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DOSSIER LA VALEUR .•.••..•.• ALE LE TRAVAIL SEUL CRËE LA RICHESSE. Dans nos branches d'activité, nos indus- tries, le travail, c'est une activité humaine donnant lieu à un salaire. E n réalité, surtout dans nos industries, le produit du -travail, qu'il soit matériel ou intellectuel, ne peut être considéré que comme l'œuvre du collectif de travail que constitue le service, l'unité de production ou l'entreprise. Quelle que soit sa catégorie, ouvrier, tech- nicien, ingénieur ou autre, le travailleur produit un bien dont la valeur est supé- rieure aux ingrédients dont il dispose au départ. Cette "valeur ajoutée" par le travailleur, aussi appelée "richesse produite" ne pas confondre avec le profit) fait l'objet d'un par- tage capitaliste entre les producteurs de cette richesse, les travailleurs et les déten- teurs des moyens de production, bien sou- vent des actionnaires privés. Richesses Les détenteurs des moyens de production rétorquent systématiquement que les pro- ducteurs ont besoin de machines et donc du capital pour produire. La richesse serait en quelque sorte copro- duite entre travail et capital, justifiant ain- si le partage de la richesse. C'est oublier ou faire semblant d'oublier, que les machines sont achetées sur l'argent que le capital tire justement de la "valeur ajoutée" produite par les producteurs. Au final, ce sont bien les travailleurs qui produisent leurs propres salaires, mais aussi les cotisations sociales (souvent ap- pelées "charges sociales" ou "prélèvements sociaux"). Les travai lieurs produisent aussi les inves- tissements (voir le paragraphe suivant), mais aussi l'impôt sur les sociétés, l'intéressement, la participation, le profit pour les actionnai- res, dividendes compris. Au final, la totalité de la valeur ajoutée, de la richesse, provient du travail. RIEN NE LÉGITIME LA RÉMUNÉRATION DU CAPITAL. Producteurs Comme on vient de le voir, les producteurs, les salariés, sont à l'o- rigine de toute créa- tion de richesses dans l'entreprise, que celle- ci soit une pharmacie dans une galerie mar- chande ou une raffine- rie de pétrole. Partagées entre Capital Les travailleurs produi- sent donc les investis- sements, ou ce qui sert à les rembourser au- près des banques, les amortissements, ce qui revient au même. O r, les "penseurs" du capitalisme, ainsi que les patrons et la bourgeoisie en général, considèrent que ce qui légitime précisément l'existence du capital finan- N° 486 - Septembre 2010 .7.

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DOSSIER

LA VALEUR .•.••..•.•ALELE TRAVAIL SEUL CRËE LA RICHESSE.Dans nos branches d'activité, nos indus-tries, le travail, c'est une activité humainedonnant lieu à un salaire.

En réalité, surtout dans nos industries, leproduit du -travail, qu'il soit matériel ou

intellectuel, ne peut être considéré quecomme l'œuvre du collectif de travail queconstitue le service, l'unité de productionou l'entreprise.

Quelle que soit sa catégorie, ouvrier, tech-nicien, ingénieur ou autre, le travailleurproduit un bien dont la valeur est supé-rieure aux ingrédients dont il dispose audépart.

Cette "valeur ajoutée" par le travailleur,aussi appelée "richesse produite" (à ne pasconfondre avec le profit) fait l'objet d'un par-tage capitaliste entre les producteurs decette richesse, les travailleurs et les déten-teurs des moyens de production, bien sou-vent des actionnaires privés.

Richesses

Les détenteurs des moyens de productionrétorquent systématiquement que les pro-ducteurs ont besoin de machines et doncdu capital pour produire.

La richesse serait en quelque sorte copro-duite entre travail et capital, justifiant ain-si le partage de la richesse.

C'est oublier ou faire semblant d'oublier,que les machines sont achetées sur l'argentque le capital tire justement de la "valeurajoutée" produite par les producteurs.

Au final, ce sont bien les travailleurs quiproduisent leurs propres salaires, maisaussi les cotisations sociales (souvent ap-pelées "charges sociales" ou "prélèvementssociaux").

Les travai lieurs produisent aussi les inves-tissements (voir le paragraphe suivant), mais aussil'impôt sur les sociétés, l'intéressement, laparticipation, le profit pour les actionnai-res, dividendes compris.

Au final, la totalité de la valeur ajoutée,de la richesse, provient du travail.

RIEN NE LÉGITIME LA RÉMUNÉRATION DUCAPITAL.

Producteurs

Comme on vient de levoir, les producteurs,les salariés, sont à l'o-rigine de toute créa-tion de richesses dansl'entreprise, que celle-ci soit une pharmaciedans une galerie mar-chande ou une raffine-rie de pétrole.

Partagées entre

Capital

Les travailleurs produi-sent donc les investis-sements, ou ce qui sertà les rembourser au-près des banques, lesamortissements, ce qui

revient au même.

Or, les "penseurs" du capitalisme, ainsique les patrons et la bourgeoisie en

général, considèrent que ce qui légitimeprécisément l'existence du capital finan-

N° 486 - Septembre 2010 .7.

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cier, comme ce qui légitime qu'unactionnaire tire profit de la mise àdisposition de l'entreprise de cecapital financier (pour soi-disant fi-nancer les machines, l'activité écono-mique, etc ... ), c'est justement quel'accumulation financière seraitnécessaire à l'activité économique.

Rien n'est plus faux!

Les travailleurs eux-seuls produi-sant les investissements, on

peut aisément envisager que cesengagements financiers, habituelle-ment pris pour des périodes de cinqans, période moyenne d'amortisse-ment des machines ou autres,soient directement assurés par larichesse créée chaque année parles salariés.

Autrement dit, il n'est aucunement besoin,pour financer l'activité économique et lesinvestissements, d'accumulation préalablede capitaux.

Pas plus, par exemple, qu'il n'est obligatoi-rement besoin d'accumuler de capitauxpour financer sa retraite, comme le montrede façon éclatante le système par réparti-tion depuis des décennies.

Alors même que les engagements de retrai-te ne s'étalent pas sur cinq ans comme laplupart des amortissements, mais sur touteune vie de travail, soit sur 60 ans et plus, lesystème par répartition montre qu'on peutassurer des engagements financiers d'unniveau très important.

La seule branche retraite de la Sécurité So-ciale représente ainsi un budget supérieur à260 milliards d'euros, un chiffre compara-ble à la totalité des investissements enFrance (392 milliards en 2009).

On peut donc envisager que les investis-sements puissent être financés, non pas

à partir d'une accumulation de capital(l'actionnaire qui viendrait "investir" dansl'entreprise, sous réserve que ça lui rap-porte un minimum de retour sur "capital"),mais par un flux constant d'argent en pro-

• 8 • N° 486 - Septembre 2010

Dans la création de la valeur ajoutée,des éléments cachés interviennent.

venance de la "valeur ajoutée" créée enpermanence par les salariés. Exit les capi-talistes.

LA VALEUR SOCIALE DU TRAVAIL, C'ESTQUOI?

On a vu que les machines, l'investissement,étaient en fait du travail, en quelque sorte,du travail "cristallisé".

D'autres éléments existent:

• l'éducation qui a permis de doter lesalarié de sa qualification initiale,le système de santé publique qui as-sure un niveau et un cadre de santérendant possible, voire optimisant, laproduction,

la recherche,les services publics,les infrastructures (réseaux électri-ques, de communication, routes ouvoies ferrées),

l'ensemble des institutions de protec-tion sociale : assurances maladie,retraites, assurance chômage, allo-cations familiales,etc.

•••

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Réduction de la masse salariale parla réduction des emplois (optimt-sation, synerg;es, économies d'échel-le, etc.) ou par la modération sala-riale (les salaires augmentant moins

••• -------------------- ••••vire que la productivité).cr Sous traitance ou délocalisa-tions.c? Réduction ou stagnation des"charges" sociales, exonérations decotisations.:.- Déremboursement des médica-ments' recul de l'âge de la retrai-te, baisse des allocations chômage,limitation de l'accès aux soins.:.- Baisse des impôts sur les socié-tés, suppression de la taxe profès-

••• -------------------- •• sionnelle.Baisse du nombre d'enseignants, d'in-firmières, de fonctionnaires, remiseen cause des services publics, priva-tisations du secteur public.

Tous ces éléments, qui constituent uncadre et un niveau pour la société dans

laquelle nous vivons, permettent et contri-buent à l'activité du travail, mais sont éga-lement issus et payés par ce même travail.

L'ENSEMBLE DE CES ÉLÉMENTS, AJOUTÉ AU SALAIRE,CONSTITUE LE SOCLE NÉCESSAIRE POUR RÉPONDRE AUXBESOINS DES SALARIÉS ET DE LA SOCIÉTÉ DANS LA-

QUELLE NOUS VIVONS, POUR ASSURER UN NIVEAU ETUNE QUALITÉ DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN LES PLUS

ÉLEVÉS SOUHAITABLES.

C'EST CET ENSEMBLE QU'ON PEUT DÉNOMMER "LA VA-LEUR SOCIALE DU TRAVAIL".

LA VALEUR SOCIALE DU TRAVAIL: LACIBLE DE TOUTES LES ATTAQUES.

La politique développée par le capitalconsiste, en général, à réduire cette va-leur sociale du travail.

Quand on considère les politiques misesen œuvre ces dernières années et dé-

cennies par les directions d'entreprises etles gouvernements, on s'aperçoit que c'estbien la valeur sociale du travail qui estattaquée:

TERRITOIRES ~___ ••••• I,NFRASTRUCTURES~

EDUCATIONSANTÉRECHERCHE ~VALEUR

SOCIALEDU

TRAVAIL

SERVICESPUBLICS

ACTIONNAIRES

EMPLOIFRANCE

Tous CES PHÉNOMÈNESRÉSULTENTEN DÉFI-

NITIVE D'UN CHOIX POLITIQUE : BAISSER LA

VALEUR SOCIALE DU TRAVAIL POUR AUG-

MENTER LA PART DE LA RICHESSE CRÉÉE

QUI VA ALIMENTER LE PROFIT.

L'EXEMPLE DE LA DÉLOCALISATION.

TERRITOIRES

INFRASTRUCTURES l~OUCATION

SANTtRECHERCHE

PROFITS ACTIONNAIRES

EMPLOIDÉLOCALlSÉ

N° 486 - Septembre 2010 .9.

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L'EXEMPLE DE LA DÉLOCALISATION.

Dans l'emploi délocalisé, le capital sou-tire de la société dans laquelle il vend

son produit, une valeur à laquelle il necontribue pas ou très peu.

En vendant en France un produit fabriquéen Chine, par exemple, l'entreprise détour-ne une grande partie du prix de vente pourle profit au lieu de le réinjecter dans la so-ciété "consommatrice", en l'occurrence laFrance, sous forme de salaires, cotisationset protection sociales, impôts et contribu-tions diverses pour les services publics et ledéveloppement des territoires.

Vendre un produit en France suppose unpacte dont l'une des clauses est qu'unepart (importante) du prix de vente servele développement collectif, clause ba-fouée par le capital dans le cas des pro-ductions délocalisées.

Cette part ne sert ni au développement lo-cal (France) au travers des salaires, taxeset autres, ni au développement des popula-tions des pays producteurs (Chine, dansl'exemple ci-dessus), mais elle est détour-née pour la maximisation des profits indivi-duels des actionnaires.

On peut faire le même raisonnement pourla sous-traitance, ainsi que tous les élé-ments cités précédemment.

LA VALEUR SOCIALE DU TRAVAIL NEDOIT PAS ÊTRE ACCAPARÉE PAR LE CAPI-TAL. ELLE DOIT REVENIR AUX PRODUC-TEURS DE LA RICHESSE : LES TRAVAIL-LEURS.

Aucune baisse de la valeur sociale du tra-vail pour augmenter les profits n'est ac-ceptable.

Toute baisse de la valeur sociale du travaildoit faire l'objet d'un prélèvement social,une cotisation qui doit servir à la baisse dutemps de travail contraint, le rétablisse-ment des prestations publiques, le dévelop-pement territorial et la haussedes salaires.

POUR RESTAURER, AUGMENTER LA VALEURSOCIALE DU TRAVAIL, IL EST NÉCESSAIREDE DIMINUER ET DE COMBATTRE LES PRO-FITS.

L'INSTAURATION D'UN PRÉLÈVEMENT SO-CIAL, TYPE COTISATION, SUR TOUT PRO-DUIT OU SERVICE N'ASSURANT PAS UNE VA-LEUR SOCIALE DU TRAVAIL DE HAUT NI-VEAU, DOIT ÊTRE SÉRIEUSEMENT ENVISA-GÉE, DÉBATTUE ET MISE EN PLACE.

C'EST UNE QUESTION DE SAUVEGARDE DENOS EMPLOIS, DE NOTRE CADRE ET NIVEAUDE VIE, ET DE SOCIÉTÉ.