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Le Journal de l’ Afrique N°9 Sommaire : Editorial Par Carlos SIELENOU & Olivier A. NDENKOP Le Dessin du mois Par Levent ACAR Les Brèves du mois Attaque terroriste en plein cœur de Bamako :La France paye pour ses contradictions géostratégiques au Mali ! Par Ibrahima SENE "La France nous avait donné son feu vert pour l'indépendance de l'Azawad" Par Hama AG MAHMOUD APE : Nouvelles armes de destruction massive des pays ACP. Par S NJUFOM & Olivier ATEMSING NDENKOP Accords de Partenariat Economique UE-CEDEAO : quand l’agriculture africaine se fait piéger Par Mouhamadou DIOP Le mur meurtrier de la Méditerranée : L’assassinat institutionnel de masse de l’Union européenne Par Said BOUAMAMA

Journal de l'Afrique 9

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Avril 2015

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  • Le Journal de lAfrique N9

    Sommaire :

    Editorial Par Carlos SIELENOU & Olivier A. NDENKOPLe Dessin du moisPar Levent ACAR

    Les Brves du mois

    Attaque terroriste en plein cur de Bamako :La France paye pour sescontradictions gostratgiques au Mali !Par Ibrahima SENE

    "La France nous avait donn son feu vert pour l'indpendance del'Azawad"Par Hama AG MAHMOUD

    APE : Nouvelles armes de destruction massive des pays ACP.Par S NJUFOM & Olivier ATEMSING NDENKOP Accords de Partenariat Economique UE-CEDEAO : quand lagriculture

    africaine se fait piger Par Mouhamadou DIOPLe mur meurtrier de la Mditerrane : Lassassinat institutionnel de

    masse de lUnion europennePar Said BOUAMAMA

  • Editorial :

    Les nouveaux accords matre-esclave !

    Les accords de partenariat conomique (APE) entre lUnion europenne et les paysAfrique-Carabes-Pacifique (ACP) vont continuer alimenter le dbat public sur lecontinent durant cette anne 2015 et au-del. Plusieurs pays ont dj sign ces APE,mais les organisations de la socit civile multiplient les plaidoyers et les actions sur leterrain pour quils ne soient pas ratifis. Mais de quoi sagit-il au juste ? Quelles consquences les APE auront-ils sur les payssignataires ? A travers trois articles complmentaires, cette dition du Journal de lAfrique (JDA)vous donne les cls pour comprendre ces nouveaux accords matre-esclave. Ils vontfragiliser les Etats, paupriser les masses populaires dj fortement prcarises,exacerber lmigration des jeunes. Le secteur agricole ouest africain est pris ici commecas pratique. Ce numro revient sur lattentat terroriste survenu dbut mars Bamako, lacondamnation de lex-premire dame de Cte-dIvoire, Simone GbagboAprs chacune de nos ditions du JDA, vous tes de plus en plus nombreux nousenvoyer des messages dencouragement, de flicitation ou des invitations nousintresser tel pays. Nous en sommes trs sensibles et en tenons compte.

    Carlos Silenou & Olivier A. Ndenkop

  • Le Dessin du mois

  • Le Nigeria a un nouveau prsident

    Photo DR

    Le 31 mars dernier, la commission lectorale nigriane a annonc la victoire de Muhammadu

    Buhari sur le prsident sortant Goodluck Jonathan lissue du scrutin du 28 mars. Gnral

    la retraite, Muhammadu Buhari a dirig le Nigria de dcembre 1983 aot 1985, date

    laquelle il est renvers son tour par le gnral Ibrahim Babangida. Trois fois candidat

    malheureux (2003,2007 et 2011) la magistrature suprme, Buhari, musulman du Nord a fait

    une alliance avec le Sud en dsignant Yemi Osinbajo, chrtien vangliste comme son vice-

    prsident en cas de victoire. Il a aussi bnfici du soutien de lancien prsident Olusegun

    Obasanjo qui a publiquement dchir sa carte du Parti dmocratique populaire (au pouvoir) en

    fvrier dernier pour rejoindre lAPC de Buhari.

  • La Suisse rembourse 380 millions de dollars

    dtourns par Sani Abacha

    Photo DR

    Le 17 mars 2015, le ministre public genevois a annonc la restitution au Nigria de 380millions de dollars US dtourns par l'ancien prsident Sani Abacha dans les annes1990. Cette dcision est le rsultat dun accord sign en juillet 2014 par le Nigria et lafamille Abacha et qui prvoyait la confiscation des avoirs de la famille de lex dictateur encontrepartie de l'abandon par Abuja de sa plainte contre Abba Abacha, le fils du despotedcd en 1998.Sani Abacha est souponn d'avoir dtourn plus de 1,6 milliard de dollars pendant ses 4 ans la tte du Nigeria (1994-1998).

  • Cte-dIvoire : 20 ans de prison contre Simone Gbagbo

    Photo DRSimone Gbagbo, 65 ans, pouse de Laurent Gbagbo actuellement poursuivi par la Courpnale international (CPI) La Haye en attendant son procs dbut juillet a tcondamne 20 ans de prison ferme par la Cour dAssises ivoirienne. Le parquet gnralavait pourtant requis dix ans demprisonnement.Juge pour son rle prsum durant la crise postlectorale de 2010-2011 et les violencesqui ont fait plus de 3000 morts en Cte dIvoire, lex-premire dame du pays taitprsente dans le box des accuss durant les audiences. Ses avocats ont dnonc unedcision politique.

  • ATT interrog sur largent de Kadhafi

    Photo DRLe 24 mars, lex prsident du Mali, Amadou Toumani Tour (ATT) rfugi au Sngaldepuis sa chute en 2012 a t auditionn par la Division des investigations criminelles(DIC) de la police judiciaire sngalaise, en prsence de deux magistrats franais. Aucentre de lenqute : laffaire de lventuel financement de la campagne lectorale deNicolas Sarkozy par le Guide libyen Mouammar Kadhafi en 2007.Amadou Toumani Tour tait trs proche de Kadhafi et aurait t au courant dufinancement de la campagne lectorale du candidat Sarkozy travers le LAP, un fondsd'investissement libyen au Mali.

  • Attaque terroriste en plein cur de Bamako : la Francepaye pour ses contradictions gostratgiques au Mali !

    Lattentat terroriste survenu dans la nuit du 6 au 7 mars 2015 dans le restaurant

    La Terrasse Bamako et qui a t la vie plusieurs personnes dont un Franais

    est luvre des anciens allis de Paris, tombs en disgrce.

    Par Ibrahima SENE

    Moktar Belmoktar, chef dun groupe arm proche dAL QAIDA, vient de revendiquerpubliquement lattaque terroriste de la nuit du 6 au 7 mars Bamako. Attaque qui estintervenue quelques jours seulement aprs que le ministre des Affaires trangres de laFrance ait exig des mouvements arms en lutte contre Bamako, de signer sans dlai les Accords de paix dAlger .Dans le communiqu rendu public par Moktar Belmoktar, il ne fait aucun doute que cestla France qui est vise dans cet attentat au Restaurant La Terrasse , alors que le Belge,et les Maliens tus dans une rue adjacente, ne seraient que des victimes collatrales lorsde la fuite des assaillants. Le fait que cette attaque soit aussi intervenue dans un contextemarqu par le refus du MNLA et de ses allis de signer les Accords dAlger , sousprtexte de la ncessit dun dlai pour consulter leurs bases , montre bien que ces Accords ne mettront pas fin la crise au Nord du Mali.

  • Ce serait un signal vident de la volont de mettre en chec ce compromis franco algrien pour ramener la paix dans cette partie de la Zone sahlo sahlienne, querefltent les Accords dAlger .Les Autorits Franaises se sont avres incapables de faire accepter, par le MNLAquelles ont toujours utilis dans cette crise, ce compromis franco-algrien quiloigne toute perspective dun Etat indpendant Touareg aux frontires de lAlgrie. En effet, le MNLA est victime du changement politique intervenu en France avec ledpart de Sarkozy et larrive de Franois Hollande. Ce changement au niveau de lexcutif franais a entrain des modifications dans lesmodalits de mise en uvre des objectifs gostratgiques des autorits franaises dansla zone sahlo-sahlienne. Cest ainsi que linstrumentalisation du MNLA par Sarkozy dans la mise en uvre de lapolitique gostratgique de la France au Mali, avait comme contrepartie sa promesse dele soutenir pour obtenir de Bamako, son accord pour transformer le Nord Mali, enRpublique indpendante de lAZAWAD sous la direction de celui-ci.Cest pour mettre en uvre cet Accord rendu public , plusieurs reprises, par lesdirigeants du MNLA sans jamais tre dmentis par les autorits franaises, que cegroupe arm fut transfr et quip de Libye sous lgide de la France, pour sinstaller auNord Mali, avant quil ne sattaque aux forces de scurit du pays pour proclamerlindpendance de lAZAWAD. De leur ct, les autorits franaises mirent la pression sur Bamako pour quil sattle respecter le calendrier lectoral pour tenir des lections prsidentielles, la place desoccuper de la libration du Nord Mali, transform en Rpublique indpendante delAZAWAD . Pour la France, il faillait, aprs les lections prsidentielles, puis lgislatives du Mali, queles nouvelles autorits puissent ouvrir de ngociations avec les sparatistes du Nord etnon mener une guerre pour librer cette partie de leur territoire national. Lacceptation de ce scnario de Paris par le prsident malien de lpoque, AmadouToumani Tour (A.T.T) fut fatale son rgime finalement renvers par un coup dtatmilitaire. Le putsch a t men par de jeunes officiers qui taient outrs de labandon de

  • la souverainet de leur peuple sur toute ltendue du territoire malien, dont une partietait livre des troupes djihadistes. Lesquelles se livraient des massacres des troupesdes forces de scurit et des populations, livres elles par le gouvernement malien.Cette raction patriotique de ces jeunes officiers, fut pour Paris, un crime de lse-majestquil fallait sanctionner sans tarder, et de faon exemplaire. Cest ainsi que Paris eut recours aux chefs dEtat de lUEMOA (Union conomique etMontaire ouest africaine), de la CEDEAO (Communaut des Etats dAfrique de louest) etde lUnion africaine (U.A) qui avaient leur tte ses hommes liges pour toufferconomiquement, financirement, militairement et politiquement le nouveau pouvoirmilitaire afin de lempcher de mobiliser le peuple malien dans un Rassemblement desalut national pour librer le nord de leur pays et assurer lintgrit de leurs frontireset la scurit du peuple.Cest pour cela que les avoirs extrieurs du Mali furent bloqus par lUEMOA, commecela fut le cas de la Cte dIvoire sous Gbagbo, un embargo conomique et sur les armesfut dcrt par la CEDEAO. Cest dans ce cadre que Paris suspendit ses accords dedfense avec le Mali, et queut lieu le blocage Accra des armes commandes par leGouvernement du Mali, bien avant la chute dA. T. T. Cependant, les tentatives de Sarkozy de mobiliser une arme dintervention de laCEDEAO pour le rtablissement de lordre constitutionnel au Mali, furent bloqus parla rsistance du Ghana et du Nigria, malgr lactivisme de partis politiques etdorganisations de la socit civile du Mali, regroups dans un Front anti putschiste pour rclamer le dpart des militaires, le retour lordre constitutionnel pour organiserles lections dans le respect du calendrier rpublicain . Ce contexte avait paralys lenouveau pouvoir militaire, et avait permis aux groupes djihadistes de sanctuariser leNord Mali en y imposant un pouvoir islamiste radical, et dy chasser vers le Burkina, leMNLA qui les avait associs dans sa lutte indpendantiste. Cest dans cette situation de triomphe des djihadistes quest intervenue la chute deSarkozy, avec larrive de Hollande, qui dut changer de modalits de mise en uvre de lapolitique gostratgique de la France, face au nouveau projet des groupes djihadistes,dtendre leur pouvoir hors des limites du Nord Mali, baptis Rpublique indpendantede lAZAWAD, pour sbranler vers Bamako.

  • La France de Hollande ne pouvait donc plus attendre la tenue dlections, encore moinslenvoi de troupes de la CEDEAO, et dcidait ainsi de l Opration Serval en sappuyantnon pas sur larme malienne pour librer le Nord Mali, mais sur le MNLA quelle a faitrevenir du Burkina sous ses ailes.Cest ainsi que larme malienne fut parque dans les environs de Gao, par la France,avec le soutien des USA et la complicit des Nations Unies qui ont dpch des forcespour maintenir la paix au Nord Mali, en laissant le MNLA contrler la rgion de Kidal.Cette deuxime occupation du nord Mali par le MNLA grce la France, avait fini parconvaincre ses dirigeants du respect par Hollande des engagements de Sarkozy,damener Bamako accepter leur revendication dindpendance de lAZAWAD. Etsurtout que le nouveau pouvoir issu des lections prsidentielles navait pas hsit defaire arrter les dirigeants du putsch qui a fait tomber A.T.T, et avait libr certains deleurs principaux dirigeants pourtant accuss de crimes de guerre , par les autoritsmaliennes qui avaient mme annul les mandats darrt internationaux lancs contrecertains.Dautant plus que le nouveau pouvoir avait sign de nouveaux Accords militaires avec la France, lui permettant dexhausser son vu de toujours : faire de la base militairestratgique de Tessalit au nord Mali, sa base oprationnelle dans le cadre de sa nouvelleopration militaire dans la zone sahlo sahlienne, baptise Barkhane .Mais ce que le MNLA navait pas pu voir venir cest le changement de la politiquefranaise vis--vis de lAlgrie qui ne voyait pas dun bon il lavnement dun EtatTouareg dans le nord Mali ses frontires, et qui faisait delle lallie stratgique dunouveau pouvoir malien qui voulait empcher la partition de son territoire. Do ledouble rapprochement de Paris et de Bamako vers Alger.Cest ainsi que lAlgrie, le verrou quil fallait faire sauter sous Sarkozy, au mme titreque la Libye sous Kadhafi est devenue avec Hollande un partenaire stratgique dans lazone sahlo sahlienne avec qui il fallait cooprer. Et pour le Mali, lAlgrie est devenueun alli stratgique contre un Etat indpendant Touareg au Nord.Ce nest quavec la tenue des ngociations de paix Alger que le MNLA a dcouvert peu peu le changement de la politique Franaise envers lAlgrie et ses consquences sur lesengagements quelle avait pris pour la ralisation de son projet politique.

  • Ceci explique le dpit amoureux entre Paris et le MNLA. Ce dernier refuse dobir auxinjonctions de Paris pour signer les Accords de paix dAlger, et lattentatspectaculaire du mouvement djihadiste proche dAl Qaeda qui vient rappeler tristementses engagements dhier, la France, vis--vis de lAZAWAD.Comme les Etats Unis dAmrique avec larme de lEtat islamique quils ont aid sarmer et sentraner contre la Syrie, et qui aujourdhui sest retourne contre lesintrts amricains dans cette sous-rgion du Moyen Orient, la France risque de voir unnouveau rapprochement du MNLA avec les groupes djihadistes, pour frapper ses intrtsdans la zone sahlo sahliennes et Bamako risque de retourner la case dpart pourdfendre militairement lintgrit de son territoire et la scurit de ses populations. La France, une fois Tessalit en poche, veut se retirer du Mali le plus rapidement possiblepour concentrer ses efforts militaires au soutien du Tchad et du Niger dans la guerrecontre Boko Haram, pour exploiter au maximum, par sa prsence, les consquences dela reconfiguration du Nigria et du Cameroun, quentrainerait inluctablement lapartition attendue du Nigria sous les effets conjugus des coups de Boko Haram etdune grave crise postlectorale.Do son engagement total au compromis franco- algrien de paix, qui lui permet,avec limplication totale de lAlgrie, de mieux assurer la scurit de ses intrtsconomiques dans la zone, contre les djihadistes. En effet, une crise postlectorale qui va paralyser lEtat nigrian, serait du pain bnipour Boko Haram pour faire clater le Nigria au dtriment de nos aspirationspanafricaines et de la scurit de nos peuples. Les Nigrians qui ont pouss leur pays vers ce gouffre ont trahi jamais ces aspirationsdes peuples dAfrique, pour satisfaire les intrts gostratgiques des USA et de la Franceen Afrique. Ils nont tir aucune leon de ceux qui, au Moyen Orient et au Mali ont servi de relaispour faire cette sale besogne par les grandes puissances occidentales, et qui aujourdhui,par dpit amoureux sen prennent elles.

  • La preuve est aussi faite que les Accords de dfense avec la France et les USA, signspar nos gouvernants ne rsistent nullement leurs intrts stratgiques qui priment surnos intrts nationaux que ces Accords sont censs dfendre.Bamako devrait donc, lui aussi, profiter de limplication totale dAlger pour faireappliquer ces Accords de paix et solliciter le soutien de la CEDEAO sous la directiondu Ghana, et de lUA, sous la direction de Mugab, pour faire respecter lintgrit de sonterritoire et y assurer la scurit de ses populations.Plus que jamais, avec les Accords dAlger , les conditions sont politiquement runiespour permettre la CEDEAO et lUA de remplir leurs missions historiques dintgrationde nos forces armes et de scurit, pour dfendre lintgrit territoriale des Etats issusdu colonialisme et la scurit de leurs populations. Cest ce dfi que la crise politique et militaire du Nigria lui impose aussi de relever.Cest pourquoi il est attendu des prsidents de la CEDEAO et de lUA de simpliquerauprs des partis politiques en comptition et des organisations de la socit civile duNigria pour viter tout recours la violence ou la paralysie de lEtat pour rgler lescontentieux lectoraux que le monde entier attend et que lAfrique redouteprofondment.Panafricanistes de tous les pays dAfrique et de la Diaspora, unissons- nous pour lerespect des Accords de paix dAlger , et pour un traitement politique appropri detoute crise postlectorale au Nigria.Ne laissons pas les ennemis de lAfrique nous avoir une nouvelle fois.Source : InvestigAction

  • La France nous avait donn son feu vert pourl'indpendance de l'Azawad

    Ancien ministre de la Fonction publique sous la prsidence de Moussa Traor,Hama Ag Mahmoud tait en charge des Affaires extrieures dans le ConseilTransitoire de lEtat de lAzawad, le gouvernement autoproclam du MNLA, formen juin 2012 aprs la conqute des villes du nord du Mali. Il a dmissionn de ceposte avec fracas pour sopposer lalliance entre les indpendantistes touaregs etle groupe djihadiste Ansar Dine en dcembre 2012, quelques mois avant le dbutde loffensive franaise : Opration Serval. Dans cette interview, il fait desrvlations troublantes sur lintervention franaise. Par Le Courrier du Sahara

    Hama Ag Mahmoud, photo DR Un an aprs le dclenchement de loffensive franaise au Mali, quel bilan

    faites-vous de ces oprations ?

    Jai surtout vu des assassinats de civils, des pillages, des destructions dhabitats etde points deau. La presse nen parle pas. Qua-t-on dit au sujet des 600 mortscivils que nous avons rpertoris depuis le dbut de ces oprations militaires? Etquand vous regardez les images de Hollande Tombouctou, vous ne voyez pasune seule personne blanche. Comparez larrive de Hollande Tombouctou aveccelle de Chirac et vous allez voir la gaffe de larme franaise. On a procd une

  • puration ethnique des 3 rgions du nord sous le regard impassible de larmefranaise et de la communaut internationale. Personne nen dit mot. a mervolte. Doit-on comprendre que vous mettez en cause la lgitimit de cette

    intervention ?

    Tout le monde sait aujourdhui quil y a un agenda cach derrire cetteintervention. Durant toute lanne 2012 on a mis en garde la communautinternationale contre cette intervention. On ne peut pas lutter contre leterrorisme avec des avions et des blinds. Les terroristes connaissentparticulirement bien la rgion. Ils circulent avec des 4X4 qui filent 100km/hhors-piste. Ils connaissent le moindre petit trou de rat dans le dsert.Les franais nont pas accept les solutions quon leur avait prsentes lpoque.A savoir ngocier pour parvenir la paix, comme le prconisait la rsolution 2085du conseil de scurit. On pouvait rgler les problmes politiques et laisser lespopulations locales faire la guerre aux terroristes, sans dgts collatraux. LeMNLA, avec le soutien des populations de lAzawad, pouvait faire chec auxterroristes mille fois mieux que larme franaise.- Aprs avoir conquis le nord du Mali, le MNLA sest retrouv dbord par les

    djihadistes. La menace tait bien relle, vous ladmettez ?

    - Mais bien sr que je ladmets. Je sais aussi pourquoi. Ctait pour faire chec auMNLA. Tous ces mouvements ne sont pas venus de rien. On sait do ils viennent,qui les ravitaille, qui les finance. Toutes les positions politiques quils proclamentcorrespondent aux positions politiques dfendues par certains pays. Soyons clair,ils faisaient la guerre au MNLA par procuration.- Ce sont des arguments que vous avez tent de faire entendre Paris lorsque

    vous tiez en charge des affaires extrieures du MNLA?

    - Au dpart, on avait dit la France faites attention. Vous tenez les deux bouts.Cest vous qui nous avez incit revenir dans lAzawad. Cest vous aussi qui

  • dtenez le pouvoir politique Bamako. Arrangez les problmes avant quil ne soittrop tard. La France ne la pas fait. Aujourdhui je crois que cest mme trop tard.- La France aurait donc pouss le MNLA occuper les villes du Nord du Mali ?

    - Oui tout fait. La France a demand au MNLA de laider faire dserter tous lescombattants de lAzawad qui taient dans larme libyenne, pendant la guerre deLibye. Ensuite de bloquer le recrutement des libyens dans lAzawad et dans lArau Niger.Et en contrepartie, elle nous avait donn son feu vert pour lindpendance delAzawad. Cest laccord qui a t conclu avant la guerre entre le MNLA et laFrance. Et immdiatement la guerre gagne par le MNLA, la France a changcompltement de politique. Elle a mis tout son dispositif diplomatique contre leMNLA. Alors conclusion, lobjectif de la France tait tout simplement daffaiblir legouvernement malien et je peux vous assurer que ce ntait pas pour donnerraison au MNLA.- A vous entendre, les enjeux de cette guerre sont cachs. Quels sont-ils, selon

    vous ?

    - Tout le monde convoite notre territoire. Il y a une guerre pour les ressourcesminires. La France a pris les devants pour obliger le Mali signer un accord dedfense et ensuite soctroyer des concessions minires et protger celles quiexistent dj. Cest a lessence de cette guerre. Les autres puissances ne sont pasdupes. Et a pourrait ouvrir la porte une intervention trangre avec uneimplication des amricains, des russes et mme des chinois. Je vois mal ces payslaisser la France faire une OPA sur les ressources de lAzawad et de la rgion.- Quelles sont ces ressources auxquelles vous faites rfrence ?

    - Il y en a normment et rien na encore t exploit ni mme explor. Vous avezde lor, vous avez du phosphate, du gaz, du ptrole et surtout vous avez de leau.

  • Cest une ressource qui deviendra plus importante que le ptrole ou luranium. Lebassin de Taoudeni est une mer intrieure deau douce. Imaginez les enjeux dans cette rgion o leau va se rarfier de plus en plus. Lazone est minemment stratgique. Les grandes puissances cherchent sepositionner dans le nord du Mali depuis trs longtemps. Prenez la base deTessalit, elle a toujours t convoite par les amricains, les europens mais aussiles russes. Tout le monde veut avoir cette base.A partir de l, comme Tamanrasset (n.d.l.r : sud de lAlgrie), vous avez un pointde vue sur toute la rgion. Donc cest une zone hautement stratgique et tout lemonde a un il dessus. Mais on ne peut pas exploiter des ressources dans unergion en tat dinscurit permanente. Il faut trouver la stabilit avant depouvoir exploiter. Cest lun des enjeux de cette guerre.- Vous avez une position trs critique vis--vis de la France. Comment tiez-

    vous peru par Paris lorsque vous tiez en charge des Affaires extrieures au

    MNLA ?

    - La France ne voulait plus de contacts avec nous. Elle a tout bloqu. Elle a mistout son arsenal diplomatique pour bloquer le MNLA dans le monde. Mais tout lemonde savait que nous avions raison sur le fond. Cest un problme qui existedepuis trs longtemps, une consquence du dcoupage de la colonisation. Undcoupage qui na pas respect les ralits africaines et qui a voulu faire des Etatsimaginaires impossible faire exister sur le long terme. Les Etats prennent des sicles voir des millnaires se constituer. On ne fabriquepas des Etats en quelques annes. Ce sont des pays crs artificiellement. Despays dots dinstitutions calques sur le modle franais. Ce nest pas utile enAfrique. On ne peut pas travailler les socits africaines avec des institutionsfranaises.- En mai 2012, le MNLA et Ansar Dine annonaient officiellement leur

    alliance. Quen pensiez-vous lpoque ?

    - Il y a toujours eu des discussions. Mais lannonce officielle de lalliance est le

  • rsultat de manipulations venant de ltranger et visant ternir limage du MNLA.A lorigine, le MNLA na jamais t pro-islamiste. Mais le MNLA a t infiltr auplus haut niveau par les pays qui financent le terrorisme. Je veux parler delAlgrie mais aussi du Qatar. On a tous vu comment sorganisaient lesdistributions dargent et de ravitaillement dans le nord du Mali et qui en tait lorigine. Et je nexclus pas que les franais et les amricains soient aussiimpliqus.- Plusieurs ONG internationales ont accus le MNLA davoir commis de graves

    exactions lorsque le mouvement tait prsent dans les villes du nord du Mali.

    Vous rfutez ces accusations ?

    - Absolument, ce ntait pas le fait du MNLA. Il faut se rappeler que le MNLA estvenu dans lAzawad avec les combattants dAnsar Dine et dAQMI. Ces hommes sesont infiltrs dans le MNLA et ce sont eux qui ont provoqu tous les crimescommis durant cette poque. Le MNLA a, au contraire, sauv des europens quitaient l-bas en les escortant jusque vers la Mauritanie, lAlgrie, le Burkina et leNiger.Cest la preuve que le MNLA na jamais voulu commettre des exactions contre lespopulations. Il ne faut pas confondre la propagande avec la vrit. La vrit cestque Bamako a toujours t un alli des terroristes et des trafiquants de drogue etque cette alliance a perdur pendant que les terroristes occupaient lAzawad.- Les revendications du MNLA sont passes de lindpendance lautonomie.

    Bamako parle dune dcentralisation pousse. Le MNLA a progressivement

    abandonn ses revendications historiques, vous le confirmez ?

    - Oui bien sr parce que le MNLA a t infiltr. Depuis longtemps, le MNLA cadresa politique avec les dsidratas des pays trangers. Ce nest plus le MNLAoriginel. Et ce nest pas ce que veulent les populations de lAzawad. Sinon le MNLAnaurait jamais sign les Accords dOuagadougou. Toutes les revendications duMNLA ont t vides de leur substance avec cet Accord.

  • - La direction du MNLA ne reprsente plus la base, selon vous ?- Non et de loin. Sinon le MNLA naurait jamais sign ces Accords. La preuve, cestque cet Accord a t adopt sans en rfrer la base. Regardez aujourdhui, lesdirigeants du mouvement ne peuvent plus aller Kidal. Comment peut-on sebattre pendant des annes pour lautonomie, lindpendance et dire aujourdhuion nen veut plus ? On accepte la constitution du Mali, une copie du systmefranais, lencontre des usages en cours dans lEmpire du Ghana, du Mali et deGao.- Selon votre analyse, le MNLA arrive la fin ?

    - Absolument, le MNLA a atteint ses limites. Il va passer la trappe comme il ladj fait en 1991. Mais si on veut un Mali stable, un Mali qui se dveloppe, il nefaut pas fermer les yeux sur la ralit. La vrit cest que le MNLA dfendlAzawad. LAzawad, cest la boucle du Niger constitue dEtats indpendants avantlarrive des franais. Cest une zone qui a fait partie pendant des millnaires delensemble des royaumes et empires africains.Il faut rappeler que les Touaregs nont jamais fait la guerre aux noirs. Ils ne sesont jamais rvolts contre lempire du Ghana, du Mali ou de Gao. Pourquoi?Parce quils ont de tout temps jou un rle politique et social qui a bnfici auxpopulations noires. Ils ont assur le commerce transsaharien. Ils ont enrichi lesempires noirs. Ils ont organis la scurit du Sahara. Les Touaregs taientreconnus et respects dans les empires noirs. Ce que ni le Mali ni la France nontrussi faire. Il faut revenir a si on veut la stabilit de la rgion. Il faut accepter le principedune entit part. On le voit aujourdhui, les islamistes gagnent du terrain, ilsconstituent une menace au Mali, dans lAzawad mais au Niger, au Cameroun et auNigria. Ils sont prsents en Algrie et en Libye. Tant que cette question ne serapas rgle politiquement, le dsordre ne pourra que se gnraliser dans la sous-rgion.

  • - Les djihadistes, trs affects par loffensive Serval, semblent se reconstituer.

    Ils sont nouveau une grave menace selon vous ?

    - Absolument. A-t-on dnombr les pertes dans les rangs djihadistes? Personnene la fait. 200 morts selon les franais. Qui a vu les corps? O sont-ils?Lopration Serval na servi que de test pour les islamistes. Ils sont en train de seprparer pour reprendre une guerre sous une autre forme. Regardez, 2 hommessont arrivs Tombouctou pour semer la pagaille. Ils sont rentrs jusque dans lecamp de bataillon. Ils ont extermin des gens. A Kidal, Tessalit, Gao ils font lamme chose. 2 ou 3 hommes suffisent mettre en chec un bataillon durantplusieurs heures.- Les casques bleus et les soldats franais, a ne suffit pas ?- Ca suffit en apparence mais cest inefficace en ralit. Le nombre dhommes estsuprieur aux vrais besoins. Mais cest inefficace. Les Franais sont dans leursavions et dans leurs blinds. Ce nest pas l que la guerre se joue. Les soldats de laMINUSMA sont venus pour les salaires et les avantages. Ils ne vont pas sentretueravec les islamistes pour la sauvegarde des intrts du Mali. Quant aux militairesmaliens, ils ne font rien.Comment voulez-vous quil y ait une guerre contre le terrorisme dans cesconditions-l? La guerre contre le terrorisme, cest dabord une guerre politique.Il faut la gagner sur ce terrain-l et travers les populations. Sans la collaborationpleine et entire des populations, cela restera totalement inefficace. Tout a estmal fait, mal conu et napportera absolument aucun rsultat.- Que prconisez-vous pour rgler la question sur le plan politique? Une

    meilleure reprsentation de la socit civile dans les ngociations?

    - Ce que je prconise, cest un rglement politique qui prenne forme sur des basesprexistantes. Inutile de faire du raccommodage. Inutile de revenir ce qui sestfait dans le dbut des annes 90. Ces accords nont jamais rien rsolu. Ils nont faitquaggraver la dchirure et nont apport aucune solution. La communaut

  • internationale na aucun intrt ce que les islamistes prennent prtexte desproblmes sociaux, politiques et conomiques pour pouvoir infester la rgion. Ilfaut rgler le fond du problme. Cest un problme politique. Cest en rglant ceproblme quon rglera le problme du terrorisme. Dans cette rgion, personne ne veut aller avec les terroristes. Les populationssont hermtiques au terrorisme. Si le terrorisme a pris corps, cest parce que lesgens avaient besoin de travailler. Parce quils voulaient les salaires et les autresavantages que les terroristes pouvaient leur donner. Rien dautre.- Pensez-vous que le MNLA devrait dsarmer?

    - Mais bien sr car larme ne joue plus. Cest la diplomatie maintenant. Il fautdfendre les thses du MNLA par la diplomatie, par la presse, par lacommunication. A quoi peuvent nous servir les armes aujourdhui? Ledsarmement a t sign. Quand on sengage dsarmer, il faut le faire. LesAccords de Ouagadougou exigent du MLNA quil soit dsarm et cantonn.- Avez-vous limpression que le prsident IBK est sincre dans sa volont de

    ngocier?- Ah oui, le prsident IBK est un homme de parole, je le connais personnellement.Il a la volont de rgler les problmes. Mais avec qui peut-il compter aujourdhuiau Mali ? Il ny a personne. Ce sont les mmes hommes qui ont dtruit le pays parla corruption, les liens avec AQMI, avec les trafiquants de drogue. Ils ont dtruitles institutions au Mali. Il ny a pas de classe politique de rechange, il ny a pasdadministration de rechange. IBK est prisonnier de cette situation. Quel que soitsa bonne volont il lui faut des institutions, des hommes nouveaux et il ny en apas au Mali. Il est entour des mmes gangs qui ont min le Mali depuis 20 ans.Source : Le Courrier du Sahara

  • APE : Nouvelles armes de destruction massive des pays ACP

    L'Union europenne (UE) qui assiste impuissante lappauvrissement des citoyensdun de ses Etats membres (la Grce), se propose curieusement daider leshabitants de lAfrique, des Carabes et du Pacifique (ACP), travers des Accords departenariat conomique (APE)! Puisque lUE na pas administr sa recette miracle la Grce pour la sauver de la crise, cest--dire de la pauvret, il devient urgent dequestionner ses relles intentions sur les pays ACP. Car il est connu depuis lestemps anciens quune charit bien ordonne commence par soi-mme .Par S NJUFOM & Olivier A. NDENKOP

    Ph. Coll. Archives LarousseIl est courant dentendre des spcialistes dire en mondovision que les APE ne sontpas un danger pour les conomies des pays ACP . Tout va dpendre de la capacit despays ACP sorganiser pour profiter des avantages quoffrent ces Accords de partenariat

    conomiques . Avec les APE, les produits africains par exemple vont entrer et tre vendusdans lUnion europenne sans payement de frais de douane . Certains vont plus loin etaffirment que les APE sont une chance inestimable pour les pays ACP La ritournelleest entonne.

  • Tant et si bien que lUnion europenne qui assiste impuissante lappauvrissement descitoyens dun de ses Etats membres (la Grce), se propose curieusement daider leshabitants de lAfrique, des Carabes et du Pacifique ! Puisque lUE na pas administr sarecette miracle la Grce pour la sauver de la crise, cest--dire de la pauvret, il devienturgent de questionner ses relles intentions. Car il est connu depuis les temps anciensquune charit bien ordonne commence par soi-mme . De quoi les APE sont-ils le nom ?Lacronyme APE dsigne le nouveau rgime juridique qui rgit les changescommerciaux entre lUnion europenne et les pays dAfrique, des Carabes et duPacifique depuis lexpiration des Accords de Lom de 1975. Avec une dure dapplicationde 20 ans, les APE prvus par la Convention de Cotonou de juin 2000 qui taient censsentrer en application ds le 1er janvier 2008 envisagent :- la suppression intgrale, soit 100% des droits de douane sur les produits originaires des

    pays ACP contre 80% pour les produits originaires de l'Union europenne,

    -l'interdiction de quotas d'importation ou d'exportation,

    -la suppression progressive des subventions l'exportation des produits agricoles issus de

    l'Union europenne,

    -l'interdiction des pratiques commerciales dloyales,

    - permettre la mise en place de mesures de sauvegarde multilatrales temporaires. Il est important de rappeler que la coopration entre lUnion europenne et les paysdAfrique, des Carabes et du Pacifique (ACP) a t formalise en 1963 avec laccord deYaound. Mais, cest en 1975 que le systme va rgir les changes commerciaux UE-ACPavec la signature cette anne-l de la Convention/Accords de Lom. Elle consacrait desAccords asymtriques en ce sens quils permettaient aux pays ACP de vendre leursproduits dans lUE sans droits de douane. Mais, en retour, ces pays ACP devaientpercevoir- et ils le percevaient effectivement- des droits de douane sur les produitsimports de lUE. A sa cration en 1995, lOrganisation mondiale du Commerce (OMC) a exig la fin desaccords prfrentiels asymtriques. La Convention de Cotonou de juin 2000 a donc vu lejour.

  • Les desseins inavousLautre vrit que les experts nvoquent pas cest quentre 1975 (Accords de Lom)et 2000 (Convention de Cotonou), le march avait chang de configuration. LUnioneuropenne cessait progressivement de devenir la principale importatrice des produitsdes pays ACP et en retour, ces derniers pays importaient de plus en plus les produitsmade in China, made in India Linquitude de lUnion europenne est renforce par la monte en puissance dungroupe de pays mergents reprsentant la moiti de la population mondiale, 30% du PIBmondial et 23% de la surface de la Terre. Ce groupe de pays vient de prendre linitiativede crer deux organismes multilatraux, la NDB (New Development Bank, disposant djde 100 milliards de dollars) et un panier de devises dun montant quivalent, le CRA(Contingency Reserve Arrangment), ayant tous deux pour vocation de se substituer auxtout-puissants Banque mondiale et FMI.Bien plus, depuis le sommet Chine-Afrique de 2006, les produits africains bnficientdune ouverture totale du march chinois sans aucun droit de douane1. En un mot,lUnion europenne dont les produits connaissent une mvente lintrieur (baisse dupouvoir dachat dans plusieurs pays europens depuis la crise de 2008 et la concurrenceau sein de lUE des produits asiatiques) et lextrieur (prise croissance des parts demarchs par les BRICS dans les pays ACP) a voulu changer de fusil dpaule. Donc, avec ou sans les injonctions de lOMC, lUE allait assurment mettre fin auxfranchises de douanes jusquici accordes au pays ACP si ces derniers nacceptaient pasde supprimer les droits de douane leurs frontires pour les produits europens. Les industriels europens confronts un rel problme de concurrence intrieure etextrieure ont tout simplement pouss les politiques faire tomber les barriresgographiques et douanires.

    Comment lUE a impos les APE aux pays ACP

    1Jean-Paul Pougala, Et si les africains de Chine servaient dinstrument de conqute du vastemarch chinois aux industriels africains du RINVINDAF ? 11 fvrier 2015

  • La Convention de Cotonou arrive terme le 31 dcembre 2007, les pays ACP en tant qu Accords de libre change fond sur le rciprocit entraient en principe en vigueurle 1er janvier 2008. Mais avant, lors des ngations y affrentes, lUE a trs vite comprisque la partie ntait pas gagne davance, en raison de la rsistance de nombre dedirigeants, principalement africains. Comme pour donner le ton de la contestation lors du IIe sommet Union europenne Afrique qui se tenait Lisbonne en dcembre 2007, les prsidents du Sngal et delAfrique du Sud se sont opposs ouvertement aux APE tels que proposs par lUE.Abdoulaye Wade et Thabo Mbki taient des voix trs respectes sur le continentafricain en ce moment prcis. Aussitt, lUnion europenne prend la mesure de la difficult et multiplie les pressions.Elle indique que l'aide au dveloppement pourrait diminuer jusqu' 47 % en cas derefus des accords APE dans les dlais prvus (31 dcembre 2007). Les reprsentants dela Commission de lUnion europenne dans les diffrents pays courtiss prennent lerelais des pressions. On a limpression de revivre les temps coloniaux o lesadministrateurs des colonies dcidaient de ce que doivent faire ou ne pas faire lespeuples coloniss. Pour sinsurger contre les pressions de lUE certains pays insulairesdu Pacifique ont dpos une plainte formelle auprs de la Commission europenne2.Vulnrables quils sont, les pays ACP ont progressivement sign les APE, le fusil sous latempe ! En Afrique centrale par exemple, le Cameroun a viol lentente sous rgionalepour signer un accord intrimaire en 2009. Selon des informations concordantes, lesautorits camerounaises ont sign cet accord intrimaire sous la pression de la socitfranaise Compagnie fruitire travers sa filiale camerounaise : la Socit desPlantations du Haut Penja3.Face aux pressions qui venaient de lUE ou de leurs relais locaux, les Etats ACP engnral et le Cameroun en particulier ont prfr sacrifier son embryonnaire tissuindustriel, son secteur agricole et les emplois quils gnraient pour parapher un accord2en franais : Dveloppement : les petits tats insulaires face lUE http://bruxelles.cta.int/newsletter/newsletter_20070830_FR.html#7 [archive] . En anglais, plus explicite : Developpement : small island states stand up to EU, http://www.ipsterraviva.net/Europe/article.aspx?id=5060 [archive]

  • de partenariat conomique. Sinon comment comprendre que les dirigeants de ce paysaient pass sous silence le rapport de ltude mene par le cabinet ACAExpertise ?Ltude a t ralise en avril 2012 la demande du Comit national de suivi et deCoordination des ngociations des APE (CNSCN) dirig lpoque par Chantal Elombat,avec les financements de lUnion europenne (UE) travers le Programme dappui et desoutien aux Accords de partenariat conomique (Pasape). Lobjectif de la CNSCN tait depermettre au Cameroun de choisir en toute connaissance de cause entre la ratificationde son Accord de partenariat conomique (APE) bilatral avec lUE et son reversementau Systme de prfrence gnralis (SPG).

    3La Socit des Plantations du Haut Penja stend sur 4 500 hectares. Autrefois proprit delOffice Camerounais de la Banane (OCB) ces milliers dhectares sont devenus la proprit detransnationale franaise Compagnie fruitire base Marseille. Toujours grce ses pressions,elle a obtenu la condamnation perptuit du maire de Jombe-Penja. Paul Eric Kingue incarcrau pnitencier de New-Bell Douala depuis 2008 avait eu le malheur de demander PHP depayer des droits communaux dexploitation quelle navait plus pays depuis des annes.

  • Ltude mene sous la coordination de lingnieur statisticien Samuel Yemene a concluque les APE sont plus dangereux pour lconomie camerounaise que le Systme desprfrences gnralises (SPG). Dans le pire des scnarii, le SGP fera perdre auCameroun en 15 ans, moins dun point de croissance. Alors quavec lAPE bilatral

    CamerounUnion europenne en cours de ratification, le pays perdra trois points de

    croissance sur la mme priode , avertit le rapport.

    Les rsultats de cette tude devenue finalement drangeante ont nanmoins t validslors dun atelier tenu le 11 mai 2012 Kribi. Dans le meilleur des cas, lAPE duCameroun occasionnera une perte annuelle moyenne ses finances publiques de 58

    milliards de franc CFA pendant la priode de dmantlement et au pire des cas de 225

    milliards. Soit entre 870 et 3825 milliards sur 15 ans , peut-on lire dans le rapport.Seulement lUnion europenne qui la finance nen a pas tenu compte et a continu harceler les autorits camerounaises. A leur tour, ces dernires ont cd en connaissance de cause , cest--dire conscientes de ce que les APE feront perdre troispoints de croissance au pays en 15 ans. Une vritable sangsue conomique !Les consquences des APE sur les conomies du SudLa ngociation des APE est la manifestation de la duperie et du chantage qui rgissentles relations entre lUnion europenne et les Etats du Sud. Les deux parties sontconscientes des consquences dsastreuses de ces Accords pour lAfrique, les Carabes etle Pacifique. Au nom de ses intrts, lUE menace. En raison de leur faiblesse conomiqueet de leur dpendance (dons et aides lies venant de lUE), les pays ACP cdent ;

  • compromettant et hypothquant lavenir de plus dun milliard dtres humains par unesimple signature sur un document. Comment pouvait-il en tre autrement tant donnque certains Etats qui forment lUnion europenne sont les anciens pays colonisateurs :France, Royaume Uni, Allemagne, etc. ?Tous les conomistes srieux saccordent dire que les Accords de partenariatconomique constituent une calamit pour les Africains. Ils vont dstructurer lessecteurs aussi divers que la balance commerciale, le tissu industriel, les emplois,lagricultureLe ver est dans le fruitMalgr larrive de nouveaux partenaires, le flux des biens et services changs entrelUnion europenne et les pays ACP reste considrable. Mais se limiter aux volumeschanger cest masquer les ingalits qui sy cachent.En effet, lUE importe essentiellement des matires premires des pays ACP un prixdrisoire. Ces dernires sont transformes dans/par des usines europennes pour trerevendues dans les pays ACP un prix trs lev. Avant de gnrer des profits, latransformation de ces matires premires a cr des emplois dans lespace europen. Avec louverture des frontires, les pays ACP perdront les droits de douane quilspercevaient sur les produits europens. Grce la sophistication de son appareilproductif, lindustrie europenne qui produit des prix hautement comptitif parcequen trs grande quantit va inonder le march des pays ACP. Exacerbant ainsi le dficitde la balance commerciale pour ces derniers. Comme le confirme Jean-Christophe Boungou Bazika du Centre dtudes et de Recherchesur les analyses et politiques conomiques (CERAPE), la suppression des droits de

    douane sur les produits europens pourrait crer une diversion de commerce, c'est--dire

    que les importations europennes remplacent des importations dune autre origine, pour

    un montant estim 390 millions de dollars. Au total le gain en exportation pour lUnion

    Europenne pourrait avoisiner 1 milliard de dollars, soit 15% des exportations actuelles 4.4Jean-Christophe Boungou Bazika, Les APE : atouts et freins l'intgration rgionale des pays de la Cemac ,contribution au colloque organis les 28 et 29 novembre 2006 par la Fondation pour lAgriculture et la ruralitdans le monde sous le thme : Comment les pays dAfrique, des carabes et du pacifique peuvent-ils tirer partides accords de partenariat conomique ? .

  • La signature des APE va augmenter les importations en provenance de lUnionEuropenne []. Les importations supplmentaires pourraient atteindre 647 millions de

    dollars , conclut-il. Une astuce pour contrer les Brics.A linverse, les changes entre les pays ACP vont considrablement diminuer puisquilsera plus avantageux pour un Tchadien dacheter une cuisse de poulet venue dEurope(subventionne et non ddouane, donc moins chre) que dacheter le poulet gabonaispar exemple. Du coup, les productions locales vont faire face une concurrence rude etdloyale en ce qui est des produits agricoles : fortement subventionns dans lUE, enviolation des prescriptions de lOMC.Avec lanantissement terme des secteurs agricole et industriel, les habitants des paysACP se retrouveront entre le marteau et lenclume. Ils vont fuir les villages pour la villeparce que le secteur agricole deviendra de moins en moins porteur. En ville ils serontaccueillis par un chmage svre parce que les industries ou ce qui en tient lieu nersistent pas la concurrence des produits venus de lUE et dailleurs. Pour ne pas arranger les choses, la suppression des droits de douane aura priv les Etatsdu Sud des moyens ncessaires pour construire les coles, hpitaux, recruter et payer lesfonctionnaires en nombre suffisant, construire des infrastructures routires Bref les APE rendront ces Etats encore plus dfaillants. La seule perspective pourles citoyens sera daller en Europe tout prix et tous les prix. Consquence,le nombre de candidats limmigration clandestine va aller crescendo. Le nombre demorts sur lle de Lampedusa et autres aussi. Un chiffre pour valuer le danger : en 2014,3419 migrants sont morts en tentant de traverser la Mditerrane selon lagence deNations-Unies pour les rfugis. Il faut sattendre plus. Et la principale perversit desAccords de partenariat conomique est quils ne se proccupent pas de la mobilit deshommes. LUE a donc le droit denvahir le march des pays ACP, mais les populationspauprises de ces pays nont pas le droit daller profiter du fruit de leur exploitation enEurope. Ils doivent mourir chez eux. Le ver est dans le fruit !Source : InvestigAction

  • Accords de Partenariat Economique UE-CEDEAO : quandl agriculture africaine se fait piger !En acceptant douvrir son march intrieur aux importations agricoleseuropennes sans restrictions, la CEDEAO engage non seulement ses producteurslocaux dans une concurrence sens unique mine par les subventions agricoles etles barrires non tarifaires, mais aussi elle compromet srieusement toute chancede moderniser un secteur capable de rpondre aux dfis demplois des jeunesdans le continent africain.

    Par Mouhamadou Diop

    Aprs la signature de la Convention de Cotonou, les pays de la CEDEAO (Communautconomique des Etats de lAfrique de louest) ont bnfici dune priode transitoire de

  • 2000 2007, gardant ainsi le systme des prfrences commerciales non-rciproques hrit de la Convention de Lom. Mais partir de 2008, ils sont soumisprogressivement aux Accords de partenariat conomique (APE) qui mirent fin la non-rciprocit entre lUE et lACP (Afrique Carabes Pacifique). Le principe de cesengagements, tait de rduire progressivement les barrires aux importations desproduits europens dans les ACP partir de 2008, et durant une priode suffisamment

    longue (soit 10 ans ou 12 ans selon les pratique du GATT) (Salmon et al, 2001 : 20). Si les Accords de Partenariat Economique portent sur lensemble des changescommerciaux pouvant exister entre lUE et la CEDEAO, tels que la technologie et lescombustibles, les produits agricoles occupent une place particulire dans les deux cts,mais de faon plus prononce dans les Etats africains. Dans la plus part des pays africains, le secteur agricole revt une importanceconomique et sociale de premier plan. Il reprsente 35% du PIB dans la CEDEAO,contre une moyenne de 6% dans lUnion europenne. En dpit de son poids faible dansle commerce international, lagriculture constitue une importante source de recettesdans la plupart des pays de ladite zone. 41% des recettes dexportation du Burkina Faso,par exemple, proviennent uniquement du coton, 48% de celles du Ghana viennent ducacao et 34% pour la Cote divoire. Les APE prvoient la libralisation de 90% des changes entre lUE et les pays ACP, cequi correspond une ouverture de 100% du march europen contre 80% de celui de laCEDEAO, mais dans la pratique, ils ne sappliquent pas pour les produits agricolesafricains, pour principalement deux mesures : Les normes sanitaires et phytosanitaireset les subventions agricoles.

    La face cache des Normes sanitaires et phytosanitaires

    Les barrires non-tarifaires constituent un point de controverse dans le partenariatcommercial entre lUnion europenne et les pays ACP. Parmi celles-ci figurent les normessanitaires et phytosanitaires (SPS) qui sont un ensemble de mesures que doivent

  • respecter toutes les marchandises importes dans les pays de lUE. En effet, lAccordSPS dfinit les rgles fondamentales concernant linnocuit des produits alimentaires, la

    sant des animaux et la prservation des vgtaux. Cependant, il exige en mme temps que

    ces rglements soient fonds sur des principes scientifiques, quils ne soient appliqus que

    dans la mesure ncessaire pour protger la sant et quils ntablissent pas de

    discrimination arbitraire ou injustifiable entre les pays o existent des conditions

    identiques ou similaires (OMC :http://www.wto.org/french/tratop_f/sps_f/spsund_f.htm ) Mme si le principe des normes SPS est dassurer une scurisation sanitaire de loffrealimentaire sur les marchs agricoles et agro-alimentaires , elles peuvent servir aussi des mesures de protection que mettent en place certains pays ou rgions pour luttercontre la concurrence sur des produits prcis. Le plus souvent, ces mesures sontimputes des normes sanitaires pour contourner les accords rgis par lOMC dans lecadre du commerce international. La mise en place de telles mesures, requiert unecertaine dotation en technologie et en formation auprs des producteurs dans les paysexportateurs de produits agricoles comme ceux de la CEDEAO. De fait, malgr cetteexigence fondamentale dans les importations de lUE, les difficults lies aux respectsdes normes SPS sont trs frquentes dans les pays africains. Elles sexpliquent par le faitque les producteurs des pays ACP ne maitrisent que rarement la complexit des normessanitaires et surtout leur frquente volution au cours des annes rcentes ; ils rencontrent

    dimportants problmes techniques pour en assurer lapplication (Ribier et Blein,2002 :6) De l apparaissent deux contraintes majeures que doivent surmonter les producteursdes pays CEDEAO qui veulent accder au march europen. Non seulement leurspratiques doivent tre en conformit aux normes SPS, mais aussi les producteurs doiventdans certains cas attester cette conformit par le biais de certificats qui sont mis pardes laboratoires ou spcialistes sur la matire. Face ces contraintes qui, manifestement,psent lourd sur les petits producteurs africains, bon nombre de leurs produits agricolessont rejets chaque anne aux frontires de lUE. Durant lanne 2008, le nombre total de rejets la frontire de lUE est estim 1093

  • dont 89% concernent des pays en dveloppement. Les cas de rejets les plus importantsconstats aux frontires de lUE sont des importations venues de pays revenu faible, on constate que la plupart des rejets (47%) concernent lAfrique de lOuest, suivie parlAsie de lEst et Pacifique (24%) et lAsie du Sud (18%) (Merlateau et al, 2011 :16). Pour les pays africains, les importations faisant lobjet de rejet sont trs souvent desproduits agricoles, et peuvent varier dun pays un autre. En Afrique occidentale, lesproduits les plus exposs sont larachide, les graines, les fruits olagineux et les grainesde ssame, comme nous pouvons le voir sur le tableau ci-dessous.

    Ratio quantit rejete / quantit totale par pays dorigine et produit Pays dorigine/produit (famille) Quantit rejete/quantit totale (moyenne 2003-2008)

    Quantit rejete relative(max sur la priode 2003-2008)Nigria Arachides 81,0247% 81,0247% (2007)Graines et fruits olagineux 27,4023% 78,2679% (2007)Farines des graines ou des fruitsolagineux 6,6667% 33,3333% (2007)Haricots 4,7889% 9,9447% (2007)Haricots schs 0,2442% 1,1976% (2007)Total Nigria 0,1053% Sngal Graines de ssame 2,3256% 50,5556% (2007)Total Sngal 0,0137% Ghana Haricots verts schs 0,0497% 4,76190% (2008)Graines et fruits olagineux 0,0138% 0,17825% (2005)Aubergines 0,0126% 0,06777% (2007)Arachides 0,058% 0,04725% (2006)Total Ghana 0,0005% Cte-Divoire Racine de manioc 1,8692% 7,3892% (2008)Total Cte-Divoire 0,0003% Source : Fakhfakh et al, 2011 A premire vue, le poids des rejets sur les quantits totales de biens exports par la

  • CEDEAO vers lUE est faible. Mais si lon considre certains produits de base dans lesexportations des pays africains comme larachide (81.02%) et les graines olagineuses(27.4%), le poids devient non ngligeable, voire lev. Les exportations darachide verslUE sont toujours soumises au risque dtre rejetes aux frontires europennes, sousprtexte que certaines graines darachide qui viennent de lAfrique ont une prsencedaflatoxine en quantit importante. Pour lUE, les graines concernes doivent tretraites dans les pays dorigine pour pouvoir entrer dans le march europen. Pour lespays exportateurs darachide, cette mesure nest quune mauvaise publicit qui consiste dcourager les importations darachide dans la zone UE. Selon le Docteur MamadouDiop de lInstitut du cancer de lhpital public Aristide Le Dantec Dakar, Cest unemauvaise communication qui est faite sur laflatoxine, qui nest pas un produit que contient

    la graine darachide. Elle est produite par un champignon qui affecte les crales mal

    conserves (Barry 2010). Ces exigences introduites par les normes sanitaires et phytosanitaires dans lepartenariat des changes commerciaux entre lUE et la CEDEAO engendrent des cotssupplmentaires non ngligeables que doivent surmonter les industriels qui souhaitentexporter sur le march europen. Il importe de souligner que pour la plus part des pays africains, les droits de douane neconstituent pas lentrave majeure pour accder aux marchs des pays dvelopps. Ilsagit surtout de mesures non tarifaires, c'est--dire des mesures de rglementation lintrieur de ces pays telles que les normes SPS. A titre dexemple, depuis la conventionde Cotonou, les exportations agricoles des pays faible revenu sont soumises un droitde douane moyen de 5 % dans les pays dvelopps, mais lorsque les effets commerciauxrestrictifs des mesures non tarifaires sont comptabiliss sous la forme dun quivalenttarifaire, le droit moyen peut alors atteindre 27 % pour certains produits, ce quiconstitue un vritable frein aux exportations des pays africains. En plus des cotssupplmentaires ncessaires au contrle du respect des normes imposes par lUE, lesexportations agricoles africaines sont trs souvent bloques aux frontires le temps desanalyses, ce qui provoque dans la plus part des cas une dtrioration de la qualit desproduits. Ainsi, louverture complte des frontires de lUE aux exportations des pays dela CEDEAO dans le cadre des APE nest que thorique, elle diffre de la ralit.

  • Lapplication des normes SPS aux importations agricoles africaines devient ds lors unmoyen efficace pour contrler et surtout limiter les exportations de la CEDEAO vers lUE.Quand les subventions agricoles de lUE compromettent lagriculture

    africaine

    Les subventions agricoles de lUnion europenne reprsentent plus de 50% de sonbudget agricole. En 2012, elles ont t 37.7 milliards deuros dont de 4.9 milliardsdeuros consacrs uniquement subventionner lexportation de la viande et des produitslaitiers. Plus de 80% des produits subventionns lexportation sont achemins enAfrique de lOuest et Centrale. Contrairement aux exportations agricoles des pays ACPdans lUE qui sont plus complmentaires, les produits exports par lUE dans la zone ACPconstituent une vritable concurrence aux produits locaux. A part les produitscombustibles, la quasi-totalit des exportations africaines en Europe concerne lesproduits agricoles dont les plus importants sont le cacao et le caf qui reprsentent euxseuls plus de 40 % des produits exports par la zone CEDEAO. Ces produits tropicaux nesont pratiquement pas cultivs dans les pays europens, alors que ceux-ci restent lesplus gros importateurs mondiaux, des produits venant essentiellement des paysafricains. La raret des produits tropicaux sur le march local europen, fait que lesexportations africaines en cette matire ny constituent pas une concurrence, mais pluttune offre complmentaire la production des agriculteurs europens. Sur le march africain, les enjeux ne sont pas les mmes. Les subventions dontbnficient les producteurs agricoles europens leur permettent dexporter dans lespays ACP tout en vendant des prix largement infrieurs aux prix du march local. Aveclentre en vigueur des prfrences commerciales rciproques depuis 2008, lUE exportede plus en plus vers les pays de la CEDEAO des produits subventionns dans le cadre desa Politique agricole commune (PAC), ce qui remet en cause le caractre concurrentiel dumarch intrieur de ladite zone. Ce caractre discriminatoire des subventions de lUEaccentue le dsquilibre concurrentiel sur le march de la CEDEAO et privilgie lesproduits europens auprs des consommateurs locaux, comme le souligne un jeuneleveur camerounais : Comment voulez-vous que la mnagre machte un poulet 1800 FCFA pice quand elle peut se procurer du surgel 900 FCFA le kg ?

  • Vincent Ribier et Roger Blein, dans une tude consacre aux changes agricoles entrelUE et lACP (2002 :19) estiment que Les produits europens qui ont pu concurrencer, etparfois mettre en danger des filires locales ou rgionales ACP, font lobjet dun soutien

    interne important de la PAC. Leurs exportations correspondent le plus souvent la gestion

    des excdents vis--vis de la consommation communautaire ou plus exactement les

    restitutions lexportation permettent de se positionner sur les marchs alors que les prix

    europens sont nettement plus levs que les prix mondiaux ou les prix sur les marchs

    locaux convoits. , ((Ribier et Blein, 2002 : 19) En alimentant le march africain de produits agricoles subventionns, les exportationsagricoles europennes sont considres comme un des facteurs majeurs deperturbations des filires locales de production. Elles installent une concurrencedsquilibre sur le march local africain qui dans le long terme dcourage lesentrepreneurs privs et pouvoirs publics dinvestir dans ces filires, mettant en pril lepotentiel demplois de milliers de jeunes travers chaque rgion. Ce mcanisme mis enplace et renforc dans le cadre des APE que pourrait bientt ratifier le Conseil desministres de la CEDEAO, ne laisse que de maigres chances ses producteurs qui, soumisau dmantlement des barrires douanires, soffrent comme unique possibilitdexporter des matires premires. Lexemple de la famille paysanne ivoirienneproductrice de cacao est illustrant. Avec beaucoup de chance, elle vend le kilo de cacao 1 euro aux exportateurs dans la zone UE. Ce kilo de cacao daprs les barman permetau moins de faire 100 tasses de caf en raison de 2 euros lunit. Ce qui permet auvendeur franais de faire une plus-value de 199 euros, sur laquelle il faut enlever certesles charges comprises comme le transport, les frais de port, le salaire et autres chargeslies. Au pire des cas, ce vendeur fait une plus-value nette de 100 euros, sans oubliertoutes les entreprises qui ont intervenu dans la chaine de production comme lesassureurs maritimes, les transporteurs, les barman , le vendeur de caf, le producteurde lait etc. Ainsi, toutes les politiques de promotion dune agriculture durable, moderneet comptitive, [].seront compromises par les APE (Kass, 2007 :12). Ce modle de partenariat tant quon peut lappeler ainsi, nest pas nouveau. Il datede lpoque coloniale, lorsque les colonies africaines ont t contraintes de se spcialiserchacune dans la production des biens commerciaux bruts, dans le seul but de ravitailler

  • la mtropole. Ce fut le cas de larachide pour le Sngal, le coton pour le Mali, le cacaopour la Cote divoire, ainsi de suite. Ce qui est trs tonnant cest de voir la dynamiquedans laquelle se sont engags les pays africains signataires, qui pour la plupart sont desPMA (Pays moins avancs), semblant ignorer toutes les consquences que cela risquedavoir pour leurs conomies, alors que tous les experts indpendants sont unanimessur les dangers que comporte ce partenariat pour les pays en voie dveloppement. En brandissant la menace de supprimer 47% des aides accordes aux pays endveloppement, dont les pays africains en premire ligne, lUE a su imposer la signaturedes APE aux pays de la CEDEAO, les obligeant ouvrir leur march intrieur 80 % deses exportations, tout en excluant la possibilit de discuter sur la question dessubventions agricoles en dehors de lOMC. ConclusionFace au dfi de rpondre lune des problmatiques du continent africain qui estlemploi des jeunes malgr la forte croissance de son conomie, les dirigeants africainssemblent ignorer toute lopportunit que prsente leur secteur agricole. En acceptantdouvrir son march intrieur aux importations agricoles europennes sans restrictions,la CEDEAO engage non seulement ses producteurs locaux dans une concurrence sensunique mine par les subventions agricoles et les barrires non tarifaires, mais aussi ellecompromet srieusement toute chance de moderniser un secteur capable de rpondreaux dfis demplois des jeunes dans le continent africain.

    Source : Dakaractu

  • Le mur meurtrier de la Mditerrane :

    L assassinat institutionnel de masse de lUnion europenne

    Le premier angle mort des discours politiques et mdiatiques est celui des causesconomiques poussant des dizaines de milliers dAfricains risquer leurs viesdans des traverses quils savent meurtrires. Pourtant ces causes dmententlide dune catastrophe imprvisible sur laquelle lhomme naurait aucune prise.Par Said Bouamama

    3419 migrants sont morts en 2014 en tentant de traverser la Mditerrane selonlagence de Nations-Unies pour les rfugisi. Ce chiffre macabre fait de la Mditerrane lafrontire la plus meurtrire, le nombre total de dcs pour le monde entier tant de4272. Sur une dure plus longue se sont plus de 20 000 migrants qui ont perdu la viedepuis lan 2000. La tendance est de surcrot une hausse permanente, lanne 2014ayant battu tous les records en laissant loin derrire le prcdent pic qui tait de 1500dcs en 2011. Les discours politiques et mdiatiques construisent chaque nouveau drame comme descatastrophes imprvisibles sur lesquelles les gouvernements europens nauraientaucune prise et aucune responsabilit. Le discours de la catastrophe cache un processusdassassinat de masse de lUnion Europenne.

  • Les angles morts sur les causes structurelles Le premier angle mort des discours politiques et mdiatiques est celui des causesconomiques poussant des dizaines de milliers dAfricains risquer leurs vies dans destraverses quils savent meurtrires. Depuis les indpendances politiques de la dcennie60, dautres mcanismes que loccupation militaire directe sont venus prendre le relaispour assurer la reproduction du pacte colonial cest--dire la construction desconomies africaines selon les besoins de lEurope et non selon les besoins des peuplesafricains. Sans tre exhaustif rappelons quelques-uns de ces mcanismes. Les accords de coopration conomique, financire et montaire que les diffrents payseuropens dictent aux pays africains une vente des matires premires des cotsinfrieurs celui du march mondial et interdisent la taxation des produits importsdEurope. Prenons lexemple du dernier accord sign entre lUnion Europenne et les 15tats de lAfrique de lOuest dit Accord de partenariat conomique (APE). Cet accordinterdit la taxation des 11, 9 milliards deuros de produits imports par lUnionEuropenne en 2013. Il met ainsi lagriculture vivrire locale en concurrence aveclagriculture industrielle europenne poussant la misre des centaines de milliers depaysans. Les consquences coulent de sources : Cet Accord renforcera une migration massive de populations prives davenir dans

    leur pays, dans une situation o la population dAfrique de l'ouest fera plus que doubler

    d'ici 2050, atteignant 807 millions d'habitants (contre 526 millions pour l'UE la mme

    date), et dans un contexte de rchauffement climatique particulirement accentu dans

    cette rgionii. Le caractre exploiteur de ces accords est tel que le professeur Chukwuma CharlesSoludo, dclare le 19 mars 2012 que l'APE d'Afrique de l'Ouest constitue un (AO) "secondesclavage"iii. Mais lAPE nest que la systmatisation grande chelle de logiques de misesen dpendance antrieures comme laide lie imposant le recours aux entreprisesfranaises en change dun financement de projets damnagement, les PlansdAjustement Structurel imposant des rformes librales en change dun crdit ou dunreport de remboursement dune dette, ou pire encore linstitution du Franc CFA quipermet le contrle des politiques montaires de la zone franc. Ces causes directes de la

  • pauprisation africaine et de la pression migratoire sont tues par le discours politique etmdiatique dominant. Elles dmentent lide dune catastrophe imprvisible sur laquellelhomme naurait aucune prise. Le discours mdiatique de la catastrophe nest quunprocessus de masquage des causes conomiques structurelles. Bien sr de tels mcanismes ne sont possibles que par le recours direct ou indirect laforce allant de lassassinat des opposants ces politiques en passant par les coupsdEtats ou les guerres ouvertes. Cest la raison de la frquence des interventionsmilitaires europennes directes ou indirectes en Afrique. Si la France est la plus prsentedans ces aventures guerrires en Afrique cest sur la base dune dlgation europenne.Face la monte des puissances mergentes, face la concurrence conomique tats-unienne et chinoise, lEurope mandate ainsi la France pour la dfense des intrts de l Eurafrique cest--dire pour la consolidation dun nocolonialisme socialis lchelle de lUnion Europenne. Cette Eurafrique conomique et militaire est unvieux projet de certaines fractions du capital financier europen. Elle a t freine par lesconcurrences entre les diffrents pays europens qui tendent tre mises au secondplan du fait de lexacerbation de la concurrence lie la mondialisation capitaliste. Voicicomment Aim Csaire alertait dj en janvier 1954 sur lEurafrique en se trompantuniquement sur la nationalit du soldat :

    Je le rpte : le colonialisme n'est point mort. Il excelle, pour se survivre,

    renouveler ses formes; aprs les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les

    temps plus hypocrites, mais non moins nfastes, de la politique dite d'Association ou

    d'Union. Maintenant, nous assistons la politique dite d'intgration, celle qui se donne

    pour but la constitution de l'Eurafrique. Mais de quelque masque que s'affuble le

    colonialisme, il reste nocif. Pour ne parler que de sa dernire trouvaille, l'Eurafrique, il est

    clair que ce serait la substitution au vieux colonialisme national d'un nouveau colonialisme

    plus virulent encore, un colonialisme international, dont le soldat allemand serait le

    gendarme vigilantiv. Ces guerres directes ou indirectesv sont la seconde cause de la pression migratoire. Cenest pas seulement pour survivre conomiquement que des milliers dafricains risquentleurs vies en mditerrane mais pour fuir les guerres europennes et leursconsquences en termes dinstallation de rgimes dictatoriaux ou pire encore le chaos

  • comme en Lybie ou au Congo avec linstallation de seigneurs de guerres avec lesquelsle commerce peut continuer. Le discours mdiatique de la catastrophe masque galement la responsabilit

    europenne vis--vis de cette cause des migrations contemporaines.

    Frontex ou la cration des conditions dun assassinat de masse

    Si les causes voques ci-dessus suffisent pour comprendre la hausse de la pressionmigratoire, elles ne suffisent pas expliquer laugmentation du nombre de dcs aucours de la migration. Pour cela il faut orienter le regard vers les rponses de lUnionEuropenne cette pression migratoire. Ces rponses se concrtisent depuis 2005 parlaction de lagence europenne pour la gestion de la coopration oprationnelle auxfrontires extrieures des tats membres de l'Union europenne (FRONTEX). Le statutdagence offre une autonomie importante qui a t encore renforce le 10 octobre 2011en lautorisant possder dsormais son propre matriel militaire. Les moyensfinanciers mis disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millionsdeuros en 2006 et 88 millions deuros en 2011vi.

  • Concrtement lagence organise des patrouilles militaires afin de refouler les migrantsvers des pays voisins dune part et signe des accords avec des tats tiers pour quilsfassent barrage en amont sur les candidats la migration dautre part. Pour mener bien sa premire mission, lagence dispose de moyens militaires en constanteaugmentation mis disposition par les tats membres ou en possession propre : plusdune quarantaine dhlicoptres et davions, dune centaine de bateaux et environ 400units dquipement tels que des radars, des sondes, des camras, etc.vii Nous sommesbien en prsence dune logique de guerre contre les migrants. De tels moyens militairespermettent lagence dassurer en particulier des patrouilles frquentes dans les eauxterritoriales des tats membres mais galement dans les eaux internationales. La Liguebelge des droits de lhomme dcrit juste titre lagence comme une vritable arme auservice de la politique migratoire dune Europe forteresse, menant armes ingales une

    guerre aux migrants qui nont rien de soldatsviii. Cette logique de guerre conduit lescandidats la migration des prises de risques de plus en plus importantes pourchapper la surveillance des patrouilles de FRONTEX. La hausse du nombre de dcsnest pas le fait dune catastrophe imprvisible mais le rsultat de dcisions prises

    en toute conscience des consquences meurtrires. La seconde mission de FRONTEX consistant en la signature daccords avec les paysafricains riverains de la mditerrane nest rien dautre quune externalisation du saleboulot pour reprendre une expression de la juriste Claire Rodier ix. Les consquences decette externalisation sont logiques : Cette externalisation qui consiste, pour les Etats europens, sous-traiter la gestion

    de limmigration irrgulire aux pays limitrophes (Maghreb, Europe de lEst) a plusieurs

    avantages : dune part, elle opre un transfert du sale boulot (dportations de masse,

    dtentions arbitraires, tortures) dans des pays dont les standards sont moins levs quen

    Europe, en permettant de saffranchir des obligations que les lois europennes imposent en

    matire de respect des droits de lhomme ; dautre part, elle participe du rapport de

    dpendance que lUE entretient avec son voisinage proche. Car, aux pays concerns, on

    promet, en change de leur collaboration, le financement dactions de coopration ou des

    contreparties de nature politique ou diplomatiquex.

  • Aux morts de ma mditerrane, il convient donc dajouter les svices, les

    brutalits et les morts de la sous-traitance. Ce rle dinstallation des conditions de

    lassassinat institutionnel de masse est, bien entendu, absent des reportages que

    nos mdias diffusent chaque naufrage meurtrier.

    Le discours mdiatiques sur les passeurs Ayant occult les causes structurelles de la hausse de la pression migratoire et les causesde sa traduction en dcs dans la mditerrane, il ne reste au discours mdiatiques qune se centrer que sur les passeurs. Ceux-ci seraient les seuls responsables de la situationet la lutte contre les rseaux de passeurs est prsente comme la solution. Le centragedes discours politiques et mdiatiques sur les seuls passeurs contribue une nouvelle fois occulter les vritables raisons des drames rguliers de la mditerrane. Nous navons, bien entendu, aucune sympathie pour ces passeurs. Nous devonsnanmoins rappeler que tant quil y a une demande de migrants, il y aura une offre depassages clandestins. Cest le propre des politiques qui ne veulent pas sattaquer auxcauses dun problme social que de naborder que loffre et docculter la demande.Sattaquer aux seuls dealers sans sinterroger sur la demande de paradis artificiels dun nombre grandissant de citoyens, adopter une politique prohibitionniste en matiredalcool sans sattaquer aux causes de lalcoolisation, etc. Les exemples sont nombreux

  • de ces politiques hypocrites prtendant agir sur les consquences alors que les causesrestent occultes. Confronts une hausse des risques de contrle, les passeurs sont incits sedbarrasser de leurs cargaisons encombrantes le plus tt possible et par nimporte quelmoyen. De nouveaux lments recueillis, mardi 16 septembre, par l'Organisationinternationale pour les migrations (OIM) sont venus confirmer la thse selon laquelle cesont bien les passeurs qui ont volontairement embouti le bateau de centaines demigrants avant que celui-ci ne coule souligne Elise Vincent dans ldition du Monde du16 septembre 2014. Si ces criminels doivent tre poursuivis et jugs, il nendemeure pas moins que de telles pratiques ne sont possibles que parce que la

    politique europenne en cre les conditions. Ces mmes orientations politiques crent une occasion de profit en or pour la mafia parlexploitation de ceux qui ont pu chapper la mort. Le journaliste de lagence Reuterdcrit comme suit cette nouvelle poule aux ufs dor de la mafia Lampedusa : Ici, huit heures de bateau de la Sicile, la mafia fait dj ses affaires en accueillant

    des migrants dans des centres exploits par des socits prives sur dlgation de l'Etat.

    C'est toujours les mmes qui gagnent les appels d'offre depuis des annes. Un migrant

    rapporte en subvention une trentaine d'euros par jour. Avec ces dizaines de milliers de

    migrants, c'est un business en or, plus rentable mme que le trafic de drogue, de l'aveu d'un

    gangster, pig par des coutes tlphoniques lors d'une enqute sur la corruption Rome.

    Ce qui est vrai dans la capitale sera vrai partout en Italie. Une illustration de cette

    organisation, c'est le scenario, toujours le mme, qui prcde les secours. A bord des rafiots

    pourris partis de Libye, il n'y a rien manger ou boire, pas d'essence, mais un tlphone

    satellitaire pour appeler au secours. Un quipement bien trop coteux pour les passeurs. A

    terre, les migrants fournissent une main d'uvre bon march. Dans l'agriculture pour les

    hommes, dans la prostitution pour les femmes. Un vritable trafic d'esclaves, et les

    esclavagistes sont Africains et Italiensxi. Les travaux de recherche sur les discriminations considrent quune des formes decelles-ci est la discrimination systmique cest--dire une discrimination qui est laconsquence dun systme et non dune dcision volontaire de discriminer. Nouspouvons emprunter le mme concept en ce qui concerne les morts de la mditerrane.Certes lassassinat de ces migrants nest pas direct. Il est en revanche le rsultat

  • inluctable des politiques de lUnion Europenne tant dans sa politique africaine quedans sa politique migratoire, tant dans la hausse de la pression migratoire que dans satraduction en dcs grande chelle. Source : InvestigAction

  • ihttp://www.unhcr.fr/54871a45c.html,

    iiCommuniqu de presse, Non la signature de l'Accord de Partenariat conomique UE-Afrique de l'Ouest par le Conseil de l'Union europenne !, 11 dcembre 2014, http://www.solidarite.asso.fr/IMG/pdf/Communique_de_presse_contre_la_signature_de_l_APE.pdf,

    iiiJacques Berthelot, Il est urgent darrter dimposer les APE, 16 janvier 2013, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/aide-au-developpement-et/assises-du-developpement-et-de-la/les-cinq-grands-chantiers/comment-accroitre-la-coherence-des/contributions-21815/article/il-est-urgent-d-arreter-d-imposer,

    ivAim Csaire, Le colonialisme nest pas mort, La nouvelle critique, n 51, janvier 1954, p. 28.

    vConfrer pour aller plus loin, Raphal Granvaud, Que fait larme franaise en Afrique, Agone, Marseille, 2009.

    viFrontex, le bras arm de lEurope Forteresse, demain le Monde, n 18, mars-avril 2013.

    viiIbid.

    viii Frontex : guerre aux migrants" - le document audio, http://www.liguedh.be/les-fichiers-audio-video-de-la-ligue-des-droits-de-lhomme/845-frontex-guerre-aux-migrants.

    ixClaire Rodier, Xnophobie Business, quoi servent les contrles migratoires, La Dcouvertes, Paris, 2012.

    xInterview de Claire Rodier dans Libration du premier octobre 2012.

    xiAntonio Parrinello, Reuters du 17 janvier 2015.

    Frontex, le bras arm de lEurope Forteresse, demain le Monde, n 18, mars-avril 2013.Frontex : guerre aux migrants" - le document audio, http://www.liguedh.be/les-fichiers-audio-video-de-la-ligue-des-droits-de-lhomme/845-frontex-guerre-aux-migrants.

    ParMouhamadou DIOPLa Suisse rembourse 380 millions de dollars dtourns par Sani Abacha

    ATT interrog sur largent de KadhafiTous les conomistes srieux saccordent dire que les Accords de partenariat conomique constituent une calamit pour les Africains. Ils vont dstructurer les secteurs aussi divers que la balance commerciale, le tissu industriel, les emplois, lagricultureLe ver est dans le fruitMalgr larrive de nouveaux partenaires, le flux des biens et services changs entre lUnion europenne et les pays ACP reste considrable. Mais se limiter aux volumes changer cest masquer les ingalits qui sy cachent.En effet, lUE importe essentiellement des matires premires des pays ACP un prix drisoire. Ces dernires sont transformes dans/par des usines europennes pour tre revendues dans les pays ACP un prix trs lev. Avant de gnrer des profits, la transformation de ces matires premires a cr des emplois dans lespace europen.Accords de Partenariat Economique UE-CEDEAO : quand l agriculture africaine se fait piger!ParMouhamadou DiopLa face cache des Normes sanitaires et phytosanitairesLes barrires non-tarifaires constituent un point de controverse dans le partenariat commercial entre lUnion europenne et les pays ACP. Parmi celles-ci figurent les normes sanitaires et phytosanitaires (SPS) qui sont un ensemble de mesures que doivent respecter toutes les marchandises importes dans les pays de lUE. En effet, lAccord SPS dfinit les rgles fondamentales concernant linnocuit des produits alimentaires, la sant des animaux et la prservation des vgtaux. Cependant, il exige en mme temps que ces rglements soient fonds sur des principes scientifiques, quils ne soient appliqus que dans la mesure ncessaire pour protger la sant et quils ntablissent pas de discrimination arbitraire ou injustifiable entre les pays o existent des conditions identiques ou similairesQuand les subventions agricoles de lUE compromettent lagriculture africaineLes subventions agricoles de lUnion europenne reprsentent plus de 50% de son budget agricole. En 2012, elles ont t 37.7 milliards deuros dont de 4.9 milliards deuros consacrs uniquement subventionner lexportation de la viande et des produits laitiers. Plus de 80% des produits subventionns lexportation sont achemins en Afrique de lOuest et Centrale. Contrairement aux exportations agricoles des pays ACP dans lUE qui sont plus complmentaires, les produits exports par lUE dans la zone ACP constituent une vritable concurrence aux produits locaux. A part les produits combustibles, la quasi-totalit des exportations africaines en Europe concerne les produits agricoles dont les plus importants sont le cacao et le caf qui reprsentent eux seuls plus de 40 % des produits exports par la zone CEDEAO. Ces produits tropicaux ne sont pratiquement pas cultivs dans les pays europens, alors que ceux-ci restent les plus gros importateurs mondiaux, des produits venant essentiellement des pays africains. La raret des produits tropicaux sur le march local europen, fait que les exportations africaines en cette matire ny constituent pas une concurrence, mais plutt une offre complmentaire la production des agriculteurs europens.Sur le march africain, les enjeux ne sont pas les mmes. Les subventions dont bnficient les producteurs agricoles europens leur permettent dexporter dans les pays ACP tout en vendant des prix largement infrieurs aux prix du march local. Avec lentre en vigueur des prfrences commerciales rciproques depuis 2008, lUE exporte de plus en plus vers les pays de la CEDEAO des produits subventionns dans le cadre de sa Politique agricole commune (PAC), ce qui remet en cause le caractre concurrentiel du march intrieur de ladite zone. Ce caractre discriminatoire des subventions de lUE accentue le dsquilibre concurrentiel sur le march de la CEDEAO et privilgie les produits europens auprs des consommateurs locaux, comme le souligne un jeune leveur camerounais: Comment voulez-vous que la mnagre machte un poulet 1 800 FCFA pice quand elle peut se procurer du surgel 900 FCFA le kg ?Vincent Ribier et Roger Blein, dans une tude consacre aux changes agricoles entre lUE et lACP (2002:19) estiment que Les produits europens qui ont pu concurrencer, et parfois mettre en danger des filires locales ou rgionales ACP, font lobjet dun soutien interne important de la PAC. Leurs exportations correspondent le plus souvent la gestion des excdents vis--vis de la consommation communautaire ou plus exactement les restitutions lexportation permettent de se positionner sur les marchs alors que les prix europens sont nettement plus levs que les prix mondiaux ou les prix sur les marchs locaux convoits., ((Ribier et Blein, 2002: 19)En alimentant le march africain de produits agricoles subventionns, les exportations agricoles europennes sont considres comme un des facteurs majeurs de perturbations des filires locales de production. Elles installent une concurrence dsquilibre sur le march local africain qui dans le long terme dcourage les entrepreneurs privs et pouvoirs publics dinvestir dans ces filires, mettant en pril le potentiel demplois de milliers de jeunes travers chaque rgion. Ce mcanisme mis en place et renforc dans le cadre des APE que pourrait bientt ratifier le Conseil des ministres de la CEDEAO, ne laisse que de maigres chances ses producteurs qui, soumis au dmantlement des barrires douanires, soffrent comme unique possibilit dexporter des matires premires. Lexemple de la famille paysanne ivoirienne productrice de cacao est illustrant. Avec beaucoup de chance, elle vend le kilo de cacao 1 euro aux exportateurs dans la zone UE. Ce kilo de cacao daprs les barman permet au moins de faire 100 tasses de caf en raison de 2 euros lunit. Ce qui permet au vendeur franais de faire une plus-value de 199 euros, sur laquelle il faut enlever certes les charges comprises comme le transport, les frais de port, le salaire et autres charges lies. Au pire des cas, ce vendeur fait une plus-value nette de 100 euros, sans oublier toutes les entreprises qui ont intervenu dans la chaine de production comme les assureurs maritimes, les transporteurs, les barman, le vendeur de caf, le producteur de lait etc. Ainsi, toutes les politiques de promotion dune agriculture durable, moderne et comptitive, [].seront compromises par les APE (Kass, 2007:12).Ce modle de partenariat tant quon peut lappeler ainsi, nest pas nouveau. Il date de lpoque coloniale, lorsque les colonies africaines ont t contraintes de se spcialiser chacune dans la production des biens commerciaux bruts, dans le seul but de ravitailler la mtropole. Ce fut le cas de larachide pour le Sngal, le coton pour le Mali, le cacao pour la Cote divoire, ainsi de suite. Ce qui est trs tonnant cest de voir la dynamique dans laquelle se sont engags les pays africains signataires, qui pour la plupart sont des PMA (Pays moins avancs), semblant ignorer toutes les consquences que cela risque davoir pour leurs conomies, alors que tous les experts indpendants sont unanimes sur les dangers que comporte ce partenariat pour les pays en voie dveloppement. En brandissant la menace de supprimer 47% des aides accordes aux pays en dveloppement, dont les pays africains en premire ligne, lUE a su imposer la signature des APE aux pays de la CEDEAO, les obligeant ouvrir leur march intrieur 80% de ses exportations, tout en excluant la possibilit de discuter sur la question des subventions agricoles en dehors de lOMC.Conclusion