont toujours en vie La Bosnie : C'est quand ta patronne ne veut pas avouer ses torts La camisole : La drogue rend solitaire La maîtresse d'école : L'institutrice prend l'avion La moustache : Le ketchup aussi Le crayon à papier : Donc il coule Le gospel : L'enfant a un coup de soleil

Le mascara : Déguisement pour rongeurs Le Massif Central : Le gros au milieu Le Petit Poucet : Le gosse était constipé Le romarin : Inverse du pet terrestre Les ciseaux à bois : Les chiens aussi Le skieur alpin : Le boulanger aussi Les poubelles : Les moutons aussi Les tôles ondulées : Les vaches aussi Liban : Canapé clic-clac Libyen : Bon en lecture Maths et dessin : Cours favoris des étudiants Melon : Cri de la vache qui dure longtemps Mercato : Maman pratiquante Mon amiral : Mon copain rouspète N'importe quoi : Personne de petite taille dont on ne sait pas ce qu'il a dans les mains Nathalie Baye : Parce qu'elle est fatiguée Népalais : Beau bébé Patois Nîmois : Mais c'est qui alors ? Patricia Kaas : Mais elle ne répare jamais Pékinois : Flatulence mortelle Perroquet : Accord du paternel Philippe Manoeuvre : Mais il n'a toujours pas réussi à se garer !Pistachier : Chemin particulièrement odorant Pomme dauphine : Pomme de terre arrivée deuxième à Miss Patate Pompier : Personne qui brûle tous les feux pour aller éteindre un incendie Portail : Cochon Thaïlandais Ramadan : Ce que disait Eve pour faire avancer le bateau Saint Ignace : Fête des cheveux Salsa : Chose pas très propre Sandra : La couverture pique Se faire à l'idée : Faire l'amour avec Johnny ou David Serviette : Cerf vietnamien Sismique : Salaire élevé car correspondant à six fois le salaire minimum en France Syntaxe : Fête des impôts Ted et Bill : Deux pas très futés Tequila : Interpellation d'un inconnu chez soi Terre des hommes : Parce qu'il est impossible de faire taire des femmes Théologie : Mais café au travail Théorie : Pays le plus agréable à vivre car en Théorie, tout va bien Un enfoiré : Une année de perdue Un ingrat : Un petit gros Un parrain : Chacun son tour Yes, week-end : Phrase prononcée par Obama le vendredi soir

Tu as vu l’heure ?!

La tombola des petits et des grands

NOTRE PREMIER PRIX : Wooden Doll by Helga WeichEdition originale limitée : 9e de 50 pièces Cette « poupée de collection » de 45 cm est entièrement fabriquée et peinte à la main en Allemagne. Sculptée en bois d’érable, elle a un corps flexible en tissus d’époque et des cheveux véritables. Toutes les poupées d’Helga Weichsont sont de qualité très élévée et ont leur certificat signé et protégé par un copyright.Helga Weich regularly presents her dolls at big international exhibitions, as well as at smaller exhibitions in Bavaria, Switzerland, Japan and the USA. She received the „Blue Ribbon“ award of the Doll Artisan Guild in the USA, followed by awards in competitions in Salzburg and Amsterdam. In the Bavarian arts-and-crafts society (Bayerischer Kunstgewerbeverein e.V.), one can visit her dolls all-the-year.

Elle sera accompagné par : Une poupée d’artiste de la collection Rothkisch (De)Cette poupée Rothkirch d’environ 35 cm modèle R16H5027, est la 14e d’une édition strictement limitée à 300 pièces. Les poupées de Rothkirch également totalement faites à la main, sont en bois, avec un corps en tissu articulé, les perruques sont en cheveux véritables noués. Chaque poupée est caractéristique pour empêcher les imitations.

Notre tombola est organisée tous les trimestres pour les auteurs du numéro dans lequel ils viennent d’écrire, en remerciement de leur amicale et gracieuse contribution au beau succès de notre magazine! Les résultats du tirage sont envoyés par email à tous nos auteurs et les heureux gagnants sont aussi contactés par téléphone pour la remise de leur prix. La tombola est toujours aimablement contrôlée par notre huissier de Justice, Maître Frank SPRUYT, que nous remercions chaleureusement. Nous souhaitons BONNE CHANCE A TOUS !

NOTRE DEUXIEME PRIX : Set éducatif... en « Rubberwood », l’hévéa, bois de plantation du Sri Lanka.

NOTRE TROISIEME PRIX : à savourer...Voici, offert au gagnant du troisième prix, 2 bons à valoir valables dans différents établissements de RESTAURATION NOUVELLE pour y découvrir toutes leurs saveurs d’hiver dans le cadre de votre choix.

La région de Gstaad est considérée comme l’une des premières destinations de luxe en Suisse. Ici, les hôtes bénéficient d’une excellente qualité et d’une offre très variée et ce, dans tous les domaines. Authenticité alpine, traditions soignées avec fierté et un soupçon de glamour procurent à la destination son ressenti particulier et son ambiance de bien-être qui distingue Gstaad si parfaitement du reste du monde. Malgré l’énorme prestige de la marque, Gstaad a gardé les pieds sur terre. Discrétion et litote soulignent le charme extraordinaire pour lequel Gstaad est autant appréciée.

Du haut de sa colline, le Gstaad Palace domine le village de Gstaad. Destination phare des célébrités et de la haute société, le Palace et ses fameuses tourelles, célèbre monument d’architecture, fêtera son centenaire en 2013. L’un des derniers établissements en Suisse à appartenir à une famille et à être dirigé par celle-ci. Au fil des années, la maison a su préserver son caractère et sa splendeur, sans pour autant se reposer sur ses lauriers. Le Palace s’est forgé une réputation inégalée en termes de discrétion et d’hospitalité, accueillant depuis toujours de nombreuses célébrités mondialement connues.

Au cœur des Alpes Suisses, l’ambiance à la fois sophistiquée et confortable du Gstaad Palace en font un lieu propice à la détente. Les 104 chambres de l'hôtel offrent le choix entre 29 Junior suites, 4 suites, 2 Tower Suites et la plus luxueuse Penthouse Suite jamais construite dans un village de montagne.

Si Gstaad est réputé pour son domaine skiable et ses spas, il en va de même pour la finesse de sa cuisine. Le Gstaad Palace propose une gastronomie raffinée dans ses cinq restaurants.

Avec ses 16 points Gault Millau et sa cuisine ouverte avec rôtissoire au feu de bois, le restaurant gastronomique « Le Grill » est l’endroit idéal pour apprécier une cuisine internationale alliant tradition et modernité. Les Chefs préparent les mets préférés à la minute dans la cuisine ouverte, offrant ainsi un véritable show gastronomique. La tentation est grande pour la fameuse fondue au fromage, truffes et champagnes de La Fromagerie. Ce restaurant propose une cuisine traditionnelle suisse dans une atmosphère chaleureuse et détendue.

La cuisine internationale du Grand Restaurant est aussi délicieuse que la présentation est recherchée. Gildo's Ristorante tient son nom et sa réputation de vraie cuisine italienne de notre Maître d'Hôtel, Gildo Bocchini, dévoué au Palace depuis plus de 40 ans.

Après un savoureux dîner, détendez-vous au Lobby Bar, au Bar du Grill ou dansez jusqu’à l’aube dans le club du Gstaad Palace, le légendaire GreenGo.

3780 Gstaad, [email protected]

Phone: +41 33 748 5000Fax: +41 33 748 5001

www.palace.ch

Le Palace Spa est un écrin de détente dont l’ambiance séduira les plus fins connaisseurs. Les murs en granite du Blausee préservent l’authenticité des alpes bernoises. Les installations exclusives s’étendent sur 1800 mètres carrés et offrent huit salles de traitements, une Spa Suite privée, des saunas et bains de vapeur, des salles de relaxation, piscines intérieure et extérieure avec jacuzzi, salle de gymnastique et fitness moderne et un studio de pilates avec une vue époustouflante. Le Palace Spa se distingue par son expérience de hammam unique dans une suite privée de 7 pièces.

Le Gstaad Palace, produit de prestige parmi les bâtiments nobles de la Suisse, et, grâce à son architecture extravagante, est considéré comme l’emblème de la région. Cet hôtel élégant propose à ses hôtes un séjour inoubliable dans un environnement stylé et une ambiance décontractée. Plus de 300 employés s’engagent au quotidien à surpasser toutes les attentes d’une clientèle toujours plus exigeante.

***

Le Gstaad Palace a été heureux d'inviter le gagnant de la Tombola des auteurs du journal des avocats du numéro de l'AUTOMNE 2012.

Arrêtez le temps lors d’un repas entre amis ou d’une réunion d’affaires. Savourez une exquise cuisine de brasserie et de succulentes préparations françaises dans quatre endroits de très bon goût. Vouées aux plaisirs de tous, ces splendides villas au confort contemporain proposent chacune une terrasse magnifique, une plaine de jeux, une salle de jeux pour enfants, des salles de banquets, un fumoir et un parking aisé ou un service voiturier... Profitez-en sans tarder.

savourez les plaisirs de la table de midi à minuit.

b

BRASSERIE DES ÉTANGS MELLAERTSBoulevard du Souverain 275 1150 Woluwe-Saint-Pierre+32 2 779 36 19

BRASSERIE DU PRINCE D’ORANGEAvenue du Prince d’Orange 11180 Uccle+32 2 375 23 05

Restaurants & Brasseries • Mariages • Business meetingsRestauration-nouvelle.be

CHALET DU LAERBEEKAvenue du Laerbeek 1451090 Jette+32 2 478 08 88

BRASSERIE DU HEYSELCHaussée Romaine 6501853 Strombeek-Bever+32 2 460 47 75

RES00068_Ann A4 Brasserie_Fr.indd 4 29/08/12 12:03

Vivre de tout pour ne mourir

de rien

Par Philippe BALLEUX

BALle journal des avocats

Je ne le sais pas mais je l’imagine, ou mieux, je le devine…Il me reste une année à vivre.C’est beaucoup pour une respiration, une systole et une diastole, mais rien par rapport à l’infini que je convoite et à ce qu’il me reste à faire et à connaître…Je vais diviser le temps qu’il me reste pour unifier ma vie.Tout est à vendre ou à donner. Je ne garde que mes livres « d’île déserte » et quelques vêtements indispensables : deux costumes, dix chemises, cinq pantalons, les plus beaux, les plus anciens qui se sont habitués à mon corps et ont retenu mon parfum comme j’ai retenu leur texture, leur caresse.Ceux que j’aime doivent être là, celle que j’aime avant tout, quitte à réduire une année à une seconde avec l’aide de la pharmacie ou de la balistique.Vivre et mourir, d’accord, mais d’amours et de morts lentes …Partons pour Cythère, voulez-vous ?Saint-Barthélemy aux Antilles avant Cabourg en Normandie, vivre et mourir, le prix de rien et la valeur de tout.

Saint-Barth’, brillez pour nous !

C’est trop… Trop de soleil, trop de fraîcheur, trop de vents doux, trop de beautés, trop de vert et trop de bleu.Les restaurants sont trop chics, avec trop de couchers de soleil, avec de trop belles serveuses trop aimables et des plats trop bons… Zut ! Je veux revenir sur terre…Et puis, après tout, non, je veux rester ici jusqu’à l’éternité du monde pour toujours et à jamais… Et tant qu’à faire, que mes amis le restent et que mon amoureuse subsiste en chair, en corps et en esprit. Et en amour surtout !… Quand on gagne, il ne suffit pas d’être exigeant, il suffit d’être impitoyable.Sa main dans la mienne. Que veux-t-on de plus ? Elle me dit « j’adore tes mains ». Je touche sa peau délicate délicatement. Elle me dit « arrête d’user ma peau ». Elle n’a pas compris que je suis sur terre pour l’user jusqu’à la corde qui me pendra.L’horreur est que c’est trop beau de lui toucher la peau devant la baie et l’Eden Rock et que ce n’est pas éternel.

Qu’on reconnaîtra le bonheur au bruit qu’il fera quand il s’en ira…Il ne faut pas éviter ni hésiter, je commande au barman un Painkiller en espérant qu’il porte bien son nom.

Le soleil se couche et il faut rejoindre le bateau, symbole vrai de liberté, seul vrai luxe indétrônable.Pourtant, demain, j’irai acheter de beaux poissons, je pourrai me vêtir de luxe, choisir les meilleurs vins, les meilleurs cigares. Et tout le monde sera aimable avec moi. L’impossible est que je serai persuadé que ce sera sincère. Et ce le sera, je crois. Contrairement à ce qu’on peut suspecter dans certains endroits où la carte de crédit platinium sert de passe-droit, d’adoubement et de sauf-conduit et empêche ou protège des bonnes manières.Il y a ici une culture de l’amabilité.Et le soleil ne devrait jamais cesser de se coucher…On lève l’ancre sur le bleu pour élever l’encre noire. Car il faut révéler les beaux secrets quand ils ne font mal à personne.

Le bateau s’envole… Ou est-ce la mer qui…Du vent, du soleil, éblouissements de partout, des îles, des plages, rien, personne et tout.Je vis à en mourir.

Normandie moi tout

Ma première vue de la mer, que chérit tout homme libre, fut celle de Cabourg, de Merville-Franceville et de Ouistreham.Je marchais à peine.

J’espère que ma dernière vue sera identique, bronzé encore de Saint-Barth’, mais saoûlé d’iode, de jolis homards et que je fermerai les yeux après un petit muscadet devant les flots amarantes et une balade au marché.Ce sera l’automne et il ne fera pas très beau. Même si je ne sais ce qu’est « faire très beau » en Normandie… Je veux et j’exige pour mes derniers moments un ciel brouillé, des nuages noirs et turbulents laissant de temps à autre leur chance au timide soleil et, pourquoi pas ?, un trait de pluie… Ma voiture sera décapotée mais je porterai casquette de tweed.A Cabourg, derniers pas sur ceux de Marcel Proust après quelques huîtres de Granville au Grand Hôtel. Une coupe de Champagne suffira avant un Chablis avec les demoiselles des mers.

Evidemment, mon amoureuse est toujours là sans deviner, elle, nos derniers moments. Tant mieux… On reconnaît le Bonheur etc …Un climat qui mélange l’Ecosse, l’Irlande, la Bretagne et tous les tourments des quatre saisons. Des maisons qui sentent l’Angleterre dans un parfum de France.Et de l’air qui déchire les poumons, sur la plage de Merville, le chapeau et la casquette sont déjà perdus.Les chevaux sont partout, dans les grasses prairies, dans les boxes des haras, l’hippodrome ou le terrain de polo où j’ai gagné mes derniers moments, sentant proche la fin.Mais il faut maudire le destin et bénir la chance.Voilà pourquoi fut créé le casino de Cabourg et sa barmaid Virginie.Tandis que mon ami gagnait fortune avant d’être détroussé, qu’il m’apportait ses jetons sans se rendre compte de leur valeur, je contemplais et goûtais les alcools du bar et les yeux de Virginie.J’en perdais la tête…Qui en était responsable ?Bon… N’en parlons pas…Derniers instants dans cet endroit où battent, ou battaient, les cœurs pour de multiples raisons.Tout est fait pour qu’on ne puisse, un instant seulement, penser perdre quoi que ce soit, surtout et même son âme. Ils ont rarement tort… sauf pour les âmes mortes. Je meurs à en vivre.

Philippe BALLEUX

PHILIPPE BALLEUX AIME KLIMT, SOUTINE, SCHIELE, SATIE, THIEFAINE, MATZNEFF, DARD, SCHUBERT, WILDE,

LACLOS, LA BOXE, LA CHASSE A COURRE, LE POLO, LE RUGBY, LA JUSTICE DESESPEREE; IL A TELLEMENT AIME

LIRE QU'AMOUREUX D'ECRIRE, QUELQUES AMOURS DESESPEREES AUSSI QUI L'ONTFAIT MOURIR DE VIVRE, QU’IL A

JOINT L'AMOUR A LA PRATIQUE. CAR IL EST NE A PONT D'AMOUR. DEPUIS, ON A FUSIONNE LES COMMUNES. ET PONT

D'AMOUR N'EST PLUS... IL Y A AUTRE CHOSE A DIRE ? NON BIEN SUR... IL Y A L'AMOUR, IL Y A LES LIVRES ET IL N'Y A

RIEN...

Photo, Michel MIMRAN, 2006

L’Islam d’hier : et demain ?

Par Michel CLAISE

MICHEL CLAISE… EST NE A BRUXELLES EN 1956. IL EST ET A ETE AVOCAT DURANT 20 ANS, (ANCIEN PRESIDENT DU

JEUNE BARREAU ET MEMBRE DU CONSEIL DE L'ORDRE) AUJOURD'HUI HONORAIRE, MAGISTRAT ENSUITE SPECIALISE

DANS LA REPRESSION DE LA CRIMINILATE FINANCIERE, ENSEIGNANT, CHRONIQUEUR À LA LIBRE, ADMINISTRATEUR

DU THEATRE DES MARTYRS, ECRIVAIN (6 ROMANS)... UNE COMPAGNE SCIENTIFIQUE, DEUX GARÇONS A PERSONNALITE ;

GRAND AMATEUR DE BONNES TABLES ET DE CRUS CHOISIS, UN PIED A PARIS, AMOUREUX DE VENISE, DES VOYAGES

EN PERMANENCE (CHILI, JAPON, MONGOLIE...), AMATEUR DE RUGBY POUR L'AVOIR PRATIQUE. UNE CHOSE QU’IL

DETESTE : LA PENSEE UNIQUE.

Ne quittez pas Paris sans avoir visité la nouvelle aile du musée du Louvre consacrée aux « Arts de l’Islam ». Près de 18 000 pièces y sont présentées, dont la provenance s’étend des Indes à l’Espagne, depuis la fondation de l’Islam au VIIème siècle à son déclin au XIXème siècle. La muséographie a pour ambition d’emmener le visiteur sur le chemin de l’histoire, celle des Umayyades, des Abbassides, des Fatimides, des Mamelouks, des Moghols, des Ottomans, un chemin de Damas qui conduit à Bagdad, se prolonge vers Agra, ramène à Istanbul et sans pour autant s’achever, passe par Le Caire et aussi Cordoue. Ces grandes villes, toutes des capitales de plusieurs empires, mais composantes d’une seule civilisation. Dans les vitrines s’accumulent les objets dont la polychromie et l’extrême finesse excitent l’attention, des ustensiles profanes - vaisselle décorée de scènes de chasse ou de guerre, brûle-parfum à forme de félin, décorations léonines de fontaines, sculptures royales et princières…- aux objets sacrés, comme les illustrations persanes des textes saints et les tapis de prières en laine de cachemire. Des pièces d’architecture majestueuses rappellent la maîtrise de cet art, comme le porche d’époque mamelouke en calcaire doré et blanc qui fascine par son magique entrelacement de volutes labyrinthiques. Maîtrise aussi de la science, celle des mathématiques et de l’astronomie, témoin le magnifique astrolabe sphérique conçu par le perse Yunus ibn al-Husayn al-Asturlabi en 1144, le plus ancien globe céleste, modèle tridimensionnel de

l’univers, portant mille vingt-cinq points d’argents incrustés, autant d’étoiles forment les quarante-huit constellations astrales et boréales. Face à cette œuvre magnifique, apparaît le souvenir de ces autres scientifiques musulmans, grâce à qui l’Occident a pu un jour, mais bien plus tard, développer sa recherche et ses innovations. À Samarkand, Omar Khayyâm publie, à l’âge de 24 ans, son premier recueil de mathématiques. Puis, il part pour Ispahan, capitale de l’empire, à la demande du sultan seldjoukide Malik Shah. Il y fait construire en 1074 un gigantesque observatoire qui lui permet de calculer la durée exacte d’une année, plus précis que le calendrier grégorien, par la découverte de l’année bissextile. Avicenne, de son nom complet Abu 'Ali al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sina, étudie toutes les sciences et devient un médecin de renommée internationale. Il laisse une œuvre impressionnante (276 titres recensés) qui couvre plusieurs domaines, de la philosophie aux mathématiques, en passant par l’économie, la mystique, la musique et bien sûr la médecine, dont le célèbre Qanun, un ouvrage fondateur importé par les Croisés qui constituera la base de la médecine européenne. Ou encore Averroès, né à Cordoue en 1126, de son nom complet Abu l-Walid Muhammad ibn Ahmad ibn Muhammad ibn Ahmad ibn Ahmad ibn Rušd, médecin, juriste, mathématicien, mais aussi philosophe, célèbre pour ses commentaires d’Aristote, fondateur de la pensée laïque et donc considéré comme hérétique. C’était cela, l’Islam,

Porche d'époque mamelouke (détail) Egypte, XVe siècle, Musée du Louvre, dépôt musée des Arts déco © Musée du Louvre, dist. RMN / Hervé Lewandowski

Omar Khayyâm

quand nous n’étions qu’au Moyen-âge ! Au-delà de la violence militaire et politique, des massacres commis par les guerriers au nom du Prophète, écartés les califes et sultans s’entretuant au nom du shiisme ou du sunnisme, cette civilisation a dominé le monde par sa richesse humaniste, littéraire, esthétique, scientifique et spirituelle, à l’origine de notre propre évolution. Mais voilà : son déclin est apparu au moment où le monde occidental entrait dans une croissance sans précédent. Les causes en sont multiples. Mais la plus importante paraît être la suprématie du religieux dans la société, avec pour conséquence la diminution de la liberté de pensée et l’écartement des femmes du rôle qu’elles auraient pu jouer dans le monde économique. La pauvreté dans les pays du Maghreb est devenue telle que l’émigration s’organise en masse, de manière légale ou illégale. D’autres fuient la persécution politique. Le printemps arabe a fait souffler un vent d’espoir, mais le renversement des tyrans a fait place à des régimes se revendiquant de l’application unique du Coran, imposant à la société des règles issues exclusivement de la tradition religieuse. Les intégrismes s’exportent et ne laissent aucune chance à la différence : les pays occidentaux vivent sous la menace terroriste, pas seulement créée par les poseurs de bombes, mais aussi par l’éducation des communautés radicalisées par les discours dans les mosquées, les écoles coraniques et la communication sur le Net. Et les pays démocratiques d’assister, impuissants, à la destruction des Bouddhas de Bâmyân par les talibans, ou celle des mausolées de Tombouctou par les islamistes qui se sont emparés du sud du Mali. L’Islam d’aujourd’hui se résume pour beaucoup à une menace, portée par des guerriers sans tolérance qui cherchent à détruire les principes démocratiques d’égalité et de laïcité. C’est oublier l’Islam moderne et humaniste, tel qu’on peut le découvrir à l’Institut du

Monde Arabe, à travers des expositions de jeunes peintres et sculpteurs, hommes, femmes, certains dévoilant leur homosexualité et les positions publiques des musulmans laïques et des auteurs engagés comme Yasmina Khadra, Amin Maalouf, Chahdortt Djavann,Wassyla Tamzali, qui savent que chaque pensée contraire à une interprétation exégétique du Coran leur fait courir un risque physique. C’est aussi oublier notre obligation de dialogue, de refus de tout racisme, de volonté de respecter les différences et permettre l’intégration économique. Ces réflexions se bousculaient dans ma tête, au hasard des vitrines offrant la beauté de tant d’objets exposés. Ne faudrait-il pas d’urgence inviter les écoles, honteusement baptisées « à discrimination positive », à se rendre au Louvre ? Expliquer la grandeur de la civilisation de l’Islam, décrire la ville de Cordoue, quand les trois religions du livre cohabitaient et philosophaient en parfaite harmonie, et leur restituer la dignité perdue par le déséquilibre des richesses économiques et l’arrogance des puissances occidentales, afin de permettre que demain, toutes les communautés du monde puissent exister dans la différence et l’enrichissement de leurs échanges.

Omar Khayyâm écrivait :

Celui qui n’a pas vu croître et mûrir pour lui le fruit de la Vérité,Ne marche pas d’un pied ferme sur la Route.Quiconque inclina vers soi l’arbre de la science,Sait qu’aujourd’hui est comme hier et demain comme le Premier Jour.

Demain…

Michel CLAISE

CLAle journal des avocats

Hue, Cocotte !Par Daniela COCO

COCle journal des avocats

n 1907, Mmes Moser, Dufaut, Charnier, Decourcelle et Lutgen, sanglées dans la redingote règlementaire, chapeautées, gantées et munies d’un fouet, prirent d’assaut les rues de Paris. À la surprise générale. Jusque là les voitures à cheval n’étaient menées que par des hommes, plutôt rustiques et plutôt imbibés. L’idée que des dames respectables puissent les substituer dans une activité aussi virile – et rémunératrice - paraissait incongrue à leurs futurs collègues, comme d’ailleurs à la population parisienne. Alors, comme chaque fois que des femmes ont entrepris de s’aventurer hors du territoire aussi exaltant qu’une réserve indienne dans lequel les hommes tentaient de les contenir, on ne leur épargna rien.

Aux examens préalables à l’obtention du diplôme règlementaire, on ne fit donc grâce à nos aventurières d’aucune ruelle, aucune impasse, aucun monument public, quand les cochers mâles sévissant dans la capitale devaient parfois au seul instinct de leur bête le fait de ne pas s’égarer. À l’épreuve pratique, le jury se montra intraitable, notamment dans le cadre de la redoutée épreuve du remisage - équivalent de notre créneau contemporain tout aussi dissuasif - qui évaluait leur capacité à entreposer correctement leur voiture après le service.

Leur diplôme en poche, nos amazones trouvèrent immédiatement un emploi. Elles durent alors apprendre sur le terrain, ce que signifiait tenir un cheval, monter et descendre des voitures, porter des paquets, de longues heures durant et par tous les temps. Elles ne furent guère aidées dans leur apprentissage par leurs collègues, humiliés par une concurrence qu’ils estimaient dévalorisante. N’hésitant pas à leur barrer le passage, à les coincer dans des bouchons et à provoquer des

accrochages, ils firent tout ce qu’ils purent pour les discréditer aux yeux d’un public encore sceptique. Et l’on peut imaginer ce que pouvaient être ces réticences quand cent ans plus tard, il y a encore des crétins prétentieux pour décréter : « femme au volant, mort au tournant »… Leur nouveauté valait en outre à nos cochères, encore appelées cochettes ou cocheresses, de susciter une effervescence dont elles se seraient bien passées ; à chacune de leurs sorties, une foule de badauds incrédules et moqueurs entourait leurs voitures, les interpelant, les suivant dans les rues, rendant impossible la prise en charge de clients peu désireux de se trouver mêlés à un tel cirque.

Nos cinq héroïnes mordirent sur leur chique; s’abstenant de répondre aux provocations et invectives qui pleuvaient, elles se mettaient chaque fois qu’elles le pouvaient, sous la protection des sergents de ville qui tâchaient de disperser les émeutes qu’elles provoquaient bien malgré elles. Ce stoïcisme paya ; la population de Paris, conquise par leur réserve et par leur conduite plus prudente et moins brutale que celle de leurs commensaux, retourna sa veste en quelques semaines. Les femmes plus particulièrement, de la mère de famille accompagnant ses enfants chez le médecin, à l’actrice rentrant du théâtre tard le soir, firent leur succès.

Les vaillantes firent dans le même temps la conquête de leurs patrons ; trafiquant les taximètres1 nettement moins que leurs collègues masculins, elles rapportaient donc plus. Elles avaient par ailleurs la main plus douce avec leur cheval, qu’elles ménageaient en se pliant aux ordonnances de police intimant aux cochers d’attendre leurs clients aux stations, au lieu de déambuler, avinés et somnolents, dans les rues.

(1) C’est un lieu commun que de signaler qu’encore aujourd’hui les femmes sont moins délinquantes que les hommes, mais l’on ignore souvent en quelles proportions. Les statistiques pénitentiaires nous apprennent qu’en 2012 en Belgique, sont détenus 10.664 hommes et 443 femmes. Autrement dit, 96 % de la population carcérale est composée d’hommes… un chiffre écrasant. (Source : http://statbel.fgov.be/fr/statistiques)

E

Elles firent, enfin, le bonheur des journalistes et chroniqueurs parisiens qui eurent de quoi s’occuper pendant quelques semaines. Ils se pressaient autour du petit contingent héroïque, réservant une attention particulière à deux d’entre elles : Mme Decourcelle, qui fut la première femme à décrocher en 1907 les deux diplômes de cochère et de chauffeuse, et Mme Lutgen née Comtesse du Pin de la Guérinière. Le sort de cette dame de la noblesse, déchue, les fascina littéralement.

À côté d’interviews et d’articles plus moins sérieux, le phénomène excita l’imagination des chansonniers et caricaturistes, qui transformèrent

à longueur de rengaines et d’illustrations allusives, nos braves dames, courageuses et costaudes, en poupées ravissantes, légères et sexys….

De véritables invitations au voyage…

Le fouet en plus….

Daniela COCO

DANIELA COCO, AVOCAT AU BARREAU DE BRUXELLES, PARTICIPA À DE NOMBREUSES REVUES DE LA CONFÉRENCE

DU JEUNE BARREAU, FONCTIONNANT LE PLUS SOUVENT EN BINÔME AVEC NATHALIE PENNING (LA CHANTEUSE ET

LA SKETCHEUSE), AVANT QU’ELLES NE SE LANCENT DANS L’ÉCRITURE DE LEURS PROPRES SPECTACLES. FÉMINISTE

ASSUMÉE, PASSIONNÉE DES QUESTIONS DE GENRE, ELLE OBSERVE SANS SE LASSER LES RAPPORTS SUBTILS

ÉTABLIS ENTRE LES HOMMES DE MARS ET LES FEMMES DE VÉNUS, QU’ELLE COMMENTE DANS DES ARTICLES ET DES

CONFÉRENCES À L’ATTENTION DE CEUX QUI PENSERAIENT QU’AU XXIÈME SIÈCLE TOUT EST RÉGLÉ ET QUE « FRANCHEMENT

DE QUOI SE PLAIGNENT-ELLES ENCORE ? »

Année 153 ADP. Un bâtiment gris et trapu de 34 étages seulement. Au-dessus de l’entrée principale, les mots « Faculté de Droit et de Méritologie », et, dans un écusson, la devise de la Faculté : « Liberté, Identité, Continuité ».

- Et ceci, dit le Directeur de Première Instance, ouvrant la porte, c’est la Salle de Délibération.Un groupe d’étudiants fraîchement Déterminés se pressaient, pénétrés d’une certaine appréhension, voire de quelque humilité, sur les talons du directeur. Celui-là même qui en ces lieux, d’un incisif « Alpha! » prononcé cinq années auparavant, les avait - réfragablement - prédéterminé.Chacun d’eux, outre le Précis, portait un cahier de notes, dans lequel, chaque fois que le grand homme parlait, il griffonnait fébrilement. Ils puisaient ici leur savoir à la source même. C’était un privilège rare.- Le premier point, et le plus important... commença le directeur, et les étudiants les plus zélés écrivirent « le premier point est le plus important ».

Le petit groupe se trouvait à la dernière étape d’un processus qui en comptait quatre : Formation, Examination, Correction, Délibération, répétées cinq années durant. Venait ensuite la Détermination. Continuité assurée par une sélection toujours perfectionnée.

Ce processus avait été instauré en l’an 92 après le premier Traité de Notre De Page. Administrateurs, Managing Partners et professeurs, réunis en

conclave, avaient décrété le Grand Schisme Méritologique. Dès la fin de la BA1, suite à la première Délibération, les étudiants étaient réfragablement prédéterminés en Alpha, beta, gamma, delta et epsilon. Durant les quatre années suivantes, chacun des groupes suivait dans le cocon de la Faculté, sans plus jamais le quitter, les cours adaptés à la destinée pour laquelle il avait été prédéterminé. Avec l’aide des procédés néo-pavloviens, la Formation, continue et segmentarisée, avait ainsi pu être réalisée.

- … ce qui, vous l’aurez compris, vous qui en êtes le résultat, ne laisse aucune chance au hasard, conclut le Directeur en leur adressant un sourire empreint d’une bonhomie légèrement menaçante.

Une voix profonde et sonore, résonnant comme en écho aux dernières paroles du Directeur, fit sursauter les jeunes gens.- Aucune chance.Ils se retournèrent. Sur le bord du petit groupe se tenait un étranger - un homme de taille moyenne, aux cheveux noirs, au nez crochu, aux lèvres rouges et charnues, aux yeux très sombres et perçants.- Aucune chance, répéta-t-il.Le Directeur, qui s’était assis au cours de son exposé, se remit immédiatement debout à la vue de l’étranger et se précipita en avant, les mains tendues, souriant avec effusion de toutes ses dents.- Monsieur l’Administrateur! Quel plaisir inattendu! Voici l’Administrateur de Cassation, Voici Son Privilégié Nonobstant II.

La meilleure des facultés(sur base du roman “Le meilleur des mondes”, A. HUXLEY, 1932)

Par Guillaume CROISANT et Valentin JADOT

CRO / JADle journal des avocats

Son Privilégié Nonobstant II ! Les yeux des étudiants qui le saluèrent saillirent presque hors de leurs orbites. Nonobstant II ! L’un des Douze Administrateurs de Cassation! L’un des Douze... Le savoir allait leur venir droit de la source.

- ... ce qui se décide généralement lors de la Délibération en fonction du pourcentage de correspondance entre le texte original et le texte tel que retranscrit par l'étudiant, sachant qu'une correspondance d'au moins 80% équivaut, selon une jurisprudence constante, à une présomption de prédétermination Alpha, termina l'Administrateur.- A présent, reprit-il, le moment est venu de vous parler d'un autre temps, d'une triste période que l’on a, pour cette raison, perdu l'habitude d'enseigner...Le Directeur le regarda avec nervosité. Il courait des rumeurs étranges au sujet de vieux livres interdits cachés dans les coffres-forts du bureau de l’Administration. Des thèses sur la rechtsverwerking, de la poésie ou encore des écrits du procureur général Leclercq sur la faute - De Page seul savait quoi.Nonobstant II intercepta son regard inquiet et les commissures de ses lèvres rouges eurent une contraction ironique.- Ça va bien mon cher Directeur, dit-il d’un ton de raillerie légère, je ne les corromprai pas.Le D.P.I. fut éperdu de confusion.L’Administrateur continua, se tournant vers les étudiants :- Imaginez, oui, essayez d’imaginer une Faculté sans prédétermination, sans séparation méritologique, où les étudiants n’étaient que vaguement et imparfaitement différenciés par leurs grades.Ils essayèrent, mais manifestement sans le moindre succès.- Savez-vous ce qu’était un “grade”?Ils secouèrent la tête.

- … Ainsi, les étudiants d’une année se voyaient réunis dans de vastes salles, dénommées “auditoires”, et suivaient tous ensemble, oui, tous ensemble, les mêmes cours, apprenant la même matière avec les mêmes méthodes. Et que dire de ces méthodes... Des milliers de pages apprises sans aide néo-pavlovienne aucune et oubliées dès l’Examination passée, le tout dans l’environnement terriblement improductif des kots.Il y eut un silence ; puis, toussotant pour se dégager la voix :- Les kots, quelques pièces exiguës dans lesquelles

habitaient, tassés à s’y étouffer, des étudiants de tout niveaux à nouveau mélangés. Pas d’air, pas d’espace, de la bière pour toute boisson ; une prison insuffisamment stérilisée ; l’obscurité, la maladie et les odeurs. À mille lieux de nos dortoirs facultaires conditionnés.L’évocation présentée par l’Administrateur était si vivante que l’un des jeunes gens, plus sensible que les autres, fut pris de pâleur rien qu’à la description, et fut sur le point d’avoir la nausée.- Peut-on concevoir pareilles inepties ? Que de temps et d’efficience perdus! Oui, conclu Nonobstant II hochant la tête et fixant un à un les jeunes Déterminés, c’est à juste titre que vous pouvez frémir.- Il existait bien quelques prémices de Détermination, poursuivit-il, les étudiants les plus conformes se voyant attribués des « grades ». Ils étaient ainsi différenciés dans la considération des professeurs, dans la sélection d’accès aux meilleurs cabinets, dans les procédures d’Erasmus ou lors des visites des copies. Mais enfin, tout cela n’était que bien inassumé et embryonnaire ; les conséquences de cette démarcation non abouties. Heureusement, suite au Grand Schisme Méritologique, l’Administration prit les mesures qui s’imposaient, séparant dès la première année les différents niveaux d’étudiants et leur octroyant l’environnement et la formation adaptés à l’avenir qui leur était destinés.Tout en continuant son exposé, l’Administrateur les fit entrer dans une pièce attenante. “Salle d’apprentissage néo-pavlovien”, annonçait la plaque indicatrice. Ils franchirent le seuil avec précaution et pénétrèrent dans la pénombre d’un dortoir aux volets clos. Quatre-vingts lits s’alignaient le long du mur. Il y avait un bruit de respiration légère et régulière et un murmure continu, comme des voix très basses chuchotant au loin.Un assistant se leva comme ils entraient et se mit au garde-à-vous devant l’Administrateur de Cassation et le Directeur de Première Instance.- Quelle est la leçon cette après midi? demanda ce dernier.- Nous avons fait du droit des marchés publics pendant les premières quarante minutes, répondit l’assistant. Mais maintenant l’appareil est réglé sur le cours élémentaire d’introduction aux questions élémentaires d’identité et de méritologie.- Faites-le répéter un peu plus haut, exigea Nonobstant II« … nos professeurs. Vraiment je suis joliment

content d’être un bêta, parce que je ne travaille pas si dur. Mais je deviendrai tout de même avocat. Et puis, nous sommes bien supérieurs aux gammas et deltas. Et que dire des epsilons, ils sont encore pires, ils ne sont pas même capable de définir une cession de créances. Comme je suis content d’être un beta. »Il y eu une pause, puis la voix reprit.« Les Alphas travaillent beaucoup plus dur que nous, parce qu’ils sont si formidablement intelligents. Ils deviendront nos assistants, nos professeurs. Vraiment je suis joliment content d’être un bêta… » répéta la voix douce, insinuante, infatigable.Suite à un signe de l’Administrateur, l’assistant remit l’interrupteur dans sa position initiale. La voix se tut. Ce ne fut plus que son grêle fantôme qui continua à marmotter de sous les quatre-vingts oreillers.

- Ils entendront cela répété encore quarante ou cinquante fois avant de se réveiller ; puis, de nouveau, jeudi ; et samedi de même. Cent vingt fois, trois fois par semaine, pendant quatre mois.

Après quoi, ils passeront à une leçon plus avancée. Non pas tout à fait comme des gouttes d’eau, bien que l’eau, en vérité, soit capable de creuser à la longue des trous dans le granit le plus dur ; mais plutôt comme des gouttes de cire, des gouttes qui adhèrent, s’incrustent, s’incorporent à ce sur quoi elles tombent, jusqu’à ce qu’enfin le roc ne soit plus qu’une seule masse écarlate. Que l’esprit de l’étudiant ce soit ces choses suggérées, et que la somme de ces choses suggérées ce soit l’esprit de l’étudiant. Et non pas seulement l’esprit de l’étudiant mais également celui de l’adulte. Pour toute sa vie. L’esprit qui juge et désire et décide ; constitué par ces choses suggérées. Mais, toutes ces choses suggérées, ce sont celles que nous suggérons, que nous suggérons nous ! Nonobstant II en vint presque à crier dans son triomphe. – que suggère la Faculté. Il tapa sur la table la plus proche. - Il en résulte par conséquent…Un bruit le fit se retourner.- Oh ! De Page, dit-il d’un autre ton, voilà que j’ai réveillé les étudiants !

Guillaume CROISANT et Valentin JADOT

VALENTIN JADOT EST ÉTUDIANT EN 1ÈRE MASTER EN

DROIT PUBLIC À L'ULB. APRÈS UNE ANNÉE PASSÉE

EN CHINE, IL S'INTÉRESSE PARTICULIÈREMENT

AUX QUESTIONS LIÉES AUX LIBERTÉS ET DROITS

FONDAMENTAUX DANS LE CONTEXTE DU DÉVELOP-

PEMENT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE

L'INFORMATION ET DU PARTAGE.

[email protected]

GUILLAUME CROISANT EST ÉTUDIANT EN 2ÈME

MASTER EN DROIT PRIVÉ À L'ULB.

PASSIONNÉ DE TENNIS ET DE LITTÉRATURE, IL

PARTIRA UN AN EN ANGLETERRE DANS LE CADRE

D'UN LLM À L'UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE OU

D'OXFORD L'ANNÉE PROCHAINE.

[email protected]

DÉLÉGUÉS DE LEUR ANNÉE RESPECTIVE, VALENTIN ET GUILLAUME SONT TOUS DEUX FORT IMPLIQUÉS DANS LA VIE

DE LEUR FACULTÉ : VALENTIN Y EST VICE-PRÉSIDENT DU BUREAU ETUDIANT ET CO-FONDATEUR DE LA PLATEFORME

WEB ÉTUDIANTE "RESPUBLICAE" TANDIS QUE GUILLAUME Y EST ÉTUDIANT-ASSISTANT ET REPRÉSENTANT AU

CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'UNIVERSITÉ.

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Par Bruno

DAYEZ

LES VICTIMES AU CINEMA

On peut assez aisément subdiviser l’ensemble des films réalisés sur ce thème en trois catégories: les films axés sur la vengeance, de loin les plus nombreux. Ceux qui gravitent autour du pardon. Et ceux qui abordent le statut de la victime sous l’angle de la légalité. En sorte qu’une grande partie des films qui traitent de la victime se déroulent en dehors du champ légal, prouvant par la statistique, sinon le désintérêt de la justice pour les victimes, en tous cas l’inappropriation des réponses qu’elle réserve à leurs attentes. Au motif que la victime était mauvais juge, la justice a cru bon de se passer d’elle. Pas étonnant, dès lors, qu’en toute occasion, la victime choisisse de régler ses comptes elle-même.

Sur le thème de la vengeance, je suggère au lecteur de voir ou revoir Que la bête meure, de Claude Chabrol. Crossing guard de Sean Penn et Reservation road de Terry George. Tous trois traitent du deuil d’un enfant écrasé par un chauffard. Avec, en filigrane, un sempiternel débat : celui qui tue accidentellement un piéton devient-il un meurtrier, voire un assassin, du fait qu’il roule trop vite ou en état d’ébriété ?

Dans le film de Chabrol, Michel Duchaussoy campe le père affligé, déterminé dès la première heure à tuer l’automobiliste qui a renversé son fils avant de prendre la fuite. Menant sa propre enquête (puisque la police, comme de règle, est impuissante à découvrir le coupable), il finit par chance par l’identifier. C’est Jean Yanne, garagiste breton, chez lequel il se fait inviter par ruse. Il découvre en cet homme un être vulgaire et violent, particulièrement méprisable. Exécutant dès lors sa résolution, il l'empoisonne et, prenant la fuite, disparaît.Voici donc un exemple de vengeance assouvie. Duchaussoy est sans regrets. Il se considère, somme toute, comme le bras armé de la justice. Là où la vraie justice aurait failli, soit qu’elle n’ait pu identifier l’auteur, soit qu’elle l’ait condamné à une peine modique, il a lui-même accompli ce que

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commandait justice selon lui. Morale doublement ambiguë, remarquons-le: est-ce d’avoir écrasé son fils que Jean Yanne est essentiellement coupable ? N’est-ce pas plutôt de s’être enfui? L’obstination du justicier ne se conçoit que par la dérobade de l’auteur des faits. L’aveuglement de l’un répond à celui de l’autre ; l’absence de pitié à l’absence de remords. Un excès entraîne l’autre : c’est la lâcheté de Yanne qui lui vaudra d’être tué. Deuxième ambiguïté : le spectateur n’a guère de peine à s’identifier au héros, car le personnage de Yanne est à ce point antipathique qu’on souhaite obscurément lui faire la peau. Le film crée donc une attente … que le réalisateur satisfait ! Il réveille en nous le désir de punir qui, faut-il s’empresser de le dire, ne dort jamais que d’un œil.

Sean Penn, quant à lui, use (et abuse) du talent de Jack Nicholson pour faire éprouver le désarroi d’un père qu’un chauffeur ivre a privé de sa fille.

Deux nuances importantes : le coupable a été puni (et même lourdement : six ans de prison ferme) et il est bourrelé de remords. Ici, le rapport de forces est pratiquement inversé : nous avons une victime minée par le ressentiment et un coupable amendant, dont le repentir sincère n’empêche pas d’être rongé par la culpabilité. Un scénario à la Chabrol serait par conséquent dépourvu de toute cohérence. C'est pourquoi Nicholson échoue à tuer celui qu'il traquait. Il tire sur lui, mais rate sa cible... avant que les deux hommes ne tombent à genoux en se donnant la main, versant de chaudes larmes sur la tombe de l'enfant. Happy end assez prévisible, correspondant aux attentes du spectateur, conforme à ce que notre sens inné de la justice exige. D’une part, il n’y a pas de nécessité d’en remettre à l’égard de quelqu’un qui reconnaît spontanément ses torts. Faute avouée est à moitié pardonnée : la sagesse populaire est proverbiale. D’autre part, il n’est pas convenable d’en remettre

une couche lorsque le coupable a déjà subi sa peine. Il faut bien qu’à un moment donné, la vie continue.

Quant à Terry George, il réalise un film de grande qualité dans lequel, à nouveau, la logique est sauve. Cette fois, c’est Joaquin Phoenix qui joue le rôle du père éploré que la fuite du chauffard, jointe à l’inefficience de la police, convainc de le retrouver lui-même et de l’occire. Quand il se rend compte que le chauffard en question n’est autre que l’avocat à qui il a confié la défense de ses intérêts, il est définitivement résolu de passer à l’acte, car une telle duplicité est sans rémission. C’est toutefois sans compter sur le fait que le coupable est, comme dans le cas précédent, anéanti par son acte et qu’il était déterminé à se livrer aux forces de l’ordre. Le tenant à la merci de son arme, Phoenix renonce finalement à passer à l'acte, conscient de la stérilité d'un tel geste.

Nous sommes donc ici dans une situation intermédiaire. La victime est un homme juste, accablé par la tristesse, mais capable d’entendement. Le coupable a fait preuve d’une grande lâcheté, certes, mais il est conscient de sa faute et disposé à la payer. Le tuer eût été dans ce cas totalement disproportionné. On se trouve toujours dans la même logique (mesure pour mesure) qui correspond à notre intuition de la justice. Que la société se charge de rendre justice ou qu’à défaut, la victime passe à l’action, en tout état de cause, le principe est identique : la justice est une question d’équilibre, d’adéquation entre le fait et la réaction qu’il engendre. La solution à laquelle ce film aboutit satisfait donc le spectateur en ce qu’il éprouve instinctivement qu’elle est juste. La morale est sauve, ce qui donne à penser que notre sens de la justice est fondé sur quelques invariants, sortes de règles non écrites qui forment une grammaire commune. La loi pénale traduit-elle ces exigences ? Le système judiciaire les comble-t-il ? Rien n’est moins sûr. Le droit ne tient qu’un seul langage, celui de la sanction, et l’appareil répressif, comme le terme même nous l’indique, fonctionne mécaniquement : on ne parle pas de machine judiciaire par hasard…Pour illustrer cette inadéquation entre les attentes des victimes et les réponses que notre système de justice est en mesure d’offrir, je n'évoquerai, faute

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de place, qu'un seul film, La jeune fille et la mort de Roman Polanski. Mais j'invite le lecteur à voir également sur ce thème Les accusées de Jonathan Kaplan, De beaux lendemains d'Atom Egoyan et En eaux troubles d'Erik Poppe. Le meilleur système de justice possible n’est lui-même pas exempt de défauts. Les règles régissant la preuve protègent à juste titre le suspect, puisque, selon l’expression consacrée, le doute lui profite. Cela ne fait toutefois pas l’affaire des victimes, pour lesquelles, fréquemment, aucun doute n’est possible. Faute de preuves, vont-elles devoir se résoudre à la relaxe de celui qu’elles savent coupable ? Ce cas de figure a été admirablement porté à l’écran par Roman Polanski. Dans un pays d’Amérique Latine où la dictature a pris fin, Sigourney Weaver incarne une femme qui a subi la torture pour éviter de dénoncer son fiancé, avocat réputé. Celui-ci, qu’elle a épousé entretemps, vient d’être pressenti pour diriger une commission nationale ayant pour tâche de faire la lumière sur les disparitions et les tortures qui ont eu lieu durant la tyrannie. Lorsque l’avocat est reconduit à son domicile par le Dr Miranda, campé par Ben Kingsley, Weaver est convaincue de reconnaître en sa personne le médecin qui supervisait ses tortures en la violant au passage. Elle choisit dès lors de l'assommer, le ligoter, le baîllonner et, le tenant sous sa coupe, d'instruire elle-même son procès.

Tout le film va dès lors tourner autour de cette seule question : le Dr Miranda est-il coupable ou bien victime d’une confusion ? Question qui renvoie aussitôt à une autre : comment juger s’il est coupable ? Pour Weaver, aucun doute n’est possible : elle reconnaît sa voix, son rire, ses tics, son odeur … Par contre, pour son époux, qui incarne la légalité, qui la personnifie même doublement (par son statut d’avocat et de futur président de la commission d’enquête), ces modes d’identification ne sont tout simplement pas recevables, car trop subjectifs. Donc invérifiables et, qui plus est, incertains, non fiables. Ce problème est un classique de la preuve au pénal : quel crédit réserver à la parole de celui ou celle qui affirme reconnaître quelqu’un sans pouvoir étayer ses dires ? Testis unus testis nullus, disaient les romains, dont nous sommes empreints de la sagesse. Quel avocat pénaliste n’a

jamais disqualifié la parole d’une victime au motif qu’on ne pouvait contrôler sa véracité ? Mais dans le cas d’espèce, Weaver tient bon. Elle met dans les mains de son mari un singulier marché : que Kingsley avoue et elle lui laissera la vie sauve ; s’il persiste à nier, elle le tuera. Elle le contraint en d’autres mots à avouer, faute de véritable choix. L’époux, impressionné par la détermination de sa femme, convainc donc le Dr Miranda de passer des aveux… qui ne satisfont pas Weaver parce qu’ils sont insincères et dictés uniquement par la crainte de la menace. Elle choisit donc de conduire celui qui fut son bourreau vers le lieu de son exécution, puisqu’il refuse de s'amender. À ce moment du film, le Dr joue son va-tout en suggérant à l’avocat de téléphoner en Espagne, car il y aurait travaillé comme interne durant l’année où Weaver a subi ses tortures. Tandis que Weaver le conduit vers la falaise sous la menace de son arme, l’avocat vérifie l’alibi du Dr… qui se révèle exact. Il court les rejoindre… A

ce moment a lieu une scène d'une exceptionnelle intensité. Acculé au bord du précipice, Kingsley, à genoux, livre une confession détaillée des atrocités qu'il a commises, exprimant avec crudité le plaisir qu'il ressentait à violer sa victime. Conformément aux règles qu'elle avait fixées, Weaver l'abandonne ensuite à son sort.

La morale de cette œuvre puissante doit, à mon sens, nous interpeller à deux titres. D’une part, il est presque certain que le Dr Miranda aurait échappé à toute sanction s’il avait été jugé dans les formes. La fausseté de son alibi n’aurait probablement jamais été découverte. Quant aux certitudes de la victime, elles n’auraient pas résisté au crible de la critique. N’importe quel avocat de la défense les aurait révoquées en doute au nom de l’objectivité. Ainsi, selon toute vraisemblance, la justice aurait échoué à rétablir la vérité.

D’autre part, à supposer même qu’elle eût jugé Miranda coupable, ç’aurait été très certainement sans parvenir à le faire avouer. Il aurait donc été condamné en s’enfermant dans le déni et en continuant de crier à l’erreur. Weaver en aurait donc été de toutes façons pour ses frais, puisqu’elle n’était avide que d’une chose : la reconnaissance par le médecin lui-même de sa culpabilité. Sa

AVOCAT AU BARREAU DE BRUXELLES DEPUIS TRENTE ANS, CHRONIQUEUR, CHERCHEUR ASSOCIE AUX FACULTES

UNIVERSITAIRES SAINT-LOUIS. DAVANTAGE PHILOSOPHE QUE JURISTE, OBSERVATEUR ATTENTIF DES EVOLUTIONS DE

LA JUSTICE PENALE, IL VIENT DE PUBLIER AUX EDITIONS ANTHEMIS LES TROIS CANCERS DE LA JUSTICE, BRULOT

CONSACRE A DENONCER LES DERIVES SECURITAIRE, MEDIATIQUE ET VICTIMAIRE. LA LISTE COMPLETE DE SES

PUBLICATIONS EST ACCESSIBLE SUR LE SITE WWW.DAYEZ.BE ET NOMBRE DE SES ARTICLES DISPONIBLES EN LIGNE.

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punition effective ne lui importait guère, sinon pas du tout. Le système de justice légal auquel nous sommes si attachés pour tant de raisons (bonnes et mauvaises) montre donc ici doublement ses limites : non seulement les règles régissant la preuve protègent les criminels, ce que nous assumons en parfaite connaissance de cause, mais la sanction que nous réservons au condamné, censée réparer le mal causé par le mal subi, risque également de se révéler inadéquate. La justice empêche le face-à-face entre victime et suspect par crainte légitime de dérives, dont ce film est d’ailleurs l’illustration : on ne saurait contraindre qui que ce soit à avouer sous peine de mort. La vérité ayant un prix, la justice prend délibérément le risque d’être faillible. Quant à la peine, son caractère légal empêche certes les abus. Elle n’en est pas moins stéréotypée et la victime ne trouve pas forcément son compte dans la privation de liberté du condamné.

Colère ou pardon ? Quelle est la rançon de la haine ? Et celle de la miséricorde ? L’un ravive sa plaie et la fait suppurer. L’autre la panse et elle se cicatrise. Notre société, en tous cas, a plutôt tendance, en ces temps troublés, à entretenir les rancoeurs...

Bruno DAYEZ

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Itinéraire d’un infatigable Amiral.

De l’archipel du souvenir à la Terra incognita…

Petite exploration chez et avec Robert Badinter

« Il n’y a rien, dans ma vie professionnelle que j’aie autant aimé qu’un grand procès d’assises (…). L’audience, c’est la mer pour l’avocat d’assises : toujours imprévisible, parfois périlleuse. Ne demandez pas au marin pourquoi il aime l’océan. Il l’aime, voilà tout. Il l’aime, c’est sa passion, son élément, sa vie. De même, l’avocat aime l’audience pour les bonheurs qu’elle lui dispense, les épreuves qu’elle lui réserve, et même l’angoisse qu’il ressent quand la fortune judiciaire l’abandonne. L’audience criminelle est pour lui comme le champ clos des tournois, le carré éblouissant du ring, le lieu magique de la souffrance, de la gloire et parfois aussi de la défaite ». Robert Badinter. L’abolition, Fayard, 2000, p. 158§1.« Mes mots se perdaient dans une mer d’indifférence qui entourait les juges et jurés. Je persévérai : il fallait qu’ils s’ouvrent à moi (…). Alors j’entrepris doucement de leur faire quitter la rive glaciale d’où ils me regardaient de si loin. » L’abolition, Fayard, 2000, p. 169.

En plus de 80 ans, Robert Badinter a fait le tour du monde et des pouvoirs.

Diplômé en sociologie (1950). Docteur en droit à la Sorbonne en vertu d’une thèse sur les conflits de loi américains (1952). Professeur agrégé des facultés de droit (1965). Garde des Sceaux (1981-1986). Président - d’entre les présidents- du Conseil Constitutionnel (1986-1995). Sénateur (1995- 2011). Essayiste (15 ouvrages). Avocat (1951-1981 / 2011- ).

Par François DESSY

L’Amiral Badinter a voué, galons et casquettes, serments et engagements, toute sa vie – qui en compte mille autres - à servir Sa Majesté la Justice. Et tous ses sujets de droit(s). Ne ménageant aucune peine, s’employant à en redorer le blason et l’action, lui apportant le supplément d’âme, d’humanité et de modernité souhaitable. Pas toujours souhaité.

Son navire a hissé le pavois de guerre contre tous les outrages de l’injustice. Accosté devant toutes les juridictions. Son bateau en a remorqué tant d’autres en plein naufrage. Des paquebots de capitaines d’industrie - en robe et col blanc, salis ou tachés (Coco Chanel, Empain, Ted Lapidus, l’Aga Khan, Christina Von Opel,…), des yachts luxueux de stars (Chaplin, Bardot, Vartan, Connors,…) et autres voiliers mythiques diffamés (les Khan, Servan-Schreiber, Giroud, à travers l’Express et…. Mitterrand) aux frêles esquifs de l’accusé lambda, lui évitant de trop « écoper » pénalement…

Contre vents et marées, bravant tempêtes et alizés, l’Amiral au long cours, aura plongé, mouillé sa toge, sa plume, « son encre », les yeux de nombreux jurés… Et sauvé la tête de six condamnés - dont Patrick Henry - que voulait jeter par-dessous bord… un équipage hexagonal dominant et une loi assassine, abrogée le 30 septembre 1981. Date de proclamation de l’abolition en France.

Ministre, « Badinter » a maintenu le cap, « ne cédant pas d’un pouce sur l’essentiel » de l’itinéraire choisi, affiché – sur la question de la peine de mort comme en d’autres matières de politique pénale ou carcérale, si chahutées parfois, in illo tempore….

Notre explorateur, sabre au clair, aura écumé, arpenté les travées des plus nobles assemblées parlementaires et universitaires, investi les plus honorables tribunes, dans toute la polysémie du terme… en vue d’atteindre les rivages vers lesquels voulut peut-être s’embarquer, deux siècles plus tôt, à bord d’une autre « Victoire », un certain marquis de La Fayette. Les rivages édéniques de l’équité et de l’égalité retrouvées, des libertés individuelles, collectives, universelles sauvegardées. Valeurs qui en sous-tendent une seule, the one : la Justice, dont il fut l’homme lige des premières allégeances, l’interprète, l’avocat des premières heures.

Avocat au delà de toutes appartenances, par delà toutes fonctions. Avocat de cœur et d’esprit. Avocat en âme et conscience. Avocat par conviction et dans l’action. Avocat hier, demain, toujours. Avocat, ici, là-bas, en tous lieux, par amour... à la barre de son Bateau ivre de Justice. Tel est l’Amiral Badinter.

Bien sûr avions-nous lu avec délectation l’exaltante et monumentale biographie édifiée par Paul Cassia1 . « L’expérience américaine. Les délices de la chaire. Une certaine idée de la défense de l’avocat. Une conception téléologique du procès pénal. Un militant des droits de l’homme. Une plume au service de l’opposition. Liberté, j’écris en ton nom. Les servitudes de l’état de ministre. C’est la faute à Badinter ! La chute des bastilles et l’agonie juridique de la peine de mort. Des prisons plus humaines : un oxymore ? Le Graal juridique : la refonte du code pénale. Un serpent de mer : le désengorgement des tribunaux… » Autant de titres désignant, avec un lyrisme parfois consommé, les chapitres, traversés de réflexions ô combien actuelles, de cette « encyclopédie » vivante qu’est Robert Badinter !

DESle journal des avocats

1.Ouvrage sublimement commenté par Me Luc Misson dans cette revue, juin 2010, p.61.

Nous l’avions « lu » bien sûr et suivi jusqu’aux méandres de son dernier livre, paru en 2011, dans les couloirs du pouvoir, semés de « roses et d’épines », Place Vendôme. Bien sûr avions-nous déjà entendu, non sans un certain émerveillement, cette voix raisonner – dans toutes les acceptions du terme, discourir, éblouir, lors des festivités organisées, en Sorbonne, pour le bicentenaire du Code Napoléon emportant son cortège de colloques. Mais en colloque singulier jamais. Il nous a, par deux fois, fait cet honneur pour le Journal de l’avocat, sous forme d’une discussion brut - pas de décoffrage, mais pétillante de finesse et d’authenticité, à bâtons rompus, sans dictaphone ni formalité, à l’occasion d’un bref meeting et débriefing.

Notre Confrère « nec pluribus impar » ne s’est pas départi de l’humour de bon aloi, de circonstance, que seuls certains lui connaissent, évoquant, au rang des souvenirs marquants que lui inspirait la Belgique : « Certaines nuits blanches à Bruxelles, au lointain temps de sa jeunesse festive ». Avant d’admettre ce qui lui avait manqué le plus, depuis qu’il avait pendu sa toge : « L’éloquence ! » - of course !

Et de nous offrir cette réponse, faussement enfantine, sur le secret de sa vitalité et de sa fécondité (douze livres cette dernière décennie, excusez du peu !) : « Les gênes. Merci papa, merci maman » (sic)…

Voilà ce qui expliquerait qu’en octogénaire pétulant, il ait conservé son agenda de ministre, par monts et par vaux.

Chemin faisant, vint une question existentielle ? Quelles qualités font les grands plaideurs ? A quoi il répondit ex abrupto - loin de l’autosatisfaction dont se gargarisent d’aucuns « l’angoisse de n’être pas à la hauteur de l’enjeu ». Cette anxiété qui aiguillonne et transcende ! Pour retomber ensuite, avec une agilité toute féline, sur les chemins de la séduction, ce terrain de prédilection sur lequel il nous avait emmené en 2006 dans son livre « Contre la peine de mort » : « vous partez à la conquête d’un jury comme à la conquête d’une femme que vous aimeriez par-dessous tout convaincre. Et convaincre c’est se faire accepter. Il n’y a pas de règles pour cela, on ne se promène pas avec un manuel de Don Juan dans sa poche. Des juges à moitié convaincus et tout est perdu. Pour Cicéron, les 3 commandements de l’avocat sont dans l’ordre : placere, movere, convincere. Il place l’obligation de plaire en premier » !

L’Amiral nous fit, à cet instant, don de sa boussole, de son mantra, de sa « seule règle de stratégie de défense à l’audience », héritée de son pygmalion, de « son maître Henry Torrès: surprendre ». Or, plaire… n’est-ce-pas, somme toute, surprendre ?

S’ensuivirent quelques saillies, synthétisant une leçon acquise au terme de son Grand combat, jalonné de défaites, parsemé de succès et couronné par « la Victoire »

remportée sur le votum mortis, sur le permis légal de tuer en France : « Saint-Exupéry (les échecs fortifient les forts) a raison mais il ne faut pas abuser de la recette »…

Après quelques pérégrinations verbales, notre Amiral nous livra une pensée sur le destin, l’essor du Code Civil auquel il avait consacré un de ses opus (Le plus Grand Bien : à l’occasion du bicentenaire du Code Civil, en 2004). « En deux siècles, la France a changé 14 fois de constitution. Elle n’a connu qu’un code civil. Le Doyen Carbonnier avait raison : le Code civil est la constitution de la société française ». Parole d’orfèvre ! Last but not least, l’Amiral fit escale sur les routes de la politique, ses revirements au gré des vents populaires et sur l’évolution du monde judiciaire. Après quelques développements, c’est en une phrase que fut résumée son mandat à la chancellerie et la fidélité de son action ministérielle aux convictions affichées, aux visées assignées ( NDLR : qui contrastent avec d’autres pratiques ministérielles récentes, avec d’autres girouettes, Tallayrand actuels) : « ce que j’ai fait, je le voulais mais je n’ai pas fait tout ce que je voulais » . Quant à l’évolution des pouvoirs, réponse lapidaire de notre commandant : « la politique est toujours la conquête et l’exercice du pouvoir. Le monde judiciaire est toujours en retard sur le temps présent. » - ainsi que nous le verrons, « notre jeune homme et sa mer » eux sont en phase et en symbiose en tout cas !

Optimiste, notre capitaine voit néanmoins en « la promotion des technologies de l’information et de la communication » une des clés de la résorption du retard judiciaire qui est le nôtre.

Quel avenir promettez-vous à notre Majesté Thémis ? lui-a-t-on lancé, en guise d’épilogue.

Une « modernisation » accrue, « des progrès assurés grâce au triomphe du numérique ».

Prédications teintées, immédia- tement, d’inquiétude : « Des progrès incertains, en termes d’humanisation, pour la même raison ». Cassandre, prophète ? C’est sur ces bribes, ces précieux lambeaux de vérité que se ferma le JOURNAL de bord d’un DES AVOCATS les plus étincelants que nos Barreaux aient connu. Nous avons quitté notre « homme océan »2 , avec - forcément et toujours - un goût de trop peu.

Et une certitude.

DESle journal des avocats

2. Expression de Victor Hugo, « William Shakespeare » tirée de l’épigraphe de François Ost, « La Comédie de la Loi »,Michalon, Le bien Commun, 2012.

Là où d’autres Grands Hommes auraient préféré faire retour sur leur carrière océanique, en convoquer les souvenirs émergeants et savourer le repos mérité du guerrier, en contemplant, en cale sèche, la mer faussement étale... qu’ils ont affrontée. Lui vous le dirait tout de go, sinon sèchement : « vous n’y pensez pas ! Au diable cette douce somnolence » !

Infatigable, inlassable, inconsolable, le navigateur hauturier, épris de Justice, fait encore voile… au gouvernail du Cabinet, qu’il a nouvellement fondé, regroupant une invincible armada de pontes agrégés. Corpus Consultant, son vaisseau actuel, est un E-Cabinet privilégiant l’échange informatique… et le travail collégial, spécialisé dans la consultation juridique de professionnels.

Axé sur la résolution de questions juridiques pointues, ce Cabinet fait justice aux amusants clichés opposant illusoirement deux mondes caricaturés à l’excès : « celui du juriste en chambre, des castes mandarinales claquemurées dans leur tour d’ivoire académique, éloignées des réalités pratiques et celui de l’avocat du milieu, isolé dans une tour de Babel, enlisé dans un terrain trop factuel, clos, hermétique à toute positivité ». Sans doute, l’Amiral à bord de ce vaisseau, renoue-t-il, avec son premier amour : le droit.

Sans doute, Corpus Consultant renoue-t-il, en sus, de manière insoupçonnée, avec la tradition des vénérables jurisconsultes romains, auxquels remontent les fondements de notre droit (Pepo, Irnerius, Placentin,…) pour qui la pureté académique et l’adaptabilité pratique allaient encore systématiquement de pair…

Sans doute, Corpus Consultant fait-il revivre le mythe de ses Gardes des Sceaux, descendus de leur « Chaire de vérités doctorales » : René Capitant, Jean Foyer et… « Badinter ».Sans-doute, encore lui…

Lui chez qui le savoir pur et décloisonné demeure au service de l’essentiel : la progression de la condition humaine dans tous ses états, par et à travers le droit.

Lui en qui la maxime de Bergson qui nous recommande « d’agir en homme de pensée et de penser en homme d’action » - retrouve toute sa portée, sa beauté et son incarnation. Un penseur Badinter à terre… si l’on ose écrire.

Les Grands hommes le sont souvent jusqu’aux petites choses… Ecoutez ce « Michel-Ange du verbe » vous dépeindre, le temps d’une brève interview, avec une telle justesse, avec une si désarmante habileté… la toile de fond lumineuse d’une cause à laquelle il est attaché… et vous en serez pleinement convaincu.

L’engagement (verbal) est total, dirait Sartre ! L’œil est sûr et vif. Le port altier. Le rythme musical, solennel, parfois martial. La voix métallique, parfois effroyablement péremptoire ou entrecoupée d’une (rare et) légère décontraction. Mais chez lui – et là git notre plus belle surprise, dans l’antre du penseur impénitent, dans son bureau privé, chargé d’histoire, qu’enserrent d’imposantes colonnades de livres, la même voix tranche soudain par sa touchante douceur, son tendre paternalisme. Les mots en deviennent exquisément enveloppants, nimbés d’une incroyable humilité !

FRANÇOIS DESSY FUT ORATEUR DE LA RENTREE SOLENNELLE DU BARREAU DE HUY EN 2010 « VOLTAIRE : LA DOUCE

INSURRECTION DE L’IRONIE » ET LAUREAT DE DIVERS CONCOURS D’ECRITURE. IL VOUDRAIT MOINS SOUVENT CASSER

SA LYRE… PLUS SOUVENT PRENDRE SA PLUME ET S’ENVOLER, ÉPITOGE AU VENT… SOUS D’AUTRES CIEUX. PORTER

PAR LE DOUX ZÉPHYR DE LA CURIOSITÉ. SANS SUIVRE LES AUTRES ALIZÉS, FORCÉMENT CONTRAIRES…

EN VOILÀ UN BEAU RÊVE ?

DESle journal des avocats

Sans jamais sacrifier le fond, le fin du fin : pas un mot, distillé chichement ou aligné fiévreusement, qui ne soit mûrement réfléchis, ne s’échappent du Maître … comme si parler doctement et « simplement » n’était pas, chez Robert Badinter, antonymique !

On vous écoute, Mon Cher Amiral, et nous sommes happés. Oui, happés par le maelstrom de vos combats, vaincus par la raison de votre pensée, emportés par la passion de défendre que votre voix éveille, ou intensifie tant l’ardeur qui l’agite est palpable et communicative.

Et l’on comprend ainsi comment, à l’issue - improbable - d’un combat des plus déséquilibré, la noble vox in deserto d’un seul, relayée par une poignée, peut avoir raison des diktats de la vox populi enragée et dévoyée ! Et peser sur le destin de tous. Les masses intolérantes peuvent se tromper - votre quête de l’abolition nous le prouve amplement. Et « quand l’intolérance et l’injustice avancent, la république (lisez la chose publique, pour les « royalistes » belges…) recule », aimait à répéter un de vos amis… habitué des plus grands gouvernails, qui fut un jour et passagèrement, avocat de son état.

Soyons donc vigilants et devançons l’évolution pour mieux la susciter, la façonner, dans le respect de votre – qu’écrivais-je ? de notre idéal… de Justice !De nous avoir délivré, en filigrane, ce double message là, très Cher Confrère, nous vous serons éternellement reconnaissants.

« Il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel. Il nous les faut tous pour les rendre réels » Paul Eluard.« Un mot est parfois plus tranchant qu’un sabre affuté » comme le dit aussi un proverbe persan.- Les vôtres forcent le respect, Mon Cher Confrère… - Il est temps de lever l’encre pour vous comme pour moi.- Mes respects. Bon vent… Mon Commandant- Remettez notre bonjour à l’autre Reine que vous chérissez, votre vaisseau Amiral :

« The Queen Elizabeth » ?- What’else ? Puisse le dédicataire de ses lignes n’y voir qu’un private joke des plus

confraternels.

François DESSY

CLIO ET THÉMIS :INVITATION AU

VOYAGE

Par Christiane FÉRAL-SCHUHL,

Bâtonnier du Barreau de Paris

LE 1ER JANVIER 2012, CHRISTIANE FÉRAL-SCHUHL, ASSOCIÉE FONDATRICE DU CABINET FERAL-SCHUHL / SAINTE-

MARIE, A PRIS SES FONCTIONS DE BÂTONNIER DU BARREAU DE PARIS.

DEPUIS PRÈS DE 30 ANS, ELLE EXERCE DANS LE SECTEUR DU DROIT DE L'INFORMATIQUE ET DES NOUVELLES

TECHNOLOGIES, DONT ELLE EST UN ACTEUR RECONNU.

LE GUIDE DES EXPERTS L'A DISTINGUÉE « WORLD LEADING WOMEN IN BUSINESS LAW » EN

2012 ET «BEST OF THE BEST» EN DROIT DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION EN 2011.

SON CABINET FERAL-SCHUHL / SAINTE-MARIE, COFONDÉ AVEC BRUNO GRÉGOIRE SAINTE MARIE EN 1988, EST

CLASSÉ PARMI LES PLUS RÉPUTÉS DANS SON DOMAINE D'ACTIVITÉ DEPUIS DE NOMBREUSES ANNÉES.

Voulez-vous, ne serait-ce qu’un moment, vous évader des contraintes de notre quotidien ? Au cœur de Paris, le petit Musée du barreau vous invite à oublier l’instant présent pour le plaisir de renouer avec le long défilé des siècles. Et nul besoin d’être juriste pour éprouver de l’agrément dans le dialogue qui s’engage avec nos ancêtres. Souhaitez-vous juger par vous-mêmes ? Voici quelques pièces à conviction.

Au premier regard, « L’Habit de procureur » a de quoi surprendre. Cet homme de robe, contemporain de la comédie « Les Plaideurs » de Racine, n’est pas un magistrat du parquet, mais l’ancêtre de l’avoué, celui qui, conformément à l’étymologie, a reçu procuration. Voilà pourquoi l’artiste s’est plu à le représenter revêtu de tous les actes de procédure possibles et imaginables. La complexité de la Justice et le vocabulaire juridique sont ici

FERle journal des avocats

tournés en dérision. Rien de nouveau sous le soleil, pourrait-on dire… Notre homme présente cependant une particularité amusante digne d’être notée : il porte, cousus à même la robe, des sacs gonflés de documents. Jusqu’au début du XIXe siècle, il était en effet d’usage de conserver l’ensemble des pièces relatives à une affaire dans un sac de chanvre. Le sac à procès fut ensuite supplanté par nos chemises à dossier, menacées elles-mêmes aujourd’hui par la dématérialisation des procédures. Mais qui de nous n’a jamais parlé de « vider son sac » ou affirmé que « l’affaire est dans le sac » ? Ces expressions de notre langage courant sont le reflet d’un usage aujourd’hui disparu, mais qui a connu son heure de gloire : à Paris, la chapelle Saint-Yves (patron des avocats) était connue pour avoir une charpente décorée par les sacs de procédure que les plaideurs heureux venaient suspendre en guise d’ex-voto… Notre procureur couvert de sacs ressemble à s’y méprendre au Perrin Dandin de Racine, magistrat frappé pour ainsi dire de monomanie judiciaire !

Cette satire illustrée des juristes du siècle de Louis XIV apparaît cependant bien modérée en comparaison des caricatures féroces qu’a faites Honoré Daumier des gens de justice au XIXe siècle. Le grand artiste s’est amusé à modeler en petites figurines les juristes et les hommes politiques de son temps, qu’il achevait de massacrer ensuite dans ses lithographies. Les notables de la France de Louis-Philippe sont aujourd’hui des inconnus, mais leurs caricatures sont célèbres dans le monde entier. Les connaisseurs de l’histoire politique et judiciaire sont intarissables sur André-Marie-Jean-Jacques Dupin (1783-1865), qui fut avocat et Bâtonnier avant de devenir Procureur général près la Cour de cassation, président de la Chambre des députés, sénateur et membre de l’Académie française. Cette belle et longue carrière, qui vit Dupin s’adapter avec un indéniable savoir-faire à tous les régimes successifs – Monarchie, République et Empire – a souvent suscité l’ironie de ses contemporains. Non content de transformer son modèle en une sorte de singe, Daumier l’a doté d’armes parlantes d’une rare férocité : une girouette orne sa toque de magistrat. Un « plaidoyer pour » et un « plaidoyer contre » soulignent encore l’esprit très « mobile » de l’intéressé. L’énorme sac d’argent qui lui tient lieu de blason laisse entendre que notre homme n’est pas insensible aux richesses. Cela ne l’empêche pas d’être économe à certains égards, comme l’attestent d’énormes souliers ferrés, aussi

célèbres en leur temps que celui qui les portait. Tous les juristes tentés par la politique doivent redouter d’être un jour victimes de la griffe d’un grand artiste ; ils auront du moins la consolation de peut-être ainsi demeurer dans l’Histoire…

L’humour est en effet un remède d’une redoutable efficacité contre l’indifférence ou l’oubli. Sait-on que la célèbre affaire Dreyfus a tout suscité, jusqu’à… un jeu de l’oie ? En 1898, le journal « L’Aurore » présente aux amateurs un jeu composé des 63 cases réglementaires, avec cette particularité que les oies traditionnelles ont été remplacées par des vérités. Celles-ci sont figurées, conformément aux conventions artistiques, sous les traits de jeunes femmes nues (la Vérité n’a rien à cacher !). Chaque fois que le joueur tombe sur une vérité, il doit rejouer. En revanche, le ministère de la Guerre, les bureaux de l’Etat-Major, les prisons militaires et les faux documents fabriqués pour compromettre Dreyfus constituent autant d’obstacles pour celui qui rêve de parvenir à la Vérité suprême, qui sort du puits où le mensonge avait tenté de la faire

FERle journal des avocats

Caricature d'André-Marie-Jean-Jacques Dupin, par H. Daumier

disparaître. Dans les quatre coins du jeu, le ton est donné : l’Etat-Major joue aux lois comme avec des dés, les officiers avancent masqués, mettent leur képi dans les plateaux de la balance de la Justice, brisent les tables des droits de l’Homme… de case en case, tous les acteurs de l’Affaire apparaissent sous leur vrais noms (pour les partisans de Dreyfus) ou sous des pseudonymes (pour ses adversaires). Au plus fort du combat pour la Vérité, alors même que Zola est condamné pour avoir prétendument diffamé l’armée, les dreyfusards témoignent d’un remarquable sens de l’humour qui constitue en même temps une arme d’une grande efficacité pour faire connaître et partager leurs convictions.

Pour autant, l’humour n’est pas toujours au service des bonnes causes. Si nous sourions aujourd’hui devant les cartes postales satiriques de la Belle Epoque contre les femmes avocats, ce n’est pas nécessairement avec le même esprit que celui qui animait nos ancêtres. Une série de quinze cartes postales a été largement diffusée en France au début du XXe siècle. On y voit une avocate de fantaisie tenir des propos plus ou moins inspirés au cours de sa plaidoirie. Mais la voici qui s’interrompt : son bébé pleure ; il réclame ! Et l’avocate suspend l’audience pour allaiter son bébé… On croit deviner la morale implicite de ce feuilleton en quinze épisodes : la femme doit être mère, mais ne saurait prétendre être en plus avocate : sa place est au foyer familial et elle ne peut mélanger les genres en prétendant exercer un office qui a toujours été

viril ! Cet humour très « masculin » était en fait un combat d’arrière-garde, après la victoire historique remportée par les femmes françaises en décembre 1900 : c’est alors que, sur l’initiative de Jeanne Chauvin, une loi accorde aux femmes le droit d’exercer la profession d’avocat en France. Depuis, leur nombre au barreau n’a cessé de croître, au point qu’elles sont aujourd’hui majoritaires ; et elles conjuguent fort bien leur situation professionnelle et familiale !

Quatre documents, quatre plongées dans le temps : tour à tour, ont été dénoncés ou rappelés les travers du juriste, les relations ambigües qu’il peut entretenir avec le pouvoir politique, l’erreur judiciaire qu’il doit combattre au besoin devant l’opinion, les préjugés misogynes dont il n’est pas toujours dépourvu… De l’histoire ancienne ? Peut-être bien… mais il n’est pas toujours inutile d’interroger le passé, avant de repartir affronter notre monde contemporain, riche des impressions et des souvenirs accumulés, avec en outre le sourire aux lèvres. L’Histoire n’est jamais ennuyeuse pour qui prend la peine de l’interroger, car, à bien des égards, c’est d’abord de nous-mêmes qu’elle nous parle.

Christiane FÉRAL-SCHUHL

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Un bon témoin

Bernard Hanotiau est associé fondateur du cabinet Hanotiau & van den Berg, un cabinet de réputation mondiale dans l’arbitrage international.

En voyage constamment aux quatre coins de la planète, il est indispensable qu’il dispose de moyens fiables pour rester en contact avec ses associés, collaborateurs et secrétaire. Il compte pour ce faire sur différents moyens technologiques, notamment les différents instruments de dictée distribués par Dictée Center.

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Pour beaucoup d’avocats, la dictée reste le moyen le plus rapide et le plus efficace de rédaction. Une fois réalisé l’apprentissage de cette méthode, les propos s’organisent dans la tête comme les multiples pièces d’un puzzle. Il devient possible de rédiger selon un plan préétabli des memoranda, voire des mémoires, s’étalant sur des dizaines de pages. Après sténographie, plusieurs relectures permettront d’affiner la rédaction. Il reste que le temps gagné par la dictée est considérable. Outre le fait que par la vitesse d’exécution, l’auteur perd rarement le fil de ses idées.

Me Hanotiau a, depuis le début de sa carrière, fait confiance à Dictée Center. Par le recours au dictaphone traditionnel, avec cassette, fixe dans le bureau ou portable. Cet instrument reste d’actualité, ne serait-ce qu’à titre de dépannage.

Depuis quelques années, le dictaphone classique a cédé sa place au dictaphone numérique. Ce nouvel instrument de dictées offre de très nombreux avantages. Ainsi qu’en atteste Maître Hanotiau, où qu’il soit dans le monde, il peut communiquer avec son secrétariat, dès l’instant où il dispose d’un ordinateur et d’une connexion internet. Il lui arrive fréquemment d’être à Singapour où son cabinet dispose d’un bureau secondaire. Avec le décalage horaire, lorsqu’il communique une dictée à sa secrétaire en soirée, il dispose de la transcription le matin, dès le réveil.

Le dictaphone numérique est très fiable – fonctionnant sur piles ou sur réseau. Le son est clair et net, l’on peut scinder la dictée en autant de sous-dictées que l’on souhaite et le maniement est un jeu d’enfant. Une fois la dictée terminée, le dictaphone est branché à l’ordinateur portable et quelques manipulations simples suffisent pour envoyer la dictée par la voie informatique à son destinataire, qui la reçoit quelques minutes plus tard. La réception par le secrétariat se fait comme une dictée sur cassette.

L’instrument est tellement pratique et efficace que Maître Hanotiau avoue ne plus pouvoir s’en passer lors de ses déplacements : que ce soit pour dicter une allocution, des correspondances, un compte rendu de réunion, les conclusions d’une délibération ou ses premières impressions, jour après jour, au cours d’une audience arbitrale.

Maître Hanotiau a également découvert récemment une troisième méthode de dictée, le dictaphone Phillips sur Iphone. Son placement est rapide et il est peu coûteux. Où que vous soyez, chez vous, dans votre salle-de-bain, à la campagne, en réunion ou dans votre bureau, vous pouvez, en une fraction de seconde, activer le système de dictée, dicter un rappel, un courrier ou un mémorandum. Ici également, une fois la dictée terminée, un simple appui sur une touche l’envoie directement à votre secrétariat qui la reçoit instantanément. La formule n’est pas nécessairement destinée à de longues dictées mais elle est efficace pour de petits rappels, de petits courriers ou de petits mémos. On n’a pas toujours sur soi un dictaphone numérique ou classique mais en principe, on ne se sépare jamais de son téléphone portable. Quelques manipulations faciles vous permettent, dès que vous y pensez, de dicter à votre secrétaire un rendez-vous, un rappel ou un courrier qui pourrait autrement être oublié rapidement.

Maître Hanotiau estime que ces différents instruments de dictée lui ont grandement facilité la vie tout au long de sa carrière. Le dictaphone numérique et la dictée sur Iphone ont complété cela à la perfection. Mais peut-être n’est-on pas encore au bout de toutes les découvertes. L’on peut se demander quelle sera l’étape suivante. À ce stade, elle ne parait pas nécessaire. Les instruments de dictée dont nous disposons comblent parfaitement tous nos besoins.

Témoignage rédactionnel pour Dictée Center

Bernard HANOTIAU

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Entre l’Auvergne et la Bourgogne le département de l'Allier qui se confond pratiquement avec le Bourbonnais est, avec ses collines, ses rivières et ses quelque 500 châteaux en ruine ou restaurés, propice à la randonnée, à la flânerie et à la découverte.

Parmi ces châteaux, celui des Fougis à Thionne à quelque 330 km au sud de Paris, offre le spectacle inattendu d’un parc de sculptures monumentales, œuvres de l’artiste allemand Erich Engelbrecht, au pied d’un élégant édifice renaissance de briques rouges et noires remontant au XVIe siècle.

Les FougisPar Alain Jacobs -von Arnaud

Le Forgeron2002, acier brut oxydé

10 m de haut

JACle journal des avocats

Singulier personnage que cet Engelbrecht, né en 1928 en Westphalie et décédé en 2011. Fils d’enseignants, enfant-soldat embrigadé à l’âge de 14 ans dans l’armée allemande dont il déserta dans les derniers jours de la guerre, il fit des études d’ingénieur à l’Université technique de Hanovre, suivit des cours d’économie politique avant de poursuivre des études de philosophe et d’histoire de l’art à l’université de Munich. À l’âge de 32 ans il délaisse cependant son métier d’ingénieur et entame sa carrière d’artiste. Peintre, sculpteur, architecte, créateur de tapisseries, graveur, poète, il connaît dans la plupart de ces différentes disciplines un succès d’estime. Un coup de cœur le mène à la fin du XXe siècle aux Fougis, vaste propriété de 135 hectares de champs, de bois, d’étangs où il s’établit avec sa famille et dispose 27 sculptures monumentales de sa conception.

"Le Sondeur". Acier, 2008 "Chevalier au Canard". Acier, 2010

Figures allégoriques plus ou moins anthropomorphes ou zoomorphes qui laissent libre cours à la fantaisie du spectateur. Découpées à l’aide de chalumeaux à plasma dans une « tôle » de quelque 30 cm d’épaisseur utilisée dans la construction des coques de navire, elles sont pour la plupart à deux dimensions, si l’on omet l’épaisseur. Mais quelles dimensions ! Jusqu’à 12 m de haut - 130 tonnes d’acier pour la plus massive -, transportées sur camions, du laminoir allemand aux rives de la discrète Besbre, par un itinéraire méticuleusement choisi en fonction de la hauteur des ponts surplombant routes et autoroutes empruntées. Sur place, leurs étranges silhouettes se profilent sur un paysage champêtre changeant au fil des heures et des saisons. La matière y alterne avec le vide. Les unes sont curieusement bariolées de couleurs vives, les autres sont monochromes.

"Caduc". Acier, 2003

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Elles évoquent essentiellement, dans l’esprit de leur créateur la mythologie nordique ou l’univers des contes de fée, mais il faut être initié car l’évocation alterne avec l’abstraction, et n’est pas immédiatement significative pour le spectateur. Peu importe d’ailleurs ! Ces créations germaniques géantes et fabuleuses, inattendues dans la campagne française, surprennent, intriguent, fascinent. Et, avec un peu de chance on verra au pied de ces monuments insolites, comme pour les mettre en valeur, des paons faisant orgueilleusement la roue, une harde de chevreuils curieux ou une classe d’enfants gambadant avec insouciance. On jugera d’autant mieux de la taille des sculptures.

Mundalin". Acier, 2006

• Le parc se visite du 1er avril au 30 octobre, de 10 à 19 heures le vendredi, samedi et dimanche.• Images accessibles sur www.engelbrecht.fr

ALAIN JACOBS - VON ARNAUD EST AVOCAT AU BARREAU DE BRUXELLES

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Von der Faszination der grenzüberschreitenden ZusammenarbeitVon / Par Karl-Heinz LAMBERTZ

La fascination de la collaboration

transfrontalière

LAMle journal des avocats

DER GELERNTE JURIST KARL-HEINZ LAMBERTZ IST SEIT 1990 MINISTER UND SEIT 1999 MINISTERPRÄSIDENT DER

DEUTSCHSPRACHIGEN GEMEINSCHAFT BELGIENS. FÜR DEN KLEINSTEN BELGISCHEN TEILSTAAT SPIELTE UND

SPIELT DIE GRENZÜBERSCHREITENDE ZUSAMMENARBEIT SOWOHL AUF BILATERALER EBENE ALS AUCH IM RAHMEN

DER EUREGIO MAAS-RHEIN UND DER GROSSREGION EINE FUNDAMENTALE ROLLE.

VOR DIESEM HINTERGRUND VERWUNDERT ES NICHT, DASS DIE THEMEN DER (GRENZ)REGIONEN UND DER

GRENZÜBERSCHREITENDEN KOOPERATION DIE ZENTRALEN TRIEBFEDERN FÜR DAS EUROPÄISCHE ENGAGEMENT

DES MINISTERPRÄSIDENTEN DARSTELLEN. SEIT 1999 IST ER MITGLIED IM AUSSCHUSS DER REGIONEN (ADR) UND

SEIT 2011 VORSITZENDER DER DORTIGEN SPE-FRAKTION. SEIT 2000 IST KARL-HEINZ LAMBERTZ ZUDEM MITGLIED

DES KONGRESSES DER GEMEINDEN UND REGIONEN BEIM EUROPARAT (KGRE) UND SEIT 2010 PRÄSIDENT DER

ARBEITSGEMEINSCHAFT EUROPÄISCHER GRENZREGIONEN (AGEG).

Juriste de formation, Karl-Heinz Lambertz est depuis 1990 Ministre de la Communauté germanophone

de Belgique et Ministre-Président depuis 1999. La coopération transfrontalière a toujours joué un

rôle fondamental pour la plus petite entité fédérée belge tant pour les contacts bilatéraux que pour la

collaboration au sein de l’Euregio Meuse-Rhin et de la Grande Région.

Il ne surprend dès lors guère que les régions (frontalières) et la collaboration transfrontalière constituent

le centre d’intérêt de l’engagement européen du Ministre-Président. Depuis 1999, Karl-Heinz Lambertz

est membre du Comité des Régions (CdR) où depuis 2011 il assume la fonction de Président du Groupe

PES. Depuis 2000, il est par ailleurs membre du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux au Conseil

de l’Europe (CPLRE) et depuis 2010 Président de l’Association des régions frontalières européennes

(ARFE).

>> L'Our est le "ruisseau frontière" (Grenzflüsschen) qui se trouve à la borne des trois frontières entre la Belgique (sud de la CG), l'Allemagne et le Luxembourg. Photo Willi Filz.

Wer sich auf das Terrain der grenzüberschreitenden Zusammenarbeit begibt, muss wissen, dass er einen langen Atem und viel Durchhaltevermögen braucht. Wir begegnen dem Phänomen „Grenze“ immer und überall. Grenzen sind in unserem Alltag allgegenwärtig. So erleben wir als kleines Kind zuerst unser eigenes Ich als eine Abgrenzung von der Mutter. Alle Identitäten der Welt haben immer etwas damit zu tun, dass sich der Eine vom Anderen abgrenzt. In allen Disziplinen spielen Grenzen eine Rolle: in der Mathematik, in der Physik, in der Geographie und natürlich auch in der Juristerei.

Bei Grenzen kommen immer drei Dinge zum Zuge. Zu allererst muss man Grenzen erkennen. Nachdem man diese Erkenntnis gewonnen hat, sollte man die Grenzen anerkennen. Wer das ablehnt, wird größte Schwierigkeiten erleben. Zu guter Letzt ist es wichtig, Grenzen zu überwinden. Darin besteht die eigentliche Herausforderung.

Die grenzüberschreitende Zusammenarbeit ist mitunter zwar sehr anstrengend, aber sie kann auch Begeisterung hervorrufen. Der Erfolg hängt von drei Voraussetzungen ab. An erster Stelle steht das „Dürfen“. In unseren Breitengraden stellt das kein allzu großes Problem mehr dar. Anderswo lässt sich das auch heute noch ohne Geheimdiplomatie kaum meistern. An zweiter Stelle steht das „Wollen“. Dabei muss man durchhalten können, wenn es mal nicht so einfach läuft. An dritter Stelle steht schließlich noch das „Können“. Wie bei vielen anderen Dingen genügt es nicht, zu dürfen und zu wollen. Zum Können braucht man „interkulturelle Kommunikationskompetenz“. Diese beinhaltet bedeutend mehr als einen Fremdsprachenkurs oder eine Fettnäpfchenlehre für Fortgeschrittene. Man muss sich darüber hinaus in den kulturellen und gesellschaftlichen Hintergrund des Partners hineinversetzen. Das erweist sich oft als eine sehr schwierige, aber immer als eine lohnende Aufgabe.

Karl-Heinz LAMBERTZ

Vue typique de la région (au delà des frontières belge, allemande, luxembourgeoise et hollandaise). Photo Willi Filz

Toute personne qui souhaite s’engager sur les sentiers de la collaboration transfrontalière doit être consciente qu’il lui faudra de la persévérance et de l’endurance. Nous sommes toujours et partout confrontés au phénomène des frontières. Elles sont omniprésentes et marquent notre quotidien. Ainsi, un enfant commence à développer sa propre identité en se démarquant de sa mère. Toute identité nait en effet de l’établissement d’une frontière qui est à l’origine d’un processus où l’on se distancie de « l’autre ». Les frontières jouent un rôle important au sein de toutes sortes de disciplines : au sein de la mathématique, la physique, la géographie et bien sûr également dans le domaine de la justice.

Trois préceptes imprègnent la contextualisation des frontières: Tout d’abord, il convient de les identifier. Ceci étant acquis, il s’agit de les reconnaitre afin d’éviter de sérieux problèmes. Pour terminer, il convient de les dépasser. C’est bien à ce niveau que réside le véritable défi.

La collaboration transfrontalière peut parfois être très éprouvante, mais elle peut tout aussi bien susciter de grands enthousiasmes. Le succès d’une telle entreprise dépend de trois conditions préalables. Tout d’abord faut-il « avoir le droit de collaborer » ce qui à notre époque ne pose généralement plus de trop grands problèmes au sein de nos territoires. Mais il y a d’autres régions au monde où la collaboration transfrontalière est presque impossible sans que l’on ait recours à la diplomatie secrète. Ensuite, il faut « avoir la volonté de collaborer ». À ce stade, il faut faire preuve de persévérance dans les situations où cela ne fonctionne pas facilement. Et pour finir, il faut « avoir la capacité de collaborer ». Tout comme pour beaucoup d’autres domaines, il ne suffit pas d’avoir le droit et la volonté de collaborer au delà des frontières. Pour mener la collaboration à bien, il faut également faire preuve de compétences de communication interculturelle. Cette dernière est bien plus qu’un cours avancé de la langue du voisin ou des maladresses à éviter au cours de la collaboration. Il faut plutôt pouvoir entrer dans la peau de son interlocuteur et comprendre le contexte culturel et social dans lequel il agit. Ceci constitue souvent un défi très difficile, mais qui vaut toujours la peine d’être relever.

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Le siège du Minsitre-Président à Eupen qui est en même temps le siège de l'Euregio Meuse-Rhin (l'aile droite du batiment).Photo: Toni Wimmer, Heinz Winters und Morgan Leidgens.

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Venez découvrir la Communauté germanophone de Belgique !

LA COMMUNAUTE GERMANOPHONE (DG) – LE PETIT PLUS DE LA BELGIQUE ?

La Communauté germanophone (Deutschsprachige Gemeinschaft, DG) compte à peine 77.000

habitants – c’est moins d’un pour cent de la population belge. Pourtant, cette petite entité

fédérée belge a beaucoup de choses à offrir.

DÉCOUVREZ LA « DG »

LA « DG » AUJOURD’HUIIl va de soi que les Belges germanophones se considèrent comme des citoyens de la Belgique. Que ce soit au niveau politique, professionnel ou privé – à cause de sa situation géographique, la Communauté germanophone fait activement partie de la coopération transfrontalière Euregio Meuse-Rhin et de la Grande Région Sarre-Lor-Lux. Ainsi, elle occupe une place de choix et joue un rôle intermédiaire clé, surtout vers les régions germanophones en Europe.

ECONOMIELes limites de la région germanophone correspondent partout à des frontières : des frontières nationales et linguistiques. Ce qui était auparavant un inconvénient s’est transformé en un atout économique! Les entreprises apprécient la situation géographique centrale de la région ainsi que ses habitants qui sont multilingues et dynamiques.

LANGUEL’allemand est une des trois langues officielles de la Belgique. Un atout car: l’allemand est une langue importante d’un point de vue économique et culturel. Elle est la langue maternelle la plus parlée en Europe. L’allemand est la première langue étrangère des nouveaux Etats membres de l’Union Européenne. Dans les secteurs de la recherche ou du tourisme, elle est la langue la plus importante après l’anglais.

TOURISMEMais la Communauté germanophone est aussi une région par excellence pour se ressourcer et passer quelques jours de vacances. Pendant toute l’année, les sentiers de promenade et les pistes cyclables séduisent. En hiver, ce sont les pistes de ski qui attirent les touristes. Presque aucune autre région belge ne comprend autant de réserves naturelles.

le journal des avocats

Des étoiles sur terre

Non, je ne vous parlerai des vedettes du cinéma ou de la télévision. Je m’attacherai aux monuments qui, sur terre, forment la projection de constellations. LA GRANDE OURSE

La cathédrale Saint-Lazare d’Autun partage avec Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay et cinq autres édifices religieux, à Quarré, Saulieu, Arnay-le-Duc, Beaune et Chalon-sur-Saône, la particularité de former entre eux la projection sur terre de la Grande Ourse. Ces édifices sont implantés sur d’anciens lieux celtiques. Le développement du christianisme était plus facile si l’on gardait, en les transformant, les anciens lieux de culte. (fig. 1)

Cette Grande Ourse au sud de la Bourgogne n’est pas unique. Sept basiliques d’Auvergne sont reliées de même façon : Meymac, La Bourboule, Saint-Nectaire, Issoire, Ambert, La Chaise-Dieu, Brioude. (ibid.)

La même constellation se retrouve dans la disposition de sept abbayes bénédictines de Normandie : Fécamp, Trois-Pierres, La Trinité-du-Mont, Saint-Wandrille, Saint-Mellier, Jumièges, Saint-Martin, établies sur l’emplacement d’anciens

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fig. 1

Par Gérard LEROY

dolmens par saint Colomban, le continuateur de la tradition druidique. On pourrait penser que la question n’est pas de savoir pourquoi des abbayes à ces endroits, puisqu’il s’agissait de christianiser d’anciens lieux de culte, mais plutôt pourquoi ces dolmens formaient la Grande Ourse. Mais, n’y aurait-il pas une intention émanée des bénédictins eux-mêmes ? Nombre de leurs églises sont orientées, non pas vers le soleil levant du jour où l’on fête le saint auquel elles sont dédiées, comme de nombreux édifices du Moyen âge (cf. JdA n°8, pp. LER), mais vers l’étoile polaire, que l’on atteint en prenant cinq fois la distance des deux dernières étoiles de la Grande Ourse.

LA CONSTELLATION D’HERCULE

Si, vu du ciel, nous projetons sur le Nord de la France, avec extension jusqu'à Cologne et au Sud de l'Angleterre, la constellation de Thésée, plus tard appelée Hercule, et la Couronne boréale, les étoiles indiquent les villes dont un édifice religieux abrite, ou abritait, un labyrinthe. (fig. 2). C'est notamment le cas à Chartres, Amiens, Bayeux, Saint-Omer, (fig. 3)Canterbury…

Pourquoi ce dessin de l’ancienne constellation de Thésée, formée par des édifices religieux ? Nous l’ignorons mais devons bien reconnaître que le symbole repris dans nos cathédrales, et peut-être christianisé, n’a pas une origine chrétienne indépendante mais remonte à l’antiquité grecque puisqu’on le retrouve sur des monnaies crétoises. (fig. 4)

Il est intéressant de constater que l’ancien labyrinthe de Cologne était carré, tout comme le sont ceux de Saint-Omer, de Maëstricht ou celui qui orne la

chapelle de l’hôtel de ville à Gand. Plus au Sud, comme à Arras, Amiens, Reims ou Sélestat, ils sont octogonaux. Encore plus bas, à Chartres, Bayeux, Auxerre, Sens et jusqu’en Italie, c’étaient ou ce sont des cercles. Le carré représente la matérialité, l’univers créé. Le rond indique le ciel, l’univers divin.

L’octogone, intermédiaire entre le carré et le rond, sera le passage entre la terre et le ciel, entre l’univers matériel et la spiritualité. Cette évolution dans la forme des labyrinthes serait-elle l’indication que le pèlerin se sanctifie en marchant à la rencontre de Pierre à Rome, Jacques à Compostelle ou Jean à Jérusalem ?

LA CONSTELLATION DE LA VIERGE

Dans « Les mystères de la cathédrale de Chartres », Louis Charpentier développe la thèse suivant laquelle les cathédrales Notre-Dame bâties dans le Nord de la France aux 12e et 13e siècles dessinent sur le sol la constellation de la Vierge. Si on place alpha et gamma à Reims et Chartres, on constate qu’effectivement Evreux, Bayeux, Amiens et Senlis ne sont pas éloignées de delta, epsilon, dzêta et thêta. Il faut alors faire l’impasse sur Notre-Dame de Paris, Laon et Rouen et constater un vide en êta et bêta. J’aurais tendance à imaginer un travail inachevé. (fig. 5)

Plus réussie semble la disposition des abbayes cisterciennes. En 1075, Robert, dit de Molesmes, fonde l’abbaye bénédictine de Molesmes dont l’église est orientée au Nord, vers l’étoile polaire, comme nombre d’églises bénédictines. Il souhaitait réformer l’ordre bénédictin dont la discipline s’était relâchée.

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fig. 3

fig. 4

fig. 2

fig. 5

Preuilly1115-1118

Clairvaux1115

Pontigny1114

La Ferté1113

Morimond 1115

Citeaux1098

Fonteney1118

Molesmes1075

Trois-Fontaines1118

En 1098, Robert et quelques compagnons fondent l’abbaye de Citeaux. En vingt ans, sous son impulsion et celle de ses successeurs, notamment Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, qui enverra Bernard Fontaine fonder Clervaux, les huit premières abbayes cisterciennes vont former entre elles la constellation de la Vierge. (fig. 6)

Nous avons découvert le comment. Qu’en est-il du pourquoi ? On peut imaginer que les moines bénédictins, successeurs des moines irlandais de saint Colomban, aient voulu garder une tradition celte, mais pourquoi ? On conçoit très bien que les labyrinthes de nos cathédrales aient pour origine l’antiquité grecque, mais pourquoi cette référence à la constellation d’Hercule ? La constellation de la Vierge n’a apparemment pas d’antécédent mythologique. On est d’autant plus étonné que les cisterciens aient créé ex nihilo un tel rapport entre leurs constructions et le ciel. Oserais-je parler de pratique magique ? Gérard LEROY

AVOCAT AU BARREAU DE BRUXELLES DEPUIS 1965.

IL A RÉCEMMENT PRIS SA PENSION TOUT EN TERMINANT LES DOSSIERS EN COURS. CELA LUI PERMET DE SE

CONSACRER DAVANTAGE À SON HOBBY, ÉTANT DES CONFÉRENCES AVEC DIAPOSITIVES SUR DES SUJETS HISTORIQUES

OU ARTISTIQUES.

IL A NOTAMMENT PRÉSENTÉ:

« QUI A COMMANDÉ LE RETABLE DE GAND, JOSSE VIJD OU GUILLAUME IV DE HAINAUT? »

« NOSTRADAMUS, CRITIQUE DE QUELQUES INTERPRÉTATIONS »

« L’AIGLON, TROP DÉSIRÉ ET TROP GÊNANT »

« LES FEMMES DANS LA RELIGION. MATRIARCAT, PUIS PATRIARCAT … ET MAINTENANT DANS L’EGLISE CATHOLIQUE? »

« MYTHOLOGIES GRECQUE ET ROMAINE AMUSANTES. DES DIEUX ET DES DÉESSES TRÈS HUMAINS »

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Vous trouverez facilement la constellation d'Hercule. En prolongeant la queue de la Grande Ourse, vous trouverez l'étoile Arcturus du Bouvier, puis plus haut la Couronne et enfin Hercule. L'amas globulaire M13 est visible à l'oeil nu sous un bon ciel et a l'aspect d'une petite boule de coton quant on le regarde aux jumelles.

Avec Régulus du Lion et Arcturus du Bouvier, Spica (l'Epi) de la Vierge forme un triangle dit "de printemps". L'Epi porte encore un nom arabe, Azimech, qui signifie "patte arrière du Lion". À plus de 250 années-lumière, elle est encore très brillante. En fait, elle est 2300 fois plus brillante que le Soleil.

Qui n’a jamais entendu parler de la Grande Ourse ? Qui ne s’est jamais posé la question de la signification de ces figures, qu’on appelle « constellations » ? Il n’y en a qu’une explication : ces figures sont le fruit du hasard, de notre position dans l’espace, de notre vision du ciel en deux dimensions et surtout de notre imagination fertile… On retrouve l’origine des constellations peu de temps après l’apparition de l’écriture, puisque des symboles cunéiformes représentant les constellations du Lion, du Taureau et du Scorpion ont été décelés sur des textes et des objets de civilisations aujourd’hui disparues, situées dans la vallée de l’Euphrate, il y a plus de 5 000 ans…

La chute d’un empirePar Jacques MALHERBE

Une théorie, esquissée déjà par Toynbee, veut que les empires qui se sont succédé dans une position dominante voient leur centre de gravité se déplacer d’est en ouest. Elle a été le plus récemment évoquée à l’occasion du remplacement de l’empire européen par l’empire américain, celui-ci semblant céder le pas à l’heure actuelle à un empire asiatique.

Si l’on analyse historiquement les mécanismes qui conduisent un empire vers sa chute, le meilleur exemple à choisir est sans doute celui de l’empire romain d’Orient ou, selon la terminologie occidentale, empire byzantin. Il s’agit en effet d’un monde disparu mais suffisamment proche de nous pour que nous puissions le comprendre, voire tirer des leçons de son évolution qui ne paraît inéluctable qu’a posteriori.

Gibbon et Voltaire ont méprisé cet empire, bien qu’il ait sauvegardé pendant mille ans une civilisation et un modèle hérités de l’empire romain. Jean d’Ormesson, lorsqu’il a voulu évoquer la naissance, l’apogée et la chute d’un empire, a choisi de décrire un monde fictif, inspiré de divers exemples historiques. Point n’est besoin d’imaginer quand la réalité du passé s’offre à nous. Constantinople, édifiée par Constantin Ier en six ans, de 324 à 330, est la Ville, appelée à remplacer Rome. Enceinte par les énormes murailles construites par Théodose II au Ve siècle, elle est celle qui ne se rend pas. Constantinople résistera à tous les sièges. Il faudra que la guerre civile attire sous ses murs la flotte de la quatrième croisade pour que les Latins, en 1204, s’emparent de la ville et établissent sur une partie de l’empire leur éphémère domination.

L’empire, né de la décision de Théodose attribuant l’Orient à son fils aîné Arcadius et l’Occident à son cadet Honorius, dut défendre pendant mille ans ses frontières sans fin, au-delà desquelles le monde entier changeait, tandis que « l’autocrator »

des Romains lui proposait, immuables, l’empire universel et la foi chrétienne. Héraclius Ier fut victorieux des Perses sassanides. Ses successeurs repousseront à trois reprises les Arabes. La Bulgarie perdue fut reconquise par Basile II, qui gagnera le surnom de Bulgaroctone. Sous la dynastie macédonienne, l’empire s’étend de nouveau de l’Adriatique à l’Euphrate, du Danube à l’Arménie.

Les nouveaux périls viendront de l’Est et de l’Ouest. Les Turcs seldjoucides écraseront deux fois l’armée impériale, à Mantzikert en 1071 sous Romain IV Diogène et à Myrioképhalon en 1176 sous Manuel Ier. Ils créeront en Asie mineure le Sultanat de Roum, d’après le nom des « Romains ». Les populations turques et les populations grecques coexisteront, préparant un avenir qui n’était toutefois pas scellé.

A l’Ouest, Alexis Ier Comnène repoussa les normands de Robert Guiscard avec l’aide de Venise, au prix de traités accordant aux commerces vénitiens des privilèges qui allaient ruiner le fisc byzantin. Byzance dut alors faire face aux croisades, avec une diplomatie méfiante, à juste titre. La quatrième croisade, détournée vers Constantinople malgré les protestations du Pape Innocent III, profita d’une lutte dynastique, conquit et pilla la ville puis divisa l’empire entre Constantinople, attribuée à Baudouin de Flandre, Venise et divers seigneurs latins.

L’empire était blessé mais pas abattu : en Epire, Michel-Ange fonda un despotat et, à Nicée, Théodose Ier Lascaris se fit couronner empereur. À Trébizonde, au bord de la mer Noire, deux princes Comnène fondèrent un petit empire oriental avec l’aide de la Géorgie voisine. Le plus brillant des généraux de l’empire de Nicée, Michel Paléologue, s’empara du trône et fonda la dernière dynastie de l’empire d’Orient. Constantinople fut reprise par hasard, quelques mois après, par l’un de ses

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« En souvenir du professeur Justin Mossay »

généraux. Tandis que l’empereur latin Baudouin II de Courtenay s’enfuyait, Michel VIII conduisait la diplomatie subtile et corruptrice qui avait toujours été celle de l’empire.

Deux guerres civiles devaient ensuite déchirer l’empire d’Orient. La première opposa Andronic II, successeur de Michel VIII, à son petit-fils Andronic III (1321-1328). Le général et ami d’Andronic III, Jean Cantacuzène, poursuivit la lutte contre les Turcs, tandis que les villes d’Asie mineure tombaient une à une. Brimé par l’impératrice Anne de Savoie, régente pendant la minorité de son fils, Jean V, il se fit proclamer empereur en Thrace, déclenchant une seconde guerre civile (1341-1355). Au cours de celle-ci, il s’allia aux Turcs osmanlis qui passèrent progressivement en Europe. Cantacuzène clôtura la guerre civile en se retirant dans un monastère.

Jean V et son fils, le futur Manuel II, étaient devenus les vassaux virtuels du Sultan turc Mourad Ier et de son fils Bajazet Ier. Suivant celui-ci en Asie mineure, il traversait avec mélancolie d’anciennes villes grecques et écrivit « nous avons détruit ces places et le temps a détruit leur nom ». Manuel II accéda à l’empire en 1391 à la mort de son père. Ici commence l’ultime évolution qui devait mener à la chute. Une croisade occidentale, suscitée par la Hongrie, à laquelle prit part Jean Sans Peur, futur duc de Bourgogne, traversa l’Europe pour se faire écraser à Nicopolis en 1396 par Bajazet. Manuel II, désespéré, entreprit alors un extraordinaire voyage qui devait le mener à Paris et à Londres, cherchant vainement des soutiens européens. Les riches heures du Duc de Berry représentent ce curieux visiteur, barbu et vêtu à l’orientale. C’est à Paris qu’il reçut la nouvelle qui devait prolonger la survie de l’empire de cinquante ans : les Mongols de Tamerlan avaient écrasé Bajazet à Ancyre en 1402. L’empire turc, divisé entre les fils du Sultan, s’effondrait. Manuel, comme l’écrit l’historien contemporain Ducas, se vit « transporter de la mer tempétueuse dans un port tranquille et calme ».

Manuel entretint les meilleurs rapports avec celui des fils de Bajazet qui sortit vainqueur de la guerre civile turque, Mahomet Ier. Un traité lui restitua Thessalonique et les territoires côtiers proches de Constantinople. Il reconstruisit l’Hexamilion, puissante muraille défendant le Péloponnèse contre une invasion qui viendrait du Nord. En 1421, Mahomet Ier mourut et le fils aîné de Manuel, le futur Jean VIII, commit l’erreur de vouloir soutenir un rival contre Mourad II, le nouveau sultan.

Entretemps, le futur Constantin XI, le frère de Jean VIII, gouverne la Morée, où le philosophe platonicien, Pléthon, rédige un étrange traité des lois, mélange de références antiques et de communisme moderne. Jean VIII se rendait compte que l’appui nécessaire à l’empire ne pouvait venir que de l’Occident. Il décida d’entreprendre lui-même, à la tête d’ecclésiastiques et de ministres laïcs, le voyage lui permettant de rejoindre le Pape Eugène IV au Concile de Ferrare. Le concile se déroula, dominé du côté grec par le théologien Bessarion, qui, gagné à la doctrine latine, devait plus tard devenir cardinal. Comment concilier les doctrines selon lesquelles le fils procédait du père ou, au contraire, le Saint-Esprit procédait du père et du fils ? « L’addition d’un mot vous paraît peu de choses » disaient les Grecs. L’accord fut atteint après le déplacement du concile à Florence. En comprenant les prépositions « ek » et « dia » de la même façon, le décret d’union commençait par les mots : « laetentur caeli et terra (que les cieux et la terre se réjouissent) ». Il repose toujours à la bibliothèque laurentienne de Florence. Revenant à Constantinople après une longue navigation, l’empereur et sa suite furent mal accueillis : « vous avez vendu notre foi comme Judas a vendu le Christ. Mais ce dernier a au moins rendu l’argent ». La dernière croisade destinée à soutenir Constantinople réunit en 1443 avec l’appui des Vénitiens, la Hongrie, la Pologne, la Valachie et la Bourgogne, sous la direction du Cardinal Césarini.

Les Hongrois violaient-ils un traité de paix signé avec le sultan Szeged ? Toujours est-il que, mal dirigée, l’armée croisée fut écrasée par Mourad II à Varna en 1444.

Jean VIII mourut en 1448. Constantin XI fut proclamé empereur à Mistra mais ne fut jamais couronné à Constantinople. Le jeune Mahomet II avait succédé à Mourad II, à la mort de celui-ci en 1451. En 1453, année 857 de l’Hégire, Mahomet II partit d’Andrinople, sa capitale, pour mettre le siège devant Constantinople. La ville, défendue par ses murailles, avait reçu l’appui de quelques vaisseaux étrangers, notamment vénitiens et génois, ancrés dans le port. Elle disposait de 7000 hommes en face de l’immense armée turque renforcée par des auxiliaires serbes. Le siège allait durer 55 jours. Le Pape envoya trois navires génois chargés de blé qui forcèrent le blocus. Mahomet, par une manœuvre

extraordinaire, fit transporter par voie de terre des vaisseaux turcs dans la Corne d’or, sous les murailles de la ville.

Le 27 mai 1455, l’empereur réunit pour la dernière fois son conseil, héritier du sénat romain. Le 29 mai, l’assaut fut déclenché et Constantin, après avoir exhorté ses commandants, monta avec Phrantzés sur la tour du Cordonnier à l’heure du chant du coq, écoutant l’énorme bruit qui montait du camp turc. Les Turcs découvrirent une porte par laquelle les Grecs tentaient des sorties et s’introduisirent dans la ville. L’empereur se dépouilla des insignes impériaux et se lança dans la mêlée. Ainsi mourut, écrit l’historien Critobule « un homme réfléchi et mesuré ... malheureux pendant toute sa vie et des plus malheureux dans sa fin ». Pendant ce temps, les galères étrangères s’échappaient une à une du port, embarquant les derniers réfugiés. Aeneas

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Sylvius Piccolomini, le futur Pie II, écrivit au Pape Nicolas V : « où chercherons-nous maintenant les œuvres de génie des philosophes et des poètes ? La fontaine des muses a été détruite. Votre Sainteté a fait ce qu’elle a pu mais la postérité attachera ce désastre à son nom ». Observant les vains efforts de préparation d’une nouvelle croisade au milieu des dissensions entre souverains européens, Aeneas écrivait : « la chrétienté n’a pas de tête à laquelle tous puissent obéir. Chaque ville a son propre maître. Il y a autant de princes que de maisons. Qui réunira les Génois et les Aragonais ? Qui rendra les Anglais chers aux Français ? Qui réconciliera les Allemands avec les Hongrois et les Bohémiens ? » Le mégadux Lucas Notaras qui, à la veille de la chute de la ville, avait dit « mieux vaut voir régner au milieu de la ville le turban des Turcs qu’une couronne latine », fut d’abord reçu aimablement par Mahomet II, puis

décapité avec sa famille. Bessarion constitua à Venise une bibliothèque représentant l’essentiel de la culture de sa patrie. Elle y est toujours.

Est-il utile de méditer ces épisodes à une époque où la guerre est devenue économique, où l’Europe divisée peine à trouver une doctrine commune et où, ironie suprême, le Prix Nobel de la paix vient d’être décerné à cette institution en péril ? L’avenir le dira. Concluons avec Aeneas Sylvius « Omnium rerum vicissitudo est, nulla potentia perpetuo manet ».

Jacques Malherbe

JACQUES MALHERBE EST PROFESSEUR ÉMÉRITE DE L’UCL, AVOCAT ET MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ BELGE D’ÉTUDES

BYZANTINES. IL EST L’AUTEUR DE « CONSTANTIN XI, DERNIER EMPEREUR DES ROMAINS » (ACADEMIA, 2000).

Utopie dans le PéloponnèseManuel II Paléologue, en compagnie de l'Impératrice et de leurs enfants.

Manuscrit offert à l'Abbaye de Saint-Denis en 1408 par l'Emprereur

Le crépuscule de Byzance

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la lutte progressistepour les droitsf o n d a m e n t a u x

Par Christophe MARCHAND

Détail du monument des Droits de l’Homme à Paris, près de la Tour Eiffel et du Champs de Mars.

En arrivant au Barreau, au milieu des années Nonante, la lutte judiciaire pour les droits fondamentaux était un sujet à la mode dont on parlait beaucoup. Ces combats avaient une connotation politique : il s’agissait d’un combat progressiste. C’est en tout cas ce qui se disait dans ces milieux que je fréquentais. Qui me formaient, qui aiguisaient ma soif de justice. Et je m’y retrouvais! A dix sept ans j’écrivais au gros feutre roge indélébile dans les toilettes du collège jésuite que je fréquentais en bord de Meuse: “SOUTIEN AUX CCC”...

Ces avocats progressistes n’étaient pas jacobins : goût pour la bonne chère et le bon vin, mais aussi les repos ensoleillés dans des destinations de rêve. Maître Anne KRYWIN acceptait bien volontiers d’être qualifiée de “gauche caviar”. Mais elle ajoutait toujours, en riant: “tendance Club’Med!”.

C’est assez lassant en lisant un texte de découvrir que l’auteur fait une longue citation.

Cher lecteur, un peu de courage! Faites moi le plaisir, au moment d’évoquer Anne KRYWIN, de comprendre en lisant le texte qui suit, ce que son auteur politique de référence, Rosa LUXEMBURG

disait à propos de la révolution russe et de sa clique bolchévique:

“Sans élections générales, sans liberté de la presse et de réunion totale, sans libre affrontement d’opinion, la vie de n’importe quelle institution publique dépérit, se transforme en une pseudo-vie, dans laquelle le seul

élément actif qui subsiste est la bureaucratie. La vie publique s’assoupit peu à peu, quelques douzaines de dirigeants du parti, d’une énergie inépuisable et d’un idéalisme sans limites, dirigent et gouvernent, parmi eux la direction est assurée en réalité par une douzaine d’esprits supérieurs, et une élite des ouvriers est de temps à autre invitée à se réunir pour applaudir les discours des chefs et approuver à l’unanimité les résolutions qu’on lui soumet: au fond, c’est une clique qui gouverne… il s’agit bien d’une dictature du prolétariat, mais celle d’une poignée d’hommes politiques, c’est-à-dire une dictature au sens purement bourgeois, au sens du pouvoir jacobin (périodoicité des Congrès de Soviets reportée de trois à six mois!)”1.

Toujours est-il qu’en 1996, les horreurs décrites par les clients dans les commissariats de Schaerbeek (ma ville d’adoption!) peuplaient nos discussions enflammées, enfumées, arrosées, engagées! Nous voulions faire tomber le Commissaire DEMOL, triste figure de l’extrême droite flamande bruxelloise.

1 Rosa Luxemburg, La Révolution russe, Le temps des Cerises, Paris, 2000, p. 85.

Anne KRYWIN

MARle journal des avocats

La président du Conseil Vincent Auriol prononce le discours d'ouverture de la troisième assemblée des Nations-Unies le 22 septembre 1948 au Palais de Chaillot, à Paris. Cette Assemblée générale de l'ONU s'est achevée le 10 décembre après avoir adopté la Déclaration universelle des Droits de l'homme. AFP

C’était les balbutiements de la loi antiracisme. L’extrême droite décomplexée francophone faisait florès. Nous, les progressistes, avions raison de lui clouer le bec, et nous y parvinrent! Il s’agissait d’une obligation morale, et nous menions des combats pour la liberté. Mais nous ne parlions pas des errements historiques du communisme: les crimes atroces des khmers rouges, ou ceux, tout aussi horribles des juntes staliniennes européennes.

A la fin des années Nonante les juristes européens progressistes trouvèrent un nouveau moyen pour faire triompher leurs idéaux de Justice. Le tyran conservateur, Augusto PINOCHET, fut arrêté à Londres, et des procès s’ouvrirent contre son frère dictateur argentin, VIDELA, et ses sbires.

C’est la naissance de nouveaux outils pour faire cesser ou faire payer à leurs auteurs des scandaleuses et graves violations des droits de l’homme à travers le Monde. On redécouvre les notions de “crimes de guerre” ou de “crime conre l’humanité”, et de “compétence universelle”. Elles avaient pourtant été précisément définies dans les Conventions de Genève de 1949, fruits de l’indignation après les holocaustes de la Seconde Guerre Mondiale.

Vingt années plus tard, ces nouvelles luttes judiciaires internationales ont porté leurs fruits. En juillet 2010, au procès des khmers rouges, le chef de la prison de la torture, le bourreau DUCH est condamné à 30 années de prison. Deux ans plus

2 Madlingozi, Tshepo, “On Transitional Justice Entrepreneurs and the Production of Victims”, Journal of Human Rights Practice, Vol 2, Number 2 (2010), 208-228. (Disponible sur internet en tapant cette référence).

3 Selon l’expression de Maître Wolfgang KALECK, Directeur de ECCHR (http://www.ecchr.eu), centre berlinois de référence en matière de “Human Rights Strategic Litigation”.

4 Kaleck, Wolfgang und Saage-Maaß, Miriam, “Corporate Accountability for Human Rights Violations Amounting to International Crimes”, Journal of International Criminal Justice, 8 (2010), 699-724. (Disponible sur internet en tapant cette référence).

MARle journal des avocats

CHRISTOPHE MARCHAND EST MEMBRE DU BARREAU DE BRUXELLES DEPUIS 1996. IL EST SPECIALISE

EN DROIT PENAL ET EN DROIT PENAL INTERNATIONAL. ORATEUR DE RENTREE, IL PRONONCERA LE 18 JANVIER 2013

LE DISCOURS DE LA RENTREE JUDICIAIRE DE BRUXELLES SUR LE THEME : « LA REPUBLIQUE PIRATE DE RABAT-SALE :

VARIATIONS A PARTIR DU JIHAD MAURESQUE ».

tard, en juillet 2012 à Buenos-Aires, le dictateur VIDELA est condamné à 50 ans de réclusion.

La lutte pour le triomphe des droits de l’homme n’est pourtant pas l’apanage d’avocats progressistes. En cette matière, la couleur politique n’a pas d’importance. Chacun des camps politiques d’autrefois traine des casseroles bruyantes et malodorantes. À la vaisselle! Il existe aujourd’hui de grands domaines en friche où les avocats méticuleux, patients et organisés peuvent trouver des lieux où exercer leur passion des droits de l’homme.

Il existe pourtant toujours une nécessaire prise de conscience politique progressiste.

Mais celle-ci est parfois décriée en condamnant ces nouveaux avocats défensseurs des droits de l’homme, animés par un esprit tout entrepreneurial2 . On vise ici la confiscation des souffrances des victimes, ou de leur procès, et leur instrumentalisation au profit du “business des droits de l’homme”. Et c’est vrai que le nouvel avocat progressiste utilise les méthodes de l’entreprise: stratégisation à court, moyen et long terme des thèmes qu’il défend, sacrifice de “mauvais dossiers” au profit d’autres, plus prometteurs, et mise en oeuvre de méthodes de travail rigoureuses et exigeantes, ne s’accomodant pas de collaborations moyennes, mais n’acceptant que l’excellence...

Dans cette nouvelle lutte de DAVID contre GOLIATH3, on ne peut en effet rien laisser au hasard. Cette radicalisation des moyens semble le prix à payer, mais alors il ne faut pas oublier les valeurs fondamentales de nos maîtres!

Discrimination positive par la mise en valeur de nos concitoyens malmenés socialement, et dans la famille. Education et solidarité par le partage gratuit des connaissances et de la recherche. Emancipation et humanité dans les rapports professionels et avec les clients. Egalité et neutralité dans le choix des personnes à attaquer, sans hésiter à poursuivre les sociétés qui participent à des graves violations des droits de l’homme4 . Partage par la mise en place de structures gratuites de collaboration et de redistribution équitable des gains engrangés.

Il faut toujours garder à l’esprit le rejet radical du travail réalisé par et pour une « clique » d’esprits soi-disant éclairés, sans véritable légitimité démocratique, poursuivant leur intérêt personnel, financier ou d’estime.

Ainsi revigorée par une organisation proche de l’entreprise et de ses méthodes, la lutte judiciaire pour les droits de l’homme saura à la fois sauver l’héritage des valeurs et de l’intransigeance politique de nos maîtres, mais aussi optimaliser les résultats afin que l’idéal triomphe plus fortement. Et toujours en assumant les plaisirs épicuriens que nous procure notre courte et éphémère existence, sans oublier les effets salutaires de l’humour et de l’auto-dérision !

Christophe MARCHAND

Quizz du MoiFRANÇOIS MOTULSKY EST AVOCAT AU BARREAU DE BRUXELLES DEPUIS 1977 APRÈS AVOIR QUITTÉ LE BARREAU DE

PARIS. ANCIEN DIRECTEUR DES COURS CAPA ET MEMBRE DU CONSEIL DE L'ORDRE, IL COLLABORE À DIFFÉRENTS

JOURNAUX, DONT LE JOURNAL DES TRIBUNAUX OÙ IL PUBLIE EN DROIT DES ÉTRANGERS ET DONT IL EST UN

CHRONIQUEUR APPRÉCIÉ DEPUIS PLUS DE VINGT ANS. [email protected]

A la veille de l’an neuf, à quoi rêvez-vous ? Je vous propose une rivière de diamants. Quelques pierres parmi cent, mille ou même davantage – allez savoir ce qui a rendu votre vie magnifique : musiques, films, amours, amitiés, voyages, gestes de complicité ou de générosité, victoires, guérison, paix de l’esprit, folies, dégustations, opéras, que sais-je ? Jetez un coup d’œil sur les dix citations qui suivent. Vous en connaissez certaines. D’autres vous reviendront en mémoire. Je voulais introduire mes choix en rappelant que si d’aucuns ont inventé ce slogan aussi approximatif que frappant, « nous sommes ce que l’on mange », faussement attribuée à Hippocrate, nous sommes surtout ce que nous lisons. Je croyais être original et voilà que Tom Lanoye dans son one man show basé sur une lecture dynamique de son livre « La langue de ma mère » utilise cette formule. Comme si les pensées flottaient dans les airs et pouvaient être captées à peu près au même moment par ceux qui tentent d’exprimer le sentiment qui les a habités. Vous verrez que l’un de mes auteurs avait déjà exprimé cette idée d’une autre manière. Pas étonnant quand on sait que La Fontaine s’est inspiré d’Esope qui lui-même n’aurait que retranscrit les contes que les parents racontaient depuis des générations à leurs enfants.

Mais assez parlé, jouons !

François MOTULSKY

MOTle journal des avocats

1. « Mon Dieu, épargnez-moi tout ce que je serais capable de supporter. »

2. « L’homme pourra se permettre d’être relax aussi longtemps qu’il sera mortel. »

3. « J’espère que l’éternité qui m’attend après ma mort passera aussi vite que celle qui a précédé ma naissance. »

4. « Les expériences de la vie sont autant de pilotis que l’on plante dans la mer sans savoir si un jour on mettra le pied dessus. »

5. « Le bonheur, ça doit exister, puisque l’instant d’après il n’est plus là. »

6. « Ce qui d’ordinaire se déroule de manière successive ou parallèle, se comprime en un seul instant qui détermine et décide tout : un seul oui, un seul non, un geste avancé ou retardé rend cette heure irrévocable pour cent générations et détermine la vie d’un individu, d’un peuple ou même la destinée de l’humanité entière. »

7. « En cet instant précis, je suis assis sur une portion de Terre, à 34°30’N, ce qui signifie que je tourne d’ouest en est à la vitesse approximative de 1.385 km/h(…). Dans le même temps ma Terre parcourt son orbite solaire à la vitesse de 107.207 km/h, et mon soleil l’entraine, ainsi que les autres planètes, vers Véga à près de 50.000 km/h. Notre soleil et Véga se meuvent dans la galaxie à la vitesse extraordinaire de 1.126.500 km/h, et la Galaxie effectue une rotation à plus de 900.000 km/h. Mais ce n’est pas tout. Notre Galaxie se déplace par rapport aux autres galaxies dont la vitesse dépasse largement les 1.600.000 km/h. De sorte que, installé ici, parfaitement immobile, je me déplace dans six directions différentes à la vitesse de (…) 4 millions de km/h environ. Je ne peux donc être immobile puisque je me déplace sans cesse à des vitesses dépassant l’entendement. »

8. « Je crois que je vais prendre la côte à l’os. – Tu as vu qu’ils ont aussi du saumon grillé ? – Mais tu vas me ficher la paix ? Pourquoi gâcher cette soirée en me rappelant mon cholestérol, tes craintes de me voir mal vieillir et de devoir assumer mes affections? – Mais je t’assure, chéri, que je n’ai jamais songé à cela : j’ai juste relevé qu’il y avait à la carte un plat que tu aimes et que tu n’avais peut-être pas vu. – Et si j’avais choisi le saumon grillé, tu m’aurais dit qu’il y avait de la côte à l’os !? »

9. « La dame pouvait avoir 60-65 ans (…). La leçon était finie. Elle s’en allait en maillot le long de la piscine et quand elle eut dépassé le maître-nageur de quatre à cinq mètres, elle tourna la tête vers lui, sourit, et fit un signe de la main. Mon cœur se serra. Ce sourire, ce geste, étaient ceux d’une femme de vingt ans ! Sa main s’était envolée avec une ravissante légèreté. Comme si par jeu, elle avait lancé à son amant un ballon multicolore. Ce sourire et ce geste étaient pleins de charme, tandis que le visage et le corps n’en avaient plus. C’était le charme d’un geste noyé dans le non-charme du corps. Mais la femme, même si elle devait savoir qu’elle n’était plus belle, l’oublie en cet instant. Par une certaine partie de nous-mêmes, nous vivons tous au-delà du temps. »

10. « Qu’est-ce qu’écrire ? De la télépathie, bien entendu (…). Regardez bien. Voici une table recouverte d’un tapis rouge avec, posée dessus, une cage de la taille d’un aquarium pour un petit poisson. Dans la cage il y a un lapin au nez rose et aux yeux bordés de rose. Il tient dans ses pattes antérieures un bout de carotte qu’il grignote avec satisfaction. Sur son dos, se détachant nettement, figure le numéro 8 écrit à l’encre bleue. Voyons-nous la même chose ? Il faudrait nous retrouver pour comparer nos notes (…). Il va de soi que nous constaterions des variations : pour certains le tapis sera plutôt vermillon (…). Le plus intéressant ici n’est même pas la présence d’un lapin qui grignote une carotte, mais le numéro qu’il a sur le dos. Ce n’est pas un 6, pas un 4, pas un 19, mais un 8. C’est cela qui attire notre attention, et c’est cela que nous voyons tous. Je ne vous l’ai pas dit. Vous ne me l’avez pas demandé. Pas un instant je n’ai ouvert la bouche, et pas un instant vous n’avez ouvert la vôtre. Nous ne sommes même pas ensemble dans la même année, encore moins dans la même pièce… si ce n’est que nous sommes ensembles. Et proches. Nous vivons une rencontre par l’esprit. »

Alors ?… Où êtes-vous ? Un sans faute ? Vérifions (solution pages suivantes)

MOTle journal des avocats

Pour l'année du Serpent qui commence le 10 février...

1. Ne cherchez plus. C’est de ma belle-mère. Seuls les magistrats du Conseil d’Etat qui m’ont entendu plaider savent que je ne laisse jamais passer l’occasion de citer Hania Bechler-Lowy, juive d’origine polonaise. La guerre l’a privée de la chance de faire l’université. Mais l’intelligence du cœur et de l’esprit n’a pas besoin de diplômes.

2. Woody Allen bien sûr. Oh, vous aurez d’autres versions à me citer, selon l’ouvrage, la traduction, la fantaisie des souvenirs ! Qu’importe. Quelle belle leçon pour tous ceux qui croient avoir touché le fond. Rien que l’évocation de cette porte de sortie que nous emprunterons tous un jour ou l’autre, volontairement ou involontairement, avec soulagement, apaisement ou avec appréhension ou révolte, transcende une tragédie aussi inéluctable que redoutée en un message d’humour et d’espoir.

3. Si vous avez donné votre langue au chat, vous avez gagné : Geluck met dans les phylactères de son chat des aphorismes dignes des plus grands penseurs. Au passage, réjouissons-nous du chemin parcouru depuis le Moyen-âge dans notre civilisation : sous d’autres cieux ou en d’autres temps, ce chat n’aurait pas eu assez de neuf vies pour exprimer le dixième de ses pensées.

4. Citation approximative de « La démence du boxeur» de François Weyergans (Grasset 1992). J’avais vu à 13 ans un insipide reportage télévisé sur le dérapage contrôlé sur la glace. Dix ans plus tard ce souvenir m’a sauvé la vie sur les pentes du Teide alors que ma voiture de location aux pneus lisses allait s’abîmer dans le ravin : un contre-braquage de pro qui trouvait davantage sa source dans ce pilotis sur lequel j’avais pu mettre le pied que sur la pédale d’accélérateur que j’avais écrasée en dirigeant le véhicule droit dans le précipice pour que l’arrière chasse dans le sens opposé. Lisez ce petit bijou pour cela et bien d’autres choses.

5. Françoise Giroud. Bien sûr héritière de formules analogues d’Aristote, de penseurs chinois ou hindous, d’Orson Welles ou autres adeptes du célèbre « carpe diem ». Cette citation vous invite à savourer les cadeaux de la vie – et à tenter de les solliciter si faire se peut, par exemple en tâchant de participer aux évènements heureux de ceux qui vous entourent. Ne jouez pas les blasés, c’est vous que vous punissez.

6. On devient plus sérieux avec Stefan Zweig : « Les très riches heures de l’humanité » (Belfond 1989). La préface donne le ton. L’opuscule nous rappelle qu’aucune civilisation n’est éternelle, ni même aucune vérité scientifique. À preuve cette petite porte, la «Kerkaporta» mal refermée par un garde étourdi dans Byzance assiégée qui permettra à Mahomet de faire tomber ce rempart de l’Occident le 29 mai 1453. Une anecdote parmi une douzaine toutes passionnantes. Notre vie est souvent trop courte pour connaître ces moments où le monde bascule. Vivons-nous un tel moment ? La réponse dans cent ans.

7. James Michener : « La course aux étoiles » (Mazarine 1984). Stanley est un gamin surdoué qui découvre les merveilles du cosmos. Le désir de réussir sa vie n’empêche pas la conscience de nos limites. Toute l’histoire de l’humanité tient sur la dernière couche de minium sur la pointe de la Tour Eifel disait Mark Twain. Mais ce rappel est à mettre en parallèle avec cette pensée attribuée au Dalaï-lama : « Il n’y a pas de problème sans solution. Et s’il n’y a pas de solution, c’est que ce n’est pas un problème », formule que je préfère à celle de la « Ligue des optimistes » qui considère que sinon, c’est nous qui sommes le problème - ce qui ne me paraît pas très optimiste.

Réponses au quizz :

MOTle journal des avocats

8. Je n’ai pas retrouvé l’ouvrage de Deborah Tannen : « Si je dis cela c’est pour ton bien. » (Robert Laffont 1993) que j’ai souvent prêté et ne garantis pas l’exactitude du dialogue. Cette linguiste américaine vous apprend à décrypter les «méta-messages » qui sont omni présents dans notre vie, dans nos conversations avec nos parents, nos sœurs, nos enfants. On vit mieux quand on entend ce que l’autre a vraiment dit.

9. Milan Kundera : « L’immortalité » (Gallimard 1990). Quelle poésie et quelle intelligence dans cet ouvrage. C’est à cet auteur magnifique que je faisais allusion dans mon introduction. Comme l’artiste transcrit dans son art ce que l’on ressent sans être capable de l’exprimer, Milan Kundera exprime notre sentiment de crainte de ne pas être unique. Il pose la question pour le geste, celui d’un baiser d’adieu d’une amoureuse semblable à tous ceux que lancent toutes les amoureuses du monde depuis que l’homme existe. Appartient-il à l’homme ou est-ce l’homme qui appartient au geste ? La réflexion ne s’applique-t-elle pas encore davantage aux pensées ?

10. Stephen King : « Ecriture » (Albin Michel 2001). Pourquoi cet auteur ? Je ne goûte que modérément ses débordements horrifiques dans ses ouvrages à succès dont plusieurs ont inspiré des films qui ont battu des records d’audience. Mais chacun de ses livres décortique l’âme humaine et analyse le comportement de ses personnages avec une finesse digne de Proust (bon, d’accord, pour la langue, on n’y est pas, mais allez savoir la part de responsabilité du traducteur). Ici l’auteur se borne à expliquer sa vie, sa passion pour l’écriture, ses « trucs » et il fait cette réflexion que j’aime : oui, c’est vrai que la littérature nous permet de voyager. Voyager dans le temps, dans l’espace, dans les esprits, dans des milieux ou même dans des mondes tellement différents.

Lorsque j’ai entendu ou lu l’une de ces dix citations, j’ai trouvé celle-ci magnifique. J’espère qu’il en aura été de même pour vous et que parmi les expériences que la vie vous offrira, vous découvrirez quelques pierres précieuses qui vous aideront à aller plus loin. Shakespeare fait dire à l’un de ses personnages dans « La nuit des rois » que le drame de l’homme est qu’à peine un désir est-il assouvi, il ne pense qu’au suivant. Ce n’est pas un drame mais un aiguillon. Combien de fois avez-vous entendu la question « Quel livre unique auriez-vous aimé avoir sur une île déserte sur laquelle vous seriez abandonné ? » Les choix sont parfois cornéliens. Ici c’est la question qui est cruelle. Que Dieu me garde de tout ce que je serais capable de supporter…

François MOTULSKY

Surla confidence

le ton de

OSSle journal des avocats

Un dimanche pluvieux de juin j’ai rêvé en allemand.

C’était sans doute un mauvais présage. Mes pensées se sont diluées, mes forces étaient comme emprisonnées dans une boue épaisse dont je n’allais pas me relever.

Était-il possible que tout ce que j’avais pu entreprendre s’arrête ici, que mes proches et mes amis me tournassent à jamais le dos ? Mais avais-je des amis ? En ai-je jamais eu ? Pas sûr en fait. D’ailleurs je ne me suis jamais bercé d’illusions : seuls comptent dans la vie la crainte et les intérêts. Les gens vous suivent par la peur que vous leur inspirez ou le parti qu’ils peuvent tirer de vous.

Je dois vous paraître d’un abord bien pessimiste. Pas tant que cela pourtant !

Je ne le savais pas encore, mais il me reste un peu moins de six ans à vivre. Je ne suis pourtant pas bien vieux, 46 ans à peine, pas encore tout à fait sonnés !

J’ai beaucoup réfléchi à la meilleure façon de procéder et je ne suis pas certain que celle à laquelle je me suis résolu ait été la meilleure. Ces rosbifs n’ont finalement aucun honneur, aucun respect et les années à venir me le confirmeront si besoin en était.

Je garde le moral, j’ai toujours cru en ma bonne étoile. Les années qui me restent, je vais notamment les consacrer à soigner mon image. En fin tacticien du marketing je vais créer un produit labellisé, une marque déposée qui renverra l’impression de tout ce que j’ai fait de bien et édulcorera, sauf pour un public averti capable de déchiffrer les subtilités de la notice d’utilisation, ce que j’ai réalisé de moins bon, voire ce que j’ai raté. Pas par ma faute !Une marque qui sera commercialement porteuse, que les producteurs de tous poils vont s’arracher du fabricant de bonbons à celui de meubles de jardin en passant par les boissons de toutes natures. Je n’y ai pas trouvé le Chambertin. Dommage, j’aime bien le Chambertin… mais avec modération et … coupé à l’eau. Sacrilège !

En fait de sacrilège, ce n’est ni le premier ni le dernier, passons…

Permettez-moi de continuer à rêver, en français cette fois. Même si ce n’est pas ma langue maternelle, je m’y suis habitué nonobstant une orthographe qui restera approximative. Je préfère les mathématiques.Je sens que d’un coup de baquette magique je vais lustrer mes manches et tracer de moi un portrait flatteur. Je le mérite ! Pour un élève moyen, j’en ai fait des choses et en peu de temps !

J’étais le maître du moooonde. Au moment du naufrage, ma Rose à moi, que j’ai tant aimée bien qu’elle me fit tellement souffrir, nous avait déjà quittés. Je crois que c’était mieux ainsi.

Par MOC

Le « ventre » que j’avais épousé ensuite aura tôt fait de tourner les talons pour se réfugier dans les bras du borgne.Ma douce Marie, qui avait tant fait durant mon séjour italien, ne pourra plus venir me réconforter.Qu’à cela ne tienne, si je m’ennuie, je séduirai la femme de Charles -tiens cela doit être la première fois que je le nomme ainsi- il n’en saura rien ou du moins fera semblant de ne point s’en apercevoir.

Dieu que ce voyage est long ! Mais ai-je tellement hâte d’arriver à destination ? On dit l’endroit humide, ce qui n’est pas bon pour ma santé.L’entourage s’annonce relativement peu accueillant, voire pour d’aucun totalement hostile.

Qu’importe j’y referai l’Histoire et m’adonnerai au jardinage. Y planterai-je des violettes ? Qui sait petit père ! Dans mes moments perdus, je jouerai aux cartes. Je n’aime pas perdre, donc je triche. J’ai toujours triché au jeu mais nul n’osa jamais s’en émouvoir…

Que de chemin parcouru depuis ma naissance dans cette famille nombreuse entouré de frères et sœurs aux talents et ambitions divers. Les ambitions étaient d’ailleurs souvent inversement proportionnelles au talent. Je leur ai tout donné, tout pardonné même s’ils ne m’ont pas toujours écouté. Leurs initiatives n’étaient pas toujours heureuses c’est le moins. Parlez en donc au petit dernier. Imbécile !Si seulement ils étaient tous aussi raisonnables que maman. Mais quelle tête de mule. Imaginez, le deux décembre elle me fit faux bond ! La honte.

OSSle journal des avocats

L’école ne m’a pas laissé que de bons souvenirs

« Mal fringué, dans ma peau, pas bien,j'étais bande à part et boudeur,je bouffais les mots des bouquins,j'avais l'âme et la tête ailleurs. »

Je la quitte à 16 ans. Ce sont les grandes manœuvres qui commencent, mais de congés en absences injustifiées, ma situation faillit bien être compromise. Toulon et Saint-Roch vont arranger bien des choses. Mon étoile va commencer à briller jusqu’au firmament qui m’a tendu les bras depuis ce 9 novembre ou j’ai mis au pas les cinq cents premiers.

Je serai connu et respecté ou du moins craint des grands du monde entier. On me verra en Italie, à Malte, en Egypte, en Allemagne, en Autriche, en Espagne…. Mais aussi en Russie, en Belgique…Ah la Belgique ! Quel climat ! La pluie, la boue, cette boue épaisse…

La considération, c’est parfois autre chose, bien que le serrurier fut mon cousin, c’était une façon de parler, en fait je désignais ainsi bon nombre des grands de ce monde, le fils de Paul, que je croyais bien avoir mis à genoux, ne me voulut point pour beau-frère. Il est vrai que le boiteux m’avait déjà trahi. Ah le scélérat ! Je l’avais bien dit : de la m… dans un bas de soie !Quel tort j’ai eu de le garder à mes côtés. Mais avais-je une quelconque alternative ?Quant à ce cousin là, je voudrais savoir ce qu’il deviendra. S’il n’a point tué son père, il a au moins laissé faire. Quelques années plus tard, mais je ne serai plus de ce monde, il va s’évaporer en simulant sa mort. Il paraît qu’un certain Fédor Kousmistch pourrait vous en dire davantage…

Les gens sont ainsi faits, des ingrats. Ce fils d’avocat ne m’aimait pas. Je lui ai pourtant beaucoup pardonné de sa nonchalance et de son manque d’initiative avant de devoir me passer de ses services.Il trouvera honneur et gloire ailleurs pour finalement ne pas hésiter à s’en prendre à sa propre patrie. Je l’ai toujours ménagé, sans doute parce qu’il avait épousé la tendre Désirée.

Mais peut-on attendre des étrangers la fidélité que l’on n’obtient pas toujours de sa propre famille. Pensez donc, ce frère académicien qui, s’il m’aida en certains moments clefs, épousa, contre ma volonté, cette veuve à laquelle il fit dix enfants ! Il m’a fallu sévir et l’éloigner, même si, par la suite, à nouveau, j’ai pardonné.Et le petit dernier, bon à rien et mauvais en tout. Il s’était mis en tête d’épouser une américaine ! Un sot qui ne dut sa bonne fortune qu’à l’amour d’un frère respecté qui fit tout pour sa prospérité. Il ne m’a guère aidé. C’était plus d’incompétence, d’insouciance que de mauvaise volonté. Quand il voulut faire du zèle, nous savons ce que cela a donné.

L’infidélité guette les plus braves. Dieu sait si mon rouquin est un vaillant. Que de victoires il a remportées. Combien fut-il grand même dans l’adversité. Sans lui nous en serions revenus encore bien moins nombreux. Pourtant il avait promis de me ramener dans une cage en fer !Moi dans une cage en fer ! Fallait-il que, après tant d’années, il me connut bien mal ! Nous avons remis les choses à plat à Auxerre. Dans la boue belge,

il fut vaillant mais inefficace. Il chercha la mort mais la mort n’en voulut point. Maintenant ils vont le fusiller.

Mais voilà que nous arrivons enfin après 64 longs jours de voyage. La nuit tombe. Il va falloir grimper là haut. Je n’aime pas cet endroit. Les îles ont, depuis ma naissance, joué un rôle majeur dans ma vie, pas toujours heureux. Celle-ci sera mon purgatoire avant de devenir mon tombeau. J’y reposerai près d’une source, à l’ombre de quelques saules pleureurs dans la vallée du Géranium sous une dalle anonyme plutôt qu’humiliante.

Pour les amateurs de symbolique, le jour de ma mort, j’aurai très exactement 51 ans, 8 mois et 21 jours (05.1821).

Comme on est toujours reconnu par ses pairs, Orléans me rendra les honneurs dus à mon rang. Comble de l’ironie, celui-ci mourra exilé... en Angleterre !

Toute ressemblance avec des personnages ayant existé n’a rien de fortuit. Sans doute aurez-vous reconnu la plupart d’entre eux. Tous ? Bravo ! Ce n’était toutefois pas trop difficile je pense….

Mes confidences ont été dévoilées par Marco Ossena Cantara !

Poisson Napoleon (Cheilinus undulatus)

MARCO OSSENA CANTARA, PLONGE SES RACINES DANS LE FRIOUL ITALIEN, COMME SON NOM L’INDIQUE. MARIÉ À

MIMIE DEPUIS 33 ANS, PÈRE DE DEUX ENFANTS : SARAH, 27 ANS ET MAXIME, 24 ANS. AVOCAT AU BARREAU DE VERVIERS

DEPUIS LE 01.10.1978 (LE TEMPS PASSE…) PROFESSIONNELLEMENT ORIENTÉ VERS LE DROIT DE LA RESPONSABILITÉ

ET LA RÉPARATION DU PRÉJUDICE CORPOREL. PASSIONNÉ DE VOYAGES ET DE SPORTS MÉCANIQUES.

(relire « Petit carnet de voyage » - le journal des avocats N°8 Automne 2012)

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LE CONTE DE NOËLde Ghislain Royen

VOUS NE CONNAISSEZ PAS GHISLAIN ROYEN ? VOUS M’ÉTONNEZ. C’EST QUE VOUS N’AVEZ PAS LU SES

PRÉCÉDENTES COLLABORATIONS AU JDA. AU MOINS POUR CETTE FOIS, VOUS NE DEVREZ PAS RELIRE VOS

CLASSIQUES (JDA N° 8), TOURNER LA REVUE DANS TOUS LES SENS (JDA N° 6) OU VOUS FARCIR UN EXTRAIT

DES PANDECTES BELGES TRAITANT D’UN ENDROIT QUE NUL À PART LUI (PARCE QU’IL Y EST NÉ EN 1957

– JDA N° 3) OU PRESQUE, NE CONNAÎT.LES AURIEZ VOUS LUES QUE VOUS SAURIEZ QUE CET AVOCAT DE

CAMPAGNE ÉTAIT BÂTONNIER DU BARREAU DE VERVIERS JUSQU’EN AOÛT DERNIER. ET QU’IL NE CRAINT,

À CE QU’ON DIT, QU’UNE SEULE CHOSE : D’ÊTRE L’UN DES DERNIERS BÂTON- NIERS DE SON BARREAU.

ROYle journal des avocats

On était le 24 décembre ; il était 23h55 et le doyen, à genoux devant l’ancien maître–autel depuis un bon moment, décida de se retourner pour contempler de ses yeux l’ampleur du désastre. Personne. Il n’y avait personne dans l’église décanale pour assister à la messe de minuit. Le pire est peut être que ce vide n’eut même pas l’heur de surprendre le vieux prêtre. Au contraire, il ne s’y attendait que trop. Depuis le décès, quelques jours plus tôt, de son ami Julien, celui qu’il appelait affectueusement ”mon dernier paroissien”, celui qui lui servait tout à la fois de bedeau et d’acolyte, le malheureux doyen s’imaginait bien que la messe de minuit se résumerait à un face à face avec Dieu. Sans témoin. Et sans regret non plus. Ce que les persécutions des premiers âges n’avaient pu éteindre, ce que les schismes et les hérésies n’avaient pu mettre en cause, cette ferveur croyante qui paraissait inaltérable avait fini comme par se dissoudre dans le confort devant les télévisions allumées. Demain à midi, il n’y aurait même plus de pape pour célébrer la bénédiction Urbi et Orbi, … à la ville et au monde.

Il était le dernier, ou peut être l’un des derniers. Il était vieux, ce pauvre doyen, très vieux et même très très, très vieux.

Il y avait si longtemps qu’il avait renoncé à se souvenir de son âge par définition canonique et on avait omis, depuis son sixième jubilé sacerdotal, d’en fêter encore quelques autres. Qui au demeurant serait encore venu ? Qui se souciait encore de ce vieux prêtre qu’on croisait dans la rue sans le voir ? Il avait été ordonné en des temps où la foi et la dévotion réglaient encore le cœur et la vie des hommes : qui ne mangeaient pas avant d’aller communier, mangeaient maigre le vendredi et pendant le carême, faisaient leurs pâques et défilaient au rogations. La vie semblait belle alors aux prêtres qui régentaient encore les allants de leurs paroissiens, et qui traversaient les villes et villages sous leurs dais, dont la charge était un honneur pour ceux qui le portaient. Mais avec le temps et ce qu’on appelle le progrès, était venu le plus insidieux des ennemis de la Foi et de l’Eglise : le confort ! Pourquoi donc se lever tôt le dimanche pour se réchauffer le cœur à la messe alors qu’on est protégé du froid piquant du matin par des doubles vitrages et une couette légère ? Et pourquoi donc se rendre encore à la messe de minuit quand au même

moment les meilleurs repas de l’année sont servis à table et que la télévision diffuse tant de beaux programmes scintillants comme les boules de Noël ? Il n’y avait donc personne et il était le dernier….

( Ici le lecteur voudra bien, en ce moment précis, respecter une minute de silence ou de recueillement, selon ses convictions ou croyances personnelles )

* * * *

Minuit moins une…, et la porte qui grince…, et la porte qui s’ouvre…,et des gens qui entrent : un homme d’abord, une petite dame ensuite…, manifestement des étrangers, basanés, étrangement vêtus d’ailleurs, probablement des réfugiés politiques ou quelque chose comme cela, pensa le vieil homme. Et la petite dame, avec un drôle de voile bleu sur la tête, elle est enceinte…et même très enceinte ! Le doyen ne mit pas longtemps à deviner . C’est bien cela : le monsieur, il s’appelle Youssef.., nous dirons Joseph, et la petite dame, …ben oui, vous avez deviné aussi. À genoux, le vieux curé, à quatre pattes même, mais ceci non par dévotion mais parce que dans sa hâte, il a trébuché. Le voilà qui se relève et se précipite vers les arrivants :

- Seigneur ( il n’est pas encore là, mais visiblement il ne saurait tarder) , Pourquoi Vous ? Pourquoi ici ? Pourquoi moi ? Enfin pourquoi ? ( le doyen )

- Parce que ma femme, Monsieur, elle va accoucher et que la seule porte qui était ouverte à des kilomètres à la ronde, c’était la vôtre ( Youssef – Joseph )

- Et l’hôpital St… ( le doyen) - Vous savez… nos papiers, ils ne sont pas tout à fait en ordre ( devinez ? )

ROYle journal des avocats

Que faire lorsqu’on s’aperçoit qu’après autant d’aussi nombreuses années, dont certaines bissextiles, la vie qu’on a vécu prend enfin tout son sens ? Que si l’on a vécu jusque là c’est précisément pour vivre cela ? Que dire dans ces cas là ? Eh bien, on dit : « venez dans la sacristie, il y fait un peu plus chaud que dans cette grande église ». Ce qui valait d’ailleurs mieux dans le cas présent car en plus, Joseph-Youssef n’avait pas d’âne et la très vieille guimbarde qui les avait amenés jusqu’ici, dont nous tairons la marque sur les instance de notre éditrice soucieuse de ménager certains annonceurs, avait oublié depuis longtemps qu’elle avait eu un jour un circuit de chauffage.La suite ?

Vous pouvez aisément la deviner : pour la première fois depuis 750 années au moins, il n’y eut pas, cette année là, de messe de minuit à Aubel.

Affalés dans leurs salons et devant leurs écrans plats et autres, les hommes ne virent pas que, comme le prétend la légende, tous les animaux de la terre se mettent à genoux le 24 décembre à minuit ( ou le 25 décembre à 0 heure, selon les interprétations divergentes ) pour honorer la naissance du sauveur ; pratique qui ne va pas sans quelques difficultés d’ordre physiologique ou d’horaire.

* * * *

Arrivé à ce point d’une histoire archi-connue, le problème est évidemment de découvrir qui va tenir le rôle de l’ange et qui, dans nos contrées de spéculation bovine et porcine, seront les bergers. Gabriel, c’était évidemment facile à deviner, apparut sous les traits du bedeau –sacristain– paroissien Julien. Au point où il en était, le doyen n’en fut pas autrement surpris. C’était finalement normal que Dieu l’eût délégué aussi longtemps pour lui tenir compagnie avant de le charger de préparer et d’organiser toute la soirée.

Il avait du trouver des bergers, ou, à défaut, des fils de bergers voire des petits – fils de bergers et ce diable d’homme -oh pardon- cet ange du ciel, il en avait trouvé de beaux, et beaucoup. Où donc cela ? Dans une église du voisinage qu’ils occupaient à quelques lieues de là.

Tout était donc en place pour le tableau de la crèche vivante et manifestement très vivante, car le petit criait, et criait encore, et nul doute qu’il se ferait entendre ce petit là. Le doyen fit donc, dès l’aube, sonner les cloches, et pas un des voisins ne vint s’en plaindre : premier miracle. Voilà donc l’histoire sans cesse répétée, sans cesse renouvelée1 , sans cesse aménagée. Voilà l’histoire d’un Noël en noir ( le troisième berger à gauche ), en jaune ( le sixième à droite ) et en rouge ( amérindien ou timidité maladive ? )

Ghislain Royen

(1) Lisez donc la version de Tournier dans Gaspard, Balthasar et Melchior

En aurions-nous peur ?

Par Pierre-Marie SPROCKEELS

En introduction au N° 10 - PRINTEMPS 2013 PASSIONNEMENT dédié à LA FEMME

ai toujours dans mes cartons un ambitieux projet de livre sur les femmes du sud de la Méditerranée. La volonté d’être complet sur le sujet et, en même temps, très proche de l’actualité la plus chaude, empêche -à mon avis pour longtemps

encore- la parution de cet ouvrage.C’est que tous les jours la condition de la femme dans certains de ces pays riverains de la Méditerranée est soumise à des vents opposés. Ainsi, les travaux des Commissions chargées de rédiger le projet de la nouvelle Constitution tunisienne inquiètent beaucoup les femmes de ce pays. Le statut de la femme en Tunisie était –avant le « printemps arabe »- le plus proche de nos standards parmi les pays d’Afrique du Nord, et voilà que depuis la victoire du parti islamiste Ennahda aux législatives, les femmes redoutent une remise en cause de ce statut. Les votes intervenus en commission au début août confirment le bien-fondé de ces craintes. Un article en particulier a poussé les femmes dans la rue. Il est présenté comme suit : « L’Etat garantit la protection des droits de la femme, consolide ses acquis en la considérant comme la véritable partenaire de l’homme dans la construction de la patrie avec qui il y a complémentarité des rôles au sein de la famille ».

Le motif de cette effervescence tient évidemment au mot « complémentarité » qui représente le risque d’un retour en arrière : si la femme n’est plus confirmée comme étant l’égale de l’homme, mais comme son complément, certaines redoutent

SPRle journal des avocats

le pire, voire le retour au régime existant dans les modèles wahhabites où la femme mariée dépend de son époux, et où les autres femmes dépendent de leur père, de leur frère, ou de leur fils, selon les cas. L’égalité entre hommes et femmes est-elle encore concevable si l’un des genres est considéré comme complémentaire de l’autre ? On peut chercher la réponse à ces questions à plusieurs niveaux. Pour bien comprendre le point de vue islamiste sur la question, il faut remonter loin dans le temps.Si l’on revient aux commencements de la pensée humaine, en Mésopotamie, il y a 4.000 ans, à la source où sont venues s’abreuver l’Israël de la Bible et la Grèce antique, on s’arrête sur Lilith. Lilith aurait été la première femme d’Adam, précédant Eve, créée à partir de la même terre qu’Adam, au sixième jour de la création. Elle est indépendante d’Adam. Elle n’aurait pas durablement admis d’être placée, en tout cas systématiquement, sous Adam durant l’acte d’amour. Adam aurait essayé de la soumettre, en allant jusqu’à recourir à la violence, mais Lilith s’enfuit. Elle fut expulsée du Paradis vers la Géhenne.

Eve, tirée quant à elle de la côte d’Adam, deviendra ensuite un archétype –une justification- de la domination masculine. Si elle apparaît en second, la femme est donc un supplément, un complément de l’homme. Elle lui est donc inférieure. Ainsi, le Coran indique que Dieu l’aurait créée au départ d’une côte du côté gauche d’Adam et pour lui, afin que le cœur de l’homme trouve le repos. Cette lecture, classique, est loin d’être univoque.

Dans les interprétations rabbiniques des récits de la création d’Eve, Adam présentait originellement deux faces. Il était homme et femme à la fois. Ce parfait androgyne aurait été séparé en deux et on en a de multiples lectures :- En Grèce, dans Le banquet, Platon, par le discours d’Aristophane, décrit l’homme primitif comme composé de trois genres : masculin, féminin, et androgyne. Ces êtres, presque parfaits, voulurent s’en prendre aux Dieux. Zeus, pour les affaiblir, les coupa en deux, menaçant de les couper encore en deux, jusqu’à l’intervention d’Apollon qui donna forme humaine à ces corps mutilés.- Plusieurs Midrashim présentent Adam comme ayant été androgyne (composé de deux éléments soit faits dos à dos, attachés par les épaules ; soit homme du côté droit et femme du côté gauche); dans les deux cas, Dieu intervenait pour séparer les deux moitiés.Personnellement, je pense que la plupart d’entre nous sont assez mûrs pour admettre que chaque homme porte en soi une part plus ou moins importante de féminité, et que –de la même manière- chaque femme porte en elle des gènes masculins. Ce n’est pas une découverte de notre temps. Quand on s’emploie à lire de façon moderne certains mythes de l’antiquité, comme celui d’Héraclès par exemple, on réalise que d’aucuns parmi les anciens Grecs avaient déjà assimilé cette notion du partage au sein de chaque être entre le masculin et le féminin.Héraclès mène une vie très difficile parce qu’il est le fruit d’une des nombreuses relations adultérines de Zeus. Zeus s’est lié à Alcmène, une terrienne, pour enfanter Héraclès. Héra, l’épouse légitime, qui endurait là la 16ème infidélité (reconnue) de son époux en a conçu du dépit, a toujours rejeté cet

enfant et l’a poursuivi de sa vindicte sa vie durant. Cette malédiction se traduisait par le fait que privé de l’apport de sa mère qui était la déesse de l’Amour sublime, du mariage légitime et protectrice de la femme, Héraclès s’est retrouvé incapable d’un amour vrai, supposant le don de soi, l’acceptation du don de l’autre, le partage et l’attachement dans la durée.

Pourquoi ai-je choisi de parler d’Héraclès ? Parce qu’un de ses 12 Travaux a consisté à ravir à la reine des Amazones sa ceinture d’or. Or, les Amazones sont symboliquement des femmes tueuses d’hommes ; elles veulent se substituer à l’homme, rivaliser avec lui, en le combattant au lieu de le compléter. Des Amazones, il y en a eu sans discontinuer, et sur tous les continents, depuis l’Antiquité, jusqu’à aujourd’hui. Nombre de femmes se réclament encore des Amazones tantôt par leurs mœurs, tantôt par leur volonté et leur militantisme. Je voudrais en donner deux exemples. On peut se placer dans le combat des lesbiennes. Monique Wittig, théoricienne du féminisme matérialiste dénonce le mythe de la femme et l’hétérosexualité qu’elle définit comme la base d’un contrat social auquel les lesbiennes refusent de se soumettre (« n’étant femme ni sémantiquement, ni politiquement, ni idéologiquement, une lesbienne n’est pas une femme »... Elle n’est pas non plus un homme, mais correspond à « un être inimaginable avec nos mots courants ». Aujourd’hui, venant d’Ukraine, le mouvement Femen nous apporte des images fortes de ce féminisme actuel. Loin de supprimer un de leurs seins, comme dans une certaine imagerie des Amazones de l’Iliade, leur armement consiste plutôt à dévoiler et mettre en évidence leur poitrine nue.

Les Amazones évoquent aussi chez moi, passionné de cheval, bien d’autres images relatives à l’image et la place de la femme dans la société. La monte « en amazone », a constitué le contre-exemple parfait des valeurs des Amazones. Au XIXème, le cheval de loisir est une pratique totalement sexuée. On trouve d’un côté la monte à califourchon à l’usage quasi exclusif du sexe masculin, et la monte en amazone, réservée et imposée aux femmes. Pour répondre aux canons de la féminité de ce siècle, l’amazone « malgré l’origine belliqueuse de son nom, n’est pas obligée de nos jours, à faire preuve de force physique, d’audace et de témérité » (Pellier). En réalité, les hommes aimaient voir leurs femmes monter de cette façon, parce que ce sont de perpétuels amoureux du merveilleux féminin et que cette posture leur restituait « les amazones de leurs rêves » (Lieutenant-colonel de Beauregard, écuyer en chef du Cadre Noir de Saumur , en 1986).Donc, même au sein d’une activité accessible aux deux sexes, on voyait exister un domaine réservé masculin. Aux hommes, seuls, la capacité et les moyens de dresser les chevaux parce qu’eux, en montant à califourchon, disposaient à la fois de la stabilité et des moyens de coercition; c’est essentiel car le cheval est le symbole privilégié du pouvoir de l’homme sur l’animal mais aussi de façon classique, et jusqu’à la guerre de 14-18, l’emblème et l’instrument du pouvoir de l’homme sur l’homme. En Occident, la relation entre l’art de la guerre et l’art de la cavalerie place le cheval au centre d’un culte immémorial. Déjà à Rome, les sculptures représentant les nobles et les vainqueurs en mode équestre en attestent. Les premiers titres de noblesse et de l’armée sont intimement liés au cheval. Cette monte en amazone fait partie des coutumes et modes qui -comme les pieds bandés des chinoises, ou les corsets, paniers, vertugadins et autres crinolines- accentuaient l’impotence des femmes. On voit comment cette technique du corps collaborait à l’aliénation des femmes.

Nos contemporains n’ont pas été les premiers à y penser. Aristophane disait déjà (dans Lysistrate) : « si l’un d’entre nous leur cède et leur donne la moindre prise, il n’est rien que ces gaillardes n’entreprennent de leurs mains tenaces... si elles se tournent vers l’équitation, je biffe nos rôles de cavalier. Car comme cavalière, la femme excelle et se tient ferme : elle ne glisse point, même au galop… Allons, il faut nous assurer de toutes et adapter un carcan à tous ces cous-là ».

Est-ce que les hommes n’ont peur que de Lilith, ou de toutes les femmes, même celles qui se cachent en eux ?Vous le lirez dans le prochain numéro spécial du journal des avocats

Pierre-Marie Sprockeels

SPRle journal des avocats

IL A 54 ANS, ET EST AVOCAT DEPUIS 32 ANS. IL A EU

SON CABINET PRINCIPAL À BRUXELLES PENDANT 30

ANS, AVANT DE DÉCIDER L’AN DERNIER DE PASSER

PLUS DE TEMPS À... SON DOMICILE, À BELOEIL ET

DONC AU BARREAU DE TOURNAI. IL Y TRAVAILLE À

PRÉSENT AVEC SA FILLE, QUI VIENT DE DÉBUTER

SON STAGE.

DEPUIS CINQ ANS IL ORGANISE À BELOEIL UN «

PARCOURS D’ARTISTES » POUR LEQUEL IL A DE

GRANDS PROJETS. IL AURA LIEU CETTE ANNÉE LES

21, 22 ET 23 JUIN. SOYEZ LES BIENVENUS.

(www.parcoursdartistesdebeloeil.be).

La porte du zoode New-Yorkréaliséepar

La Compagnie des Bronzes

Molenbeek-Saint-Jean

e vais vous présenter le livre de Luc de Blick “De compagnie des Bronzes van binnenuit” - La Compagnie des Bronzes de l’intérieur (acheter ? www.shopmybooklucdeblick). Le titre est bien choisi. Luc a travaillé dans la Compagnie des Bronzes comme jeune sculpteur tout juste diplômé de Saint-Luc à Bruxelles de 1972 à 1977, l’année de la fermeture de la Compagnie des Bronzes. Cette courte période l’a marqué, il se sent le dépositaire d’un savoir qui disparaît à vue d’oeil, à un rythme encore plus rapide que les bâtiments désaffectés de la Compagnie des Bronzes à Molenbeek, que les moules en plâtre et en gelatine, que les dessins et les plans qui à la fin de la Compagnie des Bronzes étaient utilisés pour allumer le feu…

Les archives ont été classées auprès de l’archive du Royaume près de la bibliothèque Albertine, mais aucune instance fut disposée à prendre en charge les moules, plâtres, machines, les bâtiments qui existent encore, aucun musée ne receuillera ni ne rassemblera les parties de statues qui demeurent éparpillées auprès d’antiquaires, particuliers, héritiers de sculpteurs, si elles n’ont pas été détruites déjà. Quelle descente en enfer pour la Compagnie des Bronzes qui fut un fleuron de l’artisanat et du commerce international belge ! La Compagnie des Bronzes a coulé des statues

qui se trouvent dans le monde entier, du Québec à Buenos Aires, aux portes du zoo de New York, et bon nombre de statues qui peuplent notre pays et aussi le paysage urbain de Bruxelles. Elle fut connue partout dans le monde, participant à chaque exposition nationale et internationale d’importance, y récoltant les médailles d’or et d’argent sans compter, elle était courtisée par les sculpteurs les plus renommés pour son savoir faire, une entreprise extraordinaire dans ce petit pays tout neuf qu’était la Belgique.

Le livre de Luc est un documentaire, un reportage d’un homme qui est fier d’avoir été parmi les ouvriers de la Compagnie des Bronzes, avec un patron et des collègues qui lui ont enseigné tout ce qu’il devait savoir, qui lui a raconté les aventures, les gloires, les bonheurs, erreurs et malheurs passés. Après ses années à la Compagnie des Bronzes, Luc fit une belle carrière de fondeur indépendant. Il devait cependant écrire ce livre, rassembler son savoir pour le transmettre aux autres. Ce n’est pas un chef d’oeuvre littéraire, mais plutôt un documentaire intime parce qu’on reconnaît Luc dans les photos d’atelier, on reconnaît des statues, et on retrouve Bruxelles en pleine effervescence, au beau milieu de la belle époque. Le livre est intéressant parce qu’il nous explique les techniques de coulage utilisées, presque des secrets.

La Compagnie des BronzesPar Liliane VERSLUYS

VERle journal des avocats

Découvrez-le avec moi, votre consoeur, sculptrice et peintre à ses heures et collègue de Luc dans un club de dessin depuis de nombreuses années.La Compagnie des Bronzes produisit à ses débuts du bronze et du zinc pour la construction des supports d’éclairage et de gaz de ville. À partir de 1859, elle s’est mise aux oeuvres d’art et de décoration et n’a plus arrêté de grandir. La Belgique n’avait pourtant pas de tradition de fonderies, sauf pour des cloches ou des canons. La France, elle, avait de nombreuses petites fonderies spécialisées, avec une tradition provenant des corporations. À Bruxelles, la Compagnie des Bronzes a démarré de zéro sans être encombrée par le poids de l’organisation d’une collaboration nécessaire entre de petits ateliers dispersés. Elle a construit en 1860 à Molenbeek un hall de fonderie unique au monde, destiné à la fonte de grands monuments. Pour disposer de modèles de statutes antiques, la Compagnie des Bronzes allait acheter au Louvre des copies des antiques, mais elle achetait aussi des droits de reproduction des sculpteurs (français) tells que Barye, Même, Picault et Pigalle. Pourtant, pendant les premières années, de grandes pièces destinées à la Belgique furent encore coulées à l’étranger : la Colonne des Congrès, le quadrige surmontant l’arche du cinquantenaire en Allemagne. Cela fâchait les ciseleurs qui avaient formé un Syndicat de l’Association libre des ouvriers

sous J.-B. Wets; ils ont protesté auprès du roi Léopold II contre toutes les commandes passées à l’étranger. Un ciseleur et doreur A.F. Wijnings a réussi à se faire enchaîner au carrosse du Roi, le manifeste de Wets en main. Cela a profité à la Compagnie des Bronzes, vite promue “fournisseur de la cour”.

En 1861, la Compagnie des Bronzes reçut ses premières grandes commandes : deux lions pour la colonne des Congrès (par E. Simonis) et la statue d’Egmont et Hoorn (par Fraikin), maintenant au Petit Sablon. En 1862, la Compagnie des Bronzes coulait pour la ceinture de défense d’Anvers deux énormes lions et deux colossaux combattants gallois à présent disparus (voir photo dans le texte). À partir de 1862, la Compagnie des Bronzes se lance dans le projet et l’exécution à grande échelle de pièces décoratives, cloches, cheminées, lustres, appliques, plafonniers, candélabres, etc. avec des dessinateurs et modeleurs-sculpteurs sous contrat. Elle travaille avec sa propre main d’oeuvre, un grand nombre d’artisans qui assemblaient et finissaient les statues à partir du plâtre fourni pas le sculpteur jusqu’au bronze dans sa forme exacte. La Compagnie des Bronzes devint rapidement l’expert des statues monumentales. De 1860 à 1940 elle participle à chaque exposition nationale, internationale, mondiale.

Après la première guerre mondiale, la Compagnie des Bronzes diminue sa production d’objets décoratifs, tels que lustres et accessoires de bureau, mais travaille encore beaucoup. C’est dans la période 1919-1939 qu’elle réalise ses plus grands monuments, dont de nombreux remémoraient la guerre, encore très visibles à Bruxelles : le monument aux aviateurs (par De Soete) au Boulevard Franklin Roosevelt (1919, p. 69), la statue équestre de Léopold II (par Th. Vinçotte, 1925, porte de Namur, p. 22), en 1930, la Brabançonne (de Samuel) à la place Madou (p. 84). Vous pouvez faire le tour des bronzes de la Compagnie des Bronzes dans Bruxelles avec La Fonderie (www.museum-compagniedesbronzes.com, voir le Parcours En Compagnie des Bronzes, à pied).

Le commerce internationalLa Compagnie des Bronzes ne se limitait pas à la Belgique et à la fonderie. Déjà en 1859, elle concluait un contrat avec le plus grand fondeur français, la Barbédienne, pour vendre ses modèles à Bruxelles mais aussi à Anvers, à Paris, à Londres, à Philadelphie et à Buenos Aires. La Barbédienne était l’une des premières (meilleures ?) pour réduire et agrandir ses modèles, elle créait ainsi pour la bourgeoisie la possibilité d’installer dans leur maison une statute antique de format réduit (v. photos du magasin p. 50). Elle travaillait pour de nombreux sculpteurs étrangers, pour tous les grands sculpteurs anglais (dont, selon Luc, le meilleur était Thomas Brock), écossais et irlandais.

La techniqueLe savoir des artisans belges provenait de la tradition mosane de la période romane. Au moyen-âge, la technique de la cire perdue fut remplacée par la technique du sable. Tous les nouveaux modèles furent realisés pièce par pièce, selon le principe de Sussini (Florence, 15e S.) selon la “coupe romaine”. Les bras et les jambes sont emboîtés et les bords sont coulés avec des lèvres. Celles-ci sont serties de sorte qu’il ne faut pas souder.

1. Guerriers Gallois à Berchem2. Transport de Lafaillette, Metz 19203. The Black Prins – assemblage de l’oeuvre

à Leeds en 19054. Le Lion de l'enceinte d'Anvers5. L’auteur du livre, Luc De Blick, au travail à la

Compagnie des Bronzes

1.

2.

3.

VERle journal des avocats

On utilisa la machine d’agrandissement inventée par Achille Callas en 1836 pour réaliser toutes les statues du stock, dans différents formats (statues offertes en vente dans de beaux catalogues tels que celui reproduit dans le livre). On peut finir les pièces séparément et les assembler dans le modèle de cire avant de les couler. Dans un moule de gelatine, on peut réaliser des multiples, plus besoin d’une armature de fer qu’il faut enlever par la suite, et l’on peut entasser plusieurs moules dans un four. Grâce à cette technique, les sculpteurs pouvaient se laisser aller dans les motifs floraux (voyez dans le catalogue les lustres et les vases). Plus tard, la cire perdue fut le moyen d’expression pour les sculpteurs expressionistes avec leurs non-finis et leur toucher spontané.

Les sculpteursIl est saisissant de constater que les auteurs des magnifiques lustres, appliques, pendules, jardinières, etc. offerts au grand public (les bourgeois, la classe possédante dirait Wets)

demeurent tout à fait anonymes, pas de Philippe Starck ou d’Alessi dans la Belle Epoque. Pour les sculptures, c’est un peu différent; çà et là un sculpteur est mentionné, rares sont les noms qui nous rappellent plus que le nom d’une rue.

Pourtant, jusqu’en 1875 la Compagnie des Bronzes, peu conséquente avec ses ciseleurs militants pour le marché belge, commandait des bronzes importants auprès des Français Cartier-Belleuse et… Rodin, qui travailleront pendant 5 ans, de 1870 à 1875, pour la Compagnie des Bronzes. Rodin signa avec la Compagnie des Bronzes un contrat pour la reproduction de Suzon en 1875, ce fut sa première reconnaissance comme sculpteur.L’épouse de Constantin Meunier, visita en 1888 le magasin de la fonderie pour y vendre les statues “La Femme Meunière” et “Forgeron”. Elle obtint 20 % du prix de vente de chaque statue vendue et 10 % en plus si Meunier voulait s’occuper lui-même de la finition des modèles en cuivre (p. 38).

4.

LILIANE VERSLUYS EST NEE EN 1951 A GROOT-BIJGAARDEN. LICENCIEE EN DROIT DE LA

KATHOLIEKE UNIVERSITEIT LEUVEN EN 1953, ELLE FIT SON STAGE A BRUXELLES PUIS

S’ETABLIT A LOUVAIN. ELLE A ECRIT PLUSIEURS LIVRES, LE PREMIER « JE RECHTEN

ALS VROUW » (EPO 1987, 640 P.), LES DEUX DERNIERS « JE RECHTEN IN JE RELATIE

BIJ HUWELIJK EN SAMENWONEN » (EPO 2008, 759 P.) ET « JE RECHTEN BIJ ERFENIS »

(EPO 2010, 491 P.). C’EST EN 1988 QU’ELLE DECOUVRIT LA SCULPTURE, LE DESSIN ET

LA PEINTURE. CES DERNIERES ANNEES ELLE A EXPOSE ENTRE AUTRES TROIS FOIS

AVEC DES CONFRERES-ARTISTES DE LOUVAIN ET UNE AUTRE FOIS EN 2010 AVEC DES

PEINTRES, CARICATURISTES ET AUTRES ARTISTES SUR LE THEME DE LA JUSTICE

L’avocate Liliane Versluys en plein travail dans son atelier. Nous aurons le plaisir de vous

présenter ses oeuvres dans notre prochain numéro du Printemps, qui sera dédié à LA FEMME !

Les oeuvres d’artLes prouesses technico-artistiques de la Compagnie des Bronzes ne mènent pas toujours en ligne droite vers le succès, ainsi que le démontre l’histoire du vase de Ringhel d’Alsace. Ce vase de 273 cm de hauteur et 103 cm de diamètre (p. 39) fut coulé en une seule pièce et en une coulée. Il n’a pas été vendu lors de l’existence de la Compagnie des Bronzes. Jusque 1977 il se trouvait dans la cour à l’entrée, il a été vendu au kilo et a finalement atterri à Los Angeles (USA) dans le musée de Paul Getty !

La justice dans tout cela ?Le livre ne contient qu’une seule statue repré- sentant la Justice, et elle apparaît encore sous le

pseudonyme de “Manship”. Elle se trouve sur un bas-relief dédié à Abraham Lincoln à Fort-Waine (USA) (p. 86). Par contre, la Compagnie des Bronzes a coulé la couverture de bronze pour la grande porte du Palais de justice de Bruxelles (pour le montage voir la photo dans le texte, pour le résultat p. 458). Il est vrai que la Compagnie des Bronzes avait dans son catalogue une belle statute du Désespoir (par Devreese, p. 352).

Mes préférés de la Compagnie des Bronzes ?Une belle vasque (p. 232), La Nuit (par J.-B. Sloots et Oudin, p. 265), de lustre avec grappes de raisins (p. 345), et l’irrésistible Suzon de Rodin (e.a. p. 357)

Lilliane VERSLUYS

Autres publications au sujet de la Compagnie des Bronzes :La Fonderie : “La compagnie des Bronzes”, 2003Cor Engelen : “Compagnie des Bronzes – archief in Beeld”, Leuven 2002

5.

Dominique Rigo, le design sans appel.

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Par Olivier VRINS

BLOC-NOTES

ERIK SATIE(1866-1925)

«AVANT-DERNIERES PENSEES»Il y a peu, j’avais le plaisir de vous donner, dans cette même revue (voir le numéro 5), un bref aperçu de l’humour décapant d’Erik Satie. L’irrésistible envie me prend, aujourd’hui, d’évoquer une compilation fascinante de ses oeuvres phares.

Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter les illustrissimes Gymnopédies (j’entends d’ici vos téléphones portables massacrer la première). Sans doute les Gnossiennes et autres Ogives n’ont-elles plus davantage de secrets pour vous.

Ceux qui n’apprécient en Satie que l’auteur de ces pages mystiques, l’adepte de l’Ordre de la Rose+Croix qui fut ensuite membre fondateur (et unique, du reste) de l’Église Métropolitaine d'Art de Jésus, opteront pour l’enregistrement qu’en a laissé Claire Chevalier (ZIG-ZAG Territoires ZZT080901).

Ceux qui aspirent à dépasser le rosicrucien et à arpenter l’oeuvre du compositeur d’Arcueil dans ce qu’il a de plus hétéroclite trouveront en revanche leur bonheur en compagnie des deux disques que voici.

Cet enregistrement nous fait découvrir (ou redécouvrir, selon les cas) les pièces les plus célèbres, mais aussi les pages les plus raffraîchissantes et les plus improbables, de l’un des artistes les plus inclassables de l’histoire de la musique: des Véritables Préludes Flasques (pour un Chien) aux Choses vues à droite et à gauche (sans lunettes), en passant par la Petite ouverture à danser, les Descriptions automatiques, les Trois morceaux en forme de poire, le cocasse Chez le docteur, La Diva de l’Empire, le grivois Allons-y Chochotte, et bien d’autres encore...

Le pianiste Alexandre Tharaud, dont la réputation n’est plus à faire, s’entoure ici de quelques amis musiciens pour créer l’événement. Au travers d’un programme bigarré d’une grande intelligence, il entraîne l’auditeur, suspendu à ses doigts, dans les méandres de l’œuvre superbement diversifiée et pleine d’esprit de Satie. L’atmosphère versatile qui règne tout au long de ces deux disques, hésitant sans cesse entre rire et ascétisme, suscite l’enchantement. Elle s’explique tant par l’agencement des pièces que par l’hétérogénéité des combinaisons instrumentales. Au premier disque, intégralement consacré au piano, s’oppose en effet le second, qui voit le clavier épouser le chant (Jean Delescluse et Juliette sont tout bonnement délicieux), le violon et, l’espace de quelques notes, la trompette.

VRIle journal des avocats

Cette anthologie prend, de ce fait, l’avantage sur les intégrales, souvent jugées insurpassables, de l’œuvre pour piano de Satie signées Aldo Cicciolini ou Jean-Joël Barbier. D’autant que tous les acteurs de cet enregistrement, animés d’une même ferveur et faisant montre d’une maîtrise des contrastes et des nuances exceptionnelle, communient à la gaieté très «French cancan» mêlée de tendresse qui est la marque de fabrique par excellence d’Erik Satie.

Tharaud prend également soin de rappeler que celui qui est parfois considéré comme le père du minimalisme est aussi le véritable inventeur du piano préparé: il nous livre ici le Piège de Méduse sur un instrument truffé de feuilles de papier et morceaux de carton, de plastique et de métal, reproduisant ainsi, avec quelques variantes que Satie lui-même n’eût assurément pas désapprouvées, la scène qui s’était produite chez les parents de Roland-Manuel lors de la création de l’œuvre en 1914.

Aux innombrables qualités de ce coffret s’ajoute le fait qu’il bénéficie d’une présentation très élégante, imprégnée de l’humour indicible du compositeur, ainsi que de riches commentaires.

Un vrai régal !

Olivier Vrins

Portrait d’Erik Satie par Suzanne Valadon, 1893

Erik Satie : projet de buste, autoportrait, 1913

OLIVIER VRINS, COLLABORATEUR DE LA REVUE CRESCENDO (WWW.CRESCENDO-MAGAZINE.BE), A LE GRAND PLAISIR

DE VOUS FAIRE DÉCOUVRIR RÉGULIÈREMENT QUELQUES BIJOUX DE SA DISCOTHÈQUE DANS LES PAGES DU JOURNAL

DES AVOCATS.

M e r c e d e s

Ils ont prêtéleur plume et leurs images

Daniela COCO

BernardHANOTIAU

Notre invitée d'honneurChristiane FÉRAL-SCHUHL

AlainJACOBS-VON ARNAUD

BrunoDAYEZ

Philippe BALLEUX

Michel CLAISE

François DESSY

Guillaume CROISANT

Valentin JADOT

le journal des avocats

Jede unserer Lektüren lässt einen Samen zurück, der keimt. [Jules Renard) Aus dem Journal 1894-1904

Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe. [Jules Renard] Extrait de son Journal 1894-1904

Karl-HeinzLAMBERTZ

GérardLEROY

Pierre-MarieSPROCKEELS

JacquesMALHERBE

François MOTULSKY

Marco OSSENA CANTARA

Christophe MARCHAND

Ghislain ROYENZ

Liliane VERSLUYS

OlivierVRINS

Dans vos numéros 2010, 2011 et 2012 du -journal des avocats- vous retrouverez, classés par ordre alphabétique, les avocats, auteurs et artistes suivants :

A Roman Aydogdu 4

B Jean-Pierre Babut du Marès 1 Philippe Balleux 9 Marina Blitz 6 Olivier Bonfond 4 - 8 Stéphane Boonen 6 Xavier Born 8 Jean-Paul Brilmacker 7 Jean-Pierre Buyle 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7

C Sandrine Carneroli 4 Roger Chaidron 8 Françoise Chauvaux 4 Michel Claise 9 Daniela Coco 8 - 9 Philippe Coenraets 3 Marteen Colette (OVB) 4 François Collon 7 Olivier Collon 1 Guillaume Croissant 9

D Georges-Albert Dal 3 Marc Dal 1 Christian Dalne 7 Jérôme Dayez 1 Bruno Dayez 1 - 2 - 9 Robert De Baerdemaecker 4 Jérôme de Brouwer 4 Jacques De Dobbeleer 4 Vincent Defraiteur 1 - 3 Anna Dejonckheere 8 Martine Delierneux 6 Francis Delpérée 2 Willy Demeyer 7 Guy De Reytere 4 Yves Derwahl 2 - 5 François Dessy 5 - 6 - 7 - 9 Marie-Fraçoise Dubuffet 6 Aimery de Schoutheete 4 Denis Dobelstein 2 Caroline Dubois 4 Axel Dumont 3

Marie Dupont 7 Véronique Drehsen 1 - 2

E Isabelle Ekierman 4 Marie-Céline Elleboudt 8

F Christiane Féral-Schuhl 9 Benoît Feron 2 Roland Forestini 5

G François Glansdorff 4 Jean-Marc Gollier 1 - 2 - 5 Simon Gronowsky 2 Emmanuel Gueulette 2

H Bernard Hanotiau 9 Marie-Paule Helpens 5 Patrick Henry 5 Guy Horsmans 3 - 4 Jean-Damien Huberty 3

J Valentin Jadot 9 Dominique Jossart 4 Alain Jacobs-von Arnaud 4 Ingrid Jodocy 8

K Axel Kittel 3

L Vinciane Labeye 5 Véronique Laurent 3 Marc Lazarus 1 Karl-Heinz Lambertz 1 - 9 Juan Le Clercq 4 Cédric Lefèbvre 3 Pierre Legros 3 Eric Lemmens 4 - 8 Rolf Lennertz 8 Serge Léonard 2 Antoine Leroy 3

OÙ RETROUVER TOUS NOS AUTEURS

ABC

Gérard Leroy 1 - 2 - 3 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 Luc Lethé 2 - 5 Vincent Lurquin 5

M Xavier Magnée 4 Michel Mahieu 4 Jacques Malherbe 9 Bernard Mairiaux 8 Christophe Marchand 9 Paul Martens 1 Christine Matray 2 Jean-Pol Meynaert 1 Yola Minatchy 5 - 6 Xavier Miny 7 Luc Misson 1 Stéphanie Moor 3 - 7 François Motulsky 9

O Martin Orban 4 Marco Ossena Cantara 8 - 9 Yves Oschinsky 4

P Pierre Paulus de Châtelet 2 - 4 Alix Philippe 5 Marie-Françoise Plissart 5 Corinne Poncin 1 - 2

R Carole Raabe 7 Pierre-Jean Richard 1 - 2 - 5 Yohann Rimokh 6 Jacqueline Rousseaux 2 Ghislain Royen 3 - 4 - 6 - 8 - 9

S Jean Saint-Ghislain 4 Vincent Sauvage 8 André-Marie Servais 4 Luc Simonet 3 - 6 Pierre-Marie Sproockeels 9 Marcel Siraut 1 Jehanne Sosson 1 Frank Spruyt 8 Benoît Stévart 4 Jo Stevens (OVB) 4

T Patrick Thevissen 1 Miguel Troncoso Ferrer 7

V Louis Van Bunnen 2 - 3 - 6 Séverine Vandekerkove 3 Catherine van Gheluwe 4 Xavier van Gils 4 Claude Vanwelde 7 Benjamin Venet 3 Liliane Versluys 9 Michel Vlies 8 Olivier Vrins 5 - 6 - 7 - 8 - 9

W Jean-Paul Wahl 5 Jennifer Waldron 2 Vincent Wauthoz 6 Pierre Winand 4 Hippolyte Wouters 1

Y Cavit Yurt 3 - 5 - 6 Onur Yurt 4

Z Marie Zaghem 6

Ecrire pour le plaisir et laisser une trace…

le journal des avocats

Les opinions exprimées par les auteurs n’engagent qu’eux-mêmes et ne reflètent pas nécessairement celles des éditeurs. La présentation de nos auteurs est toujours rédigée par chacun d’eux.

UN HOMMAGE AUX FEMMES :

Ne ratez surtout pas le prochain journal des avocats N° 10 - PRINTEMPS 2013 - Il vous surprendra.

Entièrement écrit par des AUTEURES, magistrates, doyennes d’universités, juristes d’entreprises et avocates à la talentueuse plume féminine, il vous plaira.