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Depuis 1971 juin 2010 / 320 N°162 www.amisdelaterre.org A Cochabamba, les peuples discutent climat Les Amis de la Terre en deuil LGV Sud-Ouest, la Région déraille Biodiversité , stop au marchandage

la baleine

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Depuis 1971 juin 2010 / 3€20 N°162

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A Cochabamba,les peuples discutent climat

Les Amis de la Terreen deuil

LGV Sud-Ouest,la Région déraille

Biodiversité,stop

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SOMMAIREEditoRégenter ou préserverla biodiversité domestique ?

L’exploitation insoutenable de la biosphère met le vivant en danger. D’ici2025, un quart des espèces mondiales pourrait disparaître. La planète entreraitainsi dans la 6ème grande extinction.L’organisation mondiale des Nations unies a voulu alerter l’opinion publique et lesdécideurs en proclamant 2010, année internationale de la biodiversité.Si la situation des espèces de la faune et de la flore sauvage fait l’objet d’uneprise de conscience récente, les modes de production et de consommation quien sont à l’origine ne sont toujours pas remis en cause et leurs conséquencessur la biodiversité domestique demeurent ignorées. Selon la FAO, 150 plantesseulement nourrissent la plus grande partie de l’humanité contre 10 000 dans lepassé. En cause, l’uniformisation mondiale des modes de culture, pousséepar les grandes multinationales semencières et agroalimentaires, tandis que lespratiques paysannes et locales disparaissent.Cette uniformisation conduit à une adaptation aux territoires hypothétiques, quiimpose des béquilles phytopharmaceutiques et compromet la sécurité alimentaire.En cette année où la France a déclaré la biodiversité « cause majeure pour 2010 »,la loi « Grenelle 2 » se trompe de priorité. Elle promeut l’inscription de variétés aucatalogue officiel européen sur la base de critères comme l’homogénéité et lastabilité qui interdit de fait l’accès aux semences sélectionnées par les paysanscaractérisées par une forte variabilité. Entre 1954 et 2002, 80 % des variétéspotagères traditionnelles reproductibles ont ainsi été radiées du catalogue. Est-il par ailleurs admissible de voir commercialiser des semences stériles pourdévelopper les marchés qui sous-tendent l’alimentation des populations ?Là ou il faudrait casser les oligopoles de la semence (dix firmes contrôlent lesdeux tiers du marché mondial des semences commerciales), promouvoir la diver-sité pour une meilleure adaptation aux territoires en encourageant les pratiquespaysannes de sélection, de conservation, d’échange des semences reproducti-bles et de commercialisation, cette loi contribue à restreindre la diversité. Elle doitêtre dénoncée.Les Amis de la Terre se joignent aux mouvements paysans pour s’opposer à cesconcentrations monopolistiques et préserver la biodiversité domestique.Hélène Gassie qui vient de nous quitter, nous avait ouvert la voie dans ce combataux cotés des mouvements paysans, nous ferons vivre cet engagement pour labiodiversité domestique qu’elle aurait voulu.

> MARTINE LAPLANTE Présidente des Amis de la Terre • France

Depuis 1971

3 - 5 > INTERNATIONAL• Quand les peuples discutent climat• Copenhague est passé, tous au charbon !• Bravo aux Amis de la Terre Swaziland• A Doha, le thon rouge sur le grill

des régionales

6 - 8 > FRANCE• Fermeture de la raffinerie des Flandres, après

eux, le déluge?• Grenelle 2, reculades et petits arrangements

entre amis• Taxe carbone, fin de partie• Trier ou ne pas trier ?

9 - 10 > RÉGIONS• Quand le lobby des pesticides empêche

la commercialisation de produits naturels• Opposition au projet de golf sur les terres

agricoles du Vaucluse• Grenoble 2030, quelle ville voulons-nous ?• LGV Sud-Ouest, le Conseil Régional déraille

11 > LES GROUPES LOCAUX EN ACTION

12 > JURIDIQUE, COLLECTIFS • Pollution radioactive au Tricastin• Stop aux sables bitumineux !

13 - 18 > DOSSIER : BIODIVERSITÉ :STOP AU MARCHANDAGE• Parce que la vie n’a pas de prix...• Le véritable prix de la monétarisation

du vivant• Paiement pour services environnementaux• La certification, un obstacle à une gestion

locale de la biodiversité ?• Fausse solution : compenser les atteintes

à la biodiversité• Défendre la (bio)diversité culturelle• Des associations sèment la biodiversité

19 > COIN DES LIVRES• LIVRES

Les vins bio meilleurs pour la planèteet la santé ?

• PUBLICATIONS« Développer les filières courtesd’écomatériaux »

20 > PRATIQUE, HUMEURS• Se lancer dans le cosm’éthique• L'année de la biodiversité, c'est rock'n roll

La Fédération des Amis de la Terre France est une association de protection de l'Homme et de l'environnement, à but non lucratif, indépendantede tout pouvoir politique ou religieux. Créée en 1970, elle a contribué à la fondation du mouvement écologiste français et à la formation du premierréseau écologiste mondial - Les Amis de la Terre International - présent dans 77 pays et réunissant 2 millions de membres sur les cinq continents.En France, les Amis de la Terre forment un réseau d'une trentaine de groupes locaux autonomes, qui agissent selon leur priorités locales et relaientles campagnes nationales et internationales sur la base d'un engagement commun en faveur de la justice sociale et environnementale.

Le Courrier de la Baleine n°162« Se ranger du côté des baleines n'est pas une position aussi légère qu'il peut le sembler de prime abord. »

Trimestriel • Juin 2010 • n°CCPAP : 0312 G 86222 • ISSN 1969-9212Ce numéro se compose d’un cahier principal (20 pages), du supplément Nous Autres et d'un bulletin d'abonnement.

Directeur de la publication Martine Laplante Rédactrice en chef du dossier Lucile Pescadère Secrétaire de rédaction Benjamin Sourice Comité de rédactionAbigail Bourgoin, Mathias Chaplain, Alain Dordé, Cyril Flouard, Caroline Hocquard, Laurent Hutinet, Lucie Lebrun, Lucile Pescadere, Caroline Prak, Philippe Collet Ontcollaboré à ce numéro Annelaure Wittmann, Bénédicte Bonzi, Stéphane Bonnet, Christian Berdot, Sylvain Angerand, Cyrielle den Hartigh, Anne Sophie Simpere, JulienB., Nicolas Fournier Crédits photos Ardyiii, David Cochard, Hollyladd, Martin Leers, Philozei, Sanctu, The city project Maquette Nismo Carl Pezin • 01 48 00 06 94Impression sur papier recyclé Offset cyclus 90g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50

Nos sites internet I www.amisdelaterre.org I www.renovation-ecologique.org I www.ecolo-bois.org I www.justice-climatique.org Iwww.produitspourlavie.org I www.prix-pinocchio.org I www.financeresponsable.org

Contactez-nous : Les Amis de la Terre France • 2B, rue Jules Ferry • 93100 Montreuil • Tél. : 01 48 51 32 22 • Mail : [email protected]

Couverture : récolte de canneberges dans le Sud de Boston, les monocultures sont aussi responsables des pertes en biodiversité.

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BolivieQuand les peuples discutent climat

INTERNATIONAL 03

Du 20 au 22 avril 2010 s'est tenue à Cochabamba en Bolivie une Conférence mondiale des peuples sur le chan-gement climatique. Retours sur cet événement alternatif au sommet de Copenhague.

Des communautés témoignent« Nos vies sont beaucoup plus difficilesdepuis l'arrivée de la compagnie minièreVale Inco mais c'est notre terre et jamaisnous ne la quitterons ni ne l'abandonne-rons ». Des témoignages comme celui deYuliana en Indonésie, il y en a désormaisdes dizaines, filmés, sur le site des Amisde la Terre International. Du Liberiajusqu'à la Malaisie en passant par les ÎlesKiribati et le Pérou, les communautéstouchées par les conséquences desdérèglements climatiques et des projetsde compagnies minières, pétrolières ouforestières, ont décidé de se faire enten-

dre. Eaux polluées, terres fertiles dévas-tées, arbres médicinaux détruits, dépres-sions silencieuses... Ces reportages ontle mérite de mettre enfin des visages etdes mots sur ce que signifient « pro-blèmes environnementaux et sociaux ». Comme l'explique la fédération, « ce sonttrop souvent les grandes entreprises, lesgouvernements et les ONG qui ont leplus voix au chapitre. Les communautésqui ont à subir les conséquences desproblèmes environnementaux doivent sebattre pour faire entendre leur point devue. Nous essayons de redresser la

balance en laissant les citoyens parlerpour eux-mêmes. » Avec l'aide desgroupes nationaux Amis de la Terre,des témoignages sont recueillis depuisplus de deux ans à travers le mondeet sont disponibles désormais sur le sitewww.foei.org rubrique Ressources vidéo.L'occasion aussi de découvrir commentles résistances collectives s'organisent àtravers le monde.

> S. C.

« Contrairement à ce qui s'est passé àCopenhague, il n'y aura pas de discussionssecrètes, derrière des portes closes » avaitassuré Pablo Solón, ambassadeur deBolivie à l'ONU. A la veille de l'ouverturede la première Conférence des peuplessur le changement climatique et les droitsde la Terre-Mère, le discours se voulaitsans ambages. Faisant partie des raresgouvernements s'étant farouchementopposés au calamiteux « accord » deCopenhague, Evo Morales prend l'initia-tive dès janvier 2010 d'inviter gouverne-ments, scientifiques, institutions interna-tionales, ONG et mouvements sociaux àCochabamba afin d' « établir et promou-voir un agenda avec des solutions justeset efficaces ». En quelques semaines,près de 20 000 personnes venues de 100pays sont annoncées. Le réveil du volcanislandais quelques jours avant la confé-rence va ramener sur terre des millionsd'êtres humains et en empêcher plusieurscentaines de se rendre sur place.L'excitation autour de l'événement vanéanmoins rester palpable.

« Une lueur d'espoir »Pour Nnimmo Bassey, président de lafédération internationale des Amis de laTerre, cette Conférence des peuples est« une lueur d'espoir [qui] permet de pro-mouvoir des alternatives et de discuterd'une approche plus juste avec les repré-sentants des mouvements sociaux, dessyndicats et des peuples indigènes. »Autre délégation fortement présente,celle de la Via Campesina. « Ici àCochabamba, nous élaborons des solu-tions et nous proposons des mesuresconcrètes qui seront présentées àCancun, au Mexique, en décembre »témoigne Josie Riffaud de laConfédération paysanne. Parmi les prin-

cipales propositions issues de l'accorddes peuples, l'adoption d'un objectifcontraignant de réduction pour les paysdéveloppés de 50 % des gaz à effetdeserre d'ici 2020 par rapport à 1990.« Avec une telle réduction estime PabloSolón, le réchauffement de la planètepourrait être limité à 1,5° C au lieu des 2° Cfixés à Copenhague. » L'objectif estambitieux alors même que la Commissioneuropéenne a confirmé que les engage-ments des pays développés sont pourl'instant compris entre 13,2 et 17,8 %.

Prochaines étapesL'accord d'une dizaine de pages comptede nombreuses autres propositionsparmi lesquelles le projet de Déclarationuniverselle des Droits de la Terre-Mère,

l'institution d'un fonds d'adaptation, lacréation d'un « tribunal international desconsciences » pour protéger les droitsdes réfugiés climatiques et une consulta-tion populaire sur le changement clima-tique. Une deuxième Conférence mon-diale des peuples pour la Terre-Mère estd'ores et déjà prévue en 2011, EvoMorales appelant à ce qu'elle se tiennedans un pays européen. Les mouve-ments réunis à Cochambaba ont égale-ment décidé d'une semaine d'actionmondiale pour la justice climatique du10 au 16 octobre 2010. Une nouvelleétape vers l'expression collective despeuples semble avoir été franchie.

> SOPHIE CHAPELLE

La mobilisation à Cochabamba a réuni les mouvements écologistes, syndicaux ou peuples indigènes autourd'alternatives justes et équitables.

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Projets controversésCopenhague est passé, tous au charbon !

04 INTERNATIONAL

Très présente à Copenhague, la Banquemondiale est rapidement revenue à sesanciennes habitudes. Le 8 avril 2010, ellea approuvé un prêt de 3,75 milliards dedollars pour la compagnie d’électricitésud-africaine Eskom, destinée à financerla construction de la méga centrale àcharbon de Medupi en Afrique du Sud.Un projet démesuré de 4 800 MW, sym-bole d’un certain apartheid énergétique. Une fois construite, la centrale émettraplus de 25 millions de tonnes de CO2 paran (l’équivalent de 5 % des émissionsfrançaises totales), contribuant fortementà l’aggravation des changements clima-tiques. Les rejets de soufre et de mercureengendreront de graves pollutions del’air, des sols et des eaux dans la région.Autour du site, les particules émises parla centrale risquent de générer des maladiescardio-pulmonaires et cancers du poumon.En outre, pour alimenter la centrale, 40nouvelles mines de charbon devront êtreexploitées avec les conséquences sani-taires et environnementales qu'on imagine.

Un modèle industriel archaïqueLe gouvernement sud-africain défend leprojet, arguant qu’il serait indispensableau développement économique du pays.La société civile rappelle quant à elle quece sont principalement de grosses entre-

prises étrangères, telles que BHP Billitonou Anglo American Corporation, qui pro-fiteront de l’électricité produite, pour desactivités industrielles très polluantes etprincipalement destinées à l’exportation.Leurs profits sont rapatriés vers lessièges des entreprises, en Australie ouaux Etats-Unis. Pire, en vertu d’accordssignés à la fin de l’apartheid, ces entre-prises bénéficient de tarifs artificiellementbas pour l’électricité. Alors que le coût liéà la construction des nouvelles centralessera en partie supporté par les citoyenssud-africains, Eskom a déjà annoncé uneaugmentation de ses tarifs de 25 % paran pour les particuliers de 2010 à 2013.Les populations les plus pauvres nepourront payer la facture et se verront pri-vées d’accès à l’électricité. Les syndicatsont déjà menacé de se mettre en grèvesuite à ces annonces.

L'alternative de la société civilePlus de 165 organisations étaient mobili-sées contre le projet, en Afrique du Sudet dans le monde. Des ONG, des syndi-cats, des mouvements religieux, et biensûr, les Amis de la Terre. Plusieurs actionsont été organisées en Afrique du Sud età Washington, et des pétitions ontrecueilli des milliers de signatures. Leurdemande : que les fonds publics bénéficient

réellement aux plus pauvres au lieu desoutenir les industries les plus polluantes.Pour Caroline Ntaopane, de l’organisationsud-africaine Vaal Environmental JusticeAlliance : « Il est très important de direque nous avons besoin d’énergie, mais ilest temps de s’intéresser à de nouveauxmodèles ». L’Afrique du Sud a un poten-tiel énorme en matière d’énergies renou-velables. L’an dernier, la ministre del’Environnement Buyelwa Sonjica parlaitd’un potentiel de 64 000 GWh dans larégion, uniquement pour l’éolien.Le 8 avril 2010, la Banque mondiale aaccordé son prêt dans la douleur : cinqEtats se sont abstenus1, une première.Cette année, la Banque révise sa stratégieénergétique : une occasion de lui rappelerque la lutte contre les changements cli-matiques ne passe pas par des marchéscarbone, mais exige avant tout d’arrêterde brûler des combustibles fossiles.

> ANNE SOPHIE SIMPERE

1) Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, laNorvège, les Pays-Bas et l’Italie. La France asoutenu le projet, certainement en raison del’implication d’Alstom dans la construction de lacentrale.

L’un des six prestigieux PrixGoldman pour l’environnement aété décerné cette année à ThuliBrilliance Makama, directrice deYonge Nawe/Les Amis de la Terre– Swaziland. Thuli est dans sonpays l’unique avocate spécialistedes questions environnementalesd’intérêt public. Elle a réussi àimposer la participation des ONGde défense de l’environnement ausein de la Swaziland EnvironmentAuthority, cela après trois ans debataille juridique. Son combatpour les communautés locales aconvaincu le jury du Prix. PourNnimmo Bassey, président des

Amis de la Terre International « Thuli estune véritable héroïne qui ne s’est jamaisinclinée dans sa lutte […] en dépit desmenaces qui l’ont visée elle, sa famille etles Amis de la Terre Swaziland. Elle méritelargement ce prix. »

Yonge Nawe a été fondée en 1987 et anotamment aidé les communautéslocales à engager des actions en justicecontre les parcs d'attraction, les safariphoto qui menacent leurs existences, eten faveur de la chasse. Les Swazis sonten effet persécutés et assimilés à desbraconniers alors que la chasse estnécessaire à leur survie... Le pays voitégalement se développer des réserves etsites de conservation, excluant de fait lesautochtones vivant à proximité. En 2009,la reconnaissance de leur droit de jouir deleur environnement a donné un signed’espoir aux Swazis et a renforcé la pri-mauté des droits humains sur les intérêtséconomiques.

> CAROLINE PRAK

Une distinction encourageanteBravo aux Amis de la Terre –Swaziland !

La Banque mondiale a accordé un prêt de 3,75 milliards de dollars pour la construction d'une centrale àcharbon en Afrique du Sud.

« Nous voulons que les populationspuissent avoir leur mot à dire dans

la gestion et les bénéfices tirésdes ressources humaines. »

Thuli Brilliance Makama

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BrèvesA Milan (Italie), Un ligne de métro roule à l’énergie solaire – La société de transports ATM s’estengagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et a décidé de doter Milan d’une ligne de métro fonctionnantuniquement à l’énergie solaire. 23 000 m2 de panneaux photovoltaïques ont ainsi été installés sur le toit de la compagniece qui permettra de produire jusqu’à 1,4 millions de kWh par an et de réduire de 70 tonnes les émissions en CO2. Ils’agit d’une première en Europe.

Les sables bitumineux, une catastrophe annoncée – Les Amis de la Terre Europe ont publié unnouveau rapport sur l’exploitation des sables bitumineux, la source d’énergie la plus néfaste pour le climat actuellement :son exploitation émettrait de 3 à 5 fois plus de gaz à effet de serre que celle du pétrole conventionnel. L’attention seporte sur le Canada, plus grand producteur de pétrole issu de sables bitumineux, et en France, sur Total, qui projette dedévelopper cette activité en République démocratique du Congo, au Venezuela ou à Madagascar.

La Côte d’Ivoire négocie ses contrats pétroliers avec l’aide de la Banque mondiale –Un séminaire de renforcement des capacités s’est tenu à Abidjan pour « permettre à la Côte d’Ivoire de maximiser sesgains au niveau ses activités d’exploration et de production de pétrole et de gaz ». Réunissant des membres de ministèreset d’administrations impliqués dans l’exploitation pétrolière, cette formation de trois semaines destinée à rassurer lesinvestisseurs potentiels devrait également permettre au gouvernement ivoirien de renforcer sa capacité de négociation.

Protection des espèces menacéesA Doha, le thon rouge sur le grill des régionales

INTERNATIONAL 05

A la veille des élections régionales, le recul de la positionde la France sur la préservation du thon rouge face auxpêcheurs de Méditerranée a plombé le dossier de l’Unioneuropéenne à la conférence de Doha.

Réunis au Qatar en mars dernier pour laquinzième édition de la CITES (Conventionsur le commerce international desespèces menacées), les représentantsde Bruxelles ont eu du mal à avaler l’arêtefrançaise dans le dossier européendemandant le classement du thon rouge(Thunnus thynnus) à l’Annexe I. Uneapprobation aurait permis d’interdire lecommerce international de cette espècemenacée par la surpêche industrielle,notamment en Méditerranée. Après avoirexprimé l’été dernier sa détermination àne pas céder sur la protection du thonrouge, Nicolas Sarkozy faisait machinearrière début février, face à la pression dusyndicat des pêcheurs de Méditerranée…A quelques semaines des élections régio-nales, Paris demandait alors la mise enplace d’un délai de 18 mois à l’applicationd’une éventuelle interdiction du com-merce international de ce thonidé ultra-prisé des élites japonaises. Fragilisé par la demande insolite de laFrance (premier pêcheur de thon rougeau monde), le dossier européen a étélittéralement torpillé par le Japon sur leterrain de l’incohérence. Résultats descourses : un rejet par 72 voix contre 42 et14 abstentions. Le sort du thon rouge estdonc désormais entre les mains de laCommission internationale pour laConservation des thonidés de l’Atlantique(ICCAT) qui se réunira à Paris en novem-bre prochain. Mais en plus de quaranteans d’activités, cet organisme a beau-coup déçu par sa gestion. Selon l’Ifremer,« les stocks ont baissé en Méditerranéede 74,2 % de 1957 à 2007 – dont 60,9 %au cours des dix dernières années. »

Restons yenLe Japon engloutitchaque année plus de80 % de la productionmondiale de thon rouge,avec des prix dépassantles 25 000 dollars pourun adulte à maturité. En2009, un spécimen de128 kilos avait mêmeété vendu aux enchèresau marché de Tokyopour la bagatelle de 9,6millions de yens, soit75 000 €. Des pressionsfinancières qui faussentle débat écologique etpoussent les pêcheursà sous-déclarer leursprises. Pour Patrick vanKlaveren, chef de ladélégation de Monaco àDoha, "en moins de 20ans, la taille des thons aété divisée de moitié (...)et la pêche illicite a étémultipliée par trois".L’échec de Doha estd’autant plus cuisantqu’une interdiction ducommerce internationalne pénaliserait en aucun cas la pêcheartisanale, dont les produits s’écoulentsur le territoire national. Une solution sou-tenue par Sébastien Chauvet, présidentdu Comité des pêches de l’île d’Yeu,pour qui « le problème est bien dans lecommerce international : la consommationjaponaise est en train d’assécher complè-tement les océans en thon rouge. »

Alors que l’ICCAT recommandait dansson dernier rapport un quota maximumde 8 000 tonnes pour la campagne depêche 2010, l’Union européenne a fixé labarre à 13 500 tonnes. Il y a toujours dusushi à se faire…

> CYRIL FLOUARD

Selon les associations écologistes,le thon rouge pourrait disparaître de la Méditerranéed'ici 2012 en raison de la surpêche et des activités illégales.

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Fermeture de la raffinerie des FlandresAprès eux, le déluge?

Le 15 septembre 2009, la raffinerie Totalde Dunkerque a stoppé son activité pourcause de maintenance périodique. Cen'est que le 8 mars 2010 que ses 380salariés ont officiellement appris la ferme-ture du site, qui produit surtout de l’es-sence pour le marché français. Avec lessous-traitants, un millier d’emplois sontdirectement menacés.Les raisons avancées pour cette ferme-ture sont la baisse de la demande fran-çaise d’essence et les normes environne-mentales, de sécurité et de conditions detravail, plus strictes en Europe qu’auMoyen-Orient, où Total veut délocaliser laproduction. Une autre raison est la renta-bilité aléatoire de cette activité, coincéeentre les prix des matières premières etdes produits finis. En clair, Total ne veutplus investir dans le raffinage, surtout enEurope. Socialement et écologiquement,le groupe pratique la politique de la terrebrûlée, car il ne prévoit aucune reconver-

sion. Pour faire passer la pilule, Total aannoncé la création d’un centre d'assis-tance technique, d'une école de forma-tion au raffinage, et sa participation à laconstruction par EDF d'un terminalméthanier à Dunkerque.

Appel syndicalAu moment du bouclage de La Baleine,les salariés en grève depuis le 12 janvier2010 réclamaient toujours le redémarragedu site pour 5 ans. L’intersyndicale CGT-SUD-FO a lancé le 26 mars un appel oùle lien entre questions sociales et écolo-giques est clairement établi. Les salariésont pris acte du fait que la consommationde pétrole doit baisser et qu’il est tempsde réfléchir à la reconversion. Ils demandent« que ce délai soit mis à profit pour étudierun projet de reconversion écologiquementsoutenable, en associant les salarié(e)s etleurs organisations syndicales, les élu(e)slocaux et régionaux ».

L’Etat a organisé le 15 avril une tableronde entre les acteurs du raffinage, lessyndicats et des experts, mais a omisd’inviter les associations écologistes.Jean-Louis Borloo et Christian Estrosijouent la montre, déclarant que « lesconstats nécessitent des approfondisse-ments spécifiques à un haut degré d'ex-pertise » et défendent la « croissanceverte » qui favorise voitures électriques,agrocarburants, etc. se bornant àaccompagner les changements derépartition entre carburants produitsquitte à remettre en cause les normesenvironnementales. D’après Les Echosdes 16 et 17 avril 2010, Christian Estrosia même remis en cause le niveau detaxation de l’essence afin de relancer saproduction en France.

Pour des solutions écologiquesLes Amis de la Terre Dunkerque ont ren-contré l’intersyndicale. Ils soutiennent lestravailleurs défendant leurs emplois etexigent une reconversion écologique,mais considèrent que se borner àdemander le redémarrage du raffinageserait incompatible avec la nécessité deréduire de 40 % les émissions de gaz àeffet de serre d’ici à 2020 en Europe. Malgré la fin annoncée de l’ère dupétrole, cette lutte est emblématique del’absence d'un projet de politique indus-trielle crédible. Pour les Amis de la Terre,Total doit faire la preuve de sa stratégieaffichée de diversification énergétique enprenant la tête d’un consortium local quis'engage à développer des activitéspérennes et écologiquement viables, et àreprendre tous les salariés de la raffinerieet de ses sous-traitants en maintenantl’intégralité des salaires et revenus.

> NICOLAS FOURNIER ET LAURENT HUTINET

Total a brutalement annoncé la fermeture de son site de raffinage de Dunkerque sans proposer aux salariésdirects et indirects des solutions de reconversion crédibles.

Une seule solution : la reconversionLes Amis de la Terre refusent d’entérinerles décisions patronales de délocalisationdu raffinage au Moyen-Orient. Parce quecela ne modifierait en rien la productionpétrolière globale ni les émissions deGES, et parce que Total (20 milliardsd’euros de bénéfice en deux ans) laisse-rait un territoire privé d'avenir, sans avoiranticipé les indispensables transitionsindustrielles. La délocalisation projetéeest aussi inacceptable car elle a toutesles chances de déboucher sur un plusgrand laxisme environnemental.

L’économie locale de Dunkerque restecentrée sur l’industrie lourde, basée surles énergies fossiles, et cumule les risquestechnologiques. Les syndicalistes en luttesouhaitent conserver sur le site une acti-vité industrielle pérenne. S’ils sont prêts àaccepter le redémarrage transitoire du raf-finage le temps nécessaire à l’adaptation,les Amis de la Terre Dunkerque exigentune réorientation rapide des activitésindustrielles vers des secteurs humaine-ment et écologiquement responsables,appelés à un avenir réel.

Les syndicalistes ont évoqué des pistes :carbochimie, hydrogène, biomasse... LesAmis de la Terre préféreraient le dévelop-pement d’un tissu artisanal et micro-industriel à partir des ressources locales,et exigent que, en concertation avec l’État,la Région, les collectivités et les salariés,Total finance un plan ambitieux de recon-version écologique dans les filières quimanquent tant à notre pays : énergiesrenouvelables, efficacité énergétique, éco-matériaux, chimie plus « verte ». Cegroupe en a les moyens.

06 FRANCE

Rencontre avec les syndicalistes en lutte sur le piquet de grève, avec de gauche à droite :Philippe Wullens (Sud-Chimie/raffinerie Total), Nicolas Fournier (Amis de la Terre Dunkerque),Jean Sename (fédération d'associations ADELFA)."

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Apparemment, le Gouvernement n’a pastiré de la décision du Conseil constitu-tionnel les mêmes conclusions que lesAmis de la Terre (voir La Baleine n° 161).En remettant le 22 mars 2010 le projet detaxe carbone aux calendes grecques,bottant en touche en faveur d’une taxeeuropéenne qui n’a pas la moindrechance d’aboutir dans les années à venir,il renonce au projet sur lequel il fondaitl’essentiel de sa communication environ-nementale. Au mois d’octobre 2009, il était pourtantpossible, selon un gouvernement acquis

à la cause de la « croissance verte » quela France adopte seule une taxe sur lecarbone. Cela n’était pas faux, l’énergierestant globalement moins taxée enFrance que dans l’Union européenne.Force est de constater que le résultat desélections régionales a rendu le possibleimpossible.Techniquement en effet, il était encorepossible de mettre sur pied un dispositifcohérent, juste et légal au lieu d’un textepour le moins embrouillé, censé protégerla « compétitivité » des industries en fonc-tion de critères illisibles – alors que la

suppression de la taxe professionnelle alargement profité aux entreprises. C’estce message que les Amis de la Terre sontallés porter au MEEDEM le 23 février2010. Nous continuerons de défendre une taxeuniverselle sur l’énergie. Elle doit êtrepensée comme l’une des mesures poli-tiques permettant de mettre en œuvre,de façon socialement juste, la décrois-sance drastique des émissions de gaz àeffet de serre et la sortie rapide dunucléaire.

> LAURENT HUTINET

Taxe carboneFin de partie

Grenelle 2Reculades et petitsarrangements entre amis

Qui appelait de ses vœux les plus pieuxla « prise de conscience par notre sociétéqu’elle ne peut plus vivre dans le gaspil-lage, qu’elle ne peut plus négliger lesconséquences, sur l’avenir de la planète,de sa façon de vivre, de produire et deconsommer » ? Un militant des Amis de laTerre ? Nicolas Hulot ? Non, cette tiradeest extraite du discours de NicolasSarkozy pour le lancement du Grenellede l'environnement. Le 11 Mai 2010, la majorité adoptait auParlement la loi portant engagementnational pour l'environnement (loi dite« Grenelle 2 »). Ce projet de loi se voulaitune « boîte à outils » pour atteindre lesobjectifs fixés après le processus partici-patif du Grenelle de l’environnementlancé en 2007. Depuis, les défaites élec-torales se sont succédées à unecadence aussi rythmée que les visitesdes lobbyistes dans les officines du pou-voir afin de torpiller les réformes environ-nementales les plus ambitieuses. Missionréussie, l'écologie version « bleue UMP »a fait long feu et « l'environnement, çacommence à bien faire ».

Vive les pesticides...Pour les Amis de la Terre, les reculadeset petits arrangements entre amis sontdésormais sur la place publique. Laquestion des pesticides est emblématiquede la trahison de l'esprit du « Grenelle ».Alors que ses engagements portaient surune réduction de 50 % des pesticides,cet objectif serait désormais « néfaste »pour l'agriculture française car « trop brutal »d'après un rapport parlementaire tombé

à point nommé. Laloi « Grenelle 2 »indique que désor-mais le retrait dumarché de molé-cules phytopharma-ceutiques jugées dan-gereuses devra prendreen compte les possiblespertes de revenus pourles agriculteurs, les alter-natives s'avérant pluscouteuses. Par ailleurs, lespublicités pour les pesti-cides à destination des jar-diniers ne sont pas inter-dites, contrairement à ceque prévoyait le projet de loiinitial.

… et les rejetsradioactifs !Sur un autre chapitre, leRéseau Sortir du nucléairedénonce « une régression dela protection de l’Homme etde l’environnement suite àl’adoption de la loi Grenelle 2,dont l’article 94 quater sup-prime purement et simplement la procé-dure d’enquête publique pour toutes lesdemandes d’augmentation des rejetsradioactifs et chimiques et des prélève-ments d’eau des installations nucléaires ».Finalement, pour Claude Bascompte,président des Amis de la Terre : « Que cesoit sur l’agriculture, l’énergie ou la res-ponsabilité sociale et environnementaledes entreprises, la loi Grenelle 2 aura permis

de faire tomber les masques. Au-delà desbeaux discours, la réalité des actes estbien terne. La révolution (sic) promise parNicolas Sarkozy le 25 octobre 2007 estenterrée. La somme des intérêts particu-liers empilés dans cette loi n'a pas permisde faire prévaloir l'intérêt général. »

> BENJAMIN SOURICE

Les défaites électorales de la majorité et les luttesd'influence des lobbies auront fini par vider de sonessence le projet de loi du Grenelle, mais est-ce unesurprise ?

FRANCE 07

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Les Amis de la Terre sont en deuilNous avons reçu mercredi 9 juin la nouvelle du décès d’Hélène Gassie, qu’on pouvaitpressentir depuis quelques jours ou semaines en raison de son affaiblissement face aucancer qui la rongeait.

Que faire sinon continuer, que dire sinon qu’il faut continuer ? Continuer à vivre, et surtoutà vivre ses choix ? Car c’est cette leçon certainement qu’aura transmise Hélène au coursde ses derniers mois de combat contre la maladie implacable qui l’a emportée. En tout casc’est la première sensation qui vient ici.

Et les choix d’Hélène ont été exemplaires, ont été les nôtres, et inlassable a été saparticipation aux luttes écologistes et sociales, aux exigences de défendre le vivant auquel,du coup, elle appartient encore d’une certaine façon. Inlassable sa participation,persévérante et enjouée, intelligente et vibrante, à laquelle elle nous a tant habitués quesans doute nous ne remarquerons pas tout de suite, à la prochaine manifestation, à lapremière réunion, au prochain débat, qu’elle n’y est pas.

Hélène a été partie prenante de tant d’actions et de réseaux militants que nous saurionsles évoquer tous ici. Comme le Collectif Adour Eau Transparente, comme les Faucheursvolontaires, comme Doman Chalosse vivante, comme tous les réseaux paysans, Conf,Réseaux Semences Paysannes, Ortie, les Amis de la Terre, des Landes et de Franceperdent avec elle, au sens le plus fort du mot, une compagne.

…telle est la question que se posentdevant leur poubelle, beaucoup deFrançais conscients de l’importance dutri des déchets. Les erreurs de tri, parfoisen toute bonne foi, sont nombreuses(pots de yaourt, sachets, barquettes...).Par ailleurs, un sondage de l’ObservatoireSociovision réalisé en 2009 montre que66 % des personnes interrogées aime-raient trouver des informations sur le triou le recyclage sur les produits-mêmesou leurs emballages.Hélas, les logos et textes figurant actuel-lement sur les emballages ou produitssont nombreux et souvent mensongers,par exemple lorsqu’ils vantent desmérites écologiques inexistants. Le célè-bre logo « Point Vert » est le plus fré-quent. Il s’agit d’une marque commer-ciale utilisée dans 32 pays et portée pardes centaines de milliards d'emballages.Mais il prête à confusion car beaucoupde gens pensent qu’un produit qui portece logo est recyclé, ou recyclable. Or ilsignifie simplement que l’industriel mettantce produit sur le marché s’est acquitté de lataxe auprès de l’éco-organisme compétent.

Une véritable cacophonieLa cacophonie liée à la multiplicité desdispositifs français de collecte sélective(11 éco-organismes : papier, emballages,équipements électriques et électro-niques, médicaments, piles, lampes)aboutit à une multiplicité de supports etde messages à destination des citoyens.Or les objectifs publics en matière de recy-clage nécessitent une plus grande effica-

cité. Pour rappel, l’article46 de la loi « Grenelle 1 »prévoit d’« augmenter lerecyclage matière et orga-nique afin d'orienter versces filières un taux de 35 %en 2012 et 45 % en 2015de déchets ménagers etassimilés contre 24 % en2004, ce taux étant porté à75 % dès 2012 pour lesdéchets d'emballages ména-gers et les déchets banals desentreprises. »

Un logo uniqueAinsi, la préconisation-phare dugroupe de travail pluri–acteursanimé par l’ADEME est d’apposersur les produits et leur emballage unmarquage (logo ou texte) unique etobligatoire indiquant si le produit ou sonemballage est triable, ou pas. Il s’agiraitainsi d’aider le citoyen hésitant devant sapoubelle de tri, à faire le bon geste.Cette démarche implique une validation dela Commission européenne conditionnéenotamment par l’absence d’harmonisa-tion communautaire existante (ce quiexclurait de ce marquage les DEEE, piles,accumulateurs et substances dange-reuses, déjà signalés par des marquagesobligatoires), et l’utilisation de la languefrançaise limitée au maximum afin de nepas entraver la sacro-sainte libre concur-rence au sein de l’Union européenne.Cependant, si cette proposition est assezbien accueillie par les collectivités locales

et les associations de consommateurs etenvironnementalistes, le MEDEF et lesindustriels (éco-organismes, grande dis-tribution) freinent des quatre fers, arguantd’un coût économique trop important.Craignant sans doute une stigmatisationdes produits et emballages non recycla-bles, ils proposent que le marquage soitlaissé à leur libre choix. Le ministère del’Ecologie parviendra-t-il à imposer unmarquage obligatoire ? Réponse dansles prochains mois.

> ANNE LAURE WITTMANN Les Amis de la Terre • Montreuil

DéchetTrier ou ne pas trier ?

08 FRANCE

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Il y a quelques semaines, les Amis de laTerre Vaucluse ont répondu à un appellancé par la Confédération Paysannepour la création d'un collectif de défensedes terres fertiles dans le Vaucluse. Lecollectif est constitué de 20 associationsqui ont décidé de s'organiser pour mettreen place une veille départementale desterres agricoles afin de défendre des pro-jets d'installations agricoles et l'organisa-tion de mobilisations pour réclamer l'ac-cès à la terre. Une première action s'est dérouléesamedi 17 Avril à l'occasion de la journéeinternationale des luttes paysannes, il

s'agissait d'une marche suivie d'unpique-nique champêtre à Bonnieux surles terres de « l'écobaron » Cardin. Eneffet, c'est sur cette commune duLubéron que le couturier Pierre Cardinsouhaite construire un golf sur les 48 hade terres agricoles qu'il vient d'acquérir.Un projet aberrant lorsqu'on sait que lacantine de Bonnieux propose des pro-duits bio d'importation car elle n'arrivepas à se fournir localement. La réponse du collectif est claire :« plus un mètre carré de terre agricolepour autre chose qu'un projet agricolesain et respectueux de l'environnement

porté par des paysans justement rétri-bués de leur travail. Nous avons besoinde préserver les terres agricoles pourassurer une autonomie alimentaire dechaque territoire. ».Pour réfléchir à la manière de cultiver laterre autrement, il faut d'abord s'attaquerà la problématique du foncier et de l'ac-quisition de la terre. La création de cecollectif est une avancée réelle pour ladéfense et la promotion d''une autre agri-culture locale et soutenable.

> BÉNÉDICTE BONZILes Amis de la Terre • Vaucluse

Collectif de défense des terres fertilesOpposition au projet de golfsur les terres agricoles du Vaucluse

Alternative agricoleQuand le lobby des pesticides empêchela commercialisation de produits naturels

« Préparations naturelles peu préoccu-pantes » ? Ce terme aussi connu sous lesigle « PNPP », est issu de la Loi sur l’eauet désigne des préparations utiliséespour renforcer la capacité des plantesprenant la forme d’extrait fermenté, dedécoction ou de macération à base decomposants naturels comme l’ortie, lafougère ou le vinaigre blanc. Le purind’ortie en est devenu l’emblème quand,fin 2005, la loi d’orientation agricolecontraint ces produits à subir les mêmestests, contrôles et procédures que lesproduits « phytopharmaceutiques » en vued’obtenir une autorisation de mise sur lemarché national.En 2006, la mobilisation des associationspermet d’amender la loi. Les préparationsnaturelles pourront bénéficier d’une pro-cédure simplifiée. Mais le décret du minis-tère de l’Agriculture publié en juin 2009continue d’exiger l’inscription sur la listeeuropéenne des produits « phytopharma-

ceutiques » or lesétudes exigées avant lacommercialisation sonttrop coûteuses pourdes agriculteurs indé-pendants.

L’exceptionfrançaisePremière consomma-trice de pesticides enEurope, la Francecontinue de barrer laroute aux PNPP.D’autres pays euro-péens, soumis aux

mêmes directives et règlements, recon-naissent et classent ces préparationsdans une catégorie à part. En Allemagnepar exemple, les substances de baseacceptées par le règlement européen bion’ont pas besoin d’être inscrites. Plus de400 préparations sont ainsi commerciali-sées dans ce pays. « En Espagne, il suf-fit de vérifier que les préparations natu-relles sont peu toxiques et efficaces etl’on peut faire l’inscription à peu de frais.Nous réclamons une réglementation quisoit également logique en France »explique Jean Sabench le porte-parolede la commission Pesticide de laConfédération Paysanne.

Désobéissance civileProducteur de fruits bio dans la Loire,Jean-Luc Juthier assure ne pas pouvoirvivre de son travail sans ces produits-là.« En agriculture biologique, on connaitcertaines impasses techniques avec le

puceron ou le ver de la cerise par exem-ple. Nous avons donc décidé de conti-nuer à utiliser ces préparations dans latransparence avec les services de l’Étatet nos organismes certificateurs. C’est enquelque sorte de la désobéissance civile. »Une situation difficilement tenable sur lelong terme. « Il y a eu un contrôle chez un revendeurd’huile de neem (utilisée comme insecti-cide bio), commente Guy Kastler del’Association pour la promotion des pro-duits naturels peu préoccupants.L’administration lui a demandé de ledétruire comme un déchet industrieltoxique alors que depuis des siècles lespopulations indiennes utilisent les graineset les feuilles de cet arbre comme cos-métique ou vermifuge pour les enfants. » Le 3 avril 2010 à Saint-Chamond (Loire),des agriculteurs, jardiniers, élus etconsommateurs ont décidé de poser leproblème sur la place publique en épan-dant symboliquement de l’huile de neemsur les plantes. Les associations, syndi-cats et collectivités locales mobiliséesdemandent l’adoption en France d’unamendement à la loi « Grenelle 2 » affir-mant que les préparations naturelles peupréoccupantes ne sont pas des pesti-cides et permettant leur commercialisa-tion et leur utilisation effectives.

> SOPHIE CHAPELLE

Cet article est extrait du site Basta !, agenced’informations sur les mouvements sociaux etenvironnementaux. Retrouvez l'intégralité surhttp://www.bastamag.net

Insecticides naturels ou fertilisants bio s’échangent sans problème ailleurs en Europe. Pas en France.Se procurer de tels produits pour entretenir son potager ou protéger son champ y est puni par la loi.

FRANCE 09

Manifestion en faveur des PNPP à Saint-Chamond (Loire).

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Villes en transitionGrenoble 2030, quelle ville voulons-nous ?

Ville saturée, obéissant à une logiqued'urbanisation croissante (au détrimentnotamment des terres cultivables) et for-tement marquée par la pollution de l'air,Grenoble et son agglomération sontaujourd’hui à bien des égards desmodèles de ce qu’il ne faut pas faire enterme d’urbanisme. Or, à l’heure desbouleversements climatiques et de lacrise écologique, il existe encore unrisque de voir émerger de nouveaux pro-jets polluants.La Région urbaine grenobloise est enpasse de se doter d’un SCOT (schémade cohérence territoriale) destiné à rem-placer l’ancien schéma directeur et dontle rôle est de définir les grandes orienta-tions d’aménagement dans la régionpour les vingt prochaines années. CeSCOT est loin d'assurer que les erreursdu passé ne seront pas répétées,comme par exemple des projets routiersrendus compatibles avec le SCOT, bienque celui -ci annonce officiellement vou-loir "intégrer l’empreinte écologique aurang des priorités".

Un film pour ouvrir le débatLes Amis de la Terre Isère ont ainsi jugéopportun d’entamer en parallèle duSCOT, sous la forme d’un film, uneréflexion autour de ce que pourrait êtreune ville soutenable. Par ailleurs, le filmrappelle que les occasions ne manquentpas pour les décideurs locaux de se pas-ser de l’avis de la population dans la miseen œuvre de grands projets (développe-ment des nanotechnologies à MINATEC).Grenoble 2030 s’appuie sur le témoi-gnage de personnalités comme PierreRabhi ou Paul Ariès mais donne égale-

ment la parole à des citoyensconcernés par le devenir de leurterritoire de vie : rocade Nord,agriculture, pollution de l’air,déchets, etc. La problématiqueabordée et les réflexionsapportées par les intervenantsdépassant largement le cadrede la ville de Grenoble, ce filmpeut servir de base à un débatautour de la ville soutenable engénéral et de la société danslaquelle elle s'inscrit. Ainsi, à travers ce film, lesAmis de la Terre Isère souhai-tent aller plus loin que lesbonnes intentions affichéesdu SCOT en posant les ques-tions qui dérangent (décrois-sance, démocratie, etc.).D’une part, il est primordialde réaffirmer que l’urgencede la crise écologiqueimpose de vrais choix poli-tiques au service de tous etdestinés à s’inscrire dans ladurée. D'autre part, le filmveut attirer l’attention sur lefait que l’élaboration du SCOTest une occasion unique pour les habi-tants de contribuer à définir des direc-tives conformes aux objectifs françaispour 2020 : 20 % d’économie d’énergie,20 % de réduction de GES par rapport à1990 et 23 % d’énergies renouvelables(loi Grenelle du 3 août 2009).Après une première version du filmconçue pour alimenter un débat avec lepublic, les Amis de la Terre Isère travail-lent actuellement à une version longuequi reviendra plus en détails sur les éner-

gies renou-velables, l'agriculture biologique, l'émer-gence du réseau des villes en transitionou encore sur l'économie sociale et soli-daire : autant d'alternatives possibles àun modèle injuste et destructeur.

> STÉPHANE BONNETLes Amis de la Terre • Isère

Permaculture, Slow city, ville en transition, ces mots recouvrent une même idée : se réapproprier l'espacede vie et relocaliser les activités humaines au sein de la communauté. Les Amis de la Terre Isère nousl'expliquent dans un film, Grenoble 2030.

LGV Sud-OuestLe Conseil régional dérailleUn endettement de 4 milliards d’eurospour la Région Aquitaine, le rail aban-donné à une compagnie de BTP, unrisque de déstructuration des lignes fer-roviaires locales, la destruction de nom-breuses habitations et du paysage... toutça pour quoi ? Gagner une heure sur untrajet Paris-Bordeaux. Ce ne sont là quequelques motivations qui animent lesmilitants s'opposant à la création d'uneligne à grande vitesse (LGV) entre Tourset Bordeaux, tronçon d'un futur axe euro-péen Bruxelles-Madrid. Le 30 Mars 2010, Réseau ferré deFrance annonçait qu'il « ouvrait la négo-

ciation avec le groupement piloté parVinci, associé à la Caisse des dépôts et àAxa » pour la construction de la LGVSud-Ouest. Il s'agit d'un contrat public-privé sur la construction et la gestion durail, une première depuis 1936. Lecontrat porte sur 8 milliards d'euros maisla moitié sera payée par l'Etat et les col-lectivités locales qui vont s'endetter lour-dement , au risque de délaisser l'aména-gement du territoire local. Les Amis de la Terre Landes refusent ceprojet de « mégalo-structures ». Pour eux« les ambitions de métropole européennede Bordeaux vont désertifier la région.

Bordeaux sera la seule gagnante dans ceprojet. La ville a déjà prévu d'aménagerpour 2 milliards d’euros, une zone de 780ha près de la gare, avec en projet laconstruction de 170 000 m2 de bureauxet autant de surface de logements (pourprès de 50 000 personnes). Ce pôle vaaspirer toute l’activité économique dansun rayon de 100 km aux dépens despetites et moyennes villes. Cela va contrenotre idée d'une société soutenable etrelocalisée ».

> BENJAMIN SOURICE

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Plus d’informationsur le blog du groupe :

http://amisdelaterre-isere.over-blog.org/

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Riche d'une trentaine de groupes locaux en France, la fédération des Amis de la Terre a été très active sesderniers mois, comme le montrent ses actions en photos. Votre groupe a récemment organisé une actionet vous souhaitez en parler dans La Baleine ? Contactez Benjamin Sourice, chargé de l'animation du réseau :[email protected].

Le 10 avril, des militants et jardiniers amateurs de Montreuil (Seine Saint Denis)inauguraient la compostière de quartier. Cette compostière d'une capacité de2 x 800 litres est une initiative des Amis de la Terre Montreuil Est Francilien etdu Sens de l'Humus appuyée par la Mairie de Montreuil.La compostière recueillera désormais les déchets organiques pour fournirde l'humus aux services paysagistes de la ville et aux [email protected]

MontreuilJ'ai du bon humus dans ma compostière...

Plus de 140 personnes se sont retrouvées le 17 avril sur la commune deBonnieux (Vaucluse) à l'occasion de la Journée internationale des luttespaysannes. La mobilisation était organisée par le collectif local de Défensedes terre fertiles, dont font partie les Amis de la Terre Vaucluse, aux cotésde la Confédération Paysanne. Le collectif s'oppose au projet du couturierPierre Cardin de transformer ses 48Ha de terres agricoles en « golfsculptural » et réclame l'appui de la municipalité pour s'y opposer et laissercette zone agricole dans le POS (Plan d'occupation des sols)[email protected]

VaucluseDéfense des terres fertiles

Le 2 Mai, plusieurs centaines de personnes ont bravé le mauvais tempspour former une chaine humaine au tour du Lac d'Annecy. Cettemobilisation a été organisée par les Amis de la Terre Haute Savoie, encollaboration avec Lac d'Annecy Environnement et la FRAPNA. Cesassociations s'opposent à un projet d'amendement de la loi Littoral,défendu par le ministre Accoyer, qui permettrait de sortir les zones de lacde cette loi de protection des rivages contre les projets immobiliersabusifs. Ce fut un succès car les députés ont voté le maintien de la loiLittoral sur les pourtours des grands lacs dans la semaine suivant l'[email protected]

Haute-SavoieTouche pas à mon lac !

Le 6 mai dernier, les Amis de la Terre se sont joints au groupe deRésistance à l’agression publicitaire (RAP) et Agir pour l’Environnementpour déverser des prospectus publicitaires devant l’Assemblée nationale.Avec cette opération, le collectif revendique le respect des autocollants« pas de pub dans ma boîte aux lettres » et une pénalité pour l’entrepriseémettant cette publicité en cas de non-respect. Ils réclament aussil’application du principe pollueur-payeur pour que les commanditaires deces publicités en payent le retraitement à 100 %[email protected]

ParisStop Pub !

ACTIONS DES GROUPES LOCAUX 11

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JuridiquePollution radioactive au Tricastin : une plaintedes Amis de la Terre en phase d’aboutirLes Amis de la Terre France, assistés parMaître Alexandre Faro, ont déposé deuxplaintes concernant les pollutionsradioactives intervenues sur le site duTricastin à l’été 2008.Le 7 juillet 2008, le débordement d’unstockeur de la station de traitement deseffluents uranifère de l’usine SOCATRI deBollène provoquait une pollution radioactiveimpliquant d’importantes conséquencessur l’environnement. L’étanchéité de lacuve de rétention prévue à cet effet étantdéfaillante, c’est plus de 70 kg d’uraniumqui ont été déversés sur le sol et ontpénétré le réseau d’eaux pluviales. Lesprélèvements effectués tardivement parla SOCATRI ont mis en évidence unecontamination massive des eaux.Les services d’inspection de l’Etat (ASNet IRSN) ont conclu à un certain nombrede défaillances et de négligences gravesdans l’exploitation de l’usine, ce qui a

conduit à l’établissement d’un procès-verbal. Fort de ce PV, les Amis de la Terreont, en tant qu’association agréée pourla protection de l’environnement, déposéplainte avec constitution de partie civilesur le fondement de l’article L. 216-6 duCode de l’environnement qui incriminepénalement la pollution des eaux.L’audience sur ce dossier aura lieu en juindevant le tribunal correctionnel deCarpentras.

Zones de non droit ?Il en va malheureusement autrement dela seconde plainte déposée par les Amisde la Terre. Aucune audience n’étant à cejour fixée. En effet, les prélèvementseffectués sur l’ensemble du site du sitedu Tricastin à l’occasion de la pollutionprovoquée par SOCATRI ont mis en évi-dence une autre contamination radioac-tive a priori inexpliquée, à plus de 2 km

de la SOCATRI. Le recoupement desinformations de la CRII-RAD et del’ANDRA (Agence nationale des déchetsradioactifs) met en évidence la présenced’un tumulus suspect sur un site du CEAexploité par AREVA. Ce tumulus seraitcomposé de déchets radioactifs enfouissans confinement sous une couche deterre dégradée. Là aussi, les Amis de laTerre ont déposé plainte sur le fondementde l’article L. 541-46 du Code de l’envi-ronnement incriminant l’abandon dedéchets. Au delà du débat juridique, ces pollutionsmettent en évidence l’impossible gestiondes déchets radioactifs ainsi que les pro-blèmes liés à la sous-traitance dans ledomaine nucléaire. Elles seront aussi untest pour savoir si des sites comme leTricastin sont, ou non, des zones de nondroit.

> JULIEN B.

CollectifsStop aux sables bitumineux !

L'Assemblée générale du groupe Total aété l'occasion pour les Amis de la Terre etleurs partenaires associatifs de sensibili-ser le public et les décideurs sur lesimpacts liés à l'exploitation des sablesbitumineux. Une conférence de presse aainsi été organisée le jeudi 20 mai avec laparticipation d'Eriel Deranger des pre-

mières Nations cana-diennes. Venue témoi-gner des désastres dontse rendent responsablesles compagnies pétro-lières qui exploitent lessables bitumineux auCanada, Eriel a évoquéles catastrophes sani-taires autour des zonesd'exploitation et de réten-tion des eaux contami-nées (cancers, maladiesrespiratoires, etc.). Maisles destructions environ-nementales sont toutaussi graves : les sablesbitumineux, mélange desable et de bitume, sontun pétrole lourd dont l’ex-traction et le raffinage

nécessitent de déforester les zones deproduction et de mobiliser de très impor-tantes quantités d’eau et de gaz. PourAloys Ligault, chargé de campagne auxAmis de la Terre, qui a également rencon-tré des députés et responsables dugroupe Total « les investissements dansles sables bitumineux démontrent que

Total ne prend pas au sérieux ses enga-gements en matière de changements cli-matiques. L’extraction des sables bitumi-neux rejette de trois à cinq fois plus degaz à effet de serre que les pétrolesconventionnels. Les sables bitumineuxsont une fausse solution à la question dela sécurité énergétique ». Le soir même,une projection-débat était organisée àParis pour échanger avec le public autourdu film-documentaire H2Oil, révélateurdes conséquences de l'exploitation dessables bitumineux. Le lendemain, unevingtaine de militants des Amis de laTerre, appuyés par les Désobéissants, ontinstallé devant le siège du groupe à LaDéfense, un bac à sable bitumineux et ontdéployé des photos montrant des sitesd'extractions au Canada. Ils en ont profitépour distribuer des tracts informatifs auxsalariés du groupe.

> CAROLINE PRAK

Les Amis de la Terre, IEN, ATTAC France, CEDETIM, Cedidelp, CSIA avec le soutien du CRID et UrgenceClimatique Justice Sociale ont organisé une série de conférences et d'actions pour demander à Total à cesserses investissements dans les sables bitumineux canadiens.

Aller plus loin :http://www.amisdelaterre.org/-Industries-extractives-.html

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Action des Amis de la Terre le 21 mai 2010 devant le siège de Total à La Défense.

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La biologie et les sciences de l'environnement montrentl’interdépendance entre des espèces qu’en apparence toutéloigne et dont nous sommes loin d’avoir saisi toutes lessubtilités. La biodiversité est garante de la stabilité desécosystèmes dont les humains dépendent, de la diversité despaysages qui constituent nos horizons, des systèmes culturelset économiques, de notre équilibre alimentaire, et forme unréservoir de ressources phytogénétiques pour notreavenir (nourriture, médicaments, etc.)Les causes de la destruction de la biodiversité sont connues :ravages de l'industrie chimique et de l'agro-industrie,appauvrissement des écosystèmes agricoles, sylvicoles etmaritimes, cloisonnements et obstacles créés par l’urbanisationet le quadrillage des réseaux de transport... Les OGM y ajoutentun péril plus récent par les perturbations que les gènes introduitspeuvent causer aux espèces cultivées et sauvages.Les remèdes ? Une conservation intelligente des vestiges demilieux naturels qui permettent la pérennité et l’évolution despopulations locales, mais aussi une diversification de modèlesagricoles adaptés aux milieux, grâce à une agriculture paysanneet biologique s’appuyant sur la diversité d’espèces domestiques.A la différence des hybrides industriels brevetés, la très richediversité intravariétale des semences paysannes favorise une

adaptation incessante au milieu (sol, climat, maladies, etc.).Ces modes culturaux tolérants, souvent dépendantsd'écosystèmes de lisière (haies, mares, chemins, bois, etc.),permettent la circulation d'espèces sauvages dont le patrimoinegénétique peut renforcer celui des espèces domestiques et quiconstituent parfois de précieux adjuvants de culture. Carbiodiversités naturelle et cultivée sont intrinsèquement liées.Quant à la ville, il est essentiel qu'elle redevienne perméable à labiodiversité.Le rapport Pavan Sukhdev sur l'évaluation des services renduspar la biodiversité a été aussi utile que le rapport Stern pourexpliquer que les « coûts » de l’inaction seraient supérieurs àceux de la prévention. Mais les Amis de la Terre refusent que lesgraves erreurs commises sur le « marché » du carbone soientréitérées en matière de sauvegarde de la biodiversité enattribuant un prix à ce qui n’en a pas : la diversité de la vie.Car qui peut décemment quantifier la valeur d’une bactérieindispensable à la digestion humaine, ou d’un champignonencore inconnu complice de l’assimilation des nutriments puiséspar les racines d’une plante, et qui, en outre, n’appartiennent àpersonne ?

> LE CONSEIL FÉDÉRAL DES AMIS DE LA TERRE • FRANCE

Parce que la vie n’a pas de prix...

Essentielle au maintien d'écosystèmes équilibrés et résistants, la protection du vivant fait l'objet de toutesles attentions en 2010, proclamée « année de la biodiversité » par l'ONU. Gouvernements, opinionspubliques et institutions s'engagent ainsi pour préserver la diversité animale et végétale, défendant souventla monétarisation du vivant comme solution contre son érosion. Nombre de programmes de compensationet paiements pour services environnementaux voient le jour, qui s'ils ont pu aider à la reconnaissance dupréjudice environnemental, s'accompagnent de nombreuses dérives. Surtout, ils écartent les populationslocales qui devraient être au coeur des politiques de sauvegarde de la biodiversité.

Biodiversité : stop au marchandageDOSSIER

Des militants des Amis de la Terre Montreuilet du Sens de l’humus, en pleine guérilla

potagère l’été dernier.

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Rapport Robert Costanza, rapport BernardChevassus-au-Louis, rapport PavanSukhdev… Ces dix dernières années, lestravaux visant à donner une valeur moné-taire à la biodiversité s’amoncellent sur lesbureaux des dirigeants de ce monde. Selonles spécialistes de ce que l’on appelle l’éco-nomie des écosystèmes, il n’y a, en effet,qu’une manière de lutter contre la dispari-tion des ressources naturelles : leur donnerun prix. Cette idée trouve ses fondementsdans l’Amérique de Reagan qui tente derationaliser les politiques publiques avecl’analyse coût-bénéfice. Il s’agit en fait d’ap-pliquer au secteur non marchand, le secteurpublic, les méthodes employées dans lemonde de l’entreprise. Qu’est-ce que cetteinstallation va coûter ? Quels bénéficespeut-on en attendre ? Telles sont désormaisles questions que les pouvoirs publics amé-ricains se posent avant la mise en œuvre detout projet réglementaire ou d’aménage-ment du territoire. Cette méthode entraîneles responsables politiques et administratifsdes Etats-Unis puis, des grandes institu-tions internationales (Banque mondiale,Organisation mondiale de la santé…) à s’in-téresser et à mesurer les pertes liées à ladestruction de l’environnement. Les Européens attendront les années2000 pour s’enticher et adopter, à leurtour, ce mode de gouvernance. En France,cela se concrétise, notamment, par larédaction du rapport Chevassus-au-Louis.Présenté l’an dernier, le document est lerésultat d’une commande du Premierministre qui souhaitait donner suite auxengagements pris par Nicolas Sarkozy lorsdu discours de clôture du Grenelle de l’en-vironnement. Chantal Jouanno, secrétaired’Etat à l’Ecologie, le considère comme unoutil devant servir « à définir des valeurs deréférence pour que, dans toutes les déci-sions publiques, soit désormais prise encompte la valeur économique de la biodi-versité ». Elle ajoute : « la plupart de nosinterlocuteurs considèrent que nous pré-servons la nature pour sa beauté. Or, nousdevons raisonner en terme de capital natu-rel qui a autant si ce n'est plus de valeurque les autres capitaux »¹.

Évaluationdes dommages écologiquesAinsi, une simple étiquette et un prix sur ledos des baleines, les branches des arbreset sur les divers éléments du vivant consti-tuant les écosystèmes de notre planètesuffiraient à protéger la biodiversité ?« Certaines évaluations portant sur deséléments marchands, comme les coûtsdes pollutions chimiques sur les systèmesde sécurité sociale, sont intéressantes.

Les chiffres qui y sont indiqués peuventêtre utiles et apporter un éclairage dans laprise de décision des pouvoirs publics. Lecas de la règlementation européenne surles produits chimiques REACH en est unbon exemple », explique Julien Milanesi,économiste et auteur d’une thèse sur laméthode d’évaluation contingente².Parmi les autres avantages de ces évalua-tions : la possibilité d’obtenir la reconnais-sance de dommages écologiques et dedroits pour les victimes de catastrophesenvironnementales. Le jugement du tribu-nal correctionnel de Paris en janvier 2008et celui pris par la cour d’appel en marsdernier dans le procès de l’Erika le prou-vent largement (le tribunal correctionnel etla cour d’appel ont tous deux reconnu lanotion de préjudice écologique etcondamné les responsables, dont Total, àverser plus de 200 millions d'euros d’in-demnités aux parties civiles).

Des méthodesd’évaluation controverséesCes aspects positifs ne doivent pascacher les problèmes liés à la monétarisa-tion de la biodiversité. Le premier d’entreeux concerne les méthodes employéespour évaluer le prix des éléments environ-nementaux. Si certains des outils mesu-rant leur valeur d’usage qu’elle soit directe(alimentation, pharmacie…) ou indirecte(épuration de zones humides…), semblentavoir du sens, d’autres sont beaucoupplus controversés. C’est le cas de laméthode d’évaluation contingente. Miseau point dans les années 1950, ce pro-cédé a pour but d’estimer la valeur de cequi, a priori, n’a pas de prix… commel’existence des singes ou des baleines !Comment ? Et bien c’est très simple, ilsuffit de prendre un échantillon représen-tatif de la population et de poser unequestion bien ciblée à chacun des mem-

DOSSIER I Biodiversité : stop au marchandage

Le véritable prix de la monétarisation du vivantPour faire face à l’érosion de la biodiversité, économistes et politiques proposent une valorisation économiquedes éléments du vivant. Très en vogue, ce mode de gouvernance montre déjà ses limites.

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L’arbre quivalait 1 dollar

bres qui le constitue. Exemple : combienêtes-vous prêts à donner à telle associa-tion de protection de l’environnementpour qu’elle mette en place un pro-gramme de sauvegarde des ours polaires ?Les réponses recueillies sont extrapoléesau niveau de l’ensemble de la populationconcernée, ce qui permet d'obtenir lebénéfice total de l'amélioration et d'ali-menter une décision publique fondée surune analyse coût-bénéfice.

Le marché illimité,une fiction économique Si la méthode d’évaluation contingentesatisfait pleinement certains économistes,d’autres contestent vivement son effica-cité. « Cette méthode présente plusieursdéfauts. D’un point de vue philoso-phique, je pense que c’est une erreur decroire que toute la valeur d’un bien selimite à sa valeur économique. Ensuite, ily a un problème au niveau de la théorieéconomique. Quand on est sur du mar-chand, cela suppose que l’on puisseeffectuer une substitution entre le bien etune somme monétaire. Il faut donc undétachement total entre le bien et l’indi-vidu qui effectue l’échange monétaire.Cette hypothèse est contrariée par lesvaleurs morales. Il y a une limite àl’espace marchand contenu dans lamorale et l’éthique. Le marché illimité estune fiction économique », analyse JulienMilanesi. A tout cela s’ajoute un souciméthodologique : « Lors du sondage, lesvraies questions ne sont pas posées. Onne dit pas quel prix seriez-vous prêt àpayer pour la survie des baleines ?Personne n’accepterait de répondre àce genre de choses. La question de lasubstitution monétaire est donc détour-née. Au final, on a un chiffre mais ilrepose sur un malentendu et l’interpré-tation que l’on en donne est faussée »,précise l’économiste. Malgré des défauts pointés par un nom-bre croissant de spécialistes, la monétari-sation du vivant est considérée pourbeaucoup comme la seule solution pourlutter contre l’érosion de la biodiversité.Ces dernières années, des nombreuxprogrammes liés à cette marchandisationont, ainsi, vu le jour. Ses projets, qu’ilss’agissent de plans de compensation oud’achat de terrains par des ONG deconservation ou des « écobarons » (voirencadré), obéissent à une seule règle :sauver la richesse des écosystèmes. Maiscette privatisation de la nature s’accom-pagne de graves dérives. L’expropriationdes communautés locales en est une.C’est bien dommage car ces populations,si elles étaient au cœur des politiques deprotection de la biodiversité, seraient sansdoute plus efficaces que bien des millions.

> LUCILE PESCADERE Rédactrice en chef du dossier

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Les forêts plongeant dans la baieGuaraquecaba constituent un reliquatd’un massif bien plus vaste quiautrefois s’étendait sur une grandepartie de la façade Atlantique duBrésil, la Mata Atlantica. Territoireancestral des Indiens guaranis, cesforêts représentent également unultime refuge pour de nombreuxpetits agriculteurs à la recherche deterres à cultiver. Face à la disparitionaccélérée de la Mata Atlantica, uneONG de conservation américaine,The Nature Conservancy (TNC), a misen place un programme original :revendre le carbone stocké par lesarbres à une société qui souhaitaitcompenser ses émissions decarbone. Les bénéfices sont orientésvers les communautés locales pourles encourager à ne pas déforester. Comme le dit le proverbe « l’argentn’a pas d’odeur » et peu importe queles acheteurs de carbone s’appellentGeneral Motors, Chevron ou AmericanElectric Power. Ces mêmes sociétésqui ont fait pression sur les Etats-Unispour ne pas ratifier le protocole deKyoto. Le prix d’un arbre : environ 1dollar américain. Et gare à celui qui s’yattaque ! Dans un passionnantreportage sur internet, le journalisteMark Schapiro explique commentTNC a embauché une police vertechargée de faire régner l’ordre àGuaraquecaba. Même la traditionnellerécolte de cœurs de palmier en forêtest devenue un crime.Un peu partout dans le monde,ce type de projet se multiplie : ilfaut acheter les derniers îlots debiodiversité avant que les populationslocales ne les détruisent. S’interrogersur les raisons profondes de ladéforestation et le déplacement desagriculteurs, comme l’extension desgrandes monocultures d’eucalyptus,de soja ou de palmier à huile, est tropcomplexe. Il faut parer à l’urgence,peu importe que ce modèle deconservation soit injuste.

> SYLVAIN ANGERAND

« C’est une erreurde croire que toute la valeur

d’un bien se limite à savaleur économique »

Julien Milanesi

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DOSSIER I Biodiversité : stop au marchandage 16

Paiement pour services environnementaux

Accrochée aux flancs du mont Kanla-On, l’une des dernières forêts primairesdes Philippines est protégée grâce à unpartenariat original entre les communau-tés locales et une société de mise enbouteille d’eau potable, la SMC-Viva.L’enjeu : la rivière Bago qui coule en fondde vallée et les arbres qui, grâce à leursracines, limitent l’érosion et purifientl’eau. Pour garantir son approvisionne-ment en eau de bonne qualité, l’entre-prise a mis en place un système d’in-demnisation pour les 3 000 famillesvivant autour de la forêt du mont Kanla-On : les coupes de bois sont désormaisinterdites et les communautés reçoivent,en échange, quelques poignées de dollars. Ce nouveau type de partenariat est ceque l’on appelle dans le jargon écono-mique, un programme pour paiement deservices environnementaux. Le Costa-Rica a été précurseur en 1996 et depuis,les initiatives se multiplient partout dansle monde, avec la bienveillance d’orga-

nismes comme la Banquemondiale ou l'Organisationdes Nations unies pour l'ali-mentation et l'agriculture(FAO). La France n'est pasépargnée par le phénomène !

Un risque de dérespon-sabilisationLe Kanla-On francais, cesont les Vosges, et lasociété mécène qui metl’eau en bouteille, c’estNestlé Waters. L’entrepriseoffre aux agriculteurs vitelloisune indemnisation s’ils s’en-gagent à faire évoluer leurspratiques agricoles pourréduire leur impact sur l’eau.Alors que le Gouvernementpeine à débloquer des bud-

gets pour développer l’agriculture biolo-gique en France, c’est une multinatio-nale de l’agroalimentaire qui soutient lespaysans vosgiens.Le risque de ce type de programme estde déresponsabiliser les Etats en laissantles marchés se substituer aux politiquespubliques. Ici, l'idée n'est pas de réflé-chir à la construction d'une agriculturedurable mais bien de sécuriser l’approvi-sionnement d’une usine. Poussons leraisonnement un peu plus loin : consta-tant qu’il est bien plus économique d’in-demniser un paysans philippin qu’unpaysan vosgien, Nestlé pourrait déciderde quitter Vittel pour racheter l’usine deKanla-On. Patatras. Qui soutiendraitalors les agriculteurs vosgiens? Bien sûr,ce scénario est une hypothèse...

Des pistes à explorerEncadrés par des politiques publiquespertinentes, les programmes pour paie-ment de services environnementaux

constituent sûrement des pistes à explo-rer. Mais le problème est que, bien sou-vent, ces politiques sont inexistantes ouincohérentes, en particulier dans lespays du Sud. Revenons à Kanla-On.Pour percevoir leurs dédommagements,les communautés locales ont dû arrêterla coupe de bois. Cependant, elles per-dent du même coup l’accès au matériaude construction pour leurs maisons etpour le bois de cuisine. Permettre à tousses citoyens d’avoir un toit devrait êtreune préoccupation majeure de l’Etat.Pourtant, le Gouvernement continue desoutenir les quelques scieries qui expor-tent des portes et des fenêtres en boisphilippin vers l’Europe et la Chine. LesPhilippines sont l’un des pays les plustouchés par la déforestation, lesréserves en bois sont quasi épuisées.Plutôt que d’indemniser les communau-tés en leur interdisant la coupe de bois,la priorité ne devrait-elle pas être de relo-caliser l’économie forestière en interdi-sant l’exportation de bois ?Et encore, les paysans de Kanla-Onpeuvent s’estimer heureux : leurs droitssur ces terres sont reconnus, ce qui leurpermet de bénéficier d'une indemnisa-tion. Les paysans vosgiens ont la mêmechance : en France, le statut foncier desterres, résultat d’un long processus his-torique, est clarifié. Ailleurs dans lemonde, et en particulier dans les paysanciennement colonisés, c’est beau-coup moins évident. De nombreusescommunautés n’ont aucun droit reconnusur leurs terres ancestrales, en particulierles peuples autochtones. Pas sûr alorsque Nestlé leur verse une indemnité siune usine d’embouteillage se construi-sait près de chez eux.

> SYLVAIN ANGERANDChargé de campagne • Forêts

Natura 2000 est un programme européen dont l’objectif est de protéger les sites naturels ou semi-naturels ayant une grandevaleur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent. Chaque pays doit identifier des sites importants pour la biodiversité et proposer des méthodes de gestion. La France a fait lechoix de la contractualisation avec les propriétaires, généralement des agriculteurs ou des sylviculteurs. Pour chaque site, dequelques dizaines à quelques centaines d’hectares pour les plus grands, un document d’objectifs est rédigé par un comité depilotage regroupant associations, agriculteurs, chasseurs, collectivités locales et représentants de l’Etat. Les propriétaires sontalors invités à réaliser des actions en échange d’une compensation financière, comme l’aménagement d’un cours d’eau pouréviter que les engins lourds ne l’endommagent ou la plantation de haies bocagères. Il s’agit, là aussi, d’une forme de paiementpour services environnementaux mais avec une dimension politique et participative plus forte. En pratique, toutefois, les lourdeursadministratives ont freiné de nombreux propriétaires et les contrats manquent souvent d’ambition. Une nouvelle piste d'actionpour les groupes locaux des Amis de la Terre ?

Natura 2000 : des contrats pour la Nature

Derrière des programmes d'apparences louables se cachent souvent de grosses multinationales auxintentions bien moins nobles.

Une forêt philippine prochainement « protégée » ?

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La certification, un obstacleà une gestion locale de la biodiversité ?

« Les fleurs rendent-elles le Petit Luencore meilleur ? » C’est la question rhé-torique que pose la célèbre marque debiscuits pour verdir son image. Dans unspot publicitaire, un papillon explique quedésormais Lu demande à ses fournis-seurs de blé de laisser une bordure fleu-rie le long de leurs champs et que c’estbon pour la biodiversité. Curieusement, lepapillon ne nous montre pas les bidonsde pesticides utilisés pour les champs deblé. Mauvaise langue me direz vous,après tout, c’est un progrès et rien demieux qu’un nouveau label « Lu Harmony »pour le faire comprendre au consomma-teur. Et hop, un de plus ! Pour vendre un produit aujourd’hui, laprésence d’un label est devenue quasi-ment indispensable. Il y a les labels auto-décernés, comme celui de Lu, qui negarantissent pas grand-chose et leslabels plus sérieux, comme le labelAgriculture biologique, avec un cahierdes charges rigoureux vérifié par un cer-tificateur indépendant. Mais au fond, lalogique n’est-elle pas la même ? Celle dela rupture du lien de confiance entre leproducteur et le consommateur.

Recréer un lien de confiancePour combler ce vide, la certification estdevenue un outil indispensable… bienqu'imparfait : « la bureaucratie et les coûtsde certification jouent au détriment despetits producteurs et de la biodiversité carils encouragent les économies d’échelle etles monocultures », explique l’associationNature et Progrès. Et les exemples sontnombreux : l’essentiel des forêts certifiéespar le label Forest Stewardhip Council(FSC), ONG travaillant sur le développe-

ment d’une gestion éco-responsable desforêts, sont en réalité d’immenses mono-cultures d’arbres à croissance rapide.Mêmes dérives pour le palmier à huile, lesoja ou les crevettes « durables » : plutôtque de permettre un transfert de gestionvers les communautés locales, la certifica-tion concentre la production dans lesmains de quelques grands groupes agro-alimentaires qui se trouvent en position deforce pour influencer les cahiers descharges. Saviez-vous que le soja OGMpouvait être labellisé responsable1?

Les systèmes participatifsde garantieFace à ce constat et avec la volonté de sor-tir d’une logique purement marchande, desalternatives émergent : les systèmes partici-patifs de garantie2. Un des fondamentaux decette démarche consiste à s’inscrire dansune logique locale qui permette une relationde proximité, d’échange et de confianceentre le producteur et le consommateur.

En Bretagne, l’association ASPAARI3 amis au point une boussole originale àquatre branches : nature, énergie, socialet origine. Lors d’une visite sur sonexploitation, le paysan explique sadémarche aux consommateurs et àd’autres producteurs en s’appuyant sursa « bonne étoile ». Ici, le but n’est pasde respecter une norme précise mais depermettre le dialogue par la transpa-rence et l’évolution vers plus de cohé-rence écologique et sociale.

> SYLVAIN ANGERANDChargé de campagne • Forêts

1) Voir http://www.amisdelaterre.org/Soja-certi-fie-durable-stop-a-l.html2) Voir l’excellent Manuel Pratique des Systèmesde Garanties Participatifs de Nature et Progrès :http://www.natureetprogres.org/producteurs/actu/actu6.pdf3) Voir le site Internet : http://aspaari.unblog.fr/neso/

Les dérives de la certification et des labels privés autoproclamés « vert ».

Fausse solution :compenser les atteintes à la biodiversité

Peut-on altérer des espaces naturels enun lieu sous prétexte de financer dans unautre un projet de protection de la biodi-versité ? C’est la question que posent lesoutils financiers de compensation de labiodiversité, proposés lors de la mise enplace de projets industriels ayant un fortimpact sur l'écosystème environnant lesite d'exploitation, (complexes miniers,infrastructures immobilières, routières etagricoles dans le cas des monoculturesentraînant une déforestation importante).Concrètement, des opérateurs écono-miques proposent un actif financier lié à un

projet de sauvegarde de la biodiversité.Cet actif est revendu à l’industriel qui sou-haite compenser une atteinte à l'environ-nement.En réalité, cette option revient à priver lespopulations affectées par ces activités dudroit à vivre dans un environnement pro-tégé mais aussi des services rendus parles écosystèmes. Ce sont des commu-nautés indigènes expulsées de leur forêten Amazonie, des paysans spoliés deleurs terres en Afrique, des pêcheurs auxeaux polluées...Par ailleurs, en matière de biodiversité

chaque aire a des caractéristiques propreset la préservation d’un espace ne peutêtre comparée à la perte subie par unautre espace. La compensation privilégiele plus souvent des aires porteuses debiodiversité extraordinaire, comme lesforêts de bois rares ou les habitats d’es-pèces emblématiques.Enfin, si la destruction d’un écosystèmeest bien souvent irréversible, la compen-sation n’offre pas une garantie de préser-vation sur le long terme. Les projets lesplus ambitieux limitent leur action à 50 ans.

> PHILIPPE COLLET

Alors que la compensation se développe, la biodiversité est en passe de devenir un nouvel actif financier.Explications.

Grumes au Cameroun où le commerce de bois illégal prospère.

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Défendre la (bio)diversité culturelle

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L'appropriation du vivant par les intérêtsprivés, que ce soit pour l'exploiter ou lepréserver, relève d'un double processusde dépossession de la ressource et dessavoirs traditionnels qui lui sont associés.Les populations paysannes ou autoch-tones subissent de plein fouet une moder-nité forcée qui se traduit par un phéno-mène d'acculturation et une perte de lienentre l'être humain et son environnement.Qu'il s'agisse de biopiraterie, d'exploita-tion illégale des forêts ou de l'accapare-ment des terres, on trouve toujours cerelent colonialiste de la « découverte » etde l'appropriation de ces « terres vierges »,négation de la territorialité et de la culturedes populations établies.Face à l'exploitation insoutenable de labiodiversité et aux abus des systèmesde propriété intellectuelle, il ne s'agit pasde revendiquer les ressources naturelleset les savoirs traditionnels comme étantun bien commun de l'humanité maisbien de replacer les communautéslocales au cœur de la gestion de ces res-sources qui leurs appartiennent. Celapasse par une reconnaissance desdroits d'usage et de propriété foncièresur les terres ancestrales et du droit àl'autodétermination de ces populations.Pour lutter contre les brevets sur les res-sources génétiques, les communautésconcernées par cette escroquerie intel-lectuelle réclament un droit de regardcollectif et l'obligation d'obtenir unconsentement préalable d'utilisation desressources et des savoirs à des fins mer-

cantiles. En cas d'accord, les popula-tions devraient pouvoir être rétribuées defaçon équitable selon leur volonté. Enfin,dans le cadre des conventions onu-siennes, les Etats doivent se portergarant du respect de ces droits et de la

protection de l'ensemble des ressourcesnaturelles, génétiques et culturelles despopulations vivant sur leur territoirenational. Cette lutte pour la reconnaissance deleurs droits collectifs se traduit notam-ment par un droit d'usage sur les terres,par la préservation de leurs semencesou par l'utilisation de préparations natu-relles peu préoccupantes en alternativeaux pesticides. Pour Guy Kastler duRéseau semences paysannes, « le tour-nant ne peut venir que d’un régime juri-dique excluant tout droit de propriétéintellectuelle sur le vivant et sur lesconnaissances, et reconnaissant le droità la souveraineté alimentaire et les droitsd’usage collectifs des paysans et descommunautés sur leurs semences. Cesdroits collectifs sont la pierre angulairede la survie de la biodiversité contre lesdroits de propriété intellectuelle ». La biodiversité comme les connais-sances sont un patrimoine vivant qui seconserve, se cultive et se transmet degénération en génération et dont lescommunautés paysannes ou autoch-tones sont les dépositaires historiques.Face à l'homogénéisation culturelle de la« modernité », il est essentiel de recon-naître l'héritage culturel légué par cescommunautés et de soutenir leurs luttespour la défense de leurs droits sur cepatrimoine inestimable et inaliénable.

> BENJAMIN SOURICE

Face àl'uniformisation de l'agriculture intensiveet à l’« érosion génétique », c’est-à-direla perte de la biodiversité cultivée, desgroupements de paysans et de jardiniersse mobilisent dans le monde entier pour

conserver variétés et espèces agricolesmenacées. Le Réseau semences paysannes, l’as-sociation Kokopelli, les réseaux desCroqueurs de pommes, sans oublier lesjardins partagés, pédagogiques ou d’in-sertion ont tous un même but : trans-mettre des ressources et des savoirs surla biodiversité cultivée afin de mieux laprotéger.Le Réseau semences paysannes, crééen 2003, vise à mettre en réseau les ini-tiatives favorisant la conservation et lagestion dynamique de la biodiversitédans les fermes et les jardins. Il a égale-ment pour but la reconnaissance dessemences paysannes au regard de laréglementation. Ainsi, ses actions permettent de sélec-tionner, de sauvegarder et de valoriserdes semences de toutes sortes : blés,

maïs, arbres fruitiers, plantes potagèreset fourragères mais aussi plantes aroma-tiques et médicinales. Il s’agit aussi d’in-viter les paysans et les jardiniers ama-teurs à produire leurs propres semencespour conserver une part de biodiversitéet effectuer un geste d'indépendanceface aux grands groupes de l'agro-industrie.Tous ces acteurs se battent pour redon-ner aux paysans leur rôle premier, celuide « semeurs de biodiversité ». Ils sou-haitent aussi valoriser le rôle de créateurde biodiversité de l’Homme qui possédele pouvoir aussi évident qu’extraordinaired’aider la nature à se renouveler.

> ABIGAIL BOURGOIN

Des associations sèment la biodiversité

La préservation de la biodiversité et la défense des savoirs traditionnels des communautés autochtoneset paysannes sont intimement liées.

DOSSIER I Biodiversité : stop au marchandage

Paysan français sur un champ de blé.

Pour en savoir plus :www.semencespaysannes.org

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C'est le nouveau guide sur les écomatériaux édité par les Amis de la Terre, en partenariat avecla Caisse des Dépôts et le soutien de plusieurs associations de collectivités territoriales. Ce guideest un outil pour la promotion de la relocalisation des filières courtes d'écomatériaux dans lecadre de notre campagne pour un habitat écologique et accessible à tous. Il donne aux acteurslocaux des pistes d’actions pour soutenir le développement de filières de production localed'écomatériaux et leur utilisation dans les constructions et réhabilitations de bâtiments : soutienaux professionnels, aides aux particuliers, sensibilisation, information, achats publics, etc.C'est un guide pratique pour sensibiliser vos élus, n'hésitez pas à le faire parvenir auprès devos collectivités !

> Guide à commander ou téléchargeable en ligne :www.amisdelaterre.org/Developper-les-filieres-courtes-d.html

Développer les filières courtes d’écomatériauxGuide à destination des collectivités territoriales

La Baleine : Vous publiez depuis 25ans un guide des vins bio. Quellesévolutions marquantes avez-vous puconstater ?

On a vu, comme pour le reste de la bio,mais plus accentuée, une augmentationsensible des surfaces et des domaines,passer en bio. La conversion importantedu milieu viti-vinicole à la bio est venuaussi de l'effondrement de la part desvins français à l'exportation. Seuls lesvins bio y progressent ! La conclusioncommerciale s'imposait. Mais pas seule-ment. L'impasse de la viticulture, quiconsomme 20 % des pesticides pour 3 %des surfaces agricoles, venait aussi de lamort lente mais visible du sol, support dela vigne… Claude Bourguignon l'aconstaté : certains vignobles français ontune vie microbienne inférieure à celle duSahara. J'ai également constaté une"contamination positive" des bio plusanciens sur leurs nouveaux collègues,désormais beaucoup de jeunes qui s'ins-tallent démarrent tout de suite en bio.

LB : Comment définiriez-vous un vin bio ?

Le vin bio est d'abord issu de raisins certi-fiés AB. Concernant la vinification, la régle-mentation européenne est en cours derédaction et devrait, normalement, s'appli-quer dès la vendange 2010. Cependant,

depuis de nombreuses années, des viti-culteurs bio s'appliquent à être aussi desvinificateurs bio en excluant de leur pra-tique les produits chimiques de synthèse,excepté le fameux SO2 (anhydride sulfu-reux, dioxyde de soufre, sulfite), mais enl'utilisant dans des proportions très infé-rieures aux vinificateurs conventionnels.

LB : Plusieurs idées reçues circulentconcernant les vins bio : chers, gus-tativement médiocres mais ne don-nant pas de migraine ! Qu'en est-ilexactement ?

Il faut d'abord comparer ce qui est com-parable. Les vins bio sont des vins d'arti-sans, de petits et moyens producteurs etne sont pas plus chers qu'un vin conven-tionnel d'artisan : le travail étant le même.Les prix des vins bio s'alignent sur les prixdu vin conventionnel sans bénéficier de la"prime à la bio". D'un point de vue qualita-tif, désormais, tous les grands domainesfrançais ont adopté les pratiques de l'agri-culture bio, voire une bonne partie despratiques de la vinification bio. C'est doncun vieux débat qui n'a plus lieu d'être. Lestaux de sulfite, principale cause du fameuxmal de tête, surtout pour les vins blancs etrosés, étant très modérés chez les bio… lemiracle s'explique !

LB : Quels conseils nous donneriezvous pour choisir un bon vin bio ?

Pour choisir un bon vin, c'est à dire quinous plaise, il faut d'abord le goûter. Lameilleure des critiques restant "j'aime" ou"je n'aime pas" ! Il faut profiter des foires etsalons pour y rencontrer les vignerons. Lecontact humain me semble indispensable.Après il reste les réseaux plus classiques :des cavistes ou magasins spécialisés quis'orientent de plus en plus vers le bio etévidemment les chaînes de magasins bio.

> PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIAS CHAPLAIN

*peut-être, mais à consommer avec modération.

Les vins bio meilleurs pour la planète et la santé ?*

Jean-Marc Carité est éditeur et journaliste spécialisé dans l'oenologie bioet auteur depuis 1984 du guide Les bonnes adresses du vin bio aux édi-tions Utovie, élu récemment meilleur guide mondial du vin lors desGourmand world cookbook awards. Il vient également de sortir un « polarbio » Pourriture noble et vengeance tardive... Interview.

Publication

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Les nouveaux labels de cosmétique Bio,apparus durant les années 2000, offrentdes garanties précieuses dans uneindustrie où règne encore une forte dés-involture face aux préoccupations sani-taires et environnementales1. De nom-breux produits comportent des dérivésde pétrochimie (comme les huiles miné-rales), des nanoparticules ou encore del’huile de palme… Et pour décrypter leslistes d’ingrédients, mieux vaut être spé-cialiste2. Vive le bio donc. Mais pour contrôler véri-tablement ce qu’on s’applique sur lapeau et ce qu’on rejette dans la nature,quoi de mieux que de concocter soi-même ses produits de soin ou de beauté ?On peut d’abord faire avec ce qu’on asous la main : armé d’un simple fouet, onchange par exemple de l’avocat, du mielou du yaourt en masque hydratant, ducitron ou du blanc d’œuf en potion astrin-gente. Ainsi avec quelques tambouillesbasiques mais efficaces, on commence àreprendre conscience que les meilleursbrevets des laboratoires viennent avanttout de la nature. Et on prend l’envie d’al-ler plus loin.Aujourd’hui, la cosmétique faite maisonne se limite plus à ces quelques tam-bouilles. La formulation de vrais produitsde beauté et de soin par les particuliersest de plus en plus en vogue, et surtoutde plus en plus accessible. De nombreuxblogs ou sites publient des recettes origi-nales, des plus basiques aux plussophistiquées. Il est donc possible à tous de se lancer. Ilfaut seulement connaître quelques règlesde base simples, qui permettront d’êtredurable ? jusqu’au bout du nez :

Depuis 1971Le Courrier de la Baleine Le journal des Amis de la Terre

Choisir des contenants durables,recyclables et qui ne risquent pas d’inter-agir avec le produit. Exit donc le plas-tique ; le verre est un bon choix.

Etre prudent : choisir des ingrédientsadaptés à son type de peau, et tou-jours tester un produit sur une petiteparcelle de peau avant de l’adopter.Pour la confection, respecter desrègles d’hygiène strictes. Enfin, mar-quer la date et les ingrédients de fabri-cation sur une étiquette et surveiller laconservation.

HumeursL’année de la biodiversité, c’est rock’n roll - 2010, année de la biodiversité, oh yé ! Apprenant cette nouvelle,l'écrevisse à pattes blanches Austropotamobius pallipes, sort de son étang et se retrouve instantanément coulée dans le béton duchantier de l'autoroute Langon-Pau. Pas de chance, déjà que, par un des effets de la mondialisation, elle était en passe d'êtresupplantée dans nos cours d'eau par L'Écrevisse de Louisiane - Procambarus clarkii, espèce invasive introduite d'Amérique duNord. Pendant ce temps, une autre de ses cousines d'outre-Atlantique, la crevette grise des marais, change de couleur : elle estmaintenant noir pétrole, la teinte à la mode cette saison dans le Sud profond ; fous de Bassan, tortues et alligators en raffolent. Aumême instant, la disparition des ramins, arbres tropicaux de Malaisie et d'Indonésie, largement utilisés pour la fabrication dequeues de billard, détruit l'équilibre naturel des orangs-outans de la forêt, qui disparaissent en masse. Mais ça ne fait rien: avecleurs congénères le grand requin, le tigre du Bengale, l'éléphant d'Asie, le Cacatoès et le dernier Gecko à queue feuillue, touscélèbrent l'année de la biodiversité, oh yé !

> ALAIN DORDÉ

PratiquesSe lancer dans le cosm’éthique

Si les premiers pas peuvent être difficiles,une fois l’équipement et les principes debase acquis, ce nouveau savoir-faire peutdevenir réellement plaisant, car presque

tout est possible. A essayer même si onne l’adopte pas, car s’initier permet toutau moins de mieux comprendre de quoisont faits ces nouveaux produits.

> CAROLINE HOCQUARD

1) Parmi les plus complets, chercher les labelsNature et Progrès, BDIH, et enfin Cosmos donton attend le lancement cette année.2) Retrouvez tous les ingrédients cosmétiques,avec leur traduction en français, leur(s) fonc-tions(s) et leurs potentiels effets indésirablesdans les fiches Ingrédients de l'Obervatoire descosmétiques.

Face aux produits cosmétiques industriels, le « fait maison »constitue de plus en plus une alternative accessible pour tous.

Quelques sites :www.recettes-cosmetique-bio.comwww.mamzelleemie.comhttp://byreo.canalblog.comhttp://www.aroma-zone.com

N’utiliser que des ingré-dients naturels, labellisésbio et de provenance locale.Laissant de côté la noix decoco, on redécouvrira à cetteoccasion les vertus et plaisirsde la pomme, du raisin, de lalavande ou du millepertuis.La plupart des trésors de lanature se déclinent sous formed’eau florale – ou hydrolat, à utilisersans modération telle quelle oucomme base aqueuse des compo-sitions, d’huiles végétales – à choisirvierge et à utiliser comme base hui-leuse, et d’huile essentielle - à doseravec précaution, de préférence réser-vée aux confirmés…

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